Campagne Du Ruban Blanc - Dossier

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Dossier d’information Mobiliser les hommes et les garçons pour réduire et prévenir la violence sexiste Rédigé par : La Campagne du ruban blanc, http://www.whiteribbon.ca Pour : Condition féminine Canada et l’Agence de la santé publique du Canada

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La Campagne du Ruban Blanc: des hommes voués à mettre fin à la violence faite aux femmes365, RUE BLOOR EST, TORONTO (ONTARIO) M4W 3L41-800-328-2228 • TÉLÉCOPIEUR (416) [email protected]

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Dossier d’information

Mobiliser les hommes et les garçons pour réduire et prévenir la violence sexiste

Rédigé par : La Campagne du ruban blanc, http://www.whiteribbon.caPour : Condition féminine Canada et l’Agence de la santé publique du Canada

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La Campagne du ruban blanc est un effort d’une portée sans précédent déployé par des hommes et des garçons, à l’échelle mondiale, pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles. Elle a été lancée au Canada en 1991, par suite du massacre survenu le 6 décembre 1989 à l’École polytechnique de Montréal, où 14 jeunes femmes ont perdu la vie. Le ruban blanc représente le serment d’un homme, qui a juré de ne jamais commettre ou tolérer d’acte de violence à l’endroit des femmes et de ne jamais passer sous silence la violence faite aux femmes. La Campagne du ruban blanc est maintenant active dans plus de 60 pays, avec la collaboration des Nations Unies, des gouvernements et de la société civile aux quatre coins du monde. Pour en savoir davantage, visiter www.whiteribbon.ca

Remerciements :Les auteurs tiennent à exprimer leur reconnaissance pour le soutien et la confiance de Condition féminine Canada, qui a choisi la Campagne du ruban blanc pour la rédaction de ce dossier d’information. Nous espérons sincèrement que ce docu-ment contribuera à faire connaître notre vision commune de l’élimination de la violence sexiste au Canada. La production de ce document n’aurait pas été possible sans la passion, la détermination et le travail acharné de l’équipe, petite mais non moins extraordinaire, de la Campagne du ruban blanc : Humberto Carolo, Tuval Dinner, Clay Jones et Nick Rodrigue. Dans tous nos efforts, nous saluons le courage et la conviction de chacune des femmes qui ont lutté pour l’égalité entre les sexes et l’élimination de la violence faite aux femmes et aux filles. Vous avez joué un rôle de premier plan dans cette lutte pendant des décennies. Nous sommes touchés et inspirés par votre travail. Enfin, nous tenons à souligner que nos contributions dans ce domaine ont été richement éclairées par celles de nombreux hommes avant nous, notamment Michael Kaufman, Michael Flood, Gary Barker, Michael Kimmel, Alan Berkowitz et Rus Funk, qui ont été particulièrement utiles pour la production du présent document.

En attendant que cesse la violence,

Todd Minerson, directeur généralCampagne du ruban blanc

Les idées et opinions exprimées dans ce document sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les points de vue du gouvernement du Canada.

Titre :Dossier d’information — Mobiliser les hommes et les garçons pour réduire et prévenir la violence sexisteAvril 2011

Rédigé pour :Condition féminine Canada et l’Agence de la santé publique du Canada

Par :La Campagne du ruban blanc — Canadawww.whiteribbon.ca

Auteurs :Todd Minerson, Humberto Carolo, Tuval Dinner, Clay Jones

Traduction :Christiane Ryan

Révision de la traduction :Marie-Josée Martin

Référence suggérée :MINERSON, Todd, H. CAROLO, T. DINNER et C. JONES. Dossier d’information — Mobiliser les hommes et les garçons pour réduire et prévenir la violence sexiste, Condition féminine Canada, 2011.

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TABLE DES MATIÈRES

1.0 Introduction 2

2.0 Mise en contexte 4

3.0 Le genre masculin et les définitions de la masculinité 9

4.0 Enjeux et dimensions de la violence sexiste 12

5.0 Effets sur différentes communautés 21

6.0 Cadres, stratégies et rôles positifs pour les hommes et les garçons 24

7.0 Considérations, limites, lacunes et évaluation des risques 32

8.0 Glossaire 36

9.0 Bibliographie 38

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1.0 INTRODUCTION

Ce dossier d’information a été commandé par Condition féminine Canada, de concert avec l’Agence de la santé publique du Canada, afin d’offrir une vue d’ensemble des efforts faits pour mobiliser les hommes de tous âges dans le but de réduire et de prévenir la violence sexiste.

Nous commencerons par examiner les efforts déployés par le passé au Canada et l’évolution des interventions auprès des hommes et des garçons pour mettre fin à la violence sexiste dans le monde. Nous passerons également en revue l’expression de ces efforts dans divers engagements onusiens depuis la Quatrième Conférence mondiale sur les femmes, tenue à Beijing en 1995. Suivra un bref examen des statistiques canadiennes concernant la violence con-tre les femmes et les quelques recherches qui existent sur les attitudes masculines à l’égard de la violence sexiste au Canada et dans le monde.

Ensuite, pour cerner les rôles que peuvent jouer les hom-mes de tous âges dans la prévention et la réduction de la violence sexiste, nous examinerons les causes profondes de cette violence, la socialisation des hommes, le pouvoir à l’intérieur du patriarcat, la masculinité, ainsi que les inégali-tés entre les sexes et leurs liens avec toutes les formes de violence à l’endroit des femmes. Nous présenterons plus en détail les enjeux complexes et les dimensions multiples entourant la violence sexiste, particulièrement en ce qui a trait aux hommes, et ferons une brève mise en contexte de la pertinence pour plusieurs communautés d’intérêts.

Enfin, nous nous attarderons aux stratégies prometteuses de mobilisation des hommes et des garçons, ainsi qu’aux pratiques exemplaires et aux cadres qui peuvent effective-ment contribuer à réduire et à prévenir la violence sexiste. Nous recenserons également les lacunes et soulignerons les considérations, les limites et les risques en cause.

La production de ce document a été commandée à la Cam-pagne du ruban blanc, organisme sans but lucratif enregistré au Canada qui compte plus de 20 ans d’expérience dans le domaine. La Campagne du ruban blanc a vu le jour au Canada en 1991, par suite du meurtre tragique de 14 jeunes femmes, le 6 décembre 1989, à l’École polytechnique de Montréal. Un petit groupe d’hommes est arrivé à la conclu-sion que les hommes avaient un rôle à jouer et des respon-sabilités à assumer dans l’élimination de la violence faite aux femmes. Ce qui a d’abord été un effort de la base pour faire de la sensibilisation auprès des hommes et des garçons a évolué pour devenir un mouvement reconnu internationale-ment, actif dans plus de 60 pays.

Pourquoi travailler auprès des hommes et des garçons pour réduire et prévenir la violence sexiste?

La violence contre les femmes est l’une des formes les plus flagrantes de discrimination et de violation des droits de la personne. Elle se produit dans tous les pays du monde, dans toutes les couches sociales et économiques, et le Canada ne fait pas exception à la règle. Malgré des décen-nies d’efforts, particulièrement de la part des femmes et des groupes de femmes, encore aujourd’hui, les femmes et les filles sont victimes de violence à un taux scandaleusement élevé. Cette forme de violence occasionne des préjudices et de la souffrance pour les femmes, les enfants, les familles, les communautés et les nations. En fait, l’élimination de la violence faite aux femmes serait profitable pour tout le monde.

En 1993, l’Assemblée générale des Nations Unies (ONU) a donné la définition suivante à la violence à l’égard des femmes : « tout acte de violence fondé sur l’appartenance au sexe féminin, causant ou susceptible de causer aux femmes des préjudices ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques ». Concrètement, cela comprend: la violence familiale et la violence dans les rela-tions interpersonnelles; de nombreuses formes de violence sexuelle, notamment le viol et l’agression sexuelle; les formes de violence systémiques, institutionnelles et culturel-les (le viol dans les situations de conflit, l’interdiction aux filles de fréquenter l’école sous la menace de violence ainsi que les crimes perpétrés au nom de l’honneur); tout comme les nouvelles formes de harcèlement et de harcèlement criminel faisant appel aux technologies modernes.

La grande majorité de cette violence est perpétrée par des hommes, expressément contre des femmes et des filles. Si la plupart des hommes n’utilisent ou ne tolèrent peut-être jamais la violence, le fait est que la violence sexiste est commise principalement par des hommes. Les causes profondes de cette violence peuvent presque exclusivement se résumer à deux éléments : l’inégalité fondamentale entre les femmes et les hommes à l’intérieur du patriarcat, ainsi que les aspects violents, préjudiciables et contrôlants de la masculinité qui sont dus au déséquilibre des pouvoirs en résultant.

Ce dossier d’information est axé sur trois volets :

1. Le travail auprès des hommes et des garçons est nécessaire. Pour réduire et prévenir la violence, il est essentiel de mobiliser les hommes, qui commettent la majorité de cette violence, sont la cible des efforts de prévention primaire, déterminent les normes sociales et ont la capacité d’exercer une influence sur d’autres hommes.

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2. Le travail auprès des hommes et des garçons peut donner des résultats. L’accumulation d’éléments de preuves, la parution de nouvelles données d’évaluation, les leçons tirées à ce jour et les pra-tiques exemplaires échangées nous montrent qu’il s’agit peut-être de l’élément manquant au travail ef-fectué au cours des décennies précédentes.

3. Le travail auprès des hommes et des garçons peut avoir un effet transformateur sur la vie des femmes et des filles, de même que sur celle des hommes et des garçons. La gamme de rôles con-structifs que peuvent jouer les hommes et les garçons est beaucoup plus vaste que celle offerte aux auteurs ou auteurs potentiels d’actes de violence sexiste. Non seulement ces rôles constructifs préviennent et réduisent la violence contre les femmes, mais ils amé-liorent également la vie des hommes et des garçons en les libérant des aspects préjudiciables et limitatifs de la masculinité. Nous pouvons donc éliminer les inégalités qui entravent l’évolution de nos collectivités et de notre nation, et faire en sorte que les femmes et les filles qui sont chères aux hommes ne vivent pas dans la peur de la violence.

Limites de ce dossierlusions and limitations of this paper.Il importe d’emblée de comprendre les limites de ce docu-ment.

L’examen des questions entourant les hommes et les expressions de la masculinité ainsi que leurs liens avec la violence sexiste fait inévitablement ressortir de nombreuses questions qui ont une incidence négative sur la vie des hommes et des garçons et méritent d’être abordées plus en profondeur. Il s’agit notamment des « coûts » qu’entraînent pour les hommes le patriarcat, la violence des hommes envers d’autres hommes, l’insécurité économique, les pres-sions qui les poussent à assumer des rôles de pourvoyeurs et protecteurs, la récession, la criminalité et la guerre, de même que les coûts émotionnels et psychologiques de la masculinité. L’examen et la modification de ces conditions, qui dénotent une « crise de la masculinité », n’entrent pas dans le cadre du présent dossier.

Ce dossier d’information porte expressément sur les ques-tions liées à la mobilisation des hommes et des garçons dans la prévention et la réduction de la violence sexiste, ainsi que sur le caractère restreint de cette mobilisation, qui ne s’étend pas à la gamme des questions liées à l’égalité entres les sexes (par exemple, l’équité des revenus, la représentation politique, la santé sexuelle et les droits génésiques).

L’analyse des mesures législatives et la possibilité d’utiliser

les politiques publiques pour mobiliser les hommes et les garçons dans la réduction et la prévention de la violence sexiste déborde le cadre du présent dossier.

Le dossier présente cependant un examen limité de l’incidence des interventions du système de justice pénale sur la prévention et la dissuasion, examen qui ne s’étend toutefois pas aux interventions policières. S’ajoute une brève analyse des programmes d’intervention et des options pour les agresseurs, étant donné que les programmes destinés aux hommes violents présentent naturellement un intérêt important pour la compréhension de la gamme des attitudes et des comportements masculins à l’égard de la violence sexiste.

Enfin, le présent dossier n’examine pas non plus expressé-ment les interventions dans le domaine de la santé ou de la promotion de la santé chez les hommes, bien que les liens avec ces domaines soient importants.

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2.0 MISE EN CONTEXTE

Comprendre l’histoire du travail effectué à l’échelle mondiale et au Canada

Avant les années 1990, le gros des efforts déployés par les hommes pour mobiliser leurs pairs dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes et promouvoir l’équité entre les sexes étaient morcelés et se résumaient essentiellement à des initiatives locales, dépourvues de visée à long terme. Au Canada, les premiers groupes communautaires, comme Men’s Network for Change et Les Hommes pour le choix des Femmes, étaient des regroupements hétérogènes d’hommes partageant la même attitude à l’endroit de la violence faite aux femmes et de l’inégalité entre les sexes. Les premiers efforts étaient axés sur la sensibilisation, et faisaient appel à des bulletins et à des campagnes épistolaires (Michael Kaufman, 2011).

La North America National Organization for Men Against Sexism (NOMAS), mouvement social spontané et plus ou moins structuré qui a vu le jour au début des années 1970, est encore aujourd’hui un organisme qui œuvre pour changer les hommes et qui appuie fortement la lutte con-stante des femmes pour la pleine égalité (NOMAS, 2008).

C’est seulement dans la première moitié des années 1990 qu’on a vu apparaître des organisations professionnalisées d’hommes œuvrant pour mettre fin à la violence contre les femmes autour de la planète, et plus particulièrement au Canada. Leur création découle dans une large mesure des événements tragiques du 6 décembre 1989, à l’École poly-technique de Montréal. La Campagne du ruban blanc, mise sur pied en 1991 et reconnue en 1993 comme organisme de bienfaisance enregistré, a été un pionnier de la mobilisation des hommes contre la violence faite aux femmes au Canada et dans le monde.

Dans le cadre de l’Initiative de lutte contre la violence familiale, en 1992, le gouvernement du Canada a financé cinq centres de recherche sur la violence familiale et la vio-lence contre les femmes dans des universités à l’échelle du pays, soit : RESOLVE (Research and Education Solutions to Violence and Abuse), le centre Freda (à l’Université Simon-Fraser et à l’Université de la Colombie-Britannique), le Centre Muriel McQueen Fergusson de recherche sur la vio-lence familiale (Université du Nouveau-Brunswick), le Centre de recherche interdisciplinaire sur la violence familiale et la violence faite aux femmes (Université de Montréal et Université Laval) et le Center for Research & Education (Université de l’Ouest de l’Ontario). Cet investissement, l’un des nombreux qu’a fait le gouvernement fédéral pour mettre fin à la violence sexiste, a permis la réalisation d’importants travaux dans le domaine.

Depuis le milieu des années 1990, les mouvements œuvrant pour l’équité entre les sexes et l’élimination de la violence à l’endroit des femmes se sont solidement implantés dans

les collèges et universités partout au Canada. De nombreux centres de santé et de ressources sur les campus com-mandent chaque année du matériel de sensibilisation et des rubans blancs de la Campagne du ruban blanc pour affichage et distribution parmi la population étudiante. Des associations étudiantes organisent des groupes d’hommes pour susciter entre pairs des échanges sur la masculinité, l’équité entre les sexes et les relations saines.

Sur certains campus, par exemple à l’Université Ryerson et à l’Université de l’Ouest de l’Ontario, on a mis sur pied des campagnes du ruban blanc durables qui débordent du cam-pus. Ces campagnes incluent des ateliers d’une journée, des messages d’intérêt public, des sites Web et une présence dans les médias sociaux au moyen de fils Twitter et des pages Facebook.

Le mouvement a débordé des campus universitaires et col-légiaux au Canada. Par exemple, Kizhaay Anishinaabe Niin (« I Am a Kind Man » [Je suis un homme bon]) est un outil en ligne pour les hommes autochtones en Ontario qui englobe les « sept enseignements du grand-père », un mode de vie fondé sur la « sagesse, l’amour, le respect, le courage, l’honnêteté, l’humilité et la vérité ». Créé en partenariat avec l’Ontario Federation of Indian Friendship Centers, la Campagne du ruban blanc et le gouvernement de l’Ontario, « I Am a Kind Man » a le mandat d’inciter les collectivités autochtones à dénoncer toutes les formes de violence contre les femmes (Kizhaay Anishnaabe Niin, 2011).

Les groupes nationaux et locaux de femmes, comme la Fondation canadienne des femmes, la YWCA du Canada (et ses diverses sections locales), l’Alberta Council of Women’s Shelters, METRAC (Metropolitain Action Committee on Violence Against Women and Children) et de nombreux orga-nismes offrant des refuges et des logements de transition aux femmes battues, ont soutenu et lancé des initiatives visant à travailler avec les hommes et les garçons pour contribuer à mettre fin à la violence faite aux femmes. En outre, plusieurs gouvernements provinciaux, notamment l’Ontario, Terre-Neuve-et-Labrador et l’Alberta, ont réalisé différents projets et programmes visant à mobiliser les hommes pour prévenir la violence sexiste.

Pendant la première moitié des années 2000, on a cons-taté une augmentation marquée du nombre d’organismes travaillant avec les hommes et les femmes à repenser les rôles associés à chacun des sexes et les définitions de la masculinité. Par exemple, le Fourth R1 est un programme d’enseignement des relations humaines offert en milieu scolaire, qui cible simultanément les jeunes, leurs pairs, leur personnel enseignant, leurs parents et la communauté élargie (The Fourth R, 2008).

1 NDT : The Fourth R signifie littéralement « le quatrième R » ; les trois pre-miers « R » sont les fondements traditionnels de l’enseignement primaire, soit : la lecture (reading), l’écriture (writing) et l’arithmétique (arithmetic).

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tées sur le « rôle des hommes et des garçons dans l’atteinte de l’égalité entre les sexes » qui comprennent une série de recommandations pour inclure les hommes dans les efforts d’avancement des femmes et de promotion de l’égalité entre les sexes :

• Promouvoir la conciliation des responsabilités profession-nelles et familiales;

• Encourager la participation active des hommes et des garçons à l’élimination des stéréotypes sexuels;

• Encourager les hommes à participer à des programmes conçus pour prévenir et traiter toutes les formes de trans-mission du VIH/sida et d’autres infections transmissibles sexuellement;

• Concevoir et mettre en œuvre des programmes visant à permettre aux hommes d’adopter un comportement sécuritaire et responsable en matière de sexualité et de reproduction;

• Soutenir les hommes et les garçons pour qu’ils parti-cipent activement à la prévention et à l’élimination de la violence sexiste;

• Mettre en œuvre des programmes destinés à accélérer les changements socioculturels requis pour réaliser l’égalité entre les sexes, particulièrement dans l’éducation et la scolarisation (Commission de la condition de la femme des Nations Unies, 2009).

En 2009, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a lancé sa campagne « Tous unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes », qui représente un engage-ment historique des plus hautes instances onusiennes. Une caractéristique clé de la campagne « Tous unis » était la reconnaissance du devoir des hommes dans la prévention, ainsi que de leur rôle comme agents de changement. La

We Can End All Violence Against Women (We Can) est une coalition internationale présente en Colombie-Britannique. Elle est axée sur la mobilisation des hommes, des femmes, des garçons et des filles, dans leur foyer et dans leur com-munauté, et utilise les médias sociaux (Facebook, Twitter et Youtube) comme outils de sensibilisation de grande portée. Cette campagne encourage la dénonciation des attitudes et croyances qui entretiennent la violence pour atteindre son objectif principal, à savoir : l’élimination de la violence faite aux femmes (We Can, 2011).

Mobiliser les hommes et les garçons : perspective onusienne

L’égalité entre les femmes et les hommes est un principe fondamental de droit international établi par la Charte des Nations Unies. L’atteinte de l’égalité entre les sexes est une responsabilité sociétale qui doit mobiliser tant les hommes que les femmes. Toutefois, c’est seulement depuis 15 ans que l’on accorde une attention significative au rôle des hom-mes et des garçons dans la promotion et la matérialisation de l’égalité entre les sexes.

Le Programme d’action du Caire (1994) et l’examen qui a suivi (1999) ont fait ressortir la nécessité d’encourager les hommes à assumer une part des responsabilités liées à l’éducation des enfants, à l’entretien ménager, à la vie fami-liale et aux comportements sexuels, y compris la procréation.

Le Programme d’action de Beijing (1995) a réitéré le prin-cipe du partage des pouvoirs et des responsabilités et fait valoir que les préoccupations des femmes ne pouvaient être réglées qu’en partenariat avec les hommes. Il a égale-ment établi des domaines d’action prioritaires, à savoir : l’éducation et la socialisation des enfants, la santé sexuelle et génésique, l’élimination de la violence sexiste ainsi que l’équilibre entre le travail et les responsabilités familiales (Déclaration et Programme d’action de Beijing, Nations Unies, 1995).

Les résultats de la 23e session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies (2000) ont confirmé les engagements précédents et signalé des obstacles à la mise en œuvre dans des domaines critiques. Par exemple, la persistance des stéréotypes sexuels, les rapports de pouvoir inégaux entre les femmes et les hommes (lesquels entravent la capacité des femmes d’insister pour l’adoption de pratiques sexuelles sûres et responsables), ainsi que le manque de communication et de compréhension entre les femmes et les hommes quant aux besoins des femmes en matière de santé, sont des enjeux autour desquels il faudra mobiliser les hommes pour réussir à changer les choses.

Lors de sa 48e session, en 2009, la Commission de la condi-tion de la femme de l’ONU a adopté des conclusions concer-

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Étapes suivantes pour le Canada

Les groupes de femmes, au Canada et dans le monde, les organismes non gouvernementaux (ONG) internationaux (p. ex., Save the Children et Plan International), les organisa-tions multilatérales (Union européenne, Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, Organisation pana-méricaine de la santé) et l’ONU acceptent de plus en plus que la mobilisation des hommes, et plus particulièrement des jeunes hommes et des garçons, est essentielle à l’atteinte de la pleine égalité entre les sexes. De plus, on a constaté une augmentation importante du nombre d’organismes commu-nautaires dirigés par des hommes qui œuvrent auprès des hommes et des garçons pour leur faire comprendre leur rôle dans l’élimination de la violence sexiste et la promotion de l’égalité entre les sexes.

