Bulletin Mai 2008

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Société Botanique du Vaucluse Bulletin de liaison de la Société Botanique du Vaucluse - n°18 - mai 2008 B.P. 1227 - Site Agroparc - 84911 AVIGNON CEDEX 9 La FRAXINELLE - Dictamnus albus Une plante rare et protégée du Vaucluse Photographie : Flavien Feriolo

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Bulletin de liaison de la Société Botanique du Vaucluse

Transcript of Bulletin Mai 2008

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Société Botanique

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B.P. 1227 - Site Agroparc - 84911 AVIGNON CEDEX 9

La FRAXINELLE - Dictamnus albus Une plante rare et protégée du Vaucluse

Photographie : Flavien Feriolo

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Bulletin de la SBV - 2 - n°18 - mai 2008

Société Botanique du Vaucluse

Siège Social Lycée Agricole François PETRARQUE Cantarel - route de Marseille

Adresse postale BP 1227 Site Agroparc 84911 AVIGNON cedex 9

Adresse Internet Site SBV http://www.sbvaucluse.org

Courriel [email protected]

Réunion mensuelle Tous les deuxièmes mardis du mois, au Lycée François PETRARQUE

Cotisation annuelle 18 euros membres adhérents 9 euros membres associés 9 euros étudiants demandeurs d’emploi

Droit d’entrée 7 euros nouvel adhérent

Bulletin de la SBV Distribution Le bulletin de la SBV est distribué gratuite-ment aux adhérents.

Directrice de Publication La Présidente : Huguette ANDRE

Redaction Les membres du bureau de l’association

Maquette: Denis Coquidé

Impression: Espace Dupont - 84130 Le Pontet

N° ISSN : 1281-2676

Sommaire

-Editorial P. 3 -Ont participé à ce numéro -Botanique vauclusienne P. 4 -Nouveautés 2007 pour la flore vauclusienne- B. Girerd.- JP Roux.

-Clés de détermination aide-mémoire de la flore du département de Vaucluse - Introduction - B. Girerd

-Asplenium trichomanes et ses sous-espèces dans le Vaucluse - B. Girerd.

-Suivi plantes rares et pastoralisme - G. Guende -R. Gaudin.

-Ophrys aegirtica ou Ophrys fuciflora tardif du Vaucluse ? - M. Graille.

-Actualités sur la Garidelle - G. Guende - D. Tatin.

-CEEP… c’est quoi ?

-La Fraxinelle Dictamnus albus - R. Guizard.

-Calendrier des arbres remarquables du Vaucluse. M.-T. Ziano. -La SBV en PACA P. 19 -Week-end des 23 et 24 juin 2007. La Montagne de Lure et Alpes de Hautes Provence. - A. Chanu.

-Genista radiata - R.Guizard

-Arceuthobium oxycedri - R.Guizard

-Sortie Botanique dans le Var des 31 mars et 1er avril 2007 - F. Feriolo. -Séjour botanique en SARDAIGNE du 18 au 30 avril 2007 - P. Duthilleul P. 24 -Contes d’apothicaire de Carpentras Ou comment l’on se soignait au 18ème siècle - J.-M. Pascal P. 25 -Traditions calendales en Provence au travers des végétaux - J.-M. Pascal -Parutions récentes P. 30 -Note de lecture - F. Feriolo P. 31 -Que danse la biodiversité !!.. - O. Mandron P. 31

-Encart couleur au centre du bulletin pages I à XII I - Garidelle - Garidella nigellastrum II - Fraxinelle - Dictamnus albus III - Carte de répartition pour le Vaucluse de Dictamnus albus et Arceuthobium

oxycedri IV - Calendrier des arbres remarquables du Vaucluse V - Ophrys aegirtica ou O.Fuciflora tardif du Vaucluse VI - Salagon – Les Mourres VII - Montagne de Lure (1) VIII - Montagne de Lure (2) IX - Arceuthobium oxycedri X - Genista radiata XI - Orchidées de Sardaigne (1) XII - Orchidées de Sardaigne (2)

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Bulletin de la SBV - 3 - n°18 - mai 2008

Ont participé à ce numéro

Huguette André 30250-Junas

[email protected]

Jean-Claude Bouzat 26110-Condorcet

[email protected]

Alain Chanu 84000 - Avignon

[email protected]

Pierre Duthilleul 84000 - Avignon

Flavien Feriolo 30330-Connaux

[email protected]

Régis Gaudin ONF. Vaucluse.

Bernard Girerd 84250-Le Thor

[email protected]

Michel Graille 84310-Morières les Avignon

[email protected]

Georges Guende 84400-Apt

[email protected]

Roselyne Guizard 84380-Mazan

[email protected]

Odette Mandron 38700- La Tonche

[email protected]

Jeanne-Marie Pascal 84210-Venasque

[email protected]

Jean-Pierre Roux 84200 Carpentras

[email protected]

David Tatin [email protected]

Jean-Marc Tison

38080- L’Isle d’Abeau [email protected]

Marie-Thérèse Ziano

84490-St. Saturnin d’Apt [email protected]

Vous avez reçu en Janvier le programme de l’année 2008, et vous avez constaté que la SBV organise une exposition de printemps (si chère aux membres fon-dateurs …au bon temps où elle se tenait à la Chambre de Commerce, avenue de la République, à Avignon. Ce lieu de passage a été très fédérateur dans les an-nées suivant la création de la Société. En effet, de nombreux adhérents actuels sont arrivés entre 1981 et 1986 - c’est ce qu’indique le registre

mémoire de la SBV - découvrant la Société et la botanique à travers les vitres de l’exposi-tion ! En 1987 la Chambre de Commerce a modifié la destination de ses locaux, ce qui nous a obligés à rechercher d’autres lieux d’accueil - mais trouver une salle aussi centrale, at-trayante et facile d’accès n’est pas aisé - de plus la répétition annuelle de cette manifesta-tion devenant pesante, entre 1990 et 1998 nous avons pris la décision de présenter une ex-position tous les 2 ans. Je rappelle que nous étions aux côtés de la Société Mycologique du Vaucluse avec les « Fruits d’automne », devenue elle aussi, trop répétitive et de ce fait non renouvelée depuis 2 ans. ..Au cours d’une réunion de bureau, en septembre 2007, l’idée de monter une exposition au printemps a été posée et décidée, à condition qu’elle se tienne à Avignon. Il fallait trouver une salle, et nous avons rencontré la municipalité - l’adjoint délégué à l’environnement - et formulé notre demande. Cette dernière a été acceptée par madame Roig, maire d’Avignon. La salle du péristyle, au rez-de-chaussée de l’hôtel de ville, est mise à notre disposition. Le thème retenu est « La flore du Vaucluse ». Les plantes seront installées et présentées selon leurs habitats. Une occasion de montrer aux vauclusiens le dynamisme et la compétence scientifique de la Société Botanique, de les sensibiliser à la richesse de leur patrimoine floristique. Le Vaucluse, département le plus petit de France, compte 2200 espèces répertoriées (soit 40% de .la flore de France). Bernard Girerd et Jean-Pierre Roux, nos conseillers scientifiques, rédigent actuellement le 3ième inventaire de la flore du département de Vaucluse, attendu dans un futur proche. J’espère que cette manifestation permettra la participation active du plus grand nombre. Par avance votre présidente (pour 2 ans de plus !) vous remercie de tous les efforts et du temps que vous consacrerez pour réussir cette exposition Huguette ANDRÉ, présidente.

Editorial

Bureau 2007 – Elections du 11 mars 2008 - 12 membres. Huguette André Présidente Roselyne Guizard Vice-Présidente Mireille Tronc Vice-Présidente Claire Ventrillard Trésorière Nicole Chiron Trésorière – adjointe Michel Graille Secrétaire Flavien Fériolo Bibliothécaire Jean-Claude Bouzat Coordonnateur des relevés botaniques Paule Daillant Communication et relations avec la presse Autres membres : Alain Chanu, Hélène Pellecuer, Jacques Mus Conseillers scientifiques : Bernard Girerd - Jean-Pierre Roux. Commission de vérification des comptes : Jean-Marie Bernard-Henri Courtois- Robert Fournier.

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Botanique Vauclusienne

Cette dernière année 2007 n’a pas été très riche en découvertes floristiques départementales. Nous pouvons quand même enre-gistrer quatre espèces nouvelles très intéressantes aussi bien du point de vue systématique qu’en ce qui concerne leur écologie et leur chorologie. Nous compléterons cette actualisation par un « avis de recherche » concernant 2 espèces devant se trouver dans le Vaucluse, mais méconnues jusqu’à maintenant. Enfin, nous présenterons des iconographies des Potentilla du groupe « hirta-recta » évoquées l’année dernière à propos de Potentilla pedata Willd. ex Hornem.

1 - Les quatre espèces nouvelles Bromus secalinus L. - Ce brome annuel de 40 à 80 cm de haut fait partie du sous-genre Bromus (genre Serrafalcus Parlat. des anciennes flores), caractérisé par des glumes assez courtes (moins de 9 mm), munies chacune de 3 à 7 nervures et à arêtes sommitales naissant un peu au-dessous du sommet échancré. Cette espèce est très proche de deux autres bromes déjà bien connus dans le Vaucluse : Bromus arvensis L. et Bromus race-mosus L. avec lesquels on peut le confondre. B. arvensis a ce-pendant des épillets plus étroits (3 à 4 mm au lieu de 5 à 6 mm). La ressemblance est plus grande avec B. racemosus (surtout représenté dans le Vaucluse par la subsp. commutatus (Schrader) Syme) et d’ailleurs, on admet une parenté entre les deux avec des populations morphologiquement intermédiaires. On peut noter, pour faire la différence, que les épillets de B. secalinus ont des fleurs écartées et séparées les unes des autres par un léger intervalle laissant voir les axes à maturité. De plus, les lemmes ont des bords enroulés alors que chez B. racemosus, les épillets sont denses, les fleurs étant serrées et imbriquées, sans espace, et les lemmes ont les bords plans. Il s’agit d’une messicole recherchant des sols peu ou non calcai-res, rare et en régression dans le Midi et dont la présence est exceptionnelle en région méditerranéenne. En revanche, ailleurs en France, et tout particulièrement dans l’Est, elle se maintient bien et semble même progresser localement. Pour notre région, les citations dans les Bouches-du-Rhône sont anciennes et dans la Drôme, elle est seulement connue dans le nord du départe-ment. La découverte par l’un de nous (J.-P. R.) et par G. GUENDE d’une population à Cadenet (Castelar) dans un champ de céréales un peu négligé est donc très importante et des recherches ultérieures sont à prévoir, principalement dans la région de Pertuis. Dipcadi serotinum (L.) Medikus - Liliacée bulbeuse (actuellement rangée dans les Asparagacées) à feuilles linéaires toutes à la base, plus courtes que les tiges ; celles-ci, haute de 20 à 40 cm forment des inflorescences spiciformes comportant de nombreuses fleurs en forme d’entonnoirs, longues de 10 à 15 mm, penchées et de couleur variant du vert jaunâtre au brun orangé. Une petite population (quelques individus seulement) a été dé-couverte par A. et N. CHANU à Avignon à la Courtine. Cette plante a une répartition très irrégulière et même un peu énigma-tique. Jamais vue dans le Vaucluse jusqu’à maintenant, on la connaissait près d’Avignon, dans la Montagnette de Saint-Michel-de-Frigolet. Elle a été considérée comme naturalisée dans les Bouches-du-Rhône et elle est indiquée comme peu

Nouveautés 2007 pour la flore vauclusienne

Dipcadi serotinum (L.) Scanner : Alain Chanu

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fréquente dans le Diois (Drôme). En revanche, dans la région Languedoc-Roussillon, elle est beaucoup plus régulièrement observée et on la rencontre des basses collines de la région de Rémoulin jusqu’ en Cerdagne.

Festuca arvernensis Auquier, Kerguélen & Markgraf-Dannenberg - Sur le plateau sommital du Saint-Amand, à 700 m d’altitude, on observe depuis longtemps une population très dense de Festuca du groupe « ovina », remarquable par sa cou-leur glauque bleutée ; les plantes sont de grande taille (40 à 50 cm) et forment des touffes compactes. Nos premières observa-tions, trop partielles, nous faisaient hésiter entre Festuca laevi-gata Gaudin et Festuca burgundiana Auquier & Kerguélen et dans le même secteur, on peut aussi observer des Festuca mar-ginata (Hackel) K. Richter bien typiques. Pour tenter d’en dé-coudre avec ces plantes énigmatiques, nous avons procédé cette année au prélèvement d’une dizaine d’échantillons que nous avons transmis à R. PORTAL, spécialiste bien connu que nous remercions vivement. D’après lui, mais sous toutes réserves, nos plantes devraient être rapprochées de F. arvernensis et plus précisément de la subsp. costei (St-Yves) Auquier & Kergué-len. Comme F. laevigata, la plante du Saint-Amand a des feuil-les basales épaisses (plus de 0,7 mm de diamètre) mais avec un sclérenchyme non continu, irrégulier, renforcé au centre et sur les côtés, formant 3 îlots plus ou moins bien individualisés alors que chez F. laevigata, le sclérenchyme est généralement pres-que continu. Ces critères nécessitant des examens de détail, on peut, sur le terrain, et pour une première approche, noter que les épillets sont plus petits chez F. arvernensis (moins de 9 mm) que chez F. laevigata (plus de 9 mm et plus longuement aristés) et surtout prendre en compte la couleur bleutée du feuillage qui constitue un bon repère ; d’ailleurs les anciens botanistes ont longtemps assimilé F. arvernensis à Festuca glauca Villars, mais de façon très imprécise qui n’a pas été retenue.

Comme son nom l’indique, c’est essentiellement une plante du Massif central, restant presque toujours localisée à l’ouest du Rhône, sur sol siliceux (ce qui n’est pas bien le cas du Saint-Amand !), où elle est relativement abondante, notamment en Ardèche. A l’est du Rhône, en revanche, sa présence devient très rare, voire exceptionnelle. Quant au rattachement à la subsp. costei, il faut rester prudent, la séparation en 2 taxons ne paraît pas admise de façon bien définitive. Quoique il en soit, cette fétuque apparaît bien comme très origi-nale et confirme tout l’intérêt floristique du Saint-Amand où d’autres plantes remarquables comme Millium vernale M. Bieb. (extrêmement rare actuellement en France) sont régulièrement observées.

