Caractérisation des dispositifs d'accompagnement …...populations par des pratiques agricoles...
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MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE SUPERIEUR ET DE LA
RECHERCHE SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU
UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE
EN SCIENCES HUMAINES (UFR-SH)
PROGRAMME AGRINOVIA
BURKINA FASO
UNITE-PROGRES-JUSTICE
MEMOIRE DE FIN DE CYCLE
En vue de l’obtention du
DIPLOME DE MASTER II EN INNOVATION ET
DEVELOPPEMENT RURAL
THEME :
Caractérisation des dispositifs d'accompagnement des
Exploitations Agricoles Familiales vers l’intensification
durable au Burkina Faso
Présenté par BANCE Saydou
Dr Aurélie TOILLIER Dr Lawali DAMBO
Année académique 2012 - 2013
Sous la Codirection de :
1
DEDICACE
A
Mon père ;
Ma mère ;
Mes frères et sœurs;
Tous ceux qui ont contribué à ma formation.
2
REMERCIEMENTS
Une œuvre scientifique est toujours le couronnement des efforts de plusieurs personnes.
Je remercie l’ensemble du corps professoral du programme AGRINOVIA, pour la qualité de
l’enseignement dispensé. Un remerciement particulier à Dr Lawali DAMBO pour son
encadrement et sa disponibilité.
Il me tient à cœur de remercier Mme Aurélie TOILLIER, pour son suivi et l’ensemble de ses
conseils méthodologiques et techniques. Merci de m’avoir permis d’aller puiser au fond de
moi pour réaliser cette œuvre.
Je remercie vivement l’ensemble du personnel du CIRDES et du CIRAD pour leur accueil.
Enfin toutes les personnes qui ont contribué à l’aboutissement de ce travail méritent ma
reconnaissance. Je pense à mes camarades stagiaires et thésards que j’ai pu rencontrer, pour
leur solidarité indéniable et l’esprit de famille qu’ils ont toujours manifesté durant le stage.
Tout commence par la famille et tout, au bout du compte, se termine par elle, je tiens à lui
exprimer ma profonde gratitude pour les prières, le soutien moral et financier pour
l’aboutissement de cette formation en Master II.
3
SIGLES ET ABREVIATION
AC : Agriculture de Conservation
ACFED : Appui Conseil Femmes Environnement Développement
ACT : African conservation tillage network
AE : Agro-écologie
AEI : Agriculture Ecologiquement Intensive
AGED : Association pour la Gestion de l’Environnement et le Développement durable
AIDMIR : Association Interzone pour le Développement en Milieu Rural
ALED : Association Les Enfants de Demain
APAD : Association pour la Promotion d'une Agriculture Durable
ARFA : Association pour la Recherche et la Formation en Agro-écologie
AVAPAS : Association pour la Vulgarisation et l’Appui aux producteurs Agroécologistes
BNDT : Base Nationale de Données du Territoire
CEAS : Centre Ecologique Albert Schweitzer
CIRAD : Centre de Coopération Internationale de Recherche Agronomique pour le
Développement
CIRDES : Centre International de Recherche Développement sur l’élevage en zone
Subhumide
CISV : Comunità Impegno Servizio Volontariato
CORADE : Conseil, Recherche-Action, Développement d’Expertises.
CRS : Catholic Relief Services
EAF : Exploitation Agricole Familiale
GIPD : Gestion intégrée de la production et des prédateurs des cultures
IE : Intensification Ecologique
4
INERA : Institut National de l'Environnement et de Recherches Agricoles au Burkina Faso.
NAFASO : société de production, de commercialisation et de diffusion de semences
OCADES : Organisation Catholique pour le Développement et la Solidarité
ODE : Office de Développement des Eglises Evangéliques
ONG : Organisation Non Gouvernementale
OP : Organisations de Producteurs
PDI : Programme de développement intégré
R/MARP : Réseau pour la promotion des approches participatives
SAPHYTO : Société agricole et de produits phytosanitaires
SIG : Système d’Information Géographique
SNV : Stichting Nederlandse Vrijwilligers, l'agence de développement néerlandaise.
SOFITEX : Société des fibres et textiles du Burkina
UGCPA : Union des Groupements pour la Commercialisation des Produits Agricoles
UNPCB : Union Nationale des Producteurs du Coton du Burkina
UNPS : Union Nationale des Producteurs de semences
USAID : United States Agency for International Development
5
Sommaire
REMERCIEMENTS ............................................................................................................. 2
SIGLES ET ABREVIATION ................................................................................................ 3
RESUME .............................................................................................................................. 10
ABSTRACT .......................................................................................................................... 11
INTRODUCTION .................................................................................................................. 12
CHAPITRE I .......................................................................................................................... 13
CADRE THEORIQUE ET APPROCHE METHODOLOGIE ......................................... 13
I- CONTEXTE .................................................................................................................. 13
I-1- la timide remise en question du modèle de développement
agricole conventionnel en Afrique de l’ouest……………………….. ......... 13
I-2- Comment passer à une agriculture familiale plus intensive mais aussi
plus écologique ?................................................................................ .......... 14
II- PROBLEMATIQUE ................................................................................................. 15
II-1- L’intensification durable au Burkina Faso : un problème global à
décliner localement……………………………………………………. ...... 15
II-2- les enjeux d’accompagnement des agriculteurs ................................... 19
III- LES HYPOTHESES DE TRAVAIL ........................................................................ 21
IV- OBJECTIFS DE L’ETUDE ..................................................................................... 21
V- LA METHODOLOGIE ............................................................................................ 22
V-1 Synthèse Bibliographique et analyse de quelques concepts .................. 22
V-2- la collecte des données ......................................................................... 30
CHAPITRE II : ...................................................................................................................... 34
EMERGENCE DE MODELES DE PRODUCTION PLUS ECOLOGIQUES AU
BURKINA FASO ................................................................................................................... 34
I- L’AGRICULTURE DURABLE AU BURKINA FASO .............................................. 34
6
II- INTRODUCTION DE L’AGROECOLOGIE ......................................................... 37
III- L’agriculture biologique ........................................................................................... 41
IV- L’agriculture de conservation .................................................................................. 42
CHAPITRE III : ..................................................................................................................... 43
RESULTATS .......................................................................................................................... 43
I- CARACTERISATION DES STRUCTURES D’ACCOMPAGNEMENT ................. 43
I-1- Panorama des différents types de structures d’appui-conseil dans le
domaine de l’intensification durable…………………………… ................ 43
I-2- Les structures qui représentent les principaux courants alternatifs ....... 45
II- FONCTIONNEMENT ET STRUCTURATION DES ACTEURS ......................... 47
II-1- Les structures s’inscrivant dans le courant de l’agro-écologie ............ 47
II-2- les acteurs de l’agriculture biologique : Exemple de l’UNPCB ........... 52
II-3- les acteurs de l’agriculture durable ....................................................... 54
III- PERCEPTION DES ACTEURS DE L’ACCOMPAGNEMENT SUR LES
ENJEUX D’INTENSIFICATION DURABLE .................................................................. 55
II-1- perception de l’effet des pratiques agricoles sur l’environnement ....... 55
II-2- Perceptions des facteurs limitant une transition vers des modèles de
production plus écologiques……………………………………… ............. 58
III- DEMARCHES D’ACCOMPAGNEMENT ............................................................ 60
III-1- Démarches d’intervention ................................................................... 60
III-2- les outils d’accompagnement ............................................................. 62
IV- CARACTERISATION DES OFFRES TECHNIQUES ET
ORGANISATIONNELLES ................................................................................................. 64
IV-1- Description des offres techniques ....................................................... 64
IV-2- les principaux thèmes techniques abordés .......................................... 68
DISCUSSION ...................................................................................................................... 75
CONCLUSION ET RECOMMANDATION ...................................................................... 81
7
BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................. 83
ANNEXES ............................................................................................................................ 88
8
Table des tableaux
Tableau 1 : Panorama des types de structure accompagnant le développement d’une
agriculture plus écologique et/ouplus durable et registres de justification de leurs activités... 43
Tableau 2 : structures d’accompagnement enquêté, représentatives………………………… 46
Tableau 3 : Objectif et missions des structures……………………………………………… 48
Tableau 4 : Résumer de la fréquence des démarches d’intervention………………………… 61
Tableau 6 : Fréquence de la Synthèse des thèmes traités…….……………………………. 71
Tableau : diffusion des technologies par zones agro-écologies selon les dires des acteurs... 74
Table des cartes
Carte 1 : Zonage Agroécologique ........................................................................................... 17
Carte 2 : Zonage Agropastoral ................................................................................................. 19
Carte 3 : Présentation des Principales zones d’activités .......................................................... 71
Carte 4 : Diffusion des techniques en fonction des zones agroécologiques ............................. 72
9
Table des figures
Figure 1 : position des structures en fonction des domaines d’activités dégagés .................... 49
Figure 2 : Réseau des acteurs de l’agro-écologie ..................................................................... 50
Figure 3 : Fonctionnement du programme coton biologique ................................................... 53
Figure 4 : perception de l’impact des pratiques agricoles actuelles sur l’environnement par les
acteurs ....................................................................................................................................... 56
Figure 5 : causes de l’impact négatif de l’agriculture sur l’environnement selon les acteurs . 56
Figure 6 : perception et explication des effets négatifs des pratiques agricoles sur
l’environnement par les acteurs d’accompagnement ............................................................... 57
Figure 7 : la fréquence des démarches d’intervention des acteurs ........................................... 61
Figure 8 : Aperçu de la fréquence d’utilisation de chaque outil .............................................. 63
Figure 9 : aperçu de la technique phytosanitaire la plus adoptée ............................................. 68
Figure 10 : technique les plus pratiquées par les EAF selon les dires d’acteurs ...................... 70
Table des Photos
Photo 1 : Cordon pierreux ........................................................................................................ 65
Photo 2 : Fumure organique disposée dans un champ ............................................................. 67
10
RESUME
Au Burkina Faso, la question du développement de l’agriculture est confrontée à un problème
de durabilité des systèmes de production. L’objectif de la présente étude est d’identifier les
dispositifs d’accompagnement des Exploitations Agricoles Familiales (EAF) vers des modes
de production plus écologiques, en caractérisant leurs discours, leurs offres techniques et/ou
organisationnelles, et leurs modalités d’intervention auprès des paysans. La méthodologie
utilisée consistait en des entretiens semi-directifs auprès des acteurs de l’accompagnement et
à la spatialisation des offres techniques et organisationnelles, et ce, pour mieux comprendre
les logiques d’intervention au regard des enjeux agro-écologiques. Nous avons identifié la
présence de quatre grands courants alternatifs à l’agriculture conventionnelle : l’agro-
écologie, l’agriculture biologique, l’agriculture de conservation, et l’agriculture durable ;
principalement portés par des ONG et certaines structures privées. Nous avons également
retenu des structures spécialisées dans le renforcement de compétences, qui sont de plus en
plus mobilisées dans les dispositifs d’accompagnement des paysans. Sous une diversité
apparente de dispositifs et de discours sur les enjeux environnementaux, on a constaté que les
thèmes techniques abordés par les structures d’accompagnement sont toujours les mêmes :
techniques de conservation des eaux et des sols / défense et restauration des sols, l’utilisation
du compost, de fumure organique, Gestion Intégrée de la Production et des Prédateurs des
cultures (GIPD), et le microdosage d’engrais. L’étude révèle que le niveau de diffusion des
techniques diffère en fonction des zones climatiques ou des régions : les cordons pierreux, les
demi-lunes, le zaï et la diguette en terre ont un niveau de diffusion plus élevé dans la région
du centre, du Nord, du sahel et du centre nord ; la rotation, la GIPD, la plante de couverture
sont plus diffusées dans les régions cotonnières ; le compostage, la fumure organique et
l’association culturale sont diffusés dans presque toutes les zones d’activités. Le renforcement
de capacités des agriculteurs se fait essentiellement par la formation en salle, les animations
de groupe et l’expérimentation dans les champs. Les outils dominants de vulgarisation des
techniques agricoles sont : les champs-écoles, les parcelles de démonstration, les boites à
images. Si l’ensemble des acteurs ont pour objectif d’améliorer les conditions de vie des
populations par des pratiques agricoles visant à augmenter la fertilité des sols et pratiques
respectueuses de l’environnement, les perceptions sur les enjeux, les contraintes et les
dispositifs d’accompagnements varient en fonction du type d’acteur.
Mots clés : intensification durable ; accompagnement ; offre technique et
organisationnelle ; exploitation agricole familiale ; intervention.
11
ABSTRACT
In Burkina Faso, the question of the development of agriculture is facing a problem of
sustainability of production systems. The objective of this study is to identify the
accompanying Agricultural Operations Family devices (FAE) to more environmentally
friendly modes of production, characterizing their speeches, technical proposals and / or
organizational, and intervention methods with farmers. The methodology consisted of semi-
structured interviews with players and support spatial technical and organizational offerings,
and to better understand the logic of intervention in relation to agro-ecological issues. We
identified the presence of four alternating current conventional agriculture: agro-ecology,
organic farming, conservation agriculture and sustainable agriculture mainly driven by NGOs
and some private organizations. We also retained specialized structures in enhancing skills,
which are increasingly mobilized in support of the peasants devices. In an apparent diversity
of devices and discourse on environmental issues, it was found that the technical issues
addressed by the support structures are always the same: technical water conservation and soil
/ defense and restoration of soils, Use compost, manure, Integrated Production Management
and Predators crops (IPM), and fertilizer microdosing. The study revealed that the level of
technology diffusion differs depending on climatic zones or regions: bunds, half-moons, zai
and earth bund have a higher level of distribution in the central region, northern Sahel and
central North rotation, IPM, the cover crop are distributed in the cotton regions of organic
manure in farming areas; composting and intercropping are distributed in almost all areas of
activity. Capacity building of farmers is mainly through classroom training, the group
activities and experimentation in the fields. The dominant tools agricultural extension are:
field schools, demonstration plots, the boxes images. If all players aim to improve the living
conditions of populations by agricultural practices to increase soil fertility and environment
friendly practices, perceptions of issues, constraints and devices accompaniments vary
depending on the type of actor.
Keywords: sustainable intensification, support, technical and organizational features; family
farm; surgery.
12
INTRODUCTION
Les pays d’Afrique subsaharienne sont particulièrement touchés par le phénomène de
dégradation des ressources naturelles (eau, terres agricoles, végétation etc.). Le Burkina Faso
n’échappe pas à ces phénomènes de dégradation. La forte densité de la population et
l’importance animale accentue la raréfaction des terres cultivables notamment dans la région
du Nord (Marchal, 1982). Selon Serpanté et al. 1994, la croissance continue et rapide de la
population a eu pour conséquence la saturation de l’espace agricole utile. De même, l’action
des vents violents de transition de saison, des fortes pluies, les pratiques agricoles non
respectueuses de l’environnement et / ou l’accompagnement inadapté des producteurs sont à
l’origine de la détérioration des ressources naturelles.
La nécessité de réduire la dégradation de l’écosystème s’impose au Burkina Faso. A cet effet
il faut amorcer une transition vers l’intensification durable. Une prise de conscience
progressive est notée chez les producteurs que chez les structures d’accompagnement du
développement rural. Cette prise de conscience se traduit par une mobilisation à grande
échelle sur l’ensemble du territoire national à l’instar de la dynamique observée dans le
monde entier. Ces différents intervenants qu’on peut aussi désigner comme acteurs au sens de
Stockinger (2005), c'est-à-dire les gens, les groupes, les organisations qui sont engagés dans
un même type de pratique sociale. Entre autres, on peut évoquer les organisations paysannes,
les projets et programmes, les Organisations Non Gouvernementales etc. Ces acteurs
cherchent à renforcer la durabilité des exploitations agricoles familiales (EAF), en abordant de
façon plus ou moins explicite les enjeux environnementaux qui sous-tendent cette durabilité.
Le grand défi est la coordination des activités entre tous ces acteurs. De cerner les modes
d’intervention et les effets des dispositifs d’appui-conseils existants. Des synergies et des
complémentarités d’actions sont nécessaires pour faire face aux phénomènes de dégradations
des ressources naturelles dues à l’activité agricole des EAF. C’est dans cette optique que des
acteurs œuvrent de nos jours pour une concertation dans les actions à mener sur le plan
national pour amorcer une transition vers des modèles de production plus écologique et plus
durable. Tel est l’un des objectifs poursuivi par le CIRAD, à travers le projet ASAP.
C’est dans ce cadre que s’inscrit ce présent mémoire qui s’articule autour de trois chapitres.
Le chapitre1 présente le cadre théorique et l’approche méthodologique. Le second chapitre
décrit l’émergence de modèles de production plus écologiques au Burkina Faso. Le chapitre 3
est consacré aux résultats sur la caractérisation des dispositifs d’accompagnement des
structures. Il se termine par la conclusion et des recommandations.
13
CHAPITRE I
CADRE THEORIQUE ET APPROCHE METHODOLOGIE
I- CONTEXTE
I-1- la timide remise en question du modèle de développement
agricole conventionnel en Afrique de l’ouest
L’intensification de l’agriculture dans les savanes d’Afrique de l’Ouest est un objectif
politique entériné depuis plus d’un demi-siècle. Les techniques et organisations introduites
(cultures commerciales, culture attelée et motorisation, engrais, pesticides et herbicides,
variétés à hauts rendements, systèmes de crédit et coopératives), et l'absence de propriété
foncière pastorale ou forestière (en dehors de quelques forêts classées et zones pastorales) ont
donné des moyens conséquents à l'intensification régionale1 par l'occupation agricole de
toutes les terres arables (Serpantié 2003). Malgré cela, comparativement aux autres régions du
monde, l’agriculture ouest-africaine reste peu productive et les rendements y progressent plus
lentement (Ouedraogo et al. 2011).
La dégradation de l’environnement liée à ces systèmes de production intensifs et la
disparation des anciens équilibres entre population-pratiques-ressources apparaissent comme
des causes majeures de baisse de la fertilité des sols entrainant une faible productivité (Blanc-
Pamart et Boutrais 2004).
Si ce constat fait consensus au sein des acteurs de l’appui au développement agricole (des
politiques aux ONG), il n’en reste pas moins que les leviers d’action pour freiner et endiguer
ces processus voire, les réorienter peinent à émerger.
Le modèle de « révolution verte » reste dominant. Il a été renforcé en 2008 par les
interventions de la FAO, des fondations Agra ou Gates, ou encore des États via la subvention
d’engrais et semences. Mais les résultats obtenus ne sont pas les mêmes qu’en Asie du fait du
faible développement de l’irrigation et de la faiblesse des politiques agricoles (Sumberg,
1 A l’échelle régionale, l’intensification représente tout changement de pratiques visant l’accroissement du revenu agricole régional, en particulier pour répondre aux besoins d’une population rurale croissante (Boserup, 1997 ; Lele et stone, 1990). Elle est obtenue en premier lieu par accroissement de la fréquence moyenne de récoltes, impliquant une réduction des durées de jachère et l’accroissement de l'espace arable par les cultures, en second lieu par l'accroissement des rendements, impliquant celui de l'investissement en travail et/ou en facteurs techniques, et en troisième lieu par la revalorisation des produits.
14
2002). De plus, les systèmes de cultures pluviaux sont très dépendants des aléas climatiques,
ce qui rend difficile tout processus d’intensification basé sur la mobilisation du capital
financier (Vall. et al 2012). Par ailleurs le développement du secteur privé dans le domaine
de l’agriculture conforte les stratégies de court terme et opportunistes pour répondre aux
incitations de marché. Le manque d’informations permettant de prévoir les évolutions du
contexte (opportunités de commercialisation, fluctuation des prix, aléas climatiques,..)
empêche les producteurs de construire des stratégies de plus long terme, qui pourraient
intégrer à la fois des enjeux économiques et environnementaux.
Si le modèle de développement agro-industriel va certainement continuer à s’étendre,
particulièrement là où la productivité marginale d’intrants modernes importés (semences de
labo ; fertilisants pétrochimiques, pesticides, etc.) est très haute, comme en Afrique sub-
saharienne (Dorin et al, 2013), ou là où les contraintes en terre sont faibles comme dans
certaines zones d’ Amérique latine, il n’en reste pas moins qu’il est nécessaire de travailler
sur des modèles alternatifs dans un contexte où la population ne cesse d’augmenter et risque
de mener à des scenarios catastrophes dans les villes (« explosion urbaine »). Dorin et al.
(2013) montrent la nécessité de maintenir et développer de petites agricultures familiales
intensives et durables, qui elles seront capables de fournir du travail, un mode de vie et une
alimentation de qualité à un nombre croissant d’individus.
