CAHIERS ÉCONOMIQUES DU CAMEROUN...de facteurs: le ralentissement de la production dû au...
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Janvier 2014 | Numéro 7
CAHIERS ÉCONOMIQUES DU CAMEROUNRÉEXAMINER LES SOURCES DE LA CROISSANCE
LA QUALITÉ DE L’ÉDUCATION DE BASE
BANQUE MONDIALE
Cahiers éConomiques du Cameroun
Réexaminer les sources de la croissanceLa qualité de l’éducation de base
Janvier 2014
Cahiers éConomiques du Cameroun iii
Table des maTières
SigleS et abRéviationS ......................................................................................................... v
RemeRciementS ...................................................................................................................... vii
RéSumé ........................................................................................................................................ 1
évolutionS économiqueS RécenteS ................................................................................ 3
Les développements économiques ont été assez encourageants en 2013… ..................................... 3
…bien que les soldes budgétaires et extérieurs se soient détériorés .................................................. 5
Les perspectives à moyen terme sont prometteuses... ........................................................................ 7
…mais d’importants risques subsistent ................................................................................................ 8
À l’avenir, les sources de croissance devront être réexaminées ........................................................ 10
l’éducation de baSe au cameRoun .................................................................................. 11
L’accès à l’éducation de base s’est beaucoup amélioré au Cameroun…… ........................................ 11
…mais d’importantes disparités subsistent…… .................................................................................. 13
…du fait de l’insuffisance et l’inefficacité de l’allocation et l’utilisation des ressources, ainsi que des problèmes de gouvernance ..................................................................................... 16
Une fois ces problèmes résolus, l’éducation de base sera plus solide .............................................. 21
bibliogRaphie ......................................................................................................................... 23
Cahiers éConomiques du Cameroun v
sigles eT abréviaTions
CONFEMEN Conférencedesministresdel’ÉducationdesÉtatsetgouvernementsdelaFrancophonie
DENOs Dépensesengagéesmaisnon-ordonnancées
DSCE Documentdestratégiepourlacroissanceetl’emploi
ECAM Enquêtecamerounaiseauprèsdesménages
EESI Enquêtesurl’emploietlesecteurinformel
EGMA Évaluationdesmathématiquesdanslespetitesclasses
EGRA Évaluationdelalecturedanslespetitesclasses
FCFA FrancCFA
FMI Fondmonétaireinternational
INS Institutnationaldestatistique
IPC Indicedesprixàlaconsommation
MINEDUB Ministèredel’Éducationdebase
PASEC Programmed’analysedessystèmeséducatifsdelaCONFEMEN
PIB ProduitIntérieurbrut
SIGE Systèmed’informationpourlagestiondel’education
SNH Sociéténationaledeshydrocarbures
SONARA Sociéténationalederaffinage
UNESCO OrganisationdesNationsUniespourl’éducationlascienceetlaculture
UNICEF FonddesNationsUniespourl’enfance
ZEP Zonesd’éducationprioritaires
Cahiers éConomiques du Cameroun vii
remerCiemenTs
Les Cahiers économiques du Cameroun sont
produitsparuneéquipeinitialementdirigéeparRaju
JanSingh,puisparSouleymaneCoulibaly.Shobhana
Sosaleapréparélechapitresurl’éducation.Dansle
cadredecetravail,l’équipeamisàprofitlerapport
récentsurlasituationdel’éducationdanslepays(Le
système d’éducation et de formation du Cameroun
dans la perspective de l’émergence).L’équipeétait
également composée de Faustin Koyassé, Simon
DietrichetSylvieNdze.LatraductiondesCahiers
économiques a été assurée par l’unité GSDTI de
la Banque Mondiale. Les photos de ce rapport (y
comprissurlacouverture)sontaucréditdeStephan
Bachenheimer, Consultant Sr Vidéaste, ECRBM,
Banquemondiale.
Nos sincères remerciements vont à Birgit Hansl,
JohnLitwack,CiaSjetnan,OusmaneKolieetAbel
Bovépourlesobservationsformulées.GregBinkert
(directeurdesopérationspourleCameroun),Mark
Thomas(directeursectorielde l’économie),Peter
Materu(directeursectorieldel’éducation),etOlivier
Godron (coordonnateur des programmes pour le
Cameroun)ontfournidesorientations,desaviset
deprécieuxencouragementsàl’équipe.
De hauts responsables et analystes des adminis-
trations camerounaises ont aussi fait largement
profiterl’équipedeleurscommentaires.Ceconcours
est notamment venu des institutions suivantes :
BEAC,Comitétechniquedesuivi(CTS),Ministèrede
l’Économie,delaPlanificationetdel’Aménagement
du territoire, Ministère des Finances et Institut
nationaldesstatistiques.L’équipetientégalement
à remercier ses collègues du Fonds monétaire
international.
Cahiers éConomiques du Cameroun 1
résumé
Avec ce numéro des Cahiers économiques du
Cameroun, la Banque mondiale poursuit un
programmederapportsconcisetpériodiquesqui
analysentl’évolutionetlescontrainteséconomiques
duCameroun.Chaquenuméro,publiédeuxfoispar
an,faitlepointdelasituationéconomiqueettraitera
d’unsujetparticulier.
LesCahiers économiquesvisentàpartagerlesacquis
etàsusciterundialogueentreceuxquicherchentà
améliorerlagestionéconomiqueduCameroun,et
à libérer l’énormepotentieldupays. Ilsproposent
doncuneautresourced’informationsurl’économie
camerounaise et une plateforme additionnelle de
mobilisation, d’apprentissage et d’échange. Ce
septièmenumérodesCahiers économiquess’intitule
« Réexaminer les sources de la croissance — La
qualitédel’éducationdebase».
Letauxdecroissancemoyenobservéde2010à2013
n’estquede4%,unpointdepourcentageendeçà
desobjectifsde la«Vision2035».Pourrattraper
ce retard et atteindre les objectifs officiellement
fixéspour2020,ilfaudraitpresqueunecroissance
annuelle à deux chiffres entre 2014 et 2020, par
oppositionaux4,8à5,4%projetésparlaBanque
mondiale.Celasupposeunréexamendessources
decroissanceauCamerounafind’identifierlesaxes
d’interventionquipermettentde«mobilisertoutes
nosénergiesauservicedecettecauseetjetertoutes
nos forces dans le combat pour la croissance »,
commelesoulignaitaveclaplusgrandeinsistance
leprésidentPaulBiyadanssonmessageàlanation
àl’occasiondelafindel’année2013.Cetteseptième
éditionsepenchesurlaqualitédel’éducationdebase
pours’assurerquelesinvestissementsappropriés
sont consacrés aux populations afin de renforcer
le capital humain, un ingrédient essentiel à une
croissancedurable.
L’éducation est essentielle au renforcement des
compétencesetàl’améliorationdelaproductivité
destravailleurs,etellecontribuepositivementàla
croissanceà longterme.Auniveauindividuel,elle
accroîtlespossibilitésderevenusetréduitlerisque
de pauvreté. Il existe un lien étroit entre le niveau
d’éducationd’unchefdeménageet laprobabilité
pourceménagedetombersousleseuildepauvreté.
Desétudesontégalementmontrédeseffetsindirects
importantsdel’éducation,enparticuliersurlasanté.
Au-delàdesdifférences liéesauxrevenus,au lieu
de résidence (zone rurale/urbaine) et à d’autres
facteurs,unniveaud’instructionélevéinfluepositi-
vement sur des aspects tels que la planification
familiale,lasantédelareproductionetlasantédes
enfants.
L’accèsàl’éducationdebases’estbeaucoupamélioré
auCamerouncesdixdernièresannées.Laproportion
d’élèves sortant de l’école primaire (taux d’achè-
vementducycled’étudesprimaires)estpasséede
53%en2001àenviron80%en2011etl’espérance
deviescolaireaaugmentédequatreansaucours
delamêmepériode,soituneaméliorationsensible,
comparéeauxrésultatsd’autrespays.Letauxbrutde
scolarisationprimaireestpasséde102,8%en2001
à112,9%en2011.
L’accroissement du taux brut de scolarisation
ne semble cependant pas s’être accompagné
de meilleurs résultats scolaires. Les résultats du
Camerounauteststandardisédesacquisscolaires,
organisé dans le cadre du Programme d’analyse
des systèmes éducatifs (PASEC) piloté par la
Conférencedesministresdel’ÉducationdesÉtatset
Cahiers éConomiques du Cameroun2
gouvernementsdelaFrancophonie,sesontdégradés
entre1998et2005(dernièreannéepourlaquelledes
donnéessontdisponiblesaumomentdel’impression
decerapport),mêmes’ilsrestentsupérieursàceux
denombreuxautrespaysfrancophonesd’Afrique.
L’améliorationdel’accèsàl’éducationcacheaussi
desrésultatsscolairestrèsdisparatesauniveauinter
etintrarégionaletentrelessexesetlescatégoriesde
revenus.Surceplan,lestroisrégionsseptentrionales
(Extrême-Nord,NordetAdamaoua)etcelledel’Est
sontenretard,bienquefaisantl’objetd’uneattention
particulièredanslecadreduprogrammeZEP(zone
d’éducationprioritaire)quiviseàaméliorerl’accès
à l’éducation, le niveau d’études et les résultats
scolaires.
Pour l’avenir, les pouvoirs publics pourraient se
concentrersurl’essentielenaméliorantlacollecte
dedonnéespourunmeilleursuividelaprestation
desservicesd’éducation,enévaluantdefaçonplus
systématiquelesacquisdesélèves,enaugmentant
l’allocation budgétaire à l’éducation dans son
ensemble,enréaffectantenpriorité lesdépenses
publiquesauxZEP,enveillantàlatransparencedes
allocationsdecrédits,etenréexaminantlapolitique
desmanuelsscolairespourgarantirladurabilitéetle
caractèreabordabledecesoutils.
