Centre hospitalier universitaire de Liège Rapport d’activité 2015 · 2016-11-06 · Le CNR de...
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CENTRE HOSPITALIER UNIVERSITAIRE DE LIEGE Service de Microbiologie Clinique-CNR mycoses
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Centre de référence mycoses
Centre hospitalier universitaire de Liège
Rapport d’activité 2015
Marie-Pierre Hayette
Rosalie Sacheli
Octobre 2016
CENTRE HOSPITALIER UNIVERSITAIRE DE LIEGE Service de Microbiologie Clinique-CNR mycoses
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Sommaire
1. Introduction
2. Missions spécifiques du CNR mycoses
3. Résumé des activités de 2015
o Activités du CNR/Liège
o Démarche qualité
• Accréditation Belac ISO15189
• Contrôles de qualité externe supranationaux
o Collection
4. Bilan de 2014 pour les champignons isolés par le CNR
o Bilan Global
o Bilan selon l’origine du prélèvement de phanères
• Cheveux
• Peau
• Ongles
o Bilan selon l’âge des patients
5. Comparaison années 2012-2015
6. Enquêtes épidémiologiques
7. Travaux de recherche et collaborations
8. Conclusions
9. Références
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1. Introduction
Le CNR mycoses a pour mission l’expertise et la surveillance épidémiologique et
microbiologique des mycoses superficielles et profondes. L’importance
grandissante tenue par les mycoses au niveau médical est sans nul doute liée à
l’incidence croissante des infections fatales causées par celles-ci chez des patients
immunodéprimés durant les deux dernières décennies (1). Cette augmentation
est attribuée à un accroissement du nombre de patients soumis à un traitement
immunodépresseur (patients cancéreux, greffés de moelle ou d’organe), à
l’intensification de ce type de traitement mais aussi à l’accroissement du nombre
de patients infectés par le VIH.
Un diagnostic rapide et précis est nécessaire chez ces patients vulnérables. Dans
ces cas, il est important de connaitre les aspects culturaux, macroscopiques et
microscopiques des agents fongiques de façon à orienter rapidement le clinicien
vers une thérapeutique adaptée.
A côté des mycoses invasives, les mycoses superficielles et particulièrement les
onychomycoses ont une prévalence élevée dans la population générale comme
l’atteste une étude portant sur 16 pays européens qui montre une prévalence de
59% (2). De plus, les agents responsables de teignes microsporiques (touchant le
cuir chevelu), peuvent se révéler contagieux et nécessiter une éviction scolaire
d’où l’importance d’un diagnostic rapide et précis (3).
Le centre national de référence (CNR) a pour mission principale l’identification
des champignons qui lui sont adressés de façon à confirmer un diagnostic
jusqu’au niveau de l’espèce. Une confirmation ou détermination de la sensibilité
in vitro des champignons vis-à-vis des antifongiques adaptés peut également être
réalisée si nécessaire. D’autre part dans le cadre d’épidémies, les laboratoires de
référence offrent une aide dans la caractérisation phénotypique et génotypique
des souches impliquées.
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2. Missions spécifiques du CNR Mycoses
Les missions du CNR mycoses sont les suivantes :
• « Identification des champignons filamenteux et de levures adressés par les
laboratoires belges. Réalisation d’antifongigramme dans le cas d’infection
profonde ou d’infection récidivante »
• Constitution et entretien de la collection de souches de dermatophytes (CNR
Mycoses Liège) et de souches d’intérêt particulier
• Mise au point et développement de nouvelles méthodes de diagnostic,
d’identification et de typage moléculaire des champignons, telles que les
méthodes d’amplification génique et de séquençage moléculaire
• Alerte des autorités sanitaires à l’exemple de l’émergence de nouvelles
résistances aux antifongiques ou de l’apparition d’une souche épidémique
dans une population particulière
• Activité de conseil auprès des autorités sanitaires, des médecins et des
biologistes
• Participation à des groupes d’experts à travers l’Europe
• Valorisation des travaux par des publications, articles scientifiques, guide de
prescription, formation continue
• Activités de recherches et d’études en collaboration avec d’autres équipes
scientifiques
• Participation à des contrôles de qualité externe
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3. Résumé des activités de 2015
o Activités du CNR/Liège
Au cours de l’année 2015, tous les aspects des missions attribuées au CNR ont été
couverts, comme l’identification d’isolats de levures et champignons filamenteux,
l’aide au diagnostic de mycoses rares, la détermination de la sensibilité aux
antifongiques et l’amélioration de techniques de typage et d’identification
moléculaire. Le CNR de Liège se focalise principalement sur l’identification des
mycoses superficielles isolées de phanères.
