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Hydro-Québec est heureuse de jouer un rôle dans la promotion du théâtre. CAHIER-THéâTRE EN COULISSE ! VOLUME 12, NUMÉRO 1 | AUTOMNE 2016 ET HIVER-PRINTEMPS 2017 THE MOUSETRAP

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ApprobationBien que tous les eff orts aient été mis en œuvre pour éviter toute erreur, S.V.P., bien vérifi er cette épreuve. Notre responsabilité se limite au remplacement des fichiers finaux.

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FINAL-LIVRÉ

Agence�: Graphiques M&HTitre�: HQ est heureuse de...

No d’annonce�: 2013-251

Format�: 8” x 2”

Couleur�: Noir et blanc

Publication�: Cahier pédagogique de la Comédie Humaine

Parution�: Édition 2013

Matériel requis le�: 11 septembre 2013

GRAPHIQUES M&H87, RUE PRINCE, BUREAU 310MONTRÉAL QC H3C 2M7T. 514 866-6736 | [email protected]

A111581

Hydro-Québec est heureusede jouer un rôle dans

la promotion du théâtre.

cahier-théâtre En coulissE !VOLUME 12, NUMÉRO 1 | AUTOMNE 2016 ET HIVER-PRINTEMPS 2017VOLUME 12, NUMÉRO 1 | AUTOMNE 2016 ET HIVER-PRINTEMPS 2017

t h e M O U S e t r a P

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COORDONNÉES DE LA COMÉDIE HUMAINESi vous avez des questions à poser aux artisans de la production,n’hésitez pas à le faire via Internet ou par téléphone.2835, rue Mathys, Sainte-Marthe-sur-le-Lac (Québec) J0N 1P0 téléphone : 450 623-3131 | télécopieur : 450 [email protected] www.lacomediehumaine.ca | /lacomedie1

NOte :Les opinions exprimées dans les articles de cette publication n’engagent que leurs auteurs.

NOTE IMPORTANTE :réaliser les diff érentes sections du cahier en coulisse ! suppose la consultationde nombreuses sources d’information. Nous ne mentionnons pas ici les ouvrages essentiels auxquels nous avons eu recours et nous n’avons pas inclus de lexique non plus. Pour les consulter, veuillez en faire la demande au personnel de La Comédie humaine. Si nous ne les avons pas cités au fi l du texte, c’est que nous ne voulions pas alourdir un texte déjà serré et dense. Ainsi, le lecteur curieux gagnera à lire les auteurs ayant nourri notre réfl exion.

© Copyright 2016 Les Productions La Comédie humaine

cahier-théâtre En coulissE ! | La souricière2

SOMMaireCOMÉDIENS 4

PROCESSUS DE CRÉATION 7

La souricière 8

IL ÉTAIT UNE FOIS… AGATHA CHRISTIE 10

CRIMES ET EXOTISME : VOYAGER AVEC AGATHA CHRISTIE 12

LE MONDE AU TEMPS D’AGATHA CHRISTIE 14

VIE LITTÉRAIRE EN GRANDE-BRETAGNE 16

L’UNIVERS POLICIER 18

MOt De La DirectiONSYLVie LONGtiN et MartiN LaViGNe

Chers spectateurs,

C’est encore une fois un grand plaisir de vous présenter une œuvre d’Agatha Christie sachant qu’elle suscite toujours votre intérêt. rares sont ceux qui ne s’intéressent pas aux histoires macabres, aux romans policiers, aux scènes de crime, aux séries télévisées Csi et compagnie.

en vous présentant La souricière, toujours jouée à Londres depuis sa création en 1952 et comptant plus de 26 000 représentations, nous vous invitons à un huis clos auquel vous deviendrez témoin et détective. Vous vous sentirez probablement trappés dans cette souricière tout comme les huit personnages le sont. Vous n’échapperez pas à la minutie avec laquelle Agatha Christie tisse sa toile, ni à la précision des détails auxquels elle porte un soin indéniable. C’est fascinant de pouvoir pénétrer son univers et voyager avec elle dans son monde imaginaire.

Agatha Christie prouve encore une fois qu’on ne peut pas se faire justice soi-même ni entretenir de la vengeance. Dans cette histoire touchante qui contient des événements tragiques qui expliquent les raisons des actes criminels commis dans la pièce, elle nous rappelle qu’il faut dénoncer, parler et éviter d’agir par négligence criminelle.

tout n’est jamais tout blanc ou tout noir.

Nous souhaitons que vous vous laisserez surprendre par cette intrigue fi celée de main de maître par l’unique reine du crime et notre metteure en scène et que vous aurez du plaisir à suivre tous les indices, un à un, afi n de participer activement ou interactivement aux événements du spectacle qui se déroulera devant vous.

à vous de trouver qui est responsable ou non. Soyez détective à votre tour !

Bon spectacle !

Sylvie & Martin

éQUiPe DeS cONcePteUrSet De La PrODUctiONTRADUCTION RENÉ-DANIEL DUBOIS

METTEURE EN SCÈNE MICHÈLE DESLAURIERS

ASSISTANTE À LA MISE EN SCÈNE ZOÉ BURNS-GARCIAET RÉGIE / MANIPULATION DU SON

CONCEPTEUR DES DÉCORS LOÏC LACROIX-HOY

CONCEPTEUR DES COSTUMES PIERRE-GUY LAPOINTE

CONCEPTEUR DES ÉCLAIRAGES MATHIEU MARCIL

CONCEPTEUR DE LA MUSIQUE ORIGINALE FRANÇOIS ROSSIGNOLET DE LA BANDE SONORE

DIRECTEUR TECHNIQUE ET RÉGIE / FRANÇOIS GENESTMANIPULATION DES ÉCLAIRAGES

ACCESSOIRISTE PIERRE-LUC BOUDREAU

COIFFURE ET MAQUILLAGE PIERRE LAFONTAINE

DIRECTEUR DE PRODUCTION MARTIN LAVIGNE

CONSTRUCTION DES DÉCORS LES PRODUCTIONS YVES NICOL

RÉDACTRICE EN CHEF DU CAHIER-THÉÂTRE MARICHELLE LECLAIR

CORRECTEURS GUILLAUME FECTEAU, GHYSLAINE POITRAS & ANNE-JULIE NADON

CHAUFFEUR DE LA TOURNÉE DANIEL FERON

CONCEPTION GRAPHIQUE ROXANE GARIÉPY

ADJOINTES À LA DIRECTION CATHERINE FORTIN & ANNE-JULIE NADON

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MichÈLe DeSLaUrierS MetteUre eN ScÈNe

MISE EN SCÈNE

Théâtre : Molière, en une farce et deux comédies !, L’Auberge des morts subites, Des souris et des hommes, La Vie de Galilée, Bousille et les Justes, Les Palmes de M. schutz, Devinez Qui ?Dix petits nègres, 2011, revue et corrigée.

Opérettes : La Périchole, Ciboulette et La Chauve-sourisavec l’Opéra Bouff e du Québec.

Comédienne pour deux émissions humoristiques à radio-Canada : À la semaine prochaine, à la radio où elle incarne la voix de plusieurs personnages, et à la télé, dans et Dieu créa Laflaque où elle incarne, entre autres, la voix de Georgette Laflaque. elle a interprété le rôle de la mère de Martin Matte dans Les beaux malaises à tVA et elle a interprété Madge dans la série Le coeur a ses raisons aussi à tVA. elle cumule les rôles au théâtre, au cinéma et à la télé.

MOt De La MetteUre eN ScÈNePlusieurs années se sont écoulées depuis la mort d’un enfant causée par de mauvais traitements et de la négligence. L’his-toire refait surface car un nouveau meurtre a été perpétré. Mais quel est le lien avec ces personnes qui se trouvent au manoir Monkswell durant cette soirée-là ? tous sont captifs à cause d’une tempête de neige qui fait rage à l’extérieur. Un inspecteur mènera l’enquête, car l’énigme doit être résolue, mais la tension monte, la vengeance, les menaces, les dangers sont réels; l’étau se resserre et mènera à La souricière…

Agatha Christie, surnommée à son époque la reine du crime, connaît bien la complexité et les tourments de l’âme humaine. Ses œuvres fl uctuent toujours entre l’ombre et la lumière. Qui ? Pourquoi ? Quand ? Comment ? Où ? Lequel ? telle une vraie dé-tective, elle sait raconter ses histoires policières, cherchant les causes, brouillant les pistes, décortiquant les intrigues pour en-suite résoudre les énigmes avec toute l’intelligence du cœur. Pour le spectateur, c’est à la fois un jeu, une réfl exion et un exercice de dépistage que d’essayer de comprendre et de deviner en usant de psychologie, qui est coupable et pourquoi. C’est aussi pour moi un grand défi que de me fondre à ce suspense pour en garder à la fois, toute la fébrilité, la clarté et l’opacité. entourée de cette merveilleuse équipe de concepteurs et d’acteurs si talentueux, c’est avec une immense joie et un plaisir que je plonge à nou-veau dans l’univers de Madame Christie. Ce sera, j’en suis sûre, contagieux. L’enquête débute bientôt, la vigilance est de mise, à vous de jouer, laissez-vous raconter et essayez de trouver le ou les coupables de La souricière…

3cahier-théâtre En coulissE ! | La souricière

réSUMé De La PiÈceDans les années 1950, en banlieue de Londres, Mollie et Giles ralston transforment le manoir Monkswell en auberge. Le jour de l’ouverture, ils sont immobilisés par une tempête de neige avec leurs six pensionnaires. Puis soudainement, un des clients est assassiné. L’inspecteur trotter mène l’enquête. Le meurtrier est l’un d’entre eux. Doute, suspicion, tension, interrogatoire, comédie et mensonge sont quelques-uns des ingrédients qui font de cette pièce un succès.

huit personnages très colorés, dont la détestable Madame Boyle, l’hyperactif Christopher Wren, le mystérieux Major Metcalf, l’étrange Mademoiselle Casewell et le fascinant Monsieur Paravicini se confrontent dans un huis clos. Ils devront se soumettre à une enquête policière qui soulèvera de douloureux souvenirs et dévoilera le coupable.

Dans les années 1950, en banlieue de Londres, Mollie et Giles ralston transforment le manoir Monkswell en auberge. Le jour

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4 cahier-théâtre En coulissE ! | La souricière

cOMéDieNS

Louise Deschâtelets fait carrière comme comédienne, ani-matrice et chroniqueuse. à la télévision, on a pu la voir, entre autres, dans Virginie, Les ex, Chambres en Ville, ent’Cadieux et Peau de Banane. Dernièrement au théâtre, elle a joué dans les pièces Coco Chatel, C’est ma vie, Le Dîner de cons et Les femmes savantes. à la radio, elle a tenu la barre d’émissions quotidiennes de service tant à CJMS qu’à CKAC. Même chose à la télé, autant à tQS qu’à tVA. Depuis 2000, elle collabore au Journal de Montréal dans le cadre d’une chronique quoti-dienne où elle répond au courrier des lecteurs. tous les sujets d’intérêt humain y sont abordés dans une perspective d’en-traide, et dans cette même optique, elle prononce des confé-rences à travers le Québec.

Louise

DESCHÂTELETS

MADAME BOYLE

Sonia oeuvre dans le milieu depuis plus de dix ans tant sur scène qu’à la télévision et qu’au cinéma. Depuis 4 ans, elle tient le rôle de Jocelyne Dumoulin dans le téléroman Mémoires Vives à radio-Canada. en 1996, elle a campé le rôle de fanny Desjardins dans le téléroman Bouscotte de Victor-Lévy Beaulieu pendant cinq belles années. ensuite, elle a joué des premiers rôles dans plusieurs séries dont : Mon meilleur ami, Les rescapés ii, Toute la vérité, hommes en 40aines, un homme mort et plus récemment dans 30 Vies. De 2005 à 2011, elle a interprété héléna Beauchamps dans le téléroman Providence à radio-Canada, qui lui a d’ailleurs valu 7 nominations aux prix Gémeaux pour meilleur rôle de soutien féminin. Au théâtre, elle a joué dans Pi ?, incendies, Les Contes urbains et L’Éden Cinéma pour ne nommer que ceux-là.

