Cahiers du Cercle Proudhon 1.pdf

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Cahiers du Cercle Proudhon : paraissant six fois par an Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

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  • Cahiers du CercleProudhon : paraissant

    six fois par an

    Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France

  • Cercle Proudhon. Cahiers du Cercle Proudhon : paraissant six fois par an. 1912-1914.

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    Cahiers du Cercle Proudhon

    DCLARATION

    Les Franais qui se sont runis pour fonder le Cercle P.-J.

    Proudhon sont' tous nationalistes. Le patron qu'ils ont choisi

    pour leur assemble leur a fait rencontrer d'autres Franais qui

    ne sont pas nationalistes, qui no sont pas royalistes et qui se

    j~'gnent aux pour participer la vie du Cercle et la rdac-

    tion dea CaAtcr~. Le groupe initial, &iiMi tendu, comprend des

    hommMd'ohginM diverse*, de conditions diu6rentes,qui n'ont

    point d'Mp

  • 2 DCLARATtON

    les aoctts hummes, pour les familles, pour tes individus.Hameuee panm nous pour mstaurer le rgne de la vertu, elletotere et encourage toutes les licences. Elle est thoriquementun r~nne de ttberte; pratiquement elle a horreur des libertsconcrtes. rceHes et elle nous a hvrs quelques grandes com-

    pagmes de pillards, politiciens associes des financiers oudufm)tt-s pur eui, qui v~-eut de t'expbit&tion des producteurs.

    Ld democr.ttte enfin a permis, dans t'couomte et dans lapohuque. t etabhssemeat du regtme capitaliste qui dtruit dansla Ctte ce que les tdeea dmocratiques dissolvent dans l'esprit,c'et.t-d-dtre la nation, la tamtHe, les murs, en substituant latu) de t'or aux. luis du san".

    La democranc vit du l'or etduneperverstondei'tntettigence.Elle mourra du r~evement de t'espnt et de l'tablissement destnstttunfih qm; )c~ i-'ran.;a)s crent ou recrent pour la dfensede leurs hber~s et de leurs tnteretssptrttuets et matnets. C'esta favoriser ccnc double efttrepnse que t'un travaillera au CercleProudhon.

  • Au lendemain du jour o l'Italie fte le centenairede Cavour, nous verrons une chose horrible le monu-ment Proudhon, Besanon, sera inaugur par M. Fal-lires. Le fonctionnaire qui reprsente l'tranger de

    l'intrieur, la crature des Reinach. Dreyfus et Roth-schild officiera devant l'image du puissant crivain rvo-

    lutionnaire, tnau /rottpaM, qui nous devons ce cri de

    douleur, qu'il jette propos de Rousseau Notre

    patrie qui ne souSrit jamais que de l'influence des tran-

    gers. Il

    Les ides de Proudhon ne sont pas nos ides, ellesn'ont mme pas toujours t les siennes propres. Ellesse sont battues en lui et se sont si souvent entre-dtruites que son esprit en est dfini comme le rendez-vous des contradictoires. Ayant beaucoup compris, ce

    grand discuteur n'a pas tout su remettre en ordre. Il estdifficile d'accorder avec cet esprit religieux, qu'il eutvif et profond, sa formule Dteu, c'est le mal et,dans une intressante tude du Correspondant, M. EugneTavernier nous le montre fort en peine d'expliquer sonfameux La proprit, c'est le vol Nous remercions

    (1) M. Charles Maurras avait bien voulu accepter de prononcer one ~Ho-eution t la premitre reunion du Cercle Proudhon, qui tut teouo it ttntUtutd'Action r'r*a~ne. le 17 dcembre 1U11. H ne nous a pas t poatictede recueillir ses paroles. Mais roulant. rappeler a nos amis et f~)reconnaltre ceut qui les tgnorcnt les jugements que l'auteur de )t.'n

  • AMaumNt

    Proudhon dMt tnmt~t-~m

  • A BESANON 5

    1

    tte de son crasant rquisitoire contre les hommes de

    la Rvolution et de l'Empire, la premire page de

    BumarcA et la France Jacques Bainville a pu ina-

    crire cette ddicace

  • BESANON

    protectrice du -Sa~-St~c. Il Protestants et anglicansle comprennent et s'en rjouissent :co n'est pas pour lagloire d'une thse de thologie qu'ils combattent lepouvoir temporel et demandent l'vacuation de Romepar la France Il Conclusion Le rsultat de l'unititalienne est clair pour nous, c'est que la France a~/antperdu la prpondrance que lui a~~Mratt sa /brM MtK-taire, sacrifiant encore l'autorit de sa foi sans la rem-placer par celle des t~M, France est une nation quiabdique, elle est finie. Il

    Et, comme ces observations de bon sens le faisaienttraiter du catholique et de clrical. oui , ripostaitProudhon, oui, je suis, par position, catholique, cl-rical. vous voulez, puisque la France, ma patrie, n'apas encore cess de l'tre, que les Anglais sont angli-cans, les Prussiens protestants, les Suisses calvinistes,Ifs Amcricams unitaires, les Russes grecs; parce que,taudis que nos missionnaires se font martyriser enCochtuchmo. ceux de l'Angleterre vendent des Bibleset autres arrtes de commerce..< Des raisons plus hautesencore inspiraient Proudhon. et il osait crire Za/'upam6 abolie, utH~ pontificats pour u~ vont surgir,depuis celui du P~ EH/a~tK. j~u'a celui du grand-ma~n- df.! Francs-Maons et il rptait avec unemsistance dsespre Je ne veux ni de l'unit alle-mande, ni de l'unit italienno; je ne veux d'aucun pon-[ihcat. Il

    l~ux ans aj)n.s avcur crit ces lignes, Proudhon expi-rt t .t.~cx tut pour ne pas assister a des vrifications')m devaient t:ure couler a tlots notre sang, mutilerm.tru terntufre. maugurer le demi-sicle de l'abaisse-ment. national! L' immense chec qu'il avait prvusans parvenir a comprendre, comme il le disait encore,

    l'adhesion donne par la presse librale franaise a

  • ABMjmoK 7

    )Ie dcr~dation confirma ooint n&rcette irrparable dgradation n, confirma point parpoint ce regard d'une sublime lucidit. L'unititalienneet l'unit allemande noua ont fait perdre tour tourla pr~po~rottM que nous assurait notre force militaireet l'autorit gu'ttnpotot notre foi. Le clricalisme a tvaincu, le pape dpouill, et l'on nous a impos ce gou-vernement dont la seule ide stable est l'abaiasementdu Saint-Sige, le rgne de la franc-maonnerie et deM* grands-matres divers. Si l'Empereur a disparu, sa

    politique dure le parti rpublicain en a t quaranteans lgitime et fidle hritier.

    Certes, et nous l'avons dit, avec Drumont, avec

    George Malet, avec le Juniua de.l'~c/to de Paru, auxavocate de l'empereur rien n'efface cette responsabilitnapolonienne que Napolon m lui-mme rattache & latradition de Napolon I"; mais la vrit fondamentaletablie, il faut en tablir une autre et rappeler auxhommes de gauche, que leurs mes, leurs prea, leursmaitres et, pour les plus gs, eux-mmes, en i860, ilstaient tout aussi Italiens et Prussiens que Napolon MI ISauf Thiera, en qui s'tait rveill l'ancien ministre dela monarchie, l'lve de Talleyrand, qui fut l'lve deChoiseul, tous les rpublicains et tous les libraux dudix-neuvime sicle ont t contre le Pape et contre laFrance avec l'Empereur des Franais. Il faut relire dansw Bumorct et la ~'atM cee textes dcisih auxquelsnous ramne Bainville le ministre Ollivier dveloppant la tribune la thse idaliste des nationalits etM. Thiers, traditionnel pour la circonstance, s'criant

  • 8 ABXSAK~XW

    n'avions aucun intrt & ce que len'avions aucun intrt & ce que les rivalits se conti-nuent entre les deux parties de l'Allemagne "I1

