cahiers économiques du cameroun s'ouvrir sur le monde
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CAHIERS ÉCONOMIQUES DU CAMEROUN
Juillet 2012 l Numéro 4
S’OUVRIR SUR LE MONDE
Spécial facilitation au commerce
Bureau du Cameroun
Juillet 2012
S’ouvrir sur le Monde
Point sur le situation économique du Cameroun
Spécial facilitation au commerce
Bureau du Cameroun
Table des matières
SIGLES ET ABREVIATIONS .......................................................................................................... 1
S’OUVRIR SUR LE MONDE ......................................................................................................... 3
Introduction ........................................................................................................................................ 3
Évolutions économiques récentes ...................................................................................................... 5
Perspectives pour 2012....................................................................................................................... 7
Facilitation au commerce : opportunités et défis ............................................................................. 12
BIBLIOGRAPHIE........................................................................................................................ 31
Liste des Graphiques
Graphique 1 : Indices de prix, 2007-11 ................................................................................................... 5
Graphique 2 : Production pétrolière, 2002-12 ....................................................................................... 7
Graphique 3 : Performance IPL : une comparaison, 2012 .................................................................... 16
Graphique 4 : Performance ETI : une comparaison, 2012 .................................................................... 18
Graphique 5 : Coûts moyens du transport : comparaison internationale, 2007 .................................. 23
Graphique 6 : Prix moyens du transport: comparaison internationale, 2007 ...................................... 24
Graphique 7 : Commerce intra-régional, 2010 ..................................................................................... 26
Liste des Encadrés
Encadré 1 : Développements internationaux ......................................................................................... 9
Encadré 2 : Evolution de la structure du commerce ............................................................................. 13
Encadré 3 : Commerce et pauvreté : revue de la littérature ................................................................ 15
Encadré 4 : Facilité des échanges : comparaison internationale, 2012 ................................................ 17
Encadré 5 : Contrats de performance individuelle aux douanes camerounaises ................................ 20
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SIGLES ET ABREVIATIONS
AVI Attestation de vérification des importations
BCE Banque centrale européenne
BEAC Banque des États de l’Afrique centrale
BESC Bordereau électronique de suivi des cargaisons
BGFT Bureau de gestion du fret terrestre
CEDEAO Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
CEEAC Communauté économique des États de l’Afrique centrale
CEMAC Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale
CNCC Conseil national des chargeurs du Cameroun
COMESA Marché commun de l’Afrique orientale et australe
CUT Compte unique du Trésor
DGD Direction générale des douanes
DGTCM Direction générale du Trésor et de la coopération monétaire
DSCE Document de stratégie pour la croissance et l’emploi
ETI Enabling Trade Index (Indice de facilitation du commerce)
EU États-Unis
FCFA Franc CFA
FMI Fonds monétaire international
GAB Guichet automatique bancaire
GUCE Guichet unique des opérations du commerce extérieur
e-GUCE Guichet unique électronique
IPC Indice des prix à la consommation
IPL Indice de performance de la logistique
ITIE Initiative pour la transparence dans les industries extractives
LVI Lettre de voiture internationale
MINCOMMERCE Ministère du Commerce
MINFI Ministère des Finances
NTC Nomenclature tarifaire commune
PAD Port autonome de Douala
PEM Perspectives pour l’économie mondiale
PIB Produit intérieur brut
Juillet 2012, Numéro 4 / Page | 2
RCA République centrafricaine
RDC République démocratique du Congo
RGD Réglementations sur la gestion des douanes
SADC Communauté de développement de l’Afrique australe
SONARA Société nationale de raffinage
SSATP Programme de politiques de transport en Afrique subsaharienne
SYDONIA Système douanier automatisé
TEC Tarif extérieur commun
TP Terminal de paiement
TVA Taxe sur la valeur ajoutée
UD Union douanière
UE Union Européenne
UEMOA Union économique et monétaire ouest-africaine
UMA Union du Maghreb arabe
USD Dollar des États-Unis
Juillet 2012, Numéro 4 / Page | 3
S’OUVRIR SUR LE MONDE
Introduction
Avec ce Cahier économique du Cameroun, la
Banque mondiale poursuit son programme
de rapports concis et périodiques sur
l’économie du Cameroun. Cette publication
analyse l’évolution et les contraintes
économiques du Cameroun. Chaque
numéro, publié semestriellement, fait le
point de la situation économique du pays et
traite d’un sujet particulier.
Les Cahiers économiques visent à partager
les connaissances et susciter un dialogue
entre ceux qui cherchent à améliorer la
gestion économique du Cameroun et à
libérer l’énorme potentiel économique du
pays. Ils proposent une autre source
d’information sur l’économie camerounaise
et une plateforme additionnelle pour
encourager l’interaction, l’apprentissage et
le changement.
Ce quatrième numéro des Cahiers
économiques du Cameroun s’intitule
« S’ouvrir sur le Monde – Spécial facilitation
au commerce ». On y passe en revue les
défis et les opportunités au regard de la
facilitation au commerce au Cameroun.
Cette étude ne se veut pas exhaustive, mais
répertorie des domaines particuliers
auxquels le pays devrait accorder une
attention particulière : un programme de
facilitation au commerce ayant vocation à
apporter des changements, autour duquel
toutes les parties prenantes pourraient être
mobilisées.
Photo: Raju Jan Singh
Favoriser les échanges commerciaux au
niveau régional et mondial permettrait au
Cameroun de se rapprocher de son objectif :
devenir une économie émergente d’ici 2035.
Mettre à profit les opportunités
commerciales au niveau régional
constituerait un bon terrain d’apprentissage
Juillet 2012, Numéro 4 / Page | 4
pour devenir compétitif sur la scène
internationale.
Au Cameroun, cependant, les opérateurs
économiques sont tenus, encore
aujourd’hui, de suivre des procédures
d’exportation et d’importation fastidieuses.
Il faudrait améliorer l’efficacité du port et
rendre la circulation du fret à l’intérieur du
pays plus facile et moins onéreuse. Pour
cela, il faudrait non seulement un meilleur
réseau routier, mais également un secteur
des transports plus compétitif et moins de
barrages routiers.
L’union douanière (UD) de la Communauté
économique et monétaire de l’Afrique
centrale (CEMAC) devrait devenir une réalité
par l’adoption d’une nomenclature
harmonisée des tarifs douaniers, de normes
communes, d’une réglementation douanière
commune et d’un système de paiement
régional. Au-delà de la CEMAC, il faudrait
faciliter les échanges commerciaux entre les
pays membres de la CEMAC et la République
démocratique du Congo (RDC) ainsi que les
autres pays de la Communauté économique
des États de l’Afrique centrale (CEEAC)1. De
1
Les membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) sont le Cameroun, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la République centrafricaine, la République du Congo, et le Tchad. La Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) est un regroupement plus important d’États d’Afrique centrale qui comprend, en plus des pays
plus, le Cameroun pourrait miser sur les
possibilités commerciales qu’ouvre le vaste
marché du Nigéria et, au travers de ce pays,
accéder à la totalité du marché régional de
la Communauté économique des États de
l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)2.
Les Cahiers économiques du Cameroun sont
réalisés par le bureau de la Banque
mondiale au Cameroun, faisant appel à une
équipe dirigée par Raju Jan Singh.
Dominique Njinkeu a assuré la coordination
des travaux sur la facilitation au commerce.
