Bulletin Mai 2009

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Société Botanique du Vaucluse Bulletin de liaison de la Société Botanique du Vaucluse - n°19 - mai 2009 B.P. 1227 - Site Agroparc - 84911 AVIGNON CEDEX 9 Androsace halleri ( Primulaceae) Sur lande de type subalpin Cros de Conge (Massif du Tanargue- Ardèche) Le 13 juin 2008 Photo. -Jean-Claude Bouzat

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Bulletin de liaison de la Société Botanique du Vaucluse

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B.P. 1227 - Site Agroparc - 84911 AVIGNON CEDEX 9

Androsace halleri ( Primulaceae) Sur lande de type subalpin

Cros de Conge (Massif du Tanargue- Ardèche)

Le 13 juin 2008 Photo. -Jean-Claude Bouzat

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Bulletin de la SBV - 2 - n°19 - mai 2009

Société Botanique du Vaucluse

Siège Social Lycée Agricole François PETRARQUE Cantarel - route de Marseille

Adresse postale BP 1227 Site Agroparc 84911 AVIGNON cedex 9

Adresse Internet Site SBV http://www.sbvaucluse.org

Courriel [email protected]

Réunion mensuelle Tous les deuxièmes mardis du mois, au Lycée François PETRARQUE

Cotisation annuelle 18 euros membres adhérents 9 euros membres associés 9 euros étudiants demandeurs d’emploi

Droit d’entrée 7 euros nouvel adhérent

Bulletin de la SBV Distribution Le bulletin de la SBV est distribué gratuite-ment aux adhérents.

Directrice de Publication La Présidente : Huguette ANDRE

Redaction Les membres du bureau de l’association

Maquette: Denis Coquidé

Impression: Espace Dupont - 84130 Le Pontet

N° ISSN : 1281-2676

Sommaire

Editorial P. 3 Ont participé à ce numéro Botanique vauclusienne − Nouveautés 2008 pour la flore vauclusienne B. Girerd et J.P. Roux P. 4 − Recherches et récoltes à faire pour 2009 B.Girerd − Le Rhône vauclusien J.P. Roux P. 8 − Mesures agricoles territorialisées dans le cadre de Natura 2000 G.Guende P. 11 − Exposition botanique –Avignon – mai 2008. P.12 − Actualité : le jardin botanique d’Avignon - Exposition du Musée Requien. P. 13 Activités de la SBV − Excursion botanique dans le massif du Tanargue J.C. Bouzat P. 14

(Ardèche) du 13 au 15 juin 2008 Autour de la botanique − Plantes, chenilles et papillons A.Camard P. 19 1859-2009 : 150 es

anniversaires Mireille – Mirèio. P. 23

Présentation. Le Félibrige. Mistral et la botanique : H.Courtois Le catalogue de M.Palun. Le végétal dans Mireille – Pancratium maritimum – L’erbeto di frisoun. Inventaire. Vallisneria spiralis : P. 27 La vallisnerie et ses amours originales au fil de l’eau. R.Guizard Vallisneria spiralis dans le Vaucluse de 1855 à nos jours. (mentions par B.Girerd). Charles Darwin P. 29

Rencontres P. 30

Abbés et botanistes : L’Espace Hippolyte Coste H.André Paul Fournier- B.Girerd ouvre son album photos ! B.Girerd

Dans les débuts de la S.B.V (montage photographique). P. 33

Parutions – Notes de lecture (F.Feriolo). P. 34

Rousseau et la botanique, choix de textes par A.Chanu P. 35

Le culte de Cérès, déesse des moissons ou les ruses végétales ! O.Mandron P. 36

Encart couleur au centre du bulletin pages I à VIII

I- Botanique vauclusienne - Nouveautés 2008. II- Vallisneria spiralis L. III à VI- Plantes, chenilles et papillons. VII et VIII- Tanargue –du 13 au 15 juin 2008.

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Bulletin de la SBV - 3 - n°19 - mai 2009

Ont participé à ce numéro

Huguette André 30250-Junas

[email protected]

Jean-Claude Bouzat 26110-Condorcet

[email protected]

Alain Camard 30400-Villeneuve -les -Avignon

Alain Chanu

[email protected]

Henri Courtois 84130-Le Pontet

Flavien Feriolo 30330-Connaux

[email protected]

Bernard Girerd 84250-Le Thor

[email protected]

Michel Graille 84310-Morières les Avignon

[email protected]

Roselyne Guizard 84380-Mazan

[email protected]

Odette Mandron 38700- La Tronche [email protected]

Jean-Pierre Roux 84200 Carpentras

[email protected]

Le bulletin 19 paraît avec le printemps, cela devient une coutume - n’est-ce-pas ? Il est joliment illustré ; merci à tous pour votre participation active et surtout à Michel pour son travail de composition et à Denis pour la mise en page définitive. Au cours de l’année 2008, 10 espèces nouvelles pour le département ont été détectées par des adhé-rents. Ainsi l’inventaire de la flore du Vaucluse ne cesse de pro-

gresser. La propagation et l’installation de ces plantes, qui jusqu’à présent se localisaient dans les départements littoraux situés plus au sud, s’effectuent vers le nord. A la suite d’u-ne série d’années sèches et à hivers peu rigoureux, elles ont trouvé des conditions favora-bles et colonisent les espaces plus ou moins incultes .Ce phénomène n’est pas nouveau ; je vous conseille de relire les numéros précédents. Je précise que les découvertes sont dues surtout à la curiosité et à l’observation, au sérieux des adhérents, soucieux de bien connaître leur patrimoine floristique .La Société Botanique du Vaucluse bouge, cherche. Bernard GIRERD affine peu à peu les clés de détermination des genres ayant plus de 2 espèces. Une nouvelle édition mise à jour au 01 03 2009 est désormais disponible .Vous pouvez en faire la demande auprès de Mireille. Autre heureuse nouvelle - la subvention sollicitée auprès du Conseil Général de Vaucluse pour la 3ième édition de l’inventaire du Vaucluse est acceptée. La trésorière a encaissée le premier tiers de la somme .Une démarche a été engagée en février auprès d’un éditeur d’ouvrages naturalistes - Biotope – dont les collections sont bien connues. A l’heure ac-tuelle nous attendons le projet de contrat ainsi que la charte graphique, afin de mettre en route cet ouvrage, qui sera plus qu’un simple inventaire .La publication est envisagée pour fin 2010 ? Il y a encore beaucoup de travail !! Bernard nous recommande de rechercher, d’observer certaines espèces au cours de l’année 2009, sans oublier de préciser les paramètres indis-pensables (date et lieu de l’observation, description la plus exacte possible de la plante). Pour une éventuelle récolte, suivez bien ses conseils, donnés dès le début de l’article. Vous pouvez le contacter directement. Je pense que vous avez consulté le programme ; quelques oublis m’ont été signalés. Les corrections ont été faites lors d’une réunion mensuelle et transcrites sur le site Internet de la SBV. Si vous avez des doutes, n’hésitez pas à me téléphoner ou m’envoyer un message. A bientôt lors d’une sortie ou d’une prochaine réunion. Amicalement. Huguette ANDRÉ, présidente.

Editorial

Bureau 2009 : Sans changement – Voir Bulletin 18

Contributions photographiques Huguette ANDRE HA André BART AB Jean-Claude BOUZAT JCB Alain CHANU AC Claude DIEU-ROMASTIN CDR Flavien FERIOLO FF Michel GRAILLE MG Roselyne GUIZARD RG Henri MALEYSSON (Digitalis- Le Puy) HM Huguette PINGET HP Mireille TRONC MT Jean VIROLLEAUD JV Marie-Thérèse ZIANO MTZ

Contribution à la documentation Paule Daillant Musée Requien Bibliothèque de la SBV

Et diverses sources complémentaires dont Internet.

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Bulletin de la SBV - 4 - n°19 - mai 2009

Botanique Vauclusienne

L’année 2008 peut encore être considérée comme riche en dé-couvertes floristiques puisque 11 espèces nouvelles ont pu être détectées. Certaines d’entre elles sont bien indigènes comme Xeranthemum cylindraceum Smith et Ornithogalum pyrenaicum L., observées très près des Alpes-de-Haute-Provence dans des sites habituellement peu prospectés, ou encore comme Minuar-tia rubra (Scop.) McNeill, Phelipanche rosmarina (G. Beck) Banfi & al., et Potamogeton berchtoldii Fieber qui étaient peut-être passées inaperçues car confondues avec d’autres taxons. Pour ce qui est de Tordylium apulum L., on assiste à une pro-gression vers l’est de cette espèce bien connue dans la région Languedoc-Roussillon. Mais le plus surprenant est l’arrivée dans le Vaucluse de cinq espèces étrangères dont certaines sont réputées comme étant de redoutables envahissantes (Botriochloa barbinodis (Lag.) Herter, Elodea densa (Planchon) Caspary, Myriophyllum aquaticum (Velloso) Verdcourt, Oxalis dillenii Jacquin, Sporobolus cryptandrus (Torr.) A. Gray). Elles sont suffisamment bien naturalisées pour être admises dans la flore vauclusienne.

Bothriochloa barbinodis (Lag.) Herter (= Dichanthium saccha-roides (Swartz) Roberty) - Grande plante (pouvant dépasser 1 m de haut) très élégante et décorative, remarquable par ses inflo-rescences digitées composées de nombreuses grappes spicifor-mes contractées à la floraison et couvertes de poils argentés donnant à l’ensemble un aspect brillant. Elle a été découverte dans le bassin d’Apt (J.-P. CHABERT), le long de la RN 100 où elle existe en plusieurs petites populations disséminées sur plusieurs kilomètres, entre le pont Julien et la ville d’Apt. Elle doit très probablement se trouver ailleurs dans le même secteur. D’origine américaine (du sud-ouest des États-Unis à l’Amérique du Sud), elle s’est naturalisée dans d’autres continents et en particulier en Europe. En France, elle existe déjà en Bourgogne et dans le Midi (Hérault, Aude, Tarn, etc.). Elle est considérée comme une envahissante.

Elodea densa (Planchon) Caspary (= Egeria densa Planchon) - Cette élodée est beaucoup plus robuste que les deux autres déjà connues dans le Vaucluse (E. canadensis Michaux et Elodea nuttalii (Planchon) St. John), les feuilles dépassant toujours 1 cm de long et 4 mm de large, normalement verticillées par plus de 3 et densément imbriquées sur des tiges épaisses. Détectée d’abord à Avignon dans le Rhône au niveau de l’Islon de la Barthelasse (A. et N. CHANU), elle a ensuite été observée à Lapalud à la Désirade (C. ROULET et J.-P. R.), dans une lône près du Rhône. Originaire d’Amérique du Sud (Brésil, Argenti-ne, etc.), elle s’est répandue dans tous les continents et y est devenue envahissante. En Europe, son introduction est déjà an-cienne (début du XIX ème siècle) et elle y a même été cultivée ! En France, elle a été découverte en milieu naturel en 1961 dans la Manche, puis elle s’est répandue en Bretagne, dans le Centre, le Midi et le Sud-Est.

Minuartia rubra (Scop.) McNeill (= M. fasciculata auct., non (L.) Hiern) - Cette espèce ressemble un peu à M. rostrata (Pers.) Reichenb., mais elle est annuelle ou bisannuelle avec des tiges dressées et plus hautes ne formant pas de touffes denses et surtout ses fleurs ont des pétales très courts. Cette plante a été signalée autrefois au mont Ventoux (GONTARD, 1953) où elle n’a pas été retrouvée. En revanche, quelques populations ont été observées à Lagarde-d’Apt (J.-P.

CHABERT), sur des pelouses rocailleuses sur calcaire décalci-fié. Elle semble rare et très marginale en région méditerranéen-ne.

Myriophyllum aquaticum (Velloso) Verdcourt (= M. brasilien-se Cambessedes) - Plante beaucoup plus robuste que les deux autres espèces connues dans le Vaucluse (M. spicatum L. et M. verticillatum L.). Elle présente des feuilles glauques et papilleu-ses sur des tiges dont les extrémités sortent de l’eau ; les fleurs, souvent rares, sont situées, isolées, à l’aisselle des feuilles supé-rieures. Elle a été observée à Mormoiron dans une petite mare près de la Jouvette (service technique de la mairie de Mormoiron) en une population très importante. Originaire de l’Amérique tropicale du Centre et du Sud, elle s’est naturalisée par la suite dans tous les autres continents. Elle est considérée comme une redoutable envahissante, aussi, cette station a fait l’objet d’un début d’éra-dication.

Ornithogalum pyrenaicum L. (Loncomelos pyrenaicus (L.) J. Holub) - Comme O. narbonense L., cet-te espèce a des fleurs en grappes, mais elle en diffère par les tépales qui sont plus étroits et de couleur verdâtre à l’ex-térieur et non blanc pur. Une toute petite populations (quelques individus seulement) a été détectée dans une hêtraie claire sur karst à Lagarde-d’Apt aux Espagnols tout près des Alpes-de-Haute-Provence (G. GUENDE et J.-P. R.). Cette découverte, comme celle d’ailleurs de Minuartia rubra (Scop.) McNeill, vient confirmer l’intérêt floris-tique tout à fait exceptionnel de la partie sommitale des monts de Vaucluse.

Oxalis dillenii Jacquin (= O. stricta L., nom. illeg.) - Espèce très proche d’O. fontana Bunge qui est déjà connue des bords du Rhône (Mondragon et Sorgues). Elle est également à fleurs jaunes et munies de longs stolons souterrains ; par contre c’est une plante velue et notamment les capsules qui sont couvertes de poils courts et retorses et les bractéoles sont situées à la base des pédicelles alors que chez O. fontana elles sont un peu éloi-gnées au-dessus de la base des pédicelles. Les différences sont donc peu évidentes au premier abord et ont pu entraîner des confusions, d’autant plus que les 2 espèces cohabitent souvent. Originaire d’Amérique du Sud, elle a été observée à Mondra-gon, dans la ripisylve du Rhône, près du domaine de Lamiat (Société botanique du Vaucluse).

Phelipanche rosmarina (G. Beck) Banfi & al. (= Orobanche rosmarina G. Beck) - Les Phelipanche, précédemment appelées Phelypaea ou incluses dans les Orobanches, sont nettement sous-observées dans le Vaucluse. On connaît surtout P. nana (Reuter) Sojak (taxon englobant P. ramosa (L.) Pomel et P. mutelii (F.W. Schultz) Pomel) en désignant des plantes basses (10 cm en général), longuement ramifiées, recherchant les pe-louses et les cultures sur terrain sableux sec. P. rosmarina est une espèce différente, parasitant exclusivement le romarin et caractérisée par des tiges non ramifiées et par des stigmates jaunâtres.

Nouveautés 2008 pour la flore vauclusienne

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Bulletin de la SBV - 5 - n°19 - mai 2009

Cette plante a été identifiée dans une garrigue xérothermophile à romarin dans le massif de Saint-Sépulcre (La Tour-d’Aigues au sommet des Buisserettes) et dans le grand Luberon sur des vires à l’entrée de la combe de Lourmarin (V. NOBLE). Elle doit très probablement se trouver ailleurs dans le sud-est du département et y est à rechercher. Potamogeton berchtoldii Fieber - Plante très semblable P. pu-sillus L. quoique moins robuste ; la différence est à examiner dans la forme des stipules qui sont fendues et non entières (observation délicate). C’est une plante très méconnue à cause de la difficulté pour la distinguer formellement. Elle a été détectée dans le béal des Barinques à Lapalud (Société botanique du Vaucluse). Cette plante à très large répar-tition mondiale, existe, plus abondante, sur le cours moyen du Rhône. Sporobolus cryptandrus (Torr.) A. Gray - Plante ressemblant un peu Sporobolus indicus (L.) R. Br. dont on connaît quelques stations dans le Vaucluse. Elle s’en distingue par des inflores-cences moins étroites dont les rameaux sont plus longs (3 cm et plus) ; les feuilles sont munies au niveau ligulaire d’une touffe de longs poils blancs. Elle a été découverte à Caderousse à la Piboulette (M. TRONC et J.-P. R) sur une grève sèche. Originaire d’Amérique du Nord, cette espèce est d’introduction récente en France. Elle est à sur-veiller car elle pourrait se trouver ailleurs dans la vallée du Rhô-ne. Tordylium apulum L. - Plante très différente de l’autre Tordy-lium vauclusien (T. maximum L.). Ses tiges ne comportent que des poils mous et ses folioles terminales des feuilles sont arron-dies ; mais ce sont les fruits qui sont les plus caractéristiques car ils sont entourés d’une bordure crénelée très typique. Observée dans une friche à Avignon au Clos du Mourre (M. TRONC), cette méditerranéenne dont l’indigénat en France est très discuté, est actuellement considérée comme en extension dans les départements de l’Hérault et le Gard. Ailleurs en région méditerranéenne et sur le continent, les citations récentes sont très rares (Alpes-Maritimes) et elle semble se comporter en ad-ventice. Aussi, la population vauclusienne sera à surveiller. Xeranthemum cylindraceum Smith [1568] (= X. foetidum auct.) - Espèce ressemblant beaucoup à X. inapertum (L.) Miller qui est assez répandue dans le Vaucluse, mais à involucres plus petits (5 mm de large) composés de bractées velues sur le dos. Quelques individus ont été détectés dans une friche à Saint-Martin-de-Castillon, au Défens, à quelques mètres de la limite départementale (G. GUENDE, R. GUIZARD et J.-P. R.). Cette steppique eurasiatique est mieux connue dans les Alpes-de-Haute-Provence et en particulier à Céreste, donc très près de la station vauclusienne.

Bernard GIRERD et Jean-Pierre ROUX

Voir encart couleur n° I

Recherches et récoltes à faire en 2009

Parmi les innombrables recherches botaniques à faire en Vaucluse, je propose la vingtaine de sujets suivants pour les-quels nous manquons de renseignements.

Concernant les récoltes, on est obligé de constater que sans plantes de référence en herbier on est incapable de tirer des conclusions, même si on croit avoir bien fait les déterminations sur le terrain : il faut absolument disposer de plantes complètes (penser aux fruits mûrs), minutieusement récoltées (si possible avec racines, stolons ou rhizomes), rapidement pressées et sé-chées. Il faut aussi penser à noter sur le frais la couleur des fleurs et du feuillage. Les photographies sont souvent très utiles mais non suffisantes ; elles laissent presque toujours subsister un doute.

Il se pose alors le problème de la protection des espèces rares ou menacées. Les sujets proposés ci-dessous ne compor-tent pas d’espèces protégées ni de plantes rares ; ce sont seule-ment des taxons sous-observés. C’est à chacun de juger si le prélèvement d’un ou de quelques sujets risque de compromettre les populations, ce qui est plutôt rare. (voir, par contre le cas des Hieracium rupestres).

Je suis toujours preneur de plantes à étudier. Merci de votre collaboration. (Bernard GIRERD) Agrimonia eupatoria : Cette espèce est très abondante en Vau-

cluse mais Il existe 2 sous-espèces à rechercher et à diffé-rencier surtout d’après les fruits qu’il faut récolter bien mûrs (Voir ci-après dessins de Bernard GIRERD) : subsp. eupatoria : plante grêle de moins de 80 cm à roset-tes persistantes ; fruits de moins de 5 mm à arêtes de moins de 3,5 mm, donc plus courtes qu’eux. subsp .grandis : plante robuste (souvent + de 80 cm) à ro-settes caduques ; fruits de plus de 5 mm à arêtes également de plus de 5 mm, donc aussi longues qu’eux. (ce taxon est le plus probable en Vaucluse).

Amaranthus hybridus : On distingue facilement A. retroflexus

(à périgones obtus) de A. hybridus (à périgones aigus), mais il faudrait observer les A. hybridus subsp. hybridus car on pourrait rencontrer la sous-espèce cruentus caracté-risée par des bractées beaucoup plus courtes (2 mm au lieu de 4) ce qui donne aux épis un aspect moins « chevelu ». Ce taxon est assez souvent (mais pas toujours) de couleur rougeâtre (Voir JAUZEIN) – 1 observation à Robion en 2004.

