Bulletin Mai 2005

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Société Botanique du Vaucluse Bulletin de liaison de la Société Botanique du Vaucluse - n°15 - mai 2005 B.P. 1227 - Site Agroparc - 84911 AVIGNON CEDEX 9 Euphorbia graminifolia Vill. (= E. tenuifolia Lam.) Espèce protégée nationale vue à la sortie du 9 mai 2004 près de Blauvac (Vaucluse). (extrait de « Inventaire des plantes protégées de France » P.Danton et M.Baffray-ED. Nathan-1995) .

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Bulletin de liaison de la Société Botanique du Vaucluse

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Société Botanique

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B.P. 1227 - Site Agroparc - 84911 AVIGNON CEDEX 9

Euphorbia graminifolia Vill. (= E. tenuifolia Lam.) Espèce protégée nationale vue à la sortie du 9 mai 2004

près de Blauvac (Vaucluse). (extrait de « Inventaire des plantes protégées de France »

P.Danton et M.Baffray-ED. Nathan-1995) .

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Bulletin de la SBV - 2 - n°15 - mai 2005

Société Botanique du Vaucluse

Siège Social Lycée Agricole François PETRARQUE Cantarel - route de Marseille

Adresse postale BP 1227 Site Agroparc 84911 AVIGNON cedex 9

Adresse Internet Site SBV http://www.sbvaucluse.org

Courriel [email protected]

Réunion mensuelle Tous les deuxièmes mardis du mois, au Lycée François PETRARQUE

Cotisation annuelle 18 euros membres adhérents 9 euros membres associés 9 euros étudiants demandeurs d’emploi

Droit d’entrée 7 euros nouvel adhérent

Bulletin de la SBV Distribution Le bulletin de la SBV est distribué gratuite-ment aux adhérents. Les non adhérents peu-vent se le procurer en adressant leur demande à l’association.

Directrice de Publication La Présidente : Huguette ANDRE

Redaction Les membres du bureau de l’association

Maquette et Impression Denis Coquidé - Didier Alapetite

N° ISSN : 1281-2676

Sommaire

Éditorial p.3 Ont participé à ce numéro Botanique Vauclusienne p.4 - Plantes nouvelles pour le Vaucluse - Année 2004 - Les Polypodes du Vaucluse - Sortie du 9 mai 2004 (les marnes et ocres de Blauvac/Mormoiron) avec Jean-Pierre Roux - A la rencontre des orchidées - Note sur la flore des « Busans » - Gordes. - Les enjeux de la biodiversité sur les crêtes du Petit Luberon (La cèdraie et les milieux ouverts sommitaux) - Esprit Requien (1788-1851) un botaniste avignonnais méconnu Stage de la Société Botanique de Vaucluse en Cerdagne et Capcir dans les Pyrénées-Orientales des 10 au 14 Juillet 2004 p. 15 - Rappel des itinéraires - Quelques uns des milieux et habitats observés Botanique Générale p.21 - Plantes envahissantes de la région méditerranéenne. - Liste des plantes envahissantes de la région méditerranéenne (15 fiches) - Encore une envahissante… ! - Week-end dans les Baronnies (22 et 23 mai 2004) - Biodiversité - Informatisation des collections - Arabidopsis thaliana - Mares temporaires - Ambroisie Informations p.23 - Un aperçu de nos activités au sein des manifestations à caractères botani ques de la région PACA - S’instruire à Salagon Notes de lecture p.24 - Flora alpina - Des publications récentes pour se repérer dans l’Histoire de la Botanique - Introduction à la botanique - Le courrier de l’environnement de l’I.N.R.A - Atlas en couleurs - Structure des plantes Bibliographie p.27 Parutions p.28 Le coin de la poésie p.28 Encart couleur au centre du bulletin pages I à VIII

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Bulletin de la SBV - 3 - n°15 - mai 2005

Editorial Ont participé à ce numéro

Huguette André 30250-Junas

[email protected]

Josette Argaud 66000 Perpignan

[email protected]

André Bart 26170 Buis les Baronnies

[email protected]

Jean-Claude Bouzat 34090 Montpellier

[email protected]

Sarah Brunel 34000- Montpellier

www.ame-lr.org

Pierre Duthilleul 84000 Avignon

Bernard Girerd 84250-Le Thor

[email protected]

Michel Graille 84310-Morières les Avignon

[email protected]

Christian Grosclaude 43520-Le Mazet Saint Voy

[email protected]

Georges Guende 84400-Apt

[email protected]

Roselyne Guizard 84380-Mazan

[email protected]

Jean-Pierre Jacob 46150 Boissières

[email protected]

Odette Mandron 38700- La Tronche

Pierre Moulet 84000 Avignon

[email protected]

Jean-Pierre Roux 84200 Carpentras

[email protected]

Catherine Salles 26770 Salles/Bois

[email protected]

David Tatin 84660 Maubec

[email protected]

Jean Virolleaud 84000 Avignon

Claire Ventrillard

84000 Avignon

Voici le n°15 un peu tardif pour beaucoup de bonnes raisons que je ne vais pas vous exposer. Vous allez pouvoir le lire, le commenter, présenter vos remarques, par écrit ou par courriel, à ce propos je vous donne l'adresse nouvelle: [email protected] Le site Internet a lui aussi changé : www.sbvaucluse.org Ces changements ont monopolisé beaucoup de temps pour trouver une solution qui conviennent aux membres du bureau, j'espère que cela fonctionnera bien et que tous les adhérents internautes trouveront ce qu'ils désirent. Je dois préciser que ce n'est pas un ad-hérent qui a pris en charge la création du site mais un professionnel et il en assure la main-tenance (auparavant c'était Daniel Mathieu qui avait crée et hébergé le site de la SBV, ce n'était plus actuellement possible pour lui).Deux solutions ont été envisagées soit l'annuler ou le maintenir sous une autre forme. Sur les conseils de Daniel et d'autres internautes nous avons recherché dans notre proche entourage un concepteur de site car aucun de nous n'avait les compétences en la matière. L'assemblée générale a eu lieu le 8 mars 2005 Voici un bref compte rendu moral : 32 personnes présentes sur 134 inscrits (dont 11 nouveaux). Chaque année il y a une dizaine de nouvelles adhésions mais il y a en contrepartie une di-zaine de personnes qui ne renouvellent pas leur inscription. Les conférences et les sorties sont suivies par une 30ne d'adhérents. 25 pour la session d'été. La participation aux manifestations publiques : les journées de Sérignan, les fruits de l'au-tomne, ainsi que la fête de l'arbre en Avignon, demeure un peu faible, j'ai fait la remarque suivante :" se sont toujours les mêmes ", il faut que ça change ! Je le souhaite vivement pour que notre association demeure dynamique. Bilan financier présenté par Claire Ventrillard s'avère positif avec 809 €, voici un aperçu les: Recettes Cotisations 2498 Vente publication 703 Subventions Indemnités 1368 Dons 59 Total 4628 € Dépenses Fonctionnement 3772 Achat livre 47 Total 3819 € Le bilan est positif, mais les frais engagés pour la mise en place du site, la réalisation du bulletin, et l'achat d'un vidéo projecteur que nous avons étrenné lors de l'assemblée généra-le ne figurent pas dans les dépenses (2004). Autre changement (que vous savez déjà pour la plupart), depuis la parution du programme je ne suis plus domiciliée à Montfavet. Je vous rappelle qu'il faut trouver un ou une prési-dent(e) vauclusien (ne) c'est bientôt l'année prochaine !!!!!!Pensez-y ! En attendant, je vous souhaite une bonne saison botanique. Je vous signale que vous pou-vez nous envoyer vos photos numériques, vos propres observations floristiques à la SBV par courriel elles pourront être éventuellement diffusées sur le site, un autre moyen de par-ticiper activement. A bientôt.

La présidente, Huguette ANDRE

Vous pourrez noter quelques modifications dans la structure du bureau 2004 :

Présidente : Huguette André Conseiller scientifique : Bernard Girerd

Vice Présidente : Nicole Chiron - Vice Président : Jean-Pierre Jacob Trésorière : Claire Ventrillard - Trésorière Adjointe : Roselyne Guizard Secrétaire : Michel Graille - Communication : Jeanne -Marie Pascal -

Bibliothèque : Mireille Tronc - Coordonnateur des relevés botaniques : Jean-Claude Bouzat Autres membres : Janine Vizier, Jean-Pierre Roux, Daniel Mathieu

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Bulletin de la SBV - 4 - n°15 - mai 2005

Botanique Vauclusienne

Plantes nouvelles 2004

Pour cette année 2004, on peut enregistrer 7 espèces nouvelles ou retrouvées pour le départe-ment de Vaucluse. Cinq de ces nouveautés (Lagurus ovatus L., Hordeum marinum Huds., Lotus ornithopodioides L., Smyrnium olusatrum L. et Eclipta prostrata (L.) L.) sont des plantes de mi-lieux chauds, jusqu’alors considé-rées comme des « littorales » et paraissant remonter sensiblement plus au nord de leur localisation habituelle. Faut-il y voir une in-fluence du réchauffement clima-tique ou de simples apparitions sporadiques ? La découverte de Trifolium strictum L. vient confirmer une fois de plus la ri-chesse floristique du massif des ocres de Gignac-Roussillon. Quant à Lomelosia simplex (Desf.) Ra-fin., ce pourrait être un taxon jusqu’alors sous-observé. Une sous-espèce nouvelle doit égale-ment être prise en compte : Ga-lium palustre L. subsp. elongatum (C. Presl) Lange. Enfin, un curi-eux hybride entre un Aegilops et un blé mérite notre attention.

91 bis - Lagurus ovatus L. - Cette élé-gante graminée à inflorescences ovoï-des mollement velues, ainsi que toute la plante, avait été signalée sporadique-ment en Vaucluse (bords de la route d’Uchaux à Mornas), paraissant plutôt échappée de jardins comme plante or-nementale. Elle semble maintenant mériter de figurer dans la flore départe-mentale puisque, au cours de la sortie de la Société Botanique du Vaucluse du 20 mai 2004, elle a été observée à Avignon, en plusieurs points de la di-gue de la Durance, entre la gare TGV et la confluence avec le Rhône. Bien connue dans les Bouches-du-Rhône, on peut penser qu’elle a maintenant fran-chi la Durance, en direction du nord. Son extension éventuelle est à surveil-ler.

179 bis - Hordeum marinum Huds. - Cette espèce littorale proche d’Hor-deum murinum L. s’en différencie par ses épis glauques et beaucoup plus petits et par ses feuilles étroites. Signa-lée par M. PALUN (1867) sur les bords de la Durance elle avait été ob-servée sur ce cours d’eau en 1997 (H. MICHAUD et J.-P.R), dans les Bou-ches-du-Rhône, en face de l’ancienne Chartreuse de Bonpas (station à Eu-phorbia serpens Kunth). Elle vient d’être retrouvée (très importante popu-lation) dans le Vaucluse à Bollène au sud de l’usine hydroélectrique A. Blon-del. Mais il faut dire que ce site est connu pour la présence d’autres espè-ces littorales comme Limonium echioi-des (L.) Miller, ou encore Polypogon maritimus Willd. subsp. maritimus. 890 - Trifolium strictum L. - Cette espèce calcifuge connue sur grès dans les Alpes-de-Haute-Provence (P. LIEUTAGHI à Vachères ; G. GUENDE à Oppedette et au Revest-des-Brousses) vient enfin d’être détec-tée dans le Vaucluse par un jeune étu-diant allemand A. SAATKAMP à Apt aux Jean-Jean, tout près de la station de Lomelosia simplex (Desf.) Rafin. Elle doit se trouver probablement ailleurs et est à rechercher sur l’ensemble du mas-sif de Gignac-Roussillon. 913 bis - Lotus ornithopodioides L. - Ce lotier est bien différent des diverses formes de Lotus corniculatus L. que nous rencontrons habituellement dans notre région. Il est beaucoup plus grand, avec des folioles larges et surtout, les longues siliques (plus de 5 cm), fortement arquées, sont réunies en grappes et très voyantes. Normalement, cette espèce reste étroitement liée aux pelouses sèches du littoral. Une popu-lation dense, mais peu étendue a été découverte à Avignon, sur la digue de la Durance proche de la confluence avec le Rhône par N. CHIRON. Pour le moment, on peut considérer cette présence comme accidentelle, mais il faudra cependant surveiller son main-tien éventuel. 1082 bis - Smyrnium olusatrum L. « Maceron à fruits noirs » - Nous connaissons bien cette grande ombelli-fère (dépassant souvent 1 m de haut), caractérisée par ses feuilles divisées en

larges folioles et à ses gros fruits d’un noir luisant. Mais nous la rencontrons essentiellement à proximité du littoral, notamment dans le Var (très abondante à Porquerolles) et dans les Bouches du Rhône. Les citations éloignées de la mer sont rares et sporadiques (par exemple à Saint-Rémy-de-Provence en 1988). Une population d’une cinquan-taine de sujets a été détectée par C. ROULET à Mondragon, au bord de la RN 7, au niveau de la digue ouest du canal de fuite de Donzère-Mondragon. Il s’agit peut-être également d’une pré-sence accidentelle, liée aux grandes voies de communication, probablement aussi à l’origine de l’observation, pres-que chaque année, de quelques pieds de Ferula communis L. sur les bords de l’autoroute A 7. 1459 bis - Lomelosia simplex (Desf.) Rafin. – G. GUENDE (ainsi qu’ A. SAATKAMP, M. BARCELLI et J.-P. R.) ont observé à Apt, aux Jean-Jean, des plantes correspondant bien aux critères de ce taxon qui diffère de L. stellata (L.) Rafin. (=Scabiosa monspe-liensis Jacq.) essentiellement par des bractées entières et non divisées. Tou-tefois, il serait utile de faire de nouvel-les observations sur ces plantes pour bien confirmer la présence, chez nous, des deux espèces, car il risque d’y avoir eu des confusions précédemment. De plus la synonymie entre L. stellata et S. monspeliensis n’est pas admise par Flora Europaea qui décrit 2 espè-ces différentes, contrairement aux trai-tements plus récents (BDNF). 1522 bis -Eclipta prostrata (L.) L. - Il s’agit d’une Composée annuelle, peu élevée (30 à 50 cm), à feuilles oppo-sées, lancéolées entières ou très faible-ment dentées et à petits capitules de fleurs blanches solitaires ou groupés par 3 à l’aisselle des feuilles. C’est une plante hygrophile originaire des ré-gions tropicales, inconnue en France avant 1990, au moment de sa décou-verte en Camargue. Bien décrite par P. JAUZEIN, elle est citée également dans Flora Europaea (4 : 141) et dans la Flora d’Italia de S. Pignatti (3 : 57). L’un de nous (J.-P. R.) en a observé une petite population à la Roque-sur-Perne, à proximité du cimetière. Il fau-dra surveiller si cette présence est acci-dentelle et sans suite, ou si elle peut s’implanter longtemps, sachant qu’elle

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Bulletin de la SBV - 5 - n°15 - mai 2005

est bien liée aux milieux aquatiques. Bibliographie : JAUZEIN, P. 1991 - Eclipta prostrata (L.) L. adventice des rizières de Ca-margue. Monde Pl. 440 : 15-16. 1399 - Galium palustre L. - Cette espèce des milieux humides, caractéri-sée par ses feuilles plus ou moins obtu-ses et surtout non mucronées a déjà été observée dans le Vaucluse sous 2 sous-espèces distinctes : subsp. palustre et subsp. debile (Desv.) Bonn. & Layens (= G. constrictum Chaub.). A la suite d’observations de C. ROULET dans les fossés et mayres de la région de Lapalud, il convient maintenant d’ajou-ter une 3e sous-espèce : Galium palus-tre L. subsp. elongatum (C. Presl.) Lange. Ces trois sous-espèces, qui doivent exister dans plusieurs stations du dé-partement, peuvent se reconnaître ain-si : subsp. debile : plante grêle à feuilles très étroites, de 15 mm x 1,5. subsp. palustre : feuilles de plus de 2 mm de large et inflorescences à ra-meaux et pédicelles réfléchis à la fin de la floraison. subsp. elongatum : feuilles aussi larges que celles de la sous-espèce précéden-te, mais plante beaucoup plus robuste (dépassant souvent 1 m de haut) avec des rameaux de l’inflorescence dressés, non réfléchis.

Hybride entre un Aegilops et un Triticum (Blé)

A proximité d’un champ de blé et parmi des populations d’Aegi-lops divers, notre ami C. ROU-LET a eu la chance (et la patien-ce !) de trouver à Lapalud, près du Lauzon, une plante énigmati-que, évoquant un hybride. Elle a été transmise à J. MOLINA pour examen et il s’avère qu’il s’agit de : Aegilotriticum x rodetii (Trab.) A. Camus. C’est un hy-bride entre Aegilops ventricosa Tausch. et Triticum durum Desf. (c’est-à-dire le blé dur). Les hybrides entre des Aegilops et le blé sont connus de longue date (et cités par P. FOUR-NIER), mais ils sont toujours rares et réduits à des sujets iso-lés. Un épi d’Aegilotriticum

x triticoides (Req. ex Bertol.) A. Camus a été récolté par J.H. FA-BRE à Orange en 1871. C’est un hybride entre Aegilops ovata L. et Triticum aestivum L. Avec des observations attentives, nous pouvons donc espérer découvrir quelques uns de ces hybrides, en bordure des champs de blé.

Bernard GIRERD Jean-Pierre ROUX

Les Hieracium forestiers

du Contrat (Ventoux) Bernard GIRERD

La forêt du Contrat, à l’est du Mont-Serein est bien connue des promeneurs car c’est la plus montagnarde et une des plus agréables du massif du Ven-toux car l’influence des reboisements y est assez limitée. La partie située entre la cabane du Contrat et la grande Com-be Faoulaitière abrite les plus vénéra-bles sapins et hêtres, véritables reliques de la forêt primitive, rescapés des grands déboisements anciens. Cette partie de forêt doit faire l’objet d’une protection intégrale. Le sentier de la Frache, tracé au niveau de 1400 m d’altitude, permet une péné-tration facile et fort intéressante pour les botanistes qui peuvent ainsi obser-ver à peu près tous les éléments floris-tiques de l’étage montagnard. C’est aussi le seul endroit du Ventoux (et de tout le Vaucluse) qui abrite une intéres-sante collection de Hieracium qu’il est possible de qualifier de « forestiers », c’est-à-dire 6 espèces exclusivement liées à la strate arborescente et à peu près inconnues ailleurs en Vaucluse. Sur le même itinéraire, on peut ren-contrer, à la faveur de clairières ou de rocailles découvertes, d’autres Hiera-cium non inféodés à la forêt, comme toute la gamme des espèces glanduleu-ses (H. amplexicaule et taxons pro-ches), ou les plantes de large réparti-tion dans la région, comme H. glauci-num ou H. bifidum et leurs satellites. Ils n’entrent pas dans cette étude. Comme pour tous les Hieracium, la détermination de ces plantes forestiè-res » n’est pas très facile, mais l’appro-che adoptée ici repose beaucoup sur la forme des feuilles qu’il convient d’ob-server attentivement ; les dessins réali-

sés pour chaque espèce concernent la ou les feuilles caulinaires moyennes (éventuellement la supérieure) et non celles situées en bas de tige. Il convient toutefois d’admettre une marge de va-riabilité et il faut étudier plusieurs plantes d’une même population. Les 6 espèces concernées peuvent se répartir en 2 groupes : 2 espèces à tiges non ou peu feuillées : Hieracium murorum et Hieracium umbrosum 4 espèces à tiges très feuillées : Hieracium ramosissimum, Hieracium prenanthoides, Hieracium juranum et Hieracium rapunculoides. Les 2 espèces à tiges non ou peu feuillées Ces deux Hieracium présentent des tiges nues ou à 3 feuilles au maximum. Ce sont des plantes bien vertes et mu-nies de poils homogènes, tous fins, non mêlés de poils épais. Hieracium murorum L. Cette espèce se distingue de toutes celles avec qui elle a été trop souvent confondue par les caractères suivants : couleur des feuilles d’un vert pur, un peu brillant, sans macules et aucune tendance à la glaucescence (H. glauci-num qui peut lui ressembler est de tein-te nettement glauque et normalement plus précoce avec une pilosité compor-tant une proportion de poils épais) ; les tiges sont nues ou munies d’une seule feuille bien développée (parfois une 2° très réduite) nettement pétiolée, le lim-be, bien distinct étant arrondi et même un peu cordiforme à la base (croquis ci-dessous) . L’inflorescence, sur les sujets normaux forme une ample pani-cule ramifiée et dense et non fourchue et pauciflore comme chez H. bifidum. Cette plante n’est pas rare dans le forêt du Contrat, mais elle reste liée à sa partie la plus fraîche.

