Caractérisation des œuvres baroques et classiques - 1

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Séquence II des esthétiques baroque et classique Art baroque Art classique

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Séquence II des esthétiques

baroque et classique

Art baroque Art classique

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Séquence II Objectifs

de la séquence

Art baroque Art classique

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Séquence II Plan du cours

Art baroque Art classique

D’hier…

… à aujourd’hui

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Séquence II Plan du cours

Art baroque Art classique

D’hier…

… à aujourd’hui

1. Caractérisation des deux

esthétiques

2. Deux grands Dramaturges

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0. Introduction historique

Art baroque Art classique

Barrocco est un terme portugais qui signifie…

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1. Caractérisation des deux esthétiques

Art baroque Art classique

Le Bernin, Statue de Louis XIV Girardon , Statue de Louis XIV

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1. Caractérisation des deux esthétiques

Art baroque Art classique

Rubens, St Georges à cheval R.-A. Houasse, portrait de Louis XIV

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1. Caractérisation des deux esthétiques

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Le Caravage, Conversion de St Paul P. Mignard, portrait de Louis XIV

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1. Caractérisation des deux esthétiques

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Le Bernin, projet pour une façade du Louvre Cl. Perrault, idem

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1. Caractérisation des deux esthétiques

Art baroque Art classique

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1. Caractérisation des deux esthétiques

Art baroque Art classique

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1. Caractérisation des deux esthétiques

Art baroque Art classique

Maître Corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage. Maître Renard, par l'odeur alléché, Lui tint à peu près ce langage : "Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau. Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau ! Sans mentir, si votre ramage Se rapporte à votre plumage, Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois." A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ; Et pour montrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. Le Renard s'en saisit, et dit : "Mon bon Monsieur, Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l'écoute : Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. " Le Corbeau, honteux et confus,

Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.

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1. Caractérisation des deux esthétiques

Art baroque Art classique Jean de Sponde, Stances de la mort

Je m’ennuie de vivre, et mes tendres

années, Gémissant sous le faix de bien peu de

journées, Me trouvent au milieu de ma course

cassé : Si ce n’est pas du tout par défaut de

courage, Mais je prends, comme un port, à la fin de

l’orage, Dédain de l’avenir pour l’horreur du passé.

Malherbe Consolation à M. du Périer

Ta douleur, du Périer, sera donc éternelle, Et les tristes discours

Que te met en l’esprit l’amitié paternelle L’augmenteront toujours ?

Le malheur de ta fille au tombeau descendue

Par un commun trépas, Est-ce quelque dédale, où ta raison perdue

Ne se retrouve pas ?

Je sais de quels appas son enfance était pleine, Et n’ai pas entrepris,

Injurieux ami, de soulager ta peine Avecque son mépris.

Mais elle était du monde, où les plus belles choses

Ont le pire destin ; Et rose elle a vécu ce que vivent les roses,

L’espace d’un matin.

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1. Caractérisation des deux esthétiques

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Quinault

Hier je servais un maître, aujourd’hui j’en suis un,

Hier j’étais en malheur, aujourd’hui dans la chance,

Hier je perdais Elise, aujourd’hui je fiance,

Hier j’attendais des maux, aujourd’hui des biens

Tout change enfin, Messieurs.

G. Durand, Stances à l’inconstance

Notre esprit n’est que vent, et comme un vent volage,

Ce qu’il nomme constance est un branle rétif ;

Ce qu’il pense aujourd’hui demain n’est qu’un ombrage,

Le Passé n’est plus rien, le futur un nuage,

Et ce qu’il tient présent il le sent fugitif.

Je peindrais volontiers mes légères pensées,

Mais déjà le pensant mon penser est changé,

Ce que je tiens m’échappe, et les choses passées,

Toujours par le présent se tiennent effacées,

Tant à ce changement mon esprit est rangé.