I-2- Comment passer à une agriculture familiale plus intensive
mais aussi plus écologique ?
La question du passage à une agriculture familiale plus intensive mais aussi plus écologique
nécessite de s’interroger à la fois sur les changements techniques et les changements socio-
organisationnels et institutionnels (reconfiguration des réseaux cognitifs, sociotechniques, des
formes d’appui-conseil) nécessaires pour accompagner ces changements. En effet, des
compromis doivent être trouvés entre production agricole et protection des fonctions des
écosystèmes, entre stratégies de court terme et de long terme, entre intérêts individuels et
collectifs. Le cheminement du changement, les résultats à atteindre ne peuvent être définis
que localement en fonction des caractéristiques agroécologiques et socio-économiques des
territoires, des attentes des agriculteurs, de leurs capacités et de leurs compréhensions des
enjeux. Passer à une agriculture plus écologique et plus intensive nécessite donc avant tout de
renforcer les capacités des acteurs ruraux à maîtriser les enjeux des situations locales
complexes, à formuler des propositions adaptées et à les faire entendre auprès des institutions
15
compétentes pour leur mise en œuvre. On parle ainsi d’accompagnement de cette transition
agroécologique, en plaçant au cœur de cet accompagnement la production de connaissances
génériques et localisées ainsi que le renforcement de capacités des acteurs ruraux (Toillier,
2012).
En Afrique subsaharienne, des alternatives aux techniques de production ayant un impact
négatif sur l’environnement ne manquent pas, que ce soit des propositions techniques issues
de la recherche (la lutte intégrée contre les ravageurs, les techniques de fumure organique, les
bio-fertilisants) ou des propositions issues de la collecte de savoirs paysans endogènes. En
revanche, les processus socio-organisationnels et cognitifs qui permettent véritablement la
conception et l’adoption de ces innovations par les acteurs locaux sont très rarement abordés,
que cela soit à l’échelle individuelle (modalités d’accompagnement des apprentissages dans
les exploitations agricoles) ou collective (structuration et coordination des acteurs qui
fournissent de l’appui-conseil aux paysans). Plusieurs questions restent sans réponse :
pourquoi y-a-t-il un faible taux d’adoption d’innovations techniques agroécologiques ?
Comment certaines EA arrivent à avoir de meilleures performances environnementales ou
productives que d’autres ? Ce manque de connaissances ne permet pas de concevoir des
dispositifs efficaces d’accompagnement des innovations agro-écologiques.
Un enjeu majeur pour la recherche consiste donc à documenter dans un premier temps la
capacité des structures d’appui-conseil existantes2 à créer les conditions d’émergence
d’agricultures familiales durables pour pouvoir proposer ensuite des améliorations visant à
renforcer ces capacités.
II- PROBLEMATIQUE
II-1- L’intensification durable au Burkina Faso : un problème
global à décliner localement
Dans les textes et les discours, beaucoup de lieux communs sur les problèmes
environnementaux liés à l’agriculture et l’élevage…
Le Burkina Faso est un pays sahélien enclavé au cœur de l’Afrique de l’ouest avec une
superficie de 274.000 km² et une population de 13 millions d’habitants. Les producteurs du
Burkina Faso tirent l’essentiel de leur subsistance de l’exploitation des ressources naturelles.
2 Une « structure d’appui-conseil » est définie comme toute organisation ou collectif pérenne, dans une posture
d’accompagnement des EAF, mobilisant des démarches d’appui conseil, de formation, de renforcement de compétences et de
capacités.
16
L’économie repose en grande partie sur l’agriculture et l’élevage. En effet, les secteurs de
l’agriculture et de l’élevage occupent 90% de la population active et contribuent pour 39% au
produit intérieur brut. (Adama. B et al, 2008). La caractéristique principale de cette
agriculture est sa faible productivité d’où le qualificatif d’agriculture de subsistance qui lui est
attribué. De type extensif, elle est dominée par des exploitations familiales de 3 à 6 ha et par
la production de céréales, base de l’alimentation de la population et qui à elles seules
occupent 88% des surfaces emblavées. Le système agraire est marqué par l’existence de deux
types de champs : les champs de case ou de village et les champs de brousse.
Les terres agricoles annuellement emblavées sont estimées à hauteur de 3,5 à 4 millions d’ha
représentant environ 40% du potentiel (CSAO et CILSS, 2008). La superficie des terres à
potentialité agricole est évaluée à 9 000 000 ha dont seulement 1/3 est exploité annuellement.
Le potentiel des terres irrigables est estimé à environ 233.500 ha dont 26 758 ha aménagés,
(soit 11,5%) mis en valeur en 2000, avec 19558 ha en maîtrise totale d’eau et 7 200 ha en
maîtrise partielle. On note que la quasi-totalité des terres irrigables (93,4%) se situent dans les
régions de l’Ouest (Haut-Bassin et cascades), de la Boucle du Mouhoun, du Sud-ouest, du
centre-est et du centre.
Selon une étude de l’INERA effectuée en 2000 sur l’impact environnemental de l’agriculture,
environ 24% des terres arables sont fortement dégradés et 31% en moyenne de la pluviosité
annuelle est perdue par ruissellement. Ce qui explique que le niveau de fertilité des sols
continue de baisser.
Le rapport de l’étude sur « Les ressources forestières naturelles et les plantations au Burkina
Faso », réalisée par la FAO en 1999, indique que près de 46 % du territoire est en proie au
phénomène de la dégradation qui se manifeste par la disparition du couvert végétal, la
fragilisation et l’appauvrissement des sols, l’érosion et la baisse des nappes phréatiques.
Ainsi, les conditions de production végétale et animale deviennent de plus en plus fragiles et
précaires dont les conséquences sont entre autres, la famine, l’incapacité des populations à se
procurer des revenus monétaires et la surexploitation des ressources naturelles renouvelables
pour la survie.
En plus des facteurs climatiques, la pression démographique, les différentes techniques
culturales ou pratiques agricoles et les feux de brousse, qu’ils soient de source naturelle ou
contrôlée exercent une pression sur les ressources naturelles. Il faut souligner que de
nombreux travaux de recherche scientifiques ont étayé que les populations rurales ont des
17
pratiques agricoles qui sont néfastes à la conservation des ressources naturelles. Parmi ces
pratiques agricoles Nikièma et al (1998) affirment dans le rapport sur la situation des
ressources génétique forestière du Burkina Faso qu’il s’agit : «des coupes sélectives des
espèces pendant les travaux de préparation des champs, de l’agriculture itinérante au sud
ouest du pays, de la réduction progressive de la durée des jachères dans le plateau central due
aux manques de terres agricoles ».
…. Sans réelle déclinaison locale des enjeux globaux
Cet état des lieux largement repris dans la littérature sur les problèmes de durabilité de
l’agriculture ouest-africaine masque une certaine diversité des enjeux locaux. En effet, au
Burkina il existe une diversité des zones agroécologiques avec des caractéristiques très
différentes.
Carte 1 : Zonage Agroécologique
La carte N°1 nous montre qu’il ya quatre (4) zones agro-écologiques, selon le découpage de
Guinko (1995) : le Sahel avec une pluviométrie annuelle inférieur à 400mm ; le sub-sahel
pluviométrie qui varie entre 400 à 700mm ; le nord-soudanienne dont la pluviométrie par an
est comprise entre 700 et 900 mm et enfin la zone sud soudanienne la plus arrosée avec une
valeur de pluie annuelle entre 900 à 1200mm.
Source BNDT REAL : BANCE Saydou 02/06/2013
18
Face à une situation de disparité des zones écologique à l’échelle nationale, comment les
acteurs de l’accompagnement prennent en compte cette diversité de situations et d’enjeux
d’intensification écologique ?
Par exemple, les espaces de savanes sub-humides, dans le sud-ouest du Burkina sont des
écosystèmes fragiles dont la multifonctionnalité est encore peu reconnue et ne fait pas l’objet
d’une gestion spécifique: présence de forêts claires abritant biodiversité arbres fruitiers et bois
d’œuvre, présence de bassins de production à forte valeur ajoutée (coton), bassin de
production pour la sécurité alimentaire (céréales). Depuis la fin des années 90, les pressions
anthropiques et climatiques exercées sur ces écosystèmes mènent à des processus de
déforestation, d’érosion des sols. Ces processus sont liés, entre autres, à l’évolution des
activités des ménages ruraux et des systèmes de production agricole: sédentarisation de
l’agriculture, extension des surfaces cultivées et disparition des jachères, urbanisation et
développement des filières agro-alimentaires régionales et sous-régionales, développement de
l’utilisation des intrants et de la mécanisation, intégration à une économie de marché
mondialisée via des cultures de rente (coton, karité).
Afin d’affiner la caractérisation de la diversité des zones agro-écologiques au regard des
enjeux d’intensification écologique, le dispositif de recherche ASAP du CIRAD (Centre
International en Recherche Agronomique pour le Développement) a élaboré un zonage
agropastoral en se basant sur un ensemble de données socio-économiques, agricoles et
écologiques (pluviométrie, population, superficie des provinces et des aires protégées et la
surface de productions agricoles). Voir la carte N°2 :
19
Cette carte donne à voir l’existence de sept zones qui se différencient par leurs contraintes et
avantages pour une intensification écologique. Elle permet de nous interroger sur la façon
dont les acteurs de l’accompagnement perçoivent cette diversité et conçoivent leurs
interventions auprès des producteurs. (confère annexe n° 2, pour la description des différentes
zones)
Comment ces acteurs élaborent avec les paysans des méthodes de production répondant à
cette diversité des zones ? Tiennent t-ils comptent de cette diversité pour diffuser des offres
techniques et organisationnelle afin de répondre aux préoccupations de sécurité alimentaire et
de durabilité environnementale ou encore des fonctions écologiques ?
II-2- les enjeux d’accompagnement des agriculteurs
Plusieurs auteurs considèrent que les nouveaux modèles de production amènent à reconsidérer
les processus d’apprentissages et d’accompagnement des producteurs, les dispositifs d’appui-
conseil et d’information et même la structuration du monde paysan (Mormont, 1996 ; Warner
2005 et 2008 ; Röling et Pretty, 1997). La nécessité d’adapter la formation du monde paysan
à ces nouveaux modèles de production s’accentue. Ainsi il faut renforcer les compétences des
organisations paysannes en mettant l’accent sur les savoirs locaux, la recherche-action
Source BNDT / CIRAD REAL : BANCE Saydou 02/06/2013
Carte 2 : Zonage Agropastoral
20
paysanne, en formant les techniciens agricoles, les décideurs à la vision des nouveaux
modèles de productions, et en adaptant les liens entre les organismes d’aide au développement
agricole et la population agricole.
Suite au constat d’échec des méthodes top-down, et au constat que les paysans sont très
dynamiques et innovent par eux-mêmes depuis toujours, il semble existé effectivement un
certain nombre d’organismes qui ont changé de posture d’intervention, en cherchant à
appliquer une démarche d’appui ou de facilitation de ces processus d’innovation paysanne.
On assiste donc actuellement non seulement à une diversification des acteurs de
développement (privés, ONG, Etat…), mais aussi à un renouvellement des méthodes visant à
rompre avec les postures d’encadrement et de diffusion de messages technique : co-
conception, participation, accompagnement, conseil… . De nouveaux vocables sont utilisés
dans les discours : renforcement de capacités, compétences, formations…
Cependant, le modèle d’aide au développement agricole par le transfert de technologies de la
recherche scientifique à l’endroit des agriculteurs à travers la vulgarisation qui a été
longtemps dominant semble persister malgré les discours émergents sur la « participation ».
Dans ce travail de recherche on se propose de répondre à la question suivante : comment le(s)
nouveau(x) modèle(s) de développement fondé(s) sur l’intensification durable permettent-ils
de redéfinir les modalités d’appui-conseil auprès des exploitations agricoles familiales ?
Il en découle les questions secondaires suivantes :
Quelles structures d’appui-conseils proposent des modes de production plus écologiques ? De
quels courants (Intensification durable, agroécologique, intensification écologique, agriculture
de conservation etc.) se revendiquent-elles ? Que proposent-elles de nouveau par rapport aux
approches classiques d’appui au développement de l’agriculture ?
Quelles sont les offres techniques et organisationnelles proposées aux paysans ? Ont-elles
évolué au regard des enjeux liés à l’intensification écologique ?
21
III- LES HYPOTHESES DE TRAVAIL
L’hypothèse principale qui sous-tend cette étude est que : les modalités d’intervention des
acteurs de l’aide au développement agricole sont modifiées pour amorcer la transition vers
une intensification durable. De cette hypothèse principale découlent les hypothèses
spécifiques suivantes :
- Hypothèse 1 : les discours changent beaucoup, contrairement aux pratiques
d’accompagnement qui elles, changent peu;
- Hypothèse 2 : les organismes traditionnels d’appui au développement rural n’ont pas
les marges de manœuvre nécessaires pour faire évoluer leurs modèles d’intervention
sur le terrain;
- Hypothèse 3 : L’élaboration d’une carte de répartition des offres d’accompagnements
proposées aux EAF par localité à partir d’un SIG peut permettre de mieux comprendre
les logiques d’interventions.
IV- OBJECTIFS DE L’ETUDE
Ce stage a pour objectif de contribuer aux recherches en cours sur la conception de dispositifs
d’accompagnement de l’innovation, dans le cadre du dispositif de recherche ASAP3, sur
l’intensification écologique dans les systèmes agro-sylvo-pastoraux d’Afrique de l’Ouest. En
particulier de contribuer à la phase d’identification et de caractérisation des acteurs de l’appui-
conseil aux agriculteurs qui proposent des modèles d’agriculture plus écologique (agro-
écologie, intensification durable, agriculture biologique) et ont un rôle significatif dans les
changements en cours.
La question centrale est la suivante: est-ce que l’émergence d’alternatives plus écologiques au
modèle d’agriculture conventionnelle a permis de faire évoluer les modalités d’appui-conseil
auprès des agriculteurs, de façon à mieux prendre en compte les réalités locales et les besoins
des agriculteurs ?
Pour cela il s’agira de collecter et analyser des données concernant :
- Les différents courants autour de l’agriculture plus intensive et plus écologique ;
3 ASAP est un dispositif de Recherche en partenariat initié par le CIRAD, basé à Bobo-Dioulasso, qui réunit 5 organismes de recherche : l’IER au Malin, l’IDR, l’INERA et le CIRDES au Burkina Faso, et le CIRAD.
22
- la structuration des acteurs qui promeuvent une agriculture plus écologique et plus
durable, leurs objectifs, thèmes et méthodes d’intervention ;
- Les discours sur la durabilité environnementale de l’agriculture et les réalités que
recouvrent les concepts d’agro-écologie et d’intensification écologique d’après les
acteurs qui accompagnent le changement (ONG, bureaux de conseil, la recherche,
l’Etat, les privés dans l’agro-alimentaire, associations de consommateurs) ;
- la répartition géographique des offres techniques et / ou organisationnelles autour des
innovations agro-écologiques.
V- LA METHODOLOGIE
V-1 Synthèse Bibliographique et analyse de quelques concepts
Ce passage définit les concepts clés, dont la clarification de ces notions permettra une
meilleure compréhension du travail.
Exploitation familiale agricole (EAF)
La notion d'exploitation familiale agricole trouve son origine dans l'organisation de la
production agricole en Europe (Bergeret et Dufumier, 2002a). En se basant sur des
caractéristiques suivantes : la source du revenu familial et l'affectation ou non de la main
d’œuvre à l'exploitation agricole, Oliveira (1997) distingue trois catégories d'exploitation
familiale agricole : celles qui ont une fonction productive, celles qui servent de réserve de
main-d’œuvre et celles qui vivent principalement des transferts sociaux (ressources
monétaires autres que les revenus venant de l'exploitation ou des activités extérieures des
membres de la famille). Nonobstant cela, dans le contexte africain les auteurs (Badouin, 1987,
Gastellu, 1980 ; Kleene, 1976), ont montré que la définition de l’exploitation agricole
familiale telle que conçue en Europe n’était pas transposable en Afrique tant en zone
soudano-sahélienne qu’en zone forestière. Selon Gastellu (1980), le terme de « communauté »
est plus approprié au contexte africain que le terme « d’unité » il permet de percevoir les
échanges qui lient des personnes d’un groupe identique.
En outre il est indispensable de préciser que l’exploitation agricole familiale occupe une place
importante dans la région ouest africaine notamment au Burkina Faso avec une population à
majorité rurale dont l’essentiel des sources de revenu et de subsistance est basé sur l’activité
23
agricole. En effet lors d’un atelier du cirad en 2003 tenu au Benin, les responsables paysans
participant à la rencontre ont rappelé l’importance de l’agriculture familiale en Afrique
subsaharienne tant du point de vue économique que social (P. Dugué, G.Faure – Cirad, 2003)
- La quasi-totalité de la production vivrière assurant l’approvisionnement des villes
provient des exploitations familiales ;
- Une grande partie des produits exportés est aussi issue de ce type d’exploitation
(coton, café, cacao, etc.…) ce qui procurent aux Etats une entrée de devise
importante ;
- Les liens de solidarités au sein de la famille et entre les groupes sociaux au niveau des
villages sont encore préservés et permettent aux populations rurales de faire face aux
difficultés si fréquentes dans cette région. Ils constituent une sorte d’assurance sociale
qui dans tous les cas ne pourrait pas être prise en charge par l’Etat. De même en
période de crise économique les exploitations familiales permettent de subvenir aux
besoins des populations urbaines les plus pauvres soit en leur fournissant des vivres
soit en les accueillant au village ;
- Enfin l’agriculture familiale permet de garantir une assez bonne répartition des terres
cultivables entre les exploitations (prêt, location à faible coût,…)
Au regard des différentes raisons évoquées, et le poids économique et démographique des
exploitations il est nécessaire voire impératif de protéger et soutenir ce type d’agriculture en
Afrique et plus particulièrement dans le contexte Burkinabé. Dans la présente étude il s’agit
de faire un état des lieux de l’accompagnement technique et organisationnel offert aux EAF
pour produire plus durablement, tout en caractérisant les différents acteurs intervenant dans
cet accompagnement vers l’intensification durable.
Intensification durable
L’intensification durable : Elle désigne dans ce cadre de recherche, les concepts de l’agro-
écologie, de l’agriculture biologique, de l’agriculture de conservation, de l’agriculture
durable, et autres courants alternatifs au modèle de production dominant (agriculture
conventionnelle ou productiviste).
Tous ces concepts apparaissent tour à tour dans plusieurs documents stratégiques sur le futur
de l’agriculture en Afrique, depuis le document cadre Fara (Forum pour la recherche Agricole
24
en Afrique) sur la productivité agricole jusqu’au rapport d’Olivier de Schutter aux Nations
Unies sur l’agro-écologie.4
Accompagnement
L’accompagnement s’applique de manière générique à des contextes divers. D’une façon
générale, les pratiques d’accompagnement consistent à guider, appuyer, soutenir ou encore
aider. On y trouve également l’idée de suivi, d’assistance, d’information, de conseil, de «
guidance », qui suggère tout à la fois « une mise en relation dans une “temporalité-durée
constituant une forme de processus”, un cheminement commun variant en fonction des
dispositifs et modes d’accompagnement existants (Rapport d’étude de la CpCA, 2008) ;
l’existence de relations personnalisées, interactives, s’effectuant dans un rapport à l’autre
toujours complexe ; une démarche constituée d’un ensemble de comportements et de
conduites étayées par des savoirs théoriques et pratiques, constituant un type de
professionnalité » (Ardoino, 2000, p. 11-15). Dit autrement, il s’agit dans ce processus d’aide
de soutenir et de guider les individus de façon à ce qu’ils prennent conscience de la situation
dans laquelle ils se trouvent de manière à la faire évoluer dans un sens positif.
Une difficulté dans la définition de la notion réside dans le fait que le terme désigne à la fois
une démarche particulière, un ensemble de démarches et un processus global (Rapport d’étude
CPCA, 2008) :
On parle d’accompagnement pour désigner un ensemble de démarches particulières, par
exemple dans le cadre d’un dispositif. Il s’agit selon les pratiques de l’accompagnement de
besoins particuliers : « l’accompagnement à » (l’accompagnement à la création, au premier
emploi etc…) ; il peut s’agir de l’accompagnement de structure particulières
« l’accompagnement de » (l’accompagnement des associations d’un secteur particulier, etc.).
