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148 crumre, EXTRAITS DE JOURNAUX qui passe an violet et même au noir, selon que les dissolutions sont plus ou moins concentrées. Lorsqu'on évapore à l'air libre les dissolutions d'au rate de baryte, il se précipite une poudre violette, qui est un mélange d'oxide d'or et de carbonate de baryte. L'aurate de magnésie est peu soluble dans l'eau et sensiblement plus soluble dans l'eau Chargée d'hydroehlorate de magnésie. Il est ai- sément décomposé par l'acide nitrique, même esi à l'état solide ; il donne de l'oxide de l'hydrate d'or très-purs, selon que l'acide est plus ou moins concentré. Les prétendus sels doubles d'or ne sont Cille des mélanges de chlorure d'or avec d'autres sels. 37. 'composé de platine; .par M. Edmond Davy. ( Bulletin de la .Société philomatique, 18zo , page 54. ) En faisant bouillir le sulfate de platine dans l'alcool, on obtient un précipité noir insoluble dans l'eau et inaltérable à l'air, insoluble dans les acides nitrique-,-sulftiricitte et phosphorique, so- lubie lentement dans l'acide muriatique. Chauffé, il se réduit avec une légère explosion ; trempé dans l'ammoniaque, il acquiert la propriété d'être fulminant. Cette matière fulminante est immé- diatement décomposée par l'alcool, et avec un dégagement de chaleur très-considérable ; d'a- près cette propriété, M. Davy recommande ce composé comme très-propre à procurer instanta- nément de la lumière. Sels doubles DES CAUSES DE LA PRÉSENCE DU SULFATE DE CHAUX DANS LE VOISINAGE DES DÉPOTS DE SEL GEMME; PAR C.-J.-A. MATHIEU DE DOMBASLE. ON a remarqué depuis long-temps que des couches de chaux sulfatée accompagnent tou- jours les dépôts de sel gemme; plusieurs natu- ralistes ont recherché quelles pouvaient être les causes de cette réunion, il n'est pas à ma connais- sance qu'on ait donné à cette question une ré- ponse satisfaisante. Il me semble cependant qu'il y a, en géologie, peu de faits plus faciles à expli- quer que celui-ci. Pour le comprendre, il est nécessaire de se faire une idée de ladistribution générale des sels solubles, dans les eaux. qui existent à la surface du globe. Sans rechercher quelles sont les causes qui in- troduisent des sels de diverses natures dans les filets d'eau qui sortent du sein de la terre et qui forment les sources, nous savons que ces sels y sont fort variés, par leur nature et par leur quan- tité. Comme ils sont susceptibles d'être décom- posés les uns par les autres, par voie de double affinité (i ) , il peut se présenter de nouvelles (i) Dans tout cecide considérerai les doubles décomposi..

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  • 148 crumre, EXTRAITS DE JOURNAUXqui passe an violet et même au noir, selon queles dissolutions sont plus ou moins concentrées.

    Lorsqu'on évapore à l'air libre les dissolutionsd'au rate de baryte, il se précipite une poudreviolette, qui est un mélange d'oxide d'or et decarbonate de baryte.

    L'aurate de magnésie est peu soluble dansl'eau et sensiblement plus soluble dans l'eauChargée d'hydroehlorate de magnésie. Il est ai-sément décomposé par l'acide nitrique, même

    esi à l'état solide ; il donne de l'oxidede l'hydrate d'or très-purs, selon que l'acide estplus ou moins concentré.

    Les prétendus sels doubles d'or ne sont Cilledes mélanges de chlorure d'or avec d'autres sels.

    37. 'composé de platine; .par M. EdmondDavy. ( Bulletin de la .Société philomatique,18zo , page 54. )En faisant bouillir le sulfate de platine dans

    l'alcool, on obtient un précipité noir insolubledans l'eau et inaltérable à l'air, insoluble dans lesacides nitrique-,-sulftiricitte et phosphorique, so-lubie lentement dans l'acide muriatique. Chauffé,il se réduit avec une légère explosion ; trempédans l'ammoniaque, il acquiert la propriété d'êtrefulminant. Cette matière fulminante est immé-diatement décomposée par l'alcool, et avec undégagement de chaleur très-considérable ; d'a-près cette propriété, M. Davy recommande cecomposé comme très-propre à procurer instanta-nément de la lumière.

    Sels doubles

    DES

    CAUSES DE LA PRÉSENCE

    DU SULFATE DE CHAUX

    DANS LE VOISINAGE DES DÉPOTS DE SEL GEMME;

    PAR C.-J.-A. MATHIEU DE DOMBASLE.