Cahiers éConomiques du Cameroun 3
évoluTions éConomiques réCenTes
Les développements économiques ont été assez encourageants en 2013...
Croissance
Malgrélamorositéducontexteéconomiquemondial,
lesinformationspréliminairesdonnentàpenserque
la croissance économique au Cameroun pourrait
s’établir à 4,6 % en 2013 (contre 4,6 % en 20121).
L’activitééconomiqueaprogresséde2,9et3,8%au
premieretdeuxièmetrimestrerespectivement(par
rapportauxmêmestrimestresl’annéeprécédente,
figure1).
Comme cela a été le cas ces dernières années, le
secteurtertiairereprésenteleprincipalmoteurdela
croissanceéconomique(figure2),lestélécommuni-
cationsetlestransportss’avérantparticulièrement
dynamiques.Dans lesecteurprimaire,c’est l’agri-
cultureindustrielleetaxéesurlesexportationsquia
tirélacroissance.Lesexportationsdecaoutchoucet
decotonontcontinuéàaugmentertandisquecelles
decacaoontvuleurtendanceàlabaisses’inverser
(figure3).Lesexportationsdecaféontcependant
diminuéd’environ50%,enraisond’unecombinaison
Figure 3 : résultats des exportations, T1-T3 2013 (variation du volume, en glissement annuel)
–60
40
–40
20
–20
0
60
Grumes etproduitsligneux
Café Coton Aluminium Cacao Caoutchouc
Sources : Administration douanière et calculs des services de laBanquemondiale.
Figure 2 : Contributions des secteurs à la croissance du Pib, 2007-2013 (en pourcentage)
2007 2008 2009 2010 2011 2012 Proj.pour 2013
–2
4
2
0
6
Secteur primaire Pétrole Secteur secondaire (hors pétrole)Croissance du PIBSecteur tertiaire
Sources :INSetcalculsdessservicesdelaBanquemondiale.
Figure 1 : Croissance du pib par trimestre, 2011-2013 (variation en pourcentage par rapport au même trimestre de l’année précédente)
T2 T32011 2012 2013
T4 T1 T2 T3 T4 T1 T20
4
5
6
3
2
1
7
Source : Comptes nationaux de l’INS et calculs des services de laBanquemondiale
1Danslenumérodejuillet2013desCahiers économiques du Cameroun, nous avons indiqué, sur la base desestimationsdugouvernement,queletauxdecroissanceavait atteint 4,4 % au Cameroun. Selon les donnéesprésentéesdepuislorsparlesservicesgouvernementaux,letauxdecroissances’élèveà4,6%en2012.
Cahiers éConomiques du Cameroun4
defacteurs: le ralentissementde laproductiondû
auvieillissementdesplantesetunretraitprogressif
du secteur, aggravés par le stockage de café par
les exportateurs en raison de la faiblesse des prix
internationaux.
Lesecteursecondairen’apasétéaussidynamique
que pendant l’année 2012. Après une forte
contraction au premier trimestre, la production
industrielleaprogresséde3%audeuxièmetrimestre
(englissementannuel).Cetteperformances’explique
en partie par des baisses de production d’élec-
tricitécauséespar lacapacitéhydraulique limitée
pendantlasaisonsèche(décembre-juin),ainsique
desretardsdanslamiseenservicede lanouvelle
centraleélectriqueàgazdeKribi.L’usinede216MW
decapacitéinstalléeacommencéàfonctionneren
février2013(avecunecapacitédisponibleautourde
30MW)pouratteindreprogressivementsacapacité
totaleinstalléeenmai2013.L’usineaétéconstruite
pour compléter la production saisonnière des
centraleshydroélectriquesduCameroun.Ainsi,elle
agénéréentre75et100MWaucoursdelasaison
des pluies (juillet-décembre) quand l’hydroélec-
tricitéétaitabondanteetpaschère,etafonctionné
presqueàpleinecapacitédepuisDécembre(entre
170et180MW).Ilestprévud’étendrelacapacitéde
l’usinede114MWsupplémentairesetleslignesde
transmissionreliantKribiàEdéasontproprement
dimensionnées. Cependant, alors que la centrale
électriqueàgazestàmesuredecompléterlemix
énergétiqueduCameroun,leslignesdetransmission
deEdéaàDoualaetYaoundéquisontlesprincipaux
centresdeconsommationde l’électricitédupays
sontsurchargéesetsurannées. Ilyadoncbesoin
urgentd’investissementpourfairefaceàlademande
croissante et assurer l’alimentation des grands
centresurbainsduCameroun.
Dans le secteur pétrolier, la tendance à la hausse
de la production a été maintenue, cette dernière
progressant à 17,4 millions de barils au cours des
troispremierstrimestresde2013,contre17millions
de barils au cours de la même période l’année
d’avant(figure5).Ceciétant,cetteprogressionest
beaucouppluslentequeprévuendébutd’annéeen
raisonduretarddesopérationsdans lesnouveaux
champspétroliers.Surl’ensembledel’année2013,la
productiondepétroledevraitsechiffrerà24,3millions
debarils,contre27millionsdebarilsprévusenavril.
Dans l’ensemble, il est important de noter que le
Camerounn’estpasaussidépendantdupétroleque
d’autrespaysproducteursdepétrolevoisins(figure6).
Le PIB pétrolier représentait 8 % du PIB total du
Figure 4 : indice de production industrielle, 2010-2013 (variation en pourcentage, en glissement annuel)
2013
–8
10
T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T3 T4T1 T2 T1 T22010 2011 2012
–6–4–2
02468
Sources :INSetcalculsdesservicesdelaBanquemondiale.
Figure 5 : Production pétrolière trimestrielle 2010-2013 (en millions de barils)
2012
4,0T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T3 T4T1 T2 T1 T2 T3
2009 2010 2011
7,0
4,5
5.0
5,5
6,0
6,5
Sources :SNH.
Figure 6 : Part du pétrole dans le Pib, les revenus et les exportations, 2011 (en pourcentage)
0
100
20
40
60
80
PIB pétrolier/PIB total Revenus pétroliers/revenus totaux
Exportation de pétrole/exportations totales
Angola Nigéria Tchad Cameroun
Source :FMIetcalculsdesservicesdelaBanquemondiale.
évoluTions éConomiques réCenTes 5
Camerounen2011,contre38à48%pourl’Angola,le
NigériaetleTchad.Alorsquelepétrolereprésenteun
quartdesrevenusdugouvernementetlamoitiédes
exportationsduCameroun,danscestroisautrespays,
plusdetroisquartsdesrevenusetlaquasi-totalitédes
exportationsproviennentdupétrole.
Inflation
En2013,lesprixontlégèrementaugmentéetletaux
d’inflationaterminél’annéebienendessousdes3%
correspondantaucritèredeconvergencerégionale
(figure7).Leniveauglobaldesprixaaugmentéde
1.6%en2013(englissementannuel),contre2.5%
surlamêmepériodeen2012.Lesprixdesproduits
alimentaires, qui ont été le principal moteur de
l’inflationcesdernièresannées,n’ontaugmentéque
de2,2%principalementenraisondesrécoltesqui
ontété fructueuses(parrapportaux4.2%sur la
mêmepériodel’annéeprécédente).Legelcontinu
des prix du carburant à la pompe a également
contribuéàcontenirlespressionsinflationnistes.
…bien que les soldes budgétaires et extérieurs se soient détériorés
Performance budgétaire
Lesprojectionsfondéessurlesrésultatsbudgétaires
observésaucoursdestroispremierstrimestresde
l’année indiquent une performance insuffisante
Figure 7 : Prix sélectionnés, 2007-2013 (variation annuelle en pourcentage)
–6
14
–4–2
02468
1012
Janv
.-07
Juin
-07
Nov.
-07
Avr.-
08
Sept
.-08
Févr
.-09
Juil.
-09
Déc.
-09
Mai
-10
Oct.-
10
Mar
s-11
Août
-11
Janv
.-12
Juin
-12
Nov.
-12
Avr.-
13
Sept
.-13
Total (global) IPC Indice des prix alimentaires Indice des prix du carburant
Sources :INSetcalculsdesservicesdelaBanque.
Tableau 1 : Performance budgétaire, 2012-2013 (en pourcentage du Pib)
2012 2013 2013 2013
Est. Budget Proj. de juillet Proj.
Recettes et dons 18,8 19,2 18,8 18,4
Recettespétrolières 5,4 5,1 5,2 5,0
Recettesnonpétrolières 13,0 13,6 13,2 13,1
Taxesdirectes 3,6 3,6 — 3,5
Taxespécialsurlesproduitspétroliers 0,8 0,8 — 0,8
Autrestaxessurbiensetservices 5,6 6,3 — 6,6
Taxessurlecommerceinternational 2,3 2,2 — 2,4
Recettesnonfiscales 0,7 0,8 — 0,8
Dons 0,4 0,5 0,4 0,4
dépenses totales 20,4 21,5 22,4 22,1
Dépensescourantes 14,0 14,6 16,0 15,6
Dépensesencapital 6,5 6,9 6,3 6,5
Solde global* –1,7 –2,3 –3,6 –3,7
Soldeprimairenonpétrolier** –7,2 –7,7 — –8,9
Source :TableaudeborddesfinancespubliquesetcalculsdesservicesdelaBanquemondiale.*n’inclutpaslesarriérés.**enpourcentageduPIBnonpétrolier.