Les autres membres de l’équipe incluent
Gilberto de Barros, Paul Brenton, Maximilien
Tiogang Djomo, Patrick Eozenou, Abib Gaye,
Olivier Hartman, Mombert Hoppe, Faustin-
Ange Koyassé, Ranga Rajan Krishanamani,
Taye Alemu Mengistae, Sylvie Ndze, Victoire
Ngounoue, Carlo Del Ninno, Peter Osei, et
Gael Raballand. Greg Binkert (Directeur des
opérations pour le Cameroun), Eric Bell
(Chef sectoriel par intérim) et Cia Sjetnan
(Directrice adjointe des opérations pour le
Cameroun) ont fourni des orientations, des
conseils et de précieux encouragements à
l’équipe.
membres de la CEMAC, l’Angola, le Burundi, la République démocratique du Congo (RDC), le Rwanda, et Sao Tomé-et-Principe. 2 La CEDEAO réunit le Bénin, le Burkina Faso, le Cap-Vert, la
Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Libéria, le Mali, le Niger, le Nigéria, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo.
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De hauts responsables et analystes des
administrations camerounaises ont aussi fait
largement profiter l’équipe de leurs
connaissances. Ce concours est notamment
venu des institutions suivantes : la BEAC, le
Ministère des Finances, le Ministère de
l’Économie, de la Planification et de
l’Aménagement du Territoire, et l’Institut
National de la Statistique. Nous exprimons
également notre gratitude à nos collègues
du Fonds Monétaire International.
Évolutions économiques récentes
Croissance
Les estimations les plus récentes confirment
les prévisions de croissance économique
pour 2011 que nous avions présentées dans
notre numéro de janvier des Cahiers
économiques du Cameroun (voir tableau ci-
dessous). En 2011, la reprise économique du
Cameroun s’est confirmée, après le
ralentissement de deux ans dû à la crise
économique et financière mondiale. On
estime la croissance économique à 4,2 %
(contre 2,9 % en 2010), attribuable aux
performances soutenues des activités non
pétrolières, la production pétrolière quant à
elle poursuivant sa baisse.
Inflation
Les initiatives visant à donner un coup de
fouet à la production agricole, à
subventionner les importations alimentaires
et à améliorer la distribution semblent avoir
contenu la pression qui s’exerçait sur les prix
des denrées alimentaires en 2011
(Graphique 1).
Graphique 1 : Indices de prix, 2007-11 (en % d’une année sur l’autre)
Ces pressions s’intensifiaient au cours de
l’été (elles ont atteint un sommet de 5,8 %
en juillet, par rapport à juillet 2010), mais
elles se sont dissipées sur la dernière partie
de l’année. On estime que l’inflation des prix
des produits alimentaires a atteint 3,9 % en
2011 (par rapport à l’année précédente).
L’inflation globale a donc atteint 2,7 %
(toujours par rapport à l’année précédente),
taux stable si on le compare aux 2,6 %
Contribution sectorielle à la croissance (en %) 2009 2010 2011
Secteur primaire 0.6 1.2 0.9
Secteur secondaire (hors pétrole) 0.1 0.9 0.8
Pétrole -0.8 -0.6 -0.3
Secteur tertiaire 2.0 1.4 2.8
Taux de croissance du PIB 2.0 2.9 4.2
Sources: Autorités camerounaises et calculs par la Banque Mondiale
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observés en 2010 à la même période. La
stabilité des prix de détail des produits
pétroliers a également contribué à juguler
les pressions inflationnistes.
Performance budgétaire
Les recettes au cours du dernier trimestre
2011 ont été globalement conformes à nos
attentes, mais les dépenses, en revanche,
ont été bien supérieures. Les pressions
exercées sur les dépenses courantes n’ont
pas pu être contenues et se sont établies à
2,3 points de pourcentage du produit
intérieur brut (PIB) au-dessus du niveau
prévu au budget. Ce résultat est
essentiellement attribuable à des dépenses
plus élevées que prévu dans les biens et
services (0,6 point de pourcentage du PIB) et
dans les subventions (1,4 point de
pourcentage du PIB). Les dépenses en
capital se sont accélérées au dernier
trimestre pour atteindre 6,4 % du PIB. En
conséquence, le déficit budgétaire global
base caisse (incluant les dons et avant
règlement des arriérés) a totalisé un point et
demi de pourcentage du PIB de plus que
prévu (voir tableau ci-après).
Pour faire face à ce besoin de financement
plus important que prévu, il a fallu puiser
considérablement dans les dépôts du
gouvernement à la banque centrale
régionale, la BEAC. En outre, le
gouvernement central semble avoir été
tenté de retarder le transfert aux
municipalités des recettes locales qui
transitent par le compte unique du Trésor
(CUT). En effet, depuis l’introduction du
bulletin unique pour les contribuables qui
s’acquittent de la taxe sur la valeur ajoutée
(TVA), de l’impôt sur le revenu et de la
patente (au-dessus d’un certain montant), la
part de ces recettes fiscales qui doit revenir
aux municipalités est transférée au CUT. Les
administrations locales manquant de
liquidités, de tels retards peuvent créer des
arriérés et affaiblir davantage le processus
budgétaire.
Par ailleurs, malgré des opérations de
titrisation et de compensation croisée, le
pays n’a pas pu honorer autant d’obligations
de paiement que prévu et n’a pu éviter
l’accumulation de nouvelles obligations, en
particulier envers la Société nationale de
2010 2011 2011 2011
Jan.
Est. Budget Proj. Est.
Recettes et dons 17.5 17.6 19.4 18.9
Recettes pétrolières 4.5 3.5 5.2 5.4
Recettes non-pétrolières 12.4 13.2 13.3 13.0
Dons 0.6 0.9 0.9 0.5
Dépenses totales 18.6 18.9 18.9 21.7
Dépenses courantes 14.5 13.1 13.6 15.4
Dépenses en capital 4.1 5.7 5.4 6.4
Solde global -1.1 -1.3 0.4 -2.8
Arriérés -1.1 -1.3 -1.3 -0.5
Solde global base caisse -2.3 -2.6 -0.9 -3.4
Performance Budgétaire, 2010-11
(en pourcentage PIB)
Sources: Autorités camerounaises et calculs par la Banque mondiale
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raffinage (SONARA). La société reçoit des
aides, en dédommagement du manque à
gagner dû à la décision du gouvernement de
geler le prix de détail des produits
pétroliers. Ce volume d’obligations de
paiements, qui reste élevé, va continuer à
grever la liquidité de l’État et peser sur
l’exécution du budget de 2012.
Perspectives pour 2012
La reprise économique observée au
Cameroun en 2010 et en 2011 devrait se
poursuivre en 2012, grâce notamment à la
mise en chantier de projets d’infrastructure
de grande envergure et aux efforts soutenus
qui sont déployés pour renforcer la
productivité agricole. Par ailleurs, la
production pétrolière devrait reprendre
(bien que temporairement) et augmenter de
8 % en 2012 (Graphique 2).
Graphique 2 : Production pétrolière, 2002-12 (en millions de barils)
Cette hausse est attribuable aux exploitants
privés, qui verront leur production s’établir
à 10,1 millions de barils (contre 6 millions en
2011). De gros travaux d’exploration ont en
effet été réalisés ces dernières années, et
l’exploitation des gisements s’intensifie pour
profiter des cours du pétrole, actuellement
élevés sur les marchés internationaux.
La crise de la dette souveraine persiste,
cependant, dans les économies avancées,
notamment dans la zone euro, et assombrit
les perspectives économiques. Au moment
de la rédaction du présent rapport, ces
préoccupations semblent d’ailleurs
s’intensifier. Les canaux de transmission
possibles de cette crise à l’économie
camerounaise devraient être semblables à
ceux observés lors de la crise financière
mondiale de 2008-09, c’estàdire la finance,
le commerce et les envois de fonds. Par
conséquent, la croissance économique du
Cameroun pourrait atteindre environ 5 % en
2012.
Les liens entre le système financier de la
région de la CEMAC et le reste du monde
sont encore limités, et le secteur bancaire
demeure suffisamment liquide pour
répondre aux besoins de l’État et du secteur
privé en matière de crédit. De plus, le
budget du Cameroun ne dépend pas dans
15
20
25
30
35
40
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012*
Sources: SNH et calculs de la Banque mondiale
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une large mesure de l’aide au
développement. L’éventuelle répercussion
négative d’une diminution de l’aide due à
l’adoption de mesures d’austérité
budgétaire dans la zone euro devrait donc
être limitée.