Verbascum phlomoides L. - Les grandes molènes à feuilles blanchâtres et très longues inflorescences dressées et rigides dépassant largement 1 m de haut, globalement appelées « bouillon blanc », comprennent trois espèces qu’on a souvent tendance à confondre car, de loin, elles ont à peu près le même aspect. Pour reconnaître avec certitude la plus répandue dans tout le département, jusque dans les parties élevées du mont Ventoux, c’est-à-dire Verbascum thapsus L., il faut examiner les stigmates qui sont courts et arrondis ; ses feuilles sont très décurrentes sur les tiges. Par contre, si les stigmates sont allon-gés et décurrents sur les styles (caractère visible même après floraison au sommet des jeunes fruits) on peut être en présence de deux autres espèces. L’une à feuilles décurrentes sur les ti-ges, c’est Verbascum densiflorum Bertoloni (= V. thapsiforme Schrader), plante assez souvent observée dans le département (quoique sans doute parfois confondue avec la précédente). L’autre est V. phlomoides, à feuilles non décurrentes sur les tiges, dont la présence dans le Vaucluse a souvent été soupçon-

née mais jamais confirmée jusqu'à maintenant. Or, cette année, G. GUENDE en a observé une importante population à Pertuis, sur les bords de l’Èze et une autre population a été vue par l’un de nous (B.G.) à Mirabeau. De Plus P. KLAUSSNER l’a notée à Rustrel et à Lagarde-d’Apt, mais en signalant la présence de plantes intermédiaires. Par ses feuilles non ou très peu décurrentes, donc à tiges totale-ment nues ou presque, cette espèce est bien caractérisée. Nous pensons qu’elle n’est pas abondante dans le Vaucluse. Elle sem-ble absente des Bouches-du-Rhône et est considérée comme erratique dans la Drôme. Concernant les plantes à caractères intermédiaires (feuilles à moitié décurrentes), il faut signaler que F. BILLY (Monde Pl. 463 : 27, 1998) a bien exposé ce problème qui semble avoir donné lieu à des interprétations diverses et parfois contradictoi-res, et il en conclut qu’en Auvergne, V. phlomoides est absent et que V. densiflorum présente des morphologies très variables. Dans le Vaucluse et jusqu’à ces dernières observations, on pou-vait penser la même chose. En conclusion et dans l’état actuel de nos connaissances, on peut admettre que seuls les sujets à tiges nues (ceux de Pertuis ou de Mirabeau sont parfaitement conformes) doivent être attri-bués à V. phlomoides. Tous les autres, à feuilles plus ou moins décurrentes, entrent dans les variations de V. densiflorum, varia-tions que des flores anciennes ont nommées Verbascum thapsi-forme Schrader ou Verbascum australe Schrader. Il nous appartient maintenant d’affiner nos observations vauclu-siennes pour confirmer ce traitement, mais il faut faire attention aux confusions avec V. thapsus et à la présence d’hybrides tou-jours possibles.

2 - Avis de recherche

Il y a des plantes que l’on découvre dans la nature, comme les quatre espèces nouvelles décrites ci-dessus et il y a celles qui apparaissent dans les flores ! Ainsi, l’examen du projet de la « Flore de la France méditerranéenne » qui va bientôt sortir nous révèle que deux espèces, jusqu’à maintenant ignorées par manque de descriptions disponibles, doivent exister dans le Vaucluse. Pour orienter les recherches, nous les décrivons ci-dessous. Orobanche grenieri F.W. Schultz (= O. lactucae Arvet-Touvet) - Cette espèce pourrait bien correspondre en réalité à nos obser-vations d’Orobanche cernua Loefling et sans doute la rempla-cer purement et simplement. C’est une plante méconnue (absente de Flora Europaea, des flores de PIGNATTI et du CNRS, de la monographie de KREUTZ et mise en synonymie avec O. cernua dans Flora Iberica). Voici ce que nous écrit J.-M. TISON à ce sujet : « O. grenieri est un taxon bien distinct et il est probable que toutes les "cernua" du Vaucluse lui appartiennent. La vraie « cernua » est très thermophile (confirmée en France seulement sur le littoral) et elle a vraiment des couleurs terribles, comme sur le bouquin de KREUTZ ». La différence entre les 2 peut se résumer ainsi : Orobanche cernua - Corolles non veinées, bicolores (base blanchâtre et sommet bleu acier), à extrémité fortement courbée vers le bas en fin de floraison. Orobanche grenieri - Corolles violacées, veinées, à extrémité sensiblement horizontale. Il faudrait donc revoir nos populations déterminées O. cernua qui d’ailleurs sont peu nombreuses et dispersées (Dentelles de Montmirail, mont Ventoux, etc.). Il faut noter enfin, que nos observations ont porté sur des plantes parasitant justement des laitues cultivées ou sauvages, ce qui confirmerait la détermina-tion d’O. grenieri.

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Bulletin de la SBV - 6 - n°18 - mai 2008

Taraxacum aquilonare Handel-Mazzetti - C’est un pissenlit d’altitude du centre et du sud-est de l’Europe (cf. Flora Euro-paea et la flore de PIGNATTI), certainement peu connu en France. Il est cité au mont Ventoux d’après une récolte de C. BERNARD en 1975, dans une publication spécialisée (KIRSCHNER & STEPANEK, 1985 - "Taraxacum hoppea-num" and its allies (Studies in Taraxacum 4). Preslia (Praha) 57 : 111-134). La plante doit avoir le port d’un Taraxacum laevigatum (Willd.) DC. (= T. erythrospermum Besser) qui est caractérisé par des fruits rouges, des bractées corniculées et des feuilles très décou-pées. La différence entre ces deux taxons peut se faire ainsi : Taraxacum laevigatum - Feuilles intérieures (les plus décou-pées) à pétioles non ailés à la base ; akènes mûrs dépassant rare-ment 3,8 mm de longueur, cônes compris ; bractées fortement corniculées. Taraxacum aquilonare - Feuilles toutes à pétioles ailés sur toute la longueur (décurrence du limbe) ; akènes mûrs dépassant normalement 4,5 mm de longueur ; bractées peu corniculées. Il faudrait donc observer dans les parties hautes du mont Ventoux (au-dessus de 1600 m d’altitude) des plantes à gros fruits rouges mais à feuilles beaucoup moins profondément divisées et avec des lobes plus larges que chez T. laevigatum. Il serait utile de récolter des échantillons en prenant soin de prélever quelques fruits mûrs, à conserver dans des sachets. 3 - Potentilla hirta L., Potentilla recta L. et Potentilla pedata Willd. ex Hornem. Dans le bulletin de la S.B.V. de l’année dernière, nous avons mis en évidence l’existence d’une potentille très répandue dans le Vaucluse, auparavant nommée tantôt P. hirta, tantôt P. recta et souvent avec hésitation, mais en réalité méritant le rang d’es-pèce autonome bien différente. Comme annoncé dans cette rubrique, une étude vient de paraître faisant une mise au point générale (TISON J.-M. & MALÉCOT V., 2007 – Potentilla pedata Willd. ex Hornem. (Rosaceae), espèce française méconnue. Monde Pl. 493 : 5-18). Cet article comporte une planche d’herbier pour chacune de ces trois espèces concernées ; nous les reproduisons ci-après car elle permettent de bien comparer la forme des feuilles ; elles per-mettent aussi de bien constater que P. pedata présente une taille et une morphologie nettement intermédiaires entre les deux au-tres. Voici par ailleurs la clé de détermination que nous proposons pour les différencier : Fleurs jaune clair ; folioles dentées tout autour (8 à 10 dents de

chaque côté). Potentilla recta Fleurs jaune d’or ; folioles sans dents à la base.

Folioles ne comportant que 1 à 3 dents de chaque côté Potentilla hirta

Folioles comportant 3 à 8 dents de chaque côté Potentilla pedata

Bernard GIRERD et Jean-Pierre ROUX

A tester !

Clés de détermination aide-mémoire de la flore du département de Vaucluse

Ce document regroupe 280 clés de détermination et cite près de 1700 espèces, soit les 9/10° de la flore du Vaucluse (seuls manquent les genres monospécifiques). De plus, beaucoup de sous-espèces sont prises en compte et incorporées dans les clés.

En conformité avec le 3° inventaire actuellement en cours de rédaction (en collaboration avec J.-P. Roux), l’ordre systématique reste le même que celui des inventai-res de 1978 et de 1990 (celui de la flore de Fournier), c’est-à-dire sans tenir compte des bouleversements im-portants proposés par les travaux récents qui auraient en-traîné des distorsions et par suite, une utilisation difficile.

Par contre, la nomenclature est généralement (mais pas toujours !) alignée sur les tendances récentes ; il s’agit de changements, parfois un peu désagréables, permettant une actualisation raisonnable et utile. Pour éviter les confusions provoquées par ces différences nomenclatura-les, tous les noms utilisés par Fournier ou par l’inventaire de 1990, lorsqu’ils sont différents, sont indiqués entre parenthèses (mais pas les synonymes de toutes les autres flores !)

Ces clés sont essentiellement destinées à faciliter les déterminations sur le terrain. Elles sont sommaires et re-posent en général sur un nombre de caractères réduit mais d’observation facile (sauf exceptions). N’étant pas très rigoureuses, elles peuvent entraîner des difficultés lorsque les sujets sortent sensiblement de leur morphologie moyenne. Dans tous les cas litigieux, il faut recourir à une des grandes flores actuellement utilisées.

S’agissant uniquement des plantes connues dans le département de Vaucluse, l’utilisation de ces clés en de-hors du département est certainement possible, mais avec prudence. Bien entendu, les espèces découvertes depuis 1990 (et jusqu’à fin 2007) sont bien incorporées.

Il n’y a pas de table des matières, mais les 84 familles concernées sont numérotées et un index numérique figu-rant en fin d’ouvrage (sans pagination) permet de les trouver et ensuite de chercher le genre souhaité. Pour 2 familles importantes (Poacées et Astéracées) les genre sont numérotés et listés en début de la famille pour facili-ter leur recherche.

Pour conclure, ces clés ne sont pas des « clés-miracles ». Il faut bien penser que la détermination des plantes comporte toujours une marge d’incertitude et qu’une part de flair est nécessaire pour éviter les pièges !

Bernard GIRERD – 1° janvier 2008

(document distribué aux adhérents participant aux réunions

mensuelles et aux sorties botaniques)

Planches Potentilla reproduites pages 7, 8, 9 avec l’aimable autorisation

- des auteurs - J.-M. TISON et B.GIRERD. - de G.LARGIER - Le Monde des Plantes.

Page 7: Bulletin Mai 2008

Bulletin de la SBV - 7 - n°18 - mai 2008

Potentilla recta L. – L’Isle d’Abeau (Isère), juin 1990, herbier privé J.-M. TISON.

Page 8: Bulletin Mai 2008

Bulletin de la SBV - 8 - n°18 - mai 2008

Potentilla hirta L. – Toulon (Var), mai 2007, herbier privé J.-M. TISON.

Page 9: Bulletin Mai 2008

Bulletin de la SBV - 9 - n°18 - mai 2008

Potentilla pedata Willd. ex Hornem. Gordes (Vaucluse), mai 2006, herbier privé B.GIRERD.

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Bulletin de la SBV - 10 - n°18 - mai 2008

Asplenium trichomanes et ses sous-espèces dans le Vaucluse

Jusqu’à une époque récente (c’était le bon temps !), Asple-nium trichomanes était une fougère sans problèmes, populaire-ment connue sous le nom de Capillaire, bien caractérisée et ty-pée avec ses pétioles noirs et brillants.

Mais à partir des années 1960 on a vu apparaître successi-vement des sous-espèces (5 ou 6 en France, d’autres encore à l’étranger !), sans parler des hybrides entre elles.

Les descriptions morphologiques de ces nouveaux taxons ont donné l’impression, dans un premier temps, qu’il était facile de les reconnaître, mais il a fallu rapidement déchanter car les limites susceptibles de faire les discriminations entre ces plantes variables se sont avérées très incertaines.

Cette situation a bien été confirmée par les spécialistes tels que M. Boudrie et R. Prelli (que je remercie vivement pour leur collaboration) à qui j’ai soumis des échantillons dont un grand nombre sont revenus avec les mentions « cloniques » ou « hybrides » et les populations souvent « hétérogènes ».

À ce sujet, je ne peux mieux faire que de recopier ici l’es-sentiel d’une correspondance adressée par R. Prelli à J.-L. Amiet, avec l’aimable autorisation de l’un et de l’autre. R. Prel-li, le spécialiste bien connu et auteur de l’ouvrage magistral sur les Fougères et plantes alliées (2002) y expose avec pragmatis-me sa position sur le problème des sous-espèces d’A. trichoma-nes. « Il faut bien savoir que si les fougères sont parfois difficiles au niveau spécifique, la détermination des sous-espèces relève sou-vent de la mission impossible : les biologistes de laboratoires ont montré qu’il existe des unités infraspécifiques génétique-ment distinctes, et les botanistes de terrain voudraient pouvoir

les identifier avec au maximum un microscope ; ce n’est pas toujours possible, loin de là. Dans le groupe A. trichomanes, il y a eu d’abord la mise en évidence de plantes diploïdes et tétraploïdes, d’où les sous-espèces trichomanes et quadrivalens. Les premiers diploïdes identifiés étaient silicicoles et plutôt montagnards, mais on a déniché ensuite des diploïdes calcicoles, de plus basse altitude et à morphologie assez différente ; ainsi est née la sous-espèce inexpectans. Les spécialistes se sont ensuite penchés sur la variabilité mor-phologique des tétraploïdes et ont constaté que certaines formes très particulières sont occasionnellement associées à des plantes dont les spores fortement avortées traduisent l’origine hybride. On est donc en présence de populations génétiquement distinc-tes du banal quadrivalens, et les anciennes « variétés » pachyra-chis et hastatum ont été promues au rang de sous-espèces. Mais si ces sous-espèces existent bien, les reconnaître dans la nature est une tout autre question. La moins difficile à identifier est la sous-espèce trichomanes, dont les spores sont en moyen-ne plus petites que celles de la sous-espèce quadrivalens. Ce-pendant, les amplitudes de variation semblent presque jointives, de sorte qu’en l’absence de comptage chromosomique une in-certitude peut subsister. La différence dans la taille des spores entre le diploïde inexpec-tans et le tétraploïde quadrivalens n’est pas très marquée. On considère généralement qu’il n’est pas prudent de déterminer un inexpectans sans contrôle cytologique ; d’où le faible nombre de points connus. Quant à hastatum et pachyrachis, ils ne se distinguent pas du quadrivalens par la taille des spores ; étant tous les trois tétra-ploïdes, il n’y a donc que la morphologie foliaire. Dans ces conditions, on ne peut nommer que les individus « typiques », qui sont en réalité des formes extrêmes. On se perd en hésita-tions sur les individus moins marqués, ce qui conduit certains à contester la validité de taxons si mal caractérisés. C’est peut-être simplement parce que ces discontinuités généti-ques (mineures) ne se traduisent pas par des différences mor-phologiques nettes ; explication simple, mais qui ne solutionne pas notre problème d’identification. Voilà, je crois, comment on peut présenter ce problème, incita-tion à rester modeste dans les déterminations » (fin de citation).

Nous voilà donc fixés sur les aléas pour déterminer nos sous-espèces d’Asplenium trichomanes. Le présent article n’a pas pour but de décourager nos recherches régionales, mais de bien avertir des difficultés. Il peut tout aussi bien susciter des vocations pour qui voudrait entreprendre des recherches préci-ses dans ce domaine, ce qui serait très souhaitable.

Pour tenter de détecter des morphologies types puisqu’elles existent, les silhouettes reproduites ci-dessous comparent les 5 sous-espèces décrites en France, d’après des échantillons prove-nant de mon herbier (1,2 et 3) ou transmises par R. Prelli (4 et 5).

Page 11: Bulletin Mai 2008

Bulletin de la SBV - 11 - n°18 - mai 2008

Planche des 5 sous-espèces

1 - Sous-espèce trichomanes : taxon diploïde strictement silici-cole, réputé facile à reconnaître : pennes petites, arrondies, es-pacées et insérées obliquement sur le rachis. Toutefois la facilité n’est pas totale et J.-L. Amiet a collecté des plantes morphologi-quement bien typées mais à grosses spores comme chez quadri-valens et d’autres qui se sont révélées tétraploïdes ! Dans l’état actuel de nos connaissances, cette plante, très abondante dans tous les massifs siliceux de la France, n’a pas été observée en Vaucluse ; à rechercher cependant dans nos massifs non calcai-res.

