Cause Commune Express no. 18
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Transcript of Cause Commune Express no. 18
Déjà plus d'un an que chaque semaineapporte son lot d'informations concernant un nouveau morceau du puzzlede la corruption au Québec. S'il y aun sujet qui aurait pu nous faire écriredes pages et des pages, c'est bien cettesérie de « scandales ». Nous avonspourtant choisi de ne pas nous scandaliser. Pour nous, anarchistes, la corruption n'est rien de plus que la sommede l'addition de l'argent et du pouvoir.Bref, tout ce qu'il y a de plus normaldans nos démocraties libérales.On sait déjà comment les politicienset les politiciennes, des ministères
aux conseils municipaux, nousmentent et déforment la réalité pourse faire élire, qu'ils et elles utilisenttous les moyens à leur dispositionpour se hisser au pouvoir. Pourquois'étonner lorsque leurs tromperies sepoursuivent après leur élection?D'ailleurs, on peut bien appeler çacomme on veut – copinage, clientélisme, retour d'ascenseur – et fairecomme si c'était une pratique importée d'un pays exotique au nom imprononçable; c'est en réalité la normedans ce système. Le parcours politicien amène immanquablement à pas
ser par la chambre de commerces, desconseils d'administration et des associations professionnelles, afin de seconstituer un fond de contacts pours'aider et de récolter du financement.Une fois au pouvoir, l'élue retournele service à ses amies : distributionde contrats, de faveurs, adoption delois complaisantes pour ses chums,nomination de complices à despostesclefs. Il ou elle revient ensuiteau monde de l'entreprise ou de l'association patronale et continue à graisser la mécanique du capitalisme et del'accumulation des richesses au profitd'une minorité.Il y a aussi les invisibles, ceux etcelles qui assistent, qui conseillent,qui tirent les ficelles : cette armée del'ombre de stratèges, de relationnisteset de marionnettistes de la mascaradedémocratique. Plus souvent qu'autrement, ils et elles passent sans formalité de l'entreprise capitaliste au servicede l'État, et vice versa. Doiton sesurprendre de cette relation incestueuse?La corruption est inséparable du pouvoir : un processus simple qui se développe encore et toujours, peuimporte le parti, peu importent lesgrandes déclarations, les grandsdiscours sur l'éthique et les commissions d'enquêtes… Parce que l'Étatc'est le vol et la corruption, parce quel'État c'est l'organisation en systèmedu pillage et de l'exploitation, parceque l'État c'est la forme légalisée ducrime.Texte tiré de Cause Commune no. 30
À lire ligne par ligne.De haut en bas : ce qu'ils et elles nous disent.De bas en haut : ce qu'il faut comprendre.Nous respectons nos promessesSeuls les imbéciles peuvent croire queNous ne lutterons pas contre la corruptionParce qu'il y a quelque chose de certain pour nous :L'honnêteté et la transparence sont fondamentales pour atteindre nos objectifsNous prouverons, à chaque occasion, que c'est une grande stupidité de croire queLa mafia et les grandes compagnies auront toujours une influence sur le gouvernementNous assurons, sans l'ombre d'un doute, queLa justice sociale sera le but principal de notre mandatMalgré cela, il y a encore des gens stupides qui s'imaginent queCe soit possible de continuer à gouverner avec les ruses de la vieille politiqueQuand nous assumons le pouvoir, nous faisons tout pour quePrennent fin les situations privilégiées et le trafic d'influencesNous ne permettrons d'aucune façon queNos enfants meurent de faimNous accomplirons nos desseins même s'il faut, pour cela, queLes réserves économiques se vident complètementNous ferons tout en notre pouvoir pour queLa technologie et l'économieSoient au service deL'humanité et la vie toute entièreNotre mission est claire : il faut faire en sorte queLe bien commun passe toujours avant les profits des capitalistesNous nous battrons sans relâche pour que cesse cette situation horrible :Nous vivons dans l'opulence pendant que tant d'autres humains crèvent dans la misèreÇa ne prend pas la tête à Papineau pour réaliser queDes histoires de scandales, de magouilles et de corruptionSeront bientôt choses du passé, car nous sommes très impliqués dansLe maintien et le développement de la vie démocratiqueTout comme la qualité de vie du peuple en général
Une simple question de perspective...