Malgré toutes ces avancées et initiatives, la croissance des organismes et la reconnaissance des institutions et gouver-nements, des défis demeurent. Au Canada, il n’existe aucun réseau national, à un niveau stratégique, pour regrouper les organismes aux vues similaires qui s’intéressent à la violence faite aux femmes et œuvrent pour l’égalité entre les sexes. La plupart des efforts sont locaux, ont une portée limitée, manquent de ressources et ne sont pas durables. En dépit des bonnes intentions, ces initiatives ne sont peut-être pas ancrées dans des pratiques exemplaires fondées sur des données probantes. À cet égard, le Canada accuse du retard par rapport à de nombreux autres pays, dont le Brésil, l’Inde, la Suède et l’Afrique du Sud. Il s’agit toutefois d’un domaine très prometteur où il y a beaucoup à faire.

En ce qui a trait au renforcement des capacités et à l’acquisition de compétences, les médias sociaux, aux-quels il est possible de puiser, les outils et méthodes d’apprentissage en ligne, ainsi que l’augmentation du corpus international de travaux, permettent des progrès rapides. Cependant, il faut d’abord effectuer une cartographie ex-haustive des projets, programmes et interventions réalisés au pays. De là, il sera possible de mieux faire valoir les besoins réels en matière de renforcement des capacités, de développement des compétences et de réseautage. Tous ces efforts contribueraient à faire en sorte que le travail repose sur des données probantes qu’il mette à profit les approches les plus efficaces connues et que les succès canadiens puissent être démultipliés afin de maximiser l’effet produit.

Plus particulièrement, on sait qu’il existe des lacunes impor-tantes au Canada :

• Il nous manque une connaissance poussée des croyan-ces et des attitudes des Canadiens à l’égard de la violence sexiste et de l’égalité entre les sexes, deux élé-ments clés dans l’élaboration de programmes efficaces;

campagne reconnaissait que, de par le monde, les femmes portent depuis des années le flambeau de la prévention et de l’élimination de la violence et, qu’aujourd’hui, de plus en plus d’hommes secondent leurs efforts. Les hommes ont un rôle crucial à jouer, en tant que pères, amis, décideurs, dirigeants communautaires et influenceurs, c’est-à-dire qu’ils doivent dénoncer la violence contre les femmes et faire en sorte que l’on s’y attaque en priorité. Surtout, les hommes peuvent proposer aux jeunes hommes et aux garçons des modèles de rôles positifs reposant sur dune masculinité saine (Campagne « Tous unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes, 2009).

Dans le cadre de la campagne « Tous unis » M. Ban Ki-moon a institué le Réseau des dirigeants masculins afin d’amener les hommes à participer à la recherche de solu-tions pour éliminer la violence faite aux femmes. Ce réseau appuie le travail de femmes du monde entier qui s’opposent aux stéréotypes destructeurs, revendiquent l’égalité et incitent les hommes et les garçons à dénoncer partout la violence.

Un mouvement mondial en croissance

En 2004, l’alliance internationale de MenEngage a vu le jour. Formée d’organismes non gouvernementaux et d’organismes onusiens, cette alliance cherche à mobiliser les garçons et les hommes dans le but de réaliser l’égalité entre les sexes. Parmi les membres du comité directeur international figurent Sonke Gender Justice (Afrique du Sud), Promundo (Brésil), EngenderHealth (États-Unis), le Fam-ily Violence Prevention Fund (États-Unis), l’International Center for Research on Women (États-Unis), l’International Planned Parenthood Federation (Royaume-Uni), Save the Children—Suède, Sahoyog (Inde) et la Campagne du ruban blanc (Canada). Les membres de MenEngage travaillent collectivement et individuellement à l’atteinte des objectifs du Millénaire pour le développement, plus particulièrement ceux qui ont un lien avec l’égalité entre les sexes. Les activités de l’alliance comprennent l’échange d’information, des activités de formation conjointes ainsi que la promotion nationale, régionale et internationale.

En 2009, MenEngage a organisé à Rio de Janeiro (Brésil) le premier Symposium mondial sur la mobilisation des hom-mes et des garçons dans le but de réaliser l’égalité entre les sexes. Ce symposium a réuni plus de 400 personnes — membres du milieu militant, universitaires et chefs de gou-vernement de plus de 80 pays. Il a culminé avec la Déclara-tion de Rio, qui lançait aux hommes et aux garçons un appel à l’action dans une gamme de domaines liés à la poursuite de l’égalité entre les sexes, y compris l’élimination de la vio-lence sexiste (Alliance MenEngage, 2009).

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mettre fin, elle reçoit relativement peu d’attention, que ce soit comme question de justice ou comme élément de la politique gouvernementale en matière d’égalité des sexes, de santé publique et de sécurité.

• La moitié des Canadiennes (51 %) ont subi au moins une agression physique ou sexuelle après leur seizième an-niversaire (Statistique Canada, 1993).

• Chaque minute, une femme ou un enfant canadien est victime d’agression sexuelle (Institut canadien de recher-ches sur les femmes, 1998).

• En 2009, les victimes de violence conjugale étaient moins susceptibles de signaler l’incident à la police qu’en 2004. Un peu moins du quart (22 %) des victimes de violence conjugale ont indiqué que l’incident avait été porté à l’attention de la police (Statistique Canada, 2011).

• Les taux de violence conjugale autodéclarée sont demeu-rés relativement stables depuis 2004, tandis que les taux d’homicides continuent leur recul graduel. Les femmes restent toutefois trois fois plus susceptibles d’être as-sassinées (Statistique Canada, 2010).

Les statistiques canadiennes sur la violence faite aux femmes confirment que les agresseurs sont des hommes dans plus de 90 % des cas de violence conjugale. Cela en-globe une vaste gamme d’infractions, notamment les agres-sions sexuelles, les voies de fait graves, les menaces et le harcèlement criminel (Statistique Canada, 2006).

Récemment, beaucoup ont tenté d’alléguer que les taux de perpétration et la prévalence de la violence dans les rela-tions amoureuses sont symétriques, c’est-à-dire, les mêmes indépendamment du sexe. Une analyse plus poussée de ces données conclut que les femmes sont plus souvent victimisées et que les actes de violence perpétrés contre elles sont plus préjudiciables et plus susceptibles de causer leur mort; ils sont moins souvent des moyens d’autodéfense et, au contraire, constituent plus souvent un outil de pou-voir et de contrôle utilisé de manière constante, plutôt que d’être épisodiques (Kimmel, 2002, Dobash, 2004). Si les hommes peuvent être victimes de violence, et le sont de fait, l’utilisation sélective des statistiques, des failles mé-thodologiques et des preuves contradictoires réfutent le mythe de la symétrie entre les sexes (Flood 2007, 1999). Lorsqu’un homme est victime de violence dans une rela-tion amoureuse, cette violence est loin d’égaler l’expérience féminine de la violence sondée sur le sexe, surtout lorsque l’on va au-delà de la violence dans les relations amoureuses pour inclure la violence sexuelle, le harcèlement, le harcèle-ment sexuel et la violence en milieu de travail, entre autres.

Des recherches ont montré que le fait d’être victime ou témoin de violence en bas âge peut augmenter les probabili-

• L’élaboration et l’évaluation des programmes, ainsi que la formation des animatrices et animateurs, souffrent d’un manque de cohérence et ne s’appuient pas sur des don-nées probantes;

• Il n’existe pas de réseau ou de forum national réunissant les prestataires de services aux vues similaires;

• On n’a pas encore intégré les considérations de genre et d’égalité entre les sexes aux approches d’éducation de la petite enfance et de développement moral en bas âge.

Grâce aux avancées actuelles dans les technologies, les communications, les médias sociaux et le téléapprentissage, il devient envisageable de combler ces lacunes en quelques années seulement, et non en quelques décennies. Aux États-Unis, l’organisme PreventConnect.org (www.prevent-connect.org) remplit son mandat — promouvoir la préven-tion primaire de la violence sexiste — par une gamme de cyberoutils et d’initiatives d’apprentissage en ligne, incluant des webinaires, des téléconférences, un centre d’échange de ressources et des entrevues. Il serait intéressant de voir comment son approche pourrait s’appliquer dans le contexte canadien.

Depuis cinq à sept ans, on assiste à un changement de paradigme dans le discours entourant le travail auprès des hommes et des garçons dans une optique de promotion de l’égalité entre les sexes, ainsi que de prévention et réduc-tion de la violence sexiste. La question fondamentale n’est plus de savoir « pourquoi » nous devrions travailler avec les hommes et les garçons, mais de déterminer « comment » procéder. Les discussions portent maintenant sur les don-nées existantes, les stratégies ayant fait leurs preuves, les pratiques prometteuses, les leçons tirées d’autres domaines et disciplines, l’expansion des programmes et la constitution de réseaux et de partenariats.

Profil statistique de la situation au Canada

La violence à l’endroit des femmes est un problème grave et courant au Canada; néanmoins, exception faite des gouver-nements et des groupes communautaires qui œuvrent pour y

La question fondamentale n’est plus de savoir « pour-

quoi » nous devrions travailler avec les hommes et les

garçons, mais de déterminer « comment » procéder.

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La plupart des hommes semblent pris entre leur conscience qui leur commande de dénoncer la violence faite aux femmes, et leur réticence ou leur sentiment de n’avoir pas les connaissances ou compétences pour intervenir si le problème se présentait. Qui plus est, lorsque les hommes interviennent, leurs interventions sont, comparativement à celles des femmes, plus susceptibles d’être caractérisées par la colère, l’esprit de vengeance, la prestation exces-sive de conseils, la banalisation et le blâme à l’endroit des victimes (Michael Flood, 2010).

L’engagement des hommes à l’égard de l’élimination de la violence faite aux femmes et de l’égalité entre les sexes varie et prend la forme de diverses interventions au sein d’un spectre. Le spectre de l’engagement des hommes proposé par Rus Ervin Funk décrit les différents stades de l’engagement des hommes (Funk, 2006). Les interventions et les programmes les plus judicieux sont ceux qui prennent en considération où se situe leur public cible dans ce spectre et qui choisissent en conséquence les moyens utilisés pour l’amener vers une position plus active et coopérative.

Dans le cadre d’une étude auprès de 1 000 hommes par-rainée par le Family Violence Prevention Fund, aux États-Unis, on a constaté qu’un homme sur cinq n’appuyait pas les efforts visant à mettre fin à la violence contre les femmes tout simplement parce qu’on ne lui avait pas demandé de s’engager. De plus, 13 % des hommes estimaient qu’ils n’intervenaient pas parce qu’ils étaient perçus comme faisant partie du problème plutôt que de la solution (Garin, 2000). Cela indique clairement que les messages axés sur la force et les campagnes insistant sur les rôles positifs que peuvent jouer les hommes peuvent encourager grandement ceux-ci à s’engager davantage dans l’élimination de la violence faite aux femmes et à se voir comme partie intégrante de la solu-tion.

Une recherche plus récente effectuée par le Family Violence Prevention Fund (Peter D. Hart Research Associates Inc., 2007) a fourni des renseignements très encourageants. Non seulement elle confirme que les hommes peuvent contribuer de manière significative à la promotion de l’égalité entre les sexes, mais elle révèle également de leur part une grande volonté de le faire. L’étude a révélé ce qui suit :

tés, chez les hommes comme chez les femmes, de victi-misation ou de perpétration d’actes de violence conjugale. L’Enquête sur la violence envers les femmes a révélé que « les femmes ayant un conjoint violent étaient deux fois plus susceptibles d’avoir été témoins d’actes de violence com-mis par leur propre père contre leur mère, et trois fois plus susceptibles que les femmes qui ne vivaient pas avec un conjoint violent de déclarer que leur conjoint avait été témoin d’actes violents pendant son enfance » (Statistique Canada, 1994). De plus, les jeunes femmes et les filles ayant été ex-posées très tôt à des relations violentes risquent davantage d’être victimisées plus tard dans la vie (Statistique Canada, 2006).

D’autres recherches ont également révélé que les hommes qui ont vu leur père agresser leur mère ou qui ont eux-mêmes été victimes de mauvais traitements étaient plus sus-ceptibles d’être violents envers leur conjointe plus tard dans la vie, et que les hommes exposés à la violence durant leur enfance étaient également plus susceptibles d’infliger des voies de fait graves et répétées à leur femme que ceux n’y ayant pas été exposés à un jeune âge (Valerie Pottie Bunge et Andrea Levett, 1998).

Il est clair que l’exposition précoce à la violence a un effet significatif sur la probabilité de subir ou de commettre des actes de violence envers autrui dans l’âge adulte.

Attitudes et croyances des hommes entourant la violence sexiste

Relativement parlant, on en sait très peu sur les attitudes et croyances des Canadiens en ce qui a trait à la violence sexiste. En 2005, la Campagne du ruban blanc a effectué un sondage auprès des hommes à travers le Canada afin de mieux comprendre les perceptions et les attitudes à l’égard de la violence masculine contre les femmes. Ce sondage a révélé que la majorité (75 %) des Canadiens sont d’avis qu’il est très important de dénoncer la violence à l’endroit des femmes, et les deux tiers (63 %) estimaient qu’ils pourraient personnellement en faire davantage. Parmi ces derniers, moins de 50 % étaient disposés à intervenir en présence de propos ou de comportements sexistes chez un pair; mais, plus de la moitié interviendraient si le comportement deve-nait violent (Pollara, 2005).

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• la volonté des hommes de parler de cette question avec les enfants a augmenté de façon notable depuis 2000, année où 55 % affirmaient qu’ils seraient disposés à prendre le temps de le faire. Non seulement 82 % des pères d’enfants de moins de 18 ans se disent disposés à prendre du temps, mais également 63 % des hommes sans enfants sont du même avis.

En dépit de l’absence de recherches à jour, la Campagne du ruban blanc formule donc l’hypothèse suivante en se fondant sur son travail et sur son expérience des 20 dernières an-nées, soit : un tel engagement des hommes dans la promo-tion de l’égalité entre les sexes présente le bénéfice secon-daire des efforts déployés en vue de les encourager, de les responsabiliser et de les outiller pour qu’ils puissent à leur tour intervenir auprès de leurs pairs et de leur communauté.

TABLEAU 1 : Le spectre masculin

• cinquante-sept pour cent (57 %) des hommes croient qu’ils peuvent personnellement contribuer, au moins jusqu’à un certain point, à prévenir la violence conjugale et les agressions sexuelles;

• soixante-treize pour cent (73 %) des hommes croient qu’ils peuvent contribuer, au moins jusqu’à un certain point, à promouvoir des relations saines, respectueuses et non violentes chez les jeunes;

• soixante-dix pour cent (70 %) sont disposés à prendre le temps de parler aux enfants des relations saines et sans violence (augmentation par rapport à 55 % en 2000);

• davantage d’hommes âgés de 35 à 49 ans (81 %) et moins (78 %), comparativement aux hommes plus âgés, ont foi dans leur capacité à promouvoir des relations saines chez les jeunes;

D’après Reaching Men: Strategies for Preventing Sexist Attitudes, Behaviours and Violence, de Rus Ervine Funk, 2006.

Intéressémais

non engagéNon intéressé

Intéressé, hésitant

CirconspectEngagé,

excessive-ment engagé

Opposé Engagé,

prêt à suivre

Exagérément hostile Chef de file

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1) Obstacles liés à la responsabilisationLes commentaires comme « Je ne bats pas ma femme; allez parler à ceux qui le font » constituent peut-être la manifestation la plus courante de ces obstacles. Ces affirma-tions révèlent plusieurs choses. Premièrement, celui qui les prononce dit « Je n’ai rien à voir avec ce problème. ». Deu-xièmement, il dit « Moi, je ne fais pas partie du problème, alors je ne vois pas pourquoi je m’en occuperais. ». Et enfin, il dit « Le fait que je n’ai pas recours à la violence ne suffit donc pas à faire de moi un bon gars? ».

De telles réponses indiquent que les hommes et les garçons ne considèrent pas la violence contre les femmes comme un enjeu qui les concerne, qu’il est difficile pour les hommes d’examiner leurs propres rôles dans le système patriarcal et que la barre est placée assez bas pour ce qui est d’établir qui est un « bon gars » relativement au problème de la vio-lence faite aux femmes.

Certaines de ces difficultés peuvent être résolues par la sensibilisation, mais elles nécessitent fondamentalement, de la part des hommes, un auto-examen critique de leur rôle dans une société inéquitable, de leurs actes, de leur discours et de leurs croyances — bref, des approches plus raffinées sont nécessaires. Il faut des approches multifacettes pour relever la barre et changer les normes sociales qui dictent les attitudes et les comportements des hommes à l’égard de la violence faite aux femmes.

2) Obstacles liés à la sensibilisationEn fait, beaucoup d’hommes ne pensent pas que la violence contre les femmes soit un problème grave dans notre so-ciété. Et beaucoup ne sont pas conscients des conditions et des expériences liées à la violence qui font partie du quotidi-en des femmes. L’une des tactiques les plus puissantes des systèmes de pouvoirs et de privilèges consiste à se rendre

3.0 LE GENRE MASCULIN ET LES DÉFINITIONS DE LA MASCULINITÉ

La violence sexiste est un enjeu complexe, qui a des inci-dences multiples et met en cause une multitude de facteurs inscrits dans la culture, l’économie, le droit et très pro-fondément ancrés dans nos conceptions culturelles de la masculinité. Pendant trop longtemps, les hommes ont été principalement considérés comme les auteurs ou les auteurs potentiels d’actes de violence contre les femmes, mais on a relativement peu fait pour comprendre les causes profondes de cette violence, compréhension qui peut servir elle-même de stratégie de prévention primaire.

Nous sommes sur le point de rattacher notre compréhension des hommes et de la masculinité au travail de prévention, ce qui inclut élargir les rôles positifs que peuvent jouer les hommes afin de recruter de nouveaux alliés pour notre lutte contre la violence faite aux femmes, ainsi que d’y apporter de nouvelles approches et de nouveaux paradigmes.

Contrairement à ce que prétendent certains membres évo-lutionnistes du milieu de la recherche, les hommes ne sont pas biologiquement prédisposés à la violence ou « program-més » pour être violents à l’endroit des femmes. S’il en était ainsi, tous les hommes agiraient de façon violente envers les femmes, mais la plupart ne le font pas. La violence des hommes ne se produit pas en vase clos. L’éducation donnée aux hommes et leur environnement culturel leur enseignent un très grand nombre de gestes, de valeurs et de croyances. Ces valeurs et croyances sont l’expression de forces socia-les plus vastes qui, au Canada, sont trop souvent patriar-cales (Walter DeKeseredy, 2011).

Dans de nombreuses études et dans notre propre travail, on constate que les jeunes hommes et les garçons apprennent toujours que l’homme idéal, le « vrai », est dur, fort, domi-nant et intransigeant, garde le contrôle et n’exprime pas ses émotions (Cordelia Fine, 2010). Cette définition de la mascu-linité est non seulement limitative et désuète, elle est aussi dangereuse.

Les messages négatifs transmis aux garçons et les normes culturelles problématiques que l’on tâche de leur inculquer donnent également lieu d’espérer. Car, malgré ce qui est véhiculé, il y a encore bien des hommes qui rejettent la violence et refusent d’y recourir dans leurs relations. Si nous pouvons exploiter ces aspects de notre culture et les at-titudes des hommes qui appuient l’égalité entre les sexes et les relations saines, nous commencerons peut-être à ob-server des changements importants dans la vie des femmes.

Obstacles à la mobilisation des hommes

Notre expérience collective à la Campagne du ruban blanc nous a amenés à cerner plusieurs catégories d’obstacles à la mobilisation des hommes pour prévenir et réduire la violence faite aux femmes

Les messages négatifs transmis aux garçons et les

normes culturelles probléma-tiques que l’on tâche de leur

inculquer donnent également lieu d’espérer. Car, malgré ce qui est véhiculé, il y a encore

bien des hommes qui rejettent la violence et refusent d’y

recourir dans leurs relations.

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Si on envisage l’élimination de la violence sexiste sous l’angle de la justice sociale, on peut alors assimiler le silence à la tolérance, et l’inaction à l’impunité, c’est-à-dire l’absence de conséquences réelles pour les hommes qui commettent des actes de violence envers les femmes ou les tolèrent, et la perpétuation des conditions qui appuient et banalisent cette violence.

Lorsque les hommes passent outre leur peur du jugement des autres et rompent le silence, les résultats sont souvent étonnants. En effet, ils constatent souvent que d’autres hommes partagent leur point de vue, mais qu’ils avaient, eux aussi, peur de l’exprimer. Plutôt que de paraître faibles ou moins virils, ils sont vus comme intègres et considérés comme courageux parce qu’ils ont osé prendre la parole. On entend également des hommes raconter qu’en dépit de leurs craintes, ils ont les outils pour faire ce travail, qu’ils l’ont fait autrement et que, ayant établi ces liens, ils sont encore plus résolus à le faire.

Transformer la masculinité

Paul Collier s’intéresse à la façon d’améliorer la vie du « milliard du bas », des plus pauvres parmi les pauvres de la planète. Il a proposé une thèse intéressante sur les change-ments sociaux de fond qui, selon lui, se produisent lorsqu’on conjugue la compassion et « l’intérêt personnel éclairé » (Paul Collier, 2008).

Si nous appliquons ce concept au travail auprès des hom-mes et des garçons, nous mettons en lumière un des élé-ments manquants les plus cruciaux de nos efforts en vue d’éliminer la violence faite aux femmes. La compassion est clairement justifiée : les femmes et les filles ont le droit de mener une vie exempte de violence, la violence atteint des proportions pandémiques, et ses effets se répercutent sur tout le monde. Cependant, où se trouve l’intérêt personnel éclairé comme moteur de changement, la question fon-damentale de savoir ce que les hommes ont à gagner de l’élimination de la violence faite aux femmes?