Cahiers éConomiques du Cameroun6
des recettes budgétaires. Les recettes totales
(donscompris)devraients’éleverà18,4%duPIB
(après annulation croisée des subventions à la
Société nationale de raffinage (SONARA) et des
taxeset impôtsdusparcelle-ci),soit0,4pointde
pourcentageendessousdesprévisionsdejuilletetde
laperformanceestiméeen2012(tableau1).Malgréle
niveauélevéducoursdupétroleetl’augmentationde
laproduction,lesrecettespétrolièresontdiminuéen
raisondelahaussedescoûtsd’exploitation.
Dans le même temps, les dépenses courantes
devraient dépasser les prévisions budgétaires
d’environ1%duPIB.Cettesituations’expliqueprinci-
palement par la sous-estimation dans le budget
du montant des subventions aux carburants, qui
devraient s’établir à 450 milliards de FCFA (3,3 %
duPIB),contreseulement220milliardsinscritsau
budget.Lesdépensesd’investissementquantàelles
devraient atteindre 6,5 %du PIB, àcomparer aux
6,9%budgétisés.Cetteperformances’expliqueen
partieparlaréformedusystèmedesmarchéspublics
etlamiseenœuvredubudget-programme.
En gros, des recettes inférieures aux prévisions
budgétairesetdesdépensesautitredessubventions
auxcarburantssupérieuresauxprévisionssontà
l’origined’uncreusementdudéficitbudgétaire,lequel
devrait atteindre 3.7 % du PIB. Le solde primaire
nonpétrolierdevraitaugmenterà8,9%duPIBnon
pétrolier,comparéà7,2%en2012.
Secteur extérieur
Le déficit commercial devrait avoir augmenté en
2013,passantde1,1%duPIBen2012à1,6%en
2013 (tableau 2). Ce creusement est essentiel-
lementimputableàl’augmentationdesimportations
debiensintermédiairesdestinésàlaréalisationde
projets d’infrastructures de grande envergure et
auxprixfaiblesdecertainsdesprincipauxproduits
d’exportationduCameroun,enparticulier lecafé.
Lesexportationsnonpétrolièresdevraientreculer,
passantde11,1%duPIBen2012à10,5%en2013.
Danslemêmetemps,ledéficitducomptecourant
devraits’éleverà4,9%duPIBen2013,soitàpeu
prèslemêmeniveauquel’annéeprécédente,mais
1%deplustoutdemêmequ’en2011.Lesréservesde
changeontchûtéde3.4milliardsdedollarsen2012
àà3,3milliardsdedollarsen2013.
Tableau 2 : balance des paiements, 2011-2013 (en pourcentage du Pib)
2011 2012 2013 (proj.)
balance commerciale –2,3 –1,1 –1,6
Importations 24,4 23,8 23,4
Exportationsnonpétrolières 10,6 11,1 10,5
Solde du compte courant
Horsdons –3,8 –4,8 –4,9
Donscompris –2,9 –4,0 –4,0
Solde du compte financier 1,5 4,3 3,7
Capital,officiel 1,0 1,6 1,7
Empruntsàlongterme 1,5 2,1 2,4
Amortissement –0,5 –0,6 –0,7
Capital,nonofficiel(net) 1,0 2,2 1,9
Secteurpétrolier 0,4 0,6 0,7
Secteurnonpétrolier 0,6 1,6 1,2
Solde global –1,3 0,3 –0,2
Source :FMI.
évoluTions éConomiques réCenTes 7
Les perspectives à moyen terme sont prometteuses...
Laproductiondepétroleetdegazdevraitaugmenter
sensiblementaucoursdesannéesàvenir.En2014,
lesecteurpétrolierpoursuivrasonexpansionavec
uneaugmentationprévuedelaproductionde24%.
À moyen terme, la production pétrolière pourrait
plusquedoublergrâceàl’exploitationdenouveaux
gisements pétroliers. Selon les projections de la
Société nationale des hydrocarbures (SNH), elle
pourraitatteindreles57millionsdebarilsen2016,à
compareraux24,4millionsdebarilsde2013.LaSNH
prévoitparlasuiteunediminutiondelaproduction
pétrolière,maisl’exploitationdegaznaturelpourrait
comblerlemanqueàgagneràlongterme.
Lapremièregénérationdeprojetsd’infrastructures
de grande envergure devrait s’achever dans les
années à venir. Il s’agit notamment du nouveau
port en eau profonde de Kribi, qui devrait être
opérationnelmi-2014,desbarragesdeMemvéléet
deLomPangar,etdudeuxièmepontsur leWouri.
Cesprojetspourraientpermettredesupprimerdes
goulotsd’étranglementcruciauxetcontribuerfavora-
blement à la croissance économique. Le gouver-
nement prévoit déjà une deuxième génération de
projets d’infrastructures de grande envergure qui
comprendra des corridors de transport routier et
ferroviaire.
S’agissantdel’évolutiondelasituationéconomique
dans les économies avancées, il y a lieu d’être
prudemmentoptimistepour2014.Selonl’indicateur
duclimatéconomique,bienqu’endeçàdelamoyenne
àlongterme,laconfiancedesacteurséconomiques
renaîtlentementdanslazoneeuro(figure8).Dans
le même temps, dans l’édition d’octobre de ses
Perspectives de l’économie mondiale,leFMIprévoit
untauxdecroissancede1%danslazoneeuro,après
deuxannéesdecontraction.
Dans le droit fil de ces projections, les principaux
partenairescommerciauxduCameroundevraient
Figure 8 : Zone euro – indice du sentiment économique, 2010-2013 (moyenne à long terme = 100)
80
110
Janv
.-10
Nov.
-10
Sept
.-10
Juil.
-10
Mai
-10
Mar
s-10
Janv
.-11
Nov.
-11
Sept
.-11
Juil.
-11
Mai
-11
Mar
s-11
Janv
.-12
Nov.
-12
Sept
.-12
Juil.
-12
Mai
-12
Mar
s-12
Janv
.-13
Juil.
-13
Mai
-13
Mar
s-13
Sept
.-13
85
90
95
100
105
Source :Commissiondel’UE.
Figure 9 : volume réel et projeté des importations des principaux partenaires commerciaux, 2012-2014 (variation en pourcentage)
–10 –4 0 42–2–6–8 6 8 10
Italie
France
Chine
Pays-Bas
Espagne
2012 2013 2014
Source :FMI,Perspectivesdel’économiemondiale.
Tableau 3 : arriérés de dette publique et autres obligations, 2011-2013 (niveaux de fin d’année, en % du Pib)
2011 20122013 (proj.)
Arriérésauditésetautres 1,4 1,1 0,9
DENOs 1,1 1,4 1,9
ObligationsàlaSONARA* 1,4 1,6 2,0
Obligationsauximportateurs 0,0 0,5 0,9
Obligationsresiduelles 0,0 0,0 1,0
total 3,9 4,6 6,7
Sources :FMIetcalculsdesservicesdelaBanquemondiale.* Tientcomptedesannulationscroiséesdetaxesetimpôtsdusàlal’ÉtatparlaSONARAetdesobligationsdel’ÉtatenverslaSONARA,et suppose qu’aucun autre transfert ne serait effectué entre finseptembre2013etfin2013.
Cahiers éConomiques du Cameroun8
importer plus ces dernières années (figure 9).
Après deux années de baisse des importations,
le volume de celles-ci en Espagne et en France,
premieretquatrièmepartenairescommerciauxles
plus importantsduCameroun,devraitaugmenter
de 2,8 et 2,4 %, respectivement, tandis que les
importationsdel’Italiedevraientsestabiliser.Dans
lemêmetemps,lesimportationsdelaChineetdes
Pays-Bas devraient croître au même rythme que
l’annéeprécédente.
…mais d’importants risques subsistent
Risques internes
Trois risques domestiques se profilent: l’accumu-
lation d’arriérés, le retard dans l’exécution des
investissementspublicsetladétériorationdel’envi-
ronnementdesaffaires.
Le stock des arriérés de dette publique et autres
obligations de paiement a augmenté, passant de
3,9%duPIBen2011àunniveauinquiétantde6,7%
duPIBen2013(voirletableau3).Cesontcependant
deschiffresprovisoiresetlesrésultatsdesauditsen
courssontnécessairespourclarifierlasituation.Les
principalesraisonsdel’augmentationdesarriéréset
obligationsdepaiementsontlaconstantesous-bud-
gétisationdessubventionsauxcarburants,l’accumu-
lationdesobligationsenverslaSociéténationalede
raffinage(SONARA),etleslimitationsdelagestion
de la trésorerie qui donnent lieu à des dépenses
engagées mais non ordonnancées (DENO) et à
l’augmentation des obligations résiduelles. Dans
le budget de 2014, le coût des subventions aux
carburants reste sous-estimé, ce qui aggravera
davantageleproblème.Lacontinuationdugeldes
prixdedétaildescarburantscoûteraitunmontant
estimé à 450 milliards de FCFA (soit environ
3%duPIB),mais220milliardsdeFCFAseulement
ontétéinscritsaubudget.Cettesituationlimitel’effi-
cacitédubudgetcommeinstrumentdeformulation
de politique permettant d’accorder la priorité
aux dépenses qui soutiennent la croissance et
contribuentàréduirelapauvreté.
L’exécution du budget d’investissement accuse
deplusenplusdesretards.En2013,lesdépenses
d’investissementdevraientatteindre6,5%duPIB,
àcompareraux6,9%inscritsaubudget.Toutefois,
en base caisse, ces chiffres masquent un retard
important dans l’exécution du budget d’inves-
tissement de 2013. Au cours des trois premiers
trimestresdel’année,35%seulementdesinvestis-
sementsbudgétisésfinancéssurressourcespropres
ont été exécutés (tableau 4). Cette performance
s’expliqueenpartieparlaréformedusystèmedes
marchéspublicsetlamiseenœuvredubudget-pro-
gramme.Enconséquence,legouvernementadécidé
deprolongerlapériodebudgétairecomplémentaire
de deux mois jusqu’à mars 2014. Si ces retards
persistent,ledividendeencroissancedecesinvestis-
sementspourraitsevoirdilué.