Dessin: Bernard GIRERD

A noter que: Luzula sylvatica a été déplacée d’un rang pour la mise en page.

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Bulletin de la SBV - 6 - n°19 - mai 2009

Bunium bulbocastanum : Dans le Vaucluse, on rencontre 2 plantes très différentes tout en appartenant bien à cette mê-me espèce : d’une part, dans les prairies, les pelouses ou les champs de céréales (Ventoux et monts de Vaucluse), des plantes robustes à ombelles très fournies et d’autre part dans les éboulis, les rocailles et les crêtes rocheuses de bas-se altitude des plantes plus réduites dans toutes leurs par-ties. Les premières correspondent bien à B. bulbocastanum type (c-à-d. la var. bulbocastanum) mais celles des éboulis sont problématiques et semblent méconnues ; leur rattache-ment à la var nanum ne donne pas satisfaction car, d'après Reduron, il s’agit d’un taxon d’altitude, ce qui n’est pas notre cas. Il conviendrait donc de faire de nouvelles obser-vations avec des récoltes comportant des fruits mûrs pour tenter de solutionner ce problème.

Bupleurum ranunculoides : Cette espèce se présente en Vauclu-se sous 2 formes très différentes :

- Des plantes élevées (30 à 60 cm), ramifiées, à feuilles caulinaires larges (4 à 5 mm) ; observées dans les gorges de Nesque, à Venasque et à Murs, on les attribue à la subsp .telonense (sans grande certitude car le type de cette subsp est à feuilles étroites !). - Des plantes basses (10 à 20 cm) à tiges simples et feuilles toutes étroites (2 mm maxi), dans le Ventoux, surtout au-dessus de 1000 m. On attribue des plantes à la subsp. ra-nunculoides, var. gramineum. Toutefois, il serait utile de faire de nouvelles observations.

Centaurium erythraea : Cette espèce est assez commune et bien

reconnaissable à ses feuilles basales formant une rosette et à ses inflorescences corymbiformes. Elle est connue com-me morphologiquement variable avec des populations à fleurs plus grandes que d’autres. C’est le cas à Villars où Georges Guende a observé des plantes à grandes fleurs pouvant évoquer C. majus. Mais ce dernier taxon, admis maintenant comme espèce autonome, a des fleurs nette-ment plus grandes (lobes de la corolle dépassant 7 mm) et des inflorescences lâches. Toutefois, il s’agit de plantes pouvant facilement être confondues nécessitant de nouvel-les observations attentives.

Euphrasia : Dans le Vaucluse, on a admis la présence de 3 espè-

ces : E. salisburgensis, E. alpina et E. stricta, les 2 premiè-res dans la partie haute du Ventoux (au-dessus de 1500 m) la 3° au Mt Serein et sur le plateau décalcifié de St Chris-tol. Or, il s’avère que les plantes disponibles actuellement en herbier sont en mauvais état et ne permettent pas de confirmer les déterminations. En particulier, les 2 espèces citées conjointement en haut du Ventoux pourraient bien n’en être qu’une seule, mais laquelle ? Conclusion, tout est à reprendre en faisant des récoltes de plusieurs échantillons dans chaque station, si possible à 2 périodes différentes pour avoir des fleurs et des fruits à différents stades. Condi-tion impérative : presser immédiatement les plantes et les sécher rapidement après avoir bien noté la couleur des co-rolles (E. alpina doit avoir des fleurs d’un rose assez vif et des tubes corollaires accrescents). Il faudrait également revoir les plantes du plateau d’Albion (St Christol et Lagar-de).

Fumaria : Le genre Fumaria, quoique assez facile à étudier, semble pourtant avoir été victime de confusions. En parti-culier Fumaria densiflora, observé en 1980 à Sérignan et à Lourmarin pourrait avoir été confondu avec le banal F. officinalis qui a des sépales nettement plus étroits que les corolles. D’autre part, Fumaria vaillantii présente 2 sous-espèces : subsp. vaillantii à pédicelles épais et subsp. schleicheri à pédicelles grêles. Enfin, F. petteri est peut-être moins rare qu’on ne le croit. Ne pas hésiter à utiliser JAUZEIN qui est parfaitement clair pour les détermina-tions.

Hieracium cydonifolium : Ce Hieracium n’a été observé qu’une fois au Ventoux-Nord par J. Molina en 1993. C’est une plante assez élevée (jusqu’à 1 m) ressemblant fortement à H. juranum, mais beaucoup plus velue surtout sur les invo-lucres qui sont couverts de longs poils (influence de H. villosum) et démunis de poils glanduleux. Il serait bien utile de le retrouver, mais il peut avoir disparu comme les autres issu de H. villosum !

Hieracium humile et Hieracium ucenicum sont deux Hieracium

rupestres paraissant en voie de disparition. Le premier est très typique et bien connu aussi bien au Ventoux que dans les autres massifs rocheux. Le 2° ne peut se trouver qu’en haut du Ventoux ; il a des feuilles simples et glanduleuses (moins que chez H. amplexicaule). En cas de trouvailles, il vaudrait mieux se contenter de photographier que récolter (ils peuvent facilement se déterminer par photos).

Juncus : il y a parfois eu quelques confusions dans les Joncs. Ce

sont des plantes qui se prêtent parfaitement à l’étude en herbier. Il ne faut donc pas hésiter à faire des récoltes, mais en prenant soin de collecter des inflorescences munies de capsules bien développées et en examinant bien les racines avec ou sans rhizomes ou avec stolons.

Orobanches : Plusieurs Orobanches sont à rechercher : Oroban-

che grenieri, jusqu’à maintenant nommée O. cernua, mais qui n’a pas été revue récemment (surtout parasite des Lac-tuca) pour bien confirmer la détermination. Et chez les Phelipanche (anciennement Phaelipaea), il faudrait sur-veiller P. rosmarina, proche de Ph. nana et parasite exclu-sif du Romarin. Les photographies sont plus utiles que les récoltes.

Page 7: Bulletin Mai 2009

Bulletin de la SBV - 7 - n°19 - mai 2009

Luzula sylvatica : C’est la Luzule à larges feuilles des forêts du Ventoux nord, du ravin de Prébayon dans les dentelles et des flancs nord du Luberon. Deux sous-espèces sont décrites : subsp. sylvatica à feuilles d’hiver (à observer en début de florai-son) dépassant 9 mm de lar-ge et subsp. sieberi dont les mêmes feuilles ont moins de 9 mm de large. Il faudrait contrôler nos populations pour définir la sous-espèces de chacune. Poa flaccidula : Cette plante prestigieuse, car c’est une récente acquisition de la flore française, a été observée dans de nombreuses stations vau-clusiennes et notamment dans plusieurs ravins du Petit Luberon. Elle paraît en ré-gression importante ces der-nières années, aussi de nou-veaux pointages de présence seraient très utiles.

Rumex acetosella – Il existe 2 sous-espèces : subsp. acetosella à valves libres et subsp. pyrenaicus à valves soudées. (cf. JAUZEIN qui conseille de frotter la semence avec les doigts dans le creux de la main !). Ces 2 sous-espèces n’ont pas été définies en Vaucluse ; il serait intéressant de faire des observations en fin de fructification, même si la sous-espèce acetosella est la plus probable.

Thymelaea passerina - 2 sous-espèces sont décrites : subsp.

passerina à tiges glabres et à périgones densément velus et subsp. pubescens à tiges un peu velues et à périgones à poils épars. Ces deux taxons sont susceptibles d’exister en Vaucluse ; recherches à faire. (pour la détermination voir JAUZEIN).

Torilis africana : Cette appellation correspond à la plante précé-

demment nommée Torilis arvensis subsp. purpurea. Il faut rappeler que les Torilis se distinguent des autres ombellifè-res à fruits couverts d’aiguillons par des fruits de petite dimension (maxi 8 mm) et que Torilis arvensis au sens ancien (donc y compris T. africana) a des ombelles termi-nales à longs pédoncules (+ de 3 cm).et dépourvues d’invo-lucres. (alors que Torilis japonica a des involucres de plu-sieurs bractées). Torilis africana a des ombelles à 4 rayons maxi (alors que T. arvensis en a plus de 4) et semble nette-ment plus rare que T. arvensis (2 observations seulement en Vaucluse (Châteauneuf-du-Pape et Buoux). Quoi qu’il en soit, compte tenu de la forte ressemblance de ces taxons, il faudrait intensifier les observations et les récoltes (d’autant plus qu’il existe 2 variétés à feuilles très différen-tes).

Trifolium micranthum Viv. : C’est une espèce à rechercher en

Vaucluse (= T. filiforme subsp. micranthum chez Fournier)

car elle peut avoir été confondue avec T. dubium ; Ce sont 2 trèfles à fleurs jaunes (ne pas confondre avec T. campes-tre qui a des étendards ondulés et dont la forme « minus » peut tromper !) poussant surtout dans les sables. Jusqu’à maintenant nous n’avons observé en Vaucluse que T. du-bium reconnaissable à ses feuilles dont la foliole médiane est nettement pétiolulée et à fleurs groupées par plus de 10. Chez T. micranthum, au contraire la foliole terminale est presque sessile et les fleurs sont groupées par moins de 10. La présence de T. micranthum en Vaucluse n’est pas im-possible et il serait très intéressant de la trouver car elle semble bien méconnue (observée par J.-L. Amiet à Tauli-gnan, commune limitrophe du Vaucluse). (pour la détermi-nation voir JAUZEIN).

Vicia loiseleurii : Il s’agit d’une plante méconnue pouvant exis-

ter en Vaucluse (citée dans le Var et dans le Gard) ; elle ressemble à V. hirsuta (gousses à 2 graines) mais s’en dis-tingue surtout par ses gousses glabres (et non velues). Pour la détermination voir JAUZEIN. Il faut la rechercher dans les stations à V. hirsuta et notamment dans les sables de Roussillon-Rustrel. D’après Coulot, elle doit se trouver en lisières des chênaies pubescentes.

Bernard GIRERD

D’après M. SAULE

Extrait de « Le Monde » du 17 02 2009

Sous le titre « Adieu coquelicots, chardons, ivraie, mais aussi biodiversité » le constat que la révolu-tion agricole a décimé les fleurs des champs et les mauvaises herbes. Le paysage en a souffert ainsi que la faune et la flore. Cependant on retrouve un tiers des espèces dispa-rues des champs au bord des parcelles. Un effort particulier doit être fait pour préserver ces bords de champs et les chemins, pour mettre en œuvre de bonnes pratiques d’entretien - en particu-lier veiller à la période de fauche – garantissant le maintien de nombreuses espèces !

Page 8: Bulletin Mai 2009

Bulletin de la SBV - 8 - n°19 - mai 2009

Le Rhône vauclusien

Le Rhône, un des plus grands fleuves français, n’est vauclusien que sur une toute petite partie de son long cours, de l’embou-chure de l’Ardèche au nord, à la confluence avec la Durance, à Avignon, au sud. Le canal de dérivation de Donzère-Mondragon et tout le linéaire qui s’articule à partir de ce der-nier appartient également à l’espace rhôdanien. Jusqu’au milieu du XIX ème siècle, le fleuve a été peu modifié par l’action humaine. Les écosystèmes étaient liés à la dynami-que du Rhône et ils présentaient alors une grande diversité bio-logique (biodiversité confirmée, dans la région d’Avignon par M. Palun). Ses crues, alors très redoutées, ont vu leur violence se réduire à la suite des grands travaux effectués, d’abord par le Service spécial du Rhône (dans le but d’améliorer la naviga-tion), puis par la CNR (Compagnie Nationale du Rhône), princi-palement pour la production hydroélectrique. C’est ainsi que trois grands complexes (barrages et usines) ont équipé le Rhône vauclusien, ceux de Bollène, de Caderousse et d’Avignon. Le fleuve a été presque entièrement canalisé et endigué (avec creusement d’un très important canal de dérivation) et un réseau de contre-canaux de drainage de nappe a été créé. Ces grands travaux ont bouleversé les écosystèmes en : • Concentrant les eaux dans un chenal unique endigué par

des enrochements, ce qui a eu pour conséquence de faire disparaître la dynamique fluviale naturelle et de réduire de façon drastique la diversité des écosystèmes

• Créant de nouveaux milieux qui ont provoqué la destruc-tion de certaines zones boisées et marécageuses ainsi que la modification des berges et celle du niveau des eaux.

Mais malgré une artificialisation très forte, le Rhône vauclusien offre encore une grande diversité d’espèces et d’habitats, même si ces derniers sont souvent relictuels. En amont de l’île-Vieille, le Rhône, exceptionnellement non endigué, présente un débit réservé réduit et un aspect naturel prononcé. En particulier, on peut y observer des grèves importantes de galets et en bon état de conservation. Des vestiges de bras morts encore fonction-nels (avec lônes et ripisylves) existent toujours, en particulier à la Désirade et au Tenon de Gilles (Lapalud et Lamotte-du-Rhône), à l’île Vieille et aux Casiers de Lamiat (Mondragon), à la Piboulette et aux Broteaux (Caderousse), aux Arméniers (Châteauneuf-du-Pape et Sorgues), et sur une infime partie de l’île de la Barthelasse (islon de la Barthelasse à Avignon). De

plus, le site de Donzère-Mondragon, est un bon exemple de dynamique végétale à partir d’un espace entièrement artificiel puisqu’il a été créé de toute pièce il y a cinquante ans environ, par la construction de l’usine hydroélectrique A. Blondel et du canal de dérivation. Sur le Rhône, on observe une grande partie des groupements des grands fleuves européens, à l’exception notoire des prairies naturelles qui y sont très marginales (elles ont été bien souvent détruites par divers aménagements et par l’urbanisation) : • Les groupements herbacés à hydrophytes (plantes aquati-

ques comme les Potamots, Lentilles d’eau, etc.) qui se maintiennent très bien dans les contre-canaux et les lô-nes.

• Les groupements à hélophytes (plantes qui colonisent les berges du fleuve comme le Roseau, les Souchets, Laî-ches, etc.).

• Les ripisylves qui occupent le lit majeur du fleuve et sont constituées de forêts pionnières à bois tendre (Saules, Peupliers, etc.), principalement sur le cours aval et sur la Réserve de chasse de Donzère-Mondragon et de forêts plus matures de bois dur (avec Aulne glutineux, Orme champêtre, Frêne oxyphylle, Chêne pédonculé, etc.), particulièrement bien développées sur tout le cours amont.

Dans la ripisylve sèche de la Réserve de chasse de Donzère-Mondragon, et à la faveur d’un substrat imperméable, de petites mares temporaires se sont mises en place. Ce sont pratiquement les seules qui existent dans le Vaucluse. La Flore Bien que situé, entièrement en région méditerranéenne, le Rhô-ne vauclusien constitue une sorte d’avancée, vers le sud, de la flore continentale à caractère médio-européen. Les éléments typiques de la flore méditerranéenne y sont très rares et ne s’ex-priment que sur des biotopes très réduits en surface et à faible biodiversité (bancs de graviers ou de galets, berges hautes). Il n’en demeure pas moins qu’à Bollène et donc tout près de la Drôme on peut encore rencontrer des espèces littorales comme Limonium echioides (Saladelle faux-Echium), Hordeum mari-num (Orge marin) et Polypogon maritimus (Polypogon marin).

Vers l’ile de l’Oiselet (Sorgues) MG

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Même si le Rhône vauclusien est très artificialisé, il n’en demeure pas moins que la présence d’un bel ensemble de bras morts (lônes du Vieux Rhône) contribue à y maintenir une gran-de diversité des espèces et des habitats. C’est ainsi que parmi les hydrophytes des lônes et contre-canaux, on peut encore rencontrer Sagittaria sagittifolia (Flèche d’eau) et Nymphoides peltata (Nénuphar pelté) à la Désirade, Hydrocharis morsus-ranae (Petit nénuphar), à l’île Vieille et Vallisneria spiralis (Vallisnérie en spirale) à la Désirade, la Réserve de chasse de Donzère-Mondragon et à la Piboulette.

Leur maintien reste néanmoins très aléatoire et dépend du niveau de l’eau et de la gestion des lônes et des contre-canaux. Les formations à hélophytes présentent une diversité encore plus grande avec tout un cortège d’espèce médio-européennes qui sont ici bien souvent en limite méridionale de leur aire de répartition : Gnaphalium uliginosum (Gnaphale des lieux humides) à l’île Vieille, Carex pseudocyperus (Laîche faux-Souchet), régulièrement observé sur la Réserve de chasse de Donzère-Mondragon, et sur le cours du Rhône jusqu’à Avi-gnon et Leerzia oryzoides (faux-Riz) dont la présence régulière sur tout le Rhône est sans doute plus importante que celle qui est actuellement connue. Toujours parmi les hélophytes et sur la Réserve de chasse de Donzère-Mondragon, on rencontre Sta-chys palustris (Épiaire des marais) et Rorippa amphibia (Rorippe des marais) qui sont beaucoup plus rares sur le Rhô-ne (Tenon de Gilles et île Vieille) ou encore Carex remota (Laîche espacée) qui ne se retrouve qu’à Avignon, en particulier à l’islon de la Barthelasse et Ranunculus sceleratus (Renoncule scélérate) qui existe aussi à Lapalud (Tenon de Gilles). Dans les lônes de la Désirade, des espèces très rares (au niveau du nombre des stations et de l’importance des populations) en ré-gion méditerranéennes semblent y avoir trouvé des sites refu-ges : Cyperus michelianus (Scirpe de Michel), Schoenoplectus triqueter (Jonc à trois faces), Astragalus cicer (Astragale chi-che) que M. Palun citait déjà à Avignon (îles Piot et la Barthe-lasse) au XIX ème siècle, Corrigiola littoralis (Corrigiole litto-ral) et Butomus umbellatus (Jonc fleuri). Cette dernière espèce, une des plus belles de la flore de France se retrouve aussi dans des fossés et au bord des contre-canaux de la Réserve de chasse de Donzère-Mondragon. A Lapalud doit sans doute encore exis-ter Inula britannica (Inule britannique).

Des fragments de ripisylves médio-européennes âgées et très matures existent sur l’ensemble du Vieux Rhône. Elles sont particulièrement bien représentées au Tenon de Gilles, à l’île Vieille, à la Piboulette, aux Broteaux à l’islon Saint-Luc et à l’islon de la Barthelasse. Dans les secteurs les plus humides et les plus froids, les plus impénétrables également on y rencontre Circaea lutetiana (Circée de Paris) comme à l’île Vieille ou aux Broteaux où des espèces totalement étrangères à la région médi-terranéenne comme Stellaria nemorum (Stellaire des bois) à l’islon de la Barthelasse à Avignon. Dans la ripisylve pionnière sèche de la Réserve de chasse de Donzère-Mondragon, on trou-ve encore Vincetoxicum nigrum (Dompte-venin noir) alors que dans ses clairières, quelques mares temporaires hébergent Zan-nichellia palustris (Zannichellie des marais) ou Lythrum hysso-pifolia (Salicaire à feuilles d’Hysope). A Avignon, à la Courti-ne, et entre Rhône et Durance, des pelouses xérothermophiles situées sur les marges des ripisylves, abritent Orchis coriophora subsp. fragrans (Orchis parfumé) qui devient plus fréquente dans la vallée de la Durance, mais qui ne se retrouve pas ail-leurs sur le Rhône vauclusien. Parmi les très nombreuses espèces signalées au bord du Rhône dans la région d’Avignon par M. Palun et H. Roux au XIX ème siècle et par L. Charrel au début du XX ème siècle et dont on a perdu la trace figurent Pulicaria vulgaris (Pulicaire vulgaire), Mentha cervina (Menthe des cerfs) ainsi qu’Oenanthe globulo-sa (Oenanthe globuleuse). Plus récemment (années 1980), Al-drovanda vesiculosa (Aldrovandie à vessie) était trouvé près d’Orange, probablement dans un des contre-canaux du Rhône. Mais cette station, qui était sans doute la dernière connue en France, n’a jamais été confirmée. La très grande biodiversité de la flore du Rhône vauclusien est actuellement fortement menacée par la prolifération des espèces introduites dont la présence est favorisée par les exceptionnels véhicules de transport que constituent tous les réseaux hydro-graphiques en général et le Rhône en particulier. Si certaines sont observées de façon accidentelles et n’arrivent pas à s’ins-taller durablement, d’autres, en revanche, se sont implantées au point d’en devenir envahissantes et de perturber gravement le fonctionnement des écosystèmes. Tel est le cas d’Amorpha fru-ticosa (faux-Indigo), de Ludwigia peploides (Jussie) et surtout d’Ambrosia artemisiifolia (Ambroisie) qui présente un tel dan-ger sur le plan sanitaire qu’un Arrêté préfectoral de destruction pour le département de Vaucluse existe depuis quelques années déjà.

