Cadre théorique pour l'enseignant : système grammatical

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CADRE THÉORIQUE POUR L’ENSEIGNANT : SYSTÈME GRAMMATICAL DAN VAN RAEMDONCK LIONEL MEINERTZHAGEN

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Ce document, quoique destiné à l’enseignement de la grammaire en contexte scolaire, est adressé aux seuls enseignants, auxquels revient la charge, d’une part, de se construire un système grammatical complet et cohérent, d’autre part, de transposer didactiquement les concepts utiles à la classe. Tout ce qui se trouve décrit ici vise à permettre à l'enseignant de se construire son système grammatical. Tout ne doit donc pas être ni transmis aux ni co-construit avec les élèves en classe. Cela signifie que l'enseignant aura dès lors à choisir de mobiliser en classe tel ou tel concept, tel ou tel terme, en fonction des nécessités de la situation d'enseignement.

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DanVanRaemdonck,LionelMeinertzhagen(UniversitélibredeBruxelles)

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IntroductionOnneparlepaspourneriendire.Onleditbiensouvent.Dèslors,lorsquel’on

parle, lorsque l’on écrit, notre intention est théoriquementde transmettreuneinformation,decommuniqueràautrui(ouàsoi-mêmedans lecasd’un journalintime)unmessagequecelui-ciauraàinterpréter.Cemessageditquelquechosedumondequientoureceluiquiparle,représentecemonde,ouessaied’agirsurlui. Ilrendcompted’unpointdevueposésur lemondeet le traduitenmotsàdesfinstantôtutilitairesdetransmissiondemessageoud’actionsurlemonde,tantôtgratuites,plusesthétiques.

Dans le monde qui nous entoure, nous distinguons des entités, des objets(personnels,animésounon),nous les regardonsen tellemanièrequenous lesmettonsenrelationlesunsaveclesautres.Nousémettonsdesjugementsàleurpropos, les décrivons, les précisons. Nous parlons de situations, de faits, nousdévelopponsdespointsdevueàleurpropos,nousdéfendonscespointsdevue,lesargumentons.Bref,noussommesbavards…

Nousenchainonslesphrases,lesparagraphes,construisonsdestextes,voiredeslivres.

Lagrammaired’une langueessaiede rendre comptedu fonctionnementdecelle-ci, en décrivant notamment les règles qui régissent l’organisation et lacombinaison desmots entre eux. Unmanuel constitue une introduction à unemanièrededirecettegrammaire.Eneffet, lagrammairepourlagrammaireestde peu d’intérêt pour un élève. Les activités d’étiquetage ou de formulationpratiquéessouventpourelles-mêmessontpeuenrichissantesetnepermettentguèred’envisagerlaplus-valued’uneanalysegrammaticaledansl’interprétationd’unmessage.

L’approche proposée ici est une approche descriptive qui désacralise lanorme séculaire, en lui rendant sa place d’usage particulier, de référence, nonpas par esprit d’opposition au communément admis, au traditionnellementétabli,maisparcequelalangueévolue.Notrelangueestplusquejamaisvivante,et lemodèle qui en dévoile le système formel et les règles de fonctionnementdoitêtreadaptéàsesnouvellesrondeurs.

L’objectif de ce cadre théorique est de restituer à la grammaire sonpouvoirexplicatif,enréduisantlaterminologieetenrecentrantlediscoursgrammaticalsurlesmécanismesàl’œuvrelorsquenouscommuniquons.

Laplupartdutemps,nouschoisissonsdeparleràproposdequelquechose.Ce quelque chose est la base d’un développement plus ou moins long: nousapportonsde l’informationàproposdecequipeutêtrevucommeunsupport.On pourrait considérer que tout acte de langage consiste en la mise enrelation d’un apport de signification à un support de signification. Cetterelationapport-supportestl’élémentprimordialdelacommunication.Dèslors,

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pourpouvoir rendrecomptede lacommunication, ilestessentielderetrouversoustouslesmécanismesàl’œuvredanslacommunicationcettemêmerelationapport-supportdesignification.

Étudierunelangue,desurcroitsalanguematernelle,consisteàdisposerdesoutils nécessaires à encoder et décoder du sens. En d’autres termes, il s’agitd’êtrecapable,enautonomie,deconstruireetdéfairedesréseauxdesens.Cesréseauxsontdesmisesen relationsdegroupesdemots chacunconstituéd’unélémentsupportd’information–cedontilestquestion–etd’unélémentapportd’information–cequienestdit.

C’est pourquoi l’essentiel du discours théorique reposera sur la relationélémentaireapport-supportetviseraàenidentifierlesdeuxélémentsetpréciserla nature du lien. Chaque couple de ce type formant un groupe, la procédured’analyseseraàrépéterdemanièrerécursive.

Enfin, ce document, quoique destiné à l’enseignement de la grammaire encontextescolaire,estadresséauxseulsenseignants,auxquelsrevient lacharge,d’unepart,deseconstruireunsystèmegrammaticalcompletetcohérent,d’autrepart,detransposerdidactiquementlesconceptsutilesàlaclasse. Toutcequisetrouve décrit ici vise à permettre à l'enseignant de se construire son systèmegrammatical.Toutnedoitdoncpasêtrenitransmisauxnico-construitaveclesélèves en classe. Cela signifie que l'enseignant aura dès lors à choisir demobiliserenclasseteloutelconcept,teloutelterme,enfonctiondesnécessitésdelasituationd'enseignement.

Lamiseenrelationdel’apportausupportLamiseen relationentreunapportetun supportde significationestdonc

fondamentaleà tous lesniveauxd’encodage/décodagede la langue.D’abord, lastructurediscursiveprocèdeparlamiseenrelationd’unpropos1(dequoiest-ilquestion?) etdu commentaire (qu’endit-on?), en s’appuyant sur lastructurecommunicative tributaire, elle, de l’intention de communication dulocuteur/scripteur: sa volonté d’interroger ou enjoindreaura également unerépercussiondirecte sur le choix de l’élément placé enpositionde support oud’apport; mais cette configuration est elle-même dépendante de la structure

1Letermeproposestambigu.Enlangagecourant, ilditsoitcedontonparle(àquelpropos?),soit ce qu’on en dit (le propos tenu). Certaines théories utilisent le terme propos dans ladeuxième acception comme apport d’information à un thème. Dans la mesure où nousdifférencierons les niveaux de structure informative/discursive et logique, nous devronsréorganiser les termes en paires d’opposition suivantes: propos/commentaire (structureinformative/discursive,oùproposestutilisédanslapremièreacception;lecommentaireestcequ’on dit dupropos; le commentaire pourra être plus oumoins long (de la phrase au livre,voire à la collection, en passant par le paragraphe et le chapitre)); thème/rhème (structurelogique,oùlethèmeestcedontonparledanslecadreduprocèsenvisagéetdécrit;lerhèmeestcequ’onditduthème,toujoursdanslecadredeceprocès).

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textuelleenprésenceetdelaprogressionthématiquequ’elleimplique,ainsiquedesstructuresénonciativesjugéespertinentes.Auniveaudelaphrasecommeunitédecommunication,lastructureinformativeestorganiséeendeuxzones(zone thématique, initiale, de l’information connue et zone rhématique del’informationnouvelle).Toujoursà ceniveauphrastique, lastructure logique,quirenvoieàlamanièred’envisagerleprocès2dontilestrenducomptetoutaulong du commentaire, sera la première à affecter directement la structurephrastique,entrainant,parexemple,l’inversion,leplacementouledéplacementdes éléments thématiques et rhématiques, qui ne sont jamais, au niveau de lastructure syntaxique, qu’un jeu sur les positions noyau –déterminant/prédicat3(dans chaque structure intégrative). Cette mise enrelation d’apport à support de sens (structure sémantique), permet larépartition desmots en classes et la description de leur fonction (structuremorphosyntaxique).De lamêmemanière, ellepermetde régler lesquestionsrelatives à l’accord, vu comme unmécanisme assurant la cohésion (structurecohésive) entre un apport de signification (receveur d’accord) et son support(donneurd’accord).

Ci-dessousuntableau illustrantque larelationapport-support(lastructureternaireapport-support-relation)est à labaseet/ou tributairede chacunedesstructuresexploitéesparlalangue.

2Évènement,fait,ousituationdumondedontl’énonciateurrendcompteàpartird’unverbeparlamiseenrelation logiqued’unthèmeetd’unrhème(cedontonparle,dontonaffirmeouniequelquechoseetcequ’onendit),préludeauformatageenphrase.3Noyau est la fonction généralement endossée par un support d’information, tandis quedéterminant et prédicat sont des fonctions qui relèvent de l’apport d’information ou designification: le premier réduit l’extension (l’ensemble des êtres, objets, faits ou situations dumondeauxquelslemot-supportpeut-êtreappliqué),oudonneuneindicationdelaquantitédesobjets du monde auxquels le support est effectivement appliqué; le deuxième ne porte pasatteinteàcetensemble(voir3.2.3.«Lesfonctions»).

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Structure Implicationdusupportetdel’apport

Communicative

o Intentionnelleo Textuelleo Énonciative

Dequoiparle-t-on?Qu’endit-on?

Quelleintention?Quelgenre?Quelleprogression?

De quelle manière, eu égard à la situation decommunication?

Discursive Propos–commentaire

Logique Thème–rhème

Informativeo Linéarisation de

phrase

Informationconnue–informationnouvelleZonethématique–zonerhématique

Sémantique Support–apport

SyntaxiqueStructureintégrative

o Phrastiqueo Autres

Noyau–déterminant/prédicat

Groupeprédicatifpremier(Noyau–prédicat1er)Groupedéterminatif(Noyau–déterminant)/Groupeprédicatif2nd(Noyau–prédicat2nd)

Morpho-syntaxiqueo Fonctiono Classe

Noyau,déterminant,prédicat,ligatureMots à fonctionnement prototypique de noyau(noms, pronoms), déterminant (adjectifs,adverbes), prédicat (verbes), ligature(connecteurs)

Cohésive(accord) Support/donneur d’accord – apport/receveurd’accord

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1.DutexteàlaphraseLe texte,qu’il soitoralouécrit, visenotammentà communiquer l’intention

quileguideetsecomposed’unouplusieursacte(s)delangage.Cesintentionsde communication, traduites enmodalités (asserter, enjoindre, interroger) etstratégiesénonciatives,peuventêtrededifférentstypes,notamment,dupointdevue de l’énonciateur: informer, persuader, faire obéir, faire ressentir. Bienentendu, l’acte et l’intention ne sont pas le tout de la communication puisquecelle-ciesttributairedelasituationdecommunicationoudugenredetexte.

La situation de communication fait référence au quiparleàqui, et dansquelles circonstances, à quel propos, dans quel but... Elle convoque donc desnotions de variation (registre, lexique,…) et peut laisser des traces dans lacomposanteénonciationdel’énoncé(voir3.1.«L’énonciation»).

Undespréalablesà l’analysedudiscoursest l’élaborationdeclassifications,notamment en genres de textes. La fonction du texte peut servir de critère:texte juridique, politique… Sa structure, également : texte narratif, descriptif,explicatif, didactique, dialogal, argumentatif, polémique… Ensuite, pourconstruirel’objetd’étude,ils’agitdecroisercesclassifications,delessituerdansl’espace et le temps et de les associer à des conditions de productionparticulières : on peut dès lors étudier le discours politique polémique à telleépoque,àtelendroit.Legenredetexteorienteralaformalisationetlastratégiedecommunicationnotammentparsamanièredeprésenterl’informationetd’enassurerlaprogression.Ilyauraitungenredetexteprototypique/privilégiépourrépondre à chacune des intentions communicatives. Par exemple,mais nonexclusivement,lescombinaisonsfréquentessuivantes:

Intentiondecommunication

Structuredetexte Modalitéénonciative

Informer Explicatif,narratif,descriptif Asserter

Persuader Argumentatif Asserter

Faireobéir Dialogal Enjoindre

Faireressentir Narratif,descriptif Asserter,interroger

1.1. GenredetexteettypedeprogressionthématiqueQuand, dans un texte, on enchaine des phrases, dont chacune est pourvue

d’un thèmeprincipal, il faut s’assurerque le récepteurpuissebien suivre le filrouge que l’énonciateur a l’intention de tisser. Pour ce faire, l’énonciateur estcenséconstruireuneprogressionquiarticulelesthèmessuccessifsentreeuxet

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permette ainsi au récepteur de ne pas se perdre. On parle de progressionthématique.

La tradition envisage trois types de progression. Il est question d’uneprogressionàthèmeconstantdèslorsquelethème(Th)restestableetquelaprogression est assurée par la seule multiplication des rhèmes (Rh) qui luiapportentdel’information.

Th1�Rh1;Th1�Rh2;Th1�Rh3;…

Avant de partir en voyage, Pierre a préparé sa valise. Il a commencé àdisposer ses vêtements sur son lit avant de s’apercevoir qu’il n’en auraitcertainement pas assez. En quatrième vitesse, il est donc parti acheterquelquest-shirtsetdeuxpairesdechaussettes.

L’on parle de progression thématique linéaire si le rhème devient le thèmesuivant.

Th1�Rh1;Th2(<Rh1)�Rh2;Th3(<Rh2)�Rh3;…

Pierreaenfinréussiàréunirsuffisammentdevêtements.Maislesvêtementsne sont pas le tout d’une valise. Encore faut-il qu’elle soit suffisammentgrandepourlesaffairesdetoilettes,lesquellessontaussiessentielles,mêmesimoinsencombrantes.

Enfin, la progression dite éclatée, ou à thèmes dérivés, peut être illustréecommesuit.

Th1�Rh1;Th2�Rh2;Th3�Rh3;…

De l’autre côté du périphérique, une petite colline au sommet de laquelle,quelques promeneurs, enfin. On comprend le petit attroupement. Ce reliefoffreunevue imprenablesur le fameuxaxenord-suddePékinetce lacenformededragonqui vient lécher les piliers dunidd’oiseauolympique. Labrumeanoyélaperspective.(LeMonde.fr,14/10/2009,«laForêt»)

Le texte narratif privilégiera plutôt une progression à thème constant. Letexte argumentatif, lui, se construira le plus souvent sur une progressionthématique linéaire, sur la reprise et l’étayage des arguments. Les textesdescriptif et explicatif useront, pour leur part, préférentiellement d’uneprogressionéclatéedel’information,ciblantsuccessivementplusieurspointsdedétails. Il existe aussi le texte dialogal, dont la progression thématique estvariable vu qu’elle dépend des interventions des participants. Une tellerégularité n’est évidemment que théorique. En effet, il n’est pas rare derencontrer des ruptures de progression plus oumoins longues ou, plutôt, descombinaisons et des intercalages d’un type de progression, éventuellementaccompagnée du choix d’un autre (sous-)thème: on parle, dans ce cas, deprogressioncomplexe.

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Maisletexteestégalementunensembledephrasesdontlaproductiondoitrépondreaveccohérenceàuneintentionetàunproposfixé.Etc’estauniveau(inter-)phrastique que se joue la cohésion, le lien entre les phrases, la bonneréférentiation, etc., lesquels s’opèrent par un bon usage et une combinaisoncorrectedesunitésgrammaticales.Pourcetteraison, laphraseseraconsidéréecommeuneunitédelacommunication.

1.2. AnaphoreetdéixisDans le cadrede laprogression thématique, il importedebienanalyser les

phénomènes de reprise ou d’indexation à (de mise en relation avec)l’environnement

• contextuel(nonverbal,parexemple,lasituationdecommunicationdanscegâteauquinepeutêtreidentifiéparlapersonneàquijem’adressequeparcequejeleluimontre);

ou

• cotextuel (verbal, par exemple, le démonstratif dans ce gâteau qui netrouve de référence chez mon interlocuteur que parce qu’il en a étéquestionprécédemment).

Parmicesphénomènes,figurentl’anaphoreetladéixis.Dansunepâtisserieetlorsque l’on dit à la personne qui sert : Je voudrais ce gâteau, celle-ci devradéterminersil’onparledecegâteaudélicieuxqu’ellevientdevanterousil’onsetournesoudainementversunnouvelobjetquisetrouvedevantdanslavitrine.Autrement dit, elle devra choisir entre une interprétation anaphorique et uneinterprétationdéictiquedudémonstratifce.Deplus,sil’onsecontentedecettephrase,elleseheurteraaucaractèrefaiblementdéictiquedecetoutildufrançais,lequelnepermetpastoujoursd’identifierclairementlaréférence.Sil’onprécise:cegâteau-là,oncomplèteopportunémentlefonctionnementdéictique.

En français, c’est à partir de l’étude des démonstratifs que les notionsd’anaphore et de déixis ont été mises en place. En effet, les démonstratifsbénéficient des deux fonctionnements. D’origine grecque, la terminologie dedéixis s’est substituée à la terminologie d’origine latine dedémonstratif, quis’appuyait sur l’idée de « monstration ». Cette idée était ambigüe, car que«montre»-t-on,aumoyendesmots?Cequiestlàdevantnousoucequiestdéjàdans une section de langage, et que chacun a en mémoire ? Quant au termed’anaphore,égalementd’originegrecque,ilimpliquequ’unsegmentdediscours(phora) soit repris (ana) par un mot. La notion linguistique d’anaphore est àdistinguer de l’emploi stylistique du vocable, qui signifie « répétition d’unélément».Ausensstrict,ondistingueparfoisl’anaphore(reprised’unélémentantérieur)delacataphore(annonced’unélémentàvenir,commedanscetidiotdevoisin, où le démonstratif annonce voisin). Néanmoins, le terme d’anaphores’emploiesouventdefaçongénérique,pourdésignerlesdeuxfonctionnements.

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Déixisetanaphorerenvoientauxdeuxfonctionnementsdulangage:l’unquel’on peut qualifier d’extra-langagier, se référant au monde extérieur; l’autre,d’intra-langagier, équivalant à l’emploi générique d’anaphore. Ces deuxfonctionnements mobilisent des capacités cognitives différentes : de repéragepourladéixis,demémoireoud’anticipationpourl’anaphore.

Les expressions déictiques ont un sens qui implique obligatoirement unrenvoiàlasituationd’énonciation.Selonceprincipe,onremarquequelesdeuxpremièrespersonnes(je,tu)sontdéictiques(àladifférencedelatroisième,quiest le plus souvent anaphorique). Les adverbes, de temps et de lieu, sontégalementdéictiques.Hier n’adesignificationquesi l’onestaujourd’hui…Lesparticules -ci et -là sont des outils déictiques très utilisés. Enfin, lesdémonstratifs peuvent souvent être déictiques. La plupart des pronoms, parexemple lespersonnels (de la troisième personne: il, elle…), les relatifs (qui,que…), lesdémonstratifsoudéictiques(ce,celle(-là)…), lesadverbiaux(enety, comme dans je m’en souviens, j’y reviendrai), sont le plus souventanaphoriques.Maiscertains(rien,personne),peuventêtredéictiques.Lesnomspeuventêtreutilisésdemanièreanaphorique(commequandonditIlaquittélaville après avoir mentionné de quelle ville il s’agissait). Tous les outilsanaphoriques ont pour objet d’abréger le discours ou d’éviter certainesrépétitionsàl’identiquequipourraientalourdirlediscours(toutenpermettant,parexemple,uneprogressionthématiquecompréhensible).

La distinction entre outils déictiques et anaphoriques révèle sa pleineopérativité en discours. C’est en discours que l’on discerne les mots ou lesséquencesquiontbesoin,pourprendre tout leursens,d’uneréalitéextérieuredeceuxquifonctionnentdemanièreinterne.Ons’aperçoitalorsdelacomplexitédufonctionnementdel’anaphoredèsqu’onaaffaireàuneunitéunpeulonguedelangage,untexte,parexemple.Ilexistedesanaphoresfidèles,quireprennentl’élément dans la totalité et l’exclusivité de son contenu, comme les pronomsrelatifs (l’hommequimarche),mais il existe aussidesanaphores infidèles, quis’obtiennent par déduction, ou par association, comme le laisse entrevoir lefonctionnementdespossessifsdansTesenfantsjouent,lesmienstravaillent.Lesanaphoresproduitespar lesnomssontsouventassociatives : commentparlerdutroncsionn’apasdéjàparléd’arbre?

En discours, fonctionnements déictiques et anaphoriques peuvent secombiner, comme dans les démonstratifs ou les pronoms personnels detroisième personne (ce, lui). Le langage a pour but d’établir entre lesinterlocuteurs un positionnement commun face à la réalité, mais aussi deconstruireunemémoiretemporairepartagée.

Impossibledeparlerd’anaphoreetdedéixissansaborderlaquestiondelaréférenceouduréférent.Onluidonnedeuxsens:l’uncontextuel,quirenvoieàun objet dumondeque l’interlocuteurdoit pouvoir identifier, l’autre cotextuel

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(cela est particulièrement vrai pour le terme «référent», souvent utilisé engrammairepourdécrire ceàquoi renvoient lesoutils anaphoriques).Ainsi, onpourradireque,dansl’anaphoreausensstrict,leréférentestplacéavant,alorsque,danslacataphore,ilestplacéaprès.

Les fonctionnements déictique et anaphorique sont loin d’être toujourslimpides, dans la réalité de la communication. Leur maitrise est l’un desprincipaux enjeux du maniement d’une langue. La réussite d’un acte decommunication dépend parfois de la bonne identification de ce à quoi unpronomrenvoieexactement.

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2.LaphrasecommeunitédecommunicationLecommentairedel’énonciateurpeutêtreplusoumoinslong.Ilpourraêtre

découpéenplusieursséquencescorrespondantàautantd’actesdelangage,quireposentsurdesprocès.

Chaqueprocèsrenvoieàuneréalitéperçueetconçue,àunévènementouunesituationdumondedontonchercheàrendrecompte.Prenonsparexempleunévènementobservable.

Cetévènementpeutêtreenvisagéàpartirduprocès«manger»,dontonpeutdécrirel’origineetl’aboutissementcommesuit:

L’énonciateur envisage ce procès en en établissant une structure logique,représentéedanssonespritdemanièreternaire,composée

1. de«cedontonparle,cedontonaffirmeouniequelquechosedanslecadreduprocèsenvisagé»(lethème),parexemplejeparleduchat;

2. de «ce que l’on dit de ce dont on parle, ce qu’on affirme ou nie duthèmedanslecadreduprocèsenvisagé»(lerhème),parexemplejedisduchatqu’ilmangelasouris;

3. delamiseenrelationdesdeux.Cettestructureternaireseratransposéedanslelangageparlebiaisdel’unité

decommunication«phrase».

À la structure logique thème-rhème correspond donc un formatage, unetranspositionsyntaxiqueenphrase.Uneapprocheplussyntaxiqueétablitunlienclair et explicite entre le thème et le support-noyaude la phrase.Lesupport-noyau de la phrase apparait en général comme le correspondantgrammatical du thème, et l’apport-prédicat comme le correspondantgrammaticaldu rhème. La relation prédicative, qui relie l’apport-prédicat ausupport-noyaudelaphrase,est,quantàelle,lecorrespondantgrammaticaldelamiseenrelationentrelerhèmeetlethème.

Origine1

Aboutissement2

manger

chat souris

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Laphrasepourraêtrevuecommelatranspositionetleformatagesyntaxiqued’unestructurelogiquedontlethèmeestlepointdedépartetlapremièrepartie,et le rhème, la deuxième partie. Le thème se réalise généralement dans lastructure phrastique en occupant la première position de la phrase, cellegénéralementdévolueausupport-noyaudephrase.Onpourradonctransposerla structure logique vue plus haut dans une phrase comme Le chatmange lasouris.

Danscetteconception,lapositioninitialedelaphraseapparaitdonccommele lieu d’incarnation syntaxique du thème.On peut par ailleurs placer certainsautres élémentsde la phrasedans cetteposition; onparlera alors, sur le planinformatif, de thématisation. Ainsi, le cadre d’un procès peut être thématisé:Danslejardin,lechatmangelasouris.Lecadredanslejardinenpositioninitialede phrase fait partie des éléments thématisés, de ce que l’on pourrait appelerune «zone thématique», plus large que le thème, laquelle renfermera doncl’ensemble des éléments supposés connus dont on parle. Dans la phrase ci-dessus,onparledecequefaitlechatdanslejardin.

En fait, la zone thématique peut être identifiée syntaxiquement commel’espacequiinclutlesupport-noyaudephraseainsiquesesapports,àl’exclusionde l’apport-prédicat,qui constitue,quantà lui, la«zonerhématique», espaceréservé à l’information nouvelle. La relation prédicative est un espace demédiationentrecesdeuxzones.Sesapports(déterminants,prédicatssecondsetdéterminantsdel’énonciation;voir3.2.3.2.«Lafonctionapport»)sontreversésà l’une ou l’autre zone selon la place que l’énonciateur leur assigne dans lalinéaritédesonénoncé.

Les apports de signification qui fixent le cadre dans lequel se déroule leprocès(etquiportentsurunerelation,voir3.2.4.«Laportée»)sesituentdansla chaine du discours – avec parfois quelques restrictions – soit à gauche dupremierélémentimpliquédanslarelation,soitàdroitedudeuxième,soitencoreaumilieudeceséléments.Danslecasdesapportsàlarelationprédicative,celarevient à dire qu’un apport peut être placé soit à l’initiale de l’énoncé, soit enfinale,soitencoreêtreintercaléauseindel’énoncé.

o Si l’énonciateurplace l’apportà l’initiale, il leprésente commeuncadrefixédèsl’abord,àl’intérieurduquelilassumesonénoncé(Danslejardin,le chatmange la souris): l’apport est reversé à la zone thématique desélémentssupposésconnus,etilyabienthématisationducadre;

o Si l’énonciateur intercale l’apport au sein de l’énoncé, il le présentecommeun cadre,mais sous la formed’un commentaire ajouté (Lechat,danslejardin,mangelasouris);

o Si l’énonciateur place l’apport en finale, c’est-à-dire à la droite duprédicat, il le présente comme la réparation d’un oubli de fixation ducadre ou comme s’il mettait fin à un suspens (Lechatmange la souris,

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dans le jardin): l’apport, envisagé commeun rattrapage informatif, estalorsreverséàlazonerhématiquedesélémentsnouveaux,nonpartagésàlabase.

