Cahier Baignades Aménagées et Piscines Extérieures

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- Cahier de la MITRA n° 34 Baignades aménagées et piscines extérieures Véritable champ d’innovation pour un Développement Durable Juin 2009

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Cahier Documentaire de l'Ingénierie Touristique Rhône-Alpes

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Cahier de la MITRA n° 34

Baignades aménagées

et piscines extérieures Véritable champ d’innovation

pour un Développement Durable Juin 2009

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Photos de couverture :

Biotope de Combloux - Copyright : OT Combloux

Exercice Ecomachines - Se baigner dans le Rhône : Ensag

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MISSION D’INGENIERIE TOURISTIQUE RHONE ALPES

Baignades aménagées et piscines extérieures Véritable champ d’innovation pour un Développement Durable

Remerciements

Ce document a été réalisé en coproduction avec le Cabinet MC CONSEIL, Etude et programmation d’équipements sport loisirs et de tourisme . Que soient plus particulièrement remerciés pour leur contribution au rapport et/ou leur participation à l’émission télévisée réalisée le 23 juin 2009, en direct des studios de TéléGrenoble :

Jean-Marc Leculier, Conseiller Régional, Vice Président de Rhône Alpes Tourisme, en charge de la Mission d’Ingénierie, ainsi que la DSJA (Direction Régionale des Sports).

Emmanuel Duval de l’Agence de Développement Touristique de la France ATOUT France

André Vincent, Directeur Adjoint de la Maison du Fleuve Rhône et Pauline Delon pour leurs travaux sur l’évolution des bains.

Aurélie Latreille du Service réglementation de la D.R.D.J.S. Rhône Alpes

Didier Vincent, Responsable du Service Santé Environnement de la D.R.A.S.S. Rhône Alpes

Gilles Marty, Franck Prungnaud et Thibault Chanut, pour les projets proposés par l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble.

Henri Farnallier, expert en fluides et traitement d’eau des piscines.

Gil Wilk , architecte et Yann Döhner, gérant de la piscine flottante de Berlin

Les gestionnaires et maîtres d’ouvrage de bassins avec traitement biologique pour le partage de leur expérience et de leur savoir-faire : Fabienne Bellier (Hôtel Bellier à la Chapelle en Vercors), Jean Bertoluzzi (Maire de Combloux), Laurent Ancenay et Thierry D’Hulst (Plan d’eau de Combloux), Jean-Paul Fournier et David Lucchesi (Camping du Lac à St Vincent les Fort), Ludwig Wachs (Maire de Bad Abbach en Allemagne).

Les concepteurs, bureaux d’architectes paysagistes, bureaux d’études techniques pour leurs éclairages scientifiques, techniques et économiques : Bernard Depoorter (Bioteich), Patrick Bidegain (Green Concept), Philippe Roussille (Elodée), Rainer Grafinger et Touati Clair (Bionova) ainsi que Anne Laurent-Schmelzle (Teichmeister/Held).

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SOMMAIRE

1 INTRODUCTION .........................................................................................................................................7

2 ETAT DES LIEUX ET ATTENTES DU MARCHE ...................................................................................... 8

2.1 Historique des baignades sur le Rhône et sur la Saône .............................................................8 2.2 La reconquête des berges ......................................................................................................... 19 2.3 Les baignades aménagées et piscines extérieures ................................................................ 24 2.4 Vers les baignades biologiques .................................................................................................. 35

3 CADRE REGLEMENTAIRE ET DEVELOPPEMENT DURABLE ......................................................................39

3.1 Vers un cadrage réglementaire de la baignade avec traitement biologique .................. 39 3.2 Règlementation des eaux de baignade en France .............................................................. 41 3.3 Analyse comparée de la réglementation en Europe ............................................................. 44 3.4 Des enjeux pour le développement durable ........................................................................... 46

4 CONCEPTION, REALISATION, GESTION DES BAIGNADES BIOLOGIQUES ...............................................50

4.1 Le principe de fonctionnement ................................................................................................. 50 4.2 Les étapes de la conduite de projet ......................................................................................... 54 4.3 La maîtrise d’œuvre ..................................................................................................................... 57 4.4 La gestion, l’exploitation et l’entretien ...................................................................................... 58

5 MONOGRAPHIE DES BAIGNADES AVEC TRAITEMENT BIOLOGIQUE OBSERVEES .................................61

5.1 Camping du lac de Saint Vincent les Forts .............................................................................. 61 5.2 Hôtel Bellier à La Chapelle en Vercors ...................................................................................... 65 5.3 Plan d’eau de Combloux ............................................................................................................ 70 5.4 Insel Bad - Bad Abbach ............................................................................................................... 75 5.5 Synthese des monographies de baignades avec traitement biologique .......................... 80

6 CONCLUSION ...........................................................................................................................................81

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1 INTRODUCTION

Evolution des marchés de l’aqualudique extérieur Le marché français des équipements aqualudiques extérieurs est en pleine évolution tant sur le plan marketing que sur le plan réglementaire. Les baignades aménagées et les piscines extérieures existantes constituent, le plus souvent, une offre de tourisme et de loisirs vieillissante et pour partie obsolète dans laquelle la baignade avec traitement biologique constitue une réponse alternative aux enjeux du développement durable. La région Rhône Alpes dispose d'une offre touristique aquatique importante et disséminée sur un territoire réparti sur 8 départements. Ce parc composé de baignades naturelles, de Base de Plein Air et de Loisirs1, de piscines extérieures traditionnelles à vocation saisonnière répond à des principes de programmation qui dépassent largement la réponse classique d'équipements structurants car leur investissement et les coûts de fonctionnement deviennent de plus en plus onéreux dans un contexte économique difficile. Cette spécificité n’est pas propre à la région Rhône Alpes qui représente cependant une part importante du parc national.

Une conjoncture économique difficile Les années 2008 et 2009 correspondent à une période de mutation. Le renouvellement des Conseils Municipaux et Communautaires, les projets de réforme de la fiscalité locale, les contraintes sur les dotations de l’Etat aux collectivités territoriales et la crise financière qui affecte l’ensemble de l’économie mondiale sont autant de facteurs d’évolution que les élus locaux sont amenés à prendre en compte dans la gestion de leurs collectivités. Les collectivités locales, acteurs majeurs de l’économie par le poids de leurs dépenses, 50 milliards d’euros par an, soit 75% du total de l’investissement public en France, sont concernées inévitablement par cette crise. Dès lors, il est prévisible qu’elles soient obligées de replier leur voilure en matière d’investissement. Néanmoins, les équipements aquatiques publics extérieurs et les Bases de loisirs et de plein air (B.P.A.L.) restent des équipements structurants à vocations ludique et sociale majeures. Composantes nécessaires des destinations de loisirs et de tourisme, ces équipements suscitent un intérêt particulier de la part des Pouvoirs Publics. Il est fort à parier que désormais les collectivités aient à se pencher sur des structures plus innovantes, moins onéreuses, plus efficientes au regard de l’impact environnemental, tout en restant vigilantes sur le plan du cadre réglementaire, notamment pour ce qui concerne l’hygiène de l'eau et la sécurité.

Rhône Alpes laboratoire d’expertise et d’innovation L’offre de baignade se doit d’évoluer et les baignades dites biologiques investissent peu à peu le territoire. Pour autant ces baignades « atypiques », au sens que l’eau subit un traitement non conventionnel, ne constituent pas un axe déterminant des politiques d’intervention des collectivités territoriales. L’accompagnement des porteurs de projets nécessite certains éclairages que Rhône Alpes Tourisme et sa Mission d’Ingénierie Touristique avec l’expertise du Cabinet MC CONSEIL spécialiste de la programmation des équipements aqualudiques, ont souhaité apporter dans le cadre du XXème Atelier Rencontre de l'Ingénierie Touristique.

1 B.P.A.L.

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2 ETAT DES LIEUX ET ATTENTES DU MARCHE

2.1 Historique des baignades sur le Rhône et sur la Saône

Même si le lien est variable dans le temps, le Rhône a toujours constitué un espace du quotidien pour ses riverains. Dès lors, la baignade appartient à ces pratiques courantes qui ont fait – et font encore – du fleuve une immense piscine extérieure, un gigantesque espace de baignades plus ou moins aménagées suivant les cas. En ce sens la baignade constitue bien une dimension culturelle du fleuve au sens où le cours d’eau et ses berges répondent à une fonction sociale et culturelle : être un espace de loisirs, de détente, du temps de non travail. Les archives historiques des villes de Lyon et Givors, nous apprennent que le bain est encore au début du 19ème siècle plutôt une affaire d’hommes et qu’il se pratique en rivières, au cœur de la cité, ce qui ne va pas sans poser quelques problèmes. En effet, le maillot de bain n’existant pas, les édiles locaux ne cessent de prendre des arrêtés municipaux visant à interdire la baignade nue intra-muros. Mais leur nombre nous dit qu’ils sont sans effets. Il n’existe par ailleurs pas d’espaces aménagés à proprement parler, mais plutôt des sites, des lieux, des installations rendant la baignade possible ; c’est ainsi que les frères Lumière ont pu filmer de jeunes hommes et garçons sautant dans le Rhône depuis les troncs d’arbres du port au bois, aire de stockage des sapins en provenance, par flottage, du Jura. Lônes et gravières sont également des espaces de baignade, à l’image de Givors. La rive côté Chasse sur Rhône est l’espace où se retrouvaient les familles le dimanche. Si les plus jeunes enfants barbotent sur la berge sous les yeux bienveillants des parents, les plus grands se retrouvent quant à eux dans les gravières situées un peu plus en arrière, les unes dévolues aux garçons, les autres aux filles, du moins officiellement… Les « carrés Girardon »2 vont également constituer au fur et à mesure du 20ème siècle des sortes de piscines naturelles dans lesquelles nombre de rhodaniens apprendront à nager. Ces espaces sont issus de l’aménagement de la voie d’eau en faveur de la navigation de la fin du 19ème siècle ; les digues latérales aux rives édifiées pour créer un chenal de navigation s’appuyaient sur la berge grâce à des « tenons » perpendiculaires. Se sont ainsi formé des zones isolées du courant, de faible profondeur, ensablées… bref, autant de facteurs ayant pu favoriser leur « détournement » à d’autres fins que celles initialement prévues par leur concepteur.

Le Rhône en aval d’Avignon

2 Du nom de l’Ingénieur en Chef du Service Spécial du Rhône qui conçut et réalisa au cours des années 1880 le premier aménagement systématique du fleuve de Lyon à la Mer en vue de le rendre navigable 365j/an.

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Ainsi, les nombreux témoignages recueillis par la Maison du Fleuve Rhône3 nous montrent que jusqu’à une date somme toute récente (années 60) et correspondant aussi à la période des grands travaux d’aménagement entrepris par la Compagnie Nationale du Rhône4, le Rhône se présente comme la piscine extérieure de ses riverains: des bandes de jeunes garçons s’amusent à le descendre en jouant dans les tourbillons (malgré l’interdiction parentale !!!). Les familles le côtoient dès les beaux jours, on se prélasse sur ces berges, plonge dans ses eaux…

En ville, cette baignade est surveillée : les Sociétés de Sauvetage créées à la fin du 19ème siècle mettent des barques à disposition et organisent des tours de rôle entre leurs membres afin de pouvoir intervenir à tout moment. Et les diplômes et médailles pour acte de sauvetage qui ornent les murs de leurs sièges témoignent du fait que la baignade dans le Rhône ne se présentait pas sans risques et dangers. C’est aussi à partir de la ville que cette pratique va petit à petit se moraliser et se couper du fleuve.

Le Lyon de nos pères, par E. Vingtrinier, dessinateur

L’apparition des bains flottants à la fin du 19ème siècle à Lyon signe la fin de la baignade « sauvage » ; hommes et femmes sont séparés et les corps mis à l’abri des regards. Mais cet « encadrement » va rendre possible le développement de l’apprentissage de la natation.

3 La Maison du fleuve Rhône est une association loi 1901, créée en 1989, dont le conseil d’administration est composé de représentants tels que la Ville de Givors, du Syndicat Mixte Rhône PLURIEL, du Parc Naturel Régional du Pilat, l’Université Lumière Lyon II… Voir sites internet : www.fleuverhone.com et www. maisondufleuverhone.org. 4 La Compagnie Nationale du Rhône (CNR) est créée en 1933 suite à la loi de 1921 afin d’assurer la concession (pour 99 ans) de l’aménagement du Rhône selon les trois priorités de navigation, d’irrigation et de production électrique prévus par ce texte.

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Ponton des nageuses vers 1930

L’après-guerre verra l’édification d’espaces de baignade aménagés directement sur le cours d’eau : pontons et plongeoirs donnent aux quais du Rhône et de la Saône dans Lyon l’allure d’une succession de « piscines fluviales » où l’on peut venir pratiquer une activité en plein développement. Quant aux rives de la Saône du côté de Neuville, les cartes postales nous montrent des scènes où les berges enherbées peuvent faire penser aux plages de la côte d’azur.

Ponton au bord de la Saône

Les années 60 marqueront, à l’image de la piscine du Rhône à Lyon, la fin de cette pratique courante de la baignade dans les eaux du fleuve. Surveillée, encadrée, « hygiénisée »…, elle ne s’exerce plus que dans ces espaces dévolus à cet effet que sont les piscines municipales dont nombre de communes s’équiperont au cours des années 1970. Pour autant, certains secteurs du Rhône (les Brotilleaux à Lyon), les portions de « vieux Rhône » (Vernaison…) restent aujourd’hui encore, et n’ont jamais cessés d’être, des espaces où les riverains viennent l’été passer un moment pour se baigner, nager, être au frais au bord de l’eau. Des zones de baignade ont également été aménagées par la Compagnie Nationale du Rhône : Seyssel, Yenne, la vallée bleue sur le haut Rhône, Miribel Jonage, les Roches de Condrieu, St Pierre de Bœuf dans la région lyonnaise… constituent autant de sites où divers loisirs nautiques peuvent également s’exercer. Il aura par ailleurs suffit que Lyon retrouve en rive gauche sa relation au fleuve pour que renaisse immédiatement la pratique des plongeons depuis les ponts, et ce malgré l’interdiction de baignade (pour cause de danger et non de pollution). Braver l’interdit ? Pas seulement. À travers par exemple le saut depuis les ponts, ou encore l’épreuve de la traversée du Rhône à la nage que nous relatent tant de rhodaniens, se jouent des dimensions symboliques : le fleuve permet l’expression de rituels par lesquels une société marque par exemple la sortie de l’enfance. C’est aussi en cela que la baignade revêt une dimension culturelle, au-delà de la simple dimension du loisir qu’elle constitue, une dimension culturelle.

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En généralisant la baignade aménagée et les piscines extérieures, le Rhône retrouverait sans doute pleinement sa dimension d’espace public participant du quotidien de ses riverains. Les remarquables travaux de la Zone Atelier Bassin du Rhône5 ont contribué à déterminer les liens entre la baignade et la qualité bactériologique des eaux : [La qualité des eaux de baignade est une préoccupation des pouvoirs publics, comme le montre l’objectif de « diminuer les risques sanitaires dus à la baignade » inscrit dans le Plan National Santé Environnement 2004-2008. Le Rhône représente une potentialité forte en matière de baignade, en particulier dans ses parties les moins domestiquées. Les conditions requises en limitent toutefois la pratique. Les seuls sites déclarés en tant que points de baignade sur le Rhône, et donc suivis par un contrôle de la qualité des eaux, sont situés sur la partie amont du Rhône amont, dans le département de l’Ain. Sur le Rhône moyen et le Rhône aval, il n’y pas de site de baignade déclaré. Ceci peut s’expliquer par la qualité bactériologique dégradée du fleuve.

Les baignades pratiquées de façon plus ou moins « sauvage » sur les sites non déclarés et fréquentés par un nombre limité de baigneurs occasionnels ne sont pas contrôlées. L’amélioration progressive de la qualité sanitaire du Rhône, consécutive aux mesures d’assainissement des eaux usées, se traduit toutefois par une augmentation de la demande et de la fréquentation. Certains tronçons du Rhône sont interdits à la baignade, par arrêté préfectoral ou municipal, en raison de la mauvaise qualité bactériologique des eaux liée aux rejets des collectivités. *…+ Excepté dans sa partie en amont de Lyon, la qualité bactériologique du Rhône ne permet pas la baignade avec un niveau de sécurité sanitaire suffisant. Certains secteurs sont à ce titre interdits à la baignade.]6

5 Z.A.B.R. 6 Source : Z.A.B.R., Le Rhône en 100 questions, Chapitre 6 « La qualité de l’eau du Rhône », pp. 168 - 169

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2.1.1 Le contexte retraçant l’évolution des bains

De la libre concurrence aux tentatives de contrôle du fleuve.

La ville de Lyon est née sur un carrefour fluvial, entre Rhône et Saône. On utilise surtout les bèches pour se baigner, ensemble de bateaux de traversée attachés les uns aux autres, premiers aménagements en pleine eau permettant la baignade surveillée. Historiquement, les établissements de bain se sont surtout développés au sein de la sphère du privé, avec de véritables « entrepreneurs de bains », en rapport avec l’administration publique. Ce sont des familles qui deviennent peu à peu plus puissantes. Vers 1780, un Sieur Turquin, ingénieur et industriel, crée à Paris le premier établissement de bain, plus perfectionné. Il s’agit de plusieurs baignoires percées, placées sur un bateau en pleine eau, le trou dans les baignoires permettant de laisser l’eau circuler.

Coupe longitudinale d’établissement de bain, 1886

A Lyon à la fin du XVIIIème siècle, c’est sur le Rhône que le « bateau de bain » du Sieur Gence prend le pas sur les baignades traditionnelles en pleine eau. Dans le même temps l’offre de bain se différencie, laissant place à de nouveaux établissements en dehors des plans d’eau. Il s’agit pour la plupart de bains luxueux, non mixtes, jouant principalement la carte de l’hygiène et du thermalisme plutôt que l’activité, et visant une clientèle de bonne société. En 1843, le Pont de Pierre, lieu historique de la natation sur la Saône, est démoli et remplacé par le Pont de Nemours. Les bains froids au sein des bèches lyonnaises sur la Saône doivent alors laisser place à la navigation.

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La municipalité de la Guillotière qui laissait les bains sur le Rhône se développer sans véritable autorisation voit peu à peu se construire des établissements de bain en espaces clos, avec plancher. Ces nouvelles structures, contestées par les lyonnais mais un peu plus démocratiques que les établissements hors plan d’eau, accueillent un public varié mélangeant ceux qui viennent nager, se laver, se rafraîchir ou simplement regarder. La sécurité est toujours assurée par des canotiers affectés à la surveillance ou l’enseignement, et le bain comporte souvent une école de nage, et laisse une place au jeu pour les enfants. L’apparition de ces bains flottants dans la seconde moitié du XIXème siècle signe la fin de la baignade « sauvage » ; les hommes et les femmes sont séparés, et le développement de ces structures permettra l’apprentissage et développement de la natation.

Les établissements privés sont pour la plupart transmis de père en fils et les héritiers tentent de conserver les autorisations d’exploitation délivrées par les préfectures et les emplacements stratégiques sur le fleuve. Les Marmet sont parmi les familles les plus célèbres et restent attachées à l’histoire de la natation au sein de la ville de Lyon. La famille Marmet qui a débuté ses activités sur les premières bèches des ponts de la Saône, tient, dans les années 1850 et 1860, deux établissements de bain à Lyon, un pour homme et l’autre pour dames. C’est la crue du 16 Juin 1889 qui met fin au succès commercial de la famille, emportant les bêches, qui se révèlent trop coûteuses à reconstruire par la suite.