Sonia

VIGNEAULT

MOLLIE RALSTON

Guillaume a terminé ses études au Conservatoire d’art dra-matique de Montréal en 1999. Au théâtre, il a joué dans plus de 23 pièces dont Oreste : the reality show, La Petite scrap, Pour faire une histoire courte, L’envie, Les Amazones, Le ma-lade imaginaire, Électre ou la chute des masques, Le jeu de l’amour et du hasard, Les Fourberies de scapin et en 2014, il a également fait partie de la distribution de la pièce Le Vertige. à la télévision, il participe à plusieurs séries québécoises telles que Les invincibles, histoire de fi lles, un monde à part, Les hauts et les bas de sophie Paquin, roxy, L’Auberge du chien noir et La promesse.

Guillaume

CHAMPOUX

SERGENT TROTTER

Guillaume a terminé ses études au Conservatoire d’art dra-matique de Montréal en 1999. Au théâtre, il a joué dans plus

La Petite scrap, Le ma-

Le jeu de et en 2014, il a

. à la télévision, il participe à plusieurs séries québécoises telles

Les L’Auberge du chien

« C’est ma deuxième expérience dans une pièce policière, mais la première dans un texte d’Agatha Christie, qui constitue pour moi ni plus ni moins qu’une reine et une chef de fi le dans le domaine. Ce que j’apprécie dans ses romans comme dans ses oeuvres théâtrales, c’est la dimension « jeu de devinettes » qu’elle propose en lançant des pistes de résolution d’un meurtre à travers plusieurs personnages en même temps, brouillant par la même occasion les cartes, en déplaçant l’attention ailleurs. et grâce au personnage de Madame Boyle, maitresse-femme directe et cinglante, ce sera un réel bonheur d’actrice de pouvoir explorer certaines zones sombres de l’âme humaine auxquelles j’ai rarement eu la chance de me confronter auparavant ! »

« C’est la toute première fois que je joue dans un Agatha Christie. Les livres et fi lms de suspense et mystères m’ont toujours fascinée pour plusieurs raisons : accumuler les indices, comprendre les enjeux des personnages, leurs motifs, leur passé. Tous ces détails qui pouvaient me permettre de savoir avant la fi n du roman ou du fi lm qui était le coupable ! C’est cette curiosité qui m’a d’abord attirée par la pièce La Souricière. À la première lecture, j’ai essayé de savoir qui avait commis le meurtre avant la fi n de la pièce… mais en vain. Agatha Christie a ce don de mélanger le spectateur et de faire en sorte que tous les personnages deviennent suspects. Jouer dans cette pièce me fait penser à un jeu de « Clue » vivant. Je suis ravie de savoir que, comme l’enquêteur, le spectateur essayera de trouver le coupable et solutionner le mystère avant la tombée du rideau ! »

« Le sergent Trotter est le détective dans la pièce. J’ai toujours

aimé le génie des personnages d’Agatha Christie qui mènent

les enquêtes comme hercule Poirot ou Miss Marple. ils font

appel à notre intelligence. Je suis vraiment content de pouvoir

jouer ce rôle-là. Agatha Christie, c’est une des auteures que

j’ai beaucoup lues pendant mon adolescence. ses romans

(et ses pièces) sont des jeux. On participe. On cherche qui

est le meurtrier. Ça me fait beaucoup penser au jeu « Clue »,

un classique des jeux de société. J’ai déjà joué le même rôle

dans la même pièce quand j’étais en secondaire 5 ! C’est

hallucinant de reprendre le même rôle après tant d’années. »

Phot

o : M

iche

l-Oliv

ier G

irard

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« Agatha Christie est pour moi une amie de longue date. La première fois que

j’ai eu la chance de jouer dans une de ses pièces était à la Nouvelle Compagnie

théâtrale dans Les dix petits nègres. J’ai adoré jouer dans cette production car

c’était un huis clos. Tous les personnages étaient confi nés dans un hôtel sans

aucun moyen de s’échapper. Les huis clos, en tant qu’acteur, m’ont toujours

inspiré. L’une des premières pièces que j’ai vues dans ma vie s’appelait justement huis Clos de Jean-Paul sartre. Les personnages se retrouvaient

cette fois tous en enfer sans aucun moyen de s’échapper et devaient faire face

aux regards des autres. et vous savez quoi ? La pièce que vous allez justement

regarder se passe aussi dans un huis clos… »

5cahier-théâtre En coulissE ! | La souricière

Marcel

GIRARD

MAJOR METCALF

La carrière de Marcel débute dans les années 60 avant même sa graduation du Conservatoire d’art dramatique de Montréal en 1970. Des Dix petits nègres au Misanthrope, de Pique nique en ville à harold et Maude, de La mort d’un commis voyageur à Pygmalion, il a joué des pièces de toutes les époques. à la télévision, il a été de plusieurs séries marquantes telles que rue des Pignons, Terre humaine, entre chien et loup, Les grands esprits, La maison Deschênes, Blanche, scoop,rené Lévesque, urgence, simone et Chartrand, Tribu.com, etc. Il en va de même au cinéma dans des productions de l’ONf comme Fausse piste et stop réalisé par Jean Beaudin, puis dans Les tisserands du pouvoir. toujours très actif, il prête aussi sa voix unique à plusieurs publicités et autres narrations.

richard a fait ses débuts à la télé dans Omertà. On a pu le voir aussi, entre autres, dans Tribu.com, Annie et ses hommes, Yamaska et est présentement dans la série Blue Moon sur Illico. richard a tourné au cinéma autant pour les français (Les Tuche 2), les Américains (i’m Not There) et le cinéma québecois(À L’Origine D’un Cri, Mars et Avril, Le Mirage). Il en est à sa troisième participa-tion avec La Comédie humaine, (Bousille et les Justes en 2009, Des souris et des hommes en 2012).

Richard

ROBITAILLE

GILES RALSTON

« un gros merci à La Comédie humaine et à Michèle Deslauriersde m’avoir confi é le rôle de Giles ralston. Jouer dans un classique d’Agatha Christie est un grand défi mais surtout une grande partie de plaisir. Chaque personnage se déstabilise avec chaque rebondissement et il y en a !De découverte en découverte, nous apprenons peu à peu la raison d’être de chaque personnage. Le mystère est au rendez-vous ! »

« Après quelques années dans le rôle du docteur Armstrong dans Devinez Qui ? Dix petits nègres d’Agatha Christie me voici maintenant sous les traits du mystérieux Paravicini. Jouer à nouveau dans une pièce de la grande dame du crime est un immense plaisir pour moi. et que dire du fait de retravailler avec Michèle Deslauriers ! Mon personnage se dévoile lentement, on ne sait trop quoi en penser. il brouille les pistes et, comme les autres personnages, semble avoir quelque chose à cacher. Je vous souhaite autant de plaisir à découvrir la pièce que j’en ai à la jouer ! »

Jean L’Italien est, en 1985, un fi nissant de l’École Nationale de théâtre. Il devient rapidement un comédien prisé de la télé : Cormoran, urgences, Virginie, Destinées, La Galère, O et 30 Vies. Sur scène, on a pu le voir dansFool for love au Quat’sous, Au pied de la lettre à la NCt ainsi que dansLe long voyage vers la nuit chez Duceppe, Les Dix petits nègres à La Comé-die humaine et plusieurs succès au théâtre d’été des hirondelles : idéal pour Bricoleur, C’est pas un cadeau et Parfum de crime. Au cinéma, c’est dans sortie 234 de Michel Langlois, Noces de papier de Michel Brault, Louis XiXde Michel Poulette, Nez rouge d’Érik Canuel ainsi que dans sur le seuild’Éric tessier qu’il a la chance de démontrer son talent.

Jean

L’ITALIEN

M. PARAVICINI

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6 cahier-théâtre En coulissE ! | La souricière

éQUiPe De La cOUrte PiÈce : trois pEtitEs souris

aUteUr De La cOUrte PiÈce PréParatOire gilbErt dupuis

MiSe eN ScÈNemartin lavignE

Issue du Conservatoire d’Art dramatique de Montréal, Stéphanie s’est fait connaître du grand public en incarnant, entre autres, le rôle titre de l’émission Virginie durant 4 ans. elle fut aussi de la distribution de plusieurs autres produc-tions dont il était une fois dans le trouble, Pendant ce temps devant la télé, Nos étés ainsi que du fi lm Le survenant et de plusieurs courts métrages. elle multiplie aussi les rôles au théâtre notamment dans L’Augmentation, Devinez qui ? Dix petits nègres, spécial pour bricoleur, sacrée Famille et Les sorcières de salem.Stéphanie

CRÊTE-BLAIS

MLLE CASEWELL

Diplômé de l’École de théâtre du CÉGeP de Saint-hyacinthe en 2000, Marc-françois Blondin est un comédien qui peut facile-ment jouer un large éventail de rôles. Au théâtre, il a joué, entre autres, dans La folle odyssée de Jacques-Cartier, Le baiser de la veuve, Bug et un homme, deux patrons. à la télévision, il s’est aussi fait remarqué dans, entre autres, Virginie, Max inc., Toute la vérité, Caméra café, 19-2, sans oublier son rôle mar-quant de Simon dans Annie et ses hommes et plus récemment Boomerang et L’Auberge du chien noir. Au grand écran, il a tenu le rôle de Johnny Gravel dans le fi lm Gerry d’Alain Desrochers. De 2011 à 2013, Marc-françois a aussi été la voix offi cielle de Première chaîne de la radio de radio-Canada.

Marc-François

BLONDIN

CHRISTOPHER WREN

« Agathe Christie... Le meurtre… Les meurtres ? Le coupable...

Les coupables ? La vengeance, les fantômes du passé qui

refont surface, pourchassent… Dans un huis clos,

piégés, chicotés.

replonger dans l’imaginaire infi niment ingénieux, riche et

envoûtant de cette femme m’a conquise depuis le tout début

des répétitions. et que dire de notre metteure en scène

si inspirée et inspirante !

Bon alors, selon vous, qui c’est ? Qui a bien pu tendre une

souricière dans cette souricière ? »

« il s’agit pour moi d’une première participation à une pièce d’Agatha Christie. Comme bien des jeunes, j’ai connu Agatha par ses romans où j’essayais tant bien que mal de découvrir le meurtrier avant qu’hercule Poirot ne le dévoile. il est fascinant de constater qu’une fois que l’on connaît le ou les meurtriers, on se rend compte que les indices ont été semés tout au long de l’histoire. J’interprète Christopher wren dont l’humour et les fl atteries cachent un certain malaise… Qu’arrivera-t-il à mon personnage ? Je vous laissele découvrir ! »

roXanE trEmblaY-marcottEfinissante de l’école de théâtre de Saint-hyacinthe en 2016, roxane est également diplômée en Arts et lettres du Cégep de trois-rivières. elle a également participé à un stage de Commedia Dell’Arte avec Alberto ferraro à Grenoble en 2015. tout au long de sa formation en théâtre, roxane a eu la chance de jouer plusieurs rôles dont elisabeth 1ière dans Marie stuart ou encore, Clarice dans Arlequin, valet de deux maîtres. elle a également fait ses débuts en télévision dans Yamaska à tVA dans un rôle de fi guration. Sportive à ses heures, roxane adore la planche à neige et la course à pied.