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Hieracium umbrosum Jord. Cette plante ressemble à la précédente, mais elle s’en distingue par la présence de 2 (ou 3) feuilles caulinaires dont la supérieure est nettement embrassantes, l’autre étant atténuée à la base, avec un pétiole indistinct, bordé d’une aile em-brassant légèrement la tige (croquis ci-dessous de la feuille supérieure et de la feuille caulinaire moyenne). Normale-ment, ces plantes sont phyllopodes, c’est-à-dire pourvues, au moment de la floraison, de plusieurs grandes feuilles basales encore vertes au moment de la floraison, formant une rosette bien dé-veloppée. Toutefois, les années très sèches, cette rosette basale est souvent fanée et plus ou moins disparue dès le début de floraison. On rencontre cette espèce dans les mêmes milieux que H. murorum et souvent en mélange.

Les 4 espèces à tiges très feuillées Ces 4 plantes peuvent être assez hautes (jusqu’à 1 m) avec des tiges compor-tant toujours au moins 5 feuilles (H. rapunculoides), parfois plus de 10 (H. ramosissimum et H. prenanthoides). Pour les étudier il faut toujours com-mencer par donner un coup de loupe sur les bordures de feuilles à la recher-che de poils glanduleux, normalement visibles même sur le terrain ! Hieracium ramosissimum Schl. Ce sont, en général, de grandes plantes formant des colonies importantes et à floraison très tardive (août). Elles se différencient de tous les autres Hiera-cium forestiers par la présence de poils glanduleux en bordure de feuilles. Mais attention, si certains sujets ne

comportent presque que des poils glan-duleux, chez d’autres, il y a un mélan-ge avec des poils simples et parfois même, les poils glanduleux sont très rares (moins de 10 %) et très petits. Ce sont donc des plantes assez variables mais la plupart ont des feuilles cauli-naires un peu rétrécies « en violon », embrassantes à la base (croquis ci-dessous), de teinte sensiblement glau-que au moins en dessous, généralement dentées et munies d’un réseau de ner-vures très apparentes. Les alvéoles des réceptacles sont dépourvues de cils, ce qui permet d’éviter des confusions avec H. viscosum, espèce qui pourrait lui ressembler mais jamais signalée ni observée dans le Ventoux. H. ramosis-simum recherche les stations rupestres, plus souvent en bordure que dans la forêt elle-même.

Hieracium prenanthoides Vill. Ce sont des plantes forestières classi-ques et bien connues par leurs feuilles toutes typiquement en forme de violon (resserrées à leur tiers inférieurs) et largement embrassantes (croquis ci-dessous) ; la base des tiges est généra-lement défeuillée ou munie de feuilles sèches dès le début de la floraison. Toutefois, dans le Ventoux, sans doute à cause des conditions plutôt sèches on rencontre peu de sujets très typiques mais surtout des plantes peu élevées à feuilles caulinaires relativement peu nombreuses (guère plus de 10) qu’il est souvent difficile de distinguer de H. juranum. Les populations sont bien localisées dans les parties les plus fraî-ches de cette forêt.

Hieracium juranum Fries Normalement, cette espèce se présente comme un H. prenanthoides plus ré-duit : dont les feuilles caulinaires sont moins nombreuses, moins nettement resserrées « en violon » et moins large-ment embrassantes (croquis ci-dessous) ; les tiges sont garnies, à la base, de feuilles encore vertes au mo-ment de la floraison. De plus, c’est une plante très polymorphe et un peu dé-routante, comportant des populations phyllopodes, d’autres aphyllopodes. . Dans le Ventoux, toujours à cause des conditions sèches, les plantes ont vite tendance à se défeuiller à la base, com-me chez H. prenanthoides rendant le jugement difficile. C’est de loin, l’es-pèce la plus répandue dans toute cette forêt dont elle s’éloigne volontiers dans les milieux voisins.

Hieracium rapunculoides A.-T. Les plantes appartenant à cette espèce ressemblent à des H. juranum mais les feuilles caulinaires, peu nombreuses (souvent pas plus de 5), sont progressi-vement rétrécies en coin dans leur moi-tié inférieure, sans tendance « en vio-lon », et très peu embrassantes (ci-dessous), croquis de la feuille supérieu-re et d’une feuille caulinaire moyenne). Cette espèce paraît plutôt rare mais elle est peut-être sous-observée à cause de la ressemblance avec H. juranum à laquelle elle est bien mêlée. (elle a été notée vers 1700 m, à la tête de la Gra-ve, sous les derniers pins à crochets du haut du versant nord).

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Bulletin de la SBV - 7 - n°15 - mai 2005

Les Polypodes du Vaucluse

Bernard GIRERD

Les Polypodes sont, parmi les fougères de notre région, celles qui sont les plus faciles à reconnaître. Les frondes, sim-ples mais profondément lobées, se dé-veloppent sur des rhizomes épais et longuement rampants. On les rencontre dans les ravins ombragés de tous les massifs montagneux du Vaucluse, à partir de 100 m d’altitude, jusqu’à plus de 1500 m. Mais les plantes regroupées sous cette appellation collective se composent en réalité de 3 espèces distinctes, souvent encore confondues. Il s’agit de :

Polypodium vulgare L., Polypo-dium cambricum L. et Polypodium

interjectum Shivas

Pendant longtemps, (et notamment dans mon inventaire de 1978), on ne reconnaissait que 2 espèces : P. vulga-re et P. cambricum (= P. australe Fée, P. serratum Willd.). Depuis, la présen-ce des 3 taxons a été bien confirmée en Vaucluse. Leur détermination est facile avec le récent et remarquable ouvrage de R. Prelli : Les fougères et plantes alliées de France et d’Europe occiden-tale, Belin 2000). Il faut cependant préciser que l’emploi de la loupe binoculaire est indispensa-ble pour détecter les paraphyses dissé-minées dans les sores et pour l’obser-vation des cellules mécaniques des sporanges. Polypodium vulgare est l’espèce la moins répandue dans notre départe-ment. Elle n’a été notée que sur le ver-sant nord du Ventoux, dans le massif du Saint-Amand et à Rustrel. Elle est surtout caractérisée par un limbe étroit, à bords à peu près parallèles et par une fructification surtout estivale. Par contre, P. cambricum et P. inter-jectum sont très abondants et souvent en contact dans les mêmes milieux ; leur différenciation est parfois délicate. Dans la combe de la Canaud à Flassan, les deux cohabitent et la planche ci-contre permet une utile comparaison des caractères. Les deux plantes sélec-tionnées présentent, en effet, tous les critères donnés par Prelli, à savoir : Forme générale du limbe : Le rapport longueur/largeur est de ½ pour P. cam-bricum, et de 1/3 pour P. interjectum.

Forme du sommet du limbe : Brusque-ment rétréci en longue pointe pour P. cambricum, progressivement réduit chez P. interjectum. Dentelures des pennes : très marquées chez P. cambricum, presque inexistan-tes chez P. interjectum. Périodes de fructification : En hiver ou début de printemps pour P. cambricum, fin d’été et hiver pour P. interjectum. C’est pourquoi, sur la planche ci-jointe, les sores sont d’un jaune pâle sur P. cambricum, car en début de formation, alors qu’elles sont brunes et en fin d’é-volution sur P. interjectum. Deux autres critères important n’appa-raissent pas sur les photos : La présence de paraphyses dans les sores de P. cambricum, alors qu’elles sont absentes chez P. interjectum. Il faut savoir que les paraphyses sont parfois peu visibles et peuvent même paraître absentes sur les plantes sèches ou en fin de fructification. Les deux pennes inférieures de P. cam-bricum sont redressées vers la face supérieure, alors que chez P. interjec-tum elles sont normalement situées sur le même plan que les autres. Il ne faut toutefois pas s’étonner de rencontrer des sujets ambigus, car il existe des hybrides entre ce 2 espèces. Et d’ailleurs, les déterminations certai-nes devraient comporter le dénombre-ment chromosomique, les 3 taxons étant caryologiquement différents, mais ce critère n’est pas à la portée des botanistes de terrain. SORTIE DU 9 MAI 2004

(les marnes et ocres de Blauvac/Mormoiron)

avec Jean-Pierre ROUX Le rendez-vous était prévu devant la mairie de Blauvac (Vaucluse) d'où nous sommes partis pour effectuer un circuit principalement axé sur les sa-bles ocreux de la commune de Mor-moiron. La végétation psammophile y est très caractéristique, formée princi-palement d’une pinède de pin maritime et d’une lande à bruyères à l’intérieur desquelles des pelouses à annuelles arrivent parfois à s’exprimer. Les an-nées pluvieuses leur biodiversité est exceptionnelle et on y rencontre, loca-

lement, des espèces à fort intérêt patri-monial. Le premier arrêt est réservé au Vallat du Canadel situé à proximité du village de Blauvac. Ce site appartient à un très long et étroit ensemble qui s’étire sur une dizaine de km de Crillon-le-Brave à Méthamis. Il se caractérise par une alternance de bancs de gypse et d’argi-le qui conservent l’humidité pendant longtemps et se présentent sous la for-me de vallons très pentus et souvent encaissés. Il est à noter que le gypse est encore exploité non loin de là. Dans ces milieux si particuliers et à la végé-tation clairsemée nous observons une belle euphorbe à tige très fine, à feuil-les étroites (1mm) et aux inflorescen-ces petites et peu nombreuses, Euphor-bia graminifolia Vill. (= E. tenuifolia Lam.) endémique provenço-dauphinoise (surtout Provence et haute Provence), espèce protégée nationale-ment. Presque tout le reste de la journée se déroulera alors à Mormoiron, dans les sables ocreux d’un secteur qui s’inscrit en arc de cercle en piémont du mont Ventoux pour se terminer au nord à Bédoin. Ces gisements d’ocres qui se retrouvent, dans le Vaucluse, dans le bassin d’Apt ( Gignac/Roussillon) et à Bollène/Uchaux se présentent sous forme de lentilles très irrégulières. On est ici en présence d’un paysage insoli-te, parmi les plus remarquables du dé-partement et façonnés par l’homme qui en a exploité l’ocre depuis le XIXe siècle, exploitation qui se poursuit tou-jours. Ce sont des sédiments d’origine marine datant du Crétacé qui, par lessi-vage et altération sous un climat de type tropical, ont donné naissance aux ocres aux pigments si contrastés (du jaune au rouge en passant par le blanc ou le vert). Le deuxième arrêt nous conduit à la Pavouyère. En bordure de route, on rencontre : Bunias erucago L. Corynephorus canescens (L.) P. Beauv. Myosotis ramosissima Rochel Artemisia campestris L. Hypochaeris glabra L. Hypochaeris radicata L. Alkanna tinctoria Tausch (l’orcanette qui est une plante tinctoriale) illustration page 8 Hieracium umbellatum L. Calluna vulgaris (L.) Hull Vicia hirsuta (L.) S.F. Gray Trifolium dubium Ehrh.

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Aethionema saxatilis (L.) R. Br. Vers le fond de la parcelle, la présence d'une mare, en eau une bonne partie de l’année, apporte un élément de diversi-fication avec entre autres : Carex punctata Gaudin(protégé en région Provence-Alpes-Côte d’AZUR) Populus tremula L. Populus nigra L. Salix cinerea L. Juncus anceps Laharpe (toujours très rare en région méditerranéenne).Le troisième arrêt au Vallat de la Naye permet l’observation de beaux spéci-mens de pin maritime et de pin pignon ( Pinus pinaster Aiton et Pinus pinea L.), mais également de : Cruciata pedemontana (Bellardi) Ehrend. (= Galium pedemontanum (Bellardi) All.) à la tige grêle portant des aiguillons très petits aux angles Peucedanum oreoselinum (L.) Moench Trifolium subterraneum L. Trifolium diffusum Ehrh., trèfle extrê-mement rare sur l’ensemble du territoi-re national et qui est ici abondant et ce même si, la plantation récente d’une vigne l’a en partie endommagé Vicia sativa L. subsp. amphicarpa (Boiss.) Battand aux fleurs pourpres qui est spécifique de ces milieux et qui mériterait probablement d’être mieux étudiée, tellement elle est particulière. Le quatrième arrêt est situé près de la ferme des Sourds. En bordure d’une piste on rencontre : Lathyrus angulatus L. Trifolium subterraneum L. Valerianella carinata Loisel. alors que dans une friche proche à la très riche biodiversité, on peut noter : Cruciata pedemontana (Bellardi) Ehrend. Spergula pentandra L. Trifolium incarnatum L. Vicia hirsuta (L.) S.F. Gray Vicia lutea L.

Le cinquième arrêt s’effectue au site de Vacquière. Avant d’y arriver et au bord de la route Mormoiron-Flassan, une vesce aux fleurs d’un pourpre très fon-cé et aux gousses pubescentes attire notre attention. Il s’agit de Vicia villosa Roth. subp eriocarpa (Hausskn.) P.W. Ball. C’est une espèce qui se rencontre régulièrement dans tout ce secteur et qui a été récemment mise en évidence en France (elle était probablement con-fondue avec d’autres taxons). A Vacquière même on rencontre en particulier Phleum arenarium L. subsp. caesium H. Scholz. Il est à noter que ce site tout à fait ex-

ceptionnel avait été visité à l’automne 2003 où quatre espèces à très fort inté-rêt patrimonial y avaient été obser-vées : Bassia laniflora (S.G. Gmel.) A.J. Scott. (= Kochia arenaria (P. Gaertn. & al.) Roth), plante annuelle originaire d'Asie centrale et qui ne s’observe en France, pratiquement plus que dans le Vaucluse (Protégé en région Provence-Alpes-Côte d’Azur) Cycloloma atriplicifolium (Sprengle) Coulter (figure dans le supplément de la flore de P. FOURNIER, après la table des matières). C’est une espèce naturalisée qui est très rare en France (quelques localités seulement) Ces deux espèces sont des Chénopo-diacées liées aux sols sableux et à floraison estivale. Silene portensis L. (plante annuelle du littoral atlantique et qui est protégée en région Provence-Alpes-Côte d’Azur) Bufonia tenuifolia L. (Caryophyllacée très discrète qui fleurit plus tôt et af-fectionne les sols arides) La parcelle qui héberge ces espèces vient de faire l’objet d’une acquisition et une gestion conservatoire devrait être assurée dans les meilleurs délais.

Le sixième et dernier arrêt est situé à l’Arcade, à 3 km environ de Mormoi-ron en direction de Bédoin. On y re-trouve le même substrat qu’au premier arrêt, mais avec des espèces bien diffé-rentes et dont certaines sont peu com-munes : Bromus japonicus Thunb. Althaea hirsuta L. Ornithogalum narbonense L. Ranunculus bulbosus L. Sonchus asper (L.) Hill Phragmites australis (Cav.) Steudel Crepis pulchra L. Orchis purpurea Hudson Aegilops cylindrica Host Huguette André et Jean-Pierre Roux

Euphorbia graminifolia Vill. ( E. tenuifolia Lam. ) -Protégée Nationale-

Plante vivace glabre de 10 à 50 cm. de hauteur, de couleur entiè-rement verte, à tige dressée, grê-le, raide, feuillée, le plus souvent simple mais portant parfois quel-ques rameaux floraux sous l’om-belle. Les feuilles sont dressées, un peu fermes, étroitement lan-céolées à linéaires (1,50- 6 cm. de long sur 1 à 3 mm. de large), aiguës, uninervées et un peu lui-santes ; celles du bas de la tige, rapidement caduques, sont les plus courtes. La floraison a lieu en mai et juin. Les fleurs, monoï-ques, sont situées à l’extrémité de trois à cinq rameaux, fins et bi-furqués, réunis en ombelle termi-nale pourvue d’un involucre de feuilles lancéolées plus larges et plus courtes que celles de la tige. Les bractées florales, opposées, sont largement ovales lancéolées à triangulaires. Le fruit est une capsule trigone glabre (environ 3 mm. de long), légèrement chagri-née et pustuleuse. Cette espèce assez mal connue a longtemps été considérée comme une endé-mique du sud-est de la France, mais il semble que sa répartition soit un peu plus large. C’est une plante des lieux humi-des à marécageux, herbeux, le plus souvent sur sol argileux, également dans quelques dépres-sions de clairières fraîches de pinèdes, à basse et moyenne alti-tude (moins de 1000 m.) Comme toutes les plantes de lieux humides, cette euphorbe s’est raréfiée à cause des travaux de drainage et de mise en culture des prairies humides. Par la forme caractéristique de ses feuilles, la discrète Euphorbe à feuilles de graminée est plus facile à déterminer qu’à discerner sur le terrain.

