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« Le roi et son bouffon » Caricatures de Pierre Kroll

Exposition du 20 juin au 30 septembre 2012

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Sommaire

Communiqué p. 3 et 4

Le mot de Pierre Kroll p. 5 et 6

La représentation du roi Albert II dans le dessin de Kroll p.7 La couronne p.8 à 10

Les voyages du roi p.11

La vie de famille p.12

L’heure des conciliations p.13 à 14

Le gamin p.15

Oui mais…. p.16

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« Le roi et son bouffon » Exposition du 20 juin au 30 septembre 2012

Vernissage le mardi 19 juin 2012 à 18h

Commissariat : Pierre Kroll Scénographie et éclairages : Bleu Lumière, Yves Maréchal et Dominique Briand

Le rapport, son élasticité, entre le bouffon et les puissants est assurément l’une des

constantes qui a existé bien avant même que la notion de démocratie ait droit de

cité. La tête des bouffons s’est révélée souvent plus volatile que celle des rois.

Aujourd’hui encore, d’un pays à l’autre, d’une culture à l’autre, selon les régimes ou

les croyances, l’art de la caricature peut s’avérer un exercice périlleux ou jouissif.

Au-delà du décryptage immédiat, il peut générer des effets étonnants quand on sait

le rôle qu’a joué une pomme dans la campagne électorale française de 1995.

On peut aussi évoquer ces dieux qui, à l’ « image » de Mahomet, ne peuvent être

dessinés sous peine d’être honnis par ceux qui y croient ! Paradoxal, non ?

Pour nous, belges, le dessin quotidien de Kroll dans le journal Le Soir, c’est un peu

la petite lumière à côté du tabernacle : une façon de dire « le Roi est là ».

Ce regard sur nos coulisses ne fait pas l’économie de la vie du palais et de ses

intrigues. Source fréquente d’interrogations et de fantasmes, le rôle du roi est

régulièrement épinglé, critiqué ou loué.

D’un roi qui fut sans doute le premier surpris de succéder à son frère, Pierre Kroll a

fait un personnage que tous les Belges francophones ont adopté.

Les pantoufles, la couronne et le peignoir… cherchez l’erreur.

L’exposition « Le roi et son bouffon » retrace cette saga d’une famille quelquefois

tourmentée et d’un pays souvent perturbé dont les contours sont en mutation

permanente.

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Ces visions sont aussi à l’image d’un peuple qui – pas plus sans doute que son

monarque – n’est pas économe d’autodérision.

Cet état d’esprit est aussi un gage de lucidité, un antidote au narcissisme.

Cette impertinence stimule et dope l’imaginaire faisant de ce pays le berceau du

surréalisme.

Alors que d’aucuns imaginent déjà une fin de règne pour Sa Majesté Albert II,

Pierre Kroll s’est définitivement imposé comme l’un des meilleurs observateurs de

la vie politique belge.

Ce parcours est à la fois l’illustration d’une liberté de ton et de pensée d’artistes, où

l’irrévérence ne rime jamais avec irrespect.

Une relation cryptée entre un dessinateur de presse et un monarque avec comme

témoin, un peuple.

Christian Bourgoignie, Directeur du Centre Wallonie-Bruxelles à Paris

Exposition produite et réalisée par le Centre Wallonie-Bruxelles à Paris.

Exposition ouverte du lundi au vendredi de 9h à 19h. Samedi/dimanche de 11h à 19h.

Publication : « Le roi et son bouffon » de Pierre Kroll, Renaissance du livre.

Entrée libre Du lundi au vendredi de 9h à 19h Samedi et dimanche de 11h à 19h 127-129 rue Saint-Martin - 75004 Paris M°: Châtelet-les-Halles, Rambuteau www.cwb.fr

Contact presse : Ariane Skoda 01 53 01 96 92 a.skoda@cwb.fr

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LE MOT DE PIERRE KROLL Le pouvoir n’a pas d’humour, sinon il ne serait pas le pouvoir. Le roi Albert a peu de pouvoir... il a donc peut-être beaucoup d’humour !

L’histoire des fous et des bouffons commence dans l’infâme et l’ignoble. Les plus

anciens étaient de pauvres niais, des nains, des bossus difformes, voire des

monstres. Ce sont leurs malformations physiques ou leur débilité profonde, plus

quelques grimaces ou singeries, qui amusaient les puissants. Mais avec le temps,

les fous le furent de moins en moins. Mieux : ils firent de leur situation une

position enviée et, miroir déformant du pouvoir, ils devinrent une institution.

Triboulet appelait François Ier « mon cousin »,

Maître Guillaume appelait Henri IV « mon amy »,

L’Angély, le dernier fou officiel de la cour de France, accompagnait Louis XIV

partout et les nobles redoutaient tellement ses traits d’esprit qui les ridiculisaient

aux yeux du roi qu’ils achetaient son silence des fortunes.