Comme nous l’avions exposé dans le
numéro de janvier des Cahiers économiques
du Cameroun, le principal canal de
transmission pourrait donc être le marché
des exportations et les envois de fonds. La
zone euro demeure la destination la plus
importante des exportations pour le
Cameroun. Si la croissance économique
venait à ralentir, la demande de biens
produits à partir d’intrants provenant du
Cameroun tels que le logement (bois) ou les
véhicules (caoutchouc) pourrait baisser. À
cet égard, la baisse récente de la confiance
économique observée dans la zone euro et
les successives révisions à la baisse des
prévisions de croissance sont des sources
d’inquiétude (Encadré 1).
L’indice de confiance des consommateurs de
la Commission européenne pour la zone
euro a fortement baissé en mai ; atteignant
son plus bas niveau depuis deux ans et
demi. Le manque de confiance à l’égard de
l’économie pourrait se traduire par un
comportement plus prudent des
consommateurs et des entreprises, qui
pourraient par exemple reporter des
investissements, accentuant d’autant la
baisse de la demande.
Les enquêtes trimestrielles des
prévisionnistes, conduites par la Banque
centrale européenne (BCE), illustrent cette
morosité croissante. Leurs prévisions de
croissance moyenne pour 2012 dans la zone
euro ont systématiquement baissé ces
derniers trimestres et indiquent désormais
l’attente d’une contraction de l’économie.
Plus inquiétant encore, les dernières
publications des Perspectives pour
l’économie mondiale du Fonds monétaire
international (FMI) indiquent des révisions
successives à la baisse pour les projections
des importations pour les principaux
marchés d’exportations camerounais ; sur la
plupart des marchés, on s’attend
dorénavant à une baisse de la demande.
Bien que restant positive, même la demande
en Chine se ralentit.
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Encadré 1 : Développements internationaux
Bien que les cours des principales matières premières du Cameroun se soient plus ou moins stabilisés …
… la confiance dans la Zone Euro est en déclin, réduisant la croissance attendue…
… rendant le Cameroun vulnérable à un déclin de la demande dans ses principaux marchés d’exportation.
50
100
150
200
250
300
350
400
450Caoutchouc
Coton
Pétrole
Source: Banque mondiale
80
85
90
95
100
105
110
jan
v.-1
0
mar
s-1
0
mai
-10
juil
.-1
0
sep
t.-1
0
no
v.-1
0
jan
v.-1
1
mar
s-1
1
mai
-11
juil
.-1
1
sep
t.-1
1
no
v.-1
1
jan
v.-1
2
mar
s-1
2
mai
-12
Indicateur du climat économique
Source: Commission Européenne
-0,5
0
0,5
1
1,5
2
2010 2011 2012Source: Sondage des Prévisionnistes Professionnels,
Banque Centrale Européenne
Sondage 3ème Trimestre 2011
Sondage 4ème Trimestre 2011
Sondage 2ème Trimestre 2012
0 5 10 15 20
Italie
France
Chine
Pays-Bas
Espagne
5 principaux marchés d'exportation (en part de marché total), 2011
Sources: Autorités camerounaises et calculs de la Banque mondiale
-10 -5 0 5 10 15 20
Italie
France
Chine
Pays-Bas
Espagne
PEM Avr-2011 PEM Sep-2011 PEM Avr-2012Source: Fonds Monétaire International
Projections des volumes d'importation (variation en%), 2012
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S’agissant de la performance budgétaire, les
prévisions pour 2012 tenant compte des
données du premier trimestre tendent à
indiquer que les dérapages des dépenses
courantes (notamment à cause d’une sous-
estimation du coût engendré par le blocage
des prix de détail des produits pétroliers)
devraient compenser des recettes
pétrolières supérieures aux prévisions (voir
tableau ci-dessous). Le déficit global base
caisse devrait donc atteindre 2,7 % du PIB.
Comme les années précédentes, le montant
prévu au budget pour dédommager la
SONARA de son manque à gagner devrait
être insuffisant : le budget prévoit une
somme de FCFA 170 milliards alors qu’on
estime le montant nécessaire à quelque
FCFA 400 milliards.
L’inflation devrait s’établir à un taux
inférieur au critère de convergence régional
de 3 %. Malgré la récente décision de réviser
les prix de l’électricité, les initiatives en
cours pour dynamiser la production agricole
et subventionner les importations de
produits alimentaires devraient continuer à
exercer un effet modérateur sur la hausse
des prix.
Photo: Raju Jan Singh
Dans ce contexte, il faudrait intensifier les
efforts visant à renforcer la résilience de
l’économie face aux chocs. Le niveau des
dépôts du gouvernement à la banque
centrale régionale s’est amoindri et ne
pourrait jouer qu’un rôle de tampon limité si
la situation s’avérait être pire que les
prévisions actuelles. A cet égard, le marché
de capitaux national qui voit le jour
constitue une nouvelle source de
financement temporaire qui pourrait venir
2012 2012 2012
LF Q1 Proj.
Recettes et dons 2273 573 2411
Recettes 2207 572 2345
Recettes pétrolières 557 104 699
Recettes non-pétrolières 1650 468 1646
Dons 66 2 66
Dépenses totales 2552 528 2727
Dépenses courantes 1760 380 1945
Dépenses en capital 792 148 782
Solde global -279 46 -316
Arriérés -26 -2 -26
Solde global base caisse -305 44 -342
Sources: Autorités camerounaises et calculs de la Banque Mondiale
Performance Budgétaire, 2012
(en milliards FCFA)
Juillet 2012, Numéro 4 / Page | 11
en renfort en cas de pénurie de recettes
fiscales.
Les efforts visant à créer un marché
secondaire liquide pour les obligations
d’État devraient permettre de maintenir
l’intérêt des investisseurs à l’égard de
futures émissions obligataires. Une
meilleure collecte et diffusion des comptes
publics devraient également renforcer la
transparence budgétaire, et donc, la
confiance des investisseurs.
Le secteur pétrolier est trop souvent perçu
comme une industrie opaque et mal gérée.
Dans ce domaine, une loi de mise en œuvre
de l’Initiative pour la transparence dans les
industries extractives (ITIE) et l’adoption
d’un poste budgétaire dédié à cette activité
pourrait constituer un signal fort de la
volonté du pays à établir des comptes
transparents des dépenses et des revenus
provenant de ses ressources naturelles.
Il faudrait également examiner la
composition des dépenses publiques. Les
besoins en matière de subventions,
notamment pour les produits alimentaires
et pétroliers, devraient faire l’objet de
discussions libres et ouvertes. Les données
indiquent que ces subventions privilégient
avant tout les riches et ne protègent pas
efficacement les revenus de ceux qui
souffrent le plus des fluctuations des prix ni
les revenus des plus pauvres. Tel que
mentionné dans notre numéro de janvier,
les 20 % de la population les plus riches
captent la plus grande partie des
subventions pour l’essence et le diesel, et
plus de 40 % des subventions pour le riz, le
blé et le poisson.
Il est nécessaire d’adopter une approche
soigneusement planifiée pour réformer le
système actuel et décider à quel moment
modifier les prix, dans quelle ampleur et
quels intervenants dédommager. Ces
décisions doivent être prises sur la base
d’une analyse de la situation du pays. Les
programmes et les mesures alternatifs qui
ciblent des groupes vulnérables spécifiques
et les catégories de la population
vulnérables aux hausses des prix seraient
plus efficaces s’ils étaient assortis d’un filet
de sécurité sociale ciblé. Tout changement
de politiques de ce type devrait être discuté
avec toutes les parties concernées, et
communiquer clairement au grand public,
d’une manière qui tienne compte des
perceptions et des attentes des différentes
couches de la société.
