Bulletin Mai 2007

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Société Botanique du Vaucluse Bulletin de liaison de la Société Botanique du Vaucluse - n°17 - mai 2007 B.P. 1227 - Site Agroparc - 84911 AVIGNON CEDEX 9 Deux plantes rares du Vaucluse Inula bifrons (L.) Vue dans une friche de Mazan (Vaucluse) Plante protégée nationale Bassia laniflora (S.G. Gmel.) A. J. Scott. ( = Kochia arenaria ) Station de Mormoiron (Vaucluse) Plante protégée en région PACA

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Bulletin de liaison de la Société Botanique du Vaucluse

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B.P. 1227 - Site Agroparc - 84911 AVIGNON CEDEX 9

Deux plantes rares du Vaucluse

Inula bifrons (L.)

Vue dans une friche de Mazan (Vaucluse) Plante protégée nationale Bassia laniflora (S.G. Gmel.) A. J. Scott.

( = Kochia arenaria )

Station de Mormoiron (Vaucluse) Plante protégée en région PACA

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Bulletin de la SBV - 2 - n°17 - mai 2007

Société Botanique du Vaucluse

Siège Social Lycée Agricole François PETRARQUE Cantarel - route de Marseille

Adresse postale BP 1227 Site Agroparc 84911 AVIGNON cedex 9

Adresse Internet Site SBV http://www.sbvaucluse.org

Courriel [email protected]

Réunion mensuelle Tous les deuxièmes mardis du mois, au Lycée François PETRARQUE

Cotisation annuelle 18 euros membres adhérents 9 euros membres associés 9 euros étudiants demandeurs d’emploi

Droit d’entrée 7 euros nouvel adhérent

Bulletin de la SBV Distribution Le bulletin de la SBV est distribué gratuite-ment aux adhérents. Les non adhérents peu-vent se le procurer en adressant leur demande à l’association.

Directrice de Publication La Présidente : Huguette ANDRE

Redaction Les membres du bureau de l’association

Maquette: Denis Coquidé

Impression: Espace Dupont - 84130 Le Pontet

Sommaire

-Editorial p. 3

-Ont participé à ce numéro

-Botanique vauclusienne p. 4 -Nouveautés 2006 pour la flore vauclusienne- B. Girerd.- JP Roux. -Quelques recherches à faire en 2007, parmi d’autres !- B.Girerd. -Bassia laniflora…- JP Roux et R.Guizard. -Les Orchidées recensées- Un site dédiée.-Information. -Inula bifrons.. à Mazan et ..ailleurs dans le Vaucluse- JP Roux et R. Guizard. -Le Safran… de l’or végétal !!- Crocus sativus L.- R. Guizard.

-Séjour botanique de la SBV dans le Gard et l’Hérault p. 11 (3-4 et 5 juin 2006) – J.C. Bouzat.

-La SBV en Velay et Gévaudan (30 juin et 1-2 juillet 2006) P. 16 – J.C. Bouzat.

-Botanique générale : P. 21 -Essai de structuration du contenu disciplinaire de la botanique R.Delpech. -Au sujet des tourbières- J.C. Bouzat. -Plantes à odeurs- J.M. Pascal. -Une plante du désert pour remplacer les puits de pétrole…!

-Chroniques : P. 28 -Plantes rares et jardin naturel-Sérignan-2006. -Mazan 2006-Exposition. -Géraniums des villes et des champs -.Lyon 2006. -Wollemia nobilis- Lyon 2006.

-Notes de lecture : p 30 -Alphonse Karr… »Voyage autour de mon jardin » par J.M. Pascal. -La plaine de L’Abbaye- Villeneuve les Avignon… par M.Graille.

-Bibliographie p. 31

-La ronde des éléments - Odette Mandron. P. 32

-Encart couleur au centre du bulletin pages I à VIII

Bureau 2007 – Elections du 14 mars 2006- 12 membres. ( sans changement )

Huguette André Présidente Roselyne Guizard Vice-Présidente Mireille Tronc Vice-Présidente Claire Ventrillard Trésorière Nicole Chiron Trésorière – adjointe Michel Graille Secrétaire Flavien Fériolo Bibliothécaire Jean-Claude Bouzat Coordonnateur des relevés botaniques Marie-Jeanne Pascal Communication et relations avec la presse Autres membres : Alain Chanu, Janine Vizier, Marie-Thérèse Ziano Conseillers scientifiques : Bernard Girerd - Jean-Pierre Roux. Commission de vérification des comptes : Jean-Marie Bernard-Henri Courtois- Robert Fournier.

Les photographies (noir /blanc et couleur) sont de : Huguette André, Jean-Claude Bouzat, Mathieu Chambouleyron, Michel Graille, Rose-lyne Guizard, Marie-Thérèse Ziano . Internet a été sollicité pour 2 documents. Les dessins botaniques sont extraits de : Flore de COSTE, Flore des champs cultivés de Philippe JAUZEIN et Grande flore illustrée des Pyrénées de Marcel SAULE.

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Bulletin de la SBV - 3 - n°17 - mai 2007

Editorial Huguette André, présidente.

Ont participé à ce numéro

Huguette André 30250-Junas

[email protected]

Jean-Claude Bouzat 26110-Condorcet

[email protected]

Mathieu Chambouleyron 13104- Mas Thibert

[email protected]

René Delpech 84290-Sainte Cécile les Vignes

[email protected]

Bernard Girerd 84250-Le Thor

[email protected]

Michel Graille 84310-Morières les Avignon

[email protected]

Roselyne Guizard 84380-Mazan

[email protected]

Odette Mandron 38700- La Tonche

[email protected]

Jeanne-Marie Pascal 84210-Venasque

[email protected]

Jean-Pierre Roux 84200 Carpentras

[email protected]

Marie-Thérèse Ziano 84490-St. Saturnin d’Apt [email protected]

Historique et actualité C’est au cours de l’année 1980 qu’un groupe de personnes autour de Maurice Heullant (artisan menuisier) a désiré créer une section de botanique .Nous étions tous des adhérents de la Société Mycologique. Nous faisions des sorties au printemps et en automne- période propice au développement des champignons - et nous participions à l’exposition mycologi-que de l’association vauclusienne. Durant plusieurs années consécutives la poussée autom-nale des champignons a été peu productive et nos sorties se transformaient en herborisa-tions, nous entraînant directement vers la botanique. Les objectifs étant différents, il n’était pas possible de constituer une section au sein de la Société Mycologique. Aussi, après plu-sieurs concertations, nous avons décidé de créer une association (loi de 1901) - Société Botanique du Vaucluse- dont les statuts ont été déposés en avril 1980. Ils stipulaient : « Société ayant pour but de promouvoir et encourager l’étude, la connaissance et la sauvegarde des végétaux, tant sur le point de vue scientifique qu’utilitaire ,cela par les moyens de sorties et excursions dans la nature, visites de parcs et musées, causeries, conférences, projections et expositions ».Six personnes en ont constitué le premier bu-reau : Mmes. Nicole Chiron, Laurence Peduzzi, Huguette André et Mrs. Maurice Heullant - Président-, Fernand Perrin, André Laurencich. Le semestre qui a suivi a été consacré aux sorties sur divers milieux -garrigue, montagne .etc . En 1981 réalisation d’une première exposition de plantes fraiches dans une salle de la Chambre de Commerce située rue de la République à Avignon. Elle a attiré beaucoup de visiteurs et beaucoup d’adhérents (40) qui sont encore, pour la plupart, présents! La SBV démarrait bien ! Elle avait en plus la chance de disposer d’un Inventaire floristique du département (Première parution en 1978) et surtout du soutien de son auteur, Bernard Girerd. Les conditions étaient réunies pour explorer le Vaucluse en toute saison. En moins de 10 ans une centaine d’espèces supplémentaires sont retrouvées ou découvertes. Bernard Girerd complète son inventaire et en 1990 une nouvelle version paraît- éditée en liaison avec la SBV -qui s’est engagée à publier chaque année les nouveautés s’il y a lieu .Une série de mises à jour ont suivi, de 1991 à 1999, d’abord sous forme de petits livrets et actuellement intégrées dans le bulletin de liaison .Tout ces résultats ont été obtenus par des recherches sur le terrain et avec les outils de détermination traditionnels- loupes et flo-res .Actuellement nous participons à l’élaboration d’un 3ième inventaire en testant les clés de détermination de quelques genres vauclusiens proposées par Bernard Girerd et Jean-Pierre Roux . L’étude botanique ne se limite pas au seul département du Vaucluse ; elle s’effectue égale-ment dans d’autres régions de France afin d’apprécier les autres milieux et aussi d’échan-ger nos expériences avec des associations similaires .La conception des activités annuelles proposées par Maurice Heullant a porté ses fruits ; j’ai dans ses grandes lignes gardé la même structure des programmes, qui s’avère, d’après les résultats de l’enquête proposée dernièrement, convenir aux adhérents. Deux activités supplémentaires ont vu le jour avec le début de mes fonctions :

• La création d’un bulletin de liaison- projet entériné au dernier conseil d’administra-tion que présidait Maurice (je n’y étais d’ailleurs pas favorable). Ce bulletin répon-dait à la demande des sociétaires éloignés. Sachant que Daniel Mathieu maîtrisait l’outil informatique et qu’il se chargeait de la maintenance, l’objectif de départ avait été fixé à 2 bulletins par an. Ce fut ensuite péniblement un seul !-la création est faci-le, assurer la pérennité est plus difficile ; il faut temps et technicité dans la durée. Michel Graille s’est à la suite investi et collecte vos textes et photographies….

• De même pour le site internet crée par Daniel, recrée à nouveau, mais il ne nous donne pas entière satisfaction. Il est donc nécessaire de réfléchir sur son maintien, de le dynamiser afin qu’il devienne un outil d’information et d’échanges, reflet de l’activité de notre Société. En fin de séance de la dernière assemblée générale, j’ai proposé, suite à une réunion de bureau, de constituer une commission chargée d’éta-blir des objectifs précis liés à notre département, pour pouvoir modifier et moderni-ser notre site.

La commission, formée de membres du bureau et de deux volontaires présents à l’assem-blée générale, se réunira au LEGTA fin avril 2007. L’informatique un outil fantastique auquel la SBV ne peut se soustraire. Les paysages évo-luent, les botanistes aussi …nous ne sommes plus au temps de Linné! Cette rétrospective m’a permis de faire un constat : la création de la SBV et son maintien ont reposé sur le dynamisme et la disponibilité .A cela il faut ajouter la passion et l’amitié.

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Bulletin de la SBV - 4 - n°17 - mai 2007

Botanique Vauclusienne

Alchemilla colorata Buser - Dans les Alchemilla, genre connu pour sa complexité, cette espèce appartient à la section des Pu-bescentes Fröhner correspondant à Alchemilla hybrida L. de P.Fournier et caractérisée par des feuilles peu profondément divisées, velues grisâtres et non soyeuses argentées comme les plantes de la section Alpinae E.G. Camus.

Dans le mont Ventoux, on connaissait seulement, pour re-présenter la section Pubescentes, Alchemilla flabellata Buser, plante relativement fréquente dans toutes les parties élevées, notamment sur le versant nord (Mont Serein et Contrat). Des récoltes effectuées (herbier B.G.) sur les crêtes supérieures pro-ches et à l’ouest du sommet (près du vieux pluviomètre) nous ont permis de détecter un taxon différent correspondant bien aux critères de A. colorata (sous-espèce de A. hybrida chez P.Fournier). La détermination a été effectuée par J.-M. Tison que nous remercions vivement.

C’est une plante plus petite (moins de 10 cm, sans doute à cause du milieu) à feuilles dont les lobes sont nettement arron-dis et les pédicelles floraux (non les pédoncules ni les tiges !) glabres ou presque, alors que chez A. flabellata, les lobes foliai-res sont tronqués et les pédicelles très velus.

Il s’agit d’un taxon morphologiquement très proche d’A. flabellata mais plus montagnard, passé inaperçu jusqu’à mainte-nant. Il conviendrait donc de multiplier les observations pour mieux localiser les 2 espèces.

Allium ursinum L. - « L’ail des ours » est remarquable par ses feuilles larges de 4 à 5 cm, lancéolées et pétiolées et par ses fleurs d’un blanc pur étalées en étoile et réunies en ombelles terminales assez lâches. Il recherche les sous-bois humides où il peut pousser en grandes masses, et quoique très fréquent dans une grande partie de la France, il est réputé rare dans le Midi, et de fait, il semble à peu près absent au sud du Vercors.

En ce qui concerne le Vaucluse, il a été cité jadis à Lagarde-d’Apt (Colignon E., 1864) et à ce titre, il figurait dans l’inven-taire de 1978. N’ayant apparemment jamais été revue depuis plus de 100 ans, cette plante a été radiée de l’inventaire de 1990 et seulement citée à titre historique. Or, en juin 2006, nous avons eu la chance d’en retrouver une assez belle population dans les bois situés au nord et presque au sommet du Saint-Pierre à Lagarde-d’Apt. Il s’agit donc bien d’une retrouvaille spectaculaire et on peut penser que cette po-

pulation a toujours existé mais qu’elle a simplement échappé aux observateurs finalement peu nombreux. Bibliographie : COLIGNON E., 1864 - Flore d’Apt. Tableau synonymi-que de quelques plantes qui croissent aux environs de cette vil-le. Ann. Soc. Litt. Apt 2 : 86-160.

Bromus lanceolatus Roth (= B. macrostachys Desf.) - Ce bro-me se différencie de tous les autres par ses épillets de grande taille (3 cm de long et plus), à arêtes fortement divergentes et torsadées, courtement pédicellés et réunis en inflorescences compactes. Par ces caractères, il ne peut donc pas se confondre avec Bromus squarrosus L. qui lui ressemble un peu. Une population a été observée (J.-P.R. et M. Barcelli) sur les graviers de la Durance à Lauris (l’Amérique). Cette plante avait été signalée très anciennement à Avignon (Loiseleur-Deslongchamps J.L.A., 1810) et jamais revue depuis. C’est une espèce méditerranéenne, connue dans les Bouches-du-Rhône et dans le Gard, mais très exceptionnelle plus au nord. Bibliographie : LOISELEUR-DESLONGCHAMPS J.L.A., 1810 - Notice sur les plantes à ajouter à la Flore de France (Flora gallica) : [i-ii], 1-172, pl. i-vi. Icones…21 tab. Paris.

Flore de Coste - Tome III

Nouveautés 2006 pour la flore vauclusienne

Nous présentons cette année une liste de 9 espèces à ajouter à l’inventaire de la flore du Vaucluse (dont une, Potentilla collina Wibel dans les Alpes-de-Haute-Provence, mais très près du Vaucluse). Trifolium nigrescens Viv., espèce assez fréquente dans toute la région méditerranéenne avait jusqu’alors échappé à la sagacité des botanistes vauclusiens ! Une autre, Carex lepidocarpa Tausch, appartient au groupe très mal connu Carex fla-va s.l. Deux d’entre elles sont des plantes citées autrefois dans le département mais dont on avait perdu la tra-ce depuis 200 ans pour Bromus lanceolatus Roth et 150 ans pour Allium ursinum L. ; cela permet de rappeler une nouvelle fois combien il faut être prudent avant de déclarer des espèces « disparues ». Le cas de Potentilla pedata Willd. est intéressant car il fait surgir une espèce nouvelle à la suite d’une révision d’un groupe com-plexe. Il en est un peu de même avec Alchemilla colorata Buser qui a toujours été confondue par manque d’observations attentives. Enfin, l’apparition de deux espèces naturalisées (Euphorbia davidii Subils et Seta-ria parviflora (Poiret) Kerguélen) rend compte d’un mouvement migratoire toujours d’actualité et qui risque de s’amplifier dans les années à venir.

( Bromus lanceolatus )

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Bulletin de la SBV - 5 - n°17 - mai 2007

Carex lepidocarpa Tausch. - Des plantes observées à Rasteau, à la Font de Taon, près de la maison de garde (J.-P.R.) peuvent être rapportées à ce taxon, du moins d’après les données un peu anciennes. Elles sont nettement différentes des populations jus-qu’à maintenant observées sur les graviers de la Durance. Il s’agit d’un groupe très complexe globalement nommé Carex flava s.l. et diversement subdivisé par les flores successives, sans qu’aucun traitement définitif ne s’impose. Les plantes vau-clusiennes n’appartiennent certainement pas à Carex flava L. (s.s.), et provisoirement il semble possible de les rapporter à Carex viridula Michaux, les populations de la Durance appar-tiendraient à la sous-espèce viridula et les sujets de Rasteau à la sous-espèce brachyrrhyncha (Čelak) B. Schmid (= C. lepido-carpa).D’autres auteurs préconisent d’inféoder ces 2 sous-espèces non pas à C. viridula mais directement à C. flava. En attendant des progrès dans ces recherches, il est vivement re-commandé de collecter des échantillons pour affiner les études comparatives. Euphorbia davidii Subils - Cette euphorbe, d’abord considérée comme une variété d’Euphorbia dentata Michx. (E. dentata Michx. var. lancifolia Farwell in Robert L. Dressler, 1961), a été assez récemment mise en évidence et décrite dans une revue publiée en Argentine (Kurtziana 17 : 125- (128), 1984). Elle se caractérise surtout par une involucre à une seule glande (c’est la seule de toutes les euphorbes françaises actuellement connues) et appartient au sous-genre Poinsettia. C’est une plan-te de 10 à 40 cm de hauteur, poilue sur la partie supérieure de la tige et la face inférieure des feuilles qui sont généralement lan-céolées et dentées, souvent maculées de pourpre près de la ner-vation médiane. Les poils longs sont rigides et retrorses alors qu’ils sont très fins chez E. dentata. L’inflorescence très condensée se présente en un corymbe terminal. Les graines sont ovoïdes anguleuses et ornées de rides peu marquées (graines ovoïdes et sans rainures chez E. dentata). E. davidii est tétra-ploïde alors qu’E. dentata est diploïde. Originaire de l’Amérique du Nord, elle a été observée par N. Chanu à Avignon à la zone industrielle de Courtine, sur le bal-last d’une voie ferrée, au niveau de l’hypermarché Carrefour. Découverte en France par J. Maillet dans les années 2000 à Ro-dilhan (Gard) dans une vigne dans laquelle elle est devenue envahissante, elle a d’abord été rapportée à E. dentata. C’est C.Girod qui, par la suite, l’a identifiée comme étant E. davidii à la faveur de ses contacts avec le spécialiste américain de ce groupe (M. Mayfield qui prépare une thèse sur le sous-genre Poinsettia). Elle existe également dans trois stations du Sud-Ouest et de la Bourgogne. Bibliographie : ROBERT L. DRESSLER, 1961 - A Synopsis of Poinsettia (Euphorbiaceae). Annals of the Missouri Botanical Garden 48 (4) : 329-341. Potentilla collina Wibel - C’est à Simiane-la-Rotonde (Alpes-de-Haute-Provence, mais à moins de 100 m de la limite du Vau-cluse) que G. Guende a découvert une population de cette espè-ce. Les plantes sont assez basses (15 cm environ) avec un port un peu comparable à celui de P. neumaniana Reich.(ex P. verna auct., non L. !) mais avec des feuilles nettement grisâtres en dessous et se rapprochant de celles de P. argentea L.. Ces critè-res intermédiaires indiquent qu’on est sans doute en présence d’une espèce hybridogène fixée, mais avec des variations mor-phologiques allant tantôt vers l’un, tantôt vers l’autre des pa-rents présumés.