2 - Sous-espèce quadrivalens : taxon tétraploïde considéré comme le plus répandu dans notre région. Il n’est pas possible, compte tenu des grandes variations individuelles (âge des sujets et situations stationnelles) de le définir morphologiquement de façon certaine. Toutefois, ce sont généralement des plantes ro-bustes ; le sommet des feuilles, très effilé, avec des segments terminaux de plus en plus petits est un bon indice. Des détermi-nations « par défaut » peuvent être envisagées si on ne remarque aucun des critères affectés aux autres sous-espèces - méthode empirique qui, d’après R. Prelli, a été bien admise par le ptéri-dologue allemand Wilfried Bennert (université de la Ruhr), di-sant, en observant un échantillon : « Y a-t-il une bonne raison d’en faire autre chose que du quadrivalens ?»

Commentaires sur ces 5 sous-espèces :

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Bulletin de la SBV - 12 - n°18 - mai 2008

3 – Sous-espèce inexpectans : plante diploïde très comparable à la précédente, dont la principale différence morphologique est le sommet des feuilles brusquement rétréci, non effilé, le lobe ter-minal étant très large. Découvert dans les années 60 dans les gorges de la Nesque, ce taxon y a été revu ensuite par M. Bou-drie (accompagné d’hybrides avec A. quadrivalens) puis par les botanistes vauclusiens. Il a également été signalé à Buoux par une chercheuse allemande (Helga Rasbach) et par moi-même (au fond des gorges, 2007). On peut penser que cette plante se trouve ailleurs en Vaucluse, encore non observée. Dans le sud de la Drôme, J.-L. Amiet en a observé plusieurs populations, mais il précise dans ses « fiches botaniques 2007 », non pu-bliées, qu’il constate des différences morphologiques avec les plantes de la Nesque et aussi, ce qui est plus gênant, avec les critères donnés par D. Lovis (1964), le descripteur de ce taxon. 4 – Sous-espèce hastatum : taxon tétraploïde très proche de quadrivalens, surtout caractérisé par des pennes allongées, peu dentées, les inférieures plus ou moins munies d’oreillettes leur donnant un aspect nettement hasté. Il s’agit du taxon le plus récemment décrit d’après des récoltes faites dans le Luberon, notamment à Buoux (Jessen S., 1995) où je n’ai pas réussi à le retrouver mais j’ai récolté une feuille (peu typique) à Malaucè-ne, au pont du Toulourenc de Veaux (19.10.2000), déterminée par R. Prelli (non retrouvé en 2007). C’est une plante énigmati-que qui mériterait d’être recherchée car c’est la moins connue en Vaucluse de nos 4 sous-espèces. 5 – Sous-espèce pachyrachis : les pennes de ce taxon tétraploï-de sont normalement allongées et étroites, profondément den-tées ou crénelées, et les feuilles, à rachis épais et cassant, sont fortement plaquées sur le rocher, épousant ses aspérités. Ce dernier caractère a parfois été pris comme déterminant à lui seul ; or, ce n’est pas le cas, car on peut souvent rencontrer des quadrivalens également appliqués sur les rochers. J.-L. Amiet qui a minutieusement étudié les pachyrachis de la région de Nyons a constaté une importante variation morpholo-gique et aussi la présence d’hybrides avec quadrivalens ; il a également remarqué que ce taxon recherche les parois ne rece-vant pas directement la pluie et il a écrit à ce sujet, dans ses fiches botaniques 2006, la précieuse remarque suivante : « Dans des conditions de vie particulièrement rigoureuses, la banale sous-espèce quadrivalens peut acquérir un faciès « pachyrachidien », avec des frondes contractées et sinueuses appliquées sur le support. Il semble que le meilleur caractère distinctif entre les « faux » et les « vrais » pachyrachis réside dans la présence, chez ces derniers, d’un lobe dentiforme à la base des pennes, sur leur bord postérieur et aussi, dans certaines populations, sur le bord antérieur (les pennes étant alors plus ou moins cunéiformes) » (citation autorisée par J.-L. Amiet que je remercie vivement pour son amicale collaboration). Dans le Vaucluse, plusieurs récoltes attribuées à ce taxon ont été faites : à Avignon, au rocher des Doms (J.-P. Jacob 1996), à Malaucène, au pont de Veaux (mars 2007) et à Buoux (mars 2007). C’est encore une plante à rechercher car nous sommes loin des débuts où toutes les plantes appliquées sur les rochers lui étaient attribuées ! Hybrides : Il faut bien savoir aussi qu’il existe des hybrides entre toutes ces sous-espèces ; ils sont caractérisés par la forte proportion de spores avortées (et même parfois des sporanges avortés). D’après J.-L. Amiet : « ils nous apportent la preuve que les « sous-espèces » ne sont pas des vues de l’esprit des ptéridologues « coupeurs de cheveux en quatre » mais que, sous des morphologies fluctuantes et seulement indicatives, il y a

bien des entités biologiquement distinctes puisque les génomes ne sont pas entièrement compatibles, ce qui se traduit par une stérilité des descendants (spores avortées). Asplenium trichomanes des gorges de la Nesque : On trouvera ci-après une planche réalisée par J.-L. Amiet regroupant des spécimens collectés dans trois stations différentes des gorges de la Nesque, localité classique d’inexpectans. Ils ont tous été ana-lysés en cytophotométrie dans le laboratoire du Professeur Via-ne, en Belgique. Le spécimen de quadrivalens a été reconnu tétraploïde, alors que les inexpectans sont diploïdes ; quant aux hybrides dont la morphologie est identique aux inexpectans, ils n’ont pu être reconnus que parce qu’ils sont triploïdes. Ce genre d’étude qui n’est pas à la portée des amateurs situe parfaitement le niveau de la recherche qui nous préoccupe.

Conclusions

Que faut-il retenir de tout ce qui précède ? Tout d’abord, que l’étude de nombreuses fougères est

maintenant passée entre les mains des biologistes et que les botanistes de terrain doivent en tirer les conséquences. De plus il faut s’attendre à d’autres surprises dans les futures recherches qui ne manqueront pas d’apporter bientôt d’autres changements importants ; il paraît, en effet, que ces sous-espèces que nous avons beaucoup de difficultés à reconnaître, seront prochaine-ment érigées en espèces, mais on est pas encore là et nous pou-vons rester classique, sans nous couvrir de honte !

Nous devons donc faire preuve de beaucoup de prudence dans nos déterminations. Sachant que pour la plupart de nos observations ou récoltes nous ne sommes pas en mesure de me-surer les spores, ni encore moins de dénombrer les chromoso-mes, nous devons faire les citations avec réserves.

Je suggère donc que, dans les listes d’observations, on mentionne par exemple : Asplenium trichomanes cf. quadriva-lens, même dans le cas d’une détermination « par défaut » com-me suggérée plus haut, si probable soit-elle puisque seul le ni-veau de ploïdie sépare cette sous-espèce des sous-espèces tri-chomanes et inexpectans.

Par contre, on peut tenter de distinguer les sous-espèces hastatum et pachyrachis d’après la morphologie foliaire en pre-nant soin de prélever, pour étude, des feuilles à l’état adulte, bien entières et rapidement pressées et séchées. Il faut aussi examiner l’ensemble des plantes d’une population et non des sujets isolés.

Voilà donc quelques pistes à suivre. Bonne chance et bon courage aux botanistes vauclusiens ! Bibliographie Jessen S., 1995 - Asplenium trichomanes L. subsp. hastatum, stat. nov. - eine neue Unterart des Braunstiel-Streifenfarn in Europa un vier neue intraspezifische Hybriden (Aspleniaceae, Pteridophyta). Bern. Bayer. Bot. Ges. 65 : 107-132). Lovis J.D., 1964 –The taxonomy of Asplenium trichomanes in Europe. Brit. Fern. Gaz. 9 : 147-160 Prelli R. (coll. M. Boudrie), 2002 – Les Fougères et plantes alliées de France et d’Europe occidentale. Paris, (Belin) - 1 vol. très illustré, 431 p.

Bernard GIRERD, 22 mars 2008

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Bulletin de la SBV - 13 - n°18 - mai 2008

Planche réalisée par : J.-L AMIET

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Bulletin de la SBV - 14 - n°18 - mai 2008

Suivi plantes rares et pastoralisme Depuis trente ans le Parc Naturel Régional du Lube-ron (PNRL) a épousé la cause du pastoralisme et a mené un vaste programme de réhabilitation et d’étu-des de ses milieux ouverts rares et sensibles ; dont l’objet est la gestion des habitats et espèces qui en font la qualité biologique. De nombreuses missions d’expertises techniques, scientifiques et d’inventaires ont été menées. Elles ont mis en évidence que ces milieux nécessitent la dent du bétail entre autre, pour maintenir la qualité pastorale et biologique de ces habitats. Cependant les types d’élevages se sont modifiés .Les petits effectifs d’autrefois (200-500 bêtes) gage du maintien de milieux naturels diversifiés se sont redé-ployés de nos jours en systèmes à gros effectifs (1000-1500 bêtes). Ceux ci peuvent comporter un risque de perturba-tions notoires concernant les espèces patrimoniales les plus rares donc les plus fragiles. Dans le cadre du suivi des Mesures Agri-Environnementales (MAE) territorialisées, il a été convenu en 1999 que le PNRL et l’Office National des Forêts (ONF) réalisent un suivi annuel de l’im-pact du pastoralisme, sur 12 espèces végétales à for-te valeur patrimoniale: Gagea luberonensis, Gagea granatelli, Ephedra distachya, Ephedra major, Ophrys aurelia, Brassica repanda subsp saxati-lis ,Ranunculus gramineus, Euphorbia fla-vicoma, Serratula nudicaulis,Thapsia villo-sa, Anemona hortensis,Tulipa sylvestris subsp australis, Genista villarsii, Arenaria aggregata, Allium flavum. Après bientôt 10 ans de suivi les résultats de cette étude démontrent que l’interprétation des résultats concernant les effets du pastoralisme est fortement brouillée selon les espèces par ceux du climat (facteur déterminant également fortement le vivant). Par ailleurs, depuis 2003 il est confirmé que les effets du réchauffement climatique sont devenus prépondé-rants et les plus prégnants sur la biologie des popu-lations de ces espèces, au point d’affecter durable-ment la lisibilité de l’importance de la variable pasto-rale. Georges GUENDE (PNRL)-Régis GAUDIN (ONF)

Ophrys aegirtica ou Ophrys fuciflora tardif du Vaucluse ? Lors de la sortie botanique du 2 juin 2007, M. Duthilleul nous a présenté, sur les bords de L’Eygues , à Sérignan du Comtat, une belle station d’un ophrys qui suscite bien des interrogations. Description :

-tige robuste, élancée, pouvant atteindre 60 cm. -fleurs moyennes à très grandes, en épi lâche. -sépales - ovales, lancéolés, de couleur blan che à rouge avec une nervure médiane verte. -pétales - triangulaires, allongés, de couleur rose foncé à rouge pourpre - labelle moyen à très grand, entier, de forme arrondie à trapézoïdale, étalé ou légèrement convexe, de couleur brun foncé – à sa base se trouvent deux bosses sur les côtés qui se nom ment gibbosités. La macule occupe la partie centrale du labelle. L’appendice triangulaire ou à trois dents est vert- jaunâtre, souvent inséré dans une échancrure. Cette orchidée rare pousse en terrain calcaire ou li-moneux sur les rives des rivières fraîches, de pleine lumière à mi ombre. Sa floraison à basse altitude, en climat chaud, est tar-dive – fin mai à fin juin. Il existe des possibilités de confusion avec O.Fuciflora subsp. elatior, des différences avec O. aegirtica sticto-sensu Delforge 1996, des formes qui font penser à une transition avec O. scolopax… Ces plantes vauclusiennes nécessitent des études plus approfondies.

Michel GRAILLE D’après : - Rémy Souche – Les orchidées sauvages de France – grandeur nature. - Roland Martin – Les orchidées sauvages du Luberon et site Internet – orchidées du Vauclu se. - Marcel Bournérias – Les orchidées de Fran ce, Belgique et Luxembourg Voir encart couleur page V

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Bulletin de la SBV - 15 - n°18 - mai 2008

Actualités sur la Garidelle Le Parc Naturel Régional du Luberon (PNRL) et le Conserva-toire Etudes des Ecosystèmes de Provence (CEEP) travaillent depuis de nombreuses années (1997) à la réhabilitation entre petit Luberon et Durance de la dernière parcelle de Garidelle (Garidella nigellastrum) française pérenne. La gestion menée depuis a permis de restaurer les conditions de fonctionnement et de développement nécessaire à cette espèce rarissime protégée au niveau national, et de redynamiser consi-dérablement sa population. 2007 aura été une année particulièrement favorable : plus de 3000 pieds de Garidelle ont été inventoriés, soit prés du double des résultats obtenus les meilleures années. En 2007 l’ancien agriculteur gestionnaire du site en pré-retraite a souhaité passer la main. Une nouvelle convention a été établie avec un nouvel agriculteur de Mérindol. Cette nouvelle conven-tion est semblable à la précédente sauf que le site ne sera plus pâturé faute de moutons. Une clause expérimentale a été égale-ment introduite sur la densité des semis (Deux lots différents de 8O et 130 Kg/ha) afin d’avoir des informations plus fines sur la biologie et le comportement de l’espèce. La commune de Mérindol vient d’acquérir une parcelle attenan-te ,aussi porteuse de Garidelle en faible quantité,mais également d’un cortége floristique des plus intéressants (plus de cent espè-ces végétales répertoriées au total dont certaines d’intérêt patri-monial).L’objectif de l’acquisition est notamment d’utiliser cette parcelle comme aire de stationnement lors de manifesta-t ions ponc tue l l e s .Pa r conven t ion t r ipa r t i t e (Commune,CEEP,PNRL) les signataires se sont engagés conjointement à rendre compatible l’utilisation de ce site com-me aire de stationnement avec la protection du patrimoine natu-rel et la qualité environnementale de cet espace (ni goudron,ni g r a v i e r , j o u r s d ’ u t i l i s a t i o n l i m i t é s ) . Georges GUENDE (PNRL) - David TATIN (CEEP)

CEEP…c’est quoi ? L e 5 f é v r i e r 2 0 0 8 , David Tatin, responsable de la mission du Vaucluse nous a présenté le Conservatoire- Etu-des des Ecosystèmes de Pro-vence (CEEP). Association régionale privée de protection de la nature ( liée à une Fédération ), disposant de nombreux parte-naires publics et privés, qui œuvre pour la conservation de la diversité biologique des espaces naturels remarqua-bles de la région PACA. Les moyens d’action sur le patrimoine naturel sont -maîtrise foncière et maîtrise d’usage (par conventions, locations ou acquisitions). -connaissance scientifique par études et suivis de terrain (faune, flore… espèces sensibles, pelouses sè-ches, milieux humides…). -information et sensibilisation du public et des décideurs. CEEP- Mission 84 -11 sites sont concernés soit 532 Ha. (dont 420 pour Valescure-Fontaine de Vaucluse ).

voir dossier Garidelle à cette page. Exposition milieux aquatiques - 2007.

Contacts : CEEP 84 – Mairie, salle polyvalente – 84660 MAUBEC. [email protected] -www.ceep.asso.fr

Voir encart couleur I Illustration extraite de « Inventaire des plantes protégées de France » - Ed. Nathan 1995

Garidelle : voir bulletin SBV n°5 - janvier 1998 Article de G.GUENDE - « Protection de la Garidelle »

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Bulletin de la SBV - 16 - n°18 - mai 2008

La FRAXINELLE Dictamnus albus L.