Enfin, le Cameroun pourrait également
envisager de diversifier davantage ses
marchés d’exportation et trouver de
Juillet 2012, Numéro 4 / Page | 12
nouveaux partenaires commerciaux. Forte
d’une base de produits et de marchés plus
diversifiés, l’économie nationale serait plus
résiliente et moins vulnérable face aux chocs
venus de l’extérieur. A cet égard, la
facilitation au commerce, à laquelle nous
avons décidé de consacrer une attention
particulière dans la présente publication,
joue un rôle primordial.
Facilitation au commerce : opportunités et défis
Evolutions des échanges commerciaux
Le Cameroun occupe une position idéale
pour tirer parti des avantages économiques
d’un renforcement des échanges
commerciaux. En raison de son
emplacement stratégique entre le Nigéria et
le Gabon, et point de passage possible pour
se rendre dans les pays enclavés de l’Afrique
centrale (Tchad et RCA), le Cameroun est un
carrefour naturel de la région, le port de
Douala en étant le principal point d’entrée.
De plus, le pays est géographiquement
varié, avec des plaines qui relient le semi-
désert sahélien au nord et la forêt
équatoriale au sud. Les activités agricoles et
économiques y sont donc également
variées. Le sol camerounais recèle des
ressources naturelles considérables :
pétrole, essences forestières de grande
valeur et produits agricoles (café, coton,
cacao). ll comporte également des
ressources inexploitées : gaz naturel,
bauxite, diamants, or, fer et cobalt.
Photo: Raju Jan Singh
Malgré cette diversité, la base des
exportations du Cameroun demeure étroite.
Bien que l’économie camerounaise soit
assez diversifiée, le pays reste un
exportateur de produits de base
(Encadré 2), concentrés sur très peu de
produits.
Juillet 2012, Numéro 4 / Page | 13
Encadré 2 : Evolution de la structure du commerce (en % du marché)
Le Cameroun exporte en 2010 encore principalement des matières premières et l’Europe demeure son principal partenaire.
Mais les marchés en Asie et en Afrique se sont développés et en Afrique la CEMAC a pris de l’importance …
… devenant le marché le plus important pour le Cameroun, alors que le Nigéria demeure sa principale source d’importations.
Sources: Autorités camerounaises et calculs de la Banque mondiale
Pétrole & produits
pétroliers39%
Cacao19%
Produits boisés12%
Coton
2%
Caoutchouc
3%
Banane
3%
Autres22%
UE
42%
Etats-Unis
5%
Chine & Inde13%
Afrique
25%
Autres pays15%
Commerce total, 2010 (en % de part de marché)
-20
-15
-10
-5
0
5
10
15Variation de la part de marché, 2000-10 (en %)
-20
-15
-10
-5
0
5
10
15
CEMAC Nigéria Afrique du Sud
Mauritanie Autres pays
africains
Variation de la part de marché africain, 2000-10 (en %)
CEMAC
60%
Nigéria
8%
Congo
(RDC)
8%
Bénin7%
Autres
pays
africains17%
Exportations, 2010
CEMAC10%
Nigéria58%
Afrique
du Sud
7%
Mauritania
5%
Autres
pays
africains20%
Importations, 2010
Juillet 2012, Numéro 4 / Page | 14
Cinq produits constituaient environ les trois
quarts de la valeur totale des exportations
en 2011 : pétrole brut et produits pétroliers,
cacao, grumes et bois transformé.
Principal partenaire commercial du pays,
l’Union européenne (UE) a acheté, en 2011,
environ la moitié (en valeur) de ses
exportations (pétrole brut à destination de
l’Espagne et de l’Italie, cacao à destination
des Pays-Bas, bois transformé à destination
de la Belgique et de l’Italie et aluminium à
destination de la France). Un tiers des
importations du Cameroun provient de l’UE.
L’importance du lien commercial avec
l’Europe a cependant diminué avec
l’émergence des économies chinoise,
indienne et africaine. La Chine, par exemple,
est devenue le marché le plus important
pour le coton et les grumes provenant du
Cameroun, puisqu’elle achète plus de la
moitié de ces produits dédiés à
l’exportation.
D’après les données publiées, le Nigéria est
devenu le principal fournisseur du
Cameroun, qui a réalisé auprès de ce pays
presque un quart de la totalité de ses
importations en 2011 (avant la France,
provenance de 13 % des importations
camerounaises). En Afrique, la CEMAC est
devenue le principal marché d’exportation
du Cameroun, avec principalement
l’exportation de produits pétroliers vers le
Tchad.
Saisir les opportunités commerciales au
niveau régional constituerait un bon terrain
d’apprentissage pour devenir compétitif au
niveau mondial. La région semble posséder
des marchés porteurs pour les produits
camerounais, notamment dans le secteur
agricole, et pourrait être plus facile à
conquérir, les normes régionales étant
proches de celles du Cameroun. Le
Cameroun devra pour cela consolider sa
position sur le marché de la CEMAC avant de
saisir les occasions de commercer qu’offre le
marché régional plus vaste qu’est la
CEDEAO.
Pour pouvoir saisir les opportunités qu’offre
un régime commercial plus libre et pour que
ces avantages profitent au plus grand
nombre, il est essentiel qu’un accès élargi au
commerce s’accompagne de politiques
favorisant la mobilité des facteurs
(Encadré 3). Le présent chapitre portera
toutefois uniquement sur la facilitation au
commerce.
Juillet 2012, Numéro 4 / Page | 15
Défis
Dans un monde qui se caractérise par
l’échange de tâches, plutôt que de produits,
par des entreprises situées partout dans le
monde, il faut réduire les obstacles qui se
dressent tout au long de la chaîne
Encadré 3 : Commerce et pauvreté : revue de la littérature
Plusieurs études récentes insistent sur l’importance de politiques complémentaires pour déterminer
les avantages et les coûts du commerce dans les pays en développement. La manière dont
l’ouverture du commerce se répercute sur la pauvreté dépend d’une grande variété de
caractéristiques structurelles qui peuvent soutenir ou entraver la capacité d’un pays à tirer parti de
la concurrence internationale. La libéralisation des échanges commerciaux ne doit donc pas être
considérée de façon isolée. Il est nécessaire de mettre en œuvre des politiques
d’accompagnement pour renforcer son impact bénéfique, y compris sur la pauvreté.
Dans sa forme la plus simple, la théorie du commerce postule que le revenu réel du facteur qui
existe en abondance devrait augmenter avec l’ouverture d’un pays au commerce. Si le facteur qui
existe en abondance dans les pays en développement est la main-d’œuvre non qualifiée, cette
théorie suggère que ce sont les pauvres (sans qualifications) des pays en développement qui ont le
plus à gagner du commerce. Krueger (1983) est parti de ce postulat pour affirmer que les réformes
commerciales lancées dans les pays en développement devraient être favorables aux pauvres, car
ces pays sont les plus susceptibles de développer un avantage comparatif dans la production de
produits fabriqués par de la main-d’œuvre non qualifiée.
Du point de vue dynamique, la croissance économique joue un rôle important dans la réduction de
la pauvreté, et le commerce devrait entraîner les hausses de productivité nécessaires pour soutenir
la croissance. La libéralisation des échanges commerciaux encourage l’investissement, permet de
tirer parti des économies d’échelle et de la concurrence, limite les activités de recherche de rente
que favorisent les restrictions au commerce, et favorise l’ouverture aux idées neuves et à la création
(Grossman et Helpman, 1991; Lucas, 1988)
Cependant, si l’on entrave la réallocation des facteurs, les avantages escomptés de la libéralisation
du commerce peuvent ne pas se concrétiser. Pour que les revenus des personnes non qualifiées
augmentent, il faut que la main-d’œuvre puisse se libérer des secteurs en contraction et gagner ceux
qui sont en expansion. Davis et Mishra (2006), Goh et Javorcik (2006) et Topalova (2006) sont d’avis
que la main-d’œuvre n’est pas aussi mobile en réalité : trop de barrières à l’entrée et à la sortie
bloquent les entreprises, et trop d’obstacles entravent la mobilité de la main-d’œuvre.