C’est peut-être un taxon méconnu qui mérite de nouvelles re-cherches et particulièrement dans les contrées vauclusiennes voisines. Potentilla pedata Willd. - Il ne s’agit pas d’une espèce nouvelle pour le Vaucluse, mais d’une plante abondante et méconnue pour ne pas dire ignorée et mal nommée. En effet, nous connais-sons depuis longtemps Potentilla hirta L. et Potentilla recta L., taxons traités en espèces ou en sous-espèces suivant les flores, justement parce que leur différenciation est parfois problémati-que. La raison de ces hésitations réside dans le fait que certaines populations présentent des critères intermédiaires et donc diffi-cilement classables. Cette situation n’a pas échappé à J.-M. Tison qui, dans le cadre de la rédaction de la « Flore de la France méditerranéenne » et au vu des plantes vauclusiennes que nous lui avons transmises est arrivé à la conclusion que nous n’avons pas 2 espèces, mais trois. Entre P. hirta typique et P. recta également typique, on peut observer une plante qui figurait déjà dans les flores ancien-nes sous le nom de Potentilla pedata Willd., inféodée à P. hirta chez P.Fournier et à P. recta chez H.Coste, ce qui prouve bien la position incertaine de cette plante. En général, elle ressemble assez à P. hirta par sa forte villosité, mais elle est plus robuste et surtout les plus grandes folioles sont généralement bordées de 7 à 15 dents, soit 3 à 7 de chaque côté, alors que chez P. hirta il n’y en a que 3 à 7 (1 à 3 de cha-que côté) et que chez P. recta, on en observe jusqu’à 30. Une mise au point générale est prévue par un article dans un pro-chain Monde des plantes. A la suite de cette réhabilitation (on peut d’ailleurs s’étonner qu’elle n’ait pas eu lieu plus tôt) et après examen de nombreu-ses récoltes vauclusiennes, on constate que, de tout ce groupe, c’est P. pedata qui est la plus fréquente. Elle existe un peu par-tout dans le département, alors que, pour le moment, nous ne connaissons que deux ou trois stations de P. hirta (Malaucène par exemple) et une seule pour P. recta (Gignac). Il faudra ce-pendant faire de nouvelles observations, maintenant que nous disposons de ces nouveaux éléments. Pour conclure, on doit constater que chez les potentilles, on est très souvent en présence d’espèces intermédiaires à morpholo-gie variable. C’est donc le cas des deux espèces citées ici (P. collina et P. pedata) auxquelles on peut ajouter Potentilla pusil-la Host (peut-être maintenant appelée P. filiformis ?) intermé-diaire entre P. neumanniana Reichenb. et P. acaulis L. (ex. P. cinerea Chaix ex Vill.) et Potentilla inclinata Vill. intermédiai-re entre P. argentea L. et P. recta L. Setaria parviflora (Poir.) Kerg.(= S. geniculata (Lam.) Beauv., S. gracilis H.B.K. ) - Contrairement aux autres sétaires de notre région, cette espèce est vivace, ce qui la distingue déjà formelle-ment. Elle ressemble à S. pumila (Poir.) R. et S., mais ses inflo-rescences sont plus étroites et ses épillets moins longs, quoique les différences soient faibles ; par contre les feuilles de S. parvi-flora ont moins de 5 mm de large, alors que celles de S. pumila dépassent nettement 5 mm. Une population de cette espèce jusqu’alors inconnue dans le Vaucluse a été détectée à Mérindol, sur les graviers de la Du-rance (près de la Barthelasse), par G. Guende. C’est une plante originaire d’Amérique tropicale et subtropicale (Mexique ?) et qui a été introduite dans de nombreux pays chauds sous des formes variables. Elle est actuellement naturalisée dans la partie occidentale de l’Europe (Belgique, Espagne, France, Italie et probablement ailleurs). En France, elle a été observée dès la fin du XIX ème siècle et le début du XX ème comme adventice

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Bulletin de la SBV - 6 - n°17 - mai 2007

fugace. Puis elle a été découverte en Corse en 1946 dans la ré-gion d’Ajaccio (de Litardière, R. Candollea 11 : 180, 1948) à partir de laquelle elle s’est très vite répandue, principalement sur la côte orientale de l’île où son extension est spectaculaire dans les vergers d’agrumes et les vignobles. Sur le continent, elle existe actuellement dans le Sud-Ouest et en région méditer-ranéenne sur le littoral varois (Hyères à Porquerolles et à Port-Cros ; le Lavandou ; le Rayol-Canadel). Trifolium nigrescens Viv. - Trèfle annuel peu élevé (10 à 20 cm), grêle, étalé sur le sol, entièrement glabre, à folioles trian-gulaires d’un cm environ, à fleurs blanches ou rosées, en têtes lâches portées sur des pédoncules beaucoup plus longs que les feuilles adjacentes. Une station de cette espèce nouvelle pour le Vaucluse a été ob-servée à Orange, sur le terrain militaire à Bel Enfant par A. et N. Chanu. C’est une plante bien connue dans les Bouches-du-Rhône, notamment en Crau et en Camargue. Jamais citée jus-qu’à maintenant au nord de la Durance, cette station d’Orange pourrait bien être la plus éloignée de la mer, du moins à l’est du Rhône.

Bernard GIRERD - Jean-Pierre ROUX ———————

Quelques recherches à faire en 2007, parmi d’autres !

Alchemilla colorata : Ventoux - C’est une plante plus petite que Alchemilla flabellata (moins de 10 cm, sans doute à cause du milieu) à feuilles dont les lobes sont nettement arrondis et les pédicelles floraux (non les pédoncules ni les tiges !) glabres ou presque, alors que chez A. flabellata, les lobes foliaires sont tronqués et les pédicelles très velus. Pour le moment, n’a été vue que sur les crêtes sommitales ouest, près du vieux pluvio-mètre. A rechercher ailleurs. Artemisia campestris – Les 2 sous-espèces campestris et gluti-nosa existent sans doute en Vaucluse, mais leur distinction n’est pas évidente. Corrigiola litoralis – Les plantes vauclusiennes (bords du Rhô-ne) devraient être observées pour détecter la présence éventuelle de C. telephiifolia, espèce très proche (voir Jauzein, fl. des ch. cult.). Cynoglossum pustulatum – Plante mal connue et longtemps confondue avec C. dioscoridis. La présence des 2 n’est pas impossible et demande des observations. Fumana viridis (= F. thymifolia subsp. laevis) – Cette espèce bien différente de F. thymifolia (feuilles glabres, bien vertes, non glanduleuses) a été observée au sud du Luberon mais sa répartition est mal connue. À rechercher ailleurs. Genista sagittalis – Il faudrait retrouver la station de Lagarde (grand Bastide et croix des lavandes) découverte vers 1990, pour la confirmer et surtout contrôler la détermination car il existe un autre taxon : G. delphinensis, très proche (feuilles à poils courts et appliqués) qui n’est pas impossible. Herniaria incana et H. hirsuta mériteraient des observations nouvelles car ont peut-être été confondues et pour différencier les sous-espèces cinerea de hirsuta (voir , Jauzein, fl. des ch. cult.). Hieracium cydonifolium – Ce taxon a été récolté par J. Molina en 1993 dans les parties hautes du versant nord du Ventoux. C’est un intermédiaire entre H. villosum et H. prenanthoides ressemblant un peu à H. juranum mais à capitules fortement hérissé et peu glanduleux. Il serait bien utile de le retrouver.

Potentilla rupestris – Cette plante calcifuge n’a fait l’objet que d’une observation en 1975 (L. Riousset) à Lagarde, friches si-tuées à 500 m du village en direction de St Christol, à l’ouest de la route. Il faudrait la retrouver !! Potentilla du groupe hirta/recta – A la suite de la mise en évi-dence d’une 3° espèce (P. pedata) toutes les plantes de ce grou-pe sont à contrôler en Vaucluse (nombreuses récoltes souhai-tées). Ranunculus penicillatus – Plante à réceptacles velus. Mais R. fluitans à réceptacles glabres pourrait exister. Il faudrait collec-ter au moins des capitules pour contrôler. Rumex pulcher – Il faut rechercher la sous-espèce woodsii, à feuille non en violon, (mais ce caractère ne suffit pas, il faut examiner les valves plus courtes ainsi que les dents) – (voir Jauzein, flore des ch. cult.). Saxifraga exarata – Pour en découdre avec les problèmes posés par les 2 types cohabitants au sommet du Ventoux, des observa-tions précises sont à faire pour savoir s’il existent 2 espèces distinctes ou 2 formes avec des intermédiaires. Voici la note que je propose pour le 3°inventaire Note : les populations du mont Ventoux comportent, en mélan-ge, des sujets à grandes fleurs blanchâtres (pétales larges et ar-rondis et feuilles nettement sillonnées) et des sujets à petites fleurs verdâtres (pétales étroits et allongés et feuilles partielle-ment sillonnées). Les premiers correspondent assez bien à S. exarata typique alors que les seconds sont énigmatiques ; ce sont des plantes plus petites (coussinets, feuilles et tiges) et leur morphologie évoque partiellement S. moschata Wulf. Des ob-servations plus précises sont nécessaires pour résoudre ce pro-blème. Ce dimorphisme est sans doute à l'origine de citations diverses : S. pubescens Pourret, S. intricata Lapeyr. et également un cer-tain S. moschatiformis Bouchard, taxon qui semble bien avoir été attribué à nos plantes litigieuses mais qui n’a pas été conser-vé, peut-être à tort ! Sempervivum calcareum – Les joubarbes du Ventoux, attri-buées à cette espèce, posent un problème car les faces supérieu-res des feuilles paraissent glabres alors qu’elles sont décrites munies de poils glanduleux ! Scabiosa lucida Vill. – Ce taxon, appartenant au groupe de S. columbaria-triandra pourrait peut-être exister à l’étage monta-gnard du mont Ventoux : Il se distingue des deux autres par les arêtes calicinales très longues (5 à 6 mm), par ses feuilles gla-bres (ainsi que toute la plante), ovales lancéolées aiguës et par le faible nombre de capitules ; à rechercher Symphytum tuberosum – Il existe 2 sous-espèces (tuberosum et nodosum). Le première semble la plus probable en Vaucluse,(plante robuste à tige épaisse et inflorescences à plus de 10 fleurs) mais il faudrait contrôler les stations (Ventoux, Rustrel, Buoux et Grambois) pour le confirmer. Typha angustifolia et domingensis – La différence formelle et concrète sur le terrain reste à faire, en particulier couleur des épis : brun foncé chez le premier, brun pâle (café au lait) chez le 2°. En plus, chez angustifolia, les feuilles supérieures ont des oreil-lettes arrondies très marquées et l’épi mâle est séparé du femel-les par plus de 2, 5 cm – alors que chez domingensis, il n’y a pratiquement pas d’oreillettes aux feuilles supérieures et les 2 épis sont séparés par moins de 2,5 cm. T. angustifolia semble être une plante généralement plus robuste, mais ce n’est pas un caractère donné par les flores et il est à confirmer.

Bernard GIRERD

Page 7: Bulletin Mai 2007

Bulletin de la SBV - 7 - n°17 - mai 2007

Bassia laniflora (S.G. Gmel.) A. J. Scott. (= Kochia arenaria (Gaertn. & al.) Roth)

La bassie à fleurs laineuses est une Chénopodiacée centro-asiatique/sud-européenne (de la France à l’ex-URSS et à l’Iran) observée jadis en France dans la vallée du Rhône, le Gard, l’Au-de et les Alpes-de-Haute-Provence. Aujourd’hui, elle n’existe plus que dans le Vaucluse et dans deux ensembles : marges orientales du bassin de Carpentras (secteur de Bédoin/Mormoiron) et bassin d’Apt (Roussillon et vallée du Calavon où de nouvelles stations ont été identifiées à la fin de l’année 2006). Il est à noter que dans ce département, elle était aussi anciennement signalée à Avignon et à Carpentras. Elle s’obser-ve souvent avec deux Caryophyllacées intéressantes, Silene portensis L. (protégée en région Provence-Alpes-Côte d’Azur) et Bufonia tenuifolia L. (dans la vallée du Calavon, elle cohabite avec Matthiola fruticulosa (L.) Maire et Linum austriacum L. subsp. collinum (Boiss.) Nyman). C’est une steppique qui oc-cupe un habitat très rare et hautement spécialisé qui pourrait faire l’objet de la mise en évidence d’un nouveau syntaxon. A Mormoiron, elle existe aussi avec d’autres Chénopodiacées, Salsola kali L. et surtout Cycloloma atriplicifolium (Sprengel) Coulter (c’est une des très rares populations françaises), curieu-se plante originaire de l’Amérique du Nord, ramifiée en forme de boule et qui s’ornemente, l’automne venu, de magnifiques fruits ailés pourpres. B. laniflora pousse sur les pelouses à an-nuelles des endroits sablonneux (d’ou l’ex-nom de l’espèce), secs, arides et à très faible concurrence végétale. En raison de son très grand intérêt patrimonial, toutes les sta-tions vauclusiennes de cette espèce qui est protégée en région Provence-Alpes-Côte d’Azur font l’objet d’un suivi. A Bé-doin, elle existe en deux stations aux effectifs très réduits (l’une est fortement menacée car elle est située en bordure d’une par-celle exploitée). A Roussillon, la station observée pendant de nombreuses années n’a plus été confirmée. A Mormoiron, la station de Vacquière est très importante (plusieurs centaines d’individus) et elle fait l’objet d’une gestion conservatoire. En effet, acquise par l’entreprise SIFRACO à la faveur de mesures compensatoires mises en place à la suite de l’extension de l’ex-ploitation d’une carrière de sable, elle a été rétrocédée au CEEP (Conservatoire Études des Écosystèmes de Provence) qui en assure la gestion avec le Conservatoire botanique national médi-terranéen de Porquerolles. De plus, ce site est concerné par un projet d’Arrêté de protection de biotope qui retiendra égale-ment d’autres espèces patrimoniales de la commune de Mor-moiron. Les stations du Calavon devraient être intégrées dans un site Natura 2000 ce qui permettrait d’assurer leur pérennité. C’est une plante annuelle de 10 à 50 cm, entièrement velue, à tige herbacée, dressée, rameuse dès la base, à rameaux très étalés. Les feuilles très étroites et aiguës, sessiles, très petites sont couvertes de poils nombreux et appliqués. Les fleurs sont groupées en longs épis linéaires, feuillés, densément laineux (d’où le nom de l’espèce). Elles sont verdâtres et visibles d’août à octobre. Le calice s’aplatit à maturité. Les sépales laineux sont appliqués sur le fruit et chacun d’entre eux porte sur le dos une aile membraneuse ovale- allongée, ainsi le fruit est entouré de 5 ailes membraneuses. ( voir schémas et photos - encart couleur I )

Jean-Pierre ROUX - Roselyne GUIZARD

Botanique vauclusienne : les Orchidées recensées – Un site dédié. La Société provençale d’orchidophilie ( Roland Martin, prési-dent ) a réalisé l’inventaire des orchidées sauvages du Vaucluse – pas moins de 80 espèces ont été dénombrées suite à environ 20000 données rassemblées. Avec le soutien financier du Conseil général du Vaucluse un site Internet a été ouvert. Il propose un atlas cartographique permettant de visualiser tou-tes les espèces dans leur espace naturel. Toutes les espèces sont photographiées. Il se veut également un outil pour sensibiliser le grand public et les responsables de travaux de terrain sur la fragilité de ces plan-tes. http://perso.orange.fr/Orchideesvaucluse/

( Kochia arenaria ) Flore de Coste - Tome III

Bassia laniflora

Flore des champs cultivés - Ph. Jauzein

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Bulletin de la SBV - 8 - n°17 - mai 2007

Inula bifrons (L.) L. à Mazan et ailleurs…dans le Vaucluse

L’aunée variable ou aunée ambiguë (Linné lui réunissait primitivement une autre espèce à ligules rayonnantes) est une Astéracée sud-européenne (de la France à la Rouma-nie). Dans le Vaucluse, elle possède deux foyers principaux, le bassin de Carpentras (de Mazan à la vallée de la Nesque) où sa présence ancienne était bien plus importante (elle exis-tait alors à Villes-sur-Auzon, Mormoiron, Carpentras, Saint-Didier et Pernes-les-Fontaines) et surtout le bassin d’Apt où d’assez nombreuses stations sont observées, particulière-ment près de la ville d’Apt et à Rustrel/Gignac. Ailleurs, elle est beaucoup plus sporadique (vallée de la Durance à Beau-mont-de-Pertuis, et piémont sud du grand Luberon à Vaugi-nes et Grambois). Elle est protégée sur l’ensemble du territoire national car elle reste globalement rare en France (elle n’a pas été confir-mée dans certains départements et dans d’autres elle est en régression). Il est donc important de la connaître, de la re-connaître et de la distinguer d’ Inula conyza DC. Dans le Vaucluse, elle se maintient dans de bonnes conditions et elle n’est pas activement menacée (sa présence est par exemple prise en compte par la ville d’Apt dans les documents d’ur-banisme).

Comme I. conyza :

− ses capitules petits, jaunes, assez nombreux, cylindracés, ne possèdent que des fleurs tubuleuses.

− les bractées de l’involucre des capitules sont sur plusieurs

rangs, celles des rangs inférieurs sont recourbées en de-hors.

− elle fleurit de Juillet à Septembre (souvent Octobre) Mais trois caractères sont spécifiques à I. bifrons : − des feuilles vert clair, sans poils, glanduleuses et vis-

queuses sur les deux faces. (l’involucre est lui aussi glanduleux). (la plante « pègue »)

− des feuilles caulinaires, sessiles, embrassantes et ailées décurrentes.

− des capitules jaunâtres (jamais rougeâtres).

Tous ces caractères visibles sur les photos (encart couleur II ) sont récapitulés dans le tableau comparatif ci-dessous.

Jean-Pierre ROUX - Roselyne GUIZARD

INULA BIFRONS (L.) L.

Aunée variable INULA CONYZA DC.

Herbe aux mouches

MILIEU Bords des chemins, lieux incultes secs à frais, fruticées, lisières

TAILLE De 30 à 90 cm

PERIODE DE FLORAISON De Juillet au Septembre

CYCLE Bisannuelles

(I. conyza peut être vivace si une tige a été coupée)

REPARTITION France : Sud- Est et Limagne Dans toute la France et l’Europe (sauf régions siliceuses)

FEUILLES

- Glanduleuses, visqueuses - embrassantes, ailées, décurrentes

- Velues, non glanduleuses

- pétiolées

INVOLUCRE Bractées inférieures recourbées Bractées inférieures recourbées, souvent rou-geâtres (ainsi que la tige)

ODEUR Légèrement fétide (d’où herbe aux mouches)

Flore de Coste Tome II Page 314 n° 1862 n° 1863

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Bulletin de la SBV - 9 - n°17 - mai 2007

LE SAFRAN…. DE L’OR VEGETAL !! CROCUS SATIVUS .L.

UNE LONGUE HISTOIRE Originaire d’Orient ou de la Méditerranée orientale, le safran est connu depuis la plus haute antiquité, cité dans les Papyrus de l’Egypte ancienne, dans le Cantique des Cantiques ( le Kar-koum que la Bible mentionne serait le safran), dans l’Iliade, cultivé depuis très longtemps en Europe . (voir encart sur le Vaucluse). Dans la mythologie grecque, « Krokos et son ami Hermès, jouaient ensemble à lancer le disque. Krokos fut mortellement atteint au front, son sang s’écoula par terre. Là où le sang avait coulé, sortit de terre une belle fleur rouge et jaune : le safran qui devint symbole de vie et de résurrection. » Cette fleur était symbole de pureté chez les Assyriens qui fai-saient cueillir les fleurs par de jeunes vierges. Elle était l’objet de culte chez les Phéniciens. C’est une fleur sacrée chez les bouddhistes. Son nom dériverait de l’arabe az-za’farân qui signifie « jaune » (allusion aux propriétés tinctoriales.) UN PHYSIQUE ÉCLATANT C’est une plante vivace de 10 à 30 cm qui pousse à partir d’un bulbe (ou corme) arrondi, charnu. (très prisé des animaux sou-terrains : courtilières, petits rongeurs). Elle vit dans les mêmes conditions climatiques et géologiques que la vigne. C’est une IRIDACÉE : elle possède donc 6 tépales, 3 étamines et un ovaire infère. Ses feuilles linéaires, étroites, en gouttière sont ciliées au bord. Ses fleurs très odorantes apparaissent par 2 ou 3 de Septembre à Octobre ; elles sont très grandes, d’une belle couleur violette intense. Les 3 anthères sont jaunes, le style jaune est terminé par 3 stigmates rouge sang écarlate longs dépassant souvent les tépales. Ces stigmates à extrémités renflées, denticulées ressem-blant à des cornets pendent en de longs filaments. (Crocus vient du grec crobé qui signifie filaments) voir photos (encart couleur III ) Comme l’indique son nom d’espèce (sativus), ce Crocus n’est connu nulle part à l’état spontané. C’est une plante stérile qui ne produit jamais de graines et se reproduit exclusivement par mode végétatif. Cette stérilité est sans doute à relier à son état triploïde, il s’agi-rait d’un hybride entre deux crocus sauvages. (dont peut-être l’espèce grecque Crocus cartwrightanus). DE GRANDES QUALITÉS Les stigmates de cette fleur ont de multiples vertus : - tinctoriales ; ce pouvoir tinctorial a toujours été utilisé pour les tissus et les aliments, il est dû à la présence de pigments, les crocétines, qui sont des caroténoïdes. (En Egypte, le safran teint les bandelettes des momies notamment celles de Toutankha-mon). Le safran remplaçait souvent l’or dans les manuscrits arabes pour écrire le nom de Dieu. Cette plante permet d’obtenir de très beaux jaunes dorés inégalés. - médicinales : Le safran a toujours été recherché pour ces ver-tus médicinales très variées. « Le rôle du safran est de libérer l’énergie, l’allégresse, le désir, le sang des femmes, l’enfant qui va naître. » Dans toutes les civilisations, il a été l’aphrodisiaque par excellence. De nos jours, il est peu utilisé dans le domaine thérapeutique ;

on le retrouve encore dans le bon vieux sirop Delabarre pour calmer les gencives enflammées du nourrisson lors d’une per-cée dentaire. Ses effets dans les cas de dépression ont été prou-vés lors d’essais cliniques, des préparations à base de safran sont vendues comme antidépresseur. ( par la société Salvia) - alimentaires : c’est l’épice des gourmets. Seul cet usage per-siste vraiment de nos jours. Son odeur spécifique, âcre, chaude, légèrement poivrée se marie avec toutes les saveurs, améliore tous les mets ; le safran fait partie de la culture culinaire de nombreux pays au monde. A PRIX D’OR !!! Ces fleurs sont cueillies une à une, à l’aube, tous les jours pen-dant un mois environ (septembre- Octobre). Après la cueillette, vient l’émondage consistant à séparer les stigmates de la fleur. Par la suite, les stigmates sont mis à sécher ou à déshydrater au four à 45°. Ils sont conservés sous forme de filaments ou réduits en pou-dre ; le safran est commercialisé sous ces deux formes. Pour un kilo de safran, il faut environ 220000 fleurs …et beaucoup de temps passé à la cueillette, l’émondage et le séchage. Aussi, le safran est l’épice la plus chère du monde : de 15 à 20 euros le gramme !! Il ne faut donc pas s’étonner que ce produit soit sujet à contrefa-çon. TOUJOURS IMITÉ Le safran est l’épice la plus falsifiée soit sous forme de fila-ments ou de poudre. Le safran est souvent adultéré par les fleurs : de carthame (Carthamus tinctorius appelé aussi saflor ou « bastard de safran ») de souci (Calendula arvensis) d’arnica (Arnica montana) de maïs (Zea) On peut aussi mélanger aux stigmates du Crocus sativus ses étamines, un excès de styles (appelé feminelles), de la paille ou des fibres de cheval colorées chimiquement. On peut aussi di-minuer le temps de séchage pour augmenter le poids malgré le risque de moisissure . Quant à la poudre, elle contient souvent de la poudre de Curcu-ma…ou de la poudre de brique, du plâtre, de la craie… ! Il vaut mieux choisir le safran en filaments et se laisser guider par le prix….élevé ! Ou bien cultiver les crocus dans notre jardin pour illuminer nos automnes et nos repas.