Vue des bains Germain Marmet et Mille

Bains d'hommes M Marmet Germain Marmet

Bains des dames du Sieur Mille

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Des conflits pour la maîtrise de l’espace public ont eu lieu tout le long de l’exploitation de baignades au sein des bèches sur les rivières lyonnaises. La municipalité hésite longtemps entre concéder l’exploitation à de puissants entrepreneurs, ou laisser la « libre concurrence » agir, en favorisant l’installation de multiples équipements. Consciente de son rôle de démocratisation de la pratique de la natation, elle refuse souvent l’exclusivité. Mais elle l’accorde en 1784 et 1785, en contrepartie de développement de services, d’accès militaire et de cours pour les mariniers, ou de facilités à la population qui bénéficie de tarifs moins élevés. Dès 1817, l’installation de bateaux sur le fleuve est strictement réglementée, en nombre, emplacements et tailles de bateaux. En 1818, la ville décide de laisser place à la libre concurrence tout en gardant le pouvoir de décision sur l’emplacement des bains avec les autorisations préfectorales et municipales. Ces autorisations provisoires d’exploitation estivale peuvent donner suite à une obligation de déplacement si la municipalité en a la nécessité, pour laisser la place au transport fluvial principalement. Le fleuve est alors considéré principalement comme voie de communication. Cependant la spéculation prend une place importante sur le marché, les baux concédés par la ville étant revendus quelques mois après avec des bénéfices considérables. En 1842, l’Etat crée le service spécial de la navigation, et lui confit en 1858 la compétence sur la traversée de Lyon : ce service spécial entend faire place nette pour laisser place à la navigation, en faisant reculer les usages sédentaires du fleuve. L’administration publique, à travers les pouvoirs de police du maire, se contente également de contrôler la moralité et la sécurité publiques lors de la pratique du bain dans les Bèches privées : la baignade nue est interdite, et des « boîtes de secours » doivent être installées.

La politique du Bain municipal

A partir de 1870, on assiste à une reprise en main de la part de la puissance publique lyonnaise : il ne s’agit plus de s’appuyer sur une initiative privée que l’on réglemente, mais d’intervenir directement dans le domaine. Une des raisons de cet interventionnisme municipal s’explique par le déclin de l’industrie privée des bains en pleine eau. Le nombre de Bains privés stagne entre 1860 et 1890 sur les rivières lyonnaises : certaines des bèches ont pu être détruites tragiquement lors de la grande crue du Rhône de 1856. Les difficultés financières entrainées pour la reconstruction de bains ont le plus souvent eu raison des propriétaires qui ont abandonné cette activité. De plus, le déclin des Bèches s’explique, non par un désintéressement pour le bain de la part de la population, mais par les travaux engendrés par la domestication du Rhône : construction des quais après 1856 et reconstruction des Ponts après l’inondation de 1889. Le Rhône est canalisé pour urbaniser les Brotteaux et aménager le parc de la Tête d’Or. De plus, la diminution du nombre d’établissements de bains à cette époque va de pair avec leur concentration dans les mains de propriétaires de moins en moins nombreux, grandes familles qui sont les seules capables de relancer l’industrie après les catastrophes. Or, ce type d’établissement, assez luxueux est fréquenté essentiellement par la petite bourgeoisie et la classe moyenne, et n’empêche pas les classes populaires de se baigner en pleine eau dans les fleuves, malgré les interdictions et les risques. Ce modèle économique de l’offre en bain, quasi-monopolistique, et réservée à une certaine élite, se heurte au contexte social de l’époque, qui voit une montée en puissance des thèses de l’hygiène populaire. La loi du 3 février 1851 incite les municipalités à construire des bains et des lavoirs publics à prix réduits, sur le modèle de ceux existants en Angleterre. Les pouvoirs publics soulignent que l’industrie privée serait impuissante, sans l’aide des municipalités, à édifier des établissements de bains. Le problème des financements est donc réglé à

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travers un système de subventions étatiques : les communes les sollicitant doivent prendre l’engagement de financer les deux tiers de la dépense totale. Le pouvoir municipal doit donc ainsi ensuite soutenir l’industrie privée. Ainsi, dans la seconde moitié du XIXème siècle, en dépit de la montée en puissance des thèses hygiénistes, il est moins facile de se baigner à Lyon dans les rivières. La domestication du cours d’eau (ainsi que, pour une certaine part, la baisse règlementaire de tolérance à la pollution aquatique) implique une redéfinition géographique des lieux de baignade : le fleuve n’est plus le lieu propice à l’installation des bains. Ainsi à partir de 1870, l’offre en bain, qui avait été laissée de tout temps à l’initiative de personnes privées ayant développé de petites entreprises sous couvert de loisirs puis de préoccupations hygiénistes, ne correspond plus aux volontés de la municipalité. La municipalité entame alors des démarches pour créer un bain municipal en écartant de ce projet les propriétaires de Bèches, qui continuent à exploiter leurs établissements. Plusieurs entrepreneurs font des propositions à l’administration pour lui vendre leurs établissements de bains, mais celles-ci sont écartées. De la même façon, la municipalité refuse le système de la concession : elle veut agir seule et mener une politique du bain de façon autonome, au contraire de villes comme Lille ou Paris qui à l’époque, ont recours à l’industrie privée pour la création de bains populaires.

Photographie des bains Maderni prise depuis la rive droite du Rhône, vers 1880

7.

En 1879 est ouvert entre le Rhône et le Parc de la Tête d’Or (à l’emplacement actuel de la Cité internationale) un bain municipal gratuit, véritable « service public du bain » à destination de la classe populaire. Son financement, exclusivement public, pose problème dès les premières études du projet : celui-ci voit son envergure réduit. Il ne s’agira au final que d’un bain pour hommes, alors qu’un bain pour femmes, ainsi qu’un bassin à chevaux étaient prévus initialement. Le Conseil municipal réduit les coûts du projet qui s’élèveront à 34 000 francs, excluant « de l’hygiène » la population féminine populaire lyonnaise. Le Bain connait un succès de fréquentation dans les premières années, mais la localisation trop éloignée des quartiers populaires de Perrache, Vaise ou la Guillotière empêche un développement plus important. Les pratiques spontanées de baignade en pleine eau dans les fleuves ne sont pas réduites, et de nombreux problèmes techniques de nettoyage des bains vont à l’encontre des prétentions hygiéniques de l’établissement. Le bain public est même surnommé par les habitants « la boutasse municipale ». Il ferme en 1895.

7 Source : Coll. Musée Gadagne, Ville de Lyon, Inv. 41.219.

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Bèches et établissement municipal cohabitent ainsi à la fin du XIXème siècle, ne s’adressant pas au même public. Tous deux vont cependant disparaître dans les premières années du XXème siècle. Le refus de recourir à la sphère privée révèle l’échec d’une position publique tiraillée entre problèmes de financements et volonté d’innovation hygiénique.

Photographie de l’intérieur d’un établissement de bains pour hommes, vers 1900 (8).

Parallèlement, les classes supérieures qui se rendaient aux Bèches commencent à moins les fréquenter en raison de la montée en puissance de l’hygiène corporelle privée, à mesure que se généralise la distribution de l’eau dans les grandes villes. L’échec du bain municipal de la Tête d’Or entraine l’orientation des politiques municipales vers un nouveau type d’établissement populaire hygiéniste qui n’a plus rien à voir avec la pratique du bain telle que l’ont connue les lyonnais : les bains-douches. La municipalité lyonnaise tire les leçons de son échec, et développe ces installations en ayant recours aux personnes privées, par le biais de la concession. Salles de bains privées bourgeoises et bains douches municipaux sont les deux nouveaux espaces de bains qui se développent. Les établissements de bains sur les fleuves ont fait leur temps, on s’installe sur la terre ferme. Rhône et Saône vont être délaissés pour le bain. Les premières sociétés de natation installent leurs bassins sur la Saône dans les années 1930, mais il faudra attendre la construction de la piscine du Rhône en 1964 pour que le bain renoue avec le fleuve, et encore de façon très partielle. La construction des voies automobiles sur les quais empêcheront, jusqu’à très récemment, à la ville de renouer avec des berges vivantes. Les pratiques ancestrales sur les rives du fleuve ne se sont pas toutes perdues, et on assiste encore de nos jours à des activités sur le Rhône telles que les joutes nautiques et les courses de barque, pratiquées par les sauveteurs. Emblème des mariniers, les joutes nautiques symbolisent avec les courses marinières, le sport et les jeux traditionnels liés au Rhône. Leur origine est très ancienne ; elle remonte vraisemblablement à l’Antiquité. Sur le Rhône, ce jeu traditionnel pratiqué par les Romains, se rencontre dès le Moyen-Age. Au XIXème siècle, regroupés en sociétés de joutes et de sauvetage, les participants sont campés sur le tabagnon à l’arrière d’une barque, et ont pour but de mettre à l’eau, « baigner », leur adversaire à l’aide d’une perche en bois au moment où les bateaux se croisent. Aujourd’hui les joutes retrouvent un certain succès et constituent un sport à part entière : chaque été, les finales des championnats de France méthodes lyonnaise et givordine rassemblent plusieurs milliers de personnes.

8 Source : Fonds photographique Guy et Marjorie Borgé, in Pétrus Sambardier : La vie illustrée à Lyon de 1900 à 1937, ELAH, 2003.

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Directement issues des sociétés de sauvetage riveraines de la Saône et du Rhône, les courses marinières constituent une discipline qui se pratique depuis fort longtemps. Cette activité sportive consiste en des courses à deux ou quatre rameurs, dans une barque en bois de 150 kg environ, sur des circuits fermés ou des descentes de 20 km ou plus. Ces pratiques traditionnelles perdurent encore aujourd’hui au sein des sociétés de sauvetage en parallèle des compétitions de joutes ; elles sont un moyen de poursuivre la transmission des savoirs liés à la navigation en barque ainsi que « l’amour du Rhône » dont témoignent ceux qui le fréquentent. Rappelons enfin que les Sociétés de sauvetage, composées de bénévoles, ont été créées à l’origine pour venir en aide aux sinistrés lors des inondations. Elles restent aujourd’hui encore au service des pouvoirs publics lorsqu’il faut intervenir dans des villes inondées par le Rhône ou ses affluents.] La natation fait également partie des épreuves au cours desquelles s’affrontent les sauveteurs, les mariniers et les pêcheurs au XIXème siècle (comme les joutes nautiques et les courses marinières). Et puis, toute compétition de joute ne saurait s’achever sans « le plongeon du vainqueur » qui rejoint ainsi dans l’eau celui qu’il « a baigné » pour une accolade fraternelle. Joutes, navigation marinière et natation forment finalement un tout indissociable car renvoyant à la fréquentation du fleuve et de ses eaux. Mais en réalité bien des riverains ne savent pas réellement nager au XIXème siècle, ils apprennent seulement à traverser d’une rive à l’autre en se laissant porter par le courant. Cet apprentissage requiert une bonne connaissance des pièges du fleuve mais s’avère essentiel, le Rhône est dangereux avec de nombreux remous et il est indispensable pour ces « gens de l’eau » de savoir se débrouiller en cas de chute inopinée dans ses eaux. En général, les jeunes apprennent à nager « sur le tas », par eux-mêmes, en se jetant dans le Rhône ou dans l’une de ses lônes. Dès lors, traverser le Rhône à la nage constitue le rituel par lequel les jeunes garçons doivent passer pour entrer dans le groupe des jeunes gens. Aux côtés de ces activités et sports nautiques prenant pour cadre le fleuve, se sont développées le long des rives du Rhône d’autres pratiques sportives, comme sur tous les cours et plans d’eau d’Europe aux 19ème et 20ème siècles. Le canoë-kayak qui arrive sur le Rhône dans les années 20 est surtout une pratique de randonnée favorisant des descentes du fleuve depuis le Valais jusqu’à la Méditerranée. Dès lors, la baignade à l’occasion des bivouacs s’inscrit naturellement dans ce type de pratique sportive. Le water-polo est né en Angleterre à l’instigation du London Swimming Association, dont les membres, lassés des compétitions de natation, inventent le waterderby en 1840. Il s’agit d’un jeu de ballon dans l’eau où les participants, à cheval sur des tonneaux richement décorés, se servent de pagaies pour envoyer la balle. Ce jeu évolue peu à peu : des cages de but sont formées par des bateaux (il faut déposer le ballon dans l’embarcation à l’intérieur de laquelle se trouve le gardien) et les joueurs abandonnent le système des tonneaux pour nager ou marcher dans l’eau (la profondeur n’est pas réglementée). Ainsi, les règles du jeu se précisent, le waterderby devenant progressivement le water-polo que nous connaissons aujourd’hui. C’est en 1895, que ce sport parvient en France et il semble qu’il est pratiqué sur le Rhône dès le XXème siècle dans le cadre des sociétés de sauvetage, parallèlement à la natation, aux joutes nautiques et aux courses marinières.

Le Ponton des nageurs vers 19309.

9 Source : AML, 0008 PH 02205. Au premier plan, le ponton et l’installation d’une Société aquatique réservée aux nageurs. A gauche, le Quai de la Pêcherie, et au second plan le Pont de la Feuillée. La natation est pratiquée dans un bassin aménagé en pleine eau, et les installations comprennent un plongeoir, et ce qui semble être des cages de water-polo.

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2.1.2 Synthèse et perspective

L’évolution historique des bassins flottants aux piscines a été beaucoup plus lente en France que dans les pays d’Europe du Nord. Longtemps ancrés dans une logique quantitative à vocation sportive (programme des 1000 piscines) les équipements ont mis du temps à franchir le pas de la logique ludique et commerciale. L’Europe du Nord affiche une avance considérable en matière de Piscines Sports-Loisirs tournées vers de nouveaux concepts innovants et des Bases de Plein Air et de Loisirs plus attractives, proposant des baignades au traitement biologique10.

1830 1880 1920 1960 1970 1980 1990

THEMATISATIONCentres aqualudiquesBien êtreAquaforme

2000 2009

Parc aquatique couvertPiscines au traitement biologique

Piscines flottantes ou Bassins

Piscines Sport – loisirs (P.S.L)

1

6

20 4300

806 (Angleterre)

1362 (Allemagne)

1000

EVOLUTION HISTORIQUE DES P.S.L

Piscines

Europe du Nord

France

Avril 2009

Base de Plein et Air et de Loisirs « Insel Bad » Bad Abbach Piscine couverte Bad Königshoffen,

2007 2005 (Allemagne)

10 Exemple en photos ci-dessous

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2.2 La reconquête des berges

Aujourd’hui, nombre de projets et de réalisations ont eu lieu, mais peu incluent la baignade (y compris à Lyon), hormis quelques exemples de récents projets architecturaux qui mettent en avant l’intégration des nouvelles structures dans le paysage fluvial, associées à l’optimisation du respect de l’environnement.

2.2.1 Les piscines flottantes

A Berlin, sur la « Spree » une piscine flottante a été mise en place en 2004 suite à un concours d’art urbain organisé par la ville de Berlin. L’installation conçue dans un premier temps par l’équipe d’architecture « AMP Arquitectos » avec Gil WILK et l’artiste Susanne Lorenz, mesure 32 mètres de long pour 8 mètres de large et 2.10 de profondeur, soit une surface de 240m², et un volume de 320m3 de bassin. 2 plateaux de bois de 260 m² chacun relient la piscine aux abords et constituent des espaces de solarium.

L’installation a coûté 500 000 euros, subventionnée à environ 25% par le fonds de la culture de la capitale (Hauptstadtkulturfond).

En hiver, la piscine flottante et les plateaux flottants se transforment en bassin couvert, en espace bien-être et en bar. L’adaptation de l’installation, réalisée par l’architecte Gil WILK, a coûté 550 000 euros. Kulturarena Veranstaltugns GmbH gère l’établissement en concession (qui a été renouvelée pour les trois prochaines années), pouvant accueillir 800 personnes en été et 100 personnes en hiver. En été, en période de très forte fréquentation le site accueille jusqu’à 3000 personnes par jour. Des animations sont proposées, telles que le Yoga, fitness le matin, des concerts de musique, cinéma plein air, expositions, beach parties avec DJ le soir.

« Badeschiff » Piscine flottante à Berlin

« Badeschiff » en hiver Espace de détente et bien-être Bassin couvert

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En France, ce type d’installation est symbolisé par la piscine Joséphine Baker, située sur la Seine à Paris dans le XIIIème arrondissement. En décembre 1993 Robert DE BUSNI ainsi que la société « GTM » sont désignés par la Direction de la jeunesse et des sports et la Direction du patrimoine et de l'architecture de la Ville de Paris, pour la réalisation du projet. Le chantier a duré 24 mois et le coût de l’opération s’est élevé à 17 millions d’euros. L’équipement est aujourd’hui géré par la société « Carilis ». Cette structure découvrable est pourvue de vingt flotteurs permettant de la maintenir en surface. Le bâtiment accessible aux handicapés est pourvu de deux bassins, deux solariums et un espace de remise en forme.

- 5600 tonnes sur eau pour 1800 m² - 250 m² bassin, 50 m² pataugeoire te - 447 m² plage, 590 m² solarium - Espace de remise en forme 112 m² - F.M.I. bassin 250 à 375 personnes (toit ouvert) Cette structure découvrable est pourvue de vingt flotteurs permettant de la maintenir en surface. Le bâtiment accessible aux handicapés est pourvu de deux bassins, deux solariums et un espace de remise en forme.

Pour mémoire, dès 1977, des idées de piscines flottantes avaient émergé, au milieu d’un environnement non propice à la baignade11.

11 Image extraite de « La légende de la Piscine », Nouvelle écrite par Rem Koolhaas, en conclusion de New York Délires. Système de baignade naturelle tirée du système Elodée brevet déposé en juin 2009.

Piscine Joséphine Baker

La légende de la piscinE

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2.2.2 Les projets architecturaux de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de

Grenoble et de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées

Une exposition s’est tenue le 24 novembre 2008 pour présenter les propositions des étudiants de l’E.N.S.A.G. et de l’E.N.P.C., pensées comme des « bâtiments concepts » tels des « éco-machines », qui utilisent ou détournent des innovations technologiques environnementales pour développer des usages inédits et générer leur propre espace paysager. Dans tous les cas, c’est une relecture contemporaine du fleuve et de sa vallée qui est encouragée, avec une valorisation culturelle de ses activités et le désir fort, pour cette exposition, de se projeter et d’imaginer ce que pourraient être les différents moyens de mettre en valeur le Rhône au travers de la démarche de workshops intensifs qui ont donné lieu à 23 propositions de projets dont 2 sont présentés ci-après.

Exercice Barges écologiques – Les pieds dans le Rhône : Plateforme d’activités

nautiques en été, bassin d’exposition en hiver. Maîtrise d’ouvrage - Ville de Givors /Localisation : Quai des navigations, rive droite du Rhône à Givors Date des études : Octobre 2007 / Etudiants (ENPC) : Ad Ben-Aderet, Violaine Babolat, Houcine Essafi, Mélanie Beaugelin, Mathieu Muls.

Pensé avant tout comme un lieu de rencontres et d’échanges, ce projet s’adresse notamment aux populations citadines de Lyon et de Saint-Etienne, Givors étant à mi-chemin entre les deux villes. Le thème de l’eau y tiendrait la vedette en proposant différentes activités tout au long de l’année : une appropriation ludique en été en offrant un rapport direct à l’eau du bassin et des douches et un rapport plus contemplatif en hiver avec un cycle d’expositions. Parallèlement à cette première bande d’activités, une bande végétale permet de mettre en scène le traitement de l’eau et crée une transition avec la bande de services où se situe notamment l’accueil et donc l’accès au bâtiment depuis le quai, garantissant une forte interaction avec la ville. Enfin, la présence d’un bar-guinguette permet aux visiteurs d’inscrire leur séjour dans la durée, gage d’un moment de détente bien apprécié.