(D’après « Inventaire des plantes protégées en France » de P.Danton

et M.Baffray –Ed. Nathan)

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A la rencontre des orchidées Sortie du Jeudi 20 Mai 2004 avec Pierre Duthilleul (qui nous transmet cette note) « C’est par un bel après midi de Mai, le Jeudi 20, que nous nous sommes re-trouvés une douzaine, derrière la gare du TGV à Avignon…Parmi ces douze personnes figuraient Huguette André, Messieurs Girerd et Roux, … Toutes les orchidées étaient bien au rendez-vous et fleuries… Nous avons rencontré des milliers de pieds de Serapias vomeracea Anacamptis fragrans ( Subsp. de corio-phora ) Ophrys apifera Et quelques Himantoglossum robertia-num défleuris… Une participante m’appela pour me montrer une nouvelle espèce, peut-être Serapia lingua que nous n’avons pas encore trouvée sur le 84.Quelle ne fut pas ma surprise de constater que j’a-vais affaire à un nouvel hybride pour le Vaucluse et fort rare dans toute la Pro-vence. Un seul pied haut de 28 cm. avec 6 fleurs et 3 boutons… Je le suivis pendant plus d’une semaine et le pris en photo, dont voici un bel exemplaire. » Il s’agit d’un hybride Anacamptis co-riophora Subsp.fragrans X Serapias vomeracea (Voir l’encart couleur ) Note sur la flore des « Busans » - Gordes. J’ai pu participé le 1er juin 2004, le matin, à une sortie botanique organisée par le Parc naturel régional du Lube-ron sous la direction de Georges Guende « à la découverte de la flore originale des Busans ». La SBV avait visité le site lors d’une sortie le 26 mars 1995 de Gordes à Sénanque. Le site des Busans, localisé sur la commune de Gordes, à environ 450-500 m. d’altitude, à l’extrémité nord-orientale du grand vallon de la Sénan-cole, est incontestablement l’un des plus remarquables du département sur le plan floristique. Le site appartient aux Monts de Vaucluse et est caractéri-sé par un ensemble de vallons encais-

sés souvent limités par des escarpe-ments parfois en escalier et surmontés de reliefs peu prononcés. Sur le plan géologique, l’ensemble est très complexe car il est affecté par une série de failles. L’assise est constituée de calcaires compacts à faciès urgonien du Bédoulien et plus marginalement, par des marnes du Ludien. Mais une des grandes originalités géologiques des Monts de Vaucluse se situe préci-sément sur la dalle de calcaire de type urgonien des Busans qui a été profon-dément corrodé par des bactéries calci-phages appelées Microcodium. Cette biocorrosion rend le calcaire très tendre et friable. La roche voit donc sa struc-ture complètement détruite. La masse d’urgonien affectée ici est considérable et exceptionnelle puisqu’elle atteint une épaisseur de plus de 40 mètres. Cette dalle domine une dépression irré-gulière, tapissée d’Eocène et d’Oligo-cène, couches qui se prolongent sur le plateau. Ce même plateau est constitué, au sud-est et à l’est de calcaire urgo-nien dur et non altéré. Du point de vue climatique, c’est la partie des Monts de Vaucluse la plus chaude et la plus aride, l’eau s’y perd par de nombreuses fissures qui alimen-tent la Fontaine de Vaucluse. La végétation du site relève globale-ment du plafond de l’étage mésomédi-terranéen, mais l’on y observe des for-mations affines de l’étage supramédi-terranéen (pelouses du Xerobromion). 214 espèces végétales en une dizaine d’associations sont recensées. 9 sont inscrites dans le Catalogue des espèces rares et menacées de la région PACA : Arenaria aggregata (L.) Loisel Carex liparocarpos Gaudin Genista pulchella Vis. Lomelosia graminifolia (L.) Greuter& Burdet Minuartia capillacea (All.) Graebner Ophrys drumana Delforge, protégée nationale Paronychia kapella (Hacq.) Kerner subsp. galloprovinciale Küpfer Scorzonera austriaca Willd. Polygala monspeliaca L. La dalle à Microcodium constitue un des plus remarquables habitats rupico-les pour son contenu écologique aux particularités botaniques hors du com-mun. On y trouve en effet une associa-tion végétale dont c’est le seul point

d’implantation dans le Vaucluse. La lande à Genêt de Villars (Genistetum villarsii) présente un intérêt patrimo-nial exceptionnel en raison de la pré-sence d’espèces orophytes ou en limite de leur aire de répartition : Arenaria aggregata -plante formant des coussinets denses avec les fleurs groupées par 4 ou 5 dans chaque cyme. Minuartia capillacea -plante à grandes fleurs blanches dont les pétales sont typiquement arrondis. Paronychia kapella subsp. gallopro-vinciale -plante vivace à souche sus-ligneuse, tortueuse. Ses fleurs en têtes très ser-rées, d’un blanc argenté, au sommet des rameaux, sont cachées par des bractées largement obovales, obtuses ou mucronées, scarieuses argentées. Lomelosia graminifolia , seule station du Vaucluse. -plante vivace typique à feuilles lon-gues et étroites, soyeuses argentées. Ses tiges sont nombreuses, simples, ascendantes et elles portent chacune un seul capitule violet pâle, élégant. La présence de flores d’origine diver-se : orophile et montagnarde coexistant avec une flore méditerranéenne à base de Pin d’Alep et de romarin interpelle. Grâce à cette richesse patrimoniale, ce site est tout naturellement inscrit dans plusieurs inventaires : Natura 2000, ZNIEFF, Zones de valeur biologique majeure du Parc naturel régional du Luberon. Le Conservatoire- Etudes des Eco-systèmes de Provence- Alpes du Sud (CEEP) travaille sur le site par convention avec la commune de Gor-des et l’Office National des Forêts. Plusieurs actions ont été mises en place ces dernières années, notamment grâce à un programme européen de restaura-tion des pelouses sèches : -Restauration des pelouses et des dalles sur les terrains communaux (coupe sélective des pins, des buis et gené-vriers). L’objectif actuel est de remet-tre en place une activité de pâturage pour entretenir l’ouverture des milieux. -Suivi scientifique (avifaune nicheuse, entomologie…).

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Sur le plan botanique a été noté en 2004 l’augmentation du nombre des pieds fleuris d’Ophrys drumana et l’observation, à confirmer, d’une nou-velle espèce d’orchidée- Ophrys arach-nitiformis. -Information du public (pose de pan-neaux d’information du public, distri-bution d’une plaquette). En résumé, une matinée riche en dé-couvertes, dont les apports peuvent être concrétisés grâce aux documents (rapports et photographies) mis à ma disposition avec beaucoup de générosi-té par Georges Guende, Jean-Pierre Roux et David Tatin, que je remercie très sincèrement. Je les ai copieuse-ment pillés…mais c’est pour la bonne cause !

Michel Graille

Sources : -Parc naturel régional du Luberon – Secteurs de valeur biologique majeure Georges Guende- Max Gallardo- Hervé Magnin.- 1999. -Conservatoire Botanique National Méditerranéen- Parc naturel régional du Luberon- Diagnostic phytoécologique d’un site d’intérêt communautaire, les Busans ( Gordes, Vaucluse, France). Georges Guende et Jean-Pierre Roux –Décembre 1999. -Conservatoire- Etudes des Ecosystè-mes de Provence- Alpes du Sud (CEEP) Haut vallon de la Sénancole- rapport d’activité 2004. David Tatin – Mission Vaucluse. -Société Botanique du Vaucluse- Bul-letin n° 1- Janvier 1996. De Gordes à l’abbaye de Sénanque – sortie du 26 mars 1995. Roselyne Guizard. -La flore du département de Vaucluse – Nouvel inventaire- Bernard Girerd.

Les enjeux de la biodiversité

sur les crêtes du Petit Luberon

(La cèdraie et les milieux ouverts sommitaux)

INTRODUCTION : La végétation du petit Luberon s’orga-nise selon trois grands ensembles se superposant aux conditions topographi-ques. Des formations boisées importan-tes (Chênaies et forêts mixtes ) oc-cupent l’essentiel de l’ubac ,et de l’a-dret oriental du Petit Luberon. L’adret occidental présente des formations arbustives et herbacées méditerranéen-nes. Entre les deux versants se trouvent des zones de crêtes avec une nette do-minance de pelouses et ligneux bas méditerranéo-montagnards. Les crêtes du petit Luberon sont oc-cupées par un vaste plateau de 600-700 m d’altitude de 16 km de longueur et pouvant atteindre localement 500 m de largeur .Elles sont limitées au sud et à l’ouest par d’imposantes falaises et, s’infléchissent doucement vers le nord par une série d’arêtes secondaires. Ce plateau se caractérise géologique-ment par une roche calcaire très dure de type urgonien favorisant un modelé karstique à lapiaz. Si la moitié orientale de ce plateau est occupée aujourd’hui par une vaste cédraie plan-tée dans les années 1860 ,la partie s’é-tendant sur la moitié ouest est consti-tuée de milieux ouverts :vastes landes à buis et thym ponctuées de quelques chênes verts et blancs accompagnés d’une riche végétation herbacées conférant à cet espace une vocation

pastorale depuis les temps les plus an-ciens. LA CEDRAIE : La forêt des cèdres du petit Lube-ron constitue une zone historique de réalisation forestière. L’on vient ici de toutes parts visiter ce peuplement de référence semé vers 1860 par quelques Forestiers convaincus, à partir de graines ré-coltées dans la forêt nord-Africaine Les premiers arbres arrivés à matu-rité ont commencé à se reproduire vers 1900.Depuis la forêt s’étend chaque année de plus en plus, puisqu’elle occupe aujourd’hui plus de 250 hectares sur le plateau, qui était couvert au siècle dernier es-sentiellement de pâturages pon ctués de buis et de quelques chê-nes rabougris. Rares sont les intro-ductions d’espèces qui ont montré une telle force colonisatrice. Ecologie : Le cèdre de l’Atlas est originaire des hautes montagnes du sud de la Méditerrannée où il se développe naturellement entre 1300 et 2400 m d’altitude .Il s’adapte bien sous nos climats dans les étages collinéen et montagnard où il croit rapidement. Au contraire, dans l’étage méditer-ranéen, il a une croissance plus lente et une certaine difficulté à se reproduire. Le cèdre prospère sur tous les types de sols, excepté les sols argileux ou mouilleux. En réalité le cèdre ne fait que re-trouver ici un habitat qu’il avait déjà occupé anciennement puisque des analyses polliniques de sédiments ont dévoilées son existence en Pro-vence , il y a guère plus de 20 000 ans avant notre ère.

Les Busans la dalle à Microcodium

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Sur le Luberon, les cèdres associés à la végétation naturelle, forment un en-semble harmonieux. Par leur silhouette remarquable ils créent un paysage inso-lite de grand intérêt. Mais lorsque les cèdres dominent, ils modifient les conditions de vie auxquelles les espè-ces méditerranéennes sont habi-tuées .Seuls quelques buis et chênes résistent à la faible luminosité qui tra-verse le feuillage des grands cèdres. Ainsi le sous bois de la cédraie, peu-plement dense et fermé, est très pauvre en espèces phanérogamiques .Par contre cette ambiance d’ombre et de fraîcheur est propice à une flore cryp-togamique et bryophytique extrême-ment riche et variée. 350 espèces de champignons se réfugient ici. Parmi celles-ci, certaines ne se retrouvent que dans les peuplements naturels de l’A-tlas Nord Africain : Cortinaria hercu-leus (Cortinaire d’hercule), Pustularia insignis, Urnula pouchetii. D’autres champignons qui poussent normale-ment en dehors de la région méditerra-néenne, rencontrent aussi en ces lieux un habitat unique en Provence favora-ble à leur développement. De nombreux oiseaux nicheurs trou-vent refuge dans cette forêt depuis les plus petits passereaux : Troglodyte, Rouge gorge, Mésanges, Roitelet, jus-qu’aux plus gros rapaces : Autour des palombes. L’avifaune de la cédraie est peu représentative de la région médi-terranéenne, on y rencontre surtout des espèces ubiquistes des régions tempé-rées Botanique : Le cèdre appartient au groupe des Gymnospermes et il se reconnaît à son port pyramidal, à ses petites feuilles en aiguilles groupées en rosettes et à ses cônes ovoïdes de 5-6 cm dressés vers le ciel. Le genre cèdre se divise en quatre es-pèces : cèdre de l’Atlas (Maroc Algé-rie), cèdre du Liban, cèdre de Chypre, cèdre de l’Himalaya. Le cèdre peut avoir une longévité très grande (3000 ans au Liban) et atteindre de grandes tailles : 75m de haut pour l’Himalaya. Le plus haut du Luberon mesure 33m (Communication verbale de M. Toth) Conduite des peuplements (Sylviculture) : L’Office national des Forêts gère cette forêt pour le compte des communes de Bonnieux, Lacoste, Ménerbes qui en sont propriétaires.

Le mode de gestion utilisé pour cette forêt est la futaie jardinée : peuplement d’arbres de tous ages mélangés pied à pied. Les vieux arbres arrivés à maturi-té sont ponctuellement exploités .Ce type de traitement se rapproche le plus du fonctionnement naturel, mais ne peut s’utiliser que pour des espèces d’ombre comme le cèdre capables de se régénérer sous son propre couvert. Utilisation des produits du cèdre : Le bois de cèdre est mal connu du pu-blic ,mais c’est un bois aux chaudes couleurs(brun jaune) recherché, et d’excellente qualité pour la menuiserie(meubles rustiques),les charpentes, les parquets, solives, plafonds, clôtures , portes, chalets. Il a une réputation d’imputrescibilité remarquable au même titre que le mé-lèze Utilisé dans les temples sacrés de l’In-de et de l’Egypte, des poutres de 2700 ans d’âge y sont encore intactes. La résine du cèdre fournit le fameux bau-me de cèdre qui entrait dans la compo-sition des produits d’embaumements lors des momifications. La cédraie du petit Luberon a été clas-sée peuplement reproducteur de qualité depuis 1982. Les pépiniéristes viennent s’y approvisionner en graines et elle est un des principaux foyers de production de graines pour les reboisements de la Provence. Le cèdre par sa silhouette remarquable crée des paysages d’un grand intérêt touristique. Ennemis : Au printemps sont visibles au sol des amoncellements de feuilles et de pous-ses. Il s’agit des dégâts provoqués par les chenilles parasites du cèdre. L’une, la tordeuse, provoque la torsion et la cassure de l’extrémité des pousses ter-minales, l’autre, mineuse défeuille les rameaux pour se nourrir des aiguilles. Il existe également un puceron parasite du cèdre et qui produit un abondant miellat qui colle aux feuilles. La cédraie résiste bien aux incendies, grâce à la fraîcheur qu’elle entretient dans son sous bois. Recherches scientifiques : L’unité de recherches forestières médi-terranéenne de l’INRA développe plu-sieurs programmes de recherches pour étudier la croissance du cèdre et sa sylviculture, ses parasites, sa diversité génétique. Une parcelle de cédraie de 15 hectares a été mise en réserve pour

étudier l’évolution de ces peuplements hors exploitation. LES MILIEUX OUVERTS DES CRETES DU PETIT LUBERON Sur les milieux ouverts exposés des sommets du petit Luberon le climat méditerranéen y est excessif et impo-se des contraintes sévères : fortes am-plitudes thermiques (températures éle-vées en période estivale, mais gelées prononcées en hiver), précipitations capricieuses (longues périodes de sé-cheresse suivies de courtes phases de précipitations intenses) et surtout mis-tral qui au débouché de la vallée du Rhône y atteint une violence extrême. A ces facteurs naturels limitants se sont superposés depuis les temps immémo-riaux une autre contrainte : le pâturage. Le blocage de la dynamique végétale spontanée établie pendant des millénai-res par la conjonction de tous ces fac-teurs a crée des biotopes ouverts ex-ceptionnels où se concentrent des espè-ces végétales et animales de grand inté-rêt. Il est bien connu que plus les don-nées du milieu sont fortes et originales, plus les systèmes biologiques qui en résultent sont intéressants. Dans le petit Luberon la biodiversité végétale s’exprime beaucoup moins dans les milieux boisés (sauf dans les fonds de combes) que dans les forma-tions de milieux ouverts. Les milieux ouverts des crêtes du Lu-beron offrent un éventail de biotopes assez larges dont certains restent très rares au niveau national lié à leur mar-ginalité écologique. Tel est le cas de l’association à Genet de Villars (Genista pulchella subsp villarsii) qui est accompagnée d’espèces dont cer-taines lui sont strictement inféodées d’autres moins fidèles mais rares égale-ment. Citons la Sabline agrégée (Arenaria aggregata),la Sabline capil-laire (Minuartia capillacea),la Serratu-le à tige nue (Serratula nudicaulis),la Scorzonère d’Autriche (Scorzonera austriaca),la Renoncule à feuilles de graminées(Ranunculus gramineus),Le Carex à fruits luisants (Carex liparo-carpos), le Crepis de Suffrene (Crepis suffreniana),l’Euphorbe à ombelles jaunes (Euphorbia flavicoma),le Plan-tain argenté(Plantago argentea),la Po-tentille cendré(Potentilla cinerea) l’Ail jaune (Allium flavum), la Gagée des prés (Gagea pratensis), la Gagée du Luberon (Gagea luberonen-sis),l’Ophrys aurélien (Ophrys aure-lia),l’Ophrys de la Drôme(Ophrys dru-mana) , L’Ophrys de Provence

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(Ophrys provincialis), L’Ephedre à chatons opposés ( Ephedra distachya), l’Ephedre des monts nebrodes (Ephedra nebrodensis),ces sept derniè-res espèces étant protégées par la loi. Soulignons que les Ephedres plantes reliques rares à caractères primitifs, véritables fossiles vivants appartenant aux gymnospermes ; trouvent sur les crêtes du petit Luberon avec l’espèce nebrodensis ses plus belles populations en Provence et en France. (ci-dessous)

