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Les Mutins de Noël 1914 oël 1914, quelque part dans les tranchées sur le front Ouest, des soldats allemands, français et anglais discutent et échangent du tabac, ou des vivres en plein no man's land. Aucun coup de fusil ou de canon n'est entendu. La guerre ne semble plus N exister, comme si elle n'avait jamais commencé. Cette fraternisation incroyable entre deux ennemis que rien ne semblait rassembler dans la paix a pourtant eu lieu dans les tranchées. Malheureusement pour les soldats, cette trêve de Noël fut très mal considérée par les autorités, jusqu'à la considérer comme une mutinerie. Une Trêve Improbable Cette trêve semblait improbable, compte tenu de la haine que la guerre avait suscitée. Et pourtant, les raisons sont nombreuses. Cela faisait plus de 5 mois que la guerre avait commencé. L'atmosphère dans les tranchées n'était plus vivable et les soldats ne souhaitaient que rentrer chez eux pour pouvoir voir leurs femmes et leurs enfants. De plus la tradition de Noël est une des plus importantes pour les Allemands. Le Kaiser allemand semblait comprendre cela. Il ordonna donc la distribution de LiebesGaben, des

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Les Mutins

de Noël

1914

oël 1914, quelque part

dans les tranchées sur le

front Ouest, des soldats

allemands, français et

anglais discutent et échangent du tabac, ou

des vivres en plein no man's land. Aucun

coup de fusil ou de canon n'est entendu. La

guerre ne semble plus exister, comme si

elle n'avait jamais commencé.

NCette fraternisation incroyable entre deux ennemis

que rien ne semblait rassembler dans la paix a

pourtant eu lieu dans les tranchées.

Malheureusement pour les soldats, cette trêve de

Noël fut très mal considérée par les autorités,

jusqu'à la considérer comme une mutinerie.

Une Trêve Improbable

Cette trêve semblait improbable, compte tenu de

la haine que la guerre avait suscitée. Et pourtant,

les raisons sont nombreuses. Cela faisait plus de 5

mois que la guerre avait commencé. L'atmosphère

dans les tranchées n'était plus vivable et les

soldats ne souhaitaient que rentrer chez eux pour

pouvoir voir leurs femmes et leurs enfants. De

plus la tradition de Noël est une des plus

importantes pour les Allemands. Le Kaiser

allemand semblait comprendre cela. Il ordonna

donc la distribution de LiebesGaben, des cadeaux

d'amour, dans les tranchées pour les soldats

allemands le jour de Noël. Des saucisses, du

tabac, ou même des chaussettes en laine, furent

distribués pour célébrer cette fête. Mais le Kaiser

avait une autre idée, encore plus incroyable. Il

décida d'envoyer des sapins et des décorations sur

le front. Les tranchées allemandes se garnirent

rapidement de sapins, attirant l'attention des

ennemis. Les Allemands n'hésitèrent pas non plus

à chantonner des chants traditionnels de Noël, tel

que Stille Nacht, Douce Nuit en français, et même

un chanteur d'opéra vint dans une des tranchées

pour interpréter pour les soldats ces chants

traditionnels. Tous ces chants, et les discussions

entre Allemands se firent aisément entendre par

les Français et les Anglais." Nous étions cette fois

à 25 m des tranchées allemandes, que nous

distinguions très nettement." écrivit Marcel

Décobert, un caporal Français "On est à 40 m

comme vous voyez on n’est pas loin. Il (les

Allemands) chante, il siffle ils n’ont pas l’air de

s’ennuyer" écrivit mot pour mot Kléber Pouleau,

le lendemain de Noël. Les Allemands n'hésitaient

pas non plus à interpeller les Anglais : "A la veille

de Noël, les Allemands dans les tranchées en face

de nous ont commencé à nous hurler ‘Cigarettes’,

‘Pudding’, ‘Un joyeux Noël’ et ‘l’anglais – c’est

bien’," écrivit C.H. Brazier, un soldat anglais.

