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Juillet-Août 2012 N°6 VIEILLISSEMENT ET LONGÉVITÉ AVEC LE CONCOURS DE HÉLÈNE XUAN BRIGITTE DORMONT ROMÉO FONTAINE CHRISTINE CHEVALIER STÉPHANE LOISEL NICOLE EL KAROUI Cahiers de l’ILB Les

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  • Juillet-Aot 2012

    N6Vieillissement et longVit

    Avec le concours de

    Hlne XuAnBrigitte dormontromo FontAine

    cHristine cHevAlierstpHAne loiselnicole el KAroui

    Cahiers de lILBLes

  • LES CAHIERS DE LILB 32 LES CAHIERS DE LILB

    La longvit : un atout ?COMMENT CONSOLIDER SES GAINS DE LONGVIT ?

    Par Hlne Xuan

    La croissance des dpenses de sant : dterminants et finalitsQUELLE PART DES DPENSES ALLOUER LA SANT ?

    Par Brigitte Dormont

    Soutien familial aux personnes ges dpendantesCOMMENT PRENDRE EN COMPTE LES COTS IMPLICITES ?

    Par Romo Fontaine

    Dterminants de linassurabilit du risque de longvit et march de la rente viagreCOMMENT SE COUVRIR CONTRE LE RISQUE DE LONGEVITE ?

    Par Christine Chevallier

    Assumer le risque de longvit : modles et enjeuxQUI POUR ASSUMER UN RISQUE DE LONGVIT CROISSANT ?

    Par Stphane Loisel

    Un produit innovant pour transfrer les risques financiers des assureursCOMMENT RPARTIR LES RISQUES FINANCIERS LIS AU VIEILLISSEMENT DE LA

    POPULATION ?

    Par Nicole El Karoui

    PUBLICATION DE LINSTITUT LOUIS BACHELIERPalais Brongniart28 place de la Bourse - 75002 PARISTl. 01 73 01 93 25www.institutlouisbachelier.orgwww.finXchange.org

    DIRECTEUR DE LA PUBLICATIONJean-Michel Beacco

    RDACTRICE EN CHEFIsaure du Fretay

    CHEFS DE PROJETCyril ArmangeLoc Herpin

    [email protected]@institutlouisbachelier.org

    CONTRIBUTEURS Chaire Transitions Dmographiques, Transitions conomiques Chaire Sant Chaire Drivs du Futur

    CONCEPTION GRAPHIQUE, COUVERTURE ET RALISATIONLa Cote Bleue10-12 place Vendme - 75001 ParisTl. 01 44 76 85 85www.lacotebleue.fr

    IMPRIMEURKava42, rue Danton - 94270 Le Kremlin-BictreTl. 06 14 32 96 87

    Juillet-Aot 2012

    N6Vieillissement et longVit

    Avec le concours de

    Hlne XuAnBrigitte dormontromo FontAine

    cHristine cHevAlierstpHAne loiselnicole el KAroui

    Cahiers de lILBLes

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    SOMMAIRE

    Avec le soutien de la chaire Transitions Dmographiques, Transitions conomiques

    Et ses partenaires : Universit Paris-Dauphine, ENSAE ParisTech, CNP Assurances

    et Malakoff Mdric

    Avec le soutien de la chaire Sant

    Et ses partenaires : Universit Paris-Dauphine, ENSAE ParisTech et MGEN

    Avec le soutien de la chaire Sant

    Et ses partenaires : Universit Paris-Dauphine, ENSAE ParisTech et MGEN

    Avec le soutien de la chaire Transitions Dmographiques, Transitions conomiques

    Et ses partenaires : Universit Paris-Dauphine, ENSAE ParisTech, CNP Assurances

    et Malakoff Mdric

    Avec le soutien de la chaire Drivs du Futur

    Et ses partenaires : Ecole polytechnique et Fdration Bancaire Franaise (FBF)

    Avec le soutien de la chaire Drivs du Futur

    Et ses partenaires: Ecole polytechnique et Fdration Bancaire Franaise (FBF)

    INSTITUT LOUIS BACHELIERCENTRE DINNOVATION FINANCIERE

    Cration dquipes scientifiques dexcellence

    LInstitut Louis Bachelier (ILB) est un Laboratoire dExcellence en rseau qui mobilise plus de 200 chercheurs uvrant dans diffrentes disciplines telles que les mathmatiques, lconomie et la gestion appliques la finance. Titulaires des chaires de recherche de lILB, ils produisent des travaux scientifiques de premier plan et publient dans les meilleures revues.

    Cration de programmes de recherche en lien direct avec lindustrie financire : 32 chaires et initiatives de recherche ont t cres sous lgide de lInstitut Europlace de Finance (EIF) et de la Fondation du Risque (FDR) depuis 2007.

    Gestion et montage de projets R&D innovants en collaboration avec le Ple Finance Innovation.

    Contribution et soutien lmergence de nouvelles formations aux niveaux licence, master et doctorat en phase avec les besoins de la Place de Paris.

    Coopration avec des universits et centres de recherche franais, europens, amricains et asiatiques.

    Espace de rflexion et de dbats lchelle europenne

    LInstitut Louis Bachelier constitue un lieu de rencontre et de mise en relation unique destin favoriser les interactions entre le monde de la recherche et les acteurs conomiques.

    Financial International Risks Forum : cette manifestation annuelle a pour objectif de prsenter les meilleurs travaux de recherche internationaux et de dialoguer, par le biais de dbats et de tables rondes, sur les proccupations des acteurs conomiques.

    Les Semestres Thmatiques : organiss sous forme de confrences, de sminaires et de cours, les semestres thmatiques visent favoriser les changes entre acadmiques et professionnels sur une problmatique commune.

    Les Ateliers Thmatiques : rpondent la volont de confronter les chaires de recherche un questionnement de la profession.

    Les Matinales Scientifiques : ont pour objet de faire le point sur les derniers dveloppements de la recherche en finance travers les projets de recherche soutenus par lInstitut Europlace de Finance.

    Promouvoir, partager et diffuserla recherche en finance

    www.institutlouisbachelier.org

    Valorisation de la recherche

    LInstitut Louis Bachelier vise assurer la diffusion la plus large et la plus efficace des rsultats issus de ses programmes de recherche auprs notamment des autorits de rgulation franaises et europennes.

    Revue trimestrielle Les Cahiers de lILB qui prsente des travaux de recherche issus de ses chaires et initiatives de recherche dans un langage accessible un large public.

    Publication darticles de recherche, de white papers et de policy/position papers dans des revues telles que Bank Market Investors (BMI), Risques et Banque

    Portail de la Recherche en Finance en partenariat avec lAGEFI

    Rseau de la communaut de recherche en financewww.FinXchange.org

    DITOPrincipal moteur du vieillissement contemporain, sous le double effet de laugmentation de lesprance de vie et du choc de natalit de laprs-guerre, la longvit a des cons-quences socio-conomiques impor-tantes. Elle oblige repenser les temps de vie, redessiner les politiques publiques pour prendre en compte la capacit des jeunes gnrations ainsi que celle des sniors contribuer au systme conomique et financer la dette sociale.

    A rgles inchanges de financement, les projections des d-penses de protection sociale, en matire de retraite et de sant, font apparatre un besoin de financement de 4,4 % de PIB lho-rizon 2050. Aujourdhui, dfaut de croissance, nous sommes contraints de trouver dautres sources de financement pour cou-vrir notre priode de vieillesse.