Jean-Pierre ROUX

Butomus umbellatus

Amorpha fructicosa Ambrosia artemisiifolia

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1)L’IMPLICATION DU PNR LUBERON DANS LE RESEAU NA-TURA 2000 Le Parc naturel régional du Luberon est depuis 1997 solidement enga-gé dans la mise en place du dispositif européen de protection de la nature : Natura 2000. Son territoire est à ce titre concerné par prés de 45 000 ha, sur 8 sites relevant de la Directive Habitats et/ou Directive oiseaux. Cet engage-ment est clairement affirmé dans le projet de renouvellement de sa charte, où il apparaît que Natura 2000 constituera la pierre angulaire des actions de conservation et de gestion menées sur le territoire du Parc au cours des prochaines années. Cet outil ambitieux de protection de la nature qui mise sur les principes de connaissance partagée, de concertation locale, d’un équilibre Hom-me-Nature et se traduit concrètement sur le terrain par des contrats volontaires, correspond parfaitement aux missions et savoir-faire des Parcs naturels régionaux. Les Mesures Agro-Environnementales Territorialisées (MAET) qui s’appliquent sur des territoires précis à enjeux ciblés au sein des zones d’actions prioritaires que sont les Sites Natura 2000 constituent à ce titre un des outils privilégiés que le Parc du Luberon utilise au service de la préservation de ses espaces naturels remarquables. 2)UNE ANTERIORITE :L’OPERATION LOCALE AGRI-ENVIRONNEMENT « BIOTOPES RARES ET SENSIBLES DU PARC DU LUBERON »(1995-2000) Le Parc naturel régional du Luberon a très tôt valorisé ce type d’outils contractuels pour le maintien de son patrimoine naturel comme le sou-tien des activités agricoles traditionnelles qui ont contribué à façonner ce patrimoine. Dés 1994, le Parc, fort de prés de quinze années d’ap-prentissage et de pratique de la médiation environnementale, fut parmi les premiers espaces naturels protégés à élaborer une opération Locale Environnementale,l’OLAE « Biotopes rares et sensibles » qui consa-crait le pastoralisme comme outil de gestion des milieux ouverts (cf :article Bulletin de la SBV N°8.1999) . Les apports de cette ancienne OLAE ont été déterminants pour la mise en place de la nouvelle MAET . En particulier un travail important de regroupement des éleveurs en terrain public et de mobilisation du fon-cier en terrain privé a été effectué .Le CERPAM (Centre d’Etudes et de Réalisations Pastorales Alpes Méditerranée) a aidé les éleveurs à se regrouper sous forme d’une Association des éleveurs du Petit Luberon et un Groupement Pastoral du Grand Luberon. Ainsi un interlocuteur unique pouvait négocier sur chaque massif la répartition des quartiers de pâturage, l’implantation des équipements nécessaires, et ce avec l’appui technique de la structure en charge du pastoralisme et celui de l’équipe pluridisciplinaire du Parc. Sur les surfaces privées le Parc du Luberon a mené un gros travail d’animation foncière pour faciliter la signature de conventions pluriannuelles de pâturage sur les surfaces intéressantes a contractualiser .Les résultats de ce travail sont aujourd-’hui acquis, et constituent un socle qui facilite la mise en place du nou-veau projet de MAE territorialisée. 3)L’ENJEU ENVIRONNEMENTAL DE LA MESURE Dans le Massif du Luberon la Biodiversité s’exprime beaucoup moins dans le formations boisées (sauf les fonds de combes) que dans les formations de garrigues et de pelouses sèches appelés milieux ouverts. Cet intérêt des habitats naturels ouverts et milieux associés (Matorrals et Matorrals arborescents) a été confirmé dans le cadre de la Directive Habitat de la CEE pour la conservation de la Biodiversité. Sur le terri-toire concerné par le nouveau projet de MAET , tous les habitats ou-verts de type pelouses et matorrals à genévriers sont reconnus et label-lisés par cette directive comme d’intérêt prioritaire (Thero-Brachypodietea) ou communautaires (Festuco-Brometalia,Landes hé-rissons à genet de Villars,Matorrals à Genévriers).Ces formations sont souvent noyés dans des habitats non homogènes appelés mosaïques et matorrals arborescents à chênes. Ces derniers habitats, dans une pers-pective de reconquête de milieux ouverts, ont souvent été légitimés et sont gérés au même titre qu’une pelouse bien formatée.

Dans un souci de maintien de l’ensemble de ces milieux ouverts et de sauvegarde de la Biodiversité remarquable qui les caractérisent, le pastoralisme a été pleinement institutionnalisé, notamment après la Convention de Rio (1992) dont a dérivé la procédure Natura 2000 mise en place par l’Europe. Le pastoralisme est aujourd’hui reconnu comme un outil de haute tech-nicité au service de la gestion écologique : il offre un moyen de main-tien et de valorisation de la Biodiversité des Habitats naturels non fo-restiers. L’éleveur voit son rôle et son statut reconnus dans la gestion des espaces naturels .Cependant la pratique pastorale a ses propres exigences : elle nécessite conseils, équipements et adaptations au contexte et à la sensibilité écologique des milieux concernés,que seule la collectivité est susceptible d’accompagner et de satisfaire. Depuis trente ans le Parc du Luberon a épousé la cause du pastoralisme avec l’aide des organismes professionnels, des gestionnaires, et des scientifiques. Cette politique s’est traduite par de nombreuses initiati-ves dans les domaines de la gestion, de l’aménagement et de l’équipe-ment. Par ailleurs de nombreuses missions d’expertises techniques scientifiques et d’inventaires ont été menées .L’inscription de 45 000 hectares de son territoire dans le réseau Natura 2000 a été tout naturel-lement soutenue par le Parc dans la perspective entre autres d’une re-connaissance de cet enjeu de sauvegarde des milieux ouverts prioritai-res et communautaires et des obligations et moyens qui en découle-raient. Par ailleurs la charte du Parc Naturel Régional du Luberon contient comme objectif prioritaire de maintenir les milieux ouverts dans leur diversité actuelle et pour cela de pérenniser et étendre les surfaces pâ-turées. Les paysages ouverts rares et sensibles sont perçus par le Parc comme des espaces privilégiés pour les activités pastorales,cynégétiques , de détente ;mais surtout comme support d’un patrimoine naturel composé d’une flore et d’une faune exceptionnelles. Ces milieux sont particuliè-rement valorisés par leur aspect écologique, compte tenu de la grande diversité spécifique qui les caractérise et par la présence d’espèces rares ou présentant un fort intérêt biogéographique. 4)LE NOUVEAU PROJET Les nouvelles MAE territorialisées appliquées aux espaces Na-tura 2000 constituent un nouvel outil privilégié pour l’améliora-tion de la fonctionnalité de ces milieux ouverts rares et sensibles du Parc. Elles s’inscrivent dans une perspective de continuité d’aménagements pastoraux sur le Parc menée depuis sa création et qui s’appui sur un socle de connaissances fortement établi. La nouvelle Mesure Agri Environnementale concerne 700 hec-tares sur l’ensemble du territoire du Parc dont 500 hectares sur sa partie Vauclusienne. Chaque contrat est assorti d’un diagnos-tic initial, et d’un plan de gestion élaboré en relation avec le Parc, l’ONF, et les Structures professionnelles (CERPAM) La MAE territorialisée ne concerne que l’entretien purement pastoral .Elle permet d’engager durablement les activités pasto-rales s’exerçant sur les espaces écologiquement rares et sensi-bles du Luberon dans une perspective de gestion environnemen-tale du territoire. Des contrats de travaux forestiers type débroussaillages, éclair-cies ,brûlages dirigés,ouvertures de passages pour améliorer la fonctionnalité de l’entretien pastoral sont en phase d’études actuellement et viendront abonder ultérieurement ce dispositif général d’envergure Georges GUENDE Rappel : une première approche de ce thème a été publiée par Georges GUENDE dans le bulletin n°8 de juillet 1999.

NOUVELLES MESURES AGRICOLES TERRITORIALISEES (2008-2013) SOUTENENUES PAR LE PARC NATUREL REGIONAL

DANS LE CADRE DE NATURA 2000

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Bulletin de la SBV - 12 - n°19 - mai 2009

En mai 2008 la SBV a renoué avec la tradition d’une grande exposition de printemps consacrée à la flore vauclusienne. Elle s’est installée, pour la première fois dans le péristyle d’en-trée de la Mairie d’Avignon. Une présentation originale a été choisie : disposer les plantes par milieux - 6 principaux - par familles, genres et espèces dans chaque milieu, plus difficile à organiser (problème des doublons par la présence de mêmes plantes dans plusieurs mi-lieux), mais plus lisible pour des visiteurs pas toujours familia-risés avec l’ordre retenu par la classification des flores… Un classeur, à la disposition du public, rassemblait les photo-graphies des principales plantes protégées du département. Des panneaux, disposés autour de l’exposition, commentaient l’histoire de la botanique vauclusienne, montraient les docu-ments et techniques de la spécialité, illustraient les caractéristi-ques des milieux exposés. Une action pédagogique a, en même temps, été menée avec quelques classes d’écoles primaires volontaires d’Avignon pen-dant la journée du vendredi. 673 plantes ont été recueillies, réparties ainsi : Garrigue 270 Forêt 101 Milieu siliceux 63 Milieux anthropisés 116 Plantes messicoles 24 Ripisylves 99 Un grand succès de fréquentation est venu récompenser les membres de la SBV ; plusieurs personnes ont manifesté un inté-rêt particulier pour la botanique et nous avons accueilli quel-ques futurs adhérents.

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Du 7 mars 2009 au 2 janvier 2010 se tiennent au Musée Re-quien d’Avignon deux expositions consacrées aux jardins bo-taniques. Tout d’abord, celui disparu, d’Avignon ! Avec son destin très perturbé.

On peut y voir une belle suite de documents – planches d’herbiers historiques du Muséum, collections d’Esprit Requien, de Jean-Henri Fabre ou de John Stuart Mill – présentation d’herbiers médicinaux et d’herbiers rares (Petit Séminaire d’Avignon, Loiseleur-Deslongchamps) ainsi que de nombreux ouvrages anciens, du XVII au XIX ème siècle, issus de la bibliothèque léguée par Esprit Re-quien (dont la liste des plantes du jardin Saint Martial par Joseph Guérin et la liste manuscrite des plantes présentes dans le jardin en 1836 par E.Requien).

Rappel : le bulletin n° 4 de juillet 1997 a publié un article complet de Pierre MOULET sur « Histoire du Jardin Botanique d’Avignon »

Ensuite, sous le titre « Le voyage des plantes : le jardin bota-nique de la Marine », le Musée Balaguier de La Seyne-sur-Mer montre l’exemple du jardin botanique de la ville de Tou-lon. On découvre toute l’importance de ces jardins où les voya-geurs laissaient les échantillons des plantes collectées aux qua-tre coins du monde

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Tanargue viendrait de « Taranis » dieu du Ciel et du Tonnerre chez les Celtes, et de « arga », la montagne, cette mosaïque mi-nérale serait donc la montagne du tonnerre. Zone charnière entre la Haute Cévenne ou pays des « jeunes volcans » et la Cévenne méridionale, le Tanargue, culminant à 1511 mètres d’altitude, est une longue barre rocheuse entre les vallées de la Borne, du Lignon et de la Baume. Par extension c’est aussi la montagne qui sur environ 80 km2 s’étend depuis le plateau de Montselgues qui domine la basse vallée de la Borne, pour remonter sur la rive droite du Haut Allier jusqu’au Cellier-du-Luc, et ensuite, par la Cham Longe rejoindre le col de la Chavade et dominer la haute vallée de l’Ardèche depuis les crê-tes allongées du Serre de la Croix de Bauzon (qui culmine à 1538 m), parallèlement au Tanargue proprement dit. (Cham : plateau allongé, inculte ; Serre : crête allongée) Géologiquement l’histoire de ce massif est celle du Massif Cen-tral, qui après la surrection des Alpes se disloque et bascule d’Est en Ouest, subissant de fortes compressions provoquant des déformations et des recristalisations et ensuite l’inévitable érosion. Les roches cristallines constituent l’essentiel du massif, roches magmatiques (granites et volcaniques), roches métamor-phiques (migmatites, gneiss, micaschistes, schistes, etc.), des formations sédimentaires sont localisées sur le trias du plateau de Montselgues. La topographie du massif nous donne un relief très accidenté, vallées profondes et barrières rocheuses dont l’orientation est-ouest amplifie les différences entre l’adret et l’ubac, elle offre également quelques zones moins tourmentées, comme les terres alluviales ou des replats mis à profit par l’homme pour ses cultures ainsi que des plateaux d’altitude plus ou moins vastes, domaine de la pelouse. De part sa position géographique de barrière naturelle le massif du Tanargue est soumis aux influences méditerranéenne en pro-venance du SE (forte pluie en automne) que l’altitude va néan-

moins modifier (forte précipitations de neige qui peuvent se produire jusqu’en avril et gelées, surtout au dessus de 1200 mè-tres) mais également atlantique sur sa frange ouest (brouillard d’été et d’automne). Ce régime des précipitations et surtout l’importance de la neige apporte une réserve durable en eau, essentielle pour la végétation. Tous ces facteurs climatiques, géologiques et topographiques sont à l’origine, sur ce vaste ensemble naturel, de biotopes très variés : vieilles forêts, pelouses, landes, près de fauche, milieux rocheux avec de vastes éboulis, zones humides et ruisseaux, situés dans des gradients de végétation qui en fonction de l’alti-tude vont de l'yeuseraie (forêt de Chêne vert) supra-méditerranéenne à la lande subalpine à Airelle des marais, en passant par la hêtraie-sapinière montagnarde. C’est donc dans ce massif que la Société Botanique du Vauclu-se, en fonction des indications que Monsieur Daniel MICHAU (responsable ONF) avait bien voulu nous fournir et que nous avons plaisir à remercier ici et sur les traces de sorties antérieu-res organisées par la Société Botanique de l’Ardèche que nous nous étions donné rendez-vous, le vendredi 13 juin 2008 à 10 heures 30, au parking du Col de la Chavade (1266 mètres) entre Mayres et Lanarce. Vendredi 13 juin 2008 Prairies de fauche, ce sera notre 1er arrêt, à 1 km au sud du col de la Chavade en bordure de la route D 239 en direction de la Croix de Bauzon, entre les fermes en ruines de la Rousseyre et de la Rousseyrette (altitude de 1300 mètres environ) Occupant des secteurs de faible pente, souvent le long des cours d’eau, autour des villages ou des fermes le pré de fauche appré-cie un sol légèrement humide et frais, souvent entretenu par des rigoles, appelées localement «bezaou». L’exode agricole et le manque d’entretien a entrainé une nette diminution de la surface de ces prairies de fauche qui se transforme en landes. Bien que

Excursion botanique dans le massif du Tanargue (Ardèche)

du 13 au 15 juin 2008

Activités de la S.B.V.

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du fait du fauchage annuel le pré de fauche ne soit pas véri-tablement un milieu naturel, certaines espèces étant défa-vorisées par cette exploitation, il abrite une flore naturelle spécifique et particulièrement riche à la fin du printemps. La flore du pré de fauche va-rie suivant le degré hydrique du sol, sur les pentes non irri-guées le sol est plutôt sec (domaine de la Tulipe australe et de l’Orchis sureau), la vé-gétation la plus riche occupera

les zones de degré hydrique moyen (flore mésophile) tandis que les fonds seront généralement plus humides, pouvant parfois s’apparenter à des narses. Dans le secteur que nous avons parcouru les deux premiers ty-pes ont été notés, avec les plantes croissant aux marges immé-diates de la prairie ce sont 70 espèces qui ont été répertoriées, ci-après classées par embranchement et par famille (nomenclature bdnff v4.02) : Narcissus poeticus, Narcissus pseudonarcissus, Carex caryophyllea, Luzula campestris, Dactylorhiza latifolia, Dactylorhiza maculata, Dactylorhiza viridis, Alopecurus pra-tensis, Anthoxanthum odoratum, Briza media, Deschampsia flexuosa, Festuca paniculata subsp. paniculata, Festuca rubra, Nardus stricta Poa chaixii, Heracleum sphondylium subsp. sibi-ricum, Meum athamanticum, Achillea millefolium, Arnica mon-tana, Artemisia vulgaris, Centaurea jacea subsp. nigra, Crepis paludosa, Hypochaeris maculata, Leontodon pyrenaicus, Ta-raxacum Sect. Vulgaria, Myosotis decumbens, Barbarea inter-media, Cardamine pratensis, Noccaea caerulescens subsp. cae-rulescens, Phyteuma spicatum Cerastium arvense, Silene dioi-ca, Stellaria graminea, Stellaria holostea, Chenopodium bonus-henricus, Knautia maxima, Succisa pratensis, Calluna vulgaris, Vaccinium myrtillus, Anthyllis vulneraria subsp. carpatica Ge-nista anglica, Genista sagittalis, Lathyrus linifolius, Lotus cor-niculatus, Vicia sepium, Gentiana lutea, Hypericum maculatum, Ajuga reptans, Plantago lanceolata, Armeria arenaria subsp. arenaria, Polygonum bistorta, Rumex acetosa, Rumex acetosel-la, Anemone nemorosa, Ranunculus acris subsp. acris, Ranun-culus bulbosus, Ranunculus tuberosus, Alchemilla monticola, Potentilla erecta Potentilla neumanniana, Rubus idaeus, Ga-lium verum, Thesium pyrenaicum, Saxifraga granulate, Rhinan-thus minor, Veronica arvensis, Veronica chamaedrys, Urtica dioica, Viola lutea subsp. sudetica, Viola riviniana. Pelouses et landes montagnardes depuis le Col du Pendu (1435 mètres), sur la route D 239, entre le Col de la Chavade et le Bez. Après le pique-nique pris au col du Pendu nous nous dirigeons vers les Valadoux, point le plus élevé de la Serre (1548 mètres) et ensuite le Mouse de la Bauche au travers des pelouses à Nard piquetées de mosaïques de landes à Myrtille et à Callune, au milieu desquelles se trouvent des micro-tourbières de pente. Notre parcours nous a conduit dans des milieux appartenant à la classe des Nardo-Callunetea abritant des formations végétales très imbriquées dont la physionomie varie avec la pression du pâturage qui si elle diminue conduit de la pelouse à la lande et inversement. Ces milieux prospèrent sur des sols acides, secs ou frais, ils sont constitués par des pelouses maigres où le Nard et

la Canche flexueuse dominent et localement la Fétuque panicu-lée (refus) accompagnés par des buissons nains de la famille des éricacées (callune et myrtille) mais aussi des fabacées (divers genêts)

Nous avons pu relever une trentaine d’espèces : Carex caryo-phyllea, Luzula campestris, Luzula spicata ( ?), Tulipa sylves-tris subsp. australis, Deschampsia flexuosa, Festuca nigres-cens, Nardus stricta,. Poa chaixii, Meum athamanticum, Arnica montana, Hieracium pilosella, Hypochaeris maculata, Leonto-don pyrenaicus, Senecio adonidifolius, Cerastium arvense subsp. arvense, Cerastium brachypetalum, Cerastium fontanum subsp. vulgare, Arctostaphylos uva-ursi subsp. crassifolius, Calluna vulgaris, Vaccinium myrtillus, Alchemilla saxatilis, Genista pilosa, Ajuga reptans, Polygonum bistorta, Rumex ace-tosella, Anemone nemorosa, Ranunculus bulbosus subsp. bulbo-sus, Galium saxatile, Veronica arvensis, Veronica chamaedrys, Veronica officinalis . Tourbières de pente Au passage, sur la pente ouest du Vala-doux, quelques dizaines de mètres au dessus de la lisière fores-tière, nous notons la présence de plusieurs zones tourbeuses dans lesquelles nous notons : Carex nigra (=C. goodenoughii), Eriophorum angustifolium, Epikeros pyrenaeus, Drosera rotun-difolia et Viola palustris.