La marginalité écologique de cette association qui en France ne se ren-contre que des Corbières aux Alpes du Sud a favorisé en son sein une flore hautement spécialisée. Du point de vu de la faune on ren-contre sur ces crêtes essentiellement des espèces aviennes méditerranéenne ou d’affinités méridionale telle que les rare Vautour percnoptère et l’Aigle de Bonelli qui s’y alimentent, ou la fau-vette orphée. On y trouve également d’autres espèces intéressantes ou rares en Provence comme l’engoulevent, le bruant fou, ou le bruant ortolan. Au plan entomologique, ces pelouses constituent un réservoir d’une densité et d’une rareté exceptionnelles, notam-ment par la présence d’espèces steppi-ques rares en région méditerranéenne. Plusieurs insectes patrimoniaux fré-quentent ces crêtes :le criquet Arcypte-ra kheili endémique provençal des zo-nes de lapiaz, le criquet de l’aphyllan-the (Euchorthippus chopardi) décrit

pour la première fois sur le petit Lube-ron et connu seulement du Vauclu-se ,des Bouches du Rhône, des Alpes de haute Provence et des Pyrénées orientale ;la Magicienne dentelée(Saga pedo) orthoptère entomophage qui se nourrit principalement de sauterelles et de criquets est bien représentée ici, le Moiré provençal(Erebia epistygne) et le Nacré de la Filipendule(Brenthis hecate) espèces remarquables de Lepi-doptères,la punaise Aradus horvathi espèce endémique de la Provence et gravement menacée d’extinction. Parmi les coléoptères le carabique Par-dileus calceatus a été observé pour la première fois ici en Provence. Le pâturage joue ici un rôle crucial dans les réseaux trophiques et le main-tien de ces espèces. Il est clair et dé-montré que l’ écosystème amputé de l’une de ses composantes essentielle l’herbivore suivrait alors une dynami-que qui se traduirait par l’atténuation des données stationnelles et l’appari-tion de stades de recolonisation ligneux différents dans leur structure et compo-sition biologique . Disparaîtraient alors la plupart des espèces végétales et ani-males des stades ouverts et pionniers à commencer par les espèces fragiles sensibles aux modifications du milieu. A leur place apparaîtraient des espèces plus banales des stades forestiers. D’une manière générale on assisterait à une banalisation de la nature, une perte de biodiversité et une régression d’un certain niveau d’équilibre à l’é-chelle du massif du Luberon. Au vu de ce constat il ressort que le maintien de ce biotope exceptionnel nécessite de soutenir le caractère an-thropique et donc le pâturage comme étant le meilleur mode de gestion et de conservation de la qualité biologique de ces milieux. Compte tenu qu’une gestion d’entretien est nettement plus complexe qu’une gestion de restaura-tion, il est rapidement apparu haute-ment souhaitable d’éviter le processus de l’embroussaillement et de l’état boisé par le cèdre des milieux ouverts sur la partie occidentale des crêtes du petit Luberon. Pour assurer la pérennité de ces mi-lieux de haute qualité biologique le Parc Naturel Régional du Luberon a depuis 26 ans mis en place des mesures de gestion conservatoires en associa-tion avec l’Office National des forêts , les Communes, le C.E.R.P.A.M. (structure régionale de soutient à l’éle-

vage) et les éleveurs. Les chasseurs sont aussi régulièrement consultés no-tamment sur les périodes de pâturages. Pour suppléer au manque d’équipe-ment pastoral des points d’eaux ont étés mis en place, des bergeries restau-rées, des travaux d’éclaircies débrous-saillages ont étés réalisés dont l’entre-tien est assuré par les troupeaux .Une association des éleveurs a été consti-tuée permettant une gestion collective et responsable de l’ensemble de l’espa-ce. Une mesure agri-environnementale rémunérant les éleveurs a été promue pendant 5 ans (1995-2000) pour favori-ser une gestion pastorale visant à pré-server ces pelouses. Dans ce cadre un Suivi Scientifique a été mis en place et conduit par l’Uni-versité de Marseille (IMEP) IL a visé à évaluer les conséquences écologiques du pastoralisme ayant pour objectif d’entretenir ou de rétablir des milieux ouverts. Par ailleurs comme autre point d’inté-rêt il convient d’évoquer la beauté de ces sites spectaculaires qui fascinent le promeneur par la vue panoramique qu’ils offrent. Le regard de là haut plonge vers le sud sur la vallée de la Durance qui s’étend jusqu’à la monta-gne de Sainte Victoire et devine la mer par beau temps. Vers le nord c’est la vallée du Calavon, les Monts de Vau-cluse et encore plus loin le Mont Ven-toux. L’utilité de ces milieux ouverts comme pare-feu indispensables à la protection des versants plus boisés n’est plus à démontrer également. CONCLUSION : Dans le Parc Naturel Régional du Lu-beron le maintien de la diversité des espèces et des habitats constitue un objectif prioritairement affiché dans le domaine de la protection de la nature par tous les partenaires gestionnaires d’espaces. Au vu de la connaissance acquise de la valeur de ces deux habi-tats en présence concomitante (cédraie- milieux ouverts sommitaux) sur les crêtes il a été convenu de garantir le statut-quo dans la répartition actuelle des deux formations biologiques en présence. L’équilibre cédraie- pelouses de crêtes du Petit-Luberon a été forma-lisé dans le cadre des révisions des documents d’aménagements forestiers des Forêts communales

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BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE : Le Fevre F. Diversité génétique de la cé-draie du petit Luberon Courrier scientifique du Parc Naturel Régional du Luberon n°3 -1999- P 139-140 Fabre J.P. &Chalon A. Recherches sur les ravageurs du cèdre au petit Luberon : exemple de la tordeuse Courrier scientifi-que du Parc Naturel Régional du Luberon n°3 -1999-p141-143 Fabre J.P. Extension du cèdre et risques d’attaques d’insectes .Revue Forestière Française 1976 –T4-n°2-p 261-269 Courbet F. Recherches sur la croissance et la sylviculture du cèdre de l’Atlas. Quel-ques résultats obtenus au petit Luberon Courrier Scientifique du parc Naturel régio-nal du Luberon n°3-1999-p 144-149 Guende G. La Flore du Luberon Edisud 2004 -143p Gallardo M. La Faune du Luberon Edisud 1993-143p Favet C. Le Luberon des Insectes Edisud 1998-119p Guende G. Gallardo M. Magnin H. Sec-teurs de valeur Biologique Majeure Parc Naturel Régional du Luberon 1999 –118p Guende G. ,Tatoni T., Bonin G. Patrimoine végétal du Parc Naturel Régional du Lube-ron 20 ans de Recherche scientifique et de valorisation Courrier scientifique du Parc Naturel régional du Luberon n°1-1997- p33-49 Tatoni T., Vela E., Dutoit T., Roche P. Présentation du suivi scientifique et des premiers résultats concernant l’organisation de la végétation dans le Luberon, Courrier scientifique du Parc Naturel régional du Luberon n°2-1998, p 32-49 Véla E., Tatoni T. , Brisse H., Etude syn-chronique de l’influence du pâturage ovin et de la mise en défens sur la végétation des pelouses calcaires du Luberon Courrier scientifique du parc Naturel Régional du Luberon n°5-2001,p 102-121 Beylier B., Garde L., Guende G., Lasseur J., Lécrivain E., La mesure agriculture-environnement “ Biotopes rares et sensi-bles ” dans le Parc Naturel Régional du Luberon :un bilan pour le territoire et l’éle-vage Courrier scientifique du Parc Naturel Régional du Luberon n°6-2002,p88-102

Injustement méconnu du grand public, avignonnais notamment, Esprit REQUIEN est pourtant une des figures les plus atta-chantes du XIX° siècle de notre ville. Il faut bien dire à sa décharge que le peu de publications rédigées (et sur des sujets as-sez abscons) milite guère en faveur de sa reconnaissance. Quant aux actions plus prestigieuses auxquelles il fut associé, sa modestie l’empêcha d’en prendre les avant-postes. Qu’on en juge ! Sa naissance. Elle eut lieu le 5 mai 1788 dans une maison de la rue de l’Ombre, toute petite ruelle étroite reliant la rue des Lices à la rue Portail Magnanen et qui porte justement ce nom. Cette demeu-re était certainement une des plus originales que peut rêver une imagination fantaisiste … Le rez-de-chaussée n’existait pas. Ce n’était qu’un hangar où l’on entassait les produits de la tannerie administrée par un régisseur (A. de Pontmartin). Voilà le décor planté qui laisse augurer du bonhomme. On ne sait rien de son enfance ni de son adolescence, faut-il voir dans cet état de fait une conséquence de la période troublée que notre pays traversa. A peine Requien évo-quera t-il, bien plus tard, certains manuels scolaires qu’il utilisait en classe de rhéto mais nul diplôme je crains que la notoriété publique de vos connaissances en histoire naturelle ne puissent suppléer aux parche-mins qui vous manquent (Martins, 24 no-vembre1850). Malgré ce manque, Requien s’adonna sa vie durant à l’étude de l’Histoire Naturelle. Mais là encore nous ne savons pas par quel-le voie il est arrivé à cette passion dévoran-te, tout juste se souvient-il que mon père m’avait rapporté de là [Hyères] un sac de coquillages, circonstance que je n’ai point oublié et qui a peut-être influé sur mes goûts ultérieurs (à sa mère, 21 juin 1837). Toujours est-il que Requien prend de plus en plus d’importance dans les deux voies qu’il suivit sa vie durant : l’Histoire Natu-relle et le Bien Public. Requien s’est telle-ment impliqué dans ces domaines qu’il a été complètement absorbé, phagocyté. C’est pour cela notamment, et à cause de son amour de la liberté et liberté d’action qu’il resta célibataire et n’exerça aucune activité professionnelle ; les revenus de la tannerie familiale mise en gérance et ceux de quelques terres agricoles en maraîchage lui assurant des rentes suffisantes. Ainsi libéré de tout souci (il se trouva en outre un remplaçant pour la conscription), Requien put donc mener, s’adonner à ses deux pas-sions en parallèle. Le Bien Public est une constante chez Re-quien. L’aide à ses concitoyens moins for-tunés, un mot de recommandation … lui paraissaient l’évidence même. Nombreux furent ceux qui eurent recours à la généro-sité de Requien (qui en abusèrent même parfois). C’est dans cet état d’esprit qu’il

faut comprendre son engagement dans la sauvegarde des remparts d’Avignon. La ligne de chemin de fer reliant Paris à la Méditerranée ayant été décidée, on pensa en haut-lieu la faire passer le long du Rhô-ne, à l’emplacement des remparts qui au-raient donc été tout simplement rasés. On imagine le tollé que cette décision engen-dra. Requien se lance dans la bataille pour la conservation de l’enceinte médiévale, soutenu par une grande partie des avignon-nais et surtout par Prosper Mérimée qui, Inspecteur des Monuments Historiques agissait dans les ministères pour la mainte-nance. Encore que Mérimée se sente par-fois abandonné par son ami vous êtes de drôles de pistolets … vous ne faites rien pour sauver vos remparts et vous voudriez que nous fassions tout (Mérimée, 13 avril 1846). Le dramaturge incite son ami à agir A votre place je ne me laisserai pas canuler par ces canailles du conseil munici-pal … Ces gens sont déterminés à ne pas vous laisser en paix. Morbleu ! mettez-leur le feu au cul (Mérimée, 10 janvier 1847). De tractation en compromis, l’affaire se déroula lentement, mais Avignon conserva ses remparts. L’opiniâtreté (et l’opposition du ministère de la Guerre) paya. Requien accepta aussi, en tant que négociant, et à plusieurs reprises, des fonctions au sein du Conseil Municipal ; non pour l’engagement politique que cela représente, mais toujours dans un souci d’aide à la communauté. On lui proposa la législature. Il accepta que son nom figure sur les listes mais faites votre possible non pour me donner, mais pour m’enlever des voix (à d’Olivier, s.d.). L’affaire des remparts amena Requien à quitter Avignon et à s’installer en Corse. Là, il pensait connaître une vie nouvelle dans laquelle l’Histoire Naturelle aurait enfin toute la place. Requien s’intéressa à presque toutes les disciplines, seule la zoo-logie ne le passionna pas beaucoup à l’ex-ception de la malacologie. Mais la botani-que fut la passion de toute sa vie. Dès 1806 (il n’a alors que 18 ans) Requien est en relation d’échange avec quelques botanistes locaux. Rapidement le cercle s’agrandit et en 1809 il correspond avec Loiseleur-Deslongchamps auquel il achète-ra l’herbier bien plus tard et lui dit j’attends au premier jour M. De Candolle, il ne me trouva pas au mois de juin quoiqu’il se fut détourné de sa route exprès (6 octobre 1809), au même un peu plus tard mon her-bier commence à se former j’ai 4000 espè-ces au moins et pourtant il m’en manque près de 200 de la flore française ou des suppléments. J’ai reçu de belles plantes de M. De Candolle, je lui ai fait reconnaître plusieurs erreurs dans sa flore (à Loiseleur Deslongchamps, 1811).

Esprit Requien (1788-1851) un botaniste avignonnais méconnu

Pierre MOULET Museum Requien - 67 rue Joseph Vernet - 84000 Avignon

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A tous ses correspondants, Requien récla-me des plantes sèches. Il reçoit beaucoup, mais en contre partie il expédie beaucoup aussi Dans le courant de décembre j’ai fait partir 29 envois et j’en expédierai encore 2 ou 3 avant la fin du mois (à Loiseleur De-slongchamps, 26 décembre 1810). Les envois sont volumineux je peux vous expé-dier beaucoup d’espèces en 10, 20, 100 échantillons et davantage à l’avenir (au même, 1 novembre 1811) et riches l’envoi que vous venez de me faire, outre quantité de bonnes plantes, en contient 3 ou 4 nou-velles pour la flore (Loiseleur Deslong-champs, 16 septembre 1809). Evidement, il devient rapidement « difficile » je suis fâché que mon dernier envoi de plantes sèches n’ait pas été complètement à votre goût, il faut que votre herbier soit bien avancé puisque sur 66 espèces il ne s’en est trouvé que 3 ou 4 dignes d’y figurer (Granier, 19 avril 1807) ou bien votre her-bier est déjà considérable à en juger par la liste de ce qui vous manque, qu’il est diffi-cile de pouvoir y ajouter beaucoup (Loiseleur Deslongchamps, 9 mars 1809). Toutefois, il ne fallait pas le duper sur ce qu’on lui envoyait vous me dites que vous ne m’avez point envoyé de plantes de jar-din, dites moi si les roses jaunes et rouges doubles, si l’estragon et la scorsonère vien-nent dans vos champs ? (à Leautier, 25 décembre 1809), la duperie était d’autant moins admissible qu’il achetait parfois des collections tout bien compté je n’ai trouvé que 500 échantillons qui méritent d’être comptés pour tels, pourtant pour vous mon-trer que je ne veux point avoir de discus-sion je vous en paierai le double, savoir 1000 et vos frais (au même, 7 décembre 1809). Après quelques années à ce rythme d’expé-ditions nombreuses, de courses incessantes et tout le travail de préparation que cela demande, Requien traversa une période à vide. De 1810 à 1814 il abandonna presque totalement la botanique au grand désespoir de ses correspondants. Mais la passion n’était pas éteinte je vous félicite bien sin-cèrement de votre retour à la botanique … j’ai dû d’ailleurs regretter un correspondant aussi instruit et aussi capable de faire de bonnes et utiles découvertes et rien, je vous jure, ne pouvais me faire autant de plaisir que d’apprendre la résolution que vous avez formée de ne plus abandonner l’histoi-re des plantes (Loiseleur Deslongchamps, 21 décembre 1814). Requien reprit l’étude de la botanique, mais de manière beaucoup plus calme quoique toujours aussi sérieuse. Les nombreuses courses et excursions en Provence furent l’occasion pour Requien d’une multitude d’observations botaniques qu’il consigna dans un catalogue des végé-taux de Vaucluse, opuscule publié dans l’ouvrage de Guérin « Description de la Fontaine de Vaucluse » paru en 1813. En 1825 il publia aux Annales des Sciences Naturelles des « Observations sur quelques plantes rares ou nouvelles pour la flore française », mais nulle Flore comme on le lui demandait il nous faudrait un bon et

raisonnable praticien des plaines et des monts qui s’armât de courage pour châtier tant de florules, pour constituer enfin une légitime flore française. Tâtez-vous, Mon-sieur, et voyez si vous ne seriez pas notre Messie en botanique ! Erigez ce monument (Dufour, 27 septembre 1850). Ses observa-tions vauclusiennes lui permirent pourtant de dresser la coupe de l’étagement de la végétation du mont Ventoux, étude parut dans l’ouvrage de Martins « Essai sur la topographie botanique du Mont Ventoux en Provence » (1838) où son nom n’est qu’à peine mentionné. L’autre affaire de sa vie, en matière de botanique, fut le jardin botanique d’Avi-gnon qu’il contribua à créer, qu’il enrichit grâce aux subsides qu’il faisait affluer en Avignon et qu’il meubla grâce aux dons nombreux de la part d’autres établissements similaires, particulièrement le Museum National d’Histoire Naturelle. En marge de la botanique, Requien s’inté-ressait aussi à la paléontologie. Là encore, grâce à ses connaissances et collectes, il sut créer un réseau de scientifiques et d’amis auxquels il faisait parvenir largement ses glanes fossilifères qui ne manquaient ja-mais d’intérêt vos fossiles seront présentés à la société [Société géologique de France] dans la prochaine séance … Vous êtes as-surés d’avance de l’accueil qu’ils recevront. Ils arriveront dans une séance pour laquelle on nous annonce une lutte assez vive entre deux conchyliologues distingués, Mrs Des-hayes et d’Orbigny. Ce qui donnera à cette présentation une sorte d’à propos (Soc. Géol. France, 25 novembre 1843). Alcide d’Orbigny, auteur d’une monumentale « Paléontologie française » eut très souvent recours à lui et le nom de Requien apparaît à de nombreuses reprises dans cette vérita-ble encyclopédie. Le marseillais Philippe Matheron, auteur de la première carte géo-logique des Bouches-du-Rhône lui dédia un genre nouveau de rudiste découvert à Or-gon : Requienia. Il ne publia rien en la ma-tière, laissant à d’autres le soin d’étudier ses collections. La malacologie fut une discipline qui l’inté-ressa toute sa vie et à laquelle il consacra beaucoup de temps et d’efforts. C’est d’ail-leurs pour la malacologie que Requien publia le seul vrai ouvrage qu’il n’a jamais rédigé « Catalogue des Coquilles de l’île de Corse » (1848). En marge de ces activités scientifiques, il en est une, tout à fait indispensable, qui lui demanda également beaucoup d’énergie et d’argent : la recherche et l’achat d’ouvra-ges. Car, bien sûr, Requien possédait une bibliothèque. Bibliothèque généraliste et bibliothèque scientifique, deux volets d’une même nécessité, celle du savoir. Requien engloutit dans l’achat de livres la majorité de sa fortune. Entre 1823 et 1847 il dépensa plus de 45.500 francs de l’époque pour acquérir manuscrits, chartes et autres écrits relatifs à Avignon et au midi de la France d’une part et, d’autre part, tout ouvrage scientifique propre à l’aider dans ses re-cherches... Requien ne négligeait rien car il

était pénétré de cette idée essentielle, qu’u-ne bibliothèque provinciale doit valoir sur-tout par la réunion aussi complète que pos-sible des publications sur le pays, et que parconséquent il est absolument nécessaire qu’elle se les procure toutes, sans en dédai-gner une seule, même la plus insignifiante (Labande, 1897). Cette bibliothèque scien-tifique devint rapidement énorme et Re-quien affirme dans son testament que hors Paris il n’y en a point d’aussi nombreuse. Lassé des tracasseries créées à son encontre lors de « l’affaire des remparts », Requien décida de quitter Avignon et d’aller résider en Corse. Il avait déjà visiter l’île en 1822 et avait été frappé par les richesses naturel-les (principalement botaniques) qu’il dé-couvrit. Son intention, dès cette époque, était d’y retourner un jour d’autant que son ami Mérimée lui avait dressé un tableau de l’âme corse qui ne pouvait le laisser indif-férent. En 1847 il part pour ne plus revenir en Avignon que brièvement (mars 1850-avril 1851). En Corse, Requien consacre tout son temps à la collecte d’échantillons botaniques et malacologiques. A la deman-de de Mérimée, il consigne aussi toutes les observations archéologiques et ethnologi-ques qu’il peut. C’est en Corse qu’il ren-contre Jean-Henri Fabre. Professeur nou-vellement formé et nommé à Ajaccio, ce vauclusien d’adoption était passionné de botanique et de mycologie. Les deux hom-mes se rencontrèrent et échangèrent une correspondance nourrie dans laquelle Fa-bre, friand de conseils scientifiques, s’épan-che sur son avenir, son manque d’argent (déjà !) et demande l’aide de Requien pour revenir sur le continent. Après un bref séjour en Avignon durant lequel il s’occupa du Musée Calvet (incluant une section Histoire Naturelle), de la Bibliothèque et du Jardin Botanique, établissements dont il avait été nommé directeur en 1849, Requien retourna en Corse soit disant pour récupérer des affai-res. En fait, sitôt sur le sol insulaire, il re-prend ses courses botaniques mais le 29 [mai] vers les 4 heures du soir, en préparant des plantes sur une table dans sa chambre, il fut frappé d’une attaque d’apoplexie et, malgré les soins les plus prompts et les empressés de trois médecins de ses amis qui ne l’ont pas quitté, il a expiré le 30 mai à 1 heure du matin (Ayme, 5 juin 1851). Ainsi finit, exilé, mais parmi les compagnes de toute sa vie : les plantes, un des plus grands avignonnais, un des plus méconnus aussi. La ville ramena la dépouille de Re-quien et l’enterra à ses frais. Sur son tom-beau on grava ce verset de la Bible Cor rectum inquirit scientiam.En 1853, un dé-cret de Louis-Napoléon Bonaparte transfor-ma le nom du Musée d’histoire naturelle en Museum Requien. En 1866, Fabre fut nom-mé Conservateur du Musée Requien qu’il dirigera, avec les souvenirs que l’on imagi-ne, jusqu’en 1873. Puis, peu à peu, le Mu-seum tombe dans l’oubli, beaucoup de choses sont enfermées dans des caisses et une infime partie seulement est exposée.