    La famille et le march sont aussi des acteurs de la solidarit qui auront une place dautant plus importante que la dette publique, y compris sociale, devra tre limite. Les innovations financires proposes devraient permettre aux assureurs de prendre en charge le risque de longvit en dissociant le risque de taux din-trt de celui de lesprance de vie. Du ct des familles, la valo-risation des aides en temps devrait leur donner une visibilit et faciliter la mise en uvre dune politique publique adapte.

    De grandes incertitudes demeurent sur lvolution de lesp-rance de vie, notamment sur le rle de lenvironnement (profes-sionnel, familial, etc.), sur limpact des dpenses de sant et de protection sociale. Nous savons que travailler plus longtemps retarde lapparition des maladies dgnratives mais nous ne pouvons encore rien dire sur le niveau optimal des dpenses de sant, ni sur lorganisation pertinente des niveaux de solidarits (tat, famille, march).

    Nos chances de vivre un sicle nous obligent repenser la so-cit sous langle des relations intergnrationnelles.

    Hlne Xuan

    FONDATIONS DE RECHERCHE PARTENAIRES :

    Retrouvez linterview dHlne Xuan en vido sur www.finXchange.org

    Vido

    http://www.institutlouisbachelier.orghttp://www.finxchange.orgmailto:cyril.armange%40institutlouisbachelier.org?subject=mailto:loic.herpin%40institutlouisbachelier.org?subject=http://www.lacotebleue.frhttp://www.institutlouisbachelier.orghttp://www.institutlouisbachelier.orghttp://www.finxchange.orghttp://www.finxchange.org

  • 4 LES CAHIERS DE LILB LES CAHIERS DE LILB 5

    Les sniors sont de plus en plus nom-breux les plus de 60 ans seraient au nombre de 2 milliards sur la plante dici 2050 et ce sont eux qui concentrent le patrimoine financier et immobilier. Une vision trs gnrale qui masque de nombreux enjeux. Louverture co-nomique a augment lesprance de vie mais elle a accentu les ingalits entre les classes sociales. La fiscalit et la redistribution ont un rle impor-tant jouer. A titre dexemple, dans les pays o louverture conomique a cr des ingalits importantes, la mise en place dun systme de protection so-ciale permettrait de rduire de 20 % les taux de mortalit infantile.

    La vision de lconomiste : le cot de la vieillesse

    Le vieillissement dmographique gnrerait une perte de 0,5 point de

    croissance par an entre 2010 et 2060. Une prvision qui ne doit pas aboutir des conclusions trop htives. A titre de comparaison, a t tudi le sc-nario sans longvit supplmentaire. Dans un tel cas de figure, les caisses de protection sociale redeviendraient progressivement excdentaires mais les individus ne seraient pas beaucoup plus riches. Aujourdhui, le niveau de vie moyen de lensemble des retrai-ts est suprieur celui des actifs. Un constat encore plus vident, si on intgre les revenus du patrimoine et la dtention du logement. Mais com-ment vivront nos jeunes actifs lorsquils arriveront la retraite ? La rforme de 1993 prive partiellement les retraits des fruits de la croissance cono-mique. Une rforme que subiront de plein fouet, lhorizon 2030-2050, les gnrations de chmage de masse entres sur le march du travail entre

    Hlne Xuan

    Hlne Xuan est la directrice scientifique de la chaire Transi-tions Dmographiques, Transitions conomiques. Elle est titulaire dun doctorat en sciences conomiques qui a port sur le vieillissement dmographique et la croissance. Elle a collabor avec Yazid Sabeg dans le cadre du plan Borloo pour la dsgrgation des quartiers au sein du Comit dvaluation et de Suivi de lANRU (Agence Nationale pour la Rnovation Urbaine). Elle a ensuite travaill lACAM (Auto-rit de contrle des assurances et des mutuelles) avant de rejoindre le cabinet de Yazid Sabeg, nomm Commissaire la Diversit et lga-lit des Chances en dcembre 2008, en tant que conseillre.

    La longvit : un atout ?

    COMMENT CONSOLIDER SES GAINS DE LONGVIT ?

    Daprs un entretien avec Hlne Xuan et son article La longvit : un atout ?.

    BIOGRAPHIE

    Lallongement de lesprance de vie conduit naturellement repenser le systme de redistribution existant. Mais, comment analyser les mcanismes actuels, en prenant en compte les perspectives dmographiques et socitales ? Quel regard porter sur les problmatiques existantes ? Pour Hlne Xuan, il est ncessaire dtudier la longvit en tant que systme intergnrationnel pour conserver les gains acquis. Toute rforme est globale. Elle affecte aussi bien les sniors que les jeunes actifs.

    les annes 1980 et 2000. Elles sont dautant plus fragilises quelles ont eu un accs difficile la proprit dans un contexte daggravation des ingalits socio-conomiques.Par ailleurs, contrairement aux ides reues, limmigration serait neutre, voire lgrement positive pour les comptes de la scurit sociale.

    La vision du politique : le prix de la lon-gvit

    Les ingalits entre des ans qui ont bnfici de la croissance, de la retraite et accumul du patrimoine et une jeunesse pour qui tout est conditionn aux rformes qui seront menes fragilisent le sys-tme de protection sociale. Il est donc essentiel de le rformer. Le systme franais doit tre le fruit dun vritable jeu dquilibriste entre les solidarits familiales et les politiques publiques. Toutefois, la rvolution de la longvit na pas encore transform la socit franaise. Aujourdhui, nous passons un tiers de notre vie (hors priode dducation) en retraite et les deux tiers en activit. Ce sont ces derniers qui financent nos revenus de vieillesse. Ce partage du temps permet de calculer simplement le taux de prlvement n-cessaire au maintien du mme niveau de vie durant une vie entire. De fait, un gain de longvit devrait entraner une augmentation du taux de prlve-ment et un prolongement de la dure dactivit. Dans un systme idal, cha-

    cun choisirait de partir la retraite quand il le voudrait mais serait incit partir plus tard, grce un systme de dcote-surcote. Une configuration qui viterait dimposer un ge lgal et uniforme de dpart en retraite.Autre ressource financire possible tant donn la concentration du patri-moine aux mains des ans, le viager qui pourrait constituer une solution pour tous ceux qui souhaitent rester chez eux durant leur retraite et avoir un complment de revenu garanti. Et pourtant, malgr ces avantages, il a du mal se dvelopper. Pour favo-

    riser ces tracta-tions intergnra-tionnelles, lEtat pourrait fournir un coup de pouce, en incitant la trans-mission prcoce.

    Taxer plus fortement les hritages que les donations permettrait une circula-tion plus rapide des patrimoines entre gnrations.

    De limportance de la prvention

    Linvestissement en prvention pour-rait retarder larrive des pathologies. La prvention ne serait plus seule-ment un cot mais aussi le moyen par lequel lindividu amliore son tat de sant et contribue activement finan-cer lassurance maladie. Il faudrait donc repenser le systme de carrire et profiter des annes de travail pour modifier les comportements des indivi-dus (meilleure alimentation, diminution du stress). Lentreprise pourrait tre lacteur principal de la prvention en matire de bien vieillir.

    Les dix annes supplmentaires en bonne sant sont le fruit de plus dun sicle de gain sur la mortalit quil sagit de consolider pour les gnrations futures en leur garan-tissant des niveaux de vie suffi-sants.

    La retraite par point ou le systme de surcote-dcote autorise la re-traite choisie et vite dimposer un ge lgal et uniforme de dpart en retraite.

    Le faible dveloppement du mar-ch du viager ncessiterait une forte taxation des hritages ou un coup de pouce fiscal de lEtat pour inciter la transmission prcoce.

    Lentreprise doit retrouver sa place en tant quacteur de la protection sociale.