Roselyne GUIZARD

BIBLIOGRAPHIE : Les plantes des mille et une nuits. Clotilde Boisvert. Aubanel. Les plantes tinctoriales dans l’économie du Vaucluse au XIXe siècle. Etudes rurales 1975,60. Couleurs, pigments et teintures dans les mains des peuples. Anne Varichon. Seuil. Provence : terre de senteurs. Plantes médicinales de Provence. Alain Tessier. Editons Medicis. Le livre des plantes médicinales et vénéneuses de France. Fournier. Lechevalier

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Bulletin de la SBV - 10 - n°17 - mai 2007

CROCUS VERSICOLOR Ker.- G ….un Crocus sauvage. Il est présent dans tous les massifs montagneux du Vaucluse dans les étages collinéen et montagnard (chênaies blanches et hêtraies). C’est un joli crocus mauve dont les tépales externes sont striés de violet. Cette espèce se distingue de C. sativus par : la période de floraison : Crocus versicolor fleurit au printemps dès le mois de Février. Les caractères de stigmates : les stigmates sont orangés et sont beaucoup plus courts que le périanthe, dépassant à peine les étamines.

(détails sur les photographies de l’encart couleur III )

LA CULTURE DU SAFRAN EN VAUCLUSE EST TRES ANCIENNE Le safran semble avoir pénétré en France au XIVe siècle, l’es-sentiel de la production provenait du Vaucluse, plus particuliè-rement des environs de Carpentras et d’Orange. (On en trouvait a u s s i d a n s l e G â t i n a i s ) . Au début du XXVIIe siècle, la ville de Carpentras comptait plus de 160 safraniers. La culture régressa au XVIIIe siècle car la garance vint concurrencer le safran. Cette culture se retrouve à nouveau au début du XIXe siècle dans plusieurs villages du département tels que Malemort, Mor-moiron, Pernes et surtout Mazan ; en effet, suite au blocus continental mis en place à la fin de 1806 par Napoléon 1er (pour ébranler l’Angleterre), le préfet du Vaucluse dans les années 1810 -1812 reçut l’ordre d’examiner les possibilités de remettre en culture d’anciennes plantes notamment un certain nombre de plantes tinctoriales dont le safran. A cette époque, Mazan produisait à peu près « vingt quintaux de safran sur cent sal-mées de terre » (la salmée = environ 62 ares). Il existait deux variétés commerciales de safran : la plus estimée était celle dite « d’Orange » ; l’autre « safran commun » conte-nait, outre les stigmates, d’autres parties de la fleur. Le débou-ché commercial du safran à cette période était le marché de Carpentras d’où des marchands protestants le réexpédiaient vers le nord ; une partie était aussi vendue aux fabricants de vermi-celles des villes avoisinantes. La culture de safran semble avoir cessé en 1840 à Bédoin, en 1850 à Mormoiron et à Villes, en 1860 à Malemort et en 1873 à Camaret. « Les plantes tinctoriales dans l’économie du Vaucluse au XIXe siècle » dans Etudes rurales 1975, 60 par Alice Peeters.

LE SAFRAN EN VAUCLUSE … aujourd’hui. Depuis 6 ans, près du Barroux, dans les Dentelles de Montmi-rail, Mme et Mr Pillet cultivent avec passion les bulbes de cro-cus sur 1000 m² et produisent un peu plus d’un kilo de safran avec 220000 fleurs. CONTACT : Marie et François Pillet L’aube safran Chemin du patifiage 84320 Le Barroux [email protected] www.aube-safran.com

Stigmates de crocus

La SBV transpire à « Aube - Safran »

Page préparée par Roselyne Guizard

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Bulletin de la SBV - 11 - n°17 - mai 2007

Ces trois journées de botanique se sont déroulées sous le soleil. La vingtaine de personnes présentes a pu apprécier la richesse floristique de ce secteur des Cévennes qui, entre les zones schis-teuses au-dessus de Saint-Laurent le Minier, les dolomies du Causse de Blandas et les vastes étendues calcaires du Larzac méridional, ont permis de parcourir des milieux très divers.

C’est sous la direction de Jean-Claude Bouzat que le groupe a successivement herborisé dans les schistes aux environs de Montdardier et ensuite sur la dolomie vers Blandas (3 juin), puis sur le calcaire, au nord de Navas (4 juin) et sur Vissec et Sorbs (5 juin). Ces journées se sont terminées dans la fraîcheur des gorges de la Vis, près de Gorniès en fin d’après-midi du 5 juin.

Le groupe était logé à Montdardier, soit en gîte soit au camping pour certain, d’où partaient les excursions. Dans ce joli village de l’arrière pays gardois nous avons pu profiter de repas en ter-rasse et, malgré des nuits plus ou moins agitées en fonction des festivités autour du camping, d’un repos bien mérité après les longues journées d’herborisation sous un soleil ardent.

Enfin, chacun(e) a pu tester sa voiture sur les pistes caillouteu-ses du causse… Certaines ont frotté, mais tout le monde est passé.

La liste presque complète des espèces observées durant ces trois journées devrait être disponible sur le site Internet de la S.B.V.

Dans les schistes aux environs de Montdardier Gard (Alt. 330 à 540 mètres)

Le matin, après un regroupement à Ganges nous partons en di-rection de Saint-Laurent-le-Minier (anciennes mines de plomb argentifère, de zinc et aussi d’or) pour, après ce village, nous engager sur une petite route départementale bordée de rochers siliceux qui conduit à Montdardier, village essentiellement

caussenard, dont une partie du territoire se situe toutefois dans les schistes où nous allons débuter notre herborisation. Ce sera notre seul arrêt en milieu non calcaire, et pour nous l’occasion d’y rencontrer une flore bien différente.

Entre les relevés préparatoires et ceux fait ce jour là ce sont 114 espèces qui ont pu être notées. Il est constaté, et cela sera aussi le cas pour d’ autres secteurs, qu’en vingt ans la fermeture des milieux est très rapide, rendant les parcours parfois pénibles, et entraînant un relatif appauvrissement de la flore, au moins sur le plan quantitatif. Ici, seul Anogramma leptophylla noté en 1986 par JCB n’a pas été revue malgré une recherche active.

Les parois rocheuses de schistes hébergent nombre de fougères et de sédum : Asplenium septentrionale, A. adiantum-nigrum, Ceterach officinarum, Polypodium cambricum, Sedum forste-rianum, S. hirsutum, S. telephium subsp. maximum, Umbilicus rupestris, Plantago holosteum.

Dans les terrains rocheux et rocailleux, entre ou au-dessus des parois sont présents : Cistus salviifolius, C. laurifolius, Erica arborea, E. scoparia, E. cinerea, Calluna vulgaris, Cytisus oro-mediterraneus, C. scoparius, C. triflorus, Genista pilosa, Thy-mus nitens, Anarrhinum bellidifolium, Centaurea pectinata, Arenaria montana, Silene armeria, S. inaperta (rare et localisé).

Très localisés, quatre pieds de Cistus pouzolzii ont été observés par quelques membres seulement, sur un petit promontoire ro-cheux, car malgré le GPS il n’a pas été facile de les retrouver dans un environnement difficile du fait de la densité des végé-taux ligneux et épineux (d’autres pieds notés par JCB en 1986 n’ont pas été revus, sans doute étouffés par la végétation arbus-tive qui s’est largement développée. Cistus pouzolzii est un rare taxon endémique des Cévennes siliceuses qui aime bien les landes rocailleuses et arbustives, ses stations les plus importan-tes sont dans la zone limitrophe du Gard et de l’Ardèche.

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Bulletin de la SBV - 12 - n°17 - mai 2007

Quand la pente est moins forte ou dans les fissures où s’accu-mulent un peu de sable on note tout un cortège d’espèces an-nuelles ou plus spécifiques des pelouses, en particulier : Aira caryophyllea, A. cupaniana, Anthoxanthum odoratum, Briza maxima, Bromus madritensis, Cynosurus echinatus, Holcus lanatus, Melica ciliata, Melica nutans, Micropyrum tenellum, Anthericum liliago, Crepis capillaris, Logfia minima, Senecio lividus, Tolpis barbata, Jasione montana, Tuberaria guttata, Lathyrus sphaericus, Vicia hirsuta, Trifolium glomeratum, Mi-sopates orontium.

Dans la partie boisée où domine Castanea sativa accompagné de Quercus ilex et de Q. pubescens, se rencontrent aussi : Arbu-tus unedo, Pteridum aquilinum, Cephalanthera rubra, Hyperi-cum montanum, Teucrium scorodonia, Digitalis lutea, D. pur-purea.

En début d’après-midi, après une rapide prise de possession de nos hébergements respectifs à Montdardier, nous prenons la direction de Blandas qui a donné son nom au causse sur lequel nous nous trouvons.

Le causse

Le causse de Blandas, de même que les causses du Larzac et de Campestre-et-Luc, fait partie des Causses méridionaux. Cet ensemble régional original unique en Europe est le plus grand ensemble de formations herbeuses sèches semi-naturelles en France et abrite un grand nombre d’espèces.

La fiche de présentation de ces causses proposés au titre de Na-tura 2000 nous indique qu’ils ont pour origine géologique des entrées maritimes vieilles pour la plupart d’environ 150 millions d’années. Ils sont composés de calcaires, marnes et dolomies dans lesquels l’eau, aidée par des bouleversements géologiques, a créé au fil du temps des réseaux complexes typiques du kasrt. L’eau s’y infiltre donc rapidement, ce qui explique l’absence actuelle de cours d’eau permanents en surface, l’ensemble du réseau hydrogéologique souterrain réapparaissant sur ses pour-tours. Mais, localement, des couches d’argile permettent l’exis-tence de petites nappes aquifères superficielle à l’échelle d’une colline. Elles sont utilisées en particulier pour alimenter certai-nes lavognes.

En surface, ce sont les glaciations successives et l’eau qui ont modelé le paysage par érosion et décomposition chimique (pour l’eau), en jouant sur les différences de nature ou de dureté des substrats. Ces facteurs sont à l’origine des poljés (dépression étendue au fond argileux, comme l’ancien lit de la rivière orien-té Nord/Sud parcourant les causses de Blandas et du Larzac), les gorges ou canyons encore actifs, les avens (gouffres), les doli-nes (cuvettes à fond argileux) et les chaos dolomitiques ruinifor-mes.

Ces phénomènes, certains accélérés par les défrichements, aboutissent superficiellement à des affleurements de roches sur les endroits les plus exposés (pentes, comme certaines dolines ou puechs, chaos dolomitiques) et à l’accumulation de bonnes terres souvent empierrées dans les dépressions (poljés, dolines).

A cette uniformité du paysage, s’ajoute une végétation peu va-riée, largement dominée par les pelouses qui donnent cet aspect de pseudo-steppe à ce causse. Sous cette relative uniformité, le paysage recèle cependant une mosaïque de couverts végétaux, résultat de la dynamique de la végétation et des différentes utili-sations du terroir par l’homme. Proposé pour un classement Natura 2000 les causses sont riches de plusieurs habitats prioritaires, notamment : - Pelouses sèches semi-naturelles et faciès d'embuissonnement

sur calcaires (Festuco Brometalia) - Pelouses rupicoles calcaires ou basiphiles du Alysso-Sedion albi - Parcours substeppiques de graminées et annuelles du Thero-Brachypodietea - Landes oro-méditerranéennes endémiques à genêts épineux - Formations stables xérothermiques à Buxus sempervirens des pentes rocheuses (berberidion p.p.) - Pentes rocheuses calcaires avec végétation chasmophytique (groupement de plantes aptes à s’installer dans les fissures ro-cheuses).

Le causse de Blandas

Le vaste causse de Blandas situé à l'ouest du département du Gard, comprend les territoires des communes de Blandas, de Rogues et de Montdardier. Les versants abrupts du causse do-minent la Vis qui le borne au sud et à l’ouest, cette rivière coule au fond d’une profonde fissure qui sépare ce causse de celui de Vacquières et de Saint-Maurice (Larzac méridional) situé dans le département de l’Hérault où se trouve la commune de Nava-celles qui a donné son nom au célèbre cirque ; la vallée du Vi-gan, où coule l’Arre, le limite au nord et le sépare des terrains anciens qui forment la masse des hautes Cévennes (massif de l’Aigoual).

Ce causse a 16 kilomètres environ de longueur, de l’est à l’ouest, sa plus grande largeur, du nord au sud est de 12 kilomè-tres, il représente une superficie de 7913 ha, pour une altitude allant de 540 à 955 mètres. Entre le sommet de la Tessonne et le village de Madières, son altitude moyenne est de 650 mètres. Mais comme les couches du calcaire oxfordien, qui constituent ce plateau, vont toutes en se relevant vers le nord, il en résulte des sommets élevés pour cette extrémité du causse : 830 mètres au-dessus de la Tessonne au nord ouest de Navas et 955 mètres à la Serre Goutèze (le Tour d’Arre sur certaine carte) encore plus à l’ouest.

Comme sur l’ensemble des causses, la végétation était à l'origi-ne constituée par la forêt dense. Suite à la déforestation et au développement de l'élevage ovin, le plateau est aujourd’hui recouvert de : - pelouses xériques dont les espèces dominantes sont : Brachy-podium retusum, Bromus erectus, Festuca sp.(souvent dénom-mée duriuscula par les anciens botanistes), la plus fréquente étant sans doute F. auquieri, en particulier dans la moitié sud du causse ; - landes à buis et genévriers sur les croupes et les coteaux cal-caires ; - landes boisées et des taillis de Chêne pubescent : - parcelles de céréales, de plantes fourragères ou de prairies artificielles subsistent encore dans les dépressions argileuses.

Notre parcours d’herborisation de la fin d’après midi se fera en terrain dolomitique sur la com-mune de Blandas (Gard) entre les hameaux de Belfort et de la Rigalderie (730 à 792 mètres)

Sans avoir l’ampleur des pelouses des sables dolomitiques que l’on peut rencontrer sur le Larzac voisin nous avons pu voir, en particulier au pied des zones rocheuses, des accumulations de sables recouvert d’une végétation clairsemée appartenant à l’Ar-merium junceae, les espèces ci-après ont été notées : Armeria girardii, Arenaria aggreagata, Silene otites, S. conica, Carex liparocarpos, Hornungia petraea Clypeola jonthlaspi, Linaria supina, Helianthemum incanum (s’agissait-il de la subsp. pour-retii ?).

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Bulletin de la SBV - 13 - n°17 - mai 2007

Dans les pelouses formant le fonds de la végétation on relèvera : Orchis mascula, Gymnadenia odoratissima, Anacamptis pyra-midalis, A. coriophora subsp. fragrans, Carex humilis, Melica ciliata, Sesleria caerulea, Euphorbia flavicomma, E. duvalii, Aster alpinus, Crepis albida, Leontodon crispus, Leucanthemum graminifolium, Inula montana, Scorzonera purpurea, S. hirsuta, Minuartia capillacea, Fumana procumbens, F. ericoides, Ono-nis striata, Linum leonii, L. suffruticosum, Coris monspeliensis, Ranunculus gramineus, Neatostema apulum, etc.

Très localisés quelques pieds de Lithodora fruticosa accompa-gnés de Aristolochia pistolochia, et Ononis pusilla.

Sur un ensemble de rochers dolomitiques, au SW de Belfort, nous pouvons noter diverses espèces appartenant au Kernero saxatilis- Arenarietum hispidae : Arenaria hispida (endémique caussenarde), Kernera saxatilis, Asplenium ruta-muraria, A. trichomanes subsp. quadrivalens, Ceterach officinarum, Sedum dassyphyllum, Hormathophylla spinosa, Minuartia rostrata, Hieracium lawsoni, Viola rupestris, Teucrium aureum. Dans la végétation arbustive, outre les buis, les amélanchier, les prunellier et genévrier, on notera Pirus sylvestris, Lonicera pe-riclymenum, Ribes alpinum, Rhamnus saxatilis, Prunus maha-leb. Pierrette nous a montré Rosa canina, R. agrestis et R. rubi-ginosa. La journée du dimanche est consacrée à l’explora-tion du nord du causse de Blandas, depuis le villa-ge de Navas jusqu’à sa bordure septentrionale qui domine les pentes du bois de la Tessonne et la val-lée de l’Arre Cette partie du causse est façonnée dans divers calcaires, plus

ou moins argileux, tendres, du Séquanien-Rauracien, qui peu-vent être parfois dolomitisés en masse irrégulières, dégagées par l’érosion, formant alors des ensembles ruiniformes dominant les falaises du Bathonien.

Comme le souligne J. Mathez dans sa présentation du secteur pour la 113éme session extraordinaire de la S.B.F., cette région est d’une grande richesse floristique ; elle fut explorée dès le 19éme siècle mais c’est J. Braun-Blanquet qui, entre 1912 et 1932, en fit l’inventaire le plus complet. Il y cite une espèce découverte en 1914, le Nectaroscordum siculum (= Allium sicu-lum), qu’en vain de nombreux botanistes ont depuis recherché. Entre Montdardier et Navas, vers 630 mètres d’altitude, nous pouvons admirer le Phlomis herba-venti, très belle espèce qui est donnée commune sur ce causse, et que l’on va retrouver jusqu’au littoral languedocien.

Après le hameau de Navas nous prenons une piste qui nous permet d’aller en voiture jusqu’à un kilomètre au nord, à proxi-mité d’une lavogne (715 m) où nous notons Alisma planta-aquatica et Groenlandia densa.

Entre ce point d’eau et le Roc de la Femme, sur le flanc ouest de la Serre de la Labagne nous traversons une mosaïque de mi-lieux constitués de pacages, de landes, de bosquets de chêne pubescent, de haies, de pierriers.

On relèvera particulièrement la présence de : Carex muricata, Bromus erctus, Koeleria vallesiana, Narcissus assoanus, Gla-diolus italicus, Himantoglossum hircinium, H. robertianum, Orchis mascula, Ophrys scolopax, Bupleurum baldense, Cir-sium ferox, Achillea odorata, Scorzonera hirsuta, S. hispanica subsp. glastifolia, Iberis pinnata, Euphorbia nicaense, Ranun-culus monspeliacus, Vicia onobrychoides, Onobrychis supina, Prunella laciniata, Ajuga genevensis, Salvia pratensis, Stachys germanica, Potentilla hirta, Primula veris, Valeriana tuberosa, etc.

Ce secteur abrite une vaste pelouse à Thapsia villosa (plusieurs milliers de pieds de cette Ombellifères, par ailleurs peu commu-ne) avec Iris lutescens, Crupina vulgaris, Inula montana, Iberis pinnata, Euphorbia duvalii, E flavicoma, Ranunculus grami-neus, Cytisus sessilifolius, Valeriana tuberosa, Leontodon cris-pus, Onosma fastigiata, Orchis simia, etc. Au-dessus de la Tessonne, en bordure du causse, dans des lan-des à Buis situées sur la commune de Bez et Esparon, nous no-tons : Anthericum liliago, Asphodelus cerasiferus, Platanthera chlorantha, Centaurea maculosa subsp. albida (taxon inscrit au livre rouge), rare endémique des Cévennes, connu du Gard et de l’Ardèche, (il convient toutefois de rappeler l’extrême variabili-té et le polymorphisme saisonnier que l’on rencontre chez les Centaurée, ce qui relativise la valeur de certains microtaxons), Crepis albida, Inula montana, Senecio provincialis, Onosma fastigiata, Campanula persicifolia, Phyteuma orbiculare, An-thyllis vulneraria subsp. praepropera, Teucrium polium, Plan-tago argentea, Geum sylvaticum, etc.

Dans ces mêmes landes, à proximité du Roc de la Femme, vers 705 mètres, petite station de Serratula nudicaulis avec Narcis-sus assoanus, Polygonatum odoratum, Carex humilis, Bupleu-rum falcatum, Bunium bulbocastanum, Laserpitium siler, Cen-taurea montana subsp. axillarioides, Arabis hirsuta, Noccaea caerulescens subsp. occitanicum, Anthyllis montana, Antirrhi-num majus, etc.

Le rocher du Roc de la Femme (710 mètres), chicot dolomitique au milieu des pentes environnantes qui, en vingt ans, se sont abondamment couvertes de ligneux, rendant très difficile leur exploration, au détriment d’espèces intéressantes. Sur ce secteur n’ont pas été vus par exemple Leucanthemum subglaucum, Hy-pericum hyssopifolium et Molopospermum peloponnesiacum qui étaient AC en 1986. De même Potentilla caulescens, Daph-ne alpina, Hieracium amplexicaule, vus également en 1986 sur la base du rocher n’ont pu être repérés, celle-ci étant maintenant envahie par la végétation. Ont pu toutefois être notés sur le ro-cher : Asplenium trichomanes subsp. quadrivalens, Ceterach officinarum, Narcissus pseudonarcissus, Arabis verna, Horma-tophylla spinosa, Dianthus sylvestris subsp. longicaulis, Rham-nus alpina et Saxifraga cebennensis, endémique des Cévennes calcaires, déjà noté lors d’une sortie de la SBV le 11 avril 2004 dans sa station la plus méridionale, sous le château de Montfer-rand, au Pic Saint Loup au nord de Montpellier.