Comme un processus global, l’accompagnement désigne l’ensemble des démarches et des
acteurs qui interviennent en réponse aux besoins associatifs afin de soutenir les projets par
l’apport de compétences. Il s’agit ici de l’accompagnement pour les associations.
Enfin lorsque l’accompagnement est perçu comme une démarche, elle est considérée comme
impliquant un ou plusieurs accompagnateurs et une structure ou un porteur de projet et peut se
4http://www.cirad.fr/actualites/toutes-les-actualites/communiques-de-presse/2013/quelles-voies-choisir-pour-
une-intensification-durable-de-l-agriculture-en-afrique
25
formaliser ainsi : manifestation d’une demande ; Identification des besoins (diagnostic plus ou
moins formalisé) ; construction d’une réponse adaptée (niveau d’intervention, nature des
ressources mobilisées, durée de l’intervention, suivi de l’impact). Dans ce contexte on parle
de l’accompagnement d’une association ou plan d’accompagnement.
Dans le cadre de ce travail on retient que l’accompagnement est un ensemble de démarches et
de processus d’intervention par des acteurs pour répondre aux besoins des EAF.
C’est dans cette optique que se situe cette recherche : on s’interroge sur les postures
d’accompagnement utilisées par les structures d’appui-conseil pour favoriser l’adoption de
pratiques plus écologiques. Quelles méthodes, compétences et connaissances sont utilisées
pour mieux prendre en compte les besoins et savoirs locaux des agriculteurs face aux enjeux
d’intensification durable ?
Agro-écologie (AE)
L’AE désigne à la fois une science, un ensemble de pratiques, et pour certains, un véritable
mouvement social.5
Parfois méconnue, l’agro-écologie existe depuis 1930, mais c’est à partir de 2011 avec le
rapport d’olivier de Shutter, rapport spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation
que ce courant est devenu plus connu du grand public.6
L’agro-écologie est un concept établi sur une agriculture qui respecte les éléments du milieu
naturel ou fonctionnalité de l’écosystème (eau, sol, etc.…) ainsi que l’interaction entre la
faune et la flore, il vise donc à minimiser l’impact de l’agriculture sur l’écosystème. Le
concept de l’agro-écologie a fait l’objet de débat dans sa définition ; il n’ya pas une définition
unique de l’agro-écologie. Les auteurs P. M. Stassart et al (2012), à travers leurs publications7
ont fait l’historique de cette définition et son évolution. Il ressort la distinction de trois
définitions.
Dans un premier temps, « L’agro-écologie est l’application de l’écologie à l’étude, la
conception et la gestion des agroécosystèmes durables » (Gliessman 1998). Cette définition
5 Quelques définitions allant de l’agriculture conventionnelle à des formes d’agricultures qui tendent vers une
prise en compte de l’écologie scientifique, Michel Griffon, Valentin Beauval, Alain Bourgeois, 2011, 6p. Relayé
sur le site web d’interréseaux
6 http://www.nouvelle-europe.eu/node/1617, consulté le 13 février 2013 7 L’agro-écologie : trajectoire et potentiel pour une transition vers des systèmes alimentaires durables
GIRAF www.agroecology.be
26
révèle une volonté de produire des savoirs et des techniques qui permettent de rendre
l’activité agricole plus durable.
Dans un second temps, le concept de l’agro-écologie s’intéresse aux systèmes alimentaires
par la construction de nouvelles connaissances : « L’agro-écologie est l’application de
l’écologie à l’étude, la conception et la gestion des systèmes agroalimentaires. Elle est par
définition une pratique interdisciplinaire qui implique une redéfinition des frontières
scientifiques et sociales, ce qui constitue un défi intellectuel majeur pour la recherche en
agronomie (Buttel 2003) » en écologie et en sciences sociales.
Troisièmement Wezel, Bellon et al. 2009 affirment que : « l’agro-écologie n’est définie ni
exclusivement par des disciplines scientifiques, ni exclusivement par des mouvements
sociaux, ni exclusivement par des pratiques ». Le concept d’agro-écologie pour se construire
doit prendre en compte le rapport entre sciences et sociétés. Les chercheurs qui s’intéressent à
ce domaine doivent s’imprégner et inclure les savoirs et pratiques locaux.
Ainsi Miguel Altieri pionnier de cette discipline régulièrement sollicité par le PNUE8 propose
en 1995 cette définition :
« L'agro-écologie est la science de la gestion des ressources naturelles au bénéfice des plus
démunis confronté à un environnement défavorable. Cette science, de nature biophysique
au sens large, porte ainsi sur l'accumulation de connaissances sur les fonctionnements des
écosystèmes. Elle conduit à la conception, à la création et à l'adaptation sous la forme
participative de systèmes de culture complexes productifs et par suite attractifs malgré un
milieu défavorable et malgré un recours très faible aux intrants ».
Les résultats de l’agro-écologie en tant que science sont repris par de nombreux mouvements
de défense des ruraux (organisations d’agriculteurs notamment) : ils n’impliquent pas
forcément une modification radicale des pratiques agricoles locales, mais plutôt une
optimisation des ressources et des compétences locales. L'agro-écologie joue aussi un rôle de
moteur social parce qu'elle exige la participation de la communauté et un échange horizontal
de paysan à paysan des méthodes de connaissance.9
8 Programme des Nations Unies pour l’Environnement.
9 Systèmes agricoles écologiquement efficaces pour les petits exploitants : contributions à la sécurité
alimentaire, mars 2011, 24 p. http://www.ruralforum.info/images/sesiones/sg2-fr-rapportconceptuel.pdf
27
Pierre Rabhi est un représentant de ce mouvement qui prône le respect des écosystèmes et
intègre les dimensions économiques, sociales et politiques de la vie humaine.10
Par la suite de plusieurs années d’expérience en France et ailleurs dans le monde Pierre Rabhi
affirme : « l’agro-écologie que nous avons expérimentée dès les années 1962 sur notre propre
ferme sur des sols rocailleux du sud de la France et à partir de 1981 en zone semi aride du
Burkina Faso a démontré, après des applications rigoureuses, sa performance et sa pertinence
comme alternative universelle validée en particulier par les paysans les plus démunis »11
Les principes de l’agro-écologie
L’agro-écologie offre un ensemble de principes applicables de façon universelle, mais qui
doivent être adaptés, par des méthodes de recherche participatives, aux caractéristiques
socioéconomiques et écologiques propres au tissu local, afin d’élaborer des technologies
agricoles appropriées (PNUE, 2005).12
Selon Altieri 2002, les principes clés de l’AE sont :
- Améliorer le renouvellement de la biomasse et optimiser la disponibilité des
nutriments et l’équilibre des flux de nutriments ;
- assurer des conditions des sols favorables pour la croissance de la plante,
particulièrement par la gestion de la matière organique, la couverture des sols et
l’amélioration de l’activité biologique des sols ;
- minimiser les pertes en énergie solaire, en air et en eau par la gestion du microclimat,
la récupération des eaux et la gestion du sol, à travers une augmentation de la
couverture des sols ;
- promouvoir la diversification génétique et des espèces de l’agro écosystème dans le
temps et dans l’espace ;
- valoriser les interactions biologiques bénéfiques et les synergies entre des éléments
issus de la biodiversité, pour mettre en avant les processus et les services écologiques
clés.
10 Communiqué de presse de l ’ I SI S en date du 05/12/2009 sur le site www. i -si s. org. uk/MTBNTC. Php 11 « L’offrande au crépuscule » chez l’harmattan qui décrit et justifie cette expérience – prix en 1989 du
Ministère de l’Agriculture Français.
12 PNUE. 2005. Agroecology and the search for a truly sustainable agriculture. Mexico DF, Programme des
Nations Unies pour l’Environnement (PNUE)
28
Intensification écologique
L’expression « intensification écologique » peut apparaitre comme un oxymore.13
Le terme
« intensification » renvoie le plus souvent à un usage plus important d’intrants et d’énergie
fossile causes de la dégradation de l’environnement. A l’échelle régionale, l’intensification
représente tout changement de pratiques visant l’accroissement du revenu agricole régional,
en particulier pour répondre aux besoins d’une population rurale croissante (Boserup, 1997 ;
Lele et Stone, 1990). Alors que le mot « écologique » est plutôt lié à l’objectif de le préserver
(Vall E. et al., 2012).
D’après Tirel (1987), « la notion d’intensification n’a de sens que rapportée à un facteur de
production. Un facteur est exploité de façon intensive lorsqu’on combine a une quantité
donnée doses importantes à d’autres facteurs »
Bonnieux (1986) définit l’intensification, d’un point de vue économique, comme la
modification dans le temps du rapport : engrais/terres (hectare), capital/terres ; main-
d’œuvre/terres. Couty (1991), inspiré de la littérature de Len et Stone par une analyse
économique abonde dans le même sens pour la définition de l’intensification. Pour ces auteurs
le facteur limitant est la terre, alors il faut l’emploi de la fumure organique ou minérale pour
reconstituer la fertilité des sols, substitution du capital au travail ou bien passage des cultures
plus rémunératrices pour améliorer la production du travail.
L’IE est un processus qui est censé aboutir à un état, une agriculture écologiquement intensive
(Vall E. et al 2012). Selon Casman (2008), « l’intensification écologique est un processus qui
accroit l’augmentation des rendements tout en réduisant l’empreinte écologique de
l’agriculture ». Une spécificité du concept tient a l’utilisation des processus écosystémiques :
« L’agriculture doit s’appuyer sur les processus et les fonctionnalités écologiques qui
permettent de lutter contre les bioagresseurs, de réduire les nuisances, de mieux
valoriser les ressources rares, comme l’eau, ou encore d’améliorer les services écologiques
(stockage du carbone, diversité biologique, prévention des catastrophes dites naturelles) :
c’est l’intensification écologique. » (Cirad, 2008).
Vall E. et al (2012) affirment que l’on peut distinguer deux grands courants de pensée
fondamentaux dans la gamme de définitions. Dans le premier courant de pensée, on recense
13
Vall E., et 2012 : L’intensification écologique : réflexions pour la mise en pratique de ce concept dans les zones de savane d’Afrique de
l’Ouest. Oxymore : en rhétorique, réunion de deux mots de sens opposés
29
les écrits de Casman (1999) et Bonny (2010) ; Dans ce courant les auteurs ont le souci
d’augmenter les rendements et de limiter en même temps les effets négatifs de l’agriculture
sur l’environnement. Ceci explique la définition de Bonny(2010) : « l’intensification vise une
adaptation des techniques et des systèmes au milieu, en référence à l’agriculture
conventionnelle qui est fondée sur une modification et une artificialisation du milieu pour
augmenter la productivité ».
Dans le second courant les auteurs Chevassus-au-Louis (2008), Griffon (2008, 2009, 2010),
Affholder et al (2008), Milkolasek et al (2009) ont la même orientation de la définition de
l’intensification écologique. Ici l’accent est mis sur le savoir et l’utilisation maximum des
mécanismes naturels susceptibles d’être appuyés par l’usage raisonné de techniques
conventionnelles à condition qu’elles modifient ces mécanismes dans un sens favorable ou
bien qu’elles ne les modifient pas. C’est dans cette optique que Chevassus-au-Louis et Griffon
(2008) confirment que : « l’intensification écologique vise à fonder des systèmes de
production innovants, productifs et durables sur les nouvelles bases scientifiques de l’agro-
écologie, en gérant les socio-agro-écosystèmes et en valorisant leurs services
environnementaux, d’une manière interactive avec les contraintes socioéconomiques
évolutives des exploitations agricoles ».
Selon Wezel et al (2009), l’agriculture écologiquement intensive (AEI) se rapproche de
l’agro-écologie par le recours à l’utilisation des processus écosystémiques, mais l’AEI s’en
distingue par l’accent mis sur l’intensification.
Dans l’acceptation de « l’intensification écologique », l’intensification n’est pas limitée à la
question du rendement à l’unité de surface mais est analysée comme une dynamique
d’amélioration globale de la production des divers biens et services, en tenant compte de leur
poids dans la sécurité alimentaire et des moyens d’existence des populations rurales.
Cartographie
La cartographie désigne la réalisation et l'étude des cartes. Elle mobilise un ensemble de
techniques servant à la production des cartes pour mieux comprendre l'espace, les territoires et
les paysages. La carte est l’outil privilégié pour l'analyse et la communication du géographe.
C’est dans ce sens que GEORGE P. affirmait que : « la carte est le moyen spécifique de la
géographie ». Mais, elle est aussi utilisée dans des sciences connexes (démographie,
30
économie, géologie, environnement, urbanisme, …) dans le but de proposer une lecture
spatialisée des phénomènes.
La carte est aujourd’hui un objet informatique d’où le concept de la cartomatique. Selon le
bulletin de l’association américaine des géographes (juin 2000), la cartomatique ou
cartographie assistée par ordinateur est une science qui a pour principal objectif la production
de cartes à l'aide de ressources informatiques. « L’énorme puissance mise depuis quelques
années à la disposition des chercheurs par des ordinateurs et des logiciels capables de traiter
de grands fichiers et de réaliser des cartes de bonnes factures ou de formes nouvelles a ouvert
un nouveau champ de réflexions et un nouvel ensemble de pratiques que l’un de nous a
proposé de nommer cartomatique »(BRUNETR., 1990). C’est dire que l’ordinateur et les
logiciels ont un rôle très important en cartomatique mais, il ne faut pas oublier la ressource
humaine qualifiée capable de manipuler les ordinateurs et logiciels. Avec l’avènement de la
cartomatique, il est désormais facile de faire de belles cartes mais, la maitrise des règles de la
sémiologie graphique reste incontournable pour réaliser une bonne carte.
V-2- la collecte des données
V-2-1- les variables d’études ou données à collecter
Dans le but de tester la première hypothèse qui stipule qu’au niveau des structures
d’accompagnements, les discours changent beaucoup, contrairement aux pratiques
d’accompagnement qui elles, changent peu. Les variables suivantes de caractérisation des
dispositifs d’accompagnement ont été retenues :
- offres techniques et ou organisationnelles
- démarches et outils d’accompagnements
- messages transmis / discours et vocables utilisés
- perception des enjeux liés aux différents modèles agricoles
- objectifs visés
Les variables suivantes ont été retenues pour la vérification de la deuxième hypothèse selon
laquelle les organismes traditionnels d’appui au développement rural n’ont pas les marges
31
de manœuvre nécessaires pour faire évoluer leurs modèles d’intervention sur le terrain. Ce
sont de nouvelles structures qui émergent : celles qui accompagnent les apprentissages, et
plus tournés vers l’accompagnement des apprentissages, l’aide à la décision et à la gestion ;
les bureaux de conseils et formation :
- Type de structure
- Mode de fonctionnement de l’organisme (historique, date de création, statut,
stratégies de financement, niveau de structuration, partenariats)
- Justification et historique des activités (analyse des discours et vocable utilisé)
- Domaine d’intervention et modèle d’intervention
- Compétence mobilisé pour l’expertise d’intensification durable dans les zones
d’actions
Enfin pour vérifier la dernière hypothèse qui dit que L’élaboration d’une carte de synthèse
des offres d’accompagnements proposés aux EAF par localité à partir d’un SIG peut
permettre de mieux comprendre les logiques d’intervention et de confronter ces logiques avec
les systèmes de production en place, nous avons choisis les variables suivantes :
- zonage agroécologique par province
- zone agropastorale homogène
- localisation des zones d’intervention des structures qui accompagnent l’intensification
durable
- localisation des offres techniques
V-2-2- la collecte des données
L’entretien semi-directif avec guide a été la principale méthode de collecte de données. La
collecte de données s’est appuyée également sur l’exploitation des sources écrites
(publications, documents de capitalisation, etc.…) acquises auprès des structures enquêtées.
Elle s’est effectuée en deux grandes étapes :
32
Lors de la première phase l’objectif a été de dresser un panorama des structures intervenant
dans l’accompagnement des paysans vers une intensification durable, Pour cela, nous avons
utilisé plusieurs sources d’information : listing de la chambre de commerce, de la chambre
d’agriculture, entretiens avec des personnes ressources, technique du bouche à oreille. Nous
avons essayé de diversifier les témoignages afin d’avoir une liste de structures ayant un rôle
significatif et susceptible d’enrichir les analyses.
La seconde phase a consisté en la sélection d’un nombre restreint de structures à enquêter,
lesquelles représentatives des différents courants de l’agriculture écologique, et intervenant
dans des différentes zones agroécologiques (Sahel, zone soudano-sahélienne et zone du bassin
cotonnier)
Pour chaque structure un guide d’entretien semi-directif a été élaboré (voir l’annexe n°3). Il
s’agissait de :
- Caractériser la structure, son origine, son fonctionnement
- Comprendre leurs perceptions des problèmes environnementaux, leurs façons de les
aborder, leur vision de l’évolution d e l’agriculture
- Caractériser les offres techniques et organisationnelles en lien avec des modes de
production plus écologiques
- Caractériser leurs modes d’intervention et les évolutions
- Les modalités de production des connaissances en lien avec l’agro-écologie
- Perception des enjeux liés aux différents courants agricole, etc.
Selon les structures et la disponibilité des personnes, ces entretiens ont été menés parfois avec
les coordonateurs de projets ; les chargés de programme, les assistants techniques, les
présidents ou directeurs, des techniciens.
V-2-3- L’analyse des données
Pour analyser les données nous avons procédé à :
- Des analyses de contenu (thématique et inter-thématique) : compréhension et
perceptions des enjeux d’intensification durable, et d’accompagnement des paysans,
vocable utilisé, posture d’accompagnement ;
- La réalisation de fiches de synthèse thématiques pour chaque type de structure ;
33
- La réalisation d’une typologie des structures d’accompagnement en fonction du
courant dans lequel elle se situe et des modalités d’intervention (méthode analytique et
descriptive) ;
- La réalisation de schémas des réseaux d’acteurs montrant la nature des relations entre
les différents types de structures ;
Le traitement des données collectées s’est fait d’une part par l’analyse des différents discours
et des données qualitatives obtenues, d’autre part le dépouillement des fiches d’enquêtes s’est
fait sur le logiciel de traitement SPHINX pour visualiser les caractéristiques des différents
types de structures.
Certaines données ont été spatialisées : offres techniques (technique de fertilisation, de
conservation des eaux et des sols, de défens et de restaurations sols).
Pour cela le logiciel de SIG ARCGIS 9.3 a été utilisé. Les couches utilisées ont été : les
limites administratives de Base Nationale des Données du Territoire (BNDT); les zonages
agro-écologiques et du zonage agropastoral DP ASAP. L’outil Arc Editor du logiciel a
permis de créer des points localisé géographiquement sur la carte et l’outil EXPORT DATA a
permis d’exporter des points de village (zone d’intervention de structure) positionnés sur une
carte nationale. La cartographie a essentiellement été réalisée avec ce logiciel de SIG.
Enfin le logiciel Excel pour la réalisation des graphiques et Word pour la rédaction du
mémoire et sa mise en forme.
34
CHAPITRE II :
EMERGENCE DE MODELES DE PRODUCTION PLUS
ECOLOGIQUES AU BURKINA FASO
I- L’AGRICULTURE DURABLE AU BURKINA FASO
…Les initiatives institutionnelles face au concept du développement durable au Burkina
Faso
A l’exemple de nombreux pays d’Afrique et du monde, le Burkina Faso s’est doté de
nombreuses lois et de documents stratégiques pour établir une feuille de route qui réglemente
l’utilisation et la gestion des ressources naturelles. Ces textes législatifs tirent souvent leurs
fondements des grandes conventions internationales que signe le Burkina.
Parmi plusieurs documents élaborés entre 1995 et 2010 on retient :
- le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP)
- la stratégie de développement rural (SDR)
- le Plan National de Lutte contre la Désertification (PNLCD)
- le Plan d’Environnement pour le Développement Durable (PEDD)
- la Politique Nationale en matière d’Environnement
- le Plan d’action pour la gestion intégrée de la fertilité des sols (PAGIFS)
- les textes législatifs et règlement constitués notamment par :
la loi portant Réorganisation Agraire et Foncière (RAF)
la loi portant code de l’Environnement
la loi portant code forestier ;
la loi d’orientation relative à la gestion de l’eau, etc.
Selon le statut économique et les nombreux débats sur les crises environnementales du pays,
les principaux objectifs visés par ces différentes stratégies nationales sont la sauvegarde de
l’environnement en intégrant une gestion rationnelle et durable des ressources naturelles ;
l’autosuffisance alimentaire et la sécurité alimentaires et augmenter le revenu des populations.