    La longvit : un atout ? est issu dune synthse de divers articles scientifiques et conomiques. Lobjectif est de porter un regard intergnrationnel sur la problmatique du vieillissement. Cette contribution fait largement rfrence aux travaux des chercheurs de la chaire Transitions Dmographiques, Transitions conomiques, dont ceux dAndr Masson, chercheur associ de cette chaire. Pour tous les contributeurs de ltude, les transitions conomiques permettent une meilleure comprhension des mcanismes du vieillissement et de son impact socio-conomique. Enfin, Hlne Xuan sappuie galement, dans cet article, sur les dbats organiss lors deux derniers forums annuels Les socits vieillissantes sont-elles condamnes ? (2010) et Vieillissement et Perspectives de croissance (2011).

    MTHODOLOGIE

    Vivre un sicle, H. Xuan, Ed. Des-cartes, 2011.

    Vivre et travailler plus longtemps, J.-O. Hairault, Ed. Descartes, pa-ratre en 2012.

    Rajeunissement et vieillissement de la France, une politique pour la jeunesse, J.-H. Lorenzi, J. Pelletau et A. Villemeur, Ed. Descartes, 2012.

    Limmigration cote cher la France, quen pensent les cono-mistes ?, X. Chojnicki et L. Ragot, Ed. Les Echos-Eyrolles, 2012

    Des liens et des transferts entre g-nrations, A. Masson, Ed. EHESS, 2009

    La longvit doit tre analyse avec une vision globale, intergnrationnelle.

    La retraite des sniors appartient la jeunesse. Elle est la contrepartie dun investissement en ducation, formation

    La rforme de 1993 a fragilis les nouvelles gnrations qui arriveront la retraite au cours des prochaines dcennies.

    Lentreprise est le lieu idal pour sensibiliser les salaris au mieux vieillir et prvenir lapparition des maladies chroniques.

    RETENIR

    Pour allerplus loin...

    Recommandations

    il est essentiel de rformer le systme de protection sociale

    @Retrouvez larticle de Hlne Xuansur www.finXchange.org

    http://www.finxchange.org

  • LES CAHIERS DE LILB 76 LES CAHIERS DE LILB

    Depuis le milieu du XXe sicle, les co-nomies dveloppes connaissent deux tendances : un formidable accroisse-ment de la longvit et une augmentation continuelle de la part du produit intrieur brut consacre aux dpenses de sant.

    Les sources de la croissance des d-penses de sant

    Contrairement une opinion rpandue, le vieillissement ne joue quun rle mi-neur dans la croissance des dpenses de sant. Certes, chaque individu voit ses dpenses de sant augmenter lorsquil vieillit. Mais les changements les plus importants sont dus au fait que les dpenses individuelles de sant aug-mentent dans le temps, ge et mala-die donns. En 2009, par exemple, un homme de 50 ans affect dun diabte

    dpense beaucoup plus pour sa sant que le mme quinquagnaire diabtique ne dpensait en 2000. Ce mouvement est sans rapport avec le vieillissement de la population. Il rsulte de la dynamique du progrs mdical : de nouvelles pro-cdures apparaissent continuellement, qui induisent des changements dans les pratiques mdicales. Comment valuer linfluence de ces progrs sur la croissance future des dpenses de sant ? On peut supposer une croissance des dpenses de sant suprieure de 1 point celle du revenu, rythme conforme celui observ dans les dernires dcennies ou alors une acclration du progrs technique mdi-cal. Dans ces deux hypothses, la part des dpenses de sant dans le Produit Intrieur Brut devrait sensiblement pro-gresser dans lavenir.

    La croissance des dpenses de sant : dterminants et finalitsQUELLE PART DES DPENSES ALLOUER LA SANT ?

    Daprs un entretien avec Brigitte Dormont et son ouvrage Les dpenses de sant. Une augmentation salutaire ?

    Les dpenses de sant sont, dordinaire, abordes sous langle de leur financement, avec la perspective de sacrifices consentir. Leur croissance est, demble, considre comme insoutenable. Implicitement, elles sont conues comme un cot comprimer. Pour Brigitte Dormont, une telle approche confond deux proccupations pourtant bien distinctes : celle de lefficience de la dpense de sant et celle de son niveau optimal. La question du niveau optimal des dpenses reste entire : quelle proportion de ressources voulons-nous consacrer notre consommation de soins ?

    Ainsi, nous devrions consacrer une part toujours plus importante de notre richesse aux soins mdicaux. Lavenir est-il sombre pour autant ? Une erreur courante consiste penser que des privations devraient en dcouler. Cette crainte est infonde. Certes, une part plus importante du PIB sera dvolue la sant. Mais celui-ci augmente conti-nuellement. Dans toutes les hypothses, la consommation des mnages en ex-cluant les dpenses de sant devrait au moins doubler lhorizon 2050. Le surcrot de dpenses de sant prvu est donc soutenable, cela ne fait gure de doute.

    Cette croissance est-elle souhaitable ?

    Que ces dpenses puissent tre finan-ces ne signifie pas quune telle vo-lution est souhaitable. Certains dentre nous peuvent prfrer consacrer leurs ressources des dpenses person-nelles plutt que de les verser dans un pot commun pour financer des soins mdicaux plus performants. Certains peuvent aussi accepter que leurs res-sources aillent des dpenses dci-des collectivement, mais prfrer quelles portent sur la protection de len-vironnement ou lducation plutt que la sant.En France, le financement de la d-pense de sant est en grande partie socialis : les arbitrages sont rendus par des instances publiques ou pari-taires censes agir au nom des assurs sociaux. Se demander si la croissance des dpenses de sant est souhaitable, cest se demander si les dcisions ac-tuellement prises sont conformes nos prfrences.

    Dpensons-nous trop ou pas assez pour la sant ?

    Selon une tude ralise par Kevin Murphy et Robert Topel, aux Etats-Unis, entre 1970 et 2000, les gains en sant et en longvit auraient ajout chaque anne la richesse du pays une valeur gale environ 32 % du PIB ! Lapport annuel des dpenses de sant serait ainsi trs suprieur leur cot, qui est de 15 % du PIB aux Etats-Unis en 2000. Cet cart suggre que les dpenses de sant dans ce pays seraient infrieures leur valeur optimale du point de vue des prfrences de la socit.Dans lapproche de Brigitte Dormont, la sant est considre comme source de bien-tre et non comme facteur de pro-ductivit et de croissance. Tout un argu-mentaire peut tre dvelopp pour faire valoir que la sant est aussi un secteur productif crateur demplois et source de croissance. Il y a des bnfices induits favoriser les dpenses de sant. Mais ils ne suffisent pas les justifier. Pour lco-nomie du bien-tre, une activit produc-tive est lgitime, non par les emplois quelle contribue crer, mais par le fait quelle satisfait une demande. Il ne faut pas occulter lessentiel : la finalit des dpenses de sant, cest daugmenter la longvit et damliorer la qualit de la vie. Grce aux innovations mdicales, nous vivons plus longtemps et en meilleure sant. valus en units montaires, les gains en bien-tre obtenus en contre-partie de ces dpenses semblent gigan-tesques. Certes, des gains defficacit sont souhaitables. Mais il est urgent dor-ganiser en France un dbat dmocratique sur le niveau de leffort consenti en faveur de la sant.

    Pour analyser la croissance des d-penses de sant, il est essentiel de ne pas confondre efficience et niveau optimal.

    Il faut valuer, en units montaires, la valeur de la sant obtenue en contrepartie des dpenses.

    Privilgier le secteur de la sant en tant que secteur productif suppose dinvoquer des caractristiques qui ne lui sont pas spcifiques.

    Il est urgent dorganiser, en France, un dbat dmocratique sur le niveau de leffort consenti en faveur de la sant.