On notera enfin qu’un cadre thématisé, s’il est bien inscrit syntaxiquementdans l’énoncé à l’initiale duquel il se trouve (il sera apport à la relationprédicative),peutvoirlaportéedeseseffetssémantiquesdépasserlafrontièrede la phrase. En l’absence d’indication contraire en effet, le cadrage vaudraégalement pour la suite du discours, jusqu’à ce qu’un autre cadrage prenne larelève.

Enrésumé,l’énonciateursouhaitecommuniquerausujetdequelquechose:le propos. Il développera un commentaire plus ou moins long (texte), quireposera sur l’articulation de la description de différents procès du mondepensable (réel ou imaginé). Ces procès sont pensés comme une structureternaire(thème-rhème-relation),quitrouveunetraductiondansleformatagesyntaxique (phrase) choisi par l’énonciateur pour en rendre compte (noyau-prédicat-relation), formatage subdivisé en zone thématique (pourl’informationconnue)etzonerhématique(informationnouvelle).

Enschéma:

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Onprendradonc soindenepas confondre,d’unepart, la structure logiquethème-rhèmed’unprocès,avecseszonesthématiqueetrhématiquetransposéesdans la phrase et l’énoncé, et, d’autre part, la structure, plutôt informative-énonciative, de discours propos-commentaire. Le propos est l’objet dudiscours,le«àproposdequoionparle»;lecommentaireestcequienestdit.La différence avec la structure logique est une différence de niveaud’envisagement: l’envisagement informatif-énonciatifdudiscourspourpropos-commentaire; l’envisagement logiqueduprocèspour thème-rhème. L’exempleSarah,jenel’aipasvuedepuislongtempspermetdebiendistinguercesniveaux.

Danslastructureinformative-énonciativedudiscours,jeparlede/Sarah/etj’en dis que /je ne l’ai pas vue depuis longtemps/. /Sarah/ est bien le propos,l’objetdemondiscours,etcequej’endisconsisteenmoncommentairesurcetobjet de discours. À un autre niveau d’envisagement, le niveau de la structurelogique, leprocèsdont jerendscompteestceluidevoir. Jechoisispour thèmel’origineduprocès(celuiquivoit,àsavoirmoi);parrapportàceprocès,jeparledoncdemoi(thèmeduprocès)etj’enaffirmequecemoin’apasvuSarahdepuislongtemps(rhème).Formatéenstructuresyntaxique,celadonnebienSarah,jenel’aipasvuedepuislongtemps, où le thème du procès (moi) est transposé ensupport-noyaudephrase(je)etoùSarahestuncadrethématisé,quidéterminel’énonciation(voir3.1.«L’énonciation»),entantquetracedupropos.

Certains titres de journaux fonctionnent de la même manière: Affaire X:l’inculpénietouteimplication.Lapremièrepartiecorrespondaupropos,àl’objetdu discours (on parle de l’/Affaire X/), et on en dit pour commentaire que/l’inculpénietouteimplication/. Au niveau de la structure logique, l’inculpé estchoisi comme thème du procès nier. Syntaxiquement, dans un énoncé unique,l’inculpédevientsupport-noyaudephraseetAffaireXuncadrethématisé,qui,entantquetracedupropos,déterminel’énonciation.

On notera que les mêmes mots d’un énoncé, pris dans un ordre différentalors que leur rôle semble ne pas changer, peuvent donner des configurationsdifférentesenmatièrede répartition thème-rhème,voirepropos-commentaire.Ainsi la structurede la phrasePierreadorelecinéma, en l’absencede contextesignifiantlecontraire,pourraêtreconsidérée,discursivement,commelamiseenrelation d’un propos (/Pierre/) et d’un commentaire (/Iladorelecinéma/), et,logiquement, comme la mise en relation d’un thème (Pierre) et d’un rhème(adorelecinéma),rendus,syntaxiquement,respectivementparlesupport-noyaude la phrase (Pierre) et son apport-prédicat (adore lecinéma). Si la phrase setransforme enLecinéma,Pierreadore, les structures sontmodifiées. En fait, lastructure discursive se décompose alors en propos (/Le cinéma/) etcommentaire(/Pierreadore/); lastructure logiqueenthème(Pierre)etrhème(adore);lastructuresyntaxiqueensupport-noyaudephrase(Pierre)etapport-prédicat (adore), avec un cadre thématisé (Le cinéma), qui déterminel’énonciation, en tant que trace du propos. Dans cette construction, l’apport-

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prédicat se compose d’un verbe sans apport-déterminant (Lecinéma n’est pasdéterminant du verbe), en emploi absolu, ce qui engendre une significationparticulière,différentedelaphraseprécédente.

Enfin, deux phrases ou deux énoncés apparemment identiques, avecstructure thème-rhème constante, peuvent correspondre à des structurespropos-commentairesdifférentes.AinsiunephrasecommePierremangetouslesgâteaux, avecPierre commethèmeduprocèsetmangetouslesgâteaux commerhème,peutrépondredelamêmemanièrecommeenchainementàdesénoncésdifférents.Entreautres:

o QuefaitPierre?OnposePierreetonsedemandecequ’il fait.Leproposdevient/Pierrefaitquelquechose,maisquoi?/;lecommentaire/Ilmangetouslesgâteaux/;

o Quesepasse-t-il?Onposel’existenced’unévènement,maisonnesaitpaslequel. Pierre n’est même pas présupposé. Le propos est /Il se passequelquechose,maisquoi?/; lecommentaire/IlyaquePierremangetouslesgâteaux/.

2.1.LavoixLavoix4estunphénomènetrèslargequiintervientsurtoutleprocèsetdont

la phrase entière, et donc son formatage, rend compte. En fait, les voix sedifférencientenfonctiondupointdevueadoptéparl’énonciateursurleprocèsdont il rend compte, et du choix qu’il fait du thème. Les voix sont dès lorsl’expressiondecepointdevue.

Sil’onreprésenteleprocèssuivant

commececi

4Souventconsidéréecommeunecatégoriegrammaticaleduverbe,danslamesureoùelleenfaitparfoisvarierlaforme,lavoixaffectecependantlatotalitédelaphrase.

Origine1

Aboutissement2manger

chat souris

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l’énonciateur peut choisir de focaliser son point de vue sur l’origine ou surl’aboutissementduprocès.

1. Lavoix15est cellequi est leplus fréquemmentutilisée ; elleprendcomme thème l’élément à l’origine du procès (1) (Lechatmange lasouris).

2. Dans lavoix2 l’énonciateurchoisit commethèmepoursaphrase lepointd’aboutissementduprocès(2)(Lasourisestmangéeparlechat).

3. Ilexisteunesorted’intermédiaireentrelavoix1etlavoix2:lavoixmoyenne ; le point d’origine et d’aboutissement du procès sont unseul(ouunepartied’unseul)etmêmeélément(ici,prenonslechat).L’énonciateurdécidedeparlerduchat,etdeneparlerquedeluiparl’intermédiaired’unpronompersonnelse.Commeiln’estpastoujourspossiblededéclinerunmêmeprocèsàtoutes lesvoixquiexistent, ilfauticichangerdetypedeprocès6:prenonsleprocèslaver(Lechatselave).

4. Lavoixfactitiveprendcommethèmeunélémentextérieurauprocèsinitial, un tiers qui fait en sorte que le procès se déroule. Il estdéclencheurduprocès ; il faitfaire (Mariefaitmangerlasourisparlechat).

5. Lavoixunipersonnelleestlaseuleàdissocierlethèmedusupport-noyau de la phrase, celui-ci étant pris en charge par un ‘il’unipersonnel.Commeiln’estpaspossiblededéclinerunmêmeprocèsàtouteslesvoixquiexistent,nousdevonschangerdetypedeprocès:prenons le procès pleuvoir. Le thème (par exemple, des coups) seretrouve ici en position d’apport du verbe (Ilpleutdescoups vsDescoupspleuvent).Lethèmepeutégalementêtreabsent(ilpleut).

Lesdeuxdernièresvoix(factitiveetunipersonnelle)sontsusceptiblesdesecombiner avec les autres (Il se vend beaucoup de pommes; La souris se faitmangerparlechat).

Les tournures avec ce que l’on appelle communément des «présentatifs»(voici,voilà)pourraientêtrerangéessouscetterubrique.Eneffet,cettecoalition5Il y a quelque chose d’incongru à vouloir à toute force réduire à des voix dites « active » ou«passive » des verbes qui ne sont pas dits « d’action », comme les verbes copules (Pierreestmalade)etlesverbesd’état(Latourpenche).Parailleurs,peut-onréellementparlerd’un«sujetquiferaitl’action»dansPierrereçoitdescoups?Lestermesvoix1etvoix2serontdoncutilisésenfonctiondel’élémentduprocèspriscommethème:1=origine;2=aboutissement.6Enfait,avecleprocèsmanger, ilestpossibledeconstruireunénoncéàlavoixmoyenne,maisd’ungenreparticulier:ceténoncéauraitunsensquilerapprochedelavoix2.Onparledanscecasd’unverbepronominalàsenspassif.L’utilisationdelavoixmoyennedanscecasparticulierpermet, en effet, d’exprimer lamême information que dans la voix 2, avec l’avantage d’être laplupartdutempsdispenséedenoter l’agent :ondonne l’impressionque leprocèsse faitde lasouris à la souris, alors qu’en réalité la souris n’est pas à l’origine du processus. (La souris semange)

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d’uneformedevoirenmodalitéinjonctive(vois)etd’uneparticuleadverbiale(ci,là)donne lieuàunenouvelleunité lexicale,mi-verbe,mi-adverbe,quipourraitêtre considérée fonctionnellement comme le noyau d’un prédicat. Dès lors lenoyaudephrase serait absent (Voicidesfleurs), et cequi serait logiquement lethème(cedontl’énonciateurdécidedeparler)est,commedanslesexemplesdevoixunipersonnelle,reverséenzonerhématique,danslapositionfonctionnellededéterminantdu«verbe».

Parallèlementausystèmedesvoix,à l’intérieurduquelchacuned’entreellespossède une répartition thème-rhème et une structuration fonctionnellespécifiques, se maintient une manière ancienne de linéarisation de la phrase(préalable à l’établissement de l’ordre canonique desmots, traditionnellementétiqueté «sujet-verbe-complément» ou «S-V-O»): il s’agit de l’inversion (noninterrogative), reliquat du système antérieur où l’on inscrivait à l’initiale de laphrasel’élémentjugéimportant,quin’étaitdoncpastoujourslesujetounoyaude phrase. Actuellement, notamment lorsque l’on inscrit un cadre (temporel,causal,…) à l’initiale de la phrase, il est possible d’opérer une inversion verbe-noyau de phrase (la plupart du temps en l’absence de déterminant du verbe),commeauparavant:Ensuite,arrivèrentencoredixétudiants. Si la structurationfonctionnelle n’est pas différente de la voix 1 (l’inversion apparait donccombinableavecd’autresvoixoustructures), larépartitionde l’informationenzones thématique et rhématique est bien différente. Avec l’inversion, point dechangement de structuration fonctionnelle: le thème reste thème et noyau dephrase, et se trouve déplacé en zone rhématique, donnant l’impression deconstruire une information nouvelle. L’effet apparait identique à celui de lastructure unipersonnelle, qui, elle, dispose d’une structuration fonctionnellepropre.

2.2.LafocalisationoumiseenévidenceUne fois la structuration logique thème-rhème établie et aumoment de la

retranscription syntaxique du point de vue choisi sur le procès, l’énonciateurpeut choisir de mettre en évidence telle ou telle partie de la composantephrastique de l’énoncé. Il utilise généralement pour ce faire la structure enC’est… que/qui/dont/…: C’est le chat qui mange la souris… Par le biais de lafocalisation, l’énonciateur installe l’élément mis en évidence en position derhème-apport-prédicatdeC’,danslazonerhématiquedévolueauxinformationsnouvelles.L’énonciateurannoncedès lorsque l’élément focalisé faitbeletbienpartie des informations nouvelles, et qu’il sera l’élément important ducommentaire, dans la structure discursive propos-commentaire. L’élémentfocalisé apparait en fait comme la réponse (le commentaire) attendue à laquestion de discours que constitue le propos. La focalisation apparait donccomme un mécanisme qui permet à l’énonciateur de fournir des indications

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clairessurlastructurediscursivepropos-commentairequ’ildésiredonneràsonénoncé.

Soitl’énoncéenvoix1Lechatmangelasouris.L’énonciateurpeutdéciderdemettre en évidence, au titre d’information nouvelle et importante, un desélémentsdelacomposantephrastiquedeceténoncé:

o C’estlechatquimangelasouris.Répondantà laquestion«Quimange lasouris?», lastructure focalisée installe lesupport-noyaude laphrase lechat en position de rhème-apport-prédicat de C’. L’énonciateur indiquedoncpar làque lechatestbienune informationnouvelle.De lasorte, lenoyaudelaphraseestmisenévidence.Leproposdiscursifestbien/Ilyaquelqu’unquimangelasouris,maisqui?/; le commentaireestbaliséparlafocalisation:c’est/lechat/quimangelasouris.

o C’estlasourisquemangelechat.Répondantà laquestion«Quemangelechat?», la structure focalisée installe l’apport-déterminant du verbe lasourisenpositionderhème-apport-prédicatdeC’.L’énonciateurindiquedoncparlàquelasourisestbienuneinformationnouvelle.Delasorte,ledéterminant du verbe estmis en évidence. Le propos discursif est bien/Lechatmangequelquechose,maisquoi?/;lecommentaireestbaliséparlafocalisation:c’est/lasouris/quemangelechat.

o C’estmangerlasourisquefaitlechat.Répondantàlaquestion«Quefaitlechat?»,lastructurefocaliséeinstallel’apport-prédicatcompletmangelasourisenpositionderhème-apport-prédicatdeC’.L’énonciateurindiquedoncpar làquemange lasourisestbienuneinformationnouvelle.Delasorte,leprédicatestmisenévidence.Leproposdiscursifestbien/Lechatfait quelque chose, mais quoi?/; le commentaire est balisé par lafocalisation:c’est/mangerlasouris/quefaitlechat.

D’autres termes de la composante phrastique de l’énoncé peuvent êtreégalement focalisés:C’esthier/danslejardin/voracementquelechatamangélasouris.

Par ailleurs, on rencontre d’autres outils de focalisation, qui permettent demettre un segment en évidence. Il y a… que, Cela fait… que, permettent demettreenévidencedescadresquiexprimentladurée:Ilyadeuxansquenoussommes arrivés/vivons enBelgique7; Cela fait (maintenant) deux ansqu’il estparti…,quel’onpourraexpliquerpardepuisdeuxans.

On peut également se servir de Ilya…que pour focaliser l’ensemble de lastructurephrastiquequirendcompteduprocès.IlyaquePierreamangétousles

7Quel’onneconfondrapasavecIlyadeuxans,noussommesarrivésenBelgique,oùcen’estpasladuréededeuxansquiestvisée,maislepointdedéparttemporelduprocessusdécrit.Onnedirad’ailleursnormalementpas*Ilyadeuxans,nousvivonsenBelgique.

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gâteaux permet de focaliser toute la phrase Pierre a mangé tous les gâteaux(représentéeiciparunesous-phraseintroduiteparleconnecteursubordonnantque) et de l’installer en position rhématique, dans le prédicat d’une structureunipersonnelle(Ilya),commedéterminantduverbeenemploiunipersonnela.L’énonciateur indique par là que la phrasePierreamangétouslesgâteaux estbien une information nouvelle. De la sorte, la phrase estmise en évidence. Leproposdiscursifestbien/Ilsepassequelquechose,maisquoi?/;lecommentaireestbaliséparlafocalisation:Ilya/quePierreamangétouslesgâteaux/.

Lorsquel’onétudiera lesrelationset les fonctionsà l’œuvredans laphrase,pour faciliter l’analyse, on rétablira la structure phrastique hors focalisation.L’indication de l’existence d’un terme focalisé suffira à la reconstruction del’énoncédebase.

Lorsque l’on étudieraC’estlechatquimangelasouris, on analysera donc lastructure rétablieLechatmangelasouris, touten signalantque l’énonciateurafocalisélenoyaudelaphraselechat,cequipermettra,enremontantlechemindel’analyse,dereconstruirelastructureproduiteaudépart.

2.3.LesystèmedelaponctuationÀcôtédesorganisateurstextuelsnonverbauxquesontlesparagraphes, les

alinéas, leschiffres, les lettres, lespuces,etc., laponctuationestunsystèmedesignes qui permet d’organiser le texte ou la phrase afin d’en faciliter lacompréhension.Lessignesn’ontpasseulementunevaleurentantquetels; ilstirentégalementleurvaleurparoppositionàcelledesautressignesdusystème(lavaleurdupoint-virgulesemesureparrapportàcelledupointetdelavirgule,parexemple).

Ilexisteunensemblederèglesquidécrivent l’utilisationdecessignesmaistoutes ne sont pas contraignantes et laissent une part de liberté, notammentstylistique,assezgrandeauscripteur,toutenorientantletravaild’interprétationde son lecteur. Par ailleurs, certains signes de ponctuation ont des fonctionsmultiples, ce qui rend plus difficile parfois leur interprétation. Enfin, certainespratiques littérairesontprispourrèglededéjouer lescodesde laponctuation,obligeant le lecteur à une reconstruction interprétative plus hypothétiqueencore.

Laponctuationjoueessentiellementunrôlesur:

1°lerythmedelaphrase(onditqu’elleretranscritletempsdelecturedelaphrase, sa respiration) ou sa prosodie (notamment ascendante oudescendante),

2°lalinéarisation,lasegmentation,l’ordonnancementetlahiérarchisationdel’information(organisationdel’énoncé)et

3°lastructurationdesniveauxd’intervention(organisationdel’énonciation).

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o Lepoint note régulièrement la finde laphrase, laquelle commenceparune majuscule. En cela, il organise le texte, le fractionne en unités decommunication de rang inférieur. Le temps de pause induit parl’utilisation du point est, relativement aux autres, plus long. C’est lescripteurquifixeleslimitesdelaphrase.Lelecteur,partantd’unàprioridurespectducodeparlescripteur,devrainterpréterlaséquenceàpartirdesmarqueslaisséesparcelui-ci.Unpointdevradoncavanttoutsignifierla finde laphrasetelleque l’aconçue lescripteur.L’enclosde laphrasegraphique est dès lors l’espace compris entre la majuscule et le pointdonnés par le scripteur, quelle que soit la dimension de la séquenceincluse, ou sa prétendue autonomie: c’est l’énonciateur-scripteur quidécidedefairephrase.

o Le point virgule partage avec le point la fonction de délimitation defragmentsdetypephrastiquemaissansséparationaussi forte.Lapauseestmoindreetunlienimplicitefortunitlesportionsentrelesquellesilseplace, ce qui conduit à considérer que les deux entités ainsi jointesformentunephrasemultiple.

o Il sert également, pour éviter un cumul de virgules et marquer unecoupurede rang supérieur, à séparer des énumérations à virgule.De lasorte, il permet également une hiérarchisation dans les groupesd’élémentsliés.

o Lavirguleestsanscontestelesignedeponctuationlepluspolyvalentetdoncleplusambigu.

o Elle permet de rythmer la phrase en séparant des groupesintonatifs, ce qui permet de créer des sous-unités de sens et defonctiondanslaphrase.Elleenfaciliteenconséquencelalecture,en rendant visibles les regroupements, et permet dès lorsd’organiserlerythmedecelle-ci.

o Ellepermetd’organiserpar juxtaposition, lasuccession,dansuneénumération,d’élémentsdemême fonction.Hommes,femmesetenfants descendirent dans la rue. Adieu veau, vache, cochon,couvée. L’utilisation de la virgule est impérative dansl’énumération asyndétique (= sans connecteur), pour marquercettejuxtaposition.

o Elle permet également de travailler sur la linéarisation de laphraseenencadrantuntermeouunestructurequineseraitpasdans sa position canonique. Ainsi la mise d’un cadre (temporel,causal,…)àl’initialedephraseoueninciserompt-elleavecl’ordrecanonique traditionnel sujet-verbe-complément: Sarah part àBerlinpendantsesvacances;Pendantsesvacances,SarahpartàBerlin;Sarah,pendantsesvacances,partàBerlin.Dece fait,ellepermet l’organisation ou la réorganisation de l’information(informationconnuevs informationnouvelle)par ledétachement

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ou le déplacement d’un terme ou d’une structure dans la zonethématiqueoulazonerhématique,toujoursencomparaisonavecl’ordre attendu. Elle est, dans ce cas, indispensable. Elle est ainsirequise la plupart du temps dès lors qu’un apport à la relationprédicativeestplacéentêtedephrase.Parailleurs,danslecasdeSarahpartàBerlin,pendantsesvacances, la virgule signifiequelaportéedependantsesvacancesestpluslargequecelledumêmesegment sans virgule: cette portée n’est pas sur le seul groupepartàBerlin, mais sur la relation prédicative. L’utilisation de lavirgule,en figurant ledétachement, forceou indiqueunerupturedeconstructionouunchangementdeportée(voir3.2.4.).

o Elle permet de hiérarchiser les niveaux d’interventions, parexemple, en encadrant les incises de discours rapporté, lescommentairesdel’énonciateur,ouenmettantenévidencecertainsapports à l’énonciation: Pierre viendra, dit-elle, et rapidement;Sarah partira, et c’est heureux, pour de nouvelles aventures;Pierre, tu descends? (apport qui dit l’interlocuteur); Moi, monpère,sonvélo,leguidon,lapoignée,elleesttoutepourrie(apportquiditlepropos).

o Le point d’interrogation indique le questionnement, le pointd’exclamation l’étonnement, la surprise, l’ordre. L’utilisation de cessignesdeponctuation influesur laprosodiede laphrase. Il estpossibleque le scripteur les considère comme équivalant à un point, maiségalementàunevirgule.Selonlechoixduscripteur,cessignesseferontsuivrerespectivementd’unemajusculeoud’uneminuscule.

o Les deux pointsinterviennent dans deux circonstances relevant d’unmêmeprincipe,celuidepermettreuneinsertiond’élémentsenlienavecla première partie de la phrase. Cette insertion sera soit celle d’uneénumération d’éléments juxtaposés ou en liste; soit une explication ouune autre relation d’implication logique (la conséquence, par exemple).L’usagedelamajusculeaprèslesdeuxpointsestlaisséàl’appréciationduscripteur. Couramment, si l’explication est sous la forme d’une listed’éléments de type phrastique ou d’un paragraphe, le saut de ligneappelle la majuscule. S’il s’agit d’une énumération d’éléments sanspassageàlaligne,laminusculeestlarègle.

o Les points de suspensionpermettent de clore une énumération nonfinie, de laisser en suspens la chainedudiscours afin denepas avoir àdire,afindelaisserunepartd’impliciteoudeménagerle…suspens.Misentreparenthèsesouentrecrochetsdroits,ilsmarquentl’omissiond’unepartiedecitation.

o Les parenthèsessont le moyen d’insérer un commentaire, celui-cipouvant relever tant de la composante énonciation de l’énoncé (pourinscrireuncommentaire,parexemple)quedesacomposantephrastique

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(pour inscrireunsupplémentd’information,parexemple).Elles serventégalement à noter le caractère facultatif ou éventuel du terme ou de lastructurequ’ellesencadrent(parexemple:chère(s)amie(s))etl’insertionmêmed’unexemple.

o Lescrochetsdroits sontparfois utilisés en casd’occurrencesmultiplesdeparenthèses afin de les hiérarchiser. Ils peuvent également indiquer,dans le cadred’une citation, qu’un segmentde celle-ci a été légèrementadaptéparceluiquicite.

o Les tirets encadrants jouent un rôle proche de celui des parenthèses àceci près que le commentaire qu’il permet d’intercaler relève plutôt del’énonciation.

o Les guillemetssont nécessaires pourmarquer la prise de distance parrapportauproposouautermeencadrés:ledétachementénonciatif(miseàdistance,parfoisironique),lediscoursrapportéetlacitation(empruntsauxdiresd’autrui),oulamention(d’unenotion,parexemple,oudanslecas d’une utilisationmétalinguistique, quand on utilise le langage pourparlerdulangage:lemot«table»comptecinqlettres).

o Letiretetlesguillemetsentrentencombinaisonpournoterlesprisesdeparoledudialogue,letiretindiquantlepassaged’unlocuteuràl’autreetlesguillemetslesparolesdecelui-ci.

Deplus enplus régulièrement, d’autres signes apparaissentdans l’écriture,qui sont à considérer comme plus ou moins pertinents et opportuns selon lasituation de communication. C’est notamment le cas de la combinaison despoints d’interrogation et d’exclamation pour marquer le doute (?!) et desditssmileys, ou émoticônes, qui figurent, par la combinaison de signes, l’attitude,l’humeur ou l’intention qui ont accompagné la production, ou celles que l’onattenddudécodeur.LessmileyslesplusfréquentsmobilisentlesdeuxpointsoulalettreXpourlesyeux,l’apostrophepourlalarme,lepointvirgulepourleclind’œil,letiretoulesigned’égalitépourlenez,laparenthèse,labarreoblique,oucertaines lettrespour figurer labouche.Dans le style occidental, ils sont à lirecommerenversésde90°verslagauche.Parexemple:

o :-)ou:) sourianto :-Dou:-P trèssouriantoutirantlalangueo :-(ou:( tristeoufâché

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3.LaphrasecommeréseaudefonctionsLa phrase peut être définie comme une unité de communication

constituéed’uneséquencestructuréeetordonnéedemot(s),dontlamiseen énonciation produit un énoncé, et que l’énonciateur décide de fairephrase. Ilpeutconsidérerquesonénoncés’arrêteralàoùil ledécide:avecousansverbe,enunouplusieursmot(s),enuneouplusieursséquence(s).Ildonnenéanmoinsdesindicationsdedélimitationàsoninterlocuteur:àl’oral,ilutiliseunschémaintonatifparticulieretrévélateur;àl’écrit,ilsegmentesaproductionàl’aidedesmarquesetdessignesdeponctuationadéquats(majusculeàl’initialedephrase;signesdeponctuationdits«forts»pourclôtureretfairephrase:./!/? /…). Du point de vue du récepteur, sera phrase ou énoncé ce qu’il aurainterprété comme tel à partir de la reconnaissance des indices formels laissésparl’énonciateur.

