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p. 4 INITIATIVES Ludobus et Malajeux… p. 8 FORMATION Directeurs occasionnels et…volontaires DES CLÉS POUR COMPRENDRE Les activités physiques et sportives acteur d’un monde à hauteur d’Homme le magazine des francas avril juin 2005 n°269

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p. 4 INITIATIVES Ludobus et Malajeux…p. 8 FORMATION Directeurs occasionnels et…volontaires

DES CLÉS POUR COMPRENDRE

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vec l’été revenu, des millions d’enfants et d’ado-lescents vont rejoindre les centres de loisirs,encadrés par des milliers d’animateurs et dedirecteurs qui concrétisent là un engagementéducatif comme en témoignent page 8 Arnaudet Manu, deux directeurs en formation.

L’été revenu, c’est, pour la rédaction, l’envie de mettre leprojecteur sur les activités physiques et sportives, premièrepratique dans les centres de loisirs. La pratique sportivegénératrice de lien social se construit dès le plus jeune âgepar les jeux, moteurs de développement corporel, intellec-tuel, propices à la compréhension des règles et comporte-ments. Quelques repères et témoignages d’expériences dansle dossier pour bouger l’été.

L’été revenu, c’est aussi la préoccupation de l’accès pour leplus grand nombre à des pratiques éducatives diversifiées :Scientibus, Ludobus, Malajeux… entrent en scène pages 4 et5, là où vivent les enfants.

L’été revenu vous offre aussi une palette de témoignagesd’expériences, d’outils, dans les différentes rubriques pourdes séjours riches d’aventure et d’une diversité d’initiatives.

Le compte à rebours a démarré en page 7 avec les micro-fusées. 5-4-3-2-1… Bon été !

■ La rédaction

Directeur de la publication : Philippe Deplanque – Responsable du magazine : DidierJacquemain ([email protected]) – Animatrice de la rédaction : Nadia Astruc([email protected]) – Ont contribué aux rubriques générales : WassimAbdelhak, Nadia Astruc, Francine Best, Barbara Brunelli, Maurice Corond, ValérieDevert-Préau, Jérôme Elissalde, Gabriel Fresnois, Christophe Gouttebaron, StéphaneGrulet, Marie-Anne Guigas, Sonia Jouffre, Annamaria Korom, André Leclerc, Jacques LeLay, Pascale Mollaret, Florent Proust, et les rédacteurs du dossier – Maquette :

– Impression : Paton Imprimeur – 71, avenue duMaréchal-Leclerc – 10120 Saint-André-les-Vergers – Les Francas : 10-14, rueTolain – 75980 Paris Cedex 20 – Tél. : 01 44 64 21 53 – Fax : 01 44 64 21 11 –Camaraderie n° 269 Avril-Juin 2005 – Trimestriel – Abonnement : 4 n°/an : 7,62 e –Commission paritaire en cours – www.francas.asso.fr.

ÉDITO

AQUESTIONS DE PRINCIPE Les 3 questions d’André Leclercq

INITIATIVESSi tu ne viens pas au centre, le centre viendra à toi !

PAROLES DE PIONNIERSŒuvrer pour un idéal avec les Francas

AGIR : MODE D’EMPLOIMicro-fusées : il suffit de se lancer !

FORMATIONDirecteurs occasionnels et…volontaires

DES CLÉS POUR COMPRENDRELes activités physiques et sportives

ON EN PARLE ENCORE !

CITOYENS DU MONDERegards croisés sur l’identité européenneSe former en FrancePartenaires : L’Enfance Joyeuse du Cameroun

ZOOMS SUR VOUS

WEB TOURDes sites web à vocation éducative, ça existe ?

C’EST À VOUS

PORTRAITFrancine Best

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SOMMAIRE

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rejoindre tout le monde autour d’unemême chose que sont les activitéssportives.

Et puis les JO permettent d’utiliser lesport pour développer l’humanisme :on applique des valeurs telles que cellesde la République (liberté, égalité, fra-ternité), le respect, la citoyenneté, laresponsabilité, la sociabilité…

A. L. : Vous avez raison, le joueurcomme l’entraîneur doit prendredes responsabilités. Plus précisé-ment, qu’allez-vous faire de plus auquotidien si les JO sont organisés àParis ?

W. A. : Je vais avoir plusieurs rôles.Celui d’informateur sur les lieux descompétitions, sur l’organisation desJO en elle-même ; je serai un peul’intermédiaire entre le CNOSF et lesadhérents. J’ajouterai à mes projetspédagogiques de l’année les JO et leursvaleurs. Enfin, je tenterai de sensibiliserles jeunes à ces valeurs en leur faisantprendre conscience de ce que celareprésente dans leur vie quotidienne.J’aurais une démarche éducative. Ilne faut pas se borner aux valeurssportives des JO. Je travaillerai aussisur les valeurs culturelles. Et pourquoipas, mettre en place un matériel péda-gogique adapté à tout cela. ■

André Leclercq

Wassim [email protected]

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production de l’équipe, ou celui del’adversaire ou de l’arbitre, pour quel’on puisse continuer de jouer. L’espritsportif, il vient de l’intérieur. Si on nerespecte pas les autres, alors on nepeut pas jouer.

Jouer avec les copains, c’est vivreensemble, être attentif à l’autre, c’estrespecter les valeurs sportives, olym-piques et associatives.

Toutes les personnes que j’ai ren-contrées depuis m’ont orienté etconseillé en m’enseignant ces valeursconcrètes et saines. C’est ce que jetransmets aujourd’hui pour permettreaux enfants de se développer dans lasociété.

A. L. : Les Jeux Olympiques sont lesymbole même de la compétitionmultisports. Si Paris est choisie pourorganiser les JO en 2012, quellesvaleurs comptez-vous développer ?

W. A. : Ce qui m’intéresse c’est de pro-mouvoir le Hand-ball et le sport engénéral. Les JO sont un des moyensmédiatiques pour sensibiliser les jeunesaux sports. Durant les entraînements,je vais pouvoir travailler autour des JO,autrement dit, je vais un peu plusvaloriser les valeurs sportives, l’espritsportif, la joie et les festivités quiaccompagneront cet événement. Lasolidarité est pour moi essentielle. Leséchanges intergénérationnels, et entreles différents publics, seront peut-êtreun peu plus mis en valeur. C’est lepropre de l’olympisme : faire se

André Leclercq, vice-président du Comité NationalOlympique et Sportif Français a interrogé pourCamaraderie Wassim Abdelhak, éducateur sportifpour l’association de Hand-ball de Blanc-Mesnil.Ce ping-pong de questions-réponses sur les valeursdu sport et de l’olympisme nous amène à réfléchir sur le respect, le jeu, et la solidarité.

QUESTIONS DE PRINCIPE Les 3 questionsd’ André Leclercq

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André Leclercq : Qu’est-ceque cela vous a apporté d’êtreentré en club de Hand-ball ?

Quelles sont, pour vous, les valeurssportives ?

Wassim Abdelhak : J’ai com-mencé à l’âge de 10 ans. Audébut j’étais seul, puis avec les

autres joueurs, on a fait un groupe,on a joué ensemble, tous ensemble,on s’est entraidé. Peu à peu on estmonté en départemental, en national.Ce qui fait qu’on aime ce sport c’estqu’il est ludique avant tout. Par le jeu,on peut être ensemble, on fait quelquechose en commun, on est solidaire.

La solidarité est très importante dansle sport, que ce soit au niveau de latechnique (tous ensemble dans unedéfense ou une attaque collective orga-nisée), ou tout simplement parce queje vais aider un copain en lui donnantdes conseils. Il faut faire en sorte que lecoéquipier, l’ami puisse aller de l’avant. Il y a aussi le respect. Que ce soit celuidu partenaire, important pour la

Le Comité NationalOlympique et Sportif

Français est une associationreconnue d’utilité publique,

composée de l’ensemble des fédérations sportives

(fédérations unisport olym-piques, non olympiques

et fédérations multisports). Il permet la collaboration

entre l’Etat et le mouvementsportif. Il représente en

France le ComitéInternational Olympique.

Le CNOSF a pour mission dereprésenter le sport françaisauprès des pouvoirs publicset des organismes officiels, de faire respecter les règles

qui régissent les sportsolympiques, de collaborer

à la préparation et à la sélection des sportifsfrançais et d’assurer leur

participation aux JO, de favoriser la promotion

des sportifs sur le plan social,et d’apporter une aide

effective aux fédérationsadhérentes.

Pour plus d’informations :www.comite-

olympique.asso.fr

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Un bus circule sur les routes… A son bord, des animateurs, et des animations en tout genre : ludothèque, activités scientifiques,

bébé-bus… Ce n’est pas un rêve, c’est la réalité. Dans beaucoup de régions françaises, essentiellement rurales, l’accès aux jeux pour les enfants n’est pas facile : petits villages ayant peu de moyens, pas assez d’enfants sur les communes, problème d’organisation, développement de l’intercommunalité… Alors si les structures n’existent pas, il faut les faire venir. C’est pour cela qu’existent ces bus d’animations itinérantes. Présentation et avis des animateurs…

Si tu ne viens pas au centre, le centreviendra à toi !

INITIATIVES

E n tournée depuis mars1999, le Ludobus duSyndicat Intercommunaldu Pays du Gier (SIPG) cir-cule entre 18 communes

rurales de la vallée du Gier (Loire). A son bord des jeux à emprunter, pourtous les âges et tous les goûts.

Maxi-Boxer rallongé et aménagépour répondre à ses fonctions deludothèque itinérante, le véhicule estéquipé d’un coin bureau, de l’électri-cité, du chauffage et d’étagères modu-lables où plus de 350 jeux peuventêtre entreposés.

Remarquable par ses peintures decouleurs vives et par son passage régu-lier dans les communes, il fait désor-mais partie du paysage intercommunal.

Crée dans le cadre d’un contratenfance 1 intercommunal, son publicétait limité aux enfants de 0-6 ansjusqu’en 2002. Puis, face au succèset au développement de ses activités,il a été signé avec la CAF (Caissed’Allocations Familiales) un contrattemps libre qui a permis d’élargir ceslimites jusqu’à 16 ans.

Fonctionnant par convention degestion avec l’association des Francasde la Loire, le Ludobus sillonne lesroutes pour proposer aux enfants, auxfamilles et aux professionnels desdécouvertes ludiques, attrayantes etoriginales.

Nous travaillons aujourd’hui avecles écoles maternelles et élémentaires,les centres de loisirs et MJC (Maisondes Jeunes et de la Culture), les accueilspériscolaire, les crèches, les Relais PetiteEnfance et des institutions spécialisées

(Instituts Médico-Educatifs, foyerd’adultes handicapés, maison dejeunes autistes).

Nous proposons à chaque structureadhérente des temps d’animation etd’information autour des différentstypes de jeux, et/ou nous permettonsde choisir parmi un large éventail dejeux ceux qui leur semblent intéres-sants d’emprunter pour les semainesà venir.

Dans sa tournée, le Ludobus n’oubliepas les familles. Toutes les troissemaines, il leur donne rendez-vousaux mêmes horaires et lieux de sta-tionnement dans leur commune.Chaque adhérent peut venir changerses jeux librement, demander conseil etdécouvrir les nouveautés à emprunter.

Marie-Anne Guigas, ludothécairedu ludobus du SIPG, nous parle de cequotidien : « Être animatrice dans leLudobus est un travail plaisant, richeen activités et en rencontres. J’appréciede travailler avec des publics différentset dans des cadres variés. Je conseille etinforme sur les différents jeux et doisdonc en connaître les règles ou lesaspects “éducatifs”. J’anime des séancesde jeu où je m’adapte à l’âge des par-ticipants, à l’espace et au temps impar-ti, aux demandes et motivations desadultes et je fais le lien avec les enviesdes enfants. J’entretiens le stock dejeux et m’intéresse aux demandes dechacun pour orienter les prochainsachats de jeu.

Ce qui est intéressant dans ce métierd’animatrice de Ludobus, c’est de tra-vailler avec différents partenaires enayant pour objectif de permettre à un

maximum d’enfants, de familles et deprofessionnels d’accéder facilementau loisir qu’est le jeu. Ce service deproximité, d’un coût modique pour sesadhérents, permet de mettre en avantle jeu comme une activité à partentière.

Pouvoir expliquer et convaincre quele jeu est une activité intégrante,constructive et indispensable à l’enfant,qu’il peut être un support d’échangesinterculturels, intergénérationnels etintercommunales, qu’il est porteur devaleurs comme le respect et la solidari-té, qu’il doit être un plaisir avant tout etque tous les jeux sont éducatifs, sontdes moments importants et intéressantsà partager avec les personnes queje rencontre.

J’apprécie et je suis satisfaite de montravail de ludothécaire lorsque j’entendsdans les différentes écoles où j’inter-vient, que les professionnels mettent enplace eux-mêmes des temps de jeulibres et encadrés, lorsqu’une associa-tion ou une mairie demande une inter-vention du Ludobus pour un évène-ment festif dans leur commune, maissurtout lorsque je vois les sourires et leplaisir que prennent les enfants lors desanimations ».