Les pieds dans le Rhône

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Technologies embarquées :

Assainissement et potabilisation de l’eau (directement pompée dans le Rhône) par phytoépuration selon un circuit linéaire.

Production d’électricité grâce à des panneaux solaires photovoltaïques garantissant l’autonomie énergétique du bâtiment.

Mise en place de toilettes sèches, le compost obtenu étant mis à disposition des agriculteurs pour couvrir une partie de leurs besoins en engrais et en énergie.

Exercice Ecomachines : Se baigner dans le Rhône - Projet de piscine écologique

Maîtrise d’ouvrage - Le Grand Lyon /Localisation : Terrasses de la Guillotière sur le bas port du Rhône à Lyon Date des études : Décembre 2006 > Janvier 2007 / Etudiants (ENSAG) : Thibaut Chanut, Fanny Chinieu, Julien Cordier

Pensé dans un rapport à la fois parallèle et perpendiculaire au fleuve, cet équipement public démontable long de trente mètres réactualise un usage ancestral du fleuve ; celui de la baignade en période estivale. Il permet le rapprochement de l’homme à l’eau d’abord par l’intermédiaire d’un espace de sensibilisation ombragé où est explicité le processus de dépollution de l’eau d’alimentation du bassin en temps réel. L’usager traverse ensuite une bande de service en toile (boxes d’accueil, sanitaires, douches et cabines de change) pour s’approprier en toute convivialité l’espace de plage, entre activités de loisirs (toboggan, filet, plongeoir), et zone de détente (transats escamotables). Le bassin de natation, plutôt discret prend place dans une barge immergée montée sur coulisse et s’équipe d’une ceinture de verre sécurit en surface afin d’éviter les échanges d’eau avec le fleuve et procurer la sensation pour le moins excitante de se baigner directement dans le Rhône qui reste malgré tout pollué. Technologies embarquées :

Dépollution aux UV-C de l’eau (directement pompée dans le fleuve) alimentant la piscine

Chauffage de l’eau grâce à une pompe à chaleur plongée dans le Rhône (échangeur eau-eau)

Production d’électricité par des capteurs solaires photovoltaïques en toiture (fonctionnement autonome du bâtiment)

Se baigner dans le Rhône

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Reflets de notre société en devenir, ces propositions d’étudiants sont, dans chacun des cas, le fruit d’un travail de collaboration étroit entre une maîtrise d’ouvrage à la fois sensible et impliquée, une équipe enseignante pluridisciplinaire ainsi bien sûr que d’étudiants très motivés par le sujet. Reste aujourd’hui à savoir si cette « mise en chantier » du fleuve trouvera un réel écho dans les aménagements futurs du Rhône, car même si le cadre de ces études est bien évidemment fictif, il n’en demeure pas moins qu’il pose les bases d’un véritable travail de diagnostic de la condition contemporaine du fleuve, totalement créateur de nouvelles réalités pour demain. Quoi qu’il advienne, la voie est désormais libre et bien ouverte, pour qui voudra saisir cette opportunité.

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2.3 Les baignades aménagées et piscines extérieures

2.3.1 Les Bases de Plein Air et de Loisirs

Les Bases de Plein Air et de Loisirs12 trouvent leurs origines dans l’émergence des activités de plein air. Développée pour la première fois en 1887 à partir de l’ouvrage de G. de Saint Clair intitulé « Jeux et exercices de plein air 13» ce n’est qu’en 1936 avec Léo Lagrange que cette notion prend un sens, et un statut juridique en instaurant la demi-journée de plein-air dans les écoles14. L’espace de pratique devient vite un sujet de réflexion et en 1958, la Direction Générale de l’Education Physique et Sportive de la Jeunesse Non-Scolaire en distingue 3 types :

- le plein-air immédiat qui se localise sur le lieu de vie du pratiquant et répond à une attente de pratique quotidienne.

- le plein-air proche : situé en périphérie de ville, ou dans des espaces non lointains qui répond d’avantage à une pratique pendant les week-ends. Ils constituent l’origine des B.P.A.L.

- le plein-air lointain : correspondant aux espaces de pratiques pendant les séjours, et les vacances. La première définition des B.P.A.L. est rédigée en 1964 dans le cadre du Vème plan de modernisation et d’équipements. Il s’agit « de complexes situés dans un site naturel proche de la population, favorisant la pratique de sports et d’activités de plein-air, ainsi que des moyens d’études culturelles, de détente et d’oxygénation ». Comme le notera Maurice Herzog dans sa circulaire de 1964 il s’agit de s’adapter aux nouvelles conditions de vie des Français d’après guerre. « L’accroissement de l’urbanisation, la réduction progressive des heures de travail et le développement des moyens de transport individuels amènent à rechercher des formules propres à satisfaire les logiques aspirations des citadins pendant leurs loisirs et notamment pendant leurs week-end ». En 1975, la circulaire MAZEAUD rajoute la dimension d’animation et définit la Base de Plein Air et de Loisirs comme un véritable équipement structurant offrant de multiples moyens d’expression (détente, pratique sportive ou culturelle) dans un cadre naturel. En termes de géolocalisation, une classification est établie entre les bases urbaines, les bases périurbaines, les bases rurales, et les sites naturels exceptionnels.

Les nouveaux enjeux des Bases de Plein Air et de Loisirs

La réalisation des B.P.A.L., pour la plupart il y a 30 ans, ne prévoyait pas que la maîtrise des coûts, les mesures d’impact deviendraient un enjeu majeur. Aujourd’hui, beaucoup de collectivités propriétaires et gestionnaires, et de financeurs publics s’interrogent sur l’avenir de ces équipements structurants. Leurs vocations, notamment sociale, ne sont pas à remettre en cause, mais il convient de repositionner leurs fonctionnalités, et de reconsidérer leur management global. Leurs gestions, largement déficitaires, portant sur des équipements à bout de souffle qui nécessitent d’importants investissements, les relèguent en queue des dossiers prioritaires des collectivités. La prise en compte des enjeux liés au développement durable devient une priorité pour les collectivités publiques, à valoriser auprès des visiteurs français et étrangers, de plus en plus sensibles à ces arguments. Les dotations publiques privilégient désormais les projets durables et de qualité. La gestion des ressources en eau, des énergies fossiles ainsi que le réchauffement climatique et les pollutions, notamment celles liées au gaz à effet de serre, sont aujourd’hui au centre des préoccupations. Avec des prix qui augmentent –et qui augmenteront dans les années à venir-, les touristes partiront de moins en moins loin et de moins en moins longtemps, sauf pour de grands déplacements afin « d’amortir les coûts liés au voyage ».

12 B.P.A.L. 13 Ouvrage dans lequel il donne des conseils sur la pratique des sports, des principes d’entraînement et étudie les jeux français et anglais 14 Arrêté du 22 mai 1937

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Dès lors, la question est de s’interroger sur la manière de rendre attractives nos destinations touristiques de proximité. Les B.P.A.L. peuvent être un élément constitutif de cette attractivité. Utiliser les piliers du développement durable et de la qualité pour renforcer l’attractivité des destinations de proximité et sur leur fréquentation est une réelle opportunité à saisir. La création des agendas 21 en France, constitue un véritable levier de programmation de nouveaux équipements naturels publics ; des collectivités qui s’y sont engagées montrent l’exemple.15 Dans une société toujours plus urbanisée (80% des français vivent en ville), les B.P.A.L. doivent continuer de jouer leur rôle social ; elles peuvent aussi, sous réserve d’innovation, contribuer à la relance du tourisme de proximité, intra-régional ou inter-régional16.

L’exemple de la Région Ile de France

Les B.P.A.L ont été lancées à l’initiative de la Région au milieu des années 1960 dans le cadre d’une politique de réserve foncière à long terme. Elles représentent un projet d’aménagement d’espaces verts et de loisirs majeur considéré à l’époque comme le plus important depuis la création des jardins d’Haussmann. En 1975, 12 sites sont retenus sur les 24 potentiels représentant 3 000 hectares d’espace naturel qui verront le jour au début des années 1980. Impulsée par le Conseil Régional, une association des Bases de Plein Air et de Loisirs de la Région Ile-de-France est créée en 1985. Elle regroupe les syndicats mixtes d’études, d’aménagement et de gestion des bases de loisirs et son objectif est de participer à l’amélioration, au développement et à la promotion des B.P.A.L d’Ile de France. De nombreuses réflexions sont menées en matière d’aménagement, de fonctionnement et d’animation des sites inscrivant ainsi les acteurs dans une démarche performantielle. Même si les B.P.A.L. ont été progressivement aménagées avec l’aide de l’Etat, la Région Île de France prend en charge depuis 1989 la totalité des investissements (100 millions d’euros investis de 1998 à 2002). Toujours à l’initiative de la Région, un schéma directeur est réalisé en 1994 et fixe le rôle des sites et les projets de bases nouvelles. L’implication financière et organisationnelle de la Région est une véritable force dans l’optimisation de la réussite économique des bases. En 1996, le Conseil Régional a approuvé à l’unanimité la dévolution vers la Région de la maîtrise foncière des biens et immeubles des B.P.A.L. qui sont dorénavant classés comme domaine public régional.

15 Voir www.comite21.org 16 Voir tendance et évolution du marché ci-après

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Annexe 20 : Les Bases Régionales de Plein Air et de Loisirs d’Ile de France

La Région Ile de France regroupe aujourd’hui 12 bases régionales de plein air et de loisirs. Le nouveau schéma directeur adopté s’interroge tout d’abord sur les nouvelles pratiques de tourisme et de loisirs des franciliens (une enquête sur la notoriété et la fréquentation des bases est en cours). Enfin, une réflexion est menée quant au rôle des bases dans une perspective de développement durable (protection paysagère, développement et extension, démarche H.Q.E.).

L’eau, moteur de l’attractivité des territoires

La plupart des bases de loisirs et de plein air proposent des activités liées à l’eau au premier rang desquelles la baignade. Les installations aquatiques, plans d’eau, baignades aménagées et leurs plages constituent un élément d’attractivité majeure pour les sites en période estivale touristiques (« no water, no leisure »). Leur fréquentation fortement saisonnière est soumise aux aléas climatiques. De plus ces équipements représentent souvent de véritables casses têtes pour les collectivités, en matière de gestion (règlementation sanitaire, sécurité, personnel de surveillance, entretien …). Les déficits d’exploitation peuvent être importants et la mise à niveau des installations est souvent retardée et étalée sur plusieurs mandats. Les B.P.A.L. peuvent être d’excellentes opportunités de sensibilisation et de pédagogie à l’environnement. Eléments majeurs pour les clientèles des BPAL, les installations aquatiques se doivent d’intégrer plus que tout autre équipement cette préoccupation environnementale. Les baignades au traitement biologique représentent une véritable opportunité en matière de développement durable. Elles ouvrent de nouvelles perspectives et apportent aux gestionnaires des solutions en matière de performance économique, de gestion environnementale, et d’innovation. Des solutions existent tant sur l’aspect organisationnel, fonctionnel qu’économique mais les bassins au traitement biologique largement développés chez nos voisins allemands, autrichiens et suisses, sont encore rares en France. Rhône-Alpes dispose d’un creuset tant expérimental que technologique qui l’autorise à participer à l’innovation et à la promotion du développement durable.

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2.3.2 Les équipements aqualudiques

Les équipements aquatiques sont des espaces intergénérationnels qui accueillent différents usagers-clients. Ils doivent être accessibles à tous, tout en étant adaptés à chacun.

Répartition par types des bassins du territoire français

Source : Extraction R.E.S., 2009

55% des bassins sont de type « extérieur », et 5% sont découvrables.

Répartition des bassins du territoire français selon leur année de construction

Source : Extraction R.E.S., 2009

61 % des bassins ont plus de 20 ans.

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Typologie des équipements aqualudiques

Pour illustrer les évolutions récentes des équipements aquatiques, de plus en plus souvent dénommés équipements aqualudiques, le cabinet MC CONSEIL a une typologie des différents équipements, des services et installations associés. (Cf. schéma suivant).

Piscine Sport

LoisirsBalnéoludique

Thermoludique B.P.A.L.

Parc Aquatique

Equipements

aqualudiques

- Bassin sportif

- Bassin ludique

- Bassin d’apprentissage

- Bassins et attractions ludiques

- Restauration

- Hôtellerie

- Soins secs, humides

- Bassins de bien-être

- Restauration

- Hôtellerie

- Fitness

- Restauration

- Equipements de loisirs

- Hôtellerie

- Restauration

- Bien-être

- Baignades Aménagées

- Barges flottantes

- Piscine traitement naturel

- Sports de nature

- Restauration

- Hébergement

TYPOLOGIE DES EQUIPEMENTS AQUALUDIQUES

Source : MC Conseil 2009

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Positionnement et vocations des équipements aqualudiques

Les différents B.P.A.L. ont des contenus, des vocations et des usages différents les uns des autres, qui permettent de positionner, en fonction des clientèles que l’on souhaite satisfaire et de l’environnement du site, le type de B.P.A.L. qu’il est souhaitable de réaliser (Cf. tableaux et schémas suivants).

ludique

sportif

public privé

Piscine Sport-Loisirs

Thermoludique

Balnéoludique

Parc Aquatique

B.P.A.L.

POSITIONNEMENT DES EQUIPEMENTS AQUALUDIQUES

Source : MC conseil 2009

.

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Quelles sont les nouvelles répartitions des espaces en fonction des différentes vocations et des usagers-clients ?

Source : MC conseil 2009

Les installations aqualudiques et les B.P.A.L. intègrent ces vocations multiples à des degrés différents selon leur concept et leur positionnement territorial (tourisme intra-régional ou de destination).

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2.3.3 Les bassins découverts et baignades aménagées en Rhône Alpes

Source : Recensement des Equipements Sportifs, espaces et sites de pratique, site édité par le Ministère de la Santé et des Sports (http://www.res.jeunesse-sports.gouv.fr). Le Ministère de la Santé et des Sports a lancé en 2006 un Recensement des Equipements Sportifs17 suivant une nomenclature et des catégories représentatives des types de pratiques. La nomenclature utilisée dans la cartographie qui suit est donc celle du site du « Recensement des Equipements Sportifs, espaces et sites de pratique », édité par le Ministère de la Santé et des Sports. L’équipement est l’unité de base du Recensement des Equipements Sportifs Sites et Espaces de Pratique. Il s’agit d’une surface qui permet à elle seule la pratique d’une ou de plusieurs activités physiques et ou sportives. En ce qui concerne les lieux de baignade, les équipements recensés sont les suivants : - bassin de natation mixte sportive (code 101), - bassin de natation sportive (code 102), - bassin de natation ludique (code 103), - baignade aménagée (répertoriées selon la fiche Sports de nature, code 2402). L’installation sportive est caractérisée par une adresse où est (sont) implanté(s) un ou plusieurs équipement(s) sportif(s) avec ou sans enceinte limitative. Exemple : pour une piscine dans laquelle on retrouve un petit bassin et un grand bassin de natation, il sera recensé une installation (correspondant à une adresse) dans laquelle 2 équipements auront été recensés. Les extractions réalisées à partir de l’outil d’exploitation du R.E.S. s’appuient uniquement sur le nombre d’équipements recensés en fonction des requêtes réalisées.

Répartition des différents bassins selon le R.E.S. Les bassins découverts 348 bassins découverts sont recensés dans la région Rhône-Alpes par le R.E.S18. dont 19 inscrits dans une Base de Plein Air et de Loisirs. La répartition des bassins découverts par département reste équilibrée, avec une plus forte représentativité dans l’Isère qui compte 30,5 % de l’offre.

La vocation de bassins découverts : La vocation ludique des bassins découverts prédomine. Elle représente 1 équipement sur 2 environ (165 sur 348) Les bassins mixtes concernent 1 équipement sur 3. La vocation sportive reste minoritaire avec 1 équipement sur 5. Elle est cependant plus marquée dans le département de la Drôme qui compte 45,6% des bassins sportifs découverts de la Région Rhône Alpes.

17 R.E.S. 18 Localisation des bassins découverts (tous types confondus : ludique, sportif, mixte) dans la région Rhône-Alpes à l’aide de l’outil R.E.S (source MSS du 23/04/2009)

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0

50

100

150

200

250

300

350

400

450

500

REPARTITION DES BASSINS DECOUVERTS ET BAIGNADES AMENAGEES PAR DEPARTEMENT EN REGION RHONE-

ALPES

Nb total de Baignades Aménagées

Nb total de bassins découverts

Répartition des bassins découverts et baignades aménagées par département, région Rhône-Alpes (source :

Extraction R.E.S 2009) Les baignades aménagées Concernant les baignades aménagées, on recense 155 équipements. Plus d’une baignade aménagée sur 3 se situe dans le département de l’Ardèche. Ceci est dû principalement à la situation géographique de l’Ardèche et à son climat, à la nature de son réseau hydrographique et aux activités touristiques et de loisirs qui se sont naturellement développées sur cette destination. Les départements de l’Ain, de la Haute-Savoie et de la Savoie disposent d’une offre importante de baignades aménagées sur les nombreux plans d’eau et lacs. Sur les 155 baignades aménagées recensées dans la région Rhône-Alpes, 40 sont situées dans des Bases de Plein Air et de Loisirs, localisées notamment dans les départements de Savoie (15 baignades aménagées), d’Isère (10 baignades aménagées), et de l’Ain (9 baignades aménagées).

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Etat du Parc Rhônalpin

Cartographie des bassins découverts en Rhône-Alpes (Source : Extraction R.E.S. 2009)

Le parc des bassins découverts de Rhône-Alpes est vieillissant. Sur 348 équipements répertoriés, 246 ont été réalisés il y a plus de 20 ans, soit 71% du parc.

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Propriété et gestion publiques/privées

316

22 10

PART PUBLIC / PRIVE DES PROPRIETAIRES DES BASSINS

REGION RHONE-ALPES

Public Privé Indéfini

La maîtrise d’ouvrage des bassins découverts est à 93 % publique.

291

49

8

PART PUBLIC / PRIVE DE LA GESTION DES BASSINS

EN REGION RHONE ALPES

Public Privé Indéfini

La gestion des bassins découverts est en très grande majorité assurée par les acteurs publics. Ce sont essentiellement les communes (84%) et les groupements de communes (15%). Concernant le secteur privé, qui gère 13 % des bassins découverts, il s’agit notamment d’établissements privés commerciaux (63%) ou d’associations (26%).

(Source : Extraction R.E.S. 2009)

(Source : Extraction R.E.S. 2009)

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2.4 Vers les baignades biologiques

L’analyse des résultats de l’étude réalisée en Décembre 2003 pour le compte du Conseil Régional Rhône-Alpes « Diagnostic du parc des piscines publiques en région Rhône Alpes », confortée par les recoupements réalisés sur le RES, permet de faire ressortir deux aspects significatifs : les proportions élevées en bassins découverts et la nécessité de rénover un parc vieillissant. Une réelle opportunité pourrait donc s’offrir, dans une perspective de renouvellement de l’offre innovante, faisant appel à des traitements alternatifs et durables, capables de répondre aux nouvelles attentes des usagers-clients français, hôtes et visiteurs étrangers de plus en plus sensibles au développement durable et à l’écologie. La programmation de ces baignades biologiques doit être comprise dans une offre globale de positionnement stratégique des territoires s’engageant en faveur d’un tourisme durable, et incluant la programmation et la réalisation d’équipements HQE et d’aménagements touristiques durables. Par ailleurs, il apparaît aujourd’hui primordial de continuer d’apporter une réponse aux besoins de l’apprentissage de la natation. La création de nouveaux équipements aquatiques naturels, mis en œuvre dans le cadre de la réhabilitation des bassins découverts, peut paraitre complexe au regard des exigences règlementaires, mais constitue une avancée majeure pour le développement durable et l’émergence de l’innovation dans ce domaine, notamment sur des territoires pilotes. C’est par l’augmentation des expériences françaises et le soutien des pouvoirs publics qu’il sera possible d’évaluer les nouveaux procédés et de favoriser ces nouvelles pistes de progrès profitables à l’environnement et au développement touristique durable.