Francis rangErfinissant de l’école de théâtre de Saint-hyacinthe en 2010, francis se pas-sionne pour l’écriture, la réalisation, la mise en scène, la musique et bien sûr, le théâtre et le cinéma. Depuis sa sortie de l’école, il a fait plusieurs appari-tions à la télé : 30 vies, Lance et Compte, L’Auberge du chien noir, Dans ma tête, etc. et pour la quatrième année, il se joint à la troupe de La Comédie humaine pour jouer la pièce préparatoire dans les écoles secondaires du Québec. Parallèlement à la tournée, il chante dans un groupe de musique francophone émergent de Montréal et il est en écriture d’un court métrage ainsi que de deux pièces de théâtre qui verront le jour en 2017.

cOMéDieNS De La cOUrte PiÈce PréParatOire

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7cahier-théâtre En coulissE ! | La souricière

PrOceSSUSdE création

lEs concEptEurstous les concepteurs lisent d’abord la pièce. Dans le cas de La souricière, l’auteure décrit avec précision les lieux, les vête-ments des personnages, les eff ets d’éclairages et sonores et une liste d’accessoires. Les concepteurs imaginent une conception pour suggérer des idées à la metteure en scène. ensuite débute le processus de création accompagné par les contraintes bud-gétaires. Les concepteurs cherchent des solutions, proposent de nouvelles idées, parfois contraires aux premières, pour fi nalement trouver une conception satisfaisante et adéquate pour la réalisa-tion de la pièce.

concEption du décor : loÏc lacroiX-hoY

Le lieu dans lequel se déroule la pièce est un vieux manoir an-glais. Pour recréer le décor, Loïc a d’abord tenu compte de la description détaillée fournie par l’auteure. Il faut savoir que les dénouements de la pièce sont liés aux déplacements des person-nages. Simplement changer une porte de place dans le décor, par exemple, aurait demandé un travail de ré-écriture à la metteure en scène ! en restant dans un style classique et réaliste, Loïc a fait des recherches pour respecter les codes architecturaux de l’époque. Il s’est permis de jouer avec l’espace afi n de donner aux spectateurs une impression d’isolement, d’étau, de souricière…

concEption dEs costumEs : piErrE-guY lapointENous sommes dans les années 1950, en banlieue de Londres. Pierre-Guy a imaginé les costumes des personnages en vou-lant créer des archétypes aux allures très britanniques, un peu comme des modèles du jeu « Clue ». en Angleterre, ce sont les couleurs neutres, les bruns et les gris qui ont la cote, jamais de couleurs voyantes. De plus, comme la pièce se déroule en hiver, les tissus en lainage sont très présents. Dans les années 50, la mode est aux coupes très défi nies, les tailleurs sont très popu-laires autant pour les hommes que pour les femmes. Mais, fait intéressant, le pantalon ne se porte pas encore au quotidien pour la femme. Ce n’est qu’en 1965 que le pantalon fera son entrée dans la garde-robe féminine officiellement. Mlle Casewell est donc une femme révolutionnaire et en avance sur la mode en débarquant à l’auberge vêtue d’un pantalon !

concEption dEs éclairagEs : mathiEu marcilMathieu collabore avec Loïc pour éclairer le décor et les person-nages selon les demandes de la mise en scène. Il met la touche fi nale au décor en mettant en lumière le travail de la metteure en scène et des autres concepteurs afi n de développer des am-biances pour que les spectateurs puissent bien saisir les diff é-rents lieux, les périodes de la journée, le climat, les émotions, lestensions, etc. La souricière est une intrigue qui se déroule sur deux jours, au beau milieu d’une tempête de neige.

concEption dE la musiquE originalE Et dE la bandE sonorE : FranÇois rossignolC’est grâce à françois que la musique vient nous faire éprouver des sensations parfois douces, parfois épeurantes. Il s’est ins-piré de l’énergie des fi lms des années 1950. à cette époque la musique de fi lm s’imposait avec son riche héritage dramatique qui venait directement de l’opéra et de l’orchestration classique. françois a donné une saveur plus contemporaine aux mélodies choisies. Aujourd’hui, on opte pour des intensités plus harmo-nieuses, des couleurs et des saveurs musicales actuelles qui nous rappellent l’époque de la pièce. et il y a bien sûr la fameuse comp-tine Three blind mice… qui vous restera sûrement en mémoire.

rEchErchE dEs accEssoirEs : piErrE-luc boudrEauLe travail de l’accessoiriste est de trouver les objets et les meubles nécessaires pour la mise en scène. Pierre-Luc a dû trouver une centaine d’accessoires : des objets réels des années 1950 ou fabriqués ou transformés. Il est important de sentir les couches et les traces laissées par les diff érentes époques dans le vieux manoir anglais. Les propriétaires n’ont pas refait la décorationà chaque année ! C’est pourquoi on y retrouve des fauteuils vic-toriens, du mobilier du début du xxe siècle, une radio des années 1920, un téléphone des années 1940, etc. Le changement s’estfait petit à petit. L’important c’est de s’imaginer comment ces gens-là vivaient et rendre plausible l’âge du manoir. Les objets racontent l’histoire de ces personnages inventés; le but ultime, c’est d’y croire !

eSQUISSe DU DÉCOreSQUISSe DU DÉCOr

eSQUISSeS DeS COStUMeS

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8 cahier-théâtre En coulissE ! | La souricière

en 1947, Agatha Christie était une auteure à succès depuis un quart de siècle et avait déjà écrit deux pièces de théâtre. elle croit toutefois que ceux qui adaptent ses romans pour la scène font erreur. « Un roman policier n’est pas du tout comme une pièce. […] L’intrigue est tellement complexe, il y a généralement telle-ment de personnages et de fausses pistes que le résultat sera for-cément confus. […] Il est essentiel de simplifi er le tout. » Lorsque la BBC lui demande d’écrire un bref feuilleton radiophonique, elle livre Three Blind Mice (Trois souris Aveugles). Les critiques sont enthousiastes, et elle décide d’en faire une véritable pièce de théâtre et la nomme The Mousetrap (La souricière).

Le 25 novembre 1952, La Souricière est jouée pour la toute première fois au New Ambassadors Theatre à Londres. Depuis, elle accumule les records. C’est la pièce de théâtre la plus longtemps jouée, avec plus de 26 000 représentations ! Les acteurs ayant monté sur scène il y a un demi-siècle ne font bien entendu plus partie de l’aventure – la troupe est d’ailleurs renouvelée chaque année. Cer-tains comédiens ont même eu la chance de jouer plus d’un rôle, jouant d’abord un personnage plus jeune, puis un autre plus âgé quelques années plus tard.

Qu’est-ce qui fait le charme de cette pièce qui a été traduite dans plus de vingt langues et in-terprétée dans plus de quarante pays ? Agatha elle-même attribue ce succès à de la chance et au fait que la pièce attire jeunes et moins jeunes. Les critiques sont toutefois moins modestes : ils attribuent le succès de la pièce au formidable talent d’Agatha Christie pour développer des personnages. tous ont un secret – et certains de ces secrets sont

innocents, d’autres, terribles. Mais chaque personnage montre des failles qui provoquent de l’empathie de la part des specta-teurs. Une auberge parfaitement isolée par une tempête de neige s’avère un choix brillant et installe une atmosphère qui oscille entre le parfait confort et la claustrophobie. Mais même l’écriture habile d’Agatha Christie pourrait être gâchée par la révélation ma-lencontreuse de la conclusion de la pièce. C’est pourquoi chaque représentation se termine par la promesse des spectateurs de taire à jamais le nom du meurtrier.

5 anEcdotEs sur la souricièrE

1 à londrEs, l’un dEs mEmbrEs dE la distribution originalE sE Fait EncorE EntEndrE. Derykc Guyler fait, en quelque sorte, partie de La souricière

depuis la toute première performance londonienne. Bien qu’il soit maintenant décédé, c’est encore lui qui prête sa voix au journaliste radio qu’on entend au début de chaque représentation. Il s’agit bien sûr d’un enregistrement !

2  plus dE 400 actEurs ont joué dans la piècE dEpuissEs débuts à londrEs.

3  la piècE a été adaptéE dEuX Fois au cinéma…En russE Et En bEngali !

4  la piècE a mEné à un conFlit EntrE la FamillEd’agatha christiE Et WiKipédia.

Agatha Christie était profondément irritée lorsque les cri-tiques révélaient trop de détails sur le récit de ses romans ou de ses pièces. Donc lorsque Matthew Prichard, petit-fi ls d’Agatha, a vu que Wikipédia révélait la fi n étonnante deLa souricière, une campagne a été mise sur pied pour faire eff acer l’information du site web. Wikipédia a répondu que son mandat était de répertorier les connaissances et que la révélation allait donc rester sur la page web, mais qu’elle allait présenter une mise en garde, afi n que des lecteurs ne tombent par accident sur cette information.

5  agatha christiE a Fait sa dErnièrE apparition publiquE lorsd’unE rEprésEntation dE la souricièrE.

C’était à la célébration annuelle de La souricière, en 1974. elle est décédée un peu plus d’un an plus tard, le 12 janvier 1976 à l’âge de 86 ans.

LA sOuriCiÈre A CÉLÉBrÉ SON 60e ANNIVerSAIre eN 2012.

La SOUriciÈre

AMBASSADOrS theAtre à LONDreS.

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cahier-théâtre En coulissE ! | La souricière 9

PrOFiLS dEs suspEcts

MOLLIE RALSTON> propriétaire du Manoir Monkswell> ingénue, active, déterminée, joyeuse> ses airs innocents et joyeuxcacheraient-ils un douloureux malaise ?

GILES RALSTON

> époux de Mollie Ralston depuis un an

> arrogant, impulsif, jaloux

> qu'a-t-il révélé de son passé à sa

jeune épouse ?

MAJOR METCALF

> client du Manoir Monkswell

> militaire, déterminé, fin

observateur, courtois

> sa courtoisie excessive

cache-t-elle de sombres plans ?

PARAVICINI

> client du Manoir Monkswell

> charmeur, jovial, joueur de tour,

philosophe à ses heures

> qu'est-ce qui l'a réellement amené au

Manoir Monkswell ?

SERGENT TROTTIER

> détective

> observateur, méticuleux, ferme,

déterminé, colérique

> d'où vient cette colère devant les

situations difficiles ?

MADEMOISELLE CASEWELL> cliente du Manoir Monkswell> garconne, désinvolte,

ricaneuse, cinglante> que cache cette radicale

désinvolture ?

CHRISTOPHER WREN

> client du Manoir Monkswell

> original, névrosé, désarconnant,

spontané

> cette fascination pour l'imprévisible

et les chansons enfantines est-elle

innocente ?

MADAME BOYLE

> cliente du Manoir Monkswell

> attachée aux valeurs traditionnelles,

caractère détestable, sens de

l'humour, autrefois très riche

> ses constantes critiques acerbes

servent-elles à détourner

les soupcons ?

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10 cahier-théâtre En coulissE ! | La souricière

iL était UNe FOiS… agatha christiE

unE EnFancE hEurEusE

« L’un des plus grands bonheurs qui puissent nous arriver dans la vie est d’avoir une enfance heureuse. La mienne l’a été tout à fait », affi rme la reine du crime dans son autobiographie. Née à torquay, en 1890, une ville côtière du Devon, Agatha est une petite fi lle timide et inconstante. Clara, sa mère, aurait refusé de l’initier à la lecture avant l’âge de huit ans, sans motifs rationnels. Malgré l’opposition de sa mère, la benjamine apprend à lire en autodi-dacte à l’âge de 4 ans; dès lors, elle passe tous ses après-midis le nez plongé dans les livres, qui deviennent sa passion première.

à l’âge de 11 ans, Agatha fait face à un immense deuil avec la mort de son père. elle connaît tout de même une adolescence stimulante étant initiée au théâtre, à la musique et au chant. Un peu plus tard, elle ira passer un hiver avec sa mère au Caire, en Égypte, pour y faire son « entrée dans le monde ».

la naissancE d’unE écrivainE à succès Un soir d’octobre 1912, elle rencontre Archibald Christie dans un bal : le coup de foudre est immédiat et réciproque. Mais la Première Guerre mondiale vient assombrir leur bonheur... Le jeune homme doit se battre dans l’aviation britannique tandis qu’Agatha devient bénévole au département de pharmaco-logie de l’hôpital de torquay. elle étudie

avec intérêt les substances chimiques qui peuvent guérir... ou tuer. Quelques années plus tard, ses connaissances lui serviront à commettre ses crimes littéraires, les poisons constituant son arme fétiche.