3.1.L’énonciationL’énoncé baigne dans un ensemble de facteurs situationnels et

communicationnels qui entourent sa production (locuteur, interlocuteur,propos,…). Dans une acception large, l’énonciation correspond aux rapportsentretenus entre la phrase et cette situation de communication. Ces rapportspeuvent transparaitre si l’énonciateur en laisse des traces dans son énoncé.L’énonciation, dans un sens plus étroit, correspondra donc à l’ensembledes traces de l’énonciateur et de la situation de communication dansl’énoncé.Onytrouvenotamment:

o lesmodalitésénonciativesexpressivesdelaphrase,quiindiquentl’étatd’espritdel’énonciateurparrapportàlasituationd’énonciationetaucontenudelaphrase.Lesinterjectionsparticipentdecettemodalitéexpressive:Aïe!,M****,Zut!,…

o lemomentde l’énonciation (Quand l’énonciateur situe-t-ilsa prisedeparole?)Lepointderepèretemporelàpartirduquell’énonciateurorganisesonprésent, sonpasséetson futurpeut laisserdes tracesdans l’énoncé,notammentdansl’oppositionentrecertainsadverbes:maintenant><alors, à ce moment-là; aujourd’hui >< ce jour-là; hier >< la veille;demain><lelendemain,…

o le lieu de l’énonciation (Où l’énonciateur situe-t-ilsa prise deparole?)Le point de repère locatif à partir duquel l’énonciateur organise saperception de l’espace peut laisser des traces dans l’énoncé,notamment dans l’opposition entre certains mots: ici>< là; ceci><cela;ce…-ci><ce…-là;devant><derrière;dessus><dessous,…

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o les connecteurs phatiques (qui (r)établissent le contact entrelesinterlocuteurs)Salut!/Écoute,c’estpasfaciletusais…/Allô?Ehoh?/Çavahein.

3.1.1.Quiparle?La question du Qui parle?, dont la réponse peut influencer l’énonciation,

pose,encorollaire,celledudiscoursrapporté.Commentl’énonciateurintègre-t-illaparoled’autruidanssonénoncé?Ilexisteplusieursmanièresdereprendreles paroles d’autrui, plusieursmanières aussi de les intégrer dans son proprediscours, autant de les assumer et les prendre en charge. Les plus fréquentssontlediscoursnarrativisé,lediscoursindirectetlediscoursdirectrapporté,icidiscoursre-produit.

Typedediscours Structuredelaphrase Exemple

Narrativisé GroupeXApportauverbe(dét.)Sarahmedit

GXSarahmeditsamotivation

Indirect Sous-phraseApportauverbe(dét.)

SarahmeditSous-phrase

Sarahmeditqu’elleestmotivée

Re-produit DiscoursApportauverbe(dét.)SarahmeditDiscours

Sarahmedit:«Jesuismotivée»

De l’intégration dépend la structure, non la fonction; dans les trois cas, le

discoursrapportéestunapportauverbepardétermination,commeunsimplecomplément,maislastructureesttantôtcelled’ungroupe(dontleséléments,audernierniveau,sont liéspardétermination), tantôtcelled’unesous-phrase(ougroupe de rang secondaire dont les éléments, au dernier niveau, sont liés parprédication), tantôt enfin du discours d’autrui tel que supposément ouprétendumentprononcéparlui.

3.1.1.1.QuelquesformesdediscoursrapportéTout discours rapporté est normalement constitué d’un discours citant et

d’un discours cité. Divers types de discours rapporté seront envisagés ci-dessous, avec, chaque fois, dans la mesure du possible, une description desrapportsentrel’unetl’autre.

o Selonelle,Pierreestmotivé.Danscettetournure,l’énonciateurassumesonénoncédanslecadredéfinipar l’apport Selonelle. Il prend donc en charge l’élément citéPierreestmotivé pour autant qu’il soit ramené à la personneque l’on «cite». CetapportneposepaslaquestionduQuiparle?(c’estbienl’énonciateurquiparle),maiscelledupointdevuequ’adopte l’énonciateurpourassumerson énoncé. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, malgré ce quisemble bien être une attribution du dire, il ne s’agit pas d’un apport àl’énonciation, mais d’un apport à l’énoncé. En effet, c’est bien

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l’énonciateur qui assume son énoncé, même s’il réduit la portée de savéritéaupointdevueévoqué.

o EllemeditquePierreestmotivé.Figure typique du discours indirect, cette tournure sépare nettement lediscours cité Pierre est motivé du discours citant Elle dit. En effet, cediscourscitéestenconstructionsous-phrastique,dépendantduverbededire, en fonction d’apport-déterminant du verbe. Dans cette phrase,l’énonciateur assume comme vrai le fait que Elle dise que Pierre estmotivé,etnonsamotivation.LamotivationdePierreestassuméecommevraie par la seule Elle. En d’autres termes, l’énonciateur n’est pas lelocuteur de la sous-phrase. En discours indirect, on observe desaménagementsformelsnécessairesdepersonne(jedeviendraitelle,danscecas-là),detempsetd’indicessituationnels(cesoirdeviendraitcesoir-là)…

Dans les cas de discours indirect libre, l’analyse est équivalente, maismarquée par l’absence de discours citant. Soit un autre énoncé ElleconsultaPierreetrevintencourant.Elle viendrait bien ce soir-là. Danscette séquence, on considère que l’on a affaire à une sous-phrase enposition de phrase, ce qui permet de rendre compte des particularitésformelles de personne (elle), de temps (futur du passé) et de déixis (cesoir-là).L’absencedeconnecteurestprobablementdueàladisparitiondudiscourscitantquiconstituaitlamatrice.

o Ellemedit:«Pierreestmotivé.»Dans cette tournuredediscours rapporté, lediscoursdirect, la coupureest plus nette encore entre discours citant et discours cité. Il y aclairement eu au départ deux énonciateurs, qui se maintiennent enapparence.

Il est nécessaire de prendre en compte une structure appeléediscoursre-produit.Dupointdevuedel’énonciation,cetteséquencematriceaunseulénonciateur(lenarrateur),quandbienmêmecelui-ciauraitprissoussonaileénonciatriceundiscoursd’autrui.L’apport-déterminantduverbedit est un discours re-produit, qui devra être analysé par la suite. À unniveaud’analysesyntaxiquehiérarchiquementinférieur,l’énonciateurdelaséquencereprisesouscediscoursre-produitestElle.

Dans les cas de discours direct libre, l’analyse est équivalente, maismarquéeparl’absencedediscourscitant.Soitl’énoncéElleconsultaPierreetrevintencourant.Jeviendraibiencesoir,quel’onpeutcompareraveclastructuredudiscoursindirect librevueplushautElleviendraitbiencesoir-là. On considèrera que l’on a affaire à un discours re-produit enposition phrastique, ce qui permet de rendre compte des particularitésformelles de personne (je), de temps (futur) et de déixis (ce soir).

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L’absencedesdeuxpointsetdesguillemetsestprobablementimputableàladisparitiondudiscourscitantquiconstituaitlamatrice.

Signalons toutefois que les marques formelles font parfois défaut pourtrancher entre discours direct libre et discours indirect libre. Dans lesexemples vus, Elle viendraitbien ce soir-là vs Je viendraibien ce soir, ladistinctionsembleasseznette,etjustifielechoixdesanalysesspécifiques.MaisdansunexemplecommeElleconsultePierreetrevientencourant.Ilarriveàcinqheures, rien ne permet d’affirmer avec certitude que l’on aaffaireà l’unouà l’autredecesdeuxtypesdediscoursrapportépourlaséquence Il arrive à cinq heures. Cela ne signifie en rien que l’outild’analyseestdéfectueux.Celasignifiequelalanguenenousdonnepasleséléments formels suffisantspour toutdistinguer.Toutaupluspouvons-nous espérer, sans aucune garantie, que l’énonciateur sait ce qu’il veutdireetformatecediscoursenfonctiondecetteintention.Auniveaudelaréception, les indices formelsdereconnaissancedéficientsnous laissentdevant une structure ambigüe, que seul le contexte, et là encore sansgarantie,pourraitnouspermettrededésambigüiser.

o «Pierreestmotivé»,medit-elle/qu’ellemedit.Dans cette structure, se croisent en apparence deux énonciateurs: l’undans le discours cité de la matrice, qui dirait le je du discours direct;l’autredans lediscourscitantde lasous-phrase incise insérée,quidit lemoidunarrateur.Danscecas-ci,cetapport-déterminantrépondbienàlaquestion duQuiparle? Il s’agit bien d’un apport à l’énonciation, et nond’unapportàl’énoncé.

o EllemeditPierremotivé.Danscecas,l’apport-déterminantduverbeestungroupeparticulier,sansverbe conjugué à un mode personnel (groupe prédicatif second (GP2),voir4.1.3.«Legroupeprédicatifsecond»),danslequellesupport-noyauPierresevoitattribuerunapportmotivé(ilestimpossibledesepasserdel’apportsansrendrelaséquencecaduque).Cegroupeparticulierpourraitêtrelereliquat,aprèsintégrationphrastique,delasous-phrased’originequePierreestmotivé.

o EllemeditlamotivationdePierre.On se trouve ici devant un discours de type narrativisé. Il n’y a pasretranscriptiond’undiscourscomplet,maisformulationsynthétiséedesateneur.LegroupedéterminatifnominallamotivationdePierreestapport-déterminantduverbedit; il est totalementetnormalement intégréà lasyntaxedelaphrase.

o QuePierreestmotivé,ellemeledit.Dans cet exemple, lediscours cité estpris en chargepar la sous-phraseQue…motivéquiapparaiticicommeunapportàl’énonciation.Cettesous-

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phrasecadreleproposdel’énoncé.Elleestrepriseparlepronomneutrele en position d’apport-déterminant du verbe; l’absence de ce pronomrendraitlaphrasecaduque.

o «Pierreestmotivé»,ellemeledit.Uneautrelecture-analysedecetexempleestpossible(différentedecelleproposéepour«Pierreestmotivé»,medit-elle/qu’ellemedit),etmêmerendueplusplausibledufaitdelareprisedudiscourscitéparlepronomle. Il s’agiraitde rapprocher cet exempleduprécédent, etde considérerque «Pierre est motivé » est un discours re-produit qui occuperait lafonctiondécriteci-dessusd’apportàl’énonciationcadrantlepropos.8

3.1.2.Commentonparle?Parmilestraceslaisséesparl’énonciationdansl’énoncé,ontrouveégalement

les modalités énonciatives principales de la phrase, qui indiquent sil’énonciateurassumelesconditionsdevéritédesonénoncé(assertion:Pierrevient), s’il s’enremetàson interlocuteurpourassumer lesconditionsdevéritéde son énoncé (interrogation: Pierre vient-il?)ou s’il demande à soninterlocuteurdefaireensortequelesconditionsdevéritédesonénoncésoientrencontrées(injonction:Sors!).

3.1.3.Lesautrestracesdel’énonciationCertainestracesdelasituationdecommunicationdansl’énoncéaurontpour

fonction d’être des déterminants de l’énonciation, dans la mesure où ilscaractérisent (au sens de«réduisent l’extension de») l’énonciation comprisecommeproductiondel’énoncé.Cesontnotamment:

o lestracesdupropos(àproposdequoiparle-t-on?)Lapomme, j’aime /Cetauteur, tuenpensesquoi? /Moi,monpère,son vélo, son guidon, la poignée, elle est toute pourrie (exempleoral)./Eux,ilspartirontplustard.

o lestracesdesparticipantsàl’énonciationo latracedel’énonciateur(Quiparle?)

Nous (notre famille), on n’est jamais allés en vacances /Moi,j’aimepasça.

o latracedel’interlocuteur(Àquionparle?)Toi, ça va? / Qui êtes-vous, vous? / Pierre, tu viens?(l’ancienneapostrophe)

8Malgréunelistedéjàlonguedeformes,onrencontreencorecertainesformesdites«mixtes»,qui,dèslors,doiventpouvoirêtreprisesencompte:Ilm’aditque:«Viensunpeuicipourvoir!»,formemixteentrediscoursindirectetdirect,parexemple.

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o lapriseàtémoindesinterlocuteursIlnousafaitundecesscores!/Jeteluiaimisunedecesbaffes.

o les tracesde ce que l’énonciateur dit de son énoncé(sa forme,l’étatd’espritdel’énonciateur,…)Bref,toutdéraille!/Enunmotcommeencent,çanevapas!/Sansvouloir insister, ilfautquetut’ymettesvraiment. /Honnêtement, jen’aipasàmeplaindre./Franchement,tuexagères,…

o lesjustificateursd’énonciation9Situassoif,ilyadujusdefruitdanslefrigo.

o lesorganisateursénonciatifs(généralementprisenchargepardesconnecteurssecondairesadverbiaux)Je fais ce que je veux, d’abord! / Tu aimes la peinture, toi,maintenant?/Primo, jen’airienàmereprocher;secundo,turéagiscommeunenfant.

L’énonciationestdonclefruitd’unagencementparticulier,d’unchoixmaisaussid’unpointdevue,celuiquel’énonciateurportesurleprocèsqu’ildécrit.

3.2.L’énoncé

3.2.1.LasyntaxeLa syntaxe est vue commeun réseaude liaisons et relationsd’éléments ou

segmentsentreeuxàl’œuvredanslalinéaritédudiscours,etcommel’étudedeceréseau.

Dans le cadre de l’unité choisie qu’est la phrase, les modes de liaisonssyntaxiques d’éléments peuvent être de deux types: parataxiques ouhypotaxiques.

3.2.1.1.Lesmodesdeliaisonsanshiérarchisation:laparataxeLa parataxe (de para-: à côté) est un mode de liaison de segments, par

exemple deux ou plusieurs groupes ou phrases, sans hiérarchisation nidépendance, sur l’axe syntagmatiquedudiscours.Cemodepeut se concrétiseravecousansoutildeligature(connecteur):avecoutildeligature,onparleradecoordination; sans outil de ligature, on parlera de juxtapositioncoordonnante (ou de coordination implicite). La coordination et lajuxtaposition coordonnante de deux phrases forment des phrases ditesmultiples.

9Quetuaiessoifounon,ilyadujusdefruitdanslefrigo.L’énonciateurjustifielefaitdedirequ’ilyadujusdefruitdanslefrigodanslamesureoùcetteinformationn’estpertinentequesisoninterlocuteurasoif.

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Lacoordinationestlemécanismequireliedesélémentsousegments,placéssur le même plan syntaxique, sans hiérarchisation, pour leur permettred’occuperlamêmefonction.

Dans le cas de la phrasemultiple, la coordination concerne des structuresphrastiques. Dans une phrase multiple, la coordination relie ces structuresphrastiquesenmaintenantleurautonomiesyntaxiquel’uneparrapportàl’autre(JeparsdemainetSarah revientsamedi; aucunenedépend syntaxiquement del’autre,mêmesi leur réunionoccupe lamêmeposition fonctionnelledephrasemultiple).Lajuxtapositioncoordonnanteagitdemême,maissanslerecoursàunconnecteurligateur(Jeparsdemain,Sarahrevientsamedi).

Iln’estpassurprenantdeconstaterquecesdeuxphrasesmultiplespeuventêtre sémantiquement semblables. En effet, la ponctuation utilisée pour lajuxtaposition peut être interprétée de la même manière que s’il y avait unconnecteurcoordonnant.

Coordinationetjuxtapositioncoordonnanterelèventdoncicid’unmêmemode de mise en relation de segments, avec des outils variés que sont lesconnecteurs coordonnants (voir 3.2.3.3. « La liaison d’éléments par lesconnecteurs ») et les signes de ponctuation. Ces derniers n’ont dès lors plusseulement pour fonction de marquer une pause dans le discours, maiségalement, le plus souvent, de signifier un lien sémantique (l’addition, laconsécution, l’opposition,…) entre les deux éléments qu’ils séparent, dans lecadred’uneorganisationsyntaxiquehiérarchiquementégalitaire.

3.2.1.2.Lesmodesdeliaisonavechiérarchisation:l’hypotaxeL’hypotaxe(dehypo-:endessous)estunmodede liaisondesegments,par

exempledeuxouplusieursgroupesouphrases,avechiérarchisation.On peut concevoir deux types d’hypotaxe, selon que l’on considère la

hiérarchisation sur l’axe syntagmatique du discours (les liens de dépendancedans lachaine linéaire)ousur l’axeparadigmatique(lesconstituantspossiblespouroccuperunemêmeposition).

3.2.1.2.1.L’hypotaxesyntagmatiqueL’hypotaxe syntagmatique est le pendant de la parataxe, qui est toujours

syntagmatique et prise en charge par la coordination ou la juxtapositioncoordonnante. Alors que dans la parataxe, la liaison de segments s’opère sansinstaurerderelationdehiérarchieoudedépendance,l’hypotaxesyntagmatiqueprocèdeparsubordination,parmiseenrapportdedépendanceetdehiérarchieentresegments.Lasubordinationrenvoie iciaumécanismed’instaurationd’unliendedépendanceetdehiérarchieentredeuxélémentsousegmentsdans lalinéaritédudiscours,quellequesoitparailleurslaconstitutiondel’élémentoudusegmentdépendant(mot,groupedéterminatifouprédicatif).

L’apportapparaitcommedépendantdusupport,etdoncsubordonné.De lasorte,lasubordinationestréservéeauxrelationshiérarchiquesdedépendanceà

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l’œuvredansla linéaritédudiscours.Toutélémentousegmentdépendantseradès lors subordonné (les déterminants, compléments, directs ou non, lesprédicats, premiers ou seconds,…). Cemécanisme peut se concrétiser avec ousans outil de ligature (connecteur): avec outil de ligature, il s’agit d’unesubordination (lechâteaudeSarah;Sarahdortpendantlanuit;jepensequeSarah viendra demain) ; sans outil de ligature, d’une juxtapositionsubordonnante (ou de subordination implicite) (Une Sarahaffable; Sarahrayonne;Sarahcroquelapomme;Sarahdortlanuit).

Lecritèredeladépendanceserévèlesuffisammentpuissantpouropposerlesmécanismes de la subordination (ou juxtaposition subordonnante) et de lacoordination(oujuxtapositioncoordonnante).

3.2.1.2.2.L’hypotaxeparadigmatiqueL’hypotaxeparadigmatiqueestunmodedeliaison,avechiérarchisation,qui

procèdeparl’enchâssementd’unesous-phrasedansunephrasematrice,c’est-à-direparl’intégrationd’unestructurephrastique(avecverbeconjuguéàunmodepersonnel)dansunepositionfonctionnelled’uneautrestructurephrastique.Cemodepeutseconcrétiseravecousansoutild’enchâssement(connecteur):avecoutil, on parle d’enchâssement (Comme il aplu, Sarahaprissonparapluie) ;sans outil d’enchâssement, on parle de juxtaposition enchâssante (oud’enchâssementimplicite).Enl’absenced’outilexplicite,l’espritdoitreconstituerdequeltypeestlelienentrelessegmentsdephrase:

o hypothétique:«Tufaisça,Sarahtecasselafigure»10.o causatif:«Cerestoétaitfermé,SarahetLionelsontallésdansunautre».o adversatif:«Ilafaitdespiedsetdesmains,Sarahn’apascédé»11.L’enchâssement (de même que la juxtaposition enchâssante) intègre donc

une sous-phrase dans une phrase matrice; il permet de donner un statutfonctionnel12à cette sous-phrase. Il se caractérise également par l’existenced’uneasymétrieavechiérarchisationentrephrasematriceetsous-phrase.

Dans les cas d’hypotaxe paradigmatique, on parle d’énoncé à phrasecomplexe, la composantephrastiquede l’énoncéest complexedans lamesureoùelleintègreunesous-phrase.10Dans ce cas, il est possible de remplacer la virgule par un «et». Mais ce et serait noncoordonnant.Ilauraitplutôtunevaleurénonciatived’organisateurlogique,commeunadverbe:laséquencenesignifieraitpas«X+Y»,maisplutôt«siXalorsY».CeetauraitlamêmevaleurdansuneséquencecorrélativedutypePlusilmangeetplusilgrossit.11En cas de juxtaposition, l’enchâsseur est absent (Sarahauraitsu,elleneseraitpaspartie). Lecasdeceque l’onappelleparfois la subordination inverseestpluscomplexe.DansunephrasecommeSarahn’étaitpaspartiedepuisdixminutesquetuesarrivé,lapremièreséquence(Sarah…minutes) pourrait être considérée comme une sous-phrase juxtaposée (juxtapositionenchâssante) exprimant le cadre (déterminant de la relation prédicative, à portée large), et laseconde(quetuesarrivé)commeunesous-phraseenpositiondephrase(prédicationimpliquée),oudeprédicatreliéparlarelationprédicative(supportdel’apportIl…minutes)àunnoyaunonsaturé(prédicationincomplète).12C’est-à-direcapabled’endosserunefonction.

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3.2.1.3.BilanCe point de vue permet d’éviter la confusion trop fréquente entre

subordination (dépendance) et enchâssement (constituance). Il existe en effetdessous-phrasesenchâsséesquinedépendentderien,commelessous-phrasesnoyau de phrase:QueSarahparte impliqueuneréorganisationdel’équipe. Lasubordination est essentiellement tributaire d’une relation de dépendanceapport-support,l’apportdépendantsyntaxiquementdusupport.L’enchâssementest essentiellement tributaire de l’intégration d’une sous-phrase contenant unverbeconjuguéàunmodepersonnel.

Parailleurs,traiterdesexemplestelsqueSarahestunefemmeintelligenteetqui ira loin devient plus aisément explicable. Dans le groupe déterminatifnominal «unefemmeintelligenteetquiiraloin», intelligente etquiiraloin sontreliés parataxiquement par coordination, et donc sans hiérarchisation, pouroccuperconjointementlafonctiondedéterminantdunoyaunominalfemme.Ilsen constituent globalementunapport et lui sont subordonnés.Quiiraloin, quin’est donc pas subordonné à intelligentemais bien coordonné, est par ailleursbienenchâssédans laphrasematriceenposition fonctionnellededéterminantdunoyaunominalfemme,fonctionqu’iloccupeconjointementavecintelligente.

Le redéploiement des concepts permet, on le voit, une prise en comptesystémiqueplusfinedesphénomènes.

Schématiquement:

HiérarchieSUB ENCH

Commeilpleut,Sarahrentre;Tufaisunpas,Saraht’étripe X XSarahmange;uneSarahserbe;Sarahsort(pendant)lanuit X QueSarahviennemeréjouit XSarahetLioneldinentensemble

SYNTAXErelationd’éléments

Parataxe(sanshiérarchisation)

Hypotaxe(avechiérarchisation)

Juxtapositioncoordonnante(sansoutil)

Coordination

(avecoutil)

syntagmatique(dépendance)

paradigmatique(intégration)

Juxtapositionenchâssante(sansoutil)

Juxtapositionsubordonnante(sansoutil)

Subordination

(avecoutil)

Enchâssement

(avecoutil)

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3.2.2.Multiplicitéetcomplexité Il existe donc des phrases uniques et multiples, chaque phrase unique

pouvantêtresimpleoucomplexe.

o Phrase unique: c’est la phrase de base; elle constitue une phrasesimpleoucomplexe.Pierremangeunepomme.

o Phrase simple: elle ne contient qu’un verbe conjugué à unmodepersonnel.Pierremangeunepomme.

o Phrasecomplexe:auniveaudelacomposantephrastiquedel’énoncé, elle contient une phrase matrice, dans laquelle estintégrée au moins une sous-phrase (introduite par unconnecteur ou non).PierremangelapommequeSarah luiadonnée.Iltrouvequecettepommeesttrèsbonne.Auniveaude la composante énonciation de l’énoncé, la phrase peutintégrer au moins une séquence de discours direct dans laposition fonctionnelle d’un terme normal de phrase ou unesous-phrase d’interrogation indirecte. On parlera d’énoncéàénonciation complexe, ou plus simplement d’énonciationcomplexe. Jemedemandesi Sarah viendra demain ; Pierremedit:«Sarahviendrademain.»

o Phrase multiple: elle contient au moins deux phrases uniques,coordonnéesoujuxtaposées,sanshiérarchisation.Pierreamangéunepommeet/,ill’atrouvéetrèsbonne.

Récapitulatifschématique:

La phrase ou la sous-phrase est un groupe qui intègre une relation deprédicationentresonsupport-noyauetsonapport-prédicat.Entantquegroupe,elle peut occuper toutes les positions fonctionnelles dans la phrase: Que tupartesm’attriste; Quand il pleut, personne ne veut sortir; Il fautqu’il reste;Sarahsaitqu’elleréussira;Ilagitdelasortepourqu’ellerevienne…

PHRASE

unique(«debase»)

multiple(plusieursphrases

uniquescoordonnées)

simple(unseulverbe

conjuguéàunmodepersonnel)

complexe(avecsous-phrase)

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3.2.3.LesfonctionsLesmotsde la languene restentpas isoléset s’organisenten réseauxpour

fournirdusens.Dansunréseaudetransmissiondel’information(laphrase),lesmots – ou groupes de mots – entretiennent des rapports entre eux (lesfonctions).Autrementdit, lafonctiond’unmot,c’est lerôlequ’ilexerceparrapportauxautresmots.

3.2.3.1.LafonctionsupportDanschaquegroupe,ilyaunmotsupportd’information;ilestl’élémentde

basequiorganiseautourde lui les informationsvéhiculéespar lesautresmots(lesapports)quis’yrapportent:LepèredeSarahpréparelestravaux;[LepèredeSarah][préparelestravaux].

