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Mensuel de la Confédération paysanne Campagnes solidaires N° 307 juin 2015 – 5,50 – ISSN 945863 Dossier Sofiprotéol-Avril Un empire contre l’agriculture paysanne

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Mensuel de la Confédération paysanneCampagnes solidaires

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ISSN

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Dossier Sofiprotéol-Avril

Un empire contre l’agriculture paysanne

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2 \ Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015 Les textes publiés dans Campagnes solidaires peuvent être reproduits avec indication d’origine à l’exception de ceuxde la rubrique Point de vue qui sont de la responsabilité de leurs auteurs et pour lesquels un accord préalable

est requis. Campagnes solidaires est imprimé sur du papier recyclé

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Vie syndicaleUn nouveau secrétariat national

Actualité1 000 vaches Hécatombe à la ferme-usine

Du lait en déshérence

Pêcheurs et paysans pris dans les mêmes filets

Résistance vigneronne aux pesticides

Pour des Assises de la filière viande bovine

ESB Un long combat pour la vérité

Vers une AG nationale en 2016 sur les questions sociales

Point de vueL’emploi agricole en France : une situation préoccupante

difficile à inverser

InternationalesBrésil À la rencontre des paysans sans terre

Agriculture paysanneArdèche A l’assaut des plateaux ardéchois

Haute-Savoie Des chèvres oui, mais de Savoie !

TerrainHautes-Alpes, Gironde, Indre

CourrierLa Marne nourrit 10 millions de personnes ?

Point de vueL’« infranchissable » propriété privée

AnnoncesCulturePerrine et Charles Hervé-Gruyer Un livre de référence

sur la permaculture

Yves Garric Gilbert Espinasse, agriculteur de conscience

ActionLe Monde marche contre Monsanto

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SommaireDossier Sofiprotéol-Avril

Un empire contre l’agriculture paysanne

Chauffe la lutte, pas le climat ! Un rassemblement de plus ?Non, car si nous n’avons pas encore réussi à arracher l’aban-don du projet, abandon qui serait attesté par l’abrogation dela déclaration d'utilité publique ou le début du réaménage-ment de Nantes-Atlantique, la période actuelle, marquée parl’attente des rendus des recours, n’a rien de passive, et nousn’avons rien lâché sur le fond. Un de trop ?Oui, un de trop, car le projet aurait dû être abandonné depuislongtemps ! A quelques mois de la conférence de l'Onu sur leclimat, qui se tiendra près de Paris fin 2015, il est plus que tempsque les actes se conforment enfin aux discours politiques ! Nousl’exigerons ensemble, et notre rassemblement sera l’un desjalons importants sur le chemin de la COP21 : il n’y a pas deplanète B ! Freinons le réchauffement climatique ! Mobilisons-nous, et mobilisons autour de nous pour que laFrance annule le projet d’aéroport Notre-Dame-des-Landesavant la COP21 – www.notredamedeslandes2015.org

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Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015 / 3

Mensuel édité par : l’association Média Pays104, rue Robespierre – 93170 BagnoletTél. : 0143628282 – fax : 0143628003campsol@confederationpaysanne.frwww.confederationpaysanne.frwww.facebook.com/confederationpaysanneTwitter : @ConfPaysanneAbonnements : [email protected] de la publication :Laurent PinatelDirecteur de la rédaction :Christian BoisgontierRédaction : Benoît Ducasse et Sophie ChapelleSecrétariat de rédaction : Benoît DucasseMaquette : Pierre RauzyDessins : SamsonDiffusion : Anne Burth et Jean-Pierre EdinComité de publication :Jo Bourgeais, Michel Curade, VéroniqueDaniel, Temanuata Girard, Florine Hamelin,Sylvain Malgrange, Jean-Claude Moreau,Josie Riffaud, Geneviève Savigny,Véronique LéonImpression : Chevillon26, boulevard KennedyBP 136 – 89101 Sens CedexCPPAP n° 1116 G 88580N° 307 juin 2015Dépôt légal : à parutionBouclage : 28 mai 2015

Annie Sic,paysanne dans les Alpes-Maritimes,

secrétaire nationale

«« Il se passe quelque chose », comme en témoigne la vidéo réalisée pour la campagne« Envie de paysans » (1). Dans toutes les régions de France, les paysan.ne.s agissent,l’agriculture paysanne s’organise. Des projets de territoire, des fermes à taille humaine,des paysan.ne.s autonomes dans leurs prises de décision, qu’ils ou elles soient enfilières longues ou en circuits courts.

Parallèlement, des paysan.ne.s souffrent, tenté.e.s par cette transition vers un autremodèle agricole, mais piégé.e.s par le système qui pousse à toujours plusd’investissements, toujours plus de travail, privé.e.s de leur pouvoir décisionnel parla dérégulation des marchés, par une politique agricole qui favorise l’agrandissement.

Aux cotés de tou.te.s ces paysan.ne.s, face aux rouleaux compresseursdes multinationales et de leurs lobbies (privatisation des semences, financiarisationde l’agriculture et de l’alimentation, arrêt des quotas laitiers et sucriers, accaparementdes terres…), face à l’impuissance de notre ministre à freiner la disparitiondes paysan.ne.s, la Confédération paysanne agit !

Elle agit en portant un projet politique de développement de l’agriculture paysanneauprès des instances décisionnelles, pour une Pac plus juste, pour une régulation desmarchés… Elle agit aussi en dénonçant les fausses solutions contre le réchauffementclimatique, en luttant contre le Tafta, qui poussent encore à plus d’intensification. Elleagit, toujours dans l’intérêt des paysan.ne.s !

Elle agit quelquefois aux frontières de la loi, quand c’est le seul moyen de se faireentendre. Le 28 octobre 2014, le « procès des 1 000 vaches », suite judiciaired’une action symbolique de démontage organisée pour alerter les citoyen.ne.set les pouvoirs publics contre les dangers de l’agriculture industrielle, s’est soldé pardes condamnations à des peines allant jusqu’à 5 mois de prison avec sursis pour neufmilitant.e.s. Nous avons fait le choix de faire appel, de nous battre encore pourla liberté syndicale et pour les paysan.e.s. Ce procès en appel a lieu le 17 juin, à Amienset nous devons nous mobiliser en masse !

Agissons ensemble en montrant notre solidarité de paysan.ne.s, notre solidaritéde syndicalistes offusqué.e.s par la répression injuste que subissent ces neufsmilitant.e.s ! Agissons nombreux pour montrer notre détermination, notre refusde cette agriculture industrielle !

Tous à Amiens le 17 juin pour la relaxe des neufs militant.e.s ! Pour que l’inéluctabilitéde ce système cesse de régner sur l’inconscient collectif et que d’autres voies soientpossibles !

« Les résultats ne s’obtiennent que par l’action. Vous pouvez avoir une idéerévolutionnaire, si vous ne passez pas à l’action, ça ne restera qu’une idée. Agissez ! »(Mohandas Karamchand Gandhi)

(1) www.enviedepaysans.fr/categoryvideosil-se-passe-quelque-chose-2

On l’ouvreIl se passe quelque chose

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De gauche à droite sur la photo

• Michèle Roux, paysanne en Dordogne. Avec deux associés et deuxsalariés, elle élève des vaches laitières et cultive quinze hectaresde vignes en AOC Bergerac. Des chambres d’hôtes complètent l’ac-tivité de la ferme. À bientôt 60 ans, c’est son premier mandat desecrétaire nationale.

• Josian Palach, paysan dans le Tarn-et-Garonne. Sur le Gaec fami-lial à 3 associés, il élève des vaches laitières. Il est l’un des deuxreprésentants du syndicat au conseil d’administration de l’inter-profession laitière (Cniel) et retrouve le poste de trésorier au seindu secrétariat national de la Conf’ où il entame à 55 ans sondeuxième mandat.

• Annie Sic, paysanne dans les Alpes-Maritimes. Dans les mon-tagnes, au-dessus de Sospel, elle élève avec son mari des chèvreset des brebis laitières dont le lait est transformé sur place en fro-mages vendus en direct. Sur la ferme se trouve aussi un atelier dedécoupe collectif qui permet le conditionnement de la viande desagneaux, des chevreaux et des quelques porcs élevés là. A 54 ans,elle débute son premier mandat de secrétaire nationale, en tantque secrétaire générale.

• Laurent Pinatel, paysan dans la Loire. Sur sa ferme aux portes deSaint-Etienne où il s’est installé il y a vingt ans, il élève avec sa

sœur et deux salariés des bovins pour le lait et la viande. Une par-tie de la production est transformée et vendue en direct. A 44 ans,il entame son deuxième mandat de secrétaire national, au postede porte-parole.

• Judith Carmona, paysanne dans les Pyrénées-Orientales. Surun Gaec à quatre associés, son fils en cours d’installation etun salarié, elle élève des vaches allaitantes, des canards et despigeons, sur une ferme avec chambres d’hôtes, gîte et tablepaysanne en Accueil Paysan. Ancienne porte-parole régionalede la Confédération paysanne du Languedoc-Roussillon, elledébute à 54 ans son deuxième mandat de secrétaire natio-nale.

• Emmanuel Aze, paysan dans le Lot-et-Garonne. Arboriculteur, ilcultive un verger de dix hectares, sur lequel il produit des fruitsd’été (pêches et nectarines principalement, avec abricots et cerises)qu’il vend à 80 % en direct. A 40 ans, c’est son premier mandat ausecrétariat national.

• Mikel Hiribarren, paysan au Pays Basque. Avec ses deux associés,il élève des brebis dont le lait est transformé en fromage d’appel-lation Ossau-Iraty, produit des cerises noires d’appellation Itxas-sou et du piment d’Espelette. La production est vendue en direct.A 58 ans, il entame son deuxième mandat au poste de secrétairegénéral.

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Vie syndicale

Un nouveau secrétariat national pour la Confédération paysanne

Réuni les 20 et 21 mai pour la première fois suite à son élection au congrès de Saint-Jean-Pied-de-Port (Pays Basque),le comité national a élu en son sein le secrétariat national qui aura en charge durant les deux prochaines années la bonneexécution des décisions du comité, ainsi que l’animation et la gestion de la structure nationale du syndicat.

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Le ruraleurContre son campA l’ouverture de l’ExpositionUniverselle de Milan, le 1er mai,des manifestations ont dénoncéles soubassements d’un évé-nement au thème discutable :« Nourrir la planète – Énergiepour la vie ». En consultant lesite de l’Expo on y apprend que« d’après le protocole du BureauInternational des Expositions(BIE), une exposition universelleest une manifestation qui,quelle que soit sa dénomina-tion, a un but principal d’en-seignement pour le public, fai-sant l’inventaire des moyensdont dispose l’Homme poursatisfaire les besoins d’une civi-lisation et faisant ressortir dansune ou plusieurs branches del’activité humaine les progrèsréalisés ou les perspectivesd’avenir ». Ah bon?

Opération de prestige, l’Expoest un moyen de se tirer labourre entre nations parpavillons interposés. Il fautd’abord en imposer par l’ar-chitecture du pavillon. Mais lestemps ont évolué, les sponsorssont là : ils s’appellent, entreautres, Mac Do, Coca Cola…Les multinationales de l’agroa-limentaire sont donc venuespour éduquer le public au sensoù l’entendrait le BIE? Poser laquestion, c’est déjà yrépondre… Avec elles on peutêtre tranquilles : pas de pro-blèmes d’OGM, de justice dedistribution sur notre planète,etc.

« L’expo s’était fixé un objec-tif d’une rare ambition : s’in-terroger sur un thème crucial,nourrir la planète à l’avenir.Dans cette perspective, la pré-sence de McDonald’s res-semble à un retentissant butcontre son camp, et signifieque nous pourrons continuerà nous empiffrer », déclare l’or-ganisation Slow Food, très pré-sente en Italie. Pendant cetemps et ici, la vie continue :Xavier Beulin prépare son pro-chain Open AgriFood, « foruminternational de l’agricultureet de l’alimentation ». Ce seraà Orléans, en novembre. MacDo sera là…

20 mai 2015

Vie syndicale

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La Confédération pay-sanne, partie civile dansle procès des cotisationsforcées de Toulouse,dénonçait la manièredont trois associationsspécialisées de la Fnsea sefinançaient. En effet, deuxcoopératives retenaientdes sommes d’argent surles paiements des apportsdes paysans, pour finan-cer le syndicat. Ainsi, sansinformation préalable,tout adhérent aux coopé-ratives concernées setrouvait contribuer d’of-fice à une des sectionsspécialisées de la Fnsea :l’Association générale desproducteurs de maïs(AGPM), l’Associationgénérale des producteursde blé (AGPB) ou la Fédé-ration des oléo-protéa-gineux (Fop). Six millionsd’euros par an tombaientainsi dans les caisses dusyndicat agricole.

En novembre 2012,cinq dirigeants de coopé-ratives et de syndicats,dont Xavier Beulin,

avaient été poursuivissuite à une plainte de laConfédération paysanne.En janvier 2013, Le tri-bunal de Toulouse lesavait relaxés, mais leministère public avaitchoisi de faire appel.

Les magistrats ontconfirmé le 12 mai 2015la relaxe, après le procèsen cour d’appel à Tou-louse, le 30 mars. Lesjuges ont indiqué, pour

relaxer de recel les sec-tions spécialisées de laFnsea, qu’elles pouvaientne pas connaître le carac-tère forcé des cotisations.Comment peut-on êtreen responsabilité dans unsyndicat et ne pasconnaître ses adhérents?Quels que soient lesarguments, la libertéd’adhésion ou de non-adhésion à un syndicatest un choix et un droit.

La Cour européenne desdroits de l’Homme a déjàcondamné plusieurs paysqui ne respectaient pas ledroit de non-adhésion àun syndicat profession-nel. La Confédérationpaysanne entend biensaisir toutes les possibi-lités judiciaires pour fairecesser des pratiques illé-gitimes.

(communiqué du 13/5)

Relaxe pour les cotisations forcées à la FnseaLa cour d’appel de Toulouse a confirmé le 12 mai la relaxe des responsables des coopérativescéréalières poursuivies pour un système de cotisations forcées au bénéfice de la seule Fnsea.

La Confédération paysanne devant la cour d’appel de Toulouse, le 30 mars. L’avocat général, GillesNeyrand, avait estimé qu’il y avait bien des « pratiques anormales » et « opaques », qui permet-taient « de longue date » à la Fnsea « de bénéficier d’un puissant mécanisme de financement »,évoquant une « discrimination au sens littéral et littéraire du terme ». Mais le magistrat a consi-déré que les éléments au dossier étaient « insuffisants pour caractériser l’infraction pénale ».

Une pétitionde grande ampleurcontre les fermes-usinesPlus de 190 000 signataires ! La péti-tion « Contre l’élevage de masse » estun énorme succès, un des plus fortobtenu par une démarche de la sorte cesdernières années. Lancée en février surle site de pétitions en ligne Avaaz – quisignifie « voix » dans plusieurs languesd’Asie, du Moyen-Orient et de l’Europede l’Est –, à l’initiative de l’eurodéputéJosé Bové et le concours de la Confé-

dération paysanne, elle pose un nouvel acte fort dans la mobilisation de la société contre une industrialisation del’agriculture qui va à l’encontre de ses besoins, demandes et intérêts.La liste des signataires a été remise au ministère de l’Agriculture le 27 mai, en main propre à Philippe Mauguin,directeur de cabinet de Stéphane Le Foll, par Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, MichelDupont, assistant parlementaire de José Bové, et Marie Yared, responsable des campagnes d’Avaaz en France. Uneriche discussion s’en est suivie avec le cabinet du ministre, à quelques jours du procès en appel des « 1 000 vaches »à Amiens.

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ÉcobrèvesTerrena

a un appétit d’ogreAprès avoir annoncé la ferme-ture d’une usine à poulets dansla Sarthe – reprise à la dernièreminute par le groupe Casino,avec tout son personnel – Ter-rena, appuyé par le groupeSofiproteol (cf. dossier) prendle contrôle du volailler Doux,avec 52 % du capital. Douxavait frôlé la faillite en 2012(1000 salariés licenciés quandmême), mais aurait retrouvéla santé en se spécialisant dansle poulet export congelé, expé-dié vers le Moyen-Orient. Legroupe emploie encore plus de2300 salariés et apportera unediversification à Gastronome,la filiale de Terrena, numéro 2de la volaille label en Francederrière LDC.

Abattre des poulets d’à peineun mois pour les expédier englaçons à des milliers de kilo-mètres, est-ce bien en phaseavec le concept d’« agricultureécologiquement intensive »cher à Terrena ?

Terrena, encoreBoulimique à souhait, Terrenaabsorbe (pardon : « accueillel’adhésion de ») la Cam, Coopé-rative des agriculteurs deMayenne, « petite » coop voi-sine avec ses 4 000 adhérents,564 salariés et 304 millionsd’euros de chiffre d’affaires.Ses activités vont être confon-dues avec celles de Terrena, quien est à 22 000 adhérents,12 159 salariés et 4,7 milliardsde chiffre d’affaires… Terrenane prend pas de risque: la situa-tion de la Cam est parfaite-ment saine. Souhaitons auxadhérents de la Cam qu’il ensoit de même pour eux…

Porc : les promoscassent les prix

Les grandes surfaces pratiquentde plus en plus les promotionsdéfiant toute concurrence,notamment en viande porcine.À tel point que des clients nes’approvisionnent plus qu’aumoment des promos. De pas-sage en Bretagne ce mois-ci,Stéphane Le Foll a annoncé qu’il«pourrait prendre un décret pourréduire l’écart entre les rabais etles prix habituels ». Il avait déjàannoncé un arrêté limitant lespériodes de promotion… quitarde à venir. L’asphyxie des éle-veurs se poursuit, elle.

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Actualité

6 \ Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015

1 000 vaches Hécatombe à la ferme-usineLes services de l’État et

le promoteur de la ferme-usinedes 1 000 vaches, à Drucat(Somme), tournent autour

du pot mais ne démentent pasle très fort taux de mortalitédes animaux depuis l’arrivée

en septembre dernierdes premières vaches.

Depuis le 12 septembre2014, date à laquelle les180 premières vaches sont

arrivées en catimini dans la nuit,ce ne sont pas moins que 135 ani-maux qui seraient morts dans laferme-usine où près de 500 sontà ce jour (mi-mai 2015) enfer-més. Une véritable hécatombe, àlaquelle aucun éleveur ne pourraitsurvivre moralement et économi-quement. Combien de vaches oude veaux sont morts exactement ?Nous n’en savons rien, mais lechiffre de 135 souvent cité enpublic n’est pas démenti nicontesté, pas plus de la part desautorités préfectorales que du pro-moteur de l’usine, Michel Ramery,laissant ainsi toute suspicion surl’état général du troupeau et letype de problème sanitaire ren-contré.

Dès le début, nous avions desinformations faisant état de grosproblèmes. D’abord Ramery lui-même qui justifiait devant lesmédias, ce 12 septembre 2014,devoir investir rapidement sesnouveaux bâtiments à cause desurmortalités dans les deux éle-vages qu’il exploitait en amont,en attendant. De plus, quelqueséleveurs qui avaient pu visiter lesinstallations en octobre 2014avaient été stupéfiés de voir desanimaux en très mauvais état, trèsmaigres. Pour eux, il s’agissait vrai-semblablement de paratubercu-lose, maladie qui explose aprèsdes stress (transports, mélange detroupeaux…)

Dans nos arguments développéscontre ce projet, nous avions bienpointé le risque encouru d’unetelle concentration d’animaux surun même site. Mais nous étionsbien loin d’imaginer une telle héca-

tombe, et en si peu de temps !Alors, à quoi peut-on imputercette mortalité qui atteint 26 % ducheptel, et même 35 % d’aprèsnos dernières informations ? Carrien ne s’est arrangé ces dernièressemaines. C’est en tout cas ce quenous avons pu constater lors denotre visite du 5 mai, à Drucat, oùnous étions venus pour une confé-rence de presse à quelquessemaines du procès en appel des 9poursuivis par la justice.