Parmi les techniques d’identification des levures, l’identification par spectrométrie
de masse (Maldi-tof) est l’outil n°1 qui est utilisé. Les résultats sont confirmés par
séquençage moléculaire si nécessaire.
Parmi les outils moléculaires, une approche polyphasique est utilisée. La région
ciblée en premier lieu dans le cas de l’identification d’une espèce est tout ou partie
de la région ITS1-5,8S-ITS2 de l’ARN ribosomique (ARNr). Deux cibles
complémentaires sont disponibles à savoir la région D1-D2 de la partie LSU (28S)
de l’ARNr et la bêta-tubuline. Ces autres cibles sont utilisées en cas de confirmation
de l’identification d’une espèce rare ou en cas de réponse non satisfaisante après
une première amplification.
Le CNR Mycose a acquis l’appareil Diversilab (BioMérieux). Cet appareil permet
une caractérisation précise du génome des champignons filamenteux (y compris
les dermatophytes) et des levures. Il a déjà été utilisé pour la caractérisation de
souches issues d’une étude nationale. Il pourrait aussi être utilisé en cas
d’épidémies notamment afin de caractériser rapidement le génome de la souche
circulante.
o Démarche de qualité
• Accréditation Belac ISO 15189
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Le laboratoire de Microbiologie clinique du CHU de Liège a mis en place une
démarche d’accréditation du laboratoire depuis quelques années. La mise en place
du système qualité du CNR mycoses de Liège a été initiée en 2012 et l’audit
d’accréditation a eu lieu en mai 2013. La démarche retenue pour mettre en
conformité le CNR avec la norme ISO 15189 est fondée sur la rédaction de
procédures pour chaque analyse proposée par le CNR, la création d’un dossier de
validation complet pour chacune de ces techniques et un état des lieux des
procédures et protocoles existants. La démarche consiste également en la mise en
conformité des locaux et appareillages dédiés aux activités du CNR. La gestion du
matériel permet en outre de garantir l’utilisation d’équipements fiables,
appropriés aux besoins et surveillés en temps réel. La gestion des réactifs et
consommables (sélection et évaluation des fournisseurs, distribution et évaluation
des produits) est assurée également. L’accréditation ISO 15189 a été octroyée au
CNR mycoses à la suite de l’audit BELAC de mai 2013. En 2014, toutes les
procédures du CNR mycoses ont été révisées et réactualisées. Un audit de
surveillance a eu lieu en janvier 2015 et aucune remarque de type A ou B n’ont été
enregistrées.
• Contrôles de qualité externes supranationaux
Le CNR Mycoses participe à un contrôle de qualité externe tri-annuel, concernant
la détermination de la sensibilité de souches de levures à différents antifongiques
et l’identification de cultures de levures/champignons filamenteux issus
d’échantillons cliniques. Ces contrôles sont proposés par l’UK NEQAS.
Parallèlement à cela, le CNR mycose organise et /ou participe annuellement à des
« ring tests » inter-laboratoires afin de valider les analyses pour lesquelles il
n’existe pas de contrôle proposé par un organisme externe.
o Collection
Tous les isolats cliniques de levures et de dermatophytes adressée au CNR sont
systématiquement conservés et congelés à -80°C excepté les isolats de
champignons contaminants, sauf intérêt particulier. La pureté des souches est
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préalablement vérifiée et des techniques d’identification (y compris séquençage
moléculaire) et de détermination de la sensibilité aux antifongiques (selon la
demande) sont réalisées préalablement à la congélation. Les souches sont
référencées, étiquetées et stockées au sein de la « champithèque » (souchothèque)
du CNR.
4. Bilan de 2015 pour les champignons isolés par le CNR
o Bilan global
En 2015, un total de 2563 isolats fongiques ont été envoyés aux deux CNR
« Mycoses » (regroupement des cas isolés de phanères isolés à la KU Leuven et au
CHU de Liège) dont 2477 provenaient de phanères et 86 d’autres sites (sang, LCR,
urine, frottis d’oreille, de plaie, de vagin, expectoration, lavage broncho-alvéolaire,
œil…). Parmi les échantillons, 1262 (49,26%) ont été identifiés comme étant des
dermatophytes, dont 164 provenant de la KUL et 1097 provenant du CHU de Liège.