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En 1907 le poste de conservateur est sup-primé car jugé inutile. En 1925, un jeune bibliothécaire, Léon Germand, passionné de Sciences Naturelles obtient de son supé-rieur de s’occuper des collections. Le Mu-seum est sur la voie du renouveau. Devant les richesses accumulées et grâce à la bien-veillance de la Fondation Calvet, l’hôtel Raphaelis de Soissans est acheté en 1940 pour y établir le Museum Requien. Par testament du 21 janvier 1849 Requien rappelait les legs de 1839 et 1840 de sa bibliothèque historique et de ses bibliothè-que scientifique et collections respective-ment à la ville d’Avignon. Aujourd’hui la conservation des collections de Requien soit environ 300.000 plantes, 50.000 fossi-les, roches et minéraux, 10.000 coquillages et plus de 3.300 numéros de bibliothèque est la tache principale de l’équipe du Mu-seum. Gestion mais aussi accueil des cher-cheurs et du public venus travailler sur ce patrimoine inestimable et fragile. 1: actuelle rue Cassan. 2: actuellement classe de Terminale. 3: pour plus de détails voir bulletin SBV n°4 (juillet 1997) 4: ensemble qu’il appelait « Bibliothèque historique du midi de la France » qui au jour du leg (1839) fut estimé 19.500 francs. 5: cette bibliothèque ne fut pas estimée lors du don. BIBLIOGRAPHIE Correspondants d’Esprit Requien, 4° série. Bibliothèque municipale d’Avignon [manuscrits]. Collectif, 1979.- Histoire d’Avignon. Edi-sud éd., Aix-en-Provence. GRANIER J., 1980.- Esprit Requien et son herbier. Candollea, 35. GRANIER J., 1984.- Esprit Requien et le musée d’Histoire naturelle d’Avignon. Revue Annuelle d’Information Mairie d’A-vignon. LABANDE J.H., 1897.- Avignon (t. 27-28-29) in Catalogue Général des Manuscrits des Bibliothèques de France. Départements. Plon éd., Paris. MOULET P., 1989.- Esprit Requien (1788-1851). Essai de biographie. Fondation Cal-vet éd., Avignon. MOULET P., 1989.- Esprit Requien, un botaniste provençal au XIX° siècle. Société des Amis du Museum National d’Histoire Naturelle et du Jardin des Plantes. MOULET P., 1997.- Histoire du jardin botanique d’Avignon. Bulletin de la Société botanique de Vaucluse. MOULET P. & GRABIE M.H., 2005.- Comptes-rendus d’explorations botaniques en Corse au milieu du XIX° siècle. 130° Congr. Nat. Soc. Hist. Scient., La Rochelle, Histoire des sciences – Voyages et voya-geurs. PONTMARTIN A. de, 1886.- Mes mémoi-res. T. II : seconde jeunesse. Calman-Levy éd., Paris. REQUIEN E., 1848.- Catalogue des coquil-les de l’île de Corse. Seguin éd., Avignon.

Les participants au stage d’été se sont retrouvés cette année dans les Pyrénées-Orientales et plus précisément en Cer-dagne, dans le cadre agréable de l’hôtel Planés de Saillagouse, petite ville à 1300 mètres d’altitude. Josette et Emile ARGAUD nous ont fait largement pro-fiter de leur connaissance du terrain et Milou a particulièrement veillé à ce que le train des botanistes reste compa-tible avec les impératifs des horaires liés à la marche en montagne. Rappel des itinéraires Au cours de nos cinq journées nous avons pu parcourir plusieurs massifs du Capcir et de la Cerdagne : - le 10 juillet : le Roc d’Aude, depuis les Angles (1650 mètres) nous prenons les remontées mécaniques jusqu’au Pics d’Aude à 2325 mètres, évitant ainsi une trop rude ascension pour ce premier contact avec la montagne. De là, après avoir emprunté une piste de ski et exploré quelques zones rocheu-ses sous le sommet nous nous sommes dirigés vers l’ouest, en direction du Mont Llaret et du Roc d’Aude (2376 mètres) pour redescendre ensuite vers la cabane et les étangs de la Bal-mette (2047 mètres) où une pluie fine nous surpris durant le déjeuner. Le retour s’effectua au travers d’une zone tourbeuse dans la forêt de Pinus uncinata et par la descente vers le lac de Balcère à1770 mètres, la navette pour un retour vers les Angles étant partie avant l’heure c’est grâce à l’a-mabilité de pêcheurs que les chauffeurs purent rejoindre les Angles et venir chercher le gros de la troupe. - le 11 juillet : circuit des petits lacs sous les Bouillouses : la route d’accès au barrage des Bouillouses étant inter-dite à la circulation nous prenons la navette qui fait régulièrement le trajet et nous descendons au niveau de la petite centrale électrique. L’herborisa-tion débute aux abords de la route et du sentier en direction de l’Estany Negre au bord duquel nous déjeunons. L’après midi nous nous dirigeons vers l’Estany de la Pradella que nous

contournons vers le sud, avant de re-monter vers les Bouillouses par le GR 10. Avant de reprendre la navette certains membres se rendent au site du Malpas à propos duquel MM. Saule et Baudiè-re avaient publié un article en 2001. - le 12 juillet : vers le col de Porté-Puymorens : le matin, en direction de l’étang del Passet par le Cortal Michet-te, nous partons au-dessus de Porté-Puymorens, vers 1696 mètres par le sentier « tour du Carlit » et après pres-que 2 km nous prenons un sentier vers le sud qui nous conduit au parking, à proximité du barrage del Passet où, après un apéritif offert par la société, nous déjeunons. L’après midi nous allons en voiture jusqu’au parking de la gare inférieure du télésiège de la station de ski de la Vignole (1820 m.) pour nous diriger vers l’Estanyol (2045 m.) en emprun-tant une piste aux abords de laquelle plusieurs milieux intéressants ont pu être explorés. - le 13 juillet : Puigmal d’Err par la vallée d’Err : après Err nous prenons la route qui longe la rivière du même nom jusqu’au parking des Planes (1971 mè-tres) d’où s’effectue le départ. La route est empruntée sur un peu plus d’un kilomètre, jusqu’à la côte 2077 mètres où, au niveau de la station de traite-ment des eaux, l’on s’engage sur le sentier longeant le ruisseau en direction SO-NE. La montée jusqu’à la crête, au niveau du petit Pic de Sègre (2810 mè-tres), se fait au milieu de groupements particulièrement intéressants. Le repas est pris à l’abri des rochers au niveau de la crête, à proximité d’un névé qui s’est maintenu au passage du col. L’après midi nous avons poursuivi par les crêtes en passant sous le sommet du Puigmal pour rejoindre la Tossa del Pas dels Lladres. Le brouillard ne nous a pas permis de poursuivre jusqu’au col de Caralps pour étudier la flore calcicole. Par le Pas dels Lladres (le col des voleurs) et le sentier passant par la Jaca del Prat de Tossa, au sud du

Stage de la Société Botanique de Vaucluse

en Cerdagne et Capcir

dans les Pyrénées-Orientales des 10 au 14 Juillet 2004

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téléski, nous avons rejoins la route et de là le parking. - le 14 juillet : Massif du Madres : depuis Villeneuve, au nord de Matemale, à 1500 mètres environ, montée en voiture par une piste jusqu’au col de Sansa, à une altitude de 1815 mètres. Nous prenons le sentier en direction de la maison pastorale du Pla de Gril jus-qu’à la naissance du ruisseau de la Coume de Ponteils (2257 mètres), tourbière aux abords de laquelle nous déjeunons. De là par le Clot Redon nous atteignons la bordure des falaises dominant les lacs 300 mètres plus bas et par « la Font de la Perdrix » nous passons sous le roc des Gourgs pour redescendre, depuis le col de Passeduc (2284 m), sous le roc de la Pelade, en prenant le sentier qui par le talweg (quelques affleurements calcaires) rejoint la Jasse d’Ancréou.

En grisé : zones d’herborisation - 5 sites

Résidence pour le stage : Saillagouse

Quelques uns des milieux et habitats observés Il n’est pas question ici de faire un descriptif complet des espaces parcourus et de ce qui a été vu lors du parcours des itinéraires ci-dessus, il sera essentiellement fait état de quelques milieux particulièrement marquants et typiques. Tout d’abord il faut souligner l’importance du facteur exposition et la très nette opposition entre les soulanes (adrets) brûlés de soleil et les ombrées (ubacs) aux pentes longuement enneigées. Cette différence apparaît particulièrement dans les espaces couverts par les landes.

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Bulletin de la SBV - 17 - n°15 - mai 2005

Les landes Reconnaissable de loin à la teinte vert-bleuâtre des buissons arrondis et en été par leur éclatante floraison jaune d’or, la lande à Genêt purgatif (Cytisus oro-mediterraneus) occupe une place im-portante depuis le haut de l’étage mon-tagnard jusqu’à la base du subalpin. Ce groupement monotone abrite quelques arbustes et herbacées héliophiles, ci-tons notamment Asphodelus albus, Senecio adonidifolius, Linaria repens, Conopodium majus, Deschampsia flexuosa, agrostis capillaris, Hyperi-cum maculatum, Thymus nervosus, Helictotrichum sedenense, etc. Très sensible aux gelées printanières le Rhododendron (R.ferrugineum) exige une abondante couverture neigeuse protectrice se maintenant tardivement durant le printemps, c’est donc en ex-position nord que va se développer la Rhodoraie. Celle ci forme une strate dense et laisse peu de place aux autres espèces, on y rencontre toutefois Vac-cinium myrtillus, V. uliginosum, Rosa pendulina, Juniperus sibirica, Calluna vulgaris, Sorbus chamaemespilus, Ho-mogyne alpina, Deschampsia flexuosa, Senecio pyrenaicus, Galium pumilum, Hypericum burseri, Geranium sylvati-cum, Gentiana burseri, Saxifraga gera-nioides, Dianthus barbatus, Allium victorialis, Pulsatilla alpina subsp. apiifolia, Pseudorchis albida, Oxalis acetosella, etc. Ces landes peuvent dans le cadre de la dynamique de la végétation évoluer lentement vers un peuplement de Pins à crochets. A la limite des étages subalpins et al-pins et dans les situations les plus ex-posées aux rigueurs hivernales, soumi-ses aux vents violents et sans couvertu-re neigeuse protectrice va se dévelop-per la lande à Azalée naine (Loiseleuria procumbens), lande très rase, avec beaucoup de lichens (Cetraria et Cladonia), très imbriquée avec les pelouses rocailleuses voisines. Un bel exemple de cet habitat a pu être observé sur le massif du Madres, no-tamment sur le plateau au NW de la Font de la Perdrix. Parmi les nombreu-ses espèces notées sur ce secteur rete-nons Vaccinium. uliginosum, Leonto-don pyrenaicus, Luzula lutea, Juncus trifidus.

Des landes dominées par la Callune (Calluna vulgaris) sont également as-sez fréquentes, elles abritent nombres d’espèces rencontrées dans les milieux précédents. Vers le col de Puymorens, à 1900 mètres environ, une lande do-minée par la Callune hébergeait : Rho-dodendron ferrugineum, Vaccinium myrtillus, V. uliginosum, Cytisus oro-mediterraneus, Genista anglica, Rosa

pendulina, Sorbus aucuparia, Daphne mezereum, Polystichum lonchitis, Athy-rium filix-femina, Gymnocarpium dryopteris, Lycopodium clavatum, Po-lygonatum verticillatum, Luzula nu-tans, Veratrum lobelianum, Dactylor-hiza maculata, D. viridis, Gymnadenia conopsea, Pseudorchis albida, An-thoxanthum odoratum, Deschampsia flexuosa, Festuca eskia, Angelica razu-lii, Conopodium majus, Meum atha-manticum, Adenostyles alliariae, Arni-ca montana, Crepis lampsanoides, Hieracium pallidiflorum, H. pilosella, H. umbellatum, Homogyne alpina, Prenanthes purpurea, Senecio adonidi-folius, S. pyrenaicus, Solidago virgau-rea, Coincya cheiranthos, Jasione montana, Stellaria holostea, Knautia maxima, Lotus corniculatus, Gentiana acaulis, G. burseri, Hypericum macu-latum, Armeria arenaria, Polygala vulgaris, Anemone nemorosa, Pulsatil-la alpina subsp. apiifolia, Trollius eu-ropaeus, Potentilla erecta, Cruciata glabra, Galium pinetorum, Thesium pyrenaicum, Linaria repens, etc. Les forêts Les forêts de pins à crochets, essence dominante, presque exclusive, des fo-rêts climaciques subalpines des Pyré-nées, occupent une place importante dans le secteur oriental du massif, entre 1700 et 2450 mètres, en particulier en Cerdagne et Capcir. Espèce à vocation pionnière d’une grande amplitude éco-logique on les rencontre sur les sols les plus divers, dès l’étage montagnard en mélange avec le Pin sylvestre, avec alors des phénomènes d’introgression, et généralement seul à l’étage subalpin. Lors de notre séjour les pineraies ont été notées en particulier lors des excur-sions sur les massifs du Madres, du Carlit (petits lacs sous les Bouillouses) et au roc d’Aude vers le lac de Balcère. Il s’agissait essentiellement de pine-raies à flore acidiphile, associée en ubac au Rhododendron, c’est là que la forêt est la plus dense et aussi la plus riche floristiquement, tandis qu’en sou-lane elle est accompagnée par les Ge-névriers et le Raisin d’ours. Sur les soulanes (= adrets) les pineraies sèches de Pin à crochets sur sol sili-ceux supportent la sécheresse estivale et les très basses températures qu’en-traîne un déneigement précoce. Outre le faciès à Genévrier il est possible de noter des peuplements avec le Genêt purgatif et aux altitudes les plus éle-

Loiseleuria procumbens (L ) Desvaux - Azalea procumbens L. C’est un sous-arbrisseau à tiges ligneu-ses disposées en espaliers plaqués au sol, avec des rameaux étalés ou légère-ment redressés garnis de petites feuil-les opposées et rapprochées, ovales, coriaces, épaisses, marquées par un sillon central, vertes sur les deux faces. Les petites fleurs roses, dressées sur des pédicelles courts, s’épanouissent en petits groupes de 2 à 6 fleurs en juin-juillet. Le calice à 5 divisions lancéo-lées est plus court que la corolle qui est découpée jusqu’au milieu en 5 lo-bes étalés en étoile ou légèrement ren-versés vers l’extérieur, autour des 5 étamines et du pistil. Le fruit est une capsule ovoïde de 3 mm. de haut envi-ron. Distribution pyrénéenne : espèce typi-que des landes rases qui s’établissent à la limite des étages subalpin et alpin, sur les versants exposés à l’action vio-lente des vents, qui, outre leur action mécanique propre, décapent le man-teau neigeux hivernal, laissent les plantes sans protection, soumises à des conditions de vie extrêmement sévè-res ; centre et est de la chaîne à partir de la Haute-Garonne et de l’Aragon oriental. Aire : régions froides et hautes monta-gnes de l’hémisphère nord.

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vées la présence de la Myrtille des ma-rais. On y rencontre avec Pinus uncina-ta et en fonction des faciès : Pinus syl-vestris, Betula pendula, Juniperus communsis, J. sibirica, Cytisus orome-diterraneus, Arctostaphylos uva-ursi subsp. crassifolius, Calluna vulgaris, Vaccinium myrtillus, Veronica offici-nalis, Linaria repens, Senecio adonidi-folius, Melampyrum pratense, Hiera-cium gr. murorum, Deschampsia flexuosa, Viola riviniana, Luzula nivea, Lathyrus linifolius subsp. montanus, Cruciata glabra, Agrostis capillaris, Festuca eskia, Conopodium majus, Eryngium bourgatii, Jasione laevis, Dianthus deltoides, Prunella hastifolia, etc.. En ombrée (=ubac) et au subalpin moyen le Pin à crochets sera accompa-gné du Rhododendron et du Sorbier des oiseleurs, la Myrtille sera égale-ment présente. D’autres faciès sont fonctions de l’altitude, le Pin pourra être accompagné du Sapin dans les zones les plus basses sur les versants les plus humides, de l’Airelle des ma-rais au subalpin supérieur et, dans les zones les plus élevées, exposées au vent violent et au froid intense, il ac-compagnera la lande à Azalée naine (Loiseleuria procumbens) et à Camari-ne (Empetrum hermaphroditum). Dans la forêt de Pins à crochets de Lli-via (secteur des Bouillouses) ont pu être notées les espèces ci-après : Ajuga pyramidalis, Arnica montana, Calluna vulgaris, Conopodium majus, Festuca paniculata subsp. paniculata, Genista anglica, Gentiana acaulis,.G. pyrenai-ca, Homogyne alpina, Jasione laevis subsp. Laevis, Luzula nutans, Meum athamanticum, Phleum pratense, Plan-tago monosperma, Potentilla erecta, Prenanthes purpurea, Pseudorchis albida subsp. albida, Pulsatilla alpina subsp. apiifolia, Sorbus aucuparia, Trifolium alpinum, Vaccinium myrtil-lus, Veratrum lobelianum, Veronica officinalis, Viola riviniana. On note donc dans ce relevé nombre d’espèces des pelouses et landes voisines, té-moins de la reconquête de la forêt sur les espaces ouverts. Les éboulis et les rochers : Les groupements d’éboulis ont une grande extension dans les montagnes siliceuses, en particulier à la base des crêtes schisteuses. Dans les Pyrénées orientales on rencontre notamment un groupement original, riche en endémi-

ques, qui colonise les pierriers siliceux et les éboulis schisteux et qui a pu être observé au Puigmal. Les pierriers siliceux à gros blocs abri-tent une association « caractérisée par l’un des plus beaux ornements de la flore pyrénéenne, un Séneçon vigou-reux, sous-arbrisseau au feuillage soyeux, blanc de neige, surmonté d’une hampe à capitules jaune-d’or : le Sene-cio leucophyllus….Le Senecietum leu-cophyllae introduit une note étrange, presque africaine, dans la désolante nudité des hauts sommets ruiniformes, et sous ce ciel limpide, rappelle un peuplement de Cineraire, image de végétation méditerranéenne ». Avec le Séneçon on commencera à rencontrer le rare Xatardia scabra, «Ombellifère volumineuse, trapue et grasse, presque acaule, à souche puissante, localisée sur quelques crêtes élevées… » (Braun-Blanquet), espèce sans adaptation xéro-phile visible qui s’associe parfois au Senecietum leucophyllae. Dans ces zones nous avons notées en particu-lier : Senecio leucophyllus, Xatardia scabra, Poa cenisia, Erysimum seip-kae, Iberis sempervirens, Arenaria grandiflora, Minuartia recurva, Sédum alpestre, Veronica fruticulosa, etc. Dans les éboulis schisteux à grains plus fins on a pu observer des éléments de l’association à Iberis spatulatha avec en outre Papaver lapeyrousianum, Ranunculus parnassifolius, Pritzelago alpina, Epilobium anagallidifolium, Galium cometorhizon, Galium pyrenai-cum, Galeopsis pyrenaica, Saxifraga exarata subsp. moschata, Viola diver-sifolia, Myosotis corsicana subsp. py-renaearum. Sur les rochers schisteux, dominants les éboulis, notamment au SW du Petit Puigmal de Segre, ont été notés vers 2700 mètres : Androsace carnea, Pri-mula latifolia, Saxifraga pubescens, S. bryoides, Biscutella pyrenaica et quel-ques touffes du rare Cerastium pyre-naicum dans les anfractuosités des schistes. Sur des falaises au dessus de Porté Puymorens, vers el castell dels moros à 1780 mètres, on a relevé Asplenium septentrionale, Campanula rotundifo-lia, Deschampsia flexuosa, Festuca eskia, Jasione montana, Minuartia laricifolia subsp. diomedis, Plantago holosteum, Sedum brevifolium, S. hir-

sutum, Senecio adonidifolius, Silene rupestris, Solidago virgaurea, Spergu-la morisonii. Dans les éboulis du bas de pente Dryopteris oreades a été noté. Au roc d’Aude, vers le mont Llaret des blocs rocheux abritaient un certains nombre de fougères : Dryopteris car-thusiana, D. filix-mas, Polystichum lonchitis, Athyrium distentifolium, Cys-topteris fragilis, Gymnocarpium dryop-teris qu’accompagnait notamment Saxifraga geranioides.