LeclimatdesaffairesauCameroundemeurepeu
propice. Dans l’édition 2014 du rapport Doing
Business de la Banque mondiale, le Cameroun a
perdusixplacesparrapportà20132,etseclasse
Tableau 4 : exécution du budget d’investissement, T1 à T3, 2013 (en milliards de FCFa)
Budget Exécution
Taux d’exécution
(%)
Ressourcesinternes 676 239 35,4
Ressourcesexternes 281 232 82,6
Total 957 471 49,2
Sources :MINFI,MINEPATetCAA.
Figure 10 : Prévisions des prix du pétrole, 2013-2025 (en dollars par baril)
60
80
70
110
90
100
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
Nominal USD Réel USD
Source :PrévisionBanquemondialedesprixdesproduitsdebase,Janvier2014.
évoluTions éConomiques réCenTes 9
désormaisau168erangsur189pays.Pourrendrele
Camerounplusattrayantauxyeuxdesinvestisseurs,
legouvernementaadoptéunenouvelleloienavril
2013relativeauxinvestissements.Cetteloiaccorde
des exonérations et allègements sur un grand
nombredetaxestantauxnouveaux investisseurs
qu’à ceux déjà établis au Cameroun mais sous
certainesconditions.Sil’onpeutseféliciterdufait
quelegouvernementveuilletrouverdessolutions
auproblèmeetattirerlesinvestisseurs,ilresteque
l’impactdecette loisur lesrecettespubliquesest
incertain,maispourraitbienêtrenonnégligeableet
devraitparconséquentêtresuivideprès.Enoutre,
letexteenquestionrestevaguesur lesmodalités
d’obtentionparlesinvestisseursdesapprobations
de l’administration,cequipourraitengendrerdes
problèmesdetransparence.
Risques externes
Sur leplanexterne, lavolatilitédesprixdupétrole
et l’augmentation des coûts de financement sur
les marchés internes doivent être sérieusement
surveillés.
Le Cameroun est vulnérable à la volatilité des
prix des produits de base. Une baisse des cours
mondiauxdupétroleexerceraitunepressionsurles
financespubliques,carenvironunquartdesrecettes
publiquesprovientdusecteurpétrolier.Lesdernières
prévisionsduprixdupétroleparlaBanquemondiale
indiquentunerelativestabilitéenvaleurnominalede
dollars,maisenconstantediminutionentermesréels
(figure10)enraisondefourniturescroissantesde
pétrolenonconventionnel,desgainsd’efficacité,et
dansunemoindremesurelasubstitutiondupétrole.
Lecafé,unautresecteurdontdépendl’économie
Camerounaise,estsujetaux fluctuationsdesprix
internationaux.Ainsien2013,lesexportationsétaient
enbaissed’environ50%enraison,entreautres,du
stockagedecaféparlesexportateursenraisondela
faiblessedesprixinternationaux.Unebaissedesprix
d’unautreproduitd’exportationagricoleimportant,
telquelecoton,lecaoutchouc,leboisoulecacao,
mettraitsérieusementàmallesecteurprimaire.
Unedeuxièmesourcederisquesexternesindirecte
est le coût du financement sur les marchés. Les
conditions de financement dans les pays en
développementaucoursdessixderniersmoisont
étéperturbéesparunajustementdesportefeuilles
qui a été mis en branle par la spéculation sur le
momentoùlaRéservefédéraleaméricainecommen-
cerait à retirer une partie des mesures spéciales
quiavaientétéprisespoursoutenir lacroissance,
bien que les acquisitions d’actifs à long terme
n’aient pas réellement évolué. Le rendement des
bons du Trésor américain sur 10 ans a augmenté
de 100 points de base, provoquant un important
2LeclassementdanslerapportDoingBusiness2014n’estpascomparéauclassementrendupublicpour l’édition2013, mais à un classement comparable pour DoingBusiness 2013 qui tient compte des effets de facteurs,telsque lescorrectionsdedonnéeset l’ajoutdequatreéconomies(Libye,Myanmar,Saint-MarinetSoudanduSud)àl’échantillonde2014.
Figure 11: Taux de croissance réels et prévus du Pib par rapport aux objectifs du gouvernement, 2010-2020 (en %)
0
12
8
6
4
2
10
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Scénario de la Vision 2035 Scénario de référence Réel/Prévu
Sources :DCSEetcalculsdesservicesdelaBanquemondiale.
Figure 12 : Taux de croissance du Pib nécessaire pour atteindre les objectifs du gouvernement (en pourcentage)
0
12
8
6
4
2
10
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Rattrapage de la Vision 2035 Réel/Prévu
Sources :DCSEetcalculsdesservicesdelaBanquemondiale.
Cahiers éConomiques du Cameroun10
réajustementdesportefeuilles,avecl’augmentation
par les investisseursde lapartdesobligationsdu
Trésoraméricainquisontmaintenantplusrentables
dans leurs portefeuilles globaux. Cet ajustement
desportefeuillesaprovoquéunrevirementcertes
temporaire mais significatif des flux de capitaux
des pays en développement vers les États-Unis.
Cumulativement,entrejuinetaoût,lesinvestisseurs
ontretiréunmontantnetde64milliardsdedollars
desfondscommundeplacementdanslespaysen
développement.Lesfluxdecapitauxbrutsversles
paysendéveloppementontdiminuédemoitiéetles
marchésdesdeviseset lesmarchésboursiersde
plusieursgrandeséconomiesendéveloppementont
perdujusqu’à15%deleursvaleurs.
Cesmouvementsbrutauxpeuventavoirunimpact
indirect sur l’économie camerounaise à travers
sesfluxcommerciauxcroissantsaveclesmarchés
émergents. Maintenant que la Réserve fédérale
a annoncé un ralentissement de son programme
d’assouplissement quantitatif en 2014, il faudrait
scruterlescoûtsdefinancementdespaysémergents
quicommercentdeplusenplusavecleCameroun.
À l’avenir, les sources de croissance devront être réexaminées
Les évolutions présentées ci-dessus pourraient
affecter l’accumulationdecapitalouempêcher la
réaffectation des facteurs de production à leurs
usages les plus efficaces, et donc maintenir la
croissance en deçà des objectifs définis dans le
Document de stratégie pour la croissance et l’emploi
(DSCE) de 2009, si les mesures publiques n’y
apportent pas de réponses adéquates en temps
opportun.Lafigure11montrequeleCamerounn’est
passurlabonnevoieencequiconcernelesobjectifs
fixéspour2020dansleDSCE,etilaccusemêmedu
retardparrapportauscénarioderéférence.Letaux
decroissancemoyenobservéde2010à2013estde
4,1%,unpointdepourcentageendeçàdescibles
dela«Vision2035»(et0,8pointdepourcentagede
moinsquedanslescénarioderéférenceduDSCE,
figure11).Pourrattraperceretardetatteindreles
objectifsofficiellementfixéspour2020, il faudrait
untauxdecroissanceannuelde9,5%surlapériode
2014-2020,àcompareraux4,8à5,4%établisdans
lesprojectionsdelaBanquemondiale(figure12).
Cette situation appelle une attention renouvelée
auxsourcesdelacroissanceauCameroun—pour
identifier lesdomainesd’actionquipeuventaider
leCamerounàatteindrelesniveauxdecroissance
économiquequisontnécessairespourdévelopper
durablementlepaysetréduirelapauvreté.Compte
tenu de l’impact important de l’éducation sur la
croissanceàlongterme,unerévisiondessources
delacroissancedevraitcommencerparregarderla
qualitéducapitalhumain.
Les théories de la croissance endogène ont été
testées au cours des trois dernières décennies
dans un grand nombre de pays et ont confirmé
quelecapitalhumainjoueunrôleessentieldansla
croissanceéconomique.Àcetégard, l’éducation,
ainsiquelasanté(couvertdansleprécédentnuméro
des Cahiers économiques du Cameroun, peuvent
contribuerd’unemanièreimportanteàl’aspiration
duCamerounàdeveniruneéconomieémergente
à l’horizon 2035. Le chapitre suivant initie cette
réflexionensefocalisantsurlaqualitédel’éducation
de base pour s’assurer que les investissements
appropriéssontconsacrésauxpopulationsafinde
renforcerlecapitalhumain,uningrédientessentielà
unecroissancesoutenue.
3Tauxdecroissanceréellepourlapériode2010-2012,tauxdecroissanceprévupour2013.
Cahiers éConomiques du Cameroun 11
l’éduCaTion de base au Cameroun
L’éducation est essentielle au renforcement des
compétencesetàl’améliorationdelaproductivité
destravailleurs,etellecontribuedefaçonpositiveà
lacroissanceéconomiqueàlongterme.
Auniveauindividuel,elleaccroîtlespossibilitésde
revenusetréduitlerisquedepauvreté.Ilexisteunlien
étroitentreleniveaud’éducationd’unchefdeménage
etlaprobabilitépourceménagedetombersousle
seuildepauvreté.Lerapportétabliten2013surla
situationde l’éducationdans lepaysfaitressortir
deseffetsindirectsimportants,enparticuliersurla
santé.Au-delàdesdifférencesliéesauxrevenus,au
lieuderésidence(zonerurale/urbaine)etàd’autres
facteurs,unniveaud’instructionélevéinfluepositi-
vement sur des aspects tels que la planification
familiale,lasantédelareproductionetlasantédes
enfants.