35
…L’agriculture durable dans les faits
L'agriculture durable (également appelée agriculture soutenable) est l'application à
l'agriculture des principes du développement durable (Ambroise et al. 1998). Il s'agit donc
d'assurer la production de nourriture, de bois et de fibres en respectant les limites écologique,
économique et sociale qui assurent la durabilité dans le temps de cette production.14
.
L’agriculture durable est un concept relativement récent, qui n’a pas encore bien ancré ou
n’a pas encore mobilisé plusieurs acteurs dans la pratique ou les faits au Burkina Faso, malgré
le fait que le sujet a fait l’œuvre de plusieurs cadres d’échanges : séminaires, colloques,
ateliers et des conférences qui ont lieu dans les différentes villes du pays notamment dans la
capitale. Il faut dire que c’est un concept qui semble être opposé aux préoccupations des
populations de la zone sahélienne d’Afrique en particulier celui du Burkina qui fait face à un
vécu quotidien caractérisé par la crise alimentaire, la crise financière et économique (vie
chère), l’analphabétisme, tout cela amplifié par des crises d’ordre naturel (changement
climatique).
Depuis les années 50, les thèmes mis en avant pour justifier les activités d’appui au
développement agricole ont été successivement :
- la restauration des sols
- la lutte contre la désertification et les famines
- la conservation des eaux et des sols avec des techniques relevant déjà de l’agro-
écologie
Pour faire face aux différentes crises climatiques des années 70-73 marqués par de grandes
sécheresse au Burkina Faso et ailleurs en Afrique Subsaharienne, le comité de lutte contre la
sécheresse au sahel (CILSS) fut crée en 1973. Cette instance générale a pour mandat ou
objectif général de s’investir dans la recherche de la sécurité alimentaire et dans la lutte contre
les effets de la sécheresse et de la désertification pour un nouvel équilibre écologique au
sahel. Cependant, cette crise climatique des années 70-73 qui a eu pour corollaire la famine
fut un point essentiel du début de la lutte contre la sécheresse dans les pays membres du
CILSS.
14 http://www.actu-environnement.com/ae/dictionnaire_environnement/definition/agriculture_durable.php4
36
Dans ce contexte, au Burkina Faso l’enchainement des activités ont été accentué dans le
domaine agricole, car l’agriculture occupe une place importante dans l’économie du pays
comme mentionné ci-dessus. En effet, parmi les activités humaines au Burkina Faso comme
partout dans les zones de savanes d’Afrique, la pratique de l’agriculture contribue à la
dégradation des ressources naturelles notamment du potentiel terre. Une situation confirmée
par Roman 1997, pour qui, depuis plusieurs décennies, la partie Nord du Burkina Faso est
confrontée à de sérieux problèmes de dégradation des ressources naturelles et
environnementales. Cette dégradation se traduit, dans les cas extrêmes, par l’apparition de
terrains dépourvus de toute végétation, et par des sols de plus en plus érodés.
Aussitôt après les indépendances entre novembre 1962 et février 1965 un projet de lutte
antiérosive a été réalisé dans la région de Ouahigouya par le groupement européen de
restauration des sols (GERES). Pendant cette période 200.000 ha en banquettes fut réalisé,
35000 km de fossés de diversion, ou d’absorption, 70km de murette en demi-lune pour
améliorer l’infiltration. (MARCHAL, 1979, 1986). Cet aménagement, intéressant
techniquement, s'est rapidement soldé par un échec, car les paysans, non concernés, ont
continué à vivre selon leur mode d'utilisation traditionnel du paysage. En 1972 un projet
financé par la Banque mondiale via les Fonds de Développement Rural, près de 10.000ha ont
été protégés contre l’érosion entre 1973 et 1985. Les diguettes en terres construites dans ce
projet exigent beaucoup d’entretien, et beaucoup ont été remplacées par une nouvelle
technique : les cordons pierreux, devenue populaire surtout vers 1983.
Avec les années de sécheresse, au début des années 80 plusieurs ONG commencent à tester
une gamme d’autres techniques pour faciliter la mise en culture. C’est le cas du projet
Agroforesterie du Yatenga qui testait pendant la campagne 1981 trois types de dispositifs :
des demi-lunes, des diguettes en tige de mil terre ou cailloux sur courbe de niveau et des
micro-parcelles.
Pendant la même période (1980), M.Yacouba SAWADOGO, de la localité de Ouahigouya
commence à expérimenter une technique traditionnelle de réhabilitation des terres dégradées :
le Zaï.15
Pour les bailleurs de fonds le problème de la dégradation de l’environnement est un problème
de grande envergure qu’il faut attaquer avec de grands moyens :
15 http://www.infosud.org/L-homme-qui-a-arrete-le-desert,9983
37
- En 1982 un premier projet introduit des camions pour faciliter le transport des cailloux
afin d’alléger le travail des paysans, c’est le projet d’exécution de développement
intégré qui démarre a Kaya.
- En 1988 on a le démarrage de deux grands projets de gestion des ressources naturelles
qui sont le PATECORE (projet d’Aménagement des terroirs et conservation des
ressources dans le plateau central) financé par la GTZ à Kongoussi et le programme
spécial CES/AGF (conservation de l’eau et des sols et Agroforesterie dans le plateau
central) financé par le FIDA.
La présentation du chemin déjà parcouru en matière d’agriculture durable nous fournit des
éclairages sur les enjeux de durabilité qui se posent à cette agriculture. En outre elle nous
confirme que des techniques telles que le Zaï, les demi-lunes, diguettes en terres etc.)
promues encore aujourd’hui étaient des techniques déjà utilisées dans les années 60.
II- INTRODUCTION DE L’AGROECOLOGIE
Initiateur du Mouvement Colibris16
, reconnu expert international pour la lutte contre la
désertification, Pierre Rabhi est l’un des pionniers de l’agriculture écologique en France.
Auteur, philosophe et conférencier, il appelle à « l'insurrection des consciences pour fédérer
ce que l'humanité a de meilleur et cesser de faire de notre planète-paradis un enfer de
souffrances et de destructions »17
.
Dès 1978 Pierre Rabhi est chargé de formation à l'agro-écologie par le CEFRA (Centre
d'études et de formations rurales appliquées).18
A partir de 1981 Pierre Rabhi commence à transmettre son expérience agroécologique et met
au point divers programmes de formation en France, en Europe et en Afrique.19
Dans les années 70, on assiste à une fragilisation écologique et climatique du Burkina Faso
due notamment aux sécheresses qui ont affecté l’ensemble de la bande sahélienne. Cela s’est
16 Initialement appelé Mouvement pour la Terre et l'Humanisme, Colibris tire son nom d’une légende
amérindienne, racontée par Pierre rabhi 17 (http://www.colibris-lemouvement.org/colibris/aux-origines-du-mouvement/pierre-rabhi) 18 http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Rabhi
19 http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Rabhi
38
traduit par la perte de la faune et la flore et d’un impact négatif sur les conditions de vie des
populations de la zone.
Dans ce contexte sur invitation du ministère chargé de l’agriculture, Pierre Rabhi se rend au
Burkina Faso dès les années 80 organise le premier programme d’agro-écologie qu’il propose
comme alternative aux paysans confrontés au marasme écologique (sécheresses) et
économique (cherté des engrais et pesticides). Pendant quatre ans il sensibilise de nombreux
paysans aux pratiques agroécologiques : la gestion de la fertilité du sol et surtout la
restauration des terre basées sur la mise au point ou la préparation des éléments organiques
(compostage, fumure organique, Zaï, cordon pierreux, demi lune, l’agroforesterie etc.…) ; les
techniques économes en eau sont également développées (par exemple la planche à économie
d’eau) ; des traitement phytosanitaires naturels sont mis au point (utilisation du Neem).
Pierre Rabhi fonde en 1985, en collaboration avec une compagnie aérienne associative
appelée le Point Mulhouse qui a développé une structure hôtelière à Gorom-Gorom, le
premier Centre africain de Formation à l’Agro-écologie en zone sahélienne (au Nord du
Burkina). Il forme des paysans et techniciens agricoles entre 1985 et 1988 et accueille des
touristes pour les sensibiliser aux problèmes auxquels sont confrontées les populations
locales. En avril 1988, face aux difficultés économiques de Point Mulhouse et à un
changement de régime politique au Burkina, le centre de formation de Gorom Gorom a cessé
son activité. L’expérience de Gorom Gorom a cependant instauré une nouvelle dynamique
dans l’ensemble du pays, au-delà de la région du sahel.
On assiste à une diffusion de l’agro-écologie dans le centre, le nord, et un peu dans la partie
Est et Centre-ouest notamment dans la province du Boulkièmde grâce aux activités de
nouvelles structures spécialisées dans l’agro-écologie, créées par les anciens élèves de Pierre
Rahbi (près de 900 personnes ont pu être formées). Les structures suivantes AGED
(Association pour la Gestion de l’Environnement et le développement), AVAPAS
(Association pour la Vulgarisation et l’Appui aux Producteurs Agro-écologistes) et
ADTAE(Association pour le Développement des Techniques et Pratiques Agroécologiques),
ALED (Association les Enfants de Demain) ; ont été soutenues par l’ONG Terre humanisme.
Parmi ces structures la plus importante est l’AVAPAS à Kamboincé qui, a commencé à
exercer à partir de 1989, mais reconnu officiellement en 1991 comme ONG. Puis l’ADTAE, à
Kokologo a été créée en 1990 et enfin l’AGED à Ouagadougou, qui a vu ses membres
débuter des activités agroécologiques après la fermeture du centre de Gorom Gorom (au
39
sahel), mais s’est réellement structuré en association en 2001. Comme le témoigne le
Président actuel de AVAPAS : « l’histoire de AVAPAS, c’est l’histoire de l’agro-écologie au
Burkina Faso, en 1984 j’ai connu Pierre Rabhi venu sur l’invitation de notre ministère et on
lui a dit va voir Sylvain Koro, car j’étais un carrefour (formateur), mes élèves et moi ont été
les privilégiés de l’AE au Burkina par l’enseignement fourni par P.Rahbi. Il faut dire j’ai
participé à la formation en agro-écologie au centre de GoromGorom ».
A ces trois associations "historiques" s’ajoute désormais l’AIDMR (Association Interzone
pour le Développement en Milieu Rural) crée en 1993 qui dispose d’une structure d’accueil et
de formation et enfin récemment l’APAD (Association pour la Promotion d'une Agriculture
Durable) en 2011. Depuis 2005, l’association française Terre et Humanisme leur apporte
appui et accompagnement. Cette association a été créée par un collectif engagé dans la
diffusion de l’agro-écologie au Burkina et dans d’autres pays au Nord et au Sud. L’ADTAE,
l’AGED, l’AIDMR et l’AVAPAS sont restés les principaux partenaires de Terre &
Humanisme qui accompagne techniquement et financièrement leurs programmes d’activités et
leur autonomisation.
Ces quatre associations développent, chacune dans leurs zones d’intervention, des
programmes visant à accompagner les paysannes et les paysans vers leur autonomie
alimentaire. Pour cela, elles sensibilisent et forment les villageois aux pratiques
agroécologiques, à la régénération des terroirs, à la protection de la biodiversité, à
l’amélioration des productions céréalières et à la création de périmètres maraîchers.
Terre & Humanisme accompagne également plusieurs initiatives burkinabés et œuvrent pour
l’émergence d’un réseau informel des acteurs de l’agro-écologie par :
l’accompagnement à la mise en place de formations transversales aux structures d’où
l’exemple de la formation de paysans endogènes sur les techniques agroécologiques ;
l’organisation de rencontres nationales et sous-régionales ; l’animation de réseau et le
partage d’informations ; cas de l’atelier tenu sur la mise en réseau et du partage
d’information sur la sauvegarde des variétés traditionnelles tenu à Ziniaré (Burkina
Faso).
C’est dans cette optique que l’association Terre & Humanisme mène des actions à l’échelle
nationale du Burkina Faso en relation avec ces différents partenaires. Par exemple, en 2011,
une formation a été organisée pour renforcer la mise en place d’un corps d’animateurs et de
40
formateurs en agro-écologie au Burkina Faso, formation hébergée au centre de AIDMIR à
Beta (Ziniaré). Au cours de cette même année un séminaire sur l’autonomie semencière et la
sauvegarde des variétés traditionnelles a été organisé au centre de l’AIDMIR dans le village
de Betta (département de Ziniaré / province de l’Oubritenga).
…Tentative de mise en place d’un réseau de praticiens de l’agroécologique au plan
national
Au Burkina Faso, l'idée de la mise en place d'une concertation des organisations non
gouvernementales sur l'agro-écologie a émergé en 1993 où la création d'un réseau de soutien à
l'agro-écologie avait été envisagée à l’initiative des partenaires du Nord comme Terre
humanisme partenaire historique de l’agro-écologie au Burkina. Ces premières démarches
avaient aussi bien impliqué quelques partenaires du Nord comme Pain Pour Le Monde, Terre
humanisme et du Sud comme le CEAS (Centre Ecologique Albert Schweitzer), l'ADTAE.
Plusieurs rencontres furent organisées jusqu'en 1994 où pour la première fois il a été envisagé
de recenser toutes les organisations au Burkina Faso pour l'identification des potentialités et
besoins dans le cadre de la promotion de l'agro-écologie. En 1994, à la rencontre tenue à
Kokologho, il a été décidé de la mise sur pied d'une cellule de réflexion sur l'agro-écologie
composée de VOISINS MONDIAUX , ADTAE, CEAS, qui a joué le rôle de noyau chargé
d'initier des actions entrant dans la mise en place d'un réseau de partenaires sur l'agro-écologie
au Burkina Faso. Dès sa naissance, la cellule de réflexion entreprit une large diffusion de
l'idée en essayant dans un premier temps d'identifier les organisations intervenant dans l'agro-
écologie et d'organiser des rencontres d'information et de partage de la vision.
L’agro-ecologie en 10 points selon P. Rabhi :
- un travail du sol qui ne bouleverse pas sa structure
- une fertilisation organique
- des traitements phytosanitaires aussi naturels que possibles
- le choix judicieux des variétés les mieux adaptées
- eau : économies et usage optimum
- le recours à l’énergie la plus équilibrée, d’origine mécanique ou animale
- des travaux antiérosifs de surface
- la construction des haies vives
- le reboisement des surfaces disponibles et dénudées
- la réhabilitation des savoir-faire traditionnels conforme à une gestion
écologique du milieu
41
L’existence d’une diversité d’acceptation des principes de l’agro-écologie, plus ou moins
teintées d’opinions politiques, a constitué un frein à la mise en réseau de tous les acteurs. Il
semblerait que ce courant ait été soutenu par le régime de la révolution (période de Sankara),
qui voulait faire de l’agro-écologie sa politique de développement, avec l’accent mis sur les
circuits courts, la nécessité de produire à partir des ressources locales disponibles. Lorsque ce
régime pris fin en 1987, ces dimensions socio-organisationnelles de l’agro-écologie n’ont
plus été mises en avant. Cela a conduit à la création d’un « cadre de concertation » où toutes
les sensibilités pourraient se retrouver pour échanger leurs expériences en matière de
techniques et pratiques agroécologiques.
Ce cadre de concertation organise très périodiquement des rencontres d’échanges et sur les
différentes activités de ses membres, l’organisation de séminaires de formations et
l’organisation de formations au profit des groupements paysans.
III- L’agriculture biologique
Selon les lignes directrices du codex (1999), l'agriculture biologique doit contribuer aux
objectifs suivants : augmenter la diversité biologique dans l'ensemble du système ; - maintenir
la fertilité des sols à long terme; - recycler les déchets d'origine végétale et animale afin de
restituer les éléments nutritifs à la terre, réduisant ainsi le plus possible l'utilisation des
ressources non renouvelables.
L'agriculture biologique est née d'une série de réflexions basées sur plusieurs méthodes de
production agricoles alternatives au début du 20ieme siècle en Europe du nord. Selon Agridoc
(2003), la fin des années 60 et 70, correspond à l'émergence d'une prise de conscience de la
filière. De nouvelles associations se créent, regroupant producteurs, consommateurs et
d'autres personnes intéressées par l'écologie et par une vie étroitement liée à la nature. Ces
organismes développent leurs propres cahiers de charges avec les règles de production à
respecter. L'agrobiologie prend toutefois véritablement son essor au cours des années 80,
puisque ce nouveau mode de production continue de se développer non seulement en Europe,
mais aussi à travers le monde entier.
L’agriculture biologique au Burkina Faso se pratique pour des spéculations comme le sésame,
le coton, le beurre de karité, etc. Cas constaté avec l’UNPCB (Union Nationale des
Producteurs du Coton au Burkina) qui à partir des champs de coton bio commercialise les
produits du karité et des produits issus de la rotation des cultures sous l’étiquette biologique.
42
L’agriculture biologique est l’œuvre des ONG. Ici encore l’implication de l’Etat ou son
absence fait défaut et laisse à des interrogations sur ses motivations et ses intentions en
matière d’agriculture biologique. Les paysans qui pratiquent ce courant agricole sont encadrés
par des ONG qui leur dispensent les paquets technologiques sur les pratiques.
IV- L’agriculture de conservation
L’agriculture de conservation - Semis sans labour, techniques culturales simplifiées – est une
dynamique socio-technique qui s’est développée depuis plusieurs années dans une perspective
de transition à moyen et long terme mais dont les liens avec l'agro-écologie restent à clarifier
(notamment au regard de l’usage des herbicides). Son intérêt réside surtout dans, le fait
qu’elle permettrait de la confronter à d’autres modèles de transition (notamment l’agriculture
biologique) dans un contexte de grandes cultures (Fleury, Chazoule et al. 2011). Les activités
de l’ACT (ONG internationale ayant son siège basé au kenya) au Burkina Faso ont débuté en
2004. L’ONG intervient sur le terrain à travers des projets et programmes qui portent
particulièrement sur l’agriculture de conservation dans le but d’améliorer les conditions de vie
des ménages. Il s’agit entre autres du projet Aggradation de la fertilité des sols dont
l’intervention est basée sur la promotion des techniques de l’agriculture de conservation afin
de réduire la vulnérabilité des petits producteurs dans les zones semi-arides.
L’ONG intervient également dans l’accompagnement des paysans (formation),
l’accompagnement des institutions privées (ONG, association) et publics dans le domaine de
l’agriculture.