■ Pascale Mollaretresponsable du Pôle Ludothèques,

[email protected]

1 - un contrat enfance est un contratd’objectifs et de cofinancement, passéentre la Caf et une commune (ou unregroupement de communes). Il vise à promouvoir une politique d’actionsociale globale et concertée, en faveur del’accueil des enfants de moins de six ans.

Ludobus : malle aux trésors pour petits et grands !

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Bien souvent, les animateurs argu-mentent la non mise en place detelle ou telle activité à cause del’impossibilité temporelle de mettreen place le matériel nécessaire.

Effectivement, beaucoup de centres de loisirsont une gestion des régies matérielles très « sécu-risée », c’est-à-dire sans possibilité pour lesenfants ou adolescents de concevoir eux-mêmesleur animation librement au fur et à mesure desdécouvertes. De fait, beaucoup de fabricationsmanuelles sont entièrement pensées par des ani-mateurs qui programment des temps spécifiques,peu favorables à l’évolution émotionnelle.

Le projet « Petites Boîtes » a voulu mettre finà cette situation. Les objectifs défendus sontde simplifier la gestion matérielle pour les ani-mateurs sans freiner la démarche scientifiqueempirique des publics, de proposer un cadred’évolution propice à tendre vers la démarcheautonome, de remettre en débat les fonctionne-ments des centres et de favoriser la découverte.La malle mobile était née. A l’intérieur, de nom-breuses petites boîtes remplies de matériauxdivers et sur laquelle est inscrit un déroulementtype juste utile pour comprendre les techniquesd’assemblages diverses. La malle se transporten’importe où et permet donc la mise en placed’un atelier de fabrication manuelle presque ins-tantanément, pourvu que quelques tables soient

disponibles. Les préliminaires impératifs consistenten la conception des petites boîtes par les ani-mateurs afin qu’ils puissent les tester et sortirtous les matériaux indiqués. Tout sera ensuitemis à la disposition des publics une fois la malleouverte. Concrètement il faut de l’espace pourdisposer les petites boîtes à choisir, fabriquer àsa guise, ranger les petites boîtes découverteset tenir informé le groupe des évolutions et misesà jour rendues nécessaires par l’activité.

De ce fait, chacun doit trouver une nouvelleplace dans cette activité de groupe où enfants etencadrants se doivent de dialoguer pour construi-re ensemble ce que seront les acquisitions futures.C’est donc toute la pédagogie qui s’en trouvetouchée, puisque l’atelier peut être ponctuel,

permanent, itinérant… Les répercutions sontinévitables en terme de responsabilisation despublics sur leurs lieux de vie, mais également enterme de place de l’animateur dans un accom-pagnement de l’évolution des groupes.

Cela étant, les activités manuelles ne sontpas les seules à permettre la mise en œuvre detelles démarches collectives visant l’autonomiedes individus dans un fonctionnement degroupe.

C’est ce qui a permis la réalisation du chariot« Peinture à Roulettes ». Sur le chariot se trouvetout un agencement de matériaux et outilsdivers propices à simplifier la mise en œuvre et lerangement d’une telle activité. Pas besoin dechercher pendant des heures ce qui pourrait êtreutilisé : tout y est une fois pour toute ! Et puisc’est si rapide à mettre en place lorsqu’on a toutsous la main ! Une fois la courte installationeffectuée, place à l’aventure graphique et autresvoyages plastiques débridés !

D’autres projets sont en cours comme la« Malajeux » sur les jeux à caractères sportifs.

Concevoir une malle itinérante permet derendre modulable la pédagogie, puisque le cadred’évolution peut être sans cesse changé. C’estun support malléable mis à disposition d’ambi-tions éducatives prônant la réalisation de soidans des situations que l’on provoque pourmettre en place son ou ses projets.

Les enfants ou adolescents se sentent, plusque les acteurs de leurs projets, les scénaristesaccomplis de leur tiers temps. Ils sont attentifs auxconditions de réussite de leurs entreprises etsollicitent différemment les animateurs dans uneconcertation plus équitable.

Du côté des animateurs, l’enjeu n’est plus tantd’aboutir à une production quantifiable, maisbien de retrouver l’essence d’une animationévaluée qualitativement nettement plus satisfai-sante.

■ Gabriel [email protected]

Sur les chemins de la science

L’ été dernier, le scientibus desFrancas de Haute-Marne arendu visite à une vingtainede communes de la Com-

munauté de communes de Chaumont,et à une dizaine de centres de loisirsdu département. Témoignage d’undes animateurs.

« Nous avions pour objectif deproposer aux enfants des différentscentres de loisirs et villages visités desactivités scientifiques variées, ludiqueset éducatives dans une logique dedécouverte, d’initiation, sachant que laplupart des enfants n’ont pas accès àces activités.

Cet objectif de découverte, le ryth-me de l’activité mise en place – desséances de trois heures l’après-midi –la nécessité d’entrer rapidement dansl’activité avec des enfants différentschaque jour, nous ont contraint àpeaufiner notre projet d’animation.

Tout d’abord trouver une douzained’expériences scientifiques, originales,amusantes et surtout réalisables parles enfants pour qu’ils puissent garderune trace concrète de cette activité.

Ensuite, mettre en vie ce projet unpeu particulier. Le matin était consacréà l’annonce de notre venue dans lesdifférents villages, pose d’affiches,repérage des lieux (Mairie, salles desfêtes des villages…), rencontre de lapersonne-contact au local, et prépara-tion du matériel nécessaire.

Surtout, il s’agissait d’impliquerrapidement les enfants dans l’activité.C’est une question qui nous préoccu-pait puisque nous rencontrions desenfants différents chaque jour.

Nous avons donc fait le choix d’ani-mer nos après-midi comme un spec-tacle. Le Professeur Tournesol et sonassistant accueillaient les enfants,déguisés, et ils recherchaient de l’aidepour réaliser leurs expériences. Cettemise en scène permettait aux enfantsde se sentir à l’aise, de s’impliquerdans l’activité en proposant des expé-rimentations. Ils étaient souvent trèsmotivés et ravis de l’après-midi passée.

Cette expérience d’animation estpour moi très positive, les différencesavec le fonctionnement d’un centre deloisirs classique nous ayant permis dedécouvrir d’autres dimensions denotre rôle d’animateur.»

■ Florent Proust –[email protected]

« Petites Boîtes », « Malajeux », « Peinture à Roulettes »… Des noms étranges et plein de mystères à destination des publicsenfants et adolescents. Chacune dans un domaine bien défini, ces mallesitinérantes ont été ou sont en cours de conception aux Francas du Val-de-Marne. L’idée vient de l’observation des Centres de Loisirs SansHébergement et des réflexions des animateurs glanées à force de visiteset de formations diverses.

On se fait la malle ?

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Francas, nous avons créé et animé plu-sieurs centres de loisirs, les Fêtes dépar-tementales de l’enfance, les bases deplein air activités scientifiques (micro-fusées par exemple), les passeportsvacances, les échanges inter-régionaux,les formations de délégués de classes,etc., etc. Tout ne fut pas facile, maisquand on se bat pour des objectifscomme ceux de la Place de l’enfant, ilfaut savoir se mobiliser.

Une fois l’association créée, j’ai ren-contré pas mal de monde. Les Bretonsont fourni un nombre important defutures personnalités qui ont marquél’histoire des Francas.

Pendant vingt ans à la présidencede l’Association Départementale desCôtes d’Armor (de 1976 à 1996), dixans à la présidence de l’Union Régionalede Bretagne (de 1989 à 1999), et septans au Comité Directeur National (de1994 à 2001), j’ai ainsi pu militer pourune enfance responsable, pour rendredes enfants plus épanouis, vers unesociété meilleure.

J’ai dû, pour des raisons familiales,arrêter mon investissement direct en2001, à l’Assemblée Générale Nationaled’Auxerre… mais je reste adhérentFrancas, bien que nettement moinsimpliqué sur le terrain. Je participenéanmoins aux réunions des Francassur le plan départemental. Je fais figu-re aujourd’hui de « vieux sage ». Quandles nouveaux arrivants aux Francas medemandent depuis quand je connaisle Mouvement, je leur réponds que jel’ai connu alors qu’ils n’étaient pasencore nés !

Je dirais que ce que les Francasm’ont le plus apporté, c’est un idéalgénéral sur les enfants et le combat àmener pour eux. Cet idéal m’a guidépendant toutes les vacances scolairesqui ont suivi mon entrée aux Francas.

J’ai une certaine nostalgie des lutteset des implications que demande unengagement au service de l’enfance…et il reste encore beaucoup à faire.Aussi je ne peux qu’engager les jeunesadultes à rejoindre un mouvement mili-tant d’éducation populaire comme lesFrancas. »

■ Jacques Le Lay

PAROLES DE PIONNIERS

Œuvrer pour un idéal avec les Francas

on engagement endirection des jeunesn’est pas nouveau. Undes idéaux de ma vie

est de m’occuper de la jeunesse. C’estentre autres pour cela, que j’ai décidéde travailler pour l’Education Nationale.Mais je voulais aller plus loin que lescours théoriques que l’on nous donnaitdans le but d’exercer la professiond’enseignant.

Dans les années 1950, j’ai d’abordtraversé les responsabilités de chef detroupe Éclaireurs de France puis cellesde responsables de club de jeunes.Dans les années 1960, je suis allé diri-ger un Centre de Loisirs en Gironde,centre affilié aux Francas. Et au regrou-pement jeunes à Lorient, je prendsconnaissance d’une phrase qui ne peut

«mque séduire l’éducateur que j’étais :« Permettre à l’enfant de devenir uncitoyen le plus libre possible et le plusresponsable possible dans une société laplus démocratique possible ».

Oui, mais… pas de Francs et FranchesCamarades dans les Côtes d’Armor !

C’est surtout ces premières années làqui m’ont marqué. Le procédé quenous avons mis en place pour créerune association dans ce départementa été peu habituel. Nous étions ungroupe d’amis, ayant les mêmes idées,et nous avons réuni nos énergies pourles concrétiser.

C’est donc à quatre (Jean Cornic,Christian Mauguen, Luc Verveur et moi-même), que nous lançons, en 1973,les jalons d’une implantation des Francset Franches Camarades dans le dépar-tement en mettant en place deuxgroupes locaux, l’un à Lannion, l’autreà Guimgamp. Très vite nos animations,nos contacts avec certaines structuresfont qu’avec l’aide du délégué régio-nal des Francas (un certain PierreDurand) nous créons l’AssociationDépartementale des Côtes d’Armor en1976. Il faudra attendre six ans (1982)pour que la Fédération nomme un

premier délégué permanent.

Opérationnels dès le début

Histoire peu fréquente pour uneAssociation Départementale maisexpérience des plus enthousias-mante : partir d’un idéal, dequelques bonnes volontés pour

arriver, neuf ans plus tard,à une structure bien

implantée. Avec les

En retraite de l’Education Nationale depuis maintenanthuit ans, Jacques Le Lay fait partie de ceux qui ontœuvré activement pour la place de l’enfant dans notre société. Très tôt adhérent aux Francas, il a donné sans compter de son temps pour améliorer le quotidien des jeunes.

J’ai pu militer pour une enfance

responsable, pour rendre des enfants

plus épanouis, vers une société meilleure.

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notamment en cas de non ouverturedu parachute. Ce dessin pourra êtrecomplété par des critères imaginés parles enfants permettant d’évaluer laperformance de leur fusée : le type devol (stable, tourbillonnant, fou…),la distance à la base une fois lafusée retombée au sol, lesremarques sur l’ouverture ounon du parachute, le bruit audécollage…

Pendant l’installation de la secondefusée sur la base (une simple planchemunie d’une longue tige métallique),le lanceur, qui vient de voir son engindécoller, consigne les caractéristiquesdu vol sur sa feuille de route.

L’objectif de cette première cam-pagne de lancement est de constaterque toutes les fusées ne se sont pascomportées de la même façon, cer-taines sont allées très haut, les volsétaient plus ou moins stables, tousles parachutes n’ont pas forcémentbien fonctionné… Une discussions’engage alors sur le pourquoi deces différences. Feuilles de vol à l’ap-pui, tout sera contrôlé : la longueurdu corps, la forme de son ogive, laposition, la grandeur et le nombredes ailerons... Chacun de ces élé-ments peut être responsable, seulou avec un autre, des pro-blèmes de lancement.

Isoler les paramètrespour comprendre

Pour le déterminer, il va falloirisoler les paramètres, c'est-à-direfabriquer des fusées identiques

avec uniquement une caractéristiquedifférente. Par recoupement, il seraalors possible de déterminer les carac-téristiques optimales. La deuxièmecampagne de lancement le permettra.Cette étape met clairement l’accentsur l’importance du travail coopératifcar pour comprendre le vol de lafusée, l’objectif partagé, il faut serépartir les tâches puis mettre encommun les travaux pour tirerdes conclusions. Le travail dechacun sert donc à tout lemonde.