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Bulletin de la SBV - 14 - n°17 - mai 2007

Dans une canaule en forme d’éboulis à très forte pente, au pied du rocher, non fleuris, plusieurs pieds de Lilium martagon avec Laserpitium gallicum, Arabis turrita, Viburnum lantana, Ame-lanchier ovalis, Sorbus aria, Buxus sempervirens, etc. A quelques centaines de mètres à l’ouest du Roc de la Femme un important éboulis encore actif, de plus de 200 mètres de long descend depuis la partie supérieure du plateau pour atteindre les falaises dolomitiques du Bathonien. Quelques personnes n’ont pas hésité à en faire la descente, parfois périlleuse ( ?), pour aller à la rencontre de : Laserpition gallicum, Campanula spe-ciosa, Leucanthemum subglaucum, Hypericum hyssopifolium, Rumex scutatus et de la rare Aquilegia viscosa. Aquilegia viscosa était connue de Magnol qui dès 1676 citait une ancolie hirsute sur les bords de la Jonte vers Meyrueis, mais c’est Gouan qui se référant à Magnol et Tournefort, publiera l’espèce en 1765 qui sera retenue par Linné (1767). La délimita-tion de cette espèce est devenue ensuite très confuse, cette ques-tion évoquée par Loret dans la flore de Montpellier s’est ensuite compliquée avec la prise en considération d’un taxon décrit du Conflent et des Corbières, l’A. hirsutissima, distinct de la plante caussenarde. Dans une publication de Breistroffer parue en 1981 (bulletin de la SBF tome 128) dont le titre est "Sur la défi-nition taxonomique et la nomenclature de l'Aquilegia viscosa » l’évolution de cette question est étudiée, mais cet article a semé du trouble, dans la mesure où à sa lecture on est tenté de penser que les taxons seraient séparés géographiquement, ce qui n'est pas le cas. Je remercie James Molina du CNBP (communication per-sonnelle) des informations qu’il m’a fournies et desquel-les il ressort que la plante de la Tessone est la même que celle des Pyrénées à savoir A. viscosa Gouan subsp. hirsu-tissima (Timb.-Lagr.) Breistr. (taxon nommé à partir d'une plante cueillie sur le Montoulié de Périllos par Timbal-Lagrave, où Timbal dit que c'est la même que l'hirsutissi-ma de Lapeyrouse des Pyrénées et dont il donne une dia-gnose qui justifie le nom). Le vrai viscosa de Gouan (A. viscosa Gouan subsp. viscosa) est une endémique causse-narde, c’est la plantes des gorges du Tarn, des parois ro-cheuses en balmes et non pas des éboulis. La subsp. hirsutissima est connue au Roc Blanc, à la Tes-sone où nous l’avons vue, sur la Serre du Pin sur la- Ser-rane (commune de St Maurice) et au-dessus de Saint-Privat vers le plateau de Courcol (trouvée par Jérémie Barret du CEN LR). Ensuite il faut la retrouver dans les Pyrénées-Orientales au Montoulié de Périllos, en limite de l’Aude, et sur le massif du Coronat à Nohèdes et à Conat. J. Molina souligne que la position d'espèce se justifie car toutes les Ancolies endémiques (de reuteri à pyrenaica) sont à placer au même rang. On aurait pu choisir d'en faire des variétés ou des sous-espèces de vulgaris, mais cela troublait trop les habitudes, donc il a été opté pour l'espè-ce. Il eut été intéressant d’explorer les falaises dolomitiques, mais en l’absence de débroussailleuse, nous n’avons pas pu poursui-vre l’aventure où elle était prévue…les pierriers densément cou-verts d’arbustes auront eu raison du groupe.

Le lundi sur le Larzac méridional, entre Saint Mi-chel (Hérault) et Vissec (Gard) Après un agréable petit déjeuner en terrasse, malgré l’air vif du matin, et une fois l’ordre remis dans nos affaires nous prenons la route du départ pour rejoindre Blandas, à la sortie duquel, en direction de Vissec, nous faisons l’arrêt touristique incontourna-ble pour « jeter un oeil » sur le fameux cirque de Navacelles, au fond des éboulis abritant l’association du Centranthus lecoquii. Après la traversée de la Vis dans le village de Vissec nous re-montons vers le sud pour atteindre les pentes du causse de Vis-sec « qui n'est, à proprement parler, qu'une fraction du grand causse de Vacquières et de Saint-Maurice, situé dans le départe-ment de l’Hérault et attenant à la chaîne de la Séranne. Le roc Mérigou (779 m), rocher de dolomie oxfordienne, d'un aspect très remarquable, forme le point culminant du causse de Vis-sec », on peut géographiquement rattacher cet ensemble au Lar-zac méridional.

Avant d’atteindre le plateau, lors de la sortie de reconnaissance en avril, nous nous étions arrêtés dans un bois de Chêne pubes-cent et d’Alouchier où nous avions noté : Tulipa australis, Paeonia officinalis subsp. microcarpa, Thalictrum minus, Daphne laureola, etc. Nous n’aurons pas le temps d’y conduire le groupe, d’autant que les espèces intéressantes seraient défleu-ries. Après la ferme des Baumes nous empruntons la piste qui nous mène au terrain d’aviation, au sud du Roc de Mérigou, à partir duquel nous herboriserons entre la Serre Pelée et le Puech Tu-ges, passant, sans nous en rendre compte, du Gard à l’Hérault et des communes de Vissec à celles de Sorbs ou de Saint-Michel. Il s’agit ici d’un secteur du Larzac visuellement très différent de celui que l’on a l’habitude de voir plus à l’ouest, autour de l’A 75 par exemple mais, ici aussi, la préservation de ce vaste espa-ce naturel remarquable passe par le maintien des activités pasto-rales extensives. Il semblerait toutefois que ponctuellement cet-te pression soit assez forte, et au début du mois de juin la Serre Pelée méritait bien son nom.

Dans le prolongement du terrain d'aviation, au pied de la Serre Pelée, vers 710 mètres, Nicole et quelques autres se sont attar-dés aux abords d’une culture où ont été notés : Bupleurum ro-tundifolium, Caucalis platycarpos, Scandix pecten-veneris, Ibe-ris pinnata, Neslia apiculata, Legousia hybrida, Acinos arven-sis, Papaver rhoeas, Asperula arvensis.

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Bulletin de la SBV - 15 - n°17 - mai 2007

Au SE de la Serre Pelée, sur la commune de Vissec, entre le terrain d'aviation et la limite communale (altitude 700 à 710 mètres environ) nous parcourons une lande à buis, des pelouses, des secteur surpâturés et une bordure de culture, beaucoup d’es-pèces parmi lesquelles nous retiendrons : Asphodelus cerasife-rus, Carex humilis, Ornithogalum umbellatum, Anacamptis pyramidalis, Bromus erectus, Koeleria vallesiana, Bupleurum baldense, Scandix australis, Achillea odorata, Bombycilaena erecta, Carduncellus mitissimus, Carduus nigrescens, Carlina acanthifolia, Carthamus lanatus, Centaurea aspera, C. pectina-ta subsp. supina, Cirsium vulgare, Crupina vulgaris, Echinops ritro, Inula montana, Jurinea humilis, Leontodon crispus, Scor-zonera hirsuta, Tragopogon dubius, Campanula rapunculus, Helianthemum apenninum, H salicifolium , Convolvulus canta-brica, Euphorbia cyparissias, E flavicoma, E. nicaeensis, An-thyllis montana, A vulneraria subsp. praepropera, Genista sa-gittalis, Trigonella gladiata, Globularia bisnagarica, Lavandu-la angustifolia, Phlomis herba-venti, Salvia pratensis, Onobry-chis supina, Teucrium aureum, T. polium, T. chamaedrys, Thy-mus vulgaris, Linum leonii, L. narbonense, Althaea hirsuta, Filipendula vulgaris, Geum sylvaticum, Scrophularia canina subsp. juratensis, etc.

Sur les pelouses à l'extrémité est de Puech Tuges (commune de Sorbs Hlt.) nous notons de beaux peuplements de Genêt de Vil-lars et de Jurinée, deux taxons présents çà et là sur l’ensemble du secteur. Un relevé ponctuel fait autour des ces deux espèces, vers 722 mètres, donne : Carex humilis, Koeleria vallesiana, Bombycilaena erecta, Carduncellus mitissimus, Filago vulgaris, Jurinea humilis, Genista pulchella subsp. villarsii, Teucrium aureum, Thymus vulgaris, Linum narbonense.

Sur cette même pelouse, mais beaucoup plus localisés deux petits peuplements de serratule, un relevé fait à 731 mètres don-ne : Juniperus communis, Pinus sylvestris, Muscari comosum, Serratula nudicaulis, Genista pulchella subsp. villarsii, Teu-crium aureum.

Sur les pelouse de crête à Genêt de Villars et Jurinée, en limite des communes de Sorbs et de Vissec, vers 725 à 735 mètres environ, Gagea pratensis avait été noté en avril 1996, nous y avons rencontré : Lithospermum arvense, Iberis saxatilis, Ono-nis striata, Lamium amplexicaule, Saxifraga tridactylites. Très ponctuellement quelques rares pieds de Scorzonera austriaca subsp. bupleurifolia.

Plus localisé sur les pentes de la Serre Pelée on peut relever : Muscari botryoides (déjà défleuri en avril), Muscari neglectum, Scilla autumnalis, Iris lutescens, Achillea odorata, Lithodora fruticosa, Potentilla hirta ainsi que nombre d’espèces déjà no-tées.

Après ces magnifiques moments qui nous ont permis de parcou-rir un milieu d’une grande richesse fût venu l’heure du repas ; l’absence d’ombre nous conduisit à rechercher ailleurs et à quel-ques kilomètres de là un reboisement de Pins d’Autriche qui pu accueillir notre groupe ; à proximité une culture était quasiment envahie par les bleuets, Chantal ne manquât pas d’en faire un magnifique bouquet.

Une fois que Roselyne eut terminé sa sieste, le groupe prit la direction de Saint-Maurice de Navacelles afin de redescendre vers la Vis, que la route longe sur plusieurs kilomètres au milieu de la magnifique forêt domaniale de la Séranne, nous ferons un ultime arrêt vers la maison forestière du Grenouillet.

Et pour terminer : ripisylve de la Vis en amont de la maison forestière du Grenouillet sur la commu-ne de Gorniés (Hérault)

En aval de Madières les gorges de la Vis entaillent et séparent le causse de Blandas de la Montagne de la Séranne et consti-tuent le seul milieu frais dans un environnement souvent aride. Jusqu’à la confluence avec le fleuve Hérault, se développe une végétation arborescente linéaire caractéristique des bords des eaux, constituant un corridor d’arbres à feuillage caduque, faci-lement identifiable au milieu des chênes verts peuplant les ver-sants de la vallée.

La fiche de présentation de ce secteur, classé en ZNIEF, souli-gne que « la rivière et les formations arborescentes qui l’entou-rent, constituent en région méditerranéenne, les reliques d’une végétation des régions tempérées. Jadis très étendue, cette for-mation ne subsiste plus que le long des berges des cours d’eau et est souvent réduite à une simple haie. La ripisylve de la Vis offre une zone d’intérêts écologique et paysager remarquables, elle est en effet une zone de passage et de reproduction pour de nombreuses espèces d’oiseaux, d’origine plus nordique, qui trouvent là les seuls milieux favorables à leur maintien sous un climat méditerranéen, et une zone de refuge pour une flore spé-cifique, diversifiée et très riche. »

Après le village de Madières, dans cette ripisylve, (Altitude 215 mètres environ) à structure et essences très variées, qui peut prendre quelquefois la forme d’une véritable forêt "galerie" où s’enchevêtrent arbres, arbustes et lianes nous avons noté, en cheminant sur le sentier qui borde la Vis : Fraxinus angustifo-lia, F. ornus, Alnus glutinosa, Acer campestre, A. monspessula-num, A. opalus, A. pseudoplatanus, Corylus avellana, Ostrya carpinifolia, Ligustrum vulgare, Phillyrea media, Platanus x hispanica, Populus nigra, Salix eleagnos, S. purpurea, Tilia platyphyllos, Eriobotrya japonica, Prunus avium, Euonymus europaeus, Cornus mas, Robinia pseudoacacia, Cercis siliquas-trum, Laurus nobilis, Hippocrepis emerus.

Le sous-bois luxuriant est parfois impénétrable avec Clematis vitalba, Hedera helix, Rubus sp., Ruscus aculeatus, Smilax as-pera, Asparagus acutifolius, Buxus sempervirens, Viburnum tinus.

La strate herbacée est riche en Poaceae avec : Arrhenatherum elatius, Brachypodium sylvaticum, Dactylis glomerata, Festuca arundinace, Piptatherum paradoxum, Poa nemoralis, Roegne-ria canina (= Agropyrum caninum), auxquelles vont se joindre Epipactis helleborine, Pimpinella major, Eupatorium cannabi-num, Lithospermum purpurocaeruleum, Arabis turrita, Silene vulgaris, Euphorbia amygdaloides, Geranium nodosum, Aqui-legia vulgaris, Helleborus foetidus, Hepatica nobilis, Lathraea clandestina, Linaria repens.

Un rocher est recouvert par Adiantum capillus-veneris et Asple-nium trichomanes subsp. quadrivalens.

A défaut de parcourir l’arboretum appartenant à l'Office Natio-nal des Forêts, composé de nombreuses essences plantées, rares et exotiques en association avec des essences de reboisement classiques, c’est en longeant la route que nous retournerons à nos véhicules et pour retarder le temps de la séparation certains s’attarderont devant les tapis de verdure du talus et des fossés pour deviser sur : Lapsana communis, Mycelis muralis, Rhaga-diolus stellatus, Lithospermum purpurocaeruleum, Saponaria officinalis et Geum urbanum.

Un merci à tous les participants pour la bonne ambiance et les échan-ges de connaissance qui nous ont permis de mieux connaître nombre d’espèces rares ou endémiques des Cévennes schisteuses ou calcaires.

Jean-Claude Bouzat avec la collaboration de Mathieu Chambouleyron

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Bulletin de la SBV - 16 - n°17 - mai 2007

C’est en Haute-Loire, présentée aujourd’hui par les circuits touristiques comme le Sud de l’Auvergne, que les botanistes de la S.B.V. se sont retrouvés, en bonne compagnie puis-qu’ils étaient accompagnés des meilleurs représentants lo-caux de cette science « aimable ». Le vendredi 30 juin 2006, en fin d’après-midi, le village de Siaugues-Sainte-Marie accueillait pour deux jours une vingtaine de personnes dont la plupart arrivait du Sud-Est, dans le but de découvrir quel-ques milieux où le calcaire laisserait la place à d’autres ro-ches. Le séjour devait leur permettre en effet de passer de la rive droite de l’Allier, cette rivière que remonte encore le sau-mon, où sur un substrat basaltique une hêtraie et une tour-bière étaient au programme du samedi, tandis que le diman-che après le RV à Langeac, sur la rive gauche, l’objectif était les plateaux granitiques de la Margeride. Dans le Devès…

Situé en Velay, dans le département de la Haute Loire, le Devès est le plus vaste plateau basaltique de France avec 80 km de long du NNW au SSE et 15 km de large ; le plateau s'étend entre les vallées de l'Allier (qui la sépare de la Mar-geride) et de la Loire qui occupe le bassin sédimentaire du Puy en Velay et l’entaille profondément en amont, les gor-ges de la Loire coupant le plateau qui occupe une surface restreinte sur la rive droite du fleuve. D’une altitude moyen-ne élevée, supérieure à 1000 mètres, il culmine au Mont Devès à 1421m où se situe un gigantesque relais, point de repère dans le paysage, dépassant les conifères Le plateau basaltique est constitué d'un empilement de cou-lées prismées (orgues volcaniques) d'origine fissurale et très riches en éléments de socle et en nodules de péridotite du manteau supérieur. Elles reposent soit sur le socle granito-gneissique soit sur les sédiments du bassin du Puy et dessi-nent l'ancien réseau hydrographique. C’est le plus bel exemple de fissure éruptive de France où les cônes sont quasi agglomérés, plus de 200 cônes de sco-ries (les gardes) constellent le massif, volcans de type stromboliens, déportés sur la frange Ouest du plateau, cer-tains conservant leur cratère (Mont Bar) et recoupé par plu-sieurs dizaines d'appareils d'origines phréatomagmatiques (éruption qui résulte de l’interaction d’un magma ascendant avec une nappe d’eau souterraine) édifiant une cinquantaine de maars (cratère d’explosion en forme de cuvette, entouré d’un rempart mince et bas de débris volcaniques) aux for-

mes souvent bien conservées, certains ont vu s’installer un lac (lac du Bouchet) qui a souvent évolué en tourbière (marais de Limagne, la Sauvetat, narces de Landos…). Le versant Loire permet d’observer l’empilement des coulées sur plus de 100 mètres d’épaisseur. Le versant Allier, plus pentu, a permis aux coulées de descendre jusqu’à la rivière en d’impression-nant ensembles prismés (Chanteuges, Prades, Monistrol d’Allier, le Nouveau-Monde…), sur cette bordure occidentale (haute-vallée de l’Allier) apparaît localement le socle hercynien de granite et de gneiss. Même si la description qu’en faisait en 1883 l’auteur (Adolphe Joanne) d’un petit livre de géographie sur la Haute-Loire, évoquant «…les neiges qui s’amoncellent pendant six mois de l’année dans cette Sibérie méridionale, où il gèle souvent au mois de juin… », n’est plus la réalité, le Devès, malgré des influences méditerranéen-nes qui peuvent remonter jusqu’à son niveau, reste un pays rude, au climat rigoureux (les chutes de neige en avril ou mai ne sont pas exceptionnelles) et assez humide, qui ne permet qu'une faible agri-culture principalement concentrée sur les plaines. L'élevage bovin est fait sur de petites exploitations familiales. Le réseau hydrographique des plateaux se résume à quelques ruis-selets, localisés sur les pourtours du plateau et qui vont se terminer en cascades dans la Loire ou l’Allier. Les paysages sont variés, alternant les plateaux couverts de bois et de landes et les vallées plus fertiles. C’est sur la longue arête dorsa-le que s’étale une importante forêt longue de 10 km et large de trois, constituée de plantations de sapins et d’épicéas mélangées avec les quelques espèces qui à l’étage montagnard accompagne les fayards. Le taux de boisement reste assez faible. Ponctuellement des zones humides, bas-fonds plus ou moins marécageux, locale-ment appelés sagnes ou narces se trouvent au milieu des cultures, parfois il peut s’agir de véritables marais ou tourbières qui ont commencés en Haute-Loire à se former dès le retrait des derniers glaciers il y a 15000 ans (glaciation du Würm). Comme cela est développé par ailleurs (Cf. l’article sur les tourbiè-res dans le présent numéro), une tourbière commence son histoire dans des eaux stagnantes (lac, étang,…) à la périphérie desquelles des plantes aquatiques vont croître et se décomposer, cette décom-position se fera très imparfaitement dans une eau immobile et peu oxygénée donc sans activité microbienne, conduisant, après des siècles, au colmatage du plan d’eau et à la régression des plantes aquatiques. Sur le nouveau support qui s’est formé (la tourbe noire) ainsi que sur le radeau qui subsiste encore en surface et dans les régions ayant un climat approprié (pluviométrie et température) s’y développe une végétation où la présence des Sphaignes joue un rôle essentiel ; si les facteurs climatiques n’étaient pas présents, on as-sisterait à une simple banalisation du marais. C’est sur une tourbière qui « figure parmi les plus beaux fleurons des tourbières française » que Maryse Tort nous a conduit, le ma-rais de Limagne, situé sur les communes de Siaugues-Sainte Marie et Saint-Jean de Nay, dont les abords constituaient, avant la créa-tion des départements, la limite entre l’Auvergne et le Velay qui était rattaché à la province du Languedoc et à la sénéchaussée de Beaucaire.

…autour du marais du maar Limagne

Localisé au Nord-ouest du plateau basaltique, le marais de Lima-gne, qui occupe environ une trentaine d’hectares, a pris place dans un maar de 70 hectares, à 1080 m d’altitude, dominé par plusieurs cônes de scories et par des accumulations de tufs et brèches volca-niques.

La S.B.V. en Velay et Gévaudan ( 30 juin, 1et 2 juillet 2006 )

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Bulletin de la SBV - 17 - n°17 - mai 2007

L’alimentation en eau provient de sources et de ruisselle-ment le long de la bordure du maar tandis qu’un déversoir, un ruisseau affluent de la Fioule, se situe au Nord-Est. Il s’agit donc d’un marais topogène (avec quelques apports soligènes) Outre son intérêt intrinsèque le marais de Limagne permet une approche pédagogique de ce type de milieu humide car, particulièrement bien structuré en deux grands ensembles, il présente tous les gradients écologiques, depuis les bords de type minérotrophe, colonisé par des végétations flottantes ou hygrophyles, au centre de type ombrotrophe, mosaïque de groupements de tourbières à Sphaignes, en cours de coloni-sation par les Pins sylvestres et les bouleaux. Marais dangereux du fait de nombreux trous d’eau cachés, notamment dans sa partie Est, il convient d’être particulière-ment vigilant lorsqu’on y pénètre ; on peut toutefois faire un transect en partant du Nord à environ 350 mètres de la mai-son du Lac pour rejoindre la rive Sud, soit environ 500 mètres. On constate que la végétation est organisée en ceintures concentriques, certaines externes, dans une dépres-sion aquatique dépourvues de ligneux, tandis que dans les secteurs les plus internes se développe le Pin sylvestre et le Bouleau verruqueux. Une ceinture externe d’environ 7 ha, véritable radeau amarré à la rive par les rhizomes entrelacés sur plu-sieurs dizaines de centimètres des Comaret, Menyanthe et Prêle des eaux, constitue le bas-marais périphérique Il s'agit là du secteur le plus humide de la tourbière, pseudo-lagg ou anneau aquatique qui recueille les eaux de ruisselle-ment des pentes environnantes chargées en sels minéraux. Sur ce substrat vaseux, noirâtre, toujours humide et par ail-leurs nettement minérotrophe, plusieurs faciès ont été identi-fiés. Sans entrer dans ces détails, affaires de spécialistes, nous avons notés, outre Potentilla palustris, Menyanthes trifoliata et Equisetum fluviatile : Carex rostrata, C. vesica-ria, Lemna minor, Sparganium erectum subsp. neglectum, Angelica sylvestris, Cirsium palustre, Mentha arvensis, Scu-tellaria galericulata, Epilobium palustre, Galium palustre. Comme la Lentille d’eau la présence de Marchantia poly-morpha (Hépatique à thalle) atteste de la minéralisation de cette partie du marais. Sur le secteur Est, dont l’accès est particulièrement dange-reux, se trouve un faciès qui abrite une belle population de Grande douve, Ranunculus lingua, l’une des deux stations auvergnates de ce taxon (l’autre étant sur un autre marais du Devès) qui figure sur la liste des espèces protégées, par ail-

leurs en forte régression. A noter que les autres stations française ne semble pas dépasser l’altitude de 700 mètres. Le marais de transition, qui occupe une surface d’environ 4,5 ha abrite une Cariçaie à laîche filiforme avec des sphaignes et le Carex des bourbiers Dans le marais de Limagne, le marais de transition occupe deux positions. Tout d’abord une position de ceinture qui domine la plus grande partie de l'anneau périphérique. position transitionnelle, entre le pseudo-lagg évoqué ci-dessus qui le cerne à l’extérieur et la tourbière centrale active. Une seconde position, morcelée et réduite en surface, est notée en limite des gouilles du haut marais. Bien que le niveau des eaux de la Cariçaie soit un peu inférieur à celui de la ceinture externe et qu’il fluctue davantage en cours d'an-née (maxi en hiver), ici aussi le substrat est toujours humide (mésotrophe à oligomésotrophe) car nous sommes sur le prolonge-ment du radeau commencé avec les Comaret, les Menyanthe et la Prêle des eaux, d’ailleurs toujours présents dans le tapis de bryo-phytes et de sphaignes. Sous ce radeau l’épaisseur d’eau, de tourbe fluide ou de vase peut dépasser 2 mètres. Outre Carex lasiocarpa qui le caractérise on note : Carex rostrata, C. elata, C. vesicaria, C. curta, C. diandra, et le Carex de bourbiers, Carex limosa, espèce rare et protégée. Autre espèce protégée Eriophorum gracile. On note également : Agrostis canina, Drosera rotundifolia, Epilobium palustre, Galium palustre, Viola palustris, Cirsium palustre, Scu-tellaria galericulata.