Dans ce contexte, Winters et al. (2004) proposent qu’aux mesures de libéralisation du commerce
soient associées d’autres politiques qui favorisent l’investissement, permettent la résolution efficace
des conflits et encouragent l’accumulation de capital humain. Bolaky et Freund (2008) montrent
qu’en réalité les réformes commerciales entraînent des pertes de revenus dans les économies très
réglementées. Trop de réglementation étouffe la croissance, car les ressources ne peuvent plus aller
vers les secteurs les plus productifs ni vers les entreprises les plus efficientes. Selon Le Goff et Singh
(2012), l’ouverture au commerce tend à réduire la pauvreté dans les pays africains, d’autant plus
que leur secteur financier se développe, leur niveau d’éducation augmente et leur gouvernance se
renforce.
Juillet 2012, Numéro 4 / Page | 16
d’approvisionnement et tenir compte du fait
qu’au cours du processus de fabrication, des
produits intermédiaires traversent de
nombreuses frontières.
À ce sujet, dans les indicateurs Doing
Business de la Banque mondiale, celui qui
porte sur les échanges commerciaux
transfrontaliers donne une idée des défis à
relever par le Cameroun. Les formalités
requises pour l’importation/l’exportation
reflètent le cadre réglementaire que doivent
respecter les opérateurs. Celles-ci sont bien
plus pesantes au Cameroun que dans les
autres pays (Encadré 4).
Au Cameroun, il faut remplir 12 documents
pour importer un produit et 11 pour en
exporter un, alors qu’en moyenne ce
nombre oscille entre 6 et 8 dans un
échantillon d’économies émergentes et
d’autres pays africains qui aspirent à ce
statut. À quelques exceptions près, le délai
d’importation est plus important que dans
les pays faisant partie de l’échantillon
(23 jours au Cameroun contre une moyenne
de 16 jours dans les autres pays de
l’échantillon). Importer un produit au
Cameroun coûte trois fois plus qu’en
Malaisie, au Vietnam ou en Thaïlande.
L’indice de performance de la logistique (IPL)
de la Banque mondiale est une mesure plus
large de l’environnement commerciale et
logistique d’un pays. L’IPL porte sur
l’intégralité de la chaîne
d’approvisionnement. Il est fondé sur une
enquête réalisée auprès de quelque
1000 professionnels de la logistique
(transitaires) dans 155 pays. On peut
considérer que le résultat de cette enquête
reflète l’expérience d’un grand nombre de
fournisseurs et d’acheteurs de services
logistiques. Le résultat général de l’IPL est
calculé à partir de six différents points de
performance logistique : efficacité des
douanes, qualité des infrastructures,
capacité à effectuer le suivi des expéditions,
délai jusqu’à destination, compétences du
secteur logistique du pays, et facilité
d’organisation et de gestion des expéditions
internationales. Sur ce point, le Cameroun
est également à la traîne (Graphique 3).
Graphique 3 : Performance IPL : une comparaison, 2012
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
3,5
4
4,5
Source: Banque mondiale
Juillet 2012, Numéro 4 / Page | 17
Encadré 4 : Facilité des échanges : comparaison internationale, 2012
Source: Banque mondiale
Cameroun
Ghana
Malaisie
Mozambique
Sénégal
Thailande
Vietnam
0 5 10 15
Documents à l'importation (nombre)
0 5 10 15
Cameroun
Ghana
Malaisie
Mozambique
Sénégal
Thailande
Vietnam
Documents à l'exportation (nombre)
0 10 20 30 40
Cameroun
Ghana
Malaisie
Mozambique
Sénégal
Thailande
Vietnam
Temps à l'importation (jours)
0 5 10 15 20 25
Cameroun
Ghana
Malaisie
Mozambique
Sénégal
Thailande
Vietnam
Temps à l'exportation (jours)
0 500 1 000 1 500 2 000 2 500
Cameroun
Ghana
Malaisie
Mozambique
Sénégal
Thailande
Vietnam
Coût à l'importation (USD par conteneur)
0 500 1 000 1 500
Cameroun
Ghana
Malaisie
Mozambique
Sénégal
Thailande
Vietnam
Coût à l'exportation (USD par conteneur)
Juillet 2012, Numéro 4 / Page | 18
Finalement, l’indice de facilitation du
commerce (Enabling Trade Index, ETI)
résume la situation. Cet indice comporte
quatre points : le premier mesure les
politiques applicables à l’arrivée de produits
étrangers dans le pays et l’accès aux
marchés étrangers pour les exportateurs. Le
deuxième mesure la facilitation de l’entrée
et de la sortie des biens et des services par
les autorités aux frontières. Le troisième
mesure s’il existe suffisamment de voies de
transport et de communication pour faciliter
la circulation des biens dans le pays et leur
passage aux frontières. Le quatrième est la
qualité de la gouvernance et le cadre global
de réglementation et de sécurité pour les
importateurs et les exportateurs. En 2012, le
Cameroun s’est classé 118ème sur 132 pays
dans l’ETI. Le graphique 4 donne une vision
globale de ces résultats : le Cameroun est à
la traîne et doit déployer des efforts
importants pour remonter dans le
classement.
Graphique 4 : Performance ETI : une comparaison, 2012
Facilitation au commerce et logistique
Du point de vue de la facilitation des
échanges, assurer une circulation efficace
du fret entre le port et les centres de
distribution commerciaux intérieurs est
primordiale pour développer la
compétitivité de la région. Le port lui-même
doit donc être efficace, de même que la
circulation du fret routier entre le port et les
destinations finales intérieures. Réformer
les aspects matériels (infrastructure de
transport) et non matériels (réglementation
et formalités) est essentiel pour que la
circulation des marchandises le long d’un
corridor soit plus efficiente en termes de
coût, de temps et de prédictibilité.
Efficacité portuaire
L’amélioration des formalités portuaires au
point d’entrée ouvre de nombreuses
possibilités à un pays qui aspire à devenir
une économie émergente. Les points
d’entrée maritimes sont l’interface entre la
région et le reste du monde. Plusieurs
formalités complexes doivent y être
remplies, notamment le transfert physique
de la marchandise entre le navire et le mode
de transport terrestre. C’est dans les ports
que sont réalisés les échanges
d’informations et le traitement des données
financières entre tous les acteurs qui
0
20
40
60
80
100
120
140
Source: Forum économique mondiale
Juillet 2012, Numéro 4 / Page | 19
interviennent dans les processus de
facilitation du commerce et du transport. La
notion de temps est un élément clé de
chacun de ces processus.
Le délai de passage des conteneurs -
c’estàdire le temps d’attente d’un
chargement dans un port - est l’un des
indicateurs d’efficacité d’un port. Les
données dont on dispose sur le corridor
Douala - N’Djamena indiquent que plus de la
moitié du délai de livraison enregistré entre
l’arrivée des marchandises au port et leur
arrivée à leur destination finale est
imputable aux retards accumulés au port.
Des statistiques récentes sur les terminaux
de conteneurs indiquent une durée
moyenne de passage à Douala de 18,6 jours
en 2010, contre 4 jours à Durban (Afrique du
Sud), 11 jours à Mombasa (Kenya) et
14 jours à Dar es Salaam (Tanzanie), et de
3 à 4 jours dans la plupart des ports
internationaux3.