2.4.1 L’évolution du marché et des attentes de la clientèle

Dans le cadre de son étude sur « les raisons d’un succès et les voies de la croissance pour les équipements aqualudiques » ATOUT FRANCE apporte des éléments de compréhension d’un marché en pleine restructuration.

Un concept en phase avec son temps 19

Plusieurs tendances touristiques de moyen-long terme peuvent être identifiées20 : • la bi-polarisation, avec d’un côté la montée en gamme et de l’autre la recherche de prix bas, • la recherche d’authenticité, • la sensibilité aux risques sécuritaire et sanitaire, • la plus grande connectivité liée à l’importance des communautés d’internautes, • l’accélération du rythme de vie, • la prise de conscience écologique grandissante.

Ces nouvelles tendances s’inscrivent dans un contexte économique qui oriente les nouveaux modes de consommation touristique liés à la crise21 : la consommation de dernière minute et la recherche des meilleurs rapports qualité/prix…mais paradoxalement une recherche de la qualité des produits et de l’accueil, de l’intensité de l’expérience. Enfin les nouveaux modes de consommation s’orientent vers des vacances moins éloignées et moins longues.

19 Source : ATOUT France – mai 2009 20 Source : Boston Consulting Group, juin 2008 21 Source : ATOUT France – mai 2009

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De l’analyse de ces nouvelles tendances et nouveaux modes de consommation découlent quatre types d’attentes liées à la crise22 :

• une attente d’innovation et de qualité pour une expérience unique, • une attente de thématisation (par exemple, oeonotourisme, gastronomie, art de vivre), • une attente d’événementiel qui focalise et renforce l’intérêt du déplacement, • une attente de renouvellement du contenu et d’intégration au territoire.

La montée de la valeur « bio » est un paramètre important. Le « baromètre 2008 CSA / Agence bio » sur la consommation des Français en produits « bio » en témoigne :

• En 2008, 42% des Français disaient consommer des produits « bio » au moins une fois par mois, • En 2008, 2 Français sur 3 déclaraient privilégier l’achat de produits respectueux de l’environnement et/ou

des principes de développement durable, • Près de la moitié des consommateurs de bio s’y sont mis depuis moins de 5 ans, • Plus de 78% des parents souhaiteraient des produits biologiques dans les cantines,

Ces paramètres expliquent la croissance du marché des produits biologiques de l’ordre de 10% par an d’après l’Agence Bio. Parallèlement à cette montée de la valeur « Bio », la montée de la valeur « tourisme responsable» s’identifie à travers les résultats de sondage suivants23 :

• 59% des Français déclaraient connaître le tourisme responsable contre 27% en 2007 • 89% des voyageurs sont intéressés par le concept contre 72% en 2007 • 65% des voyageurs français se disent prêts à compenser leurs émissions de CO2

L’examen des valeurs promues et véhiculées par les constructeurs de baignades naturelles (sites Internet et plaquettes) montre que celles-ci surfent sur plusieurs tendances et attentes clientèle24 :

• Le respect de la nature, le « bio », avec l’évocation des termes « harmonie du paysage », « équilibre originel », « beauté absolue », …

• L’innovation, la recherche avec le champ lexical suivant : « Innovation », « science », « technologie », « brevet », « procédé »,…

• La qualité de vie avec les valeurs suivantes : « Personnalisation des projets », « plaisir particulier », « détente raffinée », « cadre de vie privilégié », …

• L’intensité de l’expérience : « une expérience intense », « échappez au stress », « émotion », « éveillez vos sens », « plaisirs partagés », « rêve et détente », « le murmure de l’eau »…

Tous les concepteurs revendiquent un repoussoir commun à travers cette étude prospective : les produits chimiques.

22 ATOUT France – mai 2009 23 Source : Etude 2008 TNS Sofres pour voyages-sncf.com & routard.com 24 Source : ATOUT France – juin 2009 – sites Internet et plaquettes

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Source : ATOUT France

Un produit qui doit satisfaire tous les baigneurs25

Comme nous allons le voir en détail dans la partie « cadre réglementaire et développement durable », des incertitudes réglementaires nuisent au développement du concept dans les lieux publics. Ceci explique le nombre limité de réalisations qui accueillent du public mais un bon développement chez les particuliers. Pour se développer, un élargissement de la gamme et des possibilités offertes aux différents baigneurs est envisageable :

• Les nageurs sportifs (individuels, clubs), qui recherchent avant tout de l’espace (lignes d’eau disponibles), de la propreté et des dimensions réglementaires.

• Les apprentis nageurs (cours de natation), qui recherchent des profondeurs variées et du calme. • Les utilisateurs « loisirs », eux-mêmes très segmentés (jeunes, ados, familles, handicapés, bébé-nageurs,

femmes enceintes, seniors) et aux attentes variées : détente, entretien physique, activités ludiques, évasion, aventure.

L’étude de l’offre « loisir » et ludique au sens large, illustre les tendances suivantes : Côté concepts, une course au gigantisme qui s’accommode a priori plutôt mal de la philosophie des baignades naturelles sans exclure que celles-ci s’y intègrent à leur tour : des complexes intégrant commerces, offre aquatique, bien-être et forme, des stations touristiques intégrées, des Parcs proposant activités aquatiques et découverte du monde marin, des Lagons géants.

25 Source : ATOUT France – mai 2009

Les valeurs

portées par les

baignades

naturelles

Les attentes

clientèle

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Lagons géants de Crystal Lagoons (8 ha. de plan d’eau, 2500m3) Chili.

Côté expérience, toujours plus d’intensité, avec des tendances à la thématisation et la scénographie, des plaines de jeu pour les non nageurs ou l’apprentissage, des vagues de surf artificielles, des soins balnéo et services de bien être. « La baignade naturelle est un concept qui se construit sur son caractère alternatif à la piscine traditionnelle mais qui pourra se développer en répondant aux diverses fonctionnalités de la piscine et des parcs aquatiques. » Emmanuel Duval, ATOUT France.

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3 CADRE REGLEMENTAIRE ET DEVELOPPEMENT DURABLE

3.1 Vers un cadrage réglementaire de la baignade avec traitement

biologique La « baignade avec traitement biologique » se présente comme un bassin artificiel de baignade à usage privatif ou ouvert au public. En dehors des champs d'application des textes législatifs relatifs aux baignades et à la natation26, le cadre réglementaire afférent à ce type de baignade dite « biologique » ou « atypique » reste à préciser. Les services de l'Etat, dont le Ministère de la Santé assisté initialement des experts du Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France (CSHPF) avant sa dissolution, puis ceux de l'Agence Française de Sécurité Sanitaire de l'Environnement et du Travail (AFSSET) investissent le sujet depuis de très nombreuses années. La complexité du sujet au niveau des procédés de traitement biologiques pour garantir la qualité micro-biologique des baignades, voir des piscines extérieures entre dans un champ européen de réglementations divergentes. En Allemagne, les Etats ou les Cantons autorisent déjà depuis près de 10 ans l'ouverture de ces équipements au grand public avec une réglementation clairement définie27.

Est-il envisageable d'appliquer en France une réglementation comparable ?

Quels sont les freins au développement de ce type d’équipement qui semble pourtant répondre aux enjeux du développement durable ?

En Allemagne, le marché de la baignade « biologique » a atteint en dix ans, une phase de maturité, particulièrement pour les piscines extérieures publiques, avec un nombre d'environ 100 équipements. Face à une couverture nationale relativement étendue, ce marché semble cependant se ralentir. En France, ce marché est en pleine phase de croissance pour les baignades privatives à usage unifamilial. En effet, pour ces bassins, le permis de construire n’est pas exigé (mais une déclaration de travaux est conseillée), ce qui génère un intérêt certain pour les piscines biologiques qui entrent progressivement dans la culture française, avec la création d'environ 150 baignades biologiques par an28. En 2009, le nombre de projets de baignades « atypiques » publiques pour des collectivités territoriales serait d’environ une centaine29. Pour l’instant les conditions sanitaires d’exploitation des équipements aquatiques publics (articles L. 1332-1 à L. 1332-9 et D. 1332-14 à D. 1332-42 du code de la santé publique, Articles L. 322-7 à L. 322-9, A. 322-4 à A. 322-7, A. 322-18 à A. 322-41 du code du sport, Décret n° 2008-990 du 18 septembre 2008, ...) interdisent le traitement naturel des bassins couverts.

Qu’en est-il des bassins découverts ?

Répondant à une demande nouvelle de confort et de bien-être de la part d’usagers de plus en plus sensibilisés à l’environnement, les baignades biologiques publiques de plein air sont en phase d’étude de la part des Pouvoirs Publics. Soucieuses elles aussi du respect de l'environnement et de la protection des milieux naturels mais de surcroit, attentives à l'économie générale de ces équipements, les collectivités territoriales s’intéressent de plus en plus à ce type de baignades avec traitement biologique y compris lors de la réhabilitation d’équipements existants, afin, notamment, de répondre à une certaine demande sociale. Le dispositif réglementaire actuel encadre la mise en œuvre opérationnelle des procédés innovants tant pour garantir la légitime sécurité sanitaire attendue des usagers que la pérennité du développement et de la maîtrise de ces procédés. Des évolutions sont néanmoins attendues sur le champ spécifique des baignades biologiques publiques (baignades aménagées ou Piscines Sports-Loisirs extérieures).

26 Voir liste des textes en annexe (ressources documentaires) 27 Office Fédéral de la Santé Publique Sûreté Alimentaire (SUISSE) – Association technique et scientifique pour le développement des sites et les aménagements paysagers (ALLEMAGNE) 28 Source : vivre autrement « la piscine verte fait des remous », Article Le Monde du 18 Juillet 2008, Pascale Kremer 29 Propos recueillis dans le cadre de l’A.R.I.T., auprès des concepteurs lors d’entretiens en avril 2009 au regard de leurs carnets de commandes.

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En 2002, la commune de Combloux (Haute-Savoie) a créé l’étang biotope du Plan Perret

Cette baignade est « atypique » dans la mesure où il ne s’agit ni d’une baignade au sens réglementaire du terme, ni d’une piscine mais plutôt d’une piscine-étang, comme la définissent les promoteurs de l’opération de Combloux, « où l’eau est à 100% écologique, sans produits chimiques, purifiée grâce à des plantes aquatiques et oxygénée par une cascade ». L’étang est structuré en plusieurs zones assurant les fonctions de baignade, décantation, aération et régénération des eaux. Les bassins artificiels ont été étanchéisés par une membrane. L’eau initiale et ensuite l’apport d’eau neuve sont issus du réseau municipal d’eau potable. Suite à un premier refus administratif d’ouvrir en temps que baignade aménagée traditionnelle et en vue d’obtenir une dérogation, pour expérimentation, à la réglementation sur les baignades aménagées, la collectivité a sollicité la DDASS de Haute-Savoie pour qu’elle saisisse officiellement le Ministère de la Santé. Après un premier examen en 2000, le CSHPF30 a émis un avis favorable sous réserve qu’un protocole d’expérimentation et de suivi de la qualité de l’eau lui soit préalablement soumis. La DDASS a proposé un tel protocole afin d’assurer le contrôle sanitaire de l’expérimentation pour une période de 3 ans. Ayant su faire preuve d’ouverture d’esprit, la DDASS de Haute Savoie a pris à l’époque, comme référence, les normes sanitaires des baignades aménagées, mais en les durcissant. Ce suivi sanitaire, assuré par cette direction, prévoit une analyse classique de type « baignade aménagée » par semaine du 15 juin à fin août, durée traditionnelle d’ouverture. Des analyses complémentaires (phosphore total, azote kjeldahl, phosphate, nitrates, ammonium, cuivre, salmonelles, cyanobactéries, zooplanctons, …) sont réalisées à des fréquences mensuelles (soit 3 fois durant la saison estivale). Les limites de qualité définies dans le protocole de 2002 ont été respectées en permanence sauf une fois pour la transparence en 2003 (canalisation de fond bouchée) et une deuxième fois du fait de la présence à deux reprises successives de staphylocoques pathogènes. Ces deux incidents ont entrainé la fermeture du plan d'eau. La satisfaction des objectifs ne peut se faire qu'en respectant des contraintes d'exploitation strictes (exemple : passage régulier d'un aspirateur de nettoyage des fonds des bassins) et suppose une qualification spécifique du personnel (entretien des végétaux, suivi des développements algaux). Les résultats satisfaisants sont aussi en rapport avec l'apport d'eau neuve très important ; apport subi par l'exploitant, lié à des défauts d'étanchéité des bassins (900 litres par baigneur les deux premières années au lieu des 50 litres prévus initialement). En 2004, le Conseil Supérieur de l'Hygiène Publique de France (CSHPF) a émis, « … au vu des problèmes techniques, économiques et de la difficulté de maîtriser les risques sanitaires potentiels, un avis défavorable à toute nouvelle implantation d’un tel système sur le territoire national tant que les modalités de gestion n’étaient pas mieux établies. Cependant en 2005, suite à des résultats d’analyses concluants, après 3 saisons estivales d’expérimentation, la commune de Combloux a obtenu le renouvellement de l’autorisation de fonctionner à titre expérimental, avec augmentation de la fréquentation maximale du plan d’eau (passant de 500 à 700 baigneurs par jour). D’autres collectivités territoriales ou propriétaires d’établissements recevant du public (campings, hôtels, …) se sont depuis lancés dans la construction et l’ouverture au public de baignades biologiques. Il peut être cité, comme exemples, les villes de Saint Julien en Genevois (74), la commune de la Chapelle Saint-Sauveur, en Saône et Loire, les campings Huttopia à Rambouillet (78), et Campéole de Saint Vincent-les-Forts (04), les hôtels Bélier de La Chapelle en Vercors (26), et Clair de Plume à Grignan (26), ou les gîtes la Jument Verte à Trévignin (73), et Chaussabel à Aubenas (07).

30 Conseil Supérieur de l'Hygiène Publique de France

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Cette évolution du marché des baignades biologiques nécessite, d’une part, une évolution de la réglementation française sur les baignades ouvertes au public, et, d’autre part, de manière urgente, de cerner le sujet, dans la globalité de ses aspects, afin d’informer de manière précise et objective les porteurs de projets publics et privés.

3.2 Règlementation des eaux de baignade en France

3.2.1 Les acteurs de la réglementation et du contrôle des eaux de baignade Ces acteurs peuvent être identifiés à différents niveaux. Au niveau national, le Ministère de la Santé et des Sports (MSS), ainsi que le Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement Durable et de l'Aménagement du Territoire (MEEDDAT) traduisent les mesures législatives en dispositions réglementaires en s’appuyant, en tant que de besoin, sur des structures d’expertise telles que le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP), l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) et l'Agence Française de Sécurité Sanitaire de l’Environnement et du Travail (AFSSET). Aux niveaux régional et départemental, sous l’autorité des préfets, les Directions Régionales des Affaires Sanitaires et Sociales (DRASS) et Directions Départementales des Affaires Sanitaires et Sociales (DDASS) mettent en œuvre les dispositions législatives et réglementaires (gestion des procédures et des non-conformités, contrôle administratif et technique des règles d’hygiène), sollicitent leur administration centrale – Direction Générale de la santé (DGS)- pour recueillir l’avis de ces instances d’expertise nationales, tout en assurant une veille sanitaire et une mise à jour des recensements et de la base de données sur les eaux de baignade, SISE-Eaux de baignade, en vue d’alimenter le site Internet du MSS pour information des usagers.

Schéma simplifié des acteurs de la réglementation

Les acteurs de la réglementation et du contrôle des eaux de baignade en France

Niv

eau R

égio

nal

Niv

eau

Départ

em

enta

lN

iveau N

ational

MINISTERES et DIRECTIONS

STRUCTURES D’APPUI - EXPERTISE

MSS (Ministère de la Santé et des Sports)

HCSP (Haut Conseil de la Santé Publique)

DRASS (Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales)

DDASS (Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales)

AFSSET (Agence Française de Sécurité Sanitaire de l’Environnement et du

Travail)

MEEDDAT (Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire)

InVS (Institut de Veille Sanitaire)Base de données

SISE-Eaux de baignade

PREFETS

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3.2.2 Textes applicables à la typologie des baignades

La réglementation distingue 3 grands types d’établissements de baignades publiques en France :

1) Les piscines, selon l’article D.1332-1 du code de la santé publique, qu’elles soient d'accès payant ou non, appelées parfois Piscines Sport-Loisir (P.S.L.), et qui regroupent l'offre actuelle courante des collectivités locales, soit bien souvent un complexe réunissant bassin sportif, bassin d'apprentissage/ludique et parfois des équipements de bien-être. Ce type d’établissement peut être couvert, découvrable partiellement ou totalement, ou encore de plein air. Les piscines ont, notamment, une eau filtrée, désinfectée et désinfectante.

2) Les baignades aménagées et réglementairement déclarées à l’autorité sanitaire (mairie), d'accès gratuit le plus souvent, et qui sont obligatoirement surveillées (baignades aménagées en mer, ou en eau douce). La définition d’une eau de baignade est fixée par les directives européennes 76/160/Ce et 2006/7/CE. Il n’y a aucun traitement.

3) Les autres établissements dont les baignades dites « atypiques » (et parmi lesquelles les bassins

« biologiques » car l’eau subit un traitement), qui pour le moment ne font l'objet d'aucune procédure administrative sanitaire d'autorisation, ni de règle conceptuelle. Quelques dérogations ont été accordées à des fins expérimentales, et les décisions réglementaires sont attendues avec une certaine impatience. Plusieurs procédés techniques caractérisent les baignades atypiques : - procédés 100% biologiques (Bionova, Bioteich, Biotop, Teichmeister, …) : l'eau est filtrée uniquement par les plantes à un niveau de bactéries acceptables par le corps. - procédés utilisant le traitement par les plantes, associé à des désinfections par rayonnement aux UV (ACA, Biozéo, Elodée …).

3.2.3 Travaux en cours sur la réglementation des baignades dites « atypiques » en

France

Il est aujourd’hui évident que la France présente un retard conséquent en matière de baignades biologiques, face à l’Allemagne par exemple. Ce retard se constate non seulement sur le plan du développement des baignades biologiques (nombre de réalisations dix fois plus importants en Allemagne) mais également sur le plan de la réglementation. Pour l'instant les baignades biologiques ne relèvent ni de la réglementation des Piscines Sport-Loisirs (eau désinfectée et désinfectante), ni de la réglementation des baignades aménagées31. Comme précédemment indiqué, le Conseil Supérieur de l'Hygiène Publique de France a émis, en 2004, des réserves concernant toute nouvelle implantation d'une baignade biologique en France tant que « les modalités de gestion ne sont pas établies ». Les pouvoirs publics respectent en effet un principe de précaution, qui a pour conséquence de freiner le lancement sur le marché de nouveaux produits tant que les risques ou effets sur la santé qui leurs sont rattachés ne sont pas connus. Fin 2006, l'A.F.S.S.E.T. a été saisie par les ministères chargés de la Santé et de l'Ecologie (Direction de la prévention des pollutions et des risques et Direction chargée de l'environnement), pour évaluer les risques sanitaires et proposer, le cas échéant, une réglementation qui intègre des prescriptions techniques. Fin février 2008, l'A.F.S.S.E.T. a déclaré qu'« en l'état de l'expertise collective en cours, il n'était pas possible de statuer sur l'efficacité et l'innocuité du procédé de bio épuration des eaux de baignades biologiques pour un usage collectif ».