43
CHAPITRE III :
RESULTATS
I- CARACTERISATION DES STRUCTURES D’ACCOMPAGNEMENT
I-1- Panorama des différents types de structures d’appui-
conseil dans le domaine de l’intensification durable
Les structures ou acteurs intervenant dans l’accompagnement des Exploitations Agricoles
Familiales (EAF) vers l’intensification durable sont de différents types. Selon leurs statuts ils
peuvent être classés en 5 (cinq) types qui sont : les Associations, les Organisations Non
Gouvernementales (ONG), les Bureaux d’Etudes, les Organisations Paysannes (OP) et
Services de l’Etat. En fonction de leurs statuts et l’orientation dominante de leurs activités
affichée dans leurs plaquettes et documents de communication, on peut les différencier et les
classer en 5 (cinq) types
Type de structure Orientations dominantes
Actions relevant de l’intensification durable et justifications Date de création
ONG, associations
Appui à la
produc- tion
agricole
ODE Promotion des « bonnes pratiques culturales » pour un développement durable
1972
Ocades Appui technique à l’activité agricole, pour contribuer au développement des communautés les plus démunies
1998
APA Mise en place de la culture de coton bio
ADTAE Promotion des techniques agroécologiques
Protec-tion de
l’environ-nement
et gestion durable des RN
Terre Verte
Mise en place de périmètres bocagers pour lutter contre la dégradation de l’environnement et développement de l’élevage écologique
1989
SOS Sahel
Promotion de techniques de conservation des eaux et des sols pour la sécurité alimentaire et la résilience face aux aléas climatiques
1982
CISV lutte contre la désertification et développement rural 1980
SNV
Appui aux organisations paysannes pour renforcer leurs compétences ; Promouvoir la sécurité alimentaire
1970
UNPS lutte pour la sécurité alimentaire 2004
AGED Récupération des terres, gestion des ressources naturelles(RN), gestion non violentes des conflits liés au RN, Appui aux ménages
2001
ACT Promotion de l’agriculture de conservation et de bonnes pratiques agricoles pour améliorer les conditions de vie des ménages
2008
Tableau 1 : Panorama des types de structure accompagnant le développement d’une agriculture plus écologique et/ou
plus durable et registres de justification de leurs activités
44
Dévelop-pement
économi-que
social et solidaire
CEAS Promotion de pratiques agro-écologiques, de bio-pesticides Apport de solutions alternatives à la dégradation de l'environnement et la réduction de la pauvreté par la promotion de petits acteurs économiques locaux
1981
Autre Terre
Appuis techniques et financiers à des programmes d’expérimentation de l’agro-écologie
1980
Autono-mie des paysans
et renforce-ment de capacités
ARFA, APAD
Promotion de l’agro-écologie via la formation, la valorisation des savoir-faire, des savoirs locaux
1991
Diobass Renforcer les capacités d’analyse et d’organisation des paysans et promotion du développement local par l’appui à la recherche action paysanne
1990
Angakalanke
Renforcer les capacités des producteurs / Instruire les paysans dans le domaine agricole
2000
Inades-forma-
tion
Appui à la gestion durable des ressources naturelles et amélioration de la productivité de l’agriculture familiale ; Appui au développement durable choisi par les paysans et paysannes pour la prise en charge de leur destin, via la méthode « d’accompagnement des dynamiques organisationnelles paysannes »
1990
afrique verte / aprossa
Renforcer les capacités des réseaux d’organisations agricoles / analyse de l’évolution du prix des céréales locales au Burkina
1990
RMARP Gestion durable des eaux et des sols via l’appui à la planification participative et la formation
1998
Organisations paysannes (coopératives et associatives)
Appui à la production agricole et commercialisation
UNPCB Mise en place d’une filière coton bio, pour appuyer les femmes productrices qui n’ont pas accès aux intrants
2010
UGCPA Identification participative de pratiques agro-environnementales à appuyer et d’un dispositif de conseil pour renforcer l’autonomie des producteurs
2002
Entreprises privées agro-alimentaires
Saphyto Vente de produits phytosanitaires biologiques
Sofitex Mise en place d’un réseau de conseillers pour améliorer l’usage des intrants et la gestion de la fertilité des sols, afin de maintenir les rendements coton
Bureaux d’étude et de conseil (privés)
CORADE Formation, conseil 2005
ACFED Appui à la mise en place de filières équitables et durables par le conseil de gestion ;
NAFASO renforcement des capacités des producteurs pour la production, commercialisation et diffusion de semences
2008
Services publics
Chambres d’agriculture
Mise en place d’un réseau de conseillers pour la diffusion de techniques de production plus durables
2001
Recherche : INERA
Identification et expérimentation de techniques agro-écologiques ; élaboration de mode de gestion raisonné des intrants, de lutte intégrée
élaboration de mode de gestion raisonné des intrants, de lutte intégrée contre les ravageurs, de maintien de la fertilité des sols ..
Source : Auteur (enquête terrain)
45
On constate que sous des orientations thématiques différentes affichées (appui à la production
agricole, protection de l’environnement, etc.), le renforcement de capacité des paysans et de
leurs organisations est une activité prépondérante qui parait indispensable pour le passage à
une agriculture plus intensive et plus durable. Elle est même souvent affichée comme objectif
principal pour les structures les plus récentes, ce qui témoigne d’une évolution de la
compréhension des facteurs de durabilité de l’agriculture, plus seulement orientés autour des
techniques mais aussi de l’humain.
I-2- Les structures qui représentent les principaux courants
alternatifs
Afin d’analyser plus en détail les activités et modalités d’accompagnement de différentes
structures pré-identifiées, nous avons retenu un ensemble de structures représentatives des
vis-à-vis de la problématique de l’intensification écologique, c’est ainsi que nous avons :
- celles qui prônent l’agro-écologie comme modèle de développement,
- celles qui se concentrent sur la promotion de techniques agricoles relevant de
l’agriculture de conservation,
- celles qui appuient la mise en place de l’agriculture bio au sein de filières existantes,
- celles qui rattachent l’ensemble de leurs activités sous l’étiquette « agriculture
durable »,
- celles qui se sont spécialisées dans la formation (le conseil, le renforcement de
capacités et de compétences des agriculteurs).
46
Tableau 2 : structures d’accompagnement enquêté, représentatives
POSITIONNEMENT STRUCTURES ENQUETES
Agro-écologie AVAPAS ; Terre verte ; autre terre ; CEAS ;
DIOBASS ; AGED
Agriculture durable OCADES ; ODE ; R/MARP ; SOS Sahel
Agriculture biologique programme coton bio de l'UNPCB
Agriculture conservation ACT
Formation CORADE ; ANKAKALANKE
Note : voir annexe (3), le tableau qui présente les principales structures identifiées, et leurs
missions et orientations dominantes.
Les structures faisant la promotion de l’agro-écologie représentent la proportion la plus élevée
des enquêtés. Cela s’explique par le fait qu’elles constituaient le plus grand nombre dans le
panorama établi initialement.
Un entretien avec l’Institut National de l’Environnement et de la Recherche Agricole
(INERA), a été fait dans le but d’avoir également sa perception en tant que structure de
référence pour les recommandations en termes de processus d’intensification durable.
Source : Auteur (enquête terrain)
47
II- FONCTIONNEMENT ET STRUCTURATION DES ACTEURS
II-1- Les structures s’inscrivant dans le courant de
l’agro-écologie
Les acteurs qui interviennent dans ce domaine au Burkina ont une expérience estimée à une
vingtaine années en moyenne. Ce sont des structures qui ont émergé ou ont été reconnues
officiellement dans les années 90. Elles exécutent divers projets surtout ceux qui concernent
le domaine de la restauration, de la fertilisation des sols et de la gestion des points d’eau.
C’est le cas du projet gestion intégrée des mares de Bidi, Konsi et de Ménougou exécuté par
l’ONG AGED avec le PDEL-LG. La justification du projet se résume comme suit : « le sahel
Burkinabé à l’instar des autres régions du pays a été marqué par les conséquences de ces
sécheresses qui ont entraîné la dégradation des ressources naturelles au niveau des zones
humides telles que les mares. Ce phénomène spécifique de dégradation s’est caractérisé par
l’ensablement et le tarissement précoce ».
Certaines structures agroécologiques mènent des recherches dans la mise en place de remèdes
phytosanitaires biologiques. C’est le cas du CEAS qui travaille avec des associations et a mis
au point une technique de lutte phytosanitaire biologique. Ces structures jouent d’une part un
rôle d’appui et d’accompagnement des producteurs individuels et d’autre part forment des
animateurs endogènes. Exemple de L’AVAPAS, dans la localité de Sampieri à l’EST du pays.
Elles ont pour objectif principal de concilier l’écologie tant à l’agriculture qu’à l’économie.
Cela est perçu à travers les différentes définitions données lors de nos entretiens ou des
structures. Selon le président de l’AVAPS : « l’agro-écologie est une démarche agricole soucieuse
de son environnement (protection et restauration) » ; pour ONG Autre terre :
« C’est promouvoir l’agriculture paysanne, appliquer des méthodes de culture respectueuse
de l’environnement, lutter contre la désertification et la dégénérescence des sols. C’est
aussi développer la complémentarité entre l’élevage et l’agriculture, revaloriser les
productions locales traditionnelles et les savoir-faire paysans, encourager la
consommation locale de produits locaux (frais, transformés), garantir le droit à
l’alimentation de qualité et améliorer les revenus des paysans et enfin, ce faisant,
contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des populations (alpha, égalité homme-
femme, avenir pour les jeunes) ».
48
Tableau 3 : Objectif et missions des structures
ACTEUR Objectifs
AVAPAS Faire acquérir un savoir faire au producteur pour le rendre capable de se
libérer de l'agriculture dépendance et de mesurer les graves conséquences de
: la dégradation des sols, la mauvaise gestion naturelles, la pratique de
l'agriculture itinérante etc. ; faire acquérir un savoir faire au producteur pour
le rendre capable de : et produire et utiliser le composte (très riche et peu
couteux), pratiquer l'agriculture intensive, revaloriser les techniques
traditionnelle de restauration et de fertilisation des sols (exemple Zaï),
rechercher et utiliser les moyens locaux de traitement phytosanitaire ;
Développer le savoir être chez le producteur pour faire de lui un pratiquant
modèle de l'agriculture (être un paysans forestier, être un producteur
chercheur, avoir l'esprit coopératif); En finalité contribuer à l'atteinte de
l'autosuffisance alimentaire et de la lutte contre la pauvreté au BF
CEAS Contribuer à la vulgarisation des techniques agroécologiques auprès des
groupements villageois par la recherche appliquée et aux formations,
contribuer à améliorer les conditions de vie des populations en alliant
l’économie à l’écologie
AUTRE TERRE Amélioration de la qualité de vie des populations locales visées dans le
domaine de l’agro-écologie et de l’assainissement en milieu urbain;
Développement, promotion et échange de valeurs et de pratiques relevant de
l’économie sociale et solidaire
DIOBASS contribution au renforcement des mouvements paysans en renforçant leurs
capacités d’analyse et d’organisation en vue de mener des actions endogènes,
répondant à leurs préoccupations ; promotion du développement local par
l’appui à la recherche action paysanne ; Défense des intérêts de nos
membres, de l’Agriculture familiale; Développer des dynamiques sociales,
économiques, culturelles et environnementales en rural par la recherche
Action paysanne
AGED Accompagner le processus de structuration et de développement des
populations rurales qui valorisent leurs savoirs et savoirs faire ; Influencer
les décisions politiques et économiques dans le pays en matière de gestion
des ressources naturelles visant à améliorer de façon significative le niveau
de vie des populations rurales
TERRE VERTE La sauvegarde de l'environnement dans l'agriculture sahélienne au Burkina
Faso; Protéger les sols et de garder l'eau de la pluie pour créer un Sahel
verdoyant.
A partir d’une analyse sur les objectifs et missions des structures enquêtées, on fait ressortir
trois domaines d’activités différents dont découlent des modalités d’accompagnement
différentes. On peut noter :
- Les structures spécialisées dans la diffusion de techniques agroécologiques pour
assurer la durabilité des fonctions écologiques (durabilité des fonctions écologiques).
Source : Auteur (enquête terrain)
49
Ici ce sont plus des activités situées au niveau de la parcelle agricole, c'est-à-dire les travaux
d’aménagement (technique demi-lune, de cordon pierreux, haies vives, etc.) ; des activités sur
le travail du sol (manière de labourer,), sur des activités de fertilisation (compost, fosse
fumière, etc.), et de protection phytosanitaire.
- Les structures spécialisées dans la valorisation des pratiques endogènes et savoirs
locaux pour renforcer le pilier social de la durabilité (socioculturelle)
Dans les discours et les écrits, on relève les activités suivantes : les pratiques sur la
valorisation des savoirs locaux (pratique sur la maîtrise du calendrier agricole par observation
naturelle, savoir locaux en semences, santé humaine etc.), pratiques d’implication des élèves,
des chercheurs, du politique ; pratique du développement solidaire, pratique sur la maîtrise de
la planification et de l’organisation (préparation de la campagne, cahiers de gestion de
l’exploitation, travaux d’intérêt commun)
- Les structures spécialisées dans les approches filières
Les pratiques sur l’approche filière s’accentuent sur le développement des circuits courts de
commercialisation, de produit local et de manger local, pour un développement rural local
(santé humaine, et sécurité alimentaire).
Figure 1 : position des structures en fonction des domaines d’activités dégagés
Société et culture
Approche filière
AVAPAS
Terre verte
AGED
CEAS
Diobass
Autre terre
Durabilité des fonctions
écologiques
Source : Auteur (enquête terrain)
50
Le graphique n°1 nous montre que les structures suivantes AVAPAS, Terre verte et AGED
interviennent plus dans la diffusion de techniques agroécologiques (durabilité des fonctions
écologiques) et dans la valorisation des pratiques endogènes et savoirs locaux (société
culture). Tandis que l’association Diobass, Autre terre et le CEAS interviennent dans les 3
domaines, c'est-à-dire l’approche filière, durabilité des fonctions écologiques et la valorisation
des savoirs locaux (société culture)
Les différents acteurs agroécologiques entretiennent des relations à tous les niveaux avec
d’autres acteurs, du niveau global (international) au niveau local.
Figure 2 : Réseau des acteurs de l’agro-écologie (page suivante)
51
Niveau méso / national
appuis techniques, mise en
de projet / prestation de
service
Niveau régional/provincial
structure relais : appuis
techniques
Niveau terroir / micro
acteurs bénéficiaires Groupements
producteurs
Villageois
Association
villageois :
AZN ; ATG
Animateurs endogènes
Paysans relais
APAD
ALED
APIL
BAOBAB
ATAD
ALED
ARFA
AIDMIR
ADTAE
Divers OP
AGED
Oudalan yatenga
kouritenga
AVAPAS
Samentenga Boulkièmede
oubritenga
Zounweogo Kadiogo
Autre Terre
Samentenga
oubritenga
Boulkièmde
CEAS
Passoré
Zondoma
Sourou
Terre verte
Oubritenga
yatenga Samentenga
Diobass
passoré,
Sanguié,
samantenga,
yatenga,
Ziro
CAES Suisse
Christian AID
ICCO
Grounds well
Food First
BroederlijkDelen
Misereo
Banque
Mondiale
UICN
Terres
Humanismes
Service
l’entraide et
liaison
Fondation
France
Niveau international / macro
Bailleurs de fond : appuis plus
financiers
ANSD
Tapoa (Est)
appuis financiers
appuis technique et financier
appuis technique
relation informel
structure ayant site d’expérimentation
agroécologique
52
Selon les structures nationales agro-écologie enquêtées, l’appui financier des bailleurs de
fonds est fait sous la forme de subventions ou de dons, (affirment 100% des enquêtés). Les
bailleurs de fonds ont pour enjeu principal de rendre la production agricole écologique, de
sauvegarder l’environnement comme résultat d’aboutir à un développement rural local
(sécurité alimentaire, santé des populations), d’orienter de manière pertinente les autorités
vers un système de production plus respectueux de l’environnement. Les acteurs situés au
niveau national entretiennent entre eux des relations de type informel, il n’existe pas encore
un réseau agro-écologie formel ou une signature de partenariat entre deux structures au niveau
national. Mais il y a un cadre de concertation pour discuter ou échanger sur les stratégies pour
diffuser le courant agro-écologique auprès d’un maximum de paysans. Pour cela ces
structures entretiennent des relations de type technique avec des structures situées au niveau
régional ou local ou bien forment directement des animateurs endogènes au niveau local, qui
sont tous assistés par un comité technique de la structure national pour faciliter la diffusion
des pratiques et techniques agroécologiques.
Certaines structures telles que le CEAS, bien organisée accompagnent sur le plan technique
sous la forme de prestation les groupements villageois sur toute la chaine de la production à la
commercialisation des produits issues des récoltes. En effet le CEAS fait également des
propositions (ventes) d’équipements agricoles agroécologiques produits par la structure elle-
même à son siège de Ouagadougou Goughin.
II-2- les acteurs de l’agriculture biologique : Exemple de l’UNPCB
L’UNPCB est née dans les années 98-99, elle est considérée comme une structure syndicale
défenseurs des intérêts des paysans producteurs du coton. Les principales activités de
l’UNPCB sont essentiellement le suivi des crédits d’intrants octroyés aux paysans et la vente
du coton.
A partir de 2004 avec l’appui des partenaires financiers : Helvetas Suisse, USAID, CRS ;
l’UNPCB a démarré son programme de culture de coton biologique. Les grandes zones
d’activité du programme du coton biologique sont Tenkodogo, Fada et Banfora ; les zones
d’Ioba et Oubritenga constituent les zones d’activités secondaires. Le public visé est constitué
des femmes et des producteurs très pauvres, n’ayant pas de ressources financières (pas de
capacité pour acheter des intrants, pas capable de supporter les crédits et divers coût) et
53
encore moins n’ont pas de capital en sol suffisante pour intégrer ou exercer le système
conventionnelle de production du coton. . Le passage à l’agriculture biologique est donc
conçu comme une alternative par défaut au modèle de production conventionnel. Il ne repose
pas sur une volonté réelle d’amélioration de l’impact environnemental de la coton culture.
Pour le fonctionnement du programme coton biologique, l’UNPC a en son sein une équipe
technique constituée de 36 agents (techniciens) biologiques logés tous sur les sites
d’interventions dont quatre (4) chefs de zones. Les agents techniques sont issues
généralement de l’école professionnelle d’agriculture de MATRICOU. Selon l’enquêté de
l’UNPCB « au départ, l’affaire coton biologique était une production marginale, les questions
relatives a ce programme n’étaient pas bien prises en compte au niveau de l’union nationale.
Mais ces dernières années avec l’intérêt croissant des partenaires le mode de gestion évolue
positivement». En effet, le programme coton biologique dispose maintenant de deux (2)
représentants au niveau du conseil de gestion ; d’une cellule chargée des questions de finance
(comptabilité) du programme de coton bio et de trois élus chargés de suivre l’évolution la
dynamique des activités. Les techniciens ont la mission d’exécuter des plans d’activités
élaborés par la cellule technique en collaboration avec les élus du conseil de gestion.
Figure 3 : Fonctionnement du programme coton biologique
Elus et le conseil de
gestion
Coordinatrice
nationale
Cellule technique
Bio cotonculteur
Bailleur de fond
UNPCB
Producteur
HELVETAS Suisse ;
USAID ; CRS
Source : Auteur (enquête terrain)
54
II-3- les acteurs de l’agriculture durable
Il est ressorti, que les structures qui constituent ce groupe, sont composées à 100% d’ONG.
Elles œuvrent essentiellement dans le domaine du développement rural. Hormis leurs
domaines d’activités principales qui sont: l’agriculture l’élevage et la gestion des ressources
naturelles ; ces structures mènent des activités dans les secteurs de l’éducation, la santé, le
genre, etc.… Ces structures ont une dimension d’intervention nationale, ce qui explique leur
importance dans l’accompagnement des exploitations agricoles familiales. Les objectifs
globaux recherchés par ces structures se synthétisent autour de la sécurité alimentaire
(autosuffisance alimentaire des populations les plus démunis), la gestion durable des
ressources naturelles, l’alphabétisation et la scolarisation des populations rurales, la lutte
contre les changements climatiques et la désertification.
De 2004 à 2010, l’ONG OCADES (Organisation Catholique pour le Développement et la
Solidarité) par le biais de son projet Programme de Développement Intégré (PDI) a réalisé un
certain nombre d’infrastructures sociales dans l’ensemble des villages d’intervention du
Houét. Dans le village de Dédougou, il y’a entre autres la réalisation de banques de céréale, la
construction et l’équipement d’une salle d’alphabétisation, la mise en place de pépinière
villageois, bosquet villageois, etc.… avec un montant de 82 672 508 FCFA en termes
d’investissement physique. Le programme de sécurité alimentaire au Passoré est exécuté par
l’ONG ODE de 2008 à 2011.
Les structures qui composent ce groupe interviennent sur le terrain par l’intermédiaire des
projets et programmes par le biais des partenaires financiers et techniques. Ce sont des acteurs
qui exercent un rôle non négligeable d’accompagnement des producteurs et productrices dans
l’exercice de leurs activités agricoles.
En matière de pratiques agricoles vers une intensification durable, les acteurs, diffusent des
techniques, dans le domaine de la fertilité des sols, de la lutte contre les ennemies de cultures,
de la gestion de l’eau et des semences. Sur le plan technique, elles se réfèrent plus aux
recommandations des résultats de la recherche particulièrement celles de l’INERA ou travaille
en partenariat avec l’INERA, dans l’objectif de pouvoir apporter des solutions aux
préoccupations des paysans en terme de conseil technique. Comme le souligne le chargé de
programme de l’ODE, « nous venons d’achever un contrat de formation avec l’INERA, pour
la formation de 15 paysans issus de nos zones d’intervention, sur les techniques de production
55
et d’adaptation au changement climatique, pour chaque paysan participant nous payons 50000
FCFA à l’INERA ». En ce qui concerne la pratique agricole, pour la fertilité des sols les
structures renforcent les capacités des producteurs par la formation sur la méthode de
production et l’utilisation de la fumure organique, l’utilisation raisonnée des engrais minéraux
(microdose). Les acteurs du groupe pensent que la contribution des engrais minéraux est
essentielle pour augmenter la production dans le but d’assurer une sécurité alimentaire. Pour
les semences, les paysans sont encouragés à utiliser celles améliorées à travers l’aide fournie,
en intrants (semence amélioré) sous la forme de don ; Enfin pour la lutte contre les ennemies
des cultures ils mettent l’accent sur la technique de la GIPD (Gestion Intégrée de la
Production et des Prédateurs des cultures).