Dans ce contexte, l’absence d’amélioration des
résultatsscolairesauCamerounmalgréunmeilleur
accèsàl’éducationdevraitêtreunmotifdepréoccu-
pation,sansoublierdesdisparitésimportantesdes
résultatsauniveauinteretintrarégionaletentreles
sexes et les catégories de revenus. Ainsi, les plus
pauvres,quiviventprincipalementdansdeszones
défavorisées,onttendanceàmoinsbénéficierdes
dépensespubliquesdansl’éducation,souffrentdu
sous-financement chronique de l’enseignement
primaire,etsontparticulièrementpénalisésparles
fraisrestantàlachargedesménages.
Mettantàprofitlerapportrécentsurlasituationde
l’éducationdanslepays—Le système d’éducation
et de formation du Cameroun dans la perspective
de l’émergence—,cechapitredresseunbilande
l’éducationauCameroun,examinel’affectationdes
ressourceset lesquestionsdegouvernancedans
ce secteur, et propose quelques possibilités pour
l’avenir.
L’accès à l’éducation de base s’est beaucoup amélioré au Cameroun…
L’accès à l’éducation de base s’est beaucoup
améliorécesdixdernièresannées.Letauxbrutde
scolarisationprimaireestpasséde102,8%en2001
à112,9%en2011(figure13).Cetauxrapporte le
nombretotald’enfantsscolarisésdansleprimaire,
indépendammentdeleurâge,àl’effectifdelatranche
d’âge correspondant officiellement à ce niveau
d’enseignement.Letauxpeutdoncdépasser100%,
cequipermetdefaireressortirl’élargissementde
l’accèsàl’éducation,maispeutaussiindiquerdes
tauxélevésderedoublementetd’élèvesplusâgés
danslesystèmeéducatif.
Maisdescontradictionspersistent.Laproportion
d’élèves sortant de l’école primaire (taux d’achè-
vementducycled’étudesprimaires)s’estégalement
accruependantcettepériode,passantde53%en
Figure 13 : Taux brut de scolarisation primaire, 1991-2011
60
70
80
100
120
90
110
1991 2001 2011Cameroun Afrique
subsaharienneFaiblerevenu
Revenuintermédiaire
Sources :Rapportssurlasituationdel’éducationdanslepays(2003et2013),Institutdestatistiquedel’UNESCO.
Cahiers éConomiques du Cameroun12
2001àenviron80%en2011,etl’espérancedevie
scolaire (nombre d’années d’études qu’un enfant
d’âgescolairepeuts’attendreàsuivredanssavie),
a augmenté de quatre ans au cours de la même
période,soituneaméliorationsensible,comparée
aux résultats d’autres pays (figures 14 et 15).
L’explicationestenpartiedueàl’abolitiondesfrais
descolaritédansl’enseignementprimaireen2000
quiafavoriséunecertaineaugmentationdel’effectif
totaletl’améliorationdelaprestationdesservicesà
traversleprogrammedesenseignantscontractuels
au cours de la période 2007-2011. L’effectif total
du secondaire a plus que doublé au cours des
deuxdernièresdécennies,pouratteindreprèsde
1,3millionsd’étudiantsen2009.Dansl’ensemble,
lesenfantspassentplusde2,5ansàl’écolequ’ily
a deux décennies, atteignant en moyenne 10 ans
d’enseignement,cequisesitueauniveausecondaire.
Cesavancéesnesemblenttoutefoispasêtreallées
de pair avec de meilleurs résultats scolaires. Le
Cameroun participe au Programme d’analyse
des systèmes éducatifs (PASEC), un programme
comportantuntestdesacquisscolairesetquiest
pilotéparlaConférencedesministresdel’Éducation
des États et gouvernements de la Francophonie
(CONFEMEN).LesrésultatsduCamerounàcetest
standardisésesontdégradésentre1998et2005,
mêmes’ilsrestentsupérieursàceuxdenombreux
autrespaysfrancophonesd’Afrique(figures16et17).
Ainsi,lorsdel’évaluationPASECdesacquisscolaires
desélèvesdecinquièmeannéeducycleprimaire,
seulleGabonaobtenuunenotemoyenneplusélevée
queleCamerounenfrançais,etseulMadagascara
faitmieuxenmathématiques.Lesdonnéesprovenant
duPASEC2010nesontpasencoredisponibles.Le
Cameroun participera à la prochaine évaluation
PASECprévueen2014.Lesrésultatsdecesanalyses
aiderontàconstruiredessérieschronologiquessur
lesrésultatsd’apprentissagedesélèves.Iln’existe
actuellementpasd’autresévaluationscomparatives
d’apprentissage.Ilestimportantdenoterquemême
silaperformanceduCamerounalégèrementdiminué
aufildutemps,elleresteplusélevéequedansles
paysafricainscomparables.En2010, leministère
del’Éducationdebase(MINEDUB)aorganiséune
évaluationnationalede la lecturedans lespetites
classesquimontretoutefoisque lesrésultatsont
probablementcontinuéàsedégraderdepuis2005.
Figure 16 : évolution des résultats au test PaseC, Cameroun, 1996-2005 (échelle 0-100)
0
20
10
30
40
50
60
70
1996 2005
Note moyenne en français, 5e Note moyenne en math, 5e
Source :PASEC.
Figure 15 : espérance de vie scolaire, 2001-2011 (nombre d’années).
5
6
7
8
10
12
9
11
2001 2011
Cameroun Afriquesubsaharienne
Faiblerevenu
Revenuintermédiaire
Sources :Rapportssurlasituationdel’éducationdanslepays(2003et2013),Institutdestatistiquedel’UNESCO.* RESENnecontientpasdedonnéessurleCameroun.
Figure 14 : Taux d’achèvement du cycle d’études primaires, 1981-2011 (%)
40
50
60
80
100
70
90
1991 2001 2011
Cameroun Afriquesubsaharienne
Faiblerevenu
Revenuintermédiaire
Sources :Rapportssurlasituationdel’éducationdanslepays(2003et2013),Institutdestatistiquedel’UNESCO.
l’éduCaTion de base au Cameroun 13
Selonl’étude,49%desélèvesdetroisièmeannéedu
cycleprimaireéprouventbeaucoupdedifficultéàlire,
et27%nesaventpasliredutout.
Par ailleurs, d’importantes disparités persistent.
L’amélioration de l’accès à l’éducation cache des
résultatsscolairestrèsdisparatesauniveauinteret
intrarégionaletentrelessexesetlescatégoriesde
revenus.
…mais d’importantes disparités subsistent…
Régions
Les trois régions septentrionales (Extrême-Nord,
NordetAdamaoua),larégiondel’Estetlespointsmal
desservisautourdescentresurbainsetàproximité
des frontières ont été définis comme « zones
d’éducation prioritaire » par les pouvoirs publics
etbénéficient,àcetitre,d’uneaidepubliquepour
améliorerl’accèsàl’éducation,leniveaud’étudeset
lesrésultatsscolaires.Lesindicateursd’éducation
ont quelque peu progressé ces dernières années
danslesrégionsseptentrionales(figures18et19).
Malgrél’attentionaccrueportéeàcesrégionsetles
améliorations qui y sont constatées, les résultats
scolairesyrestentmoinsbons.Lescomparaisons
Figure 17 : résultats au test PaseC de tous les pays africains participants depuis 2005 (échelle 0-100)
0
20
40
80
60
Gabo
n
Cam
erou
n
Mad
agas
car
RDC
Buru
ndi
Séné
gal
Togo
Burk
ina
Faso
Cong
o
Tcha
d
Com
ores
Côte
d'Iv
oire
Béni
nNote moyenne en français, 5e année Note moyenne en math, 5e année
Source :PASEC.
Figure 18 : évolution de la scolarisation dans le primaire, 2001-2007 (en points de pourcentage)
–10
–5
5
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15
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Nord
Extrê
me-
Nord
Oues
t
Litto
ral
Cent
re
Adam
aoua
Sud-
Oues
t
Sud
Yaou
ndé
Doua
la
Nord
-Oue
st Est
Sources :ECAM2et3,CalculsdesservicesdelaBanquemondiale.
Figure 20 : Taux d’achèvement du cycle primaire par région, 2011 (%)
0
40
20
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60
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Extrê
me-
Nord
Nord
Oues
t
Litto
ral
Cent
re
Adam
aoua
Sud-
Oues
t
Cam
erou
n
Sud
Zone
urb
aine
Nord
-Oue
st Est
Zone
rura
le
Source :Rapportsurlasituationdel’éducationdanslepays(2013).
Figure 19 : évolution du taux d’alphabétisation des adultes, 2001-2007 (en points de pourcentage)
–10
–5
5
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25
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Nord
Extrê
me-
Nord
Oues
t
Litto
ral
Cent
re
Adam
aoua
Sud-
Oues
t
Sud
Yaou
ndé
Doua
la
Nord
-Oue
st Est
Sources :ECAM2et3,CalculsdelaBanquemondiale.
Cahiers éConomiques du Cameroun14
entrerégionsmontrentqu’en2011 letauxd’achè-
vementdesétudesprimairesdanslesZEPallaitde
46%(dansl’Extrême-Nord)à81%(àl’Est),contre
plus de 94 % dans chacune des autres régions
(figure 20). Les disparités en matière d’alphabé-
tisation des adultes sont encore plus marquées,
les trois régions étant en dessous de la moyenne
nationale de 35 % (figure 21). Dans les régions
septentrionales, entre 55 % (Adamaoua) et 76 %
(Extrême-Nord)deshabitantssontanalphabètes,
contreseulement10%et13%danslesrégionsdu
LittoraletduCentre,respectivement.
Dans l’éducation de base, les résultats font aussi
ressortirunclivageprononcéentrezonesurbaines
etrurales.Dansleszonesurbaines,91%desélèves
achèventl’écoleprimaire,contreseulement68%en
zonerurale.Letauxd’analphabétismedesadultesen
zoneruraleestde57%,plusdetroisfoisplusélevé
qu’enzoneurbaine(environ17%).
