CAHIER 46 – L’Illusion de La Connaissance

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Jacques Henri PREVOST Petit Manuel d’Humanité CAHIER 46 – L’illusion de la connaissance. MANUSCRIT ORIGINAL Tous droits réservés N° 00035434

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  • Jacques Henri PREVOST

    Petit Manuel dHumanit

    CAHIER 46 Lillusion de la connaissance.

    MANUSCRIT ORIGINALTous droits rservs

    N 00035434

  • Introduction

  • Un jour ou lautre, la finalit de lexistence humaine apparat comme le seulproblme rellement essentiel pos la curiosit de l'esprit. Les mmes questionsfondamentales se posent aux chercheurs de tous les temps, suscitant les mmesincertitudes. Que suis-je ? Do suis-je ? O suis-je ? O vais-je ? Ces questionsexistentielles concernent finalement la vie et la mort, ou lorigine de ltre et sondestin. S'y ajoutent les problmes thiques et moraux de la cause et de la nature dumal. L'Homme est dot dun puissant instinct dexploration qui le pousseinlassablement transformer linconnu en connu. Devant le mystre de ltre et delorigine, travers les mystres de la vie et du destin, il va vers les autres mystresde la mort et de la fin des temps, cherchant toujours dsesprment un peu plus deconnaissance et de comprhension. La science, la religion, laphilosophie fournissent des rponses qui restent dcevantes. Le cur, la raison, etlintelligence ny trouvent pas leur compte. Il ny a pas de vrits absolues, maisseulement des assemblages diversifis de comprhensions fragmentaires etbeaucoup de questions sans rponses. Tous les cheminements restent individuels,incertains et pnibles. Mille voies, dit-on, mnent au Bouddha. Cent mille tournenten rond et ne mnent nulle part, car il n'est pas de vrit absolue. Il n'y a que desvrits multiples, relatives et partielles. Chacun a donc sa propre vrit qui ne vautque pour lui et ne peut tre impose autrui. Ma propre recherche n'a pas de valeurgnrale et ne sera probablement pas partageable. Elle est simplement lexpressiondifficile dun effort personnel de cheminement vers un peu de clairvoyance. Il sagitde la recherche de ma propre raison dtre, et n'est qu'un tmoignage. Si les mmesinquitantes questions vous assaillent, vous pouvez choisir de vous tourdir et deles viter. Sachez que cet vitement sera inutile. Lorsque ce chemin a t pris, lecavalier mental vous mnera inlassablement vers son but, votre vie durant. Un jour,pour vous aussi, il faudra faire face et engager, pour votre propre compte, la qutede votre propre Graal. Vous userez de divers moyens, de la mtaphysique, de lsotrisme, de lintuition, du mysticisme, ou de la pense scientifique. Vousmnerez vos rflexions sur lmergence spontane de lintelligence partir de laseule matire ou vous prfrerez croire laction dune puissance extrieureintervenant lorigine. Vous penserez peut tre quun tre originel sest manifestdans le Monde, puis dans la vie et dans lHomme, afin dy raliser unaccomplissement et une lvation pour lesquels la Terre et lunivers sont desmoyens utiles. Ou bien, vous penserez que lHomme a t plac dans ce mmeMonde, afin dy jouer un rle prdtermin. Vous pourrez aussi imaginer quelunivers est n dun accident du vide, et quil volue inexorablement vers sonextinction et sa fin. Quoique vous engagiez, vous rencontrerez toujours lesdogmatismes implacables des multiples intgrismes et vous vous heurterez auxacharns dfenseurs des thories acceptes. Toutes les approches doctrinairesdemeureront irrductibles en dpit de votre prise de conscience de la naturefragmentaire de la connaissance, de la valeur relative des arguments prsents etdes rels efforts de rapprochement des tenants respectifs. Il vous faudra aussirester distance d'engagements trop entiers vers les hypothses tentatrices quevous rencontrerez invitablement. Dans le chemin de votre dveloppementpersonnel, vous serez seul et vous navancerez que si vous prservez votre absoluelibert de pense.

    La qute de vrit passe ncessairement par la pense libre.

  • Percevoir le Monde

    Notre qute de vrit est toujours exerce par notre intelligence et notre raison, partir des denos sens. Il convient donc de commencer par examiner la qualit de ces fonctions, sidterminantes dans la russite de son objet. La rflexion sur la nature du monde, s'tablitd'abord partir des perceptions et du tmoignage de nos sens. Cette mise en uvre desinstruments sensoriels n'est pas particulire aux tres dous de raison. Chaque vivantl'effectue parce qu'elle est essentielle sa vie. Comprenons que ces outils ne sont pasessentiellement des instruments de connaissance, mais des quipements de survie. Ils ne sontpas braqus vers des objets connatre, ni spcifiquement adapts leur dcouverte ou ladtermination de leurs caractristiques. Ils sont, tout au contraire, conforms par lesparticularits physiologiques des sujets protger, difis partir de leurs modes de vie ou deleurs besoins, et adapts leurs facults. Les informations transmises par nos sens sont doncmal adapts notre recherche. Lorsqu'ils dtectent des stimuli correspondant leur rleparticulier, les organes mettent des signaux destination du centre nerveux central. Cessignaux sont seulement des signaux. Ils ne sont pas une reprsentation fidle du rel car lesorganes n'utilisent qu'une trs petite partie des indices disponibles. De plus, les sensfonctionnent gnralement en coopration et non pas isolment. Ils prsentent au cerveau dessynthses collectives, labores en termes d'utilit vitale, et non pas une abondance chaotiqued'informations brutes, difficilement exploitable dans l'instant. Des reflets internes sophistiqussont construits par notre cerveau sur la base des donnes provenant la fois de notre mmoireet de nos divers sens (limits). Ce sont des objets complexes, purement mentaux, non pas desreprsentations exactes de la ralit. Cela reste vrai quelles que soient les techniques et lesinstruments utiliss pour augmenter la prcision de l'examen, qui ne constituent, en fait, quedes prolongement ou des complments des organes sensoriels initiaux.

    La reprsentation du rel est une synthse artificielle purement mentale.