    Telle tait la tradition rvolutionnaire impriate ou

    rpublicaine et Proudbon s'y tant oppos presque seul,la prsence de M. Fatiires au monument de Proudhonest plus qu'un scandale, c'est un contresens. Je partagesur la personne de M. lanires le sentiment de LonDaudet l'appelant le plus lche et le plus mprisabledes ruminants; et l'apprciation de Jacques Detebecque,telle qu'on la lira plus loin sur l'harmonie de cet animalet de la fonction constitutionnelle, me semble l'expres-sion de la vrit pure. Mais le nom de Proudhon meten cause plus que la personne ou la magistrature deM. Fatires le nom de Proudhon met en accusation le

    rgime avec son revtement de blagologie nuageuse,avec son fond de sale 'envie et de bas apptits. Ce

    grand nom de Proudhon frappe d'indignit et FaUteres,et sa prsidence et la dmocratie parce qu'il voque le

    grand nom de la France et t'toiie obscurcie de notredestin national. Ce rgime ne signifie que le pontificatde la maonnerie que Proudhon avait en horreur. Il ne

    figure rien que les hommes et les ides que Proudhoncombattait en France, en Europe, partout. Proudhontait fdrahste que tui veut cette rpublique centra-lisatrice 1Il LaJt syndicaliste que lui veut cette rpu-blique tatiste? H tait'nationaliste et papalin: que luiveut cette rpubtique anticathohque, anttfranaise?

    Je ne sais qne!ie% bouffonneries l'on dbitera la

    louange de ce grand crivain sorti, comme Veuillot ettant d'autres, des entraillos du peuple; mais les lettrsdevraient rpondre la venue de M. Fatires par ladrision et le peuple par des bues.

    CHARUM MtCtmAS.

  • Depuis quelques annes, une figure surgit de nou-

    veau au grand jour de la pnombre o elle vgta un

    demi-sicle c'est la figure de Proudhon, notre grand

    philosophe socialiste franais. En janvier 1909, on

    clbra, de divers cta, son centenaire; fdralistes

    et dcentralisateurs rpublicains, royalistes de l'~cttOtt

    Franaise, syndicalistes rvolutionnaires, volontiers,

    se rclament de sa mmoire; les politiciens eux-mmes

    lui rendent leurs hommages, et si nous ne savions que

    l'hypocrisie est l'hommage classique que le vice rend

    la vertu, nous pourrions mme nous en scandaliser;mais. passons, et rservons-nous pour des adversaires

    que nous puissions ne pas trop mpriser. Il n'y a, pourcontinuer bouder son souvenir, que l'glise marxiste

    orthodoxe, qui sans doute cette remonte de

    Proudhon semble un affront particulier fait son

    dieu, l'auteur de cette i~M~re de

  • PMUMON

    Sedan n'a pas t seulement ta Sa

  • PMCDBON ii

    D~ f't ~ ~*que de ce ct-ci du Rhin. C'est le courage devantl'absolu qui est rare. L'absolu enivre tellement Fichte

    qu'il va jusqu'au dogme il devient sacerdote, il est enpleine rvlation. tonnez-vous aprs cela que le peupleallemand, tombant du christianisme dans la philo-sophie de l'absolu, c'est--dire toujours dans la reli-gion, se soit montr, en 1848. si peu pratique, si peuamoureux de la libert, si faiblement rvolutionnaire. On reconnatt bien ici le langage d'un descendant decea Gaulois qui ne craignaient rien, mme la foudre duciel la couardise allemande, le caporalisme allemand,le panthisme allemand (c'est--dire cette sorted'ivresse de l'absolu qui mne l'absolutisme Hegeldivinise l'tat), ne pouvaient qu'exasprer ce Franc-Comtois, petit-fils d'un paysan-soldat et fils de ce simplehros dont il nous raconte, dans La Jmttce. le tranquillecourage, tout antique, devant la mort. Il faut videm-ment, pour comprendre Proudhon, ne jamais perdrede vue cette filiation gauloise, paysanne et guerrirel'audace gauloise, le dfi gaulois au ciel, avec ce je ne saisquoi de jactance, d'ironie et de folle bravoure dont Vic-tor Hugo a compos son gamin de Paris, l'immortelGavroche, vous les retrouverez dans ses cris de guerrela proprit, c'est le vol; Dieu, c'est le mal. C'est le dfi

    promthen de l'homme bravant Dieu et toutes lespuissances du ciel et de la terre; et voyez sa doctrinede l'immanence de la Justice elle procde de la mmesource. Il n'est pas de peuple, en effet, qui, en un sens,soit moins religieux que le peuple franais et qui puisseplus facilement se reposer sur lui-mme, vivre sur sonpropre fonds, sans adjuvants extrieurs et secours sur-naturels ce peuple est impie, naturellement; il n'estpas athe l'athisme suppose une humeur sombre, unfanatisme de l'absolu, qui ne sont pas de lui; et ce

  • ~eoBHea

    peuple, quand il est religieux, est catholique, pMceque le catholicisme, qu'est-ce, sinon, prcisment, unecanalisation de l'absolu, l'absolu enferm dans unepuissance dfinie qui est t'giise et, par cela

    mme.humanis, disciplin, socialis, et comme subordonne l'homme, au lieu que le protestantisme, c'est l'individuconfront directement avec l'Infini et par suite con-fisqu par lui. moins que ce ne soit la porte ouverte,pour les mmes raisons, un individualisme roman-tique anarchique et dbrid. & quoi rpugne, foncire-ment, le bon sens gaulois, la fermet d'esprit gauloise.Car, remarquez-le bien l'audace, la jactance gauloise,cet amour eorn de l'indpendance. cette humeurfrondeuse, tout cela ne tourne jamais en anarchismeromantique, tout cela n'engendre jamais de ttM

  • PROUDHON i3

    ais voil donc les deux grandes admirations litt-raires de notre soi-disant pre de l'anarchie; deuxauteurs dont les qualits dominantes sont le bon sens,la fermet d'esprit, la droite raison et dont t'ouvre futune uvre de discipline, d'ordre, de rgle, le contrairede l'anarchie; une uvre doublement franaise, parceque classique et catholique 1

    Humeur frondeuse et &mour inn de l'ordre desromar.iquea demanderont comment ces deux chosespeuvent se concilier, car la lourdeur germanique necomprendra jamais le compos rare que constitue l'or-dre /rot~u, fait de libert, d'ironie et d'unit pro-fonde, et il me faut citer, l'adresse de nos roman-t'ques germanisants, ce magnifique loge de l'ironie, del'ironie toute classique et franaise, qu'on peut lire la fin des Confessions d'un rvolutionnaire Ce quimanque a notre gnration, ce n'est ni un Mirabeau,ni un 1 obespierre. ni un Bonaparte c'est un Voltaire.Nous ne Ha vous .len apprcier avec le regard d'uneraison indne- ~ante et moqueuse. EsclaveH de nos opi-nions comme .) nos intrts, force de nous prendreau srieux, nous donnons stupides. La science, dont lefruit le plus prcieux est d'ajouter sans cesse c.libert de la pense, tou~ chez nous au pdantismeau lieu d'manciper l'intell~jT~, l'abtit. Toutentier nos amours et nos haines, nous ne rions desautres pas plus que de nous en perdant notre esprit,nous avons perdu notre libert. La libert produit toutdans le monde, tout, dis-je, mme ce qu'elle y vientdtruire, religions, gouvernement, noblesses, propri-ts. De mmo que la raison, sa sur, n'a pas pluttconstruit un systme, qu'elle travaille l'tendre et le refaire; ainsi la libert tend continuellement con-vertir ses crations antrieures, s'affranchir des orga-