Valoriser en créant l’événement

Il est temps ensuite deconstruire une fusée performante avec

un vol élégant. Ce peut êtrel’occasion de créer un événe-ment, de lancer une campagned’information dans le centre maiségalement avec les parents. Lesenfants pourront, à l’issue de cedernier lancement, présenter lesfusées préliminaires récupéréesainsi que les plans et dessins detravail et expliquer leur démarche.Un temps de valorisation qui peutfaire l’objet d’un atelier de mise enscène.

■ Jérôme Elissalde

1 - Les moteurs sont homologués et leur vente est contrôlée. Il est possible d’en commanderauprès des AssociationsDépartementales des Francas

L a fusée installée sur sa baseconcentre tous les regards,le décollage est proche. Unenfant accompagné de l’ani-mateur habilité déclenche le

compte à rebours… 5-4-3… la tensionmonte… 2-1... Feu ! Dans un siffle-ment, la fusée, munie de son petitmoteur à poudre 1 (plus petit qu’unbâton de colle), est propulsée à viveallure. Pas toujours évident de la suivre,ni de la repérer lorsqu’elle se résumeà un petit point dans le ciel. Elle peutmonter jusqu'à 150 m ! Heureusementque la fumée blanche qu’elle dégagenous aide... Après la phase de propul-sion, c’est au tour du parachute dese déployer par l’éjection du nez de lafusée (l’ogive). Différentes démarchesont permis d’aboutir à un tel spec-tacle. Voici les étapes de l’une d’entre-elles.

La construction sauvageAprès avoir échangé avec les enfants

sur les fusées, ses différentes parties,leurs utilités, l’animatrice (ou anima-teur) propose aux enfants de construi-re la fusée de leurs rêves (avec toutefoisun minimum de contraintes, notam-ment sur l’accessibilité du moteur, laconception du corps de la fusée entube de carton et la dangerosité pré-sumée du futur engin). Cette phasede « construction sauvage » donneranaissance à des fusées très variées.Dans tous les cas, chaque fusée se voitattribuer un nom par les enfants.

Un plan de cette fusée peut êtreréalisé à l’échelle réelle pour garderune trace de ses caractéristiques,

AGIR : MODE D’EMPLOI

L’activité micro-fusée permet d’élargir sa palette de compétence par une activité spectaculaire quiaccroche presque à coup sûr tout en faisant vivre àdes enfants des situations de questionnements, et ce,sans nécessiter de savoir-faire technique particulier.C’est par la succession de phases d’observations, d’essais que l’enfant arrivera au but qu’il se sera fixé.

L’activité micro-fusée est réglementée.Il est indispensable d’avoirun agrément de lanceurpour mener ce type d’action. Des formationssont proposées par les Francas ou PlanèteSciences. Pour en savoirplus sur les sessions :www.francas.asso.fr ou planete-sciences.org

Micro-fusées : il suffit de se lancer !

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être Superman. Conduire un projet, sai-sir une comptabilité, réparer une ten-

te, il faut savoir tout faire ! » Et c’esten travaillant avec d’autres direc-teurs qu’Arnaud a pu développerde nombreuses compétences : «La formation ne s’arrête heureu-sement pas après les stages, j’ap-prends énormément au contactdes autres directeurs avec qui jetravaille pendant l’année ».

De concert, ils mesurent égale-ment à quel point le fait d’êtreformateur sur des stages théo-

riques BAFA permet de développerde nombreuses capacités. « Quand

j’anime une séquence sur un stageBAFA, j’apprends à mener un groupe, àécouter, à organiser les échanges… Toutcela me sert quand je dirige mon CL »,observe Manu.

« Je ne conçois pas un directeur quipourrait travailler seul, souligne Arnaud.Quand j’écrivais mon compte-rendu depremier stage pratique BAFD, j’ai étéaccompagné par plusieurs directeurs.C’est pratique pour mieux structurerl’écrit, mais aussi pour prendre du reculsur son projet, sur sa manière d’animerl’équipe ».

Ateliers d’aide à l’écriture, équipesde stages BAFA, site Internet qui réunitdes documents produits par ou pourdes directeurs, week-ends de forma-tion continue, tutorat des stagiairesen formation, territorialisation descycles BAFA., les Francas de Lorraine-Champagne-Ardenne accompagnentde plusieurs manières les directeurs deCentre de Vacances et de Loisirs.

« Je mets en parallèle ma formationBAFD, mon rôle de formateur en stagesBAFA et mon implication en tant qu’éludépartemental des Francas de l’Aube,synthétise Arnaud. Il faut que je décidesi je me dirige vers le métier d’ingé-nieur ou l’enseignement. Tout ce queje vis aujourd’hui me pousse à choisirl’enseignement ».

A l’aube de son deuxième stage pra-tique BAFD, Manu mesure à quel pointle rôle d’un directeur dans un CL estimportant : « Faire participer les enfants,favoriser l’engagement des jeunes, ins-taurer un dialogue avec les familles, voilàce qui me fait courir au quotidien. Dirigerun CL me passionne parce que j’ai lesentiment qu’avec mon équipe, et lesautres directeurs du territoire, on fait unpeu bouger les choses. Etre directeur cen’est pas pour moi qu’un job d’été. C’estun engagement pour l’éducation desenfants, de tous les enfants ».

■ Stéphane [email protected]

1- BAFD : Brevet d’Aptitude aux Fonctionsde Directeur2- BAFA : Brevet d’Aptitude aux Fonctionsd’Animateur

m’attache à faire évoluer le projet dema structure, notamment en ce quiconcerne la participation des enfantset la place des animateurs, confieManu. La formation BAFD m’a aidé àprendre du recul sur mes pratiques, età imaginer des évolutions possibles.Avec les temps de formation, et lesnombreux échanges avec les autres sta-giaires, je vois plus clairement commentfaire évoluer le projet ». La notion derencontres est très importante pourlui. Il participe à la mise en place desPoints d’Accueil d’Enfants et de Jeunes(PAEJ) : « Ce sont des semaines devacances organisées autour des activi-tés, mais dont l’objectif premier est lecontact entre les enfants. Apprendreà vivre ensemble, voilà un des grandsenjeux du CL aujourd’hui ». Loin del’image trop souvent répandue duCL, lieu de consommation d’activités,Manu privilégie le travail en réseauavec d’autres directeurs, l’échange decompétences entre différentes équipesd’animation.

Arnaud ne conçoit pas non plus unfonctionnement isolé : « Ce qui est leplus riche dans la formation BAFD, c’estla rencontre avec d’autres directeurs.Au début du stage de formation géné-rale, je pensais que le directeur devaitêtre Superman. Et en fait, à la fin demon stage de perfectionnement, je medis… qu’effectivement le directeur doit

rnaud, 24 ans, est en licen-ce d’informatique indus-trielle à l’université deReims. Manu, 22 ans, unBTS d’animation nature en

poche, travaille depuis un an en tantque coordinateur associatif à l’atelierrelais d’Homécourt (Meurthe-et-Moselle).

Chacun a rencontré le monde del’animation de manière différente. PourArnaud : « C’est un oncle à moi quim’a conseillé de passer le BAFA 2. Aprèsmon stage de formation générale,j’ai été animateur trois ans au CL deBrienne-le-Château (Aube). Lors de matroisième année, mon directeur m’ademandé de le remplacer pendant deuxjours ; cela m’a passionné. Je suis doncentré en formation BAFD l’année sui-vante ». De son côté, Manu a décidéd’entamer cette formation après uneexpérience en tant qu’adjoint au Centrede Loisirs Sans Hébergement deVillerupt (Meurthe-et-Moselle).

Pour ces deux directeurs en forma-tion, leur passé dans le CL qu’ils diri-gent aujourd’hui est un vrai atout : « Je

A

Directeurs occasionnelset…volontaires

Reims, 14 février 2005. Arnaud et Manu arrivent en stagede perfectionnement BAFD 1 Regards croisés de deux directeurs de centres de loisirs (CL) sur leur parcours.

FORMATION

C’est un engagement

pour l’éducation des enfants,

de tous les enfants

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9 le magazine des Francas n° 269

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DES CLÉS POUR COMPRENDRE

Les activités physiqueset sportives

Ont contribué à ce dossier :Irène Pequerul

(Direction Nationale Pratiqueséducatives), Wassim Abdelhak,

Yannick Bressaud Sangoy, Gilles Cazaux, Michèle Lacroix,Armel Merlaud, Loïc Requier

PARIS 2012 « L’AMOUR DES JEUX »Amour du sport, de la fête et de la fraternité ou encore désir d’Olympismepartagé, « L’AMOUR DES JEUX » exprimela relation profonde et intense qui a toujours existé entre l’Olympisme et la France depuis Pierre de Coubertin.Les jeux à Paris, c’est la célébrationexceptionnelle d’une rencontre entre les valeurs olympiques et celles qui forgent l’identité de Paris, un mélanged’exellence sportive et de créativité culturelle.www.parisjo2012.fr

p.10 Les activités physiques et sportives :pratiques sociales, ludiques, éducatives

p.12 Les jeux sportifs, c’est pas ringard du tout !!!

p.13 « Croque en jambes » Drôle de JO !

p.14 Pilota à Goxo-Lekua

p.15 Approfondissement BAFA :« l’enfant, le jeune et le hand-ball »Être entraîneur sportif et animateur

p.16 Quand s’entraîner rime avec jouer

Les pratiques physiques sont inscrites dansl’histoire des hommes et des civilisations. La progression lente et continue du nombre de licenciés aux fédérations sportives, 14 286 226 en 2004, dont 2 535 739 pour la pratique scolaire et universitaire, la diversité des pratiques individuelles etcollectives non organisées, ne doivent pasmasquer la nécessité d’une découverte des pratiques sportives pour les enfants.Ces pratiques, au cœur des activités en centres de loisirs, doivent favoriser la découverte, l’acquisition de diverses compétences, créer la motivation et orienter vers un engagement régulier. Ces quelques pages rappellent quelquesfondamentaux et témoignent d’une diversité d’initiatives possibles.

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le magazine des Francas n° 269 10

Il ne faut pas confondreactivité physique et activité

sportive. La première doitêtre entendue comme la motricité du corps, autrement dit le fait

de bouger, à des rythmesdifférents, à des intensitésdifférentes, partiellement

ou entièrement, en fonction de telle intention

ou de telle motivation… La seconde pourrait se définir comme étant la

finalité imposée à la motri-cité : pratiquer un sport

spécifique. Que ce soit de façon occasionnelle,

ludique, ou de façon régulière et à haut niveau,

l’objectif est identique.

ncore aujourd’hui, la pratique des activi-tés sportives peut être liée à une région ouà une culture, comme en témoigne le centrede loisirs de Goxo-Lekua dans le Pays-Basque (lire p. 14). Quelques-unes ont desancrages plus récents correspondants auxarts de la guerre comme le tir à l’arc ouaux armes à feu, l’escrime, l’équitation.

D’autres comme le deltaplane, le skateboard, le char à voi-le, répondent à des préoccupations sociales et traduisent lesouci d’utiliser des énergies inépuisables.

Sport et démocratieBon nombre des activités et des jeux traditionnels sont

longtemps restés marqués par la violence, sorte d’exutoirepour les participants. Pour se pratiquer, ces activités ne dis-posaient pas d’espaces spécifiques et les règles peu précisess’adaptaient au lieu, au moment et aux participants entraî-nant interprétations et contestations multiples. Il a falluattendre le XIXe siècle pour voir en Angleterre et en France,de nouvelles formes de pratiques se répandre, les institutions

K

Les activités sportives sont ancréesdans l’histoire des hommes

et des civilisations. Du point de vuehistorique, à l’origine, des activités

humaines vitales (se déplacer, chasser, se défendre contre des

prédateurs ou des ennemis) vont se traduire par des pratiques

motrices : courir, grimper, lancer,nager... Progressivement, l’évolution

de l’espèce humaine va engendrer la disparition de certaines pratiques

physiques et corporelles qui perdure-ront dans des jeux de tradition liés

à la culture d’un groupe.

Les activités physiques et

pratiques soc

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11 le magazine des Francas n° 269

l’activité physique un fait social incontestable. Il est doncessentiel que dans les différents temps de vie de l’enfant, lesactivités physiques et sportives (APS) puissent trouver leurvéritable place, notamment en centres de loisirs (lire p.12).

Cette pratique sportive permet ainsi aux enfants de déve-lopper leurs possibilités fonctionnelles, psychomotrices,leurs potentialités intellectuelles, et leurs potentialités de vieindividuelle et sociale.