Partout sur la planète, ça crève les yeux : les pays les plus performants, selon presque tous les indicateurs, sont ceux où les femmes jouissent d’un meilleur sort, ont un accès égal à l’éducation et à l’emploi, ont de meilleurs résultats en matière de santé et vivent moins de violence. Il existe un « dividende de l’égalité entre les sexes »; cependant, le dis-cours a toujours davantage porté (comme il se devait) sur les droits fondamentaux des femmes et des filles et leur accès à l’égalité, plutôt que sur les avantages économiques, sociaux et politiques qui en découlent pour la population en général.

Le travail auprès des hommes et des garçons doit également faire ressortir les coûts plus personnels du patriarcat pour les hommes, de même que les avantages qu’ils peuvent retirer

eux-mêmes invisibles. Par conséquent, une des stratégies clés à employer consiste à attirer l’attention dessus, à rat-tacher directement l’enjeu au vécu individuel des hommes et à promouvoir une représentation claire, juste et améliorée des problèmes liés à la violence faite aux femmes dans le paysage culturel et médiatique.

3) Obstacles liés aux privilègesMême lorsque les hommes sont prêts à reconnaître qu’ils ont un rôle à jouer dans les questions entourant la violence sexiste, ils disent souvent que le vrai problème, c’est les « autres » hommes : les hommes qui ont des problèmes de santé mentale, qui ont des dépendances ou qui consomment de l’alcool ou d’autres drogues, les hommes à faible revenu, les hommes peu instruits ou les hommes issus de commu-nautés immigrantes ou moins « progressistes ».

Il s’agit, là encore, d’un système de pouvoirs et de privilèges qui se soustrait à l’analyse critique, mais d’autres dimensions interviennent. Premièrement, c’est un exemple parfait des multiples formes de la masculinité, certains bénéficiant de pouvoirs et de privilèges encore plus grands que d’autres et utilisant ce pouvoir pour protéger leurs intérêts personnels.

De plus, pour bien des hommes, il est difficile et étrange d’examiner son rôle au sein d’un système patriarcal où presque tout ce qu’apprennent les hommes au sujet de la masculinité, c’est comment s’en accommoder, comment y survivre et comment l’exploiter à leur avantage — et non de poser sur elle un regard critique, allant jusqu’à sa remise en question.

4) Le silence des hommesCompte tenu des obstacles que nous venons d’aborder, le silence est généralement la réaction par défaut des hommes. Un examen plus approfondi révèle bon nombre de raisons qui poussent même les « bons gars » à garder le silence :

• Bien des hommes nous disent qu’ils ne savent pas com-ment faire, qu’ils n’ont pas les bons outils ou qu’ils n’ont jamais eu d’exemple de ce genre de comportement;

• Ils ont le sentiment de devoir être « parfaits », bien ferrés ou, à tout le moins, bien renseignés;

• Ils peuvent avoir vécu des expériences personnelles (ac-tions ou omissions) difficiles à concilier avec la dénoncia-tion active;

• On ne leur a jamais demandé de parler ou on ne les a jamais mis au défi de le faire;

• Ils ne croient pas qu’ils peuvent contribuer à changer les choses;

• Ils peuvent, en se taisant, vouloir protéger d’autres hom-mes enclins à la violence dans leur vie;

• Ils se remémorent leur propre expérience de la violence ou de l’agression sexuelle;

• Ils s’inquiètent de ce que penseront d’eux d’autres hom-mes et craignent de paraître « moins virils ».

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Les approches de travail auprès des hommes et des garçons doivent non seulement remettre en question les aspects préjudiciables de nos masculinités, mais également promou-voir les motivations liées à l’intérêt personnel éclairé. Une approche mixte facilitera un changement vraiment transfor-mateur et la création d’un nouveau paradigme de la mas-culinité; en d’autres mots, de redéfinir ce que cela signifie vraiment d’être homme dans notre société.

La violence sexiste n’est pas un enjeu exclusif aux femmes, ni un enjeu masculin, mais un enjeu sociétal.

Il s’agit autant d’autonomiser les femmes et de réclamer un lieu sûr que de déconstruire la masculinité et d’abolir les privilèges, d’offrir du soutien et d’intervenir en faveur des femmes, ainsi que de faire de l’éducation, de la sensibilisa-tion et de la prévention auprès des hommes.

Les hommes doivent être traités comme faisant partie intégrante de la solution, pas seulement du problème. Il faut les amener à entreprendre une réflexion critique sur le patriarcat : les pouvoirs et les privilèges qu’il confère aux hommes, ainsi que ses coûts pour les femmes et les filles, mais aussi pour les hommes et les garçons. Enfin, il faut également montrer aux hommes et aux garçons ce que rapporte l’égalité entre les sexes aux femmes, aux filles et à l’humanité entière.

de leur travail pour l’égalité entre les sexes et l’élimination de la violence faite aux femmes.

Coûts du patriarcat pour les hommes sur quatre plans :

• Santé physique : vie abrégée, taux de suicide plus élevé, surincidence des maladies liées au stress (cardiopathie, accident vasculaire cérébral), accoutumances, risque beaucoup plus élevé de mort par accident ou par homi-cide, probabilités d’incarcération plus élevées.

• Santé émotionnelle : aliénation de soi et des autres, dépression, dissociation et autres maladies mentales, en-fermement dans les stéréotypes masculins traditionnels.

• Santé économique : temps de travail plus long, prospérité moindre pour la société en général, poids de la respon-sabilité de pourvoyeur.

• Santé sociétale : guerre, violence, criminalité, peur des autres hommes.

Avantages de l’égalité entre les sexes pour les hommes :

• Relations saines, fondées sur la confiance, et meilleur état de santé;

• Affranchissement des stéréotypes masculins et des as-pects négatifs de la masculinité;

• Plus grande liberté de se livrer à toute activité qui les inté-resse;

• les personnes qui leur sont chères (mère, sœurs, amou-reuse, tantes, etc.) risquent moins de souffrir à cause de la violence et d’autres inégalités entre les sexes;

• Possibilité de sortir du cadre de l’identité sexuelle « nor-male » sans risque d’intimidation par d’autres hommes;

• Possibilité de partager la responsabilité pourvoyeur et de protecteur, conduisant à une plus grande prospérité économique pour tout le monde;

• Plus d’occasions d’être proches de leurs enfants.

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Canada, 2 000). Au cours de la seule année 2003 (période comprise entre le 1er avril 2003 et le 31 mars 2004), 36 840 enfants et 58 486 femmes ont cherché refuge dans une mai-son d’hébergement pour femmes battues au Canada (Statis-tique Canada, 2005). Cela donne une idée de la fréquence de cette violence et de ses répercussions sur les enfants.

La violence à l’endroit des femmes, qui comprend la violence familiale, le viol, les mariages d’enfants et la circoncision féminine, compte parmi les plus graves violations des droits de la personne au monde. Les autres formes de violence faite aux femmes incluent la sélection du sexe pendant la grossesse, l’infanticide, la violence commercialisée (notam-ment la traite des femmes et des filles), l’exploitation de la main-d’œuvre féminine, l’inceste et l’utilisation du viol comme arme de guerre. La Déclaration sur l’élimination de la violence contre les femmes recense et catégorise la violence selon qu’elle est commise dans la famille, dans la commu-nauté en général ou, encore, par l’État ou avec son accord tacite (Département de l’information des Nations Unies).

La violence dans les couples homosexuels

Il s’est produit d’importantes avancées dans la reconnais-sance des droits fondamentaux des gais et des lesbiennes au cours des 20 dernières années au Canada. Par exemple, le gouvernement fédéral reconnaît maintenant le mariage entre personnes de même sexe. En dépit de ces progrès et de la visibilité accrue des relations homosexuelles dans la société, la violence entre les conjointes ou conjoints de même sexe reste mal comprise et peu documentée.

Les spécialistes croient que les taux de violence dans les couples homosexuels sont similaires aux taux de violence dans les couples hétérosexuels. Cette hypothèse est dif-ficile à confirmer en raison du peu de recherches menées sur la question. Seulement un petit pourcentage de ces cas de violence sont signalés, cela à cause d’une combinai-son de facteurs : pénurie de services adaptés à la culture allosexuelle (c’est-à-dire des personnes gaies, lesbiennes,

4.0 ENJEUX ET DIMENSIONS DE LA VIOLENCE SEXISTE

4.1 Violence conjugale et interpersonnelle

Formes, fréquence et complexités

Entre 1997 et 2002, les cas de violence conjugale ont porté à un sommet le nombre de condamnations mettant en cause des infractions avec violence. Quatre-vingt-dix pour cent (90 %) de ces infractions ont été commises par des hommes (Statistique Canada, 2006). La violence conjugale entraîne des coûts élevés, évalués à quatre milliards par année lorsque l’on tient compte des dépenses liées aux services sociaux, à la justice pénale, aux pertes d’emploi et aux soins de santé (Greaves et coll., 1995).

Si les femmes comme les hommes peuvent être victimes de violence interpersonnelle, celle-ci est largement sexospéci-fique. Les femmes sont en effet trois fois plus susceptibles que les hommes de subir des blessures physiques par suite de la violence conjugale, cinq fois plus susceptibles de nécessiter des soins médicaux (Statistique Canada, 2005) et cinq fois plus susceptibles de craindre pour leur vie. De fait, la gravité de cette violence ou des menaces faites aux femmes était telle que 38 % d’entre elles ont craint pour leur vie, comparativement à 7 % des hommes (Statistique Canada, 2000).

Entre 2000 et 2009, 738 homicides conjugaux ont été signalés au Canada, et les femmes ont continué d’être trois fois plus susceptibles que les hommes de subir cette forme de violence. Le taux d’homicides conjugaux est demeuré stable pour une troisième année consécutive, à la suite de près de trois décennies de diminution graduelle. Cela laisse donc une lueur d’espoir (Statistique Canada, 2011).

Selon la Fondation canadienne des femmes, les femmes de tous âges et de toutes les couches socioéconomiques peuvent être victimes de violence, et ce, quelle que soit leur appartenance ethnique, raciale ou religieuse. Toute-fois, le risque et la vulnérabilité sont plus élevés chez les jeunes femmes, les femmes handicapées, les femmes géographiquement isolées et les femmes autochtones.

La violence conjugale peut également prendre de nombreu-ses formes et servir d’outil d’intimidation, de contrôle et de pouvoir. Outre la violence physique, il y a la violence psy-chologique, la violence aux fondements religieux, la violence économique et la violence émotionnelle.

La violence familiale a d’importantes incidences sur les enfants. On estime que 360 000 enfants sont exposés à la violence familiale au Canada (UNICEF et coll., 2006). Le fait d’être témoin ou victime de violence au foyer peut avoir des conséquences à long terme pour les enfants, notam-ment des traumatismes psychologiques, la dépression et d’autres problèmes psychologiques et comportementaux qui se prolongent à l’adolescence et à l’âge adulte (Statistique

La violence à l’endroit des femmes, qui comprend la

violence familiale, le viol, les mariages d’enfants et la cir-concision féminine, compte parmi les plus graves viola-

tions des droits de la per-sonne au monde selon l’ONU.

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bien cerner leurs attitudes. Il s’agissait en l’occurrence de déterminer avec précision les secteurs de risque, les points d’entrée et les stratégies de mobilisation qui fonctionnent avec les hommes, et les résultats de ces études ont déjà éclairé des programmes et des interventions qui ont connu un grand succès. La Campagne du ruban blanc a effectué des recherches préliminaires, mais il faut de plus amples détails pour concevoir des interventions et des programmes pertinents, adaptés aux spécificités de la société cana-dienne.

Liens avec les attitudes entourant l’égalité des sexes

La plupart des hommes croient que la violence faite aux femmes est inacceptable et rejettent les mythes courants au sujet de la violence familiale. Cependant, une importante minorité (plus du tiers) croit en des idées dangereuses, par exemple, que le viol est causé par l’incapacité des hommes à contrôler leurs pulsions sexuelles. De nombreux hommes demeurent trop enclins à croire que les femmes mentent et portent de fausses accusations de violence.

Il existe un lien étroit entre la violence faite aux femmes et le sexisme. Des travaux de recherche révèlent que les hom-mes ayant les pires attitudes — les attitudes les plus favo-rables à la violence — sont ceux aussi ceux qui se montrent les plus sexistes à l’égard des femmes et ont la vision la plus rigide du rôle de chaque sexe dans la société (Michael Flood, 2010). Par ailleurs, les hommes qui affichent les com-portements et les attitudes les plus paritaristes sont plus sus-ceptibles de pouvoir désigner un modèle masculin qui a eu sur eux une influence positive. À l’échelle internationale, les pays qui ont un classement élevé selon l’indice de la parité entre les sexes (Global Gender Gap Index) connaissent tous des taux inférieurs de violence contre les femmes. Comme nous le signalerons dans la section portant sur les stratégies et les cadres, il s’agit du principal élément qui confirme la nécessité d’inclure l’équité entre les sexes et une démarche de déconstruction-reconstruction des genres dans le travail auprès des hommes et des garçons.

4.2 Violence sexuelle

La violence sexuelle contre les femmes est presque exclu-sivement commise par des hommes; pourtant, il s’est fait relativement peu de travail de prévention primaire auprès des hommes et des garçons. Le gouvernement de l’Ontario a récemment adopté un plan de prévention de la violence sexuelle comportant une solide composante de prévention primaire auprès des hommes et des garçons, ce qui nous porte à croire, avec un certain optimisme, que cette ap-proche commence à gagner du terrain.

La violence sexuelle est un enjeu complexe en raison de la variété des formes qu’elle prend, des liens avec

bisexuelles et transgenres), des mauvaises relations entre la communauté allosexuelle et les prestataires de services (p. ex. les maisons d’hébergement, les services policiers et les services d’aide à l’enfance), ainsi que la réticence de la com-munauté allosexuelle à reconnaître l’existence d’une telle violence (Pat Durish, 2007).

Les cadres élaborés pour comprendre la violence dans les relations hétérosexuelles ne permettent pas de comprendre celle des couples homosexuels. De plus, la violence conju-gale s’exprime et se vit différemment selon qu’on est gai, les-bienne ou transgenre. Il existe plusieurs idées fausses, par exemple on tend à minimiser la violence dans les couples gais en disant qu’entre hommes, « ça joue dur »; et on nie qu’une femme puisse s’attaquer à une femme dans une relation amoureuse. Les personnes qui ont connu la violence dans une relation homosexuelle ont souvent vu leur plainte écartée par la police sous prétexte que ce n’était que du « crêpage de chignons » ou un das « d’agression mutuelle » (Pat Durish, 2007).

Il faudra effectuer d’autres recherches pour comprendre entièrement les complexités de la violence dans les couples homosexuels. Les services aux victimes, les services pol-iciers et les prestataires de services doivent tenir compte des besoins de la communauté allosexuelle. La formation, le renforcement des capacités, la mobilisation de la com-munauté et la mise en valeur des ressources pourraient être des moyens efficaces de prévenir la violence dans les couples homosexuels et d’y offrir une réponse systémique. Les organismes qui servent la population générale, notam-ment ceux qui offrent des programmes de prévention et d’éducation, doivent prendre en considération le vécu et les besoins des hommes et des femmes dans une relation homosexuelle, tant du point de vue de la prévention que de celui du soutien. Des campagnes de sensibilisation de la communauté pourraient aider à déstigmatiser la violence dans les relations homosexuelles.

Lacunes dans la compréhension des hommes

En l’absence de recherches pertinentes, il est difficile d’évaluer avec certitude ce que les Canadiens savent et comprennent de la violence familiale. Ce que disent souvent les hommes, c’est que, n’étant pas eux-mêmes violents, ils n’ont pas la responsabilité d’agir. Les hommes nous disent aussi que, lorsqu’il est question de violence à l’endroit des femmes, ils ont l’impression d’être blâmés et perçus comme un élément du problème.

Les hommes sont beaucoup plus enclins à amorcer un dialogue et à s’engager lorsqu’ils sont considérés et présen-tés comme un élément de la solution. Le Family Violence Prevention Fund, aux États-Unis, la Campagne du ruban blanc, en Australie, et l’International Centre for Research on Women (The MAGES Survey) ont mené des études pour

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garçons et 27 % des filles ont admis avoir subi des pressions pour avoir une activité sexuelle qu’elles ou ils ne désiraient pas. Sans surprise, les données révèlent que les filles res-sentent davantage cette pression que les garçons, et 15% ont déclaré avoir eu des rapports bucco-génitaux seule-ment pour éviter la pénétration (David Wolf et Debbie Chiod, 2008).

Viol dans le mariage

Bien que certaines personnes puissent continuer de penser que le viol n’est pas possible dans une relation maritale, il est illégal au Canada depuis 1983. Malgré la légifération de cette infraction, des études ont révélé que 29 % des femmes qui avaient déjà été mariées ou avaient vécu en concubinage avaient été agressées sexuellement par un conjoint durant la relation et que 21 % avaient été agressées sexuellement pendant la grossesse (Karen Rodgers, 1994).

Viol ou agression sexuelle facilitée par la drogue

Depuis le milieu des années 1990, on signale de plus en plus de cas d’agresseurs qui utilisent subrepticement des médicaments vendus sur ordonnance ou sans ordonnance pour induire la désinhibition, la sédation et l’amnésie et ainsi faciliter le viol. Ce type de victimisation est très couramment appelé « agression sexuelle facilitée par la drogue ». Bien que le Rohypnol, en particulier, ait été surnommé la « drogue du viol », de nombreuses autres substances facilement accessibles auraient été utilisées pour faciliter l’agression sexuelle, l’alcool étant la plus courante (M.J. McGregor, M. Lipowska, S. Shah, 2003).

Par le passé, la prévention a surtout ciblé les femmes, qu’on a tâché de conscientiser aux risques et aux précautions à prendre pour prévenir ce genre d’agression.

Récemment, l’Ontario a apporté un aménagement législatif à sa Loi sur l’alcool et le Manitoba, à sa Loi sur la réglementation des alcools, afin d’autoriser les femmes à apporter leur consommation dans les toilettes d’un bar pour éviter d’être compromises (Commission des alcools et des jeux de l’Ontario, 2007). Il s’est fait très peu de travail pour sensibiliser les hommes au problème et les inciter à intervenir lorsqu’ils l’observent. Un exemple des efforts faits pour amener les hommes à dénoncer ce geste vient de l’Université Carleton. Il s’agit du projet Male Ally, qui fait appel aux médias sociaux pour encourager les hommes à dénoncer la pratique et inciter leurs pairs à faire de même (http://www.youtube.com/watch?v=lklp3FS-HaM).

Objectivation sexuelle, chosification et sexualisation des femmes

La sexualité féminine a traditionnellement été réprimée, contrôlée et utilisée pour commercialiser des biens de con-

l’objectivation sexuelle et la chosification des femmes, de l’inégalité inhérente entre les sexes et des privilèges dont les hommes ont joui par le passé en ce qui a trait à la sexualité humaine.

La présente section aborde ces complexités de façon plus détaillée.

Viol et agression sexuelle

Le viol et l’agression sexuelle demeurent scandaleusement courants au Canada. Les chiffres sont très révélateurs et font état de femmes adultes, de jeunes et d’enfants violés, survivant à la violence sexuelle dans leur foyer, sur les cam-pus, dans leur vie amoureuse et ailleurs. Statistique Canada a révélé qu’une fille sur quatre et un garçon sur huit (Isely et Hehrenbech-Shim, 1997; Scarce, 1997) ont été agressés sexuellement avant l’âge de 18 ans. La majorité des agres-sions sont commises par des hommes hétérosexuels.

Les filles et les jeunes femmes de 15 à 24 ans risquent davantage d’être agressées sexuellement (Justice Institute of British Columbia). En dépit d’un mythe tenace selon lequel les femmes sont très souvent agressées par un inconnu, la plupart des survivantes (69 %) connaissaient déjà leur agresseur — membre de la famille, conjoint, amoureux, galante compagnie, ami ou voisin (J. Brickman et J. Briere, 1984).

La plupart des efforts de prévention du viol et de l’agression sexuelle auprès des hommes ont reposé sur la peur et les sanctions pénales comme moyens dissuasifs, sans s’attaquer à nombre des causes profondes de la violence, comme nous le verrons ci-après.

Viol dans les fréquentations

L’une des réalités profondément dérangeantes de la violence sexuelle est sa prévalence chez les jeunes qui commencent leur vie romantique et sexuelle. Les statistiques des univer-sités et collèges canadiens sont inquiétantes. En effet, lors d’une enquête sur les campus universitaires canadiens, qua-tre étudiantes du premier cycle sur cinq ont déclaré avoir été victimes de violence dans le cadre de fréquentations amou-reuses. Vingt-neuf pour cent (29 %) ont signalé des incidents d’agression sexuelle (W. DeKeseredy et K. Kelly, 1993).

Le Centre scientifique de prévention du Centre de toxico-manie et de santé mentale a sondé 1 819 élèves de 9e et de 11e année dans des écoles situées en région urbaine et en région rurale entre 2004 et 2007 afin de mesurer la victimisa-tion et la perpétration en ce qui a trait au harcèlement et à l’intimidation, ainsi que la sécurité globale dans les écoles. Interrogés sur les pressions sexuelles, 4 % des garçons de 11e année ont admis avoir tenté de forcer une personne à avoir des relations sexuelles avec eux, tandis que 10 % des

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dont une femme s’habille peut provoquer une agression sexuelle, et toute forme d’avances venant d’une femme constitue, en quelque sorte, une invitation à avoir des rapports sexuels.

Le travail auprès des hommes et des garçons doit remettre en question les normes sociales selon lesquelles les hom-mes sont dominants et les femmes, soumises; encourager une vision équitable de la sexualité féminine et rétablir les faits relativement aux agressions sexuelles.

