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PREFECTURE DE LA REGION GUADELOUPE Direction de l’Agriculture et de la Forêt C C a a r r t t o o g g r r a a p p h h i i e e d d e e l l a a p p o o l l l l u u t t i i o o n n d d e e s s s s o o l l s s d d e e G G u u a a d d e e l l o o u u p p e e p p a a r r l l a a c c h h l l o o r r d d é é c c o o n n e e : Rapport technique 2005-2006 Cette étude est réalisée dans le cadre du Groupe Régional d’Etude des Pollutions par les Produits Phytosanitaires (GREPP) Etude et réalisation : DAF-SPV 971 Collaboration : INRA-APC 971

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PREFECTURE DE LA REGION GUADELOUPE Direction de l’Agriculture et de la Forêt

CCaarrttooggrraapphhiiee ddee llaa ppoolllluuttiioonn ddeess ssoollss ddee GGuuaaddeelloouuppee ppaarr llaa cchhlloorrddééccoonnee :

Rapport technique

2005-2006

Cette étude est réalisée dans le cadre du Groupe Régional d’Etude des Pollutions par les Produits Phytosanitaires (GREPP)

Etude et réalisation : DAF-SPV 971 Collaboration : INRA-APC 971

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Sommaire 0. Résumé 1. Introduction 2. Etude préliminaire : contexte et problématique

2.1. Etat des lieux et enjeux 2.2. Propriétés et comportement de la chlordécone dans les sols 2.3. Historique et localisation de l’utilisation de la chlordécone 2.4. Evolution de la sole bananière depuis 1973 2.5. Structure des exploitations, productivité, systèmes de culture et utilisation de la chlordécone 2.6. Analyse des sols dans le cadre de l’arrêté préfectoral 2.7. Discussion sur les facteurs de la pollution des sols et les critères de risque: énoncé d’une hypothèse et d’une marge à suivre

3. Conception d’une cartographie de pollution potentielle - méthodologie

3.1. Principe de la cartographie 3.2. Outils, supports et données disponibles 3.3. Chronologie des étapes de la cartographie 3.4. Présentation des cartes thématiques

3.4.1. Cartographie de l’occupation banane en 1985 3.4.2. Cartographie de l’occupation banane en 1997 3.4.3. Cartographie de l’occupation banane en 1969

3.5. Discussion et analyse 3.6. Compilation et simplification après mise en corrélation avec les observations de terrain 3.7. Cas des parcelles agricoles non répertoriées graphiquement sur SIG

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4. Exploitation des résultats

4.1. Choix de deux valeurs repères 4.2. Traitement des données d’observations sur le terrain 4.3. Appréciation de l’efficacité de la cartographie

4.3.1. Cas des analyses effectuées hors du parcellaire agricole graphiquement déclaré 4.4. Répartition des échantillons analysés et indice de fiabilité 4.5. Caractérisation des 4 zones 4.6. Estimation des surfaces effectivement polluées

5. Conclusions et perspectives

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Résumé

Suite à la découverte d’une pollution au chlordécone à large ampleur, un arrêté préfectoral a été mis pris en 2003, en Guadeloupe et en Martinique, afin d’assurer la mise sur le marché de végétaux indemnes de résidu de chlordécone. Cet arrêté oblige les agriculteurs à effectuer une analyse préalable du sol des parcelles destinées à la production de légumes-racines et tubercules.

Au début de l’année 2005, le Service de la Protection des Végétaux disposait d’environs 300 résultats d’analyses de sols qui suggéraient que la pollution soit répartie en mosaïque au sein de la zone bananière, dans le Sud de la Basse-Terre.

Une cartographie de pollution potentielle est conçue sous base de l’historique de l’occupation des sols par la culture de la banane pendant la période de commercialisation de la chlordécone. Les objectifs premiers de la cartographie étaient de localiser et de connaître l’ampleur de la pollution des sols et de déterminer quelles sont les parcelles agricoles qui sont susceptibles de présenter un risque de contamination pour certaines denrées qui pourraient y être cultivées.

La cartographie compte 4 classes de risque, dites de « très élevé » à «nul à négligeable ». Les classes de risque 1 (très élevé) et 2 (élevé) couvrent une superficie de 6390 ha de surface agricole utilisée en Guadeloupe au cours de cette dernière décennie.

Au mois de juin 2006, plus de 1700 analyses réalisées sur des sols répartis sur toute la Guadeloupe mettent en évidence la pertinence de la démarche suivie. En effet, près de 99% des sols analysés dont la teneur en chlordécone est susceptible de rendre la production de certaines denrées végétales non conformes* sont localisés dans les zones dites à risque « élevé » et « très élevé ».

En croisant la cartographie de pollution potentielle et ces résultats d’analyses, une estimation stable de la surface agricole utilisée effectivement contaminée est régulièrement mise à jour. A daté du mois de juillet 2006 :

- Entre 4.910 et 5140 ha actuellement utilisés par l’agriculture présentent un sol dont la teneur en chlordécone est considérée à risque pour la culture de certaines denrées*.

* : Au regard des Limites Maximale Provisoires de Résidus établies par l’AFSSA et des études sur les relations sol/plante menées à l’INRA : Sols dont la teneur en

chlordécone est supérieure à 0,25 mg/kg de sol sec.

Outre l’estimation et la localisation des surfaces polluées, ce travail cartographique permet au DAF/SPV971 :

- un suivi efficace des contrôles effectués dans le cadre de l’arrêté préfectoral par la Chambre d’Agriculture ;

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- une supervision efficace de « super-contrôles » sur le terrain et des plans de contrôles; - un appui important dans la réalisation d’études. Par exemple : la localisation de lotissements à risque dans le cadre d’une

campagne d’enquête et d’information auprès de la population concernant les jardins familiaux.

La démarche cartographique menée est bien adaptée sur un plan technique à la politique actuelle de gestion du risque. Par ailleurs, l’accumulation des résultats d’analyses laisse entrevoir des tendances quant à la répartition de la pollution et suggère la possibilité d’une évolution à cette première démarche cartographique en y intégrant d’autres critères.

Par la suite, ce travail peut également présenter une bonne base quant à une étude sur l’évolution de la pollution dans l’espace et

dans le temps.

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1. Introduction

Aux Antilles, l’utilisation d’insecticides et nématicides de la familles des organochlorés a été intense jusqu’aux années 1990. Parmi elles, la molécule chlordécone, commercialisée entre le début des années 70 et le début des années 90 était considérée comme un insecticide très efficace contre le charançon du bananier, Cosmopolites Sordidus, dont la larve se développe au détriment du bulbe des bananiers qu’elle infeste . Son utilisation autorisée pour la culture de la banane était largement répandue.

En 1999 et en 2000, une étude de la DSDS a mis en évidence une contamination de plusieurs sources d’eau par des molécules organochlorées, dont la chlordécone, la dieldrine et le HCH� plus particulièrement. La DIREN rencontre des contaminations du sol et des eaux de surface à proximité des captages par ces même molécules.