    ON a remarqué depuis long-temps que descouches de chaux sulfatée accompagnent tou-jours les dépôts de sel gemme; plusieurs natu-ralistes ont recherché quelles pouvaient être lescauses de cette réunion, il n'est pas à ma connais-sance qu'on ait donné à cette question une ré-ponse satisfaisante. Il me semble cependant qu'ily a, en géologie, peu de faits plus faciles à expli-quer que celui-ci. Pour le comprendre, il estnécessaire de se faire une idée de ladistributiongénérale des sels solubles, dans les eaux. quiexistent à la surface du globe.

    Sans rechercher quelles sont les causes qui in-troduisent des sels de diverses natures dans lesfilets d'eau qui sortent du sein de la terre et quiforment les sources, nous savons que ces sels ysont fort variés, par leur nature et par leur quan-tité. Comme ils sont susceptibles d'être décom-posés les uns par les autres, par voie de doubleaffinité (i ) , il peut se présenter de nouvelles

    (i) Dans tout cecide considérerai les doubles décomposi..

  • 150 sun LES DÉPÔTScombinaisons toutes les fois que deux courangd'eau se rencontrent et se mêlent. Cet effet à lieudans les plus petits filets d'eau qui proviennentdes sources, de même que dans le mélange desgrandes rivières entre elles, et même dans lemélange des eaux des fleuves dans la masse dela mer ; il en est certainement de même des fi-lets d'eau souterrains qui se rencontrent et semêlent avant de donner naissance à une source.

    Les sels qui existent'd.an§ les eaux naturellessont presque exclusivement les carboniztes,hy-drochlorates et sulfates , de chaux, de soudeet de magnésie. Parmi ces sels, il en est deuxqui peuvent être le produit de la décompositionde tous les sels de même base, et qui ne peuventêtre eux-mêmes décomposés par- aucun autresel : ce sont le carbonate de chaux et l'hydro-chlorate de soude. Cette seule considérationsuffit pour nous expliquer pourquoi presquetoute la chaux qui existe à la surface du globeest à l'état de carbonate, et presque toute lasoude à l'état d'hydrochlorate. En effet, cesdeux sels se forment tous les jours dans les eauxpar Peffet_desité_compagitions des sels des mêmesbases; et ne pouvant eux-mêmes être décom-posés par aucun autre sel, on conçoit que leursnasse doit s'augmenter continuellement. Si du

    tions des sels selon l'ordre de leur précipitation ou de leur cris-tallisation quoique je sois convaincu de l'exactitude des oh-.servations de M. Berthollet et d'autres savans, sur les effets del'affinité. Cette manière de considérer la chose rend plus facilel'expression des faits, et ne peut d'ailleurs introduire aucuneerreur dans l'explication des phénomènes dont .je m'occupeelle était même, par la nature des choses, la seule qui fût ap-plicable ici

    DE SEL GEMME. 1.51

    moins la masse de ces sels diminue , c'est parquelques effets d'un ordre différent, qui ont lieuhors du sein des eaux, dont l'action, autantqu'elle nous est connue, est fort limitée, et quemon intention n'est pas d'examiner ici.

    Tous les sels à base de magnésie peuventêtre décomposés par d'autres sels qui se trouventhabituellement dans les eaux, et peuvent êtreeux-mêmes le produit d'autres décompositions.Au reste cette base étant bien moins répanduedans la nature que la chaux, je m'arrêterai peuaux considérations qui y sont relatives. Je re-marquerai seulement que. les sels solubles de.cette base ne sont aussi abondamment répandusdans les eaux, que parce que le carbonate desoude, qui peut les décomposer, est lui-mêmetrès-rare. Ce dernier sel n'étant le produit d'au-cune double décomposition, et.étant décomposépar tous les sels terreux, ne peut se rencontrerclus\ très-rarement dans lés eaux, lorsqu'elles ont

    ,été ou mises à plusieurs mélanges successifs.

    Des deux sels dont j'ai parlé tout à l'heure, et.qui sont exclusivement , pour leurs bases respec-tives, le résultat dsWinit;f de toutes les doublesdécompositions qui peuvent s'opérer dans les.eaux : l'un, le carbonate de chaux, ne pouvantêtre tenu en dissolution que par un excès d'acidecarbonique, se précipite, soit à mesure qu'il seforme, soit lorsque les eaux perdent cet acidegazeux par l'évaporation qu'elles éprouvent àPair libre. Aussi, la surface entière du globeest-elle revêtue du produit de celte précipita-tion, partout où il a existé des eaux dans les-quelles elle a pu s'opérer.