Consentement enthousiaste

Les méthodes de prévention de la violence sexuelle ont varié au fil du temps et couvrent un large spectre. À un bout du spectre, il y a les méthodes axées sur l’éducation des hom-mes et des garçons pour mettre fin à la violence se xuelle; à l’autre, les initiatives visant à informer les victimes poten-tielles des signaux d’alarme à surveiller pour éviter les agres-sions sexuelles. Les campagnes comme « Non, c’est non » sont bien connues partout au Canada et dans le monde, mais une nouvelle approche axée sur le principe du con-sentement enthousiaste a vu le jour.

Cette nouvelle approche présente le consentement comme bien plus que l’absence de « non » et suggère plutôt de re-chercher un « oui » enthousiaste des deux partenaires avant toute relation intime. Le modèle est axé sur les aspects posi-tifs du consentement et encourage les partenaires à négo-cier équitablement les plaisirs au préalable. Elle encourage la personne qui amorce le contact physique à assumer la responsabilité de demander et de comprendre le consente-ment de l’autre, quel que soit son sexe. Le modèle l’invite à tenir compte de l’état d’ivresse de son ou sa partenaire, de la dynamique du pouvoir et de la pression des pairs, et à s’assurer que cela ne donnera pas lieu à une situation d’exploitation.

L’approche du consentement enthousiaste encourage les deux partenaires à parler de leurs désirs, de même qu’à communiquer ouvertement ensemble avant et pendant l’expérience sexuelle. Cela peut réduire considérablement les risques de malentendu, d’attentes déraisonnables ou de contact sexuel non désiré, en particulier le viol dans les fréquentations ou l’agression sexuelle (Jaclyn Friedman et Jessica Valenti, 2008).

Ce modèle pourrait se révéler efficace pour aborder avec les hommes la question du consentement et de la violence se xuelle, car il déstigmatise les réponses négatives de façon à ce que les personnes en cause risquent moins d’être embarrassées ou humiliées lorsqu’une offre d’attention est rejetée.

Harcèlement sexuel

sommation et des services, alimenter les médias populaires et offrir aux hommes une forme « acceptable » de gratifica-tion sexuelle. Cette appropriation toxique de la sexualité des femmes joue un rôle important dans la violence sexuelle des hommes envers les femmes. En effet, elle amène (certains hommes) à croire que le corps des femmes existe pour le plaisir des hommes, ce qui leur donne le droit de l’admirer et de le consommer. À peu près tout ce que les hommes et les garçons voient perpétue cette croyance.

Cette appropriation fait également ressortir une profonde iné-galité dans nos normes sociales entourant la sexualité des hommes et des femmes. Par exemple, certains hommes, et surtout les jeunes hommes, continuent d’être félicités et encouragés pour leurs prouesses sexuelles, leurs rapports avec des partenaires multiples et d’autres activités sexuelles masculines préjudiciables. Au contraire, les jeunes femmes qui ont des partenaires multiples ne sont pas louangées, mais jugées en des termes très peu flatteurs. La violence et l’exploitation sexuelles s’inscrivent dans le droit fil des dog-mes d’une masculinité fondée sur l’iniquité et la violence.

Réfuter les mythes entourant la violence sexuelle

Tout effort de mobilisation des hommes et des garçons doit s’attaquer aux mythes répandus au sujet de la violence sexuelle. Certains hommes, pour excuser leur comporte-ment, invoquent ces mythes qui justifient ou minimisent d’une certaine façon la violence sexuelle et qui contribuent à détourner des stratégies de prévention bien intentionnées.

Voici les principaux mythes à débouter :• La violence et le désir sexuel des hommes sont impulsifs

et incontrôlables.• Il faut se méfier des inconnus; les prédateurs sexuels

inconnus qui se cachent dans les coins sombres sont le principal danger qui guette les femmes.

• « Un garçon, ça joue dur » ou, en d’autres mots, la vio-lence sexuelle est en quelque sorte un aspect « normal » de l’épanouissement sexuel des hommes.

• La violence sexuelle est, d’une certaine façon, « causée » par la sexualité des femmes, c’est-à-dire que la façon

L’approche du consentement enthousiaste encourage les deux partenaires à parler de leurs désirs, de même qu’à communiquer ouvertement ensemble avant et pendant

l’expérience sexuelle.

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De plus, la traite cible souvent des personnes mineures.

La traite de personnes touche également les jeunes hommes et les garçons. Les victimes masculines sont destinées au commerce du sexe, à la guerre (ou à d’autres types de con-flits), au travail forcé ou à d’autres formes de travail (ateliers clandestins, travail agricole). La racaille qui pratique la traite et en tire profit peut être de l’un ou l’autre sexe.

Certains aspects sont des violations incontestables et scandaleuses des droits de la personne — exploitation sexuelle des enfants par la prostitution, violence et exploi-tation sexuelles, esclavage forcé, enlèvement. Ces viola-tions exigent des interventions immédiates, rapides et sans ambages, essentiellement de nature pénale et judiciaire. Pour d’autres aspects, toutefois, il n’existe pas de consensus définitif, même au sein du mouvement des femmes (consom-mation de pornographie, commerce du sexe comme choix économique viable), ce qui complique la compréhension du rôle et de la responsabilité des hommes.

L’environnement politique, économique et social vient com-pliquer davantage ces enjeux. En effet, la mondialisation, la pauvreté, le crime organisé, la guerre et les conflits, les médias, le colonialisme ainsi que le racisme sont tous des facteurs qui influent sur notre compréhension de la traite de personnes et de l’exploitation sexuelle à des fins commer-ciales. Le débat sur la sexualité humaine est polarisé entre moralistes et libertaires. Cela laisse peu de place aux discus-sions saines qui tiennent compte des différences et de la diversité, tout en remettant en cause les dogmes patriarcaux qui contribuent à perpétuer la violence sexiste. Par exemple, une expression plus évoluée et plus saine de la sexualité masculine pourrait éliminer les préjudices qu’occasionne pour les hommes l’accès à la pornographie, de même que les préjudices que celle-ci cause aux femmes (objectiva-tion, chosification, traite, exploitation, etc.), et ainsi réduire la demande et l’attrait de cette option pour les femmes.

Un certain nombre d’orientations se dégagent clairement pour l’avenir. Il faut relier ces discussions à une réflexion de fond sur nos définitions de la masculinité, en tâchant à la fois de transformer les aspects préjudiciables de l’identité mascu-line et d’enrichir celle-ci de nouvelles dimensions saines.

Les hommes pourraient être de précieux alliés et agents de changement dans la lutte contre la prostitution juvénile, la violence envers les enfants, l’exploitation des enfants et d’autres enjeux limpides, qui font l’unanimité. Il y a là un potentiel transformateur qui reste pour l’instant inexploité. Les hommes ont un rôle à jouer dans la déconstruction et la reconstruction des normes sociales. Le soutien que reçoivent les efforts actuels de mobilisation des hommes et des garçons pourrait avoir une incidence formidable sur la résolution de ces enjeux.

Le harcèlement sexuel est l’une des formes de violence sexuelle les plus courantes, et pourtant les moins recon-nues, faite aux femmes. Quatre-vingt-sept pour cent (87 %) des Canadiennes disent avoir été victimes de harcèlement sexuel (Statistique Canada, 1993), ce qui donne une idée de l’ampleur de ce phénomène.

Le harcèlement sexuel, qui comprend les blagues, les com-mentaires, les gestes ou les menaces à caractère sexuel, est omniprésent dans nos écoles et nos milieux de travail. Une étude auprès de 4 200 filles de 9 à 19 ans a révélé que 80 % avaient été victimes d’une forme ou l’autre de harcèle-ment sexuel, et la moitié on dit qu’elles en étaient victimes tous les jours (Y. Jiwani et coll., 1999). Parce que le harcèle-ment sexuel ne suppose pas nécessairement un acte de violence physique ou sexuelle, les préjudices qu’il cause aux femmes et aux filles sont souvent minimisés. Dans les écoles et les milieux de travail, il peut faire grimper les taux de décrochage et de pertes d’emploi, et priver les femmes de chances égales de tirer pleinement parti des possibilités d’études et d’emploi.

On a principalement eu recours à des politiques et à des mesures législatives pour contrer le harcèlement sexuel. La partie III du Code canadien du travail confirme le droit des travailleuses et des travailleurs à un environnement exempt de harcèlement sexuel et oblige les employeurs à prendre des mesures de prévention. Le Code définit le harcèlement sexuel comme étant « tout comportement, propos, geste ou contact qui, sur le plan sexuel : soit est de nature à offenser ou humilier un employé1 , ou soit peut, pour des motifs rai-sonnables, être interprété par celui-ci comme subordonnant son emploi ou une possibilité de formation ou d’avancement à des conditions à caractère sexuel » (ministère du Tra-vail). De même, les conseils scolaires ont reçu le mandat d’instituer des politiques de tolérance zéro à l’égard du harcèlement sexuel. Cependant, il manque à ces deux ap-proches une composante complémentaire d’éducation et de sensibilisation des hommes et des garçons qui insiste sur l’égalité entre les sexes.

4.3 Traite de personnes, exploitation sexuelle à des fins commerciales et pornographie

La traite aux fins du commerce du sexe est l’une des formes de violence les plus scandaleuses et les plus horribles faites aux femmes. En effet, elle enfreint de maintes façons les droits fondamentaux de la personne (coercition, enlèvement, séquestration, violence et exploitation sexuelles, viol, agres-sions sexuelles contre des personnes mineures, servitude pour dettes, etc.).

1 NDT : Dans les lois du Canada, le masculin est utilisé avec valeur de neutre. Par conséquent, « employé » doit ici être interprété comme incluant les employées.

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4.4 Violence assistée par la technologie

Les progrès technologiques nous ont donné de nombreux nouveaux outils pour combattre la violence faite aux femmes et recruter de nouveaux alliés pour la promotion d’attitudes saines et équitables dans les relations humaines. Malheu-reusement, nombre de ces progrès ont également engendré de nouvelles façons de menacer, d’agresser et de dégrader les femmes et les filles. Les technologies de communica-tion et les médias sociaux offrent ainsi de toutes nouvelles façons de porter préjudice à autrui. Comme beaucoup de jeunes utilisent ces médias, les victimes sont souvent des enfants, des adolescentes ou des adolescents.

D’après des recherches récentes, la cyberintimidation, le harcèlement en ligne et d’autres formes de violence assistée par la technologie sont monnaie courante. Une étude britan-nique effectuée en 2002 a révélé que le quart des jeunes de 11 à 19 ans avaient subi des menaces — dans certains cas, des menaces de mort même — en ligne ou par télé-phone cellulaire (NCH-National Children’s Home). Dans une étude réalisée par l’Université de Toronto auprès d’élèves de niveau intermédiaire et secondaire, 21 % des répondantes et répondants ont dit avoir été victimes d’intimidation et 35 % ont déclaré avoir fait de l’intimidation en ligne au cours des trois mois précédant la recherche (Mishna, 2008).

Comme pour bien d’autres formes de violence, les efforts de prévention ont surtout eu pour objet d’enseigner comment éviter de se faire agresser (p. ex., supervision parentale et apprentissage de la cybersécurité). Il faut concevoir et mettre en œuvre des stratégies pour prévenir la cyberviolence. Ces stratégies pourraient comprendre : adopter des politiques préventives dans les écoles, offrir de l’enseignement indi-vidualisé, ajouter cette forme de harcèlement au curriculum et instaurer un code de conduite des internautes, que les élèves et leurs parents devraient signer.

Le recours à ces technologies pour porter préjudice à d’autres personnes rejoint les autres formes de violence contre les femmes recensées dans le présent dossier. Il faut placer dans le contexte plus vaste des droits de la personne et de l’égalité entre les sexes les discussions et les mesures visant à éliminer ces formes modernes de violence.

4.5 Pratiques traditionnelles préjudiciables

Nombre de nos attitudes, croyances, comportements et pratiques sont profondément ancrés dans les normes, les valeurs et les traditions culturelles de notre communauté d’appartenance. La majorité de ces valeurs et normes favo-risent l’apparition de traits de caractère positifs, par exemple la compassion, la bienveillance, le respect, l’égalitarisme et le partage des responsabilités; d’autres peuvent toute-fois être dénaturées et utilisées pour entraver la sécurité,

Enfin, il faut étudier plus à fond les différents rôles des hom-mes dans la « demande ».

Comprendre la « demande »

Les hommes influent sur la demande de services sexuels et de produits pornographiques, tant à titre de clients, de consommateurs et de travailleurs du sexe que de gérants (proxénètes et trafiquants); la traite de personnes est mue par cette demande. Toutes sortes de raisons poussent les hommes à acheter et à consommer des services sexuels, par exemple : un sentiment d’hostilité envers les femmes ou un besoin de les dominer, la sexomanie, le désir de se livrer à des activités sexuelles spécifiques ou à des activi-tés sexuelles sans engagement affectif, voire de faire des rencontres risquées, ainsi que le besoin de compagnie, la commodité ou le besoin de combler un vide émotionnel (Flood, 2011).

Une nouvelle avenue de prévention se dessine actuellement, à savoir de s’attacher à éliminer la violence et l’exploitation dans l’industrie du sexe, plutôt que de décourager l’achat de services sexuels. Bien sûr, il s’agit d’un enjeu complexe; par conséquent, il n’y a pas encore consensus sur les princi-pes qui devraient guider le travail. Nous pourrions tirer des leçons des méthodes utilisées à ce jour auprès des hommes en lien avec d’autres facettes du travail de promotion de l’égalité et de prévention de la violence sexiste. Une bonne part de ce travail devra en outre être coordonnée avec d’autres efforts de promotion des droits de la personne et de la justice sociale.

En fin de compte, il s’agit de responsabiliser les hommes en tant que consommateurs de pornographie et de services sexuels, c’est-à-dire les amener à porter la responsabilité de la « demande », et donc des conséquences préjudiciables, tout en travaillant à l’adoption d’un nouveau paradigme de la sexualité masculine, qui admet une plus grande diversité dans ce qui est considéré comme « sain ».

Le crime commis au nom de l’honneur se distingue des autres homicides sur des

femmes par son caractère généralement prémédité et

par le fait qu’il met en cause plusieurs membres

de la famille

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L’histoire occidentale fournit d’autres exemples de crimes commis au nom de l’honneur. Citons entre autres le meur-tre de la cinquième femme du roi Henri VIII d’Angleterre, sous prétexte qu’elle lui aurait été infidèle. Autrefois, dans le Pérou des Incas, les lois autorisaient les maris à lais-ser mourir de faim leur femme pour la punir d’avoir commis l’adultère. Au Mexique, au temps des Aztèques, les femmes adultères étaient plutôt lapidées ou étranglées. Dans la Rome antique, l’homme le plus âgé d’un ménage conser-vait le droit de tuer toute femme de la famille qui avait des relations avant son mariage ou hors de son mariage (Amin Muhammad, 2010).

Le discours sur la violence perpétrée au nom de l’honneur n’est pas homogène. Certaines personnes croient qu’il faut la considérer comme une forme distincte de violence sexiste, cautionnée par la culture; tandis que d’autres affirment qu’il faut la traiter de la même façon que les autres formes de violence faite aux femmes, sans égard aux influences cul-turelles. Du point de vue de la prévention et de l’éducation, il importe de se pencher sur des enjeux comme l’honneur familial et la honte, ainsi que sur leurs manifestations socia-les et culturelles. Car, ceux-ci influent sur la construction des genres et, partant, notre capacité de susciter une com-préhension et une acceptation élargies des droits et libertés des femmes, ainsi que d’amener les hommes à rejeter les aspects préjudiciables de la masculinité qui sont profondé-ment ancrés.

Mariage précoce et forcé

La pratique du mariage précoce et forcé est une forme d’exploitation des enfants et de violence sexuelle qui force les filles à contracter un mariage et à avoir des relations sexuelles, met leur santé en danger et limite leur capacité de s’instruire. Dans de nombreuses régions du monde, notamment en Afrique et en Asie du Sud-Est, les familles choisissent de marier tôt leurs enfants parce que cela assure une stabilité économique et une sécurité pour elles-mêmes et pour leurs filles, en particulier en période de crise ou de conflit, lorsque les jeunes filles risquent d’être enlevées (UNIFEM, 2007). Dans d’autres régions du monde, comme en Amérique du Nord, le mariage précoce des filles est as-socié à la polygamie et à certaines pratiques et croyances religieuses intégristes.

En Afghanistan, on estime que 57 % des filles sont mariées avant l’âge de 16 ans. Ce fort taux de mariage précoce est à rattacher à la pratique de la dot et à la situation économique difficile. En effet, la pauvreté et l’endettement des familles contribuent à faire en sorte que les filles sont considérées par leurs parents comme des biens pouvant être vendus ou échangés contre d’autres biens. Des fillettes de six ou sept ans sont échangées par leur famille contre d’importantes sommes d’argent et la promesse que le mariage ne sera consommé qu’à la puberté de l’enfant. Des rapports in-

la santé, les libertés et le bien-être de certaines personnes dans notre société. Dans cette section, nous examinerons quelques pratiques néfastes enracinées dans des normes, des valeurs et des traditions bien connues pour augmenter le risque de violence contre les femmes et les filles ou ayant contribué à de graves violations des droits de la personne au Canada et dans le monde entier.

Crimes fondés sur des motifs d’honneur

Le spécialiste canadien des crimes d’honneur, Amin A. Muhammad, professeur de psychiatrie à l’Université Memo-rial de Terre-Neuve, définit le crime d’honneur comme le meurtre prémédité d’une personne — généralement une femme — par son mari, voire par une ou un autre membre de sa famille, parce qu’on lui reproche d’avoir eu une con-duite jugée déshonorante pour les siens, par exemple des relations sexuelles extraconjugales ou des relations avec des hommes qui n’ont pas l’approbation de la famille (Amin Muhammad, 2010). Le crime commis au nom de l’honneur se distingue des autres homicides sur des femmes par son caractère généralement prémédité et par le fait qu’il met en cause plusieurs membres de la famille. Il se peut même qu’un tel crime n’ait aucun retentissement pour celui ou celle qui le commet à l’intérieur du cadre de sa famille et de sa communauté.

Dans le monde, plus de 5 000 femmes meurent chaque année des suites d’actes de violence commis au nom de l’honneur (Nations Unies, 2007). Au Canada, environ douze crimes ont été perpétrés contre des femmes et des filles au nom de l’honneur au cours des dix dernières années. Parmi les plus médiatisés, mentionnons : la noyade présumée des sœurs adolescentes Zainab, Sahar et Geeti Shafia par leurs parents et leur frère de 18 ans en 2009, à Kingston (Onta-rio); la strangulation d’Aqsa Parvez en 2007, à Mississauga (Ontario), qui a donné lieu à des accusations de meurtre au premier degré contre son père et son frère; l’agression au couteau contre Amandeep Atwal par son père en Colombie-Britannique, en 2003; et, en 1999, à Toronto, le meurtre de Farah Khan, âgée de cinq ans, par son père devant sa belle-mère (CBC, 2009).

Selon la rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la violence contre les femmes, les crimes fondés sur des motifs d’honneur sont courants au Pakistan, en Turquie, en Jor-danie, en Syrie, en Égypte, au Liban, en Iran, au Yémen, au Maroc ainsi que dans d’autres pays la Méditerranée et du golfe Persique. Dans le monde occidental, on a égale-ment signalé des crimes fondés sur des motifs d’honneur en Allemagne, en France et au Royaume-Uni au sein des communautés immigrantes. Il faut souligner que cette forme de violence n’est pas exclusive aux pays ou aux communau-tés islamiques. Au Brésil, par exemple, on jugeait autrefois justifié qu’un mari tue sa femme adultère (Radhika Cooma-raswamy, 2002).

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fédéral interministériel sur la mutilation génitale des femmes, 1999).

À l’instar d’autres pratiques traditionnelles néfastes, la mutilation génitale des femmes est profondément enracinée dans des valeurs, des traditions et des normes culturelles. On s’intéresse beaucoup à son incidence sur la vie des femmes et des filles à travers le monde, mais peu de pro-grammes cherchent à impliquer directement les hommes et les garçons dans la modification des normes et des traditions culturelles associées à la pratique. Aux niveaux local et mon-dial, les hommes et les garçons pourraient pourtant être mo-bilisés avec succès si on rectifiait les idées reçues à ce sujet et si on les renseignait sur les conséquences de la mutilation génitale pour la santé, de même que sur ses retentissements judiciaires. Les hommes et les garçons pourraient s’insurger contre les pressions sociales qui perpétuent la pratique dans certaines collectivités et contribuer à faire comprendre à d’autres hommes et garçons pourquoi il faut la bannir.

La maltraitance des personnes âgées, une forme de violence sexiste

Les attitudes envers les personnes âgées sont complexes et multidimensionnelles, et elles comportent du bon et du moins bon. Si, de façon générale, on encourage les gens à respect-er et à vénérer les personnes âgées dans nos sociétés, cela n’empêche pas les plus vulnérables d’entre elles de subir beaucoup de discrimination et de violence dans leur famille et la collectivité. Les préjugés et les stéréotypes fondés sur l’âge font habituellement en sorte que les personnes âgées sont prises en pitié, traitées avec condescendance, margin-alisées et maltraitées.

Les mauvais traitements envers les personnes âgées vulnérables peuvent être motivés par une hostilité ou une peur inconscientes ou, dans les familles, par l’impatience et l’incompréhension. L’Organisation mondiale de la santé dé-finit ainsi les mauvais traitements et la négligence envers les personnes âgées : « un acte simple ou répété, ou le manque d’action appropriée dans une relation en principe fondée sur la confiance, qui provoque un préjudice ou une souffrance à une personne âgée » (Organisation mondiale de la santé, 2002). Cette définition englobe les mauvais traitements d’ordre physique, sexuel, émotionnel, psychologique ou fi-nancier, ainsi que le défaut de pourvoir aux besoins de base, comme l’alimentation, les soins de santé et le logement. L’isolement, l’abandon, le manque de respect, la violation des droits légaux et la violation de l’intimité sont des formes courantes de négligence envers les personnes âgées, tout comme la dépossession de leurs choix personnels, de leur pouvoir de décider et de leur statut.