L’accumulation des découvertes telles que la présence de la chlordécone dans certaines denrée et l’eau de consommation pose des interrogations sur la sécurité alimentaire. Suite à un rapport d’inspection en 2001, le Groupe Régional d’Etudes des Pollutions par les Produits Phytosanitaires (GREPP) qui s’appuie sur une collaboration des différents services de l’Etat a été créé par arrêté préfectoral.

La DAF et la Chambre d’Agriculture participent à la mise en œuvre du premier arrêté préfectoral n°2003-1496bis qui instituait les analyses préventives de sols pour la recherche d’organochlorés avant mise en culture des légumes-racines dans les communes du Sud de la Basse-Terre. Par précaution, l’arrêté n° 2005/691 étendait cette mesure à l’ensemble de la Guadeloupe.

Le Service de la Protection des Végétaux de la DAF est chargé, dans le cadre du GREPP, de l’étude cartographique des sols pollués avec la collaboration de L’INRA. Les objectifs premiers étaient de localiser et de connaître l’ampleur de la pollution en développant un Système d’Information Géographique qui constituera un outil très appréciable dans la gestion de la problématique des organochlorés.

Au début de l’année 2005, environ 300 analyses de sols suggéraient que la pollution par la chlordécone et le HCH� était répartie en mosaïque dans la zone bananière de la Basse-Terre.

En Martinique, une analyse multicritère de risque a été menée par le BRGM entre 2003 et 2004. Au vu des premiers résultats d’analyses, cette approche très séduisante ne semblait toutefois pas être nécessairement la plus adaptée au cas de la Guadeloupe.

Concernant le HCH� et la dieldrine, les analyses montrent une présence de résidus dans les sols très marginale. En outre, ces molécules ne présentent pas une rémanence d’une importance comparable à celle de la chlordécone (CABIDOCHE, 2005) et devraient disparaître des sols dans le courant de la prochaine décennie. Par ailleurs, l’étude cartographique a très vite démontré que les rares cas de teneurs élevées dans le sol étaient également sujets à des teneurs en chlordécone. Par conséquent, l’étude cartographique va très vite se focaliser sur la chlordécone.

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2. Etude préliminaire : Contexte et problématique 2.1. Etat des lieux et enjeux Depuis la découverte de la pollution par la chlordécone, de multiples mesures relatives à la gestion des risques ont étés prises et des études sont menées sur ses impacts au niveau de l’environnement et de la santé humaine.

A ce jour, bien qu’il soit avéré que la molécule puisse avoir des conséquences sur la santé humaine suite à une exposition aiguë, aucun effet délétère n’a encore été observé sur la santé humaine dans la population guadeloupéenne. C’est donc au titre de principe de précaution que l’Etat français s’attelle à ce que les denrées produites et mises sur le marché ne présentent pas de teneurs en résidus dépassant certains seuils indiqués par l’AFSSA. Ipso facto, dans le but d’assurer des productions agricoles saines, connaître la teneur des sols en résidus de pesticides est primordial.

La mise à jour de cette problématique apparaît pendant que la

production bananière antillaise subit une crise conjoncturelle sans précédent. Une tendance nette à la reconversion vers des cultures de diversification s’opère alors que la contamination des sols à long terme contrarie cette orientation. Les objectifs de la cartographie des sols potentiellement pollués par la chlordécone sont multiples :

- Repérer les zones où les quantité non négligeables de pesticides organochlorés se sont accumulées ; elles devront être proposées comme zones prioritaires de suivi de la pollution ;

- S’assurer que les productions végétales et animales de ces sols sont indemnes de toute contamination. Le cas échéant, pouvoir

légiférer et intervenir sur les parcelles susceptibles de poser problème ;

- Réaliser des expérimentations sur ces zones afin d’étudier le comportement des différents types de cultures pouvant y être conduite. Ainsi, déterminer les productions proposant un risque minimal pour la santé humaine sur une zone potentiellement polluée.

2.2. Propriétés et comportement de la chlordécone dans les sols

Peu de données bibliographiques existent sur les caractéristiques physico-chimiques et le comportement de la molécule dans l’environnement.

La chlordécone est une molécule très stable, très peu volatile, très faiblement soluble, elle est hydrophobe et lipophile.

La molécule, de par ses propriétés, présente une capacité de sorption sur la matrice organo-minérale et de rémanence élevée et une biodégradabilité actuellement considérée nulle dans les sols. Elle est dès-lors très faiblement entraînée par ruissellement et lessivage. Le transport de la molécule par érosion des sols de surface ne peut s’observer que très localement. Les émergences de nappes phréatiques peuvent cependant intervenir dans une moindre mesure dans une « diffusion » de la chlordécone dans les sols sur une plus grande échelle spatiale.

Le pesticide était posé à même le sol au pied des bananiers.

Le travail mécanique du sol semble confiner la chlordécone sous forme d’agrégats au sein des couches culturales travaillées. Une hétérogénéité spatiale des teneurs est observée dans les couches travaillées mécaniquement (bananeraie intensive). Les teneurs des couches pédologiques sous-jacentes restent moindres.

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Par analogie, la chlordécone reste concentrée dans les horizons de surface (10 premiers cm) des sols n’ayant pas subi de travail mécanique (bananeraie pérenne). Il n’y a pas de migration massive des couches de surface vers des couches profondes (CABIDOCHE p.14)

Le chlordécone persiste dans les sols selon un modèle établi à l’INRA (CABIDOCHE 2004). Selon ce modèle, la diminution de la teneur en chlordécone dans les sols est très lente, elle s’estime en siècles pour une majorité des sols pollués.

La contamination des végétaux s’effectue principalement à

travers une diffusion passive du sol vers la plante (CABIDOCHE 2005).

Les propriétés physico-chimiques des sols jouent un rôle non négligeable dans la rétention et la migration de la chlordécone. A des teneurs similaires, les sols de moindre rétention sont théoriquement plus contaminant pour les cultures que les sols à plus forte rétention. 2.3. Historique et localisation de l’utilisation de la chlordécone La chlordécone fût autrefois commercialisée en Guadeloupe sous le produit américain « Kepone » entre 1973 et 1976 et par la suite, sous un produit français de la marque CALLIOPE, le « Curlone », entre 1981 et 1993

L’utilisation de la chlordécone n’a été autorisée que pour la bananeraie. Le recours à cette molécule pour d’autres cultures n’est que très marginal. On peut donc à priori considérer les sols de Marie-Galante et de la Grande-Terre comme indemnes. En effet, ce n’est que dans les années 1993-94 que la sole bananière a explosée en Grande-Terre, soit postérieurement à la période d’utilisation du Chlordécone. De plus, la pression parasitaire est reconnue pour être

quasi inexistante en Grande-Terre, d’où un besoin en pesticides très limité.