Pendant la guerre, Agatha relève le défi que lui lance sa sœur : écrire un roman policier. en 1917, elle achève La Mystérieuse affaire de styles. Son intrigue met en scène un certain hercule Poirot, détective belge à la retraite, qui résout les intrigues les plus tordues avec ses petites cellules grises. raffi né et préten-tieux, Poirot est antipathique aux yeux de sa créatrice. à son grand malheur, il remportera un tel succès populaire qu’elle devra renoncer à s’en débarrasser ! à l’automne 1919, Agatha Christie donne naissance à rosalind, son unique enfant. Le travail d’Archibald leur permet de faire un périple de plus de 55 000 kilomètres qui les mène aux quatre coins du monde. L’auteure garde un souvenir mémorable de cette expérience : « faire le tour du monde fut l’un des évènements les plus palpitants de mon existence. [...] Il est diffi cile d’imaginer ce qu’on pouvait ressentir, à l’époque, maintenant que croisières et voyages à l’étranger sont monnaie courante. » explique-t-elle dans son autobiographie. Le voyage occupera une place de choix dans ses œuvres : les pays qu’elle a visités serviront de cadre à plusieurs de ses intrigues. Ainsi, ses descriptions habiles de l’Orient-express, de l’Égypte et du Devon, notamment, créent un univers mystérieux, où survien-dront les crimes les plus inattendus. en 1926, Le Meurtre de roger Ackroyd échauff e les critiques litté-raires; ils jugent que Christie y transgresse les règles fondamentales du genre policier... ce qui la propulse au rang d’écrivaine-vedette !

lE poison, armE du crimE

Agatha Christie se distingue des autres auteurs de romans policiers par sa rigueur exceptionnelle. en eff et, Agatha Christie est une apothicaire passionnée. Cette formation et cette expérience lui off rent des connaissances solides en matière de poison. Le Pharmaceutical Journal parlera d’ailleurs de façon fort élogieuse de son premier roman policier,La Mystérieuse affaire de styles, en soulignant qu’il s’agit là d’un roman« fort bien renseigné sur le maniement des poisons, et qui ne se contente pas, comme c’est trop souvent le cas, de cette ineptie de la substance inconnue et indécelable. Miss Agatha Christie connaît son métier. »

AGAthA ChrIStIe, eNfANt.

AGAthA ChrIStIe et ArChIBALD,1919.

Agatha Christie se distingue des autres auteurs de romans policiers par sa rigueur exceptionnelle. en eff et, Agatha Christie est une apothicaire

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11cahier-théâtre En coulissE ! | La souricière

toutefois, la même année, les déboires déferlent sur Agatha. Sa mère décède, puis Archibald Christie annonce qu’il est amou-reux d’une autre femme et demande le divorce. Le soir du 3 décembre 1926, l’auteure est por-tée disparue. Nulle trace d’elle, si ce n’est sa voiture accidentée. Les médias s’enfl amment : la roman-cière se serait-elle suicidée ? A-t-elle été assassinée par son mari ? L’a-t-on enlevée ? est-ce un coup de marketing pour son prochain

roman ? elle est reconnue une dizaine de jours plus tard dans un hôtel où elle s’était inscrite sous le nom de la nouvelle fl amme de son mari. encore aujourd’hui, il est impossible de savoir ce qui s’est passé dans la tête d’Agatha Christie au cours de ces 11 jours. Avait-elle peur pour sa sécurité ? Désirait-elle se venger de son mari adultère en lui faisant craindre pour sa vie ? Ou avait-elle été atteinte réellement d’une crise d’amnésie ? Agatha Christie ne s’expliquera jamais, mais elle deviendra encore plus méfi ante des journalistes.

dE chantiErs archéologiquEsEn créations littérairEsen 1928, elle obtient le divorce. Pour changer d’air, elle emprunte l’Orient-express et part pour l’Irak. elle l’ignore encore, mais sa vie prendra bientôt un chemin diff érent... Lors d’un second voyage, deux ans plus tard, elle y rencontre Max Mallowan, un archéologue qu’elle épouse en 1930. à ses côtés, la reine du crime continue à voyager. elle intègre l’équipe de travail de Max, tantôt comme des-sinatrice ou comme photographe, tantôt en tant que cuisinière. elle participe à plusieurs expéditions, au cours desquelles elle conti-nue à écrire. Le Crime de l’Orient-express (1934) et Mort sur le Nil (1937), entre autres, ont été créés alors qu’elle collaborait à des fouilles archéologiques.

en 1939, toutefois, le monde bascule de nouveau dans l’hor-reur : les intentions hostiles de l’Allemagne mènent à la Seconde Guerre mondiale. L’armée réquisitionne les services de Max, qui doit participer à l’eff ort de guerre en Égypte et en Libye. Agatha, demeurée à Londres, travaille de nouveau en milieu hospitalier. Pendant le confl it, elle rédige hercule Poirot quitte la scène, la dernière des aventures du Belge, mais elle la garde en banque. en cas de malheur, la publication de cette œuvre génèrerait des revenus pour ses descendants, tout en mettant un point fi nal à la saga hercule Poirot.

Après la guerre, le couple reprend ses occupations. La produc-tion littéraire de l’auteure acquiert la régularité d’un métronome : elle publie au moins un roman par année. Le slogan élaboré par son éditeur, un Christie pour Noël, en témoigne.

la Fin du règnE dE la rEinE du crimEen septembre 1965, la reine Élizabeth II reçoit Agatha à souper au palais de Buckingham. elle honore l’auteure du titre de dame commandeur de l’ordre de l’empire britannique. La souveraine du royaume-Uni apprécie visiblement le génie de la reine du crime, puisque trois ans plus tard à peine, elle assiste à la première de l’adaptation cinématographique de Le Crime de l’Orient-express.

à partir de 1975, les évènements se précipitent. Après la publi-cation de hercule Poirot quitte la scène, une rubrique nécrolo-gique annonçant le décès de l’inspecteur parait dans les pages du magazine Times. Moins de quatre mois plus tard, sa créatrice s’éteint des suites de problèmes cardiaques. Sa fi lle rosalind, puis son petit-fi ls Mathew Prichard, seront tour à tour chargés de veiller à la protection du riche patrimoine littéraire légué par Agatha Christie. en plus de ses récits à énigme, elle a écrit des poèmes et des pièces de théâtre. elle a créé six romans victo-riens à des milles du genre policier sous le pseudonyme de Mary Westmacott. elle est l’auteure la plus lue : deux milliards d’exem-plaires de ses œuvres, publiés dans 73 langues, se sont écoulés. Seules la Bible et les pièces de Shakespeare l’ont surclassée !

Le site Internet d’Agatha Christie fournit une liste complète de ses romans, de ses pièces de théâtre ainsi que de leurs adap-tations cinématographiques et télévisuelles. On peut y accéder à l’adresse Internet suivante : agathachristie.com

JOUrNAL DAILy MIrrOr

AGAthA ChrIStIe eNtOUrÉe De SeS rOMANS.

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12 cahier-théâtre En coulissE ! | La souricière

Nouvelle source d’énergie propulsant les trains et les transatlantiques, la vapeur permet de se déplacer plus rapidement, sur de plus longues distances. Cette innovation sert d’abord l’agriculture et l’industrie (voir Le monde au temps d’Agatha Christie), mais elle facilite beaucoup les voyages. Les mieux nantis se mettront vite à sillonner l’Europe, puis le Moyen-Orient et l’Asie.

Agatha Christie a été du nombre de ces nouveaux voyageurs. elle a parcouru le globe, foulant le sol de la Nouvelle-Zélande, du Canada aussi bien que de la Croatie. Ses périples ont eu une profonde infl uence sur son écriture. Sachant que le crime, lui, ne prend jamais de vacances, elle le mettra en scène aussi bien dans les moyens de transport de luxe que dans des pays exotiques ou dans des stations balnéaires anglaises.

EmbarquEmEnt immédiat :préparEZ vos billEts ! à partir des idées du Belge Georges Nagelmackers, on raffine les trains, concevant des voitures au luxe inimaginable. L’Orient- express est le symbole de ces palaces des voies ferrées.

à partir de Paris, l’express fi le à travers les campagnes alle-mandes, passe dans Vienne, Budapest et Bucarest, puis franchit les montagnes du Caucase avant d’arriver à Constantinople, tout cela en quatre-vingt-une heures et quarante minutes !

tant les maharadjas indiens, les magnats roumains du pé-trole que les aristocrates anglais et les vedettes du cinéma le fréquentent, constituant une clientèle bigarrée et cosmopolite. à l’heure des repas, on y déguste une cuisine des plus fi nes, dans un décor où dominent tapis persans et tentures de velours. La nuit venue, les passagers se glissent sous les draps de soie et les couvertures de laine anglaise du lit meublant leur compartiment.

criMeS et eXOtiSMe : voYagEr avEc agatha christiE

à partir de Paris, l’express fi le à travers les campagnes alle-

L’OrIeNt-exPreSS

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13cahier-théâtre En coulissE ! | La souricière

Certains des crimes les plus habiles d’Agatha Christie se dé-roulent dans des trains de luxe (Le Crime de l’Orient-express; Le Train bleu): lieux fermés, ils obligent victimes et criminels à parta-ger le même espace. en eff et, comme quitter ou monter dans un train en mouvement est impossible, le malfaiteur et ses victimes potentielles ne peuvent s’échapper. L’amateur des récits de type whodunit (de l’anglais « Who has done it » c’est-à-dire « Qui l’a fait ») sait donc que le coupable est l’un des passagers : à lui d’en découvrir l’identité !

Agatha Christie utilise aussi les bateaux de l’époque comme cadre à ses intrigues. à l’instar des trains de Nagelmackers, les grands navires du 20e siècle off rent un raffi nement hors du commun : par exemple, à bord du célèbre paquebot titanic, la salle à manger s’étalait sur 1000 mètres2 et pouvait accueillir plus de 500 passagers ! Les transatlantiques, véritables villes fl ottantes, véhiculent autant les plus favorisés que les individus issus des classes populaires, le traitement accordé à chacun variant considérablement.

sous lE solEil du moYEn-oriEnt Le sommet de la vie du globetrotteur de l’époque demeure l’Égypte. en fait de voyage, une visite au pays des pharaonsconstitue le summum du chic. à cette époque, Juifs, Chypriotes,Italiens, Arabes et Grecs habitent harmonieusement Alexandrie etLe Caire, créant un exotisme prisé. Évidemment, le périple égyp-tien impose de naviguer sur le Nil et de visiter le site de Gizeh.Les guides aident même les touristes à monter jusqu’au sommet des pyramides...

Pendant l’ère victorienne, la fascination anglaise pour l’his-toire des civilisations anciennes fait aussi grandir la curiosité pour d’autres pays du Moyen-Orient. Aux yeux d’Agatha Christie, les sites archéologiques et les nations anciennes renferment un exo-tisme propice au récit policier. Dans certains de ses romans, elle exploitera autant l’Égypte, terre des pharaons, que l’Irak, peuplé jadis par les Mésopotamiens.

agatha christiE, archéologuE

Accompagnant son mari Max Mallowan, Agatha Christie se découvre une passion pour l’archéologie. Vivant au cœur des sites de fouille d’Irak, Agatha prend un soin immense à nettoyer les artéfacts en ivoire datant de plus de 3000 ans à l’aide de… crème pour le visage ! Le célèbre British Museum, qui accueille ces col-lections, a d’ailleurs souligné la débrouillardise de l’auteure, sou-lignant que c’était sans doute la meilleure façon de prendre soin des pièces compte tenu de leurs ressources sur place.