Parmi eux, 1111 (88,49%) isolats ont été identifiés comme faisant partie du genre
Trichophyton, 148 comme faisant partie du genre Microsporum (11,73%) et 3
(0,23%) comme faisant partie du genre Epidermophyton. Un total de 469 isolats de
levures ont également été répertoriés (tous prélèvements confondus), soit 18,3%
de tous les prélèvements, dont 322 Candida sp. Le reste des isolats (832 souches
32,7% de tous les prélèvements) correspond à d’autres champignons filamenteux.
Parmi les dermatophytes l’isolat le plus fréquemment retrouvé (tous
prélèvements confondus) est T. rubrum (842 isolats, 67,11% des dermatophytes),
suivi du complexe T. mentagrophytes (comprenant les souches anthropophiles et
les souches zoophiles), soit 201 isolats, 15,94%), M. audouinii (85 isolats, 6,73%)
M. canis (61 isolats, 4,85%), T. soudanense (34 isolats, 2,69%), T. tonsurans (18
isolats, 2,96%), T. violaceum (10 isolats, 1,4%), T. verrucosum (3 isolats, 0,23%), E.
floccosum (3 isolats, 0,23%)M. praecox (1 isolat, 0,08%), M. racemosum (1 isolat,
0,08%), T. megnini (1 isolat, 0,08%) . La figure 2 représente la répartition des cas
de dermatophytoses en 2015. Parmi les autres isolats envoyés au CNR, on retrouve
des levures réparties en 13 espèces de Candida sp. (314 isolats, 61,72% des
levures isolées), Rhodotorula sp. (105 isolats, 20,7% des levures isolées),
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Trichosporon sp. (77 isolats, 15,17%), Geotrichum sp. (7 isolats, 1,37 % des levures
isolées) et Saccharomyces sp (5 isolats, 0,98% des levures isolées). La figure 3
décrit en détail la répartition des levures isolées par le CNR mycoses.
Parmi les autres souches reçues par le CNR, on retrouve, entre autres, des
Penicillum sp. (225 isolats, 8,84% de t ous les prélèvements), Aspergillus sp.(126
isolats, 4,92%), Scopulariopsis sp. (57 isolats, 2,22%), Fusarium sp. (51 isolats,
1,99%), Acremonium sp. (39 isolats, 1,53%), Alternaria sp. (28 isolats, 1,09%)
Cladosporium sp. (19 isolats, 0,74%).
Figure 1 : Répartition des prélèvements reçus en 2015 par le CNR mycoses.
49%
18%
33%
Dermatophytes Levures Autre filamenteux
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Figure 2 : Répartition des 1262 dermatophytes isolés en 2015 par les 2 CNR
Figure 3 : Représentation graphique de la répartition des espèces de levures
retrouvées dans les prélèvements reçus par le CNR en 2015.
842
201
85
61
34
18
10
3
3
1
1
1
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900
T. rubrum
T. mentagrophytes
M. audouinii
M. canis
T. soudanense
T. tonsurans
T. violaceum
T. verrucosum
E. floccosum
M. praecox
M. racemosum
T. megninii
1 1 1 2 2 3 4
6 8 9
13 17
41 46
88 97
133
0 20 40 60 80 100 120 140
Candida ciferiiCandida inconspicua
Candida speciesCandida haemulonii
GeotrichumCandida krusei
Candida metapsilosisCandida tropicalis
Candida lusitaniaeSaccharomyces sp.
Candida famataCandida glabrata
Candida guilliermondiiTrichosporon sp.Candida albicansRhodotorula sp.
Candida parapsilosis
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o Bilan selon l’origine du prélèvement
Parmi les isolats envoyés au CNR de Liège (et avec en sus les prélèvements de
phanères du CNR de la KUL), 1794 (70%), provenaient d’ongles, 518 (20%)
provenaient de squames ou biopsies de peau, 165 (7%) provenaient de cheveux
(inclus cuir chevelu) et 86 (3%) provenaient d’autres sources (œil, oreille, sang,
vagin, urine, expectoration)(Voir figure 4).
Figure 4: Répartition de l’origine des prélèvements envoyés au CNR Mycoses en
2015.