De rares traces de très faible importance ont été observées en Grande-Terre et proviendraient : soit de l’utilisation du Myrex, un pesticide contre la fourmi manioc (Acromyrmex octospinosus), contenant du perchlordécone qui se dégrade en chlordécone (CABIDOCHE 2005) ; soit à une éventuelle utilisation illicite et marginale du chlordécone dans d’autres cultures. Une hypothèse infirmée présentait la possibilité d’une contamination des sols par les eaux d’irrigations en provenance de la Basse-Terre. 2.4. Evolution de la sole bananière depuis 1973 Une montée en flèche de la sole bananière sur le versant au vent du Sud de la Basse-Terre s’opère dans le début des année 70 en conséquence de la fermeture successive de nombreuses sucreries de la Basse-Terre (Marquisat, Rougeole, Darbousier, etc.). Toute la surface encore exploitée en canne est alors convertie en banane lors de la période qui coïncide avec le début de l’apparition de la chlordécone en Guadeloupe. L’apogée de la banane se situe dans les années 80 ; l’utilisation de la chlordécone est alors largement répandue.

Le tableau 1 permet d’observer le déclin progressif de la banane qui va en s’accélérant depuis les années 90 suite aux mauvaises conditions du marché. Ce déclin entraîne une diminution du nombre de planteurs de banane, les petites plantations étant les premières à succomber.

Les surfaces abandonnées par la banane sont sujettes à la mise en culture diversifiées ainsi qu’à des cultures vivrières.

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Tableau 1 : Evolution de la sole bananière de 1973 à 2003

2.5. Structure des exploitations, productivité, systèmes de culture et utilisation de la chlordécone

En Guadeloupe, on peut observer que la structure des exploitations bananières est très hétérogène (tableau 2). La majeure partie du tonnage est produite par une minorité d'exploitations de grande taille (4.5% des exploitations ont une taille supérieure à 30 ha, occupent 34.5 % de la surface bananière et assurent plus de 46 % du tonnage exporté en 1997).

Tableau 2 : Structure des exploitations bananières en 1997

Le rendement moyen des plantations guadeloupéennes (18 tonnes/ha en 1997) est bien inférieur au potentiel agricole qui pourrait atteindre 60 tonnes/ha/an avec une parfaite maîtrise de l'ensemble des techniques culturales. Catastrophes naturelles et conflits sociaux à répétition, ainsi qu'une maîtrise imparfaite des techniques culturales expliquent en grande partie cette faible productivité (Malessard, 1999).

Cette analyse suggère l’existence d’un historique et d’un suivi cultural, des différentes parcelles et exploitations, qui peuvent être décousus dans le temps et très variable.

COMMUNES Surface en 1973 (Ha) Surface en 1981 (Ha) Surface en 1989 (Ha) Surface en 2000 (Ha) Surface en 2003 (Ha)

BAILLIF / / / / 297,0 289,0 249,0 / / / / BASSE-TERRE / / / / 8,0 0,0 58,0 / / / / CAPESTERRE B/E / / / / 3728,0 3323,0 2726,0 / / / / GOURBEYRE / / / / 625,0 680,0 262,0 / / / / GOYAVE / / / / 585,0 465,0 386,0 / / / / SAINT-CLAUDE / / / / 686,0 457,0 230,0 / / / / TROIS-RIVIERES / / / / 1287,0 851,0 409,0 / / / / S

s. a

rrêt

é N

° 20

03-1

496

VIEUX-HABITANTS / / / / 292,0 477,0 52,0 / / / / BOUILLANTE / / / / 164,0 127,0 34,0 / / / / DESHAIES / / / / 22,0 43,0 0,0 / / / / LAMENTIN / / / / 183,0 67,0 10,0 / / / / PETIT-BOURG / / / / 178,0 145,0 142,0 / / / / POINTE-NOIRE / / / / 222,0 144,0 17,0 / / / / SAINTE-ROSE / / / / 172,0 119,0 23,0 / / / /

Bas

se-T

erre

(aut

res)

VIEUX-FORT / / / / 5,0 2,0 0,0 / / / / SS-TOTAL 6666,0 8454,0 7189,0 4598,0 / / / /

ABYMES / / / / 5,0 9,0 29,0 / / / / ANSE-BERTRAND / / / / 0,0 0,0 1,0 / / / / BAIE-MAHAULT / / / / 1,0 30,0 44,0 / / / / DESIRADE / / / / 0,0 0,0 0,0 / / / / GOSIER / / / / 5,0 10,0 3,0 / / / / MORNE-A-L'EAU / / / / 8,0 11,0 6,0 / / / / MOULE / / / / 2,0 14,0 18,0 / / / / PETIT-CANAL / / / / 1,0 2,0 204,0 / / / / POINTE-A-PITRE / / / / 0,0 0,0 0,0 / / / / PORT-LOUIS / / / / 1,0 11,0 92,0 / / / / SAINT-FRANCOIS / / / / 8,0 3,0 3,0 / / / /

Gra

nde-

Terr

e

SAINTE-ANNE / / / / 13,0 20,0 3,0 / / / / SS-TOTAL 37,0 44,0 110,0 403,0 / / / /

CAPESTERRE M/G / / / / 0,0 7,0 4,0 / / / / GRAND-BOURG / / / / 0,0 9,0 1,0 / / / / SAINT-LOUIS / / / / 0,0 3,0 1,0 / / / / SAINT-BARTHELEMY / / / / 0,0 0,0 0,0 / / / / SAINT-MARTIN / / / / 2,0 8,0 0,0 / / / / TERRE-DE-BAS / / / / 0,0 1,0 0,0 / / / / D

épen

danc

es

TERRE-DE-HAUT / / / / 0,0 0,0 0,0 / / / / SS-TOTAL 0,0 2,0 28,0 6,0 / / / /

TOTAL 6703,0 8500,0 7327,0 5007,0 4008,0

Source Agreste (DAF) 6703 8470 7328 5009 4008

Effectif

Surface totale Tonnage

Classe de

surface

Nombre

d'exploitation

%

En ha % T.

brutes

%

Rendement (Tonnes/ha)

0-2 ha 108 18,0 173 3,3 2 199 2,2 12,7

2-5 ha 261 43,4 960 18,1 11305 11,4 11,8

5-10 ha 124 20,6 910 17,2 13504 13,6 14,8

10-20 ha 65 10,8 1006 19,0 18220 18,3 18,1

20-30 ha 16 2,7 420 7,9 8 157 8,2 19,4

30-50 ha 11 1,8 464 8,8 8745 8,8 18,8

>50ha 16 2,7 1359 25,7 37426 37,6 27,5

total 601 5291 99556 Moyenne : 18,8

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Une étude récente menée par l’INRA (PERRAULT & CABIDOCHE, 2005) sur les exploitations du nord-est de la Basse-Terre démontre que quelque soit la trajectoire historique de l’exploitation, en production intensive l’itinéraire technique était toujours le même : l’utilisation préventive plutôt que curative de la chlordécone était systématique et faisant partie d’un « paquet technique » recommandé sous l’encadrement de la SICA ASSOBAG, groupement bananier de l’époque .