Favoriser la pratique des activités physiques et sportives…

Cela suppose de faire découvrir au maximum le domained’activités et de développer des capacités permettant deprendre plaisir à pratiquer ces activités et, le moment venu,de choisir de se spécialiser dans telle ou telle discipline. Leplaisir est une composante essentielle du sport. Pour GillesCazaux, ancien entraîneur de rugby, pour Wassim, jeune édu-cateur sportif de hand-ball, les animateurs de centres de loi-sirs ont un rôle essentiel pour favoriser cette découverte dejeux permettant de maîtriser son corps (courir, sauter, êtreen équilibre…) dans un espace donné (dans les limites d’unterrain, sur un sol ferme, dans l’eau…), dans un tempsdonné (notion de vitesse), de maîtriser des engins (ballon,raquette, vélo…) et de jouer avec des partenaires et desadversaires en modifiant ses comportements moteurs enconséquence (jouer seul à envoyer une balle contre un muravec une raquette est différent de jouer à deux, ou contreun adversaire).

… pour le plus grand nombre…L’animateur peut adapter le choix des activités et leur

animation aux conditions de réalisation liées aux enfantseux-mêmes (âge, sexe, nombre, capacités…) et au cadrematériel (terrain, matériel, qualification de l’encadrement…).

Il peut faire appel à un éventail le plus large possible : jeuxde tradition enfantine, jeux sportifs, partenariat entre lescentres de loisirs et les clubs de sport (lire p. 15)... Chacun,à des degrés divers, doit permettre de développer pro-gressivement les capacités nécessaires à chaque individuet les mettre en situation de s’orienter vers telle ou telle acti-vité. Au risque de maintenir certaines inégalités devant l’ac-cès à la pratique physique ou sportive, on ne peut pasattendre, quant à la responsabilité d’une structure d’ac-cueil, que le hasard ou les possibilités économiques desfamilles, décident seuls de la découverte d’une activité.

… dans un souci éducatifSi l’acquisition des capacités motrices se situe bien dans

une perspective éducative, la pratique d’APS doit aussifavoriser l’apprentissage du vivre ensemble et l’émergencedes projets collectifs. Citons par exemple l’opération Croqueen Jambes (lire p.13) qui permet aux enfant d’assumer desresponsabilités diverses, de vivre des projets associant lafamille, le centre de loisirs ou l’école, permettant la décou-verte d’autres jeunes en France ou à l’étranger. Cela supposeque les animateurs s’appuient sur les motivations desenfants et les enrichissent en faisant découvrir par lapratique, de nouvelles possibilités. Cela exige aussi qu’ilsréunissent les conditions nécessaires à une pratique dequalité (encadrement technique, matériel…) et qu’ilss’appuient sur cette pratique pour l’enrichir au maximum(prévoir des échanges, des compétitions, apprendre àles préparer en commun, les valoriser sous différentesformes : exposition, journal, vidéo…). ■

se regrouper, les règles s’affiner et s’uniformiser, les donnéesnormatives (dimensions du terrain, nombre de joueurs…)s’universaliser. La violence s’est également réduite,contrôlée par l’élaboration d’une éthique de loyauté qui neva plus séparer le désir de vaincre du respect des règles. Laréférence aux Jeux Olympiques et les dimensions morales etéducatives que Pierre de Coubertin introduit, viennent sou-tenir et dynamiser cette évolution. Et en même temps quese développe le sport, le système démocratique de ces deuxpays s’élabore. Le sport apparaît de fait comme le produitet le reflet de la démocratie moderne.

Enjeux de la pratique sportive L’éducation doit permettre de préparer un individu à la

meilleure maîtrise des situations pouvant se présenter àlui. Cette maîtrise se situe à la fois sur les plans intellectuel,cognitif et comportemental, et en particulier, pour ce quiconcerne le sport et les activités physiques en général, ledéveloppement des capacités psychomotrices ou socio-motrices (développement moteur au sein d’un groupe, avecou contre des partenaires). Ces différents aspects font de

sportives :

iales, ludiques, éducatives

Les chiffres du sportLe nombre annuel de licences délivrées par les fédérations sportivesagréées a été multipliépar 8 en un demi siècle. En 1949, on en dénombrait1 867 000, et en 2002, il y en avait 14 900 000. La dépense nationale de sport s’élevait en 2002 à 26,5 milliards d’euros,soit, 1,7 % du ProduitIntérieur Brut, financé à 50 % par les ménages, à 41 % par l’État et les collectivités locales età 9 % par les entreprises.Ce sont elles qui ont affichéla plus forte croissanceentre 2001 et 2002.

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Forum international de l’éducation physiqueet du sportÀ l’occasion de l’Annéeinternationale de l’éducation physique et dusport, les Francas soutien-nent le Forum internationaldu même nom, prévu les 4, 5 et 6 novembre prochains à la CitéInternationale Universitairede Paris, et à l’initiative du Syndicat National de l’Éducation Physique de l’Enseignement Public(SNEP).Pour en savoir plus :SNEP – Secteur Forum 2005Tél : 01 44 62 82 23E-mail : [email protected]

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le magazine des Francas n° 269 12

«Au début, j’croyais qu’on allait faire une balle auprisonnier, j’voulais pas y aller, ce jeu on lefait tout le temps au centre ». Yoan, 9 ans.

« C’était trop bien, mais ne me demande pas les noms desjeux, ils sont trop durs à retenir ». Marianne, 10 ans.

Alors pourquoi des jeux sportifs ?Dans quelques centres de loisirs certaines pratiques,

comme nous le dit Yoan, reposent sur un répertoire limitéen jeux sportifs. Les jeunes animateurs ont des difficultés àouvrir le fichier jeux sportifs et à faire vivre les règles.

Alors retrouver la rapidité d’esquive nécessaire à unechinchinette, la pointe de vitesse indispensable à un doubledrapeau, la vision permettant de faire gagner son équipeau Franca-ball, ou l’adresse obligatoire pour un camp ruiné,faisait partie de nos objectifs.

Nous avons tenté d’inscrire cette animation dans unelogique d’innovation pédagogique. Ainsi nous avons recen-sé des pratiques sportives qui ne sont pas pratiquées pardes fédérations dans le département.

Nous avons alors sélectionné cinq jeux sportifs :• le speed-ball : quatre enfants, disposés en croix, ayant uneraquette à la main, tentant de taper dans une balle se trou-vant accrochée à un mât au milieu d’eux en perpétuel mou-vement rotatif autour du mat,

Depuis de nombreuses années, les Francasont pris l’habitude d’organiser des anima-tions itinérantes, d’un ou deux jours, avecun animateur spécialisé. Jusque là, lesthèmes des caravanes étaient choisis pourqu’un centre de loisirs seul, puisse lesfinancer. Ainsi, les options proposéesétaient photo, arts plastiques, sciences ettechniques, et cirque. Le principe veut queles thèmes de ces caravanes viennentcompléter les activités proposées par leséquipes des centres de loisirs. Depuis troisans, les Francas des Pyrénées-Atlantiquesproposent, dans le cadre du programme « projet Plein l’été » une caravane d’ani-mation « jeux sportifs et coopératifs ».

« Le groupe des 20 »C’est un espace inter-asso-

ciatif ouvert, permettant lesdébats et les actions

concernant les ActivitésPhysiques et Sportives.

Composé actuellement devingt organisations natio-

nales, son nombre n’est pasfigé puisqu’à ses débuts en

1992, le groupe étaitconstitué de quatre organi-

sations. Ces organisationssont soit de dimension

multisports rattachée aumonde sportif fédéral sansse réclamer de l’obédience

olympique (UFOLEP 1, UCPA 2, IFOREP 3…), soit

de dimension scolaire(UNSS 4, SNEP 5…), soit de

dimension d’éducationpopulaire (Francas,

CEMEA…). Leurs réunionset colloques ont pour but

la réaction et l’actioncontre la marchandisation

et la médiatisation des activités et des hommes

dans le domaine des APS.

Ses objectifs sont : • la refondation et

la promotion des valeurséducatives, sociales

et culturelles dans tous lesdomaines des APS,

• la recherche d’une certaine convergence

de sens et de contenusentre les différentes formes

d’organisation, tout en respectant et en favorisant

la diversité• la reconnaissance,

par les pouvoirs publics et la société civile, des APS

organisées dans un cadreassociatif et adaptées

aux besoins du plus grandnombre, à tous les âges, etpour toutes les demandes,et pas seulement la recon-

naissance et la constantevalorisation de la pratique

sportive de haut niveau de performance.

1 - Union Française des ŒuvresLaïques d’Education Physique

2 - Union Nationale des CentresSportifs de Plein Air

3 - Institut de Formation deRecherche et de Promotion

4 - Union Nationale du SportScolaire

5 - Syndicat National de l’Education Physique

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belle équ

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Les jeux sportifs, c’est pas ringard du tout !!!

• l’ultimate : deux équipes, un freesbee, un espace herbeux,pas d’arbitre car pensé sur le principe de l’auto arbitrage etla volonté d’être la première équipe à amener, par despasses, le freesbee dans une zone définie,• le tchouk ball : inventé par un médecin anglais qui a ten-té d’éliminer les risques de blessures des jeux collectifs.Deux équipes, un ballon et un trampoline à ballon,• la pétéca : volant brésilien, qui doit passer au-dessusd’un filet, que l’on tape avec la main,• le net goal : le premier lecteur qui envoie les règles de cejeu à Camaraderie gagne un an d’abonnement !

Et la coopération dans tout cela ?Les jeux sportifs que nous animons, qu’ils soient issus du

fichier ou des pratiques innovantes, fonctionnent tous surun principe de compétition. Même si au sein d’une équipe,les joueurs s’entraident pour réussir ensemble, c’est audétriment d’un adversaire. Alors, pour que l’action éduca-tive soit complète, nous avons également mis en place dessituations de coopération.

Les enfants ont donc été confrontés, par groupe de cinq,à une situation ou à un problème à résoudre collectivement.

Confronté à la technique d’utilisation du « pampali », àl’épreuve du « risque-tout » ou encore de l’« enlidron », lesenfants sont obligés d’imaginer collectivement des hypo-thèses, d’essayer, d’en reformuler d’autres afin que tousparviennent à résoudre le problème ou que tous échouent.

Des jeux pour rire, tricher, jouer avec son corps, négocier,gagner tout seul, perdre tous ensemble …

Des jeux pour apprendre à être, à être ensemble, à êtrecopain…

■ Loïc [email protected]

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Fichierjeux sportifs76 pages15 x 21 cmdisponible auprès des AD Francas www.francas.asso.fr

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C ette manifestation s’est inscrite dans le cadre del’« Opération été 2004 » et a été pensée defaçon binaire : deux animations pour deuxpublics différents.

Les plus jeunes (8-12 ans), se sont vusproposés des jeux loufoques.

Pendant trois jours plusieurs équipes de douze participantsont pu proposer chacune, un jeu loufoque et drôle, tel quele jeu de l’araignée périmée, sport de combat non-violent quise joue à quatre pattes avec aux mains des palmes, un foulardsur la tête et bien sûr des lunettes de plongée. Au-delàd’imaginer ces défis ludiques et absurdes, les enfants, inven-teurs, ont également dû réfléchir à l’arbitrage, le compta-ge des points, la tenue de rigueur et les récompenses.

Des récompenses ont ainsi été attribuées aux équipesles plus : fair-play, drôle, sympathique et également pour laplus originale. Un classement par point a permis de décer-ner le trophée « Croc d’or ». Ce trophée sera remis en jeud’année en année.

L’intérêt d’une telle action est bien de permettre auxenfants de créer leurs propres règles de jeux, de les expéri-menter et de les faire vivre aux autres. Les enfants ontégalement vécu une expérience de vie en collectivitériche de rencontres, d’échanges et de découvertes surtrois jours. A travers ces drôles de JO, ils ont découvert lemonde des jeux olympiques et sa valeur initiale, basée

sur la participation. Ainsi plusieurs centres de loisirs ontpu se rencontrer autrement qu’à travers de la compétitionà proprement parler.

Pour les adolescents (12-16 ans), c’est leur implication maximale dans cette manifestation qui était visée.

Leur rôle : assurer une couverture médiatique de l’évé-nement. Pendant ces trois jours, ils se sont chargés de cet-te dimension et ont pris, de manière plus générale, degrandes responsabilités quant à l’organisation de la mani-festation. Pour aider ces apprentis reporters, des profes-sionnels des médias étaient présents (webmasters, journa-listes de presse écrite, photographes, techniciens multimédia,animateurs radio). Ainsi, en partenariat avec une radio deMacon Radio Aleo, des plages horaires étaient entièrementanimées par les jeunes. Les auditeurs d’Aleo ont pu êtreinformés de l’évolution des gagnants dans les différentes dis-ciplines. Une gazette, La Guibolle, a été distribuée sur lescommunes avoisinantes pour informer la population decette action, et de tous les champions de ces drôles de JOLes objectifs fixés : leur permettre de s’approprier diffé-rents types de média afin d’en comprendre les mécanismes,les enjeux et les risques, et leur permettre d’apprécier lesresponsabilités qu’ils ont prises à cette occasion.