• Cheveux
Au total, 165 isolats reçus par le CNR provenaient de cheveux parmi lesquels, 131
ont été identifiés comme étant des dermatophytes se répartissant en 8 espèces. M.
audouinii est le pathogène fongique le plus fréquent pour ce type de prélèvement et
représente 49,75% des infections par les dermatophytes (n=65). Les autres
dermatophytes identifiés sont Trichophyton soudanense (n=22, 16,8%), Microsporum
canis (n=22, 16,8%), Trichophyton tonsurans (n=9, 6,85%), Trichophyton violaceum (n=7,
5,34%), Trichophyton mentagrophytes complex (n=4, 3,05%), Trichophyton verrucosum
(n=1, 0,76%) et Trichophyton megninii (n=1, 076%)(Voir figure 5). Les autres espèces
cultivées étaient des champignons filamenteux non dermatophytes, présents dans les
échantillons comme contaminants. Notre analyse révèle l’importance de l’espèce M.
7%
20%
70%
3%
Cheveux
Peau
Ongles
Autres
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audouinii comme agent causal de la teigne. En 2015, cette espèce gagne encore du
terrain comme responsable de teignes du cuir chevelu puisqu’elle passe de 30% en 2014
à quasi 50% en 2015 (Voir Figure 12).
Figure 5 : Répartition des espèces de dermatophytes causant des infections du cuir
chevelu en 2015
• Peau
Au total, 518 isolats cultivés à partir de squames ont été reçus. Les isolats sont
répartis comme suit: dermatophytes (292 isolats, 56,49% de tous les isolats),
levures (100 isolats, 19,3% de tous les isolats). Le reste des souches est réparti en
différentes espèces de champignons filamenteux non dermatophytiques.
Parmi les dermatophytes, 151 isolats de T. rubrum ont été identifiés soit 51,8% des
cas. Cet agent est l’agent le plus fréquemment rencontré dans ce type de
prélèvements. Au total, 57 isolats du complexe T. mentagrophytes ont été isolés de
prélèvements de peau (19,5%). A noter que les espèces T. interdigitale et
mentagrophytes ont été rassemblées par faciliter l’appellation dans le complexe T.
mentagrophytes. M. canis a été retrouvé à raison de 38 souches durant l’année
2015 (13,02%). Les autres dermatophytes retrouvés moins fréquemment sont les
suivants : 19 M. audouinii (6,53%), 9 T. soudanense (3,08%), 5 T. tonsurans
1
1
4
7
9
22
22
65
0 10 20 30 40 50 60 70
T. megninii
T. verrucosum
T. mentagrophytes
T. violaceum
T. tonsurans
M.canis
T. soudanense
M. audouinii
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(1,71%), 2 T. violaceum (0,68 %), 2 E. floccosum (0,68%), 1 M. racemosum (0,34%)
et 1 T. verrucosum (0,34%) (Voir figure 6 pour la distribution).
Le groupe des non-dermatophytes contient des genres différents tels que des
Cladosporium, Rhizopus, Alternaria, Aspergillus, Fusarium, Scopulariopsis,
Penicillium. Parmi ceux-ci, certains peuvent être à l’origine d’infection chez les
patients dont l’immunité est diminuée ou en cas de blessure non correctement
prise en charge. Il est important de considérer chaque agent fongique en fonction
du patient (patient à risque de développer une infection superficielle ou invasive
en fonction de son degré d’immunodépression ou de facteurs locaux). C’est pour
cela que le remplissage du formulaire mis à disposition par le CNR est essentiel
dans la prise en charge de l’échantillon.
Par ailleurs, la présence de contaminants de l’environnement au moment du
prélèvement ou de l’ensemencement conduit à la culture de champignons non
significatifs pouvant empêcher la culture du véritable pathogène. Il est important
de rappeler que la prise de squames doit être précédée par la désinfection de la
peau avec de l’alcool à 70% pour réduire au maximum le risque de contamination.
Figure 6 : Répartition des espèces de dermatophytes (en %) causant des infections
de la peau en 2015.
1
1
2
2
5
9
19
38
57
151
0 20 40 60 80 100 120 140 160
T. verrucosum
M. racemosum
T. violaceum
E. floccosum
T. tonsurans
T.soudanense
M. audouinii
M. canis
T. mentagrophytes complex
T. rubrum
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• Ongles
La majorité des souches reçues par le CNR provenaient d’ongles (1794 isolats).