MéprisPersonne n’a pu entrer pour voir

les vaches, mais nous sommes loinde penser que la problématiqueserait due au « microbisme » et aumélange d’animaux provenantd’autres cheptels, comme on vou-drait bien nous le faire croire. Lesdéfenseurs du projet n’ont sur-tout pas intérêt à divulguer ce quise passe dans les bâtiments, bienà l’abri des regards extérieurs. Onsuppose qu’à l’intérieur cela doitplus ressembler à un camp mor-tifère qu’à un élevage bénéficiantde toute la technologie high-tech !

Ce 5 mai, une rencontre avec lesous-préfet d’Abbeville et le direc-teur de cabinet de la préfète de laSomme ne nous a pas rassurés.Nous avons pu mesurer une foisde plus le mépris à l’égard de laConfédération paysanne, ainsi qu’àl’égard des représentants de l’as-sociation Novissen(1), avec le rejetde notre demande à faire partie

– en tant qu’experts – du comitéde suivi qui se met en place, oùnous retrouvons la chambre d’agri-culture et les services de l’État.« Faites-nous confiance ! » Maisaucune réponse n’est donnée ànos questions lors de cette entre-vue. Rien ne viendra empêchernos dénonciations, ni nos craintes.Pire : nous avons le sentiment,permanent et tenace, que depuisle début l’ensemble des services del’État sont et restent tout acquis auprojet de la ferme-usine des1 000 vaches, et que malgré tousles éléments négatifs évidents, rienpour l’instant n’arrive à ébranlerleur conviction. Ils continuent àsoutenir et à porter à bout de brascette folie. Mais jusqu’à quand ?

Comment ne pas se rendre à l’évi-dence du « 2 poids 2 mesures »?D’un côté le laisser-faire des auto-rités locales, pendant que nous,éleveurs, sommes confrontés, dèsqu’un problème survient sur nosfermes, à la pression de l’admi-nistration qui n’hésite pas à mettresous séquestre des élevages pourbien moins que ce qui se passedans l’usine des 1000 vaches. n

Antoine Jean, paysan dans le Nord,

porte-parole de la Confédération

paysanne du Nord-Pas-de-Calais

(1) L’association a été créée localement le17 novembre 2011, à l’annonce du projet deferme-usine des 1 000 vaches, à Drucat(Somme). Son nom est l’acronyme de NOsVIllages Se Soucient de leur Environnement –www.novissen.com

Salle de traite de l’usine aux 1 000 vaches. Un taux de mortalité de 26 % aurait étécommuniqué lors de la réunion de l’instance locale d’information et de suivi (ILIS) del’exploitation agricole, le 7 avril. Michel Welter, responsable de la ferme-usine, mini-mise dans la presse locale : « Nous avons regroupé plusieurs élevages. Il y a des échangesde microbes et cela augmente toujours la mortalité. »

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Greenpeace dénonceles pesticides

Dans un rapport intitulé« Santé » et rendu public le12 mai, Greenpeace recense160 publications qui mettenten cause l’effet nocif des pes-ticides, notamment sur la santédes agriculteurs et de leursfamilles. Selon l’ONG, l’inha-lation fréquente de pesticidesest la cause de nombreux casde cancers, Parkinson, mala-dies neurologiques et autrestroubles sexuels, plus fréquentschez les agriculteurs et leurenvironnement.

À l’inverse, le collectif « Sau-vons les fruits et légumes »dénonce « l’omerta sur les pes-ticides » et affirme que lesagriculteurs ont moins de can-cers et de maladies cardio-vas-culaires que la moyenne, etqu’ils vivent plus longtemps…

Il est sûrement plus prudentde souscrire aux revendicationsde Greenpeace qui demande lasuppression progressive despesticides chimiques, l’amé-lioration de l’évaluation desrisques et plus de recherchesur l’agriculture écologique.Plus sûr pour vivre encore pluslongtemps en bonne santé !

Pesticides : plainte pour homicides

La fille d’un vigneron borde-lais décédé d’un cancer en2012, cancer reconnu maladieprofessionnelle, attaque en jus-tice les fabricants de pesticideset les services de l’État pour« abstention délictueuse etdélit de tromperie ». En cause :l’utilisation par le vigneron,durant toute sa carrière, d’ar-séniate de sodium, dont la dan-gerosité est reconnue depuis1955, le produit étant interditen Grande-Bretagne depuis1961. « Mais en France, il n’a été

retiré qu’en 2001 », s’insurge laplaignante, Valérie Murat. Elles’attend à une longue bataillejudiciaire : « Au moins dix ans,

mais je veux alerter les profes-

sionnels et consommateurs ».Côtés professionnels, tout lemonde n’est pas disposé àentendre…

Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015 / 7

Actualité

Selon le journal Les Échos (2),Agrial a décidé de ne plusutiliser le lait de la ferme-

usine des 1 000 vaches de Dru-cat (Somme) pour la fabricationde yaourts, fromages blancs etcrème. Elle le revendrait direc-tement à d’autres transforma-teurs. Sans doute au coup parcoup, en fonction des opportu-nités.

C’est ce que confirme le suivid’un camion de lait, fin avril, pardes opposants à la ferme-usine. Lecamion est arrivé à destinationdans le nord-ouest de la Belgique,chez Limelco.

Comme nombre d’unités belgesde transformation, Limelco est aucœur de la bataille de concen-tration de la filière en Europe,surtout au Nord de l’Union euro-péenne. La société fait partie dugroupe laitier Incopack quicompte déjà quatre entreprises ;elle a signé en 2013 un premieraccord avec le néerlandais Fries-

landCampina, « visant à adapterl’achat de lait belge aux besoinsactuels des deux entreprises lai-tières ». FrieslandCampina ? Pre-mière coopérative européenne,c’est le cinquième acteur laitiermondial, 11,4 milliards d’eurosde chiffre d’affaires en 2013. EnBelgique, c’est déjà 1 200 « col-laborateurs » et quatre sites deproductions propres. Un modèlepour certains.

Deux fois moinsd’éleveurs laitiersen Belgique en 13 ans

« La Belgique est idéalement pla-cée pour les industriels laitiers euro-péens », commente GwenaëlleMartin, chargée de mission enpolitiques agricoles à la Fédéra-tion unie de groupements d’éle-veurs et d’agriculteurs (Fugea),syndicat paysan wallon, membreaux côtés de la Confédérationpaysanne de la Coordinationeuropéenne Via campesina

(ECVC). « On assiste à une trèsforte concentration des outils deproduction et de transformation,avec des acteurs venus des gros payslaitiers voisins : Allemagne, Pays-Bas, France et Danemark. Il n’y apas que FrieslandCampina. Cesdeux dernières années, Arla Foodsa acheté deux laiteries en Wallo-nie. » Arla Foods est un groupecoopératif basé au Danemark, leplus grand producteur de pro-duits laitiers en Scandinavie, déjàissu de la fusion de la coopéra-tive suédoise Arla et de la sociétédanoise MD Foods.

Les conséquences sontlogiques : « Depuis le début del’année, le prix du lait baisse enBelgique, constate GwenaëlleMartin. Ce n’est peut-être pas qu’àcause de ces phénomènes de restruc-turation-concentration, mais ils ysont sans doute pour beaucoup.Nous en sommes rendus à 24 cen-times le litre payé au producteur (3).Et si le volume global produit dansle pays est stable, le nombre d’éle-veurs fournisseurs des laiteriescontinue de chuter. Il n’y en avaitdéjà plus que 8 453 en Belgique en2013, contre 17 639 en 2000. Deuxfois moins… »

Dans cette région au cœur del’Europe où le lait circule en toussens entre les pays, celui de laferme des 1 000 vaches prend saplace dans un monde dont ellese veut pionnière. Dans unelogique de concentration desoutils de production et de trans-formation, sous le commande-ment et dans l’intérêt des plusgros acteurs de l’industrie agro-alimentaire. n

Benoît Ducasse

(1) Agrial est un groupe coopératif agricole etagroalimentaire normand créé le 21 juin 2002par la fusion de trois coopératives : Agralco,Coop Can et Orcal. Il compte 10 000 agricul-teurs adhérents.(2) Édition du 21 avril.(3) En France, le prix du lait baisse aussi depuisle début de l’année, mais il reste – pour l’ins-tant - aux alentours de 30 centimes le litre.

Du lait en déshérenceLa ferme-usine des 1 000 vaches est sous contrat avec le groupe coopératif Agrial pour la collectede son lait (1). Mais, sous la pression des consommateurs, les enseignes de la distribution n’en veulentpas, ce qui perturbe le circuit de transformation du lait.

Entre-soi amiénoisRecours juridique majeur pour les opposants, crucial pour les promoteurs :le permis de construire et l’autorisation d’exploiter initiaux de la fermedes 1 000 vaches étaient sur la sellette le 26 mai au tribunal administra-tif d’Amiens.Conflits d’intérêts, étude d’impact bidon, rétention d’information de la pré-fecture (le dossier financier n’est toujours pas parvenu aux opposantsmalgré l’ordre d’exécution officiel), un des plus grands méthaniseur indus-triel d’Europe sous un régime fiscal et sanitaire agricole, une autorisationd’exploiter donnée à un magnat du BTP, les titres de propriété non pré-sentées pour les parcelles où le méthaniseur sera construit, on en passe.De l’avis de tous les avocats et juristes : du jamais vu.Et pourtant… Entre lenteur et détours, il a fallu attendre des mois, alorsque l’instruction du dossier était finalisée, pour avoir une audience.Jusque-là les tensions étaient palpables entre le président du tribunalet le rapporteur public. Et ça n’a pas loupé : le matin même de l’audience,les opposants apprennent que le rapporteur public – sur ces dossiersdepuis des années – M. Therain, ne l’est plus. Et comme de par hasard,la plaidoirie du nouveau rapporteur à l’audience sera intégralementpro-Ramery.Nous sommes donc pessimistes sur l’avis du juge qui sera rendu sousquinzaine (étonnamment, quelques jours avant le procès des 9 militantsde la Conf’…). Délai de délibéré plus que rapide, selon le Syndicat de laMagistrature. Cependant les opposants gardent la possibilité de faire appel,pour une nouvelle audience, dans un délai de quelques mois seulement.L’occasion de sortir de l’entre-soi amiénois ?

Pierre-Alain Prévost

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ÉcobrèvesViande de cheval :

nouveau trafic

Cette fois il ne s’agit pas d’un

problème d’étiquetage, mais

de santé publique. Le 24 avril,

l’Eurojust (coopération judi-

ciaire de l’UE) annonçait le

démantèlement d’un réseau

de trafic de viande de cheval.

Sept pays sont en cause, dont

la France. Il s’agit de l’abattage

pour consommation de che-

vaux de loisirs en fin de carrière,

bourrés de médicaments, ren-

dant la viande impropre à la

consommation. Le chef de

réseau serait belge, mais les

chevaux étaient abattus en

France, puis intégrés dans la

chaîne alimentaire dans diffé-

rents pays d’Europe. Dix inter-

pellations de maquignons et

trois de vétérinaires ont eu lieu

dans les Ardennes, mais

d’autres aussi en Allemagne et

au Pays-Bas. Le trafic était

juteux : l’animal était vendu

5 à 700 euros , ce qui est à l’in-

verse le prix à payer pour le

passage par équarrissage… Si

vous avez une fièvre de cheval,

mangez un steak aux antibio-

tiques !

Le tourisme à bon dos

Une proposition de loi UMP,

soutenue par le gouvernement,

sur l’intrusion dans un site

nucléaire a été adoptée. Toute

intrusion sera passible d’une

amende de 15 000 euros et

d’un an de prison, de

45 000 euros et 3 ans de pri-

son si c’est en groupe ou

accompagné de dégradation.

La loi classifie les installations

nucléaires « zone de défense

hautement sensible », ce qui

autorise les gendarmes à faire

usage de leurs armes. Les par-

lementaires écologistes dénon-

cent « un texte qui vise les

militants et lanceurs d’alerte ».

Quant à Greenpeace, auteure

de plusieurs actions récentes

visant des centrales et ciblées

par cette loi, l’ONG affirme :

« Nous poursuivrons nos

actions ». La répression est-

elle la seule réponse pour le

gouvernement à la remise en

cause du nucléaire ?

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rèv

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8 \ Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015

Actualité

Le congrès de la Confédérationpaysanne au Pays Basque,

fin avril, a été l’occasionde constater les ravages

de l’industrialisationde la pêche et le lien évident

avec ce qu’est en train de vivrel’agriculture.

Xavier Martiarena a étépêcheur à Saint-Jean-de-Luz pendant 37 ans. Au

début de son activité, le portcomptait 1300 pêcheurs ; aujour-d’hui ils ne sont plus que 150,auxquels s’ajoutent quelquesbateaux franco-espagnols pêchantsur les quotas français.

À l’époque, des scientifiques pré-tendent encore que les ressourcesde la mer sont inépuisables. Unepolitique de développement, avecforce subventions, est alors miseen œuvre : nouveaux ports, nou-velles infrastructures, nouveauxbateaux (avec une « prime à lacasse » pour accélérer le renou-vellement), filets de grandeampleur, subvention du gasoil…Les structures deviennent surdi-mensionnées face à la ressourcelimitée. Le développement deschaluts pélagiques (pêche nonsélective) est une catastrophe,cause d’une diminution drastiquede la ressource et de la chute desprix du poisson payé auxpêcheurs.

Une correspondance claire peutse faire avec la production laitière,notamment : plus on fait devolume, plus le prix baisse. Pour-tant l’Europe vient de supprimerles quotas laitiers; les lobbies conti-nuent à œuvrer à l’augmentationdes quotas de pêche. Dans les deuxsecteurs, la répartition pose pro-blème : les gros armateurs détien-nent 90 % des quotas de pêche.

La concentration de l’activité estégalement comparable à l’activitéagricole: moins de ports, moins debateaux (mais de plus en plus gros),moins de pêcheurs et moins d’uni-tés de transformation. Les quelques

ateliers de salaison restants sontessentiellement en Bretagne.

Le métier de pêcheur n’attireplus les jeunes qui ne peuvent pasreprendre de gros chalutiers, neveulent pas partir plusieurs joursen mer et travailler jour et nuit. Ilen est de même en agriculture : lesjeunes ne veulent pas s’installer surde grosses fermes, crouler sous letravail et les investissements.

Rentabilité et subventions

Les responsables politiquesreconnaissent que les chalutiersde moins de 12 mètres sont plusrentables, tout comme les petitesfermes sont plus rentables que lesgrosses. Malgré cela, ce sont lesgros qui continuent à être sub-ventionnés. On n’ose pas parler derentabilité, on préfère parler dechiffre d’affaires… L’agricul-ture/pêche industrielle n’est com-pétitive que par sa capacité à cap-ter les subventions.

La Commission européennecommence à prendre consciencede l’ampleur du problème. La nou-velle politique commune de lapêche (PCP) préconise le soutiende la petite pêche côtière, de proxi-mité, des bateaux de moins de

12 mètres, le maintien des petitsports. Mais la France se distingue :elle a une vision très « indus-trielle » de la pêche, avec un lobbypuissant bien en cour. Elle consi-dère comme artisanal un bateaupélagique allant jusqu’à 24 mètresde long, alors que l’Europe s’ar-rête à 12 mètres de long.

Un récent rapport remis à laministre de l’Écologie et du Déve-loppement durable – dont dépendaujourd’hui la pêche – préconiseaux pêcheurs de se regrouper ensociété pour acheter de nouveauxbateaux, mieux équipés, pour êtreplus « performants ». Il en est demême en agriculture : le ministreconseille aux paysans de se regrou-per pour être plus compétitifs.

Malheureusement, les petitspêcheurs restants ont du mal às’organiser pour défendre leursdroits. Pourtant, ils pourraientattaquer la France sur sa politiquede la pêche, en totale inadéqua-tion avec le celle préconisée parl’Europe.

La pêche a vécu l’industrialisa-tion à son paroxysme. L’agriculturevoit ce qui l’attend si nous n’agis-sons pas rapidement ! n

Caroline Collin animatrice national

du pôle « Politiques agricoles »

Pêcheurs et paysans pris dans les mêmes filets

Le 21 avril, à Saint-Jean-de-Luz, rencontre entre le pêcheur Xavier Martiarena, Lau-rent Pinatel, porte-parole national de la Confédération paysanne, et Arno Cachenautmilitant paysan fondateur d’ELB, syndicat basque membre de la Confédération pay-sanne.

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Actualité

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es Écobrèves

Les « mauvaisesherbes » résistent

au glyphosateAux États-Unis, la résistance des« mauvaises herbes » dans leschamps de maïs, notammentau glyphosate, l’herbicide duRound up, le produit phare deMonsanto, a augmenté de 50 %en 4 ans. Et qui publie cetteinformation? Le groupe suisseSyngenta! Pas pour dénoncerles OGM, bien sûr, mais pourannoncer le lancement d’unnouveau produit miracle«capable d’améliorer la maîtrisede plus de 70 mauvaisesherbes ». Jusqu’à ce que cesplantes résistent à leur tour etqu’un concurrent trouve un nou-veau truc. C’est curieux, enFrance où on n’utilise pasd’OGM dans les champs, on neparle pas de mauvaises herbesdevenues à ce point résistantes…

Encore une amendepour entente

La loi de la concurrence inter-dit qu’on se mette d’accord surles prix entre partenaires d’unemême production. Ainsi21 volaillers écopent d’uneamende totale de 15,2 millionsd’euros pour, entre 2001et 2007, s’être concertés surles prix à demander à la grandedistribution en raison de lagrippe aviaire, puis de la haussedes prix des céréales. Selon l’Au-torité de la concurrence,l’amende – rendue publique le6 mai – a été fortement atté-nuée, du fait d’une concertationau grand jour, à la différencedu cartel laitier il y a quelquessemaines (cf. brèves d’avril), etavec l’engagement de mettre enplace une interprofession dansles dix-huit mois (avec la par-ticipation de la distribution quirechigne à jouer le jeu). Quantaux « super-centrales d’achat »,le président de l’Autorité a misen garde les dirigeants deshypermarchés, mais il semblemoins prompt à prendre dessanctions.

Affligeant !Selon un sondage BVA, lors desprochaines élections présiden-tielles en 2017, 36 % des agri-culteurs voteraient Marine LePen,contre 24% pour l’ensemble desFrançais. A force de monter lespaysans contres les directiveseuropéennes notamment, beau-coup de dirigeants profession-nels – même s’ils ne souhaitentpas cette évolution – sont com-plices de cette situation.

Jo Bourgeais

Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015 / 9

« Cher Thibault, tu as refuséde traiter ta vigne avec desinsecticides pour lutter

contre la flavescence dorée. Tu asfait ce choix en opposition auxobligations préfectorales qui t’im-posaient ce traitement. Ce 19 mai,tu es convoqué devant la justice.

Ces méthodes brutales ne résol-vent pas les problèmes de conta-mination dans la vigne, mais par-ticipent à l’empoisonnement del’environnement et des hommesqui y vivent. Refuser de mettre enœuvre ces arrêtés est un acte decourage.

La Confédération paysannedénonce depuis longtemps l’ab-

surdité de ces traitements insec-ticides obligatoires qui dévastentdes départements entiers depuisplus de vingt ans, alors que lacicadelle et la flavescence doréesont toujours là. La cicadelle n’esten effet qu’un facteur secondairede la propagation de la maladie.Ce sont d’abord les plants conta-minés vendus aux viticulteurs parcertains pépiniéristes qui l’instal-lent dans les vignes. Face à ceconstat, nous savons que le trai-tement à l’eau chaude est efficacepour assainir les plants, mais lesgrosses pépinières françaises neveulent pas le rendre obligatoire

parce qu’il réduit le taux de reprisedes plants les plus faibles. Grosexportateurs auprès de pays quirefusent pour la plupart les plantsnon chauffés, elles écoulent ainsisur le marché français les plantsqu’elles devraient jeter si ellesétaient obligées de les chauffer.