■ Yannick Bressaud [email protected]

« Croque en jambe » Drôle de JO !

Comment favoriser des rencontres et

des échanges pratiques autour

d’un événement festifà dimension sportive ?

Les Francas de Saône-et-Loire,

en partenariat avec la communauté

de communes du Mâconnais Val-de-Saône,

ont souhaité organiserune grande fête

destinée à rassemblerdes enfants et

des jeunes de différents centres

du département.

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Goxo-Lekua, centre de loisirs sans hébergement situé en plein cœur du Pays-Basque est un peu particulier…

La pratique sportive la plus courante est la pelote basque ou « pilota » en langue basque ! Présentation…

Avant tout, parlons un peu du Pays-Basque.L’origine du peuple basque est un mystère ; lalangue basque est son signe de reconnaissance.Dans l’« Euskal Herria », pays où il est parlé, leshabitants continuent de transmettre cette

langue, les traditions et la culture qui vont avec. Certainesécoles dispensent même uniquement des cours en languebasque. Quant à la pelote, sport traditionnel, c’est de loinle sport le plus populaire de cette région.

Originaire de l’ancien jeu de paume, (jeu qui consistait àse renvoyer une pelote de laine et coton recouverte de cuiravec la main d’un camp à l’autre) la pelote est aujourd’huiun sport institutionnalisé accessible à tous : vingt quatre payspratiquent les dix spécialités, chacune ayant ses propresrègles. Les lieux de pratiques sont divers : fronton (mur enpierre, terrain en ciment), mur à gauche (c’est comme unfronton avec un mur à gauche) trinquet (terrain de jeucouvert rectangulaire limité par quatre murs recouvertsd’un toit et sol en ciment).La main nue, spécialité interna-tionale, est considérée comme la spécialité la plus noble. Lapala est la plus couramment pratiquée, tant par les enfantsque par les hommes, les femmes et les vétérans. Elle sepratique avec un instrument en bois de même forme qu’uneraquette mais en bois plein. Toutes ces spécialités se jouentsoit par équipe de deux, soit en tête à tête. Il s’agit d’uneactivité où l’on doit s’opposer à un ou plusieurs adver-saires. Il existe pour chaque spécialité un championnat deFrance et du monde, et divers tournois amateurs dans lamajorité des villages du Pays-Basque.

La pilota en centre de loisirsChaque village a son ou ses frontons et on joue à la

pelote instinctivement sur toutes les places des villages,sous les préaux… On y joue donc inévitablement dans lescentres de loisirs ! Et notamment à Goxo-Lekua qui est uncentre où la langue basque est couramment employée parles enfants et les animateurs, certains enfants ne sachant pasencore le français. C’est un centre de loisirs intercommunalqui regroupe les enfants de 6 à 16 ans du canton d’Iholdy,canton rural qui jusqu’en 2000 n’avait aucune structurede loisirs pour accueillir les enfants pendant les vacances. En 1999, Christophe Héguy, jeune éducateur sportif inter-venant dans toutes les écoles et clubs de pelote du canton,propose pour la première fois pendant les vacances d’été desaprès-midi pelote sur les différents frontons des villages.Devant le succès de ces journées, le projet de créer uncentre de loisirs sur ce territoire est né. Le centre accueilleaujourd’hui en moyenne 90 enfants par jour. Ces enfantssont tous basques et jouent tous à la pelote !

Alors que certains jeunes ne jurent que par les Zidane oules je-ne-sais quel athlète, les enfants du centre de loisirGoxo-Lekua eux, portent sur le dos les maillots au nom deleur champions de pelote : des pilotaris célèbres, du Pays-Basque ou d’Espagne.

Nous savons tous, animateurs et directeurs que les acti-vités physiques jouent un rôle indispensable dans le déve-loppement de l’enfant. C’est pour cela d’ailleurs que noustrouvons tant d’activités sportives dans les programmesdes centres de loisirs.

Mais jouer à la pelote, c’est plus qu’un sport, plus qu’unloisir, c’est un art de vivre.

La pelote est certes un sport physique et ludique. Mais au-delà, c’est l’enseignement du respect : de l’arbitre, de l’ad-versaire, du public, des règles…

Ce respect caractérise les rapports de chacun, vis-à-vis dece jeu là, mais également vis-à-vis de l’Autre. Ces enfants-là sont les dépositaires de valeurs profondément ancrées ausein du peuple basque, où respect et tolérance sont lesmaîtres mots d’une culture vivante, dont la pelote est l’unedes pierres angulaires.

■ Michèle [email protected]

Pilota à Goxo-Lekua

« Jeu de Ballon » lithographie XIXe siècle

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15 le magazine des Francas n° 269

Approfondissement BAFA : « l’enfant, le jeuneet lehand-ball »

Le projet s’est initialement basé sur quatreconstats : l’appauvrissement d’entraîneurs dansl’encadrement des catégories jeunes de clubset dans des actions diverses (manifestations…),la réduction de l’engagement des dirigeants au

sein des structures associatives sportives, le cloisonnementdes différents acteurs de la commune, le peu d’échangesentre le milieu socioculturel, le milieu sportif et le milieu sco-laire (Union Sportive de l’Enseignement du Premier degré,Union Nationale du Sport Scolaire), et l’accroissement destages de vacances organisés par les associations sportivesavec peu d’encadrement spécialisé dans l’activité.

La Ligue du Lyonnais de Hand-ball, à l’origine de ceconstat, a pris contact avec les Francas Rhône-Alpes pourenvisager, au vu des compétences communes requises dansl’animation et l’entraînement, l’expérimentation d’un cur-sus de formation attrayant et qualifiant.

Une double formationLe résultat final offre aux jeunes un double engagement

(sport et loisir) et assure une qualité d’encadrement (recon-naissance du BAFA et spécialisation Hand-ball) tout autantpour les clubs (qualité d’accueil, Label école de Hand) quepour les centres de loisirs (découverte d’une activité sportive).

C’est la Ligue du Lyonnais de Hand-ball qui, suite àl’étude des différentes demandes, retient 25 jeunes. Ilss’engagent alors dans une formation d’un an où ils devrontanimer l’activité hand-ball auprès de jeunes enfants dans leurclub respectif et suivre parallèlement la formation BAFA.

Tous inscrits dans un stage de base BAFA Francas, ilsse retrouvent ensuite dans le stage approfondissement« l’enfant, le jeune et le hand-ball ». Ce stage respecte scru-puleusement les directives du ministère de la Jeunesse, desSports et de la Vie Associative où l’activité n’est finalementque le support à l’approche des contenus. Pour finir la for-mation et avoir la qualification « d’entraîneur fédéral », ilsdevront suivre une formation spécifique hand-ball proposéepar les Comités départementaux.

Suite à nos trois années d’expérience nous nous aperce-vons que les objectifs initiaux sont atteints et que les enjeuxde cette formation sont plus importants qu’on ne pouvaitle penser. Il s’agit bien ici d’une véritable réussite dans l’ap-proche éducative et dans le partenariat d’institutions. Noussouhaitons poursuivre et pérenniser ce double pari : modi-fier l’approche trop souvent directive des entraîneurs dansles clubs fédéraux et permettre l’ouverture, au sein descentres d’éducation populaire, à l’activité hand-ball parl’intermédiaire du jeune ou du club.

Un lien importantLes jeunes issus de cette formation apparaissent comme

de véritables acteurs de la vie de quartier, en devenant unlien entre les deux structures (le club et le centre de loisirs).Ils deviennent le garant de la découverte et de la diffusionde l’activité hand-ball.

La démarche n’est qu’à ses débuts et le milieu fédéral doitencore se mobiliser pour que ces jeunes soient valorisés etaccompagnés davantage dans leurs clubs.

Si ce partenariat a su évoluer pour anticiper de façoninnovante l’évolution de la pratique associative et sportive,il faut absolument permettre aujourd’hui, le décloisonne-ment de nos conceptions pour un meilleur échange entre lesdifférentes institutions.

■ Armel [email protected]

Conseiller Technique Fédéral du Comité du Rhône Hand-ball

Créé et mis en place conjointement par la Ligue du Lyonnais de Hand-ball et les Francas Rhône-Alpes, l’approfondissement « l’enfant, le jeune et le hand-ball » est une première en matière de partenariat entre une Fédération sportive et un mouvement d’éducation populaire.Mais quels sont l’origine, le fonctionnement et les enjeux de ce projet ?

Être entraîneur sportif et animateur

En quelques années, le nombre de licenciés à la fédération française de hand-ball aconsidérablement augmenté, ceci notamment grâce à l’impact médiatique des JeuxOlympiques et de la coupe du monde. Cette augmentation du nombre d’adhérents a

eu beaucoup de répercutions sur le monde du hand-ball, particulièrement au niveau profes-sionnel. En effet, on parle aujourd’hui de « métiers du hand-ball ».

Je suis éducateur sportif spécialisé hand-ball, employé par l’association Blanc-Mesnil SportHand-ball, qui est le club de hand-ball de la ville de Blanc-Mesnil, et animateur à la fois.J’entraîne donc plusieurs tranches d’âge, des enfants aux adolescents. Depuis l’âge de onze ans je joue au hand-ball. Au début c’était pour retrouver mes cama-rades et passer plus de temps avec eux. Mais très vite cette activité physique et sportive estdevenue une passion. Je ne venais plus seulement pour mes copains, mais aussi pour lesvaleurs défendues par ce sport.Le hand-ball défend les idéaux de groupe, de solidarité, de respect, de tolérance, de comba-tivité… Ces valeurs je les ai retrouvées à tous les niveaux, dans toutes les catégories, desjeunes aux seniors, en animateurs comme en professionnel de haut niveau, en local commeen national.Ces valeurs, j’ai voulu, les transmettre à mon tour. J’ai donc suivi différentes formations pro-fessionnelles tel que le brevet d’état. En parallèle, j’ai également participé à des formationsd’animation, notamment aux Francas. Richard, un formateur, et employé militant de ce mou-vement d’éducation populaire, m’a guidé et aidé dans ces choix. Il est aujourd’hui un grandami. Actuellement, mon métier me permet d’agir sur l’avenir de ces futurs citoyens que sont lesenfants. Etre éducateur sportif, ce n’est pas seulement permettre aux enfants de pratiquerun sport. Le travail de l’éducateur, c’est avant tout d’avoir une action sur le milieu, l’aména-ger, l’enrichir pour que l’enfant y trouve de quoi s’épanouir et se fasse sa place dans un grou-pe d’individu. C’est ce que l’on appelle la socialisation. De par notre action, nous devons éga-lement, permettre au jeune de grandir, et de former le citoyen qu’il est. Ce métier et la pra-tique du hand-ball en club comme au sein des centres de loisirs, me permet d’inculquer auxjeunes et aux enfants, les valeurs de respect, prônées par le sport et visibles à travers ce quel’on nomme l’esprit sportif, les valeurs républicaines, les valeurs de solidarité et d’entraide.Ce sont ces valeurs qui m’ont permis d’être l’homme, le citoyen que je suis aujourd’hui, et jesuis fier de les transmettre à mon tour aux enfants, afin qu’un jour, l’un d’eux prenne maplace et perpétue ce travail. C’est une tâche sans fin, avec des objectifs nobles et identiquesqui doivent être développés et suivis.

■ Wassim Abdelhak [email protected]

Les jeunes issus de cette formation apparaissent comme de véritables acteurs

de la vie de quartier“”

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le magazine des Francas n° 269 16

Le rugby est un sport particulier sur le plan tech-nique car c’est le seul dans lequel il faut mar-quer en faisant des passes par l’arrière. Le respectdes règles est un peu difficile à mettre en place.C’est donc un jeu qui demande une coopération

intense entre les membres de l’équipe. Dès le début de mon activité d’entraîneur, j’ai proposé des

activités aux enfants, sans distinction de tailles, de statures,de compétences : le but était d’être tous ensemble dansl’équipe, de coopérer et d’être solidaires. Pour les plus petits,je proposais du « rugby éducatif » : il s’agissait de jouer ense faisant des passes afin de développer l’adresse, la vites-se, les déplacements, et d’utiliser ses capacités naturelles. Aufur et à mesure, avec l’apprentissage de la discipline, j’in-troduisais les règles plus strictes du rugby. Mais c’étaientd’abord les jeunes qui devaient proposer et essayer desrègles, d’eux-mêmes. C’était une façon pour eux de vraiments’approprier le rugby, de le comprendre. Et surtout, celadéveloppait leur esprit d’initiative.

PhilosopheTous mes entraînements, même pour les adultes, étaient

basés sur les jeux et les ateliers, pensés par moi-même ou parles joueurs. C’était ma philosophie de travail d’entraîneur :apprendre le côté technique par le ludique. A l’époque lacompétition était reine. Les entraînements des All Blacks, qui

fonctionnaient aussi par le jeu, n’étaient pas vraiment prisau sérieux. Depuis l’esprit de l’entraînement a complètementchangé : les situations proposées sont plus ludiques et glo-bales. On demande la participation des joueurs pour qu’ilsconstruisent le rugby qu’ils veulent.