  • i4 pRocDaoN

    QM qu'elle s'est donns et & s'en procurer de nouveaux,dont elle se dtachera comme dea premiers, et qu'elleprendra en piti et en aversion, jusqu' ce qu'elle lesait remplacs par d'autres. La Libert, comme la Rai-son, n'existe et ne se manifeste que par le ddain incea-sant de ses propres uvres elle prit ds qu'elleN'adore. C'est pourquoi l'ironie fut de tout tempa lecaractre du goio philosophique et libral, le sceaude l'esprit humain, l'instrument irrsistible du progrs.Les peuples stationnaires sont tous des peuples gravesl'homme du peuple qui rit est mille fois plus prs dela raison et de la libert que l'anachorte qui prie ou le

    philosophe qui argumente. Ironie, vraie libert! c'est toiqui me dlivres de l'ambition du pouvoir,de la servitudedes partis, du respect de la routine, du pdantisme dela science, de l'admiration des grands personnages, des

    mystifications de la politique, du fanatisme des rfor-

    mateurs, de la superstition de ce grand univera et del'adoration de moi-mme. Tu te rvlas jadis au sage,sur le trne, quand it s'cria, a la vue de ce monde oil figurait comme un demi-dieu FaMt~ dat

  • PMUDBON i5

    ~ Tn ~a m&ttr~aaa ~

  • 16PROUDHON

    sea, et queUe puisaaoco de dissolution~a. et queue puissance de dissolution ce sourirerenferme Le monde semble se couvrir de ruines, etil ne reste debout, parmi tous ces dcombres, quel'autel que le moi se dresse lui-mme. Ce n'eqt pM lle rire clair. joyeux et hroque de l'ironie proudho-nienne L'ironie ne nait pas ici d'une comparaison del'infini et du fini, du moi infini avec les manifestation.toujours trop finies d'un monde fantomatique; uvre etouvrier, ict. sont mis sur le mme plan et se jugentavec la mme modestie par rapport un idal.'quin'est pas le moi orgueilleusement dguis, maia lacration perptuellement rvocable de la libert rvo-lutionnaire c'est l'ironie du hros, qui, mme aumoment o il accomplit les actions les plus hroquesne s'en fait pas accroire, garde sa libert d'esprit, etsemble vous dire, un clair de malice dans lea yeux etla tvre railleuse Oh 1 ce n'est rien t ne vous emballezpas, on peut faire mieux encore t Ce que j'ai fait l esttout simple et n'tait pas si difficile! Hrosme bonenfant, volontiers gouailleur, plein de ptulanceetcommeendiabl, et qui, en mme temps, conserve le parfaitsang-froid et la srnit souriante d une me entirementmattresse d'elle-mme et d'un esprit o la clart et lalibert du jugement restent inaltres hrosme, pourtout dire, la /r

  • PROUDHON i7

    sa raison reste libre, il n'est pas dupeneaque est pris, sa raison reste libre, il n'est pas dupede lui-mme il ne se propose pas en modle, il n'rige

    pas, comme le romantique, les moindres lans de sa sen-

    sibilit en lois du monde et en rvlations de la divi-

    nit, il n'a pas cette impudeur, ni ce.tte outrecuidance,ni ce pdantismo, il n'est pas Genevois, il est Franais).Kien non plus de cet humour anglais o se traduit l'amer

    et s&rcaatique pessimisme d'un moi que le cant d'un

    moraliame protestant et le spleen d'un pays de brouil-

    lards et d'une socit sans grce rduisent cette

    ironie froide, concentre, atroce, grinante et grima-

    ante sous son masque d'impassibilit; mais, je le rpte,

    quelque chose de bien franais, o se manifeste le puret souverainement libre mouvement de l'esprit d'une

    race essentiellement artiste, guerrire, chevaleresqueet rvolutionnaire race qui a produit tout ensemble la

    socit la plus polie et qui faisait de la vie sociale

    un art vritable aux nuances les plus exquises et les

    plus varies, et le peuple le plus rvolutionnaire,et qui mme semble le seul avoir la vocation de

    la Rvolution et o l'on trouve runis, par un

    miracle prodigieux, le plus grand comique, Molire,et le plus grand tragique. Corneille. le plus grand

    penseur chrtien, Pascal, et le plus grand seigneur de

    l'esprit, Voltaire; le plus grand prosateur, le gaulois et

    aristophanesque Rabelais, et le plus pur des potes,Lamartine le plus grand polmiste catholique, Louis

    Veuillot, et le plus grand polmiste rvolutionnaire,Proudhon. Race unique, faite des contrastes les plus

    aigus, qui semble la plus prosaque et la plus bour-

    geoise du monde, et qui cependant a vcu la plus pro-

    digieuse pope militaire qu'on ait vue, et dont Renan

    a pu dire qu'elle ne savait pas faire la toile de mnageet ne russissait que la dentelle; peuple trange o

  • 18 PROUDHON

    1-- n_r_ _A 1_- rr_ _4.pullulent les Bournisiens et les Homais, et qui. cepen-dant, est le plus libre d'esprit, le plus fanatique de lalibert d'esprit; o la tradition gauloise et libertinechevauche porptueltement la tradition prcieuse.romanesque ou mystique, le plus clrical et le plusanticlrical, le plus chrtien (il compte mme un saint

    parmi ses rois et il a fait, dit Renan, de la royaut un

    huitime sacrement) et le plus paien, le plus pacifiste etle plus belliqueux, le plus patriote et le plus antipa-triote, le plus conservateur enfin et le plus rvolution-naire.

    Et voyez. Tous ces contrastes qui composent la figurede la Franco ternelle, nous tes trouvons pour ainsidire concentrs dans celle de Proudhon. Le plus grandpolmiste rvolutionnaire que la France ait produit, ai-

    je dit; mais ce rvolutionnaire peut passer pour un

    grand crivain conservateur et l'un des maitres de lacontre-Rvolution au xrx. sicle; et l'Action /roncaMeen janvier 1U09 a pu, sans trop de scandale, dposerune couronne sur sa tombe ators que le socialismeunifi s'abstenait de clbrer sa mmoire, abstentiondont on ne peut d'ailleurs que le fliciter, car, en vrit,entre Proudhon et le socialisme unifi, non seulement'il n'y a rien de commun. mais il y a des-abimes. Et,de fait, il n'a partag aucun des prjugs de la dmo-

    crat)o rvolutionnaire. Il n'est pas romantique il com-

    pare le romantisme la scrofule: il l'appelle -un dilet-

    tantisme ramuttissant. qui a fait de nous, Franais, quitions les pionniers de l'ide, les chevaliers de l'Idal,et cette opposition do l'ide l'idal, toute classique,et que Maurras aujourd'hui aime reprendre, est bien

    caractristique. Il n'est pas fministe courtisane ou

    menagre, tel est son dilemme il souhaite, & l'usage de

    notre temps, une seconde dition de la satire de Boi-

  • PMUMOK i9

    et il eat. avec Molire. contre lealean sur les femmes, et i~ est, avec Molire, contre lesFeoMMt Mpat~M- ici encore donc ndle la pure tra-dition classique et franaise, et 8i oppos toute latradition pseudo-rvolutionnaire qu'un homme, comme