Face à ce scandale sanitairegénéré par de bas intérêts com-merciaux, la Confédération pay-sanne revendique des solutionspaysannes pour ne pas générali-ser l’utilisation obligatoire de pes-ticides. La gestion sanitaire d’unemaladie ne peut pas se faire dansl’unique objectif d’éradication duparasite. Cependant, les dégâts

que peut causer un parasite peu-vent obliger à la mise en placed’un plan de lutte, géré de manièrecollective. Dans le cas de la fla-vescence dorée il existe plusieursoutils, qui mis en œuvre demanière globale, permettent decontenir la maladie : obligation detraitement des plants à l’eauchaude, surveillance attentive desvignes, arrachage immédiat detout plant présentant le moindresymptôme et traitement ne dépas-sant pas l’aire de vol des cicadelles.Cette démarche est menée avecsuccès depuis plusieurs annéesdans le Nord Vaucluse à l’initia-

tive de militants de la Confédéra-tion paysanne. Les alternativesexistent donc et ton combat les metà nouveau en lumière, comme l’afait aussi récemment EmmanuelGiboulot.

La Confédération paysanne nepeut accepter qu’un paysan qui faitun choix éclairé soit poursuivi parla justice. Ainsi, par ce courrier,nous t’apportons notre soutienplein et entier. Ce n’est pas la pre-mière fois et ne sera pas la dernièrefois qu’un paysan qui souhaitemettre en avant une autre agri-culture est réprimé.

Parce que nous estimons qu’elleest à même de répondre aux

enjeux sociaux, envi-ronnementaux et sani-taires exprimés parl’ensemble de lasociété, nous nous bat-tons pour que les pay-san.ne.s puissent pra-tiquer une agriculturepaysanne, alliée de lanature. Ce sont doncaussi des actionscomme celles que tumènes qui nous per-mettent à nous tous depoursuivre nos com-bats et revendiquer lestransformations éco-

nomiques et politiques nécessairesà l’existence d’une agriculture res-pectueuse des humains et de lanature. La Confédération paysannene faiblira pas face à ceux qui vou-draient faire de l’agriculture unfournisseur comme un autre deproduits marchands sans consi-dérations pour les impacts néga-tifs que cela engendre.

Grâce à toi, la problématique dela flavescence dorée va être unenouvelle fois posée devant un tri-bunal. Notre syndicat est mobiliséà tes côtés. » n

Les paysans et paysannes

de la Confédération paysanne

PesticidesRésistance vigneronne aux pesticidesVigneron en bio en Bourgogne et Beaujolais, Thibault Liger-Belair était convoqué au tribunalcorrectionnel de Villefranche-sur-Saône (Rhône) le 19 mai. Son délit ? Refus de traitement pesticidecontre la flavescence dorée. Le procès a été reporté en novembre. La Conf’ lui avait écrit son soutien.

Thibault Liger-Belair. AprèsEmmanuel Giboulot il y aquelques mois (relaxé en appel),un deuxième vigneron bio estpoursuivi en justice pour avoirrefusé de traiter ses vignes avecdes pesticides contre la flaves-cence dorée.

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Actualité

10 \ Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015

« Monsieur le Ministre,

Considérant que :• les cours volatils de la viande bovine ne peuvent rémunérer

de façon pérenne les éleveurs ;• dans la nouvelle Pac, de nombreux producteurs de viande bovine

vont voir leur niveau d’aides diminuer alors que leurs revenus sontparmi les plus faibles du secteur agricole ;

• les difficultés de transmission dans la filière viande bovine sontparticulièrement prégnantes ;

• la succession de plans d’urgence ne répond pas à la crise struc-turelle du secteur. La réforme des cotations, le plan compétitivité,la mise en place d’une cellule export, l’observatoire des prix etdes marges sont des tentatives avortées pour construire un ave-nir serein à la filière bovine.

La Confédération paysanne souligne que :• les systèmes ultra-spécialisés et les ateliers de grande dimen-

sion sont plus vulnérables car plus exposés aux aléas extérieurspar manque d’autonomie.Ils ne doivent plus êtreconsidérés comme unmodèle à développer et àgénéraliser par les respon-sables politiques et agri-coles ;

• en tant que ministre,vous ne pouvez certes pasdécider des prix mais vousêtes en capacité d’orienterles politiques publiques,notamment la Pac, pourfavoriser la transition néces-saire dans l’organisation dela filière ;

• une part importante dela production française estde qualité haut de gammegrâce au travail des éle-veurs, mais une meilleuremise en adéquation de laproduction et de laconsommation est à pour-suivre ;

• dans une Europe légèrement déficitaire en viande bovine,l’avenir des producteurs passe par la mise en œuvre de politiquespubliques de gestion commune des marchés et de la productionde viande, harmonisées au niveau européen, et non par uneconstante guerre de compétitivité ;

• en revanche, cette concurrence destructrice est bien présenteà l’exportation sur le marché mondial. La filière viande bovine euro-péenne, déjà fragile, nécessite pour son avenir un abandon immé-

diat des négociations d’accords de libre-échange avec les États-Unis et le Canada.

Parmi les syndicats représentatifs, seule la Fnsea, via la FNB, aété conviée à la table ronde du 12 mai 2015. La FNB ne proposequ’une fuite en avant des volumes de production qui entraîne uneposition de force des abattoirs et de la grande distribution pournégocier les prix, une standardisation de la viande et un désinté-rêt croissant des éleveurs croulant sous le travail et sans revenu.Le simulacre de résultats de cette table ronde est amer pour leséleveurs en droit d’attendre mieux qu’une cogestion qui tourneen rond.

Une stratégie globale doit être redéfinie, en révisant notamment« la solution miracle » de l’export et en prenant à bras-le-corpsla question du renouvellement des générations. A notre grand désar-roi, les systèmes naisseurs-engraisseurs sont laissés de côté et tou-jours aucune politique d’engraissement digne de ce nom ne pointeà l’horizon en France.

Pour la Confédération paysanne, cette table ronde aurait dûdéboucher sur une réflexion de filière aboutissant à rémunérer

dignement le travail des éle-veurs pour un certainvolume de production paractif. C’est une remise encause totale de la filière quidoit être engagée, aveccomme objectif une garan-tie de prix de vente supé-rieurs aux coûts de pro-duction, au minimum surun semestre, voire un an etnon de simples ajustementsconjoncturels.

L’avenir du monde ruralet celui de la production deviande bovine passent parle maintien de tous les pro-ducteurs dans les territoires,y compris défavorisés, etune reconquête de leurautonomie par les paysans.

Au regard de ce constatd’échec, nous vous deman-dons la tenue d’assises pourune remise à plat complète

de la filière bovin viande. Pour que les éleveurs tirent un revenudavantage par les prix, un débat sans tabou doit s’ouvrir avec tousles acteurs de la filière.

Monsieur le Ministre, nous attendons de vous des engagementsforts. » n

Laurent Leray,

secrétaire national en charge du Pôle Élevage

Laurent Pinatel, porte-parole

Viande bovinePour des Assises de la filière viande bovineLes éleveurs subissent depuis des mois une baisse sensible de leur revenu : il faut sortir de l’impasse la filière de la viandebovine. C’est le sens des arguments et propositions formulés dans une lettre ouverte adressée le 20 mai par la Confédérationpaysanne au ministre de l’Agriculture.

Selon l’Observatoire des prix et des marges, en 2014, les prix de la viande à la production ontbaissé de 6 à 8 %, alors que les prix au détail étaient en « hausse modérée » de 1 %. Unetable ronde à Paris, le 12 mai, réunissant le ministère de l’Agriculture et la filière de la viandebovine (où seule la Fnsea – FNB – représentait les éleveurs), n’a pas permis de trouver unesortie de crise. « Ce n’est pas le ministre qui décide des prix ! Face à cette crise que traversentles éleveurs, il nous faut un sursaut collectif ! », a déclaré Stéphane Le Foll. Il a donné un moisaux acteurs de la filière pour renouer le dialogue et apporter des solutions à la détresse desproducteurs.

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Actualité

Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015 / 11

Paul Vieille est paysan en Vendée.A l’initiative d’un collectif d’éleveursdont les troupeaux ont été abattus lorsde la crise de la vache folle, il a menéun long combat pour faire reconnaîtrela responsabilité de son fournisseurd’aliment pour bétail. Combat qui s’estachevé en février.

Paul Vieille arrête là. Quinze ans aprèsl’abattage de tout son troupeau aprèsque l’encéphalopathie spongiforme

bovine (ESB) a frappé une de ses vaches,après douze ans de procé-dure pour tenter de démon-trer la responsabilité de sonfournisseur d’aliment dansla contamination de l’ani-mal. En février dernier, lacour d’appel d’Angers l’adébouté de ses poursuites àl’encontre du groupe coopé-ratif Terrena dont un de sesmembres fondateurs, laCaval, était le vendeur del’aliment concerné.

Mais quel combat duranttout ce temps! En juin 2000,Paul constate que l’une de sesvaches a un comportementsuspect. « Je vendais déjà dela viande en direct. C’était unsamedi après-midi, je voulaisen avoir le cœur net, j’ai déposé au chargeurla vache dans la bétaillère, direction le labodépartemental. On était en pleine crise de lavache folle. la vache a été euthanasiée à mademande et son tronc cérébral envoyé à Lyon.Résultat positif. Conformément au règlementde l’époque, tout le troupeau a été abattu. Sije n’avais rien fait, la vache serait morte à laferme, et envoyée à l’équarissage. Les testsn’étant pas encore en application, je n’auraispas eu de vache folle… »

Face au gâchis, Paul refuse d’en rester là.Les éleveurs sont montrés du doigt, or l’hy-pothèse de la contamination par l’alimen-tation fournie par les marchands spéciali-sés est solide, les contaminations ne sontpas liées aux pratiques des éleveurs.

Paul enquête, discute avec un scienti-fique, Jean-Louis Thillier, qui le persuadede suivre la piste des graisses animales.Quand un bovin développe une ESB, c’estdans la graisse de la colonne vertébrale etdu crâne que se trouve le prion. A l’équa-rissage, les graisses sont filtrées après cuis-

son et servent à la fabrication des granu-lés et lait en poudre donnés aux veaux. Letemps d’incubation est long, la maladie sedéclare cinq ou six ans plus tard. La vachede Paul est contaminée, jeune, en 1994.À l’époque, des milliers de veaux sontimportés de Grande-Bretagne, foyer de lamaladie. Nombreux étant porteurs sains,leurs carcasses se retrouvent au final dansle processus de fabrication des graisses etfarines animales,

Première étape : faire comprendre les spé-cificités de l’ESB. Dès 2000, une première

réunion aux Herbiers, en Vendée, réunit950 personnes. Puis Paul Vieille prend sontéléphone. Pendant des jours, il appelle deséleveurs dont les troupeaux ont été abattus.Il les trouve par des témoignages, des articlesde journaux. Il les trouve aussi souvent endépression. Il en contactera plus de 500, sur1300 recensés ! Un collectif, « Vérité ESB »,est constitué, qui deviendra à la fois syndi-cat et association pour notamment ester enjustice. Premier objectif : remettre en causel’abattage total. Là, le combat sera gagné,au Conseil d’État, en 2003.

Mais Paul va plus loin. Trois ans après,l’indemnité qu’il a reçue de l’État en 2000ne suffit pas – loin de là – à régénérer lerevenu perdu, ce qui légitime sa poursuitede Terrena au civil, comme fournisseurd’un aliment contaminé ayant provoquéun cas d’ESB sur sa ferme. « Terrena s’éton-nera que le complément indemnitaire ne soitpas demandé à l’État. Est-ce à travers l’État,à la collectivité de payer pour des fautes pri-vées ? », commente Paul.

Mais comment prouver la responsabilitédu marchand d’aliment ? Terrena s’en sor-tira au bénéfice du doute. 1994, c’est trèsloin. Le groupe coopératif a affirmé que lesgraisses qu’il mettait dans ses aliments àcette époque étaient d’origine végétale. Il n’apu le prouver, mais l’éleveur n’a pas non pluspu prouver que les graisses étaient d’origineanimale. Pourtant, il a été très loin, long-temps. Un premier procès au tribunal degrande Instance de Nantes, un autre devantla cour d’appel de Rennes qui juge l’actionprescrite. Ce jugement sera cassé par la

Cour de Cassation. D’où unnouveau jugement, cette foisdevant la cour d’appel d’An-gers, en février 2015…

« Au bout des procédures, jevoudrais retenir deux ou troischoses, conclut Paul Vieille. Lapremière, c’est la force d’ungroupe. Je n’ai pu faire tout çaque parce que j’avais avec moiles amis éleveurs du collectif,ma famille, mes clients en ventedirecte et mes copains du syn-dicat. Ils m’ont rassuré, y com-pris dans la prise en charge: aufinal, j’ai dû payer12000 euros, 7000 à Terrenacomme dommage et intérêts,et 5000 en frais de procédure.J’ai porté au nom de tous ce

que je considère comme un combat de société,pas un combat corporatiste.

La seconde, c’est l’inégalité des moyens. Jecotise, et Terrena cotise aussi, auprès de Grou-pama pour l’assistance juridique. Or elle m’atoujours été refusée, alors que dans le mêmetemps, Groupama a pris en charge les fraisengagés par Terrena pour se défendre (expertset avocats) !

Enfin, avec tous les éleveurs qui se sont asso-ciés à la démarche, nous continuerons à fairepasser le message auprès de nos collègues,celui de la nécessaire reconquête de son auto-nomie et de sa responsabilité.

Personnellement, cette épreuve a accéléré l’évo-lution de ma ferme. J’étais déjà en bio, mais depuis2006, nous avons développé la transformationlaitière et l’autonomie alimentaire du troupeau.Le résultat est économiquement et syndicalementsatisfaisant: en 2000, j’étais seul à travailler, avec35 vaches laitières. Aujourd’hui, sur la mêmeexploitation, nous sommes 5 (2 associés et 3salariés), avec 50 vaches. » n

Benoît Ducasse

ESB Un long combat pour la vérité

Paul Vieille dans la cave d'affinage de ses fromages. Il a développé la transformation à laferme de son lait depuis 2006. « L'épreuve » de l'ESB est passée par là...

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Actualité

12 \ Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015

Les contraintes de la vie syndicale, lesréunions internes et externes, la réformede la Pac, la défense des productions

ne bénéficiant pas d’une juste rémunéra-tion du travail, l’industrialisation de l’agri-culture, absorbent le temps syndical. Si laConfédération paysanne est la seule à pou-voir et vouloir défendre un modèle socialreposant sur la solidarité, la répartition, lajustice, le temps manque pour approfondirle travail. Le contenu social de nos reven-dications, dans l’expression publique, restebien présent : cotisants solidaires, surprimeaux premiers hectares, aide aux petitesfermes, refus de planchers d’accès aux aides,accès au foncier pour les porteurs de petitsprojets, agriculteurs en difficulté, reforme dela fiscalité, trop défavorable à l’emploi, main-d’œuvre migrante, plafonnement des aides…Mais les revendications sur l’ensemble desacquis sociaux et de la couverture sociale sontdevenues peau de chagrin.

La motion adoptée par le congrès affirme:« Non seulement, les retraites paysannessont en deça du minimum vieillesse, maiselles se dégradent continuellement. Avecune revendication à 85 % du smic, les pen-sions sont passées en dessous de 75 %.Entre 2007 et 2012, au moment du départà la retraite, pour l’ensemble des autresrégimes, les pensions ont progressé de183 euros pour les femmes, et de 206 eurospour les hommes, parce qu’indexées sur lesmic, alors qu’en agriculture, cette pro-

gression est de seulement 43 euros pour lesfemmes et 36 euros pour les hommes, parceque les pensions sont indexées sur l’indicedes prix. Le décrochage se poursuit. »

Autres combats à amplifier, dit la motion :« les compléments de retraite (PMR1etPMR2, points de RCO gratuits), ne sontaccessibles qu’aux carrières complètes,pénalisant femmes et aides familiaux, etdevraient être proratisés. Le coefficientd’adaptation annule les points acquis parl’allongement de la durée des cotisations etaurait permis une revalorisation des pen-sions. Le coefficient de minoration ôte 5 %de la retraite par année manquante, et lecomplément « 3 enfants » est proportion-nel au montant la pension, donc très défa-vorable aux retraites paysannes. Parallèle-ment, la plage des 30 points « retraite »acquis, que l’on ait 7 688 euros ou 16496euros de revenu, et voulue pour imposerun peu de solidarité au sein du régime agri-cole, est devenue la cause de l’évasion fis-cale et sociale. Puis le plafonnement des coti-sations de la retraite proportionnelle a38040 euros fait perdre des recettes à notrerégime de protection sociale ».

Autre chantier, « la couverture maladie,aujourd’hui largement financée par la soli-darité nationale pour les plus bas revenus(CMU) et les ayants droit (ensemble de lafamille pour une cotisation), devrait évo-luer vers un financement par la CSG etpermettrait une diminution de 800 à

1000 euros annuels par cotisants. Ce seraitune forme de soutien aux petites exploita-tions et aux cotisants solidaires qui accè-dent au statut d’exploitant agricole, et à l’ins-tallation. Puis l’énorme question des paysanset paysannes sans revenu, dont les pro-ductions sont en crise, et qui doivent acquit-ter leurs cotisations ; nous devons cher-cher de nouveaux contributeurs, coupablesde l’effondrement des prix (grande distri-bution, amont et aval de l’agriculture) pourfinancer la nécessaire solidarité. »

Le Cice (crédit impôt-compétitivité), favo-risant le salariat plutôt que les formes asso-ciatives, reste incitatif au développementde pratiques industrielles, au détriment del’agriculture paysanne.

Dans les soutiens, un rapport du Conseild’analyse économique appelle à refonderl’assurance-maladie, rappelant que le trai-tement « assurance santé et complémen-taire » entraîne un surcoût de 8 % (dos-siers à reprendre deux fois). Puisl’économiste Piketty qui alerte les déci-deurs politiques sur l’aggravation des dis-parités, le fossé béant entre ceux qui acca-parent les richesses et les exclus, et menacele vivre ensemble.

Un objectif majeur pour la Confédérationpaysanne : que tous les actifs, et pas seule-ment les retraités, se remotivent pour cettegrande cause sociale. Une grosse année detravail syndical pour une grande AG ! n

Christian Boisgontier

Social Vers une AG nationale en 2016 sur les questions socialesPar 243 voix pour, zéro contre et deux abstentions, le congrès de la Confédération paysanne, réuni au pays Basque les 22 et 23 avril, a acté sa volonté de consacrer l’assemblée générale nationale 2016 aux grandes questions socialesconcernant le monde paysan.

La retraite, mais pas seulement : les revendications sur l’ensemble des voletssociaux et de la couverture sociale doivent être revisitées et approfondies.

Page 13: Campagnes solidaires - confederationpaysanne.frconfederationpaysanne.fr/.../Campagnes_Solidaires_307.pdfCampagnes solidaires • N 307 juin 2015 / 3Mensuel édité par: l’association

Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015 / I

Le « boss » de Sofiprotéol. Nous savions, depuis 40 ans, que le petit monde des céréaliers détenait le contrôle politique de la Fnsea,

mais stratégiquement, offrait la présidence à des éleveurs. La lettre de mission des Lacombe, Guyau, Lemétayer (qui n’ont jamais

eu besoin de jouer des coudes pour être élus) était d’abord « l’unité syndicale », afin qu’aucune décision ministérielle ne se prenne

sans l’aval du syndicat. Puis, de façon inattendue, a été choisi bien autre chose qu’un syndicaliste, bien plus qu’un céréalier : un homme

d’affaires, qui a construit son empire non pas dans la production mais dans l’agro-industrie.

Avec un énorme talent, il a roulé les inspecteurs des finances de Bercy et les décideurs politiques sur l’intérêt économique, éner-

gétique et environnemental des agrocarburants, qu’il continue d’appeler les « biocarburants ».