Landes de type subalpin Après avoir franchi la crête des Va-ladoux nous passons sur le versant nord et nord-est où nous rencontrons une lande contenant quelques espèces subalpines et arrivons sur les rebords pentus du Cros de Conge qui abrite des espèces intéressantes, comme une petite population d’Androsa-ce halleri et Huperzia selago (non vu), pentes et rochers que nous ne pourrons totalement explorer, vu l’heure tardive d’une part et compte tenu de la difficulté d’y conduire un groupe d’au-tre part. L’un des facteurs déterminant dans l’apparition de l’étage su-balpin est celui de l’altitude, en liaison avec l’humidité

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atmosphérique, l’exposition et de la topographie jouent égale-ment un rôle important. Dans les zones sommitales du massif du Tanargue, soumises au vent et à la neige, c’est vers 1380 m qu’apparaissent les pelouses de type subalpin qui normalement s’étend au-delà de 1450 m. Les rebords de plateau où, sous for-me de congères, la neige persiste parfois jusqu’au mois de juin, les rochers d’adret ainsi que les crête rocheuses, les surfaces rocheuses, pentes, vires et couloirs situés en ubac, abritent cha-cun des espèces spécifiques Notre exploration bien incomplète de ces milieux nous a fait découvrir les espèces ci-après : Gymnocarpium dryopteris, Ju-niperus sibirica, Pinus sylvestris, Pinus uncinata, Maianthe-mum bifolium, Carex caryophyllea, Crocus vernus subsp. albi-florus, Luzula multiflora subsp. multiflora, Luzula spicata ( ?), Lilium martagon, Poa chaixii, Teesdalia nudicaulis, Phyteuma hemisphaericum, Calluna vulgaris, Vaccinium myrtillus, Genis-ta pilosa, Scleranthus perennis, Ceratocapnos claviculata, An-drosace halleri, Anemone nemorosa, Ranunculus auricomus, Alchemilla saxatilis, Alchemilla transiens, Potentilla erecta, Potentilla heptaphylla subsp. fagineicola ( ?), Saxifraga pede-montana subsp. prostii (3 pieds), Veronica officinalis, Valeria-na tripteris, Viola canina. (Les luzules dénommées spicata sur le terrain seraient à contrô-ler, il pourrait s’agir de L. sudetica) De retour aux véhicules nous prenons la direction de Valgorge, où se situe notre hôtel « le Tanargue », où nous fûmes particu-lièrement bien accueillis.

Samedi 14 juin 2008 Nous quittons notre hôtel à 8 heures 30 pour rejoindre le col de la Croix de Bauzon (1308 mètres), où naissent la Borne, orien-tée vers l’ouest, affluent du Chassezac qui ira rejoindre l’Ardè-che en aval de Ruoms, et le Lignon dont le parcours vers l’est sera plus rapide puisqu’il se jette dans l’Ardèche au Pont de Labeaume. Ces deux rivières séparent la Serre de la Croix de Bauzon du Tanargue proprement dit. Aujourd’hui c’est sur la Serre de la Croix de Bauzon que nous irons par un itinéraire qui nous conduira aux Roches Taillades (1463 mètres), et au deuxième point culminant de la Serre, la Tour des Poignets (1538 mètres) ainsi que sur le versant nord de cette dernière, en traversant différents milieux : pelouses et landes, rochers, méga-phorbiaies, hêtraies. Depuis le col de la Croix de Bauzon nous prenons la piste qui conduit au col des Pergeyres (auquel nous ne nous rendrons pas) et au Rocher des Taillades (1463 m).

Landes à genêt purgatif Au début du parcours nous longeons une lande de type secondaire, sans doute conséquence de l’a-bandon des cultures et du pâturage, Cytisus oromediterraneus est largement dominant accompagné de Agrostis capillaris, Deschampsia flexuosa, Sorbus aucuparia, Calluna vulgaris, Teucrium scorodonia, Senecio adonidifolius. La piste, outre la lande, traverse des milieux variés, en lisière desquels nous avons noté Pinus sylvestris, Anthoxanthum odo-ratum, Cynosurus cristatus, Meum athamanticum, Hieracium pilosella, Hypochaeris radicata, Omalotheca sylvatica, Betula pendula, Arabis glabra, Coincya cheiranthos, Teesdalia nudi-caulis, Jasione montana, Sambucus racemosa, Silene nutans, Silene vulgaris, Chenopodium bonus-henricus, Calluna vulga-ris, Anthyllis vulneraria subsp. valesiaca, Genista pilosa, Ge-nista sagittalis, Gentiana lutea, Geranium pyrenaicum, Parony-chia polygonifolia, Scleranthus perennis, Scleranthus uncina-tus, Galeopsis segetum, Thymus pulegioides subsp. chamae-drys, Epilobium angustifolium, Rumex acetosella, Alchemilla saxatilis, Rubus idaeus, Sorbus aucuparia, Rhinanthus minor, Veronica chamaedrys, Veronica officinalis, Viola canina, Viola tricolor. A proximité de la hêtraie, avant l’épingle à cheveux conduisant au Rocher des Taillades outre Fagus sylvatica se rencontrent Cardamine pentaphyllos, Cardamine resedifolia (sur la piste), Ceratocapnos claviculata rare et localisé dans des genêt purga-tifs, Galium odoratum, Lamium maculatum, Polygonatum verti-cillatum, Senecio ovatus, Viola canina, Sous le rocher des Taillades, au milieu des myrtilles et de quel-ques touffes de genêt purgatif prospèrent quelques pieds de Tulipa australis Hêtraie et ourlets forestiers De part et d’autres du col des Taillades s’étendent des bois de hêtres qui dans leur limite su-périeure se présentent sous la forme de taillis. Les ourlets en limite avec la lande voisine abritent une flore riche. Nous y avons noté Dryopteris filix-mas, Maianthemum bifolium, Carex caryophyllea, Luzula campestris, Luzula nivea, Luzula sylvati-ca, Poa chaixii, Poa nemoralis, Paris quadrifolia, Imperatoria ostruthium, Doronicum austriacum, Senecio adonidifolius, Se-necio ovatus, Myosotis decumbens, Erophila verna, Phyteuma spicatum, Lonicera nigra, Cerastium arvense subsp. strictum, Stellaria holostea, Vaccinium myrtillus, Cytisus oromediterra-neus, Genista sagittalis, Fagus sylvatica, Gentiana lutea, Hype-ricum perforatum, Lamium maculatum, Thymus pulegioides subsp. chamaedrys, Epilobium angustifolium, Oxalis acetosel-la,. Armeria arenaria subsp. arenaria, Anemone nemorosa, Rubus idaeus, Sorbus aria, Salix caprea, Digitalis purpurea, Viola riviniana. Lande subalpine de la Tour des Poignets (1538 m) l’un des sommets de la Serre de Bauzon, au sortir des taillis de hêtres nous passons dans une lande rase, qui dans sa partie ultime, au-delà de 1500 mètres est constituée d’un épais tapis de Myrtille et d’Airelle des marais, nous n’y avons pas retrouvé l’Airelle rouge pourtant présente. Quelques dalles rocheuses et des ébou-lis abritent une flore des rochers. Dans cet ensemble nous avons noté 49 espèces Athyrium filix-femina, Gymnocarpium dryopte-ris, Juniperus communis, Allium victorialis, Narcissus poeticus, Maianthemum bifolium, Luzula sylvatica, Lilium martagon, Tulipa sylvestris subsp. australis, Deschampsia flexuosa, Festu-ca arvernensis, Festuca paniculata subsp. paniculata, Nardus stricta, Poa chaixii, Poa nemoralis, Paris quadrifolia,

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Meum athamanticum, Achillea millefolium, Antennaria dioica, Hypochaeris maculata, Leontodon pyrenaicus, Omalotheca sylvatica, Senecio adonidifolius, Solidago virgaurea, Coincya cheiranthos, Phyteuma hemisphaericum, Cerastium arvense. subsp. arvense, Vaccinium myrtillus, Vaccinium uliginosum, Cytisus oromediterraneus, Genista pilosa, Gentiana lutea, Poly-gonum bistorta, Ranunculus auricomus, Ranunculus tuberosus, Alchemilla saxatilis, Alchemilla transiens, Potentilla erecta, Potentilla neumanniana, Rosa pendulina, Sorbus aucuparia, Galium saxatile, Galium verum, Thesium alpinum, Melampy-rum pratense, Veronica arvensis, Veronica chamaedrys, Vale-riana tripteris. Nous redescendons au col pour pique-niquer avant de continuer la piste en versant nord de la Serre où, sur un talus rocheux nous noterons Huperzia selago (1 pied), Gymnocarpium dryopteris, Solidago virgaurea, Doronicum austriacum, Silene dioica, Py-rola minor, Aconitum lycoctonum subsp. vulparia, Viola canina. En bordure de la piste nous observons nombre d’espèces déjà notées auxquelles s’ajoutent Ranunculus platanifolius, Linaria repens, Calamintha grandiflora, Veronica serpyllifolia (grande discussion sur les critères distinctifs par rapport à V. officina-lis). Mégaphorbiaie de source au dessus de la piste, vers 1374 mè-tres, abritant des espèces particulièrement intéressantes, notam-ment une population importante d’Arabis cebennensis et de Cardamine amara. On a pu noter en outre Saxifraga rotundifo-lia, Geranium nodosum, Athyrium filix-femina, Luzula nivea, Galium odoratum, Lamium maculatum, Acer pseudoplatanus, Urtica dioica, Imperatoria ostruthium, Cicerbita plumieri, Cir-sium palustre, Chrysosplenium oppositifolium, Doronicum aus-triacum, Filipendula ulmaria, Geranium sylvaticum, Ranuncu-lus aconitifolius, Rumex arifolius, Hypericum maculatum. Rocailles sur le talus en bordure de la piste, avec une petite population de Saxifrage de Prost, où l’on note Phegopteris connectilis, Imperatoria ostruthium, Hieracium amplexicaule, Campanula rotundifolia, Sedum rupestre, Ranunculus platani-folius, Alchemilla alpigena, Alchemilla saxatilis, Saxifraga pe-demontana subsp. prostii, Linaria repens, Thesium alpinum, Valeriana tripteris. Nous poursuivons la piste jusqu’à une altitude de 1341 m, où un ruisseau descend de la pente en cascades et dont les abords abri-tent des espèces hygrophyles déjà notées dans la mégaphorbiaie avec également Cacalia alliariae, Streptopus amplexifolius, Thalictrum aquilegifolium, ainsi qu’une plante non fleurie dont les feuilles rappellent Aconitum napellus. Sur un rocher quel-ques touffes d’Asplenium foreziense. Compte tenu de l’heure nous n’avons pu poursuivre plus en avant sur flanc nord de la Serre de la Croix de Bauzon, en direc-tion de la Serre de Rabot et du Fautouras où nous aurions pu voir des érablaies et des forêts de ravin. Comme le rappelle Da-niel Michau dans l’un de ses comptes-rendus de sortie de la SBA (4.07.2004), c’est dans ce secteur que Revol signalait la présence de Meconopsis cambrica, sans doute disparu aujourd-’hui.

Dimanche 15 juin 2008

Comme le jour précédent nous reprenons la direction du col de la Croix de Bauzon pour rejoindre la station de la Croix de Bau-zon (1365 mètres) d’où, sur les pentes nord et ouest du sommet du Grand Tanargue (1511 mètres), nous pourrons découvrir la hêtraie-sapinière, les mégaphorbiaies, les tourbières, tandis que dans la zone sommitale nous offrira landes et pelouses.

Les forêts sont surtout implantées sur la partie ouest du massif du Tanargue (en particulier la forêt domaniale des Chambons) et dans une moindre mesure en versant nord dans la partie orienta-le. Ces forêts comptent de nombreuses mégaphorbiaies liées aux sources ainsi que quelques tourbières, notamment celles du Pra-das. Ce sont ces diverses formations que nous allons parcourir dans la matinée le long de la route forestière des Mayes (commune de Borne)

Hêtraie-sapinière les forêts domaniales, des Chambons en par-ticulier et du Tanargue, sont biologiquement les plus riches de la région, les plantations artificielles y sont réduites, elles peuvent être considérée comme étant "naturelles" et qualifiées de clima-cique (« est qualifié de climacique un écosystème parvenu à l'aboutissement théorique de son évolution naturelle, en équili-bre avec le sol, le climat et avec toutes ses composantes, et qui s'autogénère »). En fonction du substrat la composition floristi-que de la hêtraie-sapinière varie, mais il apparaît que le mélange des feuillus et des résineux donne un humus moins acide, même neutre, convenant particulièrement à certaines espèces dîtes indi-catrices comme l’Aspérule odorante, le Lamier jaune, le Séne-çon de Fuchs, etc.). Le caractère subalpin de ces forêts ressort de la présence de l’Oseille à feuilles d’Arum, de l’Adénostyle à feuilles d’Alliaire ainsi que de l’importance prise par les hautes herbes (mégaphorbiaie). Sur l’ensemble de notre parcours au sein de cette hêtraie-sapinière y/c bords de chemin et ourlets, depuis la piste jusqu’en lisière de la lande-pelouse sommitale nous avons pu noter Dryopteris dilatata, Dryopteris filix-mas, Athyrium filix-femina, Gymnocarpium dryopteris, Abies alba, Picea abies, Pinus uncinata, Maianthemum bifolium, Polygona-tum verticillatum, Luzula nivea, Luzula sylvatica, Deschampsia flexuosa, Festuca altissima, Milium effusum, Poa annua, Paris quadrifolia, Streptopus amplexifolius, Anthriscus sylvestris, Im-peratoria ostruthium, Sanicula europaea, Adenostyles alliariae, Artemisia vulgaris, Doronicum austriacum, Hieracium muro-rum, Omalotheca sylvatica, Prenanthes purpurea, Senecio ova-tus, Lonicera nigra, Sambucus racemosa, Moehringia trinervia, Silene dioica, Silene vulgaris, Spergularia rubra, Stellaria ne-morum, Calluna vulgaris, Vaccinium myrtillus, Cytisus oromedi-terraneus, Genista pilosa, Fagus sylvatica, Geranium nodosum, Ajuga reptans, Calamintha grandiflora, Lamium galeobdolon, Lamium maculatum, Epilobium montanum, Oxalis acetosella, Rumex arifolius, Actaea spicata, Anemone nemorosa, Fragaria vesca,

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Rosa pendulina, Rubus idaeus, Sorbus aucuparia, Galium odo-ratum, Salix caprea, Digitalis purpurea, Veronica officinalis, Viola canina, Viola reichenbachiana, Lobaria pulmonaria. Mégaphorbiaie de source vers 1360 mètres d’altitude, sous la piste, quelques centaines de mètres au SW de la station de la Croix de Bauzon, au sein de la hêtraie-sapinière et sur plusieurs dizaines de m2, nous observons une végétation particulièrement exubérante, abritant plusieurs espèces de fougères et des plantes de grande taille, ainsi que des espèces liées aux écoulements d’eau qui tapissent le sol. Plusieurs espèces de la forêt appré-cient la fraicheur de ce milieu et s’y développent avec profu-sion. Nous notons Dryopteris dilatata, Athyrium filix-femina, Gymnocarpium dryopteris, Paris quadrifolia, Imperatoria os-truthium, Sanicula europaea, Doronicum austriacum, Cardami-ne amara, Stellaria nemorum, Geranium nodosum, Rumex ari-folius, Caltha palustris, Ranunculus aconitifolius, Ranunculus repens, Chrysosplenium alternifolium, Saxifraga rotundifolia. Bords de ruisseau, celui des Mayes traverse la piste vers 1375 mètres d’altitude, outre de nombreuses espèces déjà no-tées dans la mégaphorbiaie s’y rencontrent Dryopteris filix-mas, Phegopteris connectilis, Adenostyles alliariae, Cicerbita plu-mieri, Petasites albus, Arabis cebennensis, Stellaria alsine, Va-leriana tripteris, Fontinalis antipyretica. Tourbière du Pradas explorée après le pique-nique pris à proximité. « Le complexe tourbeux du Pradas est situé sur une dorsale prolongeant vers l’Ouest, le sommet du Grand Tanar-gue ; il est enclavé dans la Forêt Domaniale des Chambons, sur la commune de Borne, à une altitude comprise entre 1400 et 1470 m. Il alimente les Ruisseaux de la Tuilerie et du Pradas, sous-affluents de La Borne, rivière sous-affluent de l’Ardèche. Il s’inscrit dans la hêtraie-sapinière climacique, composé de douze zones humides (dont six tourbières plus ou moins atter-ries), de taille variable, chacune n’excédant pas 65 ares. Il est surtout représenté par la tourbière n° 5 qui est relictuelle pro-bablement d’une tourbière d’ensellement, occupant un col ; cette particularité topographique du complexe implique un défi-cit hydrique occasionné par la diminution des précipitations hivernales et estivales. » La réhabilitation de cette tourbière fait l’objet d’un programme LIFE "Nature et Territoire", sur le plan botanique on y rencontre l’Adénostyle à feuilles d'alliaire, la Circée des Alpes, le Saule hybride aurita x repens, des Sphai-gnes, l’Airelle des marais. Nous y avons également noté Carex echinata, Carex nigra, Carex panicea, Juncus effusus, Juncus squarrosus, Luzula multiflora, Veratrum album, Dactylorhiza maculata, Molinia caerulea, Nardus stricta, Poa chaixii, Epike-ros pyrenaeus, Cirsium palustre, Crepis paludosa, Myosotis scorpioides, Succisa pratensis, Calluna vulgaris, Vaccinium myrtillus, Gentiana lutea, Hypericum maculatum, Circaea alpi-na, Polygonum bistorta, Rumex acetosa, Potentilla erecta, Ga-lium palustre, Salix aurita, Salix repens, Veronica scutellata, Viola palustris. Pelouses et landes rases montagnardes et subalpines sur le Grand Tanargue (1511 m) que nous atteignons après une mon-tée assez rude sur la pente ouest du massif. Les pelouses oc-cupent les sommets de la partie centrale du site, s’y ren-contrent : Pinus sylvestris, Pinus uncinata, Luzula campestris, Luzula multiflora, Deschampsia flexuosa, Festuca paniculata subsp. paniculata, Nardus stricta, Meum athamanticum, Achil-lea millefolium, Arnica montana, Crepis conyzifolia, Leontodon pyrenaicus, Leucanthemum vulgare, Senecio adonidifolius, Ser-ratula tinctoria, Solidago virgaurea, Noccaea caerulescens,

Campanula lanceolata, Campanula rotundifolia, Cerastium arvense, Cerastium fontanum subsp. vulgare, Silene nutans, Silene vulgaris, Stellaria graminea, Succisa pratensis, Calluna vulgaris, Vaccinium myrtillus, Cytisus oromediterraneus, Ge-nista pilosa, Lotus corniculatus, Gentiana lutea, Rumex aceto-sa, Anemone nemorosa, Ranunculus bulbosus, Alchemilla saxa-tilis, Potentilla erecta, Galium saxatile, Galium verum. Tourbières de source, au NE du sommet du Grand Tanargue, situées en tête de bassin, vers 1480 mètres, les sources du ruis-seau des Mayes que nous avons croisé le matin alors que nous étions sur la piste forestière naissent d’une tourbière connue sous le nom de tourbière des Mayes, encore active qui a fait l’objet d’aménagement pour le public dans le cadre du circuit botanique de la Croix de Bauzon. Cette tourbière est riche, on y rencontre l’Epilobe à fleurs penchées, la Listère en coeur, les lycopodes en massue et à rameaux annuels, ainsi que le Rosso-lis à feuilles rondes. Ces zones sont en voie de classement en Réserve Biologique Dirigée, certaines espèces y trouvent leur seule station pour l’Ardèche, aussi nous avons évité de pertur-ber le milieu et de ce fait nous n’avons pu observer toutes ces espèces. Nous avons néanmoins noté Athyrium filix-femina, Caltha palustris, Carex echinata, Carex nigra, Carex panicea, Cirsium palustre, Crepis paludosa, Dactylorhiza maculata, Deschampsia cespitosa, Drosera rotundifolia, Epikeros pyre-naeus, Eriophorum angustifolium, Eriophorum vaginatum, Fes-tuca nigrescens, Hypericum maculatum, Juncus filiformis, Ly-copodium clavatum, Montia fontana, Rumex acetosa, Salix re-pens, Sanguisorba officinalis. Nous redescendons vers la station pour nous séparer après ces trois jours passés au cœur de cette montagne ardéchoise qui compte bien d’autres sites prestigieux pour le botaniste.