    Barbey d'Aurevilly, lui tirera son chapeau et l'appellera,magnifiquement, un rude casseur de pierrea . Il n'est

    pas unitaire, ni tatiste, ni centralisateur, ni j&cobinil fut, au risque de passer pour papiste, contre l'unit

    italienne; il est fdraliste, rgionaliste, au point dedfendre AotTMCo referem le scrutin d'arrondisse-

    ment, et toute son uvre est la plus magnifique dmo-lition qu'on puisse rver de la dmocratie MKCel MM~-oMtb~ et du dogme unitaire. Il n'est p&s pacifiste au

    grand scandale de tous les dmocrates, il fait de la guerrele pangyrique le plus superbe qu'on ait jamais fait etil voit dans le guerrier un homme plus grand que natureet dans la guerre < la manifestation qui noua honore le

    plus devant l'ternel . Il n'est pu optimiste ni pan-th'ste le monde, selon lui, repose sur des antagonismesirrductibles et la lutte ternelle des forces il n'eat pas,il ne sera jamais une ronde de parfait amour 1&

    guerre est universelle, et de cette guerre rsulta l'qui-libre il n'y a p&a d'harmonie prtablie, l n'est paavolutionniate la progrs, sca yeux, n'& rien do

    fatal; l'ide de progrs, quand elle n'est pas l'ide d'un

    progrs moral, est un bilboquet physiologico-poii-tique qui ne raiste pas deux mmuto~ a l'examen l3mouvement, sana doute, ejuste, et Proudhon, avantM. Bergwon, donne de l'esprit cette dfinition, qu'il estun mouvement moMor, er~o sum; mais ce mouvement,essentiel l'humanit et & l'univers, est sujet inter-

    ruption, renversement, & chute, et c'est alors la dc&-dence la

  • 20 PMDDHOtt

    aucten nous a donn dj un premier exemple avec ladcadence romaine et dont le monde moderne nousoSre une seconde dition, amplement revue, corrige etaugmente, puisque, selon Proudhon, notre ordre soc~lactuel est une parfaite dissolution. Proudhon, en cons.quence, ne partage pas, et c'est par l peut-tre qu'ils'oppose le plus toute la dmocratie moderne tantanarchiste que socialiste, et qu'il lui est si peu sympa-thique l'indiffrence souveraine en matire de moraleque professe et pratique ladite dmocratie; il ne croitpas, avec elle, qu'il sutHse d'accro!tre le bien-tre mat-riel pour augmenter, ipso facto, le capital moral del'humanit ni malthusien, ni pornocrato, ni bancocrato,il dnonce cette illusion de la nchesse dont tout lemonde moderne, socialistes et anarchistes en tcte, est.l'aveugle et outrecuidant prisonnier; il fait de la pau-vret, conservatrice des murs et de ta justice, .l'loge'le plus magnifique qui soit sorti d'une bouche humaine,depuis Vu-giie et Bossuet, et il dfinit le travailleur le vritable ascte moderne x. Et c'est ici, sans doute,que le contraste devient le plus saisissant car ce taque~cet homme qui a crit lu Justice d

  • PROUDHON 2i

    cette rsonance chrtienne, ce ton religieux, qui ontmis entre la dmocratie moderne et lui ce gouffre d'in-

    comprhension et de msintelligence? Car, si vraimentle ton moral chrtien, c'est l'estime trs haute faite dela chastet, l'ide du pch et le pessimisme, commentmconnatre le christianisme fondamental de Proudhon,lui dont la thorie du mariage n'est qu'une transposi-tion de la mystique chrtienne, la thorie du progrsune transposition de la doctrine thologique de la grce,et, partant, la ngation rsolue de l'optimisme moderne? TChrtien, oui, il l'est, et profondment, et non pas lafaon molle et lche d'un Chateaubriand, d'un Lamen-nais, d'un tMd~rK

  • PROHBBON

    sistant et !ache, incapable de foi vritable, et qui prendles lans d'une sensibilit et d'une tendre vaguementhumanitaires pour de la religion; le christianisme latentde Proudhon, c'eat le christianisme pris la lettre, danstoute la rigueur de sa conception, sans attnuation niadaptation eSmine aux prtendues exigences du pr-tendu esprit moderne; c'est le christianisme daMMMtel que Pascal et Bossuet l'entendaient et le pratiquaient;un chnsttanisme d'allure toute franaise, o la profonddeur du sentiment mystique s'allie a l'inflexibilit d'uneraison intraitable et suprmement exigeante; un chris-tianisme ancienne France, le christianisme de cetteFrance trs chrtienne, qui, dit Proudhon quelque part,devait devenir, tout naturellement, la .France trsrvolutionnaire; et, en vrit, nul auteur ne donnemieux l'impression de cette filiation toute naturelle que,prcisment, Proudhon lui-mme.

    Pierre-Joseph Proudhon paysan franc-comtoispetit-fils de co Tournesi, qui fait des niches a soncur, mais n'est pas voltairien c'est !'antict.-ica-lisme classique du paysan franais, l'esprit fron-deur et ennemi-n du

  • PMUMOK 23

    1~ --~ AL t~ *1'la leur, car tous les hroismes sont frres, le militairecomme la religieux et le rvolutionnaire, et que Mon-sieur le cur renonce toute ambition sculire et tout esprit de domination, ils N'entendront parfaite-ment avec lui, sauf le blaguer encore un peu, maisc'est l'esprit de la race, le vieux fond de malice etd'ironie gauloise. Il n'y a que le capon, le couard, le

    droguiste-picier M. Homais, qui soit form & toute

    conception religieuse de la vie, car celui-l c'est le

  • 24 PaOCDBOtt

    un rquisitoire, le rquisitoire, il le dit lui-m~iun .requtsitotre, la rqmsitou-e, il le dit lui-mme, dupaysan du Danube; et voyez quel loge il fait de Vir-gile, le grand pote rural, et dam Virgile, des (Mor-~t?M le grand pome de !a vie rurale; Pierre-JosephProudhon, qui dteste prcisment le christianisme entant que manifestation urbaine, en tant que religionabstraite de gens qui vivent trop loin de la nature, troploin de la terre et dont le cerveau eat par suite la proiedsigne de toutes sortes de nues et de dilettantismesmorbidea et ramollissants. Mais le christianisme est- ilncessairement urbain, pourra-t-on se demandert N'ya-t-il pas, dana te christianisme, deux courants, l'unplus bourgeois, plus urbain et abstrait, tendant ter-nellement au protestantisme, et l'autre, plus rural, pluspaysan et plus concret, et qui serait le courant plaaproprement catholique Voyez, aujourd'hui, le chris-tianisme dea ai!!onistes, des modernistes et des abbsdmocrates, toutes ces formea d'un catholicisme ditlibral et qui sont tangentes au protestantisme librallui-mme; et voyez, ct, les catholiques d'~e~w/rcM~ue, rallis autour de Pie X, ce cur de campagnelev la dignit pontificale n'est-ce pas l diffrencede la vl!!e la campagne qui spare -ces deux groupesde chrtienst II n'est pas douteux que le cathoMcMme.plus concret, plus beau, charg de plus d'lmenta sen-sibles, ne soit, par rapport au protestantisme,cette forme &ow~otM du christianisme, commeMarx lui-mme le dsigne, dans le mme rapportque la campagne la ville il y a bien aussi uncatholicisme des villes, le catholicisme des cours,mondain, prcieux, ramn et dilettante, mais c'estdj la corruption du catholicisme, lequel restefondamentalement la religion de peuples foncirementagricoles, comme l'Italie, l'Espagne et la France Et

  • PMCDHOtt 25

    Roura extr&ordin&ire da Jeannepensez surtout cette figure extraordinaire de Jeanne

    d'Arc, figure unique au monde, Jeanne d'Arc, la

    paysanne lorraine, l'humble pastoure, la vierge guer-rire, aymbole ternel de ce christianisme rural et

    paroiMial de la vieille France rurale et militaire. De cechristianisme essentiellement rural, Proudhon, certes,n'eat plus l'adversaire, il en est mme un des plusmagnifiques reprsentants, et l'on retrouve en lui,videmment, toute la substance de ce qui compose, travers les sicles, la figure temelle de la France ter-

    nelle, de la France qui a produit, ce peuple qu'on dit

    lger et superficiel, saint Louis, Jeanne d'Arc, Corneilleet Pascal, de la France chevaleresque et hroque, hri-

    tire la fois de la tradition antique et de la tradition

    catholique, de la France trs chrtienne et trs rvolu-tionnaire.