La maltraitance peut survenir à l’intérieur du couple ou d’autres relations au sein de la famille, entre personnes unies par des liens d’amitié ou dans le contexte d’une rela-

diquent toutefois que, dans les faits, les fillettes échangées peuvent être agressées sexuellement, non seulement par leur mari, mais également par des membres plus âgés de la famille, surtout si le mari est lui aussi un enfant (Yakin Ertürk, 2006).

Le mariage précoce en Amérique du Nord a fait l’objet de controverses constantes. On en a signalé des cas au sein de groupes intégristes chrétiens, où il a été pratiqué comme forme de mariage spirituel dans la tradition polygame (Eve D’Onofrio, 2005). Au nombre des cas très médiatisés aux États-Unis, mentionnons la condamnation du chef religieux Warren Jeff pour avoir arrangé un mariage entre une jeune fille de 14 ans et un jeune homme de 19 ans en 2007 (Jenni-fer Dobner, 2007) et le retrait de 468 enfants du ranch Yearn-ing for Zion au Texas, en 2008, par suite d’allégations d’abus et de mariages d’enfants avec des adultes. Les enfants ont par la suite été rendus à la secte après le jugement de la Cour suprême de l’État décrétant qu’ils avaient été injuste-ment retirés (Ralph Blumenthal, 2008).

Au Canada, des allégations de violence et d’exploitation sexuelles ont été soulevées en 2007 contre la communauté Bountiful, en Colombie-Britannique, mais aucune accusa-tion n’a été portée parce que les victimes refusaient de témoigner, invoquant la « liberté religieuse » (La Presse canadienne, 2007). Au moment où le présent dossier a été rédigé, la Cour suprême de la Colombie-Britannique étudiait la légalité des lois canadiennes interdisant la polygamie. Les avocats du gouvernement dans cette affaire soutiennent que la polygamie mène à la violence, à la traite de personnes et à la victimisation des femmes, des hommes et des enfants.

Mutilation génitale des femmes

La mutilation génitale des femmes, également désignée par le terme « excision », est reconnue dans le monde entier comme une grave violation des droits des femmes et des filles. Elle fait appel à des méthodes servant à modifier ou à blesser les organes génitaux féminins pour des raisons non médicales. On sait que cette pratique n’est nullement bénéfique pour la santé des femmes et des filles. En fait, elle peut causer d’importantes hémorragies, des problèmes uri-naires et des complications à l’accouchement à l’âge adulte, complications qui peuvent causer la mort du nouveau-né (Organisation mondiale de la santé, 2010).

De 100 à 400 millions de femmes et de filles vivent actuel-lement avec les effets d’une mutilation génitale, survenue généralement après leur dixième anniversaire (Organisa-tion mondiale de la santé, 2010). Au Canada, la mutilation génitale est interdite en vertu des articles 267 (voies de fait causant des lésions corporelles) et 268 (voies de fait graves, y compris le fait de blesser, de mutiler et de défigurer une personne) du Code criminel, et elle est considérée comme une forme de violence envers les enfants (Groupe de travail

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effet, les hommes et les garçons ont dans ce domaine un rôle similaire à jouer qu’à l’égard de la prévention de la vio-lence sexiste. Et là aussi, il faut examiner les normes et les traditions culturelles pour les outils de sensibilisation qu’elles peuvent fournir, ainsi que pour cerner les attitudes, pratiques et comportements profondément ancrés dans ces normes et traditions qui augmentent possiblement les facteurs de risque des personnes âgées vulnérables.

4.6 Homophobie

L’homophobie est un préjugé à l’endroit des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles et transgenres, ainsi que de leurs alliées et alliés. Elle s’exprime par une gamme d’attitudes personnelles, d’expressions et de comportements offensants, dont l’évitement, la discrimination, la violence physique et des menaces envers les personnes concernées. Il s’agit essentiellement d’une forme de violence sexiste, car elle cible des personnes en fonction de leur sexe et de leur identité ou orientation sexuelle. L’impact de l’homophobie au Canada est considérable et a été documenté dans diverses études.

Au Canada, les gais et les lesbiennes sont trois fois plus susceptibles d’être victimes de violence que les personnes hétérosexuelles (Statistique Canada, 2005). Comme le montre le tableau ci-dessous, un sondage national sur l’homophobie dans les écoles canadiennes a révélé que 75 % des élèves lesbiennes, gais et bisexuels et 95 % des élèves transgenres ne se sentent pas en sécurité à l’école, comparativement à 20 % de leurs pairs hétérosexuels. Quatre-vingt-dix pour cent (90 %) des élèves transgenres, 60 % des élèves lesbiennes, gais et bisexuels et 30 % des élèves hétérosexuels ont été victimes de violence verbale à cause de la manière dont elles et ils expriment leur genre. Plus du quart des élèves qui ont répondu ont déclaré avoir été victimes de violence physique en raison de leur orienta-tion sexuelle et 41 % ont dit avoir été victimes de harcèle-ment sexuel à l’école, comparativement à 19 % de leurs pairs hétérosexuels. Enfin, la moitié des élèves hétérosex-uels interrogés estimaient que leur école n’était pas sécuri-taire pour les élèves allosexuels (Égale Canada, 2009)

tion professionnelle (p. ex., relation avec une ou un compt-able ou toute autre personne qui leur dispense des services).

Au Canada, en 2007, on a déclaré beaucoup moins de violence familiale contre des personnes âgées qu’à l’égard de personnes plus jeunes (48 contre 104 pour 100 000 personnes). Il existe toutefois d’importantes différences entre les sexes. Les femmes âgées connaissent des taux de violence huit fois plus élevés que les hommes âgés dans un contexte familial; mais dans l’ensemble, le taux de violence envers les hommes âgés est plus important. Les actes de violence contre les femmes âgées étaient le plus souvent commis par leur conjoint ou des enfants adultes; tandis que chez les hommes âgés, les enfants adultes étaient plus souvent en faute.

Pour ce qui des homicides, les femmes âgées assassinées par un membre de leur famille l’ont été le plus souvent par leur conjoint (40 %) ou par un fils adulte (36 %); pour les hommes âgés, c’était deux fois sur trois un fils adulte. Le problème comporterait donc une dimension genrée. Cepen-dant, les homicides de personnes âgées par des membres de leur famille semblent le plus souvent être motivés par la frustration, la colère ou le désespoir. L’intérêt pécuniaire était la cause la plus souvent recensée des homicides sur des personnes âgées commis par des individues ou des indi-vidus sans lien de parenté avec elles (Statistique Canada, 2009).

Bien sûr, il faut des stratégies visant à coordonner les services de soutien communautaire et à former le person-nel de première ligne, de sorte qu’il puisse reconnaître la maltraitance et l’arrêter. Il faut aussi des initiatives de sensi-bilisation du public qui mettent l’accent sur la responsabilité des hommes et des enfants adultes dans la dénonciation et l’élimination de la violence contre les personnes âgées; en

Lorsque l’on travaille avec les hommes et les garçons à prévenir la violence sexiste,

l’un des moyens les plus effi-caces de susciter l’empathie

et la compréhension, c’est de demander aux hommes

s’ils ont été victimes de violence et comment ils se

sont alors sentis.

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Les hommes qui ont suivi une formation ou un atelier offert par le personnel de la Campagne du ruban blanc ont sou-vent avoué que l’homophobie les empêchait de participer aux efforts de promotion de l’égalité entre les sexes et d’élimination de la violence faite aux femmes.En bref, certains hommes s’abstiennent de défendre les droits des femmes parce qu’ils craignent d’être perçus comme n’étant pas des vrais hommes ou de passer pour des gais. De plus, l’homophobie peut interférer avec les expres-sions saines, bienveillantes et compatissantes de la mascu-linité : étant donné que ces traits de caractère ont été tradi-tionnellement associés aux femmes, l’orientation sexuelle des hommes qui les affichent peut être mise en doute. De nombreux hommes pratiquent l’homophobie comme forme de « police du genre » dans leurs rapports avec d’autres hommes, comme moyen de leur imposer des traits hyper-masculins, strictement définis. Ces traits incluent le recours à la force, au contrôle et même à la violence pour résoudre les conflits ou garder les femmes et d’autres hommes sous leur contrôle.

Les programmes de prévention de la violence contre les femmes qui sont conçus pour les hommes et les garçons doivent s’attaquer aux aspects préjudiciables de la mas-culinité, à l’homophobie, au sexisme et aux autres formes de violence fondée sur le sexe. Il faut aussi encourager les femmes et les filles à rejeter les comportements qui encouragent l’homophobie et les expressions misogynes de la masculinité, et ce, chez les hommes autant que chez les filles. Les organismes de prévention de la violence ga-gneraient peut-être à collaborer avec les groupes et orga-nismes communautaires allosexuels pour lutter à la fois contre l’homophobie, la violence dans les milieux allosexuels et la violence des hommes contre les femmes. Il faut encour-ager les hommes et les garçons à dénoncer l’homophobie, eux aussi, et les organismes qui œuvrent à l’élimination de la violence faite aux femmes pourraient récolter des dividendes en se faisant les alliés de la lutte contre l’homophobie.

4.7 La violence vécue par les hommes

Le présent dossier d’information, ainsi que les recommanda-tions qu’il contient, s’intéresse principalement à mobilisation des hommes comme moyen de réduire et de prévenir la vio-lence faite aux femmes. Mais il ne serait pas complet sans y inclure une étude du vécu des hommes en tant que victimes et survivants de la violence. Cela est important du point de vue des droits de la personne (chaque personne — femme, homme ou enfant — a le droit de mener une vie sans vio-lence) et du cycle de la violence : en effet, nous savons que les personnes qui vivent dans la violence risquent davantage de commettre elles-mêmes des actes de violence (Valerie Pottie Bunge et Andrea Levett, 1998).

TABLEAU 2 : Le vécu homophobe des jeunes dans les écoles canadiennes

Expérience Élèves allosexuels

Élèves hété-rosexuels (%)

Ne se sentaient pas en sécurité à l’école

66 20

Ont fait l’école buissonnière parce qu’elles ou ils ne se sentaient pas en sécurité

33 12,5

Ont été victimes de harcèlement sexuel

41 19

Ont le sentiment qu’on ne les accepte pas

47,5 19

Dépriment à cause de leur vécu à l’école

62 36

Ont tenu des propos homophobes

19 40

Estiment que les membres du personnel enseignant s’attaquent de façon efficace à l’homophobie

33 60

N’ont pas reçu d’enseignement sur les allosexualités à l’école

61 54

Estiment qu’au moins un secteur de l’école n’est pas sécuritaire pour les personnes allosexuelles

70 49

Il existe une corrélation entre la violence faite aux femmes et le harcèlement homophobe des hommes et des garçons. Comme les hommes et les jeunes hommes ont peur de ne pas être de « vrais hommes », certains ont recours à la violence verbale, voire physique, contre des filles ou des gar-çons pour prouver leur valeur. Non seulement cette provoca-tion est préjudiciable pour les garçons et les jeunes hommes, mais elle alimente également le sexisme. Une bonne part du problème est attribuable à la croyance selon laquelle tout ce qu’un homme fait de moindrement « féminin » est un trait négatif.

Statistiques tirées des résultats de la phase I de la première étude nationale d’Égale Canada sur l’homophobie dans les écoles canadiennes, 2008.

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Les hommes vivent beaucoup de violence dans leur vie. Selon Statistique Canada, depuis 1979, environ 90 % des victimes d’homicide au Canada sont de sexe masculin (Statistique Canada, 2009). La population carcérale cana-dienne détenue pour avoir commis des actes de violence et des actes criminels est à 94,5 % de sexe masculin (Sé-curité publique Canada, 2008). Nous savons également que les taux de violence sexuelle contre des garçons et des jeunes hommes sont très élevés, mais cet acte criminel n’est pratiquement jamais déclaré. Malheureusement, un garçon sur six a été victime d’agression sexuelle (Rapport Badgley, 1984).

Les garçons témoins ou victimes de violence dans leur famille risquent davantage d’utiliser eux-mêmes la violence contre les femmes plus tard dans leur vie; leur vécu les prédispose à la violence. D’autres expériences courantes de la violence (intimidation, homophobie, violence criminelle, violence dans les sports) ne font que normaliser et mainte-nir, chez les hommes et les garçons, les stéréotypes selon lesquels la violence est un trait inhérent des vrais hommes et constitue un moyen acceptable de résoudre les conflits.

De plus, lorsque l’on travaille avec les hommes et les gar-çons à prévenir la violence sexiste, l’un des moyens les plus efficaces de susciter l’empathie et la compréhension, c’est de demander aux hommes s’ils ont eux-mêmes été victimes de violence et comment ils se sont alors sentis. Pour bien des hommes, cet incident pourrait bien être la seule fois qu’ils ont été confrontés à la peur et à l’impuissance dans notre société patriarcale. Pour ces raisons, nous devons comprendre à fond l’exposition des hommes à la violence et être disposés à nous attaquer aux problèmes qui en décou-lent en parallèle à notre objectif principal, soit l’élimination de la violence faite aux femmes.

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• Offrir aux hommes et aux jeunes hommes autochtones un lieu sûr où faire l’apprentissage de leurs rôles et responsabilités dans l’élimination de la violence faite aux jeunes filles et aux femmes autochtones;

• Reconnaître les difficultés vécues par les jeunes hommes et les hommes, et leur offrir la possibilité de renouer avec leurs rôles traditionnels au sein des familles et des col-lectivités;

• Offrir un modèle psychosocial de guérison communau-taire pouvant être facilement adapté à chaque commu-nauté (www.iamakindman.ca).

Il y a actuellement dix emplacements en Ontario qui dis-pensent divers programmes rattachés à l’initiative. Ces pro-grammes comprennent la distribution d’affiches et des efforts de sensibilisation du public, des ateliers et programmes de mentorat pour les jeunes et les adultes, ainsi qu’une trousse d’outils pour les formateurs et formatrices. Plusieurs sites offrent également des interventions (counseling et groupes) pour les hommes à risque ou ceux qui ont eu recours à la violence (Terry Swan, 2011).

5.0 EFFETS SUR DIFFÉRENTES COMMUNAUTÉS

Bien que le recours à la violence contre les femmes soit courant dans tous les groupes d’âge, toutes les tranches socioculturelles et toutes les régions, il importe d’examiner les différences dans la manière dont elle touche diverses communautés au Canada. En cernant ces différences, nous pourrons peut-être trouver des possibilités d’intervention ciblées, qui tiennent adéquatement compte de l’âge ainsi que des spécificités régionales et culturelles. Il faut toutefois souligner la nécessité d’une étroite consultation des commu-nautés concernées pour comprendre pleinement comment la problématique de la violence s’y pose et pour concevoir des stratégies efficaces.

Communautés autochtones

Au Canada, la colonisation, la violence institutionnalisée, le racisme individuel et systémique et la marginalisation constante ont laissé des cicatrices dans de nombreuses communautés autochtones. Ils ont contribué à créer une réalité dans laquelle les femmes autochtones de 25 à 44 ans risquent cinq fois plus que les autres femmes du même âge de mourir par suite de violence (Affaires indiennes et du Nord Canada, 1996).

Lors de la Conférence mondiale sur la prévention de la violence familiale tenue à Banff (Alberta) en 2005, Irene Khan, secrétaire générale du secrétariat d’Amnistie Inter-nationale, à Londres (Angleterre), a déclaré que la violence faite aux femmes autochtones au Canada était une violation extrême des droits de la personne. Il n’existe pas de statis-tiques nationales précises, mais l’Association des femmes autochtones du Canada a travaillé avec les familles et les communautés pour recenser les femmes autochtones ayant été assassinées ou portées disparues au cours des trois dernières décennies, et leur nombre se chiffre à 582 (Am-nistie Internationale, 2010).

En dépit de ces obstacles et tragédies aux causes pro-fondes, on trouve dans ces communautés d’innombrables exemples d’efforts fructueux de lutte contre la violence à l’endroit des femmes, des efforts qui dénotent de la rési-lience et favorisent l’autonomisation. Nombre de ces efforts reposent sur une approche communautaire qui mobilise les femmes, les hommes, les jeunes et les enfants.

L’un des meilleurs exemples est la campagne ontarienne Kizhaay Anishinaabe Niin — I am a Kind Man [Je suis un homme bon]. D’une portée provinciale, cette campagne fait appel à des stratégies de prévention primaire, secondaire et tertiaire et vise quatre grands objectifs :

• Offrir aux communautés la possibilité d’aider les hommes et les jeunes hommes autochtones à comprendre les causes de la violence faite aux femmes et aux filles, et les aider à unir leurs forces pour mettre fin à la violence;

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Si de nombreux organismes et groupes communautaires œuvrent à soutenir les femmes et les enfants nouvellement arrivés au Canada qui vivent dans la violence, et si certains dispensent des programmes aux hommes violents, très peu offrent des initiatives d’éducation et de prévention primaire ciblant les hommes et les garçons. Tout en maintenant et en renforçant les programmes de soutien et d’intervention secondaires et tertiaires pour les victimes et les auteurs d’actes de violence sexiste, on aurait avantage à multiplier et à élargir les programmes efficaces d’éducation des garçons, des jeunes hommes et des hommes adultes nouvellement arrivés au Canada, afin d’aider ceux-ci à comprendre le rôle qu’ils ont à jouer dans la prévention de la violence contre les femmes et dans la promotion de l’égalité entre les sexes. Dans ce cas, une approche multisectorielle serait à privilé-gier, c’est-à-dire : les organismes d’aide à l’établissement travailleraient de concert avec les organismes de prévention de la violence et les groupes communautaires de différen-tes communautés culturelles à mobiliser les hommes et les garçons nouvellement arrivés. Il faudrait aussi envisager des initiatives pour renforcer la capacité de mobilisation des organismes qui œuvrent auprès des populations néo-canadiennes. Étant donné la complexité des enjeux, il est crucial de tendre la main aux communautés et de soutenir leurs efforts, notamment en veillant à ce qu’elles aient les ressources nécessaires pour faire ce travail.

Communautés culturelles

Bien que des inégalités entre les sexes et le recours à la vio-lence contre les femmes soient présents au sein de tous les groupes culturels au Canada et dans les sociétés du monde entier, les facteurs qui amènent les hommes à commettre des actes de violence contre les femmes et la nature de ces actes peuvent varier selon le milieu. Aruna Papp, travailleuse sociale et praticienne en violence familiale dans le secteur privé à Toronto, préconise une analyse plus approfondie des valeurs et traditions culturelles particulières qui augmentent vraisemblablement le risque de violence familiale envers les femmes et les filles et amènent les hommes et certaines femmes à commettre des actes de violence sexiste contre leur conjointe ou conjoint et d’autres membres de leur famille (Aruna Papp, 2010).

En l’absence d’une analyse plus poussée, les décisionnaires et les organismes risquent de rater d’importantes occasions d’intervenir, c’est-à-dire de mettre en place des politiques ainsi que des programmes d’éducation, de prévention et de soutien pour les femmes et les hommes qui prennent en considération les pratiques traditionnelles, les facteurs et les risques de communautés particulières. Cependant, il importe de souligner qu’il est bon d’effectuer une évaluation comparative des valeurs, des normes et des traditions des deux genres lorsque l’on envisage une politique ou un projet

Il reste encore beaucoup à faire. Les collectivités du Nord canadien connaissent des niveaux traumatiques de violence, conjugués à des inégalités économiques — conditions qui ne font qu’augmenter la difficulté de ce travail et sa nécessité.

Populations néo-canadiennes

Le recours à la violence contre les femmes est courant chez les hommes de tous les groupes sociaux et ethnoculturels. Cependant, des facteurs comme le statut de résidence peuvent augmenter le risque qu’une femme soit victime de violence (METRAC, 2006) et qu’un homme commette des actes de violence. Les femmes et les familles qui ont demandé le statut de réfugié, de même que les femmes et les enfants sans statut au Canada, risquent davantage de connaître la violence en raison de la précarité de leur situa-tion. Les femmes réfugiées ou sans statut ont généralement un accès limité à l’information, au counseling et aux services communautaires, et elles peuvent hésiter à faire appel aux services d’urgence (p. ex., les services policiers) de peur d’être expulsées. De même, les femmes et les familles sans statut peuvent ne pas avoir accès aux services médicaux, et toute accusation de voies de fait portées contre un des leurs peut avoir de graves conséquences pour la famille entière.

Le travail et le revenu font partie intégrante de l’identité mas-culine dans la plupart des cultures où le rôle de chef du mé-nage revient à l’homme. Quand l’impuissance économique empêche les hommes de remplir ce rôle, cela peut entraîner une augmentation du recours à la violence contre les femmes; car, la violence devient alors pour ces hommes un moyen de compenser et de réaffirmer leur identité masculine et leur virilité. Le sous-emploi et le chômage peuvent avoir des effets dévastateurs sur l’estime de soi des hommes, et ils ont été associés à l’utilisation de mesures punitives contre les enfants, à l’augmentation de l’alcoolisme et au recours à la violence dans les relations (Demetrios Kyriacou et coll., 1999). Le chômage, une maîtrise insuffisante de la langue, la méconnaissance des lois et coutumes canadiennes et les difficultés à trouver du travail, combinés au processus d’établissement dans un nouveau pays et une nouvelle société, peuvent contribuer à créer des tensions familiales dans les populations néo-canadiennes.

Les facteurs qui amènent les hommes à commettre des

actes de violence contre les femmes et la nature de ces

actes peuvent varier selon le milieu.

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d’origine familiale — et inciter les hommes à vouloir « protéger » leurs confrères ou copains des conséquences des actes de violence que ceux-ci pourraient avoir commis contre des femmes.