Jean-Claude BOUZAT

Voir encarts couleurs n° VII et VIII Bibliographie : - D. Michau, V. Le Besnerais, F. Lèbre

Ecoguide-Milieux naturels-Massif du Tanargue Ed.: ONF.

- P. de Puytorac : L’Auvergne (les milieux, la flore, la faune) Ed. : Delachaux et Niestlé.

- Guide du naturaliste Causse Cévennes – Ed: Libris - Comptes-rendus de la Société Botanique de l’Ardèche

Les plantes forestières grimpent avec la température (d’après « Le Monde » du 26 06 2008).

Une étude portant sur 171 espèces de plantes s’étageant entre 0 et 2600 mètres d’altitude, sur les pentes de six chaînes de mon-tagnes (Alpes, Pyrénées, Massif Central, Jura, Vosges et Cor-se), constate qu’entre 1971 et 1993, les végétaux ont grimpé de 65 mètres. Ce constat est corrélé avec l’élévation de tempé-rature enregistrée dans les massifs français. Les déplacements les plus importants sont observés pour les espèces de montagne comme Orthilia secunda (très sensibles au changement climati-que), et pour les espèces herbacées comme Galium rotundifo-lium (dont la durée de vie est courte).A l’inverse, les espèces ligneuses comme Sorbus aria, dont le cycle de reproduction est plus long, sont moins affectées. D’autres études ont mis en évidence les changements d’aires de répartition des espèces végétales en surveillant leurs mouvements en latitude ainsi que les modifications de la fau-ne associée (insectes…).

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Les papillons que nous voyons voleter de fleur en fleur à la belle saison sont des insectes à métamorphoses complètes. Les femelles adultes pondent des œufs qui, à l'éclosion, donnent naissance à des larves que nous appelons communé-ment chenilles ; celles-ci muent plusieurs fois au cours de leur développement. Au bout d'un temps variable qui peut aller de quelques semaines à plusieurs mois selon les espèces (ou même à plus d’une année pour un papillon de haute montagne : Oenis glacialis), les chenilles se transforment en nymphes (chrysalides), parfois entourées d’un cocon de soie qu’elles ont tissé préalablement. Cette confection d’un cocon est rare pour les papillons « de jour » (appelés rhopalocères), mais plus fréquente pour les espèces dites « de nuit » (les hétérocères). Au bout d’une durée là encore variable selon les espèces (d’environ deux semaines à plusieurs années), la chrysalide, que l’on pourrait qualifier de véritable « laboratoire », donne nais-sance à un adulte (imago) qui, généralement, va rapidement être capable de se reproduire. Ainsi le cycle sera bouclé.

Si les adultes peuvent butiner les fleurs de nombreuses espèces de végétaux, les chenilles sont, la plupart du temps, beaucoup plus sélectives. On notera que les adultes de certaines espèces de papillons nocturnes ne se nourrissent pas, étant dépourvus de tout organe adapté à cette fonction. Leur rôle se limite alors à la reproduction, opération après laquelle ils meurent rapidement.

Les chenilles de certaines espèces sont extrêmement polyphages et consomment à peu près tous les végétaux ren-contrés. Je me souviens du début des années 1970 où on avait assisté à des invasions impressionnantes d’un papillon de nuit appelé Lymantria dispar ; les chenilles issues des pontes étaient si nombreuses que, dans les garrigues de Villeneuve, et sans doute de pas mal d’autres sites, elles avaient dépouillé les chê-nes-verts de la totalité de leurs feuilles. Ensuite, faute de nourri-ture, elles avaient consommé le feuillage de la végétation basse, pratiquement sans rien épargner. On assiste parfois à de telles pullulations, fort heureusement limitées dans le temps. D’autres espèces, par contre, ne peuvent se nourrir que d’un groupe restreint de végétaux, parfois même d’une seule plante.

En France, on compte plus de deux cents espèces de papillons de jour. Pour les nocturnes, c’est environ dix fois plus ! Je vais donc me limiter à quelques espèces que nous pou-vons rencontrer dans notre région sans trop de difficultés.

Je vous parlerai d’abord d’un papillon banal, aux ailes blanches ornées d’un ou deux points noirs selon le sexe : c’est la Piéride du chou (Pieris brassicae).Il était autrefois très répandu, un peu moins de nos jours du fait de l’utilisation des produits phytosa-nitaires. La femelle adulte pond des œufs en grand nombre et en groupes, non seulement sur les feuilles des choux, mais aussi sur pas mal de brassicacées cultivées ou sauvages. Ainsi, dans mon jardin, je trouve presque chaque année au printemps des colonies de chenilles de cette piéride sur les siliques encore tendres de la Monnaie du Pape (Lunaria annua). On notera que le comportement grégaire de ces chenilles leur est souvent fatal : facilement repérables, elles sont fréquemment parasitées par de petits hyménoptères qui pondent leurs œufs dans leur corps !

Tout botaniste est, un jour, tombé en arrêt devant l’ombelle d’une apiacée couverte de multiples insectes, devant une che-nille, souvent multicolore, dévorant consciencieusement sa feuille (sur la même plante ?), devant un papillon voletant de fleur en fleur (de même espèce ou non !). Ces spectacles nous incitent à explorer les frontières de la botanique, à constater les liens qui existent dans le monde vivant. Ouvrons un livre d’entomologie au chapitre « papillons » ! Et nous lisons…de la rave,…de l’arbousier,…de la succise,…du serpolet, etc…le lien est confirmé. Un projet d’article a conduit Jean VIROLLEAUD à me mettre en relation, au Musée Requien, avec Alain CAMARD- membre de la Société d’Etude des Sciences Naturelles de Vau-cluse depuis plus de trente ans - qui s’est engagé sur le champ à rédiger l’article publié dans ce bulletin. Pédagogue de métier, entomologiste par passion il s’est surtout attaché à l’observa-tion des lépidoptères et de divers groupes de coléoptères. Il a réalisé des inventaires des papillons diurnes des environs de Villeneuve-les-Avignon ainsi que l’étude itérative de popula-tions de lépidoptères du Mont Ventoux. Ardent défenseur des milieux naturels permettant le maintien des espèces, il conduit des actions d’information auprès des collectivités gestionnaires. Qu’il soit ici remercié pour nous encourager à une démarche naturaliste…

Michel Graille.

Autour de la botanique

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Bulletin de la SBV - 20 - n°19 - mai 2009

Je voudrais aussi évoquer trois autres espèces de rhopalocères appartenant au groupe des Piérides, mais bien plus colorées que Pieris brassicae : l’Aurore de Provence (Anthocaris eu-phenoides), le Souci (Colias crocea), et le Citron de Provence (Gonepteryx cleopatra). L’Aurore de Provence est un superbe petit papillon aux ailes jaune-vif, avec une large tache orange à l’angle des anté-rieures pour le mâle. La femelle est d’un jaune plus pâle avec une tache plus terne. Cette espèce émerge de sa chrysalide au mois d’avril et les fe-melles pondent leurs œufs séparément sur les boutons des fleurs d’une plante des garrigues : Biscutella laevigata. Les jeunes chenilles consomment les pétales des fleurs puis, devenues plus grandes, elles se nourrissent des fruits de la plante, formés de deux disques juxtaposés. La nymphose a lieu deux à trois se-maines après l’éclosion des œufs dans les fourrés environnants et la diapause se poursuit jusqu’au printemps suivant. Le Souci, quant à lui, doit son nom vernaculaire à la couleur jaune orangé de ses ailes. Sa chenille se nourrit de trè-fle ou de luzerne. Contrairement à l’espèce précédente, qui n’a qu’une seule génération dans l’année, le Souci en compte jus-qu’à quatre qui se succèdent d’avril à novembre. Le Citron de Provence présente un important dimor-phisme sexuel : le mâle a des ailes jaunes, les antérieures étant envahies par une grande tache orange vif. La femelle est d’un jaune verdâtre pâle uniforme. Les chenilles de cette espèce consomment surtout les feuilles du Nerprun (Rhamnus alater-nus).Alors que chez bon nombre de papillons la diapause hiver-nale se produit au stade de la chrysalide, là c’est l’adulte qui passe l’hiver dissimulé dans divers refuges: arbres creux, buis-sons touffus ou cavités rocheuses, la ponte intervenant seule-ment au printemps suivant. Cette espèce vit donc une dizaine de mois au stade adulte, longévité peu fréquente chez les papillons. Je vais à présent aborder un groupe qui compte les plus belles espèces, celles dont les ailes possèdent l’ornementation et les couleurs les plus riches. Il s’agit des Papilionidae. J’évo-querai cinq espèces. Deux d’entre elles, de belle taille, munies de « queues » aux ailes postérieures, peuvent encore s’observer dans nos jardins pour peu que ceux-ci ne soient pas situés dans des milieux trop urbains, et surtout pas trop soumis aux traitements chimiques. Il faut aussi qu’on leur conserve un caractère un peu « sauvage »... Il s’agit du Machaon (Papilio machaon) et du Flambé (Iphiclides podalirius). La chenille du premier consomme des feuilles de diverses apia-cées, en particulier le fenouil sauvage (Foeniculum vulgare). Dans mon potager, je trouve chaque été des larves de Machaon sur mes plants de carottes. Le Flambé, quant à lui, se nourrit au stade larvaire des feuilles d’arbres variés : prunelliers, abrico-tiers, pêchers, …. Dans nos régions le Flambé a deux généra-tions au cours de l’année, alors que le Machaon peut en voir jusqu'à trois se succéder d’avril-mai à octobre. Pour ces deux espèces l’hibernation se fait au stade de la chrysalide. Deux autres papillons de la famille des Papilionidae et appartenant au genre Zerynthia sont de vrais petits joyaux avec leurs ailes ornées de taches jaunes, rouges et noires : la Proser-pine (Zerynthia rumina) et la Diane (Zerynthia polyxena) se font toutefois peu remarquer à cause de leur taille modeste et de leur petit vol discret. Ces deux espèces, très proches d’aspect, ne fréquentent pas les mêmes milieux : Zerynthia rumina vit

surtout en garrigue, biotope où pousse sa plante nourricière – Aristolochia pistolochia qui se plait dans les lieux secs et enso-leillés. Zerynthia polyxena, quant à elle, se rencontre plutôt dans des endroits frais, humides, partiellement ombragés, qui conviennent à sa plante hôte : Aristolochia rotunda. Ces deux papillons volent surtout en avril pour polyxena et en mai pour rumina. Les deux espèces, très proches génétiquement, peuvent s’hybrider sur les rares zones de confluence de leurs milieux respectifs : pentes calcaires dominant le lit frais d’un vallon par exemple... Je vous parlerai enfin du cinquième représentant de la famille des Papilionidae que j’ai souhaité présenter : il s’agit d’un grand papillon aux ailes d’un blanc pur ornées de taches noires et de superbes ocelles rouge vif : l’Apollon (Parnassius apollo) que l’on ne rencontre qu’a une certaine altitude. Dans notre région, on peut l’observer au Mont Ventoux, sur les hau-teurs du Grand Luberon, ou encore sur les plateaux dominant les gorges de la Nesque. Ce très beau papillon butine surtout les fleurs des chardons, alors que sa chenille velue, noire à points rouges, se nourrit généralement de Sedum. La ponte a lieu en été, mais les œufs n’éclosent qu’au printemps suivant. L’Apol-lon présente la particularité de ne pouvoir voler que si le soleil est présent : qu’un nuage vienne à obscurcir le ciel et voilà le beau papillon immobilisé au sol ou sur les fleurs qu’il affection-ne ; on peut alors le saisir délicatement et le poser dans le creux de la main d’où il sera bien incapable de s’envoler ! Cette espè-ce est actuellement protégée du fait de sa raréfaction. Notons cependant que cette diminution des effectifs est due surtout à la modification des biotopes : les pelouses sèches et ensoleillées où pousse la plante nourricière des chenilles sont souvent trans-formées en plantations de pins noirs d’Autriche, du moins dans notre région. L’espèce demeure cependant abondante dans les Alpes du sud et dans certaines régions du Jura. Abordons maintenant une famille riche en nombre d’es-pèces : celle des Nymphalidae. Ce groupe de lépidoptères est très éclectique en ce qui concerne les plantes nourricières des chenilles. Prenons le cas d’un assez grand papillon aux ailes très décou-pées : la Grande Tortue (Nymphalis polychloros). Ses ailes brun-orangé sont ornées de taches noires et bordées de lunules bleues. Les chenilles au comportement grégaire sont très poly-phages : on peut les trouver sur des essences d’arbres aussi va-riées que l’orme, divers arbres fruitiers, ou encore sur les sau-les...Au printemps 2008 on pouvait en observer plusieurs colo-nies sur des cerisiers à l’abandon à La Roque sur Pernes. Cette famille des Nymphalidae compte dans ses rangs un papillon merveilleux, de grande taille, aux ailes riches d’une grande variété de couleurs réparties en dessins complexes. Les postérieures portent chacune deux « queues » pointues. Il s’agit du Jason (Charaxes jasius), seul représentant en Europe du genre Charaxes, très répandu en Afrique où vivent de nombreu-ses espèces différentes. La chenille est exigeante, ne pouvant se nourrir que de feuilles d’arbousier (Arbutus unedo). Ce papil-lon a deux générations par an : pour l’une d’elles la ponte a lieu en mai et les chenilles, bénéficiant de la saison chaude, se déve-loppent rapidement et donnent des adultes en août ou septem-bre. Ces adultes pondent à leur tour en automne, mais là les chenilles vont devoir affronter l’hiver et ne se transformeront en papillons qu’au mois de mai de l’année suivante. La perte des effectifs larvaires est importante, surtout si l’hiver est rude !

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Un autre représentant de cette famille des Nymphalidae, le Sylvain azuré (Limenitis reducta) doit son nom vernaculaire à ses ailes noires à reflets bleus sur leur recto. Au verso, elles présentent toute une gamme de bruns rougeâtres, avec des ran-gées de taches blanches et une base gris bleuté aux postérieures. Ce papillon vole d’une façon bien particulière : après quelques battements vifs de ses ailes, il plane durant plusieurs secondes. Ce vol si particulier permet de l’identifier de loin. Sa chenille ne se nourrit que de divers Chèvrefeuilles (Lonicera sp.). Un autre beau papillon de cette famille, le Tabac d’Es-pagne (Argynnis paphia) se rencontre un peu plus en altitude que la plaine rhodanienne, par exemple dans les Monts de Vau-cluse, le Ventoux, les plateaux de la Nesque, la Drôme proven-çale…Voilà encore une espèce de belle taille, au vol puissant et rapide. Le mâle a des ailes d’un fauve vif, ornées de taches noi-res ; celles de la femelle sont souvent plus sombres, elles aussi tachées de noir ; le verso, verdâtre et fauve, est orné de petits ocelles sombres. Les chenilles de ce papillon se nourrissent des feuilles de diverses espèces de violettes (Viola sp.). Dans cette famille des Nymphalidae nous évoquerons encore deux espèces aux ailes découpées de façon semblable : le Vulcain (Vanessa atalanta) et la Vanesse du chardon (Vanessa cardui). Le premier a les ailes noires avec une bande rouge vif barrant les antérieures et une bordure orangée aux postérieures. Le second est rose vif avec des taches noires fes-tonnées. Les ailes postérieures sont ornées d’une ligne de petits ocelles noirs. La chenille de Vanessa cardui porte bien son nom : elle se nourrit de feuilles de chardons (Carduus sp.). Celle du Vul-cain consomme des feuilles de pariétaire (Parietaria officina-lis) ou d’ortie (Urtica sp.). Lorsqu’elle vit sur cette dernière plante, son comportement est curieux : elle fixe des fils de soie qu’elle produit sur les deux bords opposés d’une feuille, puis, les rapprochant, s’en fait une sorte de fourreau à l’intérieur du-quel elle se dissimule, se protégeant ainsi d’éventuel préda-teurs. Elle mange la feuille de l’intérieur, puis, l’ayant terminée, elle passe à une autre, recommençant le même manège… Une autre famille, celle des Satyridae, compte de nom-breuses espèces en France. Les chenilles de tous ces papillons se nourrissent de Poacées. Je parlerai ici de deux espèces bien différentes d’aspect et de comportement. Voyons d’abord le cas d’un grand papillon : le Silène (Brintesia circe). Ses quatre ailes, à dominante noire au recto comme au verso, sont traversées par une bande blanche. Il par-court d’un vol sautillant mais rapide les bois clairs de pins et de chênes-verts, aimant bien se couler sous les ombrages. Lorsqu’il se pose sur un tronc, les ailes fermées, son mimétisme avec l’é-corce est tel qu’on a beaucoup de mal à le repérer. L’autre Satyridae dont le vais vous entretenir est nette-ment plus petit : il a la taille d’une piéride. Sa teinte dominante est le blanc, mais il possède des taches noires régulièrement réparties qui lui ont sans doute valu son nom vernaculaire : le demi-deuil. En fait ce vocable recouvre quatre espèces assez semblables entre elles, qui appartiennent au genre Melanargia. Leurs noms spécifiques sont : galathea, lachesis, occitanica et russiae. Le premier, Melanargia galathea, est répandu pratique-ment partout en France, des plaines aux montagnes, jusqu’à 1500 mètres environ. Les trois autres espèces sont strictement méridionales, Melenargia russiae vivant surtout à moyenne altitude dans les montagnes provençales. Sinon le genre Mela-nargia est largement répandu en Europe : d’autres espèces vi-vent en Espagne, en Italie, en Grèce…On rencontre aussi d’au-

tres Melanargia jusqu’en Iran et en Afghanistan. Tous ont, si l’on peut dire, un « air de famille » dès le premier coup d’œil!