D’après une enquête agronomique précédente, 4 grands systèmes de culture de la banane peuvent être identifiés (CLERMONT-DAUPHIN & al, 2004):

a- Des bananeraies pérennes, aux sols non travaillés, sans

intrant pesticide depuis longtemps (année 70) . Ce type de culture est rare et destiné à produire une banane de qualité sur des marchés locaux ;

b- Des bananeraies pérennes, aux sols non travaillés, avec

intrants pesticides et engrais irrégulièrement apportés, depuis les années 80 à 90 . Ce type de culture de zone de montagne s’est développé après défrichement dans les bonnes années de commercialisation de la banane d’exportation. L’irrégularités des cours a entraîné des difficultés de trésorerie chez ces planteurs au début des années 90 et en conséquence une diminution des apports onéreux d’intrants.

c- Des bananeraies pérennes, aux sols travaillés, avec intrants

pesticides et engrais massifs depuis les années 80. Ces exploitations visent la productivité et ont des moyens financiers suffisamment importants pour suivre les recommandations techniques d’application d’intrants émanant des groupements bananiers;

d- Des bananeraies replantées tous les 3 ou 4 cycles, aux sols travaillés à chaque replantation, avec intrants pesticides et engrais massifs. Ce type de culture intensif a connu un apport en intrants conforme aux recommandations techniques des groupements bananiers.

De manière générale, en dehors des plus grosses

exploitations, les agriculteurs ont une connaissance imprécise de l’historique cultural de leurs parcelles et de leurs apports d’intrants plus particulièrement. Ces informations restent souvent très difficilement accessibles. Une autre inconnue réside aussi dans l’utilisation en post-interdiction du Képone et du Curlone. 2.6. Analyses de sols dans le cadre de l’arrêté préfectoral

La DAF et la Chambre d’Agriculture participent à la mise en œuvre des arrêtés préfectoraux successifs qui instituaient les analyses préventives de sols pour la recherche d’organochlorés avant mise en culture des légumes-racines. Les analyses sont effectuées sur la couche de sol 0-30 cm.

Les résultats de ces analyses de sols vont constituer, avec quelques dizaines analyses prospectives, une base à la réflexion privilégiée sur la pertinence d’hypothèses expliquant la répartition spatiale des sols pollués. Ces résultats seront par la suite également essentiels dans le calcul d’une estimation fine des surfaces polluées.

Il convient de garder à l’esprit que les résultats sont sujets à de multiples sources d’erreurs et de biais possibles tels que : l’hétérogénéité spatiale de la pollution au sein d’une parcelle échantillonnées et à la rigueur de la prise de l’échantillon par l’opérateur ; la précision des méthodes analytiques ; d’autres erreurs

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humaines à tous les niveaux. Nous n’avons à priori que peu de moyen pour en estimer les importances. 2.7. Discussion sur les facteurs de la pollution des sols et les critères de risque : énoncé d’une hypothèse et d’une marge à suivre

Tout en gardant à l’esprit l’absence de recul concernant des différentes sources de biais et d’erreurs influençant les résultats d’analyses des sols effectuées dans le cadre de l’arrêté préfectoral, les premières observations suggéraient que la pollution soit répartie en mosaïque au sein de la zone bananière, dans le Sud de la Basse-Terre. En Martinique, l’approche cartographique du BRGM s’appuie sur 3 critères : la pression parasitaire liée à la pluviométrie, la capacité de rétention des sols et l’historique de la culture de la banane.

En Guadeloupe, les deux premiers critères ne semblent pas

jouer de rôle majeur dans la répartition spatiale de la pollution. En effet, la pollution se présentant en mosaïque ôte le poids des facteurs à gradient continu dans l’espace et laisse envisager l’impact des pratiques comme prépondérant.

En effet, l’accumulation des résultats d’analyses de sols réalisées en 2005 sur toutes les communes de la Guadeloupe permettent de conforter certaines hypothèses et de vérifier 2 postulats : « Il n’y a pas de chlordécone là où on n’en a pas apporté » et « Les niveaux de contamination actuels des sols dépendent exactement des pratiques du passé » (CABIDOCHE, 2005). Un facteur significatif incontournable est donc l’historique des pratiques liées à l’usage du chlordécone dans les bananeraie.

Par ailleurs, aucun prélèvement réalisé n’a encore mis à jour une concentration en chlordécone inquiétante sur un sol qui n’a jamais été cultivé en banane. La même observation a été faite en Martinique.

On peut tout de même noter que les sols qui présentent les

plus fortes rétentions se situent plus en altitude, là où parallèlement la pluviométrie et donc la pression parasitaire est également plus élevée. Un « effet altitude » pourrait donc éventuellement être mis en évidence.

Parallèlement, dans l’état actuel des connaissances sur le

transfert sol-végétaux, les sols caractérisés par une rétention moindre de la chlordécone, qui se situent dans les plus basses altitudes, présenteraient un pouvoir contaminant supérieur pour les végétaux. L’étude du risque de contamination des denrées végétales sur une parcelle ne se limiterait donc pas à la teneur en chlordécone dans le sol, mais également à sa tendance à le rendre disponible et assimilable pour les végétaux.

Au vu de l’état des connaissances actuelles et de la diversité

des situations et pratiques rencontrées dans les différentes exploitations, il semble peu opportun de tirer des hypothèses hâtives complexes. L’occupation du sol par la bananeraie pendant les années d’utilisation de la chlordécone devrait constituer un premier indicateur probant, voire suffisant.

Finalement, devant la réserve qu’il est préférable de garder fidèlement au principe de précaution et à l’urgence de la réalisation d’un travail cartographique, l’approche première se veut donc très binaire : elle se base sur la probabilité d’absence ou de présence de chlordécone dans les différents sols de Guadeloupe.

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Il s’agit donc dans un premier temps d’identifier les surfaces qui présentent un historique banane pour connaître les parcelles agricoles susceptibles de contenir de la chlordécone et devant faire l’objet d’une surveillance. L’objectif premier poursuivi est de déterminer un zonage incluant toutes les parcelles répondant à cette hypothèse et qui engloberait idéalement la totalité des sols touchés par la chlordécone. Dans un deuxième temps, la répartition spatiale des sols en fonctions de teneurs seuils sera examinée.

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3. Conception d’une cartographie de pollution potentielle - méthodologie

3.1. Principe de la cartographie L’étude consiste en la réalisation d’une cartographie statistique des sols sur leur probabilité d’être pollués par la chlordécone. La méthodologie utilisée fait référence à la cartographie raisonnée dont la démarche est la suivante :

1) Elaboration d’hypothèses sur la répartition spatiale des sols pollués sur base d’observations (analyses) réalisées sur un sous-ensemble de l’espace étudié.

2) Identification de zones par extrapolation à d’autres parties de l’espace suivant les hypothèses et description des unités correspondantes.

3) Validation de la cartographie par de nouvelles observations (analyses) pour confirmer ou infirmer les hypothèses sur les différentes zones constituées.

3.2. Outils, supports et données disponibles - Logiciels de système d’information géographique utilisé :

a- Mapinfo Professional® 8.0 édité par CLARITAS France b- ArcView 9.1 édité par ESRI

- Instruments de sondage sur le terrain : Tarière et instrument de mesure Global Positionning System : Garmin Etrex Ledend C.