Ce qui a toujours compté pour moi c’est le plaisir du jeu.Tout en travaillant sérieusement durant les entraînementspour développer les capacités techniques et physiques, jeveillais à ce que chacun prenne du plaisir. Pour moi l’im-portant n’était pas la « championnite » : je voulais que lesjoueurs soient libres de leur jeu, vivent sur l’instant, puissentréagir instinctivement et spontanément.

J’ai suivi certains joueurs de leurs débuts à cinq ans, jus-qu’à leur vingtième année ! Il y a même eu une époqueoù lorsqu’il y avait des tournois, l’équipe du club de Tartasfaisait peur !

Puis je suis passé à l’arbitrage, toujours avec le mêmeesprit. Je le faisais sérieusement mais je n’étais pas « l’hom-me au sifflet ». Je faisais aussi de la prévention, je parlais auxjoueurs pendant le match, pour ne pas être que celui quisanctionne.

Avec l’âge j’ai dû cesser mes activités dans le rugby. Maisces années ont été très positives pour moi. Mon parcours aété intéressant et je pense que si j’ai agi dans cet état d’es-prit de communication, d’éducation, c’est aussi parce queje suis enseignant et que j’avais été animateur dans descentres de loisirs. Au club de rugby tout ce que j’avais apprisen formation Francas m’a servi : Fichiers, valeurs et idées desFrancas... Mais rien n’aurait pu être possible sans le soutiende l’école de rugby et de tous ceux qui me suivirent. Jen’étais pas seul ! Ils ont cru comme moi à ce que je faisais,et cela a fonctionné !

■ Gilles [email protected]

Quand s’entraîner rime avec jouer

Gilles Cazaux est enseignant. Pendant 25 ans il a été entraîneur sportifde rugby dans les Landes. Pour lui, le rugby, ses règles, ses valeurs, peuventêtre transmis par le jeu. C’est comme cela qu’il agissait, et le moins que l’onpuisse dire c’est que cela fonctionne.Témoignage…

Les États Généraux du Sport ont été

organisés en septembre et novembre 2002, tant

au niveau régional que national. Ils ont été

conclus le 8 décembre2002. En plus d’avoir

ouvert un vaste débat avec l’ensemble des acteurs

des politiques sportives(État, collectivités territo-

riales, mouvement sportif),ces États Généraux ont mis

en évidence la place fondamentale qu’occupe

le sport en France aujour-d’hui. Ils ont débouché surun diagnostic partagé partous les acteurs concernés

par les enjeux actuels du sport dans la sociétéfrançaise et sur la façon

d’y répondre.

Trois points se sont dégagés :

• la place prédominantedes associations sportives

(animées par plus de deuxmillions de bénévoles) dans

l’organisation du sportfrançais, adossée à un

partenariat très étroit entrel’État, le mouvement

sportif et les collectivitésterritoriales

• l’unité des différentesformes de pratiques

sportives incarnée par les fédérations sportives

qui assument les liens de solidarité notamment

entre le sport amateur et le sport professionnel

• la valorisation de la fonction éducative

et sociale du sport.

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Pleins feux sur les dragons !

En partenariat avec les Muséum national d’Histoire Naturelle de Paris,le conseil général de la Moselle propose aux visiteurs de la région des ani-

mations et expositions sur un thème des plus insolites : les dragons. Citons, entre autres, la cour du château de Malbrouck qui se transformera enlieu de spectacles et banquets, l’exposition sur le « dragon militaire » (corpsmilitaire) visible aux Archives Départementales de la Moselle, la Maison deRobert Schuman à Scy-Chazelles qui organise trois animations « dragonisées »(la course aux étoiles, la cour des contes et conte-moi ton dragon), sansoublier un spectacle de danse, des décorations dans les rues médiévales duvillage de Rodemack ou l’édition 2005 du festival de contes « De Bouche àoreilles » placée sous le signe des dragons. Une réelle invitation à un voyagedans le temps, à travers le monde, et surtout, dans son imaginaire…Exposition Dragons - Château de Malbrouck (Moselle)Du 16 avril au 31 octobre 2005Conseil général de la Moselle – www.cg57.fr

La nuit des étoiles juniors : 11-12-13 août

Faire découvrir le ciel et ses étoiles auxplus jeunes, tel est l’objectif de cette sixiè-

me édition. Au-delà de la simple découver-te du ciel, l’astronomie invite chacun à s’in-terroger. Elle peut être facilement exploitée,sans avoir de connaissances préalables spé-cifiques et elle peut se pratiquer avec unminimum de matériel lors d’une premièreapproche du ciel. La nuit des étoiles, c’estaussi l’occasion d’organiser une véritable fête autour de ces soirées consa-crées aux étoiles, avec les enfants et les familles.Des supports pédagogiques destinées à préparer les animations et les sitesd’observation sont disponibles auprès de l’Association Françaised’Astronomie.AFA – 17 rue Emile Deutsch-de-la-Meurthe – 75014 ParisTél. : 01 45 89 81 44 ou mail : [email protected]

La musique à portée de main

F abriquer soi-même un instrument de musiqueou aider ses enfants à le construire, qui ne l’a pas

souhaité ? Musique à construire est un livre quipropose à chacun de réaliser 80 instruments demusique pour les tout-petits en transformant des

objets quotidiens qui nous entourent, en de véritables instruments auxsons étonnants. Chacun d’eux a été imaginé et est utilisé par les musiciensde l’association Enfance et Musique, spécialisés dans l’éveil musical et laformation des professionnels de la petite enfance. Musique à construireAgnès Chaumié – Au Merle Moqueur – Label Enfance et musique – 18 eDisponible sur commande : Au Merle Moqueur – 12, rue de la Liberté –93500 Pantin – www.enfancemusique.com

Les Portes du temps

Du 4 juillet au 26 août, les enfants et les adolescents de 4 ans à 17 ans,venant principalement des centres de loisirs, des centres sociaux et

autres structures d’accueil et d’activité, pourront découvrir au cours d’unejournée, le château de Fontainebleau. Cette opération, à l’initiativedu Ministère de la culture et de la communication et de la Direction desmusées de France, avec la collaboration des Francas, est la première dugenre.La découverte de ce patrimoine historique, artistique et environnementalpourra se faire selon deux possibilités : un programme de visite et troisgrands jeux chaque jeudi, « Un jeudi au château », et un programme devisites et d’ateliers, « Les acteurs du patrimoine », les lundi, mercredi, jeu-di et vendredi. Conçue de façon à allier le ludique et le culturel, cette opé-ration de sensibilisation fait appel à la curiosité et à la créativité des jeunes. Renseignement et inscription : 01 60 71 50 [email protected]

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ON EN PARLE ENCORE !

Petits carnets d’écriture

Le SCEREN-CNDP (Services Culture Editions Ressources pourl’Education Nationale – Centre National de DocumentationPédagogique) propose une nouvelle collection de livresdestinés à réconcilier tous ceux qui éprouvent des difficul-tés à écrire (écoliers, collégiens, lycéens, étudiants et adultes).

L’illettrisme, présent en France comme dans le monde, doit êtrecombattu afin de permettre à chaque individu de s’intégrer dans lasociété où il vit, de la comprendre, d’être un citoyen informé.Huit volumes formeront au finaltoute la collection. D’ores et déjàsix d’entre eux sont disponibles :Embarquement immédiat, Monnom est Anna, La chambre deVincent, L’écriture de monsieurHulot, Cent mille milliards demusique et Ecrire la cité radieuse.La collection est conçue dans laprogression. Le premier ouvragecherche à favoriser, grâce à demultiples exercices-jeux, le pre-mier pas « d’oser écrire ». Lesautres volumes (qui peuvent êtrepris de façon indépendante)accompagnent cette démarche,jusqu’au dernier livre qui aideraà la prise de conscience d’unstyle personnel d’écriture à exploiter. En plus d’un apport technique évident dans l’apprentissage del’écriture, chaque petit carnet ouvre l’esprit sur un domaine culturel

et artistique (cinéma, peinture,poésie…). Mon nom est Annapermet par exemple, en quatreétapes, de connaître un peu mieuxle théâtre par la recherche etl’écriture des personnages, de l’es-pace, de la langue et de l’action.Chaque carnet se veut ludique.C’est pourquoi des encarts expli-quent des termes particuliers enrapport avec l’art proposé, lesexemples sont concrets et illus-trés… Après la lecture à propre-ment parlé, des exercices d’écri-ture sont proposés. Les deux derniers livres seront dis-ponibles durant l’été. Ils serontconçus de la même façon : des

clés pour écrire et des pistes d’entrée dans l’univers artistiqueabordé.

Édition : SCEREN-CNDP,Gallimard EducationAuteur différent à chaque foisFormat : 140 X 205 mm entre 80 et 100 pages5 e chaquePour se les procurer : dans toutes les librairies ou sur www.sceren.fr

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Qu’est ce que l’Europe pour toi ?

Barbara : C’est le plus beau coindu monde ! L’Europe est syno-nyme de libertés (d’opinion, decirculation par exemple) et de

droits (Droits de l’Homme etgrande protection sociale).

Annamaría : L’Europe est unespace culturellement et géo-graphiquement défini. C’est leberceau des cultures grecque,

juive et chrétienne où sont nésla notion d’individu, de propriété,

de capitalisme et le concept de citoyen-neté autonome et responsable.

Jérôme : Une communauté de valeurset de références culturelles proches.

Te sens-tu européen(ne) ?

Jérôme : De fait, oui car j’ap-partiens à cette communautéde valeurs. J’ai participé àquelques séminaires européens

associatifs qui m’ont permisd’avoir une vision différente sur des

aspects culturels, sociaux et écono-miques. À part ça, je n’ai pas vraimentd’expérience européenne. Je me sensvraiment européen quand je passe lesfrontières de la France !

Barbara : Je suis issue d’une famillefranco-italienne. Je me sens donc tota-lement européenne. C’est normal pourmoi d’aller de l’Italie à la France. Jeme sens bien sûr aussi italienne mais cene serait pas un problème pour moid’habiter n’importe quelle grande vil-le européenne. J’habite en ce momenten Allemagne et j’aimerais beaucoup,par exemple, rester ici.

Annamaría : J’ai étudié un an enFrance et grâce à cette expérience trèsimportante, je sais maintenant ce quesignifie être européenne et hongroi-se. Les Hongrois sont au départ unpeuple étranger en Europe. Notrepatrimoine culturel et folklorique esttrès particulier. Je sais à présent qu’ilexiste aussi d’autres différences entrela Hongrie et l’Europe occidentale.Notre capitalisme est relativementsous-développé par rapport à des payscomme la France ou l’Autriche et laconscience d’être citoyen à part entiè-re commence seulement à poindre.

Quelles sont tes attentes parrapport à l’Europe dans laquelletu vis ?

Annamaría : Je n’ai pas vraimentd’attentes par rapport à l’Europe. Maisje voudrais participer à la résolution

de quelques problèmes. Le plus grand,c’est le fait de ne pas pouvoir se com-prendre complètement. Il est trèsimportant de s’imprégner de la cultu-re de chaque nation, de connaître sonhistoire et sa culture. La solution seraitde créer une langue commune danslaquelle les mots et les conceptsseraient les mêmes pour tous. La com-munication et le partenariat sontimportants. Je crois que les organisa-tions de jeunesse et les structures de lasociété civile ont un rôle déterminantpour la résolution de ces problèmes.

Jérôme : J’aimerais que ce qui est ditet écrit sur le papier soit vraiment misen pratique. Il y a en effet beaucoup dedéclarations d’intention et peu demoyens sont mis en œuvre pour favo-riser leur application. Il est nécessairede se mettre d’accord sur des valeurs etdes notions communes et ce n’est pastoujours facile. En ce qui concernel’éducation par exemple. On a mis enplace l’harmonisation des cursuseuropéens. Or des unités de valeursont très différentes d’un pays àl’autre. Quelles équivalences trouver ?J’aimerais qu’on multiplie les liens et leséchanges de pratiques dans le secteurde la jeunesse. Au cours de mon expé-rience d’animateur, j’ai rencontré parexemple des animateurs allemands qui

Regards croisés sur l’identité européenne

Barbara, 26 ans, est italienne. Elle est en ce moment stagiaire au BundesJugendwerk, organisation de jeunesse allemande.

Annamaría, 26 ans, est hongroise. Elle finit ses études de géographie et représente la structurede jeunesse hongroise « VeGa » au sein de laquelle elle est animatrice bénévole l’été.Jérôme, 23 ans, est français. Actuellement stagiaire à la Direction Pratiques Educatives de la Fédération des Francas, il est étudiant en Maîtrise d’Information et de CommunicationScientifique et Technique (ICST) à Paris, et militant dans notre Mouvement.