  • Nos organes des sens sont essentiellement des appareils physiologiques spcialiss construitspour dtecter la prsence d'objets conditionnant notre survie dans le monde extrieur. Ilsmettent des signaux pour en informer le entre nerveux central. D'autres tres vivant utilisentdes sens diffrents, avec des organes parfois trs loigns des ntres, mettant des signaux dontnous ignorons parfois la nature. Avec des images de la ralit bien diffrentes de la perceptionhumaine, ils rpondent tout aussi bien leur objectif essentiel, savoir la survie des individuset des espces. l'vidence, nos sens nous donnent une image assez infidle de la ralit. ChezlHomme, le centre nerveux central est localis dans le cerveau. Il a acquis un dveloppementparticulier qui permet un examen conscient de limage synthtique construite par le mentalpour reprsenter lenvironnement du sujet. Par ailleurs, le mental humain est galementcapable de construire dautres structures synthtiques images dont le rle est de reprsenterdes objets immatriels ou abstraits. J'ai tent de montrer combien ces images rflchies duMonde sont parfois incompltes, souvent illusoires et, par nature, toujours mcaniques etartificielles. Elles sont accessibles au conscient mais elles sont fabriques par le mental partirdes signaux transmis par les organes des sens ou par des donnes extraites des banquesmmorielles, ou par une combinaison des sources. D'une certaine faon, elles nous sont livrespar l'artisan mental, un double intrieur, (serviteur et parfois matre redoutablementtrompeur). C'est cet auxiliaire qui prsente notre conscient la reprsentation du rel. Nousvoyons trs videmment qu'il s'agit l d'une imagerie systmatique et organise. Lareprsentation du rel est purement mentale. Il s'agit toujours d'un objet reprsentatifconstruit de faon synthtique, partir des signes abstraits, mis dans l'instant par lesdiffrents organes sensoriels, externes et internes, combins dans le mme temps avec d'autressignes abstraits puiss dans la mmoire.

    Les organes sensoriels sont des outils de survie, non de connaissance

  • Cette combinaison est gnralement inconsciente et automatique. Elle peut se produirependant le sommeil, et aboutir cette imagerie largement artificielle qui est le rve. On saitcombien ses fantasmes peuvent tre prcis, dtaills, enchanteurs ou parfois effrayants. Dansl'tat de veille, nous donnons au produit de cette laboration complexe la valeur d'unereprsentation crdible de la ralit. Nous tenons cette position tant que les stimuli extrieursrestent en dessous des seuils avertissant d'un risque de danger physiologique. Mais l'intensitdevenant excessive d'un stimulus provoque l'mission soudaine d'un nouveau signal, celui de ladouleur. A cet instant prcis, la reprsentation du monde extrieur fait soudain place celle dela souffrance organique intrieure. Objectivement, l'objet rel extrieur n'a pas chang, maissa perception est brusquement modifie. Par consquent, il faut bien admettre qu'elle n'taitqu'une cration du mental. Dune faon naturelle, nous trouvons nos sens tout fait efficaceset satisfaisants. La nature fait ce qu'elle peut avec ce qu'elle a. En l'occurrence humaine, etpour exemple, elle fait fonctionner nos nerfs, nos sens, et nos muscles avec des moyenslectrochimiques, qui sont trs lents, compars la vitesse de propagation de l'lectricit ou dela lumire. Conscients de ces insuffisances, nous inventons des mcanismes complmentaires etdes ordinateurs qui relaient notre lenteur lorsque nous avons besoin de rapidit. Pourtant nousne percevons gnralement pas ces limitations et ces imperfections, et nous jaugeons le mondeavec nos propres instruments. Notre valuation est la mesure de notre propre nature. Nousdonnons la couleur humaine ce que nous percevons du monde matriel. Il en est de mme surle plan intellectuel et moral. Nous crons des modles culturels, mathmatiques ou conceptuelspour essayer d'approcher la figuration du Grand Tout. Ces travaux et ces concepts abstraitssont aussi des objets purement mentaux. Ce sont des assemblages de signaux lectrochimiquescrbraux destins expliquer et interconnecter logiquement ces autres signeslectrochimiques artificiels que sont les perceptions images du monde extrieur.

    Les diploblastiques sont acphales et privs de cerveau. Cependant, ils fonctionnent et prosprent merveille.

    Anmone de mer Mduse

    Les vgtaux n'ont pas de cerveau ni d'organes comparables aux ntres.

  • Les fleurs savent utiliser les insectes pour disperser leurs graines.

    Actuellement, la vie sur Terre occupe trois empires distincts. Le premier et le second sontproches de nous dans lespace et loigns dans les principes. Les tres vivants qui les habitentsont des procaryotes. Ils ont une forme corporelle lmentaire et une structure assez simple, cequi ne veut pas dire que leur fonctionnement ne soit pas complexe. Les fonctions de la vie sonttoujours compliques. Les nombreux habitants du premier empire sont les bactries, connuespour leur comportement gnant. (Les virus sont probablement des bactries affectes d'unevolution rgressive). Ceux du second empire sont les arches. Trs rpandues, elles peuplent leslieux les plus inhospitaliers du monde, tels les sources brlantes, les acides, les salines, les eauxglaces, les liquides organiques. Les arches sont probablement plus anciennes que les bactries,mais quelques chercheurs pensent quelles proviennent de lvolution de celles-ci. Lacaractristique principale de ces deux populations primitives est dutiliser des vhicules corporelsforms dune seule cellule sans noyau. On les appelle procaryotes. Elles ont la facult de sereproduire grande vitesse par simple division clone, en formant deux cellules identiques loriginelle. En principe, les procaryotes ne meurent que par accident. Ils sont potentiellementimmortels. Si les procaryotes disposaient de nourriture en quantit suffisante comme dans lepass, le monde entier serait envahi en quelques jours. Les premiers organismes multicellulairesressemblaient de simples sacs munis dune ouverture banale servant la fois aux fonctions denutrition et dlimination. Quelques embranchements animaux suivent encore ce schmaprimitif. Ce sont les diploblastiques. Ils sont construits en utilisant seulement deux feuilletsgnrateurs dorganes, lun intrieur, lautre extrieur. Tous les diploblastiques sont acphales etprivs de cerveau. Et cependant, ils fonctionnent et prosprent merveille. On imaginedifficilement comment ils se reprsentent le monde et en mmorisent les aspects.