Le haut-marais ombrotrophe occupe le centre du marais sur environ 21 ha, il se caractérise par la présence de buttes peu humides, parfois asséchées, de type oligotrophe,… Dans cette tourbière flottante du maar de Limagne, le centre du marais est occupé par un tapis de sphaignes, d’épaisseur irrégulière, avec des buttes visibles çà et là. Véritable mosaïque de groupe-ments végétaux, qui évoluent en fonction du degré d’humidité, qui varie de la base de la butte à son sommet, on est ici sur la partie où la tourbière n’est alimentée que par l’eau de pluie ou météorique, c’est la partie active de la tourbière. Le fond de la végétation des buttes est constitué de plusieurs espè-ces de Sphagnum (Spagnum centrale est omniprésent) ainsi que d’autres Bryophytes, les Spermaphytes qui y trouvent place sont très spécialisés et adaptés à ce milieu, ce sont des espèces acidiphi-les et oligotrophes, capables pour certaines de compenser les défi-cits du substrat. C’est ainsi que Drosera rotundifolia, plante de 10 à

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Bulletin de la SBV - 18 - n°17 - mai 2007

20 cm de hauteur, avec des feuilles rondes de couleur rouge, étalées en rosettes, dotées de poils glanduleux avec lesquels elle capture en les engluant des petits insectes de passage, digérés à l'aide d'enzymes, pallie au manque de composés azotés du sol. Outre la Rossolis à feuilles rondes ont été no-tés sur les buttes : Carex limosa, C. nigra, Eriophorum vagi-natum, Molinia caerulea, Potentilla erecta, Calluna vulgaris et Vaccinium myrtillus ainsi que certains ligneux comme Pinus sylvestris et Betula pendula, apparus depuis le milieu du XX siècle, sans pour autant correspondre au stade de fin de vie de la tourbière, dont des études récentes indiquent au contraire qu’il s’agit d’un haut-marais encore jeune.

…il est parcouru par un réseau de dépressions, gouilles remplies d’une eau stagnante et très acide

Maryse Tort souligne que « Les textes de la Directive Habi-tats (2004) ont contribué à une clarification du statut des cuvettes et chenaux aquatiques ou humides qui parsèment le haut-marais et ont beaucoup aidé à leur interprétation. Cer-taines dépressions, les plus profondes, sont occupées par des îlots de bas-marais frangés ou non de la végétation des ma-rais de transition : on les observe dans presque toutes les tourbières hautes. Par contre, (pour la Haute-Loire s’entend) c’est dans le seul marais de Limagne qu’à été observée jus-qu’ici la végétation du Rynchosporion albae typique des gouilles (Tort & al., 1986,1988) ».

Ont été observé à ce niveau : Lycopodiella inundata espèce pionnière des zones tourbeuses et dénudées, longuement inondées, c’est la seule station de Haute-Loire, la famille des lycopodes est très ancienne puisque ce type de plantes est apparu à l'ère primaire (Dévonien, soit environ 400 millions d'années). Les quelques espèces qui subsistent actuellement sont donc des témoins très intéressants de l'évolution biolo-gique des végétaux, Carex limosa, C. rostrata, Scheuchzeria palustris, Juncaginacée des tourbières, espèce protégée, Utricularia minor, plante carnivore dont l’appareil végétatif immergé est doté de petites outres qui s’ouvrent vers l’inté-rieur, constituant des pièges qui vont lui permettre de captu-rer des petits crustacés et des insectes, Menyanthes trifoliata.

Maryse Tort précise que Drosera longifolia, notée en 1988 (seule station d’Auvergne connue), n'a pas été revue depuis 1996; cette espèce n’a pas été retrouvée.

Souhaitons que cette tourbière, qui abrite neuf espèces pro-tégées et presque tous les représentants des espèces rares et typiques des tourbières acides, longtemps utilisée par l’hom-me qui allait y pêcher la sangsue ou y tirer le canard, puisse être préservée et se maintenir dans ce site remarquable.

… sur le mont Briançon, dans une hêtraie thermophile

Sur la commune de Saint-Arcons d’Allier, d’une altitude allant de 770 à 1040 mètres à son sommet, le mont Briançon est un ancien volcan à la forme massive, situé à l’extrémité Nord-Ouest du massif du Devès, avant que celui-ci ne s’a-baisse vers la Petite Limagne de Brioude. Aujourd’hui ce massif abrite une hêtraie, d’installation récente, puisque les archives de l’ONF que cite Maryse Tort nous apprennent qu’il y a à peine plus d’un siècle ces sectionnaux étaient occupés par une pinède utilisée pour la production de bois de chauffage.

Le contraste est marqué entre les flancs Sud et Nord-Est : au Sud on note des pelouses xérothermophiles, encore pâturées

d’une manière extensive sur lesquelles sont présentes la Carline à feuilles d’acanthe et le Liseron de Biscaye, en cours de fermeture du fait de l’installation d’une friche avec des fourrés d’épineux et des bosquets de Chêne pubescent vers le sommet, c’est au Nord et à l’Est que la hêtraie occupe une place importante.

Avant d’être couvert par la forêt le mont Briançon, terre sans gran-de valeur agricole, constituait un pâturage ovin, c’est l’abandon progressif du pastoralisme qui a permis à la fruticée et ensuite à la pinède de s’installer. L’emploi de cette forêt pour le bois de chauf-fage a favorisé l’installation du hêtre au détriment du pin, systéma-tiquement éliminé, accélérant ainsi une évolution naturelle qui se poursuit actuellement au bénéfice des sapins qui occupent les espa-ces disponibles. Comme le précise Maryse Tort, les graines du sa-pin ne germent qu’à l’ombre protectrice d’arbres déjà installés, tandis que les akènes du hêtre souffrent des substances inhibitrices des sapins adultes.

Du Cephalanthero Pinion, caractérisé par Cephalenthera rubra, venue avec le Pin sylvestre, on est passé à une hêtraie du Cepha-lanthero fagion avec l’arrivée de la Cephalenthère à longues feuil-les et de la Cephalenthère de Damas, espèces en train de se raréfier, indiquant que la forêt évolue vers une hêtraie à aspérule de type Eu-Fagion sylvaticae.

A l’intérieur de la hêtraie (Altitude 900 à 1040 mètres)

Outre le Hêtre et le Sapin pectiné sont présents quelques fougères, Dryopteris filix-mas et Gymnocarpium dryopteris, les trois cépha-lentères, Cephalanthera rubra, C. damasonium et C. longifolia ainsi que deux autres orchidées fréquentes en hêtraies Neottia nidus-avis et Epipactis helleborine. Parmi les espèces indicatrices de milieu il convient de mentionner Luzula nivea, l’Aspérule odorante, Galium odoratum, Oxalis acetosella, Scilla bifolia, Cardamine heptaphylla, C. impatiens, Lathyrus vernus, Lamium galeobdolon. On peut noter également Polygonatum multiflorum, Poa nemoralis, Sanicula europaea, Phyteuma spicatum, Stellaria nemorum, Mer-curialis perennis, Anemone nemorosa et Daphne mezereum.

Sur les lisières de la partie inférieure de la hêtraie se retrouvent des espèces qui réclament plus de lumière.

Des arbres comme Quercus robur, Sorbus aria ou Salix caprea ainsi que d’autres ligneux, Rhamnus cathartica, Viburnum lantana, les sureaux, le Sureau noir et le Sureau à grappe (par ailleurs le Hièble est également présent), Ribes alpinum, ainsi que le Genêt à balais, Cytisus scoparius. Egalement sont notées Dactylis glomerata, Festuca heterophylla, Poa nemoralis, Chaerophyllum temulum, Heracleum sphondylium subsp. sphondylium, Arctium lappa, Campanula patula, C. trache-lium, Euphorbia amygdaloides, E dulcis, Astragalus glycyphyllos, Lathyrus linifolius subsp. montanus, L. pratensis. subsp. pratensis, L. sylvestris, Trifolium alpestre, Geranium nodosum, G. pyrenai-cum, Hypericum hirsutum, Melittis melissophyllum, Malva moscha-ta, Epilobium angustifolium, Ranunculus tuberosus, Digitalis gran-diflora, D. lutea, Scrophularia nodosa, Valeriana officinalis. subsp. repens.

La hêtraie du mont Briançon, de caractère plutôt continental, évo-lue sur un sol d’origine volcanique, plutôt neutrocline à calcicole, elle est le résultat d’une dynamique progressive naturelle favorisée par l’intervention humaine. Si la densification du couvert entraîne un appauvrissement de la flore forestière il faut souligner la riches-se floristiques des lisières.

(Nombre d’éléments rapportés ici sont tirés du CR de Maryse Tort et Bernard Belin repris dans « La flore de quelques hêtraies du Massif-Central » in Digitalis n°5 année 2006. Cet article présente rapidement une typologie des hêtraies du Massif-Central).

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Bulletin de la SBV - 19 - n°17 - mai 2007

Située au cœur du Massif Central, cette « Montagne » lon-gue de près de 80 kilomètres, « un des plus vieux murs de la France » s’étend de la vallée de l’Alagnon à celle du Lot, entre les plis où coulent la Truyère à l’ouest et l’Allier à l’est, séparant les eaux de la Garonne de celle de la Loire. Montagne très ancienne, elle constitue l’un des plus vastes massif granitique d’Europe (granite porphyroïde à biotite et roches métamorphiques cristallophylliennes). Sans atteindre l’altitude des sommets volcaniques auvergnats elle culmine à 1552 mètres au Truc de Fortunio (où se trouve aujourd’hui une tour relais) et à 1551 mètres au signal de Randon voisin. En comparaison avec la hauteur relativement modeste de ces sommets, l’altitude moyenne de la région et celle des cols est élevée. Tout en étant à un carrefour climatique cette altitude confère à la Margeride un climat rude de type montagnard, la pério-de hivernale est longue et rigoureuse, les précipitations dont une part importante se manifeste sous forme d’orage ou de neige sont importantes mais leur répartition dans l’année n’empêche pas des risques importants de sécheresse estivale (si les étés sont courts, ils sont chauds et secs). De plus les vents sont fréquents. Géomorphologiquement, relief ondulé d’une série de crou-pes, la Margeride se « présente comme une structure alvéo-laire : succession de buttes convexes aux sommets très ar-rondis, de replats sur les versants de ces buttes et de dépres-sions très largement creusées. Ces alvéoles sont le produit d’une altération différentielle du granite au cours du tertiaire et du quaternaire par des phénomènes périglaciaires. » Compte tenu du sol acide et des conditions climatiques et altitudinales la végétation de la Margeride, pour la partie supérieure à 1050 mètres, appartient essentiellement aux étages montagnard moyen (Hêtraie sapinière acidiphile) et supérieur (Hêtraie d’altitude acidiphile), toutefois le Pin sylvestre qui jouit d’une grande amplitude écologique peut être aussi très présent, s’installant notamment sur les terres abandonnées par l’activité agricole, depuis le milieu du XIX

siècle, notamment de l’élevage des ovins et des grands troupeaux transhumants ; certains secteurs où l’altitude est supérieures à 1450 mètres se situent dans le subalpin (landes à Callune et Myrtille). Le document d’objectifs NATURA 2000 « Montagne le la Margeri-de » d’où sont tirés partie de ces éléments indique également que certaines formations végétales peuvent être indépendantes des dé-coupages bioclimatiques : landes sèches des lithosols, végétation rabougries des crêtes ventées et surtout formations hygrophiles et tourbières qui se sont largement développés profitant à la fois des fonds plats et des pentes longitudinales faibles, de ruisseaux cou-lant en surface et peu drainant et d’une arène sableuse qui, gorgée d’eau, se charge d’argiles. Dans la plupart d’entre elles, c’est de-puis le dernier âge glaciaire que la tourbe s’y accumule (0,2 à 1 mm par an) grâce à une température moyenne froide, aux précipitations et au substrat acide qui favorise sa formation. Ce sont des eaux froides et acides qui sont à l’origine de ces tourbières soligènes et oligotrophes qu’en Margeride on rencontre fréquemment aux éta-ges montagnard supérieur et subalpin, où les mousses occupent une place importante. Notre herborisation sur la Margeride se fera en Haute-Loire sur la commune de Chanaleilles, au SE du Truc de la Garde qui de ses 1486 mètres domine d’une cinquantaine de mètres les sources de la Seuge et celles du Pontajou, ces dernières sur la commune de Gré-zes. Sur ce territoire, ainsi que sur celui de la commune lozérienne voisine de Lajo, se trouvent des tourbières remarquables à Bouleau nain et Saule des lapons. Mais c’est plus bas, vers 1324 mètres, sur les bords de la Seuge, que nous débuterons notre journée. Située sur la Via Podiensis empruntée par les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle venant du Puy, Chanaleilles, vieux village de granit à 1100 mètres d’altitude, était un prieuré bénédiction dé-pendant de l'abbaye de Saint-Chaffre. L'église romane (12ème siè-cle) construite en granit est intéressante par la présence d’un clo-cher peigne, ajouré de quatre arcades surmontées de deux autres, d'adjonction plus tardive(15ème).

Depuis la place de l’église nous empruntons, sur trois kilomètres environ, une piste jusqu’à la cote 1324 où celle-ci recoupe la Seuge qui, au centre d’une vaste cuvette fait là une boucle de plusieurs centaines de mètres de rayon, avant de repartir vers le nord, consti-tuant un magnifique marais qui remonte en amont dans le fonds de la prairie. Ce secteur est connu sous le nom de tourbière du bois du Chardonnet et couvre environ 5 ha entre des altitudes de 1320-1330 mètres.

Les hauts plateaux de la Margeride et les tourbières relictuelles glaciaires

Région naturelle, la Margeride apparte-nait à l’ancienne pro-vince du Gévaudan, devenue Lozère lors du découpage en dé-partement (le projet initial prévoyait qu’il devait s’appeler « département des sources »). Une partie de la Margeride, en gros l’actuel canton de Saugues, a été rattaché à la Haute-Loire tandis que le NE, au delà du Mont Mouchet, l’était à celui du Cantal.

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Bulletin de la SBV - 20 - n°17 - mai 2007

Autour de la tourbière du Chardonnet

Nous ne pénétrerons pas le bas-marais qui occupe une partie de la boucle de la Seuge, sur une surface d’environ 5 ha, où des peuplements de Carex constituent des magnocariçaies et des parvocariçaies. Dans la partie non pâturée s’élèvent de hautes buttes à sphaignes hébergeant Drosera rotundifolia et Vaccinium oxycoccos, elles sont surmontées par Eriophorum vaginatum et des Ericacées dont Vaccinium vitis-idaea. Im-portante station de Betula nana.

A cet endroit la Seuge n’est qu’à deux kilomètres de ses sources, la pente est très faible,. Les ruptures de pente en-traînent la formation de marais tourbeux qui s’étalent sur les replats. L’ensemble prend un aspect dendroïde (en forme d’arbre). La végétation est en relation étroite avec le niveau hydrique des ruisselets, très variable à quelques décimètres près, aussi contrairement au marais de Limagne, on n’a pas ici le schéma classique de ceintures végétales se succédant en fonction des caractéristiques du substrat mais une organi-sation en mosaïque des associations rendant leur détermina-tion difficile de prime abord sans l’utilisation des méthodes phytosociologiques.

Nous nous attarderons sur le secteur en partie drainé, en amont de la boucle de la Seuge, pour étudier la parvoca-riçaie (peuplement à petites laîches), présente en mosaïque avec d’autres habitats. Les eaux froides de la Seuge coulent entre, de part et d’autre, un ourlet plus ou moins large, qu’infiltre l’eau de la rivière, bandes sur laquelle les Bryo-phytes occupent une place importante. Sur ce tapis de mous-ses prospèrent plusieurs espèces de Carex appartenant à l’al-liance du Caricion fuscae dont Carex nigra, C. echinata, C. pilulifera, accompagnés de Eriophorum angustifolium, Jun-cus acutiflorus (espèce absente du Deves), Festuca rubra, Molinia caerulea, Epikeros pyrenaeus, Scorzonera humilis, Epilobium palustre, Ranunculus flammula, Veronica scutel-lata, Viola palustris, etc.

Les berges des ruisselets aux abords de la Seuge abritent des espèces appartenant à l’alliance du Cardamino-Montion, association des eaux froides et acides où ont été notées Cardamine pratensis, Montia fontana, Carex nigra, Juncus bulbosus, Festuca rivularis, F. rubra, Glyceria flui-tans, Myosotis scorpioides, Lotus pedunculatus, Myriophyl-lum spicatum, Epilobium palustre, Caltha palustris, Galium palustre, etc.

Les prairies en continuité avec le bas-marais au nord de la piste appartiennent aux groupements à Carvi verticillé et Jonc acutiflore ou de Nardaies avec çà et là des toura-dons à Canche cespiteuse. Ont été relevées Carex ovalis, C. pilulifera, Juncus acutiflorus, Juncus squarrosus, Luzula multiflora subsp. congesta, Dactylorhiza maculata, Agrostis canina, Anthoxanthum odoratum, Briza media, Festuca ru-bra, Holcus lanatus, Molinia caerulea, Nardus stricta, Ca-rum verticillatum (espèce absente du Deves), Epikeros pyre-naeus, Scorzonera humilis, Succisa pratensis, Calluna vul-garis, Lotus pedunculatus, Ranunculus flammula, Potentilla erecta, P. palustris, Galium uliginosum, etc.

Dans les secteurs où l'assèchement, naturel ou suite au drainage, est le plus prononcé vont apparaître les landes à Ericacées, stade qui précède celui de la forêt (Altitude 1330 à 1350 mètres) avec notamment Calluna vulgaris, Vaccinium myrtillus, V. vitis-idaea, Genista anglica, Lyco-

podium clavatum, Deschampsia flexuosa, Nardus stricta, Epikeros pyrenaeus, Potentilla erecta, Galium saxatile, Veronica officinalis, Viola lutea, etc..

Sous le Truc de la Garde

Après le déjeuner nous nous dirigeons vers la Tourbière à Sphai-gnes des sources de la Seuge, au SE du Truc de la Garde (Altitude 1392 à 1400 mètres) où sont notées Betula nana, taxon maintenant bien connu des sociétaires de la SBV car déjà rencontré dans le Jura en France et en Suisse (en Margeride le Bouleau nain est une relictuelle vraie, des études de pollens assurent sa présence continue depuis le tardiglaciaire), Salix lapponum, S. repens, Callu-na vulgaris, Vaccinium myrtillus, V. vitis-idaea, V. oxycoccos, Ca-rex pauciflora, espèce discrète car les fruits tombent rapidement, elle croît sur les parties les plus jeunes des tourbières en voie de bombement, Eriophorum vaginatum et Drosera rotundifolia. Il convient de préciser qu’il ne s’agit pas ici de tourbières bombées, dans le secteur seule une petite tourbière de ce type, de quelques dizaines de m2, est présente dans une clairière de pinède, le Bois du Prieur (1300 mètres), au dessus de Chanaleilles.

Autour, plusieurs bois et fourrés de saules sur sol tourbeux (Altitude 1340 à 1395 mètres) avec notamment Pinus sylvestris, Betula pendula, B. pubescens, B. X fennica (B. nana X B pendula), Sorbus aucuparia, Salix aurita, S. cinerea, S. pentandra. Les saules à port buissonnants, ramifiés depuis la base, installés en peuple-ments denses signalent des marais localement perturbés.

A l'est de la piste à hauteur de la cote 1392 la Seuge franchit une rupture de pente au travers de rochers. Il y a là une mosaïque de milieux dans un secteur où le bétail est peu présent : bord de l'eau, rochers, pelouses de diverses nature, ourlet en bordure de la forêt, etc… où l'on a rencontré nombre d’ espèces, certaines non vues lors de l'exploration de la tourbière et des milieux qui lui sont associé : Dryopteris expansa, Poa chaixii, Meum athamanticum, Achillea millefolium, Leontodon pyrenaicus, Campanula lanceolata (= rec-ta), Jasione laevis (=J. perennis), Dianthus sylvaticus (endémique du massif-Central), Genista sagittalis, Lathyrus linifolius subsp. montanus, Epilobium tetragonum, Rumex acetosa, Anemone nemo-rosa, Ranunculus tuberosus, Sanguisorba officinalis, Salix caprea, Thesium alpinum, Viola lutea subsp. lutea, etc.