    Je ferai remarquer ici qu'on rencontre dans

  • SUR LES DÉPÔTS

    lesfontaines incrustantes un exemple de l'a fôr.;1-nation du carbonate de chaux par l'effet de ladouble décomposition opérée dans deux filetsd'eau qui, probablement, se sont réunis peuavant leur sortie du sein de là terre. Du moinsj'ai produit un effet absolument semblable à cesmscrustations, en mêlant ensemble des eaux dedeux sources, dont l'une tenait en dissolution dusulfate de chaux, et l'autre du carbonate de mag-nésie. La précipitation se fait-, dans ce cas, très-lentement, et elle recouvre les corps qui y sontexposés, d'une couche cristalline de chaux car-bonatée très-dure , très-brillante et très-adhé-rente , dont on augmente l'épaisseur à volontéen remplaçant le mélange au bout de quelquesjours. Je suis porté à croire que c'est ainsi quela nature-agit ordinairement dans les fontainesincrustantes, parce qu'on n'observe aucun phé-nomène semblable lorsque le carbonate de chauxtenu en dissolution par l'acide carbonique seprécipite par l'évaporation de cet acide, du.moins dans une masse d'eau qui n'est pas très-considérable.

    Vizydrnrh Tpx.az,d qui; de même quole carbonate de chaux, ne peut plus être décom-posé par aucun autre sel, aussitôt que ses élé-mens ont contracté cette combinaison, reste ensolution dans les

    eaux'et ne peut plus en être

    séparé que par la voie de l'évaporation. La merest son domaine, ainsi que tout vaste dépôt d'eau;qui est alimenté par de nombreuses sources, etqui, n'ayant pas d'écoulement, n'éprouve de di-minution que par l'évapora ti on.Dans ces circons-tances, il est impossible que cette eau ne secharge pas, à la longue, d'une grande propor,

    DE SEL ormtvrE 153tion d'hydrochlorate de soude, quelque petiteque Soit, dans les eaux des sources qui l'ali-mentent, la quantité de ce sel, ou de ceux quipeuvent le former par leur décomposition.

    On' conçoit que l'hydrochlorate de chauxdoit se rencontrer très-rarement dans les eaux,puisqu'il n'est le produit d'aucune décomposi-tion de sel de 'cette base, et qu'il est lui- mêmedécomposé par les sulfates et les carbonates desoude et de magnésie.

    Le sulfate de chaux se forme dans les eauxpar la décomposition de l'hydrochlorate dechaux, par les sulfates de soude et de magnésie;il est décomposé lui-même par les carbonates demagnésie 'et de soude, en sorte qu'il n'existe ja-mais en très-grande quantité dans les eaux quiont été soumises successivement à un grandnombre de ces décompositions, qui, en définitif,réduisent la chaux à l'état de carbonate, d'autantplus que l'acide carbonique est beaucoup plusabondant dans la nature, que l'acide sulfurique.

    D'après ces considérations, examinons ce quidoit se passer dans un lac d'une certaine ét,cndue,qui ne perdrait ses e2.1/3z que parl't4apor,rion.Supposons; par exemple, que les eaux allinentesdu lac de Genève .subissent dans leur volumenne diminution assez considérable pour que l'é-vaporation qui a lieu à sa surface, 'suffise pourles absorber, en sorte que le lit du Bh6.7e, au-dessous de ce lac, se trouvât entièrement à sec.Il est certain, d'après ce que je viens de dire,que dès ce moment ses eaux se chargeront deplus en plus d'hydrochlorate de soude, ainsique des autres sels solubles qui , quoique sus-reptibles d'être décomposés par voie de double

  • 154 SUR LES Di;PÔTSaffinité, se trouveront en excès sur les autressels qui peuvent opérer cette décomposition. Ilest probable que la proportion des sels qui s'ytrouveront en dissolution, devra être à-peu-près la même que celle que nous observons dansles eaux de la mer; car cette proportion est lerésultat de l'ordre des affinités, bien -plus que.celui de la nature des sels qui existaient origi-nairement dans chacun des filets d'eau qui ali-mentent un vaste dépôt. Il n'y a aucune raisonde croire que , du moins dans l'étendue de l'Eu-rope, et en prenant ensemble un aussi grandnombre de sources que celles qui alimentent lelac de Genève., la différence qui peut se rencon-trer dans la proportion générale des sels qu'ellestiennent en dissolution, puisse en apporter unetrès-considérable dans le produit des décompo-sitions qui s'y opèrent.