Parité des sexes
Laparitédessexesdansl’éducationdebasen’apas
progressédepuislesannées1990.Lenombredefilles
scolariséesquiachèventlecycleprimaireestinférieur
àceluidesgarçons.L’indicedeparitédessexespour
le taux d’achèvement du cycle primaire est le taux
d’achèvementchezlesfillesrapportéàcetauxchez
lesgarçons,unevaleurde1indiquantlaparitéentre
lessexes.AuCameroun,cetindicesesituaità0,86en
2011,soitaumêmeniveauquevingtansauparavant
(figure22).Aucoursdelamêmepériode,denombreux
paysontréalisédesprogrèsremarquablesdansce
domaineetleCamerounaprisduretardparrapport
àeux.
Globalement,l’écartentrelessexesresteimportant,
maissonampleurdiffèreselonleszonesconsidérées.
Ainsi,letauxnetdefréquentationdel’écoleprimaire
chez les filles (nombre de filles d’âge scolaire
scolariséesdansleprimairerapportéaunombretotal
de filles d’âge scolaire) fait ressortir d’importantes
différencesentrezonesruraleseturbaines.Dansles
zonesrurales,iln’estqued’environ65%chezlesfilles,
contre79%chezlesgarçons.Enzoneurbaine,oùle
tauxdefréquentationestélevé,indépendammentdu
sexe,l’écartestplusréduit.
Revenus/richesse
S’agissant des résultats scolaires, les différences
entre catégories de revenus sont encore plus
marquées.Alorsquelaquasi-totalité(97%)desélèves
appartenantaugroupedes20%desménages les
plusrichesachèventlecycleprimaire,seuls40%du
quintilelepluspauvredelapopulationyparviennent.
Lafigure23montrelacompositiondel’effectifscolaire
pour chacun des cycles d’études, par quintile de
revenu.S’ilestvraiquelarépartitionestàpeuprès
égaledanslecycleprimaire,lesécartssecreusentà
Figure 21 : Taux d’alphabétisation des adultes par région, 2011
0
50
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30
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Extrê
me-
Nord
Nord
Oues
t
Litto
ral
Cent
re
Adam
aoua
Sud-
Oues
t
Cam
erou
n
Sud
Zone
urb
aine
Nord
-Oue
st Est
Zone
rura
le
Source :Rapportsurlasituationdel’éducationdanslepays(2013)
Figure 22 : indice de parité des sexes pour le taux d’achèvement du cycle primaire, 1981-2011
0,6
0,7
0,8
1,0
0,9
1981 1991 2001 2011
Cameroun* Afrique subsaharienne
Faiblerevenu
Revenu intermédiaire
Source :Institutdestatistiquedel’UNESCO.*En l’absencededonnéespour2001,lesdonnéesde2000ontétéutilisées.
l’éduCaTion de base au Cameroun 15
mesurequel’onprogressedanslesdegrésd’ensei-
gnement.Danslepremiercycledusecondaire,alors
que 58 % des élèves sont issus des deux quintiles
lesplusriches,21%viennentdesdeuxquintilesles
pluspauvres.Danslesecondcycledusecondaireet
dans lesupérieur, lesdeuxquintiles lesplusriches
rassemblentlagrandemajoritédesélèves/étudiants
(81 % et 97 %, respectivement) ; ceux issus des
quintileslespluspauvressontquasimentabsents.
D’un point de politique publique, l’éducation de
baseest«gratuite»auCameroun.Endépitdecela,
l’éducationdebasereprésenteuncoûtrelativement
importantpourlesfamilles—entermesdesfraisdes
activitésetdesexamens,lesfraissupplémentaires
payés aux enseignants pour le renforcement des
connaissances,lesmanuels,lesuniformesscolaires,
etc.Lastructuredeprixactuelledelascolarisation
primaire introduit des inégalités intra-régionales
dans le système. Les parents supportent un coût
disproportionné de l’enseignement primaire ce
qui amène certains à choisir de ne pas yenvoyer
certainsdeleursenfants(généralementlesfilles).
Lesménages lespluspauvressont incapablesde
supporterlecoûtdelascolarisation.L’analysedes
inefficacitésd’allocationentrelessous-secteursde
l’éducation va au-delà de l’objectif de ce rapport.
Néanmoins il est clair que le budget global de
l’éducation a besoin d’être augmenté et que
l’efficacité d’allocation des ressources doit être
analyséesuivantlesquintiles.
Figure 23 : répartition de l’effectif scolaire, par cycle d’études et quintile de revenu, 2011 (en pourcentage)
0
40
20
60
100
80
Primaire Secondaire,1er cycle
Secondaire,2e cycle
Supérieur
Q1 (le plus pauvre) Q5 (le plus riche)Q2 Q3 Q4
Source :Rapportsurlasituationdel’éducationdanslepays(2013).
Cahiers éConomiques du Cameroun16
…du fait de l’insuffisance et l’inefficacité de l’allocation et l’utilisation des ressources, ainsi que des problèmes de gouvernance
Dépenses publiques et privées
Pourquoi lesrésultatsscolairesvarient-ils tanten
fonctiondeszonesgéographiquesetdescatégories
socioéconomiques considérées ? L’allocation des
ressources explique partiellement ce constat.
Bienquelesdépensespubliquesd’éducationaient
augmenté,passantde1,9%duPIBen2000à3,3%
en2003,ellesontdepuismarquélepasetrestenten
dessousdelamoyennerégionalede4,3%(figure24).
La répartition de ces crédits limités semble aussi
poserproblème.En2011,l’enseignementsecondaire
a reçu une enveloppe relativement plus élevée que
celleallouéeàl’enseignementprimaireousupérieur,
comparativementauxautrespaysd’Afriquesubsaha-
riennequiconsacrent,eux,enmoyenne,laplupartde
leursressourcesàl’enseignementprimaire(figure25).
Ces disparités sont encore plus prononcées si on
regardelesdépensesd’éducationparélève/étudiant,
quisontcinqfoisplusélevéesdansledeuxièmecycle
de l’enseignement secondaire et dans le supérieur
quedansl’enseignementprimaire(figure26).Ceciest
enpartiedûaufaitquel’enseignementsecondaireet
tertiairesontpluschersparélèvequel’enseignement
primaire.Cependant,étantdonnéquelesétudiantsde
famillespauvressontmoinssusceptiblesd’atteindre
cesniveauxdescolaritéplusélevés(ledeuxièmecycle
dusecondaireouletertiaire),cettesituationcontribue
àunerépartition inégaledesdépensesd’éducation
entrelescatégoriesderevenus.
La faible contribution de l’État à l’enseignement
primaire fait supporter des dépenses élevées aux
parents (figure 27). Ainsi, les parents des enfants
desécolesprimairesdoiventprendreà leurcharge
les manuels scolaires, les uniformes, les frais
d’examen, le transport et souvent les frais supplé-
mentairespourlescoursderépétition.Plusproblé-
matiqueencore,desfondsprivéssontutiliséspour
Figure 24 : dépenses publiques d’éducation, 2010 (en pourcentage du Pib)
0,0
2,0
1,0
3,0
5,0
4,0
Afriquesubsaharienne
Cameroun Pays àfaible revenu
Pays à revenuintermédiaire
Sources :Rapportsurlasituationdel’éducationdanslepays(2013)etstatistiqueséducativesdelaBanquemondiale.
Figure 25 : répartition actuelle des dépenses d’éducation, par cycle d’études, 2011 (en pourcentage de la dépense totale)
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Primaire Secondaire Supérieur
Afrique subsaharienne Cameroun
Source :Rapportsurlasituationdel’éducationdanslepays(2013).
Figure 26 : répartition actuelle des dépenses d’éducation, par élève/étudiant et cycle d’études, 2011 (en milliers de francs CFa)
0
100
200
300
Primaire Secondaire,1er cycle
Secondaire, 2e cycle
Supérieur
Source :Rapportsurlasituationdel’éducationdanslepays(2013)etcalculsdelaBanquemondiale.
l’éduCaTion de base au Cameroun 17
primairesoitofficiellementgratuit,ilnel’estdoncpas
enpratique.
Ce coût élevé de la scolarisation dans le primaire
empêche de nombreuses familles d’envoyer leurs
enfantsàl’école.Selonladernièreenquêtesurl’emploi
etlesecteurinformel,lemanquedemoyensfinanciers
estlaprincipalecaused’abandonscolaire(figure28).
Les faiblesses de la gouvernance et le manque de
transparenceviennentencoreréduirel’efficacitédeces
ressourceslimitéesquel’Étatconsacreàl’éducation.
Selon l’indice de perception de la corruption de
Transparency International, le système éducatif
camerounais était le cinquième le plus corrompu
d’Afriquesubsaharienneen2013(figure29).Lamême
étuderévèleque72%delapopulationpensequele
secteurdel’éducationestcorrompuouextrêmement
corrompu(lamoyenneenAfriquesubsaharienneest
de57%etlamoyennemondialede41%).Ellemontre
aussi que 36 % des personnes en contact avec le
système éducatif ont versé un pot-de-vin au cours
des12derniersmois(lamoyenneenAfriquesubsaha-
rienneestde31%etlamoyennemondialede16%).
Disponibilité des données
Le manque d’accès à des données fiables et
actualiséessurlaperformancedusecteurnuitàla
transparence.L’actuelsystèmed’informationpourla
gestiondel’éducation(SIGE)auCamerounmanque
d’homogénéité;cinqministèressontresponsables
Figure 27 : Part de la contribution des parents aux dépenses nationales d’éducation, 2011 (pourcentage)
0
20
10
30
50
40
Niger Sénégal Tchad Mali Congo Cameroun
Source :Rapportsurlasituationdel’éducationdanslepays(2013).