Une autre famille nombreuse ! Celle des Lycaenidae. Ce sont des papillons de taille modeste qu’on appelle souvent les « petits bleus » à cause de la couleur de la plupart des espèces. Je vais parler ici d’un Lycaenidae non indigène, introduit ré-cemment d’Afrique du Sud via l’Espagne, à la faveur d’impor-tations de Pelargoniums, sa plante hôte. Il s’agit de Cacyreus marshalli qui ravage depuis quelques années les plantes culti-vées en pots que nous appelons à tort Géraniums. La femelle adulte pond sur un bouton de fleur et, dès l’éclosion, la jeune chenille s’introduit dans ce bouton puis, au fur et à me-sure de son développement, pénètre dans la tige de la fleur et enfin dans celle de la plante qui périclite irrémédiablement. Comme cette chenille passe sa vie à l’intérieur du végétal, on ne l’aperçoit pas, et elle est de plus inaccessible aux insecticides de surface. Le papillon adulte est minuscule : ses ailes ont à peu près la taille d’un ongle. Ses ailes sont gris bleu au dessus et marbrées de gris, de beige et de blanchâtre à la face inférieure. Il passe donc facilement inaperçu. Trois à quatre générations de ce rava-geur se succèdent d’avril à novembre. Cacyreus marshalli s’est d’abord installé dans le sud de notre pays, mais, au fil des ans, gagne de plus en plus vers le nord.

Brintesia circe

Melanargia galathea

MTZ

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Bulletin de la SBV - 22 - n°19- mai 2009

Je terminerai le tour des papillons de jour avec le seul représen-tant en France de la famille des Libytheidae : l’Echancré (Libythea celtis), dont le nom vernaculaire lui a été donné sans doute à cause de l’aspect très découpé de ses ailes antérieures et de la bordure festonnée des postérieures. C’est un papillon de couleur brun foncé avec de larges macules orange vif. Sa che-nille se nourrit des feuilles de micocoulier (Celtis australis). Comme cet arbre est très répandu dans le midi on pourrait s’at-tendre à ce que le papillon soit abondant un peu partout ; or ce n’est généralement pas le cas : on n’aperçoit pas souvent Liby-thea celtis ; est-ce dû à une relative rareté, à un comportement discret, ou encore à des exigences écologiques excédant la seule présence de l’arbre-hôte ?

Nous parlerons à présent de trois papillons de nuit par-mi les plus spectaculaires, appartenant à deux familles différen-tes : le Grand Paon de Nuit (Saturnia pyri), qui est un Attaci-dae (anciennement Saturnidae), puis de deux représentants des Sphingidae- les Sphinx : le Sphinx tête de mort (Acherontia atropos) et le Sphinx de l’Euphorbe (Hyles euphorbiae).

Le Grand Paon de Nuit est vraiment le plus grand lépi-doptère que l’on peut rencontrer en France. L’adulte peut mesu-rer 14 à15 centimètres d’envergure et, de ce fait, lorsqu’on le voit voler, on pourrait penser qu’il s’agit d’un oiseau ou d’une chauve-souris ! C’est un papillon magnifique, avec se grandes ailes offrant de nombreuses nuances de brun, ornées de grands ocelles et barrées de bandes en zigzag. Contrairement aux papil-lons diurnes le corps des nocturnes des deux familles dont il est question ici est très volumineux. Le mâle Saturnia pyri possède des antennes pectinées très larges ; celles de la femelle sont beaucoup plus fines. Les femelles émettent des phéromones capables d’attirer les mâles à plusieurs kilomètres de distance comme cela a été montré par les expériences de Jean- Henri Fabre. La chenille de Saturnia pyri est superbe, surtout au dernier stade de son développement. Elle peut atteindre 10 centimètres de longueur et 2 centimètres de diamètre. D’un vert lumineux, elle possède de longs poils à la base desquels se trouvent de petites excroissances bleues en forme d’étoiles. Cette chenille est très polyphage : elle se peut se nourrir de feuilles de pru-niers, poiriers, amandiers, frênes, ormes… J’en ai élevé sur pistachier térébinthe .Malheureusement le Grand Paon de Nuit s’est beaucoup raréfié depuis plusieurs décennies à cause des traitements chimiques sur les arbres fruitiers. Au moment de la nymphose la chenille tisse un cocon grossier, très rigide, de soie brun foncé qu’elle fixe contre un tronc d’ar-bre. Puis elle se transforme en chrysalide à l’intérieur de ce co-con qui constitue une protection efficace. Le cycle est en princi-pe annuel mais il arrive assez fréquemment que le papillon n’é-merge qu’au bout de deux ou même trois années. L’adulte, mu-ni d’une trompe atrophiée, ne peut pas se nourrir et meurt rapi-dement après la reproduction.

Le Sphinx tête de mort est sans doute le papillon le plus célèbre de sa famille à cause de l’ornementation qu’il porte sur le thorax : en effet des touffes de poils clairs sur un fond brun foncé évoquent nettement un crâne. C’est un grand papillon pouvant atteindre 12 centimètres d’envergure. Ses ailes anté-rieures sont brunes avec quelques bandes blanchâtres en zigzag. Les postérieures, jaune vif, sont traversées par deux bandes in-curvées brun foncé .L’abdomen est très gros ; il est recouvert de poils disposés en bandes alternées fauves et brunes. La chenille, comme celle de tous les sphinx, porte un appendice pointu et courbé sur le dernier anneau du corps. Elle atteint une forte taille. Elle se nourrit de plantes de la famille des Solana-

cées cultivées ou sauvages. On trouvait autrefois assez commu-nément des chenilles de ce sphinx dans les plantations de pom-mes de terre, mais, là aussi, les traitements chimiques des cultu-res ont fortement diminué les effectifs. Acherontia atropos ne se rencontre plus guère que sur les Solanacées sauvages. Ce n’est d’ailleurs pas une espèce indigène : elle est surtout répan-due en Afrique et en Asie du Sud-Est. Les adultes qui ont un vol puissant arrivent en Europe en mai-juin pour s’y reproduire. Mais les chenilles issues des pontes donnent des chrysalides en automne qui meurent pratiquement toujours, ne pouvant suppor-ter le froid de nos hivers. Contrairement à celles du Grand Paon de Nuit, les chenilles des sphinx ne tissent pas de cocons. Elles s’enfouissent à quelques centimètres sous terre pour se transformer en chrysalides dans une logette assez volumineuse. A noter une fâcheuse habitude des papillons de cette espèce : ils pénètrent volontiers dans les ruches car ils sont friands de miel. Mais les abeilles les attaquent vivement et ils survivent rare-ment à leur incursion. Je terminerai ce tour d’horizon des papillons avec un autre sphinx, assez commun dans notre région : le Sphinx de l’Euphorbe (Hyles euphorbiae) ; C’est une espèce de belle taille, pouvant dépasser 7 centimètres d’envergure. Ses ailes antérieures présentent des zones bien délimitées allant de l’ocre au brun foncé. Les postérieures, de couleur rose, sont traversées par une fine ligne noire. Ce papillon vole en mai et en août en deux générations annuelles. Les chenilles se nourrissent de diverses euphorbes, en particu-lier Euphorbia characias et cyparissias dans notre région. L’a-dulte pondant généralement plusieurs œufs sur une même plan-te, les chenilles sont grégaires et donc faciles à repérer, surtout au dernier stade, car leur taille et leurs couleurs les rendent très visibles. Elles sont magnifiques, leur teinte se modifiant au cours des mues successives. Au dernier stade, sur un fond noirâ-tre, elles portent une ligne rose tout le long du dos ; leurs flancs sont ornés de zones triangulaires jaunes et de grands ocelles blancs. Au moment de la nymphose, elles s’enterrent peu pro-fondément pour donner une chrysalide libre, sans cocon donc. C’est à ce stade qu’a lieu la diapause hivernale. En conclusion, que pouvons nous dire ? Nous avons vu que certaines larves de papillons sont très polyphages. On pré-tend ainsi, par exemple, que la femelle d’un papillon diurne fréquent en moyenne montagne, le Gazé (Aporia crataegi) pourrait pondre en volant, ses œufs se trouvant ainsi disséminés de façon aléatoire sur la végétation, les chenilles en étant issues pouvant se contenter de n’importe quel végétal ! Mais ce n’est sans doute qu’une légende…Quoiqu’il en soit, les espèces vrai-ment polyphages ne sont pas les plus nombreuses… La plupart des chenilles- et c’est là une caractéristique stricte-ment attachée à l’espèce- sont dépendantes d’un petit groupe de végétaux. Et même certaines d’entre elles sont extrêmement spécialisées comme, par exemple, celle du Lycaenidae -Iolana iolas- qui ne peut se développer qu’à l’intérieur des gousses du Baguenaudier (Colutea arborescens) où elle se nourrit des graines encore tendres…

Alain CAMARD

Voir encarts couleurs n° III à VI

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Bulletin de la SBV - 23 - n°19 - mai 2009

Mireille - Mirèio Le 2 février 1859, jour de la Chandeleur, Frédéric Mistral achè-ve « Mireille », œuvre capitale pour l’avenir de la langue d’oc. Mireille est un poème épique en 12 chants, dans lequel il chante une jeune fille de Provence .L’œuvre marque d’une façon écla-tante le renouveau de la langue provençale tel que l’on décidé les « primadié » réunis presque 5 ans auparavant au Château de Font-Ségugne à Châteauneuf de Gadagne (Vaucluse) le 21 mai 1854.

« Mireille » est un poème épique à valeur universelle. Le drame naît de la différence des conditions sociales des protagonistes, Vincent et Mireille, lui ouvrier vannier ambulant, elle fille de propriétaire de mas. En voici les prémisses… Je chante une jeune fille de Provence Dans les amours de sa jeunesse, A travers la Crau, vers la mer, dans les blés, Humble écolier du grand Homère, Je veux la suivre. Comme c’était Seulement une fille de la glèbe, En dehors de la Crau il s’en est peu parlé Bien que ce front ne brillât Que de jeunesse, bien qu’elle n’eût Ni diadème d’or ni manteau de Damas, Je veux qu’en gloire elle soit élevée Comme une reine, et caressée Par notre langue méprisée, Car nous ne chantons que pour vous, Ô pâtres et habitants des mas.

La strophe du début, mise comme un frontispice au poème, re-prend visiblement le commencement de l’Enéide, annonce l’é-popée, la volonté de rédiger une œuvre de qualité comparable à celle des grands auteurs de son époque et digne d’Homère, de Virgile, chez lesquels il puise son inspiration (L’Enéide déjà citée, l’Odyssée ; les Bucoliques,…). Et c’est ainsi que « Mirèio » apparaît en partie comme un poè-me didactique. La poésie mistralienne vise en effet à l’enseigne-

1859-2009

150èmes anniversaires

Année Mireille Aix en Provence Charles Darwin

Par un heureux hasard l’année 2009 permet d’évoquer deux anniversaires, qu’il ne s’agit pas de mettre en parallèle, mais qui nous intéressent à plusieurs titres : 150ème anniversaire de Mireille - Mirèio – qui nous permet de renouer avec la « » lengo nostro » « chère à notre ancien Prési-dent – Maurice Heullant - souvenez-vous , pour les plus an-ciens, des programmes des années 90 sous une couverture pré-sentant les gravures des travaux des champs avec les signes du zodiaque et se terminant par des vers extraits d’œuvres proven-çales….hommage justifié par les références permanentes au végétal dans l’œuvre de Frédéric Mistral, hommage initié et coordonné par un félibre botaniste de notre Société – Henri Courtois. C’est l’occasion d’un développement autour de Vallisneria spiralis. 150ème anniversaire de la parution de « l’Origine des Espè-ces » de Charles Darwin – nous laisserons la célébration de ce formidable évènement aux « milieux autorisés », mais il s’agit, au-delà du simple signal, d’attirer l’attention sur les travaux botaniques de ce savant.

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Bulletin de la SBV - 24 - n°19 - mai 2009

ment : l’œuvre entier de Mistral se présente comme une somme des choses de la Provence .Il pratique dès sa première œuvre une langue littéraire…réussissant pour le provençal ce que les grands classiques ont fait pour le français. Dans la seconde strophe, Mistral confirme sa volonté de re-hausser l’estime accordée à sa langue et de la porter à une hau-teur comparable aux autres langues littéraires Dans l’invocation au Christ, né parmi les pâtres, il évoque la fragilité de la vie. Il lui demande la force de porter au plus haut la langue provençale ; le cadre bucolique apparait…. ………………….,sus lis alo Fai que posque avera la brancodis aucèu ! Bèu Diéu, Diéu ami,sus lis alo De nosto lengo prouvençalo ; Fai que posque avera la branco dis aucèu ! Le Prologue : « Maître Ambroise et son fils Vincent s’arrêtent à la nuit tombante devant le Mas des Micocoules, sûrs qu’on leur permettra de coucher à la meule de paille ». Mireille les reçoit…. Mais arrêtons là, oublions l’Epilogue et découvrons ces paysa-ges « clafis » d’arbres, de plantes et de fleurs qui ont émerveillé le jeune Frédéric .Ne prit-il pas un bain forcé à vouloir cueillir des fleurs de glai (Iris des marais). De ces plantes, de ces fleurs, voici un florilège parmi celles qui ont coloré son poème, par monts et par vaux, depuis le Mas des Micocoules, en passant par la Crau, dans les Cossouls, au travers de la sansouire jus-qu’aux Saintes Maries de la Mer.

Henri COURTOIS

Mistral et la botanique… Où l’on retrouve la botanique vauclusienne.

les noms provençaux qui accompa-gnent la nomenclature des plantes, n’appartiennent pas tous au dialec-te d’Avignon. Empruntés pour la plupart au manuscrit de M. Palun, ils ont été complétés à l’aide de ceux qu’a bien voulu fournir M. Mistral, auteur de Mirèio, et sont, dans ce cas, particulièrement usités de l’autre côté de la Duran-ce. (Note de l’administration du Mu-sée-Calvet).

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Bulletin de la SBV - 25 - n°19 - mai 2009

Mireille et la botanique... A leva l’espingolo ; e soun sen, bouleguiéu Coume dos oundo bessouneto, Dins uno lindo fountaneto, Sèmblo d’aqueli campaneto Qu’en ribo de mar blanquejon dins l’estiéu.

A ôté l’épingle ; et son sein, agité Comme deux ondes jumelles Dans une limpide fontaine, Ressemble à ces campanules Qui, au rivage de la mer, étalent en été leur blancheur.

Mirèio/ Mireille – chant Xème – strophe 61 …ces campanules qui, au rivage de la mer, étalent en été leur blancheur….l’auteur a voulu parler ici de la belle fleur qu’on nomme en provençal « ile de mar »….C’est le Pancratium maritimum L.

Mirèio – Chant Vème Les amours de Vincent et de Mireille.

La Vallisneria spiralis L. ou « l’Erbeto di frisoun ».

Mirèio, escouto : dins lou Rose Disié lou fiéu de Meste Ambrose I’ a’ no erbo, que nouman l’erbeto di frisoun; A dos floureto separado Bèn sus dos planto, e retirado Au founs dis oundo enfresquierado. Mai quand vèn de l’amour pèr éli la sesoun, « Mireille, écoute : dans le Rhône, disait le fils de Maître Ambroise est une herbe que nous nommons l’herbette aux boucles ; elle a deux fleurs, bien séparées sur deux plantes, et retirées au fond des fraîches ondes. Mais quand vient pour elles la saison de l’amour, »

Uno di flour, touto souleto, Mounto sus l’aigo risouleto, E laisso, au bon soulèu,espandi soun boutoun ; Mai de la vèire tant poulido, I’a l’autro flour qu’es trefoulido, Et la vesès, d’amour emplido Que nado tant que pòu pèr ié faire un poutoun. « L’une des fleurs, toute seule, monte sur l’eau rieuse, et laisse,au bon soleil épanouir son bouton ; mais la voyant si belle, l’autre fleur tresaille, et la voilà, pleine d’amour, qui nage tant qu’elle peut pour lui donner un baiser. » E tant que pòu, se desfrisouno De l’embuscun que l’empresouno, D’aqui, paureto ! que roumpo soun pecoulet ; E libro enfin, mai mourtinello, De si bouqueto palinello Frusto sa sorre blanquinello… Un poutoun, pièi ma mort, Mirèio !...e sian soulet ! « Et, tant qu’elle peut, elle déroule ses boucles (hors) de l’algue qui l’emprisonne, jusqu’à tant, pauvrette! qu’elle rompe son pédoncule ; et libre enfin, mais mourante, de ses lèvres pâlies elle effleure sa blanche sœur… Un baiser, puis ma mort, Mireille !...et nous sommes seuls ! »

En librairie… Mireille Edition bilingue à l’occasion du 150 ème anniversaire Présentation de Claude Mauron. Avec des annexes particulièrement utiles (chronologie mistra-lienne - le temps et l’espace - orientations bibliographiques, etc.). Ed. : Librairie Contemporaine – 2008 – 19 Euros. Mireille – Edition bilingue Préface de Louis Bayle Ed. : Les Cahiers Rouges – Grasset – 2004 – 13 Euros.

MG

A Maillane, dans le cadre du programme des célébrations du 150 ème anniversaire, Henri Courtois propose une exposition photographique intitulée

« Sur les traces de Mireille…plantes de Provence ». A la salle d’exposition du Musée Mistral, du 16 mai jusqu’à fin septembre 2009.

Exposition de santons - Arles - décembre 2008 - MG

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Bulletin de la SBV - 26 - n°19 - mai 2009

Ail Ajonc

Amandier Ansérine ligneuse

Argousier Arroche salée

Asphodèle Aster tricolore

Aubépine Aulne glutineux

Aubergine Avoine

Barbe de bouc Berle

Blé Brome inutile

Bruyère Bugle

Buis Cade

Camphrée Cane, Cannier Câpre, Câprier

Centaurée jacée Centaurée du solstice

Cerise, Cerisier Chardon champêtre

Chicorée Chêne rouvre

Chêne kermès Chêne liège

Ciste cotonneux Cognassier

Corme, Sorbe Cormier, Sorbier

Cyprès Erable

Erbetto aux boucles Dattes, Dattier

Fève Fèverolle

Figuier Figue d'Antibes, F.de Barbarie

Fougère(s) Frêne

Genêt épineux Genévrier de Phénicie

Gramen salé Grenade, Grenadier

Hêtre Ivraie

Jasmin Jonc

Le végétal dans Mireille. Henri Courtois a relevé dans le texte de Mireille toutes les mentions d’un végétal puis en a effectué le classe-ment. Enfin il a dressé la table de correspondance entre les mots français et la langue provençale. Vous trouve-rez cet inventaire dans les pages suivantes. Une tentative d’établir les équivalents botaniques de chaque mention a montré la difficulté de l’exercice et devant les nombreuses incertitudes notées, il a été déci-dé d’y renoncer, après avis des conseillers scientifiques de la SBV.