En milieu rural, les femmes qui ont été victimes de violence peuvent devoir parcourir de plus grandes distances pour avoir accès à un refuge. Dans les localités agricoles, il peut être encore plus difficile pour les femmes de quitter une rela-tion de violence si leur emploi est lié à la ferme. Les femmes autochtones qui vivent en milieu rural isolé peuvent non seulement courir un risque encore plus grand d’être victimes de violence, mais avoir aussi plus de difficulté à accéder aux services de soutien, du fait de leur isolement géographique et de l’inadaptation des services existants à leur culture.

Un moyen efficace de mobiliser les hommes et les garçons dans les collectivités autochtones rurales et éloignées serait peut être de s’inspirer des stratégies et des efforts existants pour servir les milieux ruraux du Canada, y compris les col-lectivités autochtones, et d’y intégrer un volet de prévention primaire et d’éducation ciblant les hommes et les garçons. Cela pourrait supposer le renforcement des capacités des organismes et des prestataires de services en milieu rural pour qu’ils puissent faire de la prévention primaire auprès des hommes et des garçons. Les partenariats avec les écoles, les syndicats de personnel enseignant, les centres communautaires, les centres d’accueil, les associations rura-les et agricoles, les initiatives de santé publique, les festivals et les rassemblements culturels ainsi que le secteur privé pourraient aussi aider à la recherche et à l’essai de modèles de mobilisation pour les hommes et les garçons.

visant à mettre fin à la violence contre les femmes, quels que soient la communauté, le groupe ou la région visés. Autre-ment dit, il faut, pour chaque population, cerner les possibili-tés et les occasions pertinentes de lutter contre la violence à l’endroit des femmes, compte tenu de la culture de cette population.

Comme pour les populations néo-canadiennes, la ma-jorité des organismes et des programmes de lutte contre la violence à l’égard des femmes dans les communautés culturelles au Canada sont axés sur le soutien aux femmes et aux enfants qui ont connu la violence. Quelques orga-nismes offrent aussi un programme d’intervention auprès des partenaires violents, dispensé en diverses langues, pour réadapter les hommes qui ont été violents à l’endroit de leur conjointe. Il faudrait cependant ajouter une priorité supplé-mentaire, à savoir : créer des programmes d’éducation et de prévention ciblant les hommes et les garçons afin de stopper la violence contre les femmes avant qu’elle ne se produise.

Le partenariat entre les organismes de prévention de la violence, les organismes communautaires, les groupes cul-turels, les organismes religieux, les dirigeantes et diri geants communautaires, les organismes à vocation artistique et sportive, les entreprises locales, les journaux communau-taires, la télévision et la radio pourraient aussi aider à mobi-liser les hommes et les garçons sur une plus grande échelle, à l’intérieur de communautés culturelles particulières. Les programmes, les initiatives et les campagnes de sensibilisa-tion multilingues peuvent être efficaces pour répondre aux besoins d’information et de soutien des personnes dont la langue maternelle n’est ni le français ni l’anglais. Il faut toutefois aussi veiller à ce que les initiatives de prévention et d’éducation respectent les spécificités culturelles et ne soient pas que de simples traductions des campagnes et ressour-ces existantes.

Population canadienne en milieu rural

En milieu rural, l’isolement géographique, familial ou auto-imposé peut accentuer le risque que les femmes soient victimes de violence et aggraver les répercussions de cette violence. L’éloignement des voisins, des réseaux de soutien et des programmes sociaux peut renforcer l’isolement des femmes et des familles qui ont connu la violence. L’accès aux services, notamment aux soins de santé et aux pro-grammes de soutien, peut être plus difficile à cause des distances à parcourir pour entrer en contact avec les pres-tataires de services ou des obstacles aux déplacements. Les membres des générations plus jeunes sont nombreux à quitter le milieu rural, ce qui laisse moins de personnes sur qui compter. La perception que « tout le monde se connaît » dans les petites collectivités isolées peut également jouer et rendre les femmes mal à l’aise de parler de la violence qu’elles ont vécue — en particulier quand la violence est

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la plus nocive des conditions fondamentales qui sous-tendent l’inégalité des femmes et des filles dans le monde. La corrélation entre les niveaux de violence sexiste et les niveaux d’inégalité entre les sexes est claire. La violence et les menaces de violence perpé-tuent le pouvoir et les privilèges des hommes. Lorsque l’on œuvre pour l’élimination de la violence sexiste, il faut aussi œuvrer pour mettre fin à l’inégalité entre les sexes.

2. Il faut considérer le genre dans une perspective relationnelle. Comme les analyses féministes ont montré que les identités associées au sexe féminin sont déterminées socialement, il faut accepter que les identités associées au sexe masculin le sont aussi. Si l’inégalité entre les sexes est un fondement de la violence sexiste, les constructions violences, con-trôlantes et préjudiciables de la masculinité le sont au même titre. Il est essentiel de comprendre que le genre est à la fois masculin et féminin et que, si la condition féminine n’est pas prédéterminée, la condi-tion masculine ne l’est pas non plus. La déconstruc-tion des aspects préjudiciables de la masculinité est elle aussi « non négociable ».

3. Ce travail doit être fondé sur des données proban-tes. Nous disposons maintenant de suffisamment de données et de résultats de recherche pour prendre des décisions claires, directes et éclairées quant aux approches et stratégies à adopter pour mobiliser les hommes. L’urgence du problème de la violence faite aux femmes et le risque que des efforts mal éclairés causent des préjudices sont trop grands pour que l’on accepte autre chose que des approches solides et fondées sur des preuves, lorsque cela est possible.

Conditions non négociables du travail avec les hommes et les garçons

Aborder sous l’angle des droits de la personne et des droits des femmes

Déconstruire les aspects préjudiciables de la masculinité

S’appuyer sur des données probantes

Il y a au moins deux autres cadres dont il importe beaucoup de tenir compte dans le travail auprès des hommes pour prévenir et réduire la violence sexiste.

La question est maintenant de déterminer « comment » inter-venir de façon efficace auprès des hommes et des garçons pour prévenir et réduire la violence sexiste. On commence à y voir clair; un consensus commence à se dégager dans le milieu de la recherche et sur le terrain quant aux stratégies et aux cadres les plus efficaces.

Pour comprendre où s’inscrit ce travail dans la prévention de la violence sexiste, il faut connaître les grandes approches de prévention de la violence généralement reconnues. Il y en a trois.

• Prévention primaire : avant l’irruption du problème.• Prévention secondaire : lorsque le problème survient.• Prévention tertiaire : intervention après le fait.

La prévention primaire vise à réduire le risque que les hommes et les garçons recourent à la violence et que les femmes et les filles en soient victimes (Michael Food, 2008). Elle comprend les initiatives d’éducation, les campagnes de sensibilisation, la mobilisation des communautés ainsi que la remise en question et la modification des normes sociales.

Les méthodes de prévention secondaire incluent les services de soutien et de transition pour les femmes et les familles qui vivent dans la violence ou, encore, l’intervention auprès d’hommes à risque élevé de commettre des actes de vio-lence.

La prévention tertiaire peut comprendre le travail avec les agresseurs, l’entrée en action du système de justice pénale lorsque la violence s’est déjà produite. Dans ce cas, l’objectif est souvent l’intervention et la prévention des récidives.

Manifestement, si les efforts de prévention primaire portent leurs fruits, il sera moins nécessaire de déployer des efforts secondaires et tertiaires et, surtout, on aura de fait réussi à prévenir et à réduire la violence sexiste. Cependant, la prévention primaire fait rarement partie des stratégies dé-ployées pour mettre fin à la violence sexiste dans le monde. Dans la plupart des cas, cela s’explique par le besoin d’aider de toute urgence les nombreuses femmes et familles qui fuient la violence, ainsi que par l’immédiateté du problème de déterminer ce qu’il faut faire avec les hommes ayant commis des actes de violence. Aucune de ces approches ne permettra à elle seule la concrétisation des changements fondamentaux que nous souhaitons. Seule une action holis-tique permettra d’apporter des changements concrets.

D’autres conditions doivent être considérées comme « non négociables » pour le travail de prévention auprès des hom-mes et la réduction de la violence sexiste.

1. Ce travail doit être abordé sous l’angle des droits de la personne, et plus précisément des droits fondamen-taux des femmes. La violence sexiste est l’expression

6.0 CADRES, STRATÉGIES ET RÔLES POSITIFS POUR LES HOMMES ET LES GARÇONS DANS LA PRÉVENTION ET LA RÉDUCTION DE LA VIOLENCE SEXISTE

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et homophobe (« ne fais pas la fille », « espèce de fif »).

Les représentations stéréotypées et hyperviriles de la mas-culinité sont omniprésentes dans les médias populaires. La plupart des catégories de médias populaires exercent une influence exagérée sur la construction et la perpétuation des identités masculines, et ce, dans tous les groupes d’âges, mais surtout chez les garçons et les jeunes hommes .

Les garçons commencent aussi très jeunes à avoir avec les filles et les femmes des interactions genrées, qui se pour-suivent tout au long du cycle de vie. À chaque stade, ces in-teractions diffèrent et le risque qu’elles deviennent violentes varie. Les approches de prévention de la violence doivent rendre compte de ces réalités distinctes.

On peut donc, à juste titre, continuer de se demander com-bien d’interventions il faut, à quelle fréquence elles devraient avoir lieu et combien de temps elles devraient durer pour réussir à modifier les habitudes et comportements à long terme, étant donné l’exposition continue aux représentations stéréotypées de la masculinité.

Pour ces raisons, les ONG œuvrant dans ce domaine préconisent une approche axée sur le cycle de vie. Des interventions pertinentes à tous les âges sont nécessaires et impératives pour opérer des changements fondamentaux.

Spectre de la prévention

En plus de la nécessité d’interventions pertinentes tout au long du cycle de vie des hommes et des garçons, il faut tenir compte du spectre de la prévention.

Bien sûr, il est essentiel de modifier le comportement indi-viduel des hommes et des garçons. Ce sont toutefois les structures de pouvoir patriarcales qui confèrent un pouvoir et des privilèges aux membres du sexe masculin — pouvoir et privilèges qui sont porteurs de violence sexiste — dans nos relations interpersonnelles, dans nos familles, dans nos institutions politiques, économiques, religieuses, mili-taires et quasi militaires, ainsi que dans nos établissements d’enseignement, nos entreprises, nos collectivités et nos sociétés en général.

Michael Flood a modifié le spectre de la prévention de la violence couramment utilisé afin de l’adapter au travail de mobilisation des hommes et des garçons.

Types d’intervention :1. Renforcer les connaissances et les compétences

individuelles. Éducation, acquisition de compétences et sensibilisation au niveau individuel.

2. Promouvoir l’éducation communautaire. Efforts col-

Approche axée sur le cycle de vie

Le pouvoir et les privilèges des hommes n’apparaissent pas soudainement lorsque les garçons atteignent l’âge adulte. Dès leur plus jeune âge, et on pourrait même dire dès leur conception, les garçons et les hommes sont exposés aux influences, conditions et privilèges du patriarcat. Dans certaines régions du monde, des générations de filles ont disparu, et sont donc absentes des profils démographiques parce que la préférence pour les garçons entraîne des avortements sélectifs d’embryons féminins et l’infanticide de filles.

Les garçons apprennent très tôt ce que signifie être un homme et ce qui est considéré masculin — ce qui fait un vrai homme (p. ex., les garçons ne pleurent pas). Ils apprennent aussi très tôt comment exploiter les privilèges de leur sexe et comment assurer le maintien de l’ordre sexuel établi parmi leurs pairs, notamment par le recours à un discours sexiste

Exemples d’interventions auprès des hommes et des garçons durant le cycle de vie

Garçons en bas âge ou d’âge préscolaire : Participation d’hommes à la prestation des soins dans la famille et les milieux de garde, présentation des concepts de santé et de bien-être émotionnels aux garçons, et efforts de développe-ment du caractère.

École primaire, 6 à 12 ans : Formation du personnel ensei-gnant; garde parascolaire; activités éducatives; introduction à l’égalité, au respect et à l’empathie.

Adolescence : Promotion de la réflexion critique sur les rôles sexués des hommes et des femmes; information, campagnes de sensibilisation, activités éducatives de groupe, promotion de saines relations, réflexion critique sur les aspects négatifs de certaines définitions de la masculinité.

Début de l’âge adulte : Promotion de la réflexion critique sur les rôles sexués des femmes et des hommes; information, campagnes de sensibilisation, activités éducatives, promotion de saines relations, éducation sur le consentement et la santé sexuelle, rôle d’observateurs engagés, remise en question du comportement des pairs.

Âge adulte : Rôles des hommes et des pères, modèles et mentors, santé sexuelle et génésique, rôle des hommes dans la santé des mères et des enfants, stratégies de prévention de la violence, modelage de relations équitables, éducation des pairs, observateurs engagés.

Âge avancé : Les hommes en tant que grands-pères, aînés et conteurs; préparation de la génération suivante.

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sociales envers chacun des sexes.

Plusieurs constatations clés ont été faites :

• Il existe des preuves péremptoires que les programmes bien conçus pour les hommes modifient les comporte-ments et attitudes.

• Les programmes catégorisés sexotransformateurs présentaient un taux d’efficacité plus élevé.

• Les programmes utilisant les interventions individuelles ou le travail en groupe, en conjonction avec des cam-pagnes communautaires et des initiatives médiatiques, semblent encore plus efficaces.

• Assez peu de programmes destinés aux hommes et aux garçons dépassent le stade de projet-pilote ou s’étendent sur une longue période.

• Sur 57 programmes de mobilisation des hommes et des garçons, 63 % étaient efficaces ou prometteurs (OMS-Promundo, 2008).

Les programmes sexotransformateurs offrent un cadre ras-surant où engager, avec l’aide d’animateurs, une discussion constructive et objective (c’est-à-dire, qui ne moralise pas, mais encourage la remise en question) sur les normes se-xuées et leurs influences sur le comportement. Ils compren-nent des débats publics délibérés, de même qu’une réfle-xion critique personnelle sur ces normes, et ils cherchent à mesurer les changements d’attitude à l’égard des normes sexuées et des comportements qui s’y rattachent.

lectifs, communication et marketing sociaux, stratégies médiatiques.

3. Faire l’éducation du personnel professionnel et des prestataires de services. Formation du personnel enseignant, des membres des corps policiers, des entraîneuses et entraîneurs ou des médecins, par exemple, pour qu’ils participent à la prévention pri-maire auprès de leurs clientèles respectives.

4. Mobiliser les collectivités. Monter des coalitions et des réseaux, reconnaître et renforcer les capacités des hommes qui font figure de chefs de file, activités de sensibilisation, campagnes du ruban blanc.

5. Changer les pratiques organisationnelles. Remettre en question et modifier les vieilles pratiques qui tolèrent la violence sexiste ou l’approuvent.

6. Influer sur les politiques et les mesures législatives. Réforme judiciaire et politique (Flood, 2008).

Stratégies

Programmes sexotransformateurs

En 2007, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Institut Promundo, une ONG brésilienne, ont effectué la première évaluation exhaustive des programmes mobilisant les hommes et les garçons pour réaliser l’égalité entre les sexes. Cette étude visait à cerner les raisons de l’efficacité de ces programmes, à déterminer les types de programmes les plus efficaces ainsi qu’à établir la perspective de genre à y appliquer.

Dans le cadre de cet examen, on a analysé les données d’évaluation de 58 programmes et projets menés dans dif-férents pays et représentant toute la gamme des pratiques d’intervention auprès des hommes et des garçons axées sur l’égalité entre les sexes — depuis la prévention de la violence sexiste jusqu’aux droits sexuels et génésiques, en passant par la prévention du VIH/sida.

L’examen a recensé trois types de programmes :

1. Programmes sans distinction de genre : N’établissent aucune distinction entre les besoins des hommes et des femmes, ne renforcent ni ne remettent en question les rôles de chaque sexe.

2. Programmes sensibles au genre : Reconnaissent les normes sexuées sans vraiment chercher à les transformer.

3. Programmes sexotransformateurs : Visent à pro-mouvoir des relations équitables ainsi qu’à transfor-mer les normes sexuées, y compris les attentes

Tiré de la brochure de la Campagne du ruban blanc, Ce que chaque homme peut faire

1. Écouter les femmes et apprendre d’elles.

2. Contester l’emploi de termes sexistes et les blagues dégradantes pour les femmes.

3. Appuyer les événements de la Campagne du ruban banc.

4. Appuyer les programmes locaux pour femmes.

5. Déterminer en quoi son propre comportement peut contribuer au problème.

6. Comprendre les rôles que l’on peut jouer en tant que père, mentor et modèle de rôle.

7. Promouvoir le changement.

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30 Dossier d’information de la Campagne du ruban blanc — Mobiliser les hommes et les garçons pour réduire et prévenir la violence sexiste Dossier d’information de la Campagne du ruban blanc — Mobiliser les hommes et les garçons pour réduire et prévenir la violence sexiste 31

des efforts considérables pour nouer de tels partenariats, c’est-à-dire pour vaincre le scepticisme qui règne depuis des années quant à la pertinence d’inclure les hommes dans ce travail. Ces partenariats sont néanmoins essentiels.

Approche axée sur la force

Les changements de comportement et d’attitude chez les hommes sont plus susceptibles de se produire lorsque nos conversations et nos campagnes misent sur les préférences, les espoirs et les intentions, plutôt que sur la culpabilité, la honte ou la peur. Lorsque nous pouvons donner des exemples positifs de comportements équitables et non violents, nous n’aliénons pas les hommes et les motivons sans recourir à la peur, à la honte ou à la culpabilité, ce qui favorise des changements plus significatifs et plus durables.

Les hommes réagissent mieux lorsqu’on leur montre la « bonne » façon de faire que lorsqu’on les critique pour les « mauvaises » façons. Souvent, un bon point de départ consiste à trouver et à valoriser ce que les hommes font déjà bien, puis de le relier à des résultats positifs qui contribuent à la réduction et à la prévention de la violence sexiste. Il importe de souligner qu’il ne s’agit pas d’une excuse ou d’un substitut à la dénonciation des comportements, stéréotypes et mythes préjudiciables, mais plutôt d’une approche qui ne tient pas les hommes personnellement responsables dans les campagnes ou les outils de sensibilisation.

En 2004, un groupe de spécialistes au National Institute of Health, aux États-Unis, a déterminé que les programmes qui font appel aux arguments alarmistes pour décourager les enfants et les adolescents d’adopter des comportements violents ne sont pas seulement inefficaces, mais peuvent en réalité aggraver le problème (communiqué du National Institute of Health, 2004).

La campagne lancée par Men Can Stop Rape [les hommes peuvent mettre fin au viol], aux États-Unis, est un exemple d’approche valorisant la force qui a fait école. Le slogan « My Strength is not for hurting » [Ma force ne sert pas à faire mal] est suivi d’exemples de comportements équitables et non violents. Cette campagne a été adaptée dans plus de 20 pays.

Cadre d’inclusion et d’information des hommes

Le cadre d’inclusion et d’information des hommes (Address and Inform Men [AIM] Framework) proposé en 2003 par Mi-chael Kaufman, cofondateur de la Campagne du ruban blanc pour l’UNICEF, repose sur la prémisse que nous devons examiner notre interprétation culturelle de la masculinité pour éliminer la violence faite aux femmes et que la masculinité

Les hommes, alliés de la promotion de l’égalité entre les sexes

Tout homme qui prend position et défend une personne ou un groupe qui est victime de discrimination est un allié. Il œuvre pour mettre fin à l’oppression en appuyant et en défendant les personnes stigmatisées, victimes de discrimi-nation ou injustement traitées.

Comme alliés, les hommes peuvent contribuer grandement à

l’élimination de la violence faite aux femmes et à la promo-tion de l’égalité entre les sexes.Plus particulièrement, il est très important que les hommes établissent des partenariats significatifs et efficaces avec les groupes de femmes qui font ce travail depuis des décennies et qui ont une connaissance intime des enjeux entourant la violence faite aux femmes, les relations de pouvoir patriar-cales et l’égalité entre les sexes. Toutefois, il faudra peut-être

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hommes un contexte pour :

• dénoncer les comportements qui les rendent mal à l’aise;• trouver des alliés qui partagent leurs croyances sans les

exprimer;• miner le soutien aux croyances et comportements qui

contribuent à la perpétration des agressions sexuelles.

Une étude démontre bien le pouvoir que les normes sociales exercent sur les hommes; en effet, elle révèle que les hom-mes interviennent plus volontiers afin de prévenir les agres-sions sexuelles quand ils ont le sentiment que d’autres hom-mes en feraient autant (Fabiano et coll., 2003). Au contraire, selon une autre étude, les probabilités de viol augmentent lorsque les hommes croient les autres hommes suscep-tibles de souscrire aux mythes véhiculés au sujet du viol (p. ex., les hommes peuvent perdre le contrôle si les femmes s’habillent de façon provocante, ou « non » veut dire « oui »). La corrélation est encore plus importante pour les hommes qui souscrivent déjà à ces mythes (Bohner et coll., 2006).

Les campagnes, les programmes et les interventions qui font appel à la théorie des normes sociales ont prouvé leur capacité de modifier les comportements (p. ex., alcool au volant, utilisation de la ceinture de sécurité, renoncement au tabac) et peuvent prévenir et réduire la violence sexiste.

Rôles positifs pour les hommes

Interventions des observateursLes interventions efficaces des observateurs constituent l’un des domaines les plus prometteurs, et les mieux étayés par la recherche, pour ce qui est des rôles positifs que les hommes peuvent jouer dans la prévention et la réduction de la violence sexiste. Dans le contexte de la prévention des agressions sexuelles, ces interventions visent plusieurs objectifs :

• prévenir l’agression;• interrompre les propos sexistes ou ceux qui réduisent la

femme au rang d’objet;• empêcher qu’on rejette le blâme sur les victimes;• interrompre les comportements masculins qui sont

propices aux agressions.