    coutez plutt l'accent de ces lignes, que j'extraisd'une admirable lettre crite un ami qui se dcoura-

    geait (Correspondance, t. XIII, p.2i7): .Seriez-vousdonc de ces gens pour qui l'existence de l'homme n'a

    qu'une fin produire, acqurir et jouir t Ni l'un ni l'au-tre. Il faut travailler, parce que c'est notre loi, parceque c'est cette condition que nous apprenons, quenous fortifions, disciplinons et assurons notre existenceet celle des ntres. Mais ce n'est pas l notre fin, je nedis pas transcendante, religieuse ou surnaturelle, je dismme fin terrestre, -fin actuelle et tout humaine. Etre

    homme, nous lever au-dessus des fatalits d'ici-bas,

    reproduire en nous l'image divine, comme dit la Bible,raliser enfin sur terre le rgne de l'esprit, voil notrefin. Or, ce n'est ni dans la jeunesse, ni mme dans la

    virilit, ce n'est point par les grands travaux de la

    production et lea luttes d'affaires que nous pouvons yatteindre; c'est, je vous le rpte, a la complte matu-

  • PMCDMN

    ftt~ Mtt

  • pMncmx 27

    a voue parattre tnmce, mais je suiavotre corps. Ceci va voue parattre trange, mais je suia

    logique jusqu'au bout. Vous perdrez dans mon estime,si vous vous laissez aller, je vous en prviens. Au con-

    traire, plus voua durerez, plus je vous aimerai .Comment ne pas tre frapp de l'accent profond-

    ment chrtien de cette admirable lettre? Et quelle mer-veilleuse trempe d'me un tel accent rvle 1 Commeun tel langage dtonne au milieu de notre dmocratie

    jouisseuse, matrialiste et gangrene jusqu'aux moelles!C'est le langage d'un homme de l'ancienne France,form aux plus pures traditions la fois classiques etchrtiennes, un langage qui sonne le grand sicle, et

    qui rappelle celui de nos plus grands moralistes, quandla tradition de la sagesse antique, jointe aux vertussurnaturelles du christianisme, composait la substancede l'esprit national. Quelles mes alors, quels carac-

    tres, quelles fortes personnalits Aujourd'hui que ladmocf~tie coule pleins bords, et qu'au nom d'une

    mtaphysique la fois rationaliste et matrialiste, etd'une sociologie prtentieuse et barbare, elle dtruittoutes nos traditions nationales aussi bien classiquesque chrtiennes, et que, sous le fatras des morales

    laques et des belles tirades sur le progrs et la libert,on ne dcouvre rien d'autre que cette maxime sniled'une bourgeoisie dgnre et d'un peuple aveuli

    Courte, t!t

  • SS KMCMMN

    l'ancienne Rome et l'esprit du cbisti&niame du xvn* si-cle, antithse clatante de cette dmocratie bavarde etcouarde, livre tout entire aux mercantis de la Plumede la Bourse et de l'Urne, et qui n'est qu'une des for-mes les plus cyniques de l'exploitation populaire.

    Jean D~Rviu~.

  • PROUDHON ET L'ORDRE 1

    Voici plus d'un demi-sicle que ce scandale durela souvenir d'un Proudhon est mis ~j service du partiqui s'acharn'u dtruire !es c.'ndition~ del'ordr'j ternel.t de l'ordre franais, et l'on voit de: mistat~es lam-beaux de sa doctrine s'agiter entre les ma~a d'anar-chistes qui servent la cause de l'Or juif.

    La tactique du silence et de l'etoutlementtut employedu vivant do l'auteur avec un art suprieur qui pou-vait n'

  • 30 FMUDHON tn* t-'ORBMt

    Ait suite du vieux croyant russe, que!quMMMtr.chistes emboltrent !e pas MM conviction. Hadurent jeter un voile pudique sur ce qu'ils appelaienttes erreurs du matre. L'on conoit usez, en effet,l'embarras de ces rpublicains intgraux, soucieux dudveloppement intgral de l'individu,'devant les pageso Proudhon a affirm avec tant de vigueur et d'lo-quence la f~tM de f~re social a, qui est la raultaateet non la somme des forces agglomres.

    Passons sous silence la mascarade officielle de Besan-on. mais donnons aux rpublicains qui affectentquelque intrt pour Proudhon le conseil de se montrerplus circonspects. Qu'ils se rappellent ravertiMementqu'un des leurs qui se piquait de connaltre aussi AugusteComte, le tonitruant Gambetta, donnait au jeune Hann-taux t 2,uM Proudhon tMM prenez garda IL mrPHM Dt: MM

  • PROUDHON ET L'ORDRE 31

    de l'Rmpireet des Rpubliques troisime et quatrimen'ait dmontr le bien-fond strict.

    Souvent son insu, mais parfois de faon dlibre.en politique comme en conomie et jusqu'en littrature.il se range cote cote avec nos maitres de contre-rvo-lution. Comme Auguste Comte, il veut reconstruire unefamille solide. C'est avec les accents lyriques d'un

    Joseph de Maistre qu'il proclame l'ternelle ncessit dela lutte. Champion du pouvoir temporel des Papes, ilae campe aux cts de Pie IX et du comte de Chambord.Et s'il ne jugeait point de son vivant qu'un tel voisi-

    nage ft compromettant, s')) d~ctarait que /f)!n f/c '

  • ? MMODHON tf t-'OMtH

    comtoise et il nourrissait l'ardent dsir de w rendrenotre nation

  • PROUDHON KT L'ORDRE 33

    miques se produirait d'une faon purement spontane.Or, ce fdralisme ne peut sortir de l'abstraction, il

    ne peut prendre corps et devenir vraiment intgral quesi un ordre l'ordre royal lui sert de soubasse-ment. La Rpublique, corruptrice et fusiieuse, a eusoin de nous dmontrer avec vidence qu'un rgimelectif ne peut qu'attenter l'indpendance des grou-pements de producteurs. des rpubliques uuvnre:L'exprience de Proudhon tait, sur ce point, insutM-sanie. La ntre est entierement acheve.

    Faute d'avoir saisi toutes les conditions reelles, con-crtes, historiques, de l'ordre qu'il voulait ratiser,Proudhon n'a pu en discerner que les grandes ti~nes. Eului, le royalisme n'a t qu'en puissance. Mais n'est-cepoint sumsant pour que nous fassions cesser le scandalepersistant d'un Proudhon, pre de t'anarchie et grandprtre de la Rpublique? Et n'esl-il point grand tempsde le faire apparaltre, sous ses traits vritables, et.dussent quelques badauds s'en tonner, de montrer enlui un /(t

  • POURQUOI NOUS RATTACHONS NOS TRAVAUXA L'ESPRIT PROUDHONIEN 1

    Nous avons l'honneur d'ouvrir devant vous notrecercle d'tudes et de commencer publiquement nostravaux sous le vocale de P.-J. Proudhon. Nous avonspens que, noua plaant, nous, nationalistea intgrauxsous un tel patronne, il ne serait pas inutile d'expli-quer, mme pour les personnes averties, le choix denotre patron. Mais avant que de vous dire pourquoi nousrattachons nos travaux l'esprit proudhonien, je vousdemande la permission de vous prsenter quelquesrflexions sur la formation du cercle lui-mme.Tout d'abord, un point d'histoire. Au mois de mai

    dernier, quelques-uns de nos tudiants me prirent deme joindre eux pour organiser un cercle d'tudes,non point sociales (je vous dirai tout l'heure pour-quoi), ma~ conomiques. Je no veux point voua cacherle nom de celui de nos amis chez qui cette ide est nedans laforme que je vous indique. C'est Henri Lagrange.Voil pour renseigner M. le professeur Bougl, et pourlui permettre de complter, dan~ une seconde ditionde sa Sociologie de ProudAc~. la note dubitative qu'il aconsacre notre cercle.La fondation du cercle prsentait quelques dimcults

    Lorsque quelques personnes se runissent pour tudierles problmes improprement nomma sociaux (car ilst6 ~nS~t. du C~' P" d.~

  • L'ESPRIT PROCDHONfM) 35

    ne aont que politiques, ou conomiques, ou religieux),il y a un trs grand danger. C'est la corruption desprincipes et des personnes. On risque fort, ou bien deconstituer un groupe mondain qui se poussera dans lemonde en utilisant son amour des hommes, sa pitipour les humbles, ou bien de prparer des intellectuels l'exploitation des passions ouvrires. Vous distin-guez trs bien que la premire forme du danger nenous menace pas. Nous aurions pu redouter la seconde,si nous nous tions propos la seule tude des questionsouvrires et la prparation a une sortf* d'apostolatsocial et national parmi les classes ouvrires. Voussavez dj que nos intentions sont tout autres etqu'elles excluent rigoureusement tout ce qui pourraitrappeler cette forme hypocrite do l'action politiquequ'est l'action dite populaire. Vous ne trouverez pas icides hommes recherchant les moyens d'enseigner lepeuple pour lui faire abandonner ses erreurs, et quiauraient la prtention insupportable de le guider, de lediriger, et qui feraient profession d'tre ses reprsen-tants auprs des classes dirigeantes et des pouvoirsfuturs. Le rapport que j'ai eu l'honneur do prsenterau dernier Congrs d'Action franaise vous a donn surce point capital les prcisions ncessaires.