Agatha Christie a par ailleurs fait une remarque fort intéres-sante sur l’archéologie et la détection de crimes : dans les deux cas, on doit retirer les débris pour faire briller la vérité.

la villégiaturE, EntrE mErs Et collinEsAu gré de l’engouement pour le tourisme, les voyageurs bour-geois désirent trouver de confortables endroits où loger. César ritz, entre autres, inaugure les complexes hôteliers de luxe qui portent son nom, établissant les nouveaux standards de qua-lité. revêtements de marbre, tissus luxueux, haute gastronomie transforment ces hôtels en palaces, symboles de la réussite.

Beaucoup d’européens riches se ressourcent dans les stations thermales la saison chaude venue. Ces centres de villégiature se situent souvent près de sources d’eaux aux vertus thérapeu-tiques. Par exemple, on soigne ses problèmes rénaux à evian et on traite son foie à Vichy. Là-bas, un médecin prescrit des cures de régénération, comme la consommation d’eau minérale ou les bains de boue radioactive.

Le Devon, région natale d’Agatha Christie, regorge de ces hôtels chics et de ces stations balnéaires. Destination incontour-nable du tourisme en Angleterre à la Belle Époque, on apprécie ses attraits : promenades, fêtes dans les jardins et, surtout, baignade font le plaisir des vacanciers. Ses plages donnent sur l’Atlantique et leur sable serait le meilleur qui soit pour construire des châteaux, aux dires de certains chercheurs.

Ces attraits touristiques constituent le cadre du roman Les Vacances d’hercule Poirot, par exemple. De façon plus générale, le Devon occupe une importance particulière dans toute l’œuvre d’Agatha Christie : plusieurs de ses intrigues se déroulent dans les manoirs qu’y possèdent les riches familles de la région.

SALLe à MANGer DU tItANIC.

LeS PyrAMIDeS De GIZeh.

AGAthA ChrIStIe, eNtOUrÉe De SON MArI, MAx MALLOWAN,et De L’ArChÉOLOGUe LeONArD WOOLLey.

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14 cahier-théâtre En coulissE ! | La souricière

Le MONDe aU teMPSd’agatha christiE

l’EmpirE britanniquE à son apogéE :l’époquE victoriEnnE, dE 1837 à 1901

Lors de son couronnement à l’abbaye de Westminster, la jeune reine Victoria a tout juste dix-huit ans. elle hérite d’une Angleterre où abondent les détracteurs de la monarchie et les tensions sociales. toutefois, le règne de la souveraine connaitra une longévité exceptionnelle : elle occupera le trône britannique pendant 63 ans ! Son infl uence est telle que sa mort, le 22 janvier 1901, clôt une époque qui porte son nom : la période victorienne.

Lourdement ressentie par le peuple, cette perte n’échappe pas à la jeune Agatha Clarissa Miller, alors âgée de dix ans. La preuve en est qu’on trouve des traces de l’ère victorienne dans plusieurs des romans qu’elle écrira adulte.

un EmpirE plus vastE quE cElui dEs romainsAu début des années 1900, l’Angleterre est le chef-lieu d’un empire qui couvre le quart des terres émergées; en fait, il est si vaste que le soleil ne s’y couche jamais. De l’Australie au Canada en passant par l’Afrique du Sud et l’Inde, le quart de la population mondiale est sous domination anglaise. Cette position de force génère un sentiment de fi erté au sein de la population anglaise. Par exemple, des revues destinées aux jeunes garçons vantent les colonies et montrent qu’il est héroïque de s’y établir.

Comme les territoires conquis sont répartis aux quatre coins de la planète, la navigation revêt une importance cruciale : elle seule permet le maintien des échanges et de la communication entre les terres de la Couronne. Qu’à cela ne tienne : à ce moment de son histoire, l’Angleterre détient plus de navires que les deux autres puissances navales réunies, soit la france et la russie. Non contente de diriger le plus vaste empire que la terre ait connu, la couronne britannique gouverne également une véritable thalas-socratie (du grec « thalassokratia », ce terme désigne un empire des mers).

rapidement, les pouvoirs politiques anglais seront plus per-missifs, autorisant certaines colonies à se gérer elles-mêmes. C’est le cas du Canada (à partir de 1867) et de l’Australie (à compter de 1901). toutefois, elle reconnait ce privilège aux seuls territoires habités par des descendants anglais. L’Inde, la Guadeloupe ou le Ghana, par exemple, demeurent entièrement soumis à l’autorité de Londres.

prEmièrE puissancE mondialEPendant l’ère victorienne, les colonies fournissent l’Angleterre en ressources premières : de Ceylan (aujourd’hui le Sri Lanka) arrive le thé, du Canada, le bois, des Caraïbes, le tabac, les épices et le rhum. toutes ces marchandises parviennent à Londres, où elles sont entreposées. De la capitale anglaise, véritable grenier du monde, elles reprennent la voie des mers pour être revendues à l’étranger.

Néanmoins, l’Angleterre ne constitue pas uniquement une plaque tournante du commerce. Les matières reçues alimentent les usines, qui poussent à une vitesse fulgurante sous l’infl uence de la machine à vapeur. La révolution industrielle métamorphose le royaume britannique. On mécanise la transformation de la laine et du coton et, au fi l des avancées dans le domaine de la chimie, l’industrie sidérurgique émerge. Dans une spirale apparemment sans fi n, on va de découvertes en innovations.

élisabEth iireine du royaume-Uni depuis le 6 février 1952, Élisabeth II estdepuis le 9 septembre 2015 le souverain britannique ayant régné le plus longtemps, dépassant ainsi la durée de règne de son arrière-arrière-grand-mère, la reine Victoria.

en plus d’être reine du royaume-Uni, elle règne en théorie surde nombreux autres pays, y compris le Canada, l’Australie et laNouvelle-Zélande.

LA reINe VICtOrIA eUt UNe teLLe INfLUeNCe QUe LA PÉrIODe De SON rèGNe,eNtre 1837 et 1901, eSt APPeLÉe L’ère VICtOrIeNNe.

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cahier-théâtre En coulissE ! | La souricière 15Au cours de l’ère victorienne, l’Angleterre s’impose comme

première puissance mondiale. Les échanges financiers tran-sitent par la City, le quartier londonien des affaires. Le royaume britannique devient le banquier du monde : en tant que bâilleur de fonds, il s’attend à une certaine reconnaissance de la part de ses créanciers. Ceux-ci, bien qu’ils ne soient pas sous tutelle an-glaise, établissent un empire informel : redevables, ils soignent leurs échanges politiques et commerciaux avec Londres... pour le plus grand bénéfice de l’économie anglaise !

splEndEurs Et misèrEs dE l’époquE victoriEnnE

Mais ces progrès techniques et économiques laissent d’abord les plus démunis en marge de la société. Le durcissement des lois des pauvres (poorlaws) humilie les démunis et suscite leur mécontentement. Par exemple, en échange de l’aumône, on peut les contraindre à intégrer une workhouse. Véritables camps de travail, les workhouses sont tenues suivant un principe abject : les conditions doivent y être pires que dans la plus médiocre des in-dustries privées... Ces établissements de travaux forcés inspirent la peur et l’horreur au sein de la population. Certains auteurs les dénonceront dans leurs romans : c’est le cas de Charles Dickens, célèbre auteur anglais, qui les mettra en scène dans Oliver Twist.

La situation des ouvriers n’est guère plus reluisante : les journées de travail comptent plus de douze heures, les vacances et les pauses sont inexistantes, les rejets industriels polluent les villes, etc. Comme l’éducation est l’apanage de la minorité, l’exploitation des enfants est alors répandue. On apprécie leurs services dans les filatures, où ils peuvent débloquer les machines qui s’emballent, même s’ils risquent la mutilation en tout temps.

De façon générale, la société entretient une conception réductrice de la femme. Citoyenne de seconde classe, les pou-voirs politiques sont loin de lui reconnaitre le droit de vote : elle doit se soumettre totalement aux volontés de son mari. On exige qu’elle agisse avec modération et effacement en toutes choses, la discrétion étant gage de vertu. Son apparence physique doit s’accorder à ces principes austères : des vêtements qui laissent paraitre la peau ou le maquillage, qui « souille » le visage, seraient intolérables.

lEs mœurs à l’époquE dE la rEinE victoria Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la pratique religieuse est alors en chute libre. Bien que la souveraine elle-même soit une fervente croyante, la proportion de non pratiquants augmente grandement : en 1901, 75 % des Britanniques se disent athés. Ce phénomène est lié à l’avancement des sciences : les travaux de Charles Darwin sur l’évolution humaine et la sélection naturelle ont porté un dur coup à la vision religieuse du monde. Apparem-ment, on juge incompatibles la foi et la raison.

Néanmoins, la morale du siècle demeure plutôt conserva-trice. Par exemple, l’élite condamne la consommation d’alcool et l’ivrognerie tandis que la sexualité, source de crainte, est un sujet tabou. Le travail, lui, est socialement bien vu et encouragé : l’effort professionnel constitue pour la société de l’époque la base du mérite personnel.

Les tribunaux reflètent occasionnellement la rigidité de cette morale puritaine. Par exemple, à l’époque, l’homosexualité de l’écrivain irlandais Oscar Wilde est de notoriété publique. Or, seule l’hétérosexualité est admise : on le condamne à deux ans de prison. De façon générale, l’administration de la justice se passe bien différemment d’aujourd’hui. Les corps policiers ne sont constitués qu’en 1856 : avant cette date, la victime doit arrêter elle-même son agresseur et le mener au bureau du constable local. Lors du procès, la présomption de culpabilité prévaut : c’est à l’individu qui aurait commis le crime de démontrer son inno-cence. Les tribunaux punissent sévèrement les délits mineurs, parfois par la peine de mort ou par la déportation. Il faudra que la population s’insurge pour que les châtiments soient propor-tionnels à la gravité de l’offense.

agatha christiE, victoriEnnE nostalgiquE ?Un peu plus d’une décennie après le décès de la reine Victoria, le 22 janvier 1901, le monde entre dans une des périodes les plus sanglantes de l’histoire : la Première Guerre mondiale (1914-1918), la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), la guerre de Corée (1950-1953), la guerre du Viêt Nam (1959-1975), puis la guerre froide (1947-1991) provoqueront la mort de millions de civils et de militaires.

Ces conflits ne freinent pas la marche de la modernité pour autant : la découverte de l’électricité, notamment, transforme radicalement le quotidien des Occidentaux. Vers la fin des années 1920, la plupart des habitations londoniennes sont reliées au ré-seau électrique. Vingt ans plus tard, les électroménagers comme l’aspirateur, élaboré en 1901, ou le réfrigérateur, inventé en 1913, se répandent et rendent moins difficile la tenue de la maison.

Évidemment, cette modernité est perceptible dans l’œuvre d’Agatha Christie : des lignes téléphoniques coupées permettent notamment de renforcer l’isolement des personnages et d’ins-taller un climat d’angoisse. Néanmoins, l’ordre ancien constitue souvent le cadre de ses récits. Par exemple, le célèbre personnage de Miss Marple est issu d’un autre temps : célibataire endurcie, soucieuse de l’étiquette et des convenances, discrète et distin-guée, elle aurait pu vivre sous le règne de la reine Victoria. Aussi, la fascination d’Agatha Christie pour les familles aisées ou pour les domestiques poussés par leur sens du devoir rappelle son attachement à une époque révolue.

DeS OUVrIèreS D’UNe wOrkhOuse PeNDANt L’heUre DU DîNer. LeS CONtACtS eNtre hOMMeS et feMMeS ÉtAIeNt ÉVItÉS.

QUeLQUeS exeMPLeS DeS VêteMeNtS POrtÉS PAr LeS feMMeS De L’ÉPOQUe VICtOrIeNNe, AUtOUr De 1890.