Alan Berkowitz a recensé de nombreux obstacles qui, selon les hommes, les empêchent d’être des témoins actifs :

• présumer que ce n’est pas un problème parce que les autres n’interviennent pas (influence sociale);

• craindre que cela ne porte atteinte à leur réputation (inhi-bition en public);

• présumer que quelqu’un d’autre agira (diffusion de la responsabilité);

• croire que les autres ne sont pas dérangés par cet acte

s’exprime d’une multitude de façons — qu’elle présente une grande diversité ethnoculturelle, économique, religieuse et historique.

Bref, il faut prendre en compte les hommes de diverses communautés et les faire participer à l’élaboration de pro-grammes à l’aide de messages pertinents et pragmatiques axés sur l’action, ainsi qu’au moyen d’images d’hommes et de garçons qui leur ressemblent. C’est de l’intérieur que l’on peut le mieux déconstruire le pouvoir et le patriarcat. Un auto-examen est essentiel à ce processus, et les hom-mes doivent y voir le reflet de leurs propres expériences. La mobilisation des hommes à ce stade et de cette fa-çon permet également de donner à ceux-ci un sentiment d’investissement personnel dans l’enjeu, le programme ou l’intervention, le sentiment que celui-ci leur appartient. La motivation des pairs est aussi une grande force pour les programmes destinés aux hommes, et les campagnes qui font participer les hommes sont plus susceptibles d’avoir une résonance (Kaufman, 2003).

Si nous demandons aux hommes (à titre d’agresseurs ou d’agresseurs potentiels ou, encore, à titre de participants aux efforts de prévention) de changer, il faut s’adresser à eux et les faire participer.

Théorie des normes sociales

Par « normes sociales », on entend l’acceptabilité d’une action ou d’une croyance. Il s’agit de règles tacites quant à ce qui est « normal » pour tel groupe ou tel contexte. Les normes sociales contribuent dans une large part à perpétuer le pouvoir et les privilèges masculins. L’une des principales tactiques utilisées par les structures de pouvoir dominantes consiste à rendre le pouvoir invisible, inévitable et incontes-table. Les cultures patriarcales sont pleines de normes sociales conçues pour faire croire aux hommes que leur pouvoir et leurs privilèges sont normaux.

La perception des normes sociales permet de prédire de façon assez précise les comportements et les attitudes, ce que diront et feront les gens. Les normes faisant l’objet d’une perception erronée ont des effets puissants (et inconscients) sur le comportement. Deux formes de perception erronée présentent un intérêt particulier pour les rôles des hommes en ce qui a trait à la violence sexiste.

• Ignorance pluraliste : croyance erronée selon laquelle nos propres attitudes, jugements ou comportements dif-fèrent de ceux des autres.

• Faux consensus : croyance erronée selon laquelle on représente la majorité, alors qu’on est en fait minoritaire (Berkowitz, 2003).

La correction de ces perceptions erronées peut offrir aux

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L’étude a révélé que les participants étaient davantage sensibilisés à la question, qu’ils étaient plus susceptibles d’intervenir ou de poser publiquement un geste, qu’ils avaient des idées pratiques sur la façon de prévenir la violence contre les femmes et qu’ils avaient une vision plus saine de la masculinité (Stephanie R. Hawkins, Men Can Stop Rape, 2005).

Modèles paternelsDe plus en plus de recherches internationales confirment que la participation des hommes comme pères et men-tors peut avoir un effet positif dans la vie des femmes, des hommes et des enfants. À l’inverse, l’absence du père ou sa violence peuvent avoir des répercussions sur plusieurs générations d’enfants. La plupart des recherches confirment que la violence des hommes envers les femmes se transmet d’une génération à l’autre. Diverses études ont révélé que les personnes ayant été témoins ou victimes de violence au foyer sont plus susceptibles de recourir à la violence contre une ou un partenaire intime.

Les hommes consacrent une portion limitée de leur temps à s’occuper de leurs enfants. Même lorsqu’ils participent au soin des enfants, ils décrivent habituellement cette activité comme une « aide », et non comme une tâche à laquelle ils choisissent de participer ou dont ils sont responsables. De plus, lorsqu’ils assument des tâches domestiques, les hommes continuent souvent de considérer qu’ils peuvent se dégager de certains aspects de ces tâches.

Si les hommes et les femmes partagent le rôle de soutien de famille et la responsabilité des soins aux enfants, la condition de la femme (et donc ses droits fondamentaux) s’améliorera au sein de la famille et de la collectivité. La participation ac-crue des hommes au développement de l’enfant est un élé-ment important de la promotion de l’égalité entre les sexes et de l’élimination de la violence faite aux femmes.

Plus les hommes passent du temps à s’occuper d’un enfant, plus leur bien-être psychologique s’accroît. Lorsque l’on élargit le rôle des hommes pour inclure le soin des enfants, on déconstruit les définitions étroites de la masculinité pour les remplacer par une vision élargie de la capacité humaine des hommes dans la vie familiale et au sein de la société en général. La participation au soin des enfants et à la vie des jeunes augmente la capacité des hommes d’exprimer leurs émotions et d’éprouver de l’empathie.

Des recherches internationales révèlent également que la participation accrue du père, dans la mesure où elle s’accompagne d’une réduction des conflits et de la violence dans la famille, augmente les chances que les enfants grandissent dans un environnement émotionnellement et physiquement sécuritaire. D’autres recherches laissent entendre, sans que cela ait été confirmé, que les fils de pères engagés qui assurent un soutien moral sont moins

(normes sociales);• craindre les représailles (Berkowitz, 2008).Les programmes efficaces ciblant les observateurs sont ceux qui permettent aux hommes et aux garçons d’acquérir les connaissances, les compétences, les solutions et la con-fiance nécessaires pour être des intervenants plus efficaces et, du même coup, remettre en question et changer pour le mieux les normes relatives aux rôles et aux responsabili-tés des hommes. Nombre de ces programmes font appel à des jeux de rôles ou à d’autres formes d’apprentissage par l’action comme méthodes d’apprentissage et de désinhibi-tion.

Surveillance par les pairs et les quasi-pairs, formation des formateursDe nombreux programmes et projets dans le monde visent à renforcer les capacités d’individus et de communautés pour en faire des pairs ou des « quasi-pairs » éducateurs, ou à élargir la portée et l’incidence de leur travail par la forma-tion de formateurs. Cela peut non seulement être un moyen efficace de favoriser la modification des attitudes et com-portements, mais également d’établir de nouvelles normes sociales (selon lesquelles les hommes s’intéressent à la prévention de la violence sexiste et ils sont engagés à cet égard), et il s’agit d’une méthode économique pour avoir un impact plus important.

Des groupes comme Men’s Action for Stopping Violence Against Women [action des hommes pour stopper la vio-lence envers les femmes], en Inde, et le projet Men as Part-ners [les hommes, des partenaires] d’Engender Health, en Afrique orientale et subsaharienne, ont utilisé avec succès des approches de formation des formateurs, qui améliorent les capacités au niveau communautaire tout en légitimant le travail et en optimisant sa portée.

Men Can Stop Rape a travaillé en collaboration avec le Center for Disease Control (CDC), aux États-Unis, pour une évaluation à long terme de ses clubs Men of Strength (MOST) [clubs des hommes forts]. Compte tenu des pre-miers signes encourageants de cette évaluation, le CDC a qualifié le projet du club MOST de « pratique prometteuse » pour la prévention de la violence sexiste.

Les clubs MOST suivent une approche transformatrice d’intervention auprès des garçons et des jeunes hommes dans les écoles secondaires américaines. Pendant un an, on offre aux participants un cadre où explorer les caracté-ristiques d’une masculinité saine, afin qu’ils puissent trouver leur voix comme agents de changement, ce qui inclut tant la prévention de la violence sexiste que la promotion d’une société plus civile et moins violente. Ce modèle met l’accent sur l’éducation par les pairs et on a constaté que l’éducation par les « quasi-pairs » (des garçons juste un peu plus vieux que les participants) fonctionne bien.

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Centre ontarien de prévention des agressions (COPA) — Ça commence avec toi http://commenceavectoi.ca/accueil/

Avec ce fondement solide, l’impact potentiel ressort claire-ment, puisqu’il ne s’agit pas seulement de mobiliser les hommes à titre de pères, mais en tant qu’oncles, frères, etc., de même qu’en tant que modèles de rôle et prestataires de soins. Cette forme d’engagement positif réduit directement le risque de violence au sein des familles et change les normes sociales en proposant des formes de masculinité plus bienveillantes et plus affectueuses. Parmi les différentes ap-proches utilisées au Canada, il s’agit de la plus prometteuse, et elle devrait être jugée prioritaire.

Analyse des interventions auprès des agresseurs (stratégies d’intervention)

La validité et l’efficacité des programmes d’intervention auprès des agresseurs, ainsi que la gamme de méthodes employées dans l’exécution de ces programmes, sont forte-ment débattues à l’intérieur et à l’extérieur du cercle des spécialistes de la question. Un nombre limité, mais néan-moins croissant, de recherches tentent d’évaluer l’efficacité de divers modèles utilisés pour prévenir la récidive chez les agresseurs. Ces recherches, tout en proposant une critique utile des programmes existants, ne permettent pas de con-clure à la supériorité d’une méthode par rapport aux autres.

La difficulté d’une telle évaluation tient, d’une part, dans le grand nombre de variables en jeu et, d’autre part, dans les problèmes méthodologiques qui affligent bon nombre des recherches effectuées. Les variables en jeu comprennent les paramètres de la participation (prescrite ou non), la durée des programmes, les titres de compétence des animatrices ou animateurs ainsi que les résultats mesurés. Parmi les

susceptibles d’utiliser ultérieurement la violence contre leurs conjointes (Gary Barker, 2004).Selon des données empiriques venant d’Amérique du Nord et d’Europe de l’Ouest, la participation positive du père augmente les chances que les fils aient une attitude plus paritaire et soient des pères plus affectueux, et que les filles aient également une conception plus souple des genres. Une étude qualitative auprès des jeunes hommes à faible revenu au Brésil a révélé que les jeunes hommes plus paritaristes pouvaient généralement désigner une figure paternelle ou une autre figure masculine dans leur vie qui leur avait donné l’exemple de rapports plus égalitaires entre les hommes et les femmes ou fait la démonstration de rôles davantage axés sur l’égalité entre les sexes (Gary Barker, 2001).

Il se dégage de cette étude une leçon cruciale, à savoir qu’il n’est pas toujours possible, ni souhaitable, que le père biologique soit le seul modèle de rôle paritariste. Comme nous l’avons souligné, certaines influences paternelles peuvent avoir des effets néfastes. D’autres hommes influents dans la vie des jeunes garçons ont tout autant la possibilité d’influencer pour le mieux leur comportement présent et futur envers l’autre sexe. Cela est particulièrement important étant donné la diversité des structures familiales de la société ca-nadienne contemporaine, puisque l’on pourrait ainsi amener une plus grande diversité d’hommes à s’engager sur cette voie :

• dirigeants communautaires et gardiens;• décisionnaires;• dirigeants d’organisations et d’institutions.

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un changement d’orientation chez certaines chercheuses et certains chercheurs, qui tentent à présent de déterminer quels sous-groupes répondent mieux à quelles interventions (Healy, Smith et O’Sullivan, 1998).

Des recherches laissent également entendre qu’il est pro-blématique et malavisé de s’intéresser isolément aux pro-grammes d’intervention pour les hommes violents. En effet, certaines indications donnent à penser que tout examen, pour être vraiment utile, devrait prendre en considération les systèmes qui recoupent ces programmes, notamment les institutions du système pénal et les mécanismes commu-nautaires de soutien. Les services policiers, la détermination de la peine, les maisons de refuge et les autres mesures de soutien pour les survivantes de la violence et l’acceptation de la violence dans notre culture sont parmi la gamme des facteurs qui influent sur la façon dont les hommes violents abordent le processus de changement (Healy, Smith et O’Sullivan, 1998).

Malgré la nécessité d’autres recherches, on a formulé un certain nombre de recommandations pour les programmes d’intervention. Voici, selon une table ronde de spécialistes du domaine, les éléments essentiels à la réussite d’un tel programme :

1. Un partenariat avec d’autres personnes et organismes pour améliorer la responsabilité et offrir une gamme de services;

2. Une collaboration étroite avec les tribunaux et les services de probation pour superviser les traitements ordonnés par un tribunal;

3. La création d’une solide infrastructure de programmes comprenant la formation et la supervision conti-nues du personnel et la mise en œuvre de politiques alignées sur les pratiques exemplaires;

problèmes méthodologiques, mentionnons la faible taille des échantillons, l’absence d’attribution aléatoire ou de groupes de contrôle, les taux d’attrition élevés, les curriculums de programme trop courts ou non représentatifs, les courtes périodes de suivi ou, encore, les sources des données de suivi — c’est-à-dire, données qui proviennent tantôt seule-ment des arrestations, tantôt seulement des participants eux-mêmes (données autodéclarées) ou de la victime originale (Healey, Smith et O’Sullivan, 1998).

Parmi les évaluations jugées solides sur le plan mé-thodologique, la majorité a révélé des réductions modestes, mais statistiquement significatives, de la récidive chez les hommes ayant participé à un programme d’intervention pour agresseurs. Il convient de signaler une exception notable: l’évaluation quasi expérimentale et méthodologiquement rigoureuse d’Adele Harrell, menée en 1991 pour l’Urban In-stitute à Baltimore. L’étude de Harrell a soulevé l’inquiétude dans le domaine avec ses constatations inattendues, révélant un taux de récidive supérieur parmi les participants des trois groupes d’intervention comparativement au groupe témoin.

Les résultats préliminaires d’une étude parrainée par le CDC et menée à quatre emplacements distincts ne sont pas concluants : après 12 mois, les taux de récidive pour les participants qui ont complété le programme sont similaires à ceux des agresseurs qui ont décroché dès le début, et il n’y a aucune variation significative dans les résultats des agres-seurs participant à des programmes de durée et de concep-tion variés. Un programme d’éducation de trois mois avant le procès a donné des résultats légèrement meilleurs, lorsque l’on tient compte des facteurs socioéconomiques (Healey, Smith et O’Sullivan, 1998).

Au Canada, les programmes d’intervention auprès des parte-naires violents figurent parmi les programmes d’intervention les plus largement utilisés. Environ 7 000 hommes ont participé à ces programmes en Ontario en 2003. Selon le ministère canadien de la Justice, « peu de résultats indiquent qu’ils [les programmes d’intervention auprès des hommes violents] réduisent les comportements violents des hommes envers leur partenaire. De récents examens de la documen-tation laissent entendre que, au mieux, ces programmes entraînent une faible réduction des taux d’agressions ultérieures. » Cela montre bien qu’il y aurait lieu de faire plus de recherches pour déterminer comment améliorer ces programmes. On devrait en particulier s’attarder aux facteurs les plus susceptibles de modifier les comportements violents des hommes (Scott et Stewart, 2007).

Le manque de données empiriques ne permettant pas de conclure à la supériorité d’un programme ou d’une méthode de traitement, on s’est mis en quête d’une approche qui con-sidère les hommes violents comme un groupe diversifié, né-cessitant une diversité d’interventions adaptées. On constate

Certaines indications donnent à penser que tout

examen, pour être vraiment utile, devrait prendre en

considération les systèmes qui recoupent ces

programmes, notamment les institutions du système pénal

et les mécanismes communautaires de soutien.

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4. Des interventions communautaires coordonnées, qui vont au-delà des sanctions imposées par la justice;

5. La conception d’interventions et de programmes inté-grant les commentaires d’adultes et d’enfants ayant survécu à la violence;

6. Le recours à l’évaluation et à la gestion des risques;7. La mobilisation précoce des hommes dans leurs rôles

de parents et de conjoints (Carter, 2009).

Cette table ronde a également recommandé que l’on con-çoive de nouveaux moyens de joindre les hommes violents, parce que les programmes actuels d’intervention auprès des agresseurs ne rejoignent qu’un faible pourcentage de ceux qui ont recours à la violence. Enfin, malgré les critiques sérieuses et bien fondées qui ont été formulées sur ces pro-grammes, les spécialistes de la table ronde ont recommandé leur maintien, parce que ces programmes sont pratiquement la seule tribune où les hommes violents sont soutenus et incités à changer. Ils demandent cependant la poursuite des recherches, de même qu’une responsabilisation accrue des organismes qui dirigent ces programmes et des hommes en cause (Carter, 2009).

On ne saurait passer sous silence l’important travail qui reste à faire auprès des hommes qui ont recouru à la violence. L’intervention du système de justice pénale ne suffit pas à elle seule. Nous avons enrichi nos connaissances sur la prévention primaire, les programmes sexotransformateurs et la nécessité de tenir compte de la multiplicité et de la complexité des identités masculines, mais nous continuons à nous interroger sur l’efficacité, la cohérence, la pertinence et l’effet des programmes d’intervention auprès des agres-seurs. Il y a peut-être aussi des leçons à tirer des différents modèles de prestation des services, comme le modèle de gestion des cas. Il faudra encore beaucoup plus de travail afin d’assurer que tout le potentiel de ces programmes est exploité.

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et stéréotypes hypermasculins préjudiciables. Il faut des animateurs habiles, du temps et de la confiance pour réussir à créer un cadre où les hommes pourront s’ouvrir tout en ac-ceptant d’être remis en question.

Une autre considération est celle des points d’entrée. On devrait faire preuve de créativité dans le choix de ces points. Car, la résistance des hommes à tout effort pour les amener à prendre une part active à la prévention de la violence faite aux femmes peut être exacerbée par leur réticence à parti-ciper à des programmes structurés dans des institutions offi-cielles. Pour concevoir des programmes et des interventions, on devrait visiter les lieux que fréquentent habituellement les hommes et les garçons (p. ex., barbier et manifestations sportives), déterminer des points d’entrée culturels (musique, jeux vidéo) et recenser les questions d’intérêt ou les liens af-fectifs (paternité et expériences personnelles de la violence).

Pour vaincre le scepticisme quant aux désirs légitimes des hommes d’œuvrer pour l’égalité entre les sexes et l’élimination de la violence faite aux femmes, il faut travailler en partenariat avec les groupes de femmes, et montrer ses intentions par des expériences positives. De plus, compte tenu du très petit nombre d’hommes et d’organisations, il peut être utile de chercher des alliés là où existe déjà une résistance aux conceptions courantes de la masculinité (hommes jeunes, mouvements pour la justice sociale, édu-cateurs).

Enfin, nous devons être réalistes quant aux limites du changement. Quel changement est possible? Il faudra du temps pour changer les normes sociales et remettre en question le pouvoir et les privilèges masculins, enracinés depuis des siècles dans de nombreuses sociétés. Les influences négatives et les stéréotypes préjudiciables sont courants dans les médias, la culture populaire et certaines interprétations religieuses. Il pourrait s’avérer impossible de modifier le point de vue de certains hommes sur ces ques-tions. Nous avons constaté une malléabilité, une accepta-

7.0 CONSIDÉRATIONS, LIMITES, LACUNES ET ÉVALUATION DES RISQUES

Autres considérations concernant la mobilisa-tion des hommes et des garçons pour prévenir la violence sexiste

Quelque vingt ans de travail, de soutien et de collaboration avec des groupes du monde entier nous ont amenés à re-censer d’autres considérations et défis inhérents à la mobili-sation des hommes et des garçons.

Celle qui ressort peut-être le plus est la reconnaissance du fait que l’on ne peut considérer les hommes et la mascu-linité comme un sujet homogène. La classe sociale, la race, l’orientation sexuelle, la religion, la culture et les capacités jouent toutes un rôle crucial dans la construction de l’identité masculine et dans le vécu des hommes, et elles entraînent d’importantes différences dans leur degré de pouvoir et leurs privilèges. En particulier, les intersections entre le racisme et l’orientation sexuelle font ressortir la nécessité de prendre en considération les multiples besoins et réalités des hommes et des garçons. De là découle le défi de créer des structures pouvant accueillir tous les hommes. Selon notre expé-rience et celle d’autres intervenantes et intervenants dans le monde, le travail de prévention et de réduction de la violence contre les femmes peut de fait aider à jeter des ponts entre des hommes qui diffèrent par leur niveau d’instruction, leur race, leur orientation sexuelle, leur classe économique et leurs opinions politiques.

La compréhension qu’ont les hommes de l’égalité entre les sexes est un autre obstacle qui mérite une attention particu-lière. Beaucoup d’hommes doivent comprendre qu’au con-traire des jeux à somme nulle, dans lesquels il y a toujours des gagnants et des perdants, l’égalité des sexes — et, par extension, la prévention et la réduction de la violence sexiste — profite à tout le monde et n’enlève rien aux hommes. D’où l’importance de ne pas seulement parler du coût de l’inégalité pour les femmes et les filles — un coût qui prend notamment la forme de violence —, mais aussi du coût du patriarcat pour les hommes. La mobilisation des hommes et des garçons ne peut reposer uniquement sur un appel à la compassion et au respect des droits de la personne; elle doit également invoquer l’idéal d’un « intérêt personnel éclairé », en faisant ressortir les inconvénients (émotionnels, psy-chologiques, sociétaux et physiques) associés à la condition masculine et les avantages pour les hommes, les familles, les entreprises, les collectivités et les nations de l’atteinte d’une plus grande égalité entre les sexes.

Une autre considération a trait à la création de lieux sûrs et confortables pour ce travail, où les points de vue sexistes et hostiles peuvent être remis en question. D’une part, les hommes et les garçons n’ont généralement pas l’habitude de parler de ces questions ou de faire l’analyse critique de leur pouvoir et de leurs privilèges, et ils ont besoin d’un lieu sûr pour y arriver. D’autre part, nombre des lieux que fréquentent les hommes approuvent et perpétuent les comportements

La mobilisation des hom-mes et des garçons ne peut reposer uniquement sur un

appel à la compassion et au respect des droits de la per-

sonne; elle doit également invoquer l’idéal d’un « intérêt

personnel éclairé ».

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ciplinaires et intersectorielles, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du gouvernement, et, enfin, fixer des objectifs mesurables et préciser les changements attendus.