Aujourd’hui, les rois n’ont plus de fou et souvent même les peuples n’ont plus de

roi. Alors, qui sont les briseurs d’apparence ? Qui est encore capable de tenir aux

princes qui nous gouvernent un langage de vérité et de dérision ? Certains

caricaturistes.

On décrit souvent le bouffon comme un homme du peuple au milieu de la Cour et

un messager de la Cour parmi le peuple. Un médiateur. De fait, c’est parfois ce que

j’ai l’impression d’être quand je dessine ce que je veux à la télévision, en direct, en

plein milieu des débats de nos éminences politiques.

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Le bouffon est-il subversif ou suppôt du pouvoir ?

On n’a pu faire tomber le roi de son trône et le décapiter que parce qu’il fut

désacralisé d’abord. C’est à cela que tentent de s’opposer, comme des

mousquetaires, ces quelques compatriotes qui sont si choqués de me voir dessiner

Albert II en pyjama traînant ses charentaises. Mais je n’ai pas d’objectif. Je ne me

soucie pas de savoir quand ça plaît au Palais et quand ça plaît au peuple. On dit du

fou qu’il servait le peuple et le souverain avec un zèle égal. Disons que si je dois un

jour pencher, à cause du vent, ce sera du côté du peuple.

Contrairement au bouffon, je ne suis pas payé par le roi !

Regardez un jeu de cartes : le fou est inclassable dans la hiérarchie et... il n’a pas

de couleur.

Comme moi, le bouffon se devait de trouver une répartie drôle et spirituelle à tout

moment et ne cessait, pour cela, d’agiter son esprit.

Comme lui, je dois toujours trouver la forme amusante qui fera passer pour plus

innocente qu’elle ne l’est une moquerie acerbe, une critique pointue sans qu’elle

soit censurée.

Bref, se faire traiter de bouffon, ça n’a pas l’air d’un compliment. Mais quand je lis

que si le bouffon amuse le roi, il est aussi le seul à pouvoir lui dire quelques vérités

sans faire de courbettes, qu’il a pour fonction de le désacraliser, que les ministres et

les courtisans craignent les traits d’esprit du bouffon à leurs dépens parce qu’ils ont

rarement le talent pour y répondre avec autant d’humour, que c’est grâce au

bouffon que le peuple arrive à faire le tri parmi les mensonges et les promesses

dont on l’abreuve... je le prends au contraire comme un beau compliment.

Pierre Kroll, Lectures : Le Bouffon des Rois, Françis Perrin (Plon) Le Sceptre et la Marotte, Maurice Lever (Fayard)

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La représentation du roi Albert II dans le dessin de Kroll

« Le roi n’est pas (le) fou ! En Belgique, il pleut tout le temps. Albert a une résidence à Chateauneuf de Grasse, dans le sud de la France. Il y passe autant de temps que le Belge moyen en rêverait. À chaque nouvelle crise politique, il faut aller le rechercher là. Cela m’a un jour donné l’idée de le représenter n’ayant pas eu le temps de mettre complètement le grand uniforme, gardant sandales et bermuda... Le fou venge le peuple comme il peut.

Le roi a un âge auquel la plupart des belges sont bien décidés à ne plus rien f... et les châteaux sont froids en hiver. Quand j’ai pu expliquer au roi

que c’est pour ça que je le dessinais si souvent en robe de chambre et en pantoufles, et qu’avec toutes ces crises politiques, on avait l’air de bien l’ennuyer, il a sincèrement ri… Le fou dit souvent la vérité. » Pierre Kroll

Un peu de généalogie et d’histoire : Léopold Ier a laissé un testament politique très pessimiste sur son tout nouveau royaume ; Léopold II trouvait son peuple sans ambition ; Albert Ier entra dans l’histoire comme roi-soldat, héros de 14-18 ; Léopold III fut critiqué pour ses sympathies germaniques et Baudouin refusa de signer la loi dépénalisant l’avortement. Albert II, lui, vit une crise interminable qui pose la question de l’existence même du royaume.

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LA COURONNE

« Le roi règne mais ne gouverne pas. »

Le roi s’exprime peu. À part à Noël pour les traditionnels voeux et le 21 juillet pour la fête nationale, il n’a pas le droit d’émettre son avis. Quand il le fait, c’est couvert par son premier ministre et c’est si rare qu’on emploie alors cette expression « le roi sort de sa réserve ».

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Sauf exception, le roi ne s’adresse donc à la nation que pour la fête nationale du 21 juillet... et à Noël.

Chaque année, ces deux discours sont très analysés.