Aucun coup de fusil n'avait pas non plus été tiré

depuis longtemps rapporte le caporal : «ils n'ont

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pas tiré un seul coup de fusil pour ne pas être

ennuyés par une fusillade inutile. C'était

sensément un accord  entre nous et eux " La

guerre semblait avoir disparu. C'est alors que

certains Allemands secouèrent des drapeaux

blancs, pour demander une trêve. Les officiers des

deux camps se rencontrèrent et prirent un accord

commun de trêve. Puis timidement les différents

soldats sortirent des tranchées et se rassemblèrent

sur le no man's Land. "Deux de nos camarades ont

grimpé sur le parapet de la tranchée et sont allés

vers les tranchées allemandes. A mi-chemin ils ont

été rejoints par quatre Allemands," assure le

soldat anglais, "je suis sorti avec quelques autres

de nos camarades et nous avons rencontré

environ 30 allemands ».

Un trêve Festive

"A mon grand étonnement, j'aperçois un Bavarois

(car ce sont eux qui étaient en face de nous) sortir

de sa tranchée, aller au devant d'un des nôtres qui

lui aussi avait quitté la sienne et échanger des

journaux et une solide poignée de main". Ainsi

furent les écrits d’un caporal Français fraternisant

avec nos confrères les Allemands. Symbolisant le

refus de combattre cette lettre fut un témoignage

exclusif de la trêve de noël survivant à la censure.

Le 22 décembre 1914, aucun coup de feu ne sort

des armes ennemies. Entre les Français et les

Allemands rien ne passe, pour Noël les soldats ont

donc refusé de s’entre-tuer. On raconte même que

certains échanges ont eu lieu entre les deux fronts.

D’après la lettre d’un caporal français, cette trêve

de Noël s’est déroulée dans la bonne humeur.

Tout commence par une poignée de main, ensuite

quelques échanges de journaux de cigarettes

jusqu’aux chants de Noël, comme le rapporte C.H

Brazier : "Ils ont donné à nos compagnons des

cigares et une bouteille de vin, et on leur a donné

un gâteau et des cigarettes.", avant d'ajouter

"Toute la nuit nous leur avons chanté des chants

de Noël et ils nous en ont chanté d’autres, et

quelqu’un a joué « God Save the King » à

l’harmonica". Ces actes amicaux s’appellent les

fraternisations. En effet étant condamné par les

Allemands et les Français, seuls certains

témoignages prouvent la véracité des faits. En

effet on raconte qu’entre les Britanniques et les

Allemands, une partie de football s’est déroulé au

matin de Noël. Pendant que certains font fête avec

leurs ennemis d’autres en profitent pour améliorer

leurs tranchée (en posant des fils barbelés) ou bien

enterrer leurs morts. Cette trêve a permis aux

soldats Allemands, Français et Anglais de se

rapprocher et de se connaitre.

Photo de troupe Allemande et britannique sur le no man's land, Collection de l'Imperial War Museum

Partie de football entre Britannique et Allemands sur le front, photo tiré du film présentation de Wallonie Bruxelles Tourisme

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Censure et découverte d’une

trêve associée à une mutinerie

Mais dès lors, le service de la censure fut ouvert

dès le 30 juillet 1914, 3 jours avant la mobilisation

générale, il reçut ses directives le 3 aout par une

note du ministre de la guerre, indiquant qu'il était

désormais interdit de transmettre des nouvelles de

la guerre sans que celles-ci n'ait pas été

communiquée ou visée par le « bureau de presse »

du ministère. A ces débuts le but de la censure fut

de surveiller les informations militaires et

diplomatiques. Le gouvernement voulait éviter

que les journaux, par désir de lancer des

informations à but sensationnel dévoilent à

l'ennemi des informations importantes.

«- Interdiction de publier des renseignements de

nature à nuire à nos relations avec les pays alliés,

les neutres, ou relatifs aux négociations

politiques.