- La conception de la cartographie est confrontée à la rareté des données disponibles concernant les périodes de commercialisation de la chlordécone. Les données exploitées sont : �� Les sources de données numériques ou graphiques (papier)

techniquement exploitables en SIG : - Carte IGN 1969, échelle1/20.000ème (révision sur base de photos

aériennes 1956) ; - Carte IGN 1987, échelle 1/25.000ème (révision sur base de photos

aériennes 1985) ; - Carte parcellaire de la sole Bananière CIRAD-DAF 1997,

échelle 1/25.000ème ; �� Les données consultables sous forme papier uniquement:

- Carte des cultures 1987, échelle 1/25.000ème DAF 1988; - Zonage cultural des régions bananières de Guadeloupe 1977,

échelle 1/20.000ème, ORSTOM - SICA ASSOBAG – DAF. �� Les données administratives de référence « SIG » récentes :

- Les parcellaires agricoles 2003 à 2006 établis sous base des déclarations graphiques, DAF-AGRIGUA

- Le parcellaire cadastral 2001 3.3. Chronologie des étapes de la cartographie

1) Traitement des données : transformations, intégration dans le SIG et appréciation de leur qualité.

2) Mise en superposition de la répartition spatiale d’environ 300

résultats d’analyses de sols avec l’occupation des sols par la bananeraie en 1969, 1985 et 1996.

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3) Recherche de relations croisées entre la répartition spatiale des observations et l’occupation des sols par la bananeraie aux différentes années ; formulation d’hypothèses sur la distribution spatiale des sols pollués.

4) Délimitation par extrapolation de plages cartographiques

suivant les hypothèses.

5) Intégration des nouvelles observations qui s’accumulent, mise à jour statistique, validation et évaluation de la solidité des hypothèses, corrections éventuelles.

6) Simplification par fusion des plages cartographiques en

« zones à risque», en fonction du niveau d’exigence souhaité. 7) Estimation des surfaces concernées et caractérisation

statistique des différentes zones.

8) Edition de la carte finale, de sa légende et notice.

3.4. Présentation des cartes thématiques Les cartographies sont présentées dans l’ordre de leur conception qui répond à une démarche logique suivant leur importance. Elles sont élaborées à partir de la sole bananière de 3 années différentes : 1969, 1985 et 1997.

3.4.1. Cartographie de l’occupation banane en 1985 �

������� �� ���� ����� ������ �� ����� � �� ����� ���������� ����� �������� �� � �

������

Cette cartographie (fig.1) représente les parcelles agricoles cultivées en banane en 1985 (d’après les cartes IGN 1/25.000ème de 1987*) qui sont actuellement encore consacrées à des activités agricoles (parcellaire agricole DAF-AGRIGUA, mise à jour 2003). Ce sont 5300 hectares, soient 4800 parcelles agricoles telles que graphiquement déclarées en 2003 d’après les données DAF-AGRIGUA intégrées dans le SIG, qui sont concernées. Selon les statistiques DAF pour 1985, la surface cultivée en banane est estimée à 7500 hectares. Cette différence constitue un biais non négligeable d’autant plus que c’est dans le début des années 80 que

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la culture de la banane atteint son apogée historique, en pleine époque de l’utilisation de la chlordécone. (*) Rem : la carte IGN éditée en 1987 se base sur une campagne de photographie aérienne réalisée en 1985. 3.4.2. Cartographie de l’occupation banane en 1997

Figure 2 : Parcellaire agricole actuel cultivé banane en 1997 (source : DAF-CIRAD) La cartographie de la figure 2 résulte d’une interprétation de la carte du parcellaire de la sole bananière de 1997 (source DAF-CIRAD). D’après les données DAF-AGRIGUA intégrées dans le SIG, elle couvre 4650 hectares, soient 4376 parcelles agricoles telles que

graphiquement déclarées en 2003 alors que les statistiques DAF pour 1997 comptabilisent, une surface supérieure à 5000 hectares. La différence de calcul de surface s’explique principalement par l’apparition à cette même période de la production de la banane en Grande-Terre dont les surfaces n’ont pas été retenues, cette activité bananière émergeant postérieurement aux années d’utilisation de la chlordécone. 3.4.3. Cartographie de l’occupation banane en 1969

Figure 3 : Parcellaire agricole actuel cultivé banane en 1969 (Source : IGN 1969) Les 1862 parcelles agricoles occupées par la banane en 1969 (fig. 3) représentent 2140 hectares. Une surface sous-estimée également qui

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s’explique principalement par une divergence plus prononcée entre l’occupation du sol par l’agriculture actuelle et celle de 1969. On peut observer que la culture de la banane était alors principalement déployée sur la côte sous le vent. Historiquement, ce n’est en effet qu’au début des années 70, suite à la fermeture successive des sucreries de la Basse-Terre, que la plupart de la surface du Sud de la Basse-Terre alors exploitée en canne se voit convertie en banane. Cette époque coïncide par ailleurs avec l’apparition de la chlordécone, commercialisée sous le nom de Képone. 3.5. Discussion et analyse Une limite majeure réside dans l’évolution de l’occupation du sol par l’agriculture dans le temps, ce qui explique que le parcellaire agricole actuel ne couvre pas la totalité de la surface consacrée à l’agriculture durant les années étudiées. L’occupation du sol a effectivement connu de profondes modifications par endroits au long de ces années. Un net déclin de la SAU s’opérant depuis le début des années 80. L’exploitation des cartes IGN comporte certaines inexactitudes liées aux techniques IGN de photo-interprétation et d’observation sur le terrain à un moment précis. On peut considérer par exemple que le cycle cultural de la banane en production intensive laisserait un sol dénudé ou d’apparence dénudée depuis un avion pendant 1/12 du temps (labour et replantation). Cette fraction a pu ne pas avoir été répertoriée en tant que culture banane. Une autre source d’erreur est liée à la lecture et l’exploitation de ces cartes.

Une autre limite à cette démarche cartographique repose sur la rareté des données exploitées : les trois situations annuelles (1969, 1985, 1997) ne rendent pas forcément compte de l’historique de la culture de la banane sur l’ensemble de la période 1971 à 1996 sur laquelle certaines parcelles ont pu avoir connu une exploitation décousue dans le temps. En outre 1969 est légèrement antérieure à la période d’utilisation de la chlordécone et 1997 légèrement postérieure. Compte tenu de ces limites, ces trois années sont donc à considérer comme des indicateurs de présence de la banane pendant les intervals de temps concernés. 3.6. Compilation et simplification après mise en corrélation avec les observations sur le terrain L’hypothèse de départ suggère que la probabilité qu’un sol soit pollué augmente avec la présence de la banane au cours de la période de son utilisation. En superposant les trois années (tableau 3), on peut observer qu’il a intersections et complémentarité des surfaces : c’est 6571 hectares qui montrent une présence de banane cultivée pendant au moins une des 3 années ((E+F+G) – (B+C+D) + (A)), ce qui reste inférieure à la surface de banane cultivée durant son apogée. Une observation visuelle de la « carte des cultures 1987 », DAF, et du « Zonage cultural des régions bananières de Guadeloupe 1977 », ORSTOM - SICA ASSOBAG – DAF ne semble pas permettre d’augmenter significativement cette surface ayant un passé banane. Techniquement difficilement exploitables, ces données resteront, à titre de contrôle, témoin de la démarche.