Pouvoir et corruptionvont si bien ensemble
Les saisons de la contestationLe 15 octobre dernier, à Montréal, Québec, Sherbrooke, TroisRivières, Saguenay ainsi que dans des centaines d'autresvilles ailleurs dans le monde, le mouvement « Occupons » a pris un envol spectaculaire. Inspiré par le printemps arabe quia détrôné les dictateurs de Tunisie etd'Égypte, ce mouvement d'occupation descentres financiers urbains s'inscrit dans lacontinuité du mouvement des indignéesespagnoles qui occupent les plazas denombreuses villes depuis le 15 mai dernier. Partout, les gens se soulèvent pourdes raisons similaires : contre la corruption et la cupidité des élites et pour unevraie démocratie populaire.L'automne sera chaud...L'émergence de ce mouvement a de quoiréjouir toute personne qui a à coeur lechangement social progressiste. Qui aurait cru que dans cette société caractériséepar l'individualisme à outrance, l'indifférence et le sentiment généraliséd'impuissance, des gens de tous âges, origines, cultures et professions décident,sous l'impulsion d'un phénomène mondial, de briser leur isolement et de s'intéresser à une lutte pour la justice sociale?Ce jourlà, à Montréal par exemple, desmilliers d'individus d'une diversité étonnante se sont retrouvés sur le Square Victoria, renommé en « Place des Peuples »,réunis par un désir de changement et unevolonté d'agir.Ces occupations sont d'autant plus remarquables qu'elles s'inspirent, dans leurs pratiques, de principes anarchistes.Le fonctionnement du campement selonun mode de démocratie directe, où lesprises de décisions sont faites au sein d'assemblées générales auxquelles tous ettoutes sont invitées à participer – ce quenous appelons l'autogestion – est aucentre du projet de transformation socialeanarchiste.Les différents services mis en place pardes bénévoles – bouffe, soins, etc. – sont
fournis gratuitement, selon les capacitéset les besoins de chacun et chacune : unrejet clair des échanges commerciaux etimpersonnels qui caractérisent le marché.... mais l'hiver sera rude.Avec l'hiver qui approche, ces occupations qui veulent durer « autant de tempsqu'il le faudra » auront sans doute dedures journées devant elles. Par contre, ledéfi est loin d'être seulement climatique.Malgré certaines forces, le mouvementest porteur de grandes faiblesses quirisquent de le mener vers l'impasse, oupire encore, à être récupéré et intégré parle système.
Jusqu'à maintenant, à bien des endroitsles indignées semblent bien plus préoccupées à montrer patte blanche à la police qu'à montrer des dents aux élites. Siles autorités tolèrent les occupations jusqu'à présent, cela n'a probablement pasgrand chose à voir avec la « discipline citoyenne » que plusieurs semblent valoriser pardessus tout. Il s'agit plutôt dusigne le plus évident que le mouvementest encore bien inoffensif face au pouvoir.Et ce pouvoir, représenté dans l'imaginaire du mouvement par le fameux 1%,estil bien compris? S'agitil de quelquespommes pourries, de quelques individusparticulièrement corrompus à la tête desÉtats et de certaines compagnies? Du top1% des plus riches dans nos sociétés? Lerevenu estil le seul critère qui définitl'appartenance à la classe qui opprime lapopulation?Ces visions individualistes du pouvoir nepeuvent aboutir à grand chose, si ce n'estqu'un changement de dirigeants. Oui, le
pouvoir est manié par des individus, maisnous devons surtout nous attaquer à cequi leur confère du pouvoir sur nos vies :leur appartenance à la classe sociale dominante qui asservit celle des travailleurset des travailleuses à travers desstructures et des institutions comme legouvernement, les entreprises et la policeainsi que le rapport social qui lie cesdeux classes : l'exploitation capitaliste.De plus, le spontanéisme qui caractérisele mouvement jusqu'à présent et sonaspect de « happening festif de lagauche » doivent vite être dépassés. Ilfaut à tout prix éviter que le mouvementse complaise dans son caractère cool etjeune sans quoi il sera balayé sans difficulté par la prochaine mode poussée parles massmédias.Il faut réfléchir et trouver des moyenspour que les occupations dans nos villessoient en mesure de tisser des liens avecles luttes déjà existantes : luttes pour lelogement, luttes syndicales, contre lapauvreté, etc. Il n'est pas suffisant pourOccupons Montréal de s'enraciner sur laPlace des Peuples, car il court le risqued'ériger le campement comme une fin ensoi, alors qu'il devrait n'être qu'un outilpour lutter.Le mouvement doit chercher à plongerses racines dans les mouvements sociaux,dans les quartiers et les lieux de travail,car le contact et la participation des gensqui luttent quotidiennement pour survivreet se faire respecter est la meilleure garantie pour que le mouvement se donneune pertinence dans le grand combatcontre le Capital.En ce sens, organiser en vue d'une grèvesociale pourrait peutêtre bien convenir àce mouvement qui se veut fédérateur.Occupons ensemble pour que d'ici auprintemps ce soulèvement timide puissese transformer en révolte émancipatrice!
Il n'est pas suffisantpour Occupons Montréal de s'enraciner surla Place des Peuples