31 Entretien : Charles SAOUT », Direction Générale de la Santé.

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Les risques restent donc encore à définir, en raison du confinement partiel ou total de l'eau, et les lieux de baignades atypiques expérimentaux ont dû faire l’objet de conditions de gestion et d'exploitation très strictes, s'agissant notamment des apports en eau neuve. Dans l’attente des résultats, la responsabilité est laissée aux fabricants et aux constructeurs. Le comité d’expertise constitué de 16 membres, placés sous la tutelle du « Comité d’évaluation des risques scientifiques liés aux eaux et aux agents biologiques » de l'AFSSET, se concerte pour analyser les baignades publiques et donner un avis en vue de la future réglementation nationale. Rappelons que tandis que la Secrétaire d’Etat à l’Ecologie saluait l’ouverture du camping nature Huttopia à Rambouillet (Yvelines) dotée d’une piscine à traitement biologique, le Ministère de la Santé rappelait, par lettre circulaire du 2 juin 2008 adressée aux préfets et pour mise en œuvre par les DDASS que tant les dispositions des directives européennes 76/160/CE et 2006/7/CE (voir réglementation européenne) que celles du code de la santé publique ne s’appliquaient pas aux piscines biologiques, ces dernières n’étant soumises à aucune procédure d’autorisation, ni de déclaration administrative préalable au titre de ces réglementations. Elle précise que les DDASS n’ont donc pas autorité pour émettre un avis sur ces types d’équipement, qui sont ouverts sous la seule responsabilité du maître d’ouvrage et du gestionnaire. Cette instruction du 2 juin 2008, rappelle que le retour d’expérience d’une telle zone de baignade artificielle, créée à titre expérimental sous le contrôle à l’époque du CSHPF, semble faire état de conditions de gestion et d’exploitation très strictes et contraignantes, afin de maintenir une qualité d’eau satisfaisante pour garantir la sécurité sanitaire du public, en raison notamment du confinement partiel ou total de l’eau et de l’absence d’un traitement de désinfection.

Procédés alternatifs au traitement chimique

Entre les procédés biologiques des baignades atypiques, et les moyens chimiques classiques de traitement de l'eau (chloration généralement), il existe un moyen de traitement chimique alternatif : le traitement de l'eau au PHMB (polyhexaméthylène biguanide), principalement commercialisé sous le nom de Revacil par Mareva. Ce produit est en fait connu sous le nom de Baquacil (société ICI) et a fait son apparition pour les piscines en France en 1979. Il a été expérimenté de nombreuses fois dans des piscines publiques, mais la polémique existe toujours depuis les débuts de son utilisation. On retient particulièrement la piscine de la ville de Gérardmer dans les Vosges qui utilise ce produit depuis 1982. Les objectifs affichés de ces procédés de traitement alternatifs sont d'accroitre la qualité et le confort pour les baigneurs et pour le personnel, car il existe un lien entre la qualité de l'eau et la qualité de l'air.

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3.3 Analyse comparée de la réglementation en Europe

3.3.1 Normes, labels et certification des eaux de baignade

La directive européenne n°76/160CEE du 8 décembre 1975 du Conseil des Communautés Européennes oblige les Etats membres de l’Union à contrôler la qualité des eaux de baignade selon des règles précises, à s’assurer que les eaux respectent les niveaux de qualité définis et à transmettre, chaque année, les résultats de ce contrôle à la Commission Européenne. En France, les services Santé-Environnement des Directions Départementales des Affaires Sanitaires et Sociales (D.D.A.S.S.) exercent, sous l’autorité du préfet, ce contrôle, en application des dispositions du code de la santé publique qui transcrit en droit français les dispositions de la directive précitée. Le Code de la Santé Publique (Articles législatifs L.1332-1 à L.1332-9 et articles réglementaires D.1332-1 à 1332-19) définit notamment les valeurs limites de qualité des eaux, la fréquence et les modalités d’exercice du contrôle sanitaire, ainsi que les critères de conformité des sites. Pour mettre en œuvre le contrôle sanitaire chaque année en début de saison balnéaire, une voire plusieurs circulaires du ministère de la santé précisent notamment les modalités techniques à mettre en œuvre. Ces instructions rappellent également la nécessité d’assurer l'information du public32. Le Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du Territoire (MEEDDAT) et le Ministère de la Santé et des Sports (MSS) soutiennent conjointement l’initiative de l’Association des élus du littoral (ANEL) et de l’Association nationale des maires des stations classées et des communes touristiques (ANMSCCT) relative à la certification du système de gestion de la qualité des eaux de baignade. Cette démarche doit permettre la mise en application progressive des normes européennes adoptées. Elle permettra également aux gestionnaires des sites de baignades, de jouer pleinement leur rôle d'acteur dans la gestion de la qualité de l'eau. L'urgence d'anticiper et de s'adapter dès aujourd'hui aux nouvelles exigences européennes a été évoquée, si l'on veut éviter la fermeture de nombreux sites de baignade. Par ailleurs, le Ministère de la Santé et des Sports a engagé un certain nombre de chantiers qui préfigurent une simplification des textes législatifs et réglementaires, une uniformisation dans leurs applications (de la surveillance au fonctionnement des établissements de baignade, mais aussi la qualité de l'eau des baignades aménagées). L’objectif de cette uniformisation est de permettre la transcription opérationnelle des directives européennes dans les textes nationaux.

La directive européenne sur les eaux naturelles non traitées

La directive européenne adoptée le 15 février 2006 par le Conseil de l’Union Européenne et par le Parlement Européen (voir directive n° 2006/7/CE), concernant les eaux de baignades et donc les baignades aménagées, prévoit pour la fin 2015 :

- au vu des connaissances scientifiques actuelles, un durcissement des valeurs limites microbiologiques pour une diminution du risque sanitaire,

32 Source : Ministère chargé de la Santé, eaux de baignade, évolution de la gestion.www.baignades.sante.gouv.fr

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- une responsabilisation accrue des collectivités et des gestionnaires pour inciter les acteurs institutionnels à l’investissement afin d’éviter la fermeture des sites de baignade, - la définition de profil des baignades en vue de faciliter la gestion préventive et prospective de la qualité de leurs eaux, - un nouveau classement de la qualité des eaux de baignades basé sur la prise en compte de quatre années de suivi, - un renforcement de l’information du public.

A ce titre, l’AFSSET33 (Agence Française de Sécurité Sanitaire de l'Environnement et du Travail) analyse l’impact de la nouvelle directive européenne sur le classement des eaux de baignades et évalue les risques sanitaires pour les baigneurs : « en appliquant les critères de la nouvelle directive aux données globales relevées entre 2003 et 2006, le pourcentage de sites non-conformes pour la baignade passe de 4,9 % à 7,6 % pour les eaux douces et de 3,6 % à 5,5 % pour les eaux de mer » (contre 10% du littoral pour l'association Surfrider34). L’étude de l'AFSSET pointe également les effets bénéfiques de la nouvelle directive 2006/7/CE, comme le fait qu’elle permette de distinguer et d’agir avec plus de précision sur les risques de pollution à court terme. Afin de permettre aux communes et aux personnes privées exploitantes d'atteindre progressivement les normes désirées, et de mettre en place une auto surveillance, le processus de certification, se déroulant en plusieurs étapes, permettra l'affichage du logo « certification qualité eau de baignade ».

La norme européenne NF 15 288 pour les équipements aquatiques

Dans une volonté de s’inscrire dans un dialogue européen, le Ministère de la Santé et des Sports (MSS) a décidé en collaboration avec l’AFNOR de participer à l’élaboration d’un cahier des charges de savoir-faire et de bonnes pratiques des équipements aquatiques. Ces travaux ont abouti à une norme « NF 15288 » publiée au J.O. du 26 octobre 2008. Elle comporte deux parties et concerne la conception et le fonctionnement des équipements aquatiques (piscines publiques, hôtels, campings, clubs privés). Elle a pour objectif au travers d’une démarche volontaire, de permettre à tout gestionnaire d’équipement aquatique de renforcer, dès la phase de conception, la sécurité des utilisateurs. La partie conception porte sur la fonctionnalité de l’équipement, les systèmes d’information, les zones de circulation, les couloirs, etc… La partie fonctionnement vise à évaluer les risques, prévoir un ensemble de procédures de surveillance, de contrôle de l’équipement, des produits et des hommes afin de garantir le meilleur niveau de protection des usagers-clients.

3.3.2 Réglementation des baignades atypiques en Suisse et en Allemagne

En Suisse, l'Office Fédéral de la Santé publique a publié en 2004, des « Recommandations pour l'évaluation hygiénique des étangs de baignade publique aménagés artificiellement ») (cf annexe) En Allemagne, l’association technique et scientifique pour le développement des sites et les aménagements paysagers (FLL) a rédigé en septembre 2003, des « recommandations pour la conception, la construction, la maintenance et l’exploitation des piscines naturelles et étangs de baignade ouverts au public ». Ces textes servent de références réglementaires aux concepteurs.

33 Voir travaux de l’AFSSET http://www.afsset.fr/index.php?pageid=796&parentid=523 34 Voir travaux de SURFRIDER http://www.surfrider.eu/fr/environnement-actions-locales/eaux-de-baignade/lobbying.html

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Ce guide s'appuie sur une directive internationale de l'OMS (WHO : World Health Organisation = Organisation Mondiale de la Santé) intitulée « guidelines for safe recreational water environments » mais surtout pour les baignades atypiques, sur les recommandations émises par le Ministère Fédéral de la Santé et de l'Environnement (commission des eaux de piscine) mais également sur les règles techniques spécifiques de l'association « Forschungsgesellschaft Landschaftsentwicklung Landschaftsbau » (F.L.L.). (cf.annexe disponible au Pôle Ressources de la MITRA ) Ces lieux de baignades atypiques sont donc reconnus et permettent de recevoir du public dans une eau « vivante » et « non agressive », mais doivent respecter l'obligation d’affichage. En effet, pour les baignades atypiques, conformément aux recommandations de la commission des eaux de piscine, l’exploitant d’une piscine naturelle ou d’un étang de baignade doit informer les baigneurs du caractère naturel et non désinfecté de l’eau de baignade et donc du risque sanitaire accru, au moyen de panneaux d’information situés à l’entrée de l’établissement.

Tableau de comparaison des seuils d’analyses bactériologiques appliquées aux baignades biologiques

PAYS

TYPE

BAIGNADE

SEUIL ESCHERICHIA

COLI (EC)

SEUIL ENTEROCOQUES INTESTINAUX (EI)

Allemagne (ufc/ml) Biologique 100 50

Suisse (ufc/100ml) Biologique 100 40

France (ufc/100 ml) biologique 100 NC

Directive européenne 2006/7/CE (P90)

Eaux intérieures

900 330

3.4 Des enjeux pour le développement durable Les collectivités, désormais largement impliquées dans le processus nécessaire de développement durable, sont naturellement concernées par les aspects économiques, environnementaux et sociétaux des équipements aquatiques en France.

3.4.1 Quels enjeux pour les collectivités ?

Il est difficile de connaître le coût global, les investissements, consommations, coûts de fonctionnement, bilans carbone et qualité du service rendu de ces équipements. Leur réalisation il y a 30 ans ne prenait pas en compte la maîtrise des coûts et l’empreinte écologique qui sont devenues aujourd’hui des enjeux majeurs. Aujourd’hui, les collectivités propriétaires et gestionnaires, les financeurs publics s’interrogent sur l’avenir de ces équipements structurants. Les vocations de ces équipements ne sont pas à remettre en cause, notamment pour le rôle social qu’ils exercent, mais doivent se repositionner en termes de fonctionnalité et de management global. Leurs gestions largement déficitaires et à bout de souffle pour la plupart sont reléguées au dernier plan dans les projets d’équipements structurants. Les enjeux du développement durable deviennent des opportunités à faire valoir auprès des concitoyens et visiteurs français et étrangers. De plus, il y a fort à parier que les dotations publiques s’orienteront désormais vers des projets qui mettront en pratique les principes du développement durable et la qualité.

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Le tourisme est une industrie qui consomme une forte quantité d’eau, véritable « or bleu », généralement pendant une période estivale assez courte du fait d’une saisonnalité très marquée, période par ailleurs caractérisée par un déficit hydrique plus ou moins marqué selon les régions. La France, la Grèce, l’Italie et l’Espagne ont déjà perdu plus de la moitié de leurs zones humides d’origine. En Espagne notamment, l’expansion touristique35 menace les ressources d’eau douce, déjà rares, près du parc national de Doñana. Le manque d'eau potable est un problème crucial du 21ème siècle. Depuis cent ans, la consommation d'eau augmente deux fois plus vite que la population. D'ici à 2025, la demande risque d'augmenter de 650 %. Le fonctionnement d’un parc aquatique nécessite l’utilisation d’un volume considérable d’eau36 pour son fonctionnement de base : or, l’approvisionnement en eau représente souvent déjà un problème majeur pour les habitants. Devant la croissance mondiale de parcs aquatiques gigantesques, l’impact sur la ressource devient préoccupant. Heureusement la France ne privilégie pas ce genre d’équipements, comme le font par contre des destinations touristiques en voie de développement (Dubaï, Chili, Iles Canaries, Corée,…). L’eau peut donc devenir source d’enjeux majeurs voire de conflits non seulement entre les divers acteurs des pratiques touristiques mais aussi entre les divers acteurs de l’économie locale. Les indicateurs de mesure du développement durable et de la qualité sont en plein déploiement (normes, labels, marque, bilan carbone, empreinte carbone, etc. …) et à l’image des « label rouge » ou « AB BIO », orientent fortement les achats des consommateurs. Les nouveaux dispositifs à l’usage des équipements structurants publics en faveur de la promotion du développement durable et de la qualité devraient devenir de puissants outils de reconquête des usagers-clients.

Des équipements énergivores

Les piscines et centres aquatiques demeurent des équipements très énergivores et consommateurs de ressource en eau. Chaque année près de 3 millions de mètres cube d’eau sont consommés dans les P.S.L. françaises. A cela viennent s’ajouter les émissions de CO2, l’utilisation des produits de traitement, les consommations énergétiques. Les fluides représentent environ 20 à 30 % des charges d’exploitation.

Consommation moyenne annuelle d’une Piscine Sport Loisirs37

450 m² de plan d’eau38

Fluides P.S.L

Consommation d’eau annuelle 17 000 m3

Consommation de Gaz annuelle 1 000 000 KWh

35 Le rapport du WWF sur l’eau douce et le tourisme en Méditerranée (Freshwater and Tourism in the Mediterranean) 2004 36 L’Adventure parc de DUBAI représente un volume de 11 millions de m3 d’eau soit 650 fois la consommation annuelle d’une

Piscine Sport Loisirs française.

37 P.S.L. 38 Observatoire énergie des piscines de Picardie

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Diminuer la production de C02

Au vu des tendances actuelles, les émissions de CO2 liées à l'énergie sont appelées à augmenter de 45% entre 2006 et 2030, pour atteindre 41 Gigatonnes. La part des énergies pauvres en carbone (énergie nucléaire, hydroélectrique, biomasse et autres énergies renouvelables, centrales électriques à combustibles fossiles équipées de captage et stockage du carbone : C.C.S) devrait augmenter, passant de 19% en 2006 à 26% de l'énergie primaire en 2030 dans le monde. L'Organisation Mondiale du Tourisme (O.M.T) a proposé de réduire la consommation des hôtels de 20%, et d'y promouvoir l'usage des énergies renouvelables. Ces recommandations internationales s’appliquent aussi à la France et aux équipements aquatiques notamment par la mise en place de la démarche H.Q.E. qui garantit : la réduction des consommations d'énergie, la diminution des émissions de CO2, la diminution des consommations d'eau, le confort des usagers et la salubrité des locaux, une meilleure qualité d'usage dans la durée.

Améliorer le confort des usagers

Au-delà de l'enjeu d'efficience des structures, de diminution de l'émission de CO2 ou de pollution de l'eau l'objectif est également d'améliorer le confort des usagers et de maintenir de bonnes conditions de travail pour le personnel. Ainsi, par exemple, la qualité de l’eau de baignade chimique est remise en cause, notamment dans les bassins couverts, tant au niveau des baigneurs (bébés nageurs, jeunes enfants, …) que des personnels en contact (surveillants - personnel technique) devant le constat d’affectations des voies respiratoires. Ceci est essentiellement dû à la déficience de la filière de traitement de l’eau (filtration surtout) mais aussi à la non maîtrise des conditions d’aération-ventilation, d’hydrométrie et de température trouvant souvent son origine dans une conception (architecture, choix des matériaux) non optimale et une gestion énergétique faite au détriment de la qualité de l’air.

Vers des dispositifs intégrés dans les agendas 21

Les agendas 21 apparaissent comme des outils d’application du développement durable et les équipements aquatiques, les B.P.A.L. deviennent de véritables laboratoires d’expériences. Ces dispositifs fixeront dans les prochaines années des objectifs d’exploitation et des systèmes de reconnaissance de management global. Les piliers du développement durable et de la qualité ne peuvent aujourd’hui être ignorés et doivent être intégrés dès les études d’opportunité/faisabilité, programmation des équipements et jusque dans la gestion opérationnelle des sites.

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Les objectifs performantiels des équipements aqualudiques

Source : MC CONSEIL, 2008

L’utilisation de nouvelles technologies pour économiser les ressources et améliorer

le confort d’usage

La diminution de pollution des bassins par augmentation de l’apport d’eau, actuellement pratiquée, conduit à des renouvellements d’eau importants qui ont des conséquences sur les coûts d’exploitation de la P.S.L. (chauffage, renouvellement, produits de traitement) donc un impact environnemental exponentiel. L’utilisation de destructeur de chloramines (système UV) permet une réduction du taux de chloramines mais une augmentation du taux de trihalométhanes (T.H.M.) : l’avis du CSHPF (7/11/2006) indique donc que leur utilisation ne doit pas conduire à une réduction des apports d’eau neuve (contrairement à une démarche commerciale qui indique des gains d’eau). Le Polymère d’HexaMéthylène Biguanide39 figure parmi les substances actives notifiées à la commission européenne pour la «désinfection des eaux de piscine » au titre de la directive à la mise sur le marché des produits biocides. Il maintient la qualité microbiologique de l’eau des bassins sur les paramètres suivants : germes témoins de contamination fécale et germes cutanéo-muqueux pathogènes40.Pour l’instant, une vingtaine de sites41 sont exploités avec un suivi attentif exercé par les D.D.A.S.S., ayant abouti dans certains cas, à un retour au chlore par suite de résultats non-conformes à la réglementation (piscine de Pont de Claix, 3 piscines dans la région Nantaise, ...).La Société MAREVA, qui commercialise le P.H.M.B. ne souhaite pas l’augmentation du nombre de piscines traitées avec leur produit, tant que tous les problèmes n’auront pas été éliminés. Grâce aux démarches H.Q.E. et à l’utilisation de nouveaux procédés techniques (bassins inox, récupérateurs de chaleurs et des eaux usées, économiseurs d’eau, cogénération, capteurs solaires thermiques, capteurs solaires photovoltaïques,…) le marché de conception, réalisation et gestion des équipements aquatiques en France apporte des réponses concrètes et innovantes qui devraient servir durablement la filière aqualudique.Il convient par ailleurs de rester prudent en ce qui concerne d’autres techniques ne figurant pas sur la liste des procédés agréés par le Conseil Supérieur d'Hygiène Publique de France42 (procédé cuivre-argent, eau oxygénée, etc..).