Sur le plan organisationnel ils apportent une aide en approvisionnement en intrants, au
stockage et la commercialisation des produits. La mise en relation des groupements de
producteurs pour collaborer sur la commercialisation de leurs produits par exemple des ventes
groupées des produits issues des récoltes. L’assistant chargé de programme de la structure
R/MARP affirment : « on procède par la mise en réseau, en contact avec les acheteurs
grossistes, par l’apporte d’une aide à la conservation de produit (d’oignon), on s’intéresse au
triple ensachage et on développe l’approche filière par la mise en place d’un comité de
gestion » Il ressort également que des accompagnements sont offerts aux producteurs sur
l’aspect de la gouvernance, gestion administrative et financière, la mise à disposition des
paysans d’équipement agricole ou d’appui financier.
III- PERCEPTION DES ACTEURS DE L’ACCOMPAGNEMENT SUR LES
ENJEUX D’INTENSIFICATION DURABLE
II-1- perception de l’effet des pratiques agricoles sur
l’environnement
L’ensemble des personnes ressources enquêtées (100%) sont toutes unanimes dans leurs
zones d’intervention respectives que les pratiques agricoles du modèle dominant (agriculture
conventionnelle) ont un impact négatif sur l’environnement. Les résultats des enquêtes
montrent que les acteurs perçoivent ces pratiques agricoles à travers l’érosion du sol, la
réduction des formations végétales, l’intoxication des producteurs et la perte de la
biodiversité.
56
Figure 4 : perception de l’impact des pratiques agricoles actuelles sur l’environnement par les acteurs
La figure n°4 montre que la perception des acteurs est plus basée sur l’érosion des sols (thème
ou mot le plus cité par les acteurs occupent donc une proportion de 40% sur 100%,) la
réduction des formations végétales occupent 25% ; l’intoxication des producteurs et la perte
de la biodiversité occupe respectivement 20% et 15%.
En ce qui concerne les causes trois éléments sont mis en avant par les acteurs de
l’accompagnement comme causes de l’impact des pratiques agricoles sur l’environnement. Il
s’agit de l’accompagnement non conforme aux besoins des paysans ou accompagnement
inadapté aux réalités des producteurs, mauvaises utilisation des intrants, et augmentations des
terres agricoles.
érosion des sol
40%
réduction des formations végétales
25%
intoxication des
producteurs 20%
perte de la biodiversité
15%
Source : Auteur (enquête terrain)
57
Figure 5 : causes de l’impact négatif de l’agriculture sur l’environnement selon les acteurs
Il ressort du graphique n°5 que 85,7% des acteurs interrogés expliquent l’impact des pratiques
agricoles sur l’environnement par la mauvaise utilisation des intrants, 71,4% par un
accompagnement non conforme ou inadapté aux besoins des paysans et 57,1% par
l’augmentation des terres agricoles.
Figure 6 : perception et explication des effets négatifs des pratiques agricoles sur l’environnement par les
acteurs d’accompagnement
57,1
85,7
71,4
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
Augmentations des terres agricoles
Mauvaise utilisation intrants
Accompagnement non conforme aux besoins
po
urc
en
tage
-Accompagnement
non conforme
-Mauvaise
utilisation des
intrants
-augmentation des
terres agricole
Causes
Impact des
pratiques
agricoles
actuelles sur
l’environnement
-Erosion des sols
-Réduction des
formations végétales
au profit des champs
-Intoxication des
producteurs
-Perte de la biodiversité
Perceptions
Source : Auteur (enquête terrain)
Source : Auteur (enquête terrain)
58
II-2- Perceptions des facteurs limitant une transition vers des
modèles de production plus écologiques
Selon les acteurs d’accompagnement, les exploitations agricoles familiales sont confrontées à
des obstacles d’ordre naturel (milieu physique) et humain (capacité technique qui limitent,
une adoption des pratiques agricoles pour aboutir à un nouveau modèle de production plus
durable.
- Les contraintes techniques
Pour les acteurs qui se positionnent dans l’agriculture durable, la non maîtrise des techniques
de production, c'est-à-dire le manque de connaissances est le véritable handicap, les prémices
d’un échec de production plus écologique. Ils ne situent pas le débat dans l’utilisation des
produits chimiques pour les activités agricoles. Pour eux, si le paysan n’a pas de savoir c’est
clair qu’il va abuser dans l’utilisation ou le non respect des mesures de traitement chimique.
Comme l’affirme le chargé de l’agriculture de l’ODE, un apport de produit chimique qui est
effectué en retard pour le traitement des cultures est à 100% sans effet sur les plantes, en ce
moment le paysans peut abuser des traitements pour avoir un effet positif sur les plantes afin
de lutter contre les ennemies, ce qui peut être la source de plusieurs conséquences négatives
sur la santé animale et végétale. En outre pour ces acteurs les paysans doivent également
avoir des connaissances techniques suffisantes pour pouvoir adopter les bonnes pratiques
agricoles (l’utilisation de semences améliorées, semis en ligne, le labour avant semis).
Cependant pour les structures promouvant l’agro-écologie, il est bien vrai que le savoir faire
est nécessaire, pour aboutir à un modèle de production durable mais elle ne constitue pas un
véritable frein pour produire durablement sur le plan local. Les techniques que diffuse l’agro-
écologie sont facilement assimilables par les paysans car se sont pour la plupart des
techniques endogènes ou co-élaborées sur la base de leurs propres savoirs (savoir locaux).
C’est pourquoi ces acteurs affirment :
« L’agro-écologie est basée sur démarche appropriable c'est-à-dire qu’on n’a pas besoin
d’une technique particulièrement pointue pour se convertir en agro-écologie par rapport au
niveau de formation de nos paysans ; on peut arriver à leur faire comprendre les bases et
appliquer la démarche, ailleurs c’est toute une technologie dont on a besoin donc d’une
formation assez élevée. Aujourd’hui avec l’agro-écologie on peut arriver à comprendre nos
contraintes naturelles, les partager et expérimenter de façon simple avec les paysans»
59
En outre pour eux le paysan Burkinabé peut produire en quantité et en qualité sans utiliser
des intrants chimiques sur tout type de sols. Raison pour laquelle le chargé de formation
d’AVAPAS affirme : «qu’il est possible d’intensifier la production, si on prend un zipellé
c'est-à-dire un terrain où l’herbe n’a pas poussé depuis deux siècles et de même pour les
terres dénudées, dès la première campagne on fait 2tonnes/hectares. Ce qui est très rare
même dans les bas-fonds les gens n’arrive pas à 1,5t/ha »
Selon l’enquêté de l’agriculture de conservation les contraintes sur le plan technique se
situent au niveau des références technico-économiques des paysans qui hésitent à changer
leurs habitudes sans avoir obtenir de meilleurs résultats au préalable. Cela est conjugué au
problème de mentalité et d’expérience. Pour eux (paysans, technicien, haut cadre de
l’agriculture) pour améliorer la fertilité il faut avoir accès à l’engrais chimique, et au labour
avec la charrue. De cela découle l’opération 100.000 charrue qui est toujours le vieux modèle
de la révolution verte prédominant basé sur le labour, l’équipement, la machinerie agricole et
autre… Enfin pour lui sur le plan technique, les messages délivrés aux paysans sont
contradictoires et conflictuels : « on a un technicien qui fait la promotion de l’agriculture de
conservation et en même temps fait la promotion de l’opération 100.000 charrue, cela ne
permet pas au paysan de faire un choix »
Enfin selon l’acteur enquêté de l’UNPCB (programme coton biologique), un problème de
connaissances se pose au niveau de la capacité technique interne des paysans. Ceux-ci
ignorent comment s’y prendre pour exploiter de manière durable les fonctions de
l’écosystème afin de produire sans intrants chimique. Ce constat selon lui, nécessite alors des
formations quotidiennes au profit des producteurs.
- Les contraintes liées au milieu physique ou naturel
Lors de nos entretiens avec les structures promouvant l’agriculture durable, 79% d’entre
elles soulignent le thème de restriction des terres arables et de la dégradation des terres
comme limite au limite à une transition vers un modèle de production plus écologique. En
effet ces acteurs mesurent plus les contraintes relatives au milieu physique au niveau de la
restriction des terres arables et leur dégradation. Pour 20% des acteurs les sécheresses
répétitives ou le caractère irrégulier des pluies favorisent une baisse de la fertilité des terres et
de la capacité productive des terres et sont considérées comme facteur limitant une production
durable.
60
Pour les structures relevant de l’agro-écologie, l’agriculture de conservation et l’agriculture
biologique, le principal facteur limitant est la disponibilité de biomasse et d’eau pour
produire le compost et autre fertilisant organique. Pour ces acteurs les conditions naturelles ne
facilitent pas l’accès à ces ressources indispensables à la promotion de ces modes de
production alternatifs. Comme l’affirme l’enquêté de l’AGED « un compost produit à partir
de la base de biomasse disponible est trop pauvre en éléments de base et ne convient pas au
cycle de la plante ; son intérêt n’est pas vite perçu par le paysan qui a un besoin immédiat et
qui donc abandonne rapidement cette technique ». Les acteurs affirment que le climat n’est
pas propice dans les zones sèches semi-arides pour une très grande production de biomasse
végétale. L e coordonnateur de l’ACT enquêté affirme :
« qu’une localité comme Yilou où on est à 600mm de pluie n’est pas la même qu’une zone
comme Koumbia (province du Tuy) qui est à 1200mm de pluie ; alors on a une compétition
sur la biomasse. Donc si tu veux démarrer une technique dite agroécologique sur ces sols
c’est difficile de réussir car il faut commencer par remonter le niveau de fertilité. C’est
pourquoi dans de nombreux endroits on continue à utiliser l’engrais chimique et à faire le
labour. »
III- DEMARCHES D’ACCOMPAGNEMENT
III-1- Démarches d’intervention
On peut classer les modes d’intervention en quatre catégories :
- Formation pour le renforcement de capacité
- Appui-conseil et sensibilisation
- Appui financier
- Appui en matériel (équipement, intrants)
L’appui conseil, la sensibilisation et les formations pour le renforcement des capacités sont les
modes d’intervention les plus utilisés par l’ensemble des acteurs.
61
Figure 7 : la fréquence des démarches d’intervention des acteurs
Sur une proportion totale de 100% la formation / renforcement de capacité et l’appui conseil /
sensibilisation ont les taux les plus importantes respectives de 36,8 et 34,2. Tandis que
l’appui financier et en équipement/intrant sont des formes d’intervention les moins utilisées.
Cependant la forme d’intervention varie en fonction des types d’acteurs. Le tableau ci-
dessous résume la démarche d’intervention la plus adoptée par les acteurs :
Tableau 4 : fréquence des démarches d’intervention par acteur
Formation/ renforcement de
capacité
appui conseil / sensibilisation
appui financier appui en
équipement/intrant
Agro-écologie 100 83,3 33,3 50
Agriculture biologique
100 100 0 100
Agriculture conservation
100 100 0 0
Agriculture durable
100 100 50 75
Formation 100 100 0 0
Moyenne 100 92,9 28,6 50
36,8 34,2
10,5
18,4
0
5
10
15
20
25
30
35
40
po
urc
en
tage
Acteur
Source : Auteur (enquête terrain)
Source : Auteur (enquête terrain)
62
III-2- les outils d’accompagnement
Il ressort de l’étude, l’utilisation de plusieurs outils de vulgarisation. Ces outils peuvent être
classés en trois groupes :
Le groupe I concerne l’expérimentation, les champs école, les parcelles de démonstration.
Ici l’accent est mis sur la technique, les acteurs disent procéder ainsi à un transfert de
compétences aux exploitations agricoles. Dans le domaine de l’agro-écologie, le recours à
un formateur endogène pour le transfert de compétence est très fréquent. Pour cela ils
choisissent des paysans locaux (selon des critères) qu’ils forment et veillent à ce que les
techniques soient bien transmises aux populations locales par les paysans endogènes
formés. Quant aux structures impliquées plus globalement dans l’appui à l’agriculture
durable, elles font généralement des partenariats avec les agents de l’agriculture (du
ministère de l’agriculture) en poste dans les provinces / départements afin d’exécuter leurs
activités auprès des exploitations agricoles bénéficiaires de leurs programmes. C’est le cas
notamment de l’ONG OCADES.
Le groupe II met l’accent sur les théâtres, les forums, ateliers, les voyages d’études. Selon
les acteurs enquêtés ce sont les outils qui peuvent résoudre les contradictions entre la
vision des producteurs et les agents de développement. Ce sont des outils qui facilitent les
pourparlers entre acteurs. Le degré d’utilisation de ces outils varie d’une structure à
l’autre.
Le dernier groupe (III) est celui des outils issus des technologies de l’information et de la
communication (radio, télé), les supports écrits (document en langue locale ou nationale,
journaux). D’après les acteurs ces outils permettent le transfert d’information et la
sensibilisation des paysans sur les sujets qui minent leurs sociétés (surtout sur l’agriculture
et l’environnement). Cependant la question qui se pose à l’ensemble des acteurs c’est
l’accessibilité concerne l’accessibilité de ces outils aux exploitations agricoles familiales,
vu le faible niveau de scolarisation, d’alphabétisation et d’équipement (électricité, poste
radio, télé).
63
Figure 8 : Aperçu de la fréquence d’utilisation de chaque outil
Le champ école et les parcelles de démonstration sont les outils d’accompagnement les plus
utilisés avec respectivement une valeur de 21,1 et 18,2 sur 100% par rapport à l’ensemble des
autres outils de vulgarisation. Les expérimentations et le théâtre sont également des outils
bien appréciés par les acteurs. Les outils d’accompagnement les moins utilisés sont les
forums, les ateliers et les supports écrits.
14,7
21,1
18,2
10,8
3,5 5,5
9,4 9,4 7,4
0
5
10
15
20
25
Po
urc
en
tage
Source : Auteur (enquête terrain)
64
IV- CARACTERISATION DES OFFRES TECHNIQUES ET
ORGANISATIONNELLES
IV-1- Description des offres techniques
Les différentes méthodes de fertilité des sols ou d’économie d’eau, de lutte contre les
ennemies des cultures se déclinent en plusieurs techniques promues par les acteurs. Nous nous
bornerons à analyser les principales techniques diffusées.
IV-1-1-Les méthodes de fertilisation des sols et/ou d’économie d’eau
Les techniques CES/DRS : la DRS (défens et restauration des sols) sont des travaux exercés
pour maintenir ou restaurer un sol agricole dans une situation de fertilité pour accroître sa
capacité de production ; tandis que la CES (conservation des eaux et des sols) est un ensemble
d’opérations qui consiste à protéger la potentialité agronomique existant contre les attaques ou
agressions susceptible d’engendrer des pertes en éléments minéraux ou en eau sur le sol. Lors
de nos entretiens nous avions constaté que dans la pratique la différence entre la conservation
du sol et de l’eau est difficilement perceptible.
Parmi ces techniques CES/DRS, les plus appréciées et diffusées sont :
Le zaï
Elle est décrite par l’ONG terre verte comme « une technique consistant à concentrer l’eau et
les nutriments autour de plante cultivée ». Concrètement, cela se fait en creusant durant la
saison sèche des trous de 30 cm de diamètre et de 15 à 20 cm de profondeur. Du compost bien
mûr y est déposé et recouvert d’une quantité de terre au bord de laquelle on sèmera la céréale
(mil, sorgho ou maïs) dès les pluies de Mai/Juin, souvent insuffisantes. Selon le président de
l’AVAPAS « le zaï permet la conservation et la gestion rationnelle du composte ou de la
fumure organique dans la parcelle, les eaux de ruissellement entraînant la matière organique
tombe dans le trou et se laisse travailler par les termites et devient riche en micro-organisme ;
le zaï n’est pas un fertilisant il favorise la fertilisation ». L’ensemble des enquêtés affirment
qu’en localisant l’eau et le compost dans un trou, cette technique permet de garantir
l’implantation précoce des cultures qui résisteront aux poches de sécheresse. Pour faciliter la
mise en place du zaï, 33% des acteurs enquêtés affirment l’avoir mécanisé par l’utilisation
d’outils modernes. C’est l’exemple de R/MARP de l’AVAPAS qui utilise la kassine pour
préparer le sol, quand à l’ONG terre verte elle procède par le passage d’un cultivateur lourd à
65
sécurité non stop qui ouvre la terre, la vibre et permet ainsi une bonne infiltration locale de
l’eau pluviale. Pour elle cette technique permet de récupérer une terre dégradée tout en tirant
une bonne récolte dès la première année, c’est aussi une assurance de récolter de quoi vivre,
quelques soient les aléas climatiques.
Les cordons pierreux
Pour faire une synthèse de la description obtenue lors de nos entretiens, c’est un alignement
de blocs de pierre suivant les courbes de niveau. Selon le chargé de programme de R/MARP
les cordons pierreux tout comme les diguettes en terre, sont des mesures physiques de
conservation des eaux et des sols. Elles sont des obstacles filtrants qui ralentissent la vitesse
du ruissellement et permettent la sédimentation et le dépôt des particules (matière organique)
à l’amont de la diguette et une augmentation de l’infiltration des eaux de ruissellement des
pluies.
Les demi-lunes
La majorité des acteurs considèrent que ce sont des cuvettes en demi-cercle creusés et
ceinturés avec les déblais disposés en arc de cercle ouvert en amont. Le creux sert à recueillir
l’eau piégée et conserve l’eau dans la parcelle.
Photo 1 : Cordon pierreux
Source : INERA
66
La jachère
Selon les chiffres de nos entretiens 92,85% des enquêtés affirment que c’est une technique qui
est très peu pratiquée par les paysans d’où le faible niveau de diffusion. Seule l’ONG terre
verte qui dispose d’un périmètre bocager aménagé de 100ha (longueur 1100m ; largeur 920m)
pratique cette technique. Elle nous donne une description de la technique comme pratiquée
dans son périmètre :
«La jachère n’est pas comme on le croit souvent le temps de repos de la terre ; mais c’est
au contraire un temps de réparation active des déformations qu’entrainent
immanquablement les cultures (développement d’organismes nuisibles, épuisement de
certains minéraux, impact sur la structure du sol). Il est préférable de laisser la végétation
s’installer spontanément, car les plantes qui vont se développer sont celles capables de
résoudre les carences du sol. Dans les périmètres bocagers, nous préconisons une
jachère pâturée avec une clôture électrique solaire. En saison sèche, la faible conductivité
de la terre ne permet pas une utilisation classique de la clôture. Nous y remédions par une
clôture électrique à 2 fils tendus à 20/30 centimètres d’écartement dont un joue le rôle de
terre et l’autre est sous tension. Le pâturage de la jachère permet de laisser un champ
propre pour la culture qui succédera »
Les haies vives
La plantation des haies vives a pour objectif de ralentir le ruissellement de l’eau et la vitesse
du vent. Plus de 80% des acteurs affirment que les exploitations agricoles s’adonnent de
moins en moins à la plantation des haies. Par manque d’entretien le taux de réussite est faible
ce qui décourage très souvent ceux qui la pratiquent.
La fumure organique
L’enquêté de l’ONG SOS Sahel, affirme que grâce à la formation des paysans et à la
construction des fosses fumières ; les résidus agricoles, les déjections des animaux et les
déchets ménagers biodégradables sont déversés dans ces fosses et sont régulièrement arrosés
afin que cet ensemble se transforme en fumure organique. Le fertilisant ainsi obtenu est
répandu dans les champs quelques jours avant le début de l’hivernage. Cependant il ressort
qu’il est difficile pour les paysans qui ne disposent pas de fosse de mettre en place de la
fumure organique. Le président de l’AVAPAS affirme que lorsque la matière organique est
déversée sur un sol nu, cela permet au sol d’être humide et de favoriser l’agriculture. C’est
une pratique qui permet d’exploiter les sols argilo-sablonneux sans fournir trop d’effort.
67
Le compostage
C’est une technique bien diffusée par les acteurs agroécologiques, selon elle le composte
permet de redonner vie à la terre, ils affirment que :
« 5g de compost peut contenir 50g d’eau ; c’est comme si vous trempé une éponge dans l’eau
quand vous l’enlever les premières gouttes qui tombent ne sont pas considérées, quand vous
posé cette éponge sur une table l’eau va couler, entre temps si l’eau cesse découler, l’éponge
est toujours engorgé d’eau. Il suffit d’appuyer dessus pour voir l’eau couler, le compost fait
le même travail mais durablement raison, pour laquelle un champ qui reçoit du compost ne
souffre pas de sécheresse».