  • Cette illusion d'optique trompe le cerveau de l'observateurIl n'y a que quatre cercles concentriques parfaits

  • Le cerveau, objet complexe

    Le troisime empire des vivants est celui des eucaryotes, dont nous faisons partie. Les cellulesde leurs corps comportent un noyau contenant des chromosomes. Lempire des eucaryotescompte quelques principauts et trois grands royaumes trs diffrents, celui des vgtaux, celuides champignons, et celui des animaux qui est aussi celui des hommes. Les eucaryotes sereproduisent lentement en utilisant des mcanismes compliqus. Ils construisent gnralementdes vhicules corporels complexes. Ces organismes sont forms par lassociation denombreuses cellules spcialises. Les eucaryotes se nourrissent souvent aux dpens dautrestres vivants. Ils ont fait une dcouverte fort importante. Ils ont appris programmer leurpropre mort pour en faire un facteur acclrateur de lvolution. Au cours des ges, cettevolution a conduit lapparition dune trs grande varit de formes et despces, que nousobservons encore aujourdhui. Les eucaryotes utilisent plus dinformation que lesprocaryotes, mais n'utilisent pas leurs sens pour cela. Ils ont mis au point des mcanismes trslabors pour le stockage et le transfert de cette information. Ils ont galement invent desmoyens extrmement nombreux et complexes pour se reproduire, pour conduire leur volution travers les ges, et pour assurer leur adaptation aux transformations subies par leur milieude vie. Ces inventions ncessaires nous apparaissent surprenantes, voire terrifiantes. Entreautres choses, ce sont les os, le bois, le sang, la sve, la peau, les feuilles, les yeux, les dents, lesfleurs, les griffes, le sexe, le plaisir et la souffrance, la conscience et lamour, la vieillesse et lamort. Tous ces moyens daction sont inscrits dans les programmes qui font fonctionner lescorps des eucaryotes depuis leur origine lorsquils ont pris le long chemin qui mne ce jour. Lexistence des eucaryotes associe toujours la vie et la mort. La mort programme est uneinvention de la vie.

    La mort programme est une invention de la vie.

    A l'origine les premiers vivants ne mouraient que par accident.

  • Cest lacquisition dun troisime feuillet intermdiaire dans la cellule embryonnaire, lemsoderme, qui a permis lapparition chez les mtazoaires triploblastiques de potentialitsnouvelles, aboutissant la formation dorganes individualiss assumant une fonction prcise.La "cphalisation", la constitution d'une tte contenant le systme nerveux central, napparatque chez les triploblastiques. Elle dbouche sur plusieurs types dorganisation. Chez lesarthropodes, le cerveau est fait de parties distinctes, anatomiquement spares, trsspcialises, aboutissant un comportement automatique trs mcanique. Ladaptation auxcontraintes de lenvironnement se fait par le jeu des mutations et de la slection naturelle.Chez les vertbrs, le cerveau comprend aussi des centres multiples, mais ils sont beaucoupplus intgrs. Certains comportements demeurent automatiques et inns, mais lecomportement gnral est beaucoup plus plastique. Il autorise des apprentissages dadaptationindividuelle qui rduisent le poids des mutations slectives. Chez lhomme lintgration pluscomplte permet des oprations mentales trs complexes. Les facults individuellesdadaptation sont encore plus larges et sappuient sur des artifices mcaniques ou intellectuels.Sur la base dobservations attentives, nous pouvons donc raisonnablement croire que nouspartageons avec beaucoup despces animales la facult de reprsenter mentalement la naturedes lments reprs dans le rel extrieur, leur interaction avec lobservateur, et lesconsquences prvisibles de cette interaction, tout au moins en matire de survie. Cette facultest organise dans un systme permettant de combiner entre eux les signaux de diverses sortesreprsentant ces diffrents lments. Bien videmment lefficacit globale du systme dpendtroitement de la capacit de mmorisation disponible.

    L'Homme a invent le Temps et l'a fait entrer dans le Monde.

    Calendrier Maya Prophtie Maya

  • Le rapport entre le volume du cerveau et le reste du corps est beaucoup plus lev chezl'homme que chez les animaux les plus proches, et la complexit de son organisation est bienplus grande. Lanalyse combinatoire nous dmontre que le nombre de combinaisons possiblescroit normment quand s'accrot que le nombre des lments mis en uvre. On dmontre quecette efficacit est lie la fois au nombre de cellules nerveuses spcialises prsentes dans lamatire crbrale et au nombre de connections neuroniques tablies simultanment entre cescellules. Par rapport aux animaux, ces deux nombres sont trs significativement plus levschez lhomme, ce qui lui donne une capacit oprationnelle considrablement plus importante.On estime quun cerveau humain dispose d'environ cent milliards de neurones. Cest unchiffre tellement norme que sa signification relle nous chappe compltement. Sachantsimplement que cent mille neurones meurent chaque jour partir de l'enfance, et qu'il nous enreste encore plus de quatre-vingt-dix milliards la fin de notre vie. Toutes ces cellules sontrelies entre elles par des milliers, voire des dizaines de milliers dinterconnexions. La vie adonc labor des moyens rellement extrmement sophistiqus pour que le cerveau puisseexploiter une telle quantit fantastique dinformations. Le cerveau humain semble tre l'objetle plus complexe que l'on puisse trouver sur la Terre. Il est devenu capable d'activervolontairement les contenus de la mmoire du pass, probablement inconsciente chez lesanimaux, et de les combiner pour imaginer l'avenir. Se posant par la conscience dans l'ternelinstant prsent, entre le pass jamais disparu et l'avenir qui n'est pas encore, l'Homme ainvent le temps et l'a fait entrer dans le Monde.

    Le cerveau humain semble tre l'objet le plus complexe que l'on puisse trouver sur la Terre.