Boileau, Art poétique Enfin Malherbe vint, et, le premier en France,

Fit sentir dans les vers une juste cadence,

D’un mot mis en sa place enseigna le pouvoir,

Et réduisit la muse aux règles du devoir.

Par ce sage écrivain, la langue réparée

N’offrit plus rien de rude à l’oreille épurée.[…]

Marchez donc sur ses pas ; aimez sa pureté,

Et de son tour heureux imitez la clarté.

Si le sens de vos vers tarde à se faire entendre,

Mon esprit aussitôt commence à se détendre,

Et, de vos vains discours prompt à se détacher,

Ne suit point un auteur qu’il faut toujours chercher.

Il est de certains esprits dont les sombres pensées

Sont d’un nuage épais toujours embarrassées ;

Le jour de la raison ne le saurait percer.

Avant donc que d’écrire, apprenez à penser.

Selon que notre idée est plus ou moins obscure,

L’expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.

Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,

Et les mots pour le dire arrivent aisément.

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1. Caractérisation des deux esthétiques

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Jean Rousset, historien du XXe s.

Cette époque qui a dit et cru, plus que tout

autre, que le monde est un théâtre et la vie une

comédie où il faut revêtir un rôle, était destinée

à faire de la métaphore une réalité ; le théâtre

déborde hors du théâtre, envahit le monde, le

transforme en une scène animée par les

machines, l’assujettit à ses propres lois de

mobilité et de métamorphose. […]

Tout se meut ou s’envole, rien n’est stable, rien

n’est plus ce qu’il prétend être, les frontières

entre la réalité et le théâtre s’effacent dans un

perpétuel échange d’illusions et la seule réalité

qui demeure est le flot des apparences cédant à

d’autres apparences, semblables à l’eau du

fleuve dont les îles et les rochers sont plus

fugitifs que l’eau même.

Paul Hazard, historien de la littérature du

XXème

L’esprit classique, en sa force, aime la

stabilité : il voudrait être la stabilité même.

Après la Renaissance et la Réforme, grandes

aventures, est venue l’époque du recueillement.

[…] L’ordre règne dans la vie : pourquoi tenter,

en dehors du système clos qu’on a reconnu

pour excellent, des expériences qui remettraient

tout en cause ? On a peur de l’espace qui

contient les surprises ; et on voudrait, s’il était

possible, arrêter le temps. A Versailles, le

visiteur a l’impression que les eaux elles-

mêmes ne s’écoulent pas. […]

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Le Bernin,

Apollon et Daphné

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Ch. Le Brun, Chute des anges rebelles Rubens, Chute des anges rebelles

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N. Poussin,

Bergers en Arcadie

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Georges de la Tour,

La Madeleine à la veilleuse

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Cl. Gellée dit Le Lorrain,

Vue de Carthage avec Enée et Didon

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J.-B. Marino, Rimes, 1602

C’est une flèche, non une aiguille

Dont use à son ouvrage Celle que j’adore, nouvelle Arachné

d’amour: Alors qu’elle orne et brode le beau lin, Elle perce mon cœur, le point de mille

traits. Hélas! Ce beau fil rouge-sang

Que tire, coupe et noue, Affine, tourne et tord

La belle main de l’aimée, C’est le fil de ma vie.

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Le Caravage,

Tête de Méduse

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N. Poussin,

le Jugement

de Salomon

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Le Bernin

Girardon

Jean Varin

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William SHAKESPEARE, Roméo et Juliette: sc.1