Rutacées (= Fraxinella dictamnus)

Díctame blanc RÉPARTITION: On rencontre cette plante sur les coteaux pierreux, dans les bois et dans les montagnes de l’Est et du midi de la France où elle préfère les terrains calcaires. On peut l’observer jusqu’à 800m d’altitude. C’est une plante assez rare qui bénéficie d’un statut de protection régional en Provence Alpes Côte d’Azur, en Alsace, en Bourgogne et en Rhône- Alpes. DESCRIPTION : C’est une grande plante vivace, herbacée de 50 cm à 1m20, à odeur forte de cannelle et de citron, très feuillée, couverte de poils glanduleux. Elle forme des touffes dressées, non ramifiées, robus-tes. - Les feuilles sont opposées, les inférieures sont simples, les autres sont composées de 7 à 15 folioles (= feuilles imparipennées) ; les folioles grandes et sessiles sont ovales, lancéolées, légèrement denticulées, ponctuées de poches à essence (points transparents). Les feuilles ressemblent à celles du frêne (= Fraxinus) d’où le nom de « fraxinelle » - Les fleurs : la floraison a lieu de Mai à Juillet .Les fleurs sont groupées en grappe terminales lâches. Les fleurs spectaculaires atteignant 3 à 5 cm de diamètre sont irrégulières. - le calice : composé de 5 sépales inégaux est caduc, il ne persiste p a s à l a b a s e d u f r u i t - la corolle est composée de 5 pétales ovales, lancéolés, roses ou blancs veinés de pourpre. Les pétales sont inégaux, les 4 supé-rieurs sont dirigés vers le haut, l’inférieur est descendant. - les étamines au nombre de 10 sont courbées vers le haut, leurs filets sont longs, glanduleux, velus à la base; elles sont plus lon-gues que les pétales. - le fruit est une grosse capsule à 5 loges terminées par une pointe (ressemblant à l’anis étoilé). Ce fruit s’ouvre brusquement à l’air sec : la partie interne de l’enveloppe du fruit dont la structure est différente de la partie interne se contracte sous l’action de la séche-resse et se détache avec élasticité. Remarque : l’écorce de la racine convolutée, aromatique est blan-che d’où le nom d’espèce, sans doute. PROPRIÉTÉS : Dans la Bible, une candidate sérieuse au «Buisson Ardent» ou la botanique au secours des exégètes ! Par un temps chaud et sec, les soirs d’été, toutes les parties de la fraxinelle exhalent une essence végétale très volatile, abondante, capable de s’enflammer autour de la plante si l’on approche une allumette en combustion. La plante offre ainsi le curieux spectacle d’une auréole lumineuse qui n’endommage pas la plante; la plante semble brûler sans se consumer….signe étrange, inhabituel choi-si par Dieu pour s’adresser à Moïse au pied du Sinaï ?? D’autres hypothèses sont avancées pour nommer le buisson ardent de la Bible : - une ronce arbustive : Rubus sanguineus. - une aubépine blanche : Crataegus monogyna ou C. azero-lus - un acacia qui se couvre parfois d’une sorte de gui, Loran-thus acaciae, petit parasite dont la multitude de petites fleurs rouge brillant peut donner l’impression d’une flamme.

Buisson Ardent Base « Enluminures » - Internet Manuscrit - Rouen - Heures à l’usage de Rome – vers 1510 -1525

D’après Internet – Flora von Deutschland, Österreich und Schweiz – 1885

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Bulletin de la SBV - 17 - n°18 - mai 2008

Un remède à tous les maux ? On a attribué au dictame blanc des propriétés curatives uni-verselles. Sa culture comme plante médicinale et ornementale remonte au Moyen Age. La partie la plus utilisée était l’écorce de sa racine mais aus-si les feuilles et les fleurs. L’écorce était réduite en poudre, on utilisait les feuilles en infusion ou un alcoolat obtenu par macération de feuilles et de fleurs. Cette plante rentrait dans la composition de l’orviétan, de l’opiat de Salomon et du baume de Fioravanti (supprimé du codex en 1949) Les fleurs servent à préparer une eau distillée qui est em-ployée comme cosmétique ; en Sibérie, on fait une sorte de thé en faisant infuser les feuilles. Dictamnus albus fait partie de la liste des remèdes homéopa-thiques et rentre dans la composition du complexe homéopa-thique Poconéol n° 32 (remède des troubles épileptiques). Attention aux doses !! : la fraxinelle contient un alcaloïde toxique, la dictamine (action sur l’utérus) ; le contact avec la plante peut provoquer des dermites, des cloques avec sen-sation de brûlures. Et chez les Grecs ? Cette plante pourtant étonnante n’a pas été remarquée par les Anciens. La plante qui figure sous le nom de Dictame dans les écrits de l’Antiquité Grecque était le dictame de Crète, Origanum dictamnus, une lamiacée.

Voir encadré

Bibliographie : - Gaston BONNIER - la grande flore illustrée Ed. Belin – 1992. - P.FOURNIER - Le livre des plantes médicinales et vénéneuses de France. Ed. Lechevalier. – 1948 o Hellmut BAUMANN - Le bouquet d’Athéna – Les plantes dans la mythologie et l’art grecs – Flammarion – La Maison Rustique – 1984 – épuisé. - Christophe BOUREUX – Les plantes de la Bible et leur symbolique – Ed. Le Cerf - 2001

Origanum dictamnus – Dictame de Crète Le Dictame de Crète, Origanum dictamnus, fait partie des herbes médicinales magiques des Anciens. Cette plante était aussi appelée « artemidion » d’après le nom d’Artémis, déesse de la chasse, qui blessait avec ses flèches empoisonnées, mais pouvait aussi guérir les blessures. Les pouvoirs merveilleux de cette plante ont été célé-brés jusqu’au IV ème siècle après J.-C. par au moins 24 écrivains. Endémique de Crète où on la rencontre à partir du niveau de la mer et jusqu’à 1600 mètres d’altitude, cette plante fut certainement très recherchée pour l’exportation déjà à l’époque, car Hippocrate l’uti-lisait à Cos contre les maladies de la vésicule biliaire, la phtisie et en cataplasmes vulnéraires. Dioscoride (3.34) soignait les blessures provoquées par les lances à l’aide de cette plante. Aphrodite prodi-gua ses soins au héros troyen Enée avec du dictame de Crète (Virgile, l’Enéide 12.412). L’aspect le plus miraculeux des pou-voirs de cette plante nous est fourni par Aristote qui raconte que les chèvres sauvages du mont Ida, lorsqu’elles sont frappées par des flèches empoisonnées, mangent du dictame, ce qui a pour effet de faire partir les flèches de leur corps et guérit leurs blessures. Théo-phraste (9.16.1) répète cette affirmation de son maître et la fable est reprise jusqu’au XVIIème siècle dans les récits de voyages. Au Moyen Age, on fabriquait dans les cloîtres la célèbre liqueur des Bénédictins à partir de ce dictame et aujourd’hui encore on parfu-me le vermouth avec cette plante très aromatique. Extrait de - Hellmut BAUMANN – Le bouquet d’Athéna – Les plantes dans la mythologie et l’art grecs.- Ed. Flammarion – La Maison Rustique – 1984 – épuisé.

Illustration extraite de « description exacte des îles de l’archipel » O. DAPPER, édition française, Amsterdam, 1703.

(écrivain, voyageur flamand)

Voir encart couleur II - III

R. Guizard

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Bulletin de la SBV - 18 - n°18 - mai 2008

Un Calendrier pas ordinaire….. pour 2008 à admirer et à garder !!

Celui des"ARBRES REMARQUABLES du VAUCLUSE"

Dans le prolongement d'un inventaire réalisé par le parc naturel régional du Luberon, il y a eu un pro-gramme initié par la Direction Régionale de l'Environ-nement (DIREN), dans le cadre de l'opération "Arbrem": celui de réaliser un inventaire le plus com-plet possible sur les arbres remarquables de la région. A l'échelle du Vaucluse, le Syndicat Mixte Fo-restier (SMF) et le Conseil d'Architecture d'Urbanis-me et de l'Environnement (CAUE) ont effectué ce tra-vail en collaboration avec l'association "Etudes popu-laires et initiatives". Ce fut un travail colossal qui a duré plus d'un an et demi (entre juin 2005 et fin 2006). Même s'il y avait déjà des données, il a fallu faire une recherche systé-matique de ces arbres emblématiques véritables té-moins de notre histoire. Mais comment juge t'on un arbre remarquable? Ces arbres se démarquent soit par leurs caractères phy-siques (l'âge et/ou la taille) soit par leurs caractéristi-ques culturelles. Une hiérarchisation a même été mise en place et classe les arbres remarquables de 1 à 3. Le premier rang (R1) est attribué aux sujets les plus ex-ceptionnels qu'il faut considérer comme des témoins irremplaçables. Parmi les 706 arbres recensés, 120 su-jets ont été classés en R1! Tout le monde ou presque… connaît le majes-tueux Chêne pubescent (blanc) de Murs, mais il y a aussi celui de Vénasque avec ses 28 mètres de haut, le Pin d'Alep du Beaucet avec ses 29 mètres, le Genévrier oxycèdre de Séguret qui atteint 12 mètres …… et petit à petit….. l'idée de faire partager ces merveilles s'est imposée et a abouti à la réalisation d'un calendrier. Le plus difficile fut de choisir les douze arbres qui allaient symboliser les douze mois de l'année, mais vous dé-couvrirez vite en tournant les pages que les auteurs ont trouvé plein d'astuces pour mettre le maximum de pho-tos avec en prime des commentaires! Vous pourrez ainsi admirer au fil des mois un Chêne vert plusieurs fois centenaires de dimension remarquable (circonférence de 4,1m) à Grambois (photo 1); un Cerisier marqueur paysager de dimension imposante (circonférence de 2,8m) à St Christol (photo 2); une page consacrée aux différentes écorces (photo 3); une autre sur le Cyprès de Provence; une sur les arbres aux formes étranges etc.…. Enfin, dans ce calendrier extraordinaire vous découvri-rez deux propositions de circuits l'un à bicyclette sur la commune de Mormoiron, l'autre pédestre, au pied des Dentelles de Montmirail.

Si d'aventure, au cours de vos sorties, vous remarquez un arbre que vous jugez remarquable, signalez-le aux sites indiqués ci-dessous, vous y trouverez les critères de remar-quabilité et des fiches descriptives à remplir.

www.archi.fr/CAUE84 www.syndicatmixteforestier.com Marie-Thérèse ZIANO

Le « gros chêne » de Murs Photos - Michel GRAILLE

8 mars 2008

Voir encart couleur IV

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Bulletin de la SBV - 19 - n°18 - mai 2008

Week-end du 23 et 24 juin 2007. La Montagne de Lure et Alpes de Hautes Provence. Dans cet article, nous ferons le tour des lieux visités, nous mentionnerons les espèces les plus caractéristiques et celles qu’on a pas l’habitude de voir en Vaucluse ;il ne s’agit bien

entendu pas d’un inventai-re de toutes les espèces rencontrées

Le prieuré de Salagon :

C’est à Mane, non loin de Forcalquier, que nous nous sommes donné ren-dez-vous, au prieuré de Salagon, monument re-marquable construit au Moyen Age, il abrite un musée départemental eth-nologique et des jardins exceptionnels. Les jardins de Salagon, créés à partir de 1986, ont été conçus par Pierre Lieutaghi, ethnobotaniste et écrivain, qui en est aus-si le conseiller scientifi-que. Il est aujourd’hui sous la responsabilité de François Tessari. Les jardins sont divisés en plusieurs entités spéci-fiques comme : Le jardin médiéval Qui se distribue en trois espa-

ces majeurs, le potager, les carrés médicinaux et le jardin floral. S’y ajoutent quelques parterres à thèmes : médicina-les, plantes textiles et tinctoriales, herbes magiques. Le jardin des simples :Qui rassemble la flore utile de base de la société traditionnelle haut provençale, celle des lieux habités, du bord des chemins, des champs cultivés et des friches pâturées. On y trouve des plantes de la pharmacopée populaire, les salades des champs et autres légumes de ra-massage, certaines ornementales utilisées comme remèdes, " mauvaises herbes " du pied des murs, des décombres, des abords de bergeries. Le jardin des senteurs :Conçu au départ pour illustrer un parcours de découverte des aromatiques et des plantes à par-fum cultivées en Haute Provence, ce jardin s’est enrichi peu à peu d’autres plantes odorantes, parfois d’origine lointaine. Trois familles sont privilégiées : les Labiées (collection de sauges), les Composées (collection d’armoises) et les Om-bellifères, pour le plus grand plaisir des yeux et du nez.

Guidé par François Tessari, nous avons parcouru les lieux nous intéressant en particulier nouveaux jardins présentant des plantes de tous les continents et au Conservatoire de céréales et de plantes médicinales :

« Semées en quantités suffisantes pour permettre des mini-moissons, toutes les graminées cultivées traditionnellement en Hau-te Provence (blé, épeautre, blé poulard…), et plus généralement par l’ancienne société, sont représentées. Les cultivars locaux sont pri-vilégiés. Aux céréales sont associées les plantes messicoles les plus intéres-santes de la région (bifora, bleuet, nielle, grémil des champs…). On tente, en recréant le stock de graines du sol, de favoriser l’établisse-ment permanent de plusieurs associations d’adventices aussi pro-ches que possible de celles des champs non soumis aux désher-bants ». Nous avons été surpris par la richesse de ces jardins qui mérite-raient une visite plus longue.

La S.B.V. en P.A.C.A.

A.Chanu

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Bulletin de la SBV - 20 - n°18 - mai 2008

Les Mourres à Forcalquier : Les rochers calcaires érodés en forme de têtes ont donné le nom du site (tête se dit mourre en provençal). Ces roches se sont déposées dans un milieu lacustre à l’Oli-gocène supérieur, l’érosion a emporté les marnes les plus fragiles, laissant en relief les zones les plus compactes, d’où ces figures originales.

L’exposition, la réflexion des rayons solaire par les roches claires, la faible épaisseur du sol en font un milieu particu-lièrement sec sur lequel poussent le genet de Villard (Genista Pulchella) accompagné de Lomelosia graminifolia, Scorzonera austriaca, Santolina chamaecyparis-sius ,Sideritis hirsuta, Onosma fastigiata, Tulipa austriaca (défleurie), Xéranthemum cylindraceum….. Mais surtout les genévriers oxycèdres et communs, sont colonisés par Arceuthobium oxycedri. Ce parasite de la mê-me famille que le gui (Loranthacées) est plutôt rare dans le Vaucluse ou il vit surtout sur le genévrier de Phénicie. Le Gite d’étape de Prè Giraud : L’équipe était hébergée au Gite « Pré Giraud » prés du vil-lage de Sigonce. Avant le repas du soir, un petit groupe part explorer les alentours de la ferme. On y trouve, entre autre, des nitrophiles : Verbascum blattaria , Xanthium spinosum, Centaurea soltitialis, Centaurea calcitrapa, Onopordon acanthium. Une astéracée peu fréquente dans le Vaucluse : Xeranthemum cylindraceum. Dans les champs quelques messicoles: Ajuga chamaepitys, Ranunculus arvensis, Consolida regalis et Consolida ajacis. Au bord de la rivière, Circium montpelliensis, Molinia caerulea, Pulicaria dysen-terica, … mais aussi : Ptychotis saxifraga, Ononis fructicosa sans doute descendus de la montagne de Lure proche. Après la petite balade, tout le monde c’est retrouvé autour de la table bien garnie de nos hôtes Marie Christine et Alexis, dans une ambiance conviviale. La Montagne de Lure : La chapelle : Petit détour à la chapelle Notre dame de Lure, située à 1 200m d’altitude, reste d’une abbaye bénédictine du XIIe siècle, elle est toujours un lieu d’ermitage et de pè-lerinage. Le site est remarquable par sa fraîcheur, sa source abondan-te, et l’ambiance mystérieuse des lieux. Sous le regard inté-

ressé de l’ermite, nous nous admirons les grands tilleuls et un noyer de taille exceptionnelle, sans doute un des plus gros de France. Nous nous trouvons dans la hêtraie que nous n’explorons pas pour pouvoir nous consacrer au sommet.