-Surveiller tout ce qui pourrait sembler une

propagande pour la paix.» Et c'est comme ceci

que les autorités ont découvert l'acte de paix, entre

les pays. « Il y en un qui est venu à 10 m de notre

tranchée avec un saucisson et une boite de cigare

et les autres se sont découverts par dessus la

tranchée et nous aussi il n’y a pas eut un coup de

feu de tiré c’est plutôt drôle « écrira un poilu a sa

famille. Ou bien encore « Un Alsacien qui se

trouvait près de nous échangea avec eux une

courte conversation par laquelle les Bavarois lui

apprirent qu'ils ne voulaient plus tirer un coup de

fusil », avouera un caporal français. Les autorités

prirent très mal cet acte, le considérant comme

une mutinerie, jusqu'à les traiter de mutins, et

prendre des mesures radicales, comme l'explique

un poilu :"Quand cette lettre te parviendra, je

serai mort fusillé." Pour ce qui est des journaux,

en France, aucun n'ont pu être publié, appelé

comme une propagande, et pour ne pas démotiver

les troupes. C'est alors, que les civils étaient

plongés dans l'ignorance totale, ils n'étaient au

courant de cet acte de paix pour Noël. Cependant

du coté des Britanniques, ils étaient moins pliés à

la règle de la censure, c'est ainsi que les Anglais

ont pu découvrir une photo du « The Daily Mirror

» affichant fièrement un groupe de soldats

allemands et anglais, et souriant. De lourdes conséquences

Cette trêve de Noël a eu pour conséquence une

prise de conscience par les soldats de ce qu’était

une guerre, de l’absurdité de cette guerre et des

opérations inutiles. En Allemagne, des récits et

des photos ont été soumis à la censure. En raison

de cette censure, la trêve de Noël y est presque

inconnue. En France, de très rares photos ont

échappé à la censure. Les sources officielles ont

mentionné ces trêves de Noël uniquement dans le

but de les condamner et pour lutter contre les

tentatives de fraternisation. Les soldats ont alors

conscience de l’identité de l’ennemi permettant

sympathiser avec eux. Une relation de respect

Une du Daily Mirror, montrant des soldats anglais et Allemands durant la trêve de Noël

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s’introduit donc entre les Français et les

Allemands ce qui fut considéré comme trahison

dans les gouvernements respectifs. Pour punir ces

fraternisations les autorités ont emmené les soldats

dans des milieux particulièrement tendus où la

violence était importante. De plus pour montrer

l’exemple, quelques exécutions ont eu lieu afin de

dissuader les soldats de ne plus fraterniser. Ces

actes pacifiques sont donc considérés en 1917

comme des mutineries et furent condamnés

comme les autres mutineries.

En conclusion cette guerre apocalyptique, fut

arrêtée pendant une très courte durée, mêlant les

Anglais, les Français et les Allemands. Malgré

que ce moment de paix, fut considéré comme une

mutinerie et même un acte de haute trahison,

engendrant de lourde conséquence, comme

l'exécution de soldat pour montré l'exemple, elle

restera tout de même gravé dans l'histoire de la

France et des autres nations. Pourtant elle reste

toujours un événement de la Première Guerre

mondiale qui reste méconnu et que beaucoup de

Français on découvert lors de la diffusion du film

Joyeux Noël. Peut-on croire alors, que dans les

cœurs des soldats malgré une bataille

sanguinolente, ils y avaient une once d'espoir de

paix, et une fin de guerre courte?

Sources documentaires :

France Inter, le 9 novembre 2005, La Trêve de Noël

1914 (Première Guerre mondiale) | 2000 ans

d’histoire : https://www.youtube.com/watch?

v=IW3r5vk4qcw

M.Godmnitz, Premier Noël dans les tranchées :

http://www.dailymotion.com/video/x24t8nw_premier-

noel-dans-les-tranchees_school

Marcel Decobert, le 26 décembre 1914, lettre à ses

parents:

http://crid1418.org/espace_pedagogique/documents/te

xtespedago/fraternisations.htm

Kléber Pouleau, samedi 26 décembre 1914, lettre à ses

parents :

http://www.reseau-canope.fr/pour-memoire/le-50e-

anniversaire-du-traite-de-lelysee-et-les-relations-

franco-allemandes/le-temps-des-ennemis-hereditaires/

la-guerre-et-la-fraternite-des-tranchees/

Archive Vendée, 24 décembre 2014, la trêve de Noël

1914 : http://archives.vendee.fr/Connaitre-les-

Archives/Actualite/Action-educative-et-culturelle/La-

treve-de-Noel-1914

C.H. Brazier, 1914, lettre à un ami:

http://www.lyonlemelhor.org/2012/12/la-treve-de-

noel/

Hannah-Kristin Elenschneider, 2006, Essai : la trêve

de Noël 1914 entre les soldats allemands et les soldats

français, GRIN

A voir : Joyeux Noël, film français de C.

Carillon, sorti en 2005

Riberolle Léa

Esselimani Waïl

Traineau Maxime

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