    Nous nous sommes runis, chacun conservant ici sonesprit de famille, de mtier, de corps et de classe (declasse surtout), pour faire une uvre dont j'oserais dire(bien que le terme soit singulirement dshonor aujour-d'hui) qu'elle sera scientifique, Nous avons tous desides trs nettes sur le problme politique. Nous avonsgalement une conscience parfaite de notre qualitnationale. Il nous reste connatre, en vue de notreaction, en vue de l'organisatipn laquelle nous sommesappels prendre part, chacun dans notre classe, il

  • 36 POORUOOt NOCS RATTACHONS NOS TRAVAUX

    nous reste a r:'nuaitre te monde o nous vivons, etparticuherement ~om !'nn Je ses aspects qui est parmiies plus obscut.s, t'nomxjue. ~uus aurons & vivredam< ce monde. H agit pour nu'ts de savoir quelleplace noua y uccupons. ()u.;t rle nous devrons ytenir, en pia(;:mt toujours au-dessus do nos proccupa-tions. danti h. tudes. t'intert national. Nous ne pou-vons so))~) a ouus en remettro :t notre sentiment int-rieur (qui jt'c~t t naturellement pas exclu), car cesentiment, it dot une le mobit.j de notre action, estpurf.utemem .tv.'u.~ic et appeUe, pourtro satisfait, lacuiiaburattoit de ht conuai~sauce, de l'intelligence. Nousavons d6..)n\ t h' ou snnt pour nous, nobies, bourgeoiset ouvriers, nuhc bien et notre nt:d, dans ce domainede t'cnnnmif. tjxi a subi des transformations profondesqui no dependen) ni des princes ni des rpubliques, eto)'< ics notions que nous avons r~oe~ d

  • A L'ESPRIT PROODHONfBN 37

    la vie franaise. Quels intrts ce sont nos intrts de

    famille, de mtier et de classe. Cela vous indique quenous ajoutons, notre apptit de connaissance, un

    profond sentiment, une vive passion humaine. Trs

    exactement, nous cherchons connaitre les formes

    actuelles de l'conomie pour y dcouvrir les conditions

    de l'ordre franais et, dans la socit franaise, l'ordre

    des classes, les organes propres chacune et qui les

    favoriseront sans rompre les liens nationaux, et sans

    perdre de vue que toutes ces conditions se rattachent

    un ordre ternel, auquel l'ordre franais est li,comme le chne occidental est lie a la loi de croissance

    qui gouverne le palmier tropical. Cette connaissance

    acquise en commun. nous nous sparerons pour l'action

    pratique; chacun de nous regagnera son foyer hrdi-

    taire. sa femme et ses enfants, son laboratoire, son ate-lier ou son bureau, son association o il retrouvera ses

    pairs avec qui il travaillera l'organisation du paysfranais, selon sa propre loi, selon le commandementde ses aeux, et selon la conscience de ses intrts, danssa rpublique, sous la protection du roi de France.

    Ayant entrepris cette tache, nous avons cherch un

    patron. Nous avons voulu qu'il appartint la tradition

    franaise. a la plus authentique et la plus ancienne

    tradition franaise, celle qui est ne et s'est forme aucur du paysan franais, qu'il appartint en mme

    temps la race des nouveaux constructeurs, et qu'ilrunit en lui-mme, outre certaines vertus civiques quenous plaons trs haut, deux forces qui se sont opposeset se sont fait la guerre dans la dmocraue du x

  • 38 POURQUOI NOUS RATTACHONS NOS TRAVAUX

    contre-rvolutionnaires ne nous demanderont aucune

    justification de notre choix. Elles se souviennent queDrumont s'est souvent appuy sur la pense prou-dhonienne, que Maurras a dcouvert, chez l'auteur de laFdration en Italie, le sens parfait de la politique fran-

    aise, que Dimier a plac Proudhon parmi les mattresde la contre-Rvolution, que Bainville, enfin, & runidans une mme ddicace, les zouaves pontificaux et le

    penseur rvolutionnaire qui < dans sa pleine libert

    d'esprit, retrouva la politique des rois de Franco . Etelles n'ignorent pas que deux crivains francais, quiont fait en France la plus forte critique de la dmo-

    cratie, du point de vue syndicaliste, Georges Sorel etdouard Berth, sont tout pntrs du plus pur espritproudhonien.

    La part reconnue que Proudhon a prise dans le mou-vement des ides contre-rvolutionnaires sera donc, aux

    yeux de tous, notre premire justification. Mais il y a

    plus, croyons-nous. Ce n'est pas seulement Prouhon

    critique de la dmocratie, du socialisme et de l'anar-chisme que nous invoquerons ici. C'est Proudhon cons-tructeur. C'est l-dessus que je veux surtout vousdonner quelques explications.

    Proudhon critique de la dmocratie, du socialismeet de l'anarchisme, Proudhon papalin, a t en mme

    temps dmocrate, socialiste et anticlrical, sinon anti-

    catholique, et bien qu'il n'eut aucun des caractres quenous connaissons l'anarchiste, sa raction contre l'Etatl'a port souvent des mouvements fortement anar-

    chiques. 11est mme juste de dire que la plupart de nos

    contemporains ne le connaissent gure que sous ce der-nier aspect,: u La proprit, c'est le vol 1 Dieu, c'estle mal deux formules insparables, dans l'esprit du

    plus grand nombre, de la mmoire de Proudhon et qui

  • A L'ESPRIT I'ROUDHONIEN 39

    rsument son uvre. Vous savez combien c'est insuffisant,combien c'est faux, vous savez mmo ce qu'il faut enten-dre dans ces cris. Vous savez que la premire critiqueproudhonienne de la proprit a abouti une des plusfortes dfenses de la proprit qui aient jamais tfaites; vous savez galement que, parmi lea crivainsdu !X* sicle. Proudhon est un de ceux qui ont eu laplus profonde intelligence du catholicisme. Mais il n'enreste pas moins que Proudhon est un fils de la Rvolu-tion, un enfant perdu de 1789, et qu'il a eu la foi rvo-lutionnaire. Et. nanmoins, c'est un constructeur. M~meavec sa foi rvolutionnaire, il construit. il a la passionde la construction, de la vie organise, ordonne. dis-cipline. Mme domin par les ides directrices de larvolution, au point qu'il donnera ;t sa T~ohe de laproprit cette conclusion que le droit du propritaireest juste et ncessaire parce qu'il assure la LmERTK (etil crit le mot Libert en lettres capitales, et il l'entendau sens rvolutionnaire); mme dirig, inspir, sou-lev par l'enthousiasme rvolutionnaire, il s'oppose dotoutes les forces de son sang. de toute la vigueur de sapense, l'anarchie issue de 1789. Et voil la vritqui nous apparait. Proudhon. c'est la Franco .-terneUequi subit au xtx' sicle l'anarchie intellectuelle du xvnf.qui continue de rpter les paroles insenses imposesa sa mmoire, mais dont les mains paysannes, ouvri-res, formes par le labeur aux arts de la vie, repro-duisent les gestes traditionnels du travail et dont l'intel-ligence, discipline par les sicles, recherche l'ordredans ce monde nouveau ou elle n'aperoit plus que lessignes du dsordre.