    Recommandations

    Les dpenses de sant. Une aug-mentation salutaire ?, B. Dormont, Ed. Rue dUlm, 2011.

    Une version de louvrage est tl-chargeable gratuitement sur Inter-net : http://www.cepremap.ens.fr/depot/opus/OPUS15.pdf

    Health expenditure growth: reas-sessing the threat of ageing, B. Dormont, M. Grignon and H. Huber, Health Economics, Vol. 15, # 9, 947-963, 2006.

    B. Dormont, J. Oliveira Martins, F. Pelgrin, M. Suhrcke, Health expen-ditures, longevity and growth, in Ageing, Health and Productivity, Oxford University Press, 2010.

    Murphy, K. and R. H. Topel (2006), The value of Life and Longevity, Journal of Political Economy, 2006, Vol. 114, n5, p. 871-904.

    Pour allerplus loin...

    Le vieillissement ne joue quun rle mineur dans la croissance des dpenses de sant.

    La diffusion des nouveaux traitements conduit une hausse des cots de la sant.

    Le concept utilis pour mesurer la valeur des gains en sant et en longvit est appel valeur statistique de la vie.

    La sant ne doit pas tre uniquement considre comme un facteur de pro-ductivit et de croissance mais galement comme une source de bien-tre.

    La finalit des dpenses de sant est daugmenter la longvit et damliorer la qualit de vie.

    RETENIR

    @Retrouvez larticle de Brigitte Dormontsur www.finXchange.org

    Brigitte Dormont

    Brigitte Dormont est professeur dconomie Paris Sciences et Lettres (PSL) et luniversit Paris-Dauphine.Elle est titulaire de la chaire Sant de la Fondation du Risque et co-directrice du programme Economie publique et redistribution au CEPREMAP. Ses recherches se concentrent sur les politiques publiques en matire de rgulation du systme de sant, avec des valuations empiriques ralises sur donnes micro-conomiques. Ses publications portent sur la rgulation de la mdecine ambulatoire, la rforme de la tarification hospitalire, le rle du vieillissement dmographique dans la croissance et la concurrence en assurance maladie. Elle a rcemment publi Les dpenses de sant. Une augmentation salutaire ? aux Editions Rue dUlm (2009).http://www.cepremap.ens.fr/depot/opus/OPUS15.pdfBrigitte Dormont participe aussi en tant que personnalit qualifie diffrentes commissions et conseils scientifiques, dont le Haut Conseil pour lAvenir de lAssurance Mala-die, la Commission des comptes de la sant et le Comit dexperts de lInstitut des donnes de sant. Page personnelle : http://www.brigitte-dormont.fr/Site de la chaire sant :http://www.chairesante.dauphine.fr

    BIOGRAPHIE

    En collaboration avec Hlne Huber et Michel Grignon, Brigitte Dormont a montr, grce une analyse de microsimulation ralise sur des chantillons reprsentatifs des assurs sociaux franais, que les changements de pratiques influencent massivement la croissance des dpenses de sant, le vieillissement de la population ne jouant quun rle mineur : sur la priode 1992-2000, il nexplique pas plus dun dixime de la croissance des dpenses de soins. Avec le soutien de lInstitut Montparnasse, cette tude est actualise sur la priode 2000-2008. Les rsultats confirment le rle mineur du vieillissement : malgr laccession des cohortes du baby-boom aux ges levs, il ne justifie toujours quun cinquime de la croissance des dpenses de sant. Des analyses rtrospectives menes pour les tats-Unis entre 1965 et 2002 ont abouti au mme constat : les changements technologiques expliquent la majeure partie de la croissance des dpenses.

    MTHODOLOGIE

    http://www.cepremap.ens.fr/depot/opus/OPUS15.pdfhttp://www.cepremap.ens.fr/depot/opus/OPUS15.pdfhttp://www.finxchange.orghttp://www.cepremap.ens.fr/depot/opus/OPUS15.pdfhttp://www.cepremap.ens.fr/depot/opus/OPUS15.pdfhttp://www.brigitte-dormont.fr/http://www.chairesante.dauphine.fr

  • LES CAHIERS DE LILB 98 LES CAHIERS DE LILB

    Vieillissement de la population et volu-tions sociodmographiques touchant les structures familiales, un cocktail qui incite sinterroger sur le partage entre solida-rits prives et publiques et, plus spci-fiquement, sur le rle que notre socit souhaite confier aux familles dans la prise en charge du grand ge. Evalu 24 milliards deuros en 2010, soit 1,4 % du PIB franais, leffort public en faveur des personnes ges dpendantes reprsen-tait, suivant les conventions de primtre retenues, entre 68 et 77 % du cot finan-cier global de la prise en charge des per-sonnes ges dpendantes. Cependant, cette approche, en ne tenant pas compte de la valeur conomique de laide infor-melle dont bnficient les personnes ges fragiles, sous-estime de manire considrable les ressources employes au

    niveau familial dans la production de prise en charge et surestime par la mme occa-sion la couverture publique.

    Prise en charge familiale, un systme peu coteux ?

    Compare aux volumes de laide appor-te par les intervenants professionnels, la prise en charge informelle, qui prend majoritairement la forme dun transfert sous forme de services (aide dans les tches domestiques ou dans les soins personnels), apparat en effet comme une ressource majeure, faisant de la famille la vritable cl de vote du systme actuel. Elle peut tre prsente comme peu co-teuse pour la socit. La tentation est alors forte de faire reposer lessentiel de la prise en charge sur les familles, surtout quand

    Romo Fontaine

    Romo Fontaine est docteur en sciences conomiques de luniver-sit Paris-Dauphine. Il est actuel-lement charg dtudes au sein du ple Economie et Finances de la Fondation Mdric Alzheimer. Il est par ailleurs membre de la chaire Sant et chercheur associ au sein de lInstitut de recherche et de documentation en conomie de la sant (IRDES). Ses recherches sinscrivent dans les champs de lconomie de la sant et de lco-nomie de la famille. Ses travaux ac-tuels portent sur les soins de longue dure et plus particulirement sur le soutien familial aux personnes ges dpendantes et lassurance dpendance prive.

    Soutien familial aux personnes ges dpendantesCOMMENT PRENDRE EN COMPTE LES COTS IMPLICITES ?

    Daprs un entretien avec Romo Fontaine et son article Soutenir ses parents, jusquo?, (2012), Projet, n326, p. 36-42.

    Le dbat sur lorganisation et le financement de la prise en charge des personnes ges dpendantes a permis denrichir lanalyse du systme actuel et des difficults auxquelles lexposent les volutions dmographiques et denvisager des pistes de rformes. Mais, si leffort public est facilement quantifiable, comment peut-on valoriser le soutien familial ? Quelles sont ses consquences sur lconomie ? Romeo Fontaine dpasse laspect financier pour mettre en exergue les cots indirects dune telle aide, essentiels, selon lui, pour dessiner un systme de protection sociale articulant de manire judicieuse solidarits collectives et familiales.

    les contraintes pesant sur les finances pu-bliques rendent difficile laccroissement de la couverture publique.Il nen demeure pas moins quelle implique des cots indirects que Romo Fontaine met en lumire dans ses tudes, en suivant plusieurs axes de recherche.