Sur la liste des visiteurs du soir de l’Élysée, il sauve le taux d’incorporation de 7 % dans l’éner-

gie fossile destinée au transport, malgré les demandes de réduction du Parlement européen.

Mais le boss est aussi vice président du Copa-Cogeca, la « Grosse Bertha » du syndicalisme

agricole européen, sans lequel rien ne se décide. Leur position est sans nuance : « Toute réduc-

tion des objectifs visant a promouvoir l’utilisation des biocarburants provenant des grandes

cultures nuirait à la croissance et à l’emploi, ainsi qu’aux objectifs énergétiques et climatiques,

et poserait problème pour l’approvisionnement en aliment des animaux ».

Croissance, emploi, climat : il sait les mots qui vont faire mouche près des acteurs politiques

en déshérence intellectuelle, alors que tout est tronqué et qu’il se veut l’avocat de l’industriali-

sation de l’élevage, des accords de libre-échange, de l’arrivée des fonds d’investissement dans la

production, de la nécessaire augmentation de la production pour nourrir le monde.

Il se sait puissant, il vend du rêve, de l’illusion aux paysans, mais la compétition gagnante

ne sera pas dans la production. Voici tout un dossier sur l’empire Sofiprotéol-Avril pour

le faire savoir au plus grand nombre.Christian Boisgontier

Sofiprotéol-Avril Un empire contre l’agriculture paysanne

Dossier

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Comprendre la construction de l’em-pire Sofiprotéol-Avril implique desaisir l’ampleur réelle du soutien que

les collectivités publiques accordent depuisplus de dix ans à la filière oléagineuse. QuandXavier Beulin arrive à la tête du groupe en2000, les agrocarburants ne sont pas encoreofficiellement « compétitifs ». Il faut trou-ver une solution pour vendre le Diester (1). Larecette? Des cadeaux fiscaux accordés parle gouvernement sous prétexte que « lafilière représente plusieurs milliers d’em-plois ». La taxe intérieure de consommation(TIC, ex TIPP) payée par le consommateurva être reversée au fabricant d’agrocarbu-rants. Sofiprotéol va bénéficier en 2003d’une « défiscalisation » de 0,35 euro parlitre de Diester. Sept ans plus tard, l’inspec-tion générale des finances évalue, dans unrapport sur les niches fiscales, le coût annuelde cette exonération partielle de TIC sur lescarburants à 643 millions d’euros.

Vient ensuite la Taxe générale sur lesactivités polluantes (TGAP) en 2005 : l’in-corporation d’agrocarburants devient obli-gatoire dans le gasoil vendu à la pompe.Les distributeurs de carburants sontcontraints d’acheter ces esters d’huile àdes sites de productions bénéficiant d’unagrément. Et jusqu’en 2007, seuls les sitesde Sofiprotéol/Diester industries bénéfi-cient d’un agrément ! « Sofiprotéol netolère aucun concurrent sur le territoirenational, explique Patrick Sadones, pay-san en Seine-Maritime qui travaille beau-coup sur l’arnaque des agrocarburants.Et les distributeurs de carburants ont dûpayer 880 euros le mètre cube de Diestervendu par Sofiprotéol, contre 360 eurospour un mètre cube de gasoil. » L’affaireest juteuse. Selon Henri Prévost, Ingé-nieur général du corps des mines, les nou-velles usines d’estérification sont amor-ties en deux ans… (2)

Un rapport de la Cour des comptes de2012 estime que l’exonération fiscale dontbénéficient les producteurs de biodiesel acoûté à l’État plus de 1,8 milliard d’eurosentre 2005 et 2010. Sur la même période,les investissements productifs de la filièreavoisinent les 500 millions d’euros… Ils ontdonc été remboursés près de 4 fois par lescontribuables français ! Le gouvernementAyrault a pourtant décidé fin 2012 de renou-veler pour 3 ans les agréments qui permet-tent aux producteurs français d’agrocarbu-rants de bénéficier de cette défiscalisationmassive. La situation française pose claire-ment la question des conflits d’intérêts entreélites économiques et politiques. Le gou-vernement promet que ce dispositif s’étein-dra fin 2015. A bon entendeur… n

Sophie Chapelle

(1) Diester, formé par la contraction de diesel et ester, estune marque déposée dès 1990 par Sofiprotéol.(2) L’optimisation du dispositif de soutien à la filière bio-carburants, novembre 2005.

Comment s’est construit l’empire Sofiprotéol-Avril

II \ Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015

Dossier

Diester Ces politiques publiques qui ont enrichi Sofiprotéol-AvrilD’importantes exonérations fiscales ont favorisé la production d’agrocarburants industriels. Des manques à gagnerinjustifiables pour l’État, dont le premier bénéficiaire n’est autre que Sofiprotéol.

Le site agro-industriel de transformationdes oléagineux et de production de Dies-ter du Mériot (Aube) : une capacité de trans-formation de 1,1 million de tonnes degraines de colza, soit l’équivalent d’envi-ron 300 000 hectares.

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Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015 / III

Deux années de mandat au secréta-riat national de la Confédérationpaysanne nous ont permis de ren-

contrer assez régulièrement les décideurs dela politique agricole de ce pays. Nous leuravons dit et répété qu’il fallait non seulementpréserver les emplois paysans, mais aussiaccompagner généreusement tous les nou-veaux candidats à l’installation, pour espé-rer voir partir à la hausse le nombre des actifsdans notre métier. Mais pour les ministresou conseillers, l’agriculture semble avant toutune affaire de production de matières pre-mières assurant la fourniture indispensableaux unités agro-industrielles. Plus ça brassede matières et de produits, et mieux ça vaut,pensent-ils ! Le monde paysan n’est jamaispour eux une préoccupation en soi.

Ah, la belle ambition affichée d’une Pacplus juste et plus verte ! Elle a été laminéepar la pression de ceux qui ont de vastes sur-faces de céréales ou qui élèvent des quan-tités de bêtes, les soutiens continuant pour

l’essentiel d’être liés à l’hectare ou à la tailledu bétail. Nous avons vainement proposé desaides plus justes, qui primeraient très fort lespremiers hectares et animaux de tous les pay-sans, et qui instaureraient dégressivités et pla-fonds. Ils nous ont à l’inverse imposé desseuils d’accès aux aides – si t’as pas plus dedix vaches, tu n’auras rien ! – tout en se fai-sant les chantres de l’installation, avec bienmoins de la moitié des installations aidées !

En fait, toutes les récentes réformes sontdu même tonneau. La Loi d’avenir menacede faire de l’agriculture un métier régle-menté, et le registre des actifs pourraitexclure nombre de petits producteurs etinstallations progressives. Les lois « contre-façons » font la part belle aux semencesindustrielles, quand les semences paysannessont menacées d’asphyxie. Les plans demodernisation consomment l’essentiel descrédits sur les projets monumentaux debâtiments d’élevage, au détriment de toutesles initiatives sobres ou économes. La plu-

part des financements de soutien à la métha-nisation iront à quelques centaines d’uni-tés mastodontes. Et l’on pourra bientôt sepasser d’enquête publique lors des demandesd’autorisation d’agrandissement des éle-vages, tant le vent du libéralisme l’emportesur la volonté de préserver tous les communs.

Impossible dans ces conditions de croire queles décisions politiques ne sont pas dictées parle « réalisme économique »: soutien massifà la production agricole en quantité de matièrespremières standard, sous prétexte de per-mettre la compétitivité des entreprises, etconcentration accélérée des industries d’amontet d’aval de l’agriculture entre les mains dequelques-uns. De véritables nouveaux empireséconomiques sont en train d’émerger dans nospays développés, et Sofiprotéol-Avril dirigépar Xavier Beulin en est un modèle. Mais quefait cet industriel à la tête de la Fédération dessyndicats d’exploitants agricoles? n

Mikel Hiribarren, paysan au Pays Basque

secrétaire national de la Confédération paysanne

Réseaux d’influence Avril et tous ses filsSyndicaliste mais aussi et surtout homme d’affaires, Xavier Beulin déroule un fortréseau d’intérêts économiques, financiers et politiques comme en témoignela composition du nouveau conseil d’administration d’Avril.

Pas besoin de beaucoup de temps pourtrouver la femme : au sein du conseild’administration d’Avril Gestion (Sofi-

protéol), il n’y en a qu’une sur les neufsadministrateurs. Mais elle symbolise bien lenœud de réseaux de pouvoirs qu’est le CAde cette « entreprise » des temps modernes.Ancienne conseillère de François Mitterrandà l’Élysée, Anne Lauvergeon est devenue unepersonnalité de grande influence sur le planmondial. Patronne du nucléaire français entant que PDG d’Areva jusqu’en 2011, ellesiège tant au conseil d’administration deSofiprotéol qu’à celui du géant de l’arme-ment EADS ou à celui de la start-up des« télécoms », Sigfox, qu’elle préside. Unsacré carnet d’adresses « hyperconnecté ».

Cette hyperconnection fédère les admi-nistrateurs d’Avril. Prenons Pierre Pringuet.Si depuis le début de l’année, il n’est plusdirecteur général de Pernod Ricard, le puis-sant groupe de spiritueux, son influence n’ajamais été aussi importante. Depuis 2012,il préside l’Association française des entre-prises privées (Afep) qui rassemble les prin-cipaux groupes du Cac 40, poste stratégique

s’il en est. Le lendemain de sa nominationà la tête de l’Afep – association « ni de droiteni de gauche » mais « du parti des entre-prises » – le quotidien Libération relate qu’ilse retrouve dans le bureau de François Hol-lande. « Sérieux, fiable, efficace et… discret,Pringuet est apprécié au Château » (1).

Du Château, quel qu’en soit le locataire,Avril a le fil. A droite, il peut aussi passer parson administrateur Jean-Pierre Denis. Anciencollaborateur de Jacques Chirac à la mairiede Paris, puis à l’Élysée, il passe par Véolia,puis à la présidence de l’Anvar, l’Agencenationale de valorisation et de recherche,avant de devenir en 2007 vice-présidentexécutif, puis, un an plus tard, président dugroupe Crédit mutuel Arkéa et du Créditmutuel de Bretagne. Amusant, mais pasque : parmi toutes ses casquettes, le ban-quier est aussi trésorier de la ligue fran-çaise professionnelle de football. Où onbrasse aussi pas mal de sous, et où on ren-contre pas mal de (beau ?) monde.

Le reste du conseil d’administration d’Avrilest plus « corpo », mais non moins impor-tant. On y trouve Patrice Gollier, l’homme

fort de la coopération agricole, ancien direc-teur général d’InVivo, premier groupe coopé-ratif français, présent dans 28 pays avec8 000 « collaborateurs », au chiffre d’af-faires de 5,7 milliards d’euros. On rencontreégalement Gérard Tubéry, président de la Fop,Fédération française des producteurs d’oléa-gineux et de protéagineux, section spécia-lisée de la Fnsea, présidence à laquelle il asuccédé en 2011 à… Xavier Beulin, et Ber-nard de Verneuil, président du Cetiom, lecentre technique de la filière oléagineuse, pré-sidence à laquelle il a succédé en 2009 à…Xavier Beulin. Alain Mirot, ancien directeuradministratif et financier du groupe Sofi-protéol, et Arnaud Rousseau, le vice-prési-dent de la Fop, complètent l’équipe. Dontle capitaine incontesté demeure Xavier Beu-lin, l’omniprésident. n

Benoît Ducasse(1) Libération, 11/11/2013

Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015 / III

Néolibéralisme Politiques agricoles : le diktat du « réalisme économique »Loi d’avenir, Pac, plan de modernisation des bâtiments d’élevage… Toutes les réformes de ces dernières années ontincontestablement bénéficié aux nouveaux empires économiques.

Dossier

Anne Lauvergeon, administratrice d'Avril et femmede réseaux économiques et politiques

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Dossier

FNSEA

(président)FDSEA

Loiret(vice-prési

Copa-Cogeca,

syndicatagricole

européen (vice-président)

EOA,

allianceeuropéenne

des oléoprotéagineux(président)

Grand P

Maritim

de la Roc

(présidedu Cons

de Surveil

Cetiom,

Centretechnique

interprofessionneldes oléagineuxmétropolitains

(vice -président)

Crédit agricole

(administrateur)

Conseil

d’administration

de Avril Gestion

(Président)

Fondation Avril(développement rural, coopération au Sud)

Sofiproteol-Avril

Chiffre d'affaires : 7 milliards d'eurosPrésent dans 22 pays

8200 salariés (dont 5524 en France)

Sofiprotéol

activités financières

Presse agricoleParticipations dans la France Agricole ;

actionnaire d'AgraPresse

via Agra Investissement

Fermes-usinesSARL Kerloann, détenue

en partie par SandersOuest, filiale de

Sofiprotéol-Avril (projetsde 23000 porcelets àPoiroux et Trébrivan)

France Gènes, spécialisée dans la distribution en génétique

porcine

Transformation

en huiles,

tourteaux et

biodiesel :

• Expur• Saipol

Xavier Beulinsyndicaliste,

homme d'affaires,représentant de

collectivitéspubliques...

Open Agrifood

Verdissement

de l'agriculture

industrielle

EuropeanBioeconomy Alliance

SolutionsCop21

Fop (fédération des producteurs

d’oléoprotéagineux)

Prolea (plateforme de communication

de la filière des huiles et protéines végétales)

Lobbying

Sofiprotéol-Avril : l’empire agro-industriel

« L’objectif stratégiquefondamental : structurerune filière à la fois verticalement(des semences aux produitsde consommation) et horizontalement(notamment l’axe végétal-animal) »,Jean-Philippe Puig, directeur général d’Avril (Sofiprotéol, 30 ans – Une vision d’avenir).

IV \ Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015

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Dossier

A

t dent)

Port

me

chelle

ent seil llance)

Conseil

économique

et social

régional du

Centre

(président)

Chambre

régionale

d’agriculture

du Centre

(président)

IPEMED,

Institut de coopérationavec les pays

du bassinméditerranéen

(président)

Oleon : production d'acides

gras, d'esters, d'alcoolsgras, de glycérine

(lubrifiants, détergents etlessives, cosmétiques et

produits d'hygiène,revêtements et peintures…).

Ex : production de savonsau Maroc avec les marques

Taous et El Kef.

Avrilactivités industrielles

Biogemma,

recherche surles OGM (maïsrésistant à lasécheresse)

VégétaleAnimale

Génétique

A i l

Hendrix Genetics :

• Hypor : division sélectionporcine

• développement de« souches de poules

pondeuses qui peuvent senourrir de tourteaux decolza sans que le goût

de leurs œufs ne soit modifié »

RAGT InVivo

Semences (recherche)

Nutrition animale3,4 millions de tonnes d'aliments produits

pour animaux chaque année

Sanders, leader de lanutrition animale en France

SopralAdonial

Hygiène, santé

animale, conseil

en conduite

zootechnique

Energie

Méthanisation,

fertilisation :

• Terrial, gestiondes co-prouits

industriels venantdes industries

Sofiprotéol

Œufs :• Matines (calibrage, conditionnement

et commercialisation). 3,5 milliardsd'oeufs commercialisés / an.

• Ovipac : élaboration de produits àbase d'œufs pour la restauration

collective• 3 vallées : ovoproduits liquides prêt

à l'emploi pour l'industrie agroalimentaire

Alimentation

humaineCollecte des

graines de colza

et tournesol :

• société Expuren Roumanie Diester :

• Expur• Saipol• Novaol(Leader

européen dela productionde biodiesel à

partird'oléagineux)

Huiles végétales

Chimie

« renouvelable »/ Oléochimie

MiXscience, Sourches, RéseauOcéadis, Tecnofirm,

Dielna, Sunfeed, Theseo,Nolivade

Porcs :

• Abera : abattage, découpe,transformation

• Porcgros : négoce decarcasses de porcs

e dercs

Huiles à usage alimentaire : Les marques Puget, Isio, Lesieur

Volaille : alliance Avril – LDC

(nutrition animale, abattage, vente)

Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015 / V

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Le verdissement de la Poli-tique agricole commune(Pac) a été mis au centre

de la réforme. 30 % des aidesdirectes aux agriculteurs sontdésormais liées à des pratiquesenvironnementales (diversifi-cation des cultures, maintiendes prairies permanentes etmise en place de 5 % de sur-faces d’intérêt écologique surl’exploitation agricole). « Unlobbying puissant a été mis enœuvre pour travestir ce verdis-

sement, relève Gérard Choplin(cf. article “Lobbying”). La forced’influence du Copa-Cogecan’est pas tant à Bruxelles qu’àtravers ses organisationsmembres (1) vis-à-vis de leursministres et de leurs parlemen-taires européens ».

En France, les sections spécia-lisées de la Fnsea de Xavier Beu-lin ont fait le forcing. Sous lapression de l’Association géné-rale des producteurs de maïs(AGPM) le ministre de l’Agricul-

ture a poussé à la certification duverdissement des exploitationsspécialisées maïs. Il a ainsi obtenuun principe d’équivalence entrela diversité des cultures et la cou-verture hivernale des sols(paillage, trèfle, etc.). « Ce systèmed’équivalence conduit à un nivel-lement vers le bas. En clair, laFrance va donner un paiementvert à la monoculture de maïs,dénonce Faustine Defossez deEuropean Environmental Bureau(EEB)(2). Le Copa-Cogeca a poussé

pour toutes ces exceptions quicontribuent à démanteler lecontenu du verdissement. » Unverdissement contraire aussi auxintérêts productivistes de Sofi-protéol-Avril. n

S. Ch.

(1) Notamment la Fnsea en France, et seséquivalents en Angleterre (National Far-mers’ Union of England and Wales, NFU),en Allemagne (Deutscher Bauernverbande.V., DBV) et aux Pays-Bas (Land- en Tuin-bouworganisatie, ou LTO).(2) EEB est la plus grande fédérationd’ONG environnementales en Europe.

Xavier Beulin est le vice-présidentdu Copa-Cogeca, syndicat agricoleeuropéen majoritaire. Mais entrela France et les couloirs de Bruxelles,le discours concernant le traité de libre-échange transatlantique (Tafta)change de tonalité. Décryptage.

« On est inquiet parce que cela fait desdécennies qu’on négocie des accordscommerciaux (…) et celui-ci (le futur

traité de libre-échange transatlantique ou“Tafta”) a ceci de particulier qu’il pourraitremettre en cause notre modèle alimen-taire ». L’auteur de ces propos tenus enmai 2014 n’est pas un militant écologistemais Xavier Beulin, président de la Fnsea.Ce dernier fustige alors « des procédés plu-tôt de nature chimique » aux États-Unisbien éloignés « des cahiers des charges à tousles stades de la production » en Europe, etredoute même que les normes soient revuesà la baisse avec la signature du Tafta.

Le discours de Xavier Beulin prononcé surune radio publique française est pourtant biendifférent de celui tenu à Bruxelles en tantque vice-président du Copa-Cogeca, ras-semblement de syndicats européens quienglobe toutes les grandes organisationsagricoles et coopératives. En septembre 2013,dans un communiqué commun avec le FoodDrink Europe, confédération européenne del’industrie alimentaire, le Copa-Cogeca saluele projet d’accord transatlantique qui« constitue une occasion unique de suppri-mer des obstacles réglementaires inutiles, unedes grandes priorités de l’industrie agro-ali-mentaire européenne ».

Erreur de communication? Il semble quenon, au regard d’un communiqué plus récent,publié le 16 décembre 2014. Cette fois, leCopa-Cogeca s’allie à Business Europe, asso-ciation patronale européenne qui défend lesintérêts des employeurs d’entreprises pri-vées, pour encourager la mise en œuvre dumécanisme de règlement des différends entreinvestisseurs et États (1). Or ce mécanismeintroduit la possibilité pour des multinatio-nales de poursuivre directement les États oules collectivités locales pour non-respect del’accord, et ainsi de contester de nombreusesréglementations protectrices des consom-mateurs ou des économies locales (2).

