Catalogue d'Antoine Nabajoth

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Ma vie dans le quartier Antoine Nabajoth

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Ma vie dans le quartierAntoine Nabajoth

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Maison de quartier de la rue du cimetière aux Abymes >

Ma vie dans le quartierAntoine NabajothFondation clémentdu 21 décembre > 27 janvier 2013

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Ma viedans le quartier

En sollicitant le lieu à travers la notion de quar-tier, l’artiste confronte la dimension historique et sociale du regard porté sur la société guade-loupéenne en mutation, à la dimension affective des souvenirs d’enfance qu’il teinte d’un enga-gement sur la modernité. Antoine Nabajoth, par cette plongée dans le passé, renoue avec l’en-fance. Aujourd’hui, la relation de l’artiste à ce quartier de la Rue du cimetière est entretenu par les quelques visites qu’il fait à sa famille qui y réside encore. En dépit des nombreuses recon-figurations autant de l’artiste (personnelle, so-ciale) que du lieu (urbanistique, démographique) encore chargé d’énergie, et d’histoire, le lien persiste. Cette errance entre le passé et le pré-sent que sous–tend le jeu de l’imagination et de la mémoire, est le point de départ de l’ensem-ble de son œuvre.

La Rue du cimetière, quartier populaire de la commune des Abymes est un lieu intermédiaire entre la ville et la campagne. Elle est un es-pace ouvert, caractérisée par le dynamisme que

produit la relation entre les petits artisans, commerçants et paysans. C’est dans cet espace transitoire de vie, de convivialités et de com-merces que l’artiste a forgé sa personnalité et ancre sa pratique. L’intérêt pour les petits mé-tiers traditionnels de subsistance démontre cette volonté de restituer au delà d’une histoire, la substance du lieu, générée par le choc relation-nel entre les individus. « Le lieu et l’espace exis-tent moins pour eux-mêmes que l’espacement entre les personnes1 », selon les propos d’Édouard Glissant qui signale la condition de l’altérité dans la perception de l’espace.

« L’imaginaire de mon lieu est relié à la réa-lité imaginable des lieux du monde, et tout inversement2 ». Antoine Nabajoth confère à cette pensée de Glissant toute sa réa-lité en faisant de la Rue du cimetière un haut lieu, pas si éloigné du concept de « zone ultra-sensible de la terre3 » défendue par André Breton dans le développement de sa concep-tion de l’amour, sinon comme une « zone sociale ultra-sensible » qui marque l’identité. L’artiste fait d’un lieu particulier, un lieu de synthèse de l’ensemble du territoire. La Rue du cimetière se révèle selon l’artiste être un microcosme du pays Guadeloupe tout entier. Elle est le point névral-gique de l’ensemble des expositions de l’artiste depuis maintenant vingt ans, mais aussi un lieu

de régénération et de ressourcement, indicateur de la détérioration des repères identitaires.Dans cette évocation du passé, se dessine en ar-rière plan, cette société des années soixante, organisée autour de petits métiers caractéris-tiques (agriculture, élevage, pêche…), généra-teurs de relations et d’ambiances particulières. Aujourd’hui, anéantie, cette société ne laisse subsister qu’une réalité en mode folklore, re-léguée dans quelques vitrines dédiées (marchés couverts et en plein air, et les supermarchés). Derrière cette nostalgie proustienne et cette ap-parente improvisation de l’artiste, s’insinue dans le traitement pictural, les symptômes d’un en-gagement remettant en cause l’effacement que génère l’insensible progrès.

Le traitement subjectif et dépouillé des figures, nous interpelle sur leur réalité objective. Les lignes du dessin se superposent à la matière de temps à autre et de manière aléatoire, créant un décalage entre la figure et le fond. Lors d’une concordance fortuite entre fond et forme, le gra-phisme s’incruste et s’immerge au cœur de la matière pour alimenter cette tendance à la dis-solution. Tout est fait pour invalider l’épaisseur du signe. À une interpellation sur des préoccu-pations liées à la vraisemblance dans sa pein-ture (organisation de l’espace et le jeu des écarts et de la ressemblance), il répond, « Je cherche

avant tout à restituer l’ambiance de ce quar-tier de la Rue du cimetière4 ». Ce n’est donc pas là le réalisme de la représentation qu’il démar-che, sinon la production d’une ambiance qu’il fa-çonne par l’utilisation d’un éventail de gestes et de traces spécifiques, répétitifs et par la straté-gie de l’addition et de la juxtaposition de don-nées plastiques.