BENVOLIO. - Amoureux ? ROMÉO. - Éperdu... BENVOLIO. - D'amour ? ROMÉO. - Des dédains de celle que j'aime. BENVOLIO. - Hélas ! faut-il que l'amour si doux en apparence, soit si tyrannique et si cruel à l'épreuve ! ROMÉO. - Hélas ! faut-il que l'amour malgré le bandeau qui l'aveugle, trouve toujours, sans y voir, un chemin vers son but !... Où dînerons-nous ?... ô mon Dieu !... Quel était ce tapage ?... Mais non, ne me le dis pas, car je sais tout ! Ici on a beaucoup à faire avec la haine, mais plus encore avec l'amour... Amour ! ô tumultueux amour ! ô amoureuse haine ! ô tout, créé de rien ! ô lourde légèreté ! Vanité sérieuse ! Informe chaos de ravissantes visions ! Plume de plomb, lumineuse fumée, feu glacé, santé maladive ! Sommeil toujours éveillé qui n'est pas ce qu'il est ! Voilà l'amour que je sens et je n'y sens pas d'amour... Tu ris, n'est-ce pas ? BENVOLIO. - Non, cousin : je pleurerais plutôt. ROMÉO. - Bonne âme !... et de quoi ? BENVOLIO. - De voir ta bonne âme si accablée. ROMÉO. - Oui, tel est l'effet de la sympathie. La douleur ne pesait qu'à mon coeur, et tu veux l'étendre sous la pression de la tienne : cette affection que tu me montres ajoute une peine de plus à l'excès de mes peines. L'amour est une fumée de soupirs ; dégagé, c'est une flamme qui étincelle aux yeux des amants ; comprimé, c'est une mer qu'alimentent leurs larmes. Qu'est-ce encore ? La folle la plus raisonnable, une suffocante amertume, une vivifiante douceur !... Au revoir, mon cousin. (Il va pour sortir )

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Jean RACINE, Andromaque, IV, sc. 5 - PYRRHUS, HERMIONE

PYRRHUS

Vous ne m'attendiez pas, Madame ; et je vois bien

Que mon abord ici trouble votre entretien. Je ne viens point, armé d'un indigne artifice, D'un voile d'équité couvrir mon injustice ; Il suffit que mon cœur me condamne tout bas ; Et je soutiendrais mal ce que je ne crois pas. J'épouse une Troyenne. Oui, Madame, et j'avoue Que je vous ai promis la foi que je lui voue. Un autre vous dirait que dans les champs troyens Nos deux pères sans nous formèrent ces liens, Et que, sans consulter ni mon choix ni le vôtre, Nous fûmes sans amour engagés l'un à l'autre ; Mais c'est assez pour moi que je me sois soumis. Par mes ambassadeurs mon cœur vous fut promis ; Loin de les révoquer, je voulus y souscrire. Je vous vis avec eux arriver en Epire ; Et quoique d'un autre œil l'éclat victorieux Eût déjà prévenu le pouvoir de vos yeux,

Je ne m'arrêtai point à cette ardeur nouvelle : Je voulus m'obstiner à vous être fidèle, Je vous reçus en reine ; et jusques à ce jour J'ai cru que mes serments me tiendraient lieu d'amour. Mais cet amour l'emporte ; et, par un coup funeste, Andromaque m'arrache un coeur qu'elle déteste. L'un par l'autre entraînés, nous courons à l'autel Nous jurer, malgré nous, un amour immortel. Après cela, Madame, éclatez contre un traître, Qui l'est avec douleur, et qui pourtant veut l'être. Pour moi, loin de contraindre un si juste courroux, Il me soulagera peut-être autant que vous. Donnez-moi tous les noms destinés aux parjures : Je crains votre silence, et non pas vos injures Et mon coeur, soulevant mille secrets témoins, M'en dira d'autant plus que vous m'en direz moins.

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Ecole française,

Louis XIV tenant les sceaux

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Rembrandt, Anatomie du docteur Tulp

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Le Caravage,

Dionysos Narcisse

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CLINDOR

Quoi ! monsieur, vous rêvez ! et cette âme hautaine,

Après tant de beaux faits, semble être encore en peine !

N’êtes-vous point lassé d’abattre des guerriers ? Et vous faut-il encor quelques nouveaux lauriers ?

MATAMORE

Il est vrai que je rêve, et ne saurais résoudre Lequel je dois des deux le premier mettre en

poudre, Du grand sophi de Perse, ou bien du grand mogor.