Le sommet :

Premier arrêt sur les pelouses proche du sommet, qui présentent quelques différences avec celles du Ventoux , on y trouve la grande gentiane Gentiana lutea prélevées en grande quantité autrefois pour la confection d’un apéritif : « la gentiane de Lure », mais aussi Gentiana verna, Pedicularis giroflexa, Dactilorhysa sambucina, Tulipa australis. Des plantes que l’on trouve au Ventoux comme Filipendula vulgaris, Antenaria dioica, Eryngium spinalba, Des-champsia flexuosa, Androsacea vitaliana, Polygala alpestris…. Fritillaria filiformis et Festuca spadicea sont signalées sur ces pe-louses, mais nous ne les avons pas vu. Les pelouses laissent place en montant à une formation dense à Genista radiata, ce genêt rare et protégé est une originalité de Lure (on ne trouve que deux stations en France), c’est un arbrisseau, gris vert, argenté, qui présente des fleurs jaunes disposées en croix, c’est le seul du genre en France à avoir des ramifications opposées.

Deuxième arrêt au Pas de la Graille (1 6OOm). Le point de vue indique immédiatement que nous sommes à proximité des grandes Alpes. La Hêtraie occupe le lieu, on y trouve le Saule Marsault (Salix ca-prea), l’Erable Sycomore (Acer pseudoplatanus), Le Cytise des Alpes (Laburnum alpinum), le Nerprun des Alpes (Rhamnus alpi-na), le Sorbier des Oiseleurs ( Sorbus aucuparia) ,mais surtout, autre originalité botanique du lieu Sorbus hybrida, intermédiaire entre le Sorbier des Oiseleurs et l’ Alisier blanc, espèce apogami-que, qui se reproduit par des fruits non fécondés, et qui semble être particulière à Lure (information P. Lieutaghi). En herborisant tout autour, nous trouvons : Polygonatum verticilla-tum, des Luzules (L. sylvatica et L. nivalis), Prenanthes purpurea, Epilobium montanum, Rosa pendulina…et sur les rochers Adenos-tyles alpina, Sedum sexangulare, Senecio viscosus . En descendant le long de la route, on peut observer des espèces franchement alpines absentes du Ventoux comme :Ranunculus pla-tanifolia, Senecio fuchsii, Silene dioica, Paris quadrifolia, Aconit lycoctonum, Stellaria nemorum, Aruncus dioicus et aussi la pré-sence du Bouleau (Betula pendula).

A.Chanu

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Bulletin de la SBV - 21 - n°18 - mai 2008

Le jas Madame (1 100m) : L’heure du repas était dépassée, et nous sommes descendus, coté Nord, pic-niquer dans les forêts de pins noirs, autour du Jas Madame. Un troupeau y avait élu domicile, empêchant toute herborisation à proximité du jas (bergerie), lors de la préparation, nous y avions trouvé, entre autres, Thlaspi arvense, Cynoglossum offi-cinalis, Hyoscyamus niger, Asperugo procumbens et nous avions cherché en vain Nepeta nuda qui nous avait été signalé par P Lieutaghi. Repas terminé, nous nous engageons sur le chemin du « Pas des Portes » et dés l’entrée du chemin nous tombons sur une des plantes les plus rares de France Stachys heraclea. La suite ne nous a pas déçu, et l’énumération des espèces trou-vées serait trop longue, signalons néanmoins au bord du che-min: Hypericum hysopifolia, Astragalus vesicarius, Fraga veri-dis, Aconit anthora et A. lycothonum. Dans les prairies : Lathy-rus nissolia, Armeria arenaria et au Col des Portes, devant un paysage magnifique et une forêt d’ubac parsemée de tilleuls sauvages (Tilia platyphyllos) une station de Lilium Martagon resplendissante, sur les rochers, une floraison de saxifrages : Saxifraga cuneifolia, Saxifraga linguata, Saxifraga oppositifo-lia, Saxifraga exarata. Ce petit séjour nous a permis d’appréhender la richesse et la complexité de la flore d’un lieu, qui pour être mieux connu né-cessiterait un séjour bien plus long.

Alain CHANU

Voir encart couleur VI - VII - VIII

GENISTA RADIATA (L.) Scop. Genêt à rameaux rayonnants.

FABACÉES (Cytisanthus radiatus, Asterocytisus radiatus, Spartium radiatum,Telineria holopetala, Telinaria radiata, Enantiospartum radiatum…….champion de la synonymie!!) C’est une plante rare qui s’observe dans quelques localités des Alpes et du Tessin. En France elle s’ob-serve seulement dans de rares stations (où elle pousse en mas-se) : sur la montagne de Lure (Alpes de Haute Provence - 04) et sur la montagne de Ceuze (Hautes-Alpes - 05).

Elle bénéficie d’un statut de protection de niveau régional, Provence Alpes Côte d’Azur. On la rencontre dans les bois clairs, les pelouses, les pentes rocailleuses des zones calcaires de l’étage montagnard de 800 à 2000m. Carte d’identité : C’est un arbrisseau de 10 à 50m, touffu, très rameux, sans épi-ne ; les rameaux striés, étalés, argentés partent d’un seul point (d’où le nom d’espèce). Les rameaux portent des feuilles peu nombreuses, opposées, trifoliées ( ce qui lui avait valu sa place dans le genre Cytisan-thus) ; les 3 folioles étroites soyeuses se détachent rapidement et les pétioles dilatés persistent en devenant très durs simulant des rameaux. Cette plante fleurit abondamment de Mai à Juillet :

- les fleurs d’un jaune clair sont groupées par 2 à 7 en tête terminale. - le calice velu, soyeux à lèvres presque égales est beau-coup plus court que la corolle. - l’étendard pubescent égale la carène velue. - le fruit est poilu, soyeux de 5mm de long.

Roselyne GUIZARD

Voir encart couleur X

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Genista radiata- carte –détail. Chorologie extraite de Tela Botanica

Genista radiata - illustration Dominique MANSION d’après Flore forestière de France – Tome 2 – page 580 – Ed. IDF.

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Bulletin de la SBV - 22 - n°18- mai 2008

ARCEUTHOBIUM OXYCEDRI (DC.) M.Bieb

VISCACÉES (= Loranthacées) (incluses dans Santalacées) (=Arceuthobium juniperum, = Viscum oxycedri) Arceutobe de l’oxycèdre, petit gui du Genévrier

Ce tout petit sous-arbrisseau (de 2 à 10 cm) parasite les genévriers, principalement Juniperus oxycedrus mais aussi J. communis, phoenicea et sabina ; ce végétal provoque des malformations semblables aux « balais de sorcières » et aus-si la mort de ses hôtes.

En France, ce végétal est une espèce rare ; on peut le ren-contrer dans quelques stations, notamment en Provence (Vaucluse, Alpes de Haute Provence, Bouches du Rhône …), nous avons observé avec la SBV une station importante aux Mourres près de Forcalquier.

En Europe centrale et en Asie, cette espèce peut être très fréquente. Sa répartition dans le monde est très fragmentée.

CARTE D’IDENTITÉ

Ce curieux végétal forme de petites touffes jaunâtres plus ou moins serrées le long des rameaux de l’arbuste qu’il parasi-te. 1 - Ces touffes sont formées de petites tiges glabres, arron-dies, articulées, divisées en fourches successives ; les feuil-les sont réduites à de petites écailles triangulaires.

2 - Ce végétal est une espèce dioïque, on trouve donc des pieds mâles et des pieds femelles ; ces pieds portent des fleurs petites, isolées, plus ou moins jaunâtres. La floraison a lieu en Septembre-Octobre. - Les fleurs staminées (mâles) terminales, sessiles sont formées de 3 sépales (ou 4) et de 3 étamines ; les sacs polliniques s’ouvrant par une fente transversale sont réunis au sépale qui les porte par un très court prolongement. Après l’émission du pollen, chacun de ces sacs polliniques à l’aspect d’une petite coupe.

- Les fleurs pistillées (femelles) terminales et axillaires, pos sèdent un calice adhérent à l’ovaire, surmonté de 2-3 dents avec un style court, épais, presque conique. - Les fruits verdâtres sont translucides, ovoïdes, charnus, monospermes, de 2mm de long. Les fruits sont mûrs en Dé- cembre de l’année suivante. Ces fruits s’ouvrent brusquement, avec élasticité et pro- jettent à grande distance la seule graine qu’ils contiennent en même temps qu’une substance mucilagineuse (la visci- ne) adhérente à la graine. Les graines sont éjectées à plusieurs mètres et se collent sur de nouvelles branches de l’hôte. A la germination (si les conditions sont favorables), la grai- ne forme des suçoirs qui se développent entre le bois et l’é- corce de l’hôte et peuvent ressortir çà et là en donnant des pousses nouvelles. Ainsi, un pied de parasite, d’abord unique, peut envahir tou t e s l e s b r a n c h e s d u g e n é v r i e r . Les oiseaux pourraient être aussi des agents de dissémina- tion à plus grande distance. Bibliographie : Article J. Bot.Soc. Bot. France 21 :37-48 (2003) J-P MANDIN La grande flore illustrée de BONNIER Le livre des Arbres, Arbustes et Arbrisseaux – Pierre LIEUTAGHI- Actes Sud - 2004

Roselyne GUIZARD

Voir encart couleur III - IX

Répartition d’Arceuthobium oxycedri en France

Cartes de répartition - article de JP MANDIN

Fleur mâle Fleur femelle

D’après – Flore de France – Abbé H.Coste – Tome III

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Bulletin de la SBV - 23 - n°18 - mai 2008

Sortie Botanique dans le Var 31 mars et 1er avril 2007

Une fois n’est pas coutume, la Société Botanique a quitté les sentiers de randonnée, les sacs à dos et les herbiers pour le charme d’un jardin (attention, ici au-cune cueillette n’est autorisée !). Le Domaine du Rayol est un endroit rare et précieux sur la côte d’azur, véritable havre de paix le long de ce littoral trop mal mené par les bétonneurs en tout genre. Nous avons visité ce lieu le samedi 31/03 sous une pluie battante, ce qui ne nous a pas empêché d’admirer sa superbe flore en début de floraison. Le jardin, situé dans le département du Var, sur la commune du Rayol-Canadet, entre Le Lavandou et St Tropez, surplombe sur plusieurs hectares la Méditerranée. Site naturel pro-tégé, propriété du Conservatoire du littoral depuis 1989, il propose un voyage en Méditerranée(s) à la découverte des différentes régions du monde soumises au climat méditerranéen : le bassin méditerranéen (60% de la zone), le Sud-ouest de l’Australie (22%), le chaparral de Californie (10%), le centre du Chili (5%), le sud-ouest de l’Afrique du Sud (3%). A travers un itinéraire numéroté de 2 kms, la végétation s’offre à nous dans un calme parfait, loin de la fureur des villes et des centres commerciaux ! Pour rappel, les zones méditerranéennes sont parmi les plus riches du monde végétal : 20% des espèces (soit environ 50 000 espèces !) sur seulement 2% des terres émergées ! Les plantes présentent des morpholo-gies semblables malgré la grande diversité des familles (Protéacées, Ericacées, Cistacées, ..) car soumises à des conditions climatiques, environnementales et géo-logiques similaires. Le climat méditerranéen se retrou-ve sur presque tous les continents, toujours situés en façade ouest, sur une bande côtière plus ou moins lar-ge, du niveau de la mer à la haute montagne (comme l’Atlas, le Taurus, la Sierra Nevada,..), entre le 30° et le 45° parallèle nord ou sud. Les caractéristiques géné-rales sont une sécheresse estivale plus ou moins longue (2-3 mois en Provence, 6 mois à Malte, toute l’année à Cabo de Gata en Andalousie !), des pluies surtout hi-vernales, en quantité variable (360 mm à Santiago du

Chili, 550 mm à Marseille, 900 mm à Perth en Australie), des températures relativement douces, présentant parfois des écarts importants. Pour revenir à la botanique, le Domaine du Rayol présente quelques belles espèces naturelles de la flore méditerranéen-ne française, parfois protégées et rares : Pistacia lentiscus, Erica arborea, Arbutus unedo, Ceratonia siliqua, Chamae-rops humilis, Artemisia arborescens, Anthyllis barbojovis,… En espèces « exotiques », le jardin propose des plantes remarquables comme Acacia caven et Echinops chilensis du Chili, Erica bauera d’Afrique du Sud ou Xanthorrea pressii d’Australie. Le lieu propose en outre une exposition sur les paysages, une riche librairie, des visites guidées. Il est à visiter en toute saison grâce à ses floraisons reparties sur l’année. Le dimanche 1/04 devait être consacré à la découverte du Cap Lardier grâce à l’aimable présence d’Annie Aboucaya du Conservatoire du Littoral. Mais le temps n’était pas au rendez-vous et Annie nous a gentiment proposé une explora-tion des collines situées autour du Château d’Hyères. Le pa-norama est superbe et intéressant botaniquement. Quelques plantes croisées au fil de la balade : Callicotome spinosa, Cistus monspelliensis, C. salviifolius, Artemisia arborescens, Chamaerops humilis, Pistacia lentiscus, Quercus suber, La-vandula stoechas, Daphne gnidium, Adenocarpus telonensis (endémique), Genista pillosa, Lavatera olbia, Trifolium pur-pureum,… La sortie au Cap Lardier a été reportée au 27/04/08 en espé-rant une meilleure météo !

Flavien FERIOLO Coordonnées du Domaine du Rayol : Tel. 04 98 04 44 00 Web : www.domainedurayol.org

Bibliographie : Végétation du continent européen, Paul Ozenda, Ed. Delachaux et Niestlé, 1994. Plant life in the world’s mediterranean climates, Peter R. Dallman, Ed. University of California Press, 1998.

En préparant déjà le bulletin 19 !!

Sont recommandés

-Textes sur Word – police Times New Roman – taille 12 - sans mise en page -Photographies, dessins et scanners en JPEG Transmettre par e-mail, en pièces jointes à un message à . micgrail@orange fr

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Bulletin de la SBV - 24 - n°18 - mai 2008

Séjour botanique en SARDAIGNE du 18 au 30 avril 2007.