Ceci a conduit à l’identification de 834 dermatophytes (46,5%), 324 levures (212
Candida répartis en 8 espèces, 112 appartenant à d’autres genres) et des
champignons non-dermatophytes, considérés souvent comme contaminants où
l’on retrouve des genres tels que les Alternaria, Scopulariopsis, Acremonium,
Penicillium, Aspergillus, Fusarium. Il est important de mettre l’accent sur le fait que
la présence de champignons non-dermatophytes qui sont potentiellement
pathogènes, tels que Fusarium spp ou Scopulariopsis spp, doit être confirmée sur
base de la positivité de l’examen direct et également d’un second échantillon
positif pour le même agent, avant de le juger responsable de la symptomatologie.
En effet, la présence d’un dermatophyte peut être gênée par la croissance de tels
contaminants.
Le groupe des dermatophytes comprend 689 T. rubrum et 136 T. mentagrophytes
complexe qui sont à priori des T. interdigitale (82,64% et 16,31 % respectivement).
D’autres espèces de dermatophytes ont été identifiées minoritairement à partir de
prélèvements d’ongles à savoir : 3 T. soudanense (0,35%), 1 M. canis (0,1 1%), 1 M.
audouinii (0,11%), 1 E. floccosum (0,11%)1 T. tonsurans (0,11%), 1 T. violaceum,
(0,11%), (Voir figure 7).
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Figure 7: Répartition des espèces de dermatophytes responsables
d’onychomycoses en 2015.
o Bilan selon l’âge des patients
Le groupe d’âge le plus affecté par les infections à dermatophytes est le groupe des
31-50 ans (Voir figure 8) suivi par le groupe des 51-70 ans. Dans la tranche d’âge
< de 10 ans, M. audouinii est l’agent responsable de 40,8% des infections (Voir
répartition des espèces de dermatophytes touchant les < de 10 ans figure 9)(âge
non renseigné dans certains cas).
1
1
1
1
1
1
3
136
689
0 100 200 300 400 500 600 700 800
E. floccosum
M. audouinii
M. canis
T. tonsurans
T. verrucosum
T. violaceum
T. soudanense
T. mentagrophytes complex
T. rubrum
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Figure 8 : Représentation graphique des groupes d’âges de patients concernés par les dermatophytoses en 2015.
Figure 9 : Distribution des infections à dermatophytes dans la catégorie d’âge des
< de 10 ans en 2015 (tous prélèvements confondus).
5. Comparaison années 2012-2015
En 2012, un total de 2733 prélèvements ont été traités par les CNR. En 2013, ce
nombre était de 3185, il était de 3264 en 2014. En 2015, le nombre de
prélèvements traités par le CNR est de 2563. Parmi ces échantillons, 775 ont été
identifiés comme étant des dermatophytes en 2012 contre 1529 en 2013, 1283 en
2014 et 1262 en 2015. Comme le montre la figure 10, l’année 2013 a vu une
recrudescence des dermatophytes isolés puisqu’ils représentent 48% des
prélèvements en 2013 contre 28,4% en 2012 et 39,37% en 2014. En 2015, la
proportion de dermatophytes isolés augmente encore puisqu’ils représentent
182 164
386
340
98
0-10 ans 11- 30ans 31-50 ans 51-70 ans >70 ans
6
11
11
16
27
36
74
T. mentagrophytes complex
T. violaceum
T. tonsurans
T. rubrum
T. soudanense
M. canis
M. audouinii
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49,26% des échantillons. Le taux de levures isolées est en légère hausse en 2015
puisqu’elles représentent 18% des isolats contre 15,6% en 2014. Ce nombre était
de 15,06% en 2013 et 10, 6% en 2012.
En ce qui concerne les dermatophytes T. rubrum reste le pathogène prédominant.
Le taux de T. rubrum isolé en 2015 a légèrement augmenté puisqu’il représente
67,11% des isolats contre 65,72% en 2014 (53,2 % en 2013, 45,6% en 2012). Par
contre une diminution progressive du complexe T. mentagrophytes a été observée
depuis 2012. En 2014, ils représentaient 18,86% des prélèvements (19,6% en
2013, 31,1% en 2012). En 2015, ils ne représentent plus que 15,94% des
prélèvements.