« C’est la schizophrénie permanente »,observe Gérard Choplin, ancien animateurd’ECVC (3) et expert en politiques agricoles.« Les dirigeants des organisations agricolesmembres du Copa sont très liés en amont eten aval de l’industrie agroalimentaire. Lesintérêts économiques et syndicaux sontmélangés. » La liste des fonctions assuréespar le président de la Fnsea témoigne dece mélange des genres (4). Résultat ? « Ilsont un discours avec le business devant lesindustries européennes, et ils en tiennent un

autre avec les agriculteurs, relève GérardChoplin. Mais il est probable que de nom-breux paysans dans leurs rangs ne soient pasd’accord avec cette position pro-Tafta. »

En France, plusieurs motions relatives auxnégociations du Tafta ont été adoptées cesderniers mois par les chambres d’agricul-ture (5). Portées par la Confédération pay-sanne, ces motions qui demandent l’arrêtdes négociations ont pour l’essentiel étéadoptées à l’unanimité ou retravaillées avecles sections départementales de la Fnsea.Toutes traduisent des craintes chez les agri-culteurs locaux. Or, la façon dont les inté-rêts des paysans sont représentés en Europepar le Copa-Cogeca révèle un fossé de plusen plus grand entre le sommet et sa base.Un fossé encore méconnu. n

Sophie Chapelle

(1) ISDS en anglais.(2) Lire le dossier n° 299 de Campagnes Solidaires(3) Coordination européenne Via Campesina(4) Voir l’infographie sur l’empire Sofiprotéol dans ladouble page précédente(5) Notamment en : Meuse, Loire, Ardèche, Lozère, Indre,Charente-Maritime, Isère, Aveyron, Alpes Haute-Provence,Savoie et Haute-Savoie, Dordogne, Poitou Charentes,Doubs, Jura, Franche Comté, Deux-Sèvres.

L’empire Sofiproteol dans le monde

Dossier

VI \ Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015

Lobbying Traités de libre-échange : des positions contradictoires

Politiques agricoles Une opposition farouche au verdissement de la PAC

Mondialisation et progrès : « Dans dix ans l’agri-culture française sera un secteur extrêmement dyna-mique (…) C’est mon rôle de rappeler que l’on doitcroire dans le progrès », a déclaré François Hollandeen clôture du colloque marquant les 30 ans de Sofi-protéol, le 3 décembre 2013, à Paris. Il y a rappelél’engagement de l’État : « Les protéines végétaleset la chimie verte font partie des sept ambitionsd’avenir reconnues par la commission « Innovation2030" », dans le cadre des « 34 plans de la Nou-velle France industrielle ».

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Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015 / VII

Dossier

Le 28 avril, les eurodéputés ont pour lapremière fois adopté un plafond quicible les agrocarburants issus de cul-

tures alimentaires (maïs, canne à sucre, colza)dits de première génération. Ces carburantsne pourront excéder 7 % du volumeconsommé dans les transports en 2020 auniveau européen, contre les 8 % revendiquéspar le Copa-Cogeca (1). En pratique, nuancele Réseau Action Climat, ce plafond ne« limite » pas réellement leur développe-ment puisque ces agrocarburants représen-tent aujourd’hui environ 5 % de la consom-mation énergétique finale des transports.

Face aux critiques relatives aux émissionsde gaz à effet de serre des agrocarburants,le groupe Avril, leader de la filière Diester,a rejoint la plateforme « Solutions COP21 »,dans la perspective de la 21e conférencedes Nations Unies sur le climat qui se tien-dra à Paris fin 2015. Aux côtés d’acteurspublics (Agence française de développe-

ment, Ville de Paris…) et privés (Carrefour,GDF Suez, Véolia…), Avril envisage de mon-trer pendant la conférence « les solutionset innovations en faveur du climat » à tra-vers 4 000 m2 d’exposition.

Un aperçu est d’ores et déjà visible sur lesite plateformesolutionsclimat.org. L’« entre-prise » détaille sa démarche pour amélio-rer le bilan environnemental de son Diester.Une affaire quasi « familiale » puisque legroupe œuvre en partenariat avec le Cetiom(Centre technique interprofessionnel desoléagineux métropolitains, dont le vice-pré-sident est Xavier Beulin) et Saipol (Sociétéagro-industrielle de patrimoine oléagineux,dont la société mère est Sofiprotéol). L’en-jeu consiste à réduire de moitié les émissionsde gaz à effet de serre du « diesel » de colzad’ici 2017 par rapport au diesel d’origine fos-sile. Comment? En augmentant les rende-ments en graines tout en ajustant les quan-tités d’intrants apportés.

Or, même si le bilan énergétique de l’agro-carburant est amoindri, l’usage énergétiquede ces graines continue d’entrer en concur-rence avec la production alimentaire. « Lesagrocarburants de première génération sontle principal facteur de l’accaparement desterres dans les pays du Sud », rappelle leRéseau Action Climat. Le « changementindirect de l’affectation des sols » parti-cipe également à l’augmentation de l’im-portation d’huile de palme en provenancenotamment d’Indonésie où cette culturegagne sur les forêts tropicales primaires.« Toute réduction des objectifs visant à pro-mouvoir l’utilisation de carburants prove-nant de grandes cultures nuirait à la croissanceet à l’emploi », a récemment plaidé le Copa-Cogeca. Une vision au mépris du droit à lasouveraineté alimentaire. n

Sophie Chapelle

(1) Voir la lettre de mise en garde du Copa-Cogeca auxdéputés européens du 18 février 2015.

Fausses solutions Repeindre en vert les agrocarburants issus de cultures alimentairesAlors que les agrocarburants à base de colza sont sous le feu des critiques, le groupe Avril multiplie les alliances dans le cadrede la future conférence sur le climat à Paris fin 2015 pour verdir son image.

Sofiprotéol-Avril : une implantation massive en AfriqueAprès le tournesol et le colza en Europe, le groupe Avril se diversifiedans la production d’huiles. Il pourrait bientôt devenir le leader de lafilière arachide au Sénégal. Après avoir racheté Novasen, le numéro deuxde la transformation, Avril a signé le 13 février dernier avec le groupeAdvens, premier opérateur huilier du Sénégal, un protocole d’accordpermettant la naissance d’un nouveau leader de l’arachide baptiséSuneol. L’objectif affiché par Avril : viser en priorité les Chinois qui

consomment la moitié de l’huile d’arachide au monde. Le géant fran-çais de l’huile et des protéines végétales s’intéresse aussi à la trans-formation d’huile de palme en Côte d’Ivoire. Et tente de relancer la cul-ture du tournesol et des oliviers au Maroc. Dans le secteur del’alimentation animale, le groupe agro-industriel SIM Algérie, en par-tenariat avec le groupe Glon Sanders, filiale de Sofiprotéol, envisaged’ouvrir trois usines de fabrication d’aliments de bétail en Algérie, aucours des trois prochaines années. L’« ambition africaine » du géantfrançais s’accélère. S.Ch.

Source : jeuneafrique. com

Plantation de palmiers à huileen Côte d’Ivoire – Sofiprotéolveut s’offrir un producteur ivoi-rien d’huile de palme. Enoctobre 2014, le journal JeuneAfrique révélait le travail menépour cela par Jean-PhilippePuig, le directeur général, etMichel Boucly, chargé de lastratégie du groupe. Une acti-vité plutôt nouvelle même si,depuis quelques années, legroupe opère en Malaisie dansce domaine.

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VIII \ Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015

Dossier

Nous y sommes donc. Les paysanssont devenus de plus en plusdépendants de cette agro-industrie

si « brillamment » représentée par Sofi-protéol-Avril.

Il est bien évident qu’il était indispensablede doter l’agriculture d’outils – coopératifsgénéralement – pour accompagner l’indis-pensable modernisation de notre secteuractivité. Modernisation et appui technique,recherche de débouchés, structuration col-lective… Que de beaux outils, que de belleschoses en vue… Mais les appétits de profitsans fin de certains nous ont conduits àperdre peu à peu le contrôle. Et à êtrecontrôlés par ces monstres, ces pieuvres, quifont du beurre sur notre dos, qui spolientles paysans du revenu de leur travail. Sofi-protéol-Avril fait partie de ces charognards.

Rien n’échappe à son contrôle : génétique,agrocarburants, nutrition animale, abattage,transformation, alimentation humaine,méthanisation… L’objectif du groupe d’in-tégrer horizontalement et verticalementles filières végétales et animales est enpasse d’être atteint. Une mainmise accom-pagnée de petites touches de verdissement,pour mieux faire passer, pour la com.

Mais, est-ce un problème ? Est-ce préju-diciable pour notre avenir ?

Oui, mille fois oui !Oui, car l’avenir des paysans passe inévi-

tablement par l’agriculture paysanne, par uneautonomie accrue et assumée, symbole etsigne élémentaire de liberté ! Sofiprotéol-Avril est là pour faire du business, du fric,encore et toujours ! Tous les moyens sontbons : fusion, absorption, lobbying politique,réseautage… Et la toile se tend qui accapare

encore et toujours les décisions, l’avenirdes paysans.

Sofiprotéol-Avril n’est pas seul, bien sûr,à pratiquer ce petit jeu meurtrier… Maisquand même, c’est l’exemple le plus abouti,le plus spectaculaire. Des dirigeants de cegroupe vont à Bruxelles et ailleurs appuyeren toute discrétion l’accord de traité delibre transatlantique – vous savez, le fameuxTafta qui menace de livrer les paysans etcitoyens aux multinationales – tout en cri-tiquant ce même accord lorsqu’ils inter-viennent publiquement en France. Satis-faire à tout prix aux intérêts économiquesoblige à quelques pirouettes…

Alors, une fois encore, nous devons résis-ter. Résister à cette logique qui pousse, pourpouvoir produire et vendre plus, à concen-trer, à finir par faire des usines plutôt quedes fermes… Et à se passer de paysans.

Des solutions, il y en a ! L’autonomie en premier lieu, à reconqué-

rir, à se réappro-prier.

L’autonomiequi redonne unsens au métier,l’agronomie quinous redonnecette force,cette logiqued’être paysan !

Nous devonsréinventer unautre mode defonct ionne-ment, recréerdes outils col-lectifs adaptés

à tous les paysans, qu’ils fassent de la ventedirecte ou qu’ils aient fait le choix de tra-vailler en filière.

Le travail initié un peu partout par lesstructures locales de la Confédération pay-sanne et les associations pour le dévelop-pement de l’emploi agricole et rural – surl’abattage, sur les semences, sur les GIEEdemain… – sont autant d’outils à même delutter contre l’empire Sofiproteol, cettemultinationale qui détruit les paysans.

Il faut plus que jamais refuser commefatalité la diminution du nombre de pay-sans. Il nous faut dire stop et lutter pour quel’agriculture paysanne résonne comme laseule alternative crédible à un monde sanspaysans ! Le 17 juin, le procès en appel des« 9 d’Amiens » sera une étape importantepour faire barrage aux fossoyeurs de l’agri-culture paysanne. n

Laurent Pinatel,

porte-parole national

Résister à Sofiprotéol-AvrilLa stratégie de Sofiprotéol-Avril dessine un modèle d’agriculture financière en contradiction totale avec l’agriculture paysanneque nous défendons. Quelles pistes d’actions pour faire face à la mainmise de ce groupe sur les filières animales et végétales ?

Le maître caché de l’agriculture françaiseFondé par Hervé Kempf, journaliste bien connu, ancien

du Monde, Reporterre se veut « le « quotidien de l’écolo-gie » sur Internet. Chaque jour, le site publie infos et docu-ments divers pour « réfléchir et débattre ». Ce mois d’avril,il sort une première publication imprimée, consacrée à l’en-quête menée par Barnabé Binctin et Laure Chanon sur Sofi-protéol-Avril et son président, celui également de la Fnsea,Xavier Beulin. En 26 pages, on en apprend beaucoup sur« Le maître caché de l’agriculture française ». Ce dossierde Campagnes solidaires creuse la veine et porte de nou-velles informations et de nouveaux regards sur le sujet.www.reporterre.net

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Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015 / 13

Points de vue

L’emploi agricole en France : une situation préoccupante difficile à inverserLa tendance à la baisse du nombre d’emplois agricoles risque fort de se poursuivre. Peut-on – et si oui, comment – inversercette tendance ? Analyse et point de vue de trois économistes et chercheurs.

Une baisse rapide et continuedu nombre de fermes et d’emplois

Le volume d’emploi a été divisé par deuxentre 1900 et 1950 où on comptait encoresix millions d’emplois, et divisé par 6 depuisavec, en 2010, 966 000 « actifs perma-nents » représentant 751400 unités de tra-vail annuel (UTA), soit une moyenne de1,53 UTA par exploitation.

Trois évolutions majeures se sont pro-duites depuis 1970 (tableau) :

• Les rythmes annuels de diminution sontcompris entre -2,4 et -3,5 %, leur accen-tuation entre 1988 et 2000 résultant devariations dans les pyramides des âges et desaides Pac à la préretraite entre 1992 et 1997.

• Les nombres d’exploitations et d’UTAdiminuent à des rythmes très proches,entraînant une baisse de la densité d’em-ploi par hectare.

• Une très forte baisse des petites exploi-tations (production brute standard -PBS-inférieure à 25 000 euros) et des exploita-tions moyennes (PBS entre 25 000 et100 000 euros), respectivement -36 % et-31 % ; seules les très grandes exploita-tions (PBS supérieure à 250 000 euros)augmentent (+ 16 %).

Une main-d’œuvre toujours àdominante familiale mais de plus en plusmono-générationnelle et sociétaire

• En 2010, le travail agricole reste prin-cipalement familial avec 70,9 % des UTA,mais la part du travail fournie par les aidesfamiliaux diminue fortement, passant de34 % en 1988 à 16 % en 2010, bien au-delà de l’effet des changements de statut.

• Le développement des formes socié-taires (31,6 % des exploitations et 56 % dela SAU en 2010) entraîne la mise en place

de collectifs de travail de plus en plus com-plexes, regroupant des actifs aux statutsdivers, le recours à des entreprises… avecdes stratégies favorables à la substitutioncapital/travail.

• La part du travail salarié, en croissancerapide (de 15,5 % en 1988 à 27,5 % en2010), résulte principalement de l’ac-croissement de la part des grandes exploi-tations qui concentrent le salariat.

Ces évolutions manifestent sans douteune crise du modèle familial, une ruptured’équilibre par rapport à la situation de lapériode 1960-1990.

Accélération de la concentration des terreset de la substitution du capital/travail

Le nombre d’emplois pour 100 ha estpassé de 5,06 à 2,79 entre 1988 et 2010(divisé par 1,8), alors que le potentiel deproduction par UTA augmentait dans lesmêmes proportions. Ce phénomène s’estaccentué depuis 40 ans. Parallèlement, lemontant de l’actif immobilisé par UTA (fon-cier compris), indépendant de la taille pourla moyenne des exploitations, augmente,entre les moyennes et les très grandes, de68 % pour les grandes cultures et de 40 %en élevage laitier.

Ces évolutions ont des effets variés sur lerevenu par actif familial : très positives envigne et en grandes cultures, dans ce der-nier cas sous l’effet des primes fixes, trèsincitatives à l’agrandissement. Par contre,en élevage bovin, l’effet taille est plus faiblevoire nul, malgré la réduction de la den-sité de l’emploi par hectare.

Quelles stratégies pour l’emploi ?La poursuite à l’avenir de la baisse rapide

du nombre d’exploitations et d’emplois

(évaluée pour 15 ans entre -23 % et -36 %selon les hypothèses) est inscrite dans lasituation actuelle, comme sans doute l’am-plification de ses conséquences sur les sys-tèmes de production : concentration desterres et du volume produit avec substitu-tion capital/travail, complétée par unnombre croissant de formes industrielles.Parallèlement, la dualisation des façons deproduire au sein de l’agriculture françaisedevrait se poursuivre.

Le groupe suppose que toute améliora-tion de l’emploi, y compris une réductionsensible du rythme de la baisse, sera diffi-cile. Pour y parvenir, il faudrait à courtterme, mais avec un effet à moyen terme,une tout autre politique. Pour stabiliser leniveau d’emploi atteint par exemple en2025, il faudrait engager une véritable tran-sition sociale et écologique fondée sur lamaximisation de la valeur ajoutée et nonplus sur celle de la quantité produite parhectare et par actif. Cela implique de modi-fier le rôle des firmes d’amont et d’avaldans les choix des gouvernements et de lamajorité des agriculteurs.

Quoi qu’il en soit, l’urgence est de sau-ver les exploitations petites et moyennes enfavorisant, bien au-delà du doublementdes primes pour les 52 premiers hectares,leur évolution vers des systèmes satisfaisantsen termes économiques et écologiques. n

G. Bazin, M. Buisson, M. Desriers

Contact : [email protected]

NB : Michel Buisson, agroéconomiste, est ancien chargéd’études au ministère de l’Agriculture et professeur àl’Isara, auteur de « Conquérir la souveraineté alimentaire »(l’Harmattan, 2013) – Gilles Bazin est professeur éméritede politique agricole à AgroParisTech, membre de l’Acadé-mie d’Agriculture – Maurice Desriers est ancien chef debureau au ministère de l’Agriculture (service de la statis-tique et de la prospective), ancien secrétaire de la Commis-sion des comptes de l’agriculture.

Nombre d’exploitations et volume du travail depuis 1970Nombres Évolutions annuelles en %

1970 1979 1988 2000 2010 1979/1970 1988/1979 2000/1988 2010/2000Nombre d’exploitations (millier) 1587,6 1262,7 1 016,8 663,8 490,0 -2,5 -2,4 -3,5 -3,0SAU (millier d’hectares) 29904,7 29496,6 28595,8 27856,3 26963,3 -0,2 -0,3 -0,2 -0,3Nombre d’UTA totales (millier) 2373,6 1872,3 1445,6 957,4 751,4 -2,6 -2,8 -3,4 -2,4Production brute standard (million d’euros 2007) III III 55426 53996 51241 III III -0,2 -0,5SAU par exploitation (hectares) 18,8 23,4 28,1 42,0 55,0 2,4 2,1 3,4 2,7Nombre d’UTA par exploitation 1,50 1,48 1,42 1,44 1,53 -0,1 -0,5 0,1 0,6Nombre d’UTA pour 100 hectares 7,94 6,35 5,06 3,44 2,79 -2,5 -2,5 -3,2 -2,1Nombre d’UTA pour 100000 euros de PBS III III 2,61 1,77 1,47 III III -3,2 -1,9

Source : SSP, recensements agricoles

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Internationales

14 \ Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015

Depuis janvier, Céline Fournier etMaxime Leportier voyagent à la

rencontre des agricultures paysannesd’Amérique Latine, avant de devenir

paysans eux-mêmes en France. Au Suddu Brésil, ils ont rencontré des militants

engagés au sein du MST, le grandmouvement des paysans sans terre.

Le Brésil est un pays connu pour sesfortes inégalités (sociales, écono-miques…). Afin de satisfaire l’en-

semble des acteurs agricoles existentaujourd’hui deux « ministères de l’agri-culture ». Celui dit de l’agro-industrie s’in-téresse uniquement en réalité aux attentesdes grands exploitants qui font la force duBrésil sur le marché mondial : soja, maïs,sucre, issus de cultures souvent transgé-niques. De l’autre côté, on trouve le minis-tère du Développement agraire, dédié àl’agriculture familiale. Ce second ministèrea des moyens bien plus réduits. L’agricul-ture familiale est encadrée par des lois quipermettent aux petits paysans d’être recon-nus comme agriculteurs familiaux. Lesprincipaux critères sont : 80 hectares maxi-mum, une main-d’œuvre principalementfamiliale, un revenu à plus de 50 % issude l’activité agricole.

C’est dans ce contexte très particulierqu’agit le Mouvement des sans-terre, leMST, membre de la Via campesina. Le MSTse bat pour un partage équitable de la terreagricole. Il est né en 1984, par des paysansqui n’avaient pas assez de foncier pour res-ter sur les fermes familiales et qui ne sou-haitaient pas grossir les rangs des favelas.