  • Si on prend en compte les milliards d'hommes dous de ces merveilleux cerveaux qui peuplentla plante, concevons que l'humanit dans son ensemble constitue une entit remarquable et tout fait exceptionnelle. Si elle arrive un jour raliser son unit, la richesse des possibilitsoffertes aux aux hommes sera incommensurable, mais il s'agira toujours, cependant, demoyens de survie dtourns en outils de connaissance J'ai abondamment dvelopp cesquestions dans d'autres tudes auxquelles on pourra se reporter. Je reviendrai nanmoins dansle prochain chapitre sur les limites, voire les insuffisances, des moyens qu'utilisent les organespour informer le mental de la situation environnante. Je me bornerai quelques exemplespour ne pas trop encombrer l'expos, et je commencerai ce rappel par l'organe de la vision. Ilnest pas actuellement tabli que l'il nait pu apparatre quau stade complet defficacit. Cegenre de raisonnement conduirait au rejet de la thorie de lvolution et de l'ide dematuration progressives des organes des sens, ainsi qu' ladoption du principe dunemutation subite. Il faudrait qu'ait t ainsi mis en place un instrument immdiatementutilisable parce que parfaitement achev. Cette opration miraculeuse nest pas trs plausible.La difficult de raisonnement reste relle, jusqu ce que lon comprenne quelle rsideseulement dans un prjug. Celui-ci consiste considrer lorgane comme un appareil destin donner une image fidle du monde extrieur, comme le fait une chambre noire de photo. Ilest alors dfini comme un moyen dexploration et de connaissance des objets voisins. Cela nestpas du tout la fonction primordiale dun organe sensoriel en gnral, ni de lil en particulier.Comme tous les organes sensoriels lil originel ntait absolument pas un outil dexplorationdu rel. Il tait destin percevoir et transmettre des indices permettant aux tres vivantsdadapter leur comportement de survie immdiat en utilisant des stimuli fournis par desvnements extrieurs. En loccurrence lil doit spcifiquement dtecter des indiceslumineux, des flux de photons. Avec d'autres particules la vision aurait t trs diffrente.

    Il y a les yeux du corps et ceux de la conscience

    L'il physiologique doit dtecter des flux lumineux

  • Tous ces yeux si diffrents

    Ds lors que l'il remplit le rle de dtecteur d'indices lumineux vitaux, il na pas besoin dtreun appareil optique parfait. Beaucoup d'tres vivants utilisent des yeux fort rudimentaires.Les araignes ont plusieurs paires d'yeux de focales diffrentes et les insectes des yeux facettes. Les coquillages usent de multiples ocelles minuscules au bord de leur coquille. Sousquelle forme ces tres peroivent-ils le Monde ? Ds que l'organe apporte une capacitcomplmentaire, il augmente les chances de survie de son porteur, et il est statistiquementslectionn. A lorigine de la formation d'un organe simplement dtecteur, une seule cellule unpeu photosensible a pu ajouter aux signes provenant de la coopration des autres sens actifs,un indice nouveau, faible peut-tre, mais suffisant pour augmenter significativementladquation du comportement du bnficiaire aux conditions extrieures. Ultrieurement, si lebnfice dadquation en tait suffisant, le perfectionnement a suivi en utilisant le mmeprocessus slectif dvolution progressive. Il fallait cependant que cette premire cellulesensible apparaisse avec une frquence et une constance suffisante pour apporter les basesdune slection statistique, et que les messages gntiques ncessaires sa reproduction lidentique, soient reconnus et utilisables. Au fil du temps, cette transformation ne peut se faireque dans le cadre de la coopration des organes dj actifs, et seulement lorsque lapport trsmineur dun dtecteur nouveau encore imparfait peut prsenter un intrt supplmentairequelconque en raison des circonstances du moment. Pour de nombreux tres vivants, en raisonde conditions initiales actuelles, cet intrt est trop faible pour entraner une transformationimportante. Les choses restent alors en ltat, et lorgane reste au niveau minimal desperformances utiles la survie de lespce en cause.

    Les insectes ont des yeux facettes Les coquillages ont des ocelles multiples

    La vision des primates est trichromatique La vision des pigeons est pentachromatique

  • Ltude de quelques fonctions de lil montre les limites lapproche du rel, mme lorsque quel'on use d'instruments dans une dmarche (dtourne) dexploration. Lil diffrencie desindices dans l'environnement en examinant divers facteurs, luminosit, couleur, forme, relief,orientation spatiale, mouvement, grandeur, conformit un modle, etc.. L'action est relie lactivit synchrone dautres sens associs qui apportent des informations complmentaires. Lacoopration diffre selon la fonction et lutilit. En fait, les sensations sont d'abord desphnomnes psychophysiologiques engendrs par lexcitation conjointe de lorgane considret des complments. Le percept correspondant est un objet purement mental sans vritablerfrence la chose relle dont il signale simplement la prsence. La notion purement mentaledu percept nest pas facile saisir. Prenons par exemple la couleur des objets. Lil concentreoptiquement le flux de photons incidents sur des photorcepteurs disposs sur la rtine. Chezlhomme, les photorcepteurs sont de deux types, les btonnets sensibles aux faibles flux, et lescnes, moins nombreux, utiliss pour la vision diurne des dtails et de la couleur. Lesphotorcepteurs rpondent par une activit lectrochimique amplificatrice extrmementrapide. Les cnes ragissent au choc des photons, lorsque ceux-ci soient absorbs par lespigments qui les garnissent. Selon les caractristiques de ces pigments, une toute petite fentreest ouverte dans le trs large spectre lectromagntique solaire. Ce qui passe est appel lumirevisible. La fentre est variable selon les espces animales, modifiant videmment la perceptionde laspect des objets. Chez l'homme, elle associe trois pigments rpartis dans trois groupesde cnes sensibles au bleu, au vert, et au rouge, entre 400 nm (ultraviolet proche), et 750 nm(infrarouge proche). Les combinaisons des ractions des trois types de cnes au flux de photonsdclenchent la perception des couleurs. Les daltoniens n'ont que deux types de cnes, lespigeons et les perruches en ont cinq. Beaucoup d'animaux ne voient pas les couleurs, mais lesserpents voient l'infrarouge, et les abeilles l'ultraviolet plus la polarisation de la lumire.