    L'eau de ce lac se chargera donc d'une grandequantité d' hydrochlorate de soude, de quelquessels magnésiens, et d'un peu de- sulfate dechaux; cette quantité s'augmentera continuel-lement, jusqu'à ce que les eaux du lac. soientparvenues .h sauiratikm. Un lacd'eau douce se trouvera ainsi naturellement rem-placé par un lac d'eau salée.

    Jusqu'à ce que ces eaux soient parvenues à unhaut degré de concentration, il ne s'y précipiteraque du carbonate de chaux, avec une très-Petite quantité de carbonate de magnésie ; le li-mon, qui continuera d'être amené des hauteursvoisines par les eaux affluentes, formera de soncôté des couches de sable et d'argile, ainsi quedes couches de marne, lorsque l'argile se trou-vera mêlée au carbonate de chaux.

    DE SEL GEMME. i55Le sulfate de chaux ne se précipitera, ou

    plutôt ne cristallisera que lorsque les eaux se-ront parvenues à un haut point de concentration,et peu de temps seulement avant l'hydrochlo-rate de soucie, parce que, d'une part, le sulfatede chaux y est peu abondant, et que de l'autresa solubilité est considérablementaugmentée parla présence de l'hydrochlorate de soude. Cedernier sel cristallisera ensuite, et en même.temps que lui encore beaucoup de sulfate dechaux. Le sulfate de magnésie cristallisera ledernier, à cause de sa petite-quantité relative-ment à celle de l'hydrochlorate de soude. Il nerestera plus alors en solution que les sels deli-quescens , c'est-à-dire, presque exclusivementhydrochlorate de magnésie. Ce lac se trou -

    yera dans l'état où est aujourd'hui la mer Morte./l aura cessé, déjà depuis long-temps, d'être ha-bité par aucun animal vivant; il est probablequ'avant même que le sulfate de chaux ait com-mencé à se précipiter, la solution saline étaittrop concentrée pour qu'aucun animal pût yexister..

    Lorsque les choses sont parvenues à ce point,il n'y a plus de cristallisation possible, si ce n'estdé la petite quantité de sels que continuent d'ap-porter les eaux affluentes. Ce lac, formé d'unesolution de sel déliquescent, ne peut se dessécherque lorsque les atterrissemens formés par leseaux affluentes, qui finiront par couvrir de sableet (l'argile le dépôt de sel qui a été formé parl'évaporation, auront assez élevé le niveau dusol, pour que le reste des eaux salées du. lacs'écoule par le lit du fleuve. Celui-ci reprendraalors son ancien cours, en coulant sur un sol

  • à56 SUR LES DÉATSqu'il a nivelé, ou plutôt qu'il s'est créé lui-mêmeet qui, quoique formé par des eaux douces',contiendra des dépôts de-el , ainsi que des dé-bris d'animaux qui n'ont pu exister que dansl'eau salée , et qui pourront se trouver placéstrès - près d'autres débris d'animaux d'eaudo u ce.

    Tous ces effets me semblent être, dans la cir-constance donnée, des conséquences nécessairesdes propriétés des sels et des lois de la natureque nous connaissons. Il est évident que le dépôtde sel qui se sera formé de cette manière,présentera, dans les circonstances qui l'accom,parquent , la plus parfaite ressemblance avec lesdépôts de sel gemme que nous connaissons. Levoisinage du gypse et du sel fossile est en parti-culier une circonstance qui ne peut manquerd'avoir lieu dans tous les dépôts de sel gemmeformés de cette manière; la réunion constante deces deux sels dans les mêmes localités me pa-raît Même donner à cette théorie un caractère -qui approche de la certitude. Les bancs de sulfatede chaux doivent, dans cette supposition, êtreplacés dans le voisina.ge.inamédiaedès dépôts de-sel ; mais on doit les rencontrer déjà à un niveausupérieur, parce que la cristallisation de ce sel acommencé avant celle de l'hydrochloratesoude; ce qui est conforme à l'observation.

    . Dans la marche de ces divers phénomènes, ilest une considération à laquelle il est nécessaired'avoir égard , c'est la diminution graduelle duvolume des courans d'eau à la surface du globece fait, quelle qu'en soit la cause, nous est at-testé par des preuves trop frappantes et tropmultipliées pour pouvoir être révoqué en doute,.