Ces paysans se sont rassemblés pour dénon-cer l’accaparement des terres par des grandspropriétaires. Le MST est organisé autourde 6 grands objectifs :

• construire une société sans exploi-teurs, où les travailleurs sont au-dessusdu capital ;

• la terre est un bien commun : elle doitêtre au service de toute la société ;

• garantir du travail pour tous, avec unejuste distribution de la terre, des revenuset des richesses ;

• chercher en permanence la justice socialeet l’égalité des droits économiques, poli-tiques, sociaux et culturels ;

• défendre les valeurs humanistes et socia-listes dans les relations sociales ;

• combattre toutes les formes de discri-mination sociale et chercher la participa-tion égalitaire des femmes.

L’idée principale défendue par le MSTest la mise en place de la réforme agraireau Brésil. Pour le mouvement, unemeilleure répartition des terres entre tousles paysans va de pair avec l’organisationcollective du travail, sous forme de coopé-ratives par exemple. Une grande majo-rité des paysans du MST luttent aussicontre l’utilisation abusive des pesticideset sont en faveur d’une agriculture bio-logique.

Le principe de lutte pour la terre est laconstitution de grands camps rassem-blant de 50 à 5 000 familles. Des bara-quements sont montés sur des terrainsappartenant à de grands propriétaires(individus ou entreprises) qui investissentdans le foncier. Le MST lutte contre cespropriétaires qui n’utilisent pas la terre,ne respectent pas les droits humains oucultivent des OGM à très grande échelle.Les campements peuvent durer jusqu’àcinq ans. La plupart du temps, le minis-tère du Développement agraire finit parattribuer du foncier à ces familles. Ellesne seront jamais propriétaires : la terreappartient à l’État ou à la fédération, elleest prêtée en usufruit aux familles pourcultiver. Ces lots de terrains retournés

Brésil À la rencontre des paysans sans terre

Devenir paysan en voyageantNotre voyage nous conduit pendant un an en Amérique du Sud à la rencontre de paysansmais aussi de coopératives et d’associations. Notre idée est de rapporter des témoignages(photo et vidéo) de la diversité de l’agriculture paysanne sud-américaine. Nous souhaitonspartager les expériences rencontrées avec le plus grand nombre et aussi le public scolaire ;ainsi deux classes de primaire de la Mayenne suivent notre démarche. Ce voyage est surtoutl’occasion de devenir paysan et de construire notre projet d’installation agricole pour notreretour en France, en 2016.Nous avons tous les deux 26 ans et une formation d’ingénieur agricole en poche. Nous sou-haitons mettre en place ou reprendre sur une petite exploitation (environ 5 hectares) avecun verger diversifié à dominante pomme-poire, une production de petits fruits rouges et uneproduction de poules pondeuses, le tout en bio et vente directe. Nous sommes donc à la recherchede foncier dans la zone des Savoie et plus particulièrement dans le massif des Bauges pourconcrétiser notre projet.Pour nous contacter : [email protected] découvrir plus de photos et d’autres expériences rendez-vous sur notre site :http://devenirpaysan.wix.com/devenirpaysans

L’entrée de la Coopava, une coopérative initiée par le MST sur un de ses assentamentos de l’État du RioGrande do Sul. Sur 300 hectares, 13 familles y produisent en commun leur nourriture et du lait, vendu loca-lement, notamment dans les restaurants scolaires.

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aux paysans du MST sont appelés desassentamentos.

Un mouvement en actionsLors de notre séjour dans l’État du Rio

Grande do Sul, près de l’Uruguay, nousassistons à une mobilisation emblématique.Au lendemain du 8 mars, journée mondialede lutte des femmes pour l’égalité des droits,la manifestation est majoritairement orga-nisée par des militantes du MST. Le 9 marsau soir, nous attendons un bus dans lenoir. Nous avons rejoint un groupe defemmes sur le bord de la route qui rejointPorto Alegre, 400 kilomètres plus au nord.Nous grimpons dans le bus et petit à petitnous récupérons différents groupes de pay-sannes à l’entrée des assentamentos.

A cinq heures du matin, nous arrivonsdevant l’entrée de l’usine Adama, à Taquari,un site de fabrication de produits phyto-sanitaires pour une firme israélienne. L’en-trée de l’usine reste bloquée jusqu’à10 heures : plus de 800 femmes aux cou-

leurs du MST demandent l’arrêt de l’utili-sation des pesticides. Trois jours de mani-festation suivent dans les rues de PortoAlegre, avec le blocage des services duministère du Développement agraire pourdemander l’arrêt de l’épandage de pesticidespar avion et un réel développement del’agro-écologie comme alternative à l’agro-business. 5 000 paysans et citoyens parti-cipent à ces manifestations qui se mènentsous diverses formes dans quasiment tousles états brésiliens.

Durant ce même séjour, nous passonsquelques jours avec les paysans de la coopé-rative Coopava, créée en 1995 au sein d’unassentamento de 50 familles. Aujourd’hui,13 familles travaillent au sein de cettecoopérative. L’ensemble des terres– 300 hectares – est cultivé en commun.Un troupeau de 40 vaches laitières produitdu lait qui, pasteurisé, est vendu en directdans les communes alentours et pour la res-tauration collective (voir encadré). Les pay-sans cultivent aussi collectivement leurpropre alimentation : porcs, moutons,légumes, canne à sucre… Le travail estorganisé par un conseil de six personnes.Les travailleurs sont rémunérés par la coopé-rative, selon le nombre d’heures effectuées,avec un plafond de 180 heures par mois.La production est presque bio, les famillessouhaitent d’ailleurs qu’elle soit certifiée.Les habitations sont concentrées sous formed’une « agroville », au cœur des 300 hec-tares, avec une école pour les enfants del’assentamento et une épicerie.

Notre voyage au contact des paysans duMST nous conforte bien dans l’idée denous engager dans le monde paysan lorsde notre retour en France, en mettant enplace un système de production durable,dans la ligne de l’agriculture paysanne.S’installer sera la concrétisation de cevoyage et de réflexions riches de tous ceséchanges ! n

Céline Fournier et Maxime Leportier

Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015 / 15

Internationales

L’approvisionnement de la restauration scolaireAu Brésil, le gouvernement fédéral encourage le maintien de l’agriculture familiale : 30 % mini-mum de la valeur des produits consommés dans la restauration scolaire doivent provenir de cetteagriculture. Des études correspondant aux marchés publics locaux sont réalisées afin de voir dansquelles mesures les paysans de chaque commune peuvent approvisionner les restaurants des écoles.Sur la commune de Santo Antonio da Patrulha, où nous sommes restés trois semaines en février,il y a environ 50 écoles qui aujourd’hui sont ainsi approvisionnées ; plus de 55 % du montant desproduits consommés y sont aujourd’hui issus de l’agriculture familiale locale.Mais ne soyons pas dupes : ces politiques ne doivent pas faire oublier que le Brésil a une trèsgrande politique en faveur de la production intensive et l’exportation de soja et de maïs trans-géniques…

Le 10 mars 2015, les militantes du MST manifestent devant l’usine Adama, une firme israélienne de pes-ticides, à Taquari (Rio Grande do Sul). La lutte contre l’agro-industrie est une des composantes du combatglobal du mouvement pour la réforme agraire et l’agriculture paysanne.

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Le troupeau broute calmement, ClaireTexier et Jérémy Bertrand ne sont pas

loin et observent leurs brebis. Malgré lecasse-tête de la location des terres, un

statut et des revenus précaires, ilsgardent la flamme pour ce métier dont

ils avaient tant envie.

Dans les courbes d’une route à flancde montagne, Jérémy s’arrête. Il estarrivé à son lieu de travail. Il faut

maintenant gravir la pente. Caillasse etbroussaille dans ses jambes deviennentsentier. Jérémy tend l’oreille. Un son decloche… Claire, sa compagne, est là-hautavec leur troupeau de brebis : 130 causse-nardes de garrigue foulent le plateau ardé-chois, au sud d’Aubenas.

Si l’herbe est rare, les hommes, eux, ontquasiment disparu. Des maisons en pierrese ruinent. Quelques routes balayent l’es-pace, mais le buis et la rocaille semblentavoir pris le dessus. Il n’y a pas si longtemps,ici on cultivait encore. Le berger raconte :« Au début du XXe siècle, un arrêté préfecto-ral interdisait de couper du buis. Le boulan-ger utilisait cette denrée rare pour cuire sa four-née, le paysan pour pailler. Aujourd’hui, cetteplante a tout envahi et fait concurrence à nospâturages, empêchant le passage des hommeset des troupeaux. »

Dans les environs, même constat. Face aurecul de l’homme, une nature ensauvagéefait sa loi : les terrasses de châtaigniers sontabandonnées, les murs bâtis à la sueur desanciens effondrés.

Frédéric Humbert, jeune castanéiculteurmilitant de la Confédération paysanne,déplore : « Des siècles de travail s’éclipsenten quelques décennies. La question de la relèveest posée, nous sommes peu nombreux à empoi-gner le défi. »

Et pour cause: l’Ardèche méridionale croitvoir son avenir dans le kayak et les cam-pings, plus que dans le maintien de l’agri-culture paysanne. Les résidences secon-daires se multiplient. La concurrencefoncière fait rage, et les candidats à l’ins-tallation agricole se heurtent trop souventà un plafond de verre.

Claire et Jérémy s’y cognent depuis troisans. Au besoin d’espace pour nourrir leurtroupeau s’oppose la vaine tentative designer des baux écrits avec les propriétairesdu coin. Les terres sont morcelées : diffi-cile de coordonner le pâturage avec cesinterlocuteurs nombreux, certains incon-nus, d’autres peu coopératifs.

La situation pousse le couple dans l’in-confort. Des simples accords oraux au squattoléré, l’instabilité est reine. « Si jamais lespropriétaires veulent nous foutre dehors, on n’aaucun moyen de contester. » D’où une forteprécarité : « Sans bail écrit, impossible d’ac-céder au statut d’exploitant agricole », ajouteClaire. Jérémy ne masque pas sa colère: « Ontravaille dur et on n’est pas reconnus. Parfois,je péterais bien un plomb, comme les gars descités, quand on subit une telle injustice. » Lacommune cherche à limiter cette amer-tume : elle a mis à disposition des deuxbergers une parcelle où ils ont pu construireleur bergerie.

C’était un prérequis pour accomplir leuraspiration profonde : se consacrer à l’éle-vage, mener les brebis en alpage, devenirpaysan. Un rêve de couple pour ces jeunesnon issus du milieu agricole. « Mon père étaitchocolatier », raconte Jérémy, mais « déjàpetit, je voulais être berger ». Claire se rap-pelle : « On était tout juste ensemble quandJérémy, à vingt ans, a vécu son premier agne-lage sur le Causse Méjan, en Lozère. » Depuis

leur rencontre enlicence « Protectionet gestion desespaces naturelsagricoles », les deuxjeunes gens ontmûri leursréflexions.

En choisissant cemétier, ils ontembrassé l’existencequi va de pair.« Quand tu es berger,tu es seul avec tesbêtes », expliqueClaire, « il fait froid,chaud, trop ci ou tropça. C’est un rapportorganique à la vie ».

Être bergercomme ils l’enten-dent, c’est un com-bat. Celui contrel’obligation de bou-cler les animauxavec une puce élec-tronique, notam-ment. Défendu parles pouvoirs publicssous l’étendard dela traçabilité, cenouvel outil est jugéinutile par le col-

lectif « Faut pas pucer ! », un groupe d’éle-veurs dont Claire et Jérémy font partie (1).Ce qui est en jeu dans cet acte de déso-béissance civile, c’est la nature même dela relation de l’homme avec son troupeau :la puce électronique oriente la pratiquevers une automatisation des gestes, là oùle regard ne suffit plus à reconnaître lesanimaux, là où le métier choisi par Claireet Jérémy perd son sens.

Révolte d’une agriculture qui refuse d’êtreoubliée. Elle ne le sera pas de sitôt : à 28et 30 ans, Claire et Jérémy vivent et veu-lent continuer à vivre dans cet espace quileur est devenu familier. n

Gaspard d’Allens et Lucile Leclair

(1) Claire Texier siège également au collectif départemen-tal de la Confédération paysanne de l’Ardèche.

NB : Gaspard et Lucile parcourent la France à la rencontredes femmes et hommes installés Hors Cadre Familial. Desbocages bretons aux pentes abruptes du Vercors, ilsrecueillent témoignages et images de ceux qui ont fait lepari de l’agriculture paysanne. Leurs écrits seront présentésdans un livre qui paraîtra en décembre 2015 aux éditions duSeuil. Pour les contacter : [email protected]

Ardèche A l’assaut des plateaux ardéchois

Agriculture paysanne

16 \ Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015

En choisissant ce métier, ils ont embrassé l’existence qui va de pair. « Quand tues berger, tu es seul avec tes bêtes », explique Claire, « il fait froid, chaud, trop ciou trop ça. C’est un rapport organique à la vie. »

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Patrice Vidieu, paysan-chevrier dansle Lot et ancien secrétaire nationalde la Conf’, intervenait il y a trois moisen Haute-Savoie, dans le cadred’une formation syndicale. L’occasionpour lui de rendre visite à YvesLachenal, lui aussi chevrier. Portraitde « paysan à paysan ».

Vous ouvrez une porte dans la cui-sine-salle à manger et… vous vousretrouvez au milieu du troupeau !

Un troupeau de chèvres, mais pas n’importelesquelles : des chèvres de Savoie.

Yves Lachenal, la cinquantaine dynamique,est l’aîné de cinq garçons et trois filles, dansune ferme familiale où ses parents produi-sent du lait de vache transformé en fro-mage à l’abbaye cistercienne de Tamié. Leschèvres arrivent de manière fortuite danssa vie, 25 chevrettes qui vont constituer labase de son troupeau et de son installation.

Après un service militaire chez les chas-seurs alpins, il s’installe sans aides en 1988.Il dénonce l’absurdité des études prévi-sionnelles et le formatage des techniciensde la chambre d’agriculture qui décrètentqu’on ne peut pas tirer un revenu avec deschèvres de Savoie. Lui va prouver lecontraire. En 1992, il construit un bâtimentqui abrite chèvrerie et logement familial,

puis se lance dans la sélection pour fairereconnaître cette race rustique locale.

Des alpines de Savoie, il y en avait autre-fois dans beaucoup de fermes ; et puis l’al-pine chamoisée a eu la préférence des sélec-tionneurs et des éleveurs. En 2001, il ne resteplus 300 savoyardes. Une association desauvegarde se crée pour préserver les qua-lités de cette montagnarde et faire reconnaîtrela race pure. Car elles sont vaillantes, lespetites, quand il s’agit de grimper sur desreliefs irréguliers, d’affronter les intempérieset les dures conditions de la vie en alpage !

Une sauvegarde réussieLe pari de la sauvegarde est réussi : l’Ins-

titut de l’élevage en compte à peu près unmillier aujourd’hui, c’est-à-dire des ani-maux ne possédant pas plus de 25 % de« sang étranger » dans leurs artères. Et ilssont 39 éleveurs, bien décidés à obtenir sareconnaissance officielle rapidement.

Le troupeau d’Yves rentre à la chèvreriedébut décembre et ressort dès que le tempsle permet en avril, en attendant impatiem-ment la fin mai pour transhumer. Ah ! lamontagne ! C’est Jean Ferrat qui serait heu-reux : point de rêve urbain ni de HLM chezYves, mais l’alpage et la tomme de chèvre !Yves est berger au Drison sur une centained’hectares. Il loge dans un chalet qui domine

la vallée d’Albertville où il fabrique sa tommeau chaudron. Le fromage est vendu direc-tement dans le village et, l’été, à ses voisinsles moines dans le magasin de l’abbaye.Randonneurs et personnes en retraite ouhalte spirituelle passent régulièrement visi-ter le berger et son troupeau, ravis de décou-vrir des chèvres si près de Dieu !

Mais il y a aussi le loup. Pas besoin d’envoir la queue pour en parler longuement :oui, il l’a vu et a subi quelques dégâts surson cheptel. Mais il n’a rien contre le canislupus, de retour depuis 2006 dans ses mon-tagnes. Il fustige plutôt l’attitude des pou-voirs publics qui ont préféré le déni etl’opacité à l’anticipation et à une commu-nication responsable permettant de bienpréparer les éleveurs.

Dès le départ, Yves s’est entouré de« patous ». Son épouse Patou, tout d’abord,qui a quitté sa Normandie non sans nostal-gie pour la mer et qui travaille « à l’extérieur »,sur la commune. Et ses deux chiens patousbien dressés, qui ont prouvé leur efficacitéet leur détermination, comme leur maître.Comme tous les éleveurs confrontés au loup,Yves parle des attaques répétées, du harcè-lement, du stress surtout la nuit, de la pertede lait, du protocole compliqué pour obte-nir une indemnisation…

Yves piétine bien des idées reçues ancréesdans la pensée dominante : oui, on peutvivre heureux avec un petit troupeau dechèvres, en luttant pour la biodiversité etla reconnaissance d’une race bien adaptéeau territoire, maintenir la vie rurale et pro-fiter des alpages dans l’intérêt de tous. Cefier Savoyard a gardé son âme de gaminquand il regarde la montagne, et son impa-tience grandit chaque année à l’approchede la transhumance. Ce n’est pas le momentde l’agacer en cherchant des boucles sur lesoreilles de ses chères petites : il ne pucerapas, c’est évident. n

Patrice Vidieu

Agriculture paysanne

Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015 / 17

Haute-Savoie Des chèvres oui, mais de Savoie !

La chèvrerie en chiffres• Une personne travaille sur l’exploitation.• Surface agricole : 100 hectares d’alpage.• Bâtiments : chèvrerie (1992), 130 m², ate-lier de transformation et cave (1992), 38 m².• Troupeau : une cinquantaine de laitières+ 40 chevrettes et 30 génisses l’été enalpage.• Production laitière : 520 litres par chèvre ;les chevreaux sont nourris au lait de chèvre.• Aides et montants : PHAE de 5 000 euros

Yves Lachenal : oui, on peut vivre heureux avec un petit troupeau de chèvres, en luttant pour la biodiversitéet la reconnaissance d’une race bien adaptée au territoire, maintenir la vie rurale et profiter des alpagesdans l’intérêt de tous.

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18 \ Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015

Hautes-Alpes « On avait dit collectif ! »

Terrain

L’accueil et l’accompagnementdes candidat.e.s à l’installation agricolene sont pas la chasse gardée des JA.Dans les Hautes-Alpes, une candidaturecollective – avec la Confédérationpaysanne – a été labellisée PointAccueil Installation depuis le 1er janvier2015.

Quand on a su que les Jeunes Agri-culteurs (JA) avaient candidatéseuls à l’appel d’offres de la région

pour la gestion des Points Accueil Instal-lation (PAI), on s’est dit qu’il y avait uncoup à jouer. Il restait une semaine avantla clôture du recrutement. Notre partici-pation aux différents ateliers du Comitérégional à l’installation et à la transmission(Crit), portait ses fruits : l’appel à candi-dature était clair, ne seraient retenus queles projets collectifs. Ni une ni deux, onmonte le dossier. Y sont associés la Confé-dération paysanne des Hautes-Alpes, l’As-sociation départementale pour le déve-loppement de l’emploi agricole et rural(Adear), Agribio 05 ; la porte est laisséeouverte à la chambre d’agriculture, ainsiqu’aux JA.

C’était sans compter sur les travers habi-tuels de ces derniers. S’en suit une séried’événements à la foi surréalistes et jubi-latoires.

Surréaliste, ce coup de téléphone del’administration (Draaf), un mardi à19 heures, pour annoncer que notre can-didature collective a été retenue. Jubila-toire, cette sensation d’avoir réussi un groscoup…

Surréaliste, le comportement des « grandsperdants ». JA et chambre se permettentd’interpeller (avec beaucoup de tact,comme ils savent si bien le faire) le pré-fet de région alors en visite dans le dépar-tement deux jours après notre labellisa-tion.

