Carnet scatologique - Giulia Enders / Actes Sud pour Le HuffPost

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93 LE CARNET SCATOLOGIQUE COMPOSITION, COULEUR & CONSISTANCE

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le carnet scatologiquecomposition, couleur

& consistance

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Un tiers des matières solides sont des bactéries. Elles ont fait leur temps au sein de la flore intestinale et se retirent donc de la vie active.

Un autre tiers est composé de fibres non digestibles. Plus on mange de légumes et de fruits, plus la commission est grosse. La quantité quotidienne de matières fécales peut alors sans pro-blème passer à 500 grammes, au lieu des 100-200 grammes de moyenne.

Le dernier tiers est un vrai bric-à-brac. On y trouve toutes les substances dont notre corps veut se débarrasser, comme les déchets médicamenteux, les colorants ou le cholestérol.

COULEUR

La couleur naturelle des selles humaines va du brun au beige. Y compris quand nous n’avons rien mangé de cette couleur. Même chose pour notre urine, qui tire toujours sur le jaune. La raison ? Un produit plus qu’essentiel que nous fabriquons chaque jour : le sang. Chaque seconde, 2,4 millions de glo-bules sont produits. Mais ils sont tout aussi nombreux à être détruits. La couleur rouge qui résulte de cette dégradation vire d’abord au vert, puis au jaune – un phénomène que l’on peut aussi observer après avoir reçu un coup : le bleu que nous avons au genou après avoir raté la marche change lui aussi progressi-vement de couleur. L’urine permet d’évacuer sans détour une petite partie du jaune.

La plus grande partie passe par le foie et rejoint l’intestin, où des bactéries vont fabriquer à partir du jaune une autre couleur : le mar-ron. La teinte des excréments nous renseigne sur la façon dont se

Chers lecteurs,Il est temps pour nous d’aller au fond des choses (et de la

cuvette). Toussotez, rajustez vos lunettes et prenez une bonne grosse gorgée de thé ! Nous allons maintenant faire la connais-sance d’un mystérieux petit tas de m…

COMPOSITION

Beaucoup pensent que les excréments sont principalement com-posés de ce que nous avons mangé. Erreur !

La matière fécale est aux trois quarts composée d’eau. Chaque jour, nous perdons environ 100 millilitres de liquide. Pendant un cycle digestif, l’intestin résorbe déjà environ 8,9 litres. Ce que nous voyons au fond de la cuvette des wC est donc le sum-mum de l’efficacité : le liquide qui est arrivé jusqu’ici n’aurait pas pu se trouver ailleurs. Grâce à un dosage optimal en eau, les selles sont assez molles pour transporter vers la sortie nos résidus métaboliques.

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colorant qui peut être transformé en marron, et ces couleurs révèlent la présence de globules dans les selles. En cas d’hé-morroïdes, la teinte rouge claire n’est pas inquiétante. Pour toutes les teintes plus foncées, mieux vaut consulter un méde-cin – sauf s’il y avait de la betterave au menu d’hier.

CONSISTANCE

L’échelle de Bristol qui décrit l’aspect des selles humaines a été publiée en 1997, et elle est donc relativement récente si l’on songe au nombre de millénaires pendant lesquels nous avons déféqué sans elle. Elle répartit les selles en sept catégories selon leur consistance. Comme la plupart des gens rechignent à décrire l’aspect de ce que produisent leurs intestins, c’est un outil qui peut s’avérer très utile. J’entends déjà d’ici ceux qui s’insurgent : “On a quand même bien le droit d’avoir ses petits secrets, non ?” Bien sûr, on n’est pas obligé de parler de tout. Mais vous, vous voudriez avoir des selles anormales sans le savoir ? C’est ce qui arrive quand on n’a pas d’élément de comparaison. Une digestion saine, avec au final des selles qui présentent la proportion d’eau idéale, donne un résultat de type 3 ou 4. Les autres catégories ne devraient pas être à l’ordre du jour. Si elles s’invitent trop souvent dans notre cuvette, il peut être utile de consulter un bon médecin et de déterminer avec lui si certains aliments sont mal supportés ou s’il y a quelque chose à faire contre la constipation. La version ori-ginale de cette échelle est l’œuvre du médecin anglais Ken Heaton.