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Vie LittéraireEn grandE-brEtagnE

pas nord-américainE, pas tout à Fait EuropéEnnE,la grandE- brEtagnE Est un écosYstèmE littérairE à part EntièrE. Comment s’est développée la littérature sur cette île malgré tout reliée au monde par un vaste et puissant réseau naval ?

lE 17E sièclE : la littératurE élisabéthainE

Le règne d’Élisabeth 1re fut une période d’une richesse extraor-dinaire dans le domaine des arts, si bien qu’on parle même de littérature élisabéthaine. Son nom évoque immanquablement William Shakespeare (1564-1616), qui éclipse tous ses contem-porains. Shakespeare écrit trente-sept œuvres dramatiques, tragédies comme comédies, entre les années 1580 et 1613. Les plus célèbres sont hamlet, roméo et Juliette, Macbeth, Othello et Le songe d’une nuit d’été. Shakespeare popularise aussi le son-net et publie une collection de 154 poèmes traitant du passage du temps, de l’amour, de la beauté et de la mortalité. Il est suivi par un autre grand poète, d’une stature telle que même William Shakespeare n’arrive pas à lui faire ombrage : John Milton (1608-1674), l’auteur du poème épique Paradise Lost (Le Paradis perdu).

lE 18E sièclE : lEs débuts du roman anglaisPlus de cent ans plus tard parait le premier véritable roman an-glais : robinson Crusoé (1719) de Daniel Defoe (1660-1731). Ce roman, qui raconte l’histoire d’un homme qui survit pendant près de 30 ans sur une île déserte, a fait l’objet de nombreuses adap-tations au cinéma. Sir Walter Scott, poète et romancier écossais, remporte la notoriété avec le roman historique ivanhoé (1819).

lE 19E sièclE :la montéE En puissancE dEs écrivainEsSi jusque-là la littérature anglaise avait été principalement mar-quée par les auteurs masculins, les femmes s’imposeront tout au long du 19e siècle, faisant de la littérature anglaise l’une des littératures les plus égalitaires au monde. Jane Austen (1775-1817) a publié cinq romans où elle fait la critique de l’hypocrisie sociale de la petite noblesse anglaise de l’époque avec beaucoup d’ironie et d’intelligence. elle est reconnue et admirée pour ses héroïnes complexes qui tentent de concilier leur désir d’indépendance et leurs sentiments amou-reux, tout en remettant en question les structures patriarcales dans lesquelles la société évolue. Ses romans les plus célèbres sont Pride and Prejudice (Orgueil et préjugés), publié en 1813, et emma, publié en 1816.

On assiste à la même époque à la publication des premiers ro-mans gothiques dont Frankenstein (1818) de Mary Shelley, mère de la science-fi ction et de l’horreur. Un jeune scientifi que, Victor frankenstein, donne vie à une créature terrifi ante, mais en perd rapidement le contrôle, résultant en un enchainement tragique d’évènements destructeurs.

à Jane Austen et Mary Shelley succède la dynastie littéraire gothique des sœurs Brontë. Charlotte (1816-1855), emily (1818-1848) et Anne (1820-1849) se sont intéressées très jeune à l’écriture, avant de publier leurs textes sous des pseudonymes masculins. emily Brontë est probablement la plus célèbre des trois sœurs, grâce à son puissant roman wuthering heights (Les hauts de hurlevent) publié en 1847. elle plonge impétueusement dans une exploration violente de l’amour dans ses manifestations les plus destructrices. Jane eyre, de Charlotte Brontë, est publié la même année et foncièrement diff érent. Si la violence de l’écriture d’emily fait la force des hauts de hurlevent, c’est la complicité qu’installe Charlotte Brontë avec le lecteur qui charme à tout coup. Le roman, présenté comme une autobiographie, suit Jane eyre, une orpheline qui cherche à se faire une place et à com-prendre son identité après avoir accepté une position comme gouvernante au manoir thornfi eld, dont le maître est rochester, un homme sombre et mystérieux.

WILLIAM ShAKeSPeAre (1564-1616) eSt L’UN DeS PLUS GrANDS ÉCrIVAINSQUe L’ANGLeterre AIt CONNU.

JeNNIfer ehLe DONNe VIe à LA fIère et BrILLANte eLIZABeth BeNNet DANS L’ADAPtAtION D’OrGueiLeT PrÉJuGÉs De LA BBC.

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Charles Dickens se taille lui aussi une place importante dans la littérature anglaise, décrivant la société londonienne dans toute sa misère psychologique et économique. Great expectations (Les Grandes espérances), publié en 1861, suit la croissance person-nelle d’un orphelin nommé Pip.

L’auteure Louisa May Alcott reçoit la demande d’écrire un livre destiné aux jeunes filles. Bien qu’elle soit réticente à prime abord, elle se met à l’écriture des Little women (Les Quatre Filles du docteur March), qu’elle publie en 1868. elle y raconte l’histoire de quatre sœurs, de Beth, l’enfant timide et tranquille à Jo, l’ado-lescente impulsive et audacieuse qui vend tous ses cheveux pour venir en aide à sa famille.

Middlemarch (1871), de l’auteure George Eliot (de son vrai nom Mary Ann evans, 1819-1880), est sans doute Le grand roman britannique tant sa réputation le précède. Les personnages d’eliot sont habités par la solitude de l’échec, les frustrations d’un ma-riage décevant, l’amertume de l’incapacité d’atteindre ses objec-tifs. Ce roman pessimiste dresse un portrait d’un réalisme brutal de l’époque victorienne.

La parution en 1890 de The Picture of Dorian Grey (Le Portrait de Dorian Gray) d’Oscar Wilde (1854-1900) reçoit, et de loin, les pires critiques de la part des institutions littéraires et du public. Il faudra plusieurs années pour que l’on reconnaisse que cette fable portant sur le narcissisme et la corruption n’est rien de moins qu’un classique.

lE début du 20E sièclEL’un des grands noms de la littérature du 20e siècle est James Joyce (1882-1941). L’auteur originaire d’Irlande a écrit le colossal roman ulysse (1922) qui influença de nombreux écri-vains importants et marqua le début de la littérature moderne.

Virginia Woolf (1882-1941) est l’autre figure majeure de la littérature moderne du début du 20e siècle. Son roman le plus connu, Mrs Dalloway (1925), tient place, comme ulysse, au cours d’une seule journée pendant laquelle la protagoniste, Clarissa Dalloway, fait les derniers préparatifs pour une grande réception

qu’elle donne le soir-même. C’est sur cette toile de fond que le lecteur apprivoise les thèmes de troubles psychologiques sévères, de passion entre femmes, de mariage sans amour et de perte d’identité.

Virginia Woolf, écrivaine et féministe, marqua le 20e siècle. Les romans Mrs Dalloway, To the Lighthouse (La Promenade au phare) et Orlando, ainsi que l’essai féministe A room of One’s Own (une chambre à soi) sont ses écrits les plus célèbres.

dE l’après-guErrE à aujourd’huiDans les années d’après-guerre jusqu’à aujourd’hui, les écrivains anglais et irlandais ont particulièrement attiré les regards, et pour cause : ils ont donné à la littérature de jeunesse, notam-ment, des œuvres au succès et à la qualité remarquables. S’inspirant de leurs prédécesseurs du 19e siècle, ils se sont réapproprié la littérature de genre et lui ont fait connaitre un succès inégalé. Ainsi, le professeur de langue J. R. R. Tolkien (1892-1973) exploite le filon de la littérature fantastique pour créer l’univers de la Terre du Milieu avec une minutie remar-quable. Il prend même soin d’inventer et de codifier les lan-gues que parlent les créatures fantastiques sorties de son imaginaire. Ses romans, dont The hobbit (Bilbo le hobbit, 1937) et Lord of the rings (Le seigneur des Anneaux, 1954-1955), connaitront un succès remarquable et durable. De 1951 à 1956, C. S. Lewis publie les six tomes de la série The Chronicles of Narnia (Le Monde de Narnia), toujours vendus à raison d’un million d’exemplaires par an. Philip Pullman, lui, a élaboré un monde fantastique, où chaque humain grandit accompagné de son daemon : les trois romans de la série his Dark Materials (À la croisée des mondes), parus de 1995 à 2000, explorent les conflits et les guerres régnant au sein de cet univers particulier. Depuis 2001, Eoin Colfer réunit technologies et genre fantastique dans la série des Artemis Fowl, racontant les péripéties d’un jeune génie aux intentions peu honnêtes. Toutefois, c’est sans contre-dit Joanne Rowling (connue sous le pseudonyme de J. K. Row-ling) qui est l’étoile de la littérature de jeunesse britannique : les aventures du jeune sorcier Harry Potter, qui doit combattre le sinistre Voldemort, ont soulevé un engouement frénétique chez les lecteurs de tous âges. Ses romans, vendus à plus de quatre cents millions d’exemplaires et traduits en plus de 65 lan-gues, comptent parmi les ouvrages les plus populaires de tous les temps.

LeS SœUrS BrONtë ONt trANSfOrMÉ à JAMAIS Le VISAGe De LA LIttÉrAtUre ANGLAISe (De GAUChe à DrOIte : ANNe, eMILy et ChAr-LOtte).

GeOrGe eLIOt eSt L’AUteUre DU Chef-D’œUVre MiDDLeMArCh.

VIrGINIA WOOLf

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L’UNiVerSpoliciEr

Bien qu’il soit pratiquement impossible de déclarer qu’un roman ou un autre se mérite le titre de premier roman policier (ce qui ne veut pas dire que cela n’a jamais été tenté), on peut dire que le genre est plutôt récent dans la littérature occidentale.

Mais qu’est-ce qu’un roman policier ? Les formes varient, mais il s’agit essentiellement d’un récit construit autour de la découverte d’un mystère, le plus souvent d’un crime. Bien qu’en français on emploie l’expression « roman policier », la présence d’un policier est parfaitement facultative. D’ailleurs, l’anglais privilégie les expres-sions « mystery fi ction » et « crime fi ction », termes qui peuvent être traduits par « fi ction de mystère » ou « fi ction de crime ».

originEs d’un gEnrE populairEen s’éloignant de la littérature occidentale, on peut trouver quelques exemples très anciens de romans policiers. L’exemple le plus ancien connu (ce qui ne signifi e pas qu’il n’en existe pas d’autres qui le précède et qui nous sont simplement inconnus ou ont été perdus) est l’histoire des Trois Pommes, l’un des contes des célèbres Mille et une Nuits. Dans ce récit, Ja’far doit résoudre un crime en trois jours, sous peine d’être exécuté par le roi.

La littérature chinoise a aussi précédé la littérature euro-péenne et américaine en ce qui a trait au roman policier, qu’on appelle Gong’an. Alors qu’en Occident on place souvent un détec-tive au sein des romans policiers, en Chine, les romans Gong’an mettent en vedette un juge. Son heure de gloire a lieu au 16e et 17e siècle, donc bien avant l’Occident !

schéhéraZadE : lE suspEnsE ou la viE !Le recueil arabe de contes Les Mille et une Nuits présente plusieurs récits arabes, perses, mésopotamiens, indiens et égyptiens, narrés par l’héroïne Schéhérazade, qui évite chaque jour la peine de mort en racontant au roi chaque soir une histoire fascinante qui ne peut se terminer que le lendemain. Le roi se brûle d’entendre la suite et remet donc chaque fois son exécution. Les amateurs de roman policier, qui sont souvent incapables de déposer le livre qu’ils sont en train de lire, se reconnaîtront peut-être en le roi !

en Occident, Jane Austen fut la première romancière à mettre de l’avant une structure narrative qui ressemble remarquable-ment à celle employée plus tard dans les romans policiers clas-siques. Plusieurs, dont la célèbre auteure de romans policiers P. D. James, ont fait remarquer que emma (1815) est un roman policier sans meurtre, ni policier. Comme le font les auteurs de romans policiers, Agatha Christie à leur tête, Jane Austen trompe ses lecteurs à l’aide d’indices brillamment parsemés, de façon à raconter une histoire complètement diff érente de celle entrevue au départ.