Enschéma:

3.2.3.2.LafonctionapportIl y a deux façons d’apporter de l’information à propos d’un support

d’information:

o Soit l’apport réduit l’ensemble considéré par le seul support(chaussure noire ; deux chaussures ; porter des chaussures) etl’extension13initialedusupportestdoncaltérée:l’apportexercealorsunefonctiondedéterminationetestditdéterminant;

13L’extension d’unmot est l’ensemble des objets (êtres, objets, faits ou situations) dumondeauxquels ce mot peut être appliqué. L’extension de chaussures noires est un sous-groupe del’extension de chaussure. L’ensemble des occurrences de porter des chaussures est un sous-groupedel’ensembledesoccurrencesdeporter.

Phrase

SupportLepèredeSarah

SupportLepère

Apportpréparelestravaux

ApportdeSarah

Supportprépare

Apportlestravaux

Supportpère

ApportLe

Supporttravaux

Apportles

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Le déterminant peut être un apport à différents types de supports:déterminantdunom(unhommedebien),dupronom(celuiquipart),du verbe (manger une pomme), de l’adjectif (plein de vie), del’adverbe (loin d’ici), du connecteur subordonnant (avant ce soir),d’unerelation(Hier,ilestparti).

o Soitl’apportneréduitpasl’extensiondusupport(Cettechaussureestnoire; Pierre sourit; Pierre, mon ami): l’apport exerce alors unefonctiondeprédicationetestditprédicat.

Ondistingueleprédicatpremier(apportaunoyaudelaphraseoudelasous-phrase,cequiconstituela(sous-)phrase:Lessourisdansent),et le prédicat second (apport non déterminatif à tout type desupport, terme ou relation prédicative de la phrase, sans verbeconjugué à un mode personnel: La jeune fille, exténuée, s’estendormie;Philippe,roidesBelges;Lechatparti, lessourisdansent;Heureusement,vousêtesarrivés…).

Tant dans le cas de la détermination que dans celui de la prédication, lesupport s’en trouve enrichi informativement mais, dans le premier, sonextension est affectée (précision de nombre ou réduction d’ensemble), dans lesecond,non.

‘chaussure’ ‘porter’

chaussurenoire

deuxchaussures

porterdeschaussures

cettechaussure

estnoire

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Récapitulatifschématique:

3.2.3.3.Laliaisond’élémentsparlesconnecteursÀ côté de l’apport d’information, un autremécanismepermet de relier des

éléments entre eux. La liaison peut être non marquée (juxtapositioncoordonnante, subordonnante ou enchâssante), ou marquée à l’aide deconnecteurs(coordonnants,subordonnantsouenchâssants).Onpeutdistinguerle fonctionnement de ces connecteurs selon la combinaison des trois sous-fonctionnementsde liaisond’élémentsque sont la ligature, la subordinationetl’enchâssement.

o Ligature:mécanismedemiseenrelation(nonautrementdéfinieen

termesdehiérarchisation)etdeliaisondedeuxouplusieursélémentsoustructures.

o Subordination:mécanismeparlequelunmotouungroupedemotsest placé en relation de dépendance vis-à-vis d’un autre (ou d’unerelation),pourenconstituerunapport.

o Enchâssement: mécanisme par lequel on intègre une sous-phrasedans la phrase matrice, avec hiérarchisation et souvent (mais pastoujours)dépendance,àl’intérieurd’unephrasedèslorscomplexe.

APPORTd’information

déterminantréduitl’extension

oudonneuneindicationdequantité(complémentd’information)

prédicatneréduitpasl’extension(supplémentd’information)

caractérisantcréeun

sous-ensemble

quantifiantindique

laquantité

premierapportedel’informationaunoyaudela(sous-)phrase

secondapportedel’informationà

unterme/groupeouàlarelationprédicative

sansverbeconjuguéàunmodepersonnel

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Exemple fonctionde…ligateur subordinateur enchâsseur

Connecteurcoordonnant Partiretrevenir X

Connecteursubordonnant

Jeparsàlamer;lechâteaudemamère X X

Connecteurenchâssant

Jeparsparcequejem’ennuie X (X) X

Quant aux connecteurs occasionnels, dits secondaires (pronominaux,adjectivauxetadverbiaux),leurfonction,enplusdesfonctionnementsdécritsci-dessus,seracomplétéedestraits«représentant»et/ou«foncteur».

o Représentation:renvoiàuntermeouungroupeantécédent.o Fonction:exerciced’unefonctiondanslaséquenceintroduite.

Typed’élémentconnecté Exemple lig. subord. ench. repr. fonct.

Séquencessuccessives(connecteuradverbial)

Ilamangéàmidi.Ensuite,ilafaitunesieste. X X

Interrogationindirecte(connecteurpronominal,adjectivalouadverbial)

Jemedemandequiviendra/quellepersonneviendra/commentilfautfaire

X X

Sous-phraserelative(connecteurpronominalouadjectival)

Lafillequipart,laquellefillenereviendrapas. X X X X X

3.2.4.LaportéeChaquegroupeestcomposédetroiséléments:unsupport,unapportetune

relationdel’unàl’autreets’intègredansunréseau.Legroupemaximalconstituelaphrase. Il estnécessairedeveilleràcequechaquegroupesoitplacéaubonendroitdanslaphrase.Pourchaqueapport,ilfautdoncidentifier

o leterme/groupesurlequelilporte;ou

o larelationsurlaquelleilporte.

Jusqu’àprésent,lesapportsontétéenvisagésparrapportàdestermes.

Sil’onconsidèreunephrasecommePierrerangealphabétiquementsesfiches,alphabétiquement se rapporte au processus de rangement des fiches. C’est lamise en relationde fiches et de range qui est dite alphabétique. Le supportdel’adverbe alphabétiquement est donc ici une relation, la relation quel’énonciateur établit entre l’apport du verbe (fiches) et le verbe support dugroupeverbal(range).

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range sesfiches

alphabétiquement

Danscecasdonc,letermeportesurunsupportquin’estpasun(groupede)mot(s),maisbienunerelationentredeuxtermes.Cetterelationimpliciteentreapportetsupport(parexempleentre leverbesupportetsonapport :ranger–sesfiches)traduitunprocessus(parexemplelerangementdesfiches).

L’apportàunerelationpeutêtreprisenchargeparunadverbeouungroupeadverbial (comme dans les exemples ci-dessus et ci-dessous, ou dansHeureusement, vous êtesarrivées), ou par d’autres types de groupes: groupedéterminatifnominal (Lanuit,lesétoilesapparaissent)oupronominal (Pierreyenvoiedesfleurs), groupedéterminatif connectif (Pendant lanuit,leboulangerpétritsapâte), groupeprédicatifpremier(PendantqueSarahtravaille,Lionelprépare lerepas) ou second (Le chat parti, lessourisdansent). En général, lesancienscomplémentscirconstancielsportentsurdesrelations.

Onretrouvedesrelationsàdifférentsniveauxde laphrase.Chacunedecesrelationspeutservirdesupportàunapportdesens.Pourdéfinirexactementlarelationàlaquellecetyped’apportreversesonsens,ilfautseposerlaquestionsuivante:l’apportest-ilsouslaportéedelanégationoupas?Autrementdit,sijerends la phrase négative, c’est-à-dire que je choisis de nier le groupe verbal,l’apportest-ilniédanscetteséquence14?

Si l’onconsidèrelaphrasePierreconduitunevoitureempruntée,à l’intérieurdelaquelleonintroduitl’adverbelégalement,quiendosselafonctiond’apportàunerelation,ilyaquatrecasdefigure.

1. Légalement,Pierreconduitunevoitureempruntée.2. Pierreconduitlégalementunevoitureempruntée.3. Pierreconduitunevoiturelégalementempruntée.4. Pierreconduitunevoitureempruntéelégalement.

Cesquatreénoncésontchacununesignificationdifférente,laquelleprovient

decequel’adverbeneportepassurlamêmerelation.Sil’apportàlarelationestsouslaportéedelanégation(2,3,etéventuellement4),c’estqu’ilsetrouvedanslegroupeverbal.Danslecascontraire,s’ilesthorsdeportéedelanégation(1et,éventuellement 4), il porte sur une relation extérieure au groupe verbal, en

14Onnepeutnier cedontonparle,uniquement cequi enestdit.Parexemple,dans laphrasePierremangeunepomme, onditdePierre qu’ilmangeunepomme. Lanégationde cettephraseseraitPierrenemangepasdepomme: onditdePierre qu’ilnemangepasdepomme. Le thèmePierren’estpasnié,iln’estpasatteintparlanégation.Sil’onsouhaitenierPierre,ilestnécessairedel’incluredansunestructureoùilrejoindraitlegroupeverbal.Parexemple:Cen’estpasPierrequimangeunepomme.

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l’occurrence celle entre le groupeverbal, apportd’information, et son support.Selonlescas,l’interprétationpeutêtremultiple.

Schématiquementpour1:

Schématiquementpour2:

Dét.(GDAdv.)

Légalement

Noyau Prédicat(GDN) (GDV)Pierre conduitunevoitureempruntée

(GP1)Phrase

Dét.(GDAdv.)

légalement

Noyau Prédicat(GDN) (GDV)

conduitlégalementunevoitureempruntée

Pierre

(GP1)Phrase

Noyau(V) (GDN)

conduit unevoitureempruntée

Dét.

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Schématiquementpour3:

L’énoncé4estambigu.Ilpeutêtreanalysédestroismanièresvuesci-dessusenfonctiondelaportéequiseradonnéeàl’adverbelégalement.

ATTENTION:Unerelationexistemêmesilesdeuxéléments(apportetsupport)ne sont pas toujours présents ou explicités. Dans l’exemple Pierre mangebeaucoup,l’adverbebeaucoupestsouslaportéedelanégationetportedoncsurunerelationàl’intérieurdugroupeverbal.Cetterelationestcelleentreleverbe(support)mangeetunapportabsent.Ilfautenvisagerlarelationcommereliantdeuxpositionsdontl’uneetl’autrepeuventêtreoccupées,ounon.

Phrase(GP1)

Noyau(GDN)Pierre

Prédicat(GDV)

conduitunevoiturelégalementempruntée

Dét.(GDAdv.)légalement

Noyau(V)

conduit

Dét.(GDN)

unevoiturelégalementempruntée

Noyau(GDN)voiture

légalementempruntée

Dét.Q.(Adj.)une

Noyau(Nom)voiture

Dét.Ca.(Adj.)

empruntée

Noyau(Nom)Pierre

Dét.(Ø)

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Le nom de la fonction sera composé du type d’apport (ou seulement duterme support) et de sa portée, ou simplement de la mention support-noyauaccompagnée du groupe dont il est noyau: apport-déterminant du verbe;apport-déterminantde larelationentreverbeetsondéterminant;noyaude laphraseoud’ungroupe…

Dans le cas d’une phrase complexe, il s’agit premièrement d’analyser lastructurematrice,puisdansun second temps,d’analyser la structure intégrée.Lorsque l’on rencontre une phrase complexe (contenant au moins une sous-phrase), pourmontrer leniveauhiérarchiquement inférieurde la sous-phrase,onindiqueradoncd’abordlafonctionendosséeparcelle-ci.L’analyseinternedela sous-phrase proprement dite sera effectuée ensuite, comme s’il s’agissaitd’unephraseautonome,unefoismisau jour leréseaufonctionnelde laphrasematrice.

Parexemple,laphraseJ’aimequetuobéisses,s’analyseracommesuit,endeuxétapes.

Onprocèdeensuiteàl’analysedelasous-phrasequetuobéisses:

Connecteurenchâsseurque+

Phrase(GP1)

Noyau(GDPron.)

J’

Noyau(Pron)J’

Préd.(GDV)

aimequetuobéisses

Dét.(Ø)

Noyau(V)aime

Dét.(sous-ph)quetuobéisses

Sous-phrase(GP1’)

Noyau(GDPron.)

tu

Noyau(Pron)tu

Préd.(GDV)obéisses

Dét.(Ø)

Noyau(V)

obéisses

Dét.(Ø)

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4.Laphrasecommeréseaudestructuresintégratives

4.1.LesgroupesLaphrasen’estpasqu’unesuitelinéairedemots,ellen’estpaslerésultatde

la juxtaposition linéairedemotspris chaque fois isolément. Elle est le produitd’unemécaniqued’intégrationquimetenrelationdesstructuresintégrativesintermédiaires de différents types, pourvus chacun d’une organisation internespécifique.Cesstructuresintégrativessontporteusesdefonctionetconstituentla phrase en se combinant selon les mécanismes décrits dans le chapitreconsacré aux fonctions (3.2.3.). Ainsi, les fonctions traditionnelles de support-noyaudephraseoud’apport-déterminantdeverbenesontpasprisesenchargepar des mots, mais par des groupes de mots organisés. Dans la phrase Leprofesseur enseigne la grammaire, ce ne sont pas les noms professeur etgrammairequiendossentlesfonctionsrespectivementdenoyaudephraseetdedéterminantduverbe;professeurconstitued’abordavecsondéterminantleungroupedéterminatifnominalleprofesseurdontilestlenoyau,etc’estcegroupequiexerceralafonctiondenoyaudephrase;grammaireconstituedemêmeavecsondéterminant laungroupedéterminatifnominal lagrammairedont ilest lenoyau, et c’est ce groupe qui exercera la fonction de déterminant du verbeenseigne.

D’unemanièregénérale,toutestructuresyntaxiqueselaissedécrireàl’aided’unschémadecetype:

Pour chaque fonction (Phrase, Support (Noyau), Apport(Déterminant, Prédicat) ou Ligateur), il convient d’indiquer lastructure (élément ou groupe (GD ou GP)) qui l’assume et ensuitele(s)mot(s)quilaprend/prennentencharge.

Fonction

Support/Noyau(Structureintégrative)

mot(s)

(Structureintégrative)

Apport/DéterminantouPrédicat(Structureintégrative)

mot(s)

Apport/DéterminantouPrédicat(Structureintégrative)

mot(s)

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Pourlaphraseconsidéréeici,leschémaseralesuivant:

La phrase est donc également conçue commeunemécaniqued’intégration,c’est-à-dire comme une imbrication de structures intégratives de ranghiérarchiquement inférieur, notamment les groupes déterminatifs, les groupesprédicatifs et les sous-phrases. La combinaison de ces structures peut donnerlieuàdesformesdephrasesdifférentes15.

Ainsi, pour rappel (voir 3.2. «L’énoncé»), un énoncé peut être constituéd’unephrase

o soitunique16,quiestcomposéed’uneseulephrase,

o soitmultiple,quiestcomposéededeuxouplusieursphrases(Phrase1+Phrase 2…) jointes par «parataxe»(coordination et/ou juxtapositioncoordonnante).

Chaque phrase unique ou chaque phrase partie de phrasemultiple pourraêtre

o soitunephrasesimple,quinecontientaucunesous-phrase,

o soitunephrasecomplexe,quicontient

o au moins une sous-phrase enchâssée par «hypotaxe»(enchâssement et/ou juxtaposition enchâssante) dans unephrasematrice.Onparlerad’énoncéàphrasecomplexe,

15Pour une représentation en schéma d’autres types de phrases, consulter le Référentiel auchapitre2.6.«L’analysedephrase:représentation»[http://gramm-r.ulb.ac.be/referentiel].16Quinedemandepasdedéveloppementparticulier.

Phrase(GP1)

Noyau(GDN)

Leprofesseur

Noyau(Nom)

professeur

Préd.(GDV)

enseignelagrammaire

Dét.(Adj.)Le

Noyau(V)

enseigne

Noyau(Nom)

grammaire

Dét.(GDN)

lagrammaire

Dét.(Adj.)la

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ou plus simplement de phrase complexe. Je pense queSarahviendrademain.

o et/ou aumoins une séquence de discours direct intégréedanslapositionfonctionnelled’untermenormaldephraseou une sous-phrase d’interrogation indirecte. On parlerad’énoncé à énonciation complexe, ou plus simplementd’énonciationcomplexe. JemedemandesiSarahviendrademain;Pierremedit:«Sarahviendrademain.»

4.1.1.Laphrasesimple(GP1)Legroupedemot(s)organiséethiérarchiséquiréunitautourd’unsupport-

noyau ses apports par le biais d’une relation prédicative sera appelé groupeprédicatif.Le groupe constituédunoyaudephrase et de son apport-prédicat,constitutifdelaphraseseraappelégroupeprédicatifpremier(GP1).

Ainsi, l’analyse schématique du premier niveau de la phrase Leprofesseurenseignelagrammairesefaitcommesuit:

La phrase simple peut voir ses composantes (noyau de phrase, prédicat etrelation prédicative) développées ou non. Dans le premier cas, on dira que laprédication est expliquée, dans la mesure où elle déploie à la vue sesconstituants;danslesecond,onparleradeprédicationimpliquée:lesélémentsen présence ne se laissent pas analyser en noyau et prédicat explicites; larelation entre les deux apparait comme intérieure au segment. Dans le cas del’interjectionAïe, parexemple,onpourrait imaginer trouver implicitementuneséquence comme «J’ai mal», qui n’est pourtant pas produite. Dès lors oncomprendraque cette relationprédicative est impliquéepar le seul termeAïe.Les segments (Jamais!), sous-phrases (Qu’il vienne!), groupes prédicatifsseconds(Hautlesmains)etautresdiscoursre-produits(«Jeviensdemain»,dit-il)employésenfonctiondephrasefonctionnentdelamêmemanière.17

17Danslecasdelasous-phrase,duGP2etautresdiscoursdirects,lecaséchéantre-produit(voir3.1.1.«Quiparle?»),àprédicationimpliquée,cesséquencesapparaissentcommedesstructuresinterjetées.Onanalyseradès lorsd’abord laséquencecommeuneprédication impliquée;dans

Noyau(GDN)

Leprofesseur

Préd.(GDV)

enseignelagrammaire

Phrase(GP1)

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Si la prédication est expliquée, elle peut encore être complète (tous lesélémentssontprésents)ouincomplète(l’unoul’autredesélémentsestabsent:un noyau support sans prédicat(Pierre!); ou un prédicat sans noyau support(Viens!ouÀlamer,enréponseàlaquestion«Oùvas-tuenvacances?»)).

Danslaphrasesimple,lesstructuresintégrativessontdedeuxtypes.

4.1.2.Legroupedéterminatif(GD)Legroupedemot(s)organiséethiérarchiséquiréunitautourd’unsupport-

noyau ses apports par le biais de relations de type déterminatif sera appelégroupedéterminatif18.

Legroupedéterminatifestspécifiéenfonctiondelaclassedesonnoyau:onparledegroupedéterminatifnominal,pronominal, verbal, adjectival, adverbialet connectif. Il est composé d’un noyau et de ses déterminants, ainsi que desdéterminantsdelarelation[Dét.–Noyau].

Legroupedéterminatifestunestructureintégrativeporteused’unefonctionsyntaxiquedanslaphrase(oulasous-phrase).

Commevuprécédemment,Leprofesseurenseignelagrammairecomptedeuxgroupes déterminatifs à son deuxième niveau d’analyse et un à son troisièmeniveau.Onpeutlesschématiserdelamanièresuivante:

un second temps, on analysera l’intérieur de la séquence en fonction de ses composanteseffectives.18Le recours au terme de groupe déterminatif, plutôt qu’à celui de syntagme, permetl’oppositionautermegroupeprédicatif.

Noyau(GDN)

Leprofesseur

Noyau(Nom)

professeur

Prédicat(GDV)

enseignelagrammaire

Dét.(Adj.)le

Noyau(V)

enseigne

Dét.(GDN)

lagrammaire

Déterminant(GDN)

lagrammaire

Noyau(Nom)

grammaire

Dét.(Adj.)la

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4.1.3.Legroupeprédicatifsecond(GP2)Le groupe prédicatif second est une structure intégrative porteuse d’une

fonction syntaxique dans la phrase (ou la sous-phrase). Il est composé d’unnoyau (un groupe déterminatif ou prédicatif) et d’un prédicat second (apportnon déterminatif à tout type de support, terme ou relation prédicative de laphrase, sans verbe conjugué àunmodepersonnel). Cette structure en tandemrecouvredesconstructionsdiversesetdiversementanalysées.

Soitlesquatrephrasessuivantes:

a) Lechatparti,lessourisdansent.

b) Ilmarchelesyeuxbaissés.

c) OnditPierrepressé.

d) J’entendslesenfantschanter.

Prototype de la proposition participe à fonction de complémentcirconstanciel, le segment le chat parti ressemble-t-il plus à un groupedéterminatifnominal(GDN)ouàunesous-phrase?

o DanslecasoùilressembleraitàunGDN,ilfaudraitavoiraffaireàunnomaccompagnédesesdéterminants(réducteursd’extensionou indicateursde quantité). Or, parti ne réduit pas l’extension de chat; il n’est pasdéterminant. Il est prédicat, puisqu’il ne fonctionne pas pardétermination.Deplus,sonnoyauestungroupedéterminatif, lui-mêmedécomposableenNoyau+Déterminant.

Legroupeprédicatifn’estdoncpasungroupedéterminatifnominal.

o Danslecasoùceseraitunesous-phrase, il faudraitunverbeconjuguéàunmodepersonnel.Or,iln’yenapas.

Legroupeprédicatifn’estdoncpasunesous-phrase.

Sionfaitunparallèleaveclesphrasesa),b)etc),onobservequ’onnepeutpasaccepterlesénoncésLechat,lessourisdansent/Ilmarchelesyeux/OnditPierre.Onabesoindel’élémentquisuit19.Ilestnécessairededisposerd’unoutilgrammatical unifiant pour décrire l’ensemble de ces structures. Cette nouvellestructureseraappelée«groupeprédicatifsecond»(GP2).LeGP2peutoccuperlesdifférentesfonctionsdelaphrase:

19Pour la phrase d), en revanche, on peut dire J’entendslesenfants: il s’agit dans ce cas d’unesimple construction avec groupe déterminatif nominal déterminant du verbe. La constructionavecl’infinitifchanterestcependantdifférentedanslamesureoùcenesontpaslesenfantsquel’onentend,maisbien leurchant.En fait, leverbeentendrepeutsélectionner lesdeuxtypesdeconstructions.

prototypedela«propositionparticipe»

prototypedela«propositioninfinitive»

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NoyauduGP1

Pierremarquantunbutm’étonnerait.Lelundiausoleilestunechosequ’onn’aurajamais.Toiseulpeuxlefaire.Ellesdeux/Toutesdeuxyarriveront.

Dét.dunoyauduGDN J’aivuungarçontorsenu.

Dét.duverbe(enemploicopule)

Ilboitleverredetrop.OnditPierrepressé.J’entendslesenfantschanter.Pierreesttorsenu.

Dét.derelation

Onleferachacunnotretour/touràtour/unàun/l’unaprèsl’autre.Ilmarchelatêtehaute.Ildortlafenêtreouverte.Lechatparti,lessourisdansent.Unedeperdue,dixderetrouvées.Tousensemble,nousyarriverons.

Dét.del’énonciation Touteflagorneriemiseàpart,vousêtesformidable.

P2d’untermedelaphraseIlssontpartisàlapiscine,luitorsenu,elleenbikini.(P2dunoyaudephraseils)

P2dansungroupeprédicatif Ilssontpartisàlapiscine,luitorsenu,elleenbikini.

Fonctionphrastique…

Unedeperdue,dixderetrouvées.Hautlesmains!Insensésquenoussommes!AinsiditleRenardetflatteursd’applaudir.

À toutbienconsidérer, laphrase,comme lasous-phrase,estégalementunestructure intégrative, un groupe de mots dont le noyau voit ses apportsrapportésparlebiaisd’unerelationprédicative.Laphraseetlasous-phrasesontorganisées autour de la relation de prédication première[Noyau – Préd.1]. Onparle de groupe prédicatif premier (GP1 pour la phrase; GP1’ pour la sous-phrase).

Tout groupe de mot(s) organisé et hiérarchisé qui réunit autour d’unsupport-noyau ses apportspar lebiaisde relationsde typeprédicatif seradèslorsappelégroupeprédicatif (GP1pour laphrase;GP1’pour lasous-phrase;GP2pourlegroupeprédicatifdontlenoyauacommeapportunprédicatsecond(P2)).LeGP2apparaitdèslorsdanscesystèmecommeunestructureintégrativeintermédiaire entre le groupe déterminatif (GDX où l’on a une relation dedétermination) et la sous-phrase (GP1’, où l’on a une relation de prédicationpremière,maishiérarchiquementsecondairecarintégréeparenchâssement).

DanslecheminquiconduitleGP2versleGDN,voireleGDAdj.,parexemple,uneétapeintermédiairepeutencoreêtreobservée:leGP2ànoyaunonsaturé,dont laposition fonctionnelledenoyaun’estpasexplicitementpriseenchargepar un élément. On en rencontre en fait assez souvent, notamment avec desinfinitifs, considérés comme la forme nominale du verbe. Quelques exemplessuffisentpourmontrerl’importancecetteétapeenconsidération.

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Dans la phrase Enfant, mes parents n’aimaient pasmamusique, Enfant nepeutêtreunP2cariln’yaaucunsupportpossibledanslaphrasepourceterme(lesadjectifsmesetma,quirenvoientàlamême1repersonne,nepeuventjouercerôle).Dèslors,ilfautanalyserEnfantcommeleP2d’unnoyaunonsaturédeGP2(dutypeMoienfant,mesparents…).

Lamême analyse en GP2 à noyau non saturé vaut pour des constructionsavecinfinitifcommePierreafaitçapourpartirtranquille.Pourpartirtranquilles’analyseenungroupedéterminatif connectifdont lenoyauestunconnecteursubordonnant (pour) et le déterminant un groupe prédicatif second (partirtranquille,avecunnoyaunonsaturéetunprédicatsecondprisenchargeparuninfinitif). Le noyau n’est pas saturé parce qu’il est contextuellement aisémentrestituable:ilalemêmeréférentquelenoyaudelaphrase,raisonpourlaquelleon emploie un infinitif (mode non personnel); si les référents des noyauxavaientétédifférents,onauraitutiliséunautremode,personnelcettefois,pourmarquerladifférence:Pierreafaitçapourquejepuissepartirtranquille.