Le délai de passage des conteneurs dépend
de trois facteurs :
Les délais de passage opérationnels, qui
dépendent de la réalisation des
opérations physiques dans le port;
3 G. Raballand et al. (2012), Why does Cargo Spend
Weeks in Sub-Saharan African Ports?
Les délais de passage administratifs, qui
dépendent de la réalisation des
formalités de dédouanement des
marchandises par les services douaniers
et autres services officiels;
Les délais de passage dus à
l’entreposage volontaire de la
marchandise dans le parc à conteneurs,
pour toute autre raison comme le
manque de fonds, l’indisponibilité ou
l’inefficacité des services de transport.
Les services douaniers jouent un rôle
important dans le dédouanement au port.
On leur attribue généralement le gros des
retards. Par conséquent, la plupart des
actions menées pour réduire le délai de
passage portuaire au Cameroun ont visé à
renforcer l’efficacité des douanes par la
mise en place de systèmes automatisés ou
d’un guichet unique électronique. Les
douaniers ont aussi été encouragés à signer
des contrats de performance individuelle
dans l’optique double de faire appliquer la
réglementation et d’accélérer le
dédouanement des marchandises (encadré
5). Ces initiatives ont permis à la fois
d’améliorer le recouvrement des recettes
aux douanes et de réduire le temps de
dédouanement à l’importation.
Juillet 2012, Numéro 4 / Page | 20
18.0
18.2
18.4
18.6
18.8
19.0
19.2
19.4
19.6
19.8
2008 2009 2010
Source: Autorités camerounaises
Délais de passage (jours)
Encadré 5 : Contrats de performance individuelle aux douanes camerounaises : une première mondiale
Comme dans de nombreux pays en
développement, les recettes douanières
constituent une part importante des revenus
budgétaires. Environ un quart des recettes de
l’Etat est collecté par les douanes. Il est donc
important que le Cameroun puisse réconcilier
l’objectif qui consiste à assurer le respect aux
réglementations à celui qui consiste, pour
faciliter le commerce, à accélérer le
dédouanement des marchandises des
négociants réputés pour se conformer à ces
lois.
L’administration douanière camerounaise a
été minée par la corruption et s’est efforcée à
trouver des solutions afin d’améliorer sa
gouvernance. Pour réduire la corruption et
augmenter en même temps le recouvrement
des recettes, les services douaniers ont lancé
un programme de réforme des douanes. Ce
programme incluait l’implantation de
SYDONIA (système douanier automatisé) qui
permettrait à l’administration non seulement
de suivre le traitement de chaque expédition,
mais également de mesurer la performance
d’après un certain nombre de critères pertinents à la réforme.
Dans la lignée de ces efforts, les contrats de performance individuelle ont été mis en œuvre en
2009, faisant du Cameroun le premier pays au monde à adopter cette démarche. Ces contrats de
performance sont fondés sur des données objectives et quantifiables issues du système
informatisé. Les objectifs de l’administration douanière (facilitation et application de la
réglementation) sont complétés par des objectifs spécifiques qui visent à abolir les mauvaises
pratiques. Les résultats sont encourageants : hausse des recettes, formalités de dédouanement
plus rapides et diminution de la corruption (mesurée par des études systématiques menées auprès
d’un échantillon représentatif de courtiers en douane avant, pendant et après l’expérience).
100
110
120
130
140
150
Q1
, 20
09
Q2
, 20
09
Q3
, 20
09
Q4
, 20
09
Q1
, 20
10
Q2
, 20
10
Q3
, 20
10
Q4
, 20
10
Q1
, 20
11
Q2
, 20
11
Q3
, 20
11
Q4
, 20
11
Sources: Autorités camerounaises et calculs de la Banque mondiale
Recettes douanières (en milliards de FCFA), 2009-11
Juillet 2012, Numéro 4 / Page | 21
Photo: Raju Jan Singh
Une analyse séquentielle des délais de
passage des conteneurs au port indique
cependant que le temps qui s’écoule entre
l’arrivée du navire et le dépôt de la
déclaration en douane (le délai de passage
opérationnel), et le temps entre le
règlement des droits de douane et la sortie
des marchandises (durée d’entreposage)
représentent les trois quarts des délais de
passage des conteneurs à Douala. À
l’inverse, les formalités douanières (délai de
passage administratif) ne représentent
qu’un quart des délais de passage des
conteneurs.
Ces chiffres tendent à montrer que les
douanes ne sont qu’une administration
parmi de nombreuses autres. Pour faciliter
considérablement les procédures pour les
opérateurs, il faut donc abandonner
l’approche axée uniquement sur la réforme
des services douaniers au profit d’une
démarche plus globale qui intègre la totalité
des activités réalisées au port aux
destinations intérieures finales. Seule une
approche globale des problèmes rencontrés
au point d’entrée pourra contribuer à
améliorer l’efficacité générale des processus
et permettra aux opérateurs camerounais
de rivaliser avec leurs homologues africains
et internationaux.
Bien que par des interventions ciblées, le
Cameroun ait amélioré les opérations
physiques sur le port de Douala, la masse
critique des réformes à entreprendre n’est
pas atteinte. Il faut concentrer les
démarches sur la rationalisation des
formalités documentaires au port en
coordonnant adéquatement les exigences
des nombreux intervenants (expéditeurs,
auxiliaires du commerce, agents de services
aux frontières, exploitants d’installations,
services logistiques).
Un moyen d’atteindre ces objectifs est
l’introduction d’un guichet unique
Juillet 2012, Numéro 4 / Page | 22
opérationnel. En 1999, le Cameroun a créé
le guichet unique des opérations du
commerce extérieur (GUCE) sous la forme
d’une association entre le gouvernement
(douanes, ministère du Commerce, port de
Douala) et les acteurs privés qui
interviennent dans les procédures de
dédouanement des marchandises
importées. Bien que l’infrastructure de la
version électronique du GUCE soit en place
depuis 2007, sa mise en œuvre est encore
en cours (le tableau ci-dessous présente le
calendrier d’automatisation prévu, par
procédure).
Le principal objectif de la version
électronique du GUCE est de remplacer la
documentation de dédouanement des
marchandises sur papier par des procédures
automatisées au Port autonome de Douala
(PAD) afin de diminuer le temps et les coûts
de dédouanement, et d’encourager l’activité
commerciale et économique au Cameroun
(et dans la région de la CEMAC). 2012 sera
l’année de la transition du guichet unique
physique au guichet unique électronique,
comme l’indique le calendrier dans le
tableau ci-dessous.
Calendrier de l’Automatisation des Procédures
Procédure Réduction attendue Responsable Date butoir
Intégration du BESC ½ jour CNCC avril 2012
Enregistrement (importateurs / exportateurs) 2 jours MINCOMMERCE avril 2012
Paiement électronique 2 jours DGD-DGTCM du MINFI mai 2012
Amélioration du CIVIO ½ jour DGD-PAD juin 2012
Echange du manifeste 1,5 jour DGD-PAD juillet 2012
Taxes PAD 1 jour PAD septembre 2012
Attestation de Vérification des Importations (AVI) 1 jour DGD décembre 2012
Lettre de Voiture Internationale (LVI) 1 jour BGFT décembre 2012
Circulation terrestre des marchandises
Les routes sont les principales voies de
transport au Cameroun, à l’exception des
corridors Douala-Yaoundé et Douala-
Ngaoundéré, où existent des terminaux
multimodaux routes-rails. La réfection des
routes et la modernisation des
infrastructures de transport ont été par
conséquent à l’ordre du jour depuis
longtemps, tant au niveau national que
Juillet 2012, Numéro 4 / Page | 23
régional. De plus, l’amélioration de la
circulation à l’intérieur du pays permettrait
de relier les différentes régions du pays, en
particulier le Nord et le Sud, et de créer un
véritable marché national unique.