Voyage exceptionnel sur cette magnifique île, grâce aux indications de Lucien FRANCON, orchidophile et photogra-phe de talent…Car pour découvrir les quatre ophrys endémi-ques, il faut être informé – l’île est très vaste – trois fois la Corse ! et les ophrys sont rares… ! J’embarquais à Toulon le 17 avril à 21 h.- traversée en cabi-ne – arrivée à 7 h. à Ajaccio. J’ai passé une journée à herbo-riser sur les anciennes stations que je connaissais…déçu car beaucoup ont été détruites par l’urbanisation ! 1- Puis le 19, arrivée en Sardaigne, puis une longue route vers les premières stations ; au centre de l’île les surfaces calcaires sont peu nombreuses. En dehors des orchidées, la flore locale est très riche avec des Romulea, Leucoium , Gagea , Narcissus, Paeonia, Cy-nomorum, Clathrus, Pancratium, Allium, Euphorbia, … J’ai passé 7 nuits à l’hôtel Guzana (08020 GAVOI), en plei-ne nature, près d’un lac, pas cher et très bon accueil ! Autour du lac j’ai trouvé – Orchis papilionacea, longicornu ( les deux espèces les plus courantes), lactea, provincialis, Ophrys tenthredinifera ( commun), morisii, incubacea, Se-rapia lingua, Dactylorhiza insularis. 2- Le 20 avril, virée autour du col d’Ortuabis (80 Km.), au travers de magnifiques paysages, avec des routes très si-nueuses…Sur des dizaines d’hectares, plus de 20 taxons, des milliers de pieds, de nombreux hybrides… C’est le site le plus riche de Sardaigne. C’est un véritable plaisir de parcou-rir ces étendues fleuries et d’y découvrir tant d’orchidées rares, peu ou pas connues dans notre flore. Ma première coche : Orchis ischnusae , proche de Orchis mascula ), très commun ( I), ( E. de Corse et Sardai-gne),Orchis papilionacea, longicornu, lactea, provincialis, picta, laxiflora, Ophrys speculum (je n’en avais jamais tant vu !), bombyliflora, morisii, incubacea, eleonorae ( proche d’iricolor), corsica (ex minor), lepida (II)- (E. et récemment décrite, proche de lutea, espèce valable), zonata (III)- (E., quelques pieds en Corse, difficiles à trouver), Aceras an-thropophorum, Serapias lingua. Sur une autre station, Ophrys annae (IV)- (E., quelques pieds en Corse du Sud), tenthredinifera, Himantoglossum robertianum, les hybrides : Orchis papilionacea X Orchis longicornu, Orchis ischnusae X Orchis provincialis, Ophrys tenthredinifera X ophrys Ophrys bombyliflora, Ophrys ten-thredinifera X Ophrys morisii, Ophrys tenthredinifera X Ophrys incubacea… On trouve en plus Romulea bulbocodium, ligustica, Leu-coium aestivum. 3- Le 21 avril virée vers Dorgali ( côte Est), à côté des grot-tes d’Ispignoli…et c’est Orchis brancifortii (V)-(E. de Sicile et de Sardaigne), Ophrys panattensis ( VI)-(E.),rare, espèce proche de morisii….et 11 espèces déjà mentionnées !, Limo-dorum trabutianum (VII), rare en France , Gynandriris sisy-rinchium, Pancratium illyricum( des touffes énormes !).

4- Le 26 avril, départ pour le Sud à la recherche des deux dernières endémiques… Arrét à l’hôtel « Antiche Mura Hôtel » Domusno-vas- 09015, région d’Iglesias, à côté de Perdu Carta et Arena….de nombreux sentiers à parcourir à pieds, tous magnifiques… Trouvés…Ophrys chestermanii (VIII)- (E. de Sardaigne), magnifi-que espèce au gros labelle brun foncé, rare, une centaine de pieds observés (145 pour être précis !), Ophrys normanii (IX)- (E. de Sardaigne), au labelle encore plus gros que celui de l’espèce précé-dente, mais plus clair, très rare (44 pieds observés), deux espèces vraiment magnifiques qui justifient le déplacement ! … Autour sont remarqués Ophrys conradiae en bouton, Limodorum trabutianum (40 pieds), Epipactis tremolsii (100pieds), microphylla (15 pieds)…et une très belle station de Paeonia mascula, de Ga-gea bohemica, G. granatelli. En résumé…9 espèces nouvelles en 12 jours, 2500 Km. parcourus … pour 1089 euros…un beau voyage botanique ! et une île à dé-couvrir.

Pierre DUTHILLEUL Notes : E. : endémique 1-2-3-4 correspondent à la carte de Sardaigne.

Voir encart couleur XI - XII

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Bulletin de la SBV - 25 - n°18 - mai 2008

Cet article fait suite à la visite effectuée par la S.B.V. à l’hô-tel-dieu de Carpentras. Cette découverte fut motivée par la part importante des végétaux dans la pharmacopée de cette période (80%). La pharmacie de Carpentras date du siècle des lumières. Elle présente la particularité d’être restée intacte depuis cette époque. Riche de pots-canons, chevrettes, albarelli et grands pots de montre en faïence de Moustiers, elle revêt également un intérêt patrimonial non négligeable. La devise de ces lieux était : herbis non verbis fiunt medica-mina vitae »… c’est avec les plantes et non avec les mots que l’on soigne. Les remèdes étaient adaptés, bien sûr, à la maladie du pa-tient, mais aussi à son budget. Lorsqu’un patient était trop pauvre pour s’offrir les dernières drogues en provenance des Amériques, une drogue locale aux effets approchants était délivrée. Nous pourrions y voir les prémices de nos généri-ques actuels. LE CONTEXTE MEDICINAL DE CETTE PERIODE : Tout d’abord, remettons-nous dans le contexte ce siècle. Apothicaires et médecins recourraient encore à la théorie humorale d’Hippocrate revue par Galien. Maladies et per-sonnes étaient classées en différentes catégories qui faisaient référence aux quatre éléments (eau, feu, air, terre) et aux quatre qualités physiques (chaud, froid, humide, sec). A cela, il fallait ajouter les tempéraments attribués à chaque patient. Les sanguins étaient chaleureux et aimables, les flegmatiques plutôt lents et apathiques, les mélancoliques

reconnaissables à leur tristesse tandis que les colériques se distin-guaient par leur promptitude à réagir et à s’emporter. Molière a très bien décrit la médecine de l’époque dans sa fameuse pièce « le médecin malgré lui ». les personnes fortunées, même en bonne santé, subissent moult purges et autres actes comme les sai-gnées etc. … il faut à l’époque évacuer les mauvaises humeurs qui en stagnant dans notre corps, pouvaient inciter la maladie à s’ins-taller. D’où, le nombre incalculable de saignées, purgatifs, vomi-tifs et clystères qui sont administrés à titre préventif ou curatif. Molière met en scène une épreuve au cours de laquelle un jeune postulant au baccalauréat (diplôme de médecine de l’époque) ré-pond toujours la même chose à des situations de patients souffrant de pathologies pourtant différentes. Le refrain qui revient tout le temps est : « clysterium donare, postea saignare ensuita purga-re ». En témoignent les scènes avec les singes apothicaires en ca-maïeu de bleu. Vous constaterez qu’effectivement, nombreux sont les médicaments destinés à purger (les médecines), faire vomir et soigner après la saignée. En cas de pléthore, c’est à dire excès des humeurs, on saignait tandis qu’en cas de cacochymie (altération des humeurs) on purgeait. Les remèdes dits galéniques, toujours d’actualité dans nos pharmacies, qui consistent à procéder par les contraires (contraria contrariis curantur) y sont utilisés. Paradoxa-lement, des drogues dont les effets avaient été détectés par la théo-rie des signatures sont également prescrits. La démarche est alors opposée puisque l’on soigne par des critères communs observés entre la maladie ou l’organe touché et la plante. Par exemple, la chélidoine, dont le suc est orangé, est utilisée pour soigner les ver-rues. A titre d’anecdote, sachez que les provençaux qui mirent cette théorie des signatures en application en vinrent à utiliser la pariétaire. Sa tige rougeâtre, semblait indiquer que la plante était un excellent dépuratif sanguin. Une autre utilisation qui peut nous paraître folklorique maintenant, est celle des cigales. Ayant remar-qué lorsqu’on en approche la main, le petit jet de liquide émis par notre musicienne les provençaux en déduisent alors qu’il est possi-ble de soigner les problèmes urinaires. C’est ainsi, qu’encore au 19ème siècle, les cigales étaient attrapées, passées au travers d’un fil et mises à sécher en chapelet. Fort heureusement pour notre sym-bole provençal, certaines utilisations des plus fantaisistes liées à la théorie des signatures ont été infirmées par la science tandis que d’autres ont été confirmées comme pourla spirée, le buis, le saule, la pulmonaire, le pissenlit… Les nouvelles plantes de l’époque figurent en bonne place dans la pharmacie : quinquina, ipécacuana, gaïac. Les plantes orientales connues depuis plus longtemps restent utilisées : encens, myrrhe, galbanum, rhubarbe, réglisse. Les arabes nous avaient déjà trans-mis l’utilisation de la bourrache, du fumeterre, du romarin, de la rose etc. … LE CONDITIONNEMENT DES DROGUES : LES TIROIRS : A l’apothicairerie, les tiroirs contenaient les drogues sèches, fleurs, fruits, racines ou tiges. Quatre-vingts pour cent de ces drogues étaient végétales, le reste étaient des minéraux tels que le soufre, l’alun ou bien des matières issues du règne animal, comme la cor-ne de cerf, ou humain avec la momie. LES CHEVRETTES : Les chevrettes (ainsi nommées en raison de leur bec verseur rappe-lant de les cornes de jeunes chevrettes) servaient à conserver plutôt des substances liquides (huiles, sirops, électuaires..).

Contes d’apothicaire de Carpentras Ou comment l’on se soignait au 18ème siècle

Office de tourisme - Carpentras

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Bulletin de la SBV - 26 - n°18 - mai 2008

LES POTS CANON Les pots-canon étaient réservés aux conserves » (inscription sur le pot : conserva ou C.) . Ces dernières étaient à base de plantes mises à sécher au soleil, réduites en pulpe puis conservées à l’aide de sucre. LES VERRES A PIED DU PLACARD DE CHIMIE : Dans le placard de chimie, diverses poudres aux noms étran-ges comme sang de bouc ou yeux d’écrevisse (concrétions calcaires trouvées dans la carapace de ces crustacés en fait) étaient conditionnées dans des verres à pied recouverts de papier huilé. LES GRANDS POTS DE MONTRE : Ils contenaient les remèdes de type universel (bons pour tout, bons pour rien- comme on dit en Provence). La théria-que figure parmi les contenus de ces pots de grandes tailles qui étaient mis en valeur à l’apothicairerie en raison de leur très grandes vertus. Ce symbole absolu de la polypharmacie fut utilisé durant environ 2000 ans ! Son utilisation déclina considérablement par la suite en raison de son inefficacité durant les grandes pestes de Provence. Elle fut finalement supprimée. Ce remède composé d’un soixantaine d’ingré-dients fit l’objet de nombreuses falsifications qui obligèrent les apothicaires à la fabriquer en public, en grande pompe, devant les autorités médicales de la ville chargées de contrô-ler les ingrédients. On avait ainsi droit à la présentation de la thériaque nouvelle dans les grandes villes, cérémonie com-parable à notre présentation de vin primeur actuellement. La plus réputée était celle de Venise. Chaque ville avait sa re-cette mais certains ingrédients étaient récurrents comme les vipères et l’opium (à l’origine du pouvoir calmant de cet électuaire). Un autre grand pot de montre porte la mention « C. DAMO-CRES » il s’agit d’une autre sorte de thériaque, le Mithrida-te.

Deux autres grands pots arborent les titres suivant : « V. aureum » et « V. album ». très souvent les V étaient en fait des U stylisés par les fabricants du pot et il faut y voir la signification d’Onguent pour Unguentum. J’ai effectivement trouvé trace dans un inventaire de la pharmacie de Pernes les Fontaines, antérieur à cette période, d’un onguent doré utili-sé contre les problèmes de nerfs et d’un onguent blanc utili-sé en cas de brûlure, on peut donc supposer qu’il s’agit de la même chose. LES DROGUES, QUELQUES EXEMPLES DES DIF-FERENTS REGNES :

1) LES DROGUES ISSUES DU REGNE ANIMAL Les vipères

Servaient à confectionner la thériaque (par exemple 6 douzaines en ont été achetées en 1761).

Les fourmis Mises dans l’alcool, on en faisait « l’eau de ma-gnanimité » utilisée en frictions sur les paralysies ou bien en tant que cordial, stomachique et aphro-disiaque.

Les lombrics. Dans l’huile contre le rachitisme et la paralysie

Les cloportes Leur sirop était rajouté au bouillon avec de l’al-cool de menthe en cas d’obstruction des viscères.

Les limaçons de figuiers En sirop expectorant. Nota : on utilise encore la bave d’escargot dans le sirop helicidine vendu en pharmacie

Le chien : sa graisse Vulnéraire, détersive, en massage sur les douleurs

de goutte… Les sangsues

Des vertes et des grises qui provenaient des ma-rais. On les conservait dans des pots en grès ou en terre dont l’eau était changée tous les jours. On incitait la sangsue à se fixer sur la personne à l’aide d’une pomme crue. Ne pouvant pas suppor-ter l’acidité, elle se jetait ensuite avidement sur la peau du patient qui leur était présenté. Leur ou-vrage achevé, on leur mettait du sel marin afin qu’elles de détachent.

Nota : elles sont de nouveau utilisées pour leurs pro-priétés anticoagulantes et anti-infectieuses, notam-ment lors des greffes de la main. Les « yeux » d’écrevisse

Poudre issue en fait de la carapace de ce crus-tacé, elle était utilisée pour son pouvoir absor-bant hémostatique et anti-acide. Mais doit-on le considérer comme aliment ou véhicule ser-vant à faire avaler les drogues ?

Le bouillon de poulet : ce qui est le plus souvent prescrit lorsqu’on consulte le registre des ordon-nances.

Le mou de veau : servait à édulcorer les tisanes pec-torales

Le sang de bouc desséché dans le placard de chimie : Sudorifique, apéritif, résolutif, dissolution du

sang caillé..

2) LES DROGUES ISSUES DU REGNE VEGETAL L’absinthe : feuilles et fleurs

Vulnéraire, digestive, diurétique, emménagogue. Faisait aussi partie des espèces anthelminthiques (contre les vers) avec la tanaisie, la camomille et les graines appelées semen contra. Ces dernières étaient des graines de trois armoises différentes (contra, judaïca et santonica)

L’aigremoine : semences Dépuratives et astringentes

L’aristoloche : racines Pour favoriser l’accouchement

Asperge : racines en tisane, fait partie du thé aux cinq racines diurétiques (ache, fenouil, persil et petit houx).

Bouillon blanc : fleurs classées parmi les pectorales avec la mauve, le coquelicot, la guimauve, le pied de chat, le tussilage et la violette.

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Bulletin de la SBV - 27 - n°18 - mai 2008

Bourrache : en conserve Sudorifique, adoucissant, diurétique et faisait partie des cinq fleurs cordiales qui soignaient le cœur

Bourse à pasteur : Contre les hémorragies.

Camomille : en sirop ou en tisane Fébrifuge

Capillaire : en sirop (additionné à du thé, il fut alors servi par les limonadiers sous le nom de « bavaroise à l’eau », on en consomme encore au Portugal avec de l’eau un zeste de citron). Béchique, tonique, diurétique.

Cétérach : « feuilles » Mal de poitrine, vessie, vermifuge.

Chicorée : en sirop dépuratif. Citrouille : en cucuphe, c’est à dire que l’on

coupait la citrouille en deux, on l’évidait et on la posait sur la tête des hystériques afin qu’ils gardent la tête froide. Nota : les cucuphes étaient aussi des sa-chets médicinaux remplis de drogues que l’on posait sur la tête du patient. Sur le même principe, on faisait aussi des ceintu-res médicinales.

Coquelicot : en sirop Béchique, narcotique et adoucissant.

Cynoglosse : la racine en pilules, mélangée avec de l’opium et d’autres substances.

Fenouil : en sirop purgatif avec séné, sureau, et anis vert. Semences dans tiroir, faisaient partie des semences chaudes avec anis, carvi et coriandre.