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Tableau 3 : surface occupé par la banane aux différentes années :

Au vu du degré de pertinence de chaque année et de l’importance des surfaces cartographiées, on peut pronostiquer une probabilité de pollution croissante suivant l’ordre :

E < G <= F < D < C < B < A Cette hypothèse est confortée par une mise en corrélation avec plus d’un millier d’observations sur le terrain (résultats non présentés dans ce document). Une première cartographie probabiliste à 8 classes peut dès lors être représentée par ce jeu de superposition (figure 4), la 8ème classe étant représentée par les parcelles n’ayant jamais présenté de culture banane sur ces 3 années. Les premières observations sur le terrain ne permettent cependant pas d’établir une différence significative entre toutes ces classes. Une simplification par fusion de certaines classes entre-elles suivant la figure 5 permet d’obtenir 4 classes statistiquement bien distinctes qu’on appellera « classes de risque » de l’aléa chlordécone.

Figure 4 : Cartographie probabiliste à 8 classes

Figure5 : Schéma de la simplification par fusion : classe 1 (A,B,C,D) en rouge ; classe 2 (F,G) en orange ; classe 3 (E) en vert ; classe 4 en Gris.

Occupation banane Surface (ha)

(A) Banane en 1969 et 85 et 97 1284 (B) Banane en 1985 et 97 4133 (C) Banane en 1969 et 97 1684 (D) Banane en 1969 et 85 1512 (E) Banane en 1969 2093 (F) Banane en 1985 4815

(G) Banane en 1997 5708

1969 1985

1997

Jamais

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Les 4 classes de risque et leur surface (tableau 4) :

- Classe 1, risque très élevé : « période Képone-Curlone » ; bananeraie en 1969 et 85, ou 69 et 97, ou 85 et 97, ou au 3 dates (cas (A) ou (B) ou (C) ou (D))

- Classe 2, risque élevé : « période Curlone partielle » ;

bananeraie en 1985 ou 97 (cas (F) et (G))

- Classe 3, risque faible « début Képone éventuel » : bananeraie en 1969 (cas (E))

- Classe 4, risque nul à négligeable : bananeraie à aucune de

ces dates

Tableau 4 : surface des plages classées 1 à 4 Classe de risque Surface (ha) Risque très élevé 4761 Risque élevé 1629 Risque faible 181 Risque nul à négligeable 27929

La cartographie qui en résulte (figure 6) reste à être éprouvée et caractérisée statistiquement avec l’accumulation des nouvelles observations sur le terrain. Un traitement statistique sur les 2000 premiers résultats accumulés et cartographiées ( 4ème partie de ce document) confortent le choix des hypothèses suivies. La cartographie éditée en A0 devrait constituer un outil précieux et utile (réductions A3 en annexe) pour une bonne gestion de la pollution.

Figure 6 : « Cartographie de pollution potentielle à 4 classes de risque » 3.7. Cas des parcelles non répertoriées graphiquement Comme souligné, l’évolution de l’occupation du sol par l’agriculture dans le temps explique que le parcellaire agricole actuel ne couvre pas l’intégralité de la surface consacrée à l’agriculture durant les années étudiées. En outre, l’existence d’une activité maraîchère « souterraine » et donc non déclarée peut ne pas apparaître graphiquement. On peut en revanche considérer que la culture de la banane devait être très majoritairement déclarée, l’activité ayant été très encadrée techniquement et financièrement.

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Pour répondre à cette contrainte, une cartographie basée sur la représentation graphique du cadastre vient compléter le travail. Bien que le parcellaire cadastral ne corresponde pas au parcellaire agricole, il a la qualité d’être défini sur tout le territoire. La surface délimitée de cette façon aux 3 années étudiées est donc plus importante mais ne représente pas uniquement des surfaces qui sont ou qui ont été consacrées à l’agriculture (figures 7, 8, 9).

Figure 7 : Superposition du parcellaire agricole (rouge) et du parcellaire cadastrale (orange) récents ayant hébergé de la banane en 1985 (source IGN 1987) Cette démarche permettra cependant de localiser, et de « classer » les résultats d’analyses de sols qui sont réalisées dans des situations « hors activité agricole déclarée » (activité « souterraine », jardins particuliers, jardins créoles etc ).

Figure 8 : superposition du parcellaire agricole (vert foncé) et du parcellaire cadastrale (vert clair) récents ayant hébergé de la banane en 1969 (Source : IGN 1969) Le recours à l’observation des orthophotoplans de 2000 et 2004, d’une précision 1pixel = 0,5 m, peut avoir également lieu dans un contexte de contrôle. Le parcellaire cadastral ayant hébergé de la banane, sur une fraction de sa surface au moins, en 1985 et/ou 1997, a été fusionné par soucis de simplification. A titre indicatif, il représente une surface de 18200 hectares tandis q’il se calcule à 7090 hectares pour l’année 1969.

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Figure 9 : Superposition du parcellaire cadastrale ayant hébergé de la banane en en 1985 et/ou 1997 (orange) et en 1969 (vert) In fine, cette démarche ne représente pas que la surface agricole mais a l’avantage d’inclure toute la surface agricole potentiellement à risque et d’en identifier leur(s) propriétaire(s) ou occupant(s). On constatera par la suite que les analyses préventives ne concernent que très peu de surfaces non déclarées comme agricoles.

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4. Exploitation des résultats 4.1. Choix de deux valeurs repères Les limites maximales de résidus (LMR) tolérables dans les denrées définies par l’AFSSA et l’observation des résultats de couples sols-végétaux permettent de définir deux valeurs seuil pour les sols (CABIDOCHE, 2005). En effet, le rapport des teneurs entre les végétaux frais et les sols ou ils ont été cultivés apparaît plafonné à 1/5ème (ou 0.2). Selon cette constatation, les végétaux concernés par la LMR1 = 0.05 mg/kg en poids frais, peuvent être cultivés sans risque de dépasser la LMR1 sur des sols qui présentent une teneur en chlordécone inférieure à 0.25 mg/kg de sol sec. Cette valeur sera appelée « limite sol 1» (LS1) De la même manière, les végétaux concernés par la LMR2 = 0.20 mg/kg en poids frais, peuvent être cultivés sans risque de dépassement sur des sols qui présentent une teneur inférieure à 1mg/kg de sol sec (= LS2). La politique de contrôle des productions et de l’orientation du choix des cultures pratiquées pourrait être régie par le traitement des données en fonction de ces valeurs seuils appliquées à la cartographie des sols pollués ou potentiellement pollués. Remarque : le seuil de quantification de la chlordécone est de 0,01 mg/kg de sol sec (laboratoire du Girpa d’Angers).

