Seules contre tous: Les difficultés vécues par les femmes qui ont des rapports sexuels avec des fem
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CARNET D'UN
AVEUGLEMENT
PHILIPPE D E N I S
CARNET D'UN
AVEUGLEMENT
Ouvrage publié avec le concours du Centre National des Lettres
F L A M M A R I O N
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© FLAMMARION, 1980. P r i n t e d in France .
ISBN 2-08-064284-7
Pour Carmen et Philippe Meyer
CARNET D'UN AVEUGLEMENT
Derrière la terre
Ce t rou avec mes ongles, avec rage je l'ai creusé
comme il reflète — maintenant — mon visage vide...
( tain de l 'antériorité filigrane d 'un cri
Dans la terre, mor t — plus vivant que m a mor t — la bouche pleine de terre, la bouche sans le moindre mot
je rôde au tour de cette racine, je joue le rôle des morts
Couché dans la poitrine de la terre, je rêve un rêve dans la tête des arbres — qu'un millier d'oiseaux, au soir, congédie
Aveugle à votre lumière j 'errais je tissais la soie de plusieurs nuits — invisible comme un mal, comme une parole dans la bouche
Toi
NEIGE ou CŒUR
quand cessent les battements
asile du précaire
mais
que reste-t-il pour te nommer ?
Les mots. Tes mots. Le mot n e i g e où je m'enfonce ?
TOI
dont je n'ai souvenir de la teinte
ce qui fond et nous brûle plus bas dans la gorge — où se défait la dernière parole
NOUS SOMMES l'heure est à toi aveugle dans la double nuit
nous sommes
....
où agonise dans la pierre que nous compulsâmes une ligne
palinodique qui nous jette et nous brise hors de sa lecture
Je me jet te comme si je pouvais entrer dans cette histoire sans avoir à dire mot —
... cette histoire qui me répète — comme se répètent les coups pour que tout éclate.
S'il me fallait parler de nous il me faudrait parler de pierre et de terre, et de cela qui ne cesse de nous séparer et de nous trahir
comme si nous n'étions que les hôtes de cette aberrante intimité entre la terre et le sang.
Autour des derniers mots l'ordre de ce noir grouillement, l'élargissement de ce qui est sans « je », l'atroce voracité de la terre.
DU MÊME AUTEUR
Cahier d'ombres, Maeght, 1972, Mercure de France, 1974.
Les cendres de la voix, Commune Mesure, 1975. Malgré la bouche, Clivages, 1977. Revif, collection « ARGILE », Maeght, 1978. La teinte du jour, Thierry Bouchard Ed., 1979. Surface d'écueil, Clivages, 1980. Autre neige, Orange Export Ltd. 1980. In the lost hue, Theodore Press,
(Maine, USA), 1980.
Traduction
Unearth, poèmes de Paul Auster traduits d e l ' a m é r i c a i n , c o l l e c t i o n « ARGILE »,
Maeght, 1980. Emily Dickinson, Poèmes, Brandes, 1980.
Poésie / Flammarion (nouvelle série)
Andrée Chédid : Cavernes et soleils
Claude Esteban : Terres, travaux du cœur
Jean Tortel : Des corps attaqués
A C H E V É D'IMPRIMER
SUR LES PRESSES D'AUBIN
DOULLENS (SOMME) LE 25 AVRIL
1980
D. L. : 2e trim. 1980. — Edit. : n° 9277. — Imp. : n° 638. Imprimé en France.
CARNET D'UN AVEUGLEMENT
carnet d'un aveuglement
Derrière la terre — aveugle/aveuglante — ou à travers elle, jusqu'à la plainte. Ce qui surgit ( contre la dureté de ce qui nous est échu) n'est pas, en dépit de la simplicité des mots, élémentaire, mais souffle en l'opaque réflexion. Cendre de la voix. La mort n'étant pas uniquement une évi- dence, mais avant tout le vide avec lequel le poète conçoit — en tant que corps et en tant qu'esprit — une toile négative. Lui — fils du vide. Lui — météore entre deux mondes. Lui — jaloux du vent. Et en route vers le partage irrémédiable des corps. Malgré la bouche ce qui est proféré peut-être perçu sans qu'aucun savoir intervienne — vision derrière une paupière à jamais close. Le souffle en quelque sorte s'excédant dans la parole qu'il supporte. Neige. Débris. Blancheur de la nuit. Ou encore révélation du moindre — si ici un œil veille. Et si œil il y a. Le soleil appo- sant — tel que l'auteur — sa signature au chevet d'un champ de neige. Entrant et sortant sans qu'il y ait trace de celui qui est entré et sorti. Montagne sans sommet — route en poussière ( pente ou montée ) — sur laquelle le " j e " neige. Pris dans la gestuelle du mot : dans son attitude, dans sa mesure. Ailleurs perdu. Le poète étant précisément son absence. Dans l'exactitude du retour.