39 P.H.M.B. 40 Source : Direction générale de la Santé 41 Voir liste en annexe du focus 42 C.S.H.P.F.

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4 CONCEPTION, REALISATION, GESTION DES BAIGNADES

BIOLOGIQUES

4.1 Le principe de fonctionnement

4.1.1 Le traitement biologique, de quoi s’agit-il ?

Le principe du traitement biologique consiste à reconstituer l’effet régénérateur d’un plan d’eau naturel43 et permettre un recyclage totalement écologique de l’eau. Le principe s’appuie sur un procédé de lits filtrants à ciel ouvert, ou dans des cavités enterrées, avec ou sans plantes. Il s’agit donc d’un système d’épuration naturelle biologique et physico-chimique de l’eau. Il est à noter que la qualité de l’eau entrant dans le circuit de la baignade biologique est capitale pour la sécurité du biotope et du traitement naturel. Dans la nature, en fonction de ses caractéristiques propres (volume, profondeur, température, nature du sol, biocénose, etc.), chaque plan d'eau offre des qualités d'eau et des capacités de régénération différentes qui les rendent plus ou moins compatibles avec une activité de baignade. Le savoir faire d'un concepteur de plan d'eau de baignade consiste donc à identifier et à mettre en œuvre les paramètres ayant une influence sur la qualité de l'eau et d'une manière générale sur la "baignabilité" du plan d'eau. Différents procédés existent sur le marché. Au delà de leurs différences, tous les procédés s’appuient sur « la filtration biologique ». Le principe de cette dernière consiste à cultiver sur des lits filtrants des micro-organismes bactériens dont le métabolisme conduit à l'élimination des matières organiques. Le travail d'épuration effectué par ces bactéries est primordial dans la mesure où il existe un lien direct entre le taux de matières organiques dissous dans l'eau et le potentiel de développement de germes indésirables. La plupart des procédés s'appuient sur les plantes aquatiques. Ces dernières sont en général installées dans le lit filtrant ou bien sur les berges du plan d'eau. Leur rôle consiste à assimiler dans leurs tissus les sels minéraux, principalement les nitrates, issus de la décomposition des matières organiques par les bactéries du filtre biologique, et à priver ainsi les algues des nutriments dont elles ont besoin pour leur développement. Dans certaines conditions d'oxygénation, les nitrates pouvant être éliminés par voie bactérienne44, la présence de plantes aquatiques n'est donc pas une obligation, ce qui permet à certains procédés de placer les lits filtrants dans des cavités enterrées.

4.1.2 Le principe de circulation de l’eau

Comme dans une piscine l’eau courante coule dans un circuit fermé, l'hydraulicité45 du plan d’eau de baignade joue un rôle majeur.

43 Les lacs de montagne n’ont pas de plantes et pourtant l’eau est pure et limpide 44 Dénitrification : Abaissement des teneurs en nitrates et des nitrites par réduction de l'azote sous forme gazeuse, généralement sous l'action des bactéries 45 Les piscines appliquent les différents types d’hydraulicité (inversée, mixte) pour assurer une bonne circulation de l’eau

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C'est elle qui irrigue le filtre biologique, entrainant vers lui les particules en suspension dans l'eau et y créant les conditions d'oxygénation dont ce dernier a besoin pour être efficace. Toujours sur le même principe des piscines, l’écumage de surface est assuré par débordement ou par les skimmers. Dans une piscine, le système de filtration est de taille réduite et rapide tandis que le lit filtrant naturel des baignades biologiques est étendu et lent. Un plan d’eau disposant d’un lit filtrant bien dimensionné permet d’obtenir une eau limpide grâce à l’élimination des algues en suspension. Les lits filtrants naturels sont plus économiques que les systèmes de filtration mécaniques (fortement consommateurs d’énergie). Sa réalisation doit donc être adaptée aux objectifs du Maître d’ouvrage, à la fonctionnalité de l’équipement et au nombre de baigneurs attendus. La capacité d'accueil d'un plan d'eau dépend principalement de sa capacité à éliminer les pollutions bactériologiques amenées par les baigneurs. Dans la nature, différents phénomènes interviennent dans leur élimination. On peut citer l'action des Ultra Violets solaires, les gradians de températures, le piégeage mécanique par filtration, les jeux de prédation, etc. Selon la manière dont il est conçu, un plan d'eau profitera plus ou moins de ces phénomènes naturels, et présentera un seuil de saturation (Fréquentation Maximale Instantanée de baigneurs) plus ou moins élevé. Certains concepteurs préconisent l'utilisation de stérilisateurs Ultra Violets pour sécuriser la baignade et augmenter le seuil de saturation. Ces stérilisateurs s'appuient sur l'effet germicide du rayonnement ultra violet et sont compatibles avec la filtration biologique car ils désinfectent l'eau seulement lors de son passage dans l'appareil, sans effet rémanent46 et donc sans détruire les micro-organismes du filtre biologique. Le stérilisateur U.V. entre en jeu dans la diminution des pollutions bactériologiques et la prolifération des algues. Sa fonction apparait comme l’une des pistes de progrès dans le développement des baignades au traitement biologique. Ces dispositifs naturels engendrent des contraintes différentes et les solutions techniques sont en pleine évolution. Les concepteurs français et étrangers qui ont aimablement contribué à la tenue de cet atelier s’attachent à trouver des solutions compatibles avec l’accueil d’un nombre important de baigneurs afin de garantir leur sécurité et assurer une qualité bactériologique des baignades publiques acceptable par les pouvoirs publics. Le point commun des procédés, « la filtration biologique » Le schéma de principe suivant permet de visualiser la réaction du biotope face aux pollutions extérieures produites et l’apport d’une solution externe pour maîtriser la production d’algues. Un éclairage plus technique pourra être obtenu à partir du cycle de l’azote47.

46 Selon les lois en vigueur, l'eau d'une piscine ne doit pas être seulement désinfectée. Elle doit aussi être désinfectante (principe de rémanence). C'est à dire que le traitement utilisé doit permettre d'empêcher les bactéries, micro-organismes et algues de se développer. 47 Le cycle de l'azote est un cycle biogéochimique qui décrit la succession des modifications subies par les différentes formes de l'azote (diazote, nitrate, nitrite, ammoniac, azote organique,…).

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Schéma de principe simplifié de la filtration biologique

Dégradation

Décomposition par les bactéries

Pollution organique

feuilles mortes

insectes

excréments

FILTRATION BIOLOGIQUE

Transformation des matières

organiques en sels minéraux

Nitrates, sulfates

Elimination

biologique par

les bactéries

Assimilation par

les plantes

Pollution bactériologique

baigneurs

Elimination naturelle

U.V.

Températures de l’eau

Prédation microscopique

Production

d’algues

Elimination mécanique

Stérilisateur UV

Elimination des algues

Juin 2009

« La favorisation d’un biotope simple qui élimine les algues filamenteuses passe notamment par la création d’un écosystème qui ne leur convient pas. »48

4.1.3 Les différents procédés

Procédé à 1 bassin

Le principe

Dans les constructions à bassin unique, la zone de régénération à ciel ouvert et la zone de baignade cohabitent dans le même bassin.

Principe du procédé à 1 bassin49

48 Philippe ROUSSILLE « nouveau procédé ELODEE » 49 Source : schéma de la société Jardins Dominique Poirier, entreprise partenaire TeichMeister, d´après le système TeichMeister

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53

Le fonctionnement

L’écumage de surface est effectué à l’aide de skimmers, puis l’eau est dirigée via une pompe vers le bassin de régénération. Le bassin de régénération se compose d’un lit de gravier et de plantes aquatiques qui filtrent les micro-organismes qui sont transformés en sels minéraux et nourrissent les plantes. L’eau est donc filtrée et oxygénée par photosynthèse (plantes immergées) avant d’être réinjectée dans le bassin de baignade. Un dénivelé (cascade, pente douce) entre le bassin de régénération et le bassin de natation créant un mouvement de l’eau en surface optimise la filtration par les skimmers.

Le procédé à 2 bassins avec 2 zones :

Le principe

Ce procédé s’appuie sur une séparation du bassin de filtration et du bassin de baignade.

Principe du procédé à 2 bassins avec 2 zones50

Le fonctionnement

L’eau quitte la zone de baignade naturelle par débordement naturel ou mécanique et passe dans un filtre à voile (filtre fin) dont la fonction est de capter les matières en suspension dans le bassin de baignade telles que les cheveux, les huiles solaires, le pollen. L’eau quitte le filtre fin pour se propager sous l’espace dédié à la régénération. Elle remonte à travers les couches de graviers et le système racinaire des plantes de la piscine naturelle où les microorganismes éliminent les bactéries pathogènes. L’eau est ensuite pompée et renvoyée vers le bassin de baignade.

Le procédé à 2 bassins avec 3 zones

Le principe

Il se compose de 3 zones complémentaires :

- Une zone pour la filtration qui représente 30% la surface totale de bassin

- Une zone pour la régénération, 30%

50 Source : Aquatope

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54

- Une zone pour la baignade, 40%

Principe du procédé à 2 bassins avec 3 zones51

Le fonctionnement

L’eau est aspirée dans le bassin de baignade par une bonde de fond (placée à l’endroit le plus profond), et remonte dans le bassin d’épuration en traversant la colonne de décantation qui retient les particules les plus lourdes. Après la phase d’épuration, l’eau est pompée vers un jeu d’eau (cascade, jet d’eau, ruisseau) favorisant sa réoxygénation au cours de son écoulement dans le bassin de régénération et de baignade.

4.1.4 Le chauffage des bassins

L’eau des bassins est chauffée naturellement par le soleil. La chaleur est notamment véhiculée par les roches, galets et graviers placés en eau peu profonde. Un chauffage complémentaire peut être ajouté grâce à un système solaire ou de géothermie. L’eau doit être cependant contrôlée afin de ne pas perturber l’équilibre de l’écosystème.

4.2 Les étapes de la conduite de projet

4.2.1 Les études préalables

Les études d’opportunité/faisabilité Elles doivent impérativement précéder les études de programmation et permettent de vérifier que l’ensemble des conditions à remplir sont réunies avant de lancer le projet. Elles permettent également de vérifier que les objectifs liés à l’aménagement s’inscrivent bien dans la stratégie de développement de l’hébergement, du site ou du territoire. Elles s’assurent de la faisabilité technique, réglementaire, économique, juridique et financière, à partir d’une analyse fine de l’ensemble des paramètres et pas seulement des contraintes techniques. La prise en compte du développement durable du projet dans le cadre des Agenda 21, et des impacts environnementaux et sociétaux est nécessaire. Les études d’opportunité permettent de conclure sur la faisabilité ou pas de l’aménagement. La baignade est considérée comme une prestation de loisirs de qualité, inscrite dans un circuit de consommation touristique. Elle est aujourd’hui un équipement connexe incontournable à des structures d’hébergements

51 Source : Bioteich

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marchands, et/ou couplée à d’autres activités sports-loisirs (sports de nature, espace bien-être, remise en forme, base de loisirs,…) et peut être développée en complément à d’autres services : séminaire/formation, évènementiels, … L’expérience démontre la fragilité économique des équipements sports-loisirs autonomes52 et les tendances s’orientent aujourd’hui vers de véritables pôles pluriactivités, stations touristiques resorts, retail-park53 … des espaces plurifonctionnels permettant à l’usager-client54 de satisfaire différentes attentes au sein d’un même site, et pour les différents membres de groupes, familles ou « tribus ». Comme la programmation urbaine, la programmation moderne des équipements de sports-loisirs et de tourisme, est un facteur décisif pour l’avenir de nombreuses destinations touristiques.

Les études de programmation

Elles fixent la destination de l’ouvrage en exprimant dans un langage de concepteur les besoins fonctionnels de l’équipement. Il s’agit d’un outil de travail destiné au futur maître d’œuvre qui reprend :

- les caractéristiques physiques du site et ses contraintes,

- le cadre règlementaire en matière d’aménagement, d’urbanisme, de réglementation, d’hygiène, de sécurité,…,

- les besoins fonctionnels exprimés pour chaque espace de l’installation décrits sous forme de schéma,

- L’évaluation des surfaces nécessaires pour chaque espace,

- les exigences techniques,

- les exigences de réalisation : délais, prix, démarche H.Q.E., …

4.2.2 L’Assistance à Maîtrise d’Ouvrage

L’accompagnement des maîtres d’ouvrage publics ou privés, sécurise la mise en place de la maîtrise d’œuvre, le choix et la composition de l’équipe attendue, de la procédure d’appel d’offre jusqu’au démarrage des travaux et dans certains cas jusqu’à la livraison de l’ouvrage. L’AMO peut aussi concerner les volets administratif, juridique et financier, voire l’exploitation de l’équipement.

- Assistance administrative : mise en place du comité de pilotage, rédaction du Dossier de Consultation des Entreprises, lancement du concours ou marché de maîtrise d’œuvre,

- Assistance technique : validation des Esquisses, Avant Projet Sommaire, Avant Projet Définitif, projet, suivi de chantier,

- Assistance financière : recherche de partenaires financiers, montage de dossier de demande de subvention, de candidature d’appel à projet, montage financier.

- Assistance à l’exploitation : gérer en lieu et place l’équipement, assurer sa bonne gestion, son entretien et sa pérennité

52 Equipement isolé de toute zone touristique ou commerciale 53 Centres commerciaux avec équipements sport-loisirs. 54 L’usager d’un service public sera client de demain des équipements structurants (P.S.L./B.P.A.L)

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ETUDES OPPORTUNITE /FAISABILITE /

PROGRAMMATION A.M.O. ADMINISTRATIVE ET

TECHNIQUE

MAITRISE D’OEUVRE EXPLOITATION

Définition d’un positionnement stratégique de territoire

Vers un concept innovant et global

- Analyse de l’environnement externe- Analyse de l’offre- Diagnostic du site- Analyse de la demande- Analyse règlementaire

Elaboration de scénarii et d’aménagement

- Niveau d’intégration dans le territoire et sur site- Faisabilité économique- Faisabilité spatiale et environnementale- Faisabilité juridique et modes de gestion- Faisabilité financière

Elaboration pré programme et programme

- Définition des espaces et fonctionnalité- Orientations architecturales et techniques- enveloppe financière

Procédure d’Appel d’Offre

- Mise en place du comité de pilotage- Rédaction du D.C.E.- Lancement du concours ou marché de maîtrise d’oeuvre

Choix du maître d’œuvre

- Critères de sélection des candidatures- Analyse- Sélection du maître d’œuvre

Choix du procédé de traitement

- Composition de l’équipe de Maîtrise d’œuvre

Esquisse

Avant Projet Sommaire

Avant Projet Définitif

Projet Pro

Fonctionnement organisationnel

- Ressources humaines- Exploitation du site : période, horaires- Stratégie Marketing- Espaces connexes et services proposés

Fonctionnement technique

- Entretien des bassins- Entretien des installations- Formation

CABINET CONSEILS INGENIERIE L.C.T.CABINET DE PROGRAMMATION

ARCHITECTE PAYSAGISTE / BUREAU D’ETUDES

TECHNIQUES

COLLECTIVITESGESTIONNAIRES D’EQUIPEMENTS DE

SPORTS-LOISIRS ET D’HEBERGEMENTS TOURISTIQUES

6 à 9 mois 3 à 6 mois 6 à 18 mois

Implication dans le Développement Durable et la Qualité

- Démarche environnementale- Démarche Qualité- Intégration de systèmes performantiels (Label, certifications, marques collectives)

Réalisation des travaux

MANAGEMENT DE PROJET DANS LA CREATION OU REHABILITATION D’UNE PISCINE AU TRAITEMENT BIOLOGIQUE

Juin 2009

A.M.O. JURIDIQUE

A.M.O. FINANCIERE

NB. Les missions identifiées en AMO peuvent aussi être réalisées en interne en fonction des ressources et compétences du Maître d’ouvrage

Juin 2009

Page 57: Cahier Baignades Aménagées et Piscines Extérieures

57

4.3 La maîtrise d’œuvre

La réalisation des travaux

L'aménagement d'une baignade biologique publique nécessite, en fonction de la dimension du bassin, une durée de chantier comprise entre 6 et 18 mois de travaux et un à deux mois de mise en fonctionnement afin que le biotope se mette en place.

Le coût de l’opération

Le coût d'aménagement d'une baignade biologique varie en fonction de la taille et des contraintes liées au site mais on peut évaluer des ratios compris entre 550 et 1 000 € HT/m² pour des zones de baignade supérieures à 1 000 m². Ces estimations intègrent des aménagements périphériques simples (entrée d'eau en bois exotique, espaces verts, plantations, clôture, signalétique, …) ainsi que les études.55

Coût d’opération pour des baignades 100 % biologiques observées56

Mode de gestion Niveau intégrationCoût de

l'opération

Surface de

baignade

Surface de

traitement

Coût par m² de

baignade

Camping de St

Vincent les FortsPrivé Hébergement touristique 200 000 € 230 m² 190 m² 870 €/m²

Hôtel Bellier - La

Chapelle en VercorsPrivé Hébergement touristique 60 000 € 60 m² 50 m² 1000 €/m²

Plan d'eau de

ComblouxRégie directe Pôle de loisirs 1 000 000 € 1500 m² 1500 m² 667 €/m²

Insel Bad - Bad

Abbachpublic Autonome 3 000 000 € 3300 m² 2000 m² 909 €/m²

Camping de

RambouilletPrivé Hébergement touristique 130 000 € 180 m² 60 m² 722 €/m²

Le montant du coût d’opération se décompose de la façon suivante57 :

- 66% pour la réalisation de la piscine

- 20 % pour les aménagements paysagers et installations ludiques

- 14 % pour les frais de chantier et d’études

L’implication dans la démarche Haute-Qualité-Environnementale

La piscine au traitement biologique s’inscrit naturellement dans les fondements d’une démarche H.Q.E. utile, intéressante et qui s’applique communément dans la programmation des équipements aqualudiques.

55 Source Green Concept 56 Source MC CONSEIL 57 Source Bionova

Page 58: Cahier Baignades Aménagées et Piscines Extérieures

58

Mise en adéquation des enjeux et des objectifs d’un équipement aqualudique

dans une approche Haute Qualité Environnementale

La détermination des enjeux et la sélection des cibles en fonction des objectifs attendus tend à démontrer que la baignade biologique apporte des réponses concrètes et acceptables au regard des préoccupations de la démarche H.Q.E.

4.4 La gestion, l’exploitation et l’entretien

L’entretien et la maintenance d’un bassin biologique Les bassins au traitement biologique doivent répondre aux mêmes exigences règlementaires que les piscines publiques et baignades aménagées. Ils doivent garantir une surveillance et une sécurité des baigneurs sans occasionner de risque de contamination. Les points de vigilance et d’observation principaux58 seraient les suivants :

1. Qualité physico-chimique et bactériologique de l’eau 2. Transparence et visibilité 3. Propreté des surfaces, des parois, du fond et des abords 4. Plan d’organisation des secours 5. Mise en place de protocole d’entretien et de suivi 6. Formation et gestion technique des installations 7. Suivi budgétaire et management global 8. Suivi du développement durable et de la qualité 9. …

58 Se rapprocher de sites expérimentaux et des protocoles des piscines

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59

Le coût d’entretien

Même si les exigences d’entretien de l’équipement sont similaires à celles des piscines publiques et des baignades aménagées traditionnelles, le coût reste inférieur pour les baignades au traitement biologique. L’analyse comparative du coût annuel d’entretien de 2 piscines au traitement biologique en Allemagne avec une piscine publique extérieure française59 permet de mettre en évidence l’avantage économique des baignades biologiques.

MARIA EINSIEDEL

(Munich)

INSEL BAD (Bad

Abbach)

Piscine extérieure

publique

301 €327 €

493 €

Coût d'entretien / jour d'ouverture

MARIA

EINSIEDEL (Munich)

INSEL BAD (Bad

Abbach)

Piscine extérieure

publique

17 €/m² 16 €/m²

25 €/m²

Coût d'entretien par m² de bassin de baignade

Le coût d’entretien d’une piscine au traitement biologique permet de réaliser de nombreuses économies. Les dépenses en fluides sont réduites, expliquées par moins de vidanges, moins de consommation électrique (pompes moins nombreuses, chauffage non nécessaire,…).