Delamêmemanière,lastructuredugérondifdansEnpartantmaintenant,nousarriveronsàl’heure s’analyse en un groupe déterminatif connectif dont lenoyau est un connecteur subordonnant (en) et le déterminant un groupeprédicatif second (partantmaintenant, avec un noyau non saturé et prédicatsecondprisenchargeparunparticipe1).Lenoyaun’estpassaturéparcequ’ilestcontextuellementaisémentrestituable:ilalemêmeréférentquelenoyaudela phrase, condition normative sine qua non d’ailleurs de l’utilisation d’ungérondif.

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Onpeutenvisagerde lasorteunpassagede lastructure intégrative(sous-)phrastique (GP1 ou GP1’) à une structure intégrative de type GDN. Le tableausuivantmontreunexempledecepassagedel’unàl’autre,vialeGP2:

VERBE PHRASEGP1 Indicatif LavenuedePierreestimminente.

STRUCTURESINTÉGRATIVES

Indicatif

-discoursre-produitGP1,quipossèdedesancragesentempsetenpersonneduverbedéterminésàpartirdel’énonciateurdedépart.Onmedit:«LavenuedePierreestimminente».- sous-phrase GP1’ de discours indirect, qui possède lesancrages en temps et en personne du verbe, par rapport àmoi,quirapportelepropos.Onmeditquetavenueestimminente.20

Subjonctif- sous-phrase GP1’ sans ancrage en temps, mais bien enpersonne.Onmeditquetavenuesoitimminente.21

InfinitifParticipe

-GP2avecinfinitif,sansancrageentempsnienpersonne.Onmedittavenueêtreimminente/Onmeladitêtreimminente.

Ø-GP2sansverbe,sansancrageentempsnienpersonne.Onmedittavenueimminente/Onmeladitimminente.

NOM Ø -GDnominal.Onmeditl’imminencedetavenue.

20OùPierreestdevenumoninterlocuteur.21Casrareduverbedireavecsignificationdeverbedevolonté.Ils’agiticid’unordre.

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4.2.DugroupeàlaclassedemotsCe n’est pas le tout de l’analyse d’isoler des couples apport-support et

d’identifier la nature de leur relation. Il faut aussi décrire comment chaquegroupes’insèredansleréseaudelaphrase,quellefonctioniloccupeàsontouret à quel endroit. Ces groupes, de la même manière que les mots, vont êtrerattachés à la classe du mot support qu’ils contiennent – ou celle du groupesupport.Dansl’exemplelesélèves,lesserapporteàélèves.Lesestdoncapportetélèvessupport.

élèves <------------ les

support <------------ apport

nom <------------ adjectif

Legroupeforméparcesdeuxmotsseradoncungroupenominalquipourra,àsontourentrerencombinaisonavecd’autresmotsougroupespourconstituerdesgroupesderangsupérieur.

lesélèves <------------ rêvassent

support <------------ apport

groupenominal <------------ verbe(ougr.verbal)

Ces groupes se rapportent l’un à l’autre jusqu’à former un autre groupe, unephrase,laquelle,composéeelle-mêmed’unsupportetd’unapport22pourraêtreintégréedansunréseaudephrasespourfairetexteoudiscours.

22Laphraseacecideparticulierqu’ellesecompose,àsonéchelonultime,d’uneprédication.Legroupe support de la phrase reçoit les informations du groupe apport par prédication. On ditqu’elleestlelieudelaprédicationpremière,d’uneprédicationdepremierrang.

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5.LesclassesdemotsLe texte est donc vu comme un réseau de phrases; la phrase comme un

réseau de relations apport-support, de groupes à groupes. Les groupes ont unnoyauquiressortitàuneclassedanslaboitedesoutilsdisponiblesdelalangue.C’est cetécheveauqu’il fautdémêleretdécrire, afindepermettred’encoder lesens que l’on cherche à transmettre et de décoder celui qui a été transmis.Lorsqu’ils’agitd’expliquerlaspécificitédesdifférentesclassesdemots,ainsiquelesdifférentesfonctionsdecesmotsdèsqu’ilssontintégrésdansunephraseoudansuntexte,cequiestenjeu,c’estlamiseenévidencedesrelationsentrelesmotsdansunephrase.

La classe demots est le résultat de la répartitiondemots de la languequipartagent des caractéristiques communes. On a pris l’habitude de classer lesmots de la langue en différentes «natures» dont le nombre et les critèresorganisateurs ont varié au fil du temps et des modèles théoriques. En lieu etplace des «natures» traditionnelles, et des critères hétérogènes et nonsystématiques (alternance des critères morphologique, sémantique,syntaxique,…)quilesdécriventsanslesdéfinir,unclassementplustransparentetplussystématiqueselonquatrecritèressemblepréférable.

En effet, le critère notionnel souvent utilisé («le nom exprimerait unesubstance,l’adjectifunequalitéetleverbeuneaction»)s’avèrenonvalide.Parexemple,lemêmeconceptdelumièrepeutêtrerendupardesmotsappartenantàdesclassesdemotsdifférenteslumière,elle,lumineux,allumer,lumineusement,à la lumièrede,Lumière!… Bien entendu, ce genre de suite n’est pas possiblepourtouslesconcepts;lalanguerépondàdesrèglesetpeutêtredécritecommeunsystèmemaissonlexique,enraisondesonévolutionnotamment,nefournitpaspourchaqueconceptlevocabulairenécessairepourtouteslesclasses:nom,pronom,adjectif23,verbe,adverbe, connecteuret interjection.Pourdifférencierlesclasses,plusieurscritèresserontutiles.

23Seretrouventsouslaclassedesadjectifs(=classedesmots«posésàcôtédu»nom)touslesanciens adjectifs (qualificatifs…) et tous les anciens déterminants (articles définis, indéfinis etpartitifs,ainsiquelesdéterminantsnuméraux,indéfinis,possessifs,démonstratifs…).Laclassedesadjectifsestunifiéeparlemoded’accèsindirectàl’extension.Leterme«déterminant»seraiciutilisé pour désigner une fonction, celle des éléments fonctionnant par détermination. Parailleurs, prépositions et conjonctions disparaissent sous l’étiquette plus accueillante deconnecteurs.

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5.1.Lemoded’accèsàl’extension

Extension: ensemble des êtres, objets, faits ou situations dumondeauxquelsunmotpeutêtreappliqué.

Pour organiser les mots en classes, le premier critère retenu est celui dumoded’accèsàl’extensiondecesmots.Lemoded’accèsàl’extensionpeutêtredirectouindirect.

Par mode d’accès indirect ou direct, il faut entendre la nécessité ou nond’avoir un support pour accéder à l’extension d’un mot. Il peut y avoir non-nécessitédesupport(moded’accèsdirect),nécessitédesupportsimple(moded’accès indirect) ou nécessité de support double (une relation entre deuxéléments; mode d’accès doublement indirect). Ainsi, un mot dont le moded’accèsàl’extensionestdirectauratendanceàêtreutilisécommesupport(iln’apaslui-mêmebesoindesupport);qu’unmotdontlemoded’accèsàl’extensionest (doublement) indirect aura tendance à être utilisé comme apport (il a lui-mêmebesoind’unsupport,simpleoudouble).

o Lenometlepronomontunmoded’accèsàl’extensiondirectparcequ’ils sont appliqués à eux-mêmes. Table, elle ou beauté se disentd’elles-mêmes,respectivementdetable,d’elleoudebeauté.

o L’adjectifetleverbeontunmoded’accèsàl’extensionindirectparcequ’ilsdoiventêtrerapportésàunsupport.Sympathiqueoumangersedisent respectivement de quelque chose qui est sympathique ou dequelqu’unquimange.

o L’adverbe et le connecteur ont un mode d’accès à l’extensiondoublementindirectparcequ’ilsdoiventêtreappliquésàunsupportdouble,unerelationentredeuxtermes.Rapidementoumaissedisentrespectivementdequelquechosequisefaitrapidement(ledépart(1)dePierre(2)dansRapidement,Pierreestparti)oudedeuxélémentsliés par opposition (pas ça,mais ça). L’interjection intègre, pour sapart, une relation de type phrastique; quand je disAïe!, je parle demoi et j’en affirme que je souffre. On peut donc dire que l’adverbeporterasurunerelation,leconnecteurdiralarelationetl’interjectionintègreralarelation.

Un autre critère sera nécessaire pour affiner ce classement et, notamment,distinguerlenomdupronom.

5.2.LemodededéfinitionAu-delà du mode d’accès à l’extension, le type de définition permet de

séparer davantage les classes de mots (le nom du pronom; l’adverbe desconnecteurs): la définition des mots d’une classe peut être notionnelle (parénumérationdesélémentsdesensconstitutifs)et/oucatégorielle(reposantsur

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la liste des catégories grammaticales (le genre, le nombre, la personnegrammaticale,larelationoumêmelafonction)quiestàlabasedel’identitédumot).

o Le nom, certains adjectifs (caractérisants), le verbe, l’adverbeetl’interjectionontunedéfinitionnotionnelle.Lemottablepeutêtredéfinipardesélémentsdesens:‘élémentplandedisposition’.

o Le pronom, certains adjectifs (quantifiants) et les connecteurs ont unedéfinitioncatégorielle. Lepronom il peut êtredéfini par ses catégoriesgrammaticales:‘pronomdela3epersonne,masculinsingulierdefonctionsujet’.

5.2.1.LapronominalisationEnproduisantunénoncéquiseveutàlafoiscohérentetlégerdanslestyle,

voire économique, tout locuteur doit utiliser des procédés de reprise del’information.24Lesoutilsgrammaticauxàdispositionsontvariés(lasubstitutionparunsynonymeparexemple),maisparmiceux-ci,lapronominalisationtientlavedette, surtout dans le langage oral. Considérant qu’un pronom est la formecondensée d’un nom ou d’un groupe déterminatif nominal, beaucoup deséquencesontétéinclusesabusivementdanslaclassedespronoms:

J’aideuxrobes:une verteetune bleue.Lapremièreestplus longueque laseconde.Maisjepréfèrequandmêmelestiennes.

Dans ces phrases, les éléments en gras ne sont en fait pas à proprementparler des pronoms, mais bien des groupes issus du mécanisme depronominalisation.Ilsrésultentlaplupartdutempsdelasuppressiondunoyaudugroupedéterminatifdebaseaveclemaintienoulatransformationdel’unoul’autre accompagnateur. On obtient des pronoms accidentels ou des locutionspronominales (accidentelles). Dans ces structures résultant de l’effacement dusupport-noyauinitial,ilexisteundébatsurlaquestiondesavoir25:

24Enmatièred’économie,àcôtédelapronominalisationquipermetàl’aided’untermelareprised’un segment antérieur (anaphore: Pierre, je l’ai vu) ou l’annonce d’un segment postérieur(cataphore: Jel’aivu,Pierre),onrecenseégalementleprocédédel’ellipse,quipermetdefairel’économiedelarépétitiond’uneinformationdéjàfournie,pourautantquecetteinformationsoitidentifiable et récupérable dans le contexte immédiat grâce à la récurrence de structuressyntaxiques successives (Sarah travaille plus que Pierre: le verbe travaille omis dans lacomparative est identifiable et récupérable dans le contexte, dans la phrasematrice, grâce auparallélisme supposédes structures comparées). Il faut êtreprudentdans l’utilisationque l’onfaitdel’analyseparl’ellipse:onobligel’interlocuteuràinterpréteràpartird’unnon-dit,cequipeutentrainerdesreconstructionshypothétiquesquirisquentdebiaiserl’analyse.25Peu importe en fait le choix définitif. En effet, le déterminant quantifiant partage avec lepronom la propriété d’avoir une extension basée sur une définition de type catégoriel. Lemécanismedepronominalisationfonctionnantsouventpareffacement,ilsemblequelemaintiendes catégoriesdegenreetdenombre,portéespar lequantifiant, suffiseàêtrepertinent, et cequantifiantestprésentdanslestroishypothèses.

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o si c’est le support-noyau une/le/la/les qui est déterminé parvert/bleu/premier/second/mienne,

o sic’est lesupport-noyauvert/bleu/premier/secondquiestdéterminéparun/une/le/la,

o si letoutestunpronomnonanalysable,résultantd’unestructuredegroupe déterminatif nominal avec effacement du support-noyaunominal(etparfoismodificationd’unapport-déterminant:monchiendeviendra lemien). Le reste des relations internes serait considérécommeinchangé.Aucundesapports-déterminantsneseraitélevéaurangdesupport-noyau.Onauraitdoncuneabsencedenoyau.

Les deux critères vus jusqu’ici (lemode d’accès à l’extension et le type dedéfinition) ne permettent pas encore de différencier nettement le verbe del’adjectif.Ilfautdoncfaireappelàuntroisièmecritère.

5.3.Lemodedefonctionnement:lemécanismed’apportd’informationEnprincipe, conformément à sonmoded’accès à l’extension, chaque classe

demotsestassociéeàunmécanismed’apportd’information.Soitlesmotsoulegroupe dont ils sont noyaux reçoivent de l’information et sont des supportsd’information, soit ils fournissent de l’information et sont des apportsd’information.Àcesdeuxmécanismesfonctionnelsprincipauxs’ajoutentceluidelaconnexion(voir3.2.1.«Lasyntaxe»).

o Lesgroupesdont lenomet lepronomsontnoyauxpeuvent jouer lerôledesupportsd’information.Cesont(enprincipe)desmotsdontonparle.

o Lesgroupesdontl’adjectif,leverbeoul’adverbesontnoyauxsontdesapportsd’information.Ilsamènentuncomplémentouunsupplémentd’information.

o Leconnecteurprocèdeparliaison.Il y a deuxmanières d’apporter de l’information, soit en portant atteinte à

l’extensiondusupport,soitennel’affectantpas.Danslepremiercas,onparlerade détermination, dans le second, de prédication. Le préciser permettraOn remarquera que s’il n’y a pas de déterminant caractérisant, le déterminant quantifiantle/la/lesseraremplacéparlepronompersonnelle/la/lescorrespondant(Jemangelapomme/Je lamange). Celui-ci sera attiré devant le verbe, parce que, atone, il a besoin d’un supporttoniquequilesuive.Enfin,l’autreclassedemotspourvusd’uneextensionbaséesurunedéfinitiondetypecatégoriel,leconnecteursubordonnant,sembleaussifonctionnerdanslecadredelapronominalisation.DesphrasescommeJevotepour,Jeteretrouvedevant…reprennentclairementdesphrasesdutypeJevotepourcetteproposition,Jeteretrouvedevantlaporte.Fonctionnentdemêmelestournures,considéréescommefautives,Jeviensavec,souventrencontrées,enlieuetplacede,parexemple,Jeviensavecvous.

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d’effectivement différencier l’adjectif (de fonctionnement en principedéterminatif)duverbe(defonctionnementenprincipeprédicatif).

Récapitulatifschématique:

5.3.1.LadéterminationEngénéral,lesadjectifsfonctionnenttousenfixantleslimitesdel’ensembleà

considérer, en réduisant l’extension du mot (caractérisation) ou en donnantune indication sur la quantité d’éléments considérés (quantification). On ditqu’ilsdéterminent.

Ladéterminationestlemécanismefonctionnelparlequelunapportagitsursonsupport,soitenréduisantsonextension(doncencréantunsous-ensembledans l’ensemble de départ: homme sympathique), soit, sans créer de sous-ensemble, en indiquant la quantité des objets auxquels le terme esteffectivementappliqué(troishommessympathiques).

La fonction de déterminant est la fonction endossée par un apportd’informationquiagitpardétermination.Ledéterminantsecomportecommeuncomplémentd’information.Ilpeutêtreunapportàdifférentstypesdesupports:déterminantdunom(unhommedebien),dupronom(celuiquipart),duverbe(mangerune pomme), de l’adjectif (pleinde vie), de l’adverbe (loind’ici), duconnecteursubordonnant(avantcesoir),d’unerelation(Hier,ilestparti).

APPORTd’information

pardéterminationréductiondel’extensionouindicationdequantité(complémentd’information)

parprédicationpasderéductiondel’extension

(supplémentd’information)

DÉTERMINATIONComplémentd’information

parcaractérisationréduitl’extensiondusupport

parquantificationindiquelaquantitéd’éléments

considérés

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5.3.2.LaprédicationLesverbes,quantàeux,fonctionnenttousenneréduisantpasl’extensionde

leursupport,l’ensembled’objetsàconsidérer.Onditqu’ilsprédiquentlesupportdephrase.Laprédicationestlemécanismefonctionnelparlequelunapportdesensestmisenrelationavecsonsupportsansenaltérerl’extension.

Leprédicatestunefonctionendosséeparunapportdesensquiserapporteàun support par prédication. Le prédicat se comporte comme un supplémentd’information,puisqu’ilnecréepasdesous-ensemble.Pourrappel,ondistingueleprédicatpremier(apportaunoyaude laphraseoude lasous-phrase,cequiconstitue la (sous-)phrase: Les sourisdansent), et le prédicat second (apportnon déterminatif à tout type de support, terme ou relation prédicative de laphrase, dont le noyau du groupe qui le prend en charge n’est pas un verbeconjuguéàunmodepersonnel:Lajeunefille,exténuée,s’estendormie;Philippe,roi des Belges; Le chat parti, les souris dansent; Heureusement, vous êtesarrivés…).

Récapitulatifschématique:

5.4.LemodedeflexionLederniercritère, leplusvisible,quipermetdoncunereconnaissancesans

apporter pour autant d’éclaircissement sur le sens de la classe, concerne lestypesdeflexions(devariationsdeforme)queconnaissentlesdifférentesclassesdemots26.Cesvariationssonttributairesdescatégoriesgrammaticales.

5.4.1.Lescatégoriesgrammaticales

26Cemodedeflexionestditinhérents’ilnerésultepasd’unaccordmaisdeladéfinitionouduchoixduscripteur;ilestditadhérents’ilestlarépercussiongraphiqued’unaccord.

premièreapportedel’information

aunoyaudela(sous-)phrase

secondeapportedel’informationà

unterme/groupeouàlarelationprédicative;lenoyaudugroupequi

prendenchargeleprédicatsecondn’estpasunverbeconjuguéàunmode

personnel.

PRÉDICATIONSupplémentd’information

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Lescatégoriesgrammaticalessontdesparamètresetdestraitssémantiqueset référentiels selon lesquels peuvent varier les mots appartenant à l’une oul’autreclasse.Onretientgénéralementlescatégoriessuivantes:

o legenre(masculin,féminin,neutre)o lenombre(singulier,pluriel)o lapersonne(1re,2e,3e)o lemode(indicatif,subjonctif,participe,infinitif)o letemps(présent,passé,futur)o l’aspect(extérieur/intérieur,projeté/encours/dépassé/doubledépassé)o la fonction (noyau–support de phrase, déterminant de verbe, type de

relation(pourlesconnecteurs),…)

Indexés aux différentes classes, ces paramètres peuvent entrainer desvariations de forme. Leur répartition par classe donne le tableau suivant (lesparenthèsessignalentunevariationoccasionnelle):

Genre

Nom

bre

Personne

Mode

Temps

Aspect

Fonction

Nom X27 X

Pronom (X) (X) (X) (X)

Adjectif X X (X)28

Verbe (X) X X X X X

Adverbe

Connecteur

5.5.ParallélismeentrefonctionsetclassesdemotsOn remarquera un parallélisme de structure et de fonctionnement entre le

systèmedesclassesdemots(leurspropriétésen langue)etceluides fonctionsdanslaphrase(leurspropriétésendiscours).

Lesêtres,objets,faitsetsituationsdumondepensablepeuventêtreexprimésà l’aide de mots, assignés à des classes, qui signifient que leur extension estperçuedemanièredirecte(àl’aidedenomsoudepronoms),indirecte(àl’aide27Le nom possède un genre et varie en nombre. La catégorie du genre est pertinente pour lenom,maiscederniernevariepas(n’estpasfléchi)engenre.Lespairesdutypeuninfirmier/uneinfirmière sont à considérer commedespairesdenoms et non comme la variation au féminind’unnommasculin.28Lesadjectifspersonnels(mon,ta,ses,mien...)sontlesseulsadjectifsàêtrefléchisenpersonne.

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d’adjectifs ou de verbes) ou doublement indirecte (à l’aide d’adverbes ou deconnecteurs,voired’interjections).

Ainsi,lanotionde«lumière»peut-elleêtrerendue

o àl’aidedunom lumière,si l’onveutexprimerquel’extensionconsidéréeestperçuedemanièredirecte(l’extensionrecouvriradesobjetslumière);

o à l’aidede l’adjectif lumineux ouduverbeallumer, si l’onveutexprimerque l’extension considérée est perçue demanière indirecte (l’extensionrecouvrirades êtresouobjetsdontonditqu’ils sont lumineux ouqu’ilsallument);

o à l’aidede l’adverbe lumineusement oudu connecteuràlalumièrede, sil’on veut exprimer que l’extension considérée est perçue de manièredoublementindirecte(l’extensionrecouvrira,danslecasdel’adverbe,desfaits ou des situations, c’est-à-dire des relations entre êtres ou objets29,relationsque l’oncaractériseouprédiquede lumineuses; et,dans lecasduconnecteur,desfaitsousituationsàl’intérieurdesquelsdesrelationsde mise en lumière (à la lumièrede) entre deux ou plusieurs élémentssontidentifiables).

Lorsdeleurpassageendiscours,cesmotssemblent,aumoinsàl’intérieurdugroupedéterminatifnominal,s’insérerconformémentàleurpropriétédelangue.Ilsmettentthéoriquementenœuvreuntypedemécanismecorrespondantàleurmoded’accèsàl’extensionenlangue:

o supportpouraccèsdirectàl’extension; unefilleo apportàuntermepouraccèsindirectàl’extension; unepetitefille/unepetitefilleo apportàunerelationpouraccèsdoublementindirectàl’extension.

unetrèspetitefille.

Il y auraitdoncunparallélismede structureentre la langue (les classesdemotsetleurmoded’accèsàl’extension)etlediscours(lesfonctionsetleurtypedemécanisme).

Si, lors du passage en discours, les mots ont, en principe, et au moins àl’intérieurdugroupedéterminatifnominal,unemploiconformeaumoded’accèsàl’extensiondedépartdumotenlangue,ilexisteplusieurstypesdedistorsions:

29Lamise en relationd’êtres oud’objets correspond àunprocessus générateurde faits oudesituations.

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5.5.1. Les cas de transposition à l’intérieur d’un groupe déterminatif(nominal)

o unnom(d’accèsdirectàl’extension)peutparexempleêtretransposéenfonctiondedéterminant caractérisant d’unnoyaunominal (apport à unterme:unecitédortoir;unerobesaumon);

o unadverbe(d’accèsdoublementindirectàl’extension)peutparexempleêtretransposéenfonctiono de déterminant caractérisant d’un noyau nominal (apport à unterme:Lesdamesdutempsjadis;unefillebien);

o de noyau de groupe déterminatif nominal (support:Demainestunautrejour).

Ces phénomènes seront désignés sous le nom de transposition. Les casd’adverbes transposés rendent impossible l’affirmation selon laquelle seraitadverbe ce qui ne pourrait avoir qu’une fonction de déterminant de relation.Jadis est adverbe de langue avec une possibilité d’emploi «adjectival»(déterminant de terme) en discours; demain est adverbe de langue avec unepossibilitéd’emploi«nominal»(noyaudeGDN)endiscours. Ils justifientenfinla nécessité de considérer de manière distincte les deux niveaux que sont lalangueetlediscours,etrendentbiencomptedeladifférence,parexemple,entrela classe adverbiale, composée exclusivement d’adverbes, et la fonction dedéterminant de relation, rendue notamment par des mots de la classeadverbiale (mais égalementpardes groupesdéterminatifs nominaux:Lanuit,tousleschatssontgris;desgroupesdéterminatifs connectifs : J’aidécouvertmavocationàl’université;dessous-phrases:Puisquetuinsistes,jeveuxbienalleraucinéma…).

5.5.2.Différencedetraitemententreniveaux:entregroupesetàl’intérieurdugroupedéterminatif

Au niveau des groupes déterminatifs entre eux, un groupe déterminatifnominal (dont le noyau nominal est d’accès direct à l’extension), ne se trouvedans une fonction de support que lorsqu’il est noyau du GP1 (dans Pierremange).Cependant,ilseraapportàuntermequandilestdéterminantduverbe(Pierremangeunepomme)ouapportàunerelationquandilestdéterminantderelation(Lanuit,tousleschatssontgris).

Le parallélisme décrit ci-dessus entre classes demots et fonctions dans laphrasenesevérifiedoncpasdelamêmemanièrepartout,cequiimposequel’ondistingueclairementdifférentsniveauxd’analyse:lesrelationsentrelesmotsàl’intérieurduGDetlesrelationsdesGDentreeux.

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5.5.3.DifférencedetraitementselonletypedegroupedéterminatifLes noyaux de GD autres que nominaux (adjectival, verbal, adverbial,

connectif,…) sont également tous supports à l’intérieur de leur groupedéterminatifrespectif.Cependant,lesgroupesdéterminatifseux-mêmes,danslecadrederelationsentregroupesdéterminatifs,pourrontjouerlerôled’apport:conformémentàl’appartenancedesnoyauxdecesgroupesdéterminatifsàleurclasse respective (qui ne donne accès à leur extension que de manière(doublement)indirecte),ilssontemployésdansdesstructuresintégrativesdontlafonctionestd’êtreapportàuntermeouàunerelation.Dansl’exemplePleined’espoir,Sarahaentreprisdesétudessupérieures, l’adjectifpleine, dont l’accès àl’extension est indirect, est le supportnoyaudu groupedéterminatif adjectivalpleined’espoir;cegroupedéterminatif,quantàlui,estprédicatsecond(apport)d’untermedelaphrase,lenoyauduGP1Sarah.

5.6.Focussurl’adjectifCetteclasseestunifiéepar l’accès indirectà l’extension.Seretrouventdonc

sous laclassedesadjectifs(=classedesmots«posésàcôtédu»nom)tous lesanciensdéterminants30ettouslesanciensadjectifs(qualificatifs,…).