Cerastium pyrenaicum Gay. Clé : Espèce vivace, pistil à 5 styles, capsule à 10 dents, feuilles ovales, pétales dépassant largement les sépa-les. Description détaillée : Les tiges souterraines allongées, rami-fiées, émettent des tiges aériennes courtes (15 cm. au plus), redressées, munies de feuilles ovales assez larges, rapprochées, densément couvertes de poils droits, non crépus. Les fleurs solitaires ou en petit nombre, s’épa-nouissent de juillet à septembre. Les pétales échancrés en cœur sont ciliés à la base, ainsi que les étamines ; les sépales lancéolés velus, à bordure membraneuse étroite, sont dépassés par les pétales. Le fruit oblong, droit, est un peu plus long que le calice. Aire : endémique des Pyrénées.

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Pelouses et rocailles Différentes formes de pelouses acidi-philes ont pu être reconnue sur les iti-néraires parcourus, leur répartition outre l’altitude, est fonction des contraintes d’exposition, de pente, d’humidité et de la nature des sols. Leur surface est très variable, et peu parfois être très réduite. Ont été noté : Pelouses à Gispet (Festuca eskia), pou-vant se présenter sous une forme en gradin ou bien fermée. Cette Fétuque est caractérisée par des feuilles très dures, piquantes et glissantes, elle a été régulièrement observée. Parmi les es-pèces qui l’accompagnent ont été no-tées : Veronica fruticans, Campanula ficaroides, Phyteuma hemisphaericum, Trifolium alpinum, Silene rupestris, Festuca rubra, Gentiana acaulis, Co-nopodium majus, Epikeros pyrenaeus, Meum athamanthicum, Ranunculus pyrenaeus, etc. Pelouses à Nard (Nardus stricta), soit mésophile (Nardaie sèche), en particu-lier sur les pentes du Roc d’Aude et du Madres, soit humide (Nardaie humide) notamment vers les lacs dans le secteur des Bouillouses. Dans les Nardaies sèches on a noté Carex caryophyllea, C. ovalis, Luzula multiflora, Phleum alpinum, P. pratense, Antennaria dioi-ca, Hieracium lactucella, Leontodon pyrenaicus, Silene rupestris, Trifolium alpinum, T. repens, Lotus corniculatus, Veronica serpyllifolia, etc. Dans les Nardaies humides outre certaines des espèces ci-dessus on va trouver Epike-ros pyrenaeus, Potentilla erecta, Phy-teuma hemisphaericum, Gentiana ver-na, Trollius europaeus, etc. Pelouses à Alopecurus alpinus (= ge-rardi) et Trifolium alpinum, ce groupe-ment qui peut se rencontrer dans les zones où la neige reste jusqu’au début de l’été n’a pas vraiment été observé, même si l’espèce a pu être notée dans le massif du Madres vers 2310 mètres vers le Pla des Gourgs Pelouses alpines couvrant les hauts massifs siliceux parcourus lors de la session, parfois imbriquées avec la lande à Azalée naine ou à Saules ram-pant et piquetées de rochers affleurants le sol, ou Festuca airoides forme un gazon ras. Ont été noté Botrychium lunaria, Agrostis rupestris, Helitotri-chon sedenense, Oreochloa elegans*, Luzula lutea, L. spicata, Juncus trifi-

dus, Carex curvula*, C. nigra, Pulsa-tilla vernalis, Bupleurum ranunculoi-des, Ranunculus pyrenaeus, Iberis sempervirens, Murbeckiella pinnatifi-da, Cardamine alpina, Draba dubia*, Erysimum seipkae*, Pritzelago alpina, Geum montanum, Potentilla crantzii, Alchemilla saxatilis, Arenaria grandi-flora, Cerastium alpinum, Minuartia recurva, M. sedoides*, Silene acaulis, S. ciliata, S. suecisa, S. rupestris, Se-dum alpestre, Sempervivum montanum, Mucizonia sedoides*, Armeria alpina*, Genista pilosa, Trifolium alpinum, Anthyllis vulneraria subsp. vlunera-rioide, Lotus alpinus, Viola diversifo-lia*, Androsace carnea*, A. vitaliana*, Saxifraga fastigiata*, S. oppositifolia, S. geranioides, S. exarata, S. moschata, S. pentadactylis*, S. pubescens*, Pedi-cularis pyrenaica, Polygonum vivipa-rum, Jasione crispa, Gentiana alpina, G. pyrenaica, G. verna, Gentianella campestris, Plantago monosperma, Linaria alpina, Leontodon pyrenaicum, Antennaria carpatica, A. dioica, Aster alpinus, Erigeron aragonensis, Hiera-cium breviscapum, Leucanthemopsis alpina, Saussurea alpina (Madres), etc. Sur le Madres, un affleurement calcaire à Dryas octopetala et dans des petites dépressions sommitales de Salix pyre-naica et S. herbacea. (* au Puigmal). Les milieux humides Les torrents et leurs abords immédiats hébergent une végétation qui tranche nettement avec celle des milieux envi-ronnants, c’est là que l’on va ren-contrer le Saxifragetum aquaticae, as-sociation endémique des Pyrénées orientales et centrales avec en particu-lier, aux abords du torent Aiguaneix sur le Puigmal : Achillea ptarmica subsp. pyrenaica, Adenostyles alliariae subsp. pyrenaica, Cardamine amara, Cerastium cerastoides, Epilobium alsi-nifolium, Gentiana verna, Imperatoria ostruthium, Leontodon duboisii, Luzula desvauxii, Polygonum bistorta, Poten-tilla crantzii, Primula integrifolia, Saxifraga aquatica, Saxifraga stellaris subsp. robusta, Viola biflora, V. palus-tris. Sur le massif du Madres, en particulier à la naissance du ruisseau de la Coume des Ponteils et sur les tourbières som-mitales du Pla des Gourgs ont été no-tées Carex echinata, C. nigra, Erio-phorom polystachion, E. vaginatum, Trichophorum cespitosum, Juncus fili-

formis, Drosera intermedia, Pinguicula grandiflora, P. vulgaris, Parnassia palustris, Primula integrifolia, Ranun-culus angustifolius, R. aconitifolius, Saxifraga stellaris subsp. robusta, Bartsia alpina, Viola palustris, accom-pagnées en périphèrie par Salix lappo-num, S. repens. Vers le col de Puymaurens, non loin du lac de l’Estanyol, en bordure de ruisse-lets, outre certaines des espèces ci-dessus on a pu observer Carex curta, Juncus alpinarticulatus, Luzula sudeti-ca, Narthecium ossifragum, Cirsium palustre, Cardamine amara, Drosera rotundifolia, etc. Ce compte rendu est bien incomplet puisque nombre d’espèces rencontrées et non des moindres n’y sont pas men-tionnées, c’est le cas de Lilium pyre-naicum qui à plusieurs reprises et en particulier dans les mégaphorbiaies a pu être observé avec les Aconits et le cortège habituel de ces milieux. Cette région des Pyrénées est particu-lièrement riche et nous aurons plaisir à y revenir, ne serait ce que pour appro-fondir la connaissance de certaines espèces et pouvoir différencier Mi-nuartia verna de M. recurva, dont Flo-ra Iberica indique qu'en haute monta-gne on peut observer des formes parti-culières, quelques unes convergeant vers M. recurva… Jean-Claude BOUZAT Les vertus de Loiseleuria procumbens (d ‘après Émile) Pendant le stage d’été dans les Pyrénées Orienta-les remarquablement encadré par Jean-Claude Bouzat et Josette Argaud, nous avons été, non moins remarquablement guidés par Emile Ar-gaud (mari de notre accompagnatrice locale). Et c’est lui qui nous a confié la recette de sa potion miracle contre les calculs rénaux : Faire bouillir une grosse poignée de Loiseleuria dans ½ litre d’eau pendant 5 minutes. Filtrer et boire la tisane. Ne pas jeter les plantes et recommencer l’opéra-tion mais cette fois en maintenant à ébullition pendant 10 minutes. La troisième et dernière fois, il faut 15 minutes d’ébullition. Il faut donc boire 1 litre et demi de tisane de plus en plus concentrée (et donc de plus en plus amè-re) au cours d’une même journée. Loiseleuria procumbens(L.)Desv. est, en catalan, appelée Trenque (prononcez trinque) pedre ce qui pourrait se traduire par casse-pierres, en raison de ses propriétés. Cette plante n’est malheureusement pas commer-cialisée par les herboristes. Il vous faudra donc récolter vous-mêmes les rameaux terminaux fleuris (la meilleure période de cueillette se situe fin juin) sur les versants nord entre 2000 et 2500 mètres d’altitude. Bonne récolte ! Catherine Salles

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Bulletin de la SBV - 20 - n°15 - mai 2005

Xatardia scabra (Lapeyrouse ) Meissner. « La monotonie minérale apparente des croupes schisteuses et des éboulis bruns qui croulent depuis les hautes crêtes des Pyrénées catalanes réserve pourtant des rencontres de choix. L’u-ne des plus inattendues est la découver-te d’un peuplement de cette ombellifè-re naine et trapue qui surnage dans la marée mouvante des plaques de schis-tes. Le limbe des feuilles, vert Véronèse, trois fois divisé, et dont les lobes com-me les nervures sont rudes au toucher ( scabres ) , a un aspect qui rappelle d’autres ombellifères et lui vaut son nom catalan, Julivert d’isard ( Persil d’isard ).Les pétioles des feuilles sou-vent enfouis dans l’éboulis se dilatent à la base en une large gaine striée, em-brassante, teintée de rouge violacé dans la partie qui émerge à la lumière. La tige engoncée dans les gaines des feuil-les, porte une ombelle à rayons très inégaux, épais, couronnés par des om-bellules denses de fleurs blanc- verdâ-tre à étamines crème, accompagnées par un involucre de bractées étroites, caduques. Au cours de la fructification la tige s’élève, ainsi que les rayons de l’ombelle, sans excéder une hauteur de 25 cm. Les fruits ovoïdes assez gros, à côtes épaisses, sont surmontés par les styles persistants rabattus. A la suite d’un collet qui traduit par ses stries et son infléchissement l’accroissement de la plante qui lutte contre l’épaississe-ment de l’éboulis, un enracinement puissant plonge sous la couverture pierreuse dans la partie profonde qui emmagasine les éléments fins et les réserves d’humidité indispensables. La plante a été dédiée au botaniste ca-talan Pagès-Xatard (1774-1846 ) phar-macien à Prats de Mollo, qui la récolta pour la première fois vers le col de Nuria.ll collabora avec Lapeyrouse, et lui fit part de ses découvertes. La-peyrouse appela la plante Selinum sca-brum. Meissner créa le genre particu-lier Xatardia. Distribution pyrénéenne : éboulis schisteux et calcaires ( espèce caracté-ristique de ces milieux ) aux étages subalpin et alpin de la partie orientale de la chaîne. Aire : endémique des Pyrénées.

C’est une plante vivace assez remarquable, qui rappelle en réduction (30 cm. au plus), le Seneçon Cinéraire des jardins de rocail-le. Le rhizome, entouré par les débris des anciennes feuilles, donne naissance à des rosettes de feuilles pétiolées couvertes sur les deux faces d’un feutrage très dense blanc de neige, à limbe profondément dé-coupé en segments eux-mêmes^dentés ou lobés. La tige florifère munie de quelques feuilles à segments un peu plus étroits, est elle aussi revêtue de blanc pur avec, à son sommet, un corymbe dense composé de capitules jaunes d’or qui s’épanouissent de juin à août. Les fleurs en tube et les fleurs à ligule, ces dernières en petit nombre (5-8), sont entourées par un involucre blanc laineux. Les fruits couverts de petits poils sont surmontés d’une aigrette de soies disposées sur plusieurs rangs. Aire : Massif Central (Mézenc, où nous l’avons vu en juin 2004), Pyrénées cata-lanes et ariégeoises).

Senecio leucophyllus De Candolle.

http://perso.wanadoo.fr/argaud/botanique/index.html Herbier virtuel des Pyrénées orientales: ~ 460 espèces. Josette Argaud ; liens photos : J ;Dexheimer. ( Index par espèces noms latins- Photo-graphies- Liens vers d’autres sites inté-ressants- Scanners de plantes fraîches- Agrandissement d’images possible- Brève description de l’espèce ).

Dessins et leurs commentaires sont ex-traits de « La grande flore illustrée des Pyrénées » par Marcel Saule – Ed. Milan – 2002. sauf Eryngium bourgatii de « les Pyrénées » C. Dendaletche ( Ed. Delachaux - Niestlé )

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Bulletin de la SBV - 21 - n°15 - mai 2005

Plantes envahissantes de la région méditerranéenne. Cette présentation a été assurée par Sarah Brunel, chargée de mission « plantes envahissantes » pour le Conservatoire Botanique National Mé-diterranéen de Porquerolles le mardi 22 février 2005 lors de la réunion men-suelle. Une plante envahissante est par défini-tion une « espèce exotique naturalisée dans un territoire qui modifie la com-position, la structure et le fonctionne-ment des écosystèmes naturels ou semi-naturels dans lesquels elle se propa-ge » (Cronq et Fuller, 1995). Une plante sur mille deviendrait enva-hissante selon une règle établie par Williamson. Les invasions biologiques sont unani-mement reconnues comme un réel pro-blème à l’échelle mondiale. Les orga-nisations internationales et les gouver-nements se mobilisent autour de ce phénomène, considéré comme l’une des grandes causes de perte de diversi-té biologique. Il n’existe pas de « profil type » pour les plantes envahissantes. Celles-ci présentent des traits biologiques très variés. Elles ont souvent une croissan-ce rapide ; des modes de reproduction sexuée ou végétative très actifs. Elles sont ,par ailleurs, très compétitives et résistantes. Souvent, leur caractère envahissant ne se révèle qu’a la suite d’une phase de latence de plusieurs dizaines d’années après leur introduc-tion. Les plantes envahissantes se caractéri-sent en fait par les nuisances qu’elles génèrent sur l’environnement, sur les activités humaines, sur la santé ou en-core sur les paysages. Elles entrent en compétition avec les espèces autochto-nes et peuvent concurrencer ou mena-ces des espèces rares, protégées ou à forte valeur patrimoniale. Par leur pro-lifération, elles modifient également les écosystèmes et peuvent, en conséquen-ce, perturber la faune sauvage. Les modifications du milieu qu’elles entraî-nent peuvent avoir des répercussions sur le pastoralisme en diminuant la valeur fourragère des pâtures, ou sur la circulation de l’eau en milieu humide. Elles peuvent également devenir des pestes pour les cultures et diminuer les rendements agricoles. Quelques espè-

ces posent des problèmes de santé pu-blique ; qu’elles soient allergisantes, urticantes ou encore photosensibilisan-tes. Les habitats naturels soumis à des per-turbations d’origine naturelle (incendie, éruption volcanique, crues) et surtout artificielle ( déforestation, mise à nue de la terre, surpâturage) sont généralement les plus sensibles aux invasions végétales. En région méditerranéenne 15 espèces ont perçues comme les plus envahis-santes (voir liste jointe). Après enquêtes auprès des gestionnai-res d’espaces naturels et de milieux aquatiques (Agence Régionale pour l’Environnement en PACA et l’Agence Méditerranéenne de l’Environnement en Languedoc-Roussillon- avec le concours du Conservatoire Botanique National Méditerranéen de Porquerol-les) un programme a été mis en place, à la charnière entre le monde des scienti-fiques et le monde des professionnels -analyses de terrain à l’aide d’observa-teurs, synthèse des connaissances -expérimentation des méthodes d’ac-tion, de contrôle des espèces envahis-santes (diverses techniques peuvent être envisagées depuis des mesures de précaution jusqu’à des mesures de contrôle mécanique, chimique ou bio-logique). Ces plantes, modèles de productivité, d’adaptation et de résistance, sont sou-vent vendues dans le commerce. Elles présentent d’indéniables qualités orne-mentales. Elles servent parfois à végé-taliser talus, bords de routes et autres lieux incultes. Il sera nécessaire de collaborer de manière accrue avec les organisations professionnelles pour trouver des espèces de substitution répondant aux besoins des consomma-teurs et s’affranchissant des nuisances liées aux invasions. Ainsi, il sera possi-ble de transformer en atout ce qui au-rait pu être considéré comme un frein à la croissance économique d’une filière professionnelle. Tous les problèmes évoqués ci-dessus ont fait l’objet d’un débat avec les so-ciétaires présents. Un guide a été élaboré. La version pa-pier étant épuisée car il a été largement diffusé, le texte intégral reste accessi-ble en ligne sur le site www.ame-lr.org

Liste des plantes envahissantes de la région méditerranéenne (15 fiches) Acacia dealbata Link.-Fabacées-Mimosa d’hiver. Ailanthus altissima(Miller) Swingle-Simaroubacées-Faux-vernis du Japon. Ambrosia artemisiifolia L.-Astéracées-Ambroisie à feuille d’armoise. Amorpha fruticosa L.-Fabacées-Faux-indigo. Baccharis halimifolia L.-Astéracées-Séneçon en arbre. Buddleeja davidii Franchet-Buddlejacées-Buddleia ou arbre aux papillons. Carpobrotus acinaciformis(L.) L.Bolus Carpobrotus edulis(L.)N.E.Br.-Aizoacées-Griffes de sorcière. Cortaderia selloana(Schultes) Asch.et Graebner-Poacées-Herbe de la pampa. Impatiens glandulifera Royle-Balsaminacées-Balsamine de l’Hima-laya. Lippia canescens Knnth-Verbenacées-Lippia. Ludwigia grandiflora(Michaux) Greu-ter& Burdet Ludwigia peploides(Knuth) P.H. Raven- Onagracées-Jussies. Opuntia spp.-Cactacées-Oponces ou Figuiers de Barbarie. Reynoutria japonica Houtt. Reynoutria sachalinensis(Friedrich Schmidt Petrop.) Nakai-Polygonacées- Renouée du Japon et Renouée de Sak-haline. Robinia pseudoacacia L.-Fabacées-Robinier faux-acacia. Senecio inaequedens DC.-Astéracées-Séneçon du Cap. Encore une envahissante… ! Sous le titre « une peste végétale à combat-tre »,le Courrier de la Nature n° 214-juillet-aout 2004, envisage le cas de Phytolacca decandra L.( le raisin d’Amérique) qui envahit la forêt de Fontainebleau, générant des dangers pour les herbivores( sa toxicité est égale à celle du buis) et ayant la pro-priété de fermer les biotopes. Le seul remède envisagé est l’arrachage soigneux…les bénévoles sont sollicités !