    Les Araignes ont plusieurs paires d'yeux de focales diffrentes

  • La vision des couleurs est fort diversifie. Les mles des singes cureuils dAmrique sontdichromates et des femelles tri chromates ou ttra chromates comme quelques femmeshumaines. Malgr ces proches particularits fminines, il nous est impossible dimaginer lescouleurs inconnues qu'implique la sparation de frquences. Elle induit discriminationscomparables celles du vert, du rouge, et du bleu. Ce sont d'autres couleurs, pour nousinconnaissables, non exprimentables, donc inimaginables. La couleur ne traduit pas uneproprit propre aux objets, elle est une facult propre l'examinateur. Les mondes colorsdiffrent selon les espces et selon les gens, en relation avec la varit de leurs cnes rtiniens.Peut-on mme penser que tel rouge, vert, ou bleu, demeure le mme rouge, vert, ou bleu, pourchacun ? L'intervention de lil sur la couleur des choses va plus loin. Un papier reste blanc,une feuille reste verte, quand le ciel est bleu midi ou rouge le soir, quand change le fluxlumineux objectif. La vision corrige la perception isole en fonction de la couleur des fluxincidents globaux. Il y a un blanc du midi et un blanc du soir. Les mmes correctionss'appliquent aux couleurs rflchies par les objets voisins. De mme, la ligne de contourn'existe pas. Une fonction particulire de l'il la fait apparatre, si bien que l'on dessine d'unsimple trait le contour inexistant des objets reprsents. Le renforcement des contrastes auvoisinage de leur limite, aide cette gnration. Le systme visuel retraite aussi lesinformations relatives la situation verticale du sujet observ. Il en modifie les dimensionsapparentes selon l'angle d'lvation sur l'horizon. Le soleil ou la lune paraissent plus gros l'horizon qu'au znith. Il est vident que l'loignement des astres reste fixe. L'effet d'lvations'applique quelle que soit la distance. Un objet situ cinq mtres parat trs prs, quelquespas. trois mtres, en hauteur ou en profondeur, il semble dj dangereusement loign. l'horizontale, les choses gardent leur vraie taille et leur proximit. Vues du haut d'unimmeuble de trente mtres, elles sont miniaturises.

    Associ aux zones spcialises du cerveau, l'il modifie certains stimuli. Il efface, par exemple,l'existence des taches aveugles, ces zones de pntration des nerfs optiques dans la rtine, quisont dpourvues de photorcepteurs. Cet aveuglement assez important gnre pourtant unmanque dans le champ visuel, mais il n'est pas prsent pas au conscient. Le trou d auxtaches aveugles n'est pas peru du tout. Une opration corrective inconsciente continue,extrmement complexe, est opre pour remplir ce vide et pour raccorder sans faille cetartifice au reste de limage. Cette opration globale est une interpolation de surface. De faonanalogue, les images fournies par chaque il prsentent de faibles diffrences de perspectiveou de largeur de champ. Le systme visuel les utilise pour dcrire le relief. Une seule image estperue avec une profondeur. Si les deux images prsentent des diffrences plus marques,(position particulire, sujet en mouvement ou obstacle masquant), le systme visuel lesfusionne en assemblant les deux morceaux. Les zones floues ou incompltes sont ignores etl'image composite est automatiquement reconstruite en gommant la partie douteuse. Si l'onconsidre l'il comme un simple appareil optique, une question se pose. Pourquoi et commentl'image que nous percevons reste-t-elle stable lors des mouvements exploratoires de la tte etdes yeux ? L'image donne par un appareil optique bouge lorsque l'objectif changed'orientation. Celle qui est perue par l'il reste fixe. Cela montre bien que l'image perue estun objet purement mental lequel est stable en soi. Il intgre des signes qui lui parviennent desdivers organes sensitifs et des banques de mmoire. Dans les diverses zones de l'image, enparticulier la priphrie, il y a un change constant entre des signaux de l'il et ceux de lammoire sensorielle immdiate. Quand un objet change de place ou quitte un instant le champvisuel, il n'est pas gomm de l'objet mental global. Il y conserve ses proprits, sa forme et salocalisation spatiale, mme hors du champ visuel et derrire la tte. Il reste mentalementcaractris et positionn. Les signaux transmis sont alors entirement mmoriels. On voit bienle travail de transformation effectu par le systme visuel qui applique sa mthodeinconsciemment et systmatiquement, y compris aux astres du ciel.

  • I

    La lumire visible est une toute petite fentre dans les ondes lectromagntiques

    Sensibilit des trois types de cnes La perception des couleurs diffre selonles espces

    I

    Les mles et les femelles des singescureuils

    ne voient pas le mme monde

    L'abeille et le poissonne voient pas les mmes couleurs

  • Les chauves souris et les dauphins utilisent l'cholocation pour dtecter leursproies.

    Ce fonctionnement mcanique de la vision, concerne probablement celui des autres organesdes sens. Pensez la perfection acheve de loreille et de lodorat, ou la sensibilitextraordinaire du toucher. Les organes de la perception des sons mriteraient undveloppement analogue la vision. voquons aussi le systme d'cholocation des chauves-souris qui explorent l'environnement dans l'obscurit, sans tre gnes par la proximit deleurs congnres car chacune utilise sa frquence personnelle d'mission. Les dauphins etd'autres ctacs en font autant en eau profonde. La reprsentation donne par la dtection deschos d'ultrasons n'est pas forcment diffrente de celle qui nous est donne par la dtectiondes flux rflchis de photons. Il me semble tout fait possible que cette reprsentation soniquedes caractristiques gomtriques de l'espace engendre des perceptions mentales analogues celles provoques par nos perceptions visuelles. On pourrait envisager un objet mentald'origine acoustique ressemblant trs fortement l'objet mental d'origine optique. Il pourraitavoir des couleurs, des textures, et des reliefs ultrasonores, dont la perception ne diffrerait enrien de celle des quivalents lumineux. Chaque animal distinguerait alors son propre terrainde chasse color dans sa couleur sonore particulire. Pensons aussi l'lectro sensibilit despoissons torpilles. Il existe un indice d'une telle possibilit de gnralisation de la forme dessignaux transmis. Il est donn par la nature de la perception des informations concernant ladirection de la position d'un objet donn. Le mme type dinformation est mis destinationdu mental par des organes trs diffrents concourant sa dtection. La perception de la