Figure 28 : Causes des abandons scolaires, 2010 (en Pourcentage)
Autres
Distance
Échec
Travail
Manque demoyens financiers
Grossesse/mariage
Maladie
0 10 20 30
Filles
40 50 60
Garçons
Source :EESI2.
Figure 29 : indice de perception de la corruption dans le système éducatif, 2013 (échelle de notation de 1-5, sur laquelle 1 signifie « pas du tout corrompu » et 5 « extrêmement corrompu »)
1
2
3
4
5
Ghan
a
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Zam
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Cam
erou
n
RDC
Mal
awi
Source :TransparencyInternational.
rémunérerlesenseignantsparlebiaisdescotisations
auxassociationsdeparentsd’élèves,àlafoisdansle
primaireetlesecondaire(environ18%desinstituteurs
sontpayésparlesparents).Bienquel’enseignement
Cahiers éConomiques du Cameroun18
delacollectedesdonnéessur l’éducationpour le
niveaud’étudesdontilsontlachargeetlaqualitéde
l’informationvariedefaçonconsidérable.
En2011, leministèredel’Éducationdebaseamis
enplaceunefiched’évaluationdelaperformance
des écoles, une base de données contenant des
informationsrecueilliespourl’annuairestatistique
traditionnel.LaFiched’évaluation comporte trois
indices—unindiceducontexte(quiprendencompte
l’accès à l’électricité, l’approvisionnement en eau
et le type de toilettes), un indice des ressources
(nombred’élèvesparenseignant,manuel,sallede
classeetpupitre)etunindicedeperformance(taux
deréussite,tauxd’abandon,tauxderedoublement)
—quipermettentunecomparaisondesbesoinset
desrésultatsparécole.Contrairementauxannuaires
statistiques centralisés, ce nouvel outil permet
égalementàtouslesacteursdusystème(institutions
oucommunautés)d’obtenirdesinformationssurleur
niveaud’intervention(école,arrondissement,région,
etc.). Ces données n’ont toutefois pas encore été
transféréesauxacteurssurleterrainetleurutilisation
resteàinstitutionnaliser.
Suivi de la performance
Une étude sur la gouvernance dans le secteur de
l’éducation (Banque mondiale 2012a), consacrée
à trois régionsauxprofilsdifférents(Nord-Ouest,
LittoraletExtrême-Nord),amontréquelesystème
actueldesuividesenseignantsetdesétablissements
scolaireslaisseàdésireretnedéfinitpasclairement
les critères utilisés et les résultats attendus. Le
dispositif actuel de sanctions et de mesures
incitativesn’estpastoujoursappliquéetn’encourage
pasl’améliorationdesrésultatsavecsuffisammentde
rigueur.Letravaildesenseignantsfonctionnairesde
l’éducationdebaseetdel’enseignementsecondaire
estévaluéaumoyenderapportsconfidentiels,quine
sontpaspropresauxactivitésdusecteur.Letravail
des instituteurs contractuels recrutés par l’admi-
nistrationcentraleestsuivideplusprès,maiscela
aunimpactlimitésurleursperformances.Lesuivi
de la performance des établissements scolaires
et des enseignants est notablement insuffisant
dansl’éducationdebase.Ilsembleyavoiruneplus
grande responsabilisation dans l’enseignement
secondaire, probablement du fait des examens à
l’échellenationalequelesélèvesdoiventvalideravant
depouvoirpasserenclassesupérieureàcertaines
étapesdel’éducationsecondaire.
Étant donné que l’obligation de rendre compte
des résultats obtenus dans l’éducation de base,
surtoutpourl’améliorationdelaqualité,existepeu
au niveau de l’école, l’échelon supérieur, celui de
l’inspection d’arrondissement, doit jouer un rôle
crucialdanslesuividelaperformancedesétablis-
sements.Lesinspecteurssontcensésserendredans
chaque établissement plusieurs fois par an et les
visitessurprisessontencouragées.Pourtant,dans
lapratique, les inspecteursfontfaceàdegrosses
difficultéspourserendredans lesécoles.Leplus
Figure 30 : ratio élèves/enseignant, 2011
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40
50
Pays àfaible revenu
Afriquesubsaharienne
Pays à revenuintermédiaire
Cameroun*
Sources : Annuaire statistique du MINEDUB et statistiques de laBanquemondialesurl’éducation.*Données de2012pourleCameroun.
Figure 31 : ratio élèves/enseignant, par région, 2012
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stEst
Objectif national pour 2016
Source :AnnuairestatistiqueduMINEDUB.
l’éduCaTion de base au Cameroun 19
souvent,ilsnedisposentpasdemoyensdetransport
et même s’ils en ont un, l’état des routes pose
problème.Etsurtout,cetteadministrationmanque
cruellementdepersonnel,cequirenddifficileunsuivi
efficacedelaperformancedesétablissements.
Enseignants
Par ailleurs, il existe une grave pénurie d’ensei-
gnants,cequinuitàlaqualitédesservicesfournis.
Enmoyenne,leratioélèves/enseignantauCameroun
avoisine 53, chiffre élevé par rapport aux autres
pays(figure30).Lesdisparitésgéographiquessont
prononcées, les régions du Nord et de l’Est étant
au-dessusdelamoyennenationale(figure31).
Pour faire face à la pénurie d’enseignants, les
autoritésontlancéleProgrammedecontractuali-
sationd’instituteursdansuncontextecaractérisé
par le gel du recrutement des fonctionnaires au
Cameroun pendant les années 1990. Au départ,
le programme n’était pas bien défini, d’où un
déploiement inéquitablesur leterrain,unnombre
élevé de départs et des performances inégales.
En 2000, le dispositif a été remanié. La nouvelle
politiquedéfinitunegrillesalariale,desprestations
socialesetunplandecarrièrepourlesenseignants
contractuels4.GrâceauprojetduPartenariatmondial
pourl’éducationsuperviséparlaBanquemondialeet
cofinancéparl’Agencefrançaisededéveloppement,
untotalde37200enseignantscontractuelsqualifiés
ontétéengagésentre2007et2011,dont60%de
femmes.Celas’esttraduitpar l’améliorationde la
disponibilitédesenseignantsdanslesZEP.Danssa
nouvellestratégiedel’éducation,legouvernement
entendramenerleratioélèves/enseignantà51d’ici
2016. Un nouveau projet du Partenariat mondial
pourl’éducationsuperviséparlaBanquemondiale
vasoutenirlaconversiond’environ7253maîtresde
parentsencontractuelsetenviron1747nouvelles
recruescommeenseignantscontractuelsdansles
quatreprochainesannées.
Letauxdedépartdesenseignantsrestenéanmoins
élevé parmi les instituteurs du programme de
contractualisation.Ill’estparticulièrement(environ
18%)chezlesenseignantescontractuellesdusud
quiontétéaffectéesdans lapartieseptentrionale
dupays,surtoutlorsqu’ellesontéténomméesdans
desZEPetenzonerurale,oùlesconditionsdevie
sont difficiles pour de jeunes institutrices. Cette
déperdition d’effectifs tient aussi au départ des
contractuels vers d’autres ministères, après leur
intégrationentantquefonctionnairesduministère
del’Éducationdebase.
Enoutre,degrandesdisparitésexistentauseinmême
de chaque région. Les ratios élèves/enseignant
globalementélevésdanslesrégionsseptentrionales
masquentlefaitque,danscertaineszones,princi-
palementurbaines,ceratioestrelativementfaible
4Le salaire des enseignants contractuels correspondàenvirontrois fois lePIBmoyenparhabitantetàdeuxtiers du traitement des fonctionnaires. Les autoritéscamerounaisesontégalementélaboréunestratégiedegestion de carrière pour les enseignants contractuels,avec plusieurs niveaux de promotion. Les enseignantscontractuels perçoivent une indemnité en lieu et placedelagarantiedeversementd’unepension.Ilsjouissentaussi des mêmes avantages que les fonctionnaires,notamment18joursdecongépendantl’annéescolaire.Lesenseignantsayantdesenfantsontdroitàdeuxjoursdecongésupplémentairesparenfant.Si lecongén’estpasprisaucoursdel’annéescolaire,lecumulestpossiblepourlesenseignantscontractuels(ilnel’estpaspourlesfonctionnaires).
Cahiers éConomiques du Cameroun20
alorsquedanscertaineszonesruralesreculées,on
compteunseulenseignantpour150élèvesouplus,
cequirendl’acquisitionefficacedesconnaissances
pratiquementimpossible.Celaétant,danslesrégions
oùleratioélèves/enseignantestglobalementfaible,
des poches de pénurie d’instituteurs subsistent.
Pourchaquerégion, lafigure32donne l’arrondis-
sementoùleratioélèves/enseignantestleplusélevé
etceluioùilestleplusfaible.Touteslesrégions,à
l’exceptionduSud,comptentdesarrondissements
danslesquellesleratioestsupérieuretinférieuràla
moyennenationalede53.Danssixrégions,ilexiste
desarrondissementsoùleratioestégalousupérieur
à150.
Matériel didactique
On constate également une pénurie de matériel
didactiquedanslesécolesprimaires.Parexemple,
leCamerounprésentedeloinleplusmauvaisratio
élèves/manuelscolairedetouslespaysexaminés
par l’UNESCO en Afrique subsaharienne : en
moyenne,seulunélèvesurdouzeavaitaccèsaux
manuelsscolairesen2011(figure33).Làencore,la
moyennenationalecached’importantesdifférences
entre les régions. Dans les zones défavorisées, il
n’existepratiquementpasdemanuelsdanslessalles
declasseouunseulmanuelestdisponiblepour50
ou100élèves.