    Soutien familial et activit professionnelle

    Lun dentre eux vise en particulier tudier les effets adverses de laide, apporte un parent g dpendant, sur lactivit pro-fessionnelle. Au niveau europen, Romo Fontaine relve quau-del dune certaine quantit daide, le soutien apport un proche tend rduire loffre de travail et le taux de salaire. Les aidants sont incits renoncer certaines opportunits pro-fessionnelles ou accepter des emplois moins rmunrs, si ceux-ci permettent une plus grande proximit gographique avec le domicile de la personne aide ou sils permettent des horaires plus flexibles. Pour autant, ces am-nagements de la vie professionnelle ne vont que trs rarement jusqu la sortie du march du travail. La majorit des aidants exprime un fort attachement lexercice dune activit professionnelle : travailler constitue pour eux une source de rpit, qui les libre de leur rle daidant. Travailler peut aussi reprsenter une pro-tection leur permettant de ne pas totale-ment basculer dans la fonction daide.

    Incidence sur ltat de sant des aidants

    De nombreux travaux pidmiologiques mettent aussi en vidence les cons-quences sur ltat de sant des conjoints et des enfants aidants, souligne Romo

    Fontaine. Soutenir un parent g accrot les symptmes lis la dpression, essen-tiellement lorsque laidant a dautres res-ponsabilits familiales. Laide aurait aussi des effets sur ltat de sant physique, par exemple au niveau cardiaque.

    Ingalits sociales

    Ont galement t mis en exergue les cots indirects en termes dingalits so-ciales. Faire reposer la prise en charge sur les solidarits familiales tend tout dabord, dans la pratique, renforcer les ingali-ts socio-conomiques entre hommes et femmes. Plus gnralement, faire reposer le risque dpendance sur les solidarits prives saccompagne sans doute deffets anti-redistributifs entre familles. Romo Fontaine indique, par ailleurs, que, bien que cela reste dmontrer, on peut vrai-semblablement supposer que les familles ayant les niveaux de vie les plus modestes

    sont plus frquem-ment mises contribution. Aux ingalits sociales in te r- fami l ia les pourraient finale-ment sajouter des ingalits sociales

    intra-familiales. Les effets potentiellement ngatifs du rle daidant (rduction du temps de travail, dgradation de ltat de sant) pourraient alors se concentrer sur les plus fragiles.

    Soutiens collectif et familial, peut-on les opposer ?

    Face de tels constats, il convient de ne pas rduire la question de larticulation entre solidarits publiques et prives un face face entre un soutien collectif co-teux dun ct et un soutien familial gratuit de lautre, conclut lauteur.

    la prise en charge informelle implique des cots indirects

    Les travaux mens au sein du projet Modlisation du soutien aux personnes ges dpendantes de la chaire Sant visent nourrir la rflexion sur le partage entre solidarits collectives et familiales, travers ltude des mcanismes familiaux de prise en charge. Dans ce cadre, Romo Fontaine adopte une approche micro-conomtrique, sappuyant sur des donnes denqutes. Ces dernires lui ont permis de dresser un tableau sur la manire dont les familles sorganisaient pour aider les personnes ges dpendantes. Lauteur a ainsi pu mettre en lumire les incidences plus diffuses et plus difficilement observables dun systme de prise en charge plaant les solidarits familiales comme principal mcanisme assurantiel.

    MTHODOLOGIE

    BIOGRAPHIE

    Il est ncessaire de dpasser la question strictement financire de la prise en charge des personnes ges.

    La prise en charge informelle appa-rat comme une ressource majeure, faisant de la famille la vritable cl de vote du systme actuel de prise en charge.

    Il ne faut pas perdre de vue que la production domestique de prise en charge saccompagne de cots conomiques. Bien que difficilement observables et quantifiables sous forme montaire, il importe den tenir compte au risque sinon de faire re-poser outrance la prise en charge de personnes ges dpendantes sur les familles.

    Recommandations

    Fontaine R. (2011), Le soutien familial aux personnes ges dpendantes : analyse micro-co-nomtrique des comportements individuels et familiaux de prise en charge, Thse de Doctorat en Sciences Economiques, Universit Paris-Dauphine.

    Fontaine R., Gramain A. et Wittwer J. (2010) Providing care for an elderly parent: interactions among siblings ?, Cahier de la Chaire Sant, n3 (aussi paru dans Health Economics 18(9): 1011-1029).

    Gramain A. et Wittwer J. (2010) Prise en charge des personnes ges dpendantes : quels enjeux conomiques ?, Regards sur lac-tualit, Ed. La Documentation fran-aise.

    Pour allerplus loin...

    La valeur montaire de laide informelle est sous-estime par rapport la couverture publique.

    Le poids conomique du soutien familial aux personnes ges dpendantes est considrable.

    Aider un proche peut avoir des consquences sur lactivit professionnelle et ltat de sant.

    Faire reposer la prise en charge sur les solidarits familiales renforce les ingalits sociales inter-familiales et intra-familiales.

    RETENIR

    @Retrouvez larticle de Romo Fontainesur www.finXchange.org

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  • LES CAHIERS DE LILB 1110 LES CAHIERS DE LILB

    Christine Chevallier

    Aprs une formation initiale en ma-thmatiques, Christine Chevallier se tourne vers la finance puis lco-nomie du risque. Aprs quelques annes denseignement et de recherche, notamment luniver-sit Paris-Dauphine o elle obtient son doctorat, elle intgre le groupe Sup de Co La Rochelle, en tant quenseignant-chercheur, tout en restant membre actif de la Fonda-tion du Risque chaire Transitions Dmographiques, Transitions co-nomiques de luniversit Paris-Dau-phine. Ses recherches portent es-sentiellement sur le financement de la gestion des risques systmiques, notamment des risques de catas-trophes et, aujourdhui, du risque de longvit.

    fisamment liquide les menant opter pour des stratgies dpargne sous-op-timales mais rversibles. La rente via-gre est, de ce point de vue, inadapte. Enfin, la rente viagre serait considre comme un produit dpargne plus quun produit dassurance. Les individus semblent souvent omettre que la rente viagre offre une couverture contre le risque de longvit. Mme si lindividu en tient compte, lambigut des proba-bilits de survie, expliquant une diff-rence de perceptions du risque de lon-gvit entre lassur et lassureur, peut suffire ce que lassur ne considre pas la rente viagre comme rentable par rapport dautres placements finan-ciers disponibles.Lestimation du risque de longvit sur la base dune probabilit moyenne induit une anti-slection puisque les agents conomiques dont le risque est le moins lev, ne trouvant pas de couverture un taux de prime accep-table, ne sont pas incits sassu-rer, contrairement aux agents dont le risque est le plus lev souligne Christine Chevallier. La rente viagre ne concernerait donc que les individus pour lesquels la retraite complmen-taire serait la plus rentable et donc la plus coteuse pour lassureur. A cela sajoutent des conditions fiscales peu avantageuses pour la transformation en rente viagre dune pargne de long terme. Enfin, la prsence de cots de transaction rduit la demande de cou-vertures dassurance. A lextrme, ces lments peuvent conduire une absence totale doffre de couverture dassurance, les assureurs renonant au march, ajoute-t-elle.

    Des adaptations peuvent amliorer las-surabilit du risque de longvit

    Pour remdier ce problme dassu-rabilit, il semble ncessaire de mieux adapter le produit lpargnant. Une limitation des risques de la rente, par le biais dune indexation du produit sur linflation et lincorporation dop-tions sur le contrat dassurance en cas dvnements dfavorables, augmen-terait lintrt pour la rente viagre. En outre, le dveloppement de son mar-ch entre dans lobjectif de politique publique de lEtat. Ce dernier peut tout

    fait intervenir en imposant certaines adaptations. Il peut notamment inter-venir sur la tarifica-tion. Il pourrait aussi prendre charge la

    rpartition du risque systmique de longvit entre les gnrations, ciblant les agents conomiques les plus aptes le porter, donc moins adverses au risque et mieux capitaliss. Une inter-vention de lEtat sur les marchs de capitaux, travers les survivor bonds ou longevity bonds dont les coupons sont bass sur le taux de survie dune cohorte de la population, serait une possibilit pour la prise en charge de ce risque sous la forme dun contrat de droit priv. Il sagirait donc dun transfert du risque de longvit vers lEtat qui, par nature, devrait grer des risques de long terme. Historiquement, cest le dveloppement des tech-niques assurantielles, doubl dune intervention croissante de lEtat, qui a permis de limiter les consquences des dterminants de linassurabilit, y compris pour le risque de longvit, conclut-elle.