Aiet Argelas Amelié Ansérine ligneuse Rebaudin Fraumo Pourraco Cabridello Aubespin Verno Merinjano Civado Barbabou Berlo Blad Calido Brusc Buglo Bouis Cade Canfourato Cano Tapeno, Tapenié Centauro Aurolio Cerieso, Cereisié Caussido Cicourèio Roure Aggarus Siéure Massugo Coudounié Esperbo, Sorbo Esperbié, Sourbié Ciprès Plai Erbeto di frisoun Dàti, Datié Favo Faveto Figuièro Figo d'Antibo, F. de Barbarié Féuse Frai Argelas Mourven Bauco salabrouso Miougrano, Miougranié Fau Margai Jaussemin Jounc

Lambrusque Lavande

Lentisque Lierre

Lin cultivé Lis

Liseron laineux Liseron soldanelle

Luzerne Mandragore Marguerite

Marrube Mauve Mélèze

Micocoulier Millet

Mousse des rochers Murier Myrte

Narcisse Nèfle, Néflier

Nénuphar, Nuphar Nerprun

Noisette, Noisetier Oignon Olivier

Orge, Paumelle,O. à 2 rangs Orme Ortie Osier

Panicaut champêtre Panicaut maritime

Petit houx, Gragon Peuplier noir

Peuplier blanc Phillyrea, Filaire Piment, Poivron

Pin Pinastre, Pin à crochets

Platane Poireau

Poirier sauvage Pommier de Paradis

Pommier de la Saint-Jean Pourpier

Prêle Prunelle, Prunelier

Romarin Ronce

Rose, Rosier Roseau

Sainfoin Salicorne Sarriette

Sauge Saule, Osier blanc

Souchet Soude Sparte

Tamaris Térébinthe

Thym Tithymale, Euphorbe

Trainasse Trèfle Typha

Verveine Vigne

Violette Yeuse

Lambrusco Lavando Lentiscle Èurre Lin Ile Courrejolo Courrejolo Luserno Mandragouro Margarido Mentastre Limaudo Mèle Falabreguié Mi Maufo roucassiero Amourié Nerto Courbo-dono Nespo Nespié Ninfèio Aigo-espouncho Avelano, Avelanié Cebo Óulivié Paumaulo Óume Ourtigo Amarino Panicau dóu campestre Panicau de mar Verbouisset Pibo, Piboulo Aubo Daladèr Pebroun Pin Pinastre Platano Pòrri Perrusié Poumié Sant-Janen Poumo Sant-Janenco Bourtoulaigo Counsòudo Agreno, Agrenié Roumanin Róumio, Róumi Roso, Rousié Canèu Esparset Engano Pebre d'ase, Pebre d'ai Sàuvi Sause Triangle Sóudo Aufo Tamarisso Petelin Ferigoulo Lachusclo, Èufórbi Tirasso Tréule,Tréuloun Sagno Verbeno Vigno Vióuleto Èuse

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Bulletin de la SBV - 27 - n°19 - mai 2009

LA VALLISNERIE ET SES AMOURS ORIGINALES AU FIL DE L’EAU… Vallisneria spiralis L. Famille des Hydrocharitacées (comme Elodea, Najas …) C’est une plante entièrement submergée qui vit enracinée au fond des eaux stagnantes ou à courant faible. Originaire d’Amérique, son aire de répartition mondiale est considérable (pantropicale) ; en Vaucluse, elle est, de nos jours, rare et bénéficie d’une protection régionale (voir les cartes dans l’encart couleur et les compléments sur la chorologie dans l’encadré). Appareil végétatif C’est une plante vivace aux racines grêles, fasciculées ; elle forme des colonies denses. Les feuilles glabres, toutes radicales en rosettes grêles réunies par des stolons, sont sessiles, minces, translucides ; elles sont longues, rubanées (de 30 à 80 cm.), étroites (de 1 à 2 cm.), à 3 à 5 nervures anastomosées et ressemblent aux feuilles submergées de la sagittaire mais leur sommet est obtus et finement denticu-lé. Elle porte un assez grand nombre de feuilles à l’aisselle des-quelles naissent des rejets qui s’enracinent et produisent une nouvelle rosette de feuilles. A l’aisselle des feuilles naissent aussi les fleurs. Les fleurs La vallisnérie est une plante dioïque : les fleurs sont uni-sexuées et portées par des pieds différents. De la rosette foliaire des pieds mâles naissent des pédoncules de 5 à 7 cm, chacun se termine par une inflorescence enfermée dans une spathe étanche. L’inflorescence, en grappe, comprend un nombre élevé (de 50 à 100) de fleurs mâles minuscules (environ 0,3 mm.) ; chaque fleur porte 2 étamines au fond d’un périanthe trimère.

Les pieds femelles sont très différents : les fleurs femelles, soli-taires, protégées par une spathe tubuleuse bifide, s’insèrent à l’extrémité d’un très long pédoncule filiforme enroulé en spira-le, formant de belles boucles. La fleur épanouie est remarquable : elle possède 3 lobes stigma-tiques larges, étalés, bifides à bord cilié ; elle est de couleur rouge brun. La rencontre A qui confier sa semence ?? La rencontre des organes sexuels exige le transport du pollen. Beaucoup d’Angiospermes vivent partiellement immergées en eau douce ou saumâtre mais peu d’entre elles fleurissent sous l’eau utilisant l’eau comme agent de transport du pollen ; l’hy-drogamie (ou hydrophylie) stricte est donc un phénomène rare. En effet, la plupart des plantes aquatiques s’épanouissent au-dessus de la surface des eaux et la majorité sont fécondées par l’intermédiaire du vent ou des insectes ; c’est donc une hy-drogamie de surface ou épihydrophilie qui se rapproche de l’anémogamie ou de la zoogamie des plantes terrestres. Leur adaptation secondaire et récente en milieu hydrique pourrait expliquer qu’une infime minorité des plantes aquatiques confie son pollen aux flots. Les exigences de la pollinisation étant en partie identiques pour les plantes anémophiles et épihydrophiles, on observe de nom-breuses similitudes : les fleurs sont peu voyantes, de taille ré-duite, les pièces du périanthe sont absentes ou peu apparentes, la séparation des sexes est de règle et la dioicie est très élevée.

L’art de la boucle !!

Scène 1 A maturité sexuelle, au niveau des pieds mâles, les pièces de la spathe s’écartent, les boutons floraux rompent leur pédoncule, se détachent et sont entrainés à la surface grâce à la bulle d’air qu’ils contiennent. Au contact de l’atmosphère, les boutons s’épanouissent : leurs sépales se rabattent en arrière transfor-mant la minuscule fleur en nacelle, les sépales prennent appui sur l’eau et supportent les deux petites étamines dressées ; la fleur sans se mouiller et poussée par le vent dérive à la surface des eaux. Les anthères entrent en déhiscence et libèrent un pol-len dont les grains relativement gros et visqueux adhèrent les uns aux autres. Le pollen est hydrofuge, non mouillable. (La pénétration osmotique d’eau dans le grain de pollen entrainerait son gonflement et l’éclatement de l’enveloppe externe ou exine et donc sa destruction.)

Scène 2 Pendant ce temps….au niveau des pieds femelles, le long pé-doncule, enroulé en spirale, se détend à la manière d’un ressort et amène le bouton floral à la surface de l’eau où il éclot ; la fleur femelle, dont les tépales sont imperméables, étale ses stig-mates non mouillables sur la surface de l’eau où elle détermine ainsi une légère dépression.

Scènes 1 et 2 Scène 3

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Bulletin de la SBV - 28 - n°19 - mai 2009

Scène 3 Les fleurs staminées flottantes « naviguent » au gré du vent; si pendant leur errance, elles butent sur un stigmate, elles « chavirent » et tombent dans la dépression et du pollen est alors déposé sur la surface réceptrice. La pollinisation a lieu juste au-dessus de la surface de l’eau suivie de la fécondation conduisant à la formation du fruit, une capsule cylindrique contenant 200 à 400 graines. Scène 4 Après la fécondation, le pédoncule de la fleur s’enroule en de nombreuses boucles et ramène ainsi le fruit dans le calme des profondeurs pour accomplir sa maturation. Un exemple remarquable

Le fonctionnement biologique de cette plante est hautement adapté à un milieu particulier. A priori, les éléments mâles, emportés au gré des courants, ont une faible chance de rencontrer les stigmates mais, contraire-ment au cas de l’anémophilie ou de l’hydrophilie stricte, les éléments sexuels ne voyagent que dans deux dimensions de l’espace, la part du hasard est moindre, le mode de rencontre moins imprécis et l’efficacité accrue. De plus, les pollens agglutinés forment une masse plus impor-tante et comme en stratégie militaire, plus l’objet détecteur est large, plus la cible a des chances d’être atteinte !! Chez la vallisnérie, au cours de la pollinisation, l’élément mobi-le est la fleur mâle ; elle véhicule le gamétophyte (le pollen) au contact du stigmate récepteur…cas exceptionnel chez les An-giospermes. Une plante singulière…pas étonnant qu’elle ait été souvent chantée par les poètes !!

Roselyne GUIZARD

Voir encart couleur n° II

Bibliographie J-M. Pelt - Evolution et sexualité des plantes - Horizons de France -1970 Aline Raynal Roques - La botanique redécouverte - Belin Paul Jaeger - La vie étrange des fleurs - Horizons de France -1959 Pesson et Louveaux- Pollinisation et productions végétales - INRA - 1984 René et Roger Molinier - Cours de Biologie végétale - SPCN 1962 .J.Montégut - Le milieu aquatique - ACTA - 1987 Gaston Bonnier –La Grande Flore en couleurs - Tome 4 – Belin. Abbé H.Coste – Flore de la France - Tome III – A.Blanchard. J.K. Cronck, M.Siobhan - Wetland plants. Et contact par Tela-Botanica avec P. Julve - Université Catholique de Lille.

Vallisneria spiralis par Bernard GIRERD B. Girerd – Inventaire écologique et biogéographique de la Flore du département de Vaucluse - 1978 Grenier et Godron (1855) ont indiqué la présence de cette plante dans les eaux du Rhône à Orange ; il s’agit aussi d’une plante envahissante, ayant fait des migrations massives au début de ce siècle .Elle pourrait donc apparaître à nouveau et il faudrait la rechercher. B. Girerd - La flore du département de Vaucluse - Nouvel inventaire - 1990 : Il serait très intéressant de retrouver dans les canaux de notre région cette curieuse plante aquatique à feuilles en ruban et fleurs femelles portées par un pédoncule spiralé. Elle a été chantée par Mistral ! Les dernières observations, dans le Rhô-ne, remontent à plus de cent ans. B. Girerd – Mise à jour 1995 : 251 bis – Vallisneria spiralis L.- Plante enfin retrouvée par J. Molina à Caderousse (Ile des Broteaux). Elle devrait se trouver ailleurs sur les bords du Rhône. A rechercher ! Et, en avant-première, le projet de texte pour la publication annoncée de Bernard GIRERD et Jean-Pierre ROUX.

Vallisneria L. (1 espèce)

Vallisneria spiralis L. [251 bis] - Plante totalement submergée de 20 à 60 cm, formant des colonnes denses, à feuil-les très longues en forme de ruban de 10 à 15 mm de large, ob-tuses, entières mais denticulées au sommet. Les petites fleurs femelles verdâtres sont isolées au sommet de pédoncules flexueux et spiralés s’étirant jusqu’à la surface où elles sont rejointes par les fleurs mâles, contenues en grand nombre dans une enveloppe qui se détache et va flotter à la surface de l'eau où a lieu la fécondation ; la formation des fruits a lieu sous l’eau. Étage planitiaire (30-50 m) ; espèce calcicline, hygrophile (eaux

stagnantes à faiblement courantes), thermocline, héliophi-le ; sur alluvions : cours d’eau, lônes et canaux.

Pantropicale - R - NV : Bollène-Mondragon (entre l’usine hy-droélectrique Blondel et le déversoir du Lez). NV-PC : bords du Rhône (Lapalud au Tenon de Gilles ; Lapalud-Lamotte-du-Rhône à la Désirade ; Caderousse à la Pibou-lette et aux Broteaux ; Sorgues-Châteauneuf-du-Pape aux Arméniers).

Note : l’étrange biologie de cette plante a inspiré à Frédéric Mistral une vingtaine de vers dans le livre V de Mireio en la nommant « Erbeto di frisoun » par allusion aux pédoncules on-dulés.

Au XIXe siècle Vallisneria spiralis a inspiré bien des auteurs dont CASTEL dans son Poème des plantes...

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Bulletin de la SBV - 29 - n°19 - mai 2009

Charles DARWIN 1809-1882

N’oublions pas les travaux botaniques parmi tous les ouvrages rédigés dont : la fécondation des orchi-dées, les plantes grimpantes, les plantes carnivores, différentes formes de fleurs, les mouvements des plantes,… Quelques exemples de travaux illustrés.

Pour en savoir plus, sites à consulter : The complete work of Charles Darwin online. Institut Charles Darwin International.

200ème anniversaire de sa naissance. 150ème anniversaire de la publication de « l’Origine des Espè-ces ». 1831-1836 - Voyage du « Beagle » et escale aux iles Galapa-gos en1835.

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Bulletin de la SBV - 30 - n°19 - mai 2009

L’Espace Hippolyte COSTE Huguette ANDRE a assisté à l’inauguration de ce musée, Jean VIROLLEAUD l’a visité peu après l’ou-verture. Témoignage… Porte d’entrée de « L’espace Coste »…. Entrez !! Le chanoine vous ouvre la porte du presby-tère dans lequel il a vécu 30 ans .La porte en fer for-gé se reflète à midi sous les rayons du soleil et vous donne l’impression qu’il est là, en soutane, prêt à vous recevoir. A l’intérieur vous trouverez, rassem-blés sur des pupitres – publications-lettres-planches

d’herbier - les 3 tomes de la Flore de France illustrée, ainsi que de multi-ples photogra-phies en noir et blanc sur les murs. Celles-ci montrent combien le chanoi-ne aimait partager ses découvertes, effectuer des ex-cursions avec les membres de la So-ciété Botanique de France et les uni-versitaires mont-pelliérains.

Son contact facile lui a valu une reconnaissance de la part des scientifiques et des éditeurs qui lui ont confié la rédaction de la flore de France, réalisée en 7 années .Nous ne pouvons qu’être admiratif, car il ne disposait que du train comme seul moyen de transport – il le prenait à la gare de St. Paul – et ainsi, il pouvait se rendre dans les Pyrénées, les Al-pes ou le midi de la France. Il pouvait aussi recevoir les botanistes et même les héberger au presbytère. Il envoyait régulièrement ses planches d’herbier sous forme de colis aux dessinateurs. Et 7 années ont suffit !! Si l’informatique avait existé aurait-il fait mieux ?

Inauguration de « l’Espace Hippolyte Coste » le Samedi 2 août 2008

A Saint Paul des Fonts - Aveyron.

Présidée par Jean-Yves Concé, membre fondateur en 2004 de l’Association « Les journées Coste ».

10 h du matin place de l'église ; une cinquantaine de personnes prennent place pour écouter Christian Bernard, professeur honoraire, botaniste, membre de l'Association de mycologie et de botanique de l'Aveyron, membre de la Société Botanique de France, prononcer l'éloge d'Hippolyte Coste. Il a méticuleusement retracé la double vie du prêtre et du bota-niste passionné, mis en évidence sa rigueur scientifique ainsi que ses qualités d'homme de terrain, de relations humaines - qui lui ont permis d'élaborer en 7 années une flore descriptive et illustrée de France en 3 tomes avec 4300 espèces. L’Abbé H. Coste écrit : « La rédaction de la Flore descriptive et illustrée de la France m’a, pendant sept années, imposé un travail opiniâtre et cons-ciencieux. Isolé au fond de la province, éloigné des riches bi-bliothèques et des grandes collections, je devais nécessairement rencontrer des difficultés presque insurmontables pour condui-re à bonne fin une œuvre de cette importance ; aussi, arrivé au but final et sur le point d’écrire ces lignes, je suis profondément saisi par la pensée de mon insuffisance et des graves imperfec-tions de cette œuvre. ».

Rencontres

ABBÉS et BOTANISTES : Hippolyte COSTE et Paul FOURNIER

Mention de la flore de Coste dans B n° 2- juin 1996

B n° 3- Janvier 1997 Articles de J.P. JACOB.

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Bulletin de la SBV - 31 - n°19 - mai 2009

Cette flore est toujours utilisée et reconnue par de nombreux botanistes. L’évolution de la systématique et de la nomenclature montre très vite la nécessité d’une mise à jour, mais c’est assez tardive-ment, 65 ans après, que P. Jovet et R.de Vilmorin avec M. Ker-guelen ont eu l'heureuse initiative de publier 7 fascicules - de 1973 à 1990- les « Suppléments » . Nombreux sont les aveyronnais reconnaissant le travail et la richesse de l'œuvre de leur compatriote. Certains ont, dans le cadre de la communauté de communes « Larzac, Templier, Causses et Vallées », avec le soutien de l'association "les jour-nées Costes", émis le projet de création d'un musée dans le rez-de-chaussée du presbytère et de réalisation d’un mini jardin caussenard. Il a fallu 4 années pour engager l'Etat, le Conseil Général de L'Aveyron, le département, la communauté de communes le Conseil Régional Midi-Pyrénées, afin de réunir les fonds néces-saires. Par ailleurs une souscription de la Fondation du patri-moine en faveur de l'espace botanique Hippolyte Coste ainsi que des donateurs privés ont fourni des planches d'herbiers. L’association " les journées Coste" a pris en charge les dépenses de presse ainsi que le muret en pierre d'accès- piéton . Les aménagements extérieurs ont été réalisés par le parc naturel régional des Grands Causses. Saint Paul des Fonds- petit village réunissant actuellement 208 habitants, à 600m d’altitude, à 9km. de Tournemire (où il y a encore une gare) et à 20 km. de Saint-Affrique - est situé dans un cirque très riche du point de vue floristique. L’abbé a recensé 1000 espèces dont certaines ne se retrouvent que dans 3 sta-tions dans le monde entier .Désormais vous pouvez venir voir l'installation de l'espace botanique et par la même occasion par-courir et découvrir la flore de ces lieux.

Huguette ANDRÉ

Abbé Paul FOURNIER (1877-1964) Petite notice biographique. Ordonné prêtre en 1903, professorat de philosophie à Poi-tiers, Lyon, Saint-Dizier, puis au collège Stanislas de Pa-ris. De 1922 à 1952 nombreuses publications scientifiques dont « Les quatre Flores de France » en 1941, la flore portative la plus utilisée et rééditée. Il dirige « Le Monde des Plantes » de 1932 à 1946, revue de liaison botanique toujours vivante ; En 1937 il a été affecté à la cure de Poinson - les- Gran-cey (Haute-Marne) où l’a rencontré Bernard Girerd lors d’une session de la Société Botanique de France intitulée « Sud -Est du Bassin Parisien » - le 16 Juillet 1951. Voir : Le Monde des Plantes -1964-n° 344 - In memoriam - P. Fournier par H .Gaussen. -1990-n° 437 –Pèlerinage à Poinson -les- Grancey par Bernard Girerd, note de « botanique sentimentale ».

JV

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Bulletin de la SBV - 32 - n°19 - mai 2009

Bernard GIRERD ouvre son album photos….

Le 16 juillet 1951 à Poinson-les- Grancey (Haute-Marne)… herborisations vers Auberive et le Val-Clarin.

Le « Musée du Vivant »

Il a été organisé à Grignon, dans les Yvelines, par l’école d’a-gronomie AgroParis Tech. C’est le premier musée international sur l’écologie et le déve-loppement durable. Il rassemble documentations et œuvres représentant toutes les dimensions de l’écologie scientifique, politique, économique, pratique et culturelle - une véritable mine pour la recherche. Il se visite sur rendez-vous. Voir sur le web : www.agroparistech.fr/Musee-du-vivant

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Bulletin de la SBV - 33 - n°19 - mai 2009

Dans les débuts de la S.B.V. (montage photographique)

Vous retrouverez le Président - fondateur de la S.B.V. – Maurice Heullant, Pierre Chabert (aujourd’hui dans sa 95 ème année) et son fils Jean-Pierre, Claude Vizier, Bernard Girerd…

Numérisez vos documents, articles de presse, anciennes photos ( avec dates et lieux) et, ainsi, nous pourrons rassembler la mémoire (bien plus « paritaire » qu’il n’y parait sur ces clichés !) des activités des membres de la S.B.V. pour préparer le 30ème anniversaire … C’est un appel !

On reconnait les locaux du Musée Réquien et la très belle salle de la C.C.I. (cours Jean Jau-rès… mise à disposition de la S.B.V. pour ses premières expositions et disparue depuis long-temps)

Exposition et Assemblée Générale de 1981

Sur le terrain en 1988… En consutant « la Fournier » !