Photo: Raju Jan Singh
L’état des routes est un obstacle important
au commerce transfrontalier notamment
entre le Cameroun et le Nigéria. Praticable
surtout durant la saison sèche, le principal
corridor entre l’Ouest du pays et le centre
économique de l’Est du Nigéria devient
impraticable dans une large mesure
pendant la saison des pluies, forçant les
commerçants à emprunter davantage les
voies navigables côtières et fluviales. Dans le
Nord, les routes transfrontalières sont en
très mauvais état, mais le terrain étant plat,
les petits véhicules peuvent franchir la
frontière par des pistes non balisées durant
la saison sèche. Durant la saison des pluies,
les parcours utilisés changent
considérablement : certains passages
deviennent impraticables, et d’autres se
détériorent énormément.
Même si la rénovation des infrastructures
routières et de transport a rendu le
transport routier plus facile, les prix moyens
du transport facturés aux commerçants
demeurent élevés. En Afrique, bien que les
coûts d’exploitation soient désormais
globalement similaires aux coûts observés
en France, les prix moyens du transport sont
beaucoup plus élevés (Graphiques 5 et 6).
Graphique 5 : Coûts moyens du transport : comparaison internationale, 2007
(USD par veh km)
Le prix moyen du transport sur le corridor
Douala-N’Djamena, par exemple, s’élève à
environ 11 cents/tonne-kilomètre. Ces tarifs
0
0.5
1
1.5
2
2.5
Afrique Centrale
Afrique de l'Est Afrique de l'Ouest
Afrique australe France
Source: Banque Mondiale
Juillet 2012, Numéro 4 / Page | 24
de fret routier sont presque deux fois plus
élevés que les tarifs observés en Chine, trois
fois plus qu’au Brésil et plus de cinq fois plus
qu’au Pakistan4.
Graphique 6 : Prix moyens du transport: comparaison internationale, 2007
(US cents par tonne km)
Pourquoi ? Tout d’abord, le système n’est
pas en mesure de rapprocher efficacement
l’offre et la demande en matière de services
de transport. Des camions attendent des
contrats pendant très longtemps,
augmentant d’autant leur temps
d’immobilisation aux extrémités des
corridors, aux terminaux et aux points de
d’entrée, allongeant le temps de rotation
des véhicules et diminuant le nombre de
voyages payés que peut faire un camion
chaque année. Les coûts de cet emploi
inefficace des camions se répercutent
forcément sur les prix du transport facturés
aux expéditeurs.
4 Teravaninthorn, S. et G. Raballand (2009), Transport
Prices and Costs in Africa: A Review of the International Trade Corridors.
Mais plus important encore, une
réglementation excessive paralyse les
transports, le transport routier au premier
chef. Les mécanismes qui relient l’excès de
réglementation et les coûts élevés du
transport ont été analysés dans une étude5.
Celle-ci montre qu’en l’absence de
réglementation adéquate du marché du
transport routier, les gains que pourrait
engendrer l’amélioration des routes ne
seraient vraisemblablement pas répercutés
sur les expéditeurs et les consommateurs
sous la forme d’une diminution des prix du
transport.
Par exemple, le transport routier sur les
corridors de Douala est réglementé par des
accords bilatéraux qui restreignent la
concurrence. Les conventions en vigueur
entre le Cameroun et le Tchad et entre le
Cameroun et la RCA régissent des
mécanismes de répartition du fret qui
contribuent à maintenir les prix du transport
à des niveaux élevés.
Les prix du transport facturés aux
expéditeurs d’Afrique centrale sont donc, de
manière générale, déconnectés des coûts
d’exploitation réels des véhicules. Ce
système vise à protéger les exploitants
5 Ibidem. La plus grande divergence entre les coûts et
les prix du transport est sur le corridor Ngoundéré-Moundou.
0 2 4 6 8 10 12
Pakistan
Brésil
Etats-Unis d'Amérique
Chine
Europe de l'ouest, Distance longue (France)
Afrique: Durban-Lusaka
Afrique: Lomé-Ouagadougou
Afrique: Mombasa-Kampala
Afrique: Douala-N'Djamena
Source: Banque mondiale
Juillet 2012, Numéro 4 / Page | 25
d’entreprises de transport en place, mais
décourage la concurrence. Les opérateurs
peu performants sont ainsi maintenus tirant
la qualité des services de transport routier
vers le bas, car rien n’encourage à fournir un
service de meilleure qualité. Pire encore, on
dit que les expéditeurs doivent verser des
pots-de-vin pour pouvoir avoir accès à ce
bassin limité d’opérateurs.
Le système en place est justifié par des
motifs d’équité, car les profits pourraient
être partagés avec des exploitants de petites
entreprises. Il est, cependant, fréquent en
Afrique centrale qu’un nombre limité de
personnes tire parti de la réglementation du
marché aux dépens de l’économie dans son
ensemble.
Il conviendrait donc de réformer le secteur
du transport routier pour régler ces
problèmes ; et une telle réforme ne doit pas
se limiter à la libéralisation de l’accès au
marché du fret. Il faut s’employer à
transformer tout le secteur pour encourager
la prestation de services de transport de
qualité.
Enfin, un grand nombre de barrages routiers
et de systèmes de paiements informels
augmentent les coûts du transport sur les
principaux corridors, surtout pour les plus
petits exploitants. Des recherches récentes
tendent à indiquer que, dans certaines
régions du Cameroun, les transporteurs sont
susceptibles d’être arrêtés par un barrage
routier dressé par les autorités (douanes,
gendarmerie, police ou armée) tous les 10
ou 20 km, ce qui interrompt la fluidité de la
circulation des marchandises et entraîne des
retards importants. On estime, par exemple,
que les coûts du transport de marchandises
entre Ekok, à la frontière nigériane, et
Bamenda sont majorés de 100 à 150 %. Une
première analyse indique que dans la région
du corridor ouest, la suppression de ces
charges pourrait permettre de réduire de 4
à 6 % les prix payés par les consommateurs
pour des produits importés du Nigéria.
Développer le marché au sein de la CEMAC
En plus d’améliorer l’efficacité portuaire et
le transport vers l’intérieur du pays, le
Cameroun devrait s’attacher, en priorité, à
faire de la CEMAC une véritable union
douanière (UD). À l’heure actuelle, les
politiques et les procédures en vigueur dans
la région sont peu harmonisées et les pays
membres réalisent peu d’échanges
commerciaux entre eux (Graphique 7).
Seulement 2 % des échanges commerciaux
des pays membres sont réalisés au sein de la
CEMAC (contre 8 % dans la CEDEAO, 10 %
dans la région de la SADC et plus de 15 %
Juillet 2012, Numéro 4 / Page | 26
dans la région de l’UEMOA)6. Pour que l’UD
soit efficace, il faudrait harmoniser la
nomenclature tarifaire et les normes des
produits, adopter une réglementation
commune sur la gestion des douanes et
mettre en place un système de paiement
régional efficace.
Graphique 7 : Commerce intra-régional, 2010 (en % des échanges)
Nomenclature tarifaire
La nomenclature tarifaire commune (NTC)
est un système harmonisé de classification
des produits qui serait applicable à tous les
États membres de la CEMAC. Ce système est
conçu pour classer les produits de mêmes
caractéristiques et de droits de douane
similaires. On sait que ce système réduit les
délais, diminue les coûts des transactions et
facilite la mise en œuvre d’un tarif extérieur
commun (TEC).
6 Brenton, P. et al. (2012), Defragmenting Africa:
Deepening Regional Trade Integration in Goods and Services.
Photo: Raju Jan Singh
Pour mettre ce système en place, il faudrait
que la CEMAC puisse entreprendre les
activités spécifiques suivantes : (i) élaborer
et tenir à jour la NTC et rédiger des lignes
directrices afin de garantir une
interprétation commune de son contenu ;
(ii) réaliser une analyse des différences
entre la nomenclature actuellement utilisée
par chaque État membre et la NTC ;
(iii) élaborer une stratégie nationale et un
plan de travail lié pour la mise en œuvre de
la NTC ; (iv) établir un mécanisme
permettant de faire la même interprétation
de la NTC dans toute la région de la CEMAC.