    BIOGRAPHIE

    Il faut adapter le produit aux par-gnants en le simplifiant et en limitant les risques quil fait porter. Lindexation sur linflation et lintroduction doptions de rsiliation sont des solutions pour rpondre au besoin de prcaution des assurs.

    Les imperfections de march doivent tre attnues par lintervention du lgislateur et la mise en place dune fiscalit encourageante pour la rente viagre.

    LEtat doit rpartir le risque systmique de longvit entre les gnrations par une intervention sur les marchs de capitaux en tant quassureur.

    Recommandations

    Xuan Hlne, Vivre un sicle, Des-cartes et Cie, collection Chaire tran-sitions dmographiques-transitions conomiques, septembre 2011

    Gollier Christian, The Economics of Risk and Time, MIT Press, Cam-bridge, 2001

    Gollier Christian, Vers une thorie conomique des limites de lassura-bilit, Revue dconomie financire, (37), pp. 59-79, 1996

    Masson Andr, La vie pour lpar-gnant ne se rduit pas un exer-cice de calcul.1. Les impasses des approches du cycle de vie standard et psycho-conomique, Revue fran-aise dconomie, XXV (1), pp.117-173, 2010.

    Pour allerplus loin...

    Lallongement de lesprance de vie augmente la part de la population sus-ceptible de survivre ses ressources.

    Lassurance du risque de longvit prend la forme dune pargne de long terme qui agrandit le nombre et la complexit des dterminants de son inas-surabilit.

    La rente viagre est la seule forme dpargne de long terme offrant une couverture contre le risque de longvit.

    RETENIR

    @Retrouvez larticle de Christine Chevalliersur www.finXchange.org

    Dterminants de linassurabilit du risque de longvit et march de la rente viagre

    Ltude porte sur le risque de longvit qui comprend deux composantes. La premire, individuelle et idiosyncratique, provient du fait que lesprance de vie dun individu dvie de sa valeur atten-due un ge et horizon de temps don-ns. La seconde, systmique, dcoule du principe que la mortalit agrge dune population dvie long terme de sa valeur attendue, un ge et horizon de temps donns. Pour les individus, le risque de longvit peut tre couvert par la constitution dune pargne de long terme avec sortie en rente viagre.

    Un risque et une forme de couverture peu propice son assurabilit

    La part systmique du risque de lon-gvit est non diversifiable et, en

    outre, de forte ampleur. Ainsi lassureur naccepte de couvrir le risque quen le tarifant bien au-del de sa valeur actua-rielle, ce qui pousse le souscripteur acqurir une assurance partielle. Plus encore, lambigut des probabilits du risque de longvit, autrement dit lincertitude de ses probabilits, amne les assureurs surestimer la longvit des individus. Les assurs, quant eux, sous-estiment leur longvit du fait de cette ambigut, accentuant leur refus dune tarification accrue.En outre, Christine Chevallier prcise que la volont de se constituer une pargne pour faire face aux imprvus est le premier motif dpargne. Aussi, face aux alas sur le niveau des reve-nus et des dpenses, les individus ont intrt se constituer une pargne suf-

    COMMENT SE COUVRIR CONTRE LE RISQUE DE LONGEVITE ?

    Daprs un entretien avec Christine Chevallier au sujet de son article Dterminants de linassurabilit du risque de longvit et march de la rente viagre (Revue Franaise dEconomie, Avril 2012), en collaboration avec Hlne Xuan et Franois-Xavier Albouy.

    Avec la hausse de lesprance de vie, la gestion du risque de longvit est devenue un enjeu majeur. Pourquoi la rente viagre ne sduit-elle ni les assureurs ni les assurs ? Comment faire voluer le systme ? Quel rle pourrait jouer lEtat ? Lanalyse des dterminants de linassurabilit du risque de longvit, effectue par Christine Chevallier, labore des pistes de rflexion sur lamlioration de lassurabilit de ce risque.

    Larticle se base sur une synthse de diffrents rsultats thoriques et empiriques, issus dune vaste revue de la littrature. Lobjectif est de dgager des pistes de rflexion sur les modes de gestion et de financement du risque de longvit les plus efficaces. Pour identifier les dterminants de linassurabilit du risque de longvit, Christine Chevallier sappuie sur des cadres trs varis. Elle part de la critique de la thorie du partage des risques, usite dans lanalyse de linassurabilit, jusquaux dveloppements les plus rcents de la thorie de la dcision. Dans le mme temps, elle construit son analyse en traitant des anomalies des comportements dpargne par rapport aux prdictions de la thorie du cycle de vie. Sur la base de la synthse effectue, larticle discute des modes adapts de gestion et de financement du risque de longvit, en cartant lhypothse dune solution unique.

    MTHODOLOGIE

    la rente viagre offre une couverture contre le risque de longvit

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  • LES CAHIERS DE LILB 1312 LES CAHIERS DE LILB

    Stphane Loisel

    Stphane Loisel est professeur titu-laire lInstitut de Science Finan-cire et dAssurances (ISFA) de lUniversit Lyon 1 et chercheur as-soci au Centre de Mathmatiques Appliques (CMAP) de lcole Poly-technique.Il est titulaire dun doctorat en math-matiques appliques de luniversit de Lyon, dun mastre spcialis en sciences actuarielles et financires, et est membre du conseil dadminis-tration de lInstitut des Actuaires.Stphane Loisel est galement diteur associ des revues IME (Insurance : Mathematics and Eco-nomics), MCAP (Methodology and Computing in Applied Probability), BFA (Bulletin Franais dActuariat), et cordacteur en chef de lEAJ (Eu-ropean Actuarial Journal).Ses intrts de recherche portent sur les mathmatiques appliques lactuariat, la thorie de la ruine, Sol-vabilit II et lEntreprise Risk Mana-gement (ERM), les risques de long-vit et le comportement des clients dans le domaine de lassurance. Il a obtenu le prix de thse SCOR en 2005, et a t rcompens la remise des prix Science of Risk 2011 de la Lloyds, catgorie Insurance Markets and Operations. Stphane est galement membre du comit dexamen CERA (Chartered Enter-prise Risk Analyst).

    passe toutefois les considrations sur les modles de prvisions. Stphane Loisel, un de ses auteurs, soulve une interro-gation plus large, aux consquences conomiques, mais aussi sociales et poli-tiques. Dans quel tat de sant allons-nous vieillir ? Daprs lui, la question du risque de longvit ne saurait tre appr-hende sans la lier celle du risque de dpendance. Une thmatique qui fait apparatre les limites des modles danti-cipations dvelopps jusquici, car lenjeu financier majeur du risque de dpen-dance est trs sou-vent ignor. Pourtant, une anne de dpendance cote quatre fois plus cher quune anne de retraite dun individu non dpendant.