CITOYENS DU MONDE

© D. Lefilleul

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PARTENAIRES

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L’Enfance Joyeuse du Cameroun(EJC)

Dès 1962, une structure d’animations’inspirant des Francas, a été fondéepar un instituteur camerounais ayantparticipé au sein des Francas à unstage de formation de « guides ». Le 11 septembre 1973, les militantscamerounais décident de créer uneassociation autonome : c’est la nais-sance de l’EJC. Objectifs : permettreaux enfants et aux jeunes de réaliserleur plein épanouissement en prolon-geant dans les quartiers, l’action éducative amorcée par l’école, afin de former des citoyens responsablessocialement adaptés et utiles à la société.

Aujourd’hui, l’EJC, présente sur les dix provinces du Cameroun, appuieson action sur un réseau très étendud’enseignants. Plus de 10 000 sontengagés dans les activités périscolaireset plus de 120 000 « pupilles » sontprésents le soir et durant les vacancesscolaires sur les lieux d’animation. L’EJC poursuit son action éducative culturelle et sociale, ainsi que la promotion de la participation de l'enfant à la vie collective.

ActionsC’est en 1989 que les Francas et l’EJCentreprennent la reconstruction du centre national de prévention de la délinquance juvénile. L’objet de ce centre est d’accueillir les jeunesde la province de M’Balmayo.Aujourd’hui, il sert aussi d’étape aux jeunes français participant à desrencontres franco-camerounaises.

Reboisement de la partie septentrionale du CamerounConstitution d’une pépinière de 300 000 pieds, recensement des siteséducatifs (écoles jusqu’au secondaireet structures socio-éducatives), et sensibilisation des populations localessur cette campagne.Des chantiers de jeunes, sous l’égidede la FIEEA (Fédération Internationalepour les Echanges éducatifs d’Enfantset d’Adolescents), ont participé à cette action.

Stage de formation des formateursStage annuel auquel prennent partquelques 200 personnes venant desdix provinces. Cette année encore les Francas y ont pris part, avec la présence d’un délégué dans l’équipe d’encadrement.

Rencontres internationales de jeunesL’EJC maintient de bonnes relationsavec ses partenaires de la FIEEA, en particulier l’Espagne et la France.

■ ContactEJC – BP 6081 – New. Bell , Douala – [email protected] Tél. : 00 237 347 06 08Fax : 00 237 347 06 05

Nancy (17 ans), Nour (17 ans),Zein (21 ans) et Inasse (19 ans)ont vécu début mai leur premiè-re expérience française dans lecadre d’un stage BAFA organisé

par les Francas d’Ile de France. Ces quatrejeunes libanais sont tous animateurs béné-voles pour l’association Hadicaat As Salam,partenaire des Francas à Saïda au sud du pays.

« Nous sommes venus en France pour décou-vrir une autre culture et une autre société. Etpuis, le BAFA n’existe qu’en France ». AuLiban, la formation théorique est beaucoupplus courte et l’apprentissage se fait directe-ment sur le terrain. Le nouvel animateur estchaperonné par un autre animateur plusexpérimenté qui peut même avoir étudié lapédagogie à l’université. La législation estbeaucoup moins stricte mais il existe tout unensemble de règles morales qu’un animateurdoit respecter dans son travail.« Au Liban, le centre d’accueil est ouvert de9h00 à 14h00 pour les enfants de quatre à

treize ans et seulement pendant l’été. Lemercredi est un jour comme un autre. Lesadolescents fréquentent plutôt les clubssportifs. Il n’existe pas de clubs de jeunescomme en France ».Le bilan de cette session BAFA semble trèspositif pour tous. « Nothing is negative! »(Rien de négatif). « Les formateurs se sontmontrés très patients quand nous ne com-

prenions pas et nous avons été très bienintégrés au groupe. En plus, nous allonsrevenir au Liban avec plein de nouvellesméthodes d’animation, de nouveaux jeux(marionnettes, ombres chinoises…) ».

Nancy, Nour, Zein et Inasse aimeraient beau-coup revenir en France pour animer durantun été un groupe d’enfants. En échange, unanimateur français pourrait prendre leurplace à Saïda. Alors, avis aux amateurs !!

■ Propos recueillis par Sonia [email protected]

Se former en France

m’ont fait découvrir leurs propresméthodes d’animation et qui m’ontraconté l’organisation du temps de viedes jeunes dans leur pays. C’était trèsintéressant. Je crois que croiser nosréflexions permettra d’avancer.

Barbara : J’aimerais que ce qui estécrit sur le papier devienne une réalité.Je me rends compte ici que même si jesuis européenne et que j’ai la liberté devoyager et de travailler en Allemagne,ce n’est pas si facile à obtenir dans la

réalité. Je voudrais qu’il n’y ait plusdu tout de discrimination entre lestravailleurs. En fait, ce que je souhaitele plus c’est vivre ma vie d’européenneen Allemagne et pour les mois à veniril faudrait que l’Union Européenneaccepte de soutenir financièrement leprojet international du Bundesjugend-werk dans lequel je me suis investie !!

■ Propos recueillispar Sonia Jouffre

[email protected]

L’Europe est un espace culturellement et géographiquementdéfini. C’est le berceau des cultures

grecque, juive et chrétienne.

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Des Trophée de la robotique

Chaque année un trophée national de la robotique est organisé par E=M6, en partenariat avec PlanèteSciences. Cette année plus de mille jeunes se sont affrontés à Montluçon autour de la construction derobots, de fusées à eau et autres animations scientifiques.

Le but est bien de gagner le trophée, grâce à la réalisation de robots perfectionnés. Ce prix revient le plussouvent aux élèves des grandes écoles, c’est pourquoi des animations et concours parallèles sont organisés afinde toucher les plus jeunes. Cette fois encore, la réalisation de ponts en spaghettis a fait fureur.

Pour la première année les Francas du Puy-de-Dôme appartenaient au collectif chargé de l’organisation légère,autrement dit, ils étaient partenaires pour proposer des animations autour des sciences, notamment dans le« village scientifique. »

Si les membres de l’association ont tant souhaité s’investir dans cette manifestation, c’est pour aider à ladémocratisation de la science. Les visiteurs de tous âges peuvent effectivement tester et expérimenter différentestechniques.

Mais revenons à la construction des ponts spaghettis. Le cahierdes charges est clair : en trois heures maximum, les équipesdoivent parvenir à relier les deux berges d’un pont, distantes d’unmètre, sur le châssis (représentant une vallée) prévu à cet effet.Le matériel est fourni aux participants : deux pistolets à colle, 22bâtons de colle, et 500 g de spaghettis maximum.

Pour toute remarque sur l’utilisation détournée de nourriture, pré-cisons que la grande distribution fournit la quantité nécessairepour le concours, et donne l’équivalent aux Resto du Cœur.

Le défi : construire un pont le plus solide possible au centre. Des répliques du pont de la rivière Kwaï surgissent,d’autres sont inventés de toutes pièces par les participants. Chaque pont est testé sur sa résistance : des chargessuccessives sont posées dessus jusqu’à ce qu’il craque. D’un point de vue plus scientifique les jeunes doivent réfléchir à la construction en elle-même, au plan, à la flexi-bilité des spaghettis, à la solidité des matériaux, sans oublier de penser aux différents renforts nécessairespour gagner en résistance. Sur les neuf équipes inscrites, la victoire est revenue à l’équipe ayant réussi à construire un pont supportant unpoids de 20 kg !

D’autres défis autour de la construction de pont peuvent être lancés. L’utilisation de matériaux tels que desallumettes est un bon moyen de démultiplier cette animation et de la réaliser dans les centres de loisirs… sansutiliser de nourriture. C’est ce que les Francas ont fait suite auconcours. La résistance est telle, qu’aujourd’hui encore le pontest visible dans le centre de loisirs ! Certains se sont même assisdessus, en vain !

Les Francas souhaitaient participer concrètement à la vulgarisa-tion des sciences. C’est en faisant agir les enfants, en leur faisantdécouvrir ce qu’est la science, que l’on peut les sensibiliser et réa-liser avec eux de multiples objets.La présence des Francas au Trophée national sera plus importantel’an prochain… Alors pourquoi ne pas rêver à une victoire ?

Christophe [email protected]

ALLIER

ZOOMS SUR VOUS

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21 le magazine des Francas n° 269

Exposcience

Exposcience 2005 a été organiséeen Bourgogne sur un site parti-culier de Saône-et-Loire : le Centre

Archéologique Européen de Bibracte.Ce choix correspond à une forte volon-té d’inscrire cette manifestation dansun contexte territorial, historique etpatrimonial. Fin mai, ce sont donc 29projets qui ont été exposés : environ-nement, énergie, astrologie, sciencesde la vie et de la Terre, technologie…Ouvert au public, les enfants présentspouvaient aussi participer à diversesanimations ayant pour but d’expliquerles méthodes archéologiques : rencontreavec un animateur spécialisé, ateliers depratique (fouilles, relevés, identificationd’un objet et de ses fonctions…). Unpartenariat avec le musée Rolin (archéo-logie, art médiéval…) a permis d’ac-cueillir des jeunes pour des activitésmêlant les sciences et techniques avecles traditions, le patrimoine, et l’histoi-re locale. Des animations du XXIe sièclesur un lieu occupé il y a 2 000 ans…Francas de Saône-et-Loire47, rue du Concours71 000 MâconTél. : 03 85 38 27 03E-mail : [email protected]

SAÔNE-ET-LOIRE

Tête de Mule

La cinquième édition du festival decinéma pour jeunes publics organiséen France s’est déroulée fin avril à

Saint-Étienne. Cette manifestation est néesuite à un concours organisé par leMinistère de la Jeunesse, des Sports et dela Vie associative sur le thème de la citoyen-neté. Les Francas, le cinéma le France, etd’autres en sont à l’origine. Le but : faciliterl’accès à l’art et à la culture des enfants etdes jeunes. Les spectateurs ont un rôle àjouer : choisir la programmation (filmsd’animation, d’auteurs, de fiction, docu-mentaires, films de patrimoine), animerdes ateliers de programmation, préparer ledéroulement des séances. Durant lesvacances de février, près de 380 enfantset adolescents des centres de loisirs ontpréparé des bandes annonces, des affiches,des jeux, un site Internet, un journal, desémissions de radio, et ont enregistré descritiques sonores. Durant deux semaines,44 séances ont eut lieu, pour 3 600 spec-tateurs.Francas de la Loire71, rue de Terrenoire – BP 31342 015 Saint-Étienne Cedex 2Tél. : 04 77 33 36 84E-mail : [email protected]

LOIRECyber-planète

Allier éducation et utilisation del’outil informatique c’est pos-sible. Depuis le mois d’avril, en

partenariat avec les Francas, le Cyber-Espace propose diverses activités auxenfants et aux jeunes de la ville deJussey. Les membres du Conseil Localde Jeunes âgés de 12 à 16 ans ont uneplage réservée pour leurs projets, lesdemi-pensionnaires de l’école primairede Centre réalisant un journal peuventutiliser le parc informatique, les primairesâgés de 6 à 11 ans fréquentant l’ac-cueil périscolaire bénéficient d’anima-tions pour approfondir leurs connais-sances par rapport aux thèmes abordésdans les centres de loisirs et pour s’ini-tier à l’utilisation de divers logiciels ;enfin les 3-5 ans peuvent manipulerdes logiciels éducatifs de bases. Quantaux adultes, le Cyber-Espace leur resteaccessible comme avant. Un partenariatéducatif d’actualité !Francas de Meurthe-et-Moselle19, rue Camille Desmoulins54510 TomblaineTél. : 03 83 29 37 23E-mail : [email protected]

MEURTHE-ET-MOSELLE

Goûtez !

Dans le cadre d’un programmeannuel mené par les Francas etle parc naturel régional du

Verdon, trois centres de loisirs (Gréoux-les-Bains, Riez, Moustiers Sainte-Marie)développent des projets portant surl’alimentation et les modes de consom-mation. Diverses activités sont propo-sées aux enfants : fabrication de goûtersoriginaux, sorties, réalisation de potager,fête du goût. L’objectif : sensibiliserles enfants, leur faire découvrir de nou-veaux goûts, leur apprendre les tech-niques de fabrication de certains pro-duits (miel, fromage…). C’est par lebiais d’un rallye environnement queles enfants ont, notamment, visité uneferme : fromagerie, bergerie, suivi dutroupeau, découverte les yeux bandésde différents fromages. À la fin, unechasse au trésor a permis le ramassaged’éléments pour la fabrication d’unemaquette de ferme, réalisée les mer-credis suivants. Des journées bien rem-plies, où apprentissage, amusementet dégustation de bons produits de laferme se côtoient !Francas du Var304-308, Avenue de Forbin83100 ToulonTél. : 04 94 61 15 93E-mail : [email protected]

VAR

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sède une valeur. C’est à une révolu-tion de la pensée et de la conceptiondu monde que nous sommes invités :la valeur des choses est jusqu’à aujour-d’hui largement héritée de la fin duXIXe siècle. Est-ce à dire que les mil-liards de messages qui transitent sur leweb n’ont aucune valeur ? Noussommes dans le domaine du virtuel,à l’aube sans doute d’un élargissementdes systèmes de valeurs qu’il nousconvient d’anticiper, d’accompagneret de référer à nos valeurs plus tradi-tionnelles.