Quand le roi parle, tout ce qu’il dit est avalisé préalablement par le gouvernement voire dicté par lui. Et tout ce que le roi décide, les ministres en sont responsables.

Les premiers ministres (ici Yves Leterme et Elio Di Rupo) ont toujours « utilisé » le roi comme le système le permet.

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« Le premier ministre implique le roi quand cela peut servir l’État » (dixit Guy Verhofstadt, ancien Premier Ministre).

« J’ai souvent été frappé par le fait que les dictateurs et les fondamentalistes ne rient jamais. Au contraire, le rire est leur ennemi le plus redoutable. C’est l’ennemi qui révèle que l’empereur est nu. En même temps, une vieille tradition veut que chaque roi ait son bouffon. Un bouffon qui se permet presque tout, afin de faire rire le roi. C’est la sagesse antique qui veut qu’un roi qui ne sait rire ne sera jamais en bonne condition pour gouverner son royaume.

En fait, le roi Albert II est son propre bouffon. Ce n’est point un secret : le roi Albert II aime le rire. C’est son arme la plus désarmante. Devant les caméras, mais également en colloque singulier avec les politiciens et dans ses entretiens avec les chefs d’états ou de gouvernements étrangers, comme j’ai pu le constater trente-six fois pendant mes huit ans comme Premier ministre. Aimant le rire autant que lui, même nos entretiens les plus sérieux tournaient constamment dans un rire libérateur, créatif et inspirant. C’est une grande qualité humaine, le rire, dans les rencontres du plus haut niveau aussi bien qu’ailleurs. On aime et on a confiance dans les gens qui savent rire, dans le roi aussi bien que dans son bouffon. Méfiez-vous d’un roi ou d’un chef d’état ou de gouvernement qui ne sait rire. Il ne sert à rien ». Guy Verhofstadt, Premier ministre de 1999 à 2008

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LES VOYAGES DU ROI Albert II voyage. Le Congo fut la grande colonie belge (80 fois sa taille !), mais il fut d’abord la propriété privée du roi Léopold II. Chaque visite d’un roi des Belges là-bas est un évènement. Pour le 50e anniversaire de l’indépendance, le voyage d’Albert II a soulevé de nombreux questionnements diplomatiques. Au point d’obliger le roi à se rendre dans ce pays de palabres muet comme une carpe. En trois jours, le roi n’a pas officiellement dit un mot.

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LA VIE DE FAMILLE

En 1999, un livre révèle aux Belges l’existence de la fille cachée d’Albert II. Le roi n’a jamais reconnu officiellement Delphine, fille de la baronne Sybille de Sélys Longchamps. Delphine est sculpteure et les références à ce père naturel et à son petit royaume sont fréquentes dans son oeuvre.

Albert II devient plusieurs fois grand-père. Petits princes et princesses se multiplient à l’envi.

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L’HEURE DES CONCILIATIONS

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De juin 2010 à décembre 2011, la Belgique n’a pas de gouvernement. Plus de 540 jours (un record mondial !) seront nécessaires pour en former un.

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LE GAMIN

La monarchie, c’est simple : le fils aîné du roi succède au roi. Une question est récurrente au royaume de Belgique : « Philippe est-il prêt ? » Le prince est peu charismatique, peu à l’aise avec les médias. Il est de bon ton, surtout en Flandre, de douter de ses compétences.

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OUI MAIS…

En Belgique, on jouit d’une grande liberté d’expression, mais lorsque Pierre Kroll a commencé ce métier de caricaturiste, on dessinait infiniment peu le roi (Baudouin Ier à l’époque). Si ce n’était pas interdit, c’était mal vu. Depuis le couronnement d’Albert II, il a popularisé son image de bon-papa, en robe de chambre, en pantoufles, en bermuda, en sandales, ça a choqué certains, ça en a fait rire d’autres. Mais cette liberté comporte parfois des limites comme en témoignent certains projets refusés exposés.

La Loterie Nationale me proposa de réaliser une série de billets de jeux à gratter.

Je leur ai proposé une série « royale » montrant le roi jouant pour payer des chapeaux à sa belle-soeur, des voitures à son fils, etc.

La direction de la Loterie Nationale a interrogé le palais. On ne verra jamais ces billets. Pierre Kroll

Une autre fois, ce fut La poste qui me commanda un dessin pour un timbre sur le thème imposé « L’humour fait la force ». Comme, traditionnellement, les rois figurent souvent sur les timbres comme sur les monnaies, j’ai proposé ceci. Le refus fut immédiat et sans appel ! J’ai finalement dessiné un petit bouffon sur une balançoire pesant paradoxalement plus lourd qu’un gros notable... maigre consolation. Pierre Kroll