5.6.1.Lestypesd’adjectifsLaclassedesadjectifsregroupe5sous-classes.Àcôtédesadjectifscommuns,

pardéfaut,ondénombre4sous-classesdesensetd’emploiparticuliers:

o les adjectifs communs: les adjectifs qui annoncent une quantitéindéfinie, non précise, limitée à une zone de l’éventail entre zéro et latotalité(aucun,nul,quelques,plusieurs,certains,divers,quel, lequel,…),lestournuresdutype«l’unoul’autreX»,«uneespècedeX»,«jenesaisquelX », «n’importe quelX», «cette andouille deX»,…; ainsi que touslesadjectifssimplesoucomposés(unXrouge, lesXdésordonnés,uneXneuve, un enfant sourd-muet,…)31que l’on considèrera comme desadjectifsdebase,nonplusspécifiquementqualifiablesen tantquesous-classe,etdonccommuns.

o les adjectifs articulaires : tous les anciens «articles» (renommésadjectifsarticulairesdans lamesureoù,susceptiblesdedésignerchacuntant l’unité que la totalité des éléments de l’ensemble, ils articulent en

30Les anciens articles définis, indéfinis et partitifs, ainsi que les déterminants numéraux,indéfinis, possessifs, démonstratifs… Ce terme «déterminant» est ici utilisé pour désigner lesélémentsfonctionnantpardétermination.31Seront rangés dans cette dernière catégorie, tous les anciens adjectifs qualificatifs, qui, àl’intérieur d’un GDN, fonctionnent essentiellement comme caractérisants (à l’exception desnumérauxordinauxetpersonnelstoniques,rangésci-dessous).

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discours lesnomsde la langueavec lesréférentsdumondeauxquels ilsrenvoient).

o les adjectifs numéraux: les numéraux cardinaux (les dixcommandements, deux arbres,…) ainsi que lesnuméraux ordinaux (untroisième enfant, le livre quatrième,…), qui donnent une indicationprécisedequantitéouderang.

o lesadjectifspersonnels:lesanciens«possessifsatones»mon,ma,mes,ton, ta, tes, son, sa, ses, notre, nos, votre, vos, leur, leurs; ainsi que lesanciens «possessifs toniques»: une mienne cousine, un tien voisin,…(devenusrares).Onparled’adjectifs«personnels»(toniquesounon)carils établissent un rapport à la personne (mon général, mon train, mafemme, une mienne cousine,…), et sont donc les seuls adjectifs à êtrefléchis en personne. Cette terminologie est préférable à l’appellation«possessif» qui suppose un rapport de possession. Lorsque je dis «J’airaté mon train», je n’en suis nullement le propriétaire. De même, macopinenem’appartientpas.

o lesadjectifsdéictiques: les anciens «démonstratifs» ce, cet, cette, ces(+-ci/-là),ledit,ladite,lesdits,lesdites.Onparled’adjectifs«déictiques»,parcequ’ilsfontréférenceaucontexte.«Cethomme»estl’hommequejemontreoul’hommedontj’aiparlé.

5.6.2.LesadjectifsenfonctionnementdedéterminantDans leur fonctionnement prototypique de déterminant32, les adjectifs

peuventêtrescindésentroissous-groupes,selon leursous-fonctionnement: laquantification,lacaractérisationoulasynergiedesdeuxsous-fonctionnements.

o lesadjectifsenfonctiondedéterminantsquantifiantso lesadjectifsenfonctiondedéterminantscaractérisantso les adjectifs en fonction de déterminants quantifiants-caracté-

risants33

32On trouve quand même des exemples d’adjectifs en fonctionnement prédicatif. Il s’agitessentiellementd’adjectifsenpositiondeprédicatsecond(prédicatsuruntermedelaphrase;lenoyaudugroupequileprendenchargen’estpasunverbeconjuguéàunmodepersonnel).Ex.:Verte,cettebananen’estpasmûre.33Onsereporteraàlapartieconsacréeauxfonctionspourenvisagerlesmotsougroupesdemotsd’autres natures qu’adjectivale qui peuvent occuper des fonctions de déterminant quantifiant,déterminantcaractérisantetdéterminantquantifiant-caractérisant.

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5.6.2.1.LesadjectifsenfonctiondedéterminantsquantifiantsIls donnent une indication de la quantité d’êtres ou d’objets du monde

auxquelslemotsupportesteffectivementappliqué.

Enfonctionnementdéterminatif,lesadjectifssuivantsquantifient:

o lesadjectifsarticulaires: cesadjectifsarticulentendiscours lesnoms de la langue avec les référents du monde auxquels ilsrenvoient; ils sont susceptibles de pouvoir désigner chacun tantl’unité que la totalité des éléments de l’ensemble, soit les deuxpôles de la tension unité-totalité, qui renvoie à la tensionparticulier-universel.

Ex.: Un enfant est toujours l’ouvrage de sa mère (= totalité par additiond’unités, universel) >< Un enfant entra dans la pièce (= unité, particulier);L’enfant alla s’assoir près de la fenêtre (= unité, particulier) >< L’enfant estl’avenirdel’Homme(=totalité,universel).

Unité Totalité

Cettesous-classecomprend:

o lasérie«le»:le,la,l’,les34

o lasérie«un»:un,une,des

o lasérie«de»:de,du,dela,del’

o Ø:J’aiØpeur;rendreØjustice35

o L’oppositionle><unLadifférenceentrele(etdérivés)etun(etdérivés)tientàlaplacequ’occupe

l’élémentdéterminéauseind’unensembleplusgrand.

34Onprendrasoindenepasconfondre,d’unepart,adjectifarticulaireet,d’autrepart,cequel’ona appelé article contracté (connecteur subordonnant à+ le(s) = au(x): Pierre vaaumarché;connecteursubordonnantde+le=du:Sarahvientduport).35Dulatinaufrançaissesontgénéraliséslesadjectifsarticulaires.Cependantilrestedespochesderésistance:dansdesexpressionsfigées(rendrejustice),quandiln’apparaitpasnécessairedequantifier,oudanscertainesfonctions,oùunequantificationapparaitraitredondante(parcequedéjàprise en chargepar ailleurs):AlbertII,Roidesbelges (l’ancienne ‘apposition’, ici ‘prédicatsecond’); Pierreestmédecin (l’ancien ‘attribut du sujet’, ici ‘déterminant du verbe en emploicopule’);Adieu,veaux,vaches,cochons,couvées…(lesénumérations).

X X

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L’enfant Unenfant

On sélectionne le seul élémentd’unensemblesingleton.

On extrait un élémentd’unensembleplusgrand.

Cet élément recouvre donclatotalitédel’ensemble.

Cet élément recouvre doncunepartiedel’ensemble36.

Exhaustif37 Partitif

o L’oppositionun><duParmi les adjectifs articulaires partitifs, on distingue encore les numératifs

(ceuxquidéterminentunnomquel’onpeutcompter:unechaise,deschaises,…)des massifs (ceux qui déterminent un nom que l’on ne peut compter: de lamayonnaise,del’eau,…)38.

unegoutte ><

del’eau

(comptable;onpeutremplacercequantifiantpar d’autres quantifiants deux,quelques,…gouttes)

(noncomptable)

36La lectured’unenfantesttoujoursl’ouvragedesamère en touslesenfants (lectureexhaustive)résultede larépétition jusqu’àépuisementde l’ensemblede l’opérationquiconsisteàpréleverunélémentd’unensemblequiencontientplusd’un.37Onnepeutnormalementpascombinerdeuxadjectifsquiquantifieraientunmêmesupport.Lacombinaisonestnéanmoinspossibleentreunadjectifarticulairedetypelesetl’adjectifcommunquelques ou un adjectif numéral cardinal (quatre). Dans les quelques/quatre livres, laquantification est d’abord partitive: on prend quelques ou quatre livres dans l’ensemble dedépart qui en compte plus; ensuite on déclare que l’on considère l’exhaustivité de cesquelques/quatrelivrespourparlerdelatotalitéd’entreeux.38On peut également avoir une expression numérative d’unmot non comptable:uneeau,deseaux demarques différentes; et inversement, une expression massive d’un mot comptable: ilvenddelachaussettesurlesmarchés(d’aprèsHervéBazin).

enfant

enfantenfant enfant

enfant

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o Récapitulatif

Adjectifsarticulaires

ExhaustifsPartitifs

Numératifs Massifs

le,la,les,l’ un,une,des du39,dela,del’

o certains adjectifs communs40: partitifs, à l’exception de tous les, cesadjectifs annoncentunequantité indéfinie, limitée àune zonede l’éventailentrezéroetlatotalité.

Zéro Totalité

Cettesous-classecomprend:

o des formes simples: aucun(e)(s), chaque, nul(le), maint(e)(s),moult,tout(e)(s),quelques,plusieurs,…

o desformescomposées«quantifieur(+de)(+le,la,les):beaucoupde, assez de, plus de, trop de, pas de41, tous les, nombre de,quantité de, le plus clair de, le plus gros de, la plupart de, lamajoritéde,…

39L’adjectifarticulairepartitifdunedoitpasêtreconfonduavecl’articlecontractéhomophone.Ex.:Jemangedupain(adjectifarticulairepartitif)><Jeviensduport(articlecontracté).40Nousréservonsladénominationcommunauxadjectifsquiquantifientet/oucaractérisentsansplusd’indication.41Danscescinqpremiersexemples, ledeesten faitunadjectifarticulairepartitifquiquantifiesonsupportetbeaucoup,assez,plus,trop,pas,sontdesadverbesquiquantifientpartitivementlarelationentrecequantifiantdeetsonsupport.Onobserve lemêmephénomèneavectouset lependant exhaustif les dans tous les: tous est dans ce cas un adverbe qui quantifie, pour enmarquerl’exhaustivité,larelationentrelequantifiantlesetsonsupportdanstousleshommes.

X XX X X X X X

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Quelqueslivres

• certains adjectifs numéraux: partitifs, les numéraux cardinaux,antéposésaunom(lesdixcommandements,deuxarbres,…),donnentuneindicationprécisedelaquantitéd’objetssélectionnés.

ZéroUnité Totalité

0 1 2…10…1000…100000…

Deuxlivres

5.6.2.2.LesadjectifsenfonctiondedéterminantscaractérisantsIls déterminent le mot support en en réduisant l’extension. Ils le

caractérisent.

Groslivres

Ensembledesobjets«livres»

Onensélectionneunequantiténonprécisée

Ensembledesobjets«livres»

Onensélectionneunequantiténumériquementprécise

Ensemble des objets«livres»

Sous-ensembledesobjets«groslivres»

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Enfonctionnementdéterminatif,lesadjectifssuivantscaractérisent:

o certains adjectifs communs: les adjectifs simples ou composés quiénoncent une qualité (un X rouge, les X désordonnés, une X neuve, unenfantsourd-muet,…).

o certains adjectifs numéraux: les numéraux ordinaux antéposés etpostposés(untroisièmeenfant,lelivrequatrième,…),auxquelss’ajoutentlesnumérauxcardinauxpostposésaunomenemploiordinal(LouisXIV,ActeIIIscène2,…).

o certains adjectifs personnels: les adjectifs personnels toniques (unemiennecousine,untienvoisin,…(devenusrares)).

5.6.2.3.Lesadjectifsenfonctiondedéterminantsquantifiants-caractérisantsIlsdonnentuneindicationdequantitéetréduisentl’extensiondunomauquel

ilsserapportent.

Monlivre=lelivreenrapportavecmoi

En fonctionnement déterminatif, les adjectifs suivants quantifient etcaractérisent:

o certains adjectifs communs: les adjectifs qui à la fois quantifient eténoncent une qualité indéterminée, tel, certains, différents, divers,(telles/certaines/différentes/diverses personnes sont venues), autre,même,(autre/mêmechose)42,quel(enemploiinterrogatifouexclamatif),lequel (en emploi relatif), les tournures du type «l’un et/ou l’autre X»,«uneespècedeX», «une sortedeX», «jene saisquelX», «n’importequelX»,«cetteandouilledeX»,…

o certainsadjectifspersonnels:lespersonnelsatones,mon,ma,mes,ton,ta,tes,son,sa,ses,notre,nos,votre,vos,leur,leurs.

42S’ilssontprécédésd’undéterminantquantifiant,cesadjectifscommunsontunfonctionnementdecaractérisant:unetelledécision,unedifférentemanièredevoir,uneautre/mêmechose,…

Ensemble des objets«livres»

Sous-ensemble des objets« livres»enrapportavecmoi+onensélectionneunequantitéprécise= le = 1 du sous-ensemblesingleton.

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o lesadjectifsdéictiques:ce,cet,cette,ces(+-ci/-là),ledit,ladite,lesdits,lesdites.

5.7.FocussurleverbePourrappel,leverberendcompted’unprocès(évènement,fait,ousituation

dumonde)quimetenrelationunrhèmeavecunthème.

La conjugaison est le mode de flexion propre au verbe qui concerne lesinformations de temps, demode et d’aspect (voir 5.6.4.). Les formes verbalessontorganiséesenmodesselonleurancrageentempsetenpersonne.

5.7.1.LemodeSil’onconsidèrelestroissuitesdeverbesconjuguésàdesmodesdifférents,

1. Ilfautmarcher/Ilfallaitmarcher/Ilfaudramarcher. 2. Il fautque jemarche / Il fallaitque tumarches / Il faudraqu’il

marche.3. Jemarche/tumarchas/ilmarchera

onobservequ’en1, il n’y a aucunevariationni enpersonneni en tempsde laforme à l’infinitif; en 2, il n’y a de variation qu’en personne de la forme ausubjonctif; en 3, il y a variation tant en temps qu’en personne de la forme aumodeindicatif.

CaractéristiquesdumodePersonne Temps

Infinitif/Participe Subjonctif X Indicatif X X

Comparé à l’indicatif, le procès au subjonctif correspond à une formesyntaxiquement plus intégrée à la phrase, le verbe ayant perdu une de sescaractéristiques, l’ancrage du temps-époque. En sous-phrase, le verbe ausubjonctif, non ancré temporellement, inscrit la sous-phrase dans unedynamique qui lamène vers le groupe nominal. Le seul verbe «complet » estceluidelamatrice.DansJeregrettequetusoisvenu,c’estleregretquiestancré,quiest l’informationprincipale;quetusoisvenun’estquecomplémentdesensdu ‘regret’, qui pourrait être remplacé par ta venue, si ce n’est que le verbeinstitueunrapportchronologiqued’antériorité.43

43Traditionnellement, lesguidesdeconjugaisonconsidéraientsixmodes,àchacundesquels ilsattribuaientunemodalitéexpressiveouénonciative,quienseraitdéfinitoire.Or,auniveaudesmodalitésénonciativesetexpressives,

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5.7.2.LapersonneIlyatroispersonnesdeconjugaison–première,deuxièmeettroisième–qui

sontsoitausinguliersoitaupluriel.Touslesnomscommunssontdelatroisièmepersonne. Si le support du verbe implique plusieurs personnes, c’est la pluspetitequirégitl’accord(Laurenceetmoirelisonscemanuelavecdélectation).

5.7.3.LetempsLetempsconcernedoncleseulindicatif.Ilexistetroistemps:lepassé,le

présentetlefutur.Ceux-cisontrépartisendeuxsystèmes,l’unseréférantàunrepèretemporelRmoi-ici-maintenant,l’autreàlaprojectiondeR--->R’moi-là-alors.C’estsurcettebasequeserontnomméslestiroirsverbaux.

Enschéma:

o l’indicatifn’exprimepastoujoursleréel.(lefuturn’arienderéeletdecertainPeut-êtreque

j’iraiàl’écoledemain)o lesubjonctifpeutposerunfaitréel(Jeregrettequetusoisvenu,Bienquetusoisbeau,tun’es

pasagréable).o l’impératifexprimeeffectivementunordre,mais iln’estpas leseul(Tufermeraslaporte!,

Nepasfumer,…).o leconditionneln’exprimepastoujourslacondition(formesatténuées,ditesdepolitesse:Je

voudraisque…,Pourriez-vous…; le futurdupassé: Iladitqu’ilviendrait).Deplus,d’autrestournures peuvent exprimer la condition (Si tuviens, jepartirai,Tufaisunpas,et tuesunhommemort). Mais surtout, la condition n’est elle-même pas au conditionnel, elle est àl’imparfait;c’estlaconséquencequiestauconditionnel(S’ilpleuvait,jenesortiraispas).

Lamodalitéprincipaled’expressionn’estdèslorspasuncritèrededéfinitionvalideoupertinent,maisundeseffetsdesenspossiblesdumode.

RepèretemporelRMoi-Ici-Maintenant

Présentmarche

Futur1marcherai

repère

procèsPassé1marchai

Futur2marcherais

repère

procèsPassé2marchais

R’Moi-Là-Alors

RMoi-Ici-Maintenant

projection

Futur2marcherais

Futur2marcherais

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Les formesverbalesdusubjonctifn’exprimentpasunancrageduprocèsentemps mais peuvent exprimer un rapport temporel relatif (antériorité,simultanéitéoupostérioritéparrapportauverbedelaphrasematrice).

5.7.4.L’aspectL’aspect estunenotion temporelle et sémantique inclusedans le verbe lui-

même(danssaforme,sesaffixes,d’éventuelscoverbes44,…),quiparleduprocèsenvisagédanssondéveloppement(sadurée,soncommencement,…).C’estdoncune catégorie grammaticale qui indique la vision que l’énonciateur a dudéroulementduprocèsdécrit.Ilnousrenseigneparexemplesileprocèsestvu:

o del’intérieur,encoursetsansbornedecommencementoud’achèvement(marchant, jemarche, jemarchais),oude l’extérieur,danssaglobalitéavec bornes de commencement et d’achèvement (les autres formessimples);

o dans le cadre de formes composées, avant son commencement (aspectprojeté: je vaismarcher), dans son cours (aspect en cours: je suis entraindemarcher)ouaprèssonterme(aspectdépassé: j’aimarché; jeviensdemarcher).

Onpeutschématiserl’aspectdestempssimplesdel’indicatifcommesuit:

L’aspect concerne tout l’espace compris entre ce qui précède le début duprocèsetcequisuitlafinduprocès.

-----[procès]-----

Dès lors, cequivadistinguer les formesverbalesauseind’unemêmezonetemporelle(lazonedupasséparexemple),c’estl’aspect.Ainsi,unmêmeprocèsau passé peut être rendu différemment selon l’aspect choisi; cela aura desconséquencessurl’effetdesensproduit:

44Lecoverbeestuntypedeverbedésémantiséquipermetàunautreverbe(auparticipeouàl’infinitif)d’êtreconjugué.Lesformeslesplusconnuesducoverbesontlesditsauxiliairesavoiretêtre.Entantquesupportdecompositionverbale,lecoverbeestporteurdesmarquesdemode,detemps,depersonneetd’aspect.

Pst

F1P1 F2

repères

procèsP2

R’Moi-Là-Alors

RMoi-Ici-Maintenant

F2F2F2

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1. IlallaàlabibliothèqueC’estunprocèsaupassé,oùl’énonciateur,quiestbiendansleprésent,examine le fait de l’extérieur. Le procès est présenté comme clos etborné.C’estlepassé1,quiestuntempsidéalpourprésenterdesfaitsponctuels,soudainsousuccessifsdanslepassé.

2. IlallaitàlabibliothèqueC’estunprocèsaupassé,maisonneditpasquandilacommencé,niquand il se termine. Cela nous donne l’effet d’un procès qui s’étenddansladurée,sansactionsoudaineouponctuelle.L’énonciateurveutdonner l’idéequ’ilseprojettedans lepasséetracontecefaitcommes’il était encore en train de se dérouler. C’est une forme de présentprojeté dans le passé. On l’appelle passé 2. Cet aspect intérieur luidonneunecapacitéàdécrire lasituation initiale, ledécor, leportraitetc.

3. IlestalléàlabibliothèqueC’estunprocèsaupassé,maisque l’énonciateurexprimeàpartirduprésent (rendu par le temps présent et l’aspect intérieur del’auxiliaire) en y ajoutant un participe qui permet de renvoyer à unprocès dépassé. L’énonciateur se situe en fait (juste) après la fin duprocès. Cependant, les valeurs de ce temps se sont élargies etreprennentdeplusenpluslesvaleursdelapremièreforme(Ilallaàlabibliothèque)quin’estplusguèreutiliséquedansdesécritsdetype

allaPassé1

(aspectextérieur)

Pst

repère

procès

RMoi-Ici-Maintenant

R’Moi-Là-Alors

RMoi-Ici-Maintenant

allaitPassé2

(aspectintérieur)

Pst

repère

procès

RMoi-Ici-Maintenant

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littéraire(ouparfoissportif,poursoulignerlecaractèreépique).C’estleprésentcomposé.

Ilsepeutquecestroisformesverbalesrenvoientàunmêmeprocèsquis’estdéroulé au même moment du passé. Cependant, ces formes indiquent que,conformément aux schémas décrits ci-dessus, le chemin envisagé pour rendrecompte du procès est différent selon que l’on utilise un passé 1 (En1998, jerencontrai Nelson Mandela), un passé 2 (En 1998, je rencontrais NelsonMandela)ouunprésentcomposé(En1998,j’airencontréNelsonMandela).

estPrésent

(aspectintérieur)

repère

procèsallé

Antérieur(aspectdépassé)

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5.7.5.Formesetcomposition Infinitif Singulier Pluriel 1repers. 2epers. 3epers. 1repers. 2epers. 3epers.

Indicatif

Présent45-er e e(s)46 e ons ez ent

autres s s t(oud) ons ez ent

Passé1

-er ai as a âmes âtes èrent

autresis is it îmes îtes irent

us us ut ûmes ûtes urent

Passé2 tous ais ais ait ions iez aient

Futur1 tous r-ai47 r-as r-a r-ons r-ez r-ont

Futur2 tous r-ais r-ais r-ait r-ions r-iez r-aient

Subjonctif

Subjonctif1 tous e es e ions iez ent

Subjonctif2

-er asse asses ât assions assiez assent

autresisse isses ît issions issiez issent

usse usses ût ussions ussiez ussentParticipeParticipe1 tous ant

Participe2-er é-(e)(s)

autres i,u,s,t-(e)(s)

À chaque temps simple (mange) correspondun temps composé (aimangé)dont l’auxiliaire est précisément conjugué à ce temps simple, et un tempssurcomposé (ai eu mangé), dont l’auxiliaire est conjugué au temps composécorrespondant.Lacompositionmarqueengénéral l’antérioritéparrapportà laformesimple(oucomposéspourlasurcomposition)correspondante.

45Seuls dérogent en fait à ces paradigmes de désinences les verbes avoir (ai, as, a, ont), être(sommes, êtes, sont) aller (vais, vas, va, vont), pouvoir, valoir et vouloir (peux, vaux, veux) et(con)vaincre(il(con)vainc).46Au présent de l’indicatif demodalité injonctive (ancien impératif), la deuxièmepersonne dusingulier se déleste du -s final. Cependant, le Conseil de la langue française et de la politiquelinguistique de la Communauté française de Belgique envisage actuellement de proposer uneuniformisation de ces formes. La tendance irait à la réintégration du -s, omis à la suite d’unaccidenthistoriqued’harmonisationduparadigmedeladeuxièmepersonne.47Aux futurs 1 et 2, il peut y avoir besoin d’une voyelle d’appui (eou i) entre le radical et lacaractéristique.

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Laformationdutempscomposéreposesur

o unauxiliaire(êtreouavoir),quiapourseulefonctionlaconstructiond’un tempscomposéet estporteurdesmarquesdemode,de temps,d’aspectetdepersonne;

et

o leparticipe2duverbe.Le participe 2, en emploi verbal, rentre dans la construction des

formes composées (j’aimangé) mais aussi surcomposées (j’ai eumangé). Il permet en général à la forme composée demarquer uneantériorité par rapport à la forme simple correspondante et indiqueque l’on se trouvedans laphasepostérieureauprocès:Tuasfaim?Non,j’aimangé.Pierreviendrademain,quandilaurafinisestravaux.

Enschéma:

5.8.Lemécanismed’accordLes phrases ne doivent pas seulement respecter des règles de bonne

formation grammaticale ou sémantique: elles doivent encore s’inscrire de lamanièrelaplusharmonieusepossibledanslecontexteoùellesapparaissent.Lanotion de cohésion peut être définie comme la propriété d’un ensemble donttoutes lespartiessont intimementunies.Lorsque l’onétudie lacohésiond’uneséquence linguistique, on s’attache surtout aux mécanismes strictementlinguistiquesquirégissentlesrelationsentretermesougroupesdanslaphrase,ou encore entre phrases dans le texte. D’un point de vue formel, l’accord, quimarque lamise en relationdedeuxouplusieurs termes, est un signede cettecohésion.

L’accord est le mécanisme, agissant tant à l’oral qu’à l’écrit, par lequel estétabli un rapport entre deux termes, dont un (l’apport) apporte du sens ausecond (le support), lequel en échange transmet les traits et marquesmorphologiquesliésauxcatégoriesgrammaticalespertinentes,c’est-à-direqu’ils

viendraauraFutur1

(aspectextérieur)

repère

procès

RMoi-Ici-Maintenant

mangéAntérieur

(aspectdépassé)

finiAntérieur

(aspectdépassé)

asai

Présent(aspectintérieur)

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ont en partage. Il y a donc un double processus de cohésion: sémantiqued’abord,morphologiqueensuite.

Lesseulsmotsàs’accordersontl’adjectif,leverbeetleparticipe2.

5.8.1.Règlegénéraled’accord

Pôlesdel’accord Quelestlesupport? Règled’accord

apportedusensApport–Support

transmetsesmarques

«Àquoil’apportdonne-t-ildusens?»

L’apport s’accorde avec son support, enfonction des catégories grammaticales(x,y,z,…)pertinentesdecelui-ci.