Cette orientation pourrait également tenir compte des be-soins particuliers des différentes communautés d’intérêts, pour assurer la pertinence et l’efficacité des interventions. Elle assurerait également une synergie entre la prévention de la violence, le soutien aux victimes et les préoccupations d’ordre politique et législatif.

En avril 2009, le gouvernement de l’Australie a diffusé ce qui est devenu la référence pour les stratégies nationales de réduction de la violence sexiste dans le monde.

Il existe de graves lacunes au Canada sur le plan de la recherche :

• Les programmes et les interventions destinés aux gar-çons de moins de huit ans ne sont pas bien compris. Il se fait peu de recherches genrées sur les programmes de développement du caractère pour la petite enfance. Pourtant, la nécessité de ces efforts est manifeste.

• Il y a un manque d’information fiable, à jour et appro-fondie en ce qui a trait aux croyances et attitudes des hommes au sujet de l’égalité entre les sexes et de la violence sexiste.

• La mise en œuvre de programmes d’intervention auprès des hommes violents nécessite davantage de recherche, et la prestation de ces programmes doit être plus cohé-rente.

ÉVALUATION DES RISQUES

Les organisations et les bailleurs de fonds ont l’habitude d’évaluer les risques au stade de la conception des poli-tiques, des programmes et des projets. Lorsque l’on en-visage des initiatives de mobilisation des hommes et des garçons afin de prévenir la violence sexiste, il faut tenir compte de la possibilité d’un mouvement de ressac, de

tion et une compréhension beaucoup plus grandes chez les hommes jeunes et les garçons. Toutefois, cela ne signifie aucunement qu’il faille renoncer à travailler avec les hom-mes plus âgés et les dégager de toute responsabilité envers l’élimination de la violence contre les femmes.

Lacunes dans le domaine

Dans l’élaboration du présent dossier et dans le cadre de notre travail, nous avons relevé de nombreuses lacunes évidentes. La plupart des efforts auprès des hommes et des garçons se font sur une petite échelle, prennent la forme de projets-pilotes et ne sont pas viables ou sont sous-financés. Voici quelques lacunes structurelles qui en résultent. • Il n’existe pas d’approche nationale pour définir les buts,

mesurer le succès ou, encore, assurer l’uniformité et la durabilité dans le travail visant à éliminer la violence sexiste.

• L’absence de coordination nationale du travail auprès des hommes et des garçons se traduit par des efforts isolés et de faibles envergures, qui prennent la forme de projets-pilotes.

• Il y a un manque criant de données d’évaluation pertinen-tes, couvrant une période suffisamment longue, sur les interventions et programmes canadiens axés sur le travail auprès des hommes et des garçons.

• Les succès qui se traduisent par des changements de comportement durables ne sont pas mis à profit.

• Les pratiques exemplaires et les stratégies efficaces ne sont pas recensées et diffusées d’une façon les rendant accessibles; les compétences et les capacités ne sont pas à jour.

Par conséquent, malgré leurs bonnes intentions, nombre de programmes et d’interventions ratent le coche; et cer-tains font même plus de tort que de bien. Quant à ceux qui sont particulièrement prometteurs ou innovateurs, ils sont rarement bien évalués et diffusés, et ne disposent presque jamais de ressources suffisantes pour produire des résultats optimaux.

Compte tenu de la dispersion des responsabilités et des ef-forts pour mettre fin à la violence au Canada, ainsi que des compétences disponibles à différents niveaux de la société civile, une approche globale de la prévention de la violence devrait donner des résultats démontrables. Cette approche pourrait combler les disparités qui existent entre les ef-forts actuellement déployés d’un bout à l’autre du spectre d’intervention — des services de soutien et de transition pour les femmes et les familles aux efforts de prévention auprès des hommes et des garçons —, assurer une responsabilisa-tion et une direction cohérentes, favoriser la généralisation des pratiques exemplaires et des stratégies efficaces, élimi-ner le cloisonnement et promouvoir des approches multidis-

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De façon générale, on peut dire que la résistance à la pro-gression des droits des femmes a pris naissance en même temps que le mouvement féministe, mais cette résistance est aujourd’hui en partie le fait d’un mouvement organisé de défense des droits des hommes.

Ces groupes, qui s’organisent habituellement autour des droits des pères et des enjeux liés à la garde, soutiennent que les hommes sont, au même titre que les femmes, vic-times de violence et de discrimination du fait de leur sexe. Ils militent aussi pour la garde de leurs enfants et leurs droits de visite, et affirment l’existence d’une discrimination profonde à l’endroit des hommes dans les décisions rendues par les tribunaux de la famille (Jordan, 1998). Les groupes mascu-linistes exploitent l’antipathie générale des hommes envers le féminisme ainsi que le ressentiment à l’endroit de la jus-tice sociale. Les membres de ces groupes accusent souvent de trahison les hommes qui œuvrent pour l’élimination de la violence contre les femmes, prétendant qu’ils sont contre les hommes et haïssent le masculin.

Les efforts déployés par le mouvement masculiniste peuvent être considérés comme étant préjudiciables autant pour les femmes que pour les hommes eux-mêmes, car, fondamen-talement, ils font la promotion de définitions strictes de la masculinité. Certains enjeux soulevés par ces groupes sont légitimes, comme ceux ayant trait à la violence vécue par les hommes. Ils sont toutefois soulevés dans un contexte antiféministe et utilisés de façon sélective. De plus, certains groupes laissent entendre qu’il faut mettre fin aux pro-grammes destinés aux femmes victimes de violence, comme les maisons de refuge et les services de counseling, car ils sont discriminatoires à l’endroit des hommes.

La violence sexiste ne trouve pas sa source dans les femmes, les droits des femmes ou les services pour les

réactions défavorables qui pourraient influer sur les résultats des politiques et des programmes. Les sections qui suivent présentent plusieurs facteurs importants dont il faut tenir compte lorsque l’on évalue les risques associés aux poli-tiques et aux programmes concernant les hommes et les garçons. Il faut discuter à fond de ces facteurs et prévoir un plan d’atténuation des risques au moment de la planification des politiques et des programmes.

Mouvement de ressac

Au fil des ans, les initiatives de mobilisation des hommes et des garçons ont reçu un accueil favorable de personnes, communautés, organisations, gouvernements et institutions du monde entier. Dans l’ensemble, on voit d’un bon œil la mobilisation des hommes et des garçons pour promou-voir l’égalité entre les sexes et mettre fin à la violence faite aux femmes, et le mouvement a donné lieu à d’importants changements positifs (Fabiano et coll., 2004). Cependant, certaines voix remettent en cause ce mouvement, et l’on constate un ressac par endroits. Bien entendu, les mouve-ments sociaux provoquent invariablement un ressac, et le mouvement féministe ne fait pas exception. Il faut examiner attentivement la possibilité de réactions négatives au niveau local quand on entreprend de travailler avec les hommes et les garçons.

Les efforts de mobilisation des hommes et des garçons dans la promotion de l’égalité entre les sexes continuent d’attirer les foudres du mouvement masculiniste (Michael Flood, 2009). On a également observé chez les féministes un certain degré de critique et de scepticisme, tenant à diverses raisons, notamment :

• le manque de soutien et d’engagement de la part des hommes par le passé;

• la rareté des ressources financières;• l’inquiétude devant la possibilité d’un déséquilibre entre

les fonds engagés pour les programmes de soutien à l’intention des femmes et des enfants par rapport à ceux consacrés à la prévention et à l’éducation des hommes et des garçons.

Groupes de défense des « droits » des hommes

Au cours des trente dernières années, on a vu apparaître et grandir un mouvement masculiniste, constitué de groupes défendant les « droits » des hommes. Ces groupes se sont organisés au fil des ans pour :

• résister au féminisme;• discréditer le mouvement féministe;• s’opposer aux nouvelles définitions de la famille;• s’opposer à la progression de l’équité en matière d’emploi

(Michael Flood, 2009).

Les bailleurs de fonds doivent veiller à ce que

la mobilisation des hom-mes et des garçons pour

prévenir la violence sexiste soit une mesure parallèle, qui s’ajoute aux initiatives

d’éducation, de prévention et de soutien pour les

femmes et les filles.

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institutionnel et systémique.

Rareté des ressources

On craint que les ressources soient redéployées au profit du travail auprès des hommes et des garçons, et au détriment d’importants programmes et services pour les femmes et les filles. Certains groupes de femmes pourraient remettre en question le financement des programmes de mobilisation des hommes et des garçons à un moment où le financement des programmes destinés aux femmes est réduit ou éliminé. Selon le climat politique, cela pourrait entraver l’élaboration conjointe de programmes et dissuader la collaboration ou l’établissement de partenariats efficaces entre les organisa-tions qui œuvrent pour mettre fin à la violence contre les femmes.

Afin de balayer ces préoccupations, les bailleurs de fonds doivent veiller à ce que la mobilisation des hommes et des garçons pour prévenir la violence sexiste soit une mesure parallèle, qui s’ajoute aux initiatives d’éducation, de préven-tion et de soutien pour les femmes et les filles. Au niveau stratégique, ils doivent rechercher des occasions d’élargir les politiques, les stratégies et les programmes existants qui sont axés sur la prévention et l’éducation, et y greffer le travail auprès des hommes et des garçons à titre de stra-tégie additionnelle et complémentaire. Les stratégies et les ressources visant les programmes de soutien secondaire et tertiaire pour les femmes et les enfants doivent être main-tenues et renforcées.

Inoculation culturelle : la socialisation des hommes et des garçons

Au fil du temps, le sujet de la violence faite aux femmes a été considéré tabou dans diverses sphères de notre société. Dans certains cas, notamment celui de la violence familiale, bien des gens considèrent encore qu’il s’agit d’une affaire privée. Les formes de violence comme l’agression sexuelle sont une importante source de stigmatisation et de honte pour les victimes et les membres de leur famille. Souvent, on dissuade les femmes de signaler les incidents de har-cèlement sexuel, de voies de fait ou de violence physique par crainte de représailles supplémentaires, de manque de soutien ou, dans les cas de violence et de harcèlement en milieu de travail, d’entraves à la progression professionnelle. Ces formes de contrôle social ont de graves incidences sur la capacité des femmes de chercher du soutien et sur les ef-forts d’éradication de la violence dans nos collectivités.

Les répercussions de différents comportements ont un lien étroit avec le genre, selon des normes et des valeurs sociales profondément ancrées. Souvent, un comportement particulier, par exemple l’activité sexuelle, est perçu différem-ment chez l’homme et chez la femme; en d’autres mots, les jeunes hommes sexuellement actifs ne sont pas perçus de la

femmes, mais plutôt dans nos constructions sociales de la masculinité qui amènent des hommes à recourir à la vio-lence contre les femmes, les filles et d’autres hommes (Stith et coll., 2004). Afin de contrer le ressac masculiniste, il faut encourager les hommes et les garçons à devenir des alliés des groupes de femmes, à dénoncer la violence faite aux femmes et à défendre l’égalité entre les sexes, par la voix des médias et la participation à des initiatives communau-taires, de manière à montrer que les masculinistes ne parlent pas au nom de tous les hommes.

Il faut prendre en considération la violence vécue par les hommes (la plupart du temps aux mains d’autres hommes) et valider la souffrance qu’elle leur cause. Cela comprend l’intimidation et l’exploitation sexuelle qu’ils ont pu subir dans leur enfance. Il faut offrir des programmes et des services aux hommes qui ont connu la violence et l’exploitation sexuelle, mais non en mettant fin aux services et aux pro-grammes destinés aux femmes et aux filles, comme le sug-gèrent les groupes masculinistes.

Travailler avec les hommes et le mouvement féministe

Il faut reconnaître les efforts héroïques qu’ont déployés par le passé les femmes et les groupes de femmes, tant pour leur travail de promotion des droits que pour les jalons qu’ils ont posés. Ces efforts rendent aujourd’hui possible d’intervenir avec succès auprès des hommes et des garçons pour éliminer la violence faite aux femmes. D’importantes leçons ont été tirées des débuts de la participation des hommes et des groupes d’hommes à la lutte contre cette violence, participation souvent menée sans coordination véritable avec les groupes de femmes. Une des premières conséquences fut l’intérêt considérable des médias pour les efforts des hommes, alors qu’ils avaient montré peu d’enthousiasme pour les efforts de prévention amorcés des années plus tôt par les groupes de femmes. On n’avait pas prévu cela.

Les efforts d’éducation et de mobilisation des hommes et des garçons doivent être déployés dans une perspective de promotion des droits de la personne et de l’égalité entre les sexes. L’élaboration et le renforcement des politiques et des programmes dans ce domaine doivent, en outre, aller de pair avec les mesures de prévention, d’éducation et de soutien pour les femmes et les filles, notamment celles qui ont été victimes ou témoins de violence.

Les organisations et les programmes qui visent à mobiliser les hommes et les garçons doivent créer des synergies avec les groupes de femmes et travailler main dans la main avec eux pour soutenir les initiatives et programmes existants qui visent à améliorer la qualité de vie des femmes, des filles, des hommes et des garçons. Il faut mobiliser les hommes comme alliés et les encourager à travailler à la promotion du changement au niveau individuel, familial, communautaire,

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Si nous voulons créer et promouvoir d’autres formes de masculinité, des formes plus saines qui rejettent la violence des hommes envers les femmes et d’autres hommes, nous devons nous pencher sur la façon dont sont construites et véhiculées nos définitions de la masculinité et de la féminité par diverses voies, notamment le sport, le milieu scolaire, le travail, la communauté, la vie familiale, ainsi que les normes et les valeurs culturelles.

même manière que les jeunes femmes sexuellement actives. Le degré de honte associé à tel ou tel comportement pour une personne ou sa famille peut aussi varier en fonction du sexe.

En ce qui a trait à la mobilisation des hommes et des gar-çons pour mettre fin à la violence contre les femmes et promouvoir l’égalité entre les sexes, il importe donc de tenir compte de l’impact des perceptions de la violence sexiste, de la masculinité et du rôle des hommes et des garçons dans notre société. D’après notre expérience à la Campagne du ruban blanc, il faut des efforts vigoureux afin d’intervenir dans des sphères particulières. Dans le cadre de notre travail, nous constatons qu’il existe encore de nombreuses attitudes et croyances, individuelles et institutionnelles, qui confinent les hommes et les garçons dans des définitions étroites et strictement appliquées de la masculinité.

Il est clair que, pour mettre fin à la violence des hommes contre les femmes et les filles, nous devons d’abord remettre en question la construction et la normalisation des mascu-linités violentes au sein de notre société. Toutefois, c’est là un travail qui se révèle souvent particulièrement difficile, vu l’enracinement profond de ces constructions dans de nom-breux contextes culturels. Les jeunes hommes se surveil-lent et se sanctionnent les uns les autres par le recours à l’intimidation, au sarcasme, à l’homophobie, aux menaces et à la violence, imposant ainsi une vision étroite de la mascu-linité. Nous entendons souvent des parents et des membres d’administrations scolaires dire que ces comportements sont à prévoir et que c’est « naturel » pour les garçons. Lorsque les images violentes de la masculinité sont remises en ques-tion dans le monde des sports, beaucoup de gens soutien-nent simplement que cette forme de masculinité fait partie de la culture sportive et que le hockey, le football, la boxe et d’autres sports de combat ne seraient pas les mêmes sans elle. Le débat en cours dans la Ligue nationale de hockey (LNH), en Amérique du Nord, au sujet des mises en échec et des commotions cérébrales qu’elles causent en est un parfait exemple.

L’élimination de la violence faite aux femmes par la promo-tion de l’égalité entre les sexes nous oblige à remettre en question les rôles traditionnellement attribués par la société à chacun des sexes à la maison, dans la collectivité et au travail. Pour bien des gens, les rôles des hommes et des femmes dans la vie familiale, dans la direction communau-taire et au travail sont profondément enracinés dans les valeurs sociales et culturelles, et il peut être difficile de les changer. Cependant, dans l’élaboration de politiques et de stratégies de lutte contre la violence des hommes à l’endroit des femmes, il importe de tenir compte de l’influence exercée par ces normes sociales et de concevoir des in-citatifs pour encourager une répartition plus équitable des responsabilités entre les hommes et les femmes dans ces diverses sphères.

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montre par ses actes et qui suscite l’admiration.

Patriarcat : Système social construit autour des hommes, au sein duquel ceux-ci sont les principaux détenteurs de l’autorité et où les pères exercent un pouvoir sur les femmes, les enfants et les biens.

Relations saines et égalitaires : Relations fondées sur le respect, la confiance, la prise de décisions sur un pied d’égalité, la sécurité, le partage égal des responsabilités, le consentement, la communication ouverte, etc.

Sexisme (sexiste) : S’entend des propos, gestes, mes-sages, croyances et attitudes qui relèguent les femmes à un rang inférieur ou selon lesquels celles-ci ne méritent pas d’avoir autant de droits que les hommes.

Valeurs : Croyances auxquelles tient une personne ou un groupe social.

Viol : Relations sexuelles non désirées, comprenant la pénétration vaginale, anale ou orale, imposées par la force, la menace de force ou la coercition (notamment la peur de la violence, la contrainte, la détention, l’oppression psychologique et l’abus de pouvoir à l’endroit de la vic-time ou d’une personne qui lui est proche), de même que l’exploitation d’un environnement coercitif; ou, encore, rela-tions sexuelles avec une personne incapable de donner un consentement véritable.

Violence familiale : Englobe tous les actes de violence dans le contexte des relations familiales ou amoureuses.

Violence faite aux femmes : Actes de violence sexiste qui causent ou sont susceptibles de causer des souffrances ou des préjudices d’ordre physique, sexuel ou mental aux femmes, y compris les menaces, la coercition ou la privation arbitraire de liberté.

Violence émotive ou psychologique : Destruction sys-tématique de l’estime de soi ou du sentiment de sécurité d’une personne, qui se produit souvent dans les relations où il existe des différences de pouvoir, à l’intérieur des-quelles s’exerce un contrôle. Comprend les menaces de préjudice ou d’abandon, l’humiliation, la privation de con-tacts, l’isolement et d’autres comportements et tactiques de violence psychologique. Diverses expressions sont utilisées de façon interchangeable pour désigner la violence psychologique, notamment la violence émotive, la violence verbale, la cruauté mentale, le terrorisme amoureux et l’agression psychologique.

Violence sexiste : Tout acte de violence fondée sur le sexe qui cause des souffrances ou des préjudices d’ordre phy-sique, sexuel ou psychologique aux femmes, y compris les menaces, la coercition ou la privation arbitraire de liberté, en

8.0 GLOSSAIRE

Agression ou violence : Recours intentionnel à la force ou à la coercition, qui peut être d’ordre physique, émotif, sexuel, spirituel ou financier. Peut prendre la forme de gestes, de menaces ou de paroles.

Agression sexuelle : Activité sexuelle sans le consentement d’une ou un des partenaires.

Allié : Personne ou organisme qui partage des valeurs semblables et avec qui on peut collaborer pour promouvoir l’égalité entre les sexes.

Chosification : Représentation dégradante des femmes, qui isole certaines de leurs caractéristiques sexuelles ou phy-siques et nie ce faisant l’existence des femmes en tant que personnes à part entière.

Égalité entre les sexes : Attribution d’une valeur égale aux personnes, quel que soit leur sexe. La promotion de l’égalité entre les sexes vise à surmonter les obstacles posés par les stéréotypes et les préjugés, de manière à ce que les personnes des deux sexes puissent contribuer également à l’évolution économique, sociale, culturelle et politique de la société, et en retirer des bénéfices comparables.

Empathie : Capacité de s’identifier à la situation, aux senti-ments et aux motifs d’une autre personne, et de les com-prendre.

Exploitation financière : Situation où l’agresseur con-trôle l’accès de la victime à toutes les ressources, dont le temps, le transport, la nourriture, l’habillement, le logement, l’assurance et l’argent.

Garder le silence : Omettre de dénoncer et de remettre en question les actes de violence envers les femmes et les propos sexistes ou homophobes, choisir de les tolérer.

Genre : Se rapporte aux rôles, comportements, activités et attributs qu’une société juge appropriés pour les membres d’un sexe donné.

Harcèlement sexuel : Comprend les avances sexuelles non désirées, la demande de faveurs sexuelles et toute autre conduite physique ou verbale de nature sexuelle qui crée un environnement intimidant, hostile ou offensant.

Homophobie : Un préjugé à l’endroit des personnes lesbi-ennes, gaies, bisexuelles et transgenres, ainsi que de leurs alliées et alliés, qui s’exprime par une gamme d’attitudes personnelles, d’expressions et de comportements offen-sants, dont l’évitement, la discrimination, la violence phy-sique et des menaces envers les personnes concernées.

Modèle de rôle : Personne bienveillante qui se soucie vrai-ment de l’égalité entre les hommes et les femmes, qui le

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public ou en privé.

Violence physique : Les coups (avec les poings, les pieds, etc.), les gifles, les morsures et les contacts physiques causant des ecchymoses ou des fractures sont des formes avérées de violence physique, tout comme le fait de lancer des objets et de recourir à une arme. La négation des droits fondamentaux, comme la nourriture, le sommeil et le loge-ment, est également une forme de violence physique.

Violence sexuelle : Également appelée « abus sexuel » ou « atteinte aux mœurs », elle consiste à forcer une personne à avoir un comportement sexuel non désiré. Lorsque cette force est immédiate, de courte durée ou non fréquente, on parle d’agression sexuelle. L’homme qui commet un tel crime est qualifié d’agresseur sexuel, d’« auteur d’attentat contre les mœurs » ou, péjorativement, de pervers. Le terme « violence sexuelle » inclut tout comportement d’un adulte à l’endroit d’un enfant pour stimuler sexuellement l’un ou l’autre. Lorsque la victime n’a pas l’âge du consentement, on parle d’exploitation sexuelle d’enfants.

Violence verbale : Recours aux mots (écrits ou prononcés) pour sexualiser une autre personne ou la blesser.

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