Il subsiste chez l’artiste une forme d’engagement qui prend corps dans la récurrence de l’utilisa-tion de symboles liés à un certain bien-être lisi-ble dans l’évocation d’une forme d’autonomie relative perdue, que traduit la surexploitation de l’image de ces hommes et de ces femmes au travail. Cette notion du travail qui émerge, combat l’appréhension exotique d’une insularité passive et dépendante. L’artiste réactive à tra-vers son œuvre, cette idée d’un paradis perdu où les valeurs du travail trouvent un écho cer-tain, dans un monde contemporain en crise éco-nomique et financière où dominent le chômage et l’assistanat.

Stonko Lewest.1 Vladimir Bertrand et Christian Ruby, Du lieu à la trajectoire. Rebondir dans le matérialisme, dans, Recherches en esthétique, 2007, n° 13, p. 89.2 Édouard Glissant, Philosophie de la relation, Paris, édition Gallimard, 2009, p. 47.3 Dominique Berthet, André Breton, l’éloge de la rencontre,HC éditions, 2008, p. 30.4 Entretien avec Antoine Nabajoth, Stonko Lewest, août 2012.

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Kaz en bwa, acrylique sur toile, 162 x 130 cm, 2012

« L’imaginaire de mon lieu est relié à la réalité imaginable des lieux du monde, et tout inversement »

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Bet a kaz, acrylique sur toile, 30 x 30 cm, 2012

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1 Marchande de mangues, acrylique sur toile, 80 x 40 cm, 20122 Marchande de cerises, acrylique sur toile, 80 x 40 cm, 2012

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Véranda, acrylique sur toile, 200 x 200 cm, 2012

...« Je cherche avant tout à restituer l’ambiance de ce quartier de la Rue du cimetière »...

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Bwabwa, acrylique sur toile, 38 x 55 cm, 2012

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Couple paysan, acrylique sur toile, 168 x 97 cm, 2012

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Lakou, acrylique sur toile, 195 x 130 cm, 2012

...errance entre le passé et le présent que sous–tend le jeu de l’imagination et de la mémoire...

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Fourmi, acrylique sur toile, 38 x 55 cm, 2012

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Paysage lakou, acrylique sur toile, 65 x 54 cm, 2012

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Mas a kaz, acrylique sur toile, 65 x 50 cm, 2012

...L’artiste fait d’un lieu particulier, un lieu de synthèse de l’ensemble du territoire...

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Garçon, acrylique sur toile, 40 x 40 cm, 2012

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Coq de combats, acrylique sur toile, 40 x 40 cm, 2012

La Rue du cimetière se révèle être un microcosme du pays Guadeloupe tout entier...

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L’Atelier d’artAntoine Nabajoth

1998-2012

La passion de l’art depuis 1985

Animé par la passion de l’art depuis tou-jours, l’année 1985, date d’entrée d’Antoine Nabajoth à l’école d’art de la Martinique, mar-que une détermination qui se manifeste autant par la reconnaissance de son travail par les ins-titutions et le grand public que par la création en 1998 de l’Atelier d’art Antoine Nabajoth aux Abymes, et qui aujourd’hui entame sa quinzième année d’existence.

Il s’agissait dans un premier temps de créer un lieu de sensibilisation et de connaissance de l’art, dans un contexte où les arts plastiques comme activité de développement de l’individu et de l’économie sont peu exploités et considérés. Aujourd’hui, mature, l’Atelier se pose comme une réponse durable à l’apprentissage de cette discipline et comme une valeur sûre de la cause de l’art dans l’archipel.

Tout d’abord destiné aux enfants de 3 à 14 ans, l’atelier s’est progressivement ouvert à un public plus large cherchant à s’initier à l’art. Ainsi, les cours privés pour adultes sont proposés et reçoivent des élèves de tous profils : Des élè-ves en prépa bac, d’autres préparant le concours d’entrée dans les écoles des Beaux-arts et

notamment l’Iravm, et ceux issus du collège ou du lycée qui sollicitent un accompagnement à la préparation de l’épreuve d’histoire des arts. D’autres élèves provenant de filières diverses tel-les que le BTS en communication ou encore la li-cence de droit, peuvent profiter d’un accompa-gnement d’ordre plus général sur l’éducation, par le biais d’un soutien et un accompagnement des encadrants pour l’essentiel, des enseignants d’arts–plastiques et des artistes plasticiens. Sur le modèle des écoles d’art, le projet de l’atelier s’ingénue à présenter une offre variée et dyna-mique qui évolue chaque année.