Malgré ces antécédents, on remet généralement à l’américain edgar Allan Poe le mérite d’avoir publié le premier véritable roman policier avec The Murders in the rue Morgue (Double assassinat dans la rue Morgue) en 1841. Contrairement à Jane Austen qui n’avait adopter que la structure, Poe y met le tout pour le tout : crime, détective et rebondissement spectaculaire. Deux corps sont trouvés dans une salle dont personne n’a pu sortir, et des témoins assurent avoir entendu deux voix distinctes. Son roman met de l’avant les capacités d’analyses extraordinaires du détec-tive Auguste Lupin.

La Grande-Bretagne suit peu après dans les années 1860 lorsque les Anglais – les Anglaises en particulier – s’enfl amment pour un tout nouveau genre : le roman de sensation (sensation novels). Ce genre littéraire cherchait d’abord et avant tout à créer des émotions intenses chez leurs lecteurs, et nombreux sont les auteurs à avoir déduit que le meurtre était le ressort narratif le plus prometteur. The woman in white (La Dame en blanc, 1860) de Wilkie Collins met en scène un jeune professeur qui cherche à dé-couvrir les terribles secrets entourant une jeune femme troublée.

Mais il faudra attendre l’arrivée du célèbre anti-héros de Arthur Conan Doyle, Sherlock holmes (1887), pour affi rmer que le roman policier prend véritablement sa place en Angleterre. holmes est un détective privé qui, accompagné par son insépa-rable compagnon Dr John Watson, fait preuve de remarquables habiletés d’observation et de déduction. Bien que Conan Doyle ait tenté de tuer le personnage de Sherlock holmes afi n de se dédier à une écriture plus « sérieuse », la protestation populaire fut telle qu’il fi t revenir son héros en 1895. Au total, quatre romans et 56 nouvelles mettant en vedette Sherlock holmes et Dr John Watson furent publiés.

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mot dE chrYstinE brouillEt

« Agatha Christie, à l’honneur aujourd’hui, est une romancière que j’ai lue avec plaisir lorsque j’étais une jeune adolescente et peut-être que toutes ces intrigues m’ont nourrie inconsciem- ment, mais malgré mon admiration pour elle, je n’ai pas choisi de suivre ses traces et d’écrire des romans à énigme. Pourquoi ? Parce que j’aime les frissons que nous procurent davantage les romans noirs et leurs univers plus glauques, plus sombres que celui de Miss Marple. si je salue la vivacité d’esprit d’hercule Poirot, j’ai cependant plus d’attirance pour les personnages de Patricia highsmith, qui nous entrainent dans les dédales de leurs âmes torturées. C’est défi nitivement cette auteure amé-ricaine (qui vivait en europe) qui m’a le plus infl uencée parmi tous les écrivains de polars que j’apprécie, car le monde qu’elle nous livre, à travers ses romans si angoissants, est tissé de paradoxes et de doutes. elle a un talent particulier pour décor-tiquer l’esprit des criminels et nous effrayer en suggérant qu’ils pourraient faire partie de notre quotidien, qu’ils pourraient être notre voisin ou notre collègue, qu’il suffi t de peu de chose, d’un léger décalage pour qu’une vie paisible soit bouleversée... Je goûte les mécanismes machiavéliques des récits d’Agatha Christie, mais j’ai choisi Patricia highsmith comme modèle. elle n’est pas la seule cependant que j’aime inconditionnellement. Je vous invite à découvrir ces auteurs pour qui j’ai des coups de cœur réguliers : henning Mankell, r.J. ellory, C.J. Box, Arnaldur indridason, Donna Leon, robert wilson, Natsuo kirino, Jacques Côté, Alain Demouzon, Martina Cole, Georgio scerbanenco ou Alexandra Marinina. »

bonnE lEcturE !

Visitez le site Internet de Chrystine Brouilletpour connaitre ses œuvres. courteechelle.com/serie-chrystine-brouillet

lEs trois grandEs FormEsdu roman policiErLe genre policier ne se laisse pas facilement apprivoiser : chaque fois qu’on croit en avoir compris les règles, un auteur nous étonne en les revisitant. Le didacticien Yves Reuter le divise néanmoins en trois grandes familles.

1. LE ROMAN À ÉNIGME Lorsqu’apparait le genre policier, c’est d’abord par l’entremise du roman à énigme. en apparence, la recette est simple : un crime a été commis et il appartient à un inspecteur de le ré-soudre. Pour le lecteur, deviner l’identité du coupable – idéa-lement avant l’enquêteur – constitue l’intérêt premier. Pour rendre le jeu agréable, l’auteur doit donc construire son histoire soigneusement.

tout d’abord, le roman à énigme ne fait jamais appel à la violence ou à la morbidité : généralement, l’écrivain se contente d’évoquer l’assassinat, dès les premières pages. Le plus souvent, la victime est bien nantie et le meurtrier lui reproche une faute grave. Par conséquent, il désire l’éliminer pour rétablir l’équilibre. Survient alors la fi gure de l’enquêteur : doté de facultés intellectuelles peu communes, travaillant en marge des grands corps policiers avec un seul assistant, imbu de lui-même, il va observer, analyser et, possiblement, trouver le coupable. à la fi n des romans d’énigme, le détective dévoile son raisonnement... ainsi que l’identité du criminel !

Or, l’apparente simplicité de la recette est un leurre : le récit le mieux construit doit aussi être parsemé d’indices et de preuves, au risque de décevoir le lecteur. L’auteur doit donc mentionner l’existence de tous les objets pertinents ou décrire toutes les caractéristiques particulières des lieux. Il doit créer des dialogues remplis de sous-entendus, des lapsus qui font peser des soupçons sur tous les protagonistes ou, encore, jouer avec les mots et les sons pour crypter l’information.

Afin de dissimuler les informations-clés, il en intègre un grand nombre. Ainsi, la mémoire surchargée du lecteur distin-guera diffi cilement le superfl u de l’essentiel.

Évidemment, le récit à énigme est propice à la création de quantité d’œuvres exceptionnelles. Néanmoins, à cause du nombre restreint de scénarios possibles, son attrait a diminué. Par conséquent, les auteurs contemporains se sont rabattus sur deux autres genres : le roman noir et le roman à suspense.

DeuX rOMANs DeChrYsTiNe BrOuiLLeT.

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EXEmplEs dE romans à énigmEThe adventures of sherlock Holmes(Les aventures de sherlock Holmes), Arthur Conan DoyleLes Aventures de Sherlock holmes est une collection de 12 nouvelles publiées par Arthur Conan Doyle dans le Strand Magazine entre 1891 et 1892. Dr John Watson, inséparable partenaire du détective, raconte avec admiration la façon dont son ami a résolu les crimes les plus improbables. – Nommé 21e meilleur roman policier de tous les temps par la Crime Writers’ Association

The Murders in the rue Morgue(Double assassinat dans la rue Morgue), Edgar Allan PoeDeux corps sont trouvés dans une salle dont personne n’a pu sortir, et des témoins assurent avoir entendu deux voix distinctes.Ce roman met de l’avant les capacités d’analyses extraordinairesdu détective Auguste Lupin.

2. LE ROMAN NOIR Le roman noir, lui, laisse davantage de latitude aux auteurs. Comme son nom l’indique, il se déroule dans un univers si-nistre, où le pessimisme domine. Le lecteur ne cherche plus à identifi er le coupable en repérant des indices : il veut surtout assister à l’arrestation du criminel afi n que cessent, une fois pour toutes, ses gestes condamnables et que réparation soit obtenue.

Conséquemment, le fi n limier cède sa place au détective privé. Un vif désir de justice anime cet enquêteur rude et solitaire, hostile aux corps policiers. Pour parvenir à arrêter le fuyard, il procède par essais et erreurs. Il refuse de demeurer froid quant aux crimes commis et réagit tantôt avec impul-sivité, tantôt avec sensibilité. Certains auteurs choisissent de raconter l’histoire d’une tout autre perspective, le narrateur étant le délinquant ou la victime, par exemple. Le héros se fait alors antihéros.

Dans le roman noir, personne n’est immunisé ou n’est dis-culpé d’emblée : tous les personnages, sans exception, consti-tuent des victimes ou des criminels en puissance. De plus, les intrigues surviennent autant dans la haute société que dans les faubourgs populaires : œuvre urbaine, le roman noir met en scène des gangsters, des mafiosos et des psychopathes autant que des perdants. à l’issue de l’histoire, le criminel peut s’échapper ou subir son châtiment des mains du juge... ou de celles du privé ! Peu importe la peine infl igée, le lecteur demeure sur une sombre impression : l’injustice et le mal semblent indomptables...

EXEmplEs dE romans noirsrebecca, Daphne du MaurierUne jeune femme rencontre Maximilien de Winter, un homme veuf considérablement plus âgé et de statut social plus élevé que le sien, et l’épouse quelques semaines plus tard. Mais rebecca, la précédente Mme de Winter décédée dans des circonstances mystérieuses mais dramatiques, est omniprésente et hante psychologiquement chacun des personnages. – Nommé 6e meilleur roman policier de tous les temps

par la Crime Writers’ Association

The Woman in White (La Dame en blanc), Wilkie Collins Un jeune professeur de dessin vient en aide à une jeune femme toute de blanc vêtue, et ignore alors qu’il s’agit d’une patiente échappée d’un hôpital psychiatrique. Lorsqu’il se rend le lendemain à une imposante demeure où on lui a off ert un emploi, il est étonné de découvrir la ressemblance troublante entre sa nouvelle élèveet la dame en blanc. – Nommé 28e meilleur roman policier de tous les temps

par la Crime Writers’ Association

a Taste for Death (un certain goût pour la mort), P. D. JamesDeux hommes sont assassinés dans une église de Londres. L’un d’eux est Sir Paul Berowne, un homme riche, cultivé et élégant ; l’autre, un itinérant alcoolique. Les indices semblent pointer dans des directions opposées. Du moins, jusqu’à ce que le détective découvre en lui-même un certain goût pour la mort… – Nommé 53e meilleur roman policier de tous les temps

par la Crime Writers’ Association

Violence à l’origine, Martin MichaudOn retrouve la tête d’un haut gradé du service de police de Montréal, des graffi tis troublants et un message annonçant de nouvelles victimes. L’équipe d’enquêteurs doit s’enfoncer dans la noirceur absolue qui entoure cette énigme, ébranlant par le fait même leurs convictions les plus profondes et les menant au bord du gouff re.

par la Crime Writers’ Association

DAPhNe DU MAUrIer, AUteUre DU GrAND CLASSIQUe POLICIer reBeCCA

SI AGAthA ChrIStIe ÉtAIt LA reINe DU CrIMe JUSQU’à SA MOrt eN 1976, SON hÉrItIèrefUt SANS NUL DOUteP. D. JAMeS (1920-2014).

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3. LE ROMAN À SUSPENSE Dernier-né du courant policier, le roman à suspense tourne autour d’un enjeu hautement angoissant : la vie d’un person-nage sympathique est menacée. trois situations typiques sont récurrentes : un enlèvement, une poursuite ou une exécution imminente.

Dans cette forme d’intrigue, la victime provient habituelle-ment de la classe moyenne et suscite l’attachement du lecteur. toutefois, elle cache un secret, source de ses malheurs... Plus le temps passe, plus l’issue fatale se rapproche, générant une grande tension chez le lecteur : arrivera-t-on à arrêter le cri-minel avant qu’il élimine sa proie ? Comme les policiers sont vus comme des acteurs nuisibles, seuls les alliés de la victime peuvent la tirer d’embarras.