4.2. Traitement des données d’observations sur le terrain Les résultats d’analyse de sols collectées sur toute la Guadeloupe continentale et Marie-Galante vont être reportés sur le Système d’Information Géographique, ce qui permet d’établir l’appartenance des sols pollués à l’une des 4 classes de risque (figure 10). Ces résultats sont également classés selon leur valeur au regard des LS1 et LS2 (Tableau 5). Ils permettront dans un deuxième temps de caractériser les zones à risque.

Figure 10: Extrait cartographique localisant des résultats, classés en fonction de LS1 et LS2, en relation avec la cartographie potentielle (en bleu , une zone classée « risque élevé »).

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CLD > 1 mg/kg 0,25 < CLD <= 1 mg/kg 0,01< CLD =< 0,25 mg/kg CLD < 0,01 mg/kg Classe risque

1 2 3 4 � 1 2 3 4 � 1 2 3 4 � 1 2 3 4 �

Abymes 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 2 0 0 0 79 79 Anse-Bertrand 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 3 3 0 0 0 71 71 Morne-à-l-eau 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 7 7 0 0 0 52 52 Moule 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 5 5 0 0 0 147 147 Sainte-Anne 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 28 28 Saint-François 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 6 6 0 0 0 116 116 Petit-Canal 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 3 3 0 0 0 63 63 Port-Louis 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 2 0 0 0 30 30 Grande-Terre 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 28 28 0 0 0 586 586 Capesterre MG 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 2 0 0 0 27 27 Grand-Bourg 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 20 20 Saint-Louis 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 13 13 Marie-Galante 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 2 0 0 0 60 60 Baie-Mahault 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 18 18 0 3 0 21 24 Petit-Bourg 1 0 0 0 1 4 1 0 2 7 1 1 0 5 7 1 2 0 53 56 Lamentin 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 2 0 0 0 15 15 Sainte-Rose 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 2 0 1 0 41 42 Pointe-Noire 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 Nord Basse-Terre 1 0 0 0 1 4 1 0 2 7 1 1 0 27 29 1 6 0 130 137 Baillif 32 2 1 0 35 34 3 1 1 39 32 7 6 1 46 16 4 11 20 51 Bouillante 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 1 0 0 2 0 2 Capesterre BE 298 28 0 0 326 181 18 0 0 199 37 27 0 4 68 6 5 0 5 16 Goyave 12 3 0 0 15 22 18 0 0 40 15 20 0 1 36 2 5 0 2 9 Gourbeyre 24 2 0 0 26 10 2 2 1 15 8 4 1 4 17 3 0 0 0 3 Saint-Claude 21 1 0 0 22 16 1 0 0 17 7 2 0 0 9 0 0 0 1 1 Trois-Rivières 48 20 0 1 69 7 9 1 0 17 2 1 0 1 4 6 4 0 0 10 Vieux-habitants 1 0 0 0 1 3 1 0 0 4 1 1 0 2 4 5 3 0 9 17 Sud Basse-Terre 436 56 1 1 494 273 52 4 2 331 102 62 8 13 185 38 21 13 37 109 Guadeloupe 437 56 1 1 495 277 53 4 4 338 103 63 8 70 244 39 27 13 813 892

Tableau 5 : Nombre d’analyses classées par commune, par gamme de teneurs en chlordécone (CLD) suivant les LS, et par appartenance à une classe de risque :

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CLD > 1 mg/kg 0,25 < CLD <= 1 mg/kg 0,01< CLD =< 0,25 mg/kg CLD < 0,01 mg/kg Classe risque

1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4

Abymes 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% Anse-Bertrand 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% Morne-à-l-eau 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% Moule 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% Sainte-Anne 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% Saint-François 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% Petit-Canal 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% Port-Louis 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% Grande-Terre 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% Capesterre MG 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% Grand-Bourg 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% Saint-Louis 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% Marie-Galante 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% Baie-Mahault 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% 0,0% 12,5% 0,0% 87,5% Petit-Bourg 100,0% 0,0% 0,0% 0,0% 57,1% 14,3% 0,0% 28,6% 14,3% 14,3% 0,0% 71,4% 1,8% 3,6% 0,0% 94,6% Lamentin 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% Sainte-Rose 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% 0,0% 2,4% 0,0% 97,6% Pointe-Noire 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% Nord Basse-Terre 100,0% 0,0% 0,0% 0,0% 57,1% 14,3% 0,0% 28,6% 3,4% 3,4% 0,0% 93,1% 0,7% 4,4% 0,0% 94,9% Baillif 91,4% 5,7% 2,9% 0,0% 87,2% 7,7% 2,6% 2,6% 69,6% 15,2% 13,0% 2,2% 31,4% 7,8% 21,6% 39,2% Bouillante 0,0% 0,0% 100,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% 0,0% Capesterre BE 91,4% 8,6% 0,0% 0,0% 91,0% 9,0% 0,0% 0,0% 54,4% 39,7% 0,0% 5,9% 37,5% 31,3% 0,0% 31,3% Goyave 80,0% 20,0% 0,0% 0,0% 55,0% 45,0% 0,0% 0,0% 41,7% 55,6% 0,0% 2,8% 22,2% 55,6% 0,0% 22,2% Gourbeyre 92,3% 7,7% 0,0% 0,0% 66,7% 13,3% 13,3% 6,7% 47,1% 23,5% 5,9% 23,5% 100,0% 0,0% 0,0% 0,0% Saint-Claude 95,5% 4,5% 0,0% 0,0% 94,1% 5,9% 0,0% 0,0% 77,8% 22,2% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% Trois-Rivières 69,6% 29,0% 0,0% 1,4% 41,2% 52,9% 5,9% 0,0% 50,0% 25,0% 0,0% 25,0% 60,0% 40,0% 0,0% 0,0% Vieux-habitants 100,0% 0,0% 0,0% 0,0% 75,0% 25,0% 0,0% 0,0% 25,0% 25,0% 0,0% 50,0% 29,4% 17,6% 0,0% 52,9% Sud Basse-Terre 88,3% 11,3% 0,2% 0,2% 82,5% 15,7% 1,2% 0,6% 55,1% 33,5% 4,3% 7,0% 34,9% 19,3% 11,9% 33,9% Guadeloupe 88,3% 11,3% 0,2% 0,2% 82,0% 15,7% 1,2% 1,2% 42,2% 25,8% 3,3% 28,7% 4,4% 3,0% 1,5% 91,1% % cumul. clss. 1 & 2 99,6% 97,6% 68,0% 7,4% % cumul. clss. 1, 2 & 3 99,8% 98,8% 71,3% 8,9%

Tableau 6 : Pourcentages d’appartenance à une classe de risque des échantillons analysés triés par gamme de teneurs en chlordécone (CLD) suivant les LS ; classement par commune :

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4.3. Appréciation de l’efficacité de la cartographie Le tableau 6 traite les données du tableau 5, en pourcentage d’appartenance (localisation) aux 4 classes de risque pour chaque gamme de teneurs en chlordécone établie suivant les limites sol (LS1 et LS2) et la valeur du seuil de quantification (0,01 mg/kg de sol sec). Les deux tableaux permettent d’apprécier l’efficacité de la cartographie de pollution potentielle pour chaque commune et pour la Guadeloupe dans son entièreté : En considérant la Guadeloupe continentale et Marie-Galante, environ 99% des résultats supérieurs à 0,25 mg/kg de sol sec (LS1) proviennent de sols localisés en zones à risque 1 et 2 (« élevé » et « très élevé »). 4.3.1. Cas des analyses effectuées hors du parcellaire agricole graphiquement déclaré Les résultats d’analyses dépassant la LS1 cartographiés qui se situent hors du parcellaire agricole graphiquement déclaré au cours de cette dernière décennie sont relativement rares et représentent 1,9 %. Ces analyses sont dès lors classées en fonction de la carte de risque cadastrale représentée par la figure 9 au point 3.7. Peu représentatifs, nous retiendrons seulement à titre indicatif que parmi ces cas qui sont au dessus de la LS1, ce sont 75% qui se situent en zone retenue comme équivalente au risque « très élevé » à « élevé ».