C’est ici que se termine notre périple, sur les hauts plateaux du Gé-vaudan où, à quelques centaines de mètres de là à l’Est, toujours sur les bords de la Seuge, à la Coustasseire du Villeret, que le 12 Janvier 1765, cinq garçons et deux filles de 9 à 12 ans, tous armés d'un bâton avec une lame de couteau fixée au bout, gardaient les troupeaux et durent faire face à la « Bête ». Dirigée par le plus vail-lant, Jacques André Portefaix, 12 ans, la petite troupe, non sans mal pour le benjamin et après un combat risqué, arrive à faire lâcher prise au loup qui s’était emparé de l’enfant, et à le faire fuir. Pour son acte André Portefaix reçut du roi 300 livres ; il fit des études payées par l'Etat et devint officier d'artillerie. Les autres enfants se partagèrent 300 livres.

Nous remercions Maryse Tort, Robert Portal, Bernard Belin et tou-tes les personnes de l’association altiligérienne botanique Digitalis pour leur aide, leurs conseils et toutes les informations qui nous ont été transmises lors de leur accompagnement sur le terrain. Des ren-seignements complémentaires sur les tourbières de la Haute-Loire peuvent être trouvées dans « Tourbières et marais en Haute-Loire » (Maryse Tort), in Cahiers de la Haute-Loire (année 2005) Archives Départementales, le Puy-en-Velay, dont nombre d’élé-ments du présent article sont issus.

Jean-Claude BOUZAT

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Bulletin de la SBV - 21 - n°17 - mai 2007

Botanique Générale ESSAI DE STRUCTURATION DU CONTENU DISCIPLINAIRE DE LA BOTANIQUE

René DELPECH

Note liminaire : La botanique peut être envisagée dans un sens large qui inclut la biologie végétale (aujourd’hui compartiment des « Sciences de la Vie ») ou dans un sens restrictif correspondant à celui en usage du 16è au 19è siècle (Césalpin, Tournefort, Linné) qui s’applique uniquement à la description et à la classification des végétaux (cf. L. Plantefol, article « Botanique », Encyclopaedia Universalis 1975).

A) Sens restrictif Il comprend :

des disciplines à caractère général : Morphologie végétale (incl. teratologie végétale) Histologie et anatomie végétales (incl. ultrastructures, phytodermologie) Systématique végétale (classique, cladistique, synthétique) Nomenclature

2) des disciplines spécialisées Palynologie et Sporologie * Phénologie Dendrologie (incl. Dendrochronologie) * Floristique Xylologie * Chorologie Carpologie * Phytogéographie Séminologie * Phytosociologie Phytopathologie descriptive (incl. phytosociologie Anthracologie (incl. pédo-anthracologie) expérimentale Paléobotanique * Cartographie géobotanique Ethnobotanique, Phytohistoire Herbiers et collections végétales On peut aussi envisager l’étude des grands groupes végétaux : Phanérogamie Cryptogamie (Pteridologie, Bryologie, Phycologie) Enfin, on adopte parfois des limites géographiques à la botanique (Botanique tropicale par ex.) B) Sens large (dont certains biologistes récusent aujourd’hui le rattachement à la botanique)

1) disciplines à caractère général Morphogénèse, organogénèse, ontogénèse végétales

Cytologie végétale Caryologie Physiologie végétale Energétique végétale Phytochimie et histochimie végétale Phytogénétique (incl. Cytogénétique, Phylogénie, Phytogénomique) Biosystématique Taxinomie expérimentale, taxigénétique, taxinomie numérique Chimiotaxinomie végétale Ecophysiologie végétale Biologie des populations végétales

* Autoécologie végétale

2) disciplines spécialisées Hydrobiologie végétale * Synécologie végétale Cryobiologie végétale * Phytoclimatologie Physiopathologie végétale * Phytoédaphologie Biologie florale * Biologie de la dissémination

* disciplines parfois regroupées sous le nom de Géobotanique

Selon le niveau d’organisation auquel elles s’appliquent, ces disciplines peuvent concerner principalement ou exclusivement : le niveau de l’individu organisme un niveau inférieur (organe, tissu, cellule, organite, génome, gène, molécule) un niveau supérieur (population, communauté, formation végétale)

Parallèlement aux niveaux d’organisation – et à ne pas confondre – interviennent (surtout pour les disciplines dites « de terrain ») les échelles de perception et d’étude, dans l’espace et dans le temps, des faits et phénomènes se rapportant au « tapis végétal » et à ses constituants : - dans l’espace : échelles des peuplements, des formations, des paysages, des biomes ; - dans le temps: échelles du nycthémère, saisonnière, annuelle, pluriannuelle, décennale, séculaire, millénaire, historique, géologique.

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Bulletin de la SBV - 22 - n°17 - mai 2007

C) A côté de ces disciplines plus ou moins spécialisées, il convient aussi de faire une place à des préoccupations à caractère plus général, voire philosophique, telles que la terminologie, l’épistémologie, l’histoire de la botanique ainsi que les bases de données. Domaines d’application de la botanique Ils sont nombreux et variés et font intervenir des disciplines diverses. La liste ci-après n’est pas limitative.

- Agriculture, arboriculture fruitière, viticulture (amélioration des plantes, contrôle des semences et plants, malherbologie, pomologie, ampélographie, …) - Horticulture (incl. arboriculture d’ornement, floriculture, gazons, jardins botaniques, …) - Sylviculture et Foresterie - Paysagisme - Aquaculture - Apiculture (incl. melissopalynologie) - Pastoralisme (agrostologie, bromatologie, coprologie des herbivores) - Pharmacie (pharmacognosie, toxicologie végétale, herboristerie) - Industrie (industries agricoles et alimentaires, parfums et cosmétiques, teintures végétales) - Répression des fraudes (produits végétaux) - Bioindicateurs végétaux (des carences, déséquilibres ou pollutions de l’air, des eaux et des sols) - Protection de la Nature, conservation et restauration de la biodiversité

Remarque finale : On peut donc dire que la botanique est devenue aujourd’hui une « science multidisciplinaire ». Bien entendu cette constatation ne s’oppose pas à l’existence, pour des finalités déterminées, de relations interdisciplinaires entre deux ou plu-sieurs « compartiments » de la botanique (par exemple : Morphologie et Systématique, Biosystématique et Phytosociologie, …) ou entre une (ou plusieurs) discipline(s) botanique(s) et une (ou plusieurs) discipline(s) non botanique(s) (ex. Chorologie et Paléogéo-graphie, Phytosociologie et Pédologie, Physiologie végétale et Biophysique, etc.). NB en italique : disciplines propres à la botanique ( Cet article a été mis en ligne par Tela Botanica et l’encyclopédie Wikipédia )

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Ces dernières année les sorties de la SBV nous ont conduit, en diverses régions de France ou de Suisse, sur des sites d’habitats humides et notamment ceux que l’on qualifie de « tourbières ». Il s’agit là de milieux que nous ne rencontrons pas dans notre région méditerranéenne et qui nous sont un peu étrangers. La littérature sur les tourbières est souvent complexe, affaire de spécialistes, les systèmes de classification et les appellations sont multiples, varia-bles selon les zones biogéographiques. Aussi j’ai souhaité faire une note permettant d’aller un peu plus loin dans mes connaissances, elle n’apportera rien aux spécialistes ni à ceux qui ont connaissance des publications citées en bibliographie, dont elle s’inspire très largement. Une tourbière c’est d’abord la longue histoire (plusieurs siècles et même millénaires) d’une rencontre spécialisée entre de l’eau, un sol imperméable et des végétaux ; lorsque les conditions climatiques le permettent et que le topogra-phie l’y autorise, l’eau provenant des précipitations ou du ruissellement va stagner, c’est une eau pauvre en oxygène,

qui ne permet pas la dégradation rapide et complète de la matière organique et des résidus de végétaux qui croissent dans cet environ-nement humide (Bryophytes et Spermaphytes), le résultat de cette dégradation dans des conditions anaérobie (absence d’oxygène), c’est la tourbe. Plus scientifiquement « les tourbières sont des éco-systèmes formés de végétaux dont la croissance, dans certaines conditions climatiques, parfois topographiques, engendre l’accu-mulation d’importante quantité de matière végétale. Celles-ci, après une transformation modérée biochimique et mécanique (décomposition très lente et très incomplète), forment une roche combustible renfermant jusqu’à 50% de carbone : la tourbe. » L’élément essentiel pour qu’une tourbière apparaisse et se dévelop-pe, c’est l’eau, sans laquelle elle meurt. Outre la nécessité d’un sol toujours imbibé d’eau pour garantir une humidité permanente, donc climat à pluviosité forte et régulière, il faut que le bilan hydrique (différence entre les apports et les pertes) soit équilibré ou positif. Les arrivées de l’eau dans la tourbière sont multiples, et comme nous le verrons ci-après, elles peuvent être retenues pour faire une typologie des tourbières : apport direct part les précipitations at-mosphériques, par les sources, par ruissellement, par la circulation dans le sol, par transfert latéral phréatique, par les rivières et ruis-seaux, par les crues ; les pertes en eau résultent de l’évapotranspira-tion (il est donc important que la t° soit relativement basse, même en été), d’infiltration, d’un émissaire, par transfert latéral phréati-que. Ces conditions climatiques induisent que la répartition géographi-que des tourbières est limitée au nord par la faiblesse des précipita-tions et au sud par un taux élevé d'évaporation. La plupart des ré-gions tempérées et boréales de l'hémisphère Nord offrent des conditions favorables au développement des tourbières. Les hivers y sont froids et humides, ce qui compense l'évaporation qui se pro-duit l'été.

Page 23: Bulletin Mai 2007

Bulletin de la SBV - 23 - n°17 - mai 2007

L’eau et la température, cette dernière dans ses incidences quant au devenir de cette eau et du climat local, sont les fac-teurs nécessaires mais pas suffisants pour l’installation des tourbières, les autres éléments importants tiennent à la topo-graphie des terrains, et aux caractéristiques physiques et chimiques des sols et des roches en place (une roche mère acide (granite) est néanmoins un facteur d’accélération de l’évolution en tourbières à sphaignes). Il faut souligner qu’au fur et à mesure de sa constitution la tourbière va édi-fier son propre « sol » en accumulant la biomasse morte des végétaux qui y vivent (c’est ainsi que dans des secteurs plu-tôt secs et dominés par le calcaire, comme dans le Jura, les tourbières vont constituer des « oasis organiques, acides et relativement humides »).

Les tourbières peuvent être classées à partir de différents critères :

- le type d’alimentation hydrique (d’où provient l’eau qui alimente la tourbière ?) : on parlera de tourbière ombrotro-phique (bogs en anglais) si son alimentation est uniquement assurée par des eaux météorites (pluies, neige, brouillard) et de tourbière minérotropique (fens en anglais) lorsque la tourbière est alimentées en eau à la fois par les précipitations et par les eaux de ruissellement de surface ou souterraines (ces eaux entrent en contact avec les éléments minéraux du sol et s’enrichissent en éléments nutritifs) ; - en fonction du gradient climatique (dont l’incidence aura une influence sur le niveau hydrique) : on parlera de type boréal, alpin, atlantique, etc. ; - le chimisme de l’eau et de la tourbe mesuré par le niveau trophique (eutrophe si le milieu est riche en éléments nutri-tifs, mésotrophe s’il est moyennement riche et oligotrophe s’il est très pauvre), l’acidité mesurée par le pH (on parlera de tourbière très acide si ce pH est >3, très basique si <8, ou neutre vers 5,5, de nombreux types de végétation changent autour de cette valeur ainsi que les formes d’humus) et la richesse en calcaire actif ; - le gradient hydrique et les stades de la dynamique pro-gressive (quel est le stade atteint par la tourbière, voir ci-après) en précisant toutefois qu’une zone humide donnée forme un complexe écologique où, compte tenu de la topo-graphie et des stades successifs d’évolution de certains sec-teurs dans le temps, on trouve toute une gradation de mi-lieux tourbeux. La classification actuellement retenue par la plupart des scientifiques est basée sur l’origine et le fonctionnement hydrologique

- les marais topogènes lorsqu’ils se développent dans un creux de la topographie alimenté par des eaux de ruisselle-ments ou de drainage de leur bassin versant ; - les marais soligènes lorsque l’alimentation en eau combi-ne précipitations et ruissellement, sur des pentes moyennes à faible, d’eaux froides courantes provenant des sources, suin-tements et ruisselets ainsi de percolation sous la surface du sol ; - les marais limnogènes se constituent sur les eaux d’un lac ou d’un étang (par atterrissement à partir de radeaux flot-tants ou tremblants, ou de plantes aquatiques, la végétation va gagner sur les eaux libres) ; - les tourbières qui sont uniquement sous l’influence des précipitations sont dites ombrogènes, ce sont les « vrais » tourbières à sphaignes ou tourbières bombées, qui vont se trouver au dessus du niveau de la nappe et connaître une

sécheresse épisodique. Ces tourbières peuvent associés aux trois types de marais précédents.

La dynamique des tourbières

Les tourbières, milieux humides abritant des espèces spécialisées et adaptées à un habitat saturé en eau et peu oxygéné sont rarement homogènes et leur surface est une mosaïque fine et complexe de fosses et de dépressions, de buttes et de touradons, de zones ouver-tes ou boisées, en fonction des divers stades d’évolution ou de ra-jeunissement de leurs composants qui se trouve imbriqués les uns avec les autres : de la tourbe à nu aux buttes à sphaignes, aux for-mations à base d’Ericacées, voire aux tourbières boisées.

Une tourbière est un écosystème ayant un dynamisme propre qui évolue dans le temps et dont l’édification passe par différents sta-des d’évolution : bas-marais, tourbières de transition et tremblants, puis premières buttes à sphaignes colonisées par les Ericacées, cô-toyant des dépressions parfois remplies d’eau (gouilles). le stade terminal peut aller jusqu’à un boisement peu dense de Pin ou de Bouleaux. ce mécanisme est dû aux Sphaignes qui ont la particula-rité de continuer à croître sur leur partie morte faiblement décom-posée. Peu à peu, la matière organique s’accumule et la tourbière s’élève jusqu’à s’affranchir de la nappe d’eau. Cette évolution se fait en plusieurs milliers d’années. Voyons d’un peu plus dans le détail les étapes de cette évolution.

- eaux libres, une topographie en creux, d’origine glaciaire ou vol-canique, associée à un sol plus ou moins imperméable, permet de recueillir les eaux, un climat frais et humide va favoriser leur future évolution en marais tourbeux. Il se forme des lacs si la dépression est bien marquée, mais il peut s'agir aussi de fonds plats mal drai-nés où l'eau stagne. Dans les massifs montagneux, surtout dans le contexte de la période post-glaciaire, dans ces eaux froides, oligo-trophes, il n'y a presque rien qui pousse (des algues diatomées, des renoncules aquatiques...). Les plus anciennes tourbières de nos ré-gions ont ainsi commencée leur édification après la période glaciai-re, il y a environ 12 à 15000 ans. - bas-marais, c’est un marais inondé durant la plus grande partie de l’année, premier stade d’installation de la végétation, dans le-quel affleure la nappe d’eau. Le bas-marais est acide et plus ou moins mésotrophe.Des ceintures végétales enserrent les eaux libres, constituées de plantes non enracinées sur le fond mais fixées aux rives par de longs rhizomes, comme des Carex, des Ményanthe et certaines autres espèces, vont former un tapis végétal, groupement pionnier qui progresse vers le centre, sous la forme de tremblants ou marais flottants sur l’eau, des Sphaignes s'installent entre les touradons.

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Bulletin de la SBV - 24 - n°17 - mai 2007

La matière organique issue des plantes mortes (nombreux Carex et autres plantes vasculaires) se décompose mal et partiellement dans l'eau froide, elle s'accumule et y forme la tourbe noire . Peu à peu, le radeau s'épaissit, et la végétation évolue, les Trèfle d'eau, le Comaret et quelques sous-abrisseaux de petite taille tels que la Canneberge et l'Andro-mède enrichissent ce tapis végétal avec les Droséra, Linai-grette à feuilles étroites et Violette des marais. - tourbières de pentes, cas particulier d’un bas-marais, prennent naissance sur une pente ou à sa base et sont ali-mentées en eau par une circulation de celle-ci dans ou sur le sol . On y rattache les marais de fond de vallon, toujours en contact étroit avec les pentes adjacentes. ce sont, sauf excep-tion (comme au Mézenc ou au col de Prat de Bouc dans le massif du Cantal) des tourbières qui ne couvrent pas de grandes surfaces d’un seul tenant ; - marais de transition, stade de passage qui conduit du bas-marais, en train de s’affranchir de l’alimentation en eau par la nappe, à la tourbière, alimentée par les seules eaux météo-riques. Peu à peu le radeau s'épaissit, grâce notamment à certaines sphaignes qui forment des coussinets piégeant l'eau atmosphérique. On a alors les tremblants ou radeaux flot-tants de « Haut-marais ». Les sphaignes continuent à coloni-ser horizontalement et verticalement cet écosystème particu-lier jusqu'au comblement de la cuvette où se trouve la tour-bière. Sous ce tapis végétal vivant, une matière brunâtre ou jaunâtre, imbibée d'eau est en train de se constituer, c'est de la tourbe blonde. L'eau remonte par capillarité et le proces-sus de turbification s'accentue. - haut-marais (encore appelé tourbière bombée ou tour-bière à sphaignes), ce type correspond à l’idée qu’on se fait habituellement des tourbières et qu’on pourrait appeler « tourbières » au sens strict. Le terme bombé vient du fait qu’il faut monter par un talus de plusieurs décimètres (voire mètres) pour accéder au centre de la tourbière. Ces bombe-ments résultent du développement de Sphaignes (et de la tourbe accumulée lors de leur dégradation) au cours de pé-riodes longues de plusieurs milliers d’années. A un moment du processus d’évolution, lors de la phase marais de transition, (qui est un marais de type topogène ou soligène), l’élévation des buttes à sphaignes est arrivée à un niveau rendant l’alimentation en eau à partir de la nappe impossible (l'eau d'origine, celle du lac, est maintenant à plusieurs mètres en dessous, inutilisée), seules les précipita-tions, sous forme de pluie ou de neige, assurent alors les besoins hydriques. L’absence de relation avec la nappe pri-mitive fait qu’à partir de ce moment, les plantes ne peuvent plus avoir accès à l’eau enrichie en minéraux provenant des terres avoisinantes et cela enclenche un processus menant à la formation d’une tourbière ombrogène : la disponibilité des minéraux diminue significativement, les conditions d’acidité s’installent et les communautés végétales dominées par les Sphaignes, seules capables de supporter de telles conditions oligotrophe, remplacent peu à peu la végétation composée de Carex. C’est dans le haut-marais que va s’accumuler la tourbe blonde à partir des sphaignes qui ne subissent que très peu de modifications lors de leur dégradation Dans cette partie centrale de la tourbière la surface est sou-vent irrégulière, constituée de petits dômes de sphaignes, bombements ou touradons, et de trous d’eau (gouilles). Ces bombements d’une superficie de quelques mètres carrés résultent de la croissance exacerbées des Sphaignes, leur sommet est d’autant plus asséché que les Sphaignes, qui sont les végétaux les plus typiques et les mieux adaptés, retien-

nent dans leurs cellules les eaux de pluie. Sur ces buttes, au milieu des Bryophytes et de Lichens du genre Cladonia on rencontre la Molinie bleue, la Linaigrette vaginée et, tout au sommet la Callune et parfois des Genévrier. Les gouilles, surcreusements humides sont bordés de Carex, de Linaigrette à feuilles étroites, de Lycopodes, de Droséra, espèces qualifiées de boréales, très spécialisées et in-féodées à ces biotopes. Ces tourbières sont entourées d’une dépression périphériques qui rassemble les eaux acides et très pures qui en sont issues, c’est ce que l’on appelle un lagg. En l’absence d’intervention humaine ce complexe reste stable tant que les conditions climatiques, pluviosité forte et régulière et tem-pérature relativement basse même en été (t° moyen de 2 à 6°C) permettent un bilan hydrique positif ou au moins équilibré. La pré-sence continuelle de l’eau est à l’origine d’un phénomène de régu-lation thermique, créant un microclimat : l’évaporation de l’eau abaisse la température et transforme le climat local en réduisant les écarts thermique. Le haut-marais ou tourbière bombée est le modèle vers lequel les autres types de marais peuvent théoriquement évoluer, si les condi-tions climatiques le permettent. Le climat idéal pour leur formation et leur maintien, est un climat à tendance boréal, assez frais, voire très froid, en hiver et humide toute l’année. - landes tourbeuses qui occupent la périphérie du haut-marais où croissent des sous-arbrisseaux (Ericacées…) qui précèdent une évolution vers la formation d’une lande plus ou moins humide et un boisement progressif par des conifères…Elles présentent des convergences avec la catégorie des tourbières bombées en fin d’é-volution : pauvreté et acidité du milieu, sécheresse apparente en été, forte influence des eaux de pluies, importance des sous-arbrisseaux de la famille des Ericacées.