  • direction est la mme quelle que soit lorigine de lanalyse effectue. La source estconstamment localise dans lespace, quel que soit lorgane exploratoire, (vue, toucher, oue,odorat). Lobjet mental global construit intgre une information " position " toujoursidentique qu'on peut qualifier d'essentielle. L'objet mental essentiel ne dpend pas de l'organeutilis. Dans le thtre mental, il tient, au moins optiquement, le rle du rel, mais en est-il unerelle reprsentation ?

  • Penser et Voir

    Lorsque nous utilisons l'un de nos organes sensoriels pour chercher une chose dont nous avonsune image mentale prcise, un objet gar, un visage perdu dans la foule, nous n'examinonspas en dtail tout ce que nous voyons. Nous posons une sorte de filtre sur notre appareildtecteur que nous laissons oprer la recherche, par lui-mme, de faon quasi inconsciente,quel que soit l'organe utilis. Cela nous permet de suivre une conversation dans le brouhaha,de reconnatre une voix dans un groupe, ou un instrument dans l'orchestre, de trouver ttonstel objet dans l'obscurit, etc.. Il nous est donc possible de prslectionner consciemment lesseuls signaux dont nous autorisons la transmission inconsciente au mental. Et si l'imagementale pralable est fausse, nous serons incapables de retrouver l'objet cherch. Nous cronsalors dans le cerveau une association de fantasmes, de symboles. Ils sont relis, d'une part, laralit extrieure par les messages virtuels relayant les signaux sensoriels envoys par le corps.Ils refltent aussi, d'autre part, l'organicit intrieure, chimique et mentale dont manent desmessages mmoriels complmentaires ou supplants. C'est aussi comme cela que fonctionnenotre constante recherche de connaissance. La pense est toujours un assemblage deperceptions actuelles avec la mmoire du pass. Mme lorsque nous observons notre proprecorps, l'observateur que nous sommes se projette d'un certaine faon l'extrieur de l'objet del'examen, ce qui peut ici sembler paradoxal. Le vritable problme dans la dmarche derecherche est pos par ce fonctionnement mcanique de la pense, bien videmment assujettietout la fois aux limitations des organes des sens et aux possibilits de mmorisation desexpriences hrites ou vcues, et donc au pass. Il semble, de ce fait, difficile d'imaginer lavritable ralit prsente des objets essentiellement inaccessibles l'exprience.

    Comprenons que nous n'observons jamais un objet extrieur mais toujours sa reprsentationsymbolique, un objet intrieur purement mental, constitu par un assemblage synthtique designaux sensoriels, culturels et mmoriels. Il est constamment limit au champ de l'expriencesensorielle par les bornes de nos sens, comme il est limit au champ de la connaissanceintellectuelle par les possibilits actuelles de notre cerveau. L'exprience du rel estextrmement limite car, au sein du cosmos immense, nous n'avons accs exprimentalementqu' l'espace intrieur ridiculement rduit de notre propre corps. Nous ne pouvonsconsciemment explorer quune infime fraction de cet infime espace. Tout le champs observableest l'extrieur, et ce que nous en percevons n'est qu'un reflet lger et dform. L'Univers relest l'immense objet global dont nous nous tentons d'approcher la connaissance. Au sein duRel immense et non exprimentable, matriel et immatriel, connu et inconnu, visible etinvisible, nous n'avons accs qu' une insignifiante partie de l'tre total. Nous ne pouvonsexplorer consciemment que ce que nous reprsentons lectriquement dans notre intellect, c'est--dire une minuscule fraction de cet absolu. Tout comme l'aspect purement matriel de ce queque nous appelons "Univers", tous les autres aspects sont l'extrieur, et nous n'en

  • comprenons que des reflets lgers, fragmentaires et dforms. La forme et la nature de cesreflets sont dtermines par les particularits de nos organes sensoriels, (particulirementnotre vue), et les possibilits de combinaisons de nos cerveaux. C'est donc l'Univers total quenous donnons la forme et la couleur humaines. Il est pourtant de notre nature, donc trsnaturel et trs normal, de trouver cette reprsentation artificielle et limite du monde, crdible,performante et satisfaisante.

    L'ADN est la mmoire du pass de l'espce

    Il est difficile, et pourtant fort important, de comprendre intimement (et d'accepter) que lepass est disparu jamais et que l'avenir n'est pas dtermin. Tous les vnements passs onteu lieu dans le prsent d'alors, et l'avenir n'est que la projection d'un possible prsent futur.Dans la ralit vritable, il n'y a toujours que l'immanence du prsent. En fait, le tempsn'existe que dans le mental de l'Homme. C'est une notion intellectuelle qui est lie sa capacitde mmorisation et qui disparat quand se ferment ses yeux. Cela concerne encore plusfortement toutes les blessures et les chagrins vcus dans le pass. Toutes ces mmorisations,vcues ou hrites culturellement ou spcifiquement, constituent ce que l'on peut appeler uncorps de souffrance. Ce contenu mental globalis et partiellement refoul intervientfrquemment dans la dtermination de notre humeur et l'expression de notre personnalit quis'y identifie. Une souffrance actuelle est vcue dans l'instant prsent, c'est donc une ralitphysique ou mentale qui peut aussi se charger de dchirantes frustrations associes. Elle peuttre trs vive et nous marquer fort profondment. c'est ce qui est arriv pour les souffrancespasses qui ne sont plus cependant subies au prsent. Dans la ralit immdiate, elles sontseulement un simple contenu de la mmoire. Leur rappel ractive au prsent la tracemmorielle de blessures vcues dans un pass maintenant disparu, qui ont pu altrer notrepersonnalit jusqu' s'y intgrer profondment. Cette perception dpasse d'un prsent quin'est plus constitue une charge karmique que l'on peut dposer. Quand nous comprenons cela,notre regard sur ces souffrances passes change profondment. Notre vie mme peut en tretransforme.