Le nombre de M. audouinii isolés en 2013 avait augmenté à la suite de l’étude
épidémiologique lancée début 2013, concernant les teignes anthropophiles à M.
audouinii et T. violaceum, ils représentaient 11,9% des prélèvements en 2013. Ce
nombre était revu à la baisse en 2014 puisqu’ils représentaient seulement 3,35%
des prélèvements. En 2015, ils représentent 6, 73% des prélèvements. Les
infections à M. canis suivaient un accroissement lent mais constant entre 2012 et
2014 (1,16% en, 2012, 3,07% en 2013, 4,96% en 2014). En 2015, le taux
d’infection à M. canis est stationnaire avec un taux de 4,85%. L’année 2013 a vu
l’émergence de nouvelles espèces isolées telles que T. verrucosum, T. terrestre
complex, T. schoenleinii et M. gypseum. En 2015, on observe l’apparition de T.
megnini, M. praecox et M. racemosum. (Voir figure 11 et Tableau 1 pour les
détails).
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Figure 10 : Répartition des espèces les plus fréquemment identifiées reçus en 2012, 2013, 2014 et 2015 aux CNR.
Figure 11 : Répartition des espèces de dermatophytes isolées en 2012, 2013, 2014 et 2015 par les CNR.
28,40%
48%
39,37%
49,26%
15,64% 15,06% 15,60% 18%
65,90%
37,03%
45,24%
33%
2012 2013 2014 2015
Dermatophytes Levures Autres
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
80,00%
2012
2013
2014
2015
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Espèce 2012 2013 2014 2015 T.rubrum 45,60% 53,20% 65,78% 67,11% T. mentagrophytes complex 31,15% 19,64% 18,86% 15,94% M.audouinii 9,94% 11,97% 3,35% 6,73% T.violaceum 3,56% 4,32% 1,48% 1,4% M. canis 1,16% 3,07% 4,9% 4,85% T. soudanense 0,64% 2,68% 1,55% 2,69% T.tonsurans 2,20% 2,61% 2,96% 2,96% M. praecox 4,90% 1,31% 0,07% 0,08% E.floccosum 0,90% 0,39% 0,07% 0,23% T. schoenleinii 0 0,33% 0 0 Trichophyton sp. 0,25% 0,33% 0,07% 0 M. gypseum 0 0,13% 0,21% 0 M. persicolor 0,07% 0,06% 0,21% 0 T. terrestre complex 0 0,06% 0 0 T. verrucosum 0 0,06% 0,14% 0,23% M. ferrugineum 0 0 0,14% 0 M. racemosum 0 0 0 0,08% T. megnini 0 0 0 0,08%
Tableau 1 : Comparaison des pourcentages des différentes espèces de dermatophytes observées en 2012, 2013, 2014 et 2015 par les CNR.
En ce qui concerne les prélèvements de cheveux, la proportion de M. audouinii
isolés augmente fortement et rejoind presque le taux atteint en 2013 suite à l’étude
nationale (il avait été demandé aux laboratoires participants d’envoyer toute
souche de M. audouinii ou T. violaceum isolée au CNR). Le taux de T. soudanense est
également en hausse ainsi que le taux de M. canis. Par contre, on note beaucoup
moins d’isolat de T. violaceum et de T. tonsurans en 2015. On note également
l’émergence progressive des teignes à A. benhamiae (souche zoophile du complexe
mentagrophytes) (Voir Figure 12).
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Figure 12 : Répartition des dermatophytes isolés de prélèvements de cheveux de 2012 à 2015
En ce qui concerne les prélèvements d’ongles, les infections à T. rubrum sont en
constante augmentation toujours en 2015. Les infections à T. mentagrophytes
complexe connaissent une légère recrudescence par rapport à 2014(Voir Figure
13).
Figure 13 : Répartition des dermatophytes isolés de prélèvements d’ongles de 2012 à 2015
Pour les prélèvements de peau en 2015, les infections à T. rubrum sont en hausse
ainsi que pour M. audouinii alors que les taux d’isolements sont relativement
0,00%10,00%20,00%30,00%40,00%50,00%60,00%
2012
2013
2014
2015
59,80%
75,18% 80,65% 82,64%
35,20%
23,64%
10,15% 16,31%
2012 2013 2014 2015
T.rubrum T. mentagrophytes complex
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stationnaires ou en légère baisse pour T. mentagrophytes complexe, M. canis et T.
tonsurans (Voir Figure 14).