    Un contexte durgence

    Deux phnomnes distincts contribuent donner un caractre urgent la pro-blmatique de la longvit. Dune part, lallongement de la dure de vie connat une relle phase dacclration depuis les annes 1960. Dautre part, lvolution des rglementations, notamment avec la mise en place la fin de cette anne de Solvency II (ou Solvabilit II) et Ble III, oblige les assureurs et autres porteurs du risque financier quantifier avec beau-coup plus de prcision leur marge de risque. Les nouvelles rgles prudentielles vont exiger de provisionner des montants plus importants.Au-del du calcul des marges de solvabi-lit, la question du prix des produits reste galement dfinir. Ce dernier demeure difficile dterminer, la fois parce que la dure des contrats augmente, pour cause de longvit des assurs, mais aussi parce que lvolution des taux din-trts est dlicate apprhender, alors

    que la crise les a pousss vers des seuils extrmement bas. Le rendement des pro-duits en devient plus incertain.

    Transfrer le risque

    Face un nombre croissant dincertitudes et des montants financiers de plus en plus difficiles assumer pour les acteurs

    grant un risque de longvit, le trans-fert de ce risque est apparu comme une ncessit. Qui pour lassumer ? Deux solutions sont en phase de se dga-ger, mais ce ph-

    nomne en est encore ses prmices. Dune part, les rassureurs semblent tout dsigns pour reprendre une partie de ce risque. Dautre part, un transfert vers les marchs financiers, sous forme de titrisa-tion, est galement envisag. Ces titres assurantiels sont notamment connus sous le nom de Insurance-Linked Securities, ou ILS. Stphane Loisel revient toutefois sur les limites de ces produits : comment fixer un juste prix ? De plus, quel cadre dchange leur donner ? Ce march reste opaque et illiquide. Les quelques opra-tions menes depuis 2004 sont restes secrtes. Des bauches de solutions sont en cours, certains grands tablissements bancaires, JP Morgan en tte, ayant cr des indices de mortalit et des produits standards de swap de taux de mortalit. La crise financire actuelle complique ce travail de transfert du risque, la faillite des metteurs de titres tant dsormais une donne envisageable, surtout sur le long terme. Les auteurs estiment cepen-dant que lurgence du contexte actuel et limportance des enjeux lis la longvit touchant ainsi, au-del du secteur finan-cier, lconomie relle, le social et le poli-tique forceront les acteurs concerns acclrer leur recherche de solutions.

    BIOGRAPHIE

    Le vieillissement de la population com-porte un volet sant et mdecine quil ne faut pas ngliger. Afin de coller au mieux la ralit, il est important de travailler en troite coopration avec les mdecins.

    Apprhender le risque de longvit sans le lier celui de la dpendance serait une erreur. La manire et les conditions selon lesquelles la dure de vie va sallonger sont des lments importants prendre en compte, tant dun point de vue financier que mdical et social.

    Recommandations

    Modelling and Management of Mor-tality risk : a Review. Cairns, A.J.G. and Blake, D. and Dowd, K. Scan-dinavian Actuarial Journal, 2008, 108(2-3): 79-113.

    A Two-Factor Model for Stochastic Mortality with Parameter Uncertain-ty : Theory and Calibration. Cairns, A.J.G. and Blake, D. and Dowd, K. Journal of Risk and Insurance, 2006, 73(4): 687-718

    The handbook of insurance-linked securities. Barrieu, P. and Albertini, L. 2010, Wiley

    Pour allerplus loin...

    La thmatique du vieillissement de la population impose une approche interdisciplinaire.

    Le risque de longvit est un risque de long terme et de changement de tendance. Cela signifie que lesprance de vie pourrait augmenter plus rapidement quanticip.

    Il est difficile de distinguer un changement de tendance de long terme avec de la variabilit courante suffisamment rapide-ment, ce qui pose la question de la ractivit des rponses apportes cette problmatique.

    RETENIR

    @Retrouvez larticle de Stphane Loiselsur www.finXchange.org

    Assumer le risque de longvit : modles et enjeux

    Une erreur destimation portant sur une simple anne peut coter trs cher un fonds de pension. Or, comment valuer la dure de vie exacte des assurs ? Une question qui savre dautant plus primor-diale que la longvit de ces derniers saccrot, entranant par l-mme une augmentation des rentes leur verser. La matrise du risque de longvit, cest--dire de lincertitude lie lge du dcs, reprsente plus que jamais un enjeu financier majeur. Ce dernier est particu-lirement complexe grer pour les ac-teurs concerns, car on sait que, plus un chantillon de population est rduit, plus la marge derreur est importante.

    Le recours des modles

    Lvaluation de la dure de vie dune co-horte de population nest pas un exercice nouveau. Ce qui lest, en revanche, cest la faon de procder, face des tables de mortalit qui prsentent des failles

    et des faiblesses, en particulier quand il sagit dvaluer un portefeuille dassu-rs. Les chercheurs Harry Bensusan et Nicole El Karoui ont pris comme base de travail des modles issus de la dyna-mique de la population, pour laborer une mthode danticipation plus fine que celles habituellement utilises par les assureurs. Ces dernires se bornent souvent prendre en compte des critres de sant et dhistorique mdical. Cest un spectre bien plus large de donnes quil faut tudier, comme le dmontrent ces chercheurs. Les informations propres chaque individu, tels que le niveau ddu-cation, la catgorie socioprofessionnelle ou le statut marital, influent fortement sur la longvit. Cela prouve que les assu-reurs, les fonds de pension, et tout autre acteur faisant face un risque de long-vit, ne peuvent se contenter de rpliquer les anticipations ralises au sujet dune population nationale.Ltude, mene par sept chercheurs, d-

    QUI POUR ASSUMER UN RISQUE DE LONGVIT CROISSANT ?

    Daprs un entretien avec Stphane Loisel et son article Assumer le risque de longvit : modles et enjeux, co-crit avec Pauline Barrieu, Harry Bensusan, Nicole El Karoui, Caroline Hillairet, Claudia Ravanelli et Yahia Salhi.

    La dure de la vie est un domaine o lincertitude rgne en matre. Une incertitude que combattent ceux qui supportent un risque financier, comme les assureurs, les rassureurs et les fonds de pension. De llaboration dun modle de prvisions dpendent des enjeux financiers colossaux. Toutefois, une simple anticipation de la longvit ne suffit plus une bonne gestion des portefeuilles dassurs. Lheure est au transfert de risques, un exercice qui nen est qu ses prmices.

    Cet article est le fruit dun travail collectif, men de front par Pauline Barrieu, Harry Bensusan, Nicole El Karoui, Caroline Hillairet, Stphane Loisel, Claudia Ravanelli et Yahia Salhi, membres de la chaire Drivs du futur. Leurs spcialisations sont diversifies : mathmatiques financires, transferts de risque, assurance Cette quipe a bas son travail sur de multiples entretiens, mens auprs des professions concernes par le risque de longvit, comme par exemple les assureurs, les rassureurs, les fonds de pension ou les consultants. Les chercheurs se sont ensuite runis une fois par mois, dans le but dlaborer leur tude.

    MTHODOLOGIE

    la crise financire actuelle complique ce travail de transfert du risque

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  • LES CAHIERS DE LILB 1514 LES CAHIERS DE LILB

    Nicole El Karoui

    Nicole El Karoui est chercheuse au Centre de Mathmatiques Appli-ques (CMAP) de lcole Polytech-nique et professeur de mathma-tiques au Laboratoire de Probabilits et Modles Alatoires (LPMA) de luniversit Pierre et Marie Curie (Paris VI). Nicole El Karoui est galement res-ponsable du Master Probabilits et Finance (cohabilit avec lcole Polytechnique). Vice-Prsidente du Bureau Excutif Scientifique de lIns-titut Louis Bachelier, elle dirige les chaires de recherche Risques Finan-ciers pour la Fondation du Risque et Drivs du Futur pour lInstitut Euro-place de Finance (EIF).

    organismes de retraite complmentaire et les fonds de pension anglo-saxons en raison des montants trs levs en jeu. Ils ont donc intrt rduire le risque de taux dintrt, affirme Nicole El Karoui.