    DE SEL GEMME. 157Il en résulte que le niveau des eaux du lac quej'ai pris pour exemple , doit continuellements'abaisser pendant le cours des phénomènes quej'ai indiqués, en sorte qu'il aura laissé à sec unevaste étendue de terrain, avant que la précipita-tion du sulfate de chaux ait commencé ; et quece sera dans la partie la plus profonde de son litque se fera cette précipation , et ensuite celle del'hydrochlorate de soude.

    On conçoit facilement que tout lac qui n'a pasd'écoulement d'eali inférieur ne doit pas néces-sairement donner lieu à tous les phénomènesque je viens d'exposer. En effet, leur accomplis-sement exige un espace de temps très-long : ensupposant que les eaux qui alimentent ce laccontiennent en moyenne o,005 d'hydrochioratede soude, que sa profondeur moyenne soit detoc pieds, que l'évaporation annuelle soit de-2 pieds, il faudrait environ trente siècles pourque ses eaux se saturent d'hydrochlorate desoude. Mais il existe une cause qui tend cons-tamment et inévitablement à combler tous leslacs, ce sont les atterrissemens occasionnés parles ruisseaux, les torrens ou les rivières qui lesalimentent : cette cause agit avec plus ou moinsde promptitude, selon diverses circonstances.Si ces circonstances sont telles que le lac soitcomblé avant que ses eaux aient été saturées desulfate de chaux, ce lac ne laissera de traces deson existence, que des couches de carbonate dechaux, d'argile , de sable et de marne. Si le com-blement du lac ne se termine que pendant l'é-poque de la précipitation du sulfate de chaux ,etavant celle de l'hydrochlorate de soude, descouches de gypse seulement accompagneront

  • 153 SUR. LES IAPÔTSdans son ancien lit celles que je viens de désigner.;Ainsi, s'il est vrai que le sulfate de chaux serencontre toujours dans les environs des dépotsde sel gemme, la proposition inverse peut ne pasêtre vraie.

    Les dépôts d'hydrochlorate de soude fossilepeuvent, par la même raison, ne pas être accom-pagnés de dépôt de sulfate de magnésie, qui,même lorsqu'ils se forment, doivent être bienmoins abondans que ceux de sel gemme, parceque ce sel existe en bien moins grande quantitédans les eaux.

    La théorie que je viens d'exposer nous don-nera peut-être l'explication de certaines inter-mittences qu'on observe souvent dans les couchesde gypse et dans celles de sel gemme, qui sontdivisées par lits successifs très-distincts et sépa-rés par d'autres substances : l'évaporation del'eau, et par conséquent la précipitation des-sels, ne doit pas être uniforme dans toutessaisons de l'année; il est probable que, dans lasaison pluvieuse la masse des eaux affluentesdoit ramener-Mies-du lac au-dessous de leurpoint de saturation, et par conséquent faire ces-ser la cristallisation des sels. D'un autre côté,ces eaux amenant, dans cette saison, une bienplus grande quantité de limon, il s'en déposerasur les couches salines déjà formées une cer-taine quantité, qui 'sera recouverte l'année d'en-suite par un nouveau dépôt salin. Si cette obser-vation est fondée, on pourrait, dans certainsdépôts de ces sels, compter les années de leurformation, de même qu'on connaît l'âge desarbres par le nombre de leurs couches concen-triques.

    Di. SEL GEMME. 159

    Il pourra même arriver qu'une crue d'eauextraordinaire, arrivant pendant la formationdes couches de gypse ou de sel , viendra augmen-ter considérablement la masse des eaux du lac,et les éloigner beaucoup de leur point de satu-ration; peut-être même, en élevant considéra-blement leur niveau, déterminera-t-elle l'écou-lement hors du lac d'une grande partie de seseaux: alors il se trouvera ramené, pour un tempstrès-long, à l'état de lac d'eau douce. Les massesde sels qui avaient déjà été précipitées avant cet.événement, ne seront pas pour cela redissoutes;d'abord, parce qu'elles se trouvent placées aufond du lac, où les eaux ne peuvent être agitéespar aucune cause extérieure, et où par consé-quent une petite quantité d'eau qui se trouveraen contact avec les couches salines déjà.formées,se chargera de sels, et, par la pesanteur spéci-fique qu'elle acquerra, sera retenue dans cetteposition, et ensuite parce que le dépôt d'unlimon abondant, qui est toujours 'charié par leseaux dans leurs grandes crues, couvrira promp-tement et à une Brande paisseur, ces couchessalines et les mettra ainsi à l'abri Cie la dissolu-tion. Il n'est pas très-difficile de concevoir decette manière qu'un lac ait contenu plusieursfois, alternativement, des eaux douces et deseaux salées, comme quelques faits connusraissent l'indiquer.