Figure 14 : Répartition des dermatophytes isolés de prélèvements de peau de 2012 à 2015
6. Enquêtes épidémiologiques
Durant l’année 2012, le CNR Mycoses a noté un nombre particulièrement élevé
d’infections à M. audouinii. Les infections du cuir chevelu par T. violaceum sont
également élevées. C’est pourquoi le CNR mycose a entrepris une étude nationale
pour le recueil des souches de M. audouinii et T. violaceum circulantes en 2013 et
leur analyse génotypique, de façon à comprendre l’origine de cette croissance en
Belgique. Cette étude avait pour finalité de déterminer s’il existait des différences
génotypiques entre des souches d’une même espèce et si un lien pouvait être établi
avec une éventuelle localisation géographique ou une origine ethnique
particulière. Toutes les souches de M. audouinii et T. violaceum (n=139) reçues par
le CNR dans le cadre de l’étude ont été analysées génotypiquement grâce au
Diversilab® (bioMérieux). Les données épidémiologiques nécessaires à
l’interprétation des résultats ont également recueillies au cours de cette étude.
Cependant, il nous a été très difficile d’obtenir ces données épidémiologiques et de
nombreuses informations sont manquantes. Cette étude a fait l’objet d’un mémoire
de Master 2 en Santé publique soutenu en juin 2014 par le Dr. Audace
NKESHIMANA (4).
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
T.rubrum T.mentagrophytes
complex
M. canis T.tonsurans M.audouinii
2012
2013
2014
2015
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Sur le plan de l’analyse génotypique, une étude pilote a été effectuée sur une partie
des souches de M. audouinii et T. violaceum 2012 et 2013 et les résultats ont été
présentés au « 6th Trend in Medical Mycology » (TIMM) en octobre 2013 (5). Les
résultats finaux de cette étude ont été présentés au 7th trend in Medical Mycology
en octobre 2015 (6,7) ainsi qu’au « Sixth FEBS Advanced Lecture Course, Human
Fungal Pathogens :Molecular Mechanisms of Host-Pathogen Interactions
and Virulence », Nice, France (8). et publiés dans « Clinical Microbiology and
Infection » en janvier 2016 (9).
Le CNR Mycoses de Liège a également collaboré à l’étude nationale TANSIR,
concernant les candidémies. Les résultats de cette étude sont en cours de
publication.
Fin 2015, le CNR a organisé une étude épidémiologique dans les institutions du
CHU de Liège en vue de détecter la présence de dermatophytes dans les salles de
kinésithérapie et revalidation. Cette étude a fait l’objet de deux mémoires, un en
Santé publique par le Docteur Abdel-Sadick H. et un en Master en Sciences
Pharmaceutiques de mademoiselle Tania Utri. Ces travaux ont été présentés en
2016 au cours du congrès de la Société française de mycologie médicale à Grenoble
et à l’ECCMID Amsterdam 2016.
7. Travaux de recherche et collaborations
Le CNR a participé à une étude visant le développement et la validation clinique
d’un test PCR en temps réel pour la détection de plusieurs espèces de
dermatophytes directement à partir d’échantillons d’ongles, de peau et de cheveux.
Les résultats ont été présentés à l’ECCMID 2014 (10) et au TIMM en 2015 (11). Les
résultats sont en cours de publication.
De même, le CNR a participé à une autre étude portant sur la mise au point d’un
test de PCR pour la détection d’Aspergillus et des mutations génétiques sur le gène
CYP51A conférant des résistances aux triazolés, ce qui a abouti à la publication
d’un article (12).
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Par ailleurs des collaborations ont été établies avec le Centre d’ingénierie des
protéines de Liège (CIP) portant sur l’activité antifongique de certaines espèces de
Streptomyces (13).
Enfin une revue a été publiée sur invitation dans le journal « Current fungal
infections reports » (14).
8. Conclusions
Les activités du CNR Mycoses ont permis de mettre en évidence que T. rubrum,
reste dans nos régions le premier agent responsable de mycoses superficielles,
tous prélèvements confondus, cet agent étant le plus souvent associé aux
onychomycoses. Le complexe T. mentagrophytes est quant à lui fréquemment
responsable de mycoses superficielles de la peau et de l’ongle. Concernant les
infections du cuir chevelu, M. audouinii reste le premier responsable de ce type
d’infection, ce qui était également le cas en 2012, 2013 et 2014.
9. Références
1_Pagano L. Lumb J. Future microbial. 2011;6(9): 985-989. Update on fungal
infections.