déroule le processus et il peut être très utile de connaître l’ori-gine de couleurs fécales atypiques :

du marron clair au jaune : Cette teinte peut être un effet du syndrome de Gilbert, une maladie bénigne. Une enzyme de dégradation de l’hémoglobine ne fonctionne alors plus qu’à 30 %, si bien que les substances colorées parvenant dans l’intestin sont moins abondantes. Le syndrome de Gilbert touche 8 % de la population, ce qui fait de lui une maladie assez répandue. Ce n’est pas vraiment grave, puisque le dys-fonctionnement de cette enzyme n’entraîne quasiment aucun désagrément. Seul effet secondaire : les patients supportent moins bien le paracétamol et devraient par conséquent évi-ter d’y recourir.

Autre explication pour des selles jaunâtres : les bactéries intestinales ont des soucis. Quand elles ne travaillent pas cor-rectement, elles ne peuvent pas fabriquer de marron. La prise d’antibiotiques ou un épisode diarrhéique, par exemple, peuvent bouleverser la palette de couleurs.

du marron clair au gris : Quand la liaison entre le foie et l’intestin est interrompue ou comprimée (en général, en aval de la vésicule biliaire), l’hémoglobine responsable de la couleur rouge du sang ne parvient plus jusque dans les selles. Les routes barrées n’étant jamais une partie de plaisir, en cas de grisaille dans la cuvette, mieux vaut consulter un médecin.

noir ou rouge : Le sang coagulé est de couleur noire, le sang frais de couleur rouge. Cette fois, il ne s’agit pas seulement du

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Type 7 :watery, no solid pieces. Entirely liquid | selles totalement liquides

Les différentes catégories nous livrent aussi de précieux indices sur le temps qu’il faut à nos intestins pour transporter les résidus alimentaires. Pour le type 1, les résidus ont besoin d’une centaine d’heures pour être évacués (constipation), tandis que pour le type 7, l’affaire est bouclée en une dizaine d’heures (diarrhée). Le type 4 est considéré comme le nec plus ultra du caca : c’est celui qui présente le meilleur équilibre entre l’eau et les substances solides. Vous venez d’évacuer un type 3 ou 4 dans la cuvette ? Observez la vitesse à laquelle votre œuvre s’enfonce dans l’eau. Si elle sombre au fond de la cuvette en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, c’est peut-être qu’elle contient encore beaucoup de nourriture mal digérée. Pour flotter un temps à la surface, les selles doivent renfermer de petites bulles de gaz. Celles-ci proviennent de bactéries intestinales qui, dans la plupart des cas, font du bon boulot. Si vous ne souffrez pas par ailleurs de ballonnements, cette trace de leur présence est donc un bon signe.

Chers lecteurs,Nous refermons à présent ce carnet scatologique. Vous pou-

vez vous détendre, vos lunettes peuvent glisser sur le bout de votre nez. L’œuvre du rectum clôt ce premier chapitre. Et nous nous penchons maintenant sur le réseau électrique de notre corps : le système nerveux.

Type 1 :separate hard lumps, like nuts (hard to pass) | selles dures et morcelées (en forme de billes), d’évacuation difficile

Type 2 :sausage-shaped but lumpy | selles dures moulées, en forme de saucisse, bosselées

Type 3 :like a sausage but with cracks on the surface | selles dures moulées, en forme de saucisse, craquelées à la surface

Type 4 :like a sausage or snake, smooth and soft | selles molles mais moulées, en forme de saucisse ou serpentin (On dirait du den-tifrice, N.d.A.)

Type 5 :soft blobs with clear-cut edges | selles molles morcelées à bords nets

Type 6 :fluffy pieces with ragged edges, a mushy stool | selles molles morcelées à bords déchi-quetés