CLINDOR

Eh ! de grâce, monsieur, laissez-les vivre encor. Qu’ajouterait leur perte à votre renommée ? D’ailleurs, quand auriez-vous rassemblé votre

armée ?

MATAMORE

Mon armée ? Ah, poltron ! ah, traître ! pour leur mort

Mon courage invaincu contre les empereurs N’arme que la moitié de ses moindres fureurs ; D’un seul commandement que je fais aux trois

Parques, Je dépeuple l’État des plus heureux monarques ; La foudre est mon canon, les Destins mes soldats : Je couche d’un revers mille ennemis à bas. D’un souffle je réduis leurs projets en fumée ; Et tu m’oses parler cependant d’une armée ! Tu n’auras plus l’honneur de vois un second Mars ; Je vais t’assassiner d’un seul de mes regards, Veillaque : toutefois, je songe à ma maîtresse ; Ce penser m’adoucit : Va, ma colère cesse, Et ce petit archer qui dompte tous les dieux Vient de chasser la mort qui logeait dans mes yeux. Regarde, j’ai quitté cette effroyable mine Qui massacre, détruit, brise, brûle, extermine ; Et pensant au bel œil qui tient ma liberté, Je ne suis plus qu’amour, que grâce, que

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1. Caractérisation des deux esthétiques

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Michel Eyquem de MONTAIGNE (sde ½ XVIe s.), Essais, II, i.

CEUX qui s'exerçent à contreroller les actions humaines, ne se trouvent en aucune partie si empeschez, qu'à les rapiesser et mettre à mesme lustre : car elles se contredisent communément de si estrange façon, qu'il semble impossible qu'elles soient parties de mesme boutique. Le jeune Marius se trouve tantost fils de Mars, tantost fils de Venus. Le Pape Boniface huictiesme, entra, dit-on, en sa charge comme un renard, s'y porta comme un lion, et mourut comme un chien. Et qui croiroit que ce fust Neron, cette vraye image de cruauté, comme on luy presentast à signer, suyvant le stile, la sentence d'un criminel condamné, qui eust respondu : Pleust à Dieu que je n'eusse jamais sceu escrire : tant le coeur luy serroit de condamner un homme à mort. Tout est si plein de tels exemples, voire chacun en peut tant fournir à soy-mesme, que je trouve estrange, de voir quelquefois des gens d'entendement, se mettre en peine d'assortir ces pieces : veu que l'irresolution me semble le plus commun et apparent vice de nostre nature ; tesmoing ce fameux verset de Publius le farseur,

Malum consilium est, quod mutari non potest.

Il y a quelque apparence de faire jugement d'un homme, par les plus communs traicts de sa vie ; mais veu la naturelle instabilité de nos moeurs et opinions, il m'a semblé souvent que les bons autheurs mesmes ont tort de s'opiniastrer à former de nous une constante et solide contexture. Ils choisissent un air universel, et suyvant cette image, vont rengeant et interpretant toutes les actions d'un personnage, et s'ils ne les peuvent assez tordre, les renvoyent à la dissimulation. Auguste leur

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Simon-Renard de St-André

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Boileau, chantre du classicisme

Premier extrait

Durant les premiers ans du Parnasse françois,

Le caprice tout seul faisait toutes les lois ;

[…]

Villon sut le premier, dans ces siècles grossiers, Débrouiller l’art confus de nos vieux romanciers.

Marot bientôt après fit fleurir les ballades,

Tourna des triolets, rima des mascarades,

A des refrains réglés asservit les rondeaux, Et montra pour rimer des chemins tout nouveaux.

Ronsard, qui le suivit, par une autre méthode,

Réglant tout, brouilla tout, fit un art à sa mode,

Et toutefois longtemps eut un heureux destin.

Mais sa muse, en français parlant grec et latin,

Vit dans l’âge suivant, par un retour grotesque

Tomber de ses grands mots le faste pédantesque.