Apport(cat.x,y)Support(cat.x,y)

5.8.2.Lestypesd’accordréguliersPouraccordercorrectement,ilestprioritairedebienidentifierlesupporten

se posant la question: «À quoi l’apport apporte-t-il du sens?». Des questionsparticulièrespeuventaideràidentifierlesupport.Letableauci-dessouspermetde récapituler les règles d’accord qui répondent à ce principe général, et quirecouvrentl’immensemajoritédescasdelagrammaired’accord.

SUPPORT APPORT

marques

APPORTaprèsaccordSUPPORTaprèsapport

sens

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Pôlesdel’accord Quelestlesupport? Règled’accord

Support–VerbeVerbe–Support

«Qui/Qu’est-cequi…(verbe)?»

Le verbe s’accorde en personne et ennombre (parfoisaussi engenre pour leparticipe 2 employé avecêtre) avec sonsupport, généralement le support-noyaudephrase(+exceptions).

Pierremangeunepomme.

Support–AdjectifAdjectif–Support

«Qui/Qu’est-cequiest…

(adjectif)?»

L’adjectif s’accorde en genre et ennombreavecsonsupport(+exceptions).

Unejoliefleurbleue.

Support–Participe2Participe2–Support

«Qui/Qu’est-cequiest…

(participe2)?»

Le participe 2 s’accorde en genre et ennombreavecsonsupport(+exceptions).

Énervée,Marieestpartietôt.

LapommequePierreamangée.

5.8.3.Exceptionsprincipalesconcernant l’accordduparticipe2suividesonsupport

Exceptions48:

Règled’accord

duparticipe2

Exemple

Avoir+Participe2+Support

Invariable

J’aimangélapomme

ElleasortilespoubellesParticipe2d’unverbepronominaldontlepronomestanalysable+

SupportElles’estlavélesmains

Participe2+Support,dansunGP2 Excepté les invalides etmis à part les femmes,tousirontenguerre.

48Lescasquerecouvrecetyped’«exceptions»parpositionsontenfaitmajoritaires.Cependant,s’ils sont traités commeexceptions, c’est parceque le facteurdepositionn’intervient que trèsexceptionnellementdanslamécaniquedel’accord.Ils’agitdoncplusd’uneexceptionàlalogiquedel’accordqu’uneexceptiond’ordrestatistique.

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5.9.Lesclassesdemots:récapitulatifToutes les classes étant définies selon les quatre mêmes critères, il est

possibledelesconfronterenuntableauàdoubleentrée.

ClasseMode

d’accèsàl’extension

Typededéfinition

Modedefonctionnement

Catégoriesgrammaticalesflexionnelles49

Nom Direct notionelle Support50 g51,n

Pronom Direct catég.(+notio.) Support (p),(g),(n),(f)

Adjectif Indirect notio.oucatég. Apport(dét.) g,n

Verbe Indirect notionnelle Apport(préd.) m,t,a,p,n(g)

Adverbe 2xindirect notionnelle Apport(dét./préd.) /

Connecteur 2xindirect catég.(+notio.) (Liaison) r

Interjection 2xindirect notionnelle Apport(préd.impliquée) /

49g = genre ; n = nombre ; p = personne ; f = fonction ;m =mode ; t = temps ; a = aspect ;r=relation50Enfait,danschaquegroupe, ilyaunmotsupportd’information; ilest l’élémentdebasequiorganise autour de lui les informations véhiculées par les autres mots (les apports) qui s’yrapportent. Au niveau syntaxique, ce support endosse la fonction de noyau du groupe. Cettefonction nucléaire, et notamment dans le groupe déterminatif noyau de phrase, estprototypiquement endossée par des noms et des pronoms, c’est-à-dire par des mots dont lemoded’accèsàl’extensionestdirect.Ontrouvecependantdesnoyauxappartenantàdifférentesclasses: l’adjectifdans leGDAdj., leverbedans leGDV, l’adverbedans leGDAdv., leconnecteursubordonnant dans le GDC., etc. Dans ces derniers cas, les groupes déterminatifs sontgénéralementrapportés,commeapportsd’information,àunautresupport(termeourelation).51Voirnote27.

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6.LavariationLeconceptdevariationestl’undesconceptsmajeursdelasociolinguistique.

Il s’oppose à la vision structurale des langues qui estime qu’il n’y a qu’unemanièrededire ceque l’onveutdire.Onparledevariationdèsqu’onobservedes écarts, aussi minimes soient-ils, entre des manières comparables des’exprimer. La variation dans le temps est appelée variation diachronique, lavariation dans l’espace est nommée variation diatopique, la variation liée auxregistres est appelée variation diastratique, la variation liée au support estappeléediamésique.

6.1.Unexempledevariation:leregistredelangueLesregistresdelanguesrépondentàlaquestion«Quiparledequoi,quandet

àqui?».Eneffet,letypedelanguequel’onutiliseàunmêmemomentetdansunmêmelieupeutvarierenfonctiondessituationsdeparole.Cesdifférentstypesdelanguesontappelésdesregistresdelangue.

Iln’estpasfaciledetracerdesfrontièresnettesentreregistresdelangue;lepassage de l’un à l’autre se fait sans rupture tangible. Cependant, malgré ladifficultépourl’observateurd’élaboreruneclassificationrigoureuse,quinesoitpas trop entachée de subjectivité, on reconnait en général quatre registres delangueenfrançais:leregistresoutenu,lemoyenounonmarqué,lepopulaireetlevulgaire.Lesdictionnairesmettent l’accent surcettedifférence,parexempleen faisant figurer l’inscription populaire derrière certains mots. On trouveégalement d’autres qualificatifs tels que argotique, familier, courant, littéraire,archaïque,…

Lesdésignationsderegistresontétécritiquéescarellesneséparentpaslesconsidérations sociales (populaire) des considérations stylistiques (soutenu).Dans lamesure où chaque locuteur utilise des styles divers, il conviendrait dedistinguer, par exemple, un populaire soutenu d’un populaire familier ouvulgaire…

6.2.LesfacteursdevariationLemilieusocio-économiqueet leparcours intellectueldu locuteurexercent

uneinfluencecertainesursonparler:ungaragisteneparleranormalementpaslamême languequ’unacadémicienouuneprincesse.Leregistreemployépeutdèslorsdonnerdesindicationssurl’originesocialedulocuteur.

Cependant, en interaction, le locuteur, quelle que soit son origine sociale,peut être amené à choisir, parmi les différents registres, celui qui lui parait leplusappropriépouratteindresesobjectifsdansl’échange.Ilpeutdèslorspuiserdansl’éventaildesressourcesmisesàsadisposition.Siunemployédemandeundossier à ses collègues, il ne le fera pas de la même manière que s’il lesdemandait à son employeur. La langue fournit des moyens de marquer une

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distanceplus oumoins grande entre les interlocuteurs: par exemple, avec sescollègues, il utilisera sans doute le tutoiement; avec son employeur, levouvoiement.

Demême, lecontextedanslequel l’échangeprendplace, lasituation, le lieu,les circonstances, déterminent le type de registre utilisé: on parleradifféremment selon que l’on se trouve sur son lieu de travail, en famille ouencoredansuneséanceacadémique, faceàunauditoire. Ilya làdescontextesformels, qui commandent un registre plutôt soutenu (discours politiques,juridiques,…),etdescontextesinformels,quilaissentuneplusgrandelibertéets’accommodent d’un registre populaire, voire vulgaire (vacances, diners entreamis,…).

D’autresfacteurspeuventintervenirdanslasélectiondesregistresdelangue.Parmiceux-ci,onretiendral’âgedulocuteur.Onneparlepasdelamêmefaçonà20,40ou60ans;enconversation,deuxindividusd’âgedifférentneparlentpasexactement lamême langue.Demême, le supportdecommunicationpeutêtreunfacteurdediversification.

Selonque lacommunicationestoraleouécrite,desdifférencesderegistrespeuvent être perçues. Cependant, même si l’écrit a plus souvent recours à unstyle non marqué ou soutenu, et l’oral à un style plus populaire, on ne peutaffirmerl’existenced’unlienstrictentreregistreetsupportdecommunication.Eneffet, certains textesorauxsontd’un langageéminemmentsoutenu (oncitecomme exemple les Oraisons funèbres de Bossuet), et certains textes écritsreproduisentleregistrepopulaire,voirevulgaire(lesSanAntonio,parexemple).

Onapris – assez tardivementen fait – l’habitudededistingueràgros traitl’oral de l’écrit, au point de présenter parfois deux grammaires: l’accord engenreetennombrerépondraitàdesrèglesdifférentes,aumoinsdansleurmiseenforme;l’interrogationneseferaitpasdelamêmemanière…Onaàjustetitremontré que la frontière était parfois floue entre ces deux supports: on peutdéclameruntextepréalablementécrit,ouécrireuntexteempreintd’oralité(onparlemêmed’oralitude).

L’oral obtient enfin droit de cité, jusqu’à être reconnu et valorisé dansl’enseignement,parlebiaisdescompétences«écouter/parler».

Pourautant,lavariétéprivilégiéepourlalanguestandardrestel’écrit.Etonn’entend guère reprocher à quelqu’un de parler comme il écrit. Par contre,combien de fois n’entendons-nous pas: «Les jeunes ne savent plus écrire. Ilsécriventcommeilsparlent.D’ailleurs,ilsn’écriventplus,mabonnedame.»?

Laréalitédespratiquesactuellesd’écriture,diversifiéesetmultipliéesparlebiaisdesnouvelles technologies,est toutautre.Cesdernièresdécenniesontvuse développer toute une panoplie de supports-espaces divers pour l’écrit: letéléphone (pour le SMS) et l’ordinateur (pour le courriel, MSN, les forums de

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débat ou de rencontre, le chat, les blogs, les réseaux sociaux ou communautésd’internautes, les plateformes de jeu,…) ont permis l’expansion de modesd’écriturequitroquentlaplumepourleclavier.

Cesclavardagesontcertesmauvaisepresse;ilscontamineraientl’écrit:«Lesjeunes écrivent en SMS.» Des études récentes montrent néanmoins l’impactsommetoutelimitéduSMSsurl’écriture52.

Ces nouveauxmodes participent de l’estompement, voire de l’abolition desdistancestantspatialesquetemporellesdel’actedecommunication.Demêmelafrontière-distanceentreespacesprivéetpublicdevientporeuse.Cesdisparitionsde limites influencent peut-être (c’est à vérifier) certains aspects de l’écriture,pourcolleràl’illusiondutempsréeldelacommunication.

52Fairon, C.,Klein, J.R., Paumier, S., Le langage SMS. Étude d’un corpus informatisé à partir del’enquête «Faites don de vos SMS à la science», Louvain-la-Neuve, Presses universitaires deLouvain,2006.

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ConclusionQuelle(s) variété(s) de français faut-il enseigner au clavardeur ?

Laquelle/Lesquelles privilégier? Comment valoriser ses acquis dans sa langue(oudanscellequ’ildécouvresilefrançaisn’estpassalanguematernelle),pourl’encourager àmaitriser les normesdont il a besoin dans ses échanges socio-professionnels ? Enseigner uniquement le français standard et occulter lavariation inhérente à la langue n’est-il pas une des causes d’une insécuritélinguistiqueforteparmilesusagersdufrançais?

Il est urgent de déculpabiliser les usagers quant à leurs utilisations dufrançais;lalanguedoitêtreàleurservice,etnonl’inverse.Aussi,l’apprentissaged’uneadaptationdel’écritàlasituationdecommunicationest-ilprimordial.Celanesignifiepasquelefrançaisstandardnedoitplusêtreenseigné,aucontraire.Ildoitl’êtreenpriorité.Ils’agitcependantderendreleslocuteursconscientsdeceque ce n’est finalement qu’une variété de français parmi d’autres, socialementvalorisée certes, qui doit dès lors absolument être maitrisée dans certainscontextes socio-professionnels, mais pas dans toutes les situations decommunication, et qu’il faut donc le connaitre, mais également savoir s’endétacherdanscertainscassansculpabiliser.

Cette reconnaissancede la diversité desmodesd’écriture, parcequ’il s’agitbiend’écrit,doitégalementtrouverdesrépercussionsdanslemondedel’école.Révolutionnénaguèrepar lapriseencomptede l’oral, cemondeest confrontéaujourd’hui à l’explosion des modes d’écriture et à l’irruption dans l’écrit dedegrés divers d’oralité, de transpiration d’oral. Cette reconnaissance passenécessairement par la fin de l’exclusion et de la condamnation des variétésadaptées, mais surtout par une nouvelle pédagogie de l’écrit, incluant lanécessaire prise de conscience et l’étude des caractéristiques d’emploisspécifiques à chaque mode ou support-espace. Il ne s’agit pas bien sûrd’enseigner «le langage sms»: les élèves en savent généralementplusque lesenseignantssurlesujetetilsn’ontdèslorspasbesoindeleuraide.Enrevanche,la prise de distance par rapport à leurs pratiques, qui passe par une étuderéflexivedecelles-ci,de leursreprésentationsainsiquedesgenreset registresdediscours, est ceque l’enseignantpeut leuroffrirdeplusutileen lamatière,afin qu’ils puissent effectivement produire des écrits les plus adaptés auxsituationsdecommunicationdanslesquellesilssontimpliqués.

Se sentant non pas rejeté d'une norme éloignée de ses pratiques, maisparticipantàlarichessedelalangueparsespropresproductions,leclavardeurpourra davantage intégrer la nécessité de pratiquer une variété de référencedans lescontextesdecommunicationqui l’exigeraient.Lesentimentd’uneplusgrande liberté linguistique encourage la maitrise des différentes variétés, ycomprislavariétéstandard,moinsrejetéeparcequemoinsexcluante.

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GlossaireA

o Accord L’accordest lemécanismedecohésion,agissant tantà l’oralqu’à l’écrit,

par lequel est établi un rapport entre deux termes, dont l’un (l’apport)apportedusensausecond(lesupport),lequelenéchange,transmetsestraitset marques. Il y a donc un double processus de cohésion: sémantiquepremièrement, morphologique ensuite. En discours, le mot support variespontanément selon son mode de flexion, en fonction de ses catégoriesinhérentes.Desoncôté,l’apports’accordeavecsonsupportetvarieselonlescatégories adhérentes de sa classe. Il adopte donc les traits et marquesmorphologiques liés aux catégories grammaticales pertinentes du support,enfonctiondusensvouluparlelocuteurdanssondiscours.

o Adhérent(><inhérent)

Unmodedeflexionestditadhérentpouruneclassedemotssicelle-ciendétient les marques par procuration, du fait du phénomène de l’accord, àpartirdescatégoriesgrammaticalesquel’apportpartageaveclesupport.Ex.:l’adjectifvarieengenreetennombreenfonctiondugenreetdunombredunomsupport.

o Anaphore

Mécanisme de reprise à l’environnement contextuel (non verbal) oucotextuel (verbal). L’anaphore, mot d’origine grecque, implique qu’unsegment de discours (phora) soit repris (ana) par un mot. La notionlinguistique d’anaphore est à distinguer de l’emploi stylistique du vocable,qui signifie « répétitiond’un élément ».Au sens strict, ondistingueparfoisl’anaphore(reprised’unélémentantérieur)delacataphore(annonced’unélémentàvenir,commedanscetidiotdevoisin,où ledémonstratifannoncevoisin). Néanmoins, le terme d’anaphore s’emploie souvent de façongénérique,pourdésignerlesdeuxfonctionnements.

o Ancrage

Une forme verbale est dite ancrée en temps-époque si elle estpositionnable,surlalignedutemps,parrapportaurepèred’actualitéMoi-Ici-Maintenant(jepenseetjedisqu’ilestvraique…):cetteformeseraàl’indicatif.Ellepeutparailleursêtreuniquementancréeenpersonne,cequidonnelieuàunsubjonctif.

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o Apport(><support)Toute production discursive, à différents niveaux, peut être décrite à

l’aide d’un réseau de relations apport-support de signification. Au niveausyntaxique, l’apport ajoute du sens au support, en agissant ou non sur sonextension, selon le mécanisme fonctionnel mis en jeu (détermination ouprédication).Syntaxiquement,unapportjouedoncunrôlededéterminantoudeprédicat(premierousecond).

o Aspect

L’aspect est une notion temporelle et sémantique incluse dans la formeverbaleelle-même(danssaforme,sesaffixes,…),quidonnedes indicationssurlamanièredontl’énonciateurenvisageleprocèsdécritdupointdevuedesondéroulement.Pourlaconjugaison,sontretenuslesaspects:

o suffixal- intérieur:donneàvoirleprocèsencours,del’intérieur,eteneffacelesbornes;

- extérieur:envisageleprocèsglobalement,del’extérieur,commeuntout,unblocborné.

o coverbal- projeté:l’énonciateurconsidèreleprocèsenperspective;- encours:l’énonciateurconsidèreleprocèsencoursderéalisation;- dépassé:l’énonciateurconsidèreleprocès(juste)aprèssonterme.

C

o Caractérisant(><quantifiant)Un déterminant est dit caractérisant s’il réduit l’extension du support

auquelilserapporte.

o Caractérisation(><quantification)

La caractérisation est un sous-fonctionnement du mécanisme dedétermination.Elleagitsurlesupportparréductiondesonextension.

o Catégoriegrammaticale

Sous-système sémantique à l’intérieur duquel chaque positionnementinternepeutavoirdesrépercussionssurlaformedesmots:pourlegenre,lepositionnement du masculin, du féminin ou du neutre peut impliquer unevariationmorphologiquedesmots(nomsetadjectifsparexemple).Leshuitcatégoriesgrammaticalespertinentesenfrançaissontlegenre,lenombre,lapersonne,letemps,lemode,l’aspect,larelationetlafonction.Lacatégorieducas subsiste dans de rares exemples: voyez l’opposition entre le et lui

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(pronomrespectivementdéterminantduverbeetdéterminantdelarelation[Dét.–NoyauGDV]).

o Catégoriel(><notionnel)

Ladéfinitiond’unmot est dite «catégorielle» si elle est fondée surdescatégoriesgrammaticales(genre,nombre,personne,…).

o Classedemots(><fonction)

Une classe regroupe un ensemble de mots partageant les mêmescaractéristiquesetrépondantdoncde lamêmemanièreauxquatrecritèresde discrimination (sémantico-référentiel, définitionnel, syntaxique etmorphologique).Onaétabliunepremièreclassificationdesmotsdelalangueen fonction du critère sémantico-référentiel du mode d’accès à l’extensiondesmots. Les trois autres critères sont le type de définition (notionnel ><catégoriel), lemodede fonctionnementprototypiquemisenœuvre (critèresyntaxique)etlemodedeflexion(critèremorphologique).Ondistingueainsisept classes de mots: le nom, le pronom, l’adjectif, le verbe, l’adverbe, leconnecteuretl’interjection.

o Cohésion

Danslemécanismed’accord,l’échangedebonsprocédésentreapportetsupportcontraintlesupport,enretourdel’ajoutdesensamenéparl’apport,à lui transmettre ses traits et marques, pour les catégories grammaticalesqu’ilspartagent,afinderendrecomptegraphiquementdelacohésion(doncdel’unité)sémantiqueentrelesélémentsapports-supports.

o Commentaire(><propos)

Danslastructurediscursive,lecommentaireestcequel’onditdupropos(voirceterme).

o Complément(><supplément)On parle de complément dans la glose explicative concernant le

déterminant. En fait, tout déterminant agit comme complément de sens enagissantdoncsur l’extensiondusupport, tandisque leprédicatagitcommesupplémentdesensenn’agissantpassurl’extensiondusupport.

o Complexité(phrase-énonciation)

La complexité peut caractériser tant la phrase (on parle de phrasecomplexe)que l’énonciation (on parle d’énonciation complexe). La phrase

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complexe contient au moins une sous-phrase enchâssée dans une phrasematrice, tandis que l’énonciation complexe est caractérisée parl’enchâssementd’uneénonciationdansuneautre,soitparlaprésenced’uneséquence de discours direct (discours re-produit) intégrée dans la positionfonctionnelle d’un terme normal de phrase, soit par les traces, en sous-phrase,d’unedeuxièmemodalitéénonciative(interrogationindirecte).

o Composé(><simple)

Une forme verbale est dite composée si elle contient un auxiliaireconjuguéàuntiroirsimpleet leparticipe2duverbe.Sémantiquement,uneforme verbale composée contient une part d’antériorité emportée par leparticipe. On parle par ailleurs de forme surcomposée dans le cas oùl’auxiliaire est lui-même conjugué à un tiroir composé, et qu’il est suivi duparticipe 2 du verbe (ou, dans une autre analyse, pour les verbespronominaux, lorsque l’auxiliaire est conjugué au tiroir simplecorrespondant,etqu’ilestsuividuparticipe2composéduverbe).

Unmot (adjectif ou nom) est dit composé s’il est constitué de deux ouplusieursmots(séparésparunespace,untraitd’union,ouagglutinés)etqu’ilrend compte d’un référent différent de ce à quoi réfèrent, additionnésséparément, les mots qui le composent (petite-fille vs petite fille). Ilfonctionnecommeunmot(adjectifounom)simple.

o Concomitance

Onparledeconcomitancepourexprimerlerapportdesimultanéitéentredeux procès, ou entre le moment d’énonciation et le moment auquel seproduiteffectivementleprocèsdontonparle.C’estuneffetdesensprincipalduprésentdel’indicatif:ladéclarationdelaconcomitanceentrelemomentoùjeparleetlemomentoùseproduitcedontjeparle.

o Connexion

Lorsqu’unlocuteurouunscripteurproduitundiscoursouuntexte,ildoitrendre compte à son interlocuteur ou à son lecteur le plus explicitementpossibledes liensqu’ilétablitentre lesdifférentsmots,groupesouphrasesqu’il énonce.D’unmot, d’un groupeoud’unephrase à l’autre, d’unblocdephrasesdontl’unitésémantiqueestperceptibleàl’autre,ilfautenchainerlesidées enmentionnant le lien établi entre lemot, le groupe, la phrase ou leparagraphe d’avant le connecteur et le mot, le groupe, la phrase ou leparagraphed’après.

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o Coordination(><subordination><enchâssement)Lacoordinationestlemécanismedemiseenœuvred’unmodedeliaison

parataxique, qui procède par la liaison de deux ou plusieurs éléments ougroupesdéterminatifsouprédicatifssansqu’ilyaitdehiérarchisationentrelesélémentsmisenrelation.

o Coverbe

Lecoverbeestuntypedeverbedésémantiséquipermetàunautreverbe(auparticipe2ouà l’infinitif)d’êtreconjugué.Lesformesprototypiquesducoverbe sont lesdits auxiliaires avoir et être. En tant que support decompositionverbale,lecoverbeestporteurdesmarquesdemode,detemps,depersonneetd’aspect(suffixal).

D

o DéfinitionPropositionquiénoncelescaractéristiquesA,B,C,…queportel’ensemble

desobjetsdumondeauxquelslemotàdéfinirpeutêtreappliqué.

o Déixis

Mécanisme d’indexation à l’environnement contextuel (non verbal) oucotextuel (verbal). D’origine grecque, la terminologie de déixis s’estsubstituéeà la terminologied’origine latinededémonstratif, qui s’appuyaitsur l’idée de « monstration ». Les expressions déictiques ont un sens quiimpliqueobligatoirementunrenvoiàlasituationd’énonciation.

o Déterminant(><prédicat)

Le déterminant est une fonction endossée par un apport d’informationquiagitsurlesupportenréduisantsonextensionouenindiquantlaquantitéd’éléments considérés. Le déterminant se comporte comme un complémentd’information.

o Détermination(><prédication)La détermination est le mécanisme fonctionnel d’apport d’information

par lequel un apport agit sur son support, soit en réduisant son extension(donc en créant un sous-ensemble dans l’ensemble de départ), soit enindiquant sonextensité (sans créerde sous-ensemble,maisen indiquant laquantitédesélémentsconsidérésdansl’ensemblededépart).

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o Direct(in-)Uneclassedemotsestpremièrementdiscriminéeselonsonmoded’accès

à l’extension desmots. Il y a troismodes d’accès: direct (non-nécessité desupport), indirect (nécessité d’un support pour accéder à l’extension) oudoublement indirect (nécessité d’un support double pour accéder àl’extension).

Par ailleurs, on parle également de déterminant direct ou indirect duverbe(voirTransitivité), selonqu’ilestendosséparungroupedéterminatifnominal(Ex.:Jemangeunenectarine)ouconnectif(JepenseàSarah).

o Discoursre-produit

Tournure où une séquence plus oumoins longue de discours direct estintégrée syntaxiquement, telle que supposément ou prétendumentprononcée, c’est-à-dire sans réajustements formels, dans la positionfonctionnelled’un termenormaldephrase.Cette structuredediscourscitéest considérée comme possédant, en fait en apparence seulement, unénonciateurpropre,différentdel’énonciateurduproposquil’inclut.NotéΘ,le discours re-produit est une des marques de la complexitéd’énonciationd’unénoncé.

E

o Enchâssement(><coordination><subordination)L’enchâssementestunmécanismedemiseenœuvred’unmodedeliaison

hypotaxique(hypotaxeparadigmatique),quiprocèdeparl’intégrationd’unesous-phrase dans une phrase matrice, dans laquelle elle occupe une placefonctionnellecommeunsimplegroupedéterminatif.Cemécanismenécessitegénéralement, mais pas nécessairement (Tu fais un pas, tu es un hommemort), un outil d’enchâssement, tel qu’un pronom, un adverbe ou unconnecteurenchâssant.

o Énoncé(><énonciation><phrase)Un énoncé est d’abord une unité de communication constituée d’une

séquence structurée et ordonnée de mot(s), alliant une phrase et uneénonciation.L’énoncéestdoncl’occurrencecontextualisée(ouleproduitdel’énonciationouinstanciation)d’unephrase.

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o Énonciation(><énoncé><phrase)L’énonciation est l’ensemble de facteurs situationnels et

communicationnels qui entourent la production de la phrase (locuteur,interlocuteur,thème,…).C’estégalement,auniveaudelasyntaxe,l’ensembledestracesdel’énonciateur,ainsiquecellesdelasituationdecommunication,dans son énoncé. L’énonciation peut être complexe dans le cas del’intégration d’une deuxième modalité énonciative (pour l’interrogationindirecte)oud’undeuxièmeénonciateur(pourlediscoursre-produit).

o Extension(><intension)

L’extensiond’unmotestl’ensembledesobjetsdumondepensable(objetsdepensée:êtres,choses, faitsousituations)auxquels lemotestapplicable.Unedéfinitionenextensionestunedéfinitionquiénumèretouslesobjetsdel’ensembledéfini.