59 Source MC CONSEIL : Basée sur le montant annuel des dépenses d’entretien Maria Einsiedel (Munich) 45 000 € / an pour 2700 m² de baignade, Insel Bad (Bad Abbach) 59 000 € / an pour 3 600 m² de baignade, Piscine extérieure publique 37 000 €/ an pour seulement 1 500 m² de baignade

Page 60: Cahier Baignades Aménagées et Piscines Extérieures

60

L’hygiène et la sécurité

Après la réalisation de l'ouvrage, il est préférable de procéder annuellement à une déclaration d'ouverture de la baignade telle que prévue par l'article L 1332-1 du Code de la Santé Publique, à la suite de quoi la D.D.A.S.S. pourra procéder à un contrôle de la qualité de l'eau de la baignade60.L’eau de baignade devra répondre aux normes expérimentales ainsi proposées :

Physico-chimiques :

pH 6-9 6-9

Coloration Pas de changement anormal de la couleur

Pas de changement anormal de la couleur

Huiles minérales Pas de film visible à la surface de l’eau et absence d’odeur

Pas de film à la surface et absence d’odeur

Phénols Aucune odeur spécifique Aucune odeur spé.

Transparence en mètre 1 1 m 50

Oxygène dissout Pas de prise en compte (non analysé)

80-130

Substances tensio-actives Résidus goudronneux et matières flottantes

Pas de mousse persistante Pas de mousse pers.

Phytoplanctoniques : Absence Absence

Organisme producteur de

toxine

Pas de prise en compte (non analysé)

Absence

60 Lettre circulaire du 2 juin 2008 : un contrôle bimensuel minimum pour les baignades déclarées

Paramètres Norme fixant les nombres impératifs applicables aux baignades aménagées et

autres baignades

Décret Avril 1981

Norme expérimentale applicable aux plans d’eau de baignade

biologique

Microbiologiques :

Coliformes totaux/100 ml

Coliformes fécaux/100 ml

Streptocoques fécaux/100 ml

Staphylocoques pathogènes/100 ml

Salmonelles/1 l

Entérovirus/10 l

10 000

2 000

-

Pas de prise en compte (non

analysé)

0

0

500

100

50

20

0

Page 61: Cahier Baignades Aménagées et Piscines Extérieures

61

5 MONOGRAPHIES DES BAIGNADES AVEC TRAITEMENT

BIOLOGIQUE OBSERVEES

5.1 Camping du lac de Saint Vincent les Forts

5.1.1 Géolocalisation de l’équipement La commune de Saint Vincent les Forts, située entre le Parc National des Ecrins et le Parc National du Mercantour, au bord du lac de Serre-Ponçon, à 800 mètres d’altitude constitue un cadre favorable au développement des concepts « nature ».

Le camping de 400 emplacements apporte une offre d’hébergements de qualité sur la destination. L’A51 reliant Aix en Provence à Gap (à 40 km de St Vincent les Fort) facilite l’accès au camping.

5.1.2 Déroulement du projet

Motivations et objectifs du Maître d’ouvrage

Le projet a été initié par la société Les Campéoles (SARL), filiale de la SA Compagnie Internationale André Trigano. Les objectifs visent à répondre aux enjeux suivants : réaliser un développement touristique durable sur le site, via le respect de l’environnement d’une part (économies d’eau, non utilisation de produits chimiques, tels que le chlore,…), l’intégration paysagère et d’autre part répondre à la demande de la clientèle étrangère.

Conditions de réalisation

Le projet a été mené à la fois par l’entreprise Bioteich (bureau d’études techniques), l’entreprise Millet Paysage (maîtrise d’ouvrage), l’entreprise Les Campéoles (commanditaire) et grâce au soutien de la Mairie de Saint Vincent les Forts. Le choix d’une baignade naturelle a été décidé grâce à des expériences réussies, en France comme dans de nombreux pays d’Europe du Nord (Allemagne, Autriche…). Les travaux ont été réalisés en 9 semaines durant le printemps et une partie de l’été 2006 pour une ouverture au public le 04 août 2006. Le coût de l’opération a été de 200 000 euros environ autofinancés à 100 % par la société « Les Campéoles ».

Page 62: Cahier Baignades Aménagées et Piscines Extérieures

62

5.1.3 Fiche descriptive de l’installation

- Date de réalisation

août 2006

- Coût de l’opération H.T.

200 000 €

- Coût par m² de surface de plan

d’eau

869 € / m²

- Subventions :

Aucune subvention

- Maître d’ouvrage

Camping Campéole

- Bureau Technique

Bioteich

- Architecte Paysagiste

Bioteich

- Mode de gestion

Privé - DSP

- Gestionnaire

Camping Campéole

ACCESSIBILITE

DESCRIPTION DE L’INSTALLATION, DES EQUIPEMENTS ET DES ACTIVITES

NombreType de bassin Surface Détail

ESPACE BAIGNADE

SERVICES CONNEXES

1Bassin baignade 148 m² Bassin de baignade avec pourtour en

bassin de filtration de 141m² +

régénération 50m²

Concession

Collectivité

PrivéPrivé

Régie

AffermageUrbaine

Rurale

Montagne

Littorale

Intégré

Autonome

Petite Taille

< 500 m²

Moyenne Taille

< 1200 m²

Grande Taille

> 1200 m²

- Taille collectivité

2 100 habitants

- Zone de chalandise :

à 40 km de Gap

- Surface des bassins

230 m² de baignade

+ 141m² filtration

+ 50 m² régénération

- Intégré à un camping 1 *

- Activités nautiques sur le lac, animations sportives et musicales au sein du camping

Piscine Biologique

Volume

266 m3

COORDONNEES

Camping Campeole le lac

Le fein

04340 Saint Vincent les forts

Tél. 04 92 85 51 57

INTEGRATION PAYSAGERE

- Au pied des eaux turquoises du lac de Serre-Ponçon, le camping s’élève en espaliers atteignant

les forêts déjà méridionales du massif de Haute Provence,

- Le bassin a été intégré à la pente naturelle du site avec l’ajout d’une cascade oxygénante,

permettant le retour de l’eau filtrée en amont du terrain.

Camping

Pas de desserte bus

Bassin ludique 1 82 m² 148 m3

N.C

Page 63: Cahier Baignades Aménagées et Piscines Extérieures

63

FONCTIONNEMENT DE L’INSTALLATION

DONNEES ECONOMIQUES

FONCTIONNEMENT ORGANISATIONNEL

- Exploitation

En haute saison, 129 jours par an

- Ressources Humaines

1 personne pour la surveillance

+ personnel en entretien

FONCTIONNEMENT TECHNIQUE

Procédé de traitement biologique des bassins : 2 Bassins + zone de régénération

- Zone de régénération (50m²), autour du bassin de baignade , permet un chauffage de

l’eau grâce à la faible profondeur et le fond sombre.

- La zone de filtration (141m²): l’eau est aspirée par la bonde de fond, puis passe par un

décanteur breveté, avant d’être filtrée par les plantes

Des skimmers en surface viennent aspirer les impuretés flottantes

L’oxygénation est assurée par les plantes et la cascade , en amont du terrain

Circulation de l’eau :

3 pompes permettent à l’eau de circuler

Entretien des bassins :

- L’entretien est assuré par le personnel du camping 1h/jour.

Alimentation en eau :

- Assurée par l’eau du réseau

TARIFS MOYENS

- Non concerné

inclus dans le tarif camping,

emplacement nu sans électricité 13€

SUPPORTS DE

COMMUNICATION

Site Internet…………………...

Brochures………………………..

Flyers……………………………….

Presse Locale…………………..

Radio, Tv Nationale………...

Panneau de publicité….…..

PROFIL CLIENTELE

L’investissement réalisé ne porte pas atteinte à la rentabilité du camping. Le site dégage plus de bénéfices depuis la mise en service de la

piscine en 2006, avec une hausse de la fréquentation estimée à 15% soit l’équivalent de la mise en service d’une piscine classique.

Charges

Produit activateur, 600€ pour 20kg utilisés sur la période d’ouverture

Charges de personnel composées du salaire BNSSA et du personnel employé à la maintenance et au nettoyage du bassin.

Consommations fluides non communiquées car faussées par une fuite et la réparation peu après la mise en eau

A long terme, le coût d’exploitation de la piscine biologique est moins élevé que la piscine chimique : moins de produits, peu d’apport

d’eau, pas de chauffage et donc moins de consommation électrique

2

3

4

112

3

4

Une étude de clientèle de 2008 révèle que 50% du public fréquentant le site est âgé de 36 à 45 ans, 92% de la population vient en

famille.

Page 64: Cahier Baignades Aménagées et Piscines Extérieures

64

5.1.4 Impact sur le camping

L’impact est très positif sur l’image de l’établissement et la clientèle est très curieuse de connaître le fonctionnement de ce bassin. L’aspect novateur attire les médias qui s’intéressent beaucoup à ce type d’équipement écologique (reportage FR3). La clientèle étrangère du camping (Europe du Nord en majorité) déjà habituée à ce type de baignade est ravie de la mise en place d’une telle baignade. L’impact sur la fréquentation est équivalent à la mise en place d’une piscine classique, soit une hausse globale d’environ 15 %.

5.1.5 Entretien de l’équipement

L’entretien est assuré par le personnel saisonnier du camping (BNSSA formé) à raison d’une heure par jour. Les tâches consistent à nettoyer les skimmers, ainsi que les filtres des pompes et positionner le robot nettoyeur dans le bassin. L’entretien des espaces verts autour de la baignade s’effectue en moyenne le temps d’une journée, avec une équipe de deux personnes et environ sept fois par saison. A l’approche de l’hiver, il faut couper les végétaux à hauteur de cinq centimètres au-dessus du niveau de l’eau dans la zone de filtration et dans la zone de régénération (à nouveau une journée de travail pour deux personnes). Campéole a mis en place à l’entrée de la baignade un affichage pédagogique sur le fonctionnement interne du bassin. Campéole a établi avec l’aide de la société Bioteich quelques règles essentielles de conduite à tenir sur le bassin.

- Prendre une douche avant chaque bain.

- Passer aux toilettes avant la baignade.

- Eviter la crème solaire avant la baignade.

- Ne pas sortir des zones délimitées.

- Ne pas pénétrer dans la zone de filtration

- Ne pas pénétrer dans la zone de régénération.

- Ne pas jeter de déchets dans le biotope.

Les résultats des analyses d’eau effectuées toutes les deux semaines, la température de l’air et de l’eau, les horaires d’ouverture ainsi que la profondeur des bassins sont également affichés.

Page 65: Cahier Baignades Aménagées et Piscines Extérieures

65

5.2 Hôtel Bellier à La Chapelle en Vercors

5.2.1 Géolocalisation de l’équipement

L’ « Hôtel Bellier » est situé sur la commune de la Chapelle en Vercors dans le département de la Drôme. A 1 heure de Valence et de Grenoble, dans le Parc Naturel Régional du Vercors, l’ « Hôtel Bellier » se trouve au cœur d’une destination de « nature » attractive.

5.2.2 Déroulement du projet

Motivations et objectifs du Maître d’ouvrage

L’hôtel Bellier était équipé d’une piscine chimique extérieure qui nécessitait d’importants travaux de rénovation. Le propriétaire de l’établissement, par conscience écologique et souhaitant s’inscrire dans une démarche de développement durable, a décidé de s’orienter vers la réalisation d’une piscine biologique.

Conditions de réalisation

Le propriétaire a fait appel à la société Aquatope qui utilise le procédé Bionova pour la conception et la réalisation de la piscine biologique.

Le trou de la piscine était déjà existant. Une première étape consistait à ôter le liner.

Page 66: Cahier Baignades Aménagées et Piscines Extérieures

66

Une fois la forme du bassin définie, les étapes d’étanchéité du bassin ont été réalisées.

La conception paysagère a été confiée à la société Aquatope. La piscine est inaugurée le 22 mai 2007, en présence du président du Conseil Général de la Drôme, Monsieur Didier Guillaume. L’opération a coûté 60 000 € pour 60 m² de baignade (et 50 m² de régénération). L’investissement a été porté exclusivement par le propriétaire de l’Hôtel Bellier.

Page 67: Cahier Baignades Aménagées et Piscines Extérieures

67

5.2.3 Fiche descriptive de l’installation

- Date de réalisation mai 2007

- Coût de l’opération H.T. 60 000 € H.T.

- Coût par m² de surface de baignade

1 000 € / m²

- Subventions :Autofinancement à 100 %

- Maître d’ouvrage Hôtel Bellier

- Bureau Technique Bionova

- Architecte PaysagisteAquatope

- Mode de gestion Privé

- Gestionnaire Hôtel Bellier S.A.R.L. au capital de 7 622 €

ACCESSIBILITE

DESCRIPTION DE L’INSTALLATION, DES EQUIPEMENTS ET DES ACTIVITES

NombreType de bassin Surface Détail

ESPACE BAIGNADE

SERVICES CONNEXES

1Bassin extérieur 60 m²Bassin de baignade avec pourtour en

bassin de filtration de 50m²

Parking privé

Pas de desserte

Pas d’ accès handicap

Concession

Collectivité

PrivéPrivé

Régie

AffermageUrbaine

Rurale

Montagne

Littorale

Intégré

Autonome

Petite Taille

< 500 m²

Moyenne Taille

< 1200 m²

Grande Taille

> 1200 m²

- Taille collectivité628 habitants

- Zone de chalandise : Touristique

- Surface des bassins 60 m² de baignade+ 50 m² régénération

- Intégré à un hôtel 2** de 12 chambres

- Restaurant-Bar

Piscine Biologique

Volume

90 m3

COORDONNEES

26 420 LA CHAPELLE EN VERCORS

Tél. 0475 48 28 03

INTEGRATION PAYSAGERE

- Situé au cœur du Parc Naturel Régional du Vercors, l’Hôtel Bellier présente une architecture traditionnelle de chalet avec vue sur les massifs alpins.

- La piscine biologique a remplacé la piscine chimique. Elle s’intègre parfaitement dans le cadre du jardin. La présence d’une petite chapelle constitue un réel atout esthétique.

Page 68: Cahier Baignades Aménagées et Piscines Extérieures

68

FONCTIONNEMENT DE L’INSTALLATION

DONNEES ECONOMIQUES

FONCTIONNEMENT ORGANISATIONNEL

- ExploitationEn haute saison principalement

- Ressources Humaines1 personne pour la surveillance

FONCTIONNEMENT TECHNIQUE

Procédé de traitement biologique des bassins : Bassin unique- Zone de régénération autour du bassin de baignade Les micro-organismes sont filtrés par des graviers disposés au fond du bassin de régénérationL’épuration et l’oxygénation de l’eau est assurée par les plantes

- Le Filtre finL’eau arrive par gravité dans le filtre se déleste des grosses impuretés (cheveux, feuilles) et part dans le bassin de régénération pour être traitée

Circulation de l’eau :2 pompes réalimentent le bassin de baignade

Entretien des bassins : - L’entretien est assuré par un architecte paysagiste local (Pierre Gasquel)

TARIFS MOYENS

- Non concerné Chambre de 30 à 70 €

SUPPORTS DE COMMUNICATION

Site Internet…………………...

Brochures………………………..

Flyers……………………………….

Presse Locale…………………..

Radio, Tv locale……………...

Panneau de publicité….…..

CHIFFRE D’AFFAIRES H.T. 2007 COUT D’EXPLOITATION H.T. 2007

193 170 € 174 143 €

Résultat Brut19 027 €

Rentabilité commerciale10 %

PROFIL CLIENTELE

Il s’agit uniquement de la clientèle touristique de l’hôtel

Le coût d’exploitation de la piscine biologique est moins élevé que celui de la piscine chimique : moins de produits, peu d’apport d’eau, pas de chauffage et donc moins de consommation électrique

186 398 €

180 859 €

186 031 €

193 170 €

206 666 €

187 250 €

168 302 €

174 143 €

150 000 €

160 000 €

170 000 €

180 000 €

190 000 €

200 000 €

210 000 €

2004 2005 2006 2007

Chiffre d'Affaires Coût d'exploitation

L’investissement réalisé ne porte pas atteinte à la rentabilité de l’établissement. Depuis 2006 l’établissement dégage un bénéfice.

2

3 4

1

12

3

4

Page 69: Cahier Baignades Aménagées et Piscines Extérieures

69

5.2.4 Impact sur l’établissement

La réalisation de la piscine biologique a suscité la curiosité de la population locale. Nombreux sont ceux qui sont venus observer le fonctionnement de l’équipement et se sont déclarés intéressés par la réalisation d’une piscine privée au traitement biologique. L’architecte paysagiste chargé de l’entretien a été sollicité par de nombreux résidents locaux. L’équipement suscite l’enthousiasme de la clientèle de l’hôtel dès son arrivée. « Les clients fond d’abord le tour de la réalisation et mettent 15 minutes avant d’arriver à l’accueil». La création d’une piscine biologique n’impacte pas directement sur la fréquentation de l’hôtel, en revanche elle lui apporte une plus value en termes d’image et de valeur éthique de l’établissement. Il constitue un outil sensibilisateur auprès des clients.

5.2.5 Entretien de l’équipement

Le coût d’exploitation reste inférieur à une piscine classique. Il n’y a plus de consommations de produits chimiques ce qui réduit le coût de traitement de l’eau. D’autre part, l’apport d’eau est moindre et est suppléé par des récupérateurs d’eau de pluie. La chaleur du soleil est emmagasinée par les roches disposées en eau peu profonde et se répand dans le bassin, ne nécessitant ainsi aucune installation de chauffage et donc aucune consommation électrique. L’entretien confié à l’architecte paysagiste local Pierre Gasquel, consiste à la coupe, au maintien de l’équilibre et au renouvellement des plantes. « Il est plus agréable de jardiner que de nettoyer une piscine classique ».

Page 70: Cahier Baignades Aménagées et Piscines Extérieures

70

5.3 Plan d’eau de Combloux

5.3.1 Géolocalisation de l’équipement

Située à 1000 m d’altitude dans le département de la Haute Savoie, la commune de Combloux, baptisée « perle du Mont Blanc » bénéficie d’un cadre paysager de très grande qualité.

Premier plan d'eau écologique publique en France, le site offre un panorama somptueux face au Mont-Blanc. A seulement 4 km de Megève et 30 km de Chamonix, Combloux s’inscrit au cœur d’une destination touristique été comme hiver avec une attractivité forte sur la vallée rhodanienne (Lyon, Valence).

5.3.2 Déroulement du projet

Motivations et objectifs du Maître d’ouvrage

En 1924, la société Paris Lyon Méditerranée construit un golf 6 trous sur le terrain jouxtant le Grand Hôtel Mont-Blanc dont la société est propriétaire. L’ensemble est racheté en 1955 par la société ACCOR. Dans un souci de préservation environnementale et afin d’empêcher tout projet immobilier, la commune de Combloux classe la parcelle en zone NA (non constructible). En 1997, elle rachète le terrain et lance un concours d’architectes et paysagistes pour l’aménagement du site de Plan Perret. Les objectifs étaient de créer au cœur de Combloux un « parc public » unique avec baignade et remise, véritable lieu de convivialité tout en valorisant le paysage existant. Le choix du plan d’eau biotope retient donc immédiatement l’attention des élus qui décident de concrétiser le projet.