    Eh bien Messieurs, cette angoisse, cette recherchede Proudhon, 'a t la ntre, et je dis plus. c'est lantre encore. Nous avons t dans la mme anarchie

  • 40 POURQUOI KOM RATTACHONS NOS TRAVAUX

    < ~~~ o-v~ jt< ~

  • A r/MPR!T PROUDHONIEN t

    Voyons-nous tout simplement une nation qui a faitquelques erreurs intellectuelles et qui s'est donn unrgime absurde, et prvoyons-nous tout simptementqu'un changement de rgime, dont les effets s'ten-draient dans la nation travers tous les corps, tous lesgroupes existant actuellement. nous apportera nous.Franais, tous les bienfaits que nous attendons? Nous,nationalistes fr&nais. nous savons parfaitement quede telles vues etdetelles prvisions seraient tout faitinsuffisantes. Nous savons parfaitement que l'on ne peutrien entendre, absolument rien. aux problmes politi-ques et conomiques actuels, si l'on n

  • ~2 MOtOOM NOOt tUTTAOMH* KM HLATAD

    mique qui lui permet, de nous exploiter, de Bmique qui lui permet, de nous exploiter, de nouadpouiller et mme de noua expulser, de nous prendrenotre sol, ceci au bnfice de l'tranger. En aomme, enFrance, actuellement, il n'y a plue d'ordre franais.Il y a un ordre, la dfense duquel participent un cer-tain nombre de Franais, traltres conscients ou demi-dupes, ou dupes, ou ignorants (comme il y a des Hin-dous qui dfendent l'ordre de Sa Majest Britanniqueaux Indes), mais cet ordre, ce n'est pas le ntre. Etdevant cette situation, notre mouvement est ncessaire-ment la fois contre-rvolutionnaire, en ceci qu'il tend rtablir la pice matresse de l'ordre franais, lamonarchie, et rvolutionnaire, en ceci qu'il tend dtruire l'ordre social tranger qui nous est impos et crer des institutions qui s'appuient sur la traditionfranaise mais qui seront de formes nouvelles, puisquele monde de l'conomie a subi des transformationsmatrielles extraordinairement profondes qui rendentimpossible la reconstitution des vieux organes dedfense que le peuple franais s'tait crs.

    C'est ici que nous rencontrons Proudhon, comme Maur*ras etBainville l'ont rencontr danalachancellerieroyale.Cette passion rvolutionnaire qui anime Proudhon, c'estla ntre. Dans la France o il vivait, avec l'ordrefranais inscrit dans son sang, Proudhon ne reconnais-

    saitpsa dans cet ordre social qui tait dj l'ordre capi-taliste tranger, le prolongement, dans le monde co-

    nomique nouveau, de l'ordre franais transform Mionsa tradition. On lui a reproch d'tre un adversaire del'ordre social, d'tre en tout anarchiste. Ah Messieurs,ceux qui lui ont adress ce reproche n'ont pas vu laflamme qui claire son oauvre; ils n'ont pas vu quel'ordre social qu'ils dfendaient eux-mmes n'tait pasl'ordre social dont leurs pres leur avaient lgu la tra-

  • A L'MPRtT PROODHOftM 43

    ~~ ~t- ~j. t'j-~ dition, que c'tait dj l'ordre tranger, et que le vraidfenseur de nos intrts. de nos droits historiques, nous, Franais, c'tait P.-J. Proudhon. C'est en ceci, encette r&ction profonde que se manifeste l'esprit prou-dhonien c'est cet esprit que nous invoquons pour pr-sider nos travaux. Avec cet esprit, avec cette passion,noua continuerons la recherche proudhonienne, maisavec d'autres mthodes, et guids par des doctrinespolitiques inattaquables, nous chercherons connattrenotre monde, le monde franais enrichi et transformpar l'industrie de nos pres, pour y vivre selon notre loiet notre droit.

    C'est donc une uvre nouvelle que nous entrepre-nons et, comme vous l'a dit Galland, nous ne feronspas ici d'exgse proudhonienne. Mais nous ne nouspriverons pas du concours de l'analyste rvolution-naire nous lirons ses uvres, et nous les commente-rons, ce qui est d'ailleurs indispensable pour comprendrequelques aspects de la vie intellectuelle franaise et del'organisation ouvrire. Quelqu'un qui est plus qualifique moi-mme vous parlera de Proudhon lui-mmeet de toute son uvre. Mais je ne puis me retenir devous citer, ce soir, quelques pages qui viennent l'ap-pui de ce que je vous ai dit. Je souhaite que ceux quisont venus ici et qui ne connaissent pas Proudhon em-portent le souvenir de quelques paroles, o ils recon-naltront un accent qui ne rappelle en rien l'accent deGenve ou de Knigsborg. qu'ils sachent bien quelleintelligence Proudhon avait de notre histoire, et quelrespect il avait pour elle. Voici une page extraite de laSolution du pro~me

  • 44 POURQUOI NOUS RATTACHONS NOS TRAVAUX

    J~~ 1jusque dans les campagnes, des modifications si profondes, Iciencore. le principe de la division des industries existant peine,la proprit tait tout; ta famille tait comme un petit mondeferm et sans communications extrieures. On passaitdes annesentire: presque sans argent on ne tirait rien de la villechacun chez so), chacun pour soi; on n'avait besoin de personne.La proprit tait une vrit; l'homme, par la proprit, taitcomplet. C'est ce rgime que s'tait forme la forte race quiaccomplit l'ancienne rvolution. Aussi, voyez quels hommes 1qoets caractres! quelles vigoureuses personnatits) Auprs deces natures de fer, nous n'avons que des tempraments mous,flasques et lymphatiques. Telle taiten i789 ('conomie gnratede la soot l'indpendance des fortunes faisait la scurit du

    peuple. Aussi nos aieux purent-ils supporter dix ans de rgimervolutionnaire, soutenir et vaincre les efforts de l'Europeconjure tandis que nous, race dsapproprie, race appauvrie.avec six fots plus de richesses cependant, nous ne tiendrions

    pas six mois, non pas la guerre trangre, ni la guerreoivile, mais la seule incertitude

    Reconnaissez-vous le Franais, le vrai Franais,l'homme de la terre de France? Et vous allez le recon-

    naitre encore, vous reconnaitrez le paysan qui a dfenduson sol, qui a combattu avec Jeanne d'Arc, avecHonri IV, avec Turenne, et dans les armes de la Rpu-hHque et de l'Empire; le Franais sotdat, le Franaisguerrier, mais plus grand que nature, voyant sesarmes tracer les caractres d'une loi du monde. Ouvronsce livre admirable, la ~Merrf la Paix:

    Salut a la guerre! C'est par elle que l'homme, peine sortide la boue qui lui servit de matrice, se pose dans sa majest

  • AL'MPMTP&OCDHOMBt 45

    da droit sont gales, et au riaque de donner on recevoir la

    mort, qu'y t-t-il la de ai temble ? Qu'y a-t-il surtout d'immo-

    ral? La mort est le couronnement de la vie comment l'homme,

    crature intelligente, morale et libre, pourrait-ilplus noblement

    finir?