Surréaliste : ce dernier décide de sus-pendre la labellisation le temps d’expli-quer aux « mauvais perdants » que notrecandidature était et reste la meilleure, qu’ilsétaient au courant tout comme nous desrègles du jeu.

Dans ce bras de fer, l’articulation des troiséchelons de la Conf’ (département, région,national) a démontré son efficacité. Être enposition de force nous arrive si peu sou-vent que cela procure un certain plaisir…Dix jours auront quand même été néces-

saires pour avoir de nouveau un coup detéléphone nous confirmant la publicationde l’arrêté préfectoral.

Les statuts de l’association sont dépo-sés, toujours en laissant une porte ouverteà la chambre et aux JA : une place leur estréservée comme membre fondateur, avecdroit de vote. L’organisation que nousproposons est des plus équitables : unjour de permanence par structure, soitcinq jours d’ouverture pour le PAI, avecl’idée d’élargir le conseil d’administrationà d’autres structures partenaires de l’ins-tallation (syndicats, Safer, Terre deliens…).

Notre candidature s’est toujours vou-lue ouverte et neutre, avec la volonté derester au sein de la chambre d’agriculture.Malgré cela, les JA décident d’attaquerl’arrêté préfectoral au tribunal adminis-tratif et la chambre, toujours aux ordres,réserve sa décision de participation auCA du PAI.

Nous accueillons les porteurs de projetsdans les locaux de la Confédération pay-sanne (1) et d’Agribio, malgré une dispo-nibilité de bureaux limitée et l’obligationstatutaire faite à la chambre de fournirdes locaux à tout organisme ayant trait àl’agricole.

L’embauche d’un.e salarié.e devienturgente : les deux cents « accueilli.e.s »estimé.e.s représentant un équivalent tempsplein, notre courageuse animatrice ne peutplus assurer la charge de travail. La régionne subventionnera le PAI que par le biaisde l’aide à l’emploi, un dossier de demandesera soumis sous peu au conseil général.

Le PAI est le premier pas d’un projet agri-cole, d’où l’importance de cette premièreentrevue qui orientera la personne et safuture activité. Toutes les installations dansleur diversité, qu’elles soient aidées, aty-piques, progressives, familiales ou à inven-ter, devront trouver une réponse et un suividans le PAI.

La tache est lourde, bon nombre nousattendent au tournant, mais nous n’ensommes que plus motivés.

En espérant réussir pour que se premiergrain de sable enraye la grosse machine àéliminer les paysans, que ce grain de sablesoit la preuve de notre capacité à gérerl’installation de manière collective etneutre. n

Charles-Henri Tavernier,

paysan, président du PAI 05

(1) Les locaux de la Confédération paysanne de Hautes-Alpes sont aussi ceux de l’Adear

Un élevage dans les Hautes-Alpes. Dans chaque département, le Point Accueil Installation accueille toutescelles et tous ceux qui projettent de s’installer à court ou moyen terme en agriculture. Ils ont pour but d’éva-luer la maturité du projet (grâce à l’autodiagnostic et à un entretien individuel), d’informer sur les aides, d’orien-ter le candidat et de simplifier ses contacts avec toutes les structures parties prenantes dans le parcours duporteur de projet agricole.

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Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015 / 19

Le 20 juin, le préfet de Gironde devrase prononcer sur le projet d’extension dela porcherie Le Lay, à Saint-Symphorien.

La Confédération paysanne (1) est montéeau créneau contre ce projetagro-industriel incohérent.

Le projet d’augmentation des effectifsd’animaux – de 7600 à près de 12000 –et la révision à la hausse des surfaces du

plan d’épandage de lisier de la société d’éle-vage de porcs Le Lay, à Saint-Symphorien(Sud Gironde), ont reçu un avis défavorabledu Commissaire enquêteur. Malgré cela, le6 novembre 2014, le Conseil départementalde l’environnement et des risques sanitaireset technologiques a émis – de peu, maisquand même – un avis favorable au projet.

La majorité des parcelles des plans d’épan-dage du lisier et du compost se situent enzones vulnérables (bassin versant de la Hure,affluent du Ciron et bassin versant de laLeyre). Des mesures de nitrates mettent déjàen évidence des concentrations élevées dansla Hure(2), ainsi que dans la nappe phréatique.Ces concentrations supérieures à celles rele-vées dans d’autres cours d’eau du même bas-sin versant et leur évolution à la hausse sontclairement dues à l’impact des activitéshumaines et devraient donc être réduites. Lesépandages réalisés dans le bassin de la Leyresur des sols très perméables ne vont pas,quant à eux, améliorer la qualité des eauxdu Bassin d’Arcachon, déjà préoccupante.

La Confédération paysanne de Girondes’inquiète donc des conséquences d’uneaugmentation de la capacité de la porche-rie et du doublement des surfaces d’épan-dage de lisier, les effluents issus de ces éle-vages industriels étant une des principalescauses d’eutrophisation et de proliférationdes algues vertes. Exemple d’une agricul-ture industrialisée qui vide les territoiresde ses agriculteurs, entraînant la dispari-tion de la vie en milieu rural (la ferme-usinen’emploie à ce jour que 8 personnes) etdétruit l’environnement, ce projet doit êtrefermement combattu. n

La Confédération paysanne de Gironde

(1) Dans sa démarche, la Confédération paysanne deGironde est soutenue par diverses associations, dont laSepanso, des Amis de la terre 33 et Landes EnvironnementAttitude…(2) Voisine de 30 mg/l, voire même pour certaines prochesde 40 mg/l et en augmentation régulière.

Avec moins d’une quarantaine d’ins-tallations aidées par an, et principa-lement en céréales ou bovins viande,

l’Indre a du mal à faire évoluer son modèleagricole. Aussi l’Adeari a voulu ouvrir ledébat sur les nouvelles formes d’installationet la remise en question des schémas d’ac-compagnement qu’elles nécessitent.

Après un repas préparé à partir de pro-duits paysans par quatre restaurateurs ins-tallés depuis peu, les 50 participants ontappréhendé les angoisses, le décourage-ment et les petites victoires qui parsèmentle chemin des jeunes qui veulent s’instal-ler « en dehors des clous ». Et le parcoursd’Anaïs a beaucoup fait parler. D’abordparce que c’est une jeune femme et que,comme l’ont souligné certaines, le monde

agricole fait encore parfois difficilement dela place aux femmes. Mais ses difficultés netiennent pas tant de son sexe, ont soulignéd’autres, mais à la particularité de son pro-jet, et de nombreux autres hommes etfemmes se confrontent aux mêmes pro-blèmes chaque année : difficultés à trouverdu foncier, incompréhension de la « pro-fession » qui ne croit pas en ces micro-projets, hostilité des banques…

La soirée a été l’occasion d’insister surl’importance de l’accompagnement de cesjeunes par leurs pairs et de mettre en avantles missions des Adear. Des participants sesont ensuite rapprochés de l’associationindrienne pour savoir comment, à leuréchelle, ils pouvaient aider financièrementde petits projets agricoles.

Enfin, les paysans présents dans la salleont évoqué la question de l’association surdes fermes déjà existantes. Des paysans etpaysannes cherche à diversifier leurs acti-vités et partager leur travail. Ils seraientprêts à accompagner une installation surleur ferme et le voient comme une formed’installation plus sécurisante qu’une créa-tion de projet en solo. Mais ils font le constatque la plupart des porteurs n’envisagent pasd’intégrer une ferme existante. Une ques-tion qui pourrait être le thème de pro-chaines rencontres. n

Céline Sanz, animatrice de l’Adear de l’Indre

(1) Association pour le développement de l’emploi agri-cole et rural(2) Anaïs a 24 ans. Elle vit seule dans une petite maison aumilieu d’un champ en Bretagne. Rien ne l’arrête. Ni l’admi-nistration, ni les professeurs misogynes, ni le tracteur enpanne, ni les caprices du temps, ni demain ne lui font peur.Portée par son rêve de toujours : celui de devenir paysanne.

Terrain

Gironde « 12 000 porcs enfermés, ce n’est pas une ferme, c’est une usine ! »

Indre L’installation sous toutes ces formes« L’installation atypique, nous sommes tous concernés. » Tel aurait pu êtrele résumé de la soirée organisée le 17 avril dernier par l’Adear de l’Indre (1) autourdu film « Anaïs s’en va-t’en guerre » de Marion Gervais (2).

Qui est derrière la ferme-usine ?La société Le Lay appartient à la coopérative Fipso, ancien groupement aquitain qui a fusionnéavec l’aveyronnais Rouergue Élevage en 2009. L’objectif était alors de « mettre tout en œuvrepour continuer le développement d’une filière porcine performante dans le Sud-Ouest de la France ».« Sur l’aspect du coût alimentaire notamment, le partenariat mis en place dans le bassin del’Adour avec Actalim, fabricant d’aliment filiale de Fipso et de la coop paloise Euralis, a permisd’atteindre des prix d’aliment proches des prix bretons », expliquait Patrick Le Foll, dirigeantde Le Lay. Avec le modèle breton comme modèle, il estime que, pour 12 000 porcs, « le termed’usine est exagéré »… Source : www.pleinchamp.com

Une lettre pétition à l’attention du préfet de Gironde est à signer sur :

http://12000porcs-nonmerci.agirpourlenvironnement.org

A voir sur :vimeo.com/groups/80197/videos/97121828

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Primum non nocere. Les soignants ayant lu Hippocrate sesouviendront de la formule : avant de soigner, il faut d’abordne pas nuire. Et le père de la médecine d’ajouter : « l’ali-

mentation est notre première médecine ».Dans une majorité de pays, on souffre encore et toujours de mal-

nutrition, et les premiers touchés restent les familles de paysans ;un non-sens qui montre avant tout un réel souci de répartitionde la production alimentaire. Il y a quelques mois, au bord desroutes de la plaine crayeuse marnaise – fief de l’agro-industrie céréa-lière – sont apparues d’étonnantes publicités : « Le saviez-vous ?L’agriculture de la Marne nourrit 10 millions de personnes ! ».

Sols morts, paysages désertiques, nappes phréatiques surex-ploitées, surconsommation d’énergies fossiles, pollutions indus-trielles, pluies de subventions à l’hectare, surproduction/gas-pillage, maladies professionnelles, dépressions, malbouffe… Unmodèle nourricier ? Une réponse à la crise alimentaire et envi-ronnementale ?

En écho aux missions civilisatrices passées, il nous faudraitdésormais « nourrir le monde ». Spéculant sur une misère bana-lisée, des lobbyistes de tous poils guident l’orientation « libre échan-giste » des politiques et des réglementations commerciales contrel’intérêt général. Tafta-Ceta, etc. Avec en filigrane cette vision per-pétuellement compétitive du monde, où il faut voir des morts pourse sentir vivant. Compétition contre les autres : les étrangers, lesanimaux, les parasites, les insectes, les plantes, les microbes,contre nous-mêmes…

L’économiste Laurent Cordonnier provoque: « On attend avec impa-tience l’injonction, venant de l’Organisation de coopération et de déve-loppement économiques (OCDE) ou de l’Organisation mondiale du com-merce (OMC), de redresser la compétitivité du “monde dans son entier”pour qu’il se refasse une santé commerciale contre les Martiens. » (1)

L’agriculture de la Marne nourrit donc 10 millions de personnes.Diabète, hypertension, intolérances, cancers. L’obésité est deve-nue une épidémie des pays « riches », au bonheur des marchandsde médicaments. On nous dit qu’il nous reste, en France, un des

meilleurs systèmes de santé au monde. Peut-être. Mais un vraisystème de santé ne serait-il pas avant tout un système qui ne rendpas malade ? Un système qui investit dans la santé en amont, etnon un système qui tente de rembourser les dégâts collatérauxde ses excès. Un système qui valorise l’essentiel, pour le plusgrand nombre. Si l’alimentation est notre première médecine,l’essentiel se trouve peut-être dans une nourriture saine mise à ladisposition de tous. Tout ce que propose l’agriculture paysanne.

En respectant les femmes et les hommes qui la façonnent, en redon-nant du sens au travail, en valorisant judicieusement l’activitéhumaine, en remédiant à la surpopulation urbaine par la redyna-misation des campagnes, cette vision du monde n’est pas qu’unsimple antidote, elle constitue par essence le socle d’une sociétébien portante, dans laquelle l’Homme se redécouvre « ensemble ».Et les pharmacies deviendraient magasins de producteurs.

Par le bon sens paysan qui les a structurés durant des millénaires,les agricultures familiales du monde – qui produisent encore70 % des denrées alimentaires sur notre planète – ne sont quepeu entrées dans le cercle vicieux de l’agriculture détruisant sonpropre outil de travail, la terre. Pourtant les petites fermes - quireprésentent l’immense majorité de ces agricultures familiales -ne cessent de s’en voir restreindre l’accès. Parce qu’elle a beau-coup privilégié la sécurité à la rentabilité, et parce qu’elle est para-doxalement plus productive à l’hectare, la pléiade de petits doc-teurs qui travaille cette terre à travers la planète a aujourd’huibeaucoup à nous apprendre, face à l’instabilité climatique ambiante,ultime symptôme, s’il en fallait un.

Il est grand temps de préserver ce qui nous reste, en continuantsans cesse de nous réinventer vers l’idéal de justice sociale quenous portons. Le monde n’a pas attendu l’agriculture de la Marnepour se nourrir. Ici comme ailleurs, ce sont de millions de pay-sans dont nos bouches ont besoin. n

Sylvain Malgrange, paysan en devenir en Ille-et-Vilaine

(1) Dans Le Monde diplomatique, juillet 2013.

La Marne nourrit 10 millions de personnes ?

Courrier

20 \ Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015

Paysage de la Marne céréalière : sols morts, paysages désertiques, nappes phréatiques surexploitées, surconsommation d’énergies fossiles, pluies de subventions àl’hectare… Un modèle nourricier ? Une réponse à la crise alimentaire et environnementale ?

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Point de vue

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Ce n’est pas tous les jours que lesministres de l’Agriculture se dépla-cent en Pays Basque. Et c’est encore

plus rare qu’ils répondent à notre invita-tion. Mais il était des nôtres, Stéphane LeFoll, le 23 avril, pour le congrès de la Conf’à Garazi (Saint-Jean-Pied-de-Port).

C’est quand même toujours important derecevoir un ministre en exercice sur un ter-ritoire.

Certes, s’il a bien voulu accepter de débattreen direct avec le public des paysans ras-semblés là, Stéphane Le Foll est quand mêmevenu les mains vides. Il ignore sans doute latradition basque qui impose qu’on rend visitechez nous avec un geste, « ikusaria »; nousaurions bien apprécié, et nous le lui avionspourtant suggéré, qu’il vienne avec un petitbouquet de mesures en faveur du social, despetites fermes, des exclus de la Pac…

Mais revenons sur un de ses propos danssa réponse légèrement agacée envers notreporte-parole, Laurent Pinatel. C’était au sujetdes politiques concernant le foncier agricole,et l’insuffisante valorisation dans la loi de cesoutils « Safer » et « contrôle des structures »que lui reprochait Laurent. Nous devrions

avoir là – disait-il – de vrais moyens decontenir l’agrandissement des fermes, etde vrais moyens d’impulser une politiquedynamique d’installation. Rappelant qu’avecces dispositions, l’accumulation des3 000 hectares pour la ferme-usine des1 000 vaches devrait être impossible.

Les talents d’orateur du ministre lui ontpermis de persuader, au moins partielle-ment, cet auditoire du fait qu’il avait faitl’impossible, là encore. Et de rajouter qu’au-delà, nous sommes face à l’infranchissable,la propriété privée.

C’est bien celle-ci qui anime aujourd’huinotre réflexion. La propriété privée. Certes,elle est établie, dans le foncier en particu-lier, mais également dans bien d’autresdomaines de la société. Et ce serait illusoirede la condamner, ou d’espérer la rayer d’untrait de plume. Elle est le fondement de cettesociété inégalitaire dans laquelle nous vivons.

Nous pourrions cependant, dans l’immédiat,solliciter le ministre pour la contourner, cettepropriété privée. Puisqu’on ne peut pas laprendre de front, tellement elle est instituée,voyons donc comment on peut contenir sonincessante expansion. Et nous songeons bien

sûr à tout ce qui est « commun » dans nossociétés. Combien de « constructions col-lectives » par le passé ne sont-elles pas lefruit de la coopération des femmes et deshommes, en agriculture et ailleurs? Ici, enGarazi, aux alentours de Saint-Jean-Pied-de-Port, on pense facilement aux espaces com-muns d’estive que gèrent les vallées ; dans nosvillages on se réfère aux surfaces de pâturagescollectifs. C’est aussi par exemple notre régimed’assurances MSA qui à l’origine est un biencommun qui bénéficie et appartient à touteset tous… Même l’entreprise, avec entre autresles coopératives, a connu l’heure de gloire del’outil collectif, du bien partagé et des béné-fices qui n’enrichissent pas!

À l’époque où tout est en train d’être pri-vatisé au nom de l’efficacité économique etdu mythe du libéralisme salvateur, de lasemence paysanne au service public engénéral, n’avons-nous pas urgences à enta-mer une vraie réflexion, un vrai débat desociété, sur la survie et le renforcement detous les biens communs qui fondent aussinos « démocraties » ? n

Mikel Hiribarren, paysan au Pays Basque,

secrétaire national de la Confédération paysanne

L’« infranchissable » propriété privée

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Annonces

22 \ Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015

Emploi - stages - formation

Offres• Haute-Loire - Cause santé, pay-san en bio, petite ferme (élevagechèvres et brebis) recherche per-sonne pour remplacement, environun mois, début fin juin - début juilletdate à définir - 0477352917Demandes• Franche-Comté (en priorité) - JFcherche emploi caprin, bovin etovin, voire maraîchage - Expé-riences sur plusieurs troupeaux etformations effectuées (fromagerie)et 4 mois en maraîchage - Anna :06 73 33 10 50 [email protected]• Haute-Garonne - Ingénieure agro-nome venant de faire un an de sala-riat agricole dans les Hautes-Pyré-nées, je suis à la recherche d’unsalariat agricole à temps partiel(maximum 4 jours par semaine)pour les mois de juin et juillet envi-ron en élevage ou production végé-tale ou vente (expérience détailléeci-dessous) [email protected]

Association - installationtransmission

Offres• Hautes-Pyrénées - Paysansproches retraite cherchent à trans-mettre leur exploitation enmoyenne montagne, libre en 2016- Actuellement chèvres et vaches lai-tières, transformation, vente directe- Bâtiment élevage 300 m2, froma-gerie - Maison habitation dispo -Proximité estive - Étudions touteproposition - 0632015624• Aude - AV ou louer ferme AB enactivité depuis 18 ans - 6,5 ha entout (maraîchage : 1,6 ha, pom-miers : 2,5 ha) - Vente directe surplace et marchés - Maison 180 m2

TBE - Local transfo, bâtiments agri-coles 220 m2, irrigation en place(rivière) - Vente : 430 k€, location :14 000 €/an, le tout avec reprisedu matériel complet pour 60 k€ [email protected] -0468248093• Haute-Marne (Sud) - Expl. poly-culture-élevage à transmettre pourpratique agri. paysanne - Expl. her-bagère 50 vachesallaitantes/céréales - Système rela-tivement autonome - Ch. candidatspour éventuelle conversion en ABou pour développer atelier de transf.- Transmission entre 70 et 94 ha deterres selon projet - Environnementpaysan favorable: importante Cumaet groupement de producteurs envente directe - 0686758965 - [email protected]• Vaucluse - Exploitation agricoleen polyculture-élevage bio à céderen vue retraite - SAU totale 7,43 had’un seul tenant dont 6 ha encéréales autoconsommées, 60 a deparcours ombragé et clôturé, 20 ad’aromates - Bâtiment d’élevage

