Cahier d'anthropologie sociale N° 3 : Gouverner la nature

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Le déséquilibre qui s’est instauré dans les rapports entre les humains et leur milieu naturel, à mesure de l’extension planétaire et de la modernité, est sans doute une des préoccupations majeures de ces dernières décennies. Prenant parfois des tournures alarmistes, justifiées pour certains, contestables pour d’autres, les mises en garde des écologistes ont provoqué de nombreuses réactions : le développement chez les intellectuels d’une critique de la modernité qui s’appuie sur les notions de risque ou de responsabilité, la remise en question de la notion même de nature, et également, la tenue de nombreux débats politiques qui ont permis l’émergence de nouveaux outils législatifs régulateurs. Aujourd’hui la promesse d’un progrès inéluctable a perdu de son effet mobilisateur et ne s’exprime plus que timidement dans les programmes du développement durable, il est vrai également que la volonté de rééquilibrer les rapports entre les humains et l’environnement mobilise les institutions internationales. Cependant, il reste à savoir comment le rapport à l’environnement se traduit sur le terrain. C’est précisément à l’ethnographie d’interpréter ce mouvement de transformation des relations à l’environnement naturel. Dans ce troisième volume des Cahiers d’anthropologie sociale, en partant de cas ethnographiques actuels, on se penchera sur les outils juridiques et institutionnels autant que sur les types de projets qui cherchent à promouvoir un nouveau gouvernement de la nature, mais aussi sur les nouveaux concepts en terme d’aménagement des espaces protégés, de conservation de la biodiversité, ou encore de patrimonialisation des espèces et des paysages. Un des aspects que les anthropologues sont mieux à même d’étudier s’oriente sur un problème que l’on pourrait appeler " d’interface ". Les projets de protection s’insèrent en effet dans des lieux souvent habités par des populations qui ne fondent pas leurs relations à l’environnement sur un concept général de nature ou de nature à protéger. La rencontre entre militants de la protection de la nature, gestionnaires des espaces protégés et populations locales fait naître des incompréhensions, des tensions et des conflits. Analyser les enjeux de cet horizon conflictuel peut favoriser une réflexion plus générale : qui protège qui ou quoi et en quel nom ? Quelle est la hiérarchie des souverainetés du point de vue des uns et des autres?

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CAHIERS D’ANTHROPOLOGIE SOCIALE

L’Herne

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Ouvrage publié avec lesoutien du

Collège de France

© Éditions de l’Herne, 200722, rue Mazarine 75006 Paris

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GOUVERNER LA NATURE

Ce Cahier a été dirigé parAdel Selmi et Vincent Hirtzel

L’Herne

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Cahiers d’anthropologie sociale

Comité d’honneurClaude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Nathan Wachtel

DirecteurPhilippe Descola

Coordinateurs de la collectionSalvatore D’Onofrio, Noëlie Vialles

Comité de rédactionJulien Bonhomme, Nicolas Govoroff, Monique Jeudy-Ballini,Dimitri Karadimas

Les Cahiers d’Anthropologie Sociale publient les journées d’étude et les séminairesdu Laboratoire d’anthropologie sociale (LAS), unité mixte de recherche du Collègede France, de l’École des hautes études en sciences sociales et du Centre nationalde la recherche scientifique.

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Sommaire

Adel Selmi et Vincent HirtzelIntroduction. Parquer la nature.......................................................................... 9

Adel SelmiL’ouvert, le propre et le fermé. Trois catégories pour qualifier le paysagedans les Alpes du Nord ..................................................................................... 13

Valeria SiniscalchiLe Parc national des Écrins et la construction de la localité. Usages etreprésentations du territoire et de la nature dans un espace « protégé » ......... 31

Vincent LeblanLa mise en réserve des espaces soumis aux jinna en pays peul et landouma(Guinée, préfecture de Boké). Les causes d’une controverse latente ................ 47

Vincent HirtzelLes gardes-parc et les maîtres des animaux. Protection, souveraineté etpolitique ontologique.......................................................................................... 65

Nicolas EllisonAu service des saints. Cultiver la forêt, nourrir la terre, se protéger dans laSierra Totonaque (Mexique) ............................................................................... 81

Mònica Martínez MauriUne réserve de la biosphère non achevée. Les Kunas et la conservation dela nature ............................................................................................................. 97

Sarah BenabouLes dimensions socio-culturelles de la mise en écotourisme. Le cas de laréserve de biosphère Nanda Devi (Himalaya indien) ........................................ 109

Philippe DescolaPostface. Les coulisses de la nature .................................................................. 123

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