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Bulletin de la SBV - 34 - n°19 - mai 2009

Jean-Claude RAMEAU - Dominique MANSION - Gérard DUMÉ - Christian GAUBERVILLE J.Bardat - E.Bruno - R.Keller. Flore Forestière Française - Tome III- Région méditerranéenne. IDF-Diffusion – 2008 - 2432 pages - 69 Euros. Maryse TORT - Bernard BELIN - Robert PORTAL Guide de la Flore de Haute-Loire -Tome 1 Environ 500 pages - 2008 - 40 Euros. 2 tomes sont prévus pour présenter environ 1600 espèces avec, pour chacune, une fiche descriptive illustrée - dans 8 grands types de mi-lieux. Ouvrage de terrain, pratique. Avec une vocation de connaissance, de protection et de restauration de grands sites naturels de Haute-Loire (Mézenc, gorges de la Loire, ma-rais de Limagne, Mont-Bar, narces de la Sauvetat, zones humides du Devès,…). Cette publication entre dans le cadre d’une collection entreprise par le Conseil Général de Haute-Loire : les premiers volumes étant consacrés aux Oiseaux et aux Roches et Minéraux du département. 2 ème tome : parution prévue dans un an. Cet ouvrage décrit un territoire bien connu par les membres de la SBV et parcouru il y a quelques temps avec les botanistes de Digitalis (dont les auteurs du livre). Christian BERNARD Flore des Causses - hautes terres, gorges, vallées et vallons - (Aveyron, Lozère, Hérault et Gard). 2 ème édition -784 pages - relié – 2008 Ed. SBCO - n° spécial 31/ 2008 - 45 Euros. Cette nouvelle édition intègre les 4 suppléments antérieurement pu-bliés, les dessins de Coste et de M.Saule, de nouvelles cartes de réparti-tion et 54 photos couleur. Jacques GAMISANS - Daniel JEANMONOD Flora Corsica Ed. Edisud - 2007 - 1008 pages - 50 Euros. Flore portative complète au format de poche et reliure souple. Contient les espèces indigènes et introduites ainsi que les espèces lar-gement cultivées mais qui marquent le paysage. Francis HALLÉ - Pierre LIEUTAGHI. Aux origines des plantes. Tome I- Des plantes anciennes à la botanique du XXI ème siècle. Sous la direction de F.Hallé. Tome II- Des plantes et des hommes. Sous la direction de F.Hallé et de P.Lieutaghi. Ed. Fayard- Collection Documents - Tome I -682 pages - 52 Euros. -Tome II -675 pages -52 Euros. Rémy SOUCHE. Hybrides d’ophrys du bassin méditerranéen occidental. 2008- 288 pages- 250 photos couleur- 31 Euros auprès de l’auteur. France Orchidées- Société Linnéenne de Lyon. Actes du colloque de Dijon- 2007. Peut-on classer le vivant ? Linné et la systématique aujourd’hui. Ed. Belin- 2008 - 437 pages - 45 Euros. Musée Départemental Ethnologique – Prieuré de Salagon - 04300 - Mane. Actes du colloque des 27- 28 septembre 2007. Jardins et médiations des savoirs en ethnobotanique. Patrick LANGER. L’olivier. Ed. Edisud- 2008- 128 pages- 17 Euros. Sous la direction du Muséum d’Histoire Naturelle d’Aix en Proven-ce. Herbiers de Provence, Alpes et Côte d’Aur. Contributions des 11 plus importantes institutions conservant les collections botaniques de la région.Ed. Edisud – 2008 - 192 pages - 35 Euros.

Atlas de la flore sauvage de Bourgogne. Co-édition Parthénope/ MNHN Paris - 2008 - 754 pages Prix indicatif : 65 Euros.

Société des Sciences Naturelles de Bourgogne et Société d’Histoire Naturelle d’Autun. Réimpression de la Nouvelle Flore de Bourgogne. Format poche- papier bible - avec Cédérom comportant illustrations et partie didactique. 2008 - 79 Euros. Revue « INGENIERIES »- CEMAGREF- N° spécial. Plantes aquatiques d’eau douce : biologie, écologie et gestion. Ed. Quae - 2008 - 160 pages - 22,87 Euros. Cédric POLLET. Ecorces : voyage dans l’intimité des arbres du monde. Plus de 400 photos représentant près de 220 espèces, par continent. Ed. Ulmer - 2008—192 pages - 36 Euros. Robert PORTAL Les Agrostis de France. Ed. : chez l’auteur – 2009 - 40 Euros + port. Marie-Claude PAUME Sauvages et toxiques - Plantes des bois, des prés et des jardins. Ed.Edisud - 255 pages illustrées couleur – mars 2009 - 22 Euros.

Parutions

Notes de lecture par Flavien FERIOLO

Endemic plants of the Altai Mountain Country ouvrage collectif , Wild guides, 2008. Premier ouvrage publié en anglais (en général c’est en russe !) sur la flore méconnue des montagnes de l’Altai, il présente 288 espèces endémiques et subendémiques de ces confins de l’Asie centrale et de la Sibérie méridionale. Cette zone est partagée entre la Russie, la Mongolie, la Chine et le Kazakhstan avec des sommets dépassant les 4 000 m. Le climat y est continental avec de grandes variations entre le nord (plus humide) et le sud (plus sec, aride). Ce livre présente aussi le statut de protection des différentes plantes et les principales menaces. Enfin il pré-sente aussi l’environnement, les habitats et les conditions socio-économiques des populations locales ainsi qu’une solide biblio-graphie et des contacts sur place pour un éventuel voyage bota-nique (très dépaysant et mouvementé) !!

The Iris Family, Natural History and classification . P. Goldblatt & J.C. - Manning, Timber Press, 2008.

Avec plus de 2 000 espèces de 66 genres reconnus, les Irida-cées sont présentes sur toute la planète. Cette famille souvent très colorée est connue pour les Iris bien sur, mais aussi par d’autres genres comme les Crocus, les Freesia ou les Gladio-lus. Ce magnifique ouvrage vous permettra de découvrir, à tra-vers plus de 200 photos et dessins, des genres plus « exotiques » comme les Aristea, les Babiana d’Afrique du Sud (très riche en Iridacées) ou les étranges Cypella d’Amérique du Sud. Cet ouvrage fait vraiment référence dans le domaine et présen-te même les dernières découvertes génétiques sur la famille

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Bulletin de la SBV - 35 - n°19 - mai 2009

Linné, déjà , qui comme chacun sait aimait bien classer, distin-guait les botanophiles qui s’intéressent aux plantes pour leur utilité, des botanistes. Parmi ces derniers, les botanistes collec-teurs, les botanistes systématiciens, les nomenclateurs et les botanistes philosophes .

Rousseau appartiendrait sans doute à la dernière catégorie ou plutôt à celle des botanistes poètes. Epicurien de la nature, re-cherchant le plaisir de la découverte.

Mais laissons la place aux textes …. extraits de la 7 ème promenade… « Les arbres, les arbrisseaux, les plantes sont la parure et le vêtement de la terre. Rien n'est si triste que l'aspect d'une cam-pagne nue et pelée qui n'étale aux yeux que des pierres, du li-mon et des sables. Mais vivifiée par la nature et revêtue de sa robe de noces au milieu du cours des eaux et du chant des oi-seaux, la terre offre à l'homme dans l'harmonie des trois règnes un spectacle plein de vie, d'intérêt et de charmes, le seul specta-cle au monde dont ses yeux et son cœur ne se lassent jamais. Plus un contemplateur a l'âme sensible, plus il se livre aux exta-ses qu'excite en lui cet accord. Une rêverie douce et profonde s'empare alors de ses sens, et il se perd avec une délicieuse ivresse dans l'immensité de ce beau système avec lequel il se sent identifié… Une autre chose contribue encore à éloigner du règne végétal l'attention des gens de goût; c'est l'habitude de ne chercher dans les plantes que des drogues et des remèdes. Théophraste s'y était pris autrement, et l'on peut regarder ce philosophe comme le seul botaniste de l'antiquité : aussi n'est-il presque point connu parmi nous; mais grâce à un certain Dioscoride, grand compilateur de recettes, et à ses commentateurs, la méde-cine s'est tellement emparée des plantes transformées en exem-ples qu'on n'y voit que ce qu'on n'y voit point, avoir les préten-dues vertus qu'il plaît au tiers et au quart de leur attribuer. On ne conçoit pas que l’organisation végétale puisse par elle-même mériter quelque attention…

Ces tournures d'esprit qui rapportent toujours tout à notre inté-rêt matériel, qui font chercher partout du profit ou des remèdes, et qui feraient regarder avec indifférence toute la nature si l'on se portait toujours bien, n'ont jamais été les miennes. Je me sens là-dessus tout à rebours des autres hommes: tout ce qui tient au sentiment de mes besoins attriste et gâte mes pensées, et jamais je n'ai trouvé de vrai charme aux plaisirs de l'esprit qu'en perdant tout à fait de vue l'intérêt de mon corps…. Je me rappellerai toute ma vie une herborisation que je fis un jour du côté de la Robaila, montagne du justicier Clerc. J'étais seul, je m'enfonçai dans les anfractuosités de la montagne, et de bois en bois, de roche en roche, je parvins à un réduit si caché que je n'ai vu de ma vie un aspect plus sauvage. De noirs sapins entremêlés de hêtres prodigieux dont plusieurs tombés de vieil-lesse et entrelacés les uns dans les autres fermaient ce réduit de barrières impénétrables, quelques intervalles que laissait cette sombre enceinte n'offraient au-delà que des roches coupées à pic et d'horribles précipices que je n'osais regarder qu'en me couchant sur le ventre. Le duc, la chevêche et l'orfraie faisaient entendre leurs cris dans les fentes de la montagne, quelques petits oiseaux rares mais familiers tempéraient cependant l'hor-reur de cette solitude. Là je trouvai la Dentaire heptaphyllos, le Cyclamen, le Nidus avis, le grand Laserpitium et quelques autres plantes qui me charmèrent et m'amusèrent longtemps. Mais insensiblement dominé par la forte impression des objets, j'oubliai la botanique et les plantes, je m'assis sur des oreillers de Lycopodium et de mousses, et je me mis à rêver plus à mon aise en pensant que j'étais là dans un refuge ignoré de tout l'univers où les persécuteurs ne me déterreraient pas. Un mou-vement d'orgueil se mêla bientôt à cette rêverie. Je me compa-rais à ces grands voyageurs qui découvrent une île déserte, et je me disais avec complaisance: Sans doute je suis le premier mortel qui ait pénétré jusqu'ici; je me regardais presque comme un autre Colomb… » Et pour terminer :

« Ces idées médicinales ne sont assurément guère pro-pres à rendre agréable l'étude de la botanique, elles flétrissent l'émail des prés, l'éclat des fleurs, dessèchent la fraîcheur des bocages, rendent la verdure et les ombrages insipides et dégoû-tants; toutes ces structures charmantes et gracieuses intéressent fort peu quiconque ne veut que piler tout cela dans un mortier, et l'on n'ira pas chercher des guirlandes pour les bergères par-mi des herbes pour les lavements ».

ROUSSEAU ET LA BOTANIQUE (Choix présenté par Alain CHANU) Jean-Jacques Rousseau était un bon botaniste ; il a laissé des herbiers et de nombreux écrits sur la question- les huit « Lettres (élémentaires) sur la botanique adressées à Madame Deles-sert » et même les « Fragments pour un dictionnaire des ter-mes d’usage en botanique ». On trouve tout au long de son œuvre des références à cette passion. Les textes présentés ici proviennent des « Rêveries du prome-neur solitaire » ouvrage rédigé à la fin de sa vie (1778) alors qu’il était persécuté pour ses écrits. Il donne une image de la botanique où se mêlent compétence et poésie à l’opposé d’une vision utilitaire plutôt en vogue actuel-lement …« à quoi ça sert ?, comment ça ce mange ? ».

Ces courts extraits vous donneront peut-être l’envie de lire l’in-tégrale des « Rêveries du promeneur solitaire » ouvrage dis-ponible en Folio. Ces mêmes Rêveries ont inspiré les réflexions d’Odette MAN-DRON dans le Bulletin n°5-janvier 1998- page 20. Enfin les textes botaniques de J.J. Rousseau sont publiés dans la Pleïade- Tome IV. Et pourquoi pas L’herbier des philosophes de Jean-Marc Drouin….

Herbier de J.J. ROUSSEAU

Page 36: Bulletin Mai 2009

Bulletin de la SBV - 36 - n°19 - mai 2009

Le culte de Cérès, déesse des moissons

ou les ruses végétales!

Cérès , déesse romaine, (Demeter grecque) , fut obligée d'offrir sa fille Proserpine (Perséphone grecque) au Dieu des enfers Pluton ( Hadès)….Devant les pleurs de Cérès, Jupiter ( Zeus) eut pitié et exigea qu'Hadès offre, à Proserpine, 6 mois de liberté sur terre ….Ainsi na-quirent les saisons : 6 mois de mauvais temps avec les pleurs de Cérès et 6 mois de beau temps lorsque sa fille est auprès d'elle ! Les mythes tentent toujours l'explication de l'inexplicable du moment … et tous les cultes furent et sont toujours réservés aux initiés et dissimulés au grand public soit au travers de la "langue de bois", soit au travers de rites et de langages d'initiés non décryptables par les profanes… Ainsi nos petites graines se cachent-elles aux profanes et ne se révè-lent-elles qu'aux initiés, vous le savez bien, vous les botanistes amou-reux de la plus infime créature végétale, de la plus terne à la plus écla-tante, de la plus simple à la plus sophistiquée… Et du culte à l'agriculture et à la culture, toujours la même part ca-chée qui, puissante, permet tou-jours l'éclosion de la vie…avec "Du beau, du vrai et du bien" selon Jean-Pierre Changeux, neuroscientifique, ou François Cheng, poète académicien, qui s'interroge "La beauté sauvera-t-elle le monde ?" Oui, que de ruses déployées par toutes nos malicieuses graines obsédées de survie…car il ne faut perdre aucune chance d'éclore, il ne faut perdre aucune chance de participer à la grande chaîne de la vie ! Du gynécée de la fleur émergera le fruit qui, lui-même protégera la graine…mais oui que de diversité dans les ruses de dis-sémination et de protection !

-Les auto-stoppeuses trouvent soit une laine de mouton où s'ac-crocher comme le Séneçon du Cap (Senecio inaequidens) venu de l'Afrique du Sud à Mazamet, soit les flancs du renard ou du blaireau ou nos chaussettes et bas de pantalon comme Agrimonia eupatoria, Geum urbanum, Lappa major, Daucus carota, Orlaya sp… qui voyagent ainsi gratuitement !

-Les grandes voyageuses clandestines prennent l'avion, le train ou les pneus de nos voitures pour essaimer le long des voies ferrées, au large des aéroports, au long des routes et dans les campings…venant d'hori-zons divers par goût du voyage et de nouvelles rencontres… et par peur de la "consanguinité"!

-Les bonnes marcheuses profitent des semelles des marcheurs et, ainsi, un jour, au beau milieu de mon jardin, s'est éveillé un Pigamon Thalictrum sp…aux fragiles aigrettes couleur vieux-rose…

-Les vagabondes, nez au vent, selon l'anémomètre, s'envolent grâce à leurs aigrettes parachutes et chacune dit avec notre bon vieux Larous-se : " Je sème à tout vent" comme Taraxacum dens leonis que tout souffle d'enfant aux yeux émerveillés a regardé s'envoler, Epilobium angustifolium qui transmue certains paysages du rouge-pourpre en blanc plumeux, Tragopogon pratensis…etc…Voler, ah! oui voler comme les oiseaux, quelle joyeuse liberté !

-Les imaginatives s'offrent soit des ailes comme les samares des Éra-bles avec lesquels les gamins d'autrefois (et peut-être encore ceux d'au-jourd'hui ?) jouaient aux hélicoptères qui se posent en douceur…..soit, avant d'être graine, le pollen des pins s'offre un aérostat où il se pelo-tonne entre deux ballonnets d'air pour s'éloigner vers une fécondation croisée…que les plantes en grand nombre semblent privilégier par rapport à la rareté de l'auto fécondation!

-Mais, chut ! Écoutez les explosives… un imperceptible craquement nous fait sursauter et nous envoie une pluie de graines comme ce fa-meux "concombre d'âne" Ecballium elaterium ou les Impatiens glan-dulifera ou balfouri, comme le Cytisus scoparius…Comme il est amu-sant de faire sursauter ces humains parfois naïfs, parfois trop igno-rants !!

-Les grandes couturières car les graines ont encore plus d'un tour dans leurs sacs, dans leurs gousses, leurs capsules, leurs siliques et silicules, leurs follicules….Oui, elles s'habillent "Haute couture" chez Dame Nature dont l'ingéniosité est toujours à raconter, à observer, à admirer pour ses réalisations vives, sensibles, fantaisistes alliant poésie et bon sens….

-La gousse, longiligne fourreau, que Hippocrepis commosa tortille pour une protection de chaque graine en un "fer à cheval" tandis que Pisum sativum les aligne sagement comme Phaseolus vulgaris … Gousse ou cosse, il faut bien les écosser!

-La capsule que Papaver rhoeas emplit de très petites graines rondes encloses à l'aide d'un opercule-ombrelle (regardez bien !). Et des grai-nes en si grand nombre qui, dès le printemps, font rougeoyer les friches bercées sous la brise en une mouvance d'incendie…Les Orchidées, aux

robes si sophistiquées, aux étoffes si picturales, s'offrent aussi des capsules diversement structurées.

-La silicule où Lunaria annua a brodé une fine cloison qui répartissent les graines de part et d'autre, pour nous offrir ensuite des pièces de monnaie blanc moiré comme la soutane du Pape tandis que la silique plus allongée, vête-ment ajusté de toutes nos cardamines: de Cardamine pratensis à Cardamine pentaphylla et heptaphylla… de nos sous-bois.

-Le follicule, avec ouverture sur la face ventrale avec graines disposées de part et d'autre, chez Helleborus foetidus, chez Asclepias ou "perruches" qui boi-vent dans un verre et même chez la Reine des prés, Filipendula ulmaria, où, selon son appellation ancienne de Spi-rée, le polyfollicule se spirale. Pour-quoi toujours une touche d'originalité vestimentaire ?

-La baie charnue à l' endocarpe non durci , aux graines-pépins comme la baie du raisin, Vitis vinifera à notre

santé et dont la feuille a vêtu le premier homme, ou celle d'Atropa belladona pour faire briller les yeux des Belles Dames richement ha-billées de la cour de Louis XIV ou celle de Paris quadrifolia, "gourmandise" du renard …puis baies de plus en plus volumineuses avec les Citrus ou Pommes d'Or du jardin des Hespérides où l'endocar-pe se présente sous la forme de tranches au nombre de carpelles diver-sifiés, et chacune remplie de poils charnus au jus sucré, parfumé, aci-de, poils appelés "hespérides"

-La drupe de tous nos Prunus cerasus, et Prunus avium nos cerises, régal du printemps à la robe aux couleurs vives, au noyau dont l'ouver-ture, pour gagner la vie, sera digne du forçat…puis le volume pro-gresse depuis Prunus amygdalus (amande) à Prunus persica (pêche), puis à Persea americana (avocat) à la graine volumineuse…Soyez certain que les fruits firent preuve d'une imagination démesurée face à tous les dangers possibles…dont il faut à tout prix se protéger ! En-fermer sa possibilité de survie en un noyau…et attendre un "accident" quelconque pour s'ouvrir !

La liste est loin d'être complète… il faut bien vous laisser découvrir, durant la dormance hivernale, la croissance vernale, la fructification estivale et la récolte automnale, les multiples ruses végétales qui, ainsi, au gré du temps, au gré du vent, transmettent la continuité dans la lon-gue chaîne de la Vie !

Odette MANDRON

Drôles de graines !! « Putti dans des grenades » Bréviaire à l’usage de Rodez – vers 1472

Manuscrit – Clermont-Ferrand - Ministère de la Culture – Internet – Base Enluminures.