F

o FlexionLaflexionestunphénomènedevariationmorphologique(phonologique

ou graphique) tributaire de sous-systèmes sémantiques appelés catégoriesgrammaticales (genre, nombre,…). En discours, les mots supports varientselon leurmodede flexion inhérente,en fonctionde leurscatégoriesspéci-fiques. Du côté des mots apports, qui s’accordent avec leur support, lesmodesdeflexionssontditsadhérentsdanslamesureoùlesapportsadoptentdeleursupportlestraitsetmarquesmorphologiquespertinents.

o Foncteur(ligateur><subordinateur><enchâsseur><représentant)

Unconnecteurestdit foncteur(modedefonctionnementparticulier)s’ilexerceunefonctionauseindelaséquenceintroduite.

o Fonction(><classedemots)

Lafonctiond’untermeoud’unestructure intégrativeest lerôlequ’ilouelle joue dans la phrase par rapport aux autres éléments; c’est donc laposition fonctionnelle que ce terme ou cette structure occupe dans leformatageduprocèstelqueprésenté.

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Go Grammatical(><agrammatical)

Uneséquencephrastiqueestditegrammaticalesi,d’aprèslejugementdenatifs, elle correspond à une séquence dont la structure syntaxique estpossible,c’est-à-direconformeauxrèglesdelagrammairedelalangue.Danslecascontraire,laséquenceestditeagrammaticale.

o Groupe(déterminatif–prédicatif)

Un groupe est une structure intégrative normalement composée d’unnoyauetdezéro,unouplusieursapport(s)(autermenoyauouàunerelationentre le terme noyau et son apport). On parle en outre de groupedéterminatif d’unepart, et de groupeprédicatif d’autrepart.On emploie leterme groupe déterminatif (GD) pour tous les groupes dont les apportsinternes sont des déterminants (quantifiants et/ou caractérisants). Onemploie le terme groupeprédicatif (GP) pour tous les groupes composésd’unnoyauetd’unprédicat(etdesapportsàlarelationentreeux),qu’ilsoitpremier (prédicat premier du noyau de la (sous-)phrasedans le GP1) ousecond (prédicat seconddunoyaudans leGP2).Les structures intégrativesGDX,GP1’ouGP2sontdesunitésporteusesd’unefonctionsyntaxiquedanslaphrase(GP1)oulasous-phrase(GP1’).

o Groupedéterminatif

Structureintégrative(notéeGD),issuedelarelationapport-supportentreun noyau et ses déterminants (auxquels s’ajoutent les déterminants de larelation [Dét. –Noyau]). Legroupedéterminatif estporteurd’une fonction.On parle de groupe déterminatif nominal, pronominal, verbal, adjectival,adverbialetconnectif.

o Groupeprédicatif

Structure intégrative (notée GP1 (phrase), GP1’ (sous-phrase) ou GP2),issuedelarelationapport-supportentreunnoyauetsonprédicat(premierou second) (auxquels s’ajoutent les déterminants et prédicats seconds decette relation [Préd.1 ou 2 – Noyau]). Comme un groupe déterminatif, legroupe prédicatif est porteur d’une fonction. Le GP2 (avec ou sans verbeconjugué à un mode non personnel) apparait donc comme une structureintégrative intermédiaire entre le GP1 (avec verbe conjugué à un modepersonnel)etleGD(sansverbeetavecdéterminationinterne).

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Ho Hypotaxe(><parataxe)

L’hypotaxe est un mode de liaison, avec hiérarchisation, de deux ouplusieursélémentsouséquencesphrastiquesounon.Cemodedeliaisonavechiérarchisation peut se concrétiser, avec ou sans outils, sur l’axesyntagmatiqueousurl’axeparadigmatique.

Sur l’axe syntagmatique, pour marquer la dépendance, la relationd’apport à support de signification entre deux éléments ou groupes,l’hypotaxe est mise en œuvre par subordination ou juxtapositionsubordonnante(ousubordinationimplicite);surl’axeparadigmatique,pourmarquer l’intégration d’une sous-phrase enchâssée dans la phrasematrice,l’hypotaxe est mise en œuvre par enchâssement, ou juxtapositionenchâssante(ouenchâssementimplicite).

I

o Inhérent(><adhérent)Unmodedeflexionestdit inhérentàuneclassesicelle-ciendétientles

marquesenpropre,etnonparprocurationdufaitduphénomèned’accord.

o Intension(><extension)

La définition en intension (ou en compréhension) d’un mot est unedéfinition qui établit la liste des caractéristiques communes que possèdentlesobjetsauxquelslemotestapplicable.

J

o JuxtapositionLajuxtapositionestunmécanismedemiseenœuvred’unmodedeliaison

determesoustructures,parataxiqueouhypotaxique,sansoutilde ligature.Lajuxtapositionpeutêtrecoordonnante(parataxe:Jeparsdemain,jerevienslundi), subordonnante (hypotaxe syntagmatique : Tu fais un pas), ouenchâssante(hypotaxeparadigmatique:Tufaisunpas,t’esunhommemort).

L

o LigatureLa ligature est un mode de fonctionnement purement

syntaxique,prototypiquedesconnecteurs(quiendossentdonclafonctiondeligateurs):établirunerelationentredeuxouplusieurstermesoustructures.

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Mo Mécanisme

Unmécanismeestuntypedefonctionnementgénéralmisenœuvrepardes termes ou groupes de termes de la phrase. On distingue deuxmécanismes fonctionnels fondamentaux d’apport d’information: laprédicationetladétermination.

o Modalité(><mode)

La modalité témoigne de la manière dont l’énonciateur envisage sonénoncé, dupointde vuedes valeursde véritéde celui-ci. Parmi l’ensembledesmodalités,laplusremarquableestlamodalitéénonciative.Lesmodalitésénonciatives indiquent dans quelle mesure l’énonciateur assume lesconditions de vérité de son énoncé. On reconnait généralement l’assertion,l’interrogationet l’injonction.Onparleégalementdemodalitésexpressives,qui ont souvent été attribuées aux modes verbaux pour les définir, alorsqu’enfaitilnes’agitqued’effetsdesensconsécutifsautyped’ancragedelaformeverbaleentempsetenpersonne.

o Mode(><modalité)

Avantd’êtreorganiséesentiroirs,lesformesverbalessontorganiséesenmodes.Lemodeestcaractériséparletyped’ancragedesesformesverbalesselonlesparamètresdetemps-époqueetdepersonne;ilaunecohérences’ilpossèdeunparadigmedeformespropres.

N

o Neutre(><masculin><féminin)À l’intérieur de la catégorie grammaticale du genre, on retrouve

traditionnellement les positions du masculin et du féminin, auxquelles onajoutera la position du neutre, caractéristique de pronoms tels que cela,rien,… Par ailleurs, un noyau de phrase constitué de deux groupesdéterminatifs nominaux de genres différents coordonnés (l’un masculin etl’autreféminin)adopteracemêmegenreneutre,etcommanderadèslorsunaccorddesdéterminantsauneutreégalement(formenonmarquéeidentiqueàlaformedumasculin,d’oùlaconfusionpossible).

o Notionnel(><catégoriel)

Les mots d’une classe sont définis à l’aide d’une définition dite«notionnelle»sicelle-ci faitappelàunenotion,c’est-à-direqu’elleprocèdeparénumérationdesélémentsdesensconstitutifs.

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o NoyauUn mot est noyau d’un groupe s’il en est le centre, c’est-à-dire s’il est

supportd’informationauseindecegroupe,lequelgroupeseradénomméenréférence à ce noyau (Ex.: on appellera groupe déterminatif nominal ungroupedéterminatifdontlenoyauestunnom).Àl’étagesupérieur,setrouvele noyau de phrase, support absolu d’information. En tant que support duprédicat duquel il reçoit un apport d’information, il commande l’accord duverbe et lui transmet ses marques de personne et de nombre (parfois degenrepourleparticipe2d’unverbeemployéavecl’auxiliaireêtre).

P

o Parataxe(><hypotaxe)La parataxe (de para-: à côté) est un mode de liaison de segments,

éléments ou groupes, par exemple deux ou plusieurs phrases, sanshiérarchisation.Cemodedeliaisonpeutêtremisenœuvreavecousansoutildeligature(connecteur):danslepremiercas,onparledecoordination;dansle second, on parle de juxtaposition coordonnante (ou de coordinationimplicite).

o Phrase(><énoncé><énonciation)

La phrase est une unité de communication constituée d’une séquencestructurée et ordonnée demot(s), dont la mise en énonciation produit unénoncé,etquel’énonciateurdécidedefairephrase.Elleestendosséeparungroupe prédicatif premier (GP1), c’est-à-dire par l’ensemble formé par lenoyaudephraseetleprédicat(ycompristouslesdéterminantsetprédicatsseconds s’y rapportant). Elle constitue l’ensemble des informations sur lemondetransmisesàl’interlocuteur,horscontexted’énonciation.Laphrase=l’énoncémoins l’énonciation. La phrase est également conçue comme unemécanique d’intégration, c’est-à-dire comme une imbrication de structuresintégrativeshiérarchiquement inférieures: onparledephrasemultiple (><phraseunique)sielleestcomposéededeuxphrasesjointesparcoordinationoujuxtapositioncoordonnante(parataxe);onparledephrasecomplexe(><phrase simple) si elle est composéed’aumoinsune sous-phrase enchâsséedansunephrasematrice(hypotaxeparadigmatique).

o Phrasematrice(><sous-phrase)

Une phrase matrice est une phrase à l’intérieur de laquelle une ouplusieurs position(s) fonctionnelle(s) est/sont saturée(s) par une sous-phraseintégréeparenchâssement.

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o Prédicat(><déterminant)Le prédicat est une fonction endossée par un apport de sens qui se

rapporteàunsupportsansagirsursonextension.Leprédicatsecomportecommeunsupplémentd’information,puisqu’ilnecréepasdesous-ensemble.Ondistingueenoutreleprédicatpremier(apportaunoyaudelaphraseoudelasous-phrase),etleprédicatsecond(apportnondéterminatifàtouttypedesupport,termeourelationprédicativedelaphrase).

o Prédication(><détermination)

La prédication est lemécanisme fonctionnel d’apport d’information parlequelunapportdesensestmisenrelationavecsonsupportsansagirsursonextension.

o Procès

Évènement dont l’énonciateur rend compte par la mise en relationlogiqued’unthèmeetd’unrhème(cedontonparle,dontonaffirmeouniequelquechose,etcequ’onendit),préludeauformatageenphrase.

o Pronominalisation

Lapronominalisationestunmécanismedereprisedestinéàparlerd’unmêmeréférentsanslenommerdanssonintégralité,soitparremplacementàl’aided’unpronom,soitparsuppressiondunoyaudugroupedéterminatifdebaseavecmaintienoutransformationdel’unoul’autreaccompagnateur.Onneparlepasdepronomsdanscederniercas,maisbiendegroupesissusdumécanismedepronominalisation.

o Propos(><commentaire)

Le terme propos est ambigu. En langage courant, il dit soit ce dont onparle (à quel propos?), soit ce qu’on en dit (le propos tenu). Certainesthéoriesutilisentletermeproposdansladeuxièmeacceptioncommeapportd’informationàunthème.Danslamesureoùnousdifférencionslesniveauxde structure discursive et logique, nous devrons réorganiser les termes enpaires d’opposition suivantes: propos/commentaire (structure discursive,oùproposestutilisédanslapremièreacception;lecommentaireestcequ’onditdupropos);thème/rhème(structurelogique,oùlethèmeestcedontonparledanslecadreduprocèsenvisagéetdécrit;lerhèmeestcequ’onditduthème,toujoursdanslecadredeceprocès).

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Qo Quantifiant(><caractérisant)

Un quantifiant est un type de déterminant qui indique la quantité desélémentsauxquelssonsupportestappliqué.

o Quantification(><caractérisation)

Laquantificationestunsous-fonctionnementdumécanisme fonctionnelde détermination. Elle agit sur le support par indication de la quantitéd’élémentsauxquelscesupportestappliqué.

R

o Relation(><terme)Laphraseestunréseauderelationsentredestermesreliésdeuxàdeux,

dontl’un(l’apport)dépenddel’autre(lesupport).Unerelationadoncdeuxpôlesetn’apasdematérialité.Mettantenlienunapportetunsupport,elleestdenaturetantôtprédicative,tantôtdéterminativeselonlemécanismemisenœuvre.Parailleurs,larelationpeutêtreelle-mêmesupportd’informationet recevoir un déterminant ou un prédicat second (dans ce dernier cas, larelationdoit,elle-même,êtreprédicative).

o Rhème(><thème)

Lastructurelogiquequirendcompted’unprocèsestconstituéeduthème(cedontonparle,cedontonaffirmeouniequelquechose)etdurhème(ceque l’on dit du thème, l’information apportée à propos du thème).Syntaxiquement, l’information du rhème est généralement portée par leprédicat.

S

o Saturation(d’unepositionfonctionnelle)Un noyau de groupe déterminatif est susceptible de recevoir un

déterminant,lequelpeutêtreprisenchargeparunestructureintégrativequiva donc saturer cette position. Dans le cas où aucun élément ne prend enchargecettefonctiondedéterminant,cettepositionestditenonsaturée.

On parlera de position fonctionnelle non saturée (notée Ø en schéma)chaque foisque laditepositionne serapasoccupéeparunélémentouunestructureintégrativeporteurdelafonction.

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o SchémabidimensionnelSchémad’analysedephraseconçuendeuxdimensions(nonlinéaire).Les

deuxdimensionss’observentdanslamesureoùceschémarendcomptenonseulementdetermesserapportantàdestermes,maiségalementdetermesserapportantàdesrelationsentredeuxtermes.

T1 T2

T3

Chaque élément trouve sa place fonctionnelle dans la hiérarchie de laphrase, à son point d’incidence. Ce schémamet en exergue la fonction deséléments les uns par rapport aux autres, c’est-à-dire les relations qu’ilsentretiennent.

o Sous-phrase(GP1’)(><phrase(GP1))

La sous-phrase est une structure intégrative de la phrase, et semblableformellement à celle-ci, si ce n’est qu’elle se trouve en lieu et place d’unsimple groupe déterminatif et qu’à ce titre, elle est susceptible d’endosserunefonctionauseindelaphrasematricedanslaquelleelleest intégrée.Auniveausyntaxique,lasous-phraseestlelieudelaprédicationpremière:GP1’ànoyaudephrase’+Prédicat’.

o Structureintégrative

La phrase est une mécanique d’intégration, qui intègre diversesstructuresdont lesélémentsconstitutifset lesrelationsqu’ilsentretiennentsont spécifiques. On dénombre quatre types de structures intégratives: laphrase(GP1), lasous-phrase(GP1’), legroupeprédicatifsecond(GP2)et legroupedéterminatif(GD).Àcesstructuress’ajouteunecinquième,marqueurdelacomplexitéd’énonciation:lastructureΘoudiscoursre-produit.

o Subordination(><coordination><enchâssement)

La subordination est un mécanisme de mise en œuvre d’un mode deliaison hypotaxique (hypotaxe syntagmatique), qui procède par la liaison,avec hiérarchisation, de deux ou plusieurs éléments ou séquencesphrastiques ou non. Pour marquer la dépendance, la relation d’apport àsupport de signification entre deux éléments ou groupes, l’hypotaxesyntagmatiqueestdoncmiseenœuvreparsubordination(avecmot-lien)oujuxtapositionsubordonnante(ousubordinationimplicite,sansmot-lien).

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o Supplément(><complément)Onparledesupplémentdanslagloseexplicativeconcernant leprédicat.

En fait, toutprédicat agit commesupplémentde sensenn’agissantpas surl’extension du groupe support. Il intervient, en fait, après la clôture de cegroupesupport.

o Support(><apport)

Àdifférentsniveaux,nousavonsdéterminédifférents typesderelationsapport-supportdesignification.Syntaxiquement,unsupportdesens jouelerôledenoyaudansungroupe.

o Syntaxe

Partie de la linguistique qui étudie l’organisation et la structure de laphrase en unités fonctionnelles mises en relation, c’est-à-dire en groupesoccupantunefonction.

T

o Temps(époque><grammatical)La notion de temps peut être envisagée sous l’angle de la réalité

chronologique,desinstantsquisesuccèdentsurunelignedutemps.Onparleàcetégardde temps-époque,considérant troisgrandeszones temporelles:lepassé,leprésentetlefutur.Cependant,lanotiondetempspeutégalementêtre interprétée à la lumière de la terminologie grammaticale comme unensemblede formesverbales.Pouréviter la confusion,nous choisissonsdenommer tiroir cetensemblede formesverbales,afind’éviterd’attribuerdutemps à des formes qui n’en ont pas (comme le subjonctif, le participe etl’infinitif,quin’exprimentqu’untempsrelatif).

o Terme(><relation)

Un terme est un élément ou une structure intégrative (groupedéterminatif, groupe prédicatif ou discours re-produit Θ) assumant unefonctiond’apportoudesupportdanslaphrase.UntermeT2peutêtreapportàuntermesupportT1;larelationalorsétablieentreT2etT1peutàsontourservir de support pour un terme T3 (qui aura donc une fonction dedéterminantouprédicatseconddelarelation).

o Thème(><rhème)

La structure logique qui rend compte d’un procès est constituée, d’unepart,d’unthèmeet,d’autrepart,d’unrhème,lethèmeexprimantcedonton

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parle, ce dont on affirme ou nie quelque chose. Le correspondantgrammatical du thème est, généralement, le noyau de phrase (sauf, en fait,danslatournureunipersonnelle).

Quand,dansuntexte,onenchainedesphrases,dontchacuneestpourvued’unthèmeprincipal,ilfauts’assurerquelerécepteurpuissebiensuivrelefilrougequel’énonciateural’intentiondetisser.Pourcefaire,l’énonciateurestcenséconstruireuneprogressionquiarticulelesthèmessuccessifsentreeuxetpermetteainsiaurécepteurdenepasseperdre.Onparledeprogressionthématique.

o Tiroir

Voir«Temps».

o Transposition

La transpositionest lemécanismepar lequelunmotd’uneclasseouungroupe demots est utilisé dans des emplois généralement caractéristiquesd’unmotd’uneautreclasse.Latranspositionpeuts’opéreravecoutil:ilenvaainsi du connecteur subordonnant qui permet au groupe déterminatifnominal qu’il introduit de fonctionner comme déterminant du noyau dugroupe(lechâteaudemamère:leconnecteursubordonnantdepermetàmamèredefonctionnercommeleferaitl’adjectifmaternel).Ellepeutégalements’opérersansoutildans,parexemple,unerobesaumon,oùlenomsaumonestutilisédansunemploiplutôtadjectival.

On parle de transposition dans les cas de non-conformité entre lespropriétés(lemoded’accèsàl’extension)enlangued’unmotetsoninsertiondansunephraseendiscours.Parexemple,unnom(dont lemoded’accèsàl’extension est direct) s’insère en principe en discours comme supportd’information,donccommenoyau.Maisilarrivequ’ilendosselafonctiondedéterminantdunom(Ex.:unecitédortoir).

Vo Variationmorphologique

On parle de variation morphologique pour désigner la variation demarques graphiques en fonction des catégories grammaticales en jeu(notammentdansleprocessusd’accord).Ensomme,c’estunchangementdeforme lié à un changement de genre ou de nombre par exemple. Lephénomène de variation morphologique ne doit pas être confondu avecl’ensembledes règlesde formationdu féminin (+e, changementderadical,

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changementtotaldeforme,…)ouduplurielgraphiquesdecertainsnoms(+s,+x,changementderadical,…).Lepremierdépenddel’accord,leseconddulexique.

o Voix(1–2–moyenne–factitive–unipersonnelle)

Lavoixestunphénomènequiintervientsurlaphraseentière,etdoncsurson formatage. La voix est l’expression du point de vue que l’énonciateuradopte sur le procès dont il rend compte. Ellemarque le rapport entre cepointdevuesurleprocès,lastructurelogiquechoisiepourenrendrecompte(lethème,lerhèmeetlarelationdel’unàl’autre)etlastructuresyntaxiquequi la met en forme (la phrase avec le noyau, le prédicat et la relationprédicative).Selonlepointduprocès(initial,final,l’unetl’autre,unautreouaucun)quiestchoisicommethèmedelaphrase,celadonnelieuàunevoix1,2,moyenne,factitiveouunipersonnelle.

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BibliographiesommaireDumortier,J.-L.,Dispy,M.&VanBeveren,J.(2013).Savoirslangagiers.Glossairevisant à pourvoir d’un bagage de notions communes tous les enseignants defrançaisdelaFédérationWallonie-Bruxelles.Namur:PressesuniversitairesdeNamur.

Siouffi, G. & Van Raemdonck, D. (2007). 100 fiches pour comprendre lagrammaire.Paris:Bréal.

Siouffi, G. & Van Raemdonck, D. (2009). 100 fiches pour comprendre lalinguistique.Paris:Bréal.

Van Raemdonck, D., (2011). Le sens grammatical. Référentiel à l’usage desenseignants. Avec Detaille, M. & la collaboration de Meinertzhagen, L.Bruxelles:PeterLang.

Wilmet,M.,(1997,20105).Grammairecritiquedufrançais.Bruxelles:DeBoeck-Duculot.

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Tabledesmatières

INTRODUCTION 1

LAMISEENRELATIONDEL’APPORTAUSUPPORT 2

1.DUTEXTEÀLAPHRASE 5

1.1. GENREDETEXTEETTYPEDEPROGRESSIONTHÉMATIQUE 51.2. ANAPHOREETDÉIXIS 7

2.LAPHRASECOMMEUNITÉDECOMMUNICATION 10

2.1.LAVOIX 142.2.LAFOCALISATIONOUMISEENÉVIDENCE 162.3.LESYSTÈMEDELAPONCTUATION 18

3.LAPHRASECOMMERÉSEAUDEFONCTIONS 22

3.1.L’ÉNONCIATION 223.1.1.QUIPARLE? 233.1.1.1.Quelquesformesdediscoursrapporté 233.1.2.COMMENTONPARLE? 263.1.3.LESAUTRESTRACESDEL’ÉNONCIATION 263.2.L’ÉNONCÉ 273.2.1.LASYNTAXE 273.2.1.1.Lesmodesdeliaisonsanshiérarchisation:laparataxe 273.2.1.2.Lesmodesdeliaisonavechiérarchisation:l’hypotaxe 283.2.1.2.1.L’hypotaxesyntagmatique 283.2.1.2.2.L’hypotaxeparadigmatique 293.2.1.3.Bilan 303.2.2.MULTIPLICITÉETCOMPLEXITÉ 313.2.3.LESFONCTIONS 323.2.3.1.Lafonctionsupport 323.2.3.2.Lafonctionapport 323.2.3.3.Laliaisond’élémentsparlesconnecteurs 343.2.4.LAPORTÉE 35

4.LAPHRASECOMMERÉSEAUDESTRUCTURESINTÉGRATIVES 40

4.1.LESGROUPES 404.1.1.LAPHRASESIMPLE(GP1) 424.1.2.LEGROUPEDÉTERMINATIF(GD) 434.1.3.LEGROUPEPRÉDICATIFSECOND(GP2) 444.2.DUGROUPEÀLACLASSEDEMOTS 48

5.LESCLASSESDEMOTS 49

5.1.LEMODED’ACCÈSÀL’EXTENSION 505.2.LETYPEDEDÉFINITION 505.2.1.LAPRONOMINALISATION 51

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5.3.LEMODEDEFONCTIONNEMENT:LEMÉCANISMED’APPORTD’INFORMATION 525.3.1.LADÉTERMINATION 535.3.2.LAPRÉDICATION 545.4.LEMODEDEFLEXION 545.4.1.LESCATÉGORIESGRAMMATICALES 545.5.PARALLÉLISMEENTREFONCTIONSETCLASSESDEMOTS 555.5.1.LESCASDETRANSPOSITIONÀL’INTÉRIEURD’UNGROUPEDÉTERMINATIF(NOMINAL) 575.5.2.DIFFÉRENCEDETRAITEMENTENTRENIVEAUX:ENTREGROUPESETÀL’INTÉRIEURDUGROUPEDÉTERMINATIF 575.5.3.DIFFÉRENCEDETRAITEMENTSELONLETYPEDEGROUPEDÉTERMINATIF 585.6.FOCUSSURL’ADJECTIF 585.6.1.LESTYPESD’ADJECTIFS 585.6.2.LESADJECTIFSENFONCTIONNEMENTDEDÉTERMINANT 595.6.2.1.Lesadjectifsenfonctiondedéterminantsquantifiants 605.6.2.2.Lesadjectifsenfonctiondedéterminantscaractérisants 635.6.2.3.Lesadjectifsenfonctiondedéterminantsquantifiants-caractérisants 645.7.FOCUSSURLEVERBE 655.7.1.LEMODE 655.7.2.LAPERSONNE 665.7.3.LETEMPS 665.7.4.L’ASPECT 675.7.5.FORMESETCOMPOSITION 705.8.LEMÉCANISMED’ACCORD 715.8.1.RÈGLEGÉNÉRALED’ACCORD 725.8.2.LESTYPESD’ACCORDRÉGULIERS 725.8.3.EXCEPTIONSPRINCIPALESCONCERNANTL’ACCORDDUPARTICIPE2SUIVIDESONSUPPORT 735.9.LESCLASSESDEMOTS:RÉCAPITULATIF 74

6.LAVARIATION 75

6.1.UNEXEMPLEDEVARIATION:LEREGISTREDELANGUE 756.2.LESFACTEURSDEVARIATION 75

CONCLUSION 78

GLOSSAIRE 79

BIBLIOGRAPHIESOMMAIRE 96

TABLEDESMATIÈRES 97