Botanique Générale (comptes-rendus M. Graille)

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Bulletin de la SBV - 22 - n°15 - mai 2005

Week-end dans les Baronnies (22 et 23 mai 2004)

1-Le Devès de Nyons. Herborisation dans la matinée au som-met du Devès. Le détail peut se retrouver dans un article antérieur de « Terres d’Eygues » n° 33- pages 25 à 36 « Ballade floristique sur le Devès de Nyons » par Michel Bernardeau, Jean Laurent, Marie-Hélène Le Roux, Jean-Louis Rochas et Vally Laget pour les noms provençaux. Document illustré d’un 4 pages cou-leurs et accompagné d’une bibliogra-phie. Présentation géologique, géographique et historique. Plantes de la chênaie verte Plantes de la garrigue et des rocailles . Plantes des terrasses. Quelques plantes de l’étage collinéen.

2-Vallée de l’Eygues- plusieurs sta-tions. A retenir deux plantes protégées régio-nales Biscutella valentina L. subsp. pyrenai-ca ( A. Huet) Grau & Klingenberg et Biscutella cichoriifolia Loisel

3 Montagne du Raton. A retenir deux plantes protégées -nationale Orchis spitzelii Sauter ex Koch subsp. spitzelii, deux pieds fleuris vers 1220 m. sur terrain marneux humide. -régionale Ephedra nebrodensis Guss. sur crête, vers 1400 m. Les relevés botaniques exhaustifs de ces deux journées ont été dressés par Jean-Claude Bouzat. Biodiversité. Début juillet 2004, la Société botani-que de France a organisé une session sur le site riche en histoire du Mont-Cenis. Lors de l’exploration de la com-be de Cléry, toute proche du col du Mont-Cenis à plus de 2000 m. d’altitu-de, les botanistes ont découvert une plante non encore signalée d’un bout à l’autre de l’arc alpin : la laîche des glaciers (Carex glacialis).Cette discrè-te plante herbacée n’était connue que dans les régions proches du cercle arc-tique. Il s’agit d’une découverte excep-tionnelle, le recensement d’une nouvel-le espèce dans les Alpes étant un fait rarissime. Il s’agit d’une plante réfu-giée après la dernière glaciation il y a

12.000 ans. Elle rejoint la douzaine d’espèces protégées déjà inventoriée dans la combe de Cléry et les autres pentes dans le secteur de la Turra à l’ouest du col du Mont-Cenis. Le milieu est malheureusement mis en danger par un projet de construction de huit remontées mécaniques !! Informatisation des collections L’informatisation des collections scientifi-ques est une priorité des muséums. En ré-gion PACA, cette tâche, qui s’étend sur plusieurs années, a été initiée avec des logi-ciels différents. Au niveau national, ce sont les herbiers qui ont été choisis pour être les pionniers en faveur d’une homogénéisation de l’infor-matisation des données. Le Muséum natio-nal d’histoire naturelle propose d’utiliser la base SONNERAT pour rassembler les informations (planches, types nomenclatu-raux, fruits, bois,..). Cette base déjà utilisée à Paris permet la constitution d’un catalo-gue avec l’attribution d’un numéro d’inven-taire aux parts. L’ensemble des données sont consultables sur Internet et permet ainsi une large diffusion des informations auprès des chercheurs. Trois musées en France informatisent déjà leurs collections sous SONNERAT : Le Muséum de Clermont-Ferrand, le Conser-vatoire de Nancy et l’Institut botanique de Montpellier. Dix institutions sont détentrices d’herbiers en région PACA, ce qui correspond à un total de 1,5 million de spécimens environ. (d’après « Actualités- Muséums de la ré-gion PACA -n° 10-Automne-Hiver 2004).

Arabidopsis thaliana

Une lignée mutante de cette plante favorite des généticiens (« hothead ») ne respecte pas les lois de la génétique ? Selon une étude américaine publiée dans la revue « Nature »,ce végétal disposerait d’un mécanisme de réparation de ses muta-tions fondé non sur l’ADN mais sur une sorte de copie cachée et ancestrale de ce phénomène (ARN « crypté »).Le caractère mutant disparaîtrait à la 3 ème génération dans 10% des cas. Des critiques de cette étude évoquent des mécanismes de chimèrisme déjà observés chez certaines plantes ornementales. A suivre… Mares temporaires

Le Courrier de la Nature n° 212- mai-juin 2004 signale le bilan en préparation du programme « mares temporaires » de Life-Nature. Ces milieux sont en régression constante car méconnus du public et très sensibles aux changements environnemen-taux Ils hébergent des espèces rares et protégées telles que Ranunculus laterifolius DC.( vue en Ardèche lors d’une sortie de la SBV et Marsilea strigosa (la marsilée pubescen-te),espèce méditerranéenne de fougère amphibie. Ambroisie

Il faut signaler le très complet « Dossier d’information- Guide méthodologique » -La lutte contre l’ambroisie- diffusé par la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales de Vaucluse.Il peut être téléchargé sur le site : www.ambroisie.info

Institution Ville Herbiers princi-paux

Nombre de spécimens

Informatisés %

Musée Requien Avignon Requien De loiseleur-

Deslongchamps

450000 1280 0,3

MNH Aix- en-Provence

Dughi Reynier

Jahandiez Quezel

422000 18000 4,2

MHN Nice Vallot Barla

Salanon

250000 20000 8

Université Aix-Marseille I

Marseille Castagne Contandriopou-

los Peunel

Metzger

150000 20000 13,3

MHN Marseille Legre Mercurin

150000 0 0

Harmas de Fabre

Sérignan du Comtat

Fabre 20000 3500 17,5

Université Aix-MarseilleII

Marseille Huvé Verlaque

Boudouresque Berner

20000 5000 25

MHN Toulon Albert Lamar

Jacquart

18900 100 0,5

Total 1480000 67880 4,5

Les planches de l’Harmas sont accessibles sur le site : www.mnhn.fr

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Bulletin de la SBV - 23 - n°15 - mai 2005

Un aperçu de nos activités au sein des manifestations à

caractères botaniques de la région PACA

La SBV, comme vous l'avez vu dans le programme, participe aux journées "Plantes rares et jardins naturels " à Sérignan. Elles se sont déroulées les 17et 18 avril 2004. Une bonne dizaine d'adhé-rents se sont mobilisés pour mettre en place une superbe exposition de plantes fleuries du moment, 170 au total. L'ex-position a été très appréciée par le public. A l'occasion de cette 4ième participation nous avons décidé de réaliser 5 affi-ches (70x120cm) à thèmes: Le Mont Ventoux Les Monts de Vaucluse La garrigue Les sables siliceux et les ocres Les milieux humides Pour cela nous avons réuni des diaposi-tives, des photographies de nos adhé-rents et effectué une sélection pour composer nos planches. Au départ nous ne pensions pas que ce serait aus-si laborieux et coûteux, nous y sommes arrivés et le résultat est très convenable (bien sûr il y a mieux !mais nous ne sommes pas des "pros ") Notre participation ne s'arrête pas là, nous avons encadré 4 sorties sur le sentier botanique au cours desquelles se sont noués de bons contacts. Je remercie toutes les personnes pour leur active participation et conseille vivement à tous les adhérents (nouveaux surtout) de s'intégrer à cette manifestation un moyen sur et efficace pour découvrir la flore du Vaucluse, c'est ainsi que les membres fondateurs de la SBV ont progressé… En octobre les 9/10 /11 à Châteaure-nard, département limitrophe, nous avons présenté, sur le thème " Fruits de l'automne ", 200 espèces botani-ques avec leurs fruits aux côtés de la Société mycologique du Vaucluse. Les dates correspondant avec la Fête de la Science, le lundi nous avons ac-cueilli les classes primaires et se-condaires avec leurs enseignants. La récolte, la mise en place, l'encadre-ment ont été accomplis par un petit groupe très dynamique qui a soif de connaissance et qui aime le faire parta-ger et tout cela dans un esprit de convi-

vialité venez ,n'hésitez pas la prochai-ne fois … Une 3ième manifestation non prévue dans le programme s'est ajoutée en cours d'année. La mairie d'Avignon, par son adjoint délégué à l'environnement, monsieur François Leleu, nous a sollicité pour participer à la semaine "Fête de l'Ar-bre "du 2 au 6 novembre2004. "Fête de l'arbre" - oui, mais en autom-ne où l'on risque de n'avoir que des arbres défeuillés ! ( difficile alors d'identifier). Après une concertation avec les membres du bureau nous avons opté pour une exposition des arbres à feuilles persistantes (conifères, fagacées,etc.) et la présentation d’un diaporama .Ainsi décidé et proposé, nous avons réalisé pour notre plus grande joie une exposition de 110 es-pèces botaniques à feuilles persistantes mais aussi à feuilles caduques( les conditions climatiques nous l'ont per-mis) dans le péristyle de l'hôtel de vil-le, une magnifique salle d'exposition bien éclairée mais malheureusement située au premier étage ! Le vendredi était réservé aux scolaires et leurs enseignants, avec ateliers et visites adaptées, tandis que le samedi était ouvert à tout public. La récolte, la mise en place, l'encadrement, le diapo-rama ont nécessité la collaboration d'une dizaine de personnes. L’absence de signalisation appropriée au rez-de-chaussée a probablement perturbé la fréquentation de l’exposi-tion, la proximité de la salle des maria-ges pour la projection du diaporama le samedi après-midi a donné lieu à quel-ques difficultés. Malgré cela il s’est trouvé, parmi le public, un couple particulièrement at-tentif et qui nous a laissé un témoigna-ge bien sympathique de son passage : “ We were so delighted to see this ex-cellent display of the flora of Vaucluse and to find that –traditional Botany- is still flourishing in France. In English schools and colleges the emphasis is all on plant physiology! Philip and Susan Cheetham- Canter-bury- England”. En soirée, nous avons pu assister à une conférence sur les « allergies aux pol-lens, en particulier celles engendrées par la famille des cupressacées » du Dr. Autran. Une documentation très complète a été distribuée.

Chers amis adhérents vous qui êtes peut être loin d'Avignon, peu disponi-ble, je tenais à vous dire tout cela, la SBV ne se repose pas sur ses "lauriers". Huguette ANDRE S’instruire à Salagon - extraits Musée Départemental Ethnologique- Prieuré de Salagon 604300 MANE Tel. 0492757050 - Fax. 0492757058 [email protected]. www.musee-de-salagon.com Dimanche 22 Mai : 14 h. à 17 h.- Stage animé par Dorothy Dore, botaniste à Salagon. Initiation à la botanique- Niveau 1. De la loupe binoculaire aux usages traditionnels : reconnaissance de quel-ques familles de plantes présentes au-tour du Prieuré, à cette saison. Réalisa-tion d’un herbier de la flore utile en Haute-Provence. Samedi 4 Juin : 11 h.- Conférence ani-mée par Pierre Lieutaghi, ethnobotanis-te. L’évolution des milieux boisés en Haute-Provence. La diversité des plantes ligneuses est plus élevée en région méditerranéenne que dans le reste de l’Europe. Depuis plus de 7000 ans, les sociétés humaines ont profondément modifié le visage primitif de ce couvert végétal aux mul-tiples potentialités. De nos jours, la fin de l’économie rura-le traditionnelle fait que le paysage végétal méditerranéen se modifie rapi-dement, au point d’amorcer un retour vers des états antérieurs à l’histoire. Cela ne va pas sans conséquences bio-logiques, ni sans enjeux sociaux d’im-portance et nous fait nous interroger sur son devenir en un temps où la crise de l’environnement oblige à réfléchir sur une nouvelle gestion des milieux forestiers. 15 h.- Table ronde scientifique sur le thème de « L’arbre et l’homme ». Dimanche 2 Octobre : 14 h. à 17 h.- Stage animé par François Tessari, res-ponsable des jardins à Salagon. Initiation à la botanique- Niveau 2.

Informations

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Bulletin de la SBV - 24 - n°15 - mai 2005

Flora alpina1 Il s'agit là d'un monument de la science botanique, tant par son ampleur que par son contenu, réalisé par des botanistes de renom avec le concours de nom-breux spécialistes au nombre desquels sont cités notamment A. Charpin, L.Garaud, B. Girerd, D.Jordan pour la France et après consultation d'une mul-titude de documents originaux parmi lesquels 16 Flores dont certaines nous sont familières (Coste, Fournier, Pi-gnattti). C'est le premier ouvrage consacré à la Flore de l'arc alpin dans son ensemble, arc alpin qui sur une surface de 170 000 kilomètres carrés concerne, à des degrés divers, 7 pays : Allemagne, Autriche, France, Italie, Liechtenstein, Slovénie, Suisse et mê-me une petite partie de la Hongrie. Les limites de la dition ont été établies avec précision. Ainsi, pour la France, si seul le département des Hautes Alpes (05) figure dans sa totalité, 8 autres départements sont partiellement repré-sentés : il s'agit des Alpes de haute Provence (04), des Alpes maritimes (06), de la Drôme (26), de l'Isère (38), des deux Savoies (73-74), du Var (83) et du Vaucluse (84), la petite portion de ce dernier département excluant toutefois le Lubéron et le Plateau de Vaucluse. L'ouvrage veut représenter une synthèse des connaissances botani-ques acquises depuis le 19° siècle concernant environ 4500 plantes vas-culaires illustrées par près de 5900 photographies (ou parfois croquis) d'excellente qualité. Si l'on définit un taxon comme étant une unité systématique de rang quel-conque, Flora alpina mentionne 4491 taxons soit le tiers environ des plantes de notre continent européen. Ces diffé-rents taxons s'articulent comme suit : 148 familles 933 genres 33 agrégats (dans les genres Alchemil-la, Amaranthus, Aster, Hieracium, Leucanthemum, Potentilla, Ranuncu-lus, Rubus, Rumex, Taraxacum )

4028 espèces 430 sous espèces. Pour chacune des espèces étudiées, une fiche indique, après le nom scientifi-que accepté, selon les règles du Code International de Nomenclature (Greutner et al. , 2000), le basionyme (un basionyme est un synonyme por-tant l'épithète spécifique originale transférée à un autre genre) et les syno-nymes ainsi que les noms communs les plus répandus en français, allemand, italien, slovaque et parfois anglais. Chaque fiche comporte une carte de répartition selon les subdivisions admi-nistratives présentes dans la dition (districts, Länder, départements, pro-vinces ou cantons selon les pays). En outre, d'autres régions hors de l'arc alpin, mais faisant cependant partie du "système alpin" ne sont pas oubliées, c'est le cas, pour la France, du Jura, du Massif Central, des Pyrénées, des Vos-ges et de la Corse. Pour ces régions, chaque fiche indique seulement la pré-sence ou l'absence de la plante considé-rée. Les fiches donnent en outre des indications, sous forme de code, concernant la biologie, la phénologie, la chorologie (espèces endémiques, xénophytes ou indigènes), l'écologie et également la phytosociologie (basée sur le synsystème des Alpes de Theu-rillat et al., 1995). Et, en regard des fiches figurent des photos, voire des schémas, d'excellente qualité. Du fait de la couverture géographique transfrontalière de Flora alpina , les auteurs ont veillé à ce que chaque fiche soit indépendante des langues utilisées dans les différents pays de la dition, d'où l'emploi de codes parfois fasti-dieux à lire au premier abord. Pour la même raison et également pour ne pas alourdir encore cet ouvrage, on ne trou-vera pas dans Flora alpina de descrip-tions morphologiques ni de clés de détermination , ni non plus d'indica-tions sur la cytologie -nombres chro-mosomiques-, l'ethnobotanique, la toxicité ou les degrés de menaces, ru-briques pour lesquelles les auteurs ren-

voient aux flores nationales, régionales ou spécialisées, listes rouges, arrêtés législatifs etc…Ces manques peuvent paraître regrettables pour les botanistes de terrain pour lesquels Flora alpina ne constituera qu'un complément , cer-tes très utile, voire indispensable, à d'autres flores plus classiques. A ce sujet, on ne peut s'empêcher de compa-rer cet ouvrage avec Flora helvetica dont la présentation, dans un format un peu moindre, est proche de celle de Flora alpina, ce qui n 'a rien de surpre-nant puisque l'un de ses auteurs (K.Lauber) est coauteur de Flora alpi-na. C'est aussi pour cela que dans les deux ouvrages figurent des photos identiques au format près. Et Flora helvetica comporte comme nous le savons, des descriptions morphologi-ques et une clé de détermination an-nexée.

Christian Grosclaude

1 Ouvrage réalisé dans le cadre du Conser-vatoire et Jardins botaniques de la Ville de Genève (CJBG) par D. Aeschimann, K. Lauber, D.M. Moser et J.P. Theurillat ., avec le concours de nombreux autres bota-nistes. Trois volumes totalisant plus de 2600 pages, dont la version française est disponible aux éditions Belin (prix : 190 €).

Des publications récentes pour se repérer dans

l’Histoire de la Botanique 1) Les botanistes et la flore de Fran-ce: trois siècles de découvertes par Benoît Dayrat Dans le dernier numéro de ce bulletin, était signalée la parution en 2003 sous la houlette du Muséum national d’His-toire naturelle, dans la collection Ar-chives de ce gros livre - 690 pages ! -de Benoît Dayrat ; l’auteur est un ma-lacologiste (= spécialiste des Mollus-ques Gastéropodes! ) averti, post doc-torant dans sa spécialité en Californie ; il s’est pris aussi de passion pour ces botanistes qui depuis des siècles ont arpenté le territoire français pour étu

Approfondir les connaissances en découvrant l’anatomie simplifiée des plantes à fleurs, le vocabulaire botanique usuel, les méthodes de détermination et les usages de la flore en France. Samedi 15 Octobre : dans le cadre de la Fête de la Science- Conférence animée par Pascal Luccioni, Maître de conférences. Le latin de mon jardin Le latin est la langue officielle des botanistes depuis plus de 300 ans. Mais quel sont les grands traits de cette « langue » artificielle qu’est le latin botanique ?Après avoir donné quelques exemples de sa puissance d’évocation en s’inspirant des plantes présentes dans les jardins de Salagon, P.Luccioni s’attachera à parler des origines historiques du latin et essaiera surtout de nous faire com-prendre la formation des noms.