    Les loups, les lions, pas plus que les moutons et les castors,

    ne se font entre eux la guerre il y a longtemps qu'on a fait de

    cette remarque une satire contre notre espce. Comment ne

    voit-on pas, au contraire, que l est le signe de notre grandeur;

    que si, par impossible, la nature avait fait de l'homme un animal

    exclusivement industrieux et sociable, et point guerrier, il serait

    tomb, ds le premier jour, au niveau des btes dont l'associa-

    tion forme toute la destine il aurait perdu, avec l'orgueil de

    son hrotsme, sa facult rvolutionnaire, la plus merveilleuse de

    toutes et la plus fconde Vivant en communaut pure, notre

    civilisation serait une table. Saurait-on ce que vaut l'homme

    sans la guerre? Saurait-on ce que valent tes peuples et les

    races? Serions-nous en progrs? Aurions-nous seulement cette

    ide de valeur, transporte de la langue du guerrier dans celle

    du commerant?. Il n'est pas de peuple, ayant acquis dans le

    monde quelque renom, qui ne se glorifie avant tout de ses

    annales militaires ce sont ses plus beaux titres l'estime de la

    postrit. Allez-vous en faire des notes d'infamie? Philan-

    thrope, vous parlez d'abolir la guerre; prenez garde de dgraderle genre humain (i).

    M. le professeur Bougl nous dira que cette apologiede la guerre se termine par une condamnation de la

    guerre. Eh noua le savons mieux que lui. Nous avons

    lu la fin du livre la phrase que Proudhon a crite en

    lettres capitales L'HOMANni K)t VMT PLUS M n GCMM.

    Mais nous savons aussi par quelle erreur, que quelques-uns d'entre nous ont connue dans leur esprit, Prou-

    dhon tait arriv cette conclusion. Et ils savent bien,

    eux, que ce livre, qui se termine par une affirmation

    antiguerrire, demeure, de la premire ligne la der-

    (1) P. 3MB.

  • 46 POURQUOI MOS RjUTACHOM NOS HtAVAM

    D!~re. un hvretn'rt-

  • A L'ESPRIT PROUDHOKIEN 47

    Que reprocherions-nous ces analyses et ces fortesaffirmations D'tre trup rudes, de trop ngliger l'adou-cissement qu'ont apport a. l'tat et la proprit dessicles de civilisation'cbrtienne et franaise. Mais l'es-

    prit, mais la doctrine sont ntres, presque sans rserves.!I serait vain de se demander jusqu' quel point

    Proudhon aurait continu ses reconnaissances, sesdcouvertes. Je ne sais si les sentiers, si les rudeschemins hasardeux qu'il suivait l'eussent amen laroute royale. Mais, coup sur. il tait sur une routefranaise, et nous savons bien o porte la courbe de sa

    pense prolonge dans notre sicle. La maison o nous

    parlons est un des points o revit l'esprit proudhonien.M. le professeur Bougl et M. Herriot peuvent appelerProudhon leur secours ce n'est pas chez eux quepasse la pense proudhonienne; M. Herriot fait de la

    politique dmocratique, M. Bougl fait des livres pourla dmocratie; qu'est-ce que cela peut avoir faire avecl'oeuvre proudhonienne?

    Les fils de Proudhon, c'est nous; nous, qui ne som-mes ni des politiciens, ni des fabricants de livres, nousqui voulons travailler et qui travaillons l'organisationde notre pays. C'est nous qui faisons revivre ces deuxvertus franaises, dont l'une au moins anime toutel'oeuvre proudhonienne et dont l'autre y affleure, jeveux dire cet esprit d'indpendance, du fiert rpubli-caine et ce loyalisme monarchique qui font que leFlamand, le Breton, le Lyonnais, le Provenal, touthomme du pays franais enfin, se fera tuer pour ladfense des droits, des liberts qui assurent sa vie,parce qu'il veut vivre en travaillant ou mourir encombattant, mais est prt mourir aussi, avec joie,avec bonheur, pour

    notre Sire le Roi de France.

    Georges VALOis.

  • UN PORTRAIT DU MAGISTRAT SUPRME nQUI INAUGURA LE MONUMENT PROUDHON A BESANON

    Voici l'apprciation de M. Jacques Delebecque laquelle Chulel Maunufait allusion dans l'article quovoyait "aur, avait paru, dans 10 itlueil de l'Oin, sous Il titre a ldagtratsuprme C 8tan un portrait trac de main de maltre et une forte dfini-uun de la fonction remplie par le malheureux dlgu d'on parti la

    -qui "" momept faire P~db.~ured l'a l1onorer

    Par un..rie de ded.ion.. scandaleuses, prie. en faveur de mi.t-rabtea, indignes de toute piti, M.-Failirea vient de ramener A luil'attention publique qui ne dMnandait pourtant qu' se dtourner dece peu .mereM.ut.mjet. Ce singulier chef d'tat, abrit derrire son'rre-ponsabttUt. semble avoir cur de braver l'opinion, aurtoutquand cette et ~t manifestement d'accord avec la raison et l'quit.Il a ta.sti excuter Liabeuf, dont le eu pouvait ne discuter. a sauvla vie de trot! ~dina pour tesque~ on ne pouvait ynUmentin~qoeraucune circonstance attnuante.

    .S~

  • LES DtMOCRATM ET PROUDHOM

    LM ~x-a~t

  • 50 LSS DMOCRATM tT KtOODHON

    tiqne h Mnace des jMUacettone proadhontennee. e ~ peuple, ted.Teit4i, dans !e< ~ttM~M d< J

  • LM DtMOCRATKS ET PROUDHON ~1

    ctAilleurs, on a imprim '[ur tf t trav..tt ~cf!~ ux de M. Ut.untemontre

    quel poins sont tendtnctputph teh t(t~rj'rf't.tt

  • LM DMOCRATES ZT PROUDHON

    exigeait qu'il i) tntt la main sur Proudhon. Mti. M& ftdMtexigeait qu'il i) mttla rntdn sur Proudhon. Mai. Mnfdaetenr M lama.n lourde; it a pubtidea normits; il a laiss dir~oa il a faitdire M. Elie Hatvy (qui pri, part cette d,Mu..ion de philo-MphM.) que Renouvier a t n l'hritier direct de Prottdhoa. Hfaut videmment avoir t inform du mouvement de< ides auxtit* sicle dans te, Mux-MJt du Tospt pour penterque l'auteur de )t~m

  • US MMOCRATBS ET PROCDHON ~3

    ]n est eonfut. contradictoire, heurta. ehMtioM C'Mt unC

  • 54 LM CMOCMna M PMtmaOK

    St du moins M< ~thoa~M. ttt~tim. autant qa. (~ti~, Ild6nn .n. _a__w~ u:u_ v pSt du moiM cet tathontitMte, ttMghiBM autant que &

  • CERCLE P.-J. PROUDHON

    FoMt M ~911

    ~POUTtQUB. CU~OMtE. PHtLOaopms)

    L~t membres du Cercle se runissent chaque semaine l'Ins-

    titut d'Actta Franaise, 33, rue St-Andr-des-Arta, te Mercredi

    9 heures du soir, pour tudier en commun les questions quise r&tttchent au sujet trait dans la confrence qui est faite le

    Mercredi de chaque mois par un d'entre eux.

    CONFRENCES DU 1911-1912

    Confrence d'ouverture, faite te 16 dcembre 1911,sous la prsidence de M. C. Cattenat

    GMRts VALOfs. 7~uur

  • 17 Avril i9i2

    M. GsoRoca VALOIS. Le ~Vahona~Mme.

    Travaux du moM En quoi le nations-lisme constitue proprement un redres-sement de l'esprit, un renversementdes valeurs iatettectueMes hrites

    du X.tX* iittide. Les aauoatt~n'ea

    europens.

    i" Mai i9i2

    M. At.BSRT VtNcsNT. La Famille.

    ?'raoaM.r du mot~ Fonction de la fa-

    mille dans la civ~ia&ttOa.

    15 Mai 1912

    M. PAiCALUM. Proudhon et /conomtetta

  • Cahiers du Cercle Proudhonparaissantsix foispar an

    RDACTION

    La rdMUoo de* C~MTt est M~urte par le Cercle P.-J. Proudhon.

    Oa est pri d'MirMter tout ce qui lt concerne i

    M. Htnri Fortin, Rdaction dee C

  • POUR PARAITRE HA~S LES PROCHA)\S CAHIERS

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