En termes d’objectifs généraux, il s’agit de sen-sibiliser le public à l’art par une pratique diver-sifiée, tout en développant son esprit critique et enfin, en le valorisant tout au long de son ap-prentissage.

Les apprentissages se concentrent autour des techniques traditionnelles telles que le volume, le dessin, la peinture, le collage et autres prati-ques spécifiques, mais aussi autour de pratiques contemporaines faisant appel aux nouvelles tech-nologies comme, la vidéo, la photographie, et la retouche d’images. Ces apprentissages sont ponctués de stages qui se déroulent pendant les petites vacances pour les adultes.

En termes de moyens humains, l’encadrement par une équipe compétente de professionnels de l’éducation et de l’art favorise la transmission des savoirs et des techniques.

D’autres intervenants extérieurs, artistes aux pratiques et conceptions diverses de l’art, com-plètent à chaque session la formation de l’élève. Ainsi des artistes comme Roselyne et Michel Bes-nard, plasticiens (France) en 2005, Victor Ani-cet, céramiste (Martinique) en 2006, Diana Bell, plasticienne (Angleterre) en 2006, Joël Nankin, plasticien (Guadeloupe) en 2007, Stonko Lewest, plasticien (Guadeloupe) en 2007, Thierry Lima, plasticien (Guadeloupe) en 2008, Jean Yves Adelo, vidéaste (Guadeloupe) en 2009, Jean-Pierre Volet, photographe (Guadeloupe) en 2012 .

Lors du bilan annuel du mois de juin, l’Atelier entre dans une phase de valorisation et de dif-fusion des travaux des élèves par une exposition soutenue par la réalisation d’un catalogue d’ex-position des œuvres, et fournit à cette occasion l’opportunité de rencontres et d’échanges sur les intentions, les projets, et les avancées des uns et des autres.

Stonko Lewest

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Antoine NabajothNé en 1964, aux AbymesVit et travail aux Abymes - Guadeloupe

Expositions collectives

2009 : Art Bemao – Baie-Mahault - Guadeloupe2004 : Haïti - Guadeloupe1999 : Saint-domingue1998 : Musée de Cagnes-Sur-Mer - France1997 : Musée d’Art Haïtien du Collège de Saint-domingue - Haïti1996 : Biennale de la Havane - Cuba1993 : Espace Reuilly - France1992 : Un nouveau regard sur la Caraïbe - France - Caraïbe1991 : Europe- Caraïbes - Guadeloupe1990 : Journée de la francophonie des Amériques - Martinique1989 : Biennale de la Havane - Cuba

Expositions individuelles

2012 : Fondation Clément - François – Martinique2012 : La Rotonde des Arts- Saint–François - Guadeloupe2010 : Mas é Moun an Kannaval – Lamentin - Guadeloupe2008 : Les frises - Guadeloupe2007 : 16 septembre 1989 - Londres2003 : L’Alphabet des Fleurs - Baie-Mahault - Guadeloupe2002 : Nanm kaz - Point-à-Pitre - Guadeloupe1990 : Nantes - France

1998 : Création de l’Atelier d’Art Antoine NabajothCours de dessins et de peintures (enfants et adultes) - Abymes - Guadeloupe

Remerciements àBernard Hayot et la Fondation Clément, Colette Sorel et Florent Plasse.

Jean Pierre Volet - photographe, Stonko Lewest - critique d’art, Yvana Vaïtilingom - graphiste,Dolly Relmy - secrétaire, Catherine et Bruno Rui, Philippe Vespasien, Muriel Loya...

Je dédie cette exposition à ma famille.

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Fondation d’entreprise de GBH, la Fondation Clément mène des actions de mécénat en faveur des arts et du patrimoine culturel dans la Caraïbe. Elle soutient la création contemporaine avec l’organisation d’expositions à l’Habitation Clément, la constitution d’une collection d’œuvres représentatives de la création caribéenne des dernières décennies et la co-édition de monographies sur les artistes martiniquais. Elle gère aussi d’importantes collections documentaires réunissant des archives privées, une bibliothèque sur l’histoire de la Caraïbe et des fonds iconographiques. Enfin, elle contribue à la protection du patrimoine créole avec la mise en valeur de l’architecture traditionnelle.

www.fondation-clement.orgwww.facebook.com/fondationclement

Habitation Clément Le François - Martinique Tél. : 05 96 54 75 51

nov. 2012août 2013

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Catalogue publié par la Fondation Clément à l’occasion de l’exposition Ma vie dans le quartierd’Antoine Nabajoth du 21 décembre > 27 janvier 2013