En revanche, si l’on considère tous résultats d’analyses confondus, ce sont un peu moins de 4,6% des échantillons qui ont étés prélevés sur la Guadeloupe hors parcellaire. Ce chiffre sera retenu comme paramètre majorant dans le calcul ultérieur d’estimation des surfaces. 4.4. Répartition des échantillons analysés et indice de fiabilité Les parcelles analysées ne sont pas réparties uniformément sur le terrain. Le tableau 5 permet d’observer une importante disparité dans la répartition du nombre d’analyses opérées dans les différentes communes. L’échantillonnage n’étant pas identique pour chaque commune, il convient de rester prudent quant à établir des comparaisons entre communes. Dans le but de connaître la répartition des parcelles analysées et de se faire une idée du niveau d’exploration de chacune des 4 zones, un « indice de fiabilité » a été développé. Cet indice est exprimé en nombre d’analyses effectuées par 100 hectares de la zone concernée :

- Indice de la zone à risque 1 « très élevé » : 18 - Indice de la zone à risque 2 « élevé » : 12,2 - Indice de la zone à risque 3 « faible » : 14,4 - Indice de la zone à risque 4 « nul à négligeable » : 3,2

Rem : ces indices sont calculés à partir des surfaces présentées dans le tableau 4 du point 3.6. En considérant une surface moyenne d’une parcelle agricole en Guadeloupe de 1ha, ces indices approchent l’équivalence en pourcentage de la surface explorée de chacune des zones.

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4.5. Caractérisation des 4 zones La figure 11 permet d’observer la représentation des résultats d’analyses observés dans chaque zone de risque, classés par gammes de teneurs. Cette approche permet de caractériser les 4 grandes classes de risque, et d’apprécier les écarts qui les démarquent. On peut considérer que ces chiffres représentent aussi une estimation appréciable des proportions, en terme de surface de sols concernés par les gammes de teneurs fixées. Proportions des résultats d’analyses des sols dans les 4 zones à risque

51,1%

28,1%

3,8%

32,4%

26,6%

15,4%

12,0%

31,7%

30,8%

7,9%

4,6% 13,6%

91,6% 50,0%

0%

10%

20%

30% 40% 50%

60% 70%

80%

90%

100%

Risque très élevé Risque élevé Risque faible Risque nul à négligeable

Les 4 zones

%

[CLDsol] < 0,01 mg/kg 0,01 < [CLDsol] =< 0,25 mg/kg 0,25 mg/kg < [CLDsol] =< 1 mg/kg [CLDsol] > 1 mg/kg

Figure 11 : Résultats d’analyses observés dans chaque zone de risque, classés par gammes de teneurs, en %.

4.6. Estimation des surfaces effectivement polluées

Estimation des surfaces polluées dans les 4 zones de risque

1541

434

573

516 2199

458

2431

560

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

4000

4500

5000

Risque très élevé Risque élevé Risque faible Risque nul ànégligeable

Les 4 Zones

0,01 =< [CLDsol] =< 0,25 mg/kg

0,25 mg/kg < [CLDsol] =< 1 mg/kg

[CLDsol] > 1 mg/kg

figure 12 : Estimation des surfaces qui seraient effectivement contaminées dans chaque zone. Les surfaces en hectares présentées dans le graphique de la figure 12 sont calculées à partir des résultats de la figure 11 et du tableau 4 du point 3.6. Ces surfaces peuvent être, dans un deuxième temps, présentées par gamme de teneurs en chlordécone, figure 13. Par simple déduction, cette figure présente également la surface agricole, graphiquement déclarée au cours de cette dernière décennie, considérée comme indemne.

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Estimation des surfaces effectivement concernées

2898

2012

3343

26101

0 5000 10000 15000 20000 25000 30000

[CLDsol] > 1 mg/kg

0,25 mg/kg <[CLDsol] =< 1

mg/kg

0,01 =< [CLDsol] =<0,25 mg/kg

[CLDsol] < 0,01mg/kg

Gam

mes

de

tene

urs

Surface (ha)

Figure 13 : Surfaces concernées par les différentes gammes de teneurs sur toute la Guadeloupe. Rem : la précision de ces estimations de surfaces est à considérer à la dizaine d’hectares près. Par addition, sur toute la Guadeloupe, près de 8250 hectares présenteraient une présence de chlordécone, 4910 hectares seraient au dessus de la LS1 et 2900 hectares au dessus de la LS2. Ces estimations sont à considérer comme étant minorantes car elle ne tiennent pas compte des cas localisés hors du parcellaire agricole graphiquement déclaré, et donc exploité, au cours de cette dernière décennie. Une estimation majorant les surfaces polluées peut être envisagée sur base de leur représentativité, abordée au point 4.3.1. :

Près de 8630 hectares présenteraient alors une présence de chlordécone, 5140 hectares seraient au dessus de la LS1 et 3030 hectares au dessus de la LS2. 5. Conclusion et perspectives Cette étude présente « le précédent cultural de la banane » comme un indicateur de risque le perspicace. Outre l’estimation et la localisation des surfaces polluées, ce travail cartographique permet au DAF/SPV971 :

- un suivi efficace des contrôles effectués dans le cadre de l’arrêté préfectoral par la Chambre d’Agriculture ; - une supervision efficace de « super-contrôles » sur le terrain et des plans de contrôles; - un appui important dans la réalisation d’études. Par exemple : la localisation de lotissements à risque dans le cadre d’une campagne d’enquête et d’information auprès de la population concernant les jardins familiaux.

La démarche cartographique menée est bien adaptée sur un plan technique à la politique actuelle de la gestion du risque. Par ailleurs, l’accumulation des résultats d’analyses laisse entrevoir des tendances quant à la répartition de la pollution et suggère la possibilité d’une évolution à cette première démarche en y intégrant d’autres indicateurs ou facteurs de pollution. Durant les années suivantes, les données collectée augmenteront et permettront de continuer à nourrir les données statistiques en relation avec la cartographie de pollution potentielle. Par la suite, ce travail peut également présenter une bonne base quant à une étude sur l’évolution de la pollution dans l’espace et dans le temps.