Cependant il ressort que les techniques suivantes constituent plus des techniques d’économie
d’eau :
Les prototypes de planches
L’irrigation goutte à goutte
L’irrigation par aspersion
Source : INERA
Photo 2 : Fumure organique disposée dans un champ
68
IV-1-2- Les méthodes de lutte contre les ennemis des cultures
On identifie quatre types de techniques de lutte phytosanitaire pratiqué par les acteurs à
savoir :
La Lutte répulsive : son, lumière, odeur
La Lutte préventive : utilisation des produits végétaux (huille de neem, ail, tabac,
etc.…)
La Lutte curative : techniques culturales, produits végétaux, rotation, association de
cultures
La Technique de la GIPD
Figure 9 : aperçu de la technique phytosanitaire la plus adoptée
Il ressort du graphique que la technique curative est la plus diffusée par les acteurs. Elle
occupe une proportion de 37,10% sur 100 ; cette fréquence n’est pas très significative par
rapport à la technique préventive également bien adoptée avec une valeur de 34,30%. Les
techniques de luttes phytosanitaires les moins diffusées sont la GIPD et la technique
répulsive.
IV-2- les principaux thèmes techniques abordés
IV-2-1- Fréquence de diffusion des différentes techniques
Les acteurs traitent de plusieurs thèmes, la fréquence des thèmes abordés varie. Le tableau ci-
dessous, fait la synthèse des thèmes traités :
curative; 37,10%
préventive; 34,30%
GIPD; 17,10%
répulsive; 11,40%
Source : Auteur (enquête terrain)
69
Tableau 5 : Fréquence de la Synthèse des thèmes traités
Thèmes abordés Proportion (%)
technique CES/DRS 92,60%
technique agroforesterie 42,90%
rotation /association de culture 71,40%
compostage / paillage /
Fumure organique
64,30%
micro-dose / GIPD 35,70%
Bonnes pratiques agricoles 64,30%
bio-pesticide 85,70%
Le tableau nous permet de percevoir la variété des thèmes techniques des acteurs dans
l’accompagnement des EAF. Les thèmes sur les activités de CES/DRS, les bio-pesticides, la
rotation / association des cultures sont les activités les plus diffusées par les structures
d’accompagnement, avec des fréquences respectivement de 92,60% ; 85,70% ; 71,4%.
Vraisemblablement cela pourrait s’expliquer à travers les principales zones d’activités des
acteurs. Par exemple dans la région du Nord, du sahel, les structures d’accompagnement ont
tendance à mener des activités de restauration et de conservation du sol par le biais des
techniques CES/DRS, et d’éviter l’épuisement des sols à travers des techniques de lutte
phytosanitaire par l’utilisation des produit bio et d’association et de rotation de culture. On
note également une diffusion assez importante des thèmes sur le compostage, le paillage, la
fumure et les bonnes pratiques agricoles qui ont tous une fréquence de diffusion estimé à
64,30%.
La fréquence des thèmes techniques abordés au niveau de la parcelle est différente en
fonction du type de structure voir tableau ci-dessous :
Source : Auteur (enquête terrain)
70
Tableau 6 : fréquence des thèmes traités par type de structure
Acteurs Thèmes
Agro-écologie Agriculture biologique
Agriculture conservation
Agriculture durable
formation
technique CES/DRS 100% 100% 0,00% 100% 100%
technique agroforesterie
83,30% 0,00% 0,00% 75% 50%
rotation/association de culture
66,70% 100% 100% 50,00% 100%
compostage /paillage / Fumure organique
100% 100% 100% 75% 50,00%
micro-dose / GIPD 0,00% 0,00% 0,00% 100% 50,00%
Bonnes pratiques agricoles
33,30% 0,00% 100% 100% 100%
bio-pesticides 100% 100% 0,00% 75,00% 100%
On constate que les techniques agricoles les moins diffusées au niveau de la parcelle sont la
micro-dose et la GIPD. Le reste des thèmes techniques sont abordés au minimum par 3
acteurs sur 5.
En outre, nous avons déterminé la perception des acteurs enquêtés sur les techniques qui ont
le plus de succès auprès des EAF :
Figure 10 : techniques les plus pratiquées par les EAF selon les dires d’acteurs
14,8
10,5
3,8
15,3
7,5
17,8
6
12
8,8
3,8
0
2
4
6
8
10
12
14
16
18
20
P
o
u
r
c
e
n
t
a
g
e
Source : Auteur (enquête terrain)
Source : Auteur (enquête terrain)
71
Selon les acteurs il semblerait que les techniques les plus pratiquées sont les cordons pierreux,
la rotation/association de culture, la fumure organique avec des valeurs respectifs de 17,8 ;
15,3 ; et 14,8. En ce qui concerne les techniques du Zaï et du paillage, elles sont aussi bien
adoptées par les paysans avec des fréquences respectifs de 10,5 et 12.
.
IV-1-2-3- Spatialisation des offres techniques
Avant une distribution spatiale des zones d’application ou niveau de diffusion des offres
techniques selon les dires d’acteurs, la présentation de leurs zones clés d’activités semble
nécessaire pour comprendre la logique des techniques diffusées.
Carte 3 : Présentation des Principales zones d’activités
La carte n°3 nous montre que les régions d’activités de promotion de l’agro-écologie et de
l’agriculture de conservation sont principalement concentrées dans la zone climatique nord
soudanienne sub-sahélienne et sahélienne. Le programme coton biologique de l’UNPCB
intervient uniquement dans le Gourma, Boulgou, Oubritenga, Ioba et la Comoé. Enfin les
Source BNDT / Données Entretiens REAL : BANCE Saydou 02/06/2013
120 000 0 120 00060 000 mètres
72
acteurs positionnés dans la promotion de l’agriculture durable sont celles qui interviennent
plus à l’échelle nationale, par le biais des projets et programmes. Il ressort que la majorité des
zones clés d’intervention se trouve dans la zone du plateau central et septentrionale du pays.
Les enquêtes avec les structures ont servi d’échanges afin de déterminer l’intuition des acteurs
sur les zones où ces techniques sont diffusées et bien ancrées.
Pour ce qui concerne les offres techniques, tous les enquêtés (100%) reconnaissent que la
zone géographique de diffusion diffère d’une zone climatique à l’autre. Ils ont leur propre
connaissance des zones de diffusion d’une technique à partir de leur expérience terrain.
Les résultats des entretiens montrent que les structures d’accompagnement des exploitations
agricoles diffusent les techniques en fonction des caractéristiques de la zone d’intervention.
La carte n°4 nous montre que les différentes techniques sont diffusées et bien ancrées dans
certaines régions par rapport à d’autres, alors que l’utilité des techniques pourrait être utile à
Carte 4 : Diffusion des techniques en fonction des zones agroécologiques
Source BNDT / Données Entretiens REAL : BANCE Saydou 02/06/2013
73
l’échelle du territoire ou sur une zone climatique définie. On peut citer l’exemple du zaï qui
est une technique selon les acteurs bien applicable et utile dans toute la zone nord
soudanienne ; sub-sahélienne et sahélienne. Cependant c’est une technique qui est plus
adoptée ou diffusée dans la région du centre, du nord et du sahel.
Le tableau ci-dessous résume la diversité des zones d’application et niveau de diffusion des
techniques.
74
Tableau 7 : diffusion des technologies par zones agro-écologiques selon les dires des acteurs
Technologies Cordon
pierreux Paillage
Diguette en
terre Demi-lune
Poudrec de
Parc
Association
de cultures
Rotation
des
cultures
Composte plante de
couverture Agroforesterie Zaï
Zones
d'application
probable
Zones
climatiques
Nord
soudanien
et sahélien
ensemble
du pays
utilisable
ensemble du
pays
plateau central;
zones
septentrionales
ensemble du
pays
largement
appliqué ds
zone AE
ensemble
du pays
Niveau
Diffusion
Zones
climatiques
Nord
soudanien
et sahélien
zones
sahélienne et
Nord
soudanienne
(centre Nord,
Nord, sahel,
plateau,
central,
centre)
les régions du
sahel Nord et
du centre Nord
Zones
d'élevage
haut bassin,
sahel centre
nord, centre
plateau
central A
Région
cotonnière
Boucle du
mouhoun
haut bassin
cascade
sud ouest
centre
ouest
centre sud
centre est,
est
mais
faible
Est centre
et l'ouest
Pluviométrie >
= 700mm sud
ouest haut
bassin cascade
centre ouest
Boucle
Mouhoun sud
ouest
Zones
nord;
centre et le
sahel
75
DISCUSSION
Limite de la méthodologie et suggestion d’amélioration
Ce travail visait principalement à dresser un premier panorama des structures
d’accompagnement des EAF et de caractériser le modèle d’accompagnement. Les critères de
sélection ont évolué au fur et à mesure de l’identification et de la compréhension du
fonctionnement de ces structures. Il est apparu important de s’intéresser à la fois à leur
histoire, au moment où elles ont eu recourt à des concepts nouveaux (durabilité, agro-
écologie, agriculture de conservation…) et à la façon dont elles les ont mobilisé pour justifier
des actions déjà engagées par ailleurs. Des entretiens plus approfondis auraient dû être menés
pour bien comprendre comment le passage à une posture d’accompagnement des agriculteurs
a été encouragé par la promotion de certains modes de production plus durables définis
ailleurs ou utilisé pour concevoir de nouvelles techniques de production. Sur le petit
échantillon choisi initialement, il s’est avéré difficile d’enquêter toutes les personnes pré-
identifiées, en raison de leur planning d’activité chargé.
Ces contraintes réunies, la durée du stage n’a pas permis d’affiner la typologie des
dispositifs d’accompagnement. Cela nécessite de repréciser certaines informations
concernant les structures enquêtées (les modalités de choix des techniques diffusées, les
facteurs qui ont guidé l’évolution des modes d’intervention auprès des producteurs) et
d’élargir l’échantillon des structures enquêtées. Les acteurs des filières sont trop faiblement
représentés alors qu’ils jouent un rôle très important dans l’appui-conseil aux producteurs,
notamment dans le bassin cotonnier (entreprises privées de collecte et transformation de
produits agricoles, organisations paysannes, fournisseurs d’intrants). La vision de l’Etat et les
actions d’appui-conseil aux agriculteurs via son dispositif de conseil est également
insuffisamment abordée.
Cependant nous pouvons déjà proposer un certain nombre d’améliorations de la méthode. Il
est nécessaire de compléter le guide d’entretien pour obtenir des informations
supplémentaires dans le but d’approfondir les analyses suivantes :
- Les convergences et divergences entre les différentes structures sur les modalités de
passage vers une agriculture plus écologique et plus intensive.
- La perception des acteurs institutionnels, politiques de ces modes de production
alternatifs.
76
Une diversité de structures d’accompagnement mais dont le poids semble faible
Le panorama des structures impliquées dans l’accompagnement des exploitations agricoles
familiales nous montre qu’il existe une certaine diversité des objectifs et modes
d’intervention. On retrouve les grands modèles alternatifs promus ailleurs dans le monde
(l’agriculture biologique, l’agriculture durable, l’agriculture de conservation et l’agro-
écologie). Cette variété constitue un avantage pour rechercher les chemins possibles vers des
modèles de production plus écologiques adaptés au contexte socio-économique et politique au
Burkina Faso. Mais ces structures restent cependant peu nombreuses et faiblement insérées
dans les dispositifs institutionnels d’appui à l’agriculture (comme le réseau des conseillers du
ministère de l’agriculture) ou dans les filières : on peut voir qu’aucune relation n’est établie
les « grandes » OP (comme la CPF) qui ont du poids dans la mise en œuvre de la politique
agricole. Les réseaux de consommateurs sont également absents des partenaires des structures
enquêtées en témoigne l’atelier qui a eu lieu à Ouagadougou le 15 FEVRIER 2013, sur le
thème de « l’Agro-écologie au Burkina Faso » : c’était la première fois que ces acteurs se
rencontraient pour discuter de l’agro-écologie.
La justification des interventions
Tous les acteurs s’accordent à dire que toutes leurs actions contribuent à la lutte contre la
pauvreté.
Pour la majorité des acteurs enquêtés, leurs interventions reposent sur un constat de l’impact
négatif de l’agriculture conventionnelle dans leurs zones d’intervention respectives. Ils
perçoivent cet impact à travers l’érosion du sol, la réduction des formations végétales,
l’intoxication des populations et la perte de la biodiversité. Raison pour laquelle elles ont
tendance à avoir un jugement négatif sur les pratiques agricoles conventionnelles
dominantes ; mais l’amélioration de ces pratiques est rarement recherchée. C’est plutôt
l’introduction de pratiques, soi-disant nouvelles, qui font l’objet des interventions.
En effet, il faut souligner que l’ensemble des techniques diffusées par les acteurs sont des
techniques qui ne sont pas nouvelles pour le monde paysan, ce sont techniques qui existaient
dans les pratiques paysannes et ont été améliorées par les agents de développement lors de
leurs différentes activités ou actions sur le terrain. Alors dans nos résultats de nombreuses
choses ont été dites à propos des paysans : paysans conservateurs, problèmes de mentalités,
d’habitude, difficulté d’adaptation aux changements, à l’innovation etc.… pourquoi alors
77
persister depuis tant d’années avec la diffusion des mêmes techniques ? Ne faudrait-il pas
mettre l’accent sur les outils et démarches d’accompagnement ?
De nombreuses expériences rapportées par des chercheurs en sciences sociales (Pacey et
Thrupp, 1994) montrent que les producteurs sont capables d’innover et de s’adapter aux
situations nouvelles. Par exemple dans le domaine de la protection phytosanitaire, selon une
étude de l’INERA, pendant que la recherche essayait de mettre en place un programme de
lutte adapté au faciès parasitaire, certains paysans devant des coûts de traitement ont adopté
une stratégie : ils ne traitaient pas avant d’avoir constaté la présence de ravageurs dans leurs
champs afin d’économiser leurs produits : méthode qui correspond à l’intervention sur seuil.
C’est à partir de 2002 que des réflexions ont été menées sur cette méthode d’intervention et
des paysans sont formés à cette technique tandis qu’elle était déjà pratiquée par les paysans
bien avant. Scoones et Thompson (1999) estiment que l’agronome et les professionnels du
secteur agricole doivent désormais acquérir des compétences de facilitation et de
coordination.
On constate effectivement que les structures les plus récentes dans le domaine de
l’accompagnement des paysans l’exemple de l’Agence CORADE sont spécialisées dans ces
domaines et utilisent un argumentaire autour de l’échec des actions de développement tourné
vers le changement techniques pour justifier leurs interventions sur le renforcement de
compétence.
La différenciation géographique des thèmes techniques abordés
Malgré des affichages différents de vision pour une intensification durable, les différentes
structures abordent bien souvent des mêmes thèmes techniques.
Les thèmes de CES/DRS sont abordés en priorité pour la reconstitution des terres dégradées et
la protection des parcelles de cultures. Cela pourrait s’expliquer par le fait que la majorité des
acteurs ont pour principales zones d’interventions la zone sud soudanienne, sub-sahélienne et
sahélienne du Burkina Faso (plus de 80% des acteurs de l’agro-écologie y exercent leurs
activités, de même pour les autres acteurs). Les épisodes de sécheresse de 1973 et 1974 qui
touchèrent l’ensemble de la zone sahélienne, furent déclencheurs de « l’afflux » des ong sur le
territoire burkinabè. Devant la gravité de la situation et les faibles moyens du pays, ces
organismes privés se multiplièrent et accélérèrent leurs engagements. De 17 ONG en 1973,
leur nombre passa à 73 en 1980. Plus de 44% des 129 ONG actives au début des années 90 se
78
sont implantées dans le pays durant les années 80 (Piveteau, 1998 : 192-193). On pourrait
aussi mentionner l’idée que ce sont des zones à faibles enjeux pour le secteur privé, ce qui
laisse plus de marges de manœuvre pour le milieu associatif.
Dans ces zones, les terres sont fortement dégradées, soumises à la dégradation et une
accentuation de la désertification. Cela est en concordance avec les résultats de l’étude qui
montrent que les techniques telles que les cordons pierreux, les haies vives le zaï et les demi-
lunes sont plus diffusées dans ces zones, tandis que dans la zone soudanienne ce sont plus des
techniques de rotation / association de cultures qui sont les plus diffusées.
Face à ce constat, on peut s’interroger sur la nécessité d’expérimenter davantage les
techniques de l’agro-écologie dans la zone soudanienne où les conditions de production ont
des impacts environnementaux négatifs plus marqués qu’ailleurs et où le problème
d’intensification durable se pose avec acuité, au regard par exemple, des enjeux de la
production de coton pour le développement du pays.
Quels impacts des techniques diffusées sur l’amélioration de la durabilité des EAF?
L’analyse de l’impact des pratiques diffusées n’était pas l’objet central de cette étude (mais
plutôt pourquoi et comment les acteurs de l’accompagnement choisissent de diffuser telle ou
telle pratique). Cependant il est intéressant de noter la corrélation que font les acteurs de
l’accompagnement entre pratique diffusée et pratique adoptée. Une pratique semble être
diffusée quand on sait déjà qu’elle est adaptée (on ne s’attend pas à avoir des résultats
négatifs) ; par exemple, de nombreuses expérimentations ont montré que les techniques
CES/DRS ont un impact sur les rendements (Zombré 2003 ; Zougmoré al, 2004 ; Sawadogo
2006 ; Traoré 2006).
Ainsi tout est mis en œuvre sur le terrain pour que « ça marche » , faisant parfois fi des
conditions réelles d’adoption en milieu paysan, dans le contexte de l’unité familiale (cas par
exemple des expérimentations dans des parcelles de démonstration ou des stations qui ne
prennent pas en compte toutes les contraintes dans lesquelles les paysans doivent prendre leur
décision et agir). Cela ne permet jamais finalement de revenir sur les avantages et
inconvénients de telle ou telle pratique dans tel contexte, et donc les interventions ne peuvent
pas être vraiment remises en question.
On constate effectivement que la parcelle de démonstration, le champ école et
l’expérimentation constituent les formes d’outils d’accompagnement encore les plus utilisées
79
par les différents acteurs. Ils représentent en moyenne 51% des outils utilisés. Cela est
expliqué par le fait que les paysans sont moins alphabétisés et qu’il faut plus mener des
activités pratiques que théoriques avec eux. En marge, d’autres outils se développent : conseil
individuel, , mutualisation, échanges de pratiques, forums de discussion, formations adaptées
aux analphabètes…mais restent minoritairement appliquées
La fonction critique de l’agro-écologie : des pistes encore à explorer pour le Burkina
Selon Tilman, Casman et al. (2002) l’agro-écologie a une fonction critique : elle procède
d’une remise en question du modèle agronomique dominant basé sur l’utilisation intensive
d’intrants externes à l’agroécosystème. Ce mouvement a ainsi été amené à critiquer dans les
années quatre-vingt le rôle des institutions publiques de recherche agronomique (les "land-
grant universities") dans leur contribution à un modèle de développement - la révolution verte
- peu soucieux de l’impact social de certains choix techniques (Buttel, 2005). Cette question
n’a pas encore été soulevée au Burkina Faso et pourrait être une prochaine étape à franchir
pour amorcer la transition vers l’intensification écologique. ….
Cependant les acteurs de l’agro-écologie affirment que si leur courant est bien un moyen
d’intensifier durablement la production agricole au Burkina Faso ils ne parviennent pas à
imposer leurs vision et objectif sur l’ensemble du territoire en dehors de la zone soudano
sahélienne. On pourra l’expliquer par le déficit de moyens financiers et d’appui institutionnel.
En outre cela pourrait s’expliquer aussi par le fait que c’est un courant qui n’est pas du tout
soutenu par l’actuel gouvernement vu qu’elle était soutenue par le précédent pouvoir en place
qui l’avait positionné comme un mouvement agricole révolutionnaire. Alors elle voit ses
marges de manœuvre très limitée en dehors du soutien économique des bailleurs de fonds
étrangers. Selon Wright (2008) les mouvements sociaux latino-américains se sont saisis de
l’agro-écologie pour défendre un modèle alternatif de développement dont l’impulsion et la
raison d’être varient selon les contextes : contexte historique à Cuba lié à la chute du mur de
Berlin et l’arrêt du soutien massif de l’URSS ; contexte socio-environnemental au Brésil face
à la non résolution de la question agraire (Brandenburg, 2008) ; contexte politique au
Venezuela, en Bolivie et en Equateur face au Basculement à gauche des pouvoirs en place
(Altieri et Toledo, 2011). C’est ainsi qu’au coté d’Altieri, des personnalités telles que les
sociologues E. Sevilla Guzman (Institut sociologie Cordoue) et J. Van der Ploeg (Université
de Wageningen) sont les références qui permettent de penser l’agro-écologie comme
80
résistance à la pénétration du capitalisme et « ré-paysannisation » des enjeux de
développement (Ploeg, 2008 ; Sevilla Guzman, 2006).