0
2
4
6
8
10
12
14
16
Source: Banque Africaine de Développement
Juillet 2012, Numéro 4 / Page | 27
Réglementation commune sur la gestion des
douanes
Dans toute union douanière, les États
membres doivent souscrire à un ensemble
uniforme d’obligations et de formalités
commerciales, y compris des formalités
douanières. Adopter des normes communes
permet de rationaliser les procédures
bureaucratiques et de réduire les délais et
les coûts du commerce. Des
réglementations communes sur la gestion
des douanes fourniraient ces normes pour
les formalités douanières.
Pour que ces réglementations sur la gestion
des douanes (RGD) soient effectives, les
États membres de la CEMAC devraient
adapter leur législation nationale et leurs
cadres de réglementation aux RGD. Les
formalités douanières seraient ainsi
simplifiées à l’échelle de la région, les
procédures administratives réduites et les
risques de corruption diminués.
Système de paiement régional
Le coût, la vitesse, la fiabilité et
l’accessibilité des systèmes de paiement
sont importants dans les coûts des
transactions. Il est ainsi essentiel qu’un pays
dispose d’un système de paiement efficace
pour prendre part au commerce mondial.
Dans la région de la CEMAC, les paiements
transfrontaliers sont pourtant encore
effectués principalement en espèces, les
autres modes de paiement étant presque
inexistants. Les systèmes de paiement
électroniques, lorsqu’ils existent, sont
onéreux et lents, et ils ne sont pas fiables.
On leur préfère donc souvent les paiements
en espèces.
Des efforts sont en cours pour intégrer les
systèmes de paiement de la CEMAC, afin
d’étendre leur couverture et promouvoir
leur usage. Ces initiatives contribueront à
améliorer la circulation des fonds par les
voies formelles de transmission et à
augmenter l’accès à différents services de
paiement.
Pourtant, il existe encore peu de points de
distribution et de paiement, tels que des
guichets automatiques bancaires (GAB) et
des terminaux aux points de vente. Les
établissements financiers de la CEMAC
utilisent également peu les services
bancaires mobiles ou virtuels.
Au niveau régional et au niveau national, il
faudrait par conséquent s’efforcer de
développer le système de paiement en
augmentant le nombre de terminaux de
vente et de GAB. Il faudrait s’attacher à
répondre aux besoins des utilisateurs et à
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offrir des services accessibles à des coûts
abordables.
Elargir les opportunités commerciales avec
le Nigéria et la CEDEAO
Le Cameroun et le Nigéria ont une frontière
commune de presque 1700 km et
entretiennent des liens historiques et
culturels forts. D’après les statistiques
officielles, le plus gros des échanges
commerciaux réalisés entre le Nigéria et le
Cameroun est dominé par le pétrole et les
carburants. Toutefois, ces statistiques
officielles ne reflètent pas véritablement les
échanges commerciaux considérables entre
les deux pays qui prennent tant des voies
officielles que des canaux informels.
Le Nigéria est l’économie la plus importante
de la région, avec un PIB de plus de
USD 173 milliards en 2009. Avec plus de 150
millions d’habitants, il représente un vaste
marché de consommateurs, presque cinq
fois plus grand que les autres pays de la
CEMAC réunis (sans le Cameroun). Resserrer
les liens avec le Nigéria donnera également
aux producteurs camerounais un accès
élargi à toute l’Afrique de l’Ouest. Des
perspectives commerciales devraient alors
s’ouvrir pour les plus grandes entreprises du
Cameroun, mais aussi pour les producteurs
plus petits qui œuvrent dans des niches
précises.
Photo: Raju Jan Singh
Le Cameroun a une économie moins
importante, avec environ 20 millions
d’habitants et un PIB d’environ
USD 22 milliards en 2009. Malgré la
différence de taille de marché, ces deux
pays pourraient tirer parti d’un accès accru
aux marchés et de coûts d’échanges
moindres. D’après les premières
estimations, les flux commerciaux officiels
du Cameroun vers le Nigéria s’établissent à
seulement 4 % environ de ce qu’ils
pourraient être. Même si les estimations des
flux d’exportations informels du Cameroun
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vers le Nigéria sont bien supérieures aux
statistiques officielles, les résultats de
l’analyse concluent tout de même à des
gains importants. Ces données signifient que
les exportations pourraient
considérablement augmenter et donc
éventuellement générer de l’emploi.
De récents travaux analytiques ont évalué
les principaux obstacles auxquels sont
confrontés les opérateurs économiques de
petite et moyenne taille qui se lancent dans
les échanges commerciaux transfrontaliers.
Même si ces obstacles varient quelque peu
selon leur implantation le long de la
frontière, les conditions routières et les
barrages routiers, tels qu’évoqué dans la
section précédente, demeurent les
principaux obstacles au commerce
transfrontalier.
Les formalités administratives ne font
qu’accroître les coûts du commerce ou
générer des retards. Par exemple, la
négociation des taxes et droits à la frontière,
les frais de visas et les normes que les
produits doivent respecter pour pouvoir
franchir les frontières. Vu les modalités de
paiement administratives et informelles
imposées aux chargements routiers qui
doivent franchir les frontières, il est
fréquent que les camions soient arrêtés, et
que les marchandises soient déchargées et
rechargées aux postes frontières, ce qui
complique la chaîne logistique et augmente
les coûts.
Photo: Raju Jan Singh
Pour réduire les obstacles au commerce et
permettre aux citoyens des deux côtés de la
frontière de tirer parti des différences de
structures de production, il est crucial de
lancer un vaste programme
d’investissements dans les infrastructures,
de réduire les barrages routiers et les
systèmes de paiement informels, et
d’améliorer les formalités aux frontières.
Bien que les investissements en
infrastructure dans les zones frontalières, en
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particulier dans le Nord, semblent avoir été
négligés jusqu’à aujourd’hui, et devraient
être relancés ; des travaux sont en cours
dans l’important corridor qui relie Bamenda
à Enugu. Il sera essentiel de compléter ces
investissements dans l’infrastructure
physique, comme les routes par exemple,
par la mise en œuvre de politiques qui
diminuent considérablement le nombre de
barrages routiers, favorisent la concurrence
entre les prestataires de services de
transport et assurent la conformité avec la
règlementation en vigueur. Il sera important
de renforcer la transparence aux frontières
pour réduire les risques de mauvaise
gouvernance.
Les procédures, obligations, droits et
paiements officiels en vigueur doivent être
clairement communiqués ; de plus, pour que
les coûts du commerce restent bas pour les
petits et moyens opérateurs, il serait
opportun de mettre en place des
procédures douanières simplifiées. Ce
système permettrait de rationaliser les
formalités, de réduire les versements
illégaux exigés des opérateurs et de rendre
le montant des paiements à acquitter plus
prévisible. Un tel système, soigneusement
préparé et mis en œuvre, permettrait
d’assurer que les coûts commerciaux
effectifs, pour les petits et moyens
opérateurs économiques n’augmentent pas.
Le montant global des paiements dont ils
doivent s’acquitter serait réduit ou tout du
moins stabilisé, les recettes officielles de
l’État augmenteraient, tout en réduisant le
temps et l’incertitude liés au passage des
frontières. Si les droits officiels étaient
réduits, les opérateurs seraient moins
enclins à effectuer des paiements informels
et préfèreraient s’acquitter des montants
obligatoires pour être en règle. Les recettes
de l’État augmenteraient également, car les
commerçants qui évitent à l’heure actuelle
les postes frontières en raison des délais
administratifs décideraient de les emprunter
et de verser les droits officiels.
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