250 m², bâtiment technique stoc-kage et conditionnement 250 m2,logement HQE : 140 m² + 28 m² -Élevage pondeuses, cultures céréa-lières diversifiées (blés, tournesol,sorgho), aromates séchés ou dis-tillés, en bio - Clientèle stable etfiable, fort développement poten-tiel - [email protected]• Vosges - Transmission d’exploi-tation, zone montagne, 23 ha,2 actifs, en AB - Viande bovine,vente directe, agrotourisme AccueilPaysan (2 chambres d’hôte et gîtede groupe 25 personnes) -Recherche repreneur, location dela partie agricole, en vue départ àla retraite de Dominique en 2017,Brigitte restant encore en activitéquelques années - Étudions toutespropositions - 03 29 61 00 30 - [email protected]• Gironde (Sud) - Ferme maraîchèrebio de 15 ha en fermage chercheassocié-e pour développer ses acti-vités et/ou nouveaux projets - 5 hade légumes diversifiés pour unequarantaine de variétés anciennesprivilégiées - Équipements et maté-riel en état - EARL composée de l’ex-ploitant gérant, de 3 employés àplein temps et d’1 à temps partiel,tous associés de la structure - Expé-rience indispensable - Travaild’équipe - Marchés paysans, cir-cuits courts de distribution, amap,grossistes, magasins et restaurants- Pas de logement possible à laferme mais possibilités aux alen-tours - 06 09 57 22 07- [email protected]• Haute-Garonne - Paysan procheretraite cherche repreneur pourexploitation maraîchère en bio :grandes cultures, volailles, porcs, àMartres-Tolosane - 0677157899• Allier - Cherche un-e associé-esur ferme maraîchère bio - Vaillantseul depuis mon installation en2011, je souhaite partager la chargede travail et développer une autreactivité (fruits, ppam, semences,transformation…). Actuellement jeloue 9ha30 et cultive près d’un hec-tare de légumes diversifiés dont1200 m2 sous tunnels froids, le resteest en prairie, un verger d’unesoixantaine d’arbres complète lelieu - Diverses possibilités et évo-lutions possibles [email protected] - 0620846409(après 19 heures)• Loiret - Couple de militants pro-pose terrain de 2,7 ha, pour maraî-chage - Petite partie boisée, forge,clôture en cours - Notre volontéest d’aider un paysan à s’installer- Le bail sera à prix minimal -0160809658• Côtes-d’Armor (Est) - A reprendreferme laitière biologique de 38 hade SAU dont 22 ha accessibles -Terres en location (peut-être 7-8 haen vente) - Site + bâtiment + chep-tel à vendre : 30 VL et la suite enrace PH, stabulation logette (36

places) + logement génisses -Filière longue avec Biolait - Labo-ratoire de transformation de 160 m²aux normes CE transformant actuel-lement 60 000 l - Système idéalpour 2 UTH - Peut convenir àd’autres productions également -0677011022• Drôme - Ferme en polyculture-élevage bio, 50 ha, 4 associés,cherche pour remplacement départà la retraite en août 2016, une ouun associée sur l’atelier brebis lai-tière transformation fromagère -L’Earl produit légumes, pain,céréales, fourrage yaourts et fro-mages de brebis - Vente directe enmagasin de producteurs, amap,marché de producteurs et à la ferme- 06 86 58 77 65 - [email protected]• Charente - A reprendre élevagede chèvres en AB avec transfor-mation. 37 ha de fermage autourdes bâtiments - chèvrerie 840 m2,atelier de transf, 250 chèvres et 50chevrettes - Réseau de vente Bio-coop et marché local - Cession aprèsformation (parrainage, cdd) -0545857358• Deux-Sèvres - Mise à dispositionde 1,6 ha pour installation ou testd’activité en maraîchage, perma-culture, biodynamie [email protected] -0549043678• Indre - Earl avec 2 pers (60 et 29ans) recherche futur-e associé-e envue départ en retraite - Deux acti-vités d’élevage : caprin lait (180chèvres) et bovin allaitant (50mères) avec engraissement - Postepolyvalent - Une période de sala-riat est souhaitée en vue de l’as-sociation - 0686833794• Indre - Cherche associé-e pourGaec, actuellement 2 associés (33& 53 ans) et 1 salarié - 215 ha, éle-vage bovin (50 charolaises, avecengraissement), élevage porcin (70truies naisseur - engraisseur),et 160 hectares de cultures - Objec-tifs d’autonomie alimentaire destroupeaux, maîtrise des charges etdu temps de travail - Reprise d’1/3du capital social (environ120000 euros), période de parrai-nage/salariat souhaitée - Possibilitélogement sur place - Prise de res-ponsabilité souhaitée sur un atelierà définir avec la nouvelle personne(cultures, vente directe, porcs ouautre selon affinités) - 0677170144

• Indre - Jeune installé, 180 chèvreset 28 ha en AOP Pouligny St Pierre,cherche associé(e) pour développerla ferme. Plein des projets pos-sibles ! - 0635327986• Saône-et-Loire - A transmettrepour départ retraite ferme 80 ha,vallée de la Saône - Prairies, biodi-versité, actuellement troupeau 30charolaises (70 à 80 bovins) - Ventedirecte génisses et jeunes vaches,avec gros potentiel de développe-ment - Matériel en cuma - Diversespossibilités de cessions, selon pro-jets repreneurs - Ouvert à tout typede projet - Conversion bio facile-ment réalisable - 0610218793• Allier - Cherchons repreneursavant départ retraite - Maraîchagebio - Nous souhaitons vendre lematériel et faire bénéficier desacquis techniques et de la clien-tèle fidèle sur le marché en faisantla transmission pendant une saison- 0470675640• Bourgogne, limite Centre - Agri-culteur offre gratuitement corps deferme, avec 2 ha et un logement,pour élevage ou maraîchage - Étu-die toute proposition -0632076973 - 0386454381• Doubs - Recherche de partenairespour une exploitation collective demaraîchage et d’élevage ovin enbio, traction asine, petits fruits, ver-gers, poules, chèvres - Nous recher-chons des personnes expérimen-tées qui ont envie d’aller au champ(1 km) en vélo. 2,5 ha labourables,tunnels froids + pâtures, vergerset bois - Habitat collectif sur place- 03 81 84 12 50 - [email protected]• Puy-de-Dôme - Vends notre pro-priété avec multiples possibilitésde projets agri ou agrotourismedans les Combrailles - Maison enpierre éco-rénovée (180 m2) - Ter-rain : 3 ha prairie + 6 ha debois/taillis/friche, tout attenant -Possibilité installation maraîchage,petits fruits, petit élevage et/ouchambres, table d’hôte - Situationisolée pleine nature, 5 minutesbourg tous services - 0982525392- [email protected]• Béarn (Piémont) - Ferme avecvaches et brebis laitières en trans-formation fromagère cherche unassocié. Il s’occuperait en prioritédu troupeau de 10 vaches laitièreset aiderait à la mise en place de labiodynamie sur l’exploitation -0559058910 (HR)

• Morbihan : Gaec recherche asso-cié(e) - Installés depuis 2011, noustransformons 100000 litres de laitbio. Actuellement 2, nous recher-chons un ou une 3ème associé-e pourpartager cette activité. Gamme deproduits frais : lait cru, riz au lait,yaourt, fromage blanc, crème etbeurre - Réseau de vente dyna-mique local (marché, amap, res-tauration collective, restaurants…)Système herbager avec 35 vacheslaitières sur 42 ha groupés - [email protected] - 0672611497• Ardèche - Vends bâtiment agri-cole ovin/caprin (ou autre, laitierou non) : bergerie 150 m2, froma-gerie 75 m2 (ou 100 m2), possibilitéde création appartement de fonc-tion (avec dérogation éleveur) au-dessus fromagerie, 130 m2 - Terrainattenant : 3 ha (ancienne châtai-gneraie). Potentiel de parcours(env.100 ha autour du hameau) ;bilan pastoral fait avec la chambred’agriculture - 95 000 euros - [email protected]• Ain - Exploitation commerciali-sant toute sa production en ventedirecte (volaille de Bresse, viandelimousine, porc fermier) rechercheassocié. e - Cheptel bovin 45 mères- SAU 100 ha, autonomie en ali-mentation Sur la ferme : tuerievolaille et salle de découpe viande- Partage des décisions, du travail,entente, qualité de vie sont desaspects important à aborder - Sou-hait d’intégrer un candidat et enétant à l’écoute de ses attentes -06 07 10 05 34 [email protected]• Toutes régions - H 45ansrecherche un associé installé ousouhaitant de diversifier en maraî-chage arboriculture volailles, oubien un propriétaire disposant d’unlogement (mini 50 m2) + 6000 m2

terrain mini en location ou exploi-tation en commun - Étudie touteproposition sérieuse - 0624475406- [email protected]• Corrèze ou Puy-de-Dôme - Jeunecouple (formation BPREA bio)recherche 4 ha mini de terrain irri-gable avec bâtit ou possibilité deconstruire - En location/achat par-tiel/location vente/association(toute proposition est bonne à étu-dier), pour projet d’installation enmaraîchage bio et poules pon-deuses, en traction animale - Dubois serait un plus - Accès à l’eauet à l’électricité requis - Toute offreconcernant du matériel en lien avecnotre projet nous intéresse aussi [email protected] - 0689799140• Toutes régions - Afin de nous ins-taller comme maraîcher avec petitélevage de gibier et petit poulailler,couple cherche un terrain avec habi-tation ou petite ferme en locationou loue/achat, sur toutes régions -0672270203• Franche-Comté - Je cherche àm’installer d’ici quelques annéesen élevage : petit troupeau, avecpour ligne conductrice le “bien-être animal” (bio, soins médicauxau max alternatifs, pâturage…) etautres activités envisageables (pain,maraîchage…) - Pourquoi pas un

projet collectif ? - Anna :06 73 33 10 50 [email protected]

Animaux - Matériel

• Vosges - Cherche troupeau ovinviande pour installation : Limou-sine, Suffolk, Charollais, Grivette,Clun Forest ou autres, en croiséesou en pure. Préférence pour brebisadaptées aux sols acides [email protected] - 0614287550• Toutes régions - Cherche trou-peau ovin viande pour installationdans les Vosges - Si possible raceadaptée aux sols acides type Limou-sine, Suffolk, Charollaise, ou autres,en croisées ou en pure. - Des bre-bis élevées à l’herbe seraient ungros plus - [email protected] -0614287550

Vacances

• Charente-Maritime - A louer, îled’Oléron, maison (4 pers.) - Dansvillage typique côte ouest, entreplages et vignes : pêche à pied, pro-duits locaux, commerces de proxi-mité… Accueil personnalisé pourles confédérés et Amis de la Conf’-0786480412• Alpes-de-Haute-Provence - 2 gîtesAccueil Paysan - un de 8 pers., unde 2/3 pers. - Dans ferme avecvaches et brebis allaitantes - Décou-verte de la ferme et de la Haute-Provence - www.gitemontagnedelure.com -0627859600

Divers

• Toutes régions - Paysan dans leVar, élevage de chevaux de traits,peux contribuer à divers travauxsur ferme, clôtures et autres, ainsique remplacer sur la ferme - Auto-nome (camping-car) - 0660120583• Aveyron - La Maison Commune,à Rodez, développe un projet éco-nomique et social- 20 structuresfont déjà partie de l’aventure et serassemblent autour des valeurs deresponsabilité sociétale, solidarité,bienveillance, transparence,entraide et liberté - Les secteursd’activité sont variés : agriculture,alimentation, artisanat, commerce,économie sociale et solidaire, ges-tion, environnement, énergie et res-tauration… Vous avez un projetde création d’activité? Vous sou-haitez vous joindre à cette dyna-mique collective ? Vous cherchezdes locaux avec un loyer intéres-sant? [email protected]• Toutes régions - Paysan, retraitéfin 2014, dispo pour aide bénévolechez éleveuse - Région et situationindifférentes - 03 86 45 43 81 -0632076973• Lot - L’Adear du Lot a le plaisirde vous annoncer le lancement dela campagne d’appel à dons pourle financement de la Maison desSemences Paysannes du Lot, unecampagne menée par Greenpeacepour la MSP’Lot - Pour cela Green-peace a rencontré l’équipe de laMSP’Lot pour faire une présenta-tion générale du projet, que vouspouvez voir en cliquant sur le liensuivant : https ://faire-un-don.greenpeace.fr/farmers/maison-semences-pay-sannes

Les petites annonces sont payantes, sauf celles qui concernentl’emploi, les recherches et propositions d’installation, et touteautre demande à but non lucratif.Tarif : 8,5 € les six lignes + 1,5 € par ligne supplémentaire (30 caractères par ligne).Pour les tarifs publicitaires, contacter :Média Pays – 104, rue Robespierre – 93170 BAGNOLETTél. : 0143628282

• Rhône-AlpesL’usine à4 vaches, c’estun pied de nezaux mille, maissurtout un pro-jet d’installa-tion d’une nou-velle paysannede 33 ans, enpetit élevage

laitier autonome et transformation. Elle lance jusqu’au 15juin un appel à finan-cement participatif original sur un siteInternet très complet (et joyeux) :www.usine4vaches.fr

Page 31: Campagnes solidaires - confederationpaysanne.frconfederationpaysanne.fr/.../Campagnes_Solidaires_307.pdfCampagnes solidaires • N 307 juin 2015 / 3Mensuel édité par: l’association

Sous forme d’unrécit à quatremains, Perrine

et Charles Hervé-Gruyer, les biensconnus propriétairesde la ferme maraîchèredu Bec Hellouin enNormandie, nouslivrent l’histoire deleur aventure agricole.Leur reconversionprofessionnelle s’ap-puie sur une expé-rience au long court(lui est navigateur, ellejuriste internationale),des ruptures person-nelles et la quête d’unevie pleine de sens. Au fil des pages s’égrai-nent les anecdotes, les rencontres, les dif-ficultés et les moments de joies qui sont lelot de toutes les vraies aventures humaines.Ce livre est à la fois une histoire person-nelle, un témoignage d’expérience et une

somme de pistes, deréflexions et d’expé-r i m e n t a t i o n sconcrètes qui pas-sionneront le paysanou le futur paysan,bien au-delà dumaraîchage ! C’estalors toute une visionde l’agriculture, de saplace dans la société,de notre rapport à lanature, aux imagi-naires du progrès etdu développement,qui se dessine dansl’alternance du quo-tidien et de larecherche d’une uto-

pie. La ferme du Bec Hellouin ouvre des pos-sibles et invite à faire prospérer des lieuxoù se cultivent d’autres rapports au monde.Les auteurs nous invitent à nous engagerdans nos pratiques, à partager les savoirs età faire voler en éclats les références d’une

agriculture qui s’est construite sur la stan-dardisation du vivant et la volonté délibé-rée de faire disparaître les paysans. Mais alorsque l’offensive de l’agriculture industrielleprend un nouvel élan, si des lieux mettenten lumière des alternatives et, à force de tra-vail complice, ouvrent des brèches dans lavision des institutions, il reste à savoir com-ment ces possibles acquièrent un véritablepouvoir de transformation sociale. Pourcela, nous pouvons méditer sur une deviseque Charles Hervé-Gruyer usait en tant quenavigateur et qu’il adapte à son métier depaysan : « Plus le rêve est fou, plus il fautle réaliser sérieusement », en précisantcependant : « Nous cherchons à aller le plusloin possible, mais nous n’allons pas n’im-porte où, ni n’importe comment » ! n

Gauthier Félix, animateur de l’Alodear,

Association Lorraine Alsace pour le développement

de l’emploi agricole et rural

Permaculture, par Perrine et CharlesHervé-Gruyer, éditions Actes Sud, sep-tembre 2014, 372 pages, 22,80 euros.

Un livre de référence sur la permaculture

Culture

Campagnes solidaires • N° 307 juin 2015 / 23

Le personnage qui apparaît sur l’écranest sans aucun doute un paysan. Il ya la terre caressée par la charrue, le

costume- uniforme de l’agriculteur. Pour-tant le visage buriné à la tendresse retenue,la voix posée fait penser à ces hussards dela République, ces instituteurs porteurs

de connaissances, de valeurs et d’ou-verture sur le monde. Dans cette val-lée de l’Aveyron aux maigres prai-ries où les collines ondulent et oùla charrue lève sans fin les cailloux,ces ossements de la terre, GilbertEspinasse fait remonter auXVIe siècle l’enracinement de safamille. Son fils qui a repris la petiteferme familiale ne veut pas, malgréles difficultés, s’installer ailleurs.Une trace génétique attache leshommes à cette glèbe. C’est en 1968que Gilbert est tombé en bio,comme d’autres en amour. Malgréquelques déboires, il s’appuiera surles constats positifs, telle la préfé-rence des animaux pour les prairiesenrichies d’algues. Même siquelques souvenirs d’une époque oùles enfants chassaient les mouches

sur les vaches surgissent de sa mémoire,il ne plaide pas pour les pratiques d’antan.Sa ferme de 57 hectares, bien plus grandeselon lui que la moyenne d’un hectarepour les paysans du monde, est équipéesans excès des appuis matériels modernesnécessaires. Gilbert n’a jamais vraiment

voyagé, mais les nombreux stagiaires quela famille accueille depuis toujours, deBerlin, Londres, Tokyo, racontent leur payset cela suffit au bonheur, surtout lorsqu’ilsreviennent se ressourcer au feu de l’ami-tié. Les rencontres avec son vieux profes-seur d’agronomie sont l’occasion de glis-ser avec humour quelques souvenirs surleurs confrontations d’alors. Fabricationdu purin d’orties, traite et commercialisa-tion du lait, promenade au prieuré du Sau-vage, visite émue à sa vielle vigne arrachée,marché de Marcillac… Gilbert Espinassenous mène sur les chemins de sa vie. Dansses champs, main dans la main avec sapetite fille, il nous confie ses espoirs. Lesmêmes depuis sa jeunesse paysanne.Conscience paisible, il astique nos convic-tions qui parfois se ternissent dans l’écumedes jours. n

Michel Curade

Gilbert Espinasse, agriculteur deconscience – un film d’Yves Garric, surDVD, 1 h 37 – Editions Fleurines– 15 euros – on peut commander le DVDsur : www.vivreaupays.fr – Et contacterl’auteur : [email protected]

Agriculteur de conscience

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Le Monde marche contre Monsanto

Le 23 mai, la Marche mondiale contre Monsanto a connu un franc succès.Organisées dans plus de 50 pays et 430 villes (!), ces manifestations l'étaienten France par le collectif « les Engraineurs » qui regroupe toutes les orga-nisations luttant sur les thèmes dont Monsanto tire profits : pesticides, OGM,Tafta… La Confédération paysanne en fait bien sûr partie.Les rues de 25 villes françaises ont été bien animées ce jour-là. A Paris,3000 personnes ont marché entre la place Denfert-Rochereau et le Champ-de-Mars, accompagnées par des percussions, derrière la banderole « Parismarche contre Monsanto », scandant notamment «Vade retro Monsanto »,« Monsanto non, ma santé oui » ou encore « Des OGM ? On n'en veutpas ! ». A Rennes, près de 2000 personnes ont manifesté dans le centre-ville, 2 000 aussi à Lyon, un bon millier à Strasbourg…En Suisse, parmi les marches, à noter celle à Morges, près de Lausanne, villequi abrite le siège Europe-Moyen-Orient-Afrique de Monsanto.Un succès très bien relayé le soir par les télés et radios, mais beaucoup plusdiscrètement le lendemain par la presse écrite : pas de « publicité » pourdes événements qui peuvent nuire aux recettes publicitaires ?L'objectif de la Marche – des marches, donc – en France était de faire pres-sion sur le gouvernement afin qu'il renforce sa position contre les pesti-cides et les OGM, en dépit des fenêtres ouvertes pour eux par la Commis-sion européenne. La forte mobilisation observée devrait y contribuer.

Jo Bourgeais

Paris (France)

Marseille (France)

Grenoble (France)

Bordeaux (France)

Lorient (France)Toulouse (France)Lyon (France)

Srasbourg (France)

Bregenz (Autriche)

Santiago (Chili)

Sidney (Australie)

Ouagadougou (Burkina Faso) Los Angeles (États-Unis) Madurai (Indes)