Afi n d’installer le suspense, l’auteur doit veiller à morceler le point de vue sur l’histoire. Il raconte donc les évènements tragiques à partir de plusieurs paires d’yeux : ceux des alliés, mais aussi ceux de la victime, des enquêteurs et du crimi-nel. Comme ces personnages ne sont pas tous en contact et comme ils n’échangent pas toujours l’information pertinente, il devient terriblement frustrant, pour le lecteur, de voir le temps fi ler. Il assiste, impuissant, au drame qui se joue devant lui... en espérant que les protagonistes assemblent les pièces du casse-tête avant qu’il ne soit trop tard !

EXEmplE dE romans à suspEnsEsur le seuil, Patrick SénécalUn écrivain d’horreur admiré de tous est retrouvé dans son appartement dans un terrible état : ses doigts ont été tranchés, son corps est à moitié défenestré. tentative de suicide ou tentative de meurtre? Son médecin psychiatre découvre peu à peu des faits troublants qui suggèrent que quelque chose de terrifi ant se prépare.

Pars vite et reviens tard, Fred VargasDes signes étranges, comme un 4 inversé, sont peints sur des portes d’appartements d’un bout à l’autre de Paris. Le commissaire Adamsberg y voit davantage que de simples graffi tis : il s’agit plutôt d’une menace sourde. Lorsque le crieur public se met à recevoir des messages incompréhensibles, souvent en latin ou copiés d’ouvrages anciens, le retour d’un fl éau venu du fond des âges se révèle être imminent…

strangers on a Train(L’inconnu du Nord-express), Patricia HighsmithUn architecte qui cherche à divorcer de sa femme reçoit une étonnante proposition de la part d’un étranger croisé dans un train : si l’architecte tue le père de l’étranger, l’étranger tuera la femme de l’architecte. Ainsi, aucun n’aura de motifs et ils pourront plus facilement échapper à la police. Le plan parfait? – Nommé 38e meilleur roman policier de tous les temps

par la Crime Writers’ Association

The Girl on the Train (La fi lle du train), Paula Hawkinsrachel est récemment divorcée et fait quotidiennementl’aller-retour vers Londres. tous les matins, de la fenêtre du train, elle observe un couple qu’elle imagine parfait. Un matin, elle aperçoit un inconnu dans leur maison. Puis, elle apprend la disparition de la femme.

Gone Girl (Les apparences), Gillian FlynnNick et Amy semblent être un couple modèle. Un jour, Amy disparaît et Nick retrouve leur maison saccagée. Nick tente de la retrouver, mais devient rapidement le suspect principal des policiers, et les rôles de victime et de coupable deviennent violemment fl oues.

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principEs du roman policiEr Pour s’assurer de la qualité des intrigues, des critiques littéraires du 20e siècle ont édicté des ensembles de règles; c’est le cas du Detection Club, auquel se joint Agatha Christie en 1930, deux ans après sa fondation. Les règles sont construites de façon à garantir que le lecteur ait une véri-table chance de résoudre le meurtre. Voici quelques exemples des règles mises de l’avant par le Detection Club :

• Il est impératif que le criminel soit mentionnédans la première partie du roman.

• Tous les indices découverts par le détectivedoivent être présentés aux lecteurs.

• Aucun recours au surnaturel, à un poison inconnuou à un jumeau n’est permis.

• Le crime ne peut avoir été commis par le détective.• Le compagnon du détective, s’il y en a un, doit avoir

une intelligence légèrement inférieure à celledu lecteur moyen.

lEs principEs uniquEs à agatha christiEbiEn qu’agatha christiE adhèrE auX principEs énoncés par lE dEtEction club, EllE s’imposE aussi cErtainEs contraintEs lorsqu’EllE rédigE sEs romans.

• En huis clos : Les événements se déroulent en huis clos, met-tant en scène un nombre restreint de personnages et donc de suspects.

• Tous sont suspects : Alors que Sherlock holmes se retrouvait encore et toujours devant Moriarty, les détectives d’Agatha Christie n’ont pas de némésis (ennemi juré d’un protago-niste). Au contraire, tous les personnages, à l’exception du détective, peuvent être coupables.

• L’importance de la psychologie : Certains détectives résolvent les crimes en partant à la recherche d’indices physiques, comme des mégots de cigarette oubliés. Les dé-tectives d’Agatha Christie, au contraire, trouvent la solution au crime en réfl échissant à la psychologie des suspects et à leurs motifs possibles, bien assis dans leur fauteuil.

« Tout le problème d’un bon roman policier, c’est qu’il doit y avoir un coupable évident, mais dont la culpabilité n’est pas si évidente que ça. »

– AGAthA ChrIStIe

« Le moment de la révélation… ce n’est pas ce moment qui compte, mais tout ce qui le précède et que personne n’a remarqué. Ce moment fonctionne parce que nous avons parsemé tous les indices dont vous aviez besoin. […]Quand vient le moment de tout révéler, les spectateursdoivent se dire : On me l’avait dit, et je n’ai pas écouté. »

– SteVeN MOffAtt, auteur et créateur de la sérietélévisée sherlock

stratégiEs narrativEs Dans tout récit, et particulièrement dans le genre policier, l’auteur a recours à des stratégies narratives pour captiver l’attention des lecteurs ou des spectateurs.

Voici les préférés d’Agatha Christie :

• Un personnage remarque quelque chose d’étrange, mais est incapable de l’identifi er;

• L’attention des lecteurs ou des spectateurs est amenée vers un objet qui devrait être présent mais qui ne l’est pas;

• Un item important est mis en évidence mais n’est remarqué par personne;

• Des personnages adoptent de fausses identités ou se déguisent;

• Un personnage que l’on considère peu fi able dit la vérité, mais personne ne le croit ou l’écoute;

• De fausses pistes distraient les lecteurs ou les spectateurs alors que les véritables indices sont minimisés;

• Les personnages se retrouvent dans un environnement isolé – comme personne ne peut entrer ni sortir, le meurtrier est nécessairement parmi eux.

Les renversements de situations sont aussi une stratégie narrative privilégiée par les auteurs pour étonner leurs lecteursou spectateurs jusqu’à la toute fi n.

• Le meurtre a été commis par tous les suspects;

• Le meurtrier et la victime ne sont qu’une seuleet même personne;

• Le meurtrier est le narrateur ou le détective;

• Les meurtres ne sont pas reliés;

• Le meurtre a eu lieu après la découverte du corps;

• Le meurtrier est le suspect le plus évident.

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dérivés d’un gEnrE populairE Si le genre policier s’est d’abord fait un nid dans la littérature, il prendra de l’expansion au 20e et au 21e siècle vers le cinéma, la télévision et les podcasts. Les grands classiques littéraires policiers sont notamment souvent traduits au grand ou au petit écran. Sherlock holmes se mérite le titre de personnage le plus souvent adapté à l’écran, soit plus de 250 fois ! Il a récemment été incarné par robert Downey Jr, Benedict Cumberbatch et Jonny Lee Miller. Dans la série de fi lms sherlock holmes, robert Downey Jr interprète un holmes excentrique et arrogant qui adore char-mer les dames. à ses côtés, Jude Law incarne un Dr Watson brillant, émotionnellement stable et profondément attaché à holmes. en parallèle, le personnage d’Arthur Conan Doyle est adapté version 21e siècle à la télévision avec la série de la BBC sherlock et celle de la CBS, elementary (Élémentaire). Dans la version américanisée Élémentaire, le holmes de Jonny Lee Miller est un toxicomane en pleine réhabilitation, amusant et généreux, accompagné de l’acerbe et fascinante Dr Joan Watson, jouée par Lucy Liu. Dans sherlock, Benedict Cumberbatch révèle un génie émotionnellement fragile, qui croit que sa seule qualité est son intelligence. Chaque jour, il utilise ses pouvoirs de déduction pour aider gratuitement ceux qui en ont besoin. Il est accompagné de Martin freeman, qui joue un John Watson suicidaire, souff rant de stress post-traumatique après son retour de la guerre en Afghanistan. Sherlock aime John plus que tout au monde et se sacrifi e constamment pour lui, mais il est incapable de commu-niquer ses émotions et est terrifi é par le rejet. Comme l’ont avoué ses créateurs, cette série n’est toutefois pas une intrigue détec-tive, mais une intrigue sur la relation entre deux détectives. Il est intéressant de noter que, alors que Élémentaire a choisi de faire de Dr Watson un personnage féminin, il n’y a aucune romance entre les deux personnages, alors que plusieurs critiques suggèrent que sherlock est, depuis le début, une histoire d’amour.

D’autres séries télé ont plutôt opté pour un récit original ou pour l’adaptation d’un roman plus récent. C’est le cas de la série Pretty Little Liars (Les Menteuses), qui suit de jeunes adoles-centes dont l’amie, Alison, est portée disparue. Un an plus tard, elles reçoivent d’étranges messages signés « A » qui les menacent d’exposer leurs secrets les mieux gardés, secrets que seul Alison connaissait. Lorsque le corps d’Alison est retrouvé, les adoles-centes doivent se rendre à l’évidence que la menace qui pèse est sérieuse.

Le Québec a aussi exploré le genre policier à la télévision, notamment à travers la superbe série Fortier, diffusée à tVA entre 2000 et 2004. Anne fortier est une brillante psychologue qui a été recrutée par une escouade policière spécialisée dans les crimes commis par des gens souff rant de troubles psycholo-giques sévères. Sa compréhension fi ne et intuitive de la psyché humaine lui permet de résoudre les crimes les plus sordides. elle cache toutefois elle-même un passé lourd, qui se dévoilera

peu à peu au fi l des saisons. Plus récemment, AddiktV a présenté la série Mensonges, qui suit une spécialiste des interrogatoires de l’escouade des homicides. elle doit, comme nous, simples spec-tateurs, déduire qui a tué, comment et pourquoi. Le résultat est addictif ! finalement, Séries+ a diff usé séquelles, où une ancienne enquêtrice de crimes majeurs se retrouve dans la liste des sus-pects de la police pour une série de crimes.

Le genre du « true crime » (où l’on présente de véritables crimes) a aussi émergé récemment et s’est élevé au rang de superstar grâce au podcast serial. Une véritable journaliste retourne sur les lieux d’un crime sordide qui s’est déroulé 15 ans auparavant. Une adolescente, hae Min Lee, qui fut assassinée en 1999 à Baltimore, crime pour lequel fut arrêté son ancien petit ami, Adnan Syed. Mais certains éléments laissent semer le doute : d’abord, il a tou-jours clamé son innocence, et ce, même si un aveu lui aurait été infi niment plus avantageux. ensuite, une femme qui fréquentait alors la même école que la victime jure avoir vu Adnan à la biblio-thèque lorsque hae a dû être enlevée. Une équipe de journalistes enquête de nouveau.

Bref, le genre policier se renouvelle constamment et rencontre toujours de nouveaux publics.

MArtIN freeMAN (Dr JOhN WAtSON) et BeNeDICt CUMBerBAtCh(SherLOCK hOLMeS) DANS LA SÉrIe De LA BBC sherLOCk.

LeS JeUNeS fILLeS De PreTTY LiTTLe LiArs reÇOIVeNt DeS LettreSDe MeNACe DePUIS QUe LeUr AMIe eSt POrtÉe DISPArUe.

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MArtIN freeMAN (Dr JOhN WAtSON) et BeNeDICt CUMBerBAtCh

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Les longues heures. Les muscles endoloris. Le trac de la première. La réalisation des moments qui comptent exige beaucoup plus que le simple talent.

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Par leurs efforts, leur détermination et leur vision, les artistes démontrent l’importance

d’avoir – et de réaliser – un moment qui compte. Avec des productions comme LA COMÉDIE

HUMAINE, le théâtre de répertoire accessible à tous, nous appuyons des artistes canadiens

de divers domaines partout au pays par l’intermédiaire du projet Artistes émergents RBC.

Réalisons les moments qui comptent pour vous.MC