L’assèchement du haut-marais Sauf dans les régions où l’humidité est présente toute l’année, l’as-sèchement guette la majorité des tourbières par diminution de l’hy-dromorphie de surface, conséquence d’une modification durable de la répartition des températures et de précipitations. Nombre de tour-bière bombées de nos régions sont fragiles car relictuelles, les conditions originelles de leur apparition se sont en effet modifiées. L’intervention humaine (drainage, exploitation de la tourbe mal conduite) ne fait qu’accroître le phénomène et l’accélérer. Pour comprendre la dynamique qui peut conduire à l’assèchement du haut-marais il faut partir de la nature de la tourbe, celle-ci se définit comme un histosol (sol organique hydromorphe) qui peut

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Bulletin de la SBV - 25 - n°17 - mai 2007

contenir entre 75 et 100% (masse sèche) de matière organi-que, et entre 80 et 90% d’eau dont la formation est le résul-tat .d’un long processus, dans lequel on distingue deux ni-veaux hydrologique : l'acrotelme et le catotelme : - le catotelme ("catos" : en dessous et "telma" : couche), couche profonde saturée d’eau, en permanence sous le ni-veau de la nappe phréatique. Le catotelme est composé d'une couche de tourbe compactée de plusieurs mètres d’é-paisseur, plus ou moins décomposée, qui possède une très faible conductivité hydraulique, qui n’a plus d’incidence sur la biologie des végétaux de surface. Dans ces conditions anaérobies, avec une perméabilité réduite, la faune et la flore sont quasi absentes ; - l’acrotelme ("acros" : partie supérieure), horizon supé-rieur, beaucoup plus récent, représente la partie vivante des tourbières ombrotrophes. Son épaisseur varie habituellement entre 30 et 50 cm et dépend en grande partie de l'habitat (butte ou dépression) et correspond à la zone exploitée par les racines et radicelles des végétaux ; presque toute l'activi-té biologique de la tourbière s'y produit et l’essentiel de la biomasse végétale y est consommé par des organismes aéro-bies (bactéries et champignons), la production de matière vivante et la décomposition y sont les plus élevées. L'acrotelme. c’est surtout la couche où se produisent les fluctuations de la nappe phréatique, sa limite inférieure cor-respond au plus bas niveau atteint par cette nappe. Ce sont les fluctuations du sommet de la nappe, alimenté essentielle-ment par les précipitations, qui entraînent une alternance de conditions aérobies et anaérobies. Sa structure très lâche permet d'emmagasiner et de libérer de grandes quantités d'eau, régulant les fluctuations de la nappe ; l’eau s’échappe de l’acrotelme par évaporation directe ou transpiration des plantes (80% de la perte pendant l’été), par infiltration ou par ruissellement de surface à partir du bombement. Si les Sphaignes dépendent de l'eau pour leur croissance et sont responsables de la formation de l'acrotelme, celui-ci contribue en retour à maintenir la nappe phréatique près de la surface et fournit aux Sphaignes les conditions nécessaires

à leur croissance. Ce fragile équilibre entre la végétation et l'hy-drologie est à la base du fonctionnement des tourbières ombrotro-phes. Si pour une raison ou une autre (par exemple sécheresse pro-longée) l'acrotelme n’est plus en contact avec la nappe les consé-quences seront néfastes pour le milieu et les tourbes peuvent per-dre une partie de leurs propriétés, qu’elles ne pourront pas toujours récupérer par la suite, lorsque les conditions seront redevenues normales. En effet une fois la chaîne de capillarité coupée on assis-te à la rétractation et au tassement de l’histosol (qui accélèrent l’expulsion de l’eau), la tourbe va durcir en surface et former une croûte imperméable qui va s’enrichir en sels minéraux. Le proces-sus de minéralisation entraîne la disparition des espèces caractéris-tiques et attire des plantes nouvelles. On passera alors, en fonction du niveau trophique, à des pelouses à Molinie, à des pelouses rases à Trichophore cespiteux, à des landes à Ericacées ou à des fourrés ou bois tourbeux. Comme toujours, sous nos latitudes, l’arbre ou l’arbuste prendront le dessus…

On ne peut que se réjouir de l’intérêt qui depuis quelques années est porté sur ces milieux qui constituent un patrimoine naturel et culturel qui recèlent l’histoire écologique des quinze derniers mil-lénaires, il s’agit là d’un héritage que nous devons nous efforcer à mieux connaître afin de le protéger efficacement. Bibliographie : la présente note essaie de synthétiser diverses études sur les tourbières, elle reprend très largement des données trouvées dans les ouvrages et sites Internet ci-dessous : - Le monde des tourbières et des marais (O. Manneville, coordonateur), chez Delachaux et Niestlé (réed.2006) ; - Tourbières et marais en Haute-Loire (Maryse Tort), Cahiers de la Haute-Loire (année 2005) ; - Cahiers d’habitats Natura 2000 T 3 Habitats humides, téléchargeables sur : http://natura2000.environnement.gouv.fr/habitats/cahiers3.html - Pôle relais tourbières : http://www.pole-tourbieres.org/ - Visite guidée d’une tourbière : http://www2.ecol.ucl.ac.be/tourbiere/doc/questce.html A lire également l’article de J.P.Jacob « Des tourbières topogènes aux tourbières ombrogènes » paru dans le bulletin SBV n° 11 de janvier 2001.

Jean-Claude BOUZAT

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Bulletin de la SBV - 26 - n°17 - mai 2007

Plantes à odeurs Jeanne-Marie vous met au parfum…

Lettre de ma colline à Fonssargoule près de Venasque

A l’heure des vols ultrasoniques, c’est donc à un voyage autour de ma colline que je vous convie. Au fil de ces mo-destes lettres transmises à la S.B.V., je vous invite à vous laisser mener par le bout du nez. Je vous incite à vous poser un peu et prendre le temps de regarder, observer, sentir ce qui vous entoure. Pourquoi commencer par les plantes à odeurs plutôt que par ce que l’on voit me direz-vous ? Tout simplement parce que lorsqu’on mémorise une odeur, on n’oublie plus jamais ce qui s’y rattache. Les odeurs passent par une partie de notre cerveau qui fait appel à notre subconscient. Elles ont ainsi le pouvoir de déclencher des comportements dont nous n’a-vons pas forcément conscience. Ce n’est pas par hasard si des neurologues les utilisent dans des centres réservés aux graves accidentés afin de déclencher des réactions, si infi-mes soient-elles. Les odeurs ont donné naissance à une nou-velle façon de soigner : l’olfactothérapie qui permet aussi de soigner les phénomènes d’accoutumance au tabac ou autres. Notre société mercantile a même créé une nouvelle discipli-ne : le marketing olfactif. Nous sommes déjà manipulés par les odeurs à notre insu. Le problème est qu’aucune législa-tion ne régit encore cette pratique. Parfois peut se poser un problème de publicité mensongère. Par exemple, imaginons des odeurs de fraises diffusées en grande surface près de fraises vertes hors saison, ayant beaucoup voyagé, à la consistance de betteraves et vous laissant croire qu’elles exhalent un parfum de fraises mûres à point. Mais non, ce n’est que de la fiction, bien sûr ils n’oseront jamais faire ça… Une chance pour nous : toute l’année la garrigue nous offre des parfums à humer. A la fin de l’hiver, nous pouvons commencer à accoutumer notre nez par une orchidée la barlia, Himantoglossum rober-tianum (Loisel.). Une odeur suave d’iris émane de cette pré-coce. Elle émet tout d’abord une rosette de feuilles dès que les jours décroissent en octobre. Son inflorescence apparaît ensuite lorsque les jours commencent à rallonger fin février. Mieux vaut ne pas les cueillir même si elles ne bénéficient pas du statut privilégié de la plante protégée. Elles furent déjà suffisamment l’objet de cueillettes durant longtemps en méditerranée en raison d’une réputation sulfureuse. Les bul-bes des ophrys en particulier étaient séchés, réduits en pou-dre, vendus sous le nom de salep. Par analogie on leur avait attribué des vertus aphrodisiaques. Mais le pillage des orchi-dées s’est étendu à d’autres genres par ignorance ou confu-sion. Enfin, amateurs d’arrachage de plantes des collines, abstenez-vous. En effet, leurs milliers de graines, sans albu-men, infiniment petites ne germent qu’en présence d’un champignon-hôte dans le sol, d’où la générosité de cette plante en matière de graines. Quoi que vous fassiez, la natu-re seule décidera d’où et quand poussera cette merveille. Il faut parfois accepter de ne pas tout maîtriser ! N. Bernard a découvert que « l’infestation de certaines régions limitées des plantules a pour conséquence une modification générale des propriétés physico-chimiques de la sève ». Il est parvenu à faire germer des graines d’orchidée en rajoutant des quan-tités de sucre de plus en plus importantes sur un milieu de

culture constitué de tubercules broyés. Il a pu ainsi prouver que les graines palliaient au manque d’albumen en s’associant avec un

champignon. Toujours à la même période, même aux heures les plus froides de l’hiver, le romarin Rosmari-nus officinalis L. nous offre un spectacle incomparable. Ses fleurs d’un bleu lavé de violet sont visitées par les quelques insectes présents, un peu engour-dis par le froid. Le miel si réputé dit « de Narbonne » est en fait un miel de fleurs de romarin. Les romains qui avaient pressenti ses vertus antioxydantes l’em-ployaient au quotidien dans leur cuisine car il participait non seu-lement à l’aromatisation des mets, mais aussi à leur conserva-tion. L’odeur la plus forte de la garri-gue est, à ma connaissance, celle de la rue Ruta angustifolia (Pers.). La rue est vivace, de cou-leur vert-bleu au feuillage très découpé et à l’odeur inoubliable. Si vous en frottez un échantillon entre vos mains, mieux vaut les laver ensuite rapidement car non seulement l’odeur reste long-temps mais en plus cette plante peut provoquer des réactions allergiques. Comme son apparen-ce ne l’indique pas du tout, elle appartient à la famille du citron-nier (on comprend mieux pour-quoi lorsqu’on observe ses fleurs). Roselyne m’a un jour fait remarquer la particularité botani-que suivante : ses fleurs ont tou-tes quatre carpelles sauf celle qui fleurit en premier et qui se trouve au centre. Ce dernier en contient cinq. . Il faut préciser que c’est un phénomène botanique rare, en général le nombre de carpelle est le même. Ruta, comme tout poi-son qui se respecte, est aussi un e x c e l l e n t m é d i c a m e n t (homéopathique). Les Romains en usaient et abusaient dans la confection des plats servis au cours des orgies des périodes décadentes. Elle entre dans la composition d’une boisson al-coolisée italienne, mais tout est question de dosage certainement.

Au printemps l’air de la colline nous offre de multiples effluves, toutes aussi agréables les unes que les autres. Ma préférée est la coronille glauque Coronilla valentina subsp. glauca. (L.) Batt. Son inflorescence en couronne nous rappelle

Coronilla glauca

Ruta angustifolia

Himantoglossum robertianum

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Bulletin de la SBV - 27 - n°17 - mai 2007

qu’elle est bien la reine du printemps. Elle affectionne tout particulièrement les sous-bois de chêne blanc. Son feuillage de couleur glauque, est persistant durant l’hiver et se prête tout à fait à l’art topiaire. Amateurs d’arbustes taillés, n’hé-sitez pas à la planter ! Les jardineries commencent à nous en proposer et c’est très bien car étant adaptée à notre climat, elle ne nécessite que peu d’eau après deux ans de plantation. Au détour d’un chemin, vous avez peut-être déjà croisé cette orchidée ébouriffée dont les labelles se vrillent en tire-bouchon et lui donnent un air décoiffé. Son odeur n’est pas forcément agréable comme l’indique son nom populaire d’orchis bouc. Elle porte en ce moment le nom d’Himanto-glossum hircinum (L.). Spreng. Un jour, alors que j’arpentais la colline, une odeur soufrée me conduisit directement au rocher du renard (ainsi surnom-mé par la famille car sous ce grand bloc rocheux de nom-breux renards y ont établi leur logis, un véritable immeuble avec logements les uns au-dessus des autres !!!). Dans la pierre, un « arbre à balai » Amelanchier ovalis Medik. s’était installé et parvenait à vivre, fleurir et embaumer toute la garrigue. Ses fleurs émaillent les monts de Vaucluse de ta-ches blanches. Autrefois, les anciens le rabattaient régulière-ment de façon à avoir des repousses bien droites, vigoureu-ses avec lesquelles ils confectionnaient des balais, d’où son surnom d’escoubadiero en provençal. Lorsque le printemps est un peu humide, on peut déguster ses fruits qui ont un goût délicieux. Mais ne comptez pas satisfaire une grosse faim car très souvent, en cas de sécheresse, ils ne compren-nent que la peau et les graines. Des amélanches furent re-trouvées sur de nombreux sites préhistoriques, preuve que l’Homme les consomme depuis toujours. J’espère que mes petites histoires ne déclenchent pas chez vous une irrépressible envie de bailler, auquel cas vous ne feriez qu’imiter les fleurs de thym dont la plante est parfois appelée badasse *, du verbe badar qui signifie bailler en provençal. Toutes les plantes de cette famille comme le ro-marin, la lavande, la sarriette… ont pour point commun d’arborer une fleur qui rappelle étrangement une bouche grande ouverte comme en plein bâillement. Comme vous le savez certainement l’ex nom de la famille (labiées) provient d’ailleurs du mot lèvre. Toutes les plantes de la famille ont aussi en commun la présence d’huile essentielle qui leur confèrent des odeurs d’autant plus fortes qu’elles sont si-tuées à des emplacements ensoleillés. Saviez-vous que le thym n’aura pas la même odeur suivant sa situation, exposé au vent ou en station plutôt abritée ? Si vous êtes originaires d’une contrée plus au Nord, peut-être aurez-vous déjà re-marqué qu’un plant de thym, romarin ou sarriette poussera sans peine mais n’aura pas la même odeur. En fait, la plante produit son huile essentielle, non pas pour nous, les hu-mains, mais pour elle-même, afin de pouvoir réguler sa tem-pérature et éviter de trop transpirer. Mais revenons-en au thym, une partie de son huile essentielle, le thymol, aurait été utilisée dans la composition de la pâte à papier des billets de banque. On peut supposer que la raison en est son pou-voir antifongique et désinfectant. En effet le pire ennemi du papier est le champignon. Dans les bibliothèques d’ouvrages anciens, de grandes précautions sont prises afin d’éviter leur apparition. J’ai trouvé cette information dans le «Guide du naturaliste dans le midi de la France » par H. Harant et D. Jarry aux éditions Delachaux et Niestle. Je serais curieuse de

savoir si ce procédé fut renouvelé pour nos euros. Notre bailleuse aux corneilles fut aussi fort appréciée des Romains qui la considé-raient comme sacrée : ils purifiaient leurs mains et les autels en les frottant de thym. Enfin à l’époque des téléphones portables, jeune homme si votre forfait est terminé, sachez que vous pouvez rempla-cer un texto de déclaration d’amour par une branche de thym plan-tée dans la jardinière de votre belle (cette tradition oubliée s’appe-lait le mai). Solution qui a l’avantage d’être beaucoup plus romanti-que et moins nuisible à l’orthographe ! mais encore faut-il que la récipiendaire en connaisse la signification…puissions-nous grâce aux bulletins de la S.B.V. redonner goût à de telles pratiques ! *la badasso est un terme provençal qui désigne des plantes très différentes suivant les localités et les personnes ! ça va du Dorych-nium pentaphyllum Scop. au Plantago sempervirens Crantz en pas-sant par le Thymus vulgaris L., voir même Lavandula parfois. En effet, on désigne par le mot baillasièro les lieux arides et pauvres où poussent toutes ces plantes. Nota : les noms scientifiques ont été pris dans la flore numérique sur téla botanica.

Jeanne-Marie PASCAL

Une plante du désert pour remplacer les puits de pétrole… ! (Le Monde- 11-12-02 -2007)

Les pays émergents ont peut-être trouvé la source providentielle de biocarburant à moindre coût : le Jatropha pandurifolia ( hasta-ta,integerrima ), Euphorbiacée – un arbuste à fleurs rouges qui prolifère dans les zones semi-arides. L’arbuste, très résistant, donne annuellement et pendant plus de trente ans 2 à 3 kg. de fruits dont est tirée une huile facile à trans-former en biodisel. Chaque graine contient environ 35% d’huile. Huit kilos de récolte permettent de produire plus de 2 litres de bio-carburant. L’Inde a lancé un programme sur 10 ans afin de faire passer cette culture encore artisanale au stade intensif (dans l’Andhra Pradesh , au sud-est du pays ). La plante est cultivée sur des terres habituelle-ment délaissées sans risque de grignoter les terres de l’agriculture nourricière. Mais les biologistes cherchent à améliorer la producti-vité du Jatropha par la mise au point d’une plante génétiquement modifiée… d’ici 5 ans !! Le Jatropha pousse aussi bien en Egypte qu’à Madagascar ou au Guatemala. L’Indonésie et le Brésil ont également des projets sur ce végétal.

Jatropha pandurifolia

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Bulletin de la SBV - 28 - n°17 - mai 2007

Cette année, autour du thème « histoires de plan-tes, histoire des hommes « la S.B.V. participait avec :

- une présentation péda-gogique sur les plantes toxiques pour l’homme à l’aide de tableaux de type posters et illustrations.

-une exposition de 198 plantes fraîches dont la signalétique permettait d’identifier les sujets considérés comme toxi-ques ( étiquettes barrées de rouge )- les commen-taires oraux des membres de la S.B.V. en réponse aux questionnements fréquents et intéressés des visiteurs élargissant le débat.

-une conférence sur « les plantes toxiques de la flore vauclusienne « par Huguette André à travers un diapora-ma explicité (photos et scanners).

Dans le programme de ces journées figuraient des thèmes récurrents tels que – plantes comestibles et salades sauvages – le feu et l’homme (qui a fait l’objet d’une conférence pour la S.B.V. en février 2006 par Benoît Garonne). Pierre Lieutaghi a disposé d’un temps un peu limité pour évoquer « de la cueillette à la culture – histoire des plantes fondatri-ces du jardin européen « . A propos des plantes toxiques quelques lectures : -dans le bulletin 13 ( janvier 2003 ) de la S.B.V. l’article de Michel Hortigue- A propos des plantes toxiques ren-contrées en randonnée. -F. Couplan et E. Styner - Guide des plantes sauvages co-mestibles et toxiques (dont 80 toxiques ) – Delachaux et Niestlé. -Jean Bruneton – Plantes toxiques : végétaux dangereux pour l’homme et les animaux – Lavoisier. Mazan 2006

Non prévue au programme 2006 et organisée par Roselyne Guizard avec l’Association pour la sauvegarde de la santé et de l’environnement (A.S.S.E.M.) de Mazan, s’est tenue une exposition de plantes fraîches sous la dénomination

« Fleurs et fruits d’automne », les 14 et 15 octobre 2006.

Belle réussite avec 392 plantes exposées et succès d’af-fluence dans un lieu adapté et attractif…la Cave coopérative de Canteperdrix ! Ambiance studieuse et conviviale confor-tée par une météo .très favorable. Une grande quantité de cucurbitacées et les « Fruits oubliés » complétaient la pré-sentation.

Quelques escapades dans les environs nous ont permis de voir une station d’ Inula bifrons (Mazan) et le site de Mormoiron où se retrouvent associées Bassia laniflora , Salsola kali et Cycloloma atriplicifolia.

La ville de Lyon a organisé au cours du mois de septembre une exposition horticole au jardin botanique de la Tête d’or, sur le thème « Géranium des villes, Géranium des champs . » Une journée était consacrée à la visite des pépinières de la ville où je ne suis pas allée et une journée de conférences suivies de la visi-te d’une serre tropicale où a eu lieu la plantation du« Pin wollemi » (voir texte et illustration dans ce bulletin ). Dans le jardin 500 taxons de Géraniacées étaient disséminés et associés à d’autres plantes sous forme de massifs représentant le milieu d’origine, montagne, vallée, garrigue, France,Afrique, Asie, etc La famille des géraniacées originaire des régions tempérées et sub-tropicales, comprend 3 genres :

Geranium Erodium Pelargonium

Il faut savoir que les géraniums de nos balcons et jardins appar-tiennent tous au genre Pelargonium . Ce genre présente une grande variété de feuillages et de parfums (pomme, citron, rose, carotte, menthe) Le Pelargonium botanique n’existe pas dans notre flore, il est ori-ginaire d’Afrique du Sud, introduit au XVIIème siècle par les An-glais. Il a fait l’objet de multiples croisements (le «géranium com-munément appelé lierre est un hybride de pélargonium). Le genre comporte en Afrique de nombreuses espèces- la diversité botani-que correspond à la diversité des milieux ;ainsi elles peuvent pren-dre l’aspect de Cactus ou de plante alpine. La fleur est zygomor-phe (symétrie bilatérale) Au cours de la journée plusieurs conférenciers se sont succédés : horticulteurs, producteurs ainsi que le directeur du conservatoire national d’horticulture situé à Bourges. Le conservatoire est géré par la société d’horticulture du Cher qui regroupe des amateurs et des professionnels. Elle est affiliée à la Société Nationale d’Horti-culture de France (SNHF). La Société d’Horticulture du Cher gère la collection, assure des cours de jardinage, d’art floral, organise des visites guidées de jardins et participe aux expositions nationa-les. Le conservatoire national du Pelargonium a été fondé en 1982 par le directeur des espaces verts de la ville de Bourges avec la collaboration du chef de cultures. Actuellement 800 espèces et cultivars de Pelargonium sont réunis. C’est une collection unique et reconnue comme Collection Natio-nale du Pelargonium. Le conservatoire se visite toute l’année sur rendez-vous. La meilleure période est de mai à septembre. Renseignements: Société Horticulture du Cher - Hôtel de Ville 18 020 Bourges Cedex

Chroniques

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Bulletin de la SBV - 29 - n°17 - mai 2007

La famille des Géraniacées a été présentée par G-G. Guit-tonneau sous forme d’une vidéo-projection . Elle se caractérise par des plantes herbacées à feuilles alter-nes ou opposées de formes variables/ • Les fleurs actinomorphes ou légèrement zygomorphes • 5 sépales accrescents • 10 étamines • 1 ovaire supère surmonté d’un bec ou rostre(correspond au prolongement de l’axe floral) • 5 carpelles biovulés à placentation axiale Fruit sec appelé capsule à déhiscence paraplacentaire prolongé par une arête

Notre flore se limite aux 2 genres Geranium et Erodium . La détermination des espèces vous sera possible en consultant la clé donnée par Guy-Georges Guittonneau dans le tome 2 de la Flore du CNRS -Pages 738-749.