Le problème de l’accès aux manuels scolaires au
Camerounn’estpasnouveaueta toujoursétéun
sujet de controverse. Les manuels scolaires sont
actuellementconçuspourquelesélèvesyécrivent,
ce qui impose l’achat de nouveaux livres chaque
année.Celaempêchelamiseenplaced’unsystème
plusabordabledefournituredemanuelsscolaires,
qui permettrait aux pouvoirs publics d’assurer
plus facilement la gratuité des outils fournis. Par
ailleurs, les éditeurs exerceraient des pressions
sur les ministères pour les forcer à apporter des
changements mineurs au programme chaque
année,etrendreainsiobligatoirelaparutiond’une
nouvelle édition. Ainsi, les seuls élèves qui ont
accèsàdesmanuelsscolairessontceuxdesécoles
privées, lorsquelesparentsontlesmoyensdeles
Figure 33 : nombre d’élèves par manuel scolaire, 2011
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Source :Institutdestatistiquedel’UNESCO.
Figure 32 : différences de ratios élèves/enseignant dans chaque région : arrondissements où les ratios sont les plus élevés et les plus faibles*, 2013
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t
Sud
Litto
ral
Nord
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stEst
Arrondissement où le ratioélèves/enseignant est le plus faible
Arrondissement où le ratioélèves/enseignant est le plus élevé
Sources : Fiche d’évaluation du MINEDUB et calculs de la Banquemondiale.*Écoles publiques uniquement ; ne prend pas en compte lesenseignants rémunérés par le biais des associations de parentsd’élèves.
l’éduCaTion de base au Cameroun 21
yinscrire,ouceuxdesécolespubliquesayantdes
parents pouvant acheter le matériel nécessaire.
Lesautres—lagrandemajorité,enparticulierdans
les régions septentrionales — sont privés de tout
manuelscolaire.
Une fois ces problèmes résolus, l’éducation de base sera plus solide
Améliorer la collecte des données
La mise en place d’un système solide et fiable
d’informationpourlagestiondel’éducation(SIGE)
permettrauneplusgrandetransparence.LeSIGE,
enl’état,estrelativementpeusatisfaisantetd’une
qualité laissantàdésirer.Legouvernementetses
partenairesinternationauxontdoncprislesmesures
suivantespourfaciliterlaproductiondestatistiques
éducatives:
i. L’UNESCO soutient les efforts des pouvoirs
publics pour créer des données régionales
comparablesetlesrelierentreelles
ii. LeMINEDUBprévoit l’utilisationsystématique
de sa base de données constituée des fiches
d’évaluation de la performance des écoles
dans le cadre d’un effort de décentralisation
du système éducatif. En outre, il envisage le
géocodage des établissements scolaires et
le rattachement de ces données aux fiches
d’évaluation.
iii. L’UNICEFalancéuneopérationpilotedecollecte
de données et de cartographie des établis-
sementsscolairesdesZEPpourrassemblerdes
informationssurdiversindicateursd’équitédans
lesécoles.Cetravailexpérimentalsetraduirapar
lacollectedenouvellesdonnéessurlesréfugiés,
lesenfantshandicapésetlespopulationsminori-
taires (p. ex : Baka, Mbororo). Les données
seront présentées par district, établissement
scolaireetsexe,permettantainsiuneanalyse
plusapprofondiedesdisparitésentrelessexes,
et fourniront un outil de planification et de
suivi améliorés à l’appui des enfants les plus
vulnérables(filles,minoritésethniques,réfugiés).
Lavolontépolitiqueestessentiellepouraméliorer
le SIGE, en particulier au niveau de l’ensei-
gnement secondaire, et les moyens financiers
et techniques pour maintenir un SIGE adéquat.
L’absencededonnéescomplètes,fiablesetrécentes
sur l’éducation ne peut pas être résolue par des
interventionsexternesseulement.
Rationaliser l’allocation des ressources et améliorer l’efficacité systémique
L’améliorationencoursdesdonnéessurl’éducation
donne aux autorités la possibilité d’augmenter le
budgetdel’éducation,d’introduiredesgainsd’effi-
cacitédansl’allocationetl’utilisationdesressources,
etdemieuxrapprocherlesdépensespubliquesdes
besoins.Encequiconcernelarationalisationdela
répartitiondesressourcesbudgétaireslesanalyses
montrentqu’ilexisteunbiaiscontinuenfaveurdes
régionsduCentreetduLittoralessentiellementdûà
desconsidérationspolitiques.
Leciblagedesinvestissementssurleszonesdéfavo-
risées(zonesrurales,lestroisrégionsseptentrionales
etl’Est,lespointsmaldesservisautourdescentres
urbainsetàproximitédesfrontières)aideraàassurer
uneplusgrandeéquitéetcontribueraàl’égalitédes
chancesdansl’éducation.Lesdonnéespermettront
égalementàl’administrationderecenserlesécoles
endifficultéetdeprendredesmesurespourlesaider
às’améliorer.
Lerapportsurlasituationdel’éducationdanslepays
montrequel’enseignementprimaireestceluiquiale
plusd’impactsurledéveloppement.Ilestessentiel
danslaluttecontrel’analphabétismeetestàl’origine
delamajoritédeseffetspositifsdel’éducationsur
lerevenuet lasanté.L’enseignementprimaireest
essentiel à l’accès des niveaux de scolarité plus
élevés.LeCamerounaspireàconsolidersonstatut
de pays à revenu intermédiaire. Par conséquent,
l’accent doit continuer à être mis sur l’éducation
primairepourassurerl’éducationpourtous.Or,au
Cameroun, l’enseignement primaire souffre d’un
sous-financementchronique.
Unplusgrandnombred’élèvesréussissentàpasser
de l’enseignement primaire à l’enseignement
Cahiers éConomiques du Cameroun22
secondaire.C’estlaraisonpourlaquellel’allocation
budgétairedel’enseignementsecondaireestrelati-
vement plus élevée. En outre, le programme de
l’enseignement secondaire est plus large, ce qui
nécessite un plus grand nombre d’enseignants
spécialisésetmoinspolyvalents.Celarendl’ensei-
gnementsecondaireassezcher.Àl’heureactuelle,
legouvernementdépenddesubventionsextérieures
pour l’enseignement primaire. Toutefois, il s’est
engagé à augmenter le budget de l’éducation et
del’enseignementprimaireenparticulieraucours
desprochainesannées.Unepartiedesressources
supplémentairespourl’éducationprimairepourrait
égalementêtregénéréeparl’améliorationdel’effi-
cacitédesdépensespubliques.Cesreformesexigent
unevolontépolitiqueetunenvironnementpolitique
approprié.Enfin,touteressourcesupplémentaireà
l’enseignementprimairedevraitserviràpourvoirdes
intrantsàmêmed’améliorerlesrésultatsscolaires.
Évaluer plus systématiquement les acquis scolaires
Il n’existe pas de cadre national d’évaluation
permettant une évaluation normative des acquis
scolaires.Ceux-cisontprincipalementévaluésàla
findescyclesdesétudesprimairesetsecondaires
lorsd’examensauxenjeuximportants.LeCameroun
aparticipéàaumoinstroiscyclesduProgramme
d’analyse des systèmes éducatifs (PASEC) et a
réaliséuneévaluationdelalecturedanslespetites
classes (EGRA). Les autorités entendent refaire
l’EGRA et conduire une évaluation des mathéma-
tiquesdanslespetitesclasses(EGMA).Ilconvient
cependant de replacer ces exercices dans un
cadrenationald’évaluationplussystématiquequi
mettral’accentsur lerenforcementdescapacités
techniquesnationalesd’évaluation,ladiffusionàplus
grandeéchelledesrésultatsdecetravailetl’amélio-
rationde lachaînederemontéedesrésultatsdes
évaluationsvers lesresponsablesde l’élaboration
des programmes scolaires et de la formation des
enseignants.
Accroître la transparence budgétaire
L’étude 2012 de la Banque mondiale sur la
gouvernance dans l’éducation montre que les
ressourcesdesécolespubliquesnesontpasallouées
de façon transparente et qu’il existe des cas de
mauvaisegestion.Àcetégard, lerôledesacteurs
régionauxestprimordialpourjeterlesbasessolides
d’uneactionconcertéevisantàpromouvoirlabonne
gouvernance et l’éthique de responsabilité. Les
populationslocalesaurontunrôleimportantàjouer,
exigeantdesécolesqu’ellesannoncentetpublientle
montantdufinancementreçudespouvoirspublics,
les dates de réception des fonds et l’usage prévu
des ressources. En outre, les contributions des
associationsdeparentsd’élèvesdevrontégalement
êtrerenduespubliques,notamment lesmontants
collectésetleurobjet.
Révision de la politique des manuels scolaires
Lesautoritésetleséditeurssontentrainderéviser
la politique nationale des manuels scolaires.
L’administrationenvisagedepasserprogressivement
d’unsystèmedefinancementparlesparticuliersà
undispositiffinancéparl’Étatdanslequell’adminis-
trationfourniraitlesmanuelsscolaires.Cetteréforme
permettraitd’améliorerconsidérablementl’accèsaux
manuelsscolaires,unemesureconsidéréecommele
moyenlepluséconomiqueetleplusefficacepour
améliorerlaqualitédesapprentissages.
Dans ce cadre, il faudra également examiner la
questiondeladurabilité.Pourqu’undispositiffinancé
parl’Étatsoitviable,lesmanuelsscolairesdevront
pouvoirêtreréutiliséspendantaumoinstroisans,et
depréférencequatre.Celasignifiequei)lesmanuels
doiventêtreconçusdetellesortequel’élèven’aitpas
àyécrire,etii)l’écoledoitconserverleslivresenbon
étatafinqu’ilspuissentêtredistribuésauxélèvesde
l’annéesuivante,etréutilisésdelamêmemanière
pendanttroisans.Lesmanuelsdoiventdoncêtre
assezsolidespourdurertroisàquatreans.
Cahiers éConomiques du Cameroun 23
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