81
CONCLUSION ET RECOMMANDATION
La recherche de pratiques agricoles durables et adaptées aux caractéristiques agro-écologiques
du pays et aux conditions socioéconomiques est un sujet qui suscite de l’intérêt auprès des
instituts de recherche comme l’INERA et de nombreux partenaires intervenant dans le
développement rural. Au Burkina Faso des alternatives aux techniques de production ayant
des effets négatifs sur l’environnement ne manquent pas afin d’aboutir à des modèles de
production plus écologiques, que ce soit des propositions techniques issues de la recherche
ou des propositions qui sont issue du milieu rural (savoir locaux).
Cette étude visait à identifier et caractériser les structures qui accompagnent les exploitations
agricoles vers l’intensification durable. La présente étude montre, la multiplicité et la diversité
des structures qui interviennent dans l’accompagnement vers des modèles de production plus
écologiques. Il existe des courants alternatifs au modèle conventionnelle qui sont l’agriculture
biologique, l’agriculture de conservation, l’agro-écologie, et ceux de l’agriculture durable.
Chaque groupe d’acteurs utilisent des démarches d’accompagnement et des outils
d’accompagnement plus ou moins spécifiques.
Il ressort de l’étude que l’intensification durable pourrait pallier à la problématique des enjeux
économiques des paysans (meilleure productivité du travail et des surfaces, la procuration de
revenus décent aux agriculteurs). L’adoption des courants alternatifs au modèle conventionnel
dans les zones de diffusion est possible, mais il ressort qu’il ya un besoin d’accompagnement,
avec changement dans la démarche et les outils d’accompagnement : remettre le paysan au
centre des actions, pour mieux prendre en compte les réalités locales.
De tout ce qui précède, on remarque que les trois hypothèses qui ont guidés l’étude sont
partiellement confirmées par les résultats de la recherche.
Pour ce qui est des discours, notre étude a vérifié notre hypothèse émise qui stipule que, les
discours changent beaucoup, contrairement aux pratiques d’accompagnement qui elles,
changent peu. En effet selon l’opinion des acteurs enquêtés (100%), il est urgent d’amorcer
une transition vers des modèles de production agricole plus écologique plus respectueuse des
fonctions de l’écosystème. Ils soutiennent cette position par la perception, l’explication des
effets négatifs des pratiques agricoles sur l’environnement, et les conditions difficile des EAF
face au modèle dominant (agriculture conventionnelle). Contrairement au discours dans les
pratiques il ressort de nos résultats que les offres diffusées auprès des EAF ont peu évolué.
82
Elles étaient déjà ancrées ou utilisées par les paysans depuis l’époque des années 60 et la
période des sécheresses pour faire face aux aléas climatiques.
La deuxième hypothèse qui prétend que les organismes traditionnels d’appui au
développement rural n’ont pas les marges de manœuvre nécessaires pour faire évoluer leurs
modèles d’intervention sur le terrain est partiellement confirmée. Ce sont des structures qui
sont faiblement insérées dans les dispositifs institutionnels d’appui à l’agriculture. En outre
les activités de ces structures traditionnelles dépendent en partie du soutien financier des
bailleurs de fond étrangers.
L’autre l’hypothèse quand à elle a été de vérifier que la mise en place de carte de répartition
spatiale des offres d’accompagnement comme outil permet de mieux comprendre les logiques
et les justifications d’interventions des structures. Les résultats obtenus nous montrent bel et
bien que la cartographie (l’analyse spatiale) nous confirme la nécessité de considérer la
mosaïque de zone agroécologique et que l’objectif d’une intensification ne peut pas être
appliqué de manière uniforme au sein de chaque zone. Il faut considérer la diversité des
systèmes de production.
Au terme de cette étude certaines pistes de recherche s’ouvrent dans le but d’amorcer une
transition vers des modèles de production plus écologiques au Burkina Faso. Il s’agit
notamment de :
- la co-construction d’innovation autour des dispositifs d’accompagnement basée sur de
nouveaux principes dans le secteur agricole ;
- la co-conception d’innovation sur le thème des systèmes de production qui intègrent
les savoirs locaux, qui s’appuie sur des outils pertinents pour faire des choix
techniques et s’insèrent durablement et sans dommage dans l’environnement des EAF.
83
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Points d’entrée pour la co-conception, le test et l’évaluation des systèmes à base d’AC ou
apparentés. Communication orale. 27 p.
88
ANNEXES
Annexe 1 : Guide d’entretien semi directif
Nom de la structure
Identité de l’enquêté
Nom et prénom :
Fonction : Formation :
PRESENTATION DE LA STRUCTURE, HISTORIQUE ET FONCTIONNEMENT
Statut ONG ONG international Association Service étatique Projet/
Programme
Date de création de la structure au Burkina : 1998
3-Quelle est la mission actuelles et les objectifs de votre structure ?
4- Est-ce que votre organisation porte des valeurs particulières ?
5- Pouvez vous nous retracez brièvement l’historique de votre structure? (= l’évolution des
activités, des objectifs)
6- Comment vous définiriez-vous votre structure ? :
Désignation Réponses
Structure d’appui conseil
Structure de formation
Structure de réseau
Structure de financement
Structure de production de connaissance
Structure de plaidoyer
Autres (préciser)
89
7- Quelle sont les sources de financement des activités de la structure?
8- Avez-vous des partenaires ? Si oui : cf. tableau, Si non pourquoi ?
DESCRIPTION DES PRINCPALES ACTIVITES EN LIEN AVEC L’APPUI A
l’INTENSIFICATION DURABLE
9- Quels sont vos domaines d’activités ?
Domaines d’activité Réponses
Agriculture
Elevage
Agroforesterie
Gestion des ressources naturelles
Transformation agricole
Gestion des territoires
10- Aire géographique d’intervention (à représenter sur la carte des provinces, avec dates des
projets et nature des interventions)
90
10-1 Dates de démarrage, origines et justification de ces activités d’appui aux agriculteurs en
lien avec l’intensification durable (amélioration de la production et protection de
l’environnement, produire durablement)
11- Dans ces zones, pensez-vous qu’il soit utile d’intensifier la production ? (insuffisance de
production agricole ? ou mauvaise répartition des récoltes ?)
13- Dans ces zones, pensez-vous qu’il soit possible d’intensifier durablement ? (càd
écologiquement)
14- Selon vous quels sont les impacts majeurs de l’agriculture sur l’environnement dans vos
zones d’intervention ?
Selon vous quelles sont les causes directes et indirectes ?
Causes directes Réponses Causes indirectes Réponses
Augmentations des terres
agricoles
Pression
démographique
Mauvaise utilisation des
intrants
Manque de terre
cultivable
Disparition des Jachères Accompagnement non
conforme aux besoins
des paysans
N°de
projet
(sur
carte)
Date Nom du
projet
Justification
(des lieux et
des activités),
objectifs
Nature des
interventions
91
15- D’après vous, de façon générale, quels sont les enjeux pour y arriver dans ces zones ? Les
principaux blocages ? Les solutions ?
16- Quelles sont les principales difficultés qui entravent l’atteinte de vos objectifs ?
(Difficultés à votre niveau)
Désignations Réponses
Insuffisance des ressources matérielles et
financières
Faible adhésion/affiliation du groupe cible
Déficit en ressources humaines
Manque d’information
Absence de concertation avec d’autres
acteurs
CARACTERISATION DES OFFRES TECHNIQUES ET /OU
ORGANISATIONNELLES
Offres techniques
17-Quels types de problèmes techniques rencontrent les paysans dans vos zones
d’intervention pour produire de façon durable ?
Quelles sont les techniques en lien avec l’intensification durable que vous diffusez ?
Description des
pratiques et
techniques promues
Origine (endogène,
introduite, savoirs locaux,
coproduite..).
Fertilité des sols
Economies d’eau
Lutte contre ennemies
92
des cultures
Semences
Quelle (s) sont les techniques qui ont le plus de succès (le plus d’adoption, d’adhésion...) ?
Quelle(s) sont les techniques qui rencontrent le plus de difficultés dans leur mise en œuvre ?
Quels sont les résultats au niveau des EAF, ya t-il réticences des EAF ?
Désignations Réponses
Trop de risques à prendre
Pas convaincu de l’intérêt
Pas de marges de manœuvre
Autres (Préciser)
Offres organisationnelles
18-Quels types de problèmes organisationnels rencontrent les paysans dans vos zones
d’intervention pour produire durablement ?
Quels sont les appuis organisationnels que vous enseignez aux paysans ?
Désignation Réponses
Aide à la structuration des OP, lien avec le marché
Aide à l’approvisionnement en intrants
Aide au stockage et commercialisation des produits
Aide à l’acquisition de connaissances, de compétences tk
Organisation locale des filières
93
MODELE D’INTERVENTION AUPRES DES PAYSANS OU DES COMMUNAUTES
RURALES
19- Public cible des interventions et Nombre de producteurs bénéficiaires
20- Types d’interventions et Méthodes, outils de vulgarisations utilisées
LA GESTION DES CONNAISSANCES ET COMPETENCES
Origines des connaissances transmises aux paysans
21- Comment acquérez-vous des références techniques agroécologiques :
Désignations Réponses Effectifs bénéficiaires
OP
EAF
Groupement de producteur ONG
Producteur individuel
Type
d’interventions
(Formation
animation
conseil
expérimentation
, atelier)
Objectifs
visés
Méthodes /outils de
vulgarisation /
supports
d’apprentissage
(Champs Ecole,
Parcelle D, Outils
Tic, , pooster,
tableau,….)
Contenu
techniques des
interventions
(pratique
diffusée /
expérimentées)
Type et
nombres de
Personnes
intervenants
Fréquences
des
interventions
94
Désignation Réponses
Séminaire
Structure Partenaire
Propre expérimentation
Co-élaboration avec les paysans sur la
base des savoirs locaux
Définies ailleurs
22- Evolutions des méthodes d’intervention :
Avez-vous changé, fait évoluer les méthodes d’intervention ? Si oui Comment ? et Pourquoi ?
Sinon qu’est ce qui marche bien dans la démarche d’intervention (outils d’accompagnement,
méthode)
PERCEPTION DES ENJEUX LIES AUX DIFFERENTS MODELES DE
DEVELOPPEMENT AGRICOLE
23- Est-ce que votre structure se revendique d’un courant particulier ? Si oui, lequel ?
24- Pouvez nous donnez une raison de votre appartenance a ce courant ?
25- Quels sont les principes fondamentaux du courant ?
26- Quels sont les principes fondamentaux du courant ?
Pouvez vous nous donnez une définition de ce courant ?
Selon vous quel (s) sont ses intérêts ou avantages dans le contexte burkinabé
Ce courant a-t-il des limites (contraintes, difficultés) ?
Si oui lesquelles ?
Si non pourquoi ?
95
27- Votre structure collabore telle avec d’autres structures évoluant dans le même courant
agricole que vous hormis celle citée ci-dessus ?
Si oui lesquelles ?
Structures Domaine d’activité Collaboration (formelle
ou non)
formel
28- Quelles sont les actions à menées pour promouvoir ce modèle agricole selon vous ?
29- Votre structure est –elle membre d’un réseau ?
Si oui :
Nom
du
réseau
Structures
adhérents
Date de
création
Objectifs
poursuivis
Activités
menées
Messages
échangés
et thèmes
abordés
Moyen
de
diffusion
des
messages
Fréquences
des
réunions
Si non, pourquoi ?
Désignation Réponses
Pas d’intérêt
Aucune information
Il n’en existe dans votre domaine
96
30- Votre structure est elle intéressée par la mise en place d’un réseau en lien avec le courant
dans lequel vous adhérez ?
97
Annexe n°2 : Caractéristiques des différentes des zones (Source ASAP / Cirad)
- Zone sahélienne (C1)
Cette zone et se caractérise par une faible pluviométrie. Elle appartient d’un point de vue climatique
au domaine sahélien. Sa végétation est dominée par les steppes arborées et arbustives et les fourrés
tigrés. Les sols, par ordre d’importance spatiale décroissante, sont les sols halomorphes à structure
dégradée, les sols peu évolués d’érosion sur matériaux gravillonnaire, les sols ferrugineux tropicaux et
les sols bruns eutrophes sur matériaux argileux et seul ces derniers surtout représentés dans la province
du Séno ont une potentialité agricole élevée. Sur une échelle de 1 à 5 nous estimons le potentiel
agricole de cette zone à 1
- Zone Centre Nord (C2)
Dans l’ensemble, la pluviométrie est légèrement plus élevée que celle de la zone sahélienne. La partie
nord de cette zone appartient d’un point de vue climatique au domaine sahélien et la partie sud au
domaine soudano-sahélien. Sa végétation est dominée par les savanes arbustives. Les sols, par ordre
d’importance spatiale décroissante, sont les sols peu évolués d’érosion sur matériau gravillonnaire, les
ferrugineux tropicaux et les sols hydromorphes minéraux à pseudogley. La potentialité agronomique
de ces deux derniers est moyenne (excès d’eau temporaires dans les sols hydromorphes). Sur une
échelle de 1 à 5 nous estimons le potentiel agricole de cette zone à 2 (pluviométrie moins
contraignante). Cette zone se caractérise par une densité de population très élevée, une emprise
agricole élevée.
- Zone ouest (C3)
Cette zone se caractérise par une pluviométrie plus favorable. La partie nord appartient d’un point de
vue climatique au domaine soudano-sahélienne et la partie sud au domaine soudanien. Sa végétation
est dominée au nord par des savanes boisées et arborées et au sud par des savanes boisées et des forêts
claires. Les sols se divisent en deux ensembles partagés par une diagonale orientée nord-est/sud ouest
passant par la ville de Bobo-Dioulasso. A l’est de cette ligne les sols, par ordre d’importance spatiale
décroissante, sont les sols ferrugineux tropicaux, les sols bruns eutrophes et les sols peu évolués
d’érosion sur matériaux gravillonnaire. Sur une échelle de 1 à 5 nous estimons le potentiel agricole
de cette zone à 4 (en raison d’une pluviométrie plus favorable pour la partie sud-est et pour la qualité
des sols dans la partie nord-ouest).
- Zone Extrême Ouest (C4)
Cette zone se caractérise par une pluviométrie encore plus favorable, que la précédente. Elle
appartient d’un point de vue climatique au domaine soudanien. Sa végétation est dominée par les
savanes boisées et les forêts claires, avec des ilots de forêts denses sèches. Les sols, par ordre
98
d’importance spatiale décroissante, sont les sols ferrugineux tropicaux, les sols hydromorphes
minéraux à pseudogley, les sols ferralitiques, les sols peu évolués d’érosion sur matériau
gravillonnaire, les sols bruns eutrophes. Les sols ont plutôt un bon potentiel agricole. ). Sur une
échelle de 1 à 5 nous estimons le potentiel agricole de cette zone à 5 (pluviométrie favorable, sols
ayant un bon potentiel agronomique
- Zone Extrême Sud (C5)
Cette zone se caractérise par une pluviométrie très favorable. Elle appartient d’un point de vue
climatique à la zone soudanienne. Sa végétation est dominée par les savanes boisées et les forêts
claires, avec des ilots de forêts denses sèches. Les sols, par ordre d’importance spatiale décroissante,
sont les sols ferrugineux tropicaux, les sols bruns eutrophes et les sols feralitiques. Les sols ont plutôt
un bon potentiel agricole. Sur une échelle de 1 à 5 nous estimons le potentiel agricole de cette zone à 5
(pluviométrie favorable, sols ayant un bon potentiel agronomique).
- Zone Centre Est (C6)
La partie sud de la zone est bien arrosée, en revanche dans la partie nord les pluies sont plus aléatoires.
La partie nord de cette zone appartient d’un point de vue climatique au domaine soudano-sahélien et la
partie sud au domaine soudanien. Sa végétation est dominée au nord par des savanes arbustives et au
sud par des savanes boisées et arborées. Les sols, par ordre d’importance spatiale décroissante, sont les
sols ferrugineux tropicaux, les vertisols, les sols peu évolués d’érosion sur matériau et les sols
halomorphes à structure dégradée. Le potentiel agricole de ces sols est moyen à bon. Sur une échelle
de 1 à 5 nous estimons le potentiel agricole de cette zone à 4 (pluviométrie assez favorable, sols ayant
un assez bon potentiel agronomique).
- Zone Est (C7)
Cette zone se caractérise par une pluviométrie moyenne. Elle appartient d’un point de vue climatique
au domaine soudanien. Sa végétation est dominée au nord par des savanes arbustives et au sud par des
savanes boisées et arborées. Les sols, par ordre d’importance spatiale décroissante, sont les sols peu
évolués d’érosion sur matériau, les sols ferrugineux tropicaux, les sols hydromorphes minéraux à
pseudogley, les vertisols et les sols bruns eutrophes. Sur une échelle de 1 à 5 nous estimons le
potentiel agricole de cette zone à 3 (pluviométrie moyennement favorable, sols ayant un assez bon
potentiel agronomique)
.
99
structure statut JUSTIFICATIONS de leurs actions en lien
avec l’intensif durable
Date de
création
Date du début
des activités
relevant de
l'ID
Position par rapport à
l’ID
Terre verte ONG la sauvegarde de l'environnement dans l'agriculture
sahélienne au Burkina Faso.
1989 1990
agroécologie
AVAPAS Association Faire de l’homme l’artisan de son propre développement en tant que concepteur acteur bénéficiaire, valorisation de
l’homme : intellectuel, technique, culturel beaucoup sur les savoir locaux autochtones) ; Contribuer à l’autosuffisance
alimentaire et la lutte contre la pauvreté au BF.
1991 1991
autre terre ONG Amélioration de la qualité de vie des populations locales visées dans le domaine de l’agroécologie et de
l’assainissement en milieu urbain; Développement, promotion et échange de valeurs et de pratiques relevant de
l’économie sociale et solidaire au Nord et au Sud
1980 1980
CEAS Association Apport de solution alternatives à la dégradation de l'environnement / la réduction de la pauvreté par la
promotion de petits acteurs économiques locaux
1981 1987
DIOBASS
Association Contribution au renforcement des mouvements paysans en renforçant leurs capacités d’analyse et d’organisation en vue
de mener des actions endogènes, répondant à leurs préoccupations ; promotion du développement local par
l’appui à la recherche action paysanne ; Défense des intérêts de nos membres, de l’Agriculture familiale.
1990 1990
AGED ONG Accompagner le processus de structuration et de développement des populations rurales qui valorise leurs
savoirs et savoir-faire; influencer les décisions politiques et économique dans le pays en matière de gestion des
ressources naturelles visant à améliorer de façon significative le niveau de vie des populations rurales; Stimuler la
promotion économique sociale et culturelle des populations rurales à travers leur participation libre et responsable au
processus de transformation qualitative de leur environnement; assurer l'action humanitaire dans les zones
vulnérables
2001 2001
Annexe 3 : structures identifiées, et leurs missions et orientations dominantes.
100
OCADES ONG contribuer au développement humain intégral des communauté les plus démunies et les plus défavorisées du
Burkina Faso
1998 2004 Agriculture durable
ODE ONG Promouvoir un développement durable avec les communautés de base en veillant à plus d'équité pour les groupes vulnérables; œuvrer au niveau local, national et
international pour la restauration de la dignité humaine à travers des actions de plaidoyer pour la promotion des droits
humains et de la démocratie
1972 2002
RMARP ONG renforcement des capacités sur les approches participatives ;
Mise en œuvre de projet participatif
1998 2004
SOS Sahel ONG cultiver l'esprit de solidarité national et international au
profit des populations défavorisées
1982 1984
programme coton
bio de l'UNPCB
Organisation
paysanne Défenses des intérêts des producteurs 1998 2004 Agriculture Biologique
ACT ONG Gestion durable des ressources naturelle (agriculture de
conservation), améliorer les conditions de vie des ménages
Au BF 2008 1998 Agriculture de
Conservation
INERA Institut de
recherche la formulat ion, l’exécution et la coordinat ion des recherches
environnementales et agricoles au Burkina.
CORADE Bureaux
d'étude
Emergence d’un label de qualité dans l’offre de services d’accompagnement des actions développement et dans l’offre de services dans les secteurs de l’agriculture, de la
gestion des ressources naturelles et de l’artisanat 2004 2002
Formation
Angakalanke Association Instruire et former les paysans
2000 2000