Le genre Geranium en France comprend 22 espèces, dont une est endémique des Pyrénées occidentales et très rare- Geranium endressiï Gay. Le genre Erodium comprend 17 espèces dont 6 sont endé-miques : • Erodium corsicum comme son nom l’indique se ren contre sur les rochers et garigues du littoral corse (cyrno-sarde) • Erodium crispum endémique des rochers et éboulis cal caires des Corbières et Pyrénées orientales • .Erodium foetidum(=E.petraeum ) endémique des ébou lis calcaires de la bordure cévenole jusqu’à la Clape (Narbonne) • Erodium glandulosum (=E.macradenum) endémique pyrénéo-cantabriques sur les schistes et roches cris tallines des Pyrénées • Erodium rodiei endémique des Préalpes de Grasse (A-M) région du Pas de la Faye • Erodium manescavi endémique des Pyrénées occidentales entre Cauterets et la vallée d’Ossau Voici le Wollemi pine

Plantation officielle le 14 septembre 2006 dans la serre tropicale du Parc National de La Tête d’Or à Lyon en parte-nariat avec la jardinerie Botanic de Villeurbanne (69). Durant le mois de septembre et octobre plusieurs arbres ont été plantés en France, introduits dans les jardins de Nancy, Lille, Bordeaux, Paris. C’est l’arbre le plus vieux du monde, considéré comme le plus rare et dont l’histoire remonte à l’époque des dinosau-res. Il a été retrouvé par hasard en 1994 dans une vallée secrète d’Australie (à 200km à l’ouest de Sydney), et cela devient une des plus grandes découvertes du XXe siècle. Un garde-chasse australien, David Noble, au cours d’une excursion dans le Parc National Wollemi ( en Nouvelles Galles du Sud ) découvre une espèce d’arbre inconnue : ses feuilles- vert foncé- ressemblent à celles des fougè-res ?, l’écorce est couleur chocolat , l’arbre atteint 40m de haut !! La curiosité aiguisée, il décide de prendre un rejeton pour l’identifier à Sydney.

La détermination assez difficile n’a pu être décisive qu’à la suite de plusieurs visites du si-te .Ce n’est pas un pin, ni une fougère arborescente mais une espèce nouvelle- une araucariacée- officiel-lement baptisée :Wollemia nobilis d’après le nom du lieu où on l’a trouvé et le nom de du garde-chasse. Cette espèce était connue sous forme fossile ; désor-mais il est considéré comme un fossile vivant apparu il y a 90 millions d’années et présumé disparu depuis 2 millions d’années. De nom-breuses recherches ont été effectuées en une dizaine d’années. Actuellement une centaine de pieds a été re-censée. Le site a fait l’objet d’un programme de protec-tion. La culture est considé-rée comme l’élément clé de sauvegarde de l’espèce.

« Un pin wollemi dans chaque jardin et parc du monde entier réduira le risque pour la population naturelle, en évitant la visite illégale du lieu de sa découverte » Voilà pourquoi la ville de Lyon a opté pour l’introduction d’un plant de Wollemia nobilis dans le parc. Vous voulez tout savoir sur le pin Wollemi ? Consultez le site : www.wollemipine.com Compte-rendu et photographie par :

Huguette ANDRÉ

Documents téléchargeables : En 1989 était publié par la SBCO Les Festuca de la flore de France (Corse comprise), par M. KERGUÉLEN et F. PLONKA- Avant-propos du Prof. J. LAMBINON. Cette publication épuisée et recherchée par de nombreux botanistes a été numérisée ; elle est disponible sur le site de la SBCO à la rubrique Publications/numéros spéciaux : http://sbco.free.fr/public/framacceuil.html (fichier de 27425 Ko) Flore de Rouy : cette flore publiée de1893 à 1913 en 14 volumes et un supplément, qu’avec beaucoup de chance on ne pouvait trou-ver que chez les bouquinistes, à un prix élevé, a été numérisée, grâce à B.BOCK. Elle est désormais téléchargeable sur : http://florerouy.free.fr/ ( 15 fichiers représentant eu tout 280

La Garance Voyageuse Un cédérom multimédia pour les 18 ans de la revue. Ed.- La revue- 35 euros. A noter au sommaire : -les numéros 20 à 39 de la revue (format pdf imprimable). -un moteur de recherche multicritères Ce document figure à la bibliothèque de la SBV.

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Bulletin de la SBV - 30 - n°17 - mai 2007

mon livre préféré :

Alphonse Karr, romancier, journaliste pamphlétaire à ses heures, était aussi bien un observateur attentif qu’ un amou-reux inconditionnel de la nature. Alors qu’il était réfugié politique à Saint Raphaël (Italienne à cette époque), il « inventa » la culture des fleurs sur la Côte d’Azur. Il fut l’un des premiers, vers 1855, à cultiver des fleurs de façon extensive afin d’envoyer sa production de violettes et de graines à Paris.

« voyage autour de mon jardin » fut écrit en 1845 et connut un franc succès. Il est issu d’une réaction à la mode des voyages exotiques de l’époque. Dans ce livre, il fait le pari d’épater un voisin en lui écrivant quotidiennement une lettre contenant les observations issues de son jardin. Ces derniè-res le conduisent parfois à des pensées philosophiques qui émaillent agréablement ce livre.

Quelques exemples de lettres :

La lettre n°10 sur le bonheur nous rappelle les défauts de l’humanité qui court toujours après l’impossible alors que le bonheur se trouve parfois tout près de nous, il suffit de le saisir lorsqu’il se présente.

La lettre 11 nous fait part de son émerveillement devant les abeilles et autres insectes qui assurent une correspondance entre plantes en « portant de l’époux à l’épouse des caresses parfumées ». il nous explique ainsi, avec le langage châtié de l’époque, la pollinisation.

La lettre 13 nous confirme avec beaucoup d’humour que la classification botanique n’est et ne sera jamais définitive : « des savants ont classé, il y a longtemps, l’ophyoflosse, et ont dit que c’était une osmonde ; mais cette fougère a été depuis démasquée par d’autres savants ; elle a été chassée des osmondes comme une intrigante ; elle n’est plus qu’un bostrichium. ».

La lettre 40 décrit avec truculence l’accouplement de deux escargots après la pluie. Alphonse Karr nous décrit alors les mœurs de ce type d’animaux : « la nature, par un bizarre caprice, s’est divertie à assaisonner l’amour de voluptés toutes particulières pour les êtres, qui, par leur aspect, sem-blent le moins faits pour de pareilles sensations. Les colima-çons et les lombrics réunissent à la fois toutes les joies de l’amant qui obtient et de l’amante qui accorde… »)De nom-breuses observations sur les papillons et les galles ponctuent également cet ouvrage. Alphonse Karr a ainsi remarqué que certains insectes pondent sur l’œuf d’un autre afin que leur larve s’en nourrisse. Il avait aussi pressenti le phénomène des phéromones. Les amateurs de botanique et d’entomolo-gie apprécieront la précision des descriptions du microcos-me de son jardin. Jeanne-Marie PASCAL

A.Karr– 1808 - 1890 - Coll. Ressources - Ed. Slatkine (cet ouvrage peut aussi se trouver chez les bouquinistes Ed Nelson)

De l’autre côté du Rhône… Villeneuve les Avignon.

De terre et d’eau…la plaine de l’Abbaye. Edité par l’association - Vivre la Plaine de l’Abbaye.

123 pages-2005- 18 euros. Limitée au nord par l’arc des collines et au sud par le bras vif du Rhône, protégée, drainée et mise en valeur par les moines de l’Ab-baye Saint André, la plaine de l’Abbaye constitue de nos jours un ensemble naturel d’une grande richesse patrimoniale. Cette zone a subi de nombreux remaniements dus aux caprices du cours de l’an-cien fleuve La canalisation du Rhône dans les années 70 a profondément retra-vaillé les milieux (relèvement du niveau du Rhône, création de digues en sol ingrat). Une déprise agricole importante vient com-pléter le tableau. Après un historique des lieux l’ouvrage aborde l’inventaire des espèces rencontrées : -Alain Camard traite des castors, de la faune piscicole du contre-canal, des insectes. -Olivier Peyre décrit les oiseaux, les mammifères, les batraciens et les reptiles. La détermination des espèces les plus fréquentes de plantes a été réalisée par Mireille Tronc sur les différents milieux rencontrés -garrigue, ripisylve et plaine- une illustration par Sigrun Reineking complète la partie botanique. Un regret de taille ! Le regroupement des plantes par famille s’est fait à l’aide d’une classification ancienne sans avoir sollicité pré-alablement le visa de Mireille. Un erratum l’indique… A noter que ce territoire se situe à peu près en face de l’Islon de la Barthelasse que connaissent bien les membres de la S.B.V.

Notes de lecture

Promenades dans la plaine de l’Abbaye - dessin Sigrun Reineking

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Bulletin de la SBV - 31 - n°17 - mai 2007

S. ARNASSANT et F. DABONNEVILLE Les Orchidées de Camargue, espèces fragiles dans des milieux sensibles. Ed. Zerynthia- 2006 –Plaquette de 20 pages- 3 euros. L’inventaire porte sur 35 espèces d’Orchidées dont 21 plus fréquentes sont détaillées (avec illustration). Un tableau re-groupe également les 69 plantes protégées en Camargue avec leur statut de protection dont 7 sont détaillées. Cette plaquette, destinée au grand public, a été réalisée de manière à servir de base à la découverte des milieux camarguais- de préférence dans les sites ouverts du Conservatoire du Litto-ral, ce qui limite la fréquentation des zones sensibles.

P.MARMOTTE, A.CARRARA, E.DOMINATI, F.GIRARDOT. Plantes des rizières de Camargue. Multiédition-dont PNRC, Cemagref , Inra- 2006- 22 euros.

Henri COUMOUL et Hervé MINEAU Jardins de l’Autoroute. Histoire de graines, d’herbes et de rocailles. Ed. Actes Sud – A.S.F.- 2006- 44 euros.

Les auteurs, un jardinier et un écologue, donnent un éclaira-ge inédit sur les paysages du Midi bouleversés par l’arrivée de l’autoroute. La nature montre comment faire pour l’aider à reprendre possession de la rocaille. A travers les garrigues, les bords de routes …la nature a su se satisfaire d’une aridité comparable aux lieux vierges que l’autoroute a crées. C’est la part belle faite à la graine et à l’herbe folle qui participent à la reconstitution des paysages dégradés.

Les Ecologistes de l’Euziere- Ouvrage collectif. Points de vue sur la garrigue. 30 panoramas du Gard et de l’Hérault. Décembre 2006- 24 euros.

Depuis 30 belvédères célèbres ou singuliers, que l’on peut atteindre à pied ou en voiture, ce livre propose des repères pour une lecture simple et plaisante des paysages, afin de comprendre l’évolution de la garrigue et saisir les enjeux de ce territoire familier et méconnu, dont la « sauvagerie » ap-parente doit beaucoup aux hommes et pour lequel l’avenir reste encore à imaginer.

Philippe JAUZEIN Flore des champs cultivés Ed.Quae c/o Inra -1995 – 898 pages- 59 euros.

Cette réimpression constitue un remarquable ouvrage de détermination de plus de 1200 plantes herbacées présentes dans les parcelles agricoles. Les botanistes y découvriront l’intérêt des zones cultivées et peut-être une motivation à les parcourir tout en préservant leur richesse. Il comporte 92 photos couleur et 2000 dessins dont on a pu apprécier la précision dans les éditions antérieures, une dé-marche de détermination explicitée, l’analyse des familles, des propositions de nouvelles combinaisons nomenclatura-les, des références et index.

André GONARD Saxifragacées - Flore pratique adaptée à la France : utilisation des espèces horticoles et. Ornementales Ed.- Publications de l’Université de Saint-Etienne- 2006- 40 euros.

Par leur diversité morphologique foliaire et florale, les Saxifrages ne laissent pas indifférents. De l’étage montagnard à l’étage nival, les différentes espèces se pressent en coussinets ou se blotissent au creux des rochers, au milieu des éboulis, des pentes caillouteuses ou le long des moraines. Pendant la courte saison estivale, elles étalent leur multitude de corolles lumineuses, ou s’élancent en de longues inflorescences. A l’aide des différentes clés d’identifica-tion, ce livre permet au botaniste amateur ou professionnel de dé-couvrir, par son sens d’observation, l’identité de la Saxifrage in-connue.

Jean-Pierre REDURON Les ombellifères de France.

Un ouvrage très attendu qui traite des 356 espèces différentes d’Ombellifères du territoire français quelque soit leur statut (indigènes, naturalisées, subspontanées, adventices, cultivées, po-tentielles), hier et aujourd’hui. Il renseigne sur leur identification (y compris au stade floral), leur biologie, leur constitution chimi-que, leur répartition, leur taxonomie intraspécifique et les nomen-clatures associées accompagnées de nombreuses typifications. Illustré de photos, scanners sur les plantes fraîches et de détails en noir et blanc. Il expose de façon détaillée la méthodologie de révi-sion de cette famille au niveau national.

L’ouvrage comprendra 5 volumes en parution échelonnée.

Date de parution du Tome I : 2ème trimestre 2007. Volume de 564 pages, comportant les clés (214 pages) et les mo-nographies de 23 genres par ordre alphabétique (d’Aciphylla à Bunium) . En souscription à la SBCO- 33 euros- ensuite 44 euros. Voir for-mulaire sur le site de la SBCO ou sur le site de tela-botanica.

O. MANNEVILLE, V.VERGNE, O.VILLEPOUX et le Groupe d’études des tourbières. Le monde des tourbières et des marais-, France, Suisse, Belgi-que, Luxembourg. Ed. Delachaux et Niestlé- 2006- 312 pages- 41 euros.

Nouvelle édition entièrement mise à jour et corrigée, abondam-ment illustrée pour apprendre à connaître ces milieux originaux et menacés. Il présente la diversité et l’état actuel des milieux tour-beux- écosystèmes fragiles- en Europe du centre ouest. Il considè-re l’ensemble de ces tourbières sous tous leurs aspects : naturaliste, historique et économique. Le lecteur y trouvera facilement les no-tions de base, les clefs de compréhension, les définitions et les classifications unifiées. Une sélection d’environ 200 sites, souvent aménagés pour la visite, des quatre pays concernés est présentée.

A rapprocher de l’article de Jean-Claude BOUZAT dans ce bulletin.

Marcel BOURNERIAS et Christian BOCK. Le génie des végétaux. Ed. Belin- 2006-288 pages- 24 euros.

Créateurs de notre atmosphère voici plus de trois milliards d’an-nées, garants de la survie du monde animal et de nos civilisations, les végétaux ne sont-ils pas les » bons génies » dispensateurs de bienfaits sur notre planète ? Ce livre, écrit par deux botanistes ré-putés, vise à rappeler quelques aspects du rôle primordial des plan-tes, et à esquisser les processus évolutifs qui leur ont permis la conquête de la majeure partie de notre planète. La réussite des végétaux tient à leur prodigieuse diversité, à leur admirable harmo-nie fonctionnelle et à leur formidable pouvoir de synthèse. Mais ces êtres d’une opiniâtre activité évolutive sont, en dépit des appa-rences, fragiles et menacés par l’Homme, à la puissance sans limi-te, qui use et abuse, de façon trop souvent irréfléchie, des multiples opportunités que lui offrent généreusement les plantes.

Bibliographie Parutions récentes

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Bulletin de la SBV - 32 - n°17 - mai 2007

AIR… invisible et impalpable, tu te mets au service complice de certains végé-taux. Oui, le vivant enraciné ne peut aller et venir à son gré… "Je sème à tout vent" chantonnent en vol les aigrettes du Pissenlit (Taraxacum sp.) et du Salsifis (Tragopogon pratensis), les faucilles plumeuses des Epilobes (Epilobium angustifolium) au bord de l'automne et la houppe plumeuse des Benoîtes spiralées (Geum sp.) et des Pulsatilles anémophiles (Pulsatilla sp.) comme la petite Pulsatille soufrée au pouls battant au rythme du vent. Et le Cyprès chauve (Taxodium distichum) du golfe du Mexique, ne trouvant pas la terre à son goût, se fabrique des racines aériennes qui lui procurent son dessert d'oxygène en pneumatophore convaincu ! La Gentia-ne pneumonanthe (Gentiana pneumo-nanthes) fut un cadeau du bon sens populaire pour nos poumons fragilisés ainsi que la Pulmonaire (Pulmonaria affinis) qui vérifie la théorie des signa-tures. Ô fumeurs repentis, ne les oubliez pas !

De la brise douce d'un crépuscule em-baumé de nostalgie à la bise perfide qui mord à plaisir et hurle sur les monts chauves, l'air peut rassembler ses forces et se déchaîner en violence destructrice…Si l'air attise le feu, privé d'air il s'éteint !

FEU… du soleil couchant, feu de la Saint Jean Feu de la guerre, feu de Lucifer Feu du mal ardent, fièvre du sang Feu de l'incendie, feu de l'artillerie Flamme d'une chandelle à la rêverie bachelardienne Flamme d'une flambée vespérale gardienne Flamme du soleil levant aurore magicienne

Du Pyrancantha , biblique buisson ardent, au Mélampyre des bois (Melampyrum nemorosum)qui sème ses flammèches à la lisière des bois. Du feu de la fièvre apaisée par le Pyrèthre (Chrysanthemum sp.)

ou par la Reine des prés (Filipendula ulmaria). Et dans la chaleur d'un été exceptionnel, la Fraxinelle (Dictamnus alba) enflamme ses arômes volatils et se consume. Tel le Phoenix , resurgit-elle de ses cendres ? Feu du volcan qui tonne où Héphaïstos forge les armes des tremblements de terre et des laves incandescentes, élé-ments minéraux surgis du creuset de l'Athanor terrestre, fécondés par l'hu-mus qui remercie les végétaux de leur nudité automnale, offrande de leur feuillage nourri du feu du soleil et de l'oxygène de l'air pour s'entasser en strates annuelles sur les roches inferti-les pour nous offrir la… terre...

TERRE… Oui, même le Géotrope, Sisyphe mini-ature, roule ses boulettes de terre dans la conscience instinctive des pouvoirs de la Déesse-Mère "Gaïa". Si la Noisette ( Corylus avellana) se cueille le nez levé, sa jumelle, la Noisette de terre ( Conopodium majus )se cache sous la terre protectri-ce et nourricière. Le Fumeterre (Fumaria officinalis), lui, fume un parfum nauséeux com-me les feux follets fumeux du méthane sur un tas de fumier! Quant au Tribulus terrestris à trois pointes , il salue sa sœur marine l'étoile de mer et se donne le droit de se surnommer "étoile de terre". Quant au Millepertuis couché (Hypericum humifusum), il sait chercher protection au contact de la terre… La Bible ne nous raconte-t-elle pas que tout provient de la terre et que Dieu se servit d'argile et de glaise pour façonner l'homme ? Mais écoutez…écoutez… la terre assoiffée gémit dans le désert en dunes mouvantes…Oui, la Terre gémit aux oreilles et à la conscience des humains: "De l'eau…de l'eau…ne réchauffez pas trop le climat…"

EAU… Source bienfaisante au Cresson ( Nas-turtium officinale) ainsi qu'au Saxifrage des eaux froides (Saxifraga stellaris). Ruissellement fécond à l'Arabette des

Cévennes ( Arabis cebennensis) ainsi qu'au Myosotis (Myosotis sylvati-ca ), tous deux rêveurs de pénombre. Etangs appréciés du Plantain d'eau ( Alisma plantago-aquatica) et de la Lentille ( Lemna minor ) qui se rit de sa petite taille en se démul-tipliant à plaisir pour couvrir toute la surface d'eau offerte. L'Utriculai-re ( Utricularia minor), futée, sait utiliser ses petites outres ,comme des pièges, par expulsion d'air pour mieux aspirer l'insecte insouciant… Lacs enorgueillis de Nymphéas ( Nymphaea alba ) chers à Claude Monet ainsi que de Lotus ( Nelumbo nucifera ) chers au peuple mysté-rieux des Lotophages. Tourbières peuplées d'espèces qui n'apprécient point d'avoir les pieds au sec et du Trèfle d'eau ( Menyanthes trifoliata ) qui rêve de capter l'attention d'un trèfle à quatre feuilles, aux petits soleils perlés de notre Drosera (Drosera rotundifolia), chacune se sent bien les pieds mouillés!

Ainsi tournoie la ronde des éléments dont chacun sait le besoin des trois autres….pour que vive le Vivant…..

Odette MANDRON Illustration - de Bartholomaeus Anglicus

Les quatre éléments- manuscrit « De proprietatibus remun » Autun- fin XIII ème siècle ( Base Internet - Enluminures )

La ronde des éléments

Au milieu des neutrinos venus du lointain cosmos, tournoie un fragile vaisseau spatial appelé Terre sur lequel s'agitent maladroitement de petits hommes, qui parfois, humblement intelligents, s'éveillent à la beauté à la fois cruelle et bienveillante de la Nature. Alors les quatre éléments AIR , FEU, TERRE, EAU, se font nos indociles serviteurs afin que "chacun se sente bien dans son élément" dans la synergie des quatre qui se fait pourvoyeuse mythique de tout le vivant. Ô homme, observe et décrypte les runes venus des lointains pays celtes, hardis aventuriers qui ont signé leur passage de menhirs et de dolmens. Seul celui qui a appris non seulement à examiner mais également à relier ses observations, saura lire ces signes déposés ici et là car Dame Curiosité émerveillée est ici la Reine…