Les sites « pour enfants » se décli-nent en trois grandes catégories parordre décroissant d’importance ennombre :• les sites marchands ou pseudo-mar-chands : ils regorgent de publicités,de « bons plans ». Ils apparaissent etdisparaissent très vite pour reparaîtresous un nouveau nom,• les sites d’activités qui proposent desactivités manuelles, des jeux, ou desactivités scolaires (« aide aux devoirs »),• les sites institutionnels : les minis-tères et quelques institutions ont misdes sites en ligne, essentiellement tour-nés vers les métiers ou la préventiondes risques.

Les éducateurs posent souvent laquestion des sites « interdits ». Que cesoit dans le domaine de la pornogra-phie, des sectes ou de l’extrémisme,aucun filtre n’empêchera un jour unenfant ou un jeune de tomber sur unsite choquant ; le rôle de l’éducateur sesitue donc en amont. Discuter, criti-quer, analyser des sites et leurs méca-nismes automatiques (pop-up ou publi-cité clandestine) permettra à un jeune,le jour venu, de mesurer la distanceentre ce qu’il voit, ce qu’il sait, ce qu’il

L’Internet est un moyende communication dontils bannissent le mail (çafait adulte) au profit deséchanges instantanés(tchat, jeux en réseau)

ou légèrement différés (blogs ou sms).L’objectif est d’élargir son réseau d’in-terlocuteurs dans un but pas toujourstrès précis : sortir de sa solitude etexister pour d’autres ou au contraires’enrichir de contacts nouveaux ?

Conseiller des sites aux animateursc’est les aiguiller vers une piste peuintéressante car les jeunes n’utilisentque ponctuellement le Web commeun outil de recherche de savoirs nou-veaux. Mais c’est l’occasion de mettreen oeuvre des activités dans le cadredes valeurs défendues par les Francas(humanisme, solidarité…). Mais sont-elles compatibles avec le piratage delogiciels, l’échange de musiques... ?Non, et c’est tout l’enjeu éducatif desactivités d’Internet. Au-delà de cesvaleurs « traditionnelles », il faut incul-quer aux jeunes le poids information-nel des messages sur le web. Bien quevirtuelle et parfois de courte durée devie, chaque information diffusée pos-

WEB TOUR

devrait faire. C’est là qu’il éprouvera lesvaleurs que l’animateur, la famille oul’école aura tenté de transmettre.

L’inquiétude et la responsabilité deséducateurs devraient plus se portervers ce que pratiquent les jeunes (letchat...) que vers ce qu’ils imaginentqu’ils pratiquent. Dépasser ses appré-hensions de parler en groupe en tcha-tant avec n’importe qui dont on neconnaît rien est potentiellement plusdangereux que de tomber sur un siteporno quand les contenus publicitairesquotidiens ont déjà bien préparé leterrain !

Pour une initiation à la responsabi-lité du surf sur Internet, on peut visiteravec un groupe d’enfants ou de jeunes :• le site de la CNIL – CommissionNationale de l’Informatique et desLibertés(http://www.cnil.fr/index.php?id=19) : « comment vous êtes pistéssur Internet ? »• les précautions sur Internet :http://www.momes.net/informa-tions.html• un site pour enfants :http://www.sitespourenfants.com/• des sites tout public pour analyser lapertinence et la fiabilité de l’informa-tion dans le domaine, par exemple, dela météo. En faisant des copies d’écranpour le même jour et la même heurepour la France, on peut ensuite com-parer (http://www.meteofrance.com,http://meteo.voila.fr/, http://meteo.pre-vimeteo.com/).

On peut faire le même genre decomparaison avec la recherche d’unmot ou d’une expression sur unmoteur de recherche (http://www.voi-la.fr/, http://www.recherche-web.com/,http://www.nomade.tiscali.fr/...)

Les enjeux éducatifs sont de don-ner des clés de lecture et d'utilisation envue d’un usage ultérieur tourné nonpas vers soi (égoïsme) mais vers lesautres (citoyenneté). Si les sites webà vocation éducative n’existent pas,l’attitude éducative de l’animateurexiste, elle, à propos de la plupart dessites visités.

■ Maurice Corondanimateur de la commission

cyberfrancas Rhô[email protected]

Des sites web à vocation éducative, ça existe ?

En discutant avec des groupes d’enfants ou d’adolescents,on découvre que leur utilisation d’Internet se démarquecomplètement de celle des adultes. Un sondage Ipsosréalisé pour MSN (messagerie instantanée de Microsoft),corrobore ces observations en indiquant que le Web est désormais le média « préféré » des 15-25 ans, devant la télévision puis le cinéma.

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C’EST À VOUS

23 le magazine des Francas n° 269

L’éducation, cela ne se fait pasqu’à l’école ou dans la famil-le. Pour être animateur, il fautnon seulement être capable

de s’occuper d’enfants et de jeunes,mais aussi et surtout il faut être pas-sionné. Dans leur quotidien, les Francasprônent certaines valeurs, comme lalaïcité, le respect des autres, le partage…

De jeunes animateurs de la régiondes Pays de la Loire nous livrent leursremarques et leurs impressions quantà leur rôle au sein des structures deloisirs.

Cléa explique que son métier elle l’achoisi et elle l’aime. Beaucoup débu-tent… beaucoup abandonnent aprèsquelques années de pratique. Ceux quirestent sont des passionnés : « Il fauts’investir, sinon, ce n’est pas la peine.C’est un véritable engagement de tousles jours ». Hervé est du même avis :« On s’enrichit tous les jours. C’est unéchange entre animateurs et enfants ».

La richesse de ces échanges estbénéfique pour les enfants : « Ils arri-vent différents mais repartent avec lesmêmes acquis. Nos centres sont iden-tiques pour tous », ajoute Hervé. EtThomas de compléter : « Tout le mon-de est mis à la même enseigne, ondéfend une éducation populaire ».

Travailler en centre de loisirs c’estaussi être confronté à la rencontre avec

Animer c’est s’engager

d’autres milieux socioprofessionnels,d’autres conditions familiales, d’autrescultures. La mixité sociale est impor-tante et enrichissante pour les enfantscomme pour les animateurs. Même siparfois certaines situations sont com-plexes, la motivation reste. Jérémydénonce un des problèmes, sans pourautant le stigmatiser ; cela fait partie dumétier : « On encadre une populationrelativement favorisée. On a parfoisquelques difficultés avec les gens duvoyage. Ces enfants ne sont pas édu-qués comme les sédentaires. Ils ont dumal à se plier aux règles. De plus ils ontun vocabulaire très argotique qui peutcréer involontairement des tensions. »Un regret ? « Ne pas pouvoir travaillersur la longueur avec ces enfants de laroute ».

Les structures pour lesquelles ils tra-vaillent sont toutes laïques ; c’est undes points clés des Francas. Jérémycontinue : « On n’a jamais eu de fillesvoilées. Les seuls petits ennuis qu’ona, liés à la religion, c’est de bien faireattention aux menus, mais c’est undétail. C’est pareil pour les végétariensou les personnes allergiques ».

Le mot de la fin, repris unanime-ment : « On milite pour la place del’enfant, pour une meilleure qualitéde vie, pour la solidarité et l’égalité ».Tout est dit… ■

Valérie DEVERT-PREAU, adjoint au responsable de l’actionéducative chargé de la pédagogie(Paris 15ème) nous livre ses impressions sur le dossier culture(Camaraderie n°268).

«Ce dossier est arrivé à « pic ».Nous étions en pleineréflexion sur la notion deprojet culturel, processus

de mise en place, place de l’enfant,de l’adulte et du centre de loisirs dansla culture… Sa lecture a été intéres-sante, structurante, rassurante. Celanous a permis d’ouvrir des pistes deréflexions et des axes de travail.

L’article de fond apporte une visionglobale, pose le cadre, explique etdésacralise le concept de « culture »en le clarifiant. Il montre de façonsimple comment on peut y entrer.Les différents témoignages viennentensuite étayer ces propos par desexemples concrets, mettant en avantla diversité des actions et l’accessibilitéd’un tel sujet.

Ce qui me semble primordial dansdes projets culturels c’est l’importancedu lien éducatif qui va se tisser entre lesenfants et les adultes. Se cultiver c’estdécouvrir, admirer, se familiariser avecles choses de la vie et le centre deloisirs répond à tout cela ». ■

Les lecteurs de Camaraderiesont variés : jeunes, animateurs,directeurs de centre de loisirs,mais aussi professionnels travaillant dans le domaine des loisirs pour les enfants. Ces témoignages le prouvent…

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e suis issue d’un famille d’instituteurstraditionnels, type IIIe République.Alors pour expliquer mon parcoursdans ce que l’on appelle le secteuréducatif, il faut un peu de temps !Mon premier contact avec le mondeéducatif s’est fait quand j’étais jeune,

avec l’éducation active et de loisirs. J’ai fait unstage au sein des Céméa (Centre d’Entraînementaux Méthodes Educatives et Actives) puis je suisdevenue instructrice pour eux. En parallèle je pas-sais mon agrégation de philosophie. J’ai eu diversexpériences en tant que monitrice dans ce quis’appelait avant les colonies, aujourd’hui lescentres de vacances. Ma fascination pour l’éduca-tion des adultes et tous ces moments passés avecles enfants, m’ont poussé à étudier la philosophiede l’éducation et à prendre la direction de l’écolenormale.

Après avoir été professeur agrégé de philoso-phie, je suis devenue directrice à l’Ecole Normalede Coutances, tout en continuant à diriger descolonies de vacances et à faire des formations auxCéméa. J’ai également été inspectrice pédago-gique régionale. Je suis entrée en contact avec lesFrancas par le biais d’une intervention, renouveléeensuite régulièrement, sur le jeu et la conduitemotrice.

C’est par les Francas que je me suis attelée àun projet très important à mes yeux : lesécoles ouvertes*. C’est une conception de l’édu-cation très Francas, d’associer l’école et les tempsde loisirs pour les enfants. Personnellement j’ai par-ticipé à la création de trois écoles de ce genre nou-veau. J’ai beaucoup travaillé sur la conception etl’élaboration de notions théoriques et la concréti-sation des écoles ouvertes.

Education et droits et des enfants

J’ai aussi eu l’occasion d’intervenir surdes sessions ayant pour thème les droitsdes enfants. C’est quelque chose qui metient à coeur et j’estime que cela doit fairepartie des préoccupations de toute personne

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travaillant dans l’éducation. J’ai toujours réfléchieet travaillé sur les Droits de l’Homme et desenfants. Nous avons déjà réalisé des progrès maisil reste beaucoup à faire. C’est encore un de messoucis actuels et un cheval de bataille. J’appartiensaujourd’hui au Conseil scientifique des Francas.Nous étudions cette question des Droits del’Homme et son application dans l’éducation.

Je suis désormais à la retraite mais je participetoujours activement à des manifestations touchantde près ou de loin à l’éducation. J’ai par exempleprésidé la décennie des Nations Unies pour lesDroits de l’Homme.

Je constate aujourd’hui la réapparition desécoles dites traditionnelles dans ce qu’elles ont deplus régressif. Pour donner un exemple je citeraisla suppression des travaux personnels, des projetset de la pédagogie allant avec. C’est gravissime carcela baisse la considération que les professeursportent à l’élève en tant que sujet apprenant. C’estce genre d’omission qui fait que le système éduca-tif ne va pas bien aujourd’hui. Les élèves ne sontplus vus dans leur globalité, en tant que sujet dedroit et pensant. Tout le côté actif de l’éducations’envole.

Les loisirs sont encore le seul endroit où l’onpeut faire valoir les Droits de l’Homme et desenfants, en les laissant participer et en appliquantles pédagogies de projets actifs.

Depuis que j’ai 18 ans je me suis engagée pouret dans l’Education. Quand quelqu’un s’engagevraiment dans son travail, qui est, en plus, une pro-fession de l’éducation, la limite est dure à trouver.L’éducation fait partie intégrante de la vie. Ellevient de l’extérieur mais aussi de l’intérieur.Aujourd’hui encore les questions tournant

autour de l’éducation m’intéressent et m’ap-portent beaucoup ».

■ Propos recueillis par NadiaAstruc

* école ouverte à l’action concertéedes coéducateurs

, Inspectrice générale de l’Education Nationale,

Francine Best a consacré toute sa vie à l’éducation.

Son parcours dans ce domaine est varié et important.

Elle dit elle-même ne pas savoirfaire le partage entre sa vie

personnelle et professionnelle.Camaraderie

l’a interviewé pour vous.