2_Burzykowski T, Molenberghs G, Abeck D, Haneke E, Hay R, Katsambas A, Roseeuw
D, van de Kerkhof P, van Aelst R, Marynissen G: High prevalence of foot diseases in
Europe: results of the Achilles Project. Mycoses 2003, 46(11-12):496-505.
3 Kelly BP. Superficial fungal infections. Pediatr Rev. 2012 Apr 33(4):e22-37.
4 Nkeshimana A. Epidémiologie des teignes anthropophiles. Agents fongiques
incriminés, facteurs de transmission, gestion en milieu scolaire. Mémoire de Master
2 en Santé publique (option épidémiologie et économie de la santé), Ulg, 2014 .
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5 Sacheli R., Dimo L., Graide H., Meex C., Descy J., Huynen P. , Melin P. , André J.,
Arrese J., Hayette M.P. Poster communication TIMM 2013 “DNA fingerprinting using
DiversiLab system for genotypic characterization of Microsporum audouinii and
Trichophyton violaceum isolates in the Belgian population: preliminary study”
6 Sacheli R.,Dekkers C.,Géron B., Graide H., Darfouf R., Adjetey C., Meex C., Descy J.,
Huynen P. , Melin P. , André J., Arrese J., Hayette M.P. Poster communication TIMM
2015 Lisbon “Epidemiological aspects and genotypic characterization of
T.violaceum strains collected during a Belgian National survey on anthropophilic
tinea”
7. Sacheli R, Darfouf R, Graide H, Adjetey C, Pateet S, Lagrou K, Hayette M-P. Poster
communication TIMM 2015 Lisbon “ A 3-year survey of dermatophytosis in
Belgium.
8. SACHELI, R., Dekkers, C., DARFOUF, R., ADJETEY BAHUN, A., GRAIDE, H., MEEX, C.,
DESCY, J., HUYNEN, P., MELIN, P., ARRESE ESTRADA, J., & HAYETTE, M.-P. (2015,
May). Epidemiological aspects and genotypic characterization of strains of
Microsporum audouinii isolated in the context of a Belgian National survey on
anthropophilic tinea. Poster session presented at Sixth FEBS Advanced Lecture
Course, Human Fungal Pathogens :Molecular Mechanisms of Host-Pathogen
Interactions and Virulence, Nice, France.
9. Sacheli R, Adjetey C, Darfouf R, Harag S, Huynen P, Meex C, Descy J, Melin P, Arrese
J, Hayette MP. A one-year survey of Microsporum audouinii infections in Belgium:
epidemiological and genotypic characterization. Clinical microbiology and infection :
the official publication of the European Society of Clinical Microbiology and Infectious
Diseases 2016, 22(3):285 e289-217.
10. Dingemans G., van den Bosch M., Hayette M.P., Goethel S., Rusu V., Sacheli R.,
Meis J, Gajetaan G., Simons G. Development of a new commercial qPCR assay to
detect and differentiate dermatophyte infections of the skin, nails and hair. ECCMID,
Barcelone, Mai 2014.
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11 Hayette MP, Hélène Graide, Caroline Adjetey, Jorge Arrese, Giel Gaajetaan, Dennis
van Tegelen, Tim Kampermann, Guus Simons, Gijs Dingemans.
Validation of the DermaGenius plus multiplex assay, a new commercial PCR assay
developped for the detection and identification of dermatophytes and Candida in
nails. TIMM, Lisbon, 2015.
12.Arias A., Lambert S., Martinet L., Adam D., Tenconi E., Hayette M.P., Ongena M.,
Rigali S. Growth of desferrioxamine-deficient Streptomyces mutants through
siderophore piracy of airborne fungal contaminations. FEMS, 91, 2015, fiv080. doi:
10.1093/femsec/fiv080
13.Chong Ga-Lai, van de Sande W., Dingemans G., Gaajetaan G., Vonk A. ,
HayetteM.P.,van Tegelen D., Simons G., and Rijnders B. Direct detection of
Aspergillus and azole resistance of Aspergillus fumigatus on bronchoalveolar lavage
fluid. Validation of a new Aspergillus real-time PCR. J Clin Microbiol, 2015, 53
(3),868-874.
14. Hayette M.P. , Sacheli R. Dermatophytosis. Trends in Epidemiology and
Diagnostic approach. Current fungal infections reports, 2015, doi 10.1007/s12281-
015-0231-4.