Ce poète orgueilleux, trébuché de si haut,

Rendit plus retenus Desportes et Bertaut.

Enfin Malherbe vint, et, le premier en France,

Fit sentir dans les vers une juste cadence,

D’un mot mis en sa place enseigna le pouvoir,

Et réduisit la muse aux règles du devoir.

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Boileau

Deuxième extrait

Quelque sujet qu’on traite, ou plaisant, ou sublime,

Que toujours le bon sens s’accorde avec la rime :

[…]

Au joug de la raison sans peine elle fléchit,

Et, loin de la gêner, la sert et s’enrichit,

Mais, lorsqu’on la néglige, elle devient rebelle ;

Et pour la rattraper le sens court après elle.

Aimez donc la raison : que toujours vos écrits Empruntent d’elle seule et leur lustre et leur prix.

Tout doit tendre au bon sens… La raison pour marcher n’a souvent qu’une voie.

Un auteur quelquefois, trop plein de son objet,

Jamais sans l’épuiser n’abandonne un sujet.

S’il rencontre un palais, il m’en dépeint la face ;

Il me promène après de terrasse en terrasse :

Ici s’offre un perron ; là règne un corridor ;

Là ce balcon s’enferme en un balustre d’or.

[…]

Je saute vingt feuillets pour en trouver la fin,

Et je me sauve à peine au travers du jardin.

Fuyez de ces auteurs l’abondance stérile,

Et ne vous chargez point d’un détail inutile.

Tout ce qu’on dit de trop est fade et rebutant :

L’esprit rassasié le rejette à l’instant.

Qui ne sait se borner ne sut jamais écrire.

[…]

Surtout qu’en vos écrits la langue révérée Dans vos plus grands excès vous soit toujours

sacrée,

En vain vous me frappez d’un son mélodieux,

Si le terme est impropre, ou le tour vicieux : Mon esprit n’admet point un pompeux barbarisme,

Ni d’un vers ampoulé l’orgueilleux solécisme.

Sans la langue, en un mot, l’auteur le plus divin Est toujours, quoi qu’il fasse, un méchant écrivain.

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Boileau

Deuxième extrait

Quelque sujet qu’on traite, ou plaisant, ou sublime,

Que toujours le bon sens s’accorde avec la rime :

[…]

Au joug de la raison sans peine elle fléchit,

Et, loin de la gêner, la sert et s’enrichit,

Mais, lorsqu’on la néglige, elle devient rebelle ;

Et pour la rattraper le sens court après elle.

Aimez donc la raison : que toujours vos écrits Empruntent d’elle seule et leur lustre et leur prix.

Tout doit tendre au bon sens… La raison pour marcher n’a souvent qu’une voie.

Un auteur quelquefois, trop plein de son objet,

Jamais sans l’épuiser n’abandonne un sujet.

S’il rencontre un palais, il m’en dépeint la face ;

Il me promène après de terrasse en terrasse :

Ici s’offre un perron ; là règne un corridor ;

Là ce balcon s’enferme en un balustre d’or.

[…]

Je saute vingt feuillets pour en trouver la fin,

Et je me sauve à peine au travers du jardin.

Fuyez de ces auteurs l’abondance stérile,

Et ne vous chargez point d’un détail inutile.

Tout ce qu’on dit de trop est fade et rebutant :

L’esprit rassasié le rejette à l’instant.

Qui ne sait se borner ne sut jamais écrire.

[…]

Surtout qu’en vos écrits la langue révérée Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée,

En vain vous me frappez d’un son mélodieux,

Si le terme est impropre, ou le tour vicieux : Mon esprit n’admet point un pompeux barbarisme,

Ni d’un vers ampoulé l’orgueilleux solécisme.

Sans la langue, en un mot, l’auteur le plus divin Est toujours, quoi qu’il fasse, un méchant écrivain.