  • La temprature des parties du corps humain varie selon son humeur

    La pense est un assemblage de perceptions actuelles en relation avec la mmoire deperceptions passes. Nous pouvons contrler la place qu'y occupe chaque partie. Quand nousobservons ou ressentons intensment quelque chose, la mmoire intervient trs peu, le pass seretire. Dans la rflexion, c'est le contraire, le pass prend toute la place et le prsent recule. Lavritable exploration du rel devrait donc exclure le recours la pense (toujours soutenue parla mmoire). L'invention nat dans le prsent, non pas dans le pass. Il faut galement tre trsconscient des consquences des techniques de mditation, tout au moins en tant que moyen deconnaissance. Au sens propre, mditer c'est fixer la pense sur un objet prcis, et donc penserintensment, (en faisant appel la concentration et la mmoire). La mditation (dans cetteacception) me semble assurment pouvoir gner la perception du rel, mais il y a d'autresacceptions du mot. L'observation intense, dit Krisnamurti, et l'attention soutenue peuventseules apporter de la connaissance nouvelle. Le regard que la Science porte sur l'immenseUnivers, sur l'histoire du Monde et celle des hommes, apparat essentiellement fond surl'usage que nous faisons de nos yeux et de notre capacit reprsenter optiquement l'imagedes choses. Qu'en serait-il si nous disposions de sens diffrents comme tous ces poissons dits"lectriques" qui, en milieu obscur, gnrent un champ lectrique afin de dtecter leurs proies,percevoir l'environnement, et communiquer avec leur congnres. Quoique ayant beaucoupchang au fil des sicles, la reprsentation scientifique actuelle du Monde peut satisfairel'intellect et les apptits humains de savoir (qui sont un dsir d'appropriation universelle).Ainsi mle-t-on le temps et l'espace dans une seule image de l'Univers. Cette forme deconnaissance est une illusion. L'image reprsente toujours le pass. l'instant mme de lavision, ce qui est vu n'est dj plus, jamais disparu dans le perptuel renouveau du Monde.

  • Nous explorons l'univers matriel dans un voisinage limit en exploitant ce que nos yeux et noscerveaux nous ont appris. Notre reprsentation de l'univers est essentiellement fonde sur lesens de la vision. Elle est donc partielle, partiale, et assez illusoire et la grandeur mme del'immense univers matriel est incomprhensible. La reprsentation de sa ralit ne signifierien pour la raison humaine ordinaire et les plus grands astrophysiciens avouent que savritable nature et son origine leur chappent compltement. Bien des hypothses scientifiques,mtaphysiques ou religieuses ont t imagines, voquant mme la coexistence de multiplesunivers dans un mme espace, la matire tant essentiellement constitue de vide peupld'infimes parcelles d'nergie condense. D'autres formes (devrais-je dire natures) de mondespeuvent coexister dans cet univers si mal connu. La musique est un exemple d'une portediffrente, ouverte sur un autre monde et sans rapport avec la perception visuelle. L'universdu musicien n'est pas celui du physicien. Construit sur d'autres bases sensorielles, le Mondemusical prsente une autre ralit. Il a ses lois propres, ses modes, ses harmonies et sesdissonances, et des possibilits infinies de dveloppements et de dcouvertes que montrent lestravaux de l'IRCAM, par exemple ou les timbres tonnants des synthtiseurs. Je parle ici de lamusique qui parle l'me, non pas de celle qui secoue les corps (pour laquelle il faudraittrouver un autre mot). Paradoxalement, le vraie musique ressemble au silence ; comme lamditation vritable, elle arrte un temps la pense. La beaut n'est jamais perue que dans lesilence du mental. La posie aussi peut ouvrir soudainement un chemin. L'exaltation artistiquereste cependant conforte par l'ducation culturelle des participants. C'est que, tout en arrireplan, dans les perceptions les plus intenses, une certaine influence mmorise du pass peutencore persister. Les arts ne font qu'entre ouvrir la porte. Gombrich dit que " l'art n'existe pas,il n'y a que des artistes". Ils seraient alors des initiateurs, presque des prtres.

  • L'Univers explor par la science

    Cette image tente de reprsenter l'Univers en mlangeant deux inconnaissables,l'espace incommensurable avec un pass tendu sur 15 milliards d'annes.

  • Une autre vison ?

    Dans les diffrents mondes mentalement crs par les hommes, il faut introduire tous lesinnombrables cosmogonies religieuses ou philosophiques labores dans tous les ges de laTerre et sous tous ses cieux. Pour tous leurs fidles, ces univers mystiques ou rvls sont aussirels que le cosmos spatiotemporel des physiciens, et certains affirment qu'il est possible queleurs croyances et leurs pratiques puissent collectivement donner naissance des entitsextracorporelles dites grgores, des formes penses qui influencent les raisonnements et lescomportements individuels. Ces agrgats vivants d'nergie psychique ont besoin d'tre nourrispour ne pas faiblir et disparatre. Leur puissance dpend de la "masse" psychique mobilisepar leurs nourriciers, (glises, partis politiques, etc..). Pour un penseur comme RichardDawkins, la sphre des socits et des cultures humaines parait tre exploite par ces parasitesd'une nouvelle sorte qu'il appelle des "mmes", les diverses thories ou idologies qui envahissent implacablement la plante et ont dj prouv, hlas, leur terrible capacit denuisance. Dans un ouvrage connu, "Le gne goste", il considre que la biosphre, l'ensembledes organismes vivants, est le moyen d'exploitation mis en oeuvre par les mystrieux microorganismes que sont les gnes intra cellulaires afin de coloniser la matire pour se reproduireet se dvelopper indfiniment. Ils auraient invent tous les mcanismes des vivants, la vieorganique, la dvoration, la reproduction, la slection des plus aptes, la souffrance et la mortprogramme. Les gnes, dit-il, sont totalement insensibles et indiffrents, ils se contententd'exister. Certaines personnes croient aux fantmes, la magie ou aux fes. Dans "Lesenseignements d'un sorcier Yaqui", Carlos Castaneda, un anthropologue amricain, dit avoireu la preuve que dans la foule qu'il ctoyait, se tenaient des tres en forme d'hommes quicependant ne l'taient pas.