    Un march de la longvit en gestation

    Alors que la longvit de la population est en constante augmentation, en rai-son notamment des progrs scienti-fiques et de lamlioration des niveaux de vie, le march de la longvit reste embryonnaire. Hormis des transactions prives conclues entre financiers et assureurs, des swaps de longvit ou encore des obli-gations indexes sur la longvit, trs peu doffres per-mettent de grer ce type de risque. A lheure actuelle, il y a trs peu de pro-duits universels qui assurent le risque de longvit car il y a une grande dis-parit entre les pays. Les investisseurs se mfient des expositions long terme et la dissymtrie de linformation entre les assureurs et les banques ne permet pas le dveloppement des produits de couverture des risques de longvit, constate Nicole El Karoui.

    Le LNCS couvre les risques financiers des assureurs

    En raison des importants besoins das-surer le risque de longvit et de la re-cherche par les banques de nouvelles niches de march, la mise en place de produits de couverture des risques financiers devient ncessaire. Les auteurs ont donc dvelopp un produit structur destin transfrer le risque de taux des assureurs vers les banques : The Life Nominal Choosing Swaptions (LNCS). Ce produit est bas sur une combinaison de swap de taux

    dintrt de diffrentes maturits, ainsi que sur des swaptions (options sur la conclusion dun ou plusieurs swap). En clair, lassureur change un taux dint-rt fixe contre un taux dintrt flottant, selon ses anticipations sur lvolution de la mortalit future de ses assurs et des taux dintrt.Concrtement, lassureur fixe au dpart la banque son propre intervalle de confiance de ses courbes de mortalit au sein de son portefeuille de rente. Cette tape permet lassureur dva-luer le nominal qui servira de base pour

    calculer le prix du LNCS. Ensuite, la banque utilise lin-tervalle communi-qu par lassureur, ainsi quun modle de taux dintrt pour fixer le prix de

    lassurance. Aprs une premire p-riode de dix ans, lassureur a la possibi-lit de revoir ses prvisions de mortalit des vingt prochaines annes lint-rieur de son intervalle de confiance ini-tial, selon les informations disponibles. Ds lors, lassureur peut conclure un swap de taux dintrt avec la banque et transfrer ainsi son risque de taux, afin de se concentrer uniquement sur le risque de longvit. Le contrat est fix aujourdhui et dmarre dix ans aprs, la banque fait bien videmment payer le pire scnario lassureur. La banque doit avoir une ide de ce que le pire des cas pourrait lui coter, explique Nicole El Karoui.

    A un cot accessible

    Lanalyse quantitative sur des don-nes relles pour simuler diffrents prix du LNCS sest rvle concluante. Actuellement, avec la faiblesse des taux dintrt, il est intressant financi-rement pour les assureurs dutiliser ce type dinstrument de couverture.

    BIOGRAPHIE

    Ladoption dun modle dynamique de longvit de la population avec une approche micro-macro est trs int-ressante pour simuler plus finement la dure de vie des assurs.

    Lintervalle de confiance choisi par lassureur doit tre suffisamment large pour fournir une relle protection. Ce-pendant, pour viter des cots dassu-rance trop levs, cette bande ne doit pas tre extrmement large, car la banque fixe le prix du produit selon le scnario le plus dfavorable.

    Le risque de contrepartie reste le plus grand obstacle au transfert des risques entre les fournisseurs de rentes et les marchs financiers. Linstauration de collatraux comme garantie est un moyen dattnuer le risque de dfaut, mais cela reste encore insuffisant.

    Recommandations

    Bensusan, H. 2010. Risques de taux et de longvit: Modlisation dyna-mique et applications aux produits drivs et lassurance vie. Ph.D. thesis, cole Polytechnique.

    Pour allerplus loin...

    Le Life Nominal Choosing Swaptions (LNCS) permet aux assureurs de grer le risque de taux li leurs portefeuilles de rentes en les transfrant aux marchs financiers, travers des contrats de swap.

    Le LNCS fournit aux assureurs une couverture contre la faiblesse des taux dintrt.

    La corrlation des taux dintrt joue un rle important dans la fixation des prix du LNCS. Plus la corrlation est leve, plus les prix du LNCS dcroissent et inversement.

    RETENIR

    @Retrouvez larticle de Nicole El Karoui sur www.finXchange.org

    Un produit innovant pour transfrer les risques financiers des assureurs

    Le vieillissement de la population et ses besoins de financement psent normment sur les produits de rente proposs par les professionnels de ce secteur. Ces derniers sont confronts deux types de risques. Le premier concerne lincertitude de lvolution sur la dure de vie de la population dassu-rs : le risque de longvit. Le second touche les placements et les actifs de long terme (le plus souvent des obli-gations) dtenus par les compagnies dassurance et les fonds de pension qui dpendent de lvolution la hausse ou la baisse des taux dintrt : le risque

    de taux. Celui-ci est gnralement le risque le plus dangereux pour les four-nisseurs de rentes. En effet, si les taux dintrt ne sont pas assez levs, les assureurs peuvent se trouver en diffi-cult pour financer les rentes de leurs clients. Dans le cas de taux dintrt trop levs, certains metteurs dobli-gations peuvent faire dfaut et donc affecter les bilans et les trsoreries des assureurs.Dans le march de la longvit, il y a beaucoup de risques long terme qui affectent les produits de rentes. Cest un vrai problme pour les assureurs, les

    COMMENT RPARTIR LES RISQUES FINANCIERS LIS AU VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION ?

    Daprs un entretien avec Nicole El Karoui propos de son article Partial Splitting of Longevity and Financial Risks : The Life Nominal Choosing Swaptions, (Universit Pierre et Marie Curie), co-crit avec Harry Bensusan, Stphane Loisel et Yahia Sahli.

    Les rcentes crises conomiques et financires, les nouvelles rgles prudentielles venir (Solvability II) ainsi que laccroissement de lesprance de vie obligent les compagnies dassurance-vie et les fonds de pension adopter des stratgies de couverture des risques toujours plus efficaces. Comment peuvent-ils sparer les risques de longvit et les risques financiers au sein de leurs portefeuilles de rentes ? Les auteurs se sont intresss cet enjeu en introduisant un nouveau produit financier.

    Nicole El Karoui et ses co-auteurs ont dvelopp un nouveau produit financier : le Life Nominal Choosing Swaptions (LNCS). Son but est de transfrer les risques financiers associs aux portefeuilles de rentes des assureurs et des fonds de pension vers les marchs financiers laide de contrats dchange de taux dintrt (swap en anglais financier) et doptions sur swap (swaptions).Aprs avoir rappel les concepts financiers lis aux contrats de swap de taux dintrt et les swaptions, les auteurs ont prsent les caractristiques financires du LNCS. Ensuite, en se basant sur le modle dynamique de longvit de la population (introduit en 2010 par Harry Bensusan) et sur un modle pour les taux dintrt deux facteurs HJM (dvelopp en 1992 par Heath, Jarrow et Morton), les chercheurs ont pu fixer le prix du LNCS. Avant de conclure leur article, les auteurs ont test le nouveau produit financier avec une analyse quantitative sur des donnes relles fournies par lINSEE.

    MTHODOLOGIE

    trs peu de produits universels assurent le risque de longvit

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  • Chaire Marchdes Risques et

    Cration de Valeurs

    3e dition

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    3 octobre 2012

    RETROUVEZ-NOUSlors de la 3e Journe des Chaires de lILB

    Confirmez votre prsence ladresse suivante : [email protected]

    Palais Brongniart

    2012