Figues : fruits Parmi les fruits pectoraux avec les jujubes, les raisins et les dattes.

Galles appelées noix de galles : astringent (pouvait être falsifiées par des billes d’ar-gile) et paradoxalement, servaient aussi à vérifier si on avait affaire à de la vraie quinquina. De plus, on utilisait aussi les galles pour falsifier la poudre de noix vo-mique, d’ipéca.

Genièvre : fausses baies dans le tiroir Apéritif, fébrifuge, désobstruait les viscè-res, maladies cutanées, sirop purgatif. Ses galbules entraient dans la composition de l’orviétan, sorte de thériaque du pauvre à laquelle on avait ôté tout ce qui coûtait trop cher.

Guimauve : les racines En sirop, infusion… utilisée pour ses mu-cilages mais aussi pour calmer la douleur.

Iris : rhizome dans tiroir On les utilisait comme pois à cautère qui entretenaient la suppuration des plaies. On le considérait aussi comme expectorant et diurétique si sec, purgatif si frais et vomitif en cas de surdosage ! L’iris entrait aussi dans la composition des trochisques blancs avec du sucre, de l’ami-don et de la réglisse. En général, on en ajoutait à de nombreuses sortes de trochis-ques afin de masquer les odeurs désagréa-bles.

Jujube : en pâte pectorale ou pour gélatiner et mas-quer le goût des pilules.

Lierre : feuilles détersif, vulnéraire et contre les poux.

Millepertuis : en huile Vulnéraire, hystérie, affecte agréablement les nerfs, soulage douleur et fatigue. En eau vulnéraire contre entorses et contusions mais aussi pour falsifier la gomme-gutte (ne for-mait alors pas émulsion)

Nerprun : en sirop purgatif Olive : huile

A la base de nombreuses préparations. Nota : les grignons (déchets après passage sous presse pour la fabrication de l’huile d’olive) ser-vaient à falsifier de nombreuses drogues exoti-ques et coûteuses.

Pariétaire : dans une chevrette « m. parietaria » diurétique

Pêcher : fleurs en sirop Légèrement purgatif (très souvent prescrit).

Plantain : en eau pour les collyres Polypode : rhizomes dans tiroir

Laxatif doux Roses : en huile ou conservées dans du miel Rue : huile

Dans chevrette, contre les vers, la colique et les enflures, les ulcères et la gale. Entrait avec le romarin dans la composition d’un esprit cordial contre vents et nausées ainsi que dans la composition du Mithridate (avec figues et noix)

Saponaire : en sirop dépuratif Sureau : en rob dans des pilules anti-laiteuses et mé-

langé avec d’autres substances. Térébenthine : résine liquide extraite de conifères qui

entre dans la composition de très nombreux remè-des tels que onguents, emplâtres… nota : la téré-benthine de Venise provenait du mélèze.

Tilleul : bractées et fleurs En infusion calmante.

Violette : fleur Expectorante, laxative, béchique et émolliente.

3) LES DROGUES ISSUES DU REGNE MINERAL Antimoine

les pilules perpétuelles à base d’antimoine étaient utilisées dans les familles et se transmettaient car elles étaient rejetées intactes dans les selles et récupérées. Nota : une légende pro-galénique expliquerait ce nom en raison d’un nombre élevé de moines dé-cédés alors qu’ils faisaient des recherches sur ce corps. Une autre explication : antimoine viendrait d’anti-monos qui signifie jamais seul. Mais préci-sons aussi que Louis XIV fut sauvé in extremis par une administration d’émétique à base d’anti-moine après avoir déjà reçu l’extrême onction.

Bol d’Arménie : terre argileuse Astringente et hémostatique.

Hyacinthe : ne vous fiez pas aux apparences, la conserve d’hyacinthe n’est pas une conserve de jacinthe mais une conserve à base, entre autres, de pierres précieuses et bien d’autres ingrédients comme de la myrrhe, des semences de citron,

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Bulletin de la SBV - 28 - n°18 - mai 2008

des racines de tormentille, des feuilles de dicta-me de Crète….Ce minéral porterait ce nom en raison d’une similitude de teinte avec une des espèces de jacinthe de l’épo-que. Cette conserve ou confiture était pres-crite contre les vers.

Litharge : oxyde de plomb utilisé pour les emplâtres

Terre sigillée : Astringent, antivénérien et hémostatique

Petit glossaire de l’apothicaire : • Apozème : décoction • Bols : pilules grosses comme une olive et plus molles. Bol de terre argileuse appelée terre sigillée en raison du sceau (sigillum) dont étaient marqués les bols. • Bougies médicinales : étaient introduites dans le canal de l’urètre • Brutolés ou brytolés : bières médicinales • Cataplasmes ou épithèmes : cataplasmes maturants ou suppurants (tous deux contenaient des figues) • Cerat ou oléo cerolés : médecines externes de consistan-ce molle à base de cire, d’huile, de blanc de baleine • Condit ou confiture : fruits ou racines cuits entiers ou coupés dans du sucre • Confectio : électuaire liquide • Crème : préparation à base de lait, jaune d’œuf, sucre et substance soignante • Drogue : substance naturelle servant à la confection de remède

• Electuaire : médicament à pâte molle (poudre dans sirops, miel, pulpes, extraits, sels…) • Elixir : teinture composée au mortier + 2 fois sucre dans pot vernissé mis au soleil un mois et remué tous les jours. • Embrocation : préparation huileuse ou graisseuse pour usage externe • Emplâtre : substance + résine • Julep : potion composée de sirop ou d’eaux distillées destinée à servir de véhicule à d’autres médicaments plus actifs • Médecine : ancien nom des potions purgatives • Miels et oxymels : 4 mesures de miel pour une mesure de vi-naigre plus plantes • Mixtures : tous les médicaments préparés par mixtion destinés à être pris en goutte sur du sucre ou dans un verre d’eau • Onguent : plutôt avec résines • Oxéolats : vinaigres par distillation • Oxéolés : vinaigres par macération • Pilules : enrobées dans pâte de jujube pour gélatiner et mas-quer leur goût. Nota : Avicenne dorait les pilules • Pommade : à base de graisse (et pomme à l’origine) • Rob : nom d’origine arabe qui désigne un sirop très épais. • Sirop : viendrait de l’arabe « scharâb » pour breuvage • Tablettes : à base de mucilages • Trochisques : ancêtres de nos pilules avec mucilages, sucs de végétaux, mie de pain (étaient conservés dans le placard de chi-mie).nota : à un moment donné on les a colorés en jaune avec du nerprun. LA PHARMACIE ET SON FUTUR : De grands travaux ont été entrepris afin de transformer l’hôtel-dieu de Carpentras en pôle culturel, gageons que l’apothicairerie sera encore mieux mise en valeur et ses archives enfin accessibles à tous.

Jeanne-Marie PASCAL

Remerciements à : l’Office de Tourisme de Carpentras pour le prêt des diapositives. La Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras et son personnel. Monsieur Bruno François des Hospices de Beaune. Bibliographie :

« rencontres » n°67 inventaire de la pharmacie 17ème siècle « histoire de la pharmacie » par Patrice Boussel et Henri Boinne-main « connoissance pratique des Médicaments les plus salutaires » par M. Lewis (1775) « pharmacopée royale galénique et chimique » par Moïse Charas (1676) « encyclopédie méthodique, médecine par une sté des médecins » Panckouke (1792) « la pharmacopée universelle » par Nicolas Lemery (1697) « études vauclusiennes » n°38 décembre 1987 où l’on trouve l’in-ventaire de la pharmacie en 1763. « poudres végétales du codex et leurs falsifications » thèse d’Au-guste CHEVALY présentée le 21/05/1924.

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Bulletin de la SBV - 29 - n°18 - mai 2008

Traditions calendales en Provence au travers des végétaux (Du 4 décembre au 2 février)

Avant d’évoquer en détails toutes les traditions autour de la période de Noël, il faut d’abord rappeler qu’avant d’être découpée en dé-partement du Vaucluse, notre région comportait d’une part, le Comtat Venaissin et d’autre part, le Comté d’Avignon (c’est d’ail-leurs pour cela qu’on dit aller en Avignon et non aller en Arles) car il s’agissait d’états à part entière qui sont restés sous autorité papale durant cinq siècles. Les provençaux du coin sont donc particulière-ment attachés à leurs traditions car ils ne parlèrent le franchiment que contraints et forcés. A défaut de la langue, ils conservèrent donc leurs coutumes. Le 4 décembre : la Sainte Barbe

C’est le jour où blé et lentilles (elles ont été cultivées sur les terrasses de Venasque, Méthamis et ailleurs…) sont répartis dans trois assiettes sur du coton imbibé d’eau. Le chiffre trois correspond à la trinité. La maîtresse de maison veillait à ce que les graines germent convenablement car il y allait de la prospérité de l’année à venir, on ne plaisantait pas avec cela.

• Le 24 décembre : Construction de la crèche (mangeoire en provençal). Vous remarquerez que la date de construction de la crèche a avan-cé. Même si la construction d’une crèche requiert une bonne dose de créativité, il y a toutefois des éléments de la nature que l’on retrouve de façon récurrente : quelques lauzes, du sable disposé autour d’un miroir pour figurer un plan d’eau, des branches de thym bien tordues qui rappelleront des oliviers au tronc noueux, les lichens (on a parfois pensé qu’une sorte de lichen pouvait être à l’origine la manne évoquée dans la bible), la mousse qui sera légè-rement séchée car dans les familles se transmettent parfois des santons en argile non cuite (et pour éviter tout problème électrique avec la guirlande dont on cache quelques lampes dans la grotte de Jésus). On peut aussi faire une crèche avec des petits plans d’eu-phorbe characias ayant germé sous la mousse, mais dans ce cas on a intérêt à la laisser humide. On obtient ainsi de magnifiques pal-miers qui donneront un aspect plus biblique.

Quelques personnages de la crèche : En dehors de la sainte famille, on trouve des personnages que l’on retrouve dans les pastorales comme Bartoumièu (valet simplet et généreux portant de nombreux gilets troués superposés), Pistacié (coureur, buveur, ayant vendu son om-bre au gitan, appelé lou boumian). A noter que notre person-nage porte ce nom en raison des prétendues vertus aphrodi-siaques attribuées par analogie aux pistaches. Attention, on ne met ni chat ni cochon dans une crèche. Décoration de la maison avec du houx. Autrefois, les ger-mains en paraient leur maison afin de célébrer les esprits de la forêt. (l’expression se faire houspiller tire son origine de cet arbre). Ensuite, on a dit qu’il représentait la vie du Christ : fleurs blanches, la pureté ; fruits rouges, son sang et feuilles épineuses, sa couronne. Les Hommes savaient tou-jours où en trouver car ils utilisaient la deuxième écorce du houx pour fabriquer la glue qui servait à attraper les oiseaux. Le gros souper qui, contrairement à son nom était maigre (on jeûnait depuis le 1er décembre). Il comportait sept plats à base de morue ou escargots avec des épinards en gratin (tian), cardes en sauce blanche truffée éventuellement, lé-gumes d’hiver en anchoïade à l’huile d’olive nouvelle…. Il faut noter que ce jour là, tous les plats étaient mis en même temps sur la table car la maîtresse de maison mangeait à table avec les convives. Le couvert était disposé sur trois nappes blanches mises les unes sur les autres, (allusion aux

trois nappes de l’autel : nativité, circoncision et épiphanie). Les trois coupelles de graines germées, les petits pains calendals déco-rés de fragon agrémentent encore la table de nos jours. Les treize desserts : Ils étaient dégustés seulement au retour de la messe de minuit qui était souvent précédée du pastrage (offrande de l’agneau vivant à Jésus). Ils font allusion au nombre de personnes présentes lors de la Cène. Leur grand nombre proviendrait d’une tradition païenne au cours de laquelle la maîtresse de maison sortait tous les desserts disponibles à cette période en signe de profusion, de prospérité là aussi. Voilà pourquoi il n’existe pas vraiment de liste, ne vous querellez pas sur la composition des treize desserts et faites à votre convenance. Saviez-vous que la bûche de Noël a pour origine notre tradition du cacho fio, (feu caché en provençal) ? elle représente le feu mourant qui ressuscite, ancienne tradition païenne adaptée à la sauce chrétienne. Au-trefois, le plus ancien et le plus jeune de la famille prenaient une longue bûche d’arbre fruitier coupée dans l’année (elle devait se consumer dou-cement du 24 décembre au 1er janvier, d’où le nom de feu caché). Ils fai-saient trois fois le tour de la table avant de la déposer dans l’âtre en pro-nonçant une formule en provençal : « joie ! que Dieu nous laisse en joie ! la bûche de Noël arrive, tout va bien. Dieu nous fasse la grâce de voir l’an qui vient, si nous ne sommes pas davantage, que nous ne soyons pas moins ! ». Le papé bénissait alors la bûche avec le rameau d’olivier trem-pé dans du vin cuit (qui avait été béni par le prêtre lors des rameaux). Cette bûche fut ensuite agrémentée de friandises dissimulées dans les interstices du bois, se transformant petit à petit en vrai dessert. La bûche du cacho fio se transformait en morceaux de charbon de bois et on en gardait pour les coups durs (maladies, orages…). le paysan leur accordait aussi une qualité fécondante puisqu’il en disposait aux angles de sa pro-priété avec le blé et les lentilles germés. Quant aux autres desserts, il y a bien sûr les fruits d’hiver, comme les kakis* (ils contiennent beaucoup de vitamine c, surtout la peau). les men-diants, fruits secs dont les couleurs rappelaient la couleur des robes des ordres où l’on faisait vœu de pauvreté. (figues : franciscains ; amandes : carmes ; noix ou noisettes : augustins, raisins : dominicains). Le nougat noir et le nougat blanc, (à l’origine à base de noix, le mot nougue signi-fiant noix en patois du Dauphiné), puis à base d’amandes, il figurait la lutte entre le bien et le mal. Les amandes étaient cassées lors des veillées, une fois chez l’un, une fois chez l’autre, comme pour les lessives. On se racontait des galéjades et on se chauffait avec les coquilles. On en gardait parfois un peu pour en faire une infusion avec les feuilles d’amandiers en cas de toux. Les galéjades déviaient vite, une fois les enfants couchés car l’amande, par analogie avait une forte connotation sexuelle (les arabes la tenaient pour aphrodisiaque). Les prévisions de récolte se faisaient en fonction de la période de floraison de l’amandier : en février, un panier ; en mars, un plein sac. On trouvait aussi la pâte de coing. Marie Mauron, auteur provençale conte qu’il était de tradition de voler le coing du voisin pour fabriquer le coudoun (vin cuit avec un coing) et de se laisser voler ses coings en prélu-de à la communion qui règne entre les gens au moment de Noël. A noter que les convives masculins portaient aussi un peu de coing sur eux puis-qu’à un moment donné on a fabriqué un mélange fixateur pour cheveux appelé bandoline. Tandis que les femmes, influencées par Colette s’étaient certainement faites belles avec la lotion « peau d’ange » à base de semen-ces de coing.

Les vins cuits : ils étaient à base de noix, orange ou micocoules (ce dernier était appelé sauve-chrétien et consommé le 24 décembre uniquement).

Les calissons d’Aix figuraient parfois au menu des familles aisées.

Le 25 décembre :

Fin du jeûne, on passe à la gastronomie. Les volailles farcies et truf-fées remplacent les plats maigres.