  • "Nous imaginons voir ce que nous connaissons", dit Gombrich. Notre perception du Mondedpend de notre vision sensorielle constamment corrige par le regard intrieur relat lammoire de l'exprience passe ( l'influence de la pense). Elle est toujours fausse et il fautprendre conscience de cette entrave lorsque l'on entreprend une recherche quelconque. Lapense fonctionne de manire automatique et lorsque le cerveau s'avre momentanmentlibre, la pense l'oriente immdiatement sur un sujet quelconque puis dans la rservemmorielle et le met au travail avec l'ensemble des donnes disponibles, conscientes ouinconscientes. Le cerveau est donc activ en permanence sans qu'on puisse arrter cefonctionnement automatique et continu, dmarche pourtant indispensable pour accder uneconnaissance nouvelle, quel que soit d'ailleurs le champs de la recherche. Ceux qui ont essaysavent que la difficult est trs grande car l'effort mme de l'indispensable contrle volontaireest une activit de la pense. Cependant, dit Krisnamurti, l'observation intense et l'attentionsoutenue peuvent tre des solutions. C'est la voie qu'il a explor, tout au moins au dbut de sarecherche car, plus tard, avec l'entranement, la liaison se fit plus directe. Quel que soit lemoyen utilis, arrter la pense signifie stopper le fonctionnement automatique, ce mcanismemental qui recycle continuellement les contenus de la mmoire, conscients ou inconscients. Onpeut tenter une opration volontaire visant rejeter les lments qui l'alimentent oul'agressent continuellement, qu'ils aient t vcus dans une ralit existentielle, imprims par lemilieu culturel, ou hrits spcifiquement. Ce rejet des contenus karmiques issus du pass vapriver le mental de ses matriaux habituels et la seule perception qui demeure accessible estalors celle d'un dsert total, (ce qui est bien le rsultat vis) .

    Le cerveau est en activit constante L'ultime perception est celle d'un dsert

    Nous avons consciemment suscit ce dsert en rejetant les contenus issus du pass. Quant ellesurvient, la connaissance dtruit instantanment les certitudes et les illusions du mental mais laconscience d'tre persiste, comme le soleil brille sur les dserts terrestres qui bordent l'ocan.On ne fait pas lever le soleil en attendant l'aube, et les nouveaux contenus ne sont jamaisconquis mais concds, par grce, d'une source inconnue, fortuitement et seulement dansl'me. Plusieurs fois, j'ai pu recevoir ces dons tranges. D'autres chercheurs ont vcu la mmeexprience, chacun de faon diffrente, et j'ai tent vainement d'en parler. Il ne s'agit pasd'une vision exprimable en images mais d'une perception directe. Les mots, construits pour lepartage d'un savoir commun, manquent pour dcrire cet incommunicable. Il est difficile (etpeut tre indcent) d'exposer ouvertement une rvlation intime et personnelle, trs justementparce qu'elle est intime et personnelle. En tmoignage, j'essaierai toutefois d'en dire quelquesmots (peut tre sacrilges). La premire de ces perceptions date de plusieurs annes. Ce futcelle d'un norme et fort dangereux torrent d'nergie qui me traversait irrsistiblement. Jecomprenais que s'opposer c'tait mourir. Cela dura une minute interminable. Bien longtempsplus tard, je fus soudain envelopp d'un flot de douceur indescriptible, de tendresse etd'amour, sentant pourtant qu'y demeurer serait fatal. La troisime perception fut celle d'une

  • libert totale sur tous les plans, tant physiques que karmiques. Pendant des annes j'ai essayde comprendre la signification de ces vcus. l'instant o j'cris, il m'est enfin donn de lesrelier. Je crois que j'y perois le plan de l'Homme. Hors du nant, il est l'origine une bouffede violente nergie devenant source d'amour et de compassion. Le chemin est la libert, etl'volution l'accomplit dans l'immense ocan des possibles en traversant la souffrance et lamort. En ce moment prsent, j'y perois tout la fois l'tre, la Vie, et l'Amour. Et pourtant,devant l'ocan je demeure, et j'attends ce qu'apportera la mare prochaine.

    . Devant l'ocan je demeure et j'attends ce qu'apportera la mare prochaine

    Commentaires.

    Au del de la vie, de la mort, et du Monde,Au del des consciences, au del du destin,

    Et du temps qui s'enfuit,l'tre premier demeure.

    De Lui manent toutes choses,Chacune procdant d'une autre,Chaque vie dans une autre vie,

    Chaque savoir dans un autre savoir,Chaque forme d'tre dans le plus grand tre,

    Chaque simple partie dans la seule Unit,Chaque souffle d'esprit dans le plus grand Esprit,

    Et chaque amour enfin dans l'ternel Amour.

  • tout moment, l'on peut arrter ses penses Et descendre en silence dans son jardin secret.

    Ouvrir les yeux de l'me et, du coeur, les entres Sur ses alles fleuries et ses ombreux bosquets,

    L est un triste lieu hrit du pass. Bti dans la souffrance, il est trs bien cach.

    Il est comme un fortin o l'on se scurise, Qui pourtant nous enferme en sa noire mprise.

    Mais nous en confortons les hauts murs tous les jours, Et nous en relevons, dans le chagrin, les tours.

    Tout prs se tient aussi le marais des dsirs, Des projets, des talents, des amours, des plaisirs,

    L, surtout, le cher corps mortel o l'on habite Dont la chair si fragile sera bientt dtruite.

    En cet instant magique, on peut pourtant choisir D'y demeurer, aveugle et sourd, et d'y mourir , Ou prendre le chemin montant vers la clairire

    De l'ternel prsent de joie et de lumire

  • En vrit, amis, maintenant je vous dis,Je crois, qu'avant que fut le temps, je suis.