Page 71: Cahier Baignades Aménagées et Piscines Extérieures

71

Conditions de réalisation

Après lancement du concours d’architecte en 1997, le projet de l’équipe Green Concept et Atelier Axe est retenu par le Conseil Municipal un an plus tard. Une commission est constituée, réunissant les élus de Combloux, l’équipe de maîtrise d’œuvre et la D.D.A.S.S. de Haute-Savoie, afin d’étudier le procédé et de réaliser un dossier complet et détaillé du projet. Celui-ci est présenté après un an d’études en 1999 au Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France qui signera un protocole d’accord en 2002 entre la D.D.A.S.S. Haute Savoie et la Commune de Combloux pour une période expérimentale de 3 ans durant laquelle des analyses des eaux de baignade sont réalisées. Concernant les travaux, ils ont été réalisés en 2 tranches. Une première comprenant l’aménagement du lac, ses aires de jeux, et ses espaces verts pour un montant d’un million d’euros. La seconde concernant le bar et le centre de remise en forme pour 1,5 millions d’euros. Le Conseil Régional a apporté une aide financière de 275 000 euros. Des améliorations du système hydraulique et de la filtration en 2007 ont conduit à d’importants travaux et à l’ajout de 10 200 plantes aquatiques pour éviter la prolifération d’algues61, le tout pour un montant de 120 000 euros.

61 Plus incommodes sur le plan esthétique que sur celui de la qualité des eaux de baignade

Page 72: Cahier Baignades Aménagées et Piscines Extérieures

72

5.3.3 Fiche descriptive de l’installation

-Date de réalisation

juillet 2002

- Coût de l’opération H.T.

2,5 millions € dont :

-lac, aire de jeux 1 million €

-fitness, bar 1,5 millions €

- Coût par m² de surface de

baignade

- Bassin 666 € /m²

- Projet global 1 666 € /m²

- Subventions :

- S.I.V.O.M.

et Conseil Régional 10 %

- Maître d’ouvrage

Commune de Combloux

- Bureau Technique

Green Concept

- Architecte Paysagiste

Green Concept

- Mode de gestion

Régie directe

- Gestionnaire

Commune de Combloux

ACCESSIBILITE

DESCRIPTION DE L’INSTALLATION, DES EQUIPEMENTS ET DES ACTIVITES

NombreType de bassin Surface Détail

ESPACE BAIGNADE

SERVICES CONNEXES

1Bassin extérieur 1500 m²Bassin de baignade avec pourtour en

bassin de filtration de 1500m²

Parking privé

Pas de desserte

Pas d’ accès handicap

Concession

Collectivité

PrivéPrivé

Régie

AffermageUrbaine

Rurale

Montagne

Littorale

Intégré

Autonome

Petite Taille

< 500 m²

Moyenne Taille

< 1200 m²

Grande Taille

> 1200 m²

- Taille collectivité

1976 habitants

- Zone de chalandise :

Touristique

- Surface des bassins

1 500 m² de baignade

+ 1 500 m² régénération

- Espace Remise en Forme avec 2 saunas, 2 hammams, 1 jacuzzi, 2 salles de détente, soins du

corps, soins beauté

- 1 Bar

Plan d’eau biotope

Volume

1800 m3

COORDONNEES

74 920

COMBLOUX

Tél. 04 50 91 21 62

INTEGRATION PAYSAGERE

- Situé à 1000 mètres d’altitude le plan d’eau de Combloux offre une vue imprenable sur le Mont-

Blanc

- Une coulée verte donne accès au site, où de vastes espaces verts entourent le lac

- Un grand jet d’eau ponctue la préciosité du site

Page 73: Cahier Baignades Aménagées et Piscines Extérieures

73

FONCTIONNEMENT DE L’INSTALLATION

DONNEES ECONOMIQUES

FONCTIONNEMENT ORGANISATIONNEL

- ExploitationDu 13 juin au 6 septembre

- Ressources Humaines Plan d’eau1 responsable / 2 caissières / 3 M.N.S. (2 en permanence sur le site)

- FMI : 500 personnes pendant la phase expérimentale

FONCTIONNEMENT TECHNIQUE

Procédé de traitement biologique des bassins : Bassin unique- Zone de filtration L’eau du bassin de baignade alimente le bassin de filtration par le jeu de vases communicants. Les micro-organismes sont filtrés par des graviers disposés au fond du bassin ainsi que par des plantes et végétaux aquatiques épurateurs.1/3 de l’eau du bassin est pompé et réinjecté dans la zone de régénération par des buses, et 2/3 sont pompés vers la zone d’oxygénation.

- Zone de régénérationEn relation directe avec la zone de baignade et d’une surface de 1 500m², elle se compose de joncs, roseaux, myosotis et nénuphars qui digèrent les matières organiques. Ces plantes ont également une fonction esthétique.

- Zone d’oxygénationUn complément d’oxygénation est fourni à l’aide de 2 compresseurs d’air débitant 300 m3/h d’air dans la zone de régénération. 2 pompes pour un débit de 120 m3/h refoulent l’eau en amont d’une cascade qui réalimente le bassin de baignade.

TARIFS MOYENS

- Adulte 4,40 €

Un bracelet est remis aux usagers-clients leur permettant de sortir et de revenir sur le site dans la même journée.

SUPPORTS DE COMMUNICATION

Site Internet…………………...

Brochures………………………..

Flyers……………………………….

Presse Locale…………………..

Radio, Tv locale……………...

Panneau de publicité….…..

CHIFFRE D’AFFAIRES H.T. 2008100 000 €

COUT D’EXPLOITATION H.T. 2007120 000 €

Résultat - 20 000 €

PROFIL CLIENTELE

- En 2008, 20 000 personnes ont fréquenté le site, contre 15 000 en 2007

- La clientèle se compose à 50 % de touristes et à 50 % de clientèle de Rhône Alpes (Lyon à 2 heures)

- La clientèle familiale avec enfants en bas-âge est très présente

Commentaires : Le bar et l’espace remise en forme ont été confié à des sociétés privés.

64%

36%

Entrée piscine

Location Bar / Espace Remise en Forme

67%

15%

7%3%

8%

Charge personnel Frais de fonctionnement

Consommation eau Consommation électricité

Autres charges

Page 74: Cahier Baignades Aménagées et Piscines Extérieures

74

5.3.4 Impact sur le territoire

La réalisation du plan d’eau était d’abord sujette à des critiques de la population locale : « une marre qui coûte des millions ». Aujourd’hui les habitants sont fiers de leur équipement qui contribue à de nombreuses retombées sur le territoire (un tarif spécial à 2,5 euros a été mis en place pour les locaux à partir de 17h). Le plan d’eau biotope de Combloux a été présenté au travers de reportages sur l’ensemble des chaînes françaises (TF1, France 2, France 3, TV5, Arte, M6,…) et d’interviews radio. De nombreux articles sont parus dans les grands quotidiens nationaux et dans la presse spécialisée. La réalisation d’un équipement aquatique, élément majeur de l’attractivité de Combloux renforce l’activité commerciale de la destination et favorise ainsi l’activité économique (restaurants, hébergeurs, et prestataires divers). Cependant, le plan d’eau ne constitue pas l’élément unique et suffisant de l’attractivité. Une offre d’activités de loisirs est développée autour du site. Des packages sont en cours de réalisation intégrant baignade et sports de nature.

5.3.5 Entretien de l’équipement

L’entretien du bassin apparaît nettement moins coûteux qu’une piscine publique extérieure. Les dépenses en produits chimiques pour le traitement de l’eau sont supprimées, il n’est pas nécessaire de vider le bassin, et les eaux n’ont plus besoin d’être déversées dans les canalisations pour le traitement des eaux usées. Le renouvellement de l’eau du bassin, prélevée sur le réseau public d’eau, s’élève à 50 litres par personne et est effectué chaque jour d’ouverture. L’entretien du plan d’eau est assuré par 2 techniciens du 1er avril au 1er novembre et 3 en juillet-août. Un journal d’exploitation est tenu à jour quotidiennement référençant un ensemble de données et mesures : fréquentation journalière, fréquentation instantanée à 15h, météo, transparence de l’eau, teneur en oxygène, température, PH de l’eau… Chaque jour de 7h à 11h, l’aspirateur est passé, et le liner est brossé pour éviter l’apparition d’algues. Lors des périodes de grande chaleur et de fréquentation importante, il est nécessaire de contrôler la température de l’eau pour éviter toute prolifération bactériologique. L’eau ne doit dépasser les 22°C à 7h, et les 26°C à 15 heures. Pour ce faire, les techniciens anticipent avec un apport d’eau. Cet apport génère un débordement du bassin en surface, là où se trouvent les bactéries (staphylocoques notamment). Le suivi sanitaire, assuré par la D.D.A.S.S.62 de Haute-Savoie, prévoit une analyse classique de type « baignade aménagée » par semaine du 15 juin à fin août, durée traditionnelle d’ouverture. Des analyses complémentaires (phosphore total, azote kjeldahl, phosphate, nitrates, ammonium, cuivre, salmonelles, cyanobactéries, zooplanctons, …) sont réalisées à des fréquences mensuelles (soit 3 fois durant la saison estivale). Chaque année, il est nécessaire de faucarder63 les plantes à la fin de la période de pousse. L’entretien hors-saison du bassin représente un volume horaire de 110 heures environ.

62 Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales 63 Couper les plantes au niveau de l’eau

Page 75: Cahier Baignades Aménagées et Piscines Extérieures

75

5.4 Insel Bad - Bad Abbach

5.4.1 Géolocalisation de l’équipement

La commune de Bad Abbach au cœur de la Bavière dans le sud-est de l’Allemagne se situe sur un territoire rural à 100 km au Nord de Munich, et à 15 km de la ville de Ratisbonne64 qui compte 150 000 habitants environ.

La zone de chalandise s’étend sur l’ensemble du territoire de la communauté rurale Bad Abbach (12 000 habitants) et s’étend vers la ville de Ratisbonne au nord-est, et plus largement dans un rayon de 30 à 35 km.

5.4.2 Déroulement du projet

Motivations et objectifs du Maître d’ouvrage

La communauté rurale (équivalent communauté de communes en France) Bad Abbach composée de 7 villages pour 12 000 habitants a engagé le projet en mai 2000. L’histoire de Bad Abbach est marquée par l’eau thermale. Les Celtes, les Romains, puis au XVIème siècle l’empereur Karl V, utilisaient les sources thermales à des fins médicales. Aujourd’hui la ville possède un centre thermal : « Kaiser Therme 65» et affiche ainsi son identité. La réalisation de la piscine publique au traitement biologique constituait un projet attractif de territoire et de développement de l’offre aquatique à destination des populations locales, des citadins proches et des visiteurs.

64 En allemand : Regensburg 65 Les thermes de l’empereur

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Conditions de réalisation

La conception ainsi que l’aménagement ont été confiés à la société « Bionova » et leur partenaire technique Rainer Grafinger. Les travaux ont débuté en 2006 et le site a été inauguré en mai 2007. 3 millions d’euros ont été nécessaires au total, dont 1 million d’euros pour les surfaces bâties. Les 2 millions d’euros nécessaires à la construction des bassins et aménagements paysagers ont été financés à 50 % par des fonds nationaux et européens notamment dans le cadre du programme Leader+. La population de la communauté rurale a été impliquée dans le déroulement du projet. Celle-ci a été consultée sous forme de jeu avec tirage au sort pour choisir le nom de l’équipement. Insel Bad66 a été retenu par 30 % des personnes sondées.

66 Ile de la baignade

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5.4.3 Description de l’installation

- Date de réalisation

mai 2007

- Coût de l’opération H.T.

- Bâti : 1 millions € H.T.

- Bassins : 2 millions € H.T

- Coût par m² de plan d’eau

909 € / m²

- Subventions :

- Europe (Leader+) 33 %

(50% des Bassins et plages)

- Autofinancement

Communauté Rurale 67 %

- Maître d’ouvrage

Communauté Rurale Markt Bad

Abbach

- Bureau Technique

Rainer Grafinger

Bionova

- Mode de gestion

Communal

- Gestionnaire

Commune de Bad Abbach

ACCESSIBILITE

DESCRIPTION DE L’INSTALLATION, DES EQUIPEMENTS ET DES ACTIVITES

NombreType de bassin Surface Attractions

ESPACE BAIGNADE

SERVICES CONNEXES

1Sportif extérieur 830 m²

1Ludique extérieur 1600 m² Pentagliss, grotte, liane

80 + 1000 places

Pas de desserte

Accès handicap

Concession

Collectivité

PrivéPrivé

Régie

AffermageUrbaine

Rurale

Montagne

Littorale

Intégré

Autonome

Petite Taille

< 500 m²

Moyenne Taille

< 1200 m²

Grande Taille

> 1200 m²

- Taille collectivité

Communauté rurale

12 072 habitants

Zone de chalandise :

Territoire rural et population

urbaine à 15 km

- Surfaces Installations

600 m² bâti

2 500 m² espaces verts

- Surface des bassins

3 330 m²

+ 2 000 m² régénération

- Emprise foncière

27 000 m²

- Snack Bar avec terrasse de 200m² dont la gestion est déleguée

- Cours d’aquagym et de natation à tout âge

- 1 terrain de Beach-Volley, tennis de table

- Projet de séances d’initiation à la plongée en cours

Piscine Sport-Loisirs

Volume

1660 m3

1760 m3

COORDONNEES

Inselbad Bad Abbach

Inselstr. 2 a

93 077 BAD ABBACH (DE)

Tél. +499405940623

1Pateaugeoire 100 m² 75 m3

1Saut / Plongeoir 800 m²Profondeur jusu’à 3,80m, plongeoir

enroché3040 m3

- Le site d’Insel Bad bénéficie d’un cadre naturel privilégié sur une « île » bordée par un méandre du

Danube et son canal.

- De larges espaces verts et des éléments artificiels de type grotte, enrochement, cascade

agrémentent le site

INTEGRATION PAYSAGERE

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FONCTIONNEMENT DE L’INSTALLATION

DONNEES ECONOMIQUES

FONCTIONNEMENT ORGANISATIONNEL

- Exploitation150 jours d’ouverture

- Ressources Humaines3 E.T.P. dont : - 1 employé aux bassins,

- 1 employé en caisse / accueil,- 1 employé polyvalent

FONCTIONNEMENT TECHNIQUE

F.M.I. : 1 440 personnes

Procédé de traitement biologique à 2 bassins : - 1ère filtration : Filtre fin + Système d’oxygénation- 2nde filtration : Zone de régénération apparente composée de 2 Bassins de filtration de - 1000 m² chacun (100 % plantes).

Entretien des bassins : - Nettoyage optimisé par des rigoles de débordement- Analyses d’eau manuelles et régulières + mensuelles par laboratoire et OFSP- Entretien des lignes d’eau assuré par le personnel de surveillance- Fond du bassin nettoyé par un robot.

Circulation de l’eau : 4 pompes situées dans un local technique de 4m²

TARIFS MOYENS

- Tarification à la journée Entrée Adulte 4 €

SUPPORTS DE COMMUNICATION

Site Internet…………………...

Brochures………………………..

Flyers……………………………….

Presse Locale…………………..

Radio, Tv locale……………...

Panneau de publicité….…..

CHIFFRE D’AFFAIRES H.T. 2008 COUT D’EXPLOITATION H.T. 2008

180 000 € 100 000 €

Résultat Brut80 000 €

Recettes moyennes / jour1200 €

Coût unitaire1,66 €

Fréquentation annuelle 200760 000

Recette unitaire3 €

PROFIL CLIENTELE

Insel Bad enregistre 60 000 entrées annuelles environ pour 5 mois d’ouverture,

La fréquentation est essentiellement réalisée du 15 juin au 15 août,

En période de très forte fréquentation le site accueille jusqu’à 4 500 personnes en une journée (moyenne de 2300)

La clientèle provient essentiellement de la communauté rurale, et du pôle urbain de Regensburg situé à 10 km. Avec la popularité grandissante du site, la zone de chalandise s’est étendue dans un rayon de 35km.

INSEL BAD PSL Française

28 € /m²

232 € /m²

Dépenses par m² de plan d'eau

-150 €

-100 €

-50 €

- €

50 €

22 €

-140 €

Résultat Net par m² de plan d'eau

Insel Bad

P.S.L. française

Commentaires : La réglementation de la surveillance en Allemagne permet un coût du personnel moins élevé qu’en France.

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5.4.4 Impact sur le territoire

Au-delà des retombées économiques pour le territoire, Insel Bad constitue un moteur de l’attractivité locale venant agrémenter l’offre aquatique déjà forte avec le centre thermal. Les acteurs institutionnels du tourisme sont des partenaires privilégiés de la promotion d’Insel Bad pendant l’exploitation saisonnière du site, ce dernier bénéficiant d’une très bonne notoriété en Bavière.

5.4.5 Entretien de l’équipement

Les coûts de fonctionnement et d’entretien sont inférieurs pour une baignade au traitement biologique (cf p.20 les coûts d’entretien comparés). L’entretien des lignes de nage est assuré par le personnel de surveillance tandis que le fond du bassin est entretenu par un robot.

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5.5 Synthèse des monographies de baignades avec traitement

biologique

Camping de St

Vincent les Forts

Hôtel Bellier - La

Chapelle en

Vercors

Plan d'eau de

Combloux

Insel Bad - Bad

Abbach

LocalisationAlpes de Haute

ProvenceDrôme Haute-Savoie Allemagne, Bavière

Maître d'ouvrage Privé Privé Public Public

Gestionnaire Privé Privé Public Public

Mode de gestion Privé Privé Régie directe Public

Niveau

d'intégration

Hébergement

touristique Lac

Hébergement

touristique Espace de loisirs Autonome

Equipements et

services connexes

Hébergement

restauration / loisirs

/ animations

Hébergement

restauration

Bar / Espace Remise

en Forme

Snack-bar /aires de

jeux

Surface de

baignade230 m² 60 m² 1500 m² 3300 m²

Surface de

traitement191 m² 50 m² 1500 m² 2000 m²

Coût par m² de

baignade869 € /m² 1000 €/ m² 666 €/m² 909 € /m²

Fréq. jour 100 N.C. 700 4500

Coût d'exploitation N.C. N.C. 120 000 € 100 000 €

Coût de l'opération 200 000 € 60 000 € 1 000 000 € 3 000 000 €

Subventions Aucune Aucune 10% 33%

Etudes préalables oui oui oui oui

Procédé utilisé 1 bassin 1 bassin 2 bassins / 3 zones 2 bassins / 2 zones

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6 Conclusion

Ces travaux ont pour ambition de contribuer à une meilleure compréhension d’un sujet nouveau et complexe, abordé dans le cadre du premier Atelier Rencontre de l’Ingénierie Touristique virtuel organisé par Rhône Alpes Tourisme /MITRA en collaboration avec le Cabinet MC Conseil. L’échange d’expériences et la conjonction de tous les efforts politiques, réglementaires, économiques et technologiques sont nécessaires pour progresser sur la voie de l’innovation et du développement durable. Rappelons le souci affirmé par l’ensemble des acteurs de voir préserver l’eau, notre « or bleu », ressource précieuse qu’il convient de gérer et d’exploiter de manière raisonnée, dans le respect de sa qualité et pour le bien être de ses usagers-clients.

Les maîtres d’ouvrage sont invités à aborder leurs projets avec réflexion et méthode, et à ne pas brûler de précieuses étapes d’analyses et d’études préalables à tout investissement en la matière. La Mission d’Ingénierie Touristique se tient à leur disposition en matière d’appui stratégique et méthodologique dans la conduite de leurs projets.

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RHONE ALPES TOURISME MITRA – Mission d’Ingénierie Touristique en Rhône-Alpes 104 route de Paris - 69260 CHARBONNIERES LES BAINS Tél : 04.72.59.21.59 - Fax : 04.72.59.21.91 site internet : http://pro.rhonealpes-tourisme.com Directeurs de publication : Hugues BEESAU (Directeur de la MITRA) Elaboration et Rédaction : Danielle Romagnoli et Michel Cherarak /MC Conseil