Le 26 décembre : Jour férié en Provence, on mange une bonne aïolli sans œufs pour se remettre l’estomac en place. Certains faisaient juste une aïgo bouilli-do avec deux feuilles de sauge. On rend visite aux amis, aux proches qui n’étaient pas là à Noël.

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Bulletin de la SBV - 30 - n°18 - mai 2008

Le 6 janvier : l’épiphanie On célébrait autrefois l’arrivée des rois mages dans chaque village. Ce sont eux qui apportaient les cadeaux en Provence. On place ce jour là leur santon dans la crèche ou on les rapproche de la sain-te famille si on les avait placés juste au bord de la table ou du pé-trin. On distingue :

Gaspar : jeune homme imberbe qui présente l’encens, représente l’Afrique, sur-nommé le roi maure. (l’encens, tou-jours utilisé dans les églises pour communiquer avec dieu).

Balthazar : d’âge mûr apporte la myrrhe (qui vient de Perse pour être mêlée aux parfums de grande qualité, embaumer les morts ou se soigner, désinfecter), de type européen, la famille des Baux et le prince Reinier prétendent en descendre.

Melchior : vieillard qui apporte l’or dans un coffre. Par ce geste, il reconnaît l’en-fant en tant que futur roi

Le 2 février : la chandeleur

On confectionne aussi des crêpes en provence. C’était le jour où l’on rangeait les santons dans leur boite ( on ne laisse la crèche jusqu’à cette date que dans les églises maintenant). Avant de les ranger, les santons étaient tous tour-nés vers la grotte de Jésus, en espérance qu’il n’y ait personne sans logis dans l’année La chandeleur est aussi le jour des relevailles** de la vierge. Dans la crèche, il y a souvent un personnage qui apporte une poule noire. Autrefois, les jeunes mamans devaient manger un bouillon de poule noire le jour de leurs relevailles. C’est éga-lement la fête des lumières. Dans certains villages, on mettait un peu de cire avec une mèche dans des coquilles de noix et on laissait ces lumières filer sur les sorgues. On retrouve notre symbole du feu nouveau transformé. La bougie représente le Christ : la cire, sa chair ; la mèche, l’âme et la partie lumineu-se, la divinité. Jeanne - Marie PASCAL

• *kaki – fruit du plaqueminier - arbre aussi utilisé en teinture et on s’est rendu compte qu’il avait en même temps des vertus de non conduction de la chaleur. **relevailles : la jeune maman devait garder le lit longtemps et c’est le jour où elle en sortait.

Pascal MARNOTTE, Alain CARRARA (CIRAD- Labora-toire de Malherbologie ) avec la participation de - Estelle DOMINATI et Fanny GIRARDOT.

Plantes des rizières de Camargue. CIRAD -2006-264 pages- illustré- 22 Euros. Introduction sur les milieux naturels et la riziculture ; 178 plantes autochtones et introduites en même temps que les semences sont décrites, poussant dans les rizières et à leur abord, considérées par les riziculteurs comme de mau-vaises herbes.

Gérard CAVATORE. Mimosas et acacias pas à pas. Edisud – 2008 – 14,5 Euros.

André VIGOUROUX. Le platane-portrait-botanique-maladies.. Edisud - 2007- 128 pages- 17 Euros.

Véronique MURE. Jardins de garrigue. Edisud - nouvelle édition 2007- 160 pages - 20 Euros.

Acta Botanica Gallica- volume 154 - numéro 3 - octobre 2007 Colloque du 150 ème anniversaire de la Société Botanique de France. 150 ans d’histoire pour préparer la botanique de demain.

F . MELKI et M. BRIOLA. Ventoux, géant de la nature. Guide des richesses botaniques du Mont Ventoux. Biotope- Collection Parthénope- 2007- 248 pages- 39 Euros.

Le Mont Ventoux- Encyclopédie d’une montagne provençale. Coordonné par Guy BARRUOL. Ed. Alpes de Lumières –Forcalquier - numéro 155/156- 2007- 348 pages – 40 Euros. Le chapitre « Forêt et flore » est rédigé par Bernard Girerd.

Jamal BELLAKHDAR. Hommes et plantes au Maghreb. Eléments pour une méthode en ethnobotanique. Ed. Le Fennec – Casablanca – 2008 – 388 pages – illustré – 42 Euros. Version téléchargeable – 22 Euros.

Michel GARCIA De la Garance au Pastel – L’herbier des plantes tinctoriales. « Le jardin des teinturiers ». Aquarelles de M.F.Delaroziere. Edisud – 2007 – 126 pages – 18 Euros.

Michel CHAUVET. Petite flore méditerranéenne – Nos légumes et leurs cousins sauvages. Ed. Romain Pages – 2007 – 96 pages – 12,5 Euros. Publié avec le soutien de la Région Languedoc-Roussillon et du Conservatoire Botanique National Méditerranéen de Porquerolles.

Le Var et sa flore. Plantes rares et protégées. Ouvrage collectif de l’Association pour l’inventaire de la flore du Var sous la direction de Roger CRUON. Ed. Naturalia Publications – 04250 – Turriers – 528 pages. Souscription toujours en cours – 40 Euros -à paraître en 2008.

Jean-Marc DROUIN L’herbier des philosophes. Ed. Le Seuil – Collection « Science Ouverte »- 2008 – 314 pages – 22 Euros.

Le Domaine du Rayol – Le Jardin des Méditerranées. Sous la direction de Sonia LESOT et Henri GAUD Coll. « Regards » - Ed. Gaud. Sur les traces d’Augustin Pyramus De Candolle. Pyrénées, l’aventure botanique. Alain FEUX, responsable du projet.

Ed. Association TERRANOOS – En souscription – 160 pages – 33 Euros. http:// www.terranoos.org

En 1807, De Candolle, mandaté par le Premier Empire, réalise l’inventaire de la flore du sud de la France et traverse les Pyrénées de Collioure à Saint Jean de Luz pendant deux mois. Du 23-06 au 30-08-2007 une équipe de l’association Terranoos reprend l’itinéraire, constitue un herbier de référence (à comparer avec celui de De Candolle) et envisage un suivi et une exploita-tion de ces résultats. L’ouvrage présenté est un des éléments de cette action.

Parutions récentes

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Bulletin de la SBV - 31 - n°18 - mai 2008

Note de lecture par Flavien FERIOLO

The Genus Lavandula, S. Andrews et T. Upson, Timber Press, 2004 (anglais) Un magistral ouvrage publié à l’initiative du Jardin Royal de Kew qui présente de façon exhaustive le genre Lavandula. Certainement le meil-leur ouvrage sur le sujet qui propose les 39 espèces et 400 cultivars de lavande connus à travers des planches de toute beauté (aucune photo), d’une remarquable précision. Chaque espèce y est présentée avec une description précise, sa planche des fleurs et des feuilles, sa culture, ses synonymes, sa distribution avec une carte et ses utilisations par l’Hom-me. Un livre comme on aimerait en voir plus souvent dans nos étagè-res ! L’Amarante Maïs, haricots, amarante constituaient les bases de l’alimenta-tion des habitants du Mexique précolombien. L’amarante parti-cipant aux sacrifices humains, elle fut interdite par le clergé catholique colonial On l’utilise en Afrique (jeunes pousses en légu-me), en Asie (comme cé-réale), en Europe (ce sont les plumets rubiconds de nos bouquets.. !). En 1975, un livre consacré aux « plantes tropicales sous exploitées et à fort potentiel « ramène l’atten-tion sur l’amarante. Il en existe plus de 60 variétés, avec une production moyenne de 1 tonne par hectare, sur terre aride…citons Amaranthus hypo-chondriacus. Cette céréale ne contient pas de gluten, elle est plus riche que le blé en protides, lipides non saturés, fibres, calcium et fer. Les graines chauffées donnent un « pop-corn »… comme le quinoa au Pérou. Transformée en farine et mélangée au maïs elle peut participer à la « tortilla » ! Enfin on en extrait la squa-lène utilisée en cosmétolo-gie. Une graine d’avenir ? M. Graille d’après jp géné – Le Monde 2 – 12 janvier 2008.

QUE DANSE LA BIODIVERSITE !!….. Un scientifique inquiet, Wilson, inventa le mot avec le titre de son ouvrage : "Sauvons la biodiversité!" " Que danse la biodiversité! " " Que chante la Vie! " Que se perpétue le Vivant!" S'il est un savoir bien délaissé, c'est celui de l'observation car il nécessite du temps, temps "perdu" qui s'oppose au mode de fonctionnement de l'immédiateté de notre siècle au temps renta-ble, mais….les nouvelles technologies de l'imagerie n'offrent-elles pas précision et possibilités de comparaison à l'observa-teur doué d'esprit d'analyse et ne permettent-elles pas de redo-rer le blason des chercheurs patients et minutieux en tous do-maines et en botanique par excellence…Oui, la Nature dont nous ne sommes qu'une infime parcelle fragile sur ce vaisseau spatial qu'est la terre , reste et restera notre Mère… cf. Terre- Mère, homicide volontaire ? de Pierre Rabhi . " Que danse la biodiversité !" " Que chante la vie ! " " Que se perpétue le Vivant !" Pour devenir un bon scientifique, il faut, en particulier, poser quelques hypothèses…et quoi de plus efficace que l'observation précise du terrain pour aider à la vérification de ces hypothèses à l'aide d'échanges d'observations interdisciplinaires ? Comme Linné nous y invite (de l'embranchement à l'espèce -- en passant par la classe, puis par l'ordre et la famille et le genre -- sur le mnémotechnique "ecofage"), il existe un besoin bien humain à classer, à répertorier … afin de nous rassurer en sortant de l'aléatoire, de l'incertain... car le hasard dérange et inquiète toujours…Par contre, Buffon osait les comparaisons et contestait parfois ce besoin réducteur de classer…Le vivant ne se révèle -t-il pas toujours plus complexe que la réalité suscepti-ble d'être captée par nos "pauvres moyens"? " Que danse la biodiversité ! " " Que chante la vie !" " Que se perpétue le Vivant ! " Oui, que danse la biodiversité en un ballet virevoltant de multiformes inventions de passerelles en passerelles inimagi-nables! Oh! Comme serait morne et triste un monde de clones en gé-mellité multiple plus mortifère que créatif… où tout se fon-drait dans l'indifférencié … Lorsque trottinent des milliers de fourmis dans leur hâte tra-vailleuse au sein de leur fourmilière, elles apparaissent toutes semblables à nos yeux de myopes face à ce microcosme four-millant…Oui, à nos cinq sens émoussés de routiniers de la vie, une forêt n'est habitée que d'arbres, ( terme générique qui satis-fait trop souvent le quidam)…la prairie que d'herbes ; la monta-gne, que de fleurs ; etc…ce qui vole est "insecte" ou oiseau"…

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Bulletin de la SBV - 32 - n°18 - mai 2008

Regardez danser les pâquerettes (Bellis perennis) à la bruine de rose, se haussant silencieusement sur leurs courtes tiges sans jalouser leurs grandes sœurs "Leucanthemum" ou "Matricaria", chacune "inventant" sa taille, la forme de ses feuilles et ses cou-leurs. Et la petite graine, si infime soit-elle, sait qu'en elle rési-de l'intelligence de la vie et sous des aspects multiformes : ron-des, torsadées, falciformes, réniformes ou ailées…. Chaque arbre aussi, avec son architecture de chêne ou de frê-ne ou de tilleul ,(etc) danse dans le vent, plie ou rompt mais chaque famille, à la fois en ressemblance, sait inventer quelques fantaisies personnalisées… --- Ainsi, le chêne dit au roseau: "Oui, je danse le vivant mais à ma manière, à ma fantaisie / Et vous avez bien sujet d'ac-cuser la diversité. / Oui, pour vous, un chêne est un chêne / Et la moindre fantaisie qui d'aventure / vous invite à reconnaître les surprises de la vie, / vous semblez la refuser. ---Votre perspicacité, lui répondit le roseau, est juste / je me perçois souvent comme un roseau semblable/ à cent mille au-tres roseaux et pourtant / un certain philosophe Pascal m'a comparé à l'homme / " L'homme est un roseau, le plus faible de la nature, mais un roseau pensant " / Ainsi, il existe d'autres roseaux : le roseau pensant, n'est-ce pas ?/ Ainsi, nos yeux de néophyte botaniste ne voyaient qu'un Hera-cleum mais peu à peu ils distinguèrent Heracleum sphondy-lium , aux fleurs blanchâtres et Heracleum sphondylium subsp. sibiricum aux fleurs verdâtres… Il en fut de même, n'est-ce pas, pour Veratrum album et Veratrum album subsp. lobelia-num… De même, au nez déficient et trop peu pourvu de curiosité, la violette est la violette y compris toujours parfumée alors que la seule qui offre, à cette discrète fleur, sa renommée est : Viola odorata , au parfum si envoûtant… De même, aux yeux trop évasifs, Cicerbita est Cicerbita et pourtant Cicerbita alpina se fait remarquer par des poils glandu-leux dans le haut…brrr, il fait froid dans les Alpes, il faut se couvrir ! tandis que Cicerbita plumieri ne s'en revêt point !

Et Juniperus communis subsp. communis est arbuste dressé aux feuilles s'écartant à angle droit du rameau tandis que Juni-perus communis subsp. nana est un arbuste couché aux feuilles un peu arquées …. A chacun sa fantaisie et sa différence dans la biodiversité ambiante ! Et les Ophrys aux multiples imitations d'abeille, d'araignée, de bourdon… ces orchidacées aux si multiples étrangetés, quelle diversité!

Allez, les botanistes débutants ou plus experts, loupe en mains, œil et nez fureteurs, exercez avec entêtement vos cinq sens que binoculaires et microscopes amplifieront et sous vos yeux et votre précision affinée, les variétés se multiplieront jus-qu'à ? jusqu'à …l'infini …peut-être…de l'infiniment grand à l'infiniment petit? jusqu'au vertige!….et avec notre philo-sophe Pascal , nous pouvons murmurer : " Le silence de ces espaces infinis m'effraie!" Le silence? Non, pas seulement… mais les parfums, les sons, les formes, les goûts et surtout avec Charles Baudelaire, observons la biodiversité aux multiples correspondances possibles: "Les parfums, les couleurs et les sons se répon-dent" Mais tous ces "comment", répertoriés par les botanistes, ne suffisent point lorsqu'ils ne sont pas accompagnés par leurs compagnons indissociables : les " pourquoi"… " Que danse la biodiversité! " " Que chante la vie! " " Que se perpétue le Vivant ! " Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pour-quoi ? Pourquoi? Ronde incessante de questions dont certaines ne trouveront pas de réponses satisfaisantes et d'autres… une réponse ponc-tuelle souvent remise en question. Pourquoi la biodiversité? ---pour la beauté de notre terre? ---pour l'harmonie du monde ? ---pour la sur-vie du vivant? ---pour alimenter la curiosité des cher-cheurs? ---pour l'équilibre de notre monde fragile? --- pour rabaisser l'orgueil des hommes ? e t c … L'expé-rience ne nous a-t-elle pas démontré que la monoculture ren-dait l'écosystème instable avec le cruel souvenir de la famine irlandaise et le mildiou de la pomme de terre, hélas! Et que plus grande était la biodiversité, plus l'écosystème conservait une certaine stabilité en tant que facteur d'équilibre de tout le Vivant! "Pourquoi la biodiversité ? " " Pourquoi chanter la vie ? " " Pourquoi agissons-nous contre le Vivant? "

Et que penser de WELWITSCHIA MIRABILIS du désert de Namibie???

Odette MANDRON

D’après scanner : Ch.GROSCLAUDE

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