Notes de lecture

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Bulletin de la SBV - 25 - n°15 - mai 2005

dier les plantes composant sa couvertu-re végétale et a écrit ce livre en même temps qu’il préparait sa thèse. À partir d’une liste d’espèces valides de la Flore de France présente dans Flora Europaea, et dans l’Index syno-nymique de Michel Kerguelen, l’auteur a sélectionné les premiers botanistes qui les ont découverts et a rédigé leurs biographies, abondamment renseignées Par exemple, nous voyons ainsi évo-quer en plein “âge d’or de la Botani-que” le souvenir de Joseph, Xavier, Bénézet Guérin (1775-1850), auteur d’Asplenium petrarchae, et celui d’Es-prit Requien (1788-1851) auteur no-tamment d’Euphorbia corsica. Bien loin de la botanique, Benoît Dayrat n’hésite pas à citer une lettre virulente de Mérimée à son ami Requien à pro-pos du projet de destruction des rem-parts d’Avignon pour construire le chemin de fer. L’attachement qu’il porte à ces grands anciens transparaît dans son écriture chaleureuse et se communique au lecteur, surtout lorsque celui-ci a déjà tant soit peu fréquenté les bibliothèques sur la piste de vieux botanistes parfois oubliés. Après un avant-propos où l’auteur ex-pose sa méthode, vient une Introduc-tion générale qui survole l’histoire de la discipline et mentionne les botanis-tes pré linnéens depuis le renouveau de la botanique en Europe au XV° et au XVIe° siècle jusqu’à la dynastie des Jussieu. Ensuite, le corps du livre se divise en quatre chapitres correspondant à qua-tre grandes périodes de la découverte de la flore de France après Linné, 1) la transition linnéenne (1753-1790), 2) l’âge d’or (1790-1850), 3) vers les grandes flores (1850-1920) 4) la systématique fine (de 1920 à nos jours) Dans la Conclusion l’auteur explicite bien ses intentions ; il veut aller au-delà des destins individuels, où il a essayé à la fois de cerner la valeur de l’oeuvre scientifique, mais aussi la personnalité de chaque botaniste évo-qué;il veut le replacer dans le contexte des idées de l’époque et de la commu-nauté botaniste. Ainsi l’oeuvre d’A-lexandre Boreau (1803-1875), auteur d’une Flore du Centre de la France ne peut être comprise sans l’évocation de son réseau impressionnant de corres-pondants. De même, li est nécessaire d’expliquer l’importance politique

d’un homme tel que Jacques Gay (1786-1864) dans la création de la Société botanique de France. Bref à partir de ces relations humaines, il veut contribuer à l’écriture de l’histoire de la découverte de la biodiversité. Le livre se termine par les outils habi-tuels qui permettent de naviguer dans cette banque imposante de données jusqu’alors éparpillées dans diverses publications plus ou moins confiden-tielles: Liste des espèces valides par auteur, liste des illustrations, index des noms cités (on y retrouvera quelques noms connus des adhérents de la SBV !), Index général et Bibliographie 2) Le Journal de Botanique de la Société Botanique de France Seuls les sociétaires le reçoivent, mais on peut le consulter à la bibliothèque de la Société Botanique du Vaucluse; on peut aussi se le procurer auprès du trésorier de la SBF, notre ami Rémy Sornicle 6, bd Jeanne d’Arc 45600 Sully-sur-Loire. Vient de paraître la dernière partie d’u-ne série de cinq articles ayant pour thème une Bibliographie sélective des Flores de France ; en réalité, c’est plutôt une base de données réalisée par André Charpin et Gérard-Guy Aymo-nin, suivant la progression ci-dessous: N°10 Bibliographie sélective des Flo-res de France nationales, régionales et départementales p.3 à 80 suivie de : Les Sessions extraordinaires de la So-ciété botanique de France (SBF) et de la Société botanique du Centre -Ouest (S.B.C.O.) p.81 à 88. Ce numéro 10 tout entier consacré au sujet est paru en juin 1999 On trouvera la suite de cette Bibliogra-phie sélective des Flores de France sous forme de Notices biographiques sur les auteurs cités dans les numéros 20, Décembre 2002 (partie II, A-C), p.65-104; numéro 21, Mars 2003 (partie III, D-I), p. 49-88; numéro 25, Mars 2004 (partie IV J-0), p.49-86; numéro 27, Septembre 2004 (partie V, P-Z), suivie de Compléments. p.47-87. Le critère de choix des anciens botanis-tes, tous décédés, est la publication

d’une Flore, d’un catalogue, d’un in-ventaire concernant tout ou partie du territoire français; ont été ainsi rédi-gées près de 880 notices, toujours assez courtes, mais suffisantes pour décrire le parcours et les activités du floriste; les sources d’informations sont indi-quées en notes. C’est une approche simple, bien diffé-rente par son écriture et sa densité de celles du livre de Benoît Dayrat, aussi rigoureuse par ailleurs. La liste des auteurs est d’ailleurs bien différente. Les deux productions se complètent donc heureusement ; ce sont deux ou-tils indispensables pour qui veut dé-marrer une approche historique de la découverte de la flore et de la végéta-tion d’un territoire donné de la métro-pole. En particulier l’approche dépar-tementale dans le numéro 10 est pré-cieuse, car elle peut être utilisée si l’on prépare un voyage ou si l’on veut véri-fier d’anciennes données. De même la liste des anciennes sessions, 131 pour la SBF, 27 pour la SBCO facilite une approche à la fois synthétique et détail-lée d’un territoire précis. 3) Histoire de la Botanique par Joëlle Magnin -Gonze. Éditions Delachaux et Niestlé -Septembre 2004-240 pages. 210 pages, c’est un peu étroit pour lo-ger toute l’histoire de la Botanique depuis l’Antiquité jusqu’aux années 1900 ainsi que de nombreuses illustra-tions. Lorsque l’auteur a présenté der-nièrement son livre à Continent Sciences, l’excellente émission scienti-fique de Stéphane Deligeorges sur France Culture, on sentait qu’elle avait du se limiter et qu’elle le déplorait; d’autant plus qu’elle ne réduit pas la botanique à la seule floristique mais qu’elle essaie de décrire pour le lecteur la construction progressive, au 19°siècle en particulier, d’une botanique moderne qui va se différencier en de nombreuses disciplines spécialisées, fort bien recensées dans le détail par René Georges Delpech dans un récent message sur Tela Botanica. L’entreprise de décrire une Histoire de la Botanique en Français est méritante; il était devenu très difficile de se pro-curer un ouvrage ancien traitant du sujet; il est loin le temps où Gaston Bonnier incluait dans son cours de Bo-tanique des pages consacrées à cette Histoire; en son temps, nous avions

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Bulletin de la SBV - 26 - n°15 - mai 2005

utilisé pour aborder ce sujet les quatre tomes d’une volumineuse Histoire Générale des Sciences publiée en 1961 aux Presses Universitaires de France, par René Taton coordonnant de nom-breux auteurs. Il fallait alors mettre bout à bout les chapitres dispersés dans les différents volumes traitant du sujet et ce n’était pas toujours commode. On dispose donc maintenant, sous une forme pratique, d’un ouvrage moderne, une compilation, comme le nomme fort modestement l’auteur, Conservatrice de la bibliothèque des Musée et Jardins botanique du canton de Vaud (Suisse), et qui a ce titre est en contact quotidien avec les livres, parfois fort anciens écrits par les auteurs qu’elle présente. Une courte introduction précède neufs chapitres, à savoir, l’Antiquité, le Moyen Age, les XIVe˚ et XVe˚siècles, le XVIe°siècle, le XVIIe°siècle (1623-1694); les quatre derniers chapitres traitent du XVIIIe°siècle (première moitié :1694-1753; deuxième moitié 1753-1809), et du XIXe°siècle (première moitié :1809-1851; deuxiè-me moitié : 1851-1912). A partir du 18°siècle , on voit ainsi apparaître progressivement les acteurs de la Botanique classificatrice, de la nomenclature binomiale, de la recon-naissance des sexes chez les plantes; la classification naturelle se précise ainsi que la construction intellectuelle de la botanique évolutionniste; vient la connaissance de plus en plus précise des fonctions biologiques végétales , nutrition, photosynthèse, reproduction, respiration, jusqu’à la découverte de la génétique et de ses développements, qui vont chambouler les classifica-tions. Cet ouvrage permet aussi de per-cevoir la circulation internationale des idées; tout le monde a entendu parler de l’oeuvre capitale de Linné et de l’importance des idées de Jussieu, de Lamarck et de Darwin, des découvertes de Mendel; peu connaissent les travaux scientifiques d’Eduard Strasburger (1844-1912) professeur à Iéna et à Bonn; il a décrit le premier le proces-sus de fécondation chez les Phanéroga-mes en 1884, et il sera un des premiers à pressentir le rôle essentiel du noyau cellulaire dans l’hérédité. Bibliographie et index divers à la fin de l’ouvrage: l’Index des noms de per-sonnes est riche de 300 noms environ.

Enfin un outil intellectuel que person-nellement j’apprécie beaucoup lors-qu’il existe, et que je me suis souvent construit lorsqu’il est absent: une chro-nologie détaillée de -500 avant Jésus-Christ, jusqu’en 1900 permet par un jeu de couleurs de relier visuellement des événements majeurs et des décou-vertes importantes, aux personnages évoqués dans les chapitres précédents. Ce livre met donc en appétit pour aborder plus en détail telle ou telle question de l’histoire de la discipline. Le titre de la collection auquel il appar-tient “Les références du naturaliste” suffira à indiquer qu’il a sa place dans la bibliothèque de l’amateur comme du spécialiste.

Le Courrier de l’environnement de l’I.N.R.A. “Irrégulomadaire”, bulletin de liaison de la Mission Environnement et Société de l’INRA, âgé maintenant de dix-huit ans, c’est une revue envoyée gratuitement à toute personne intéressée qui en fait la demande écrite à INRA ME&S, 147 rue de l’Université , 75338 Paris cedex07. Elle parait 3 fois par an, mais il ne faut pas se cacher que sa survie dépend toujours de la générosité des finances publiques. Le Courrier tire à 13000 exemplaires ; il se prolonge par un site Internet très intéres-sant www.inra.fr/dpenv. Dans le numéro 51 Février 2004 Analyse environnementale des accords de Luxembourg. Xavier Poux L’environnement en grandes cultures Jean Luc Brochu et al. Cheptel piscicole et milieu aquatique Alexandre Brun. J Michel Pinet Les enjeux de la production de blé biologi-que. Christophe David et al. Parler des animaux: une rhétorique furtive. Hubert Vincent. etc.... Même si le botaniste pur et dur ne semble apparemment pas trouver son compte dans ce sommaire, les pages de rubriques peu-vent à chaque fois être l’objet d’un butina-ge efficace. Dans ce numéro, au hasard je cite ma récolte rapide: dans “On en parle encore”, l’opinion d’un garde forestier des Alpes maritimes sur la gestion du retour du loup et le problème du pastoralisme en montagne; dans “on signa-le Livres, “mention du livre de Lucile Al-lorge” La fabuleuse odyssée des plantes” J.C.Lattés et de celui d’Hervé le Guyader” Classification et évolution” , 124 pages aux éditions Le Pommier, 239 rue St Jacques, 75005 Paris; dans “Rapports compte rendus

thèses”, Les ripisylves méditerranéennes” compte rendu des journées de Sarrians (84) revue Forêt méditerranéenne 24 (3) en sep-tembre 2003. Plus de 45 revues en rapport avec l’envi-ronnement y sont recensées, ainsi qu’une vingtaine de documents divers, plaquettes brochures, cédérom; signalons les 15 fiches décrivant des plantes envahissantes de la région méditerranéenne, dans Plantes enva-hissantes...2003 coed.AME-AREPACA. Sur les pages de couverture, présentation d’un animal protégé, en danger certain , et qui dans notre région a fréquenté les gené-vriers de la prairie du Mont Serein où il thermorégulait au soleil, la Vipère d’Orsi-ni. Numéro 52 Septembre 2004 Des contributions sur des problèmes qui peuvent nous préoccuper : Les pommiers transgéniques résistants à la tavelure Gaétan Vanloqueren et Philippe V.Baret Éléments en trace dans les sols et nos ali-ments par Michel Mench et Denis Baize. À lire absolument un témoignage de Bruno Latour, sociologue des sciences « C’est la fin de l’insouciance du progrès « article de Y. Miserey paru dans le Figaro en août 2004 qui nous montre qu’on ne peut plus être aveuglément optimiste sur les progrès scientifiques et qu’il est nécessaire pour des sociétés évoluées comme les nôtres de débattre du bien fondé de telle ou telle avancée en vue de choix raisonnés.( OGM par exemple) Dans un autre domaine une étude de la consommation traditionnelle des châtaignes au XXe°siècle en Ille et Vilaine par Samuel Perrichon. On appréciera diversement l’humour des « Râleries d’un promeneur solidaire » de Jean Pierre Nicol, observations sur la dé-gradation de la campagne issues de prome-nades pédestres en Brie et à l’entour, facile-ment transférables en d’autres régions » omniprésence des déchets, chemins en défonce, haies massacrées à l’épareuse, etc. Et puis les rubriques habituelles, livres, revues, colloques, etc.…où chacun peut pêcher ce qui l’intéresse. En couverture Cerambyx cerdo, le Grand Capricorne longicorne , à la fois « trésor de la biodiversité ou ravageur forestier ma-jeur ». À signaler tout de même qu’on peut recy-cler le papier de la collection de Courrier de l’Environnement pour la remplacer par le cédérom des Cinquante premiers numé-ros (Prix 50 euros + 5 euros de frais de port) qui tiendra moins de place dans la maison.

Jean-Pierre JACOB

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Bulletin de la SBV - 27 - n°15 - mai 2005

Introduction à la botanique Georges Ducreux - 256p - 20€ - Belin 2004

Cet ouvrage d’initiation écrit pour les étudiants de Deug-Licence dans la col-lection Belin Sup Sciences est une ou-verture pour qui est plutôt familier avec la botanique descriptive, car il aborde le sujet à la lumière des décou-vertes du siècle précédent( le XXè-me ! ) qui ont renouvelées notre vision du végétal. Avant d’approfondir on apprécie la clarté de la présentation, des schémas, des tableaux, du vocabu-laire, et les sous chapitres qui introdui-sent une réflexion historique ou éco-nomique. Un outil pour aller plus loin, pour mieux communiquer avec la re-cherche de pointe, et pour éclairer une meilleure perception de la biosphère dont notre monde actuel doit prendre de plus en plus conscience. Atlas en couleurs Structure des plantes B.G.Bowes- Trad. L.Gauthier –192p.- 45€ - Inra Editions

Les schémas de l’ouvrage précédent m’amènent a rappeler cet atlas consa-cré aux plantes vasculaires dont la des-cription précise et les schémas sont illustrés de très belles images, du végé-tal à la coupe histologique ce qui per-met la liaison avec le réel.

Jean Virolleaud

Bibliographie Arbres et Arbustes du Ventoux Bernard Girerd Photographies d’Olivier Madon et Ber-nard Girerd (111 photos ) Préface de Pierre Lieutaghi Index des noms scientifiques, français, provençaux.

Le Ventoux est une montagne mythi-que. Il a attiré, fasciné et inspiré tout un monde, depuis les admirateurs les plus modestes jusqu’aux personnages les plus célèbres. Cet attrait est essen-tiellement dû à sa position géographi-que exceptionnelle ; nul ne peut l’aper-cevoir, en parcourant la vallée du Rhô-ne et la Provence, sans être saisi d’une envie irrésistible de le gravir. Indéniablement, la végétation qui le recouvre sur ses deux versants consti-tue son aspect le plus attrayant. Le pas-sage progressif d’une végétation médi-terranéenne à une végétation monta-gnarde est spectaculaire, de même que les plantes alpines intercalées dans les

pierrailles des crêtes supérieures sont surprenantes et inattendues. Dans le but de s’initier facilement à la connaissance de la végétation du Ven-toux, ce petit manuel décrit de façon la plus simple possible tous les arbres et arbustes de plus de 1 m. de haut, natu-rels ou essences forestières introduites ( en particulier les conifères ), que l’on peut rencontrer dans le massif ( près de 150 espèces ).

En rassemblant ici à propos des plan-tes ligneuses les chroniques à la fois vivantes et précises parues sous sa plu-me dans les « Carnets du Ventoux «, Bernard Girerd offre un compagnon précieux au randonneur de cette monta-gne

Editions Alain Barthélemy- 127 pages- 2004- Prix : 20 Euros. Le livre des Arbres, Arbustes et Arbrisseaux Pierre Lieutaghi

Avant- propos à la nouvelle édition. Lexique des termes techniques. Clef générale d’identification- Flore simplifiée de tous les arbres, arbustes, arbrisseaux et principaux sous-arbrisseaux spontanés, naturalisés ou communément cultivés et des principa-les espèces ligneuses d’ Europe Occi-dentale. Bibliographie. Index des termes médicaux, index gé-néral. Table révisée des noms botaniques, Table des noms français. Illustrations : dessins de l’édition origi-nale complétés et scanners.

Edité pour la première fois en 1969, Le Livre des arbres, arbustes et arbris-seaux,qui associait l’étendue et la ri-gueur de l’information à une forme accessible à un large public, œuvre de botanique et d’ethnobotanique mais aussi tentative d’écriture, était vite ap-paru comme la plus riche synthèse de langue française en son domaine. Flore descriptive avec clefs d’identifi-cation de toutes les plantes ligneuses de France (région méditerranéenne comprise) et des pays de l’Europe moyenne, développant au besoin des points intéressants de leur biologie, de leur écologie ou de leur distribution, l’ouvrage traite simultanément des principaux aspects de leur rencontre avec les sociétés, dans l’histoire com-me de nos jours : emplois artisanaux et industriels, usages médicinaux et ali-mentaires, « folklore », croyances et

symboles.

Devenu l’un des ouvrages les plus re-cherchés de l’édition naturaliste fran-çaise de l’après-guerre, il est enfin ré-édité.

Prix du Conseil de la Société botanique de France en 1971, ce livre reste un texte de référence pour quiconque s’in-téresse aux plantes ligneuses de nos climats, en un temps où leur devenir ne va plus de soi, où il convient de re-considérer le futur des arbres avec les meilleurs repères possibles.

Ed. Actes Sud-2004-1322 pages- Prix : 29 Euros. A la découverte de la flore du Haut-Languedoc. Philippe Durand- François Livet- Jac-ques Salabert. Constituant la pointe sud-ouest du Massif Central, le Haut-Languedoc accueille une flore riche qui témoigne de ses influences climatiques atlanti-ques et méditerranéennes et de la di-versité des paysages qu’elles compo-sent ( Montagne Noire, Sidobre, Monts de Lacaune, Somail, Caroux-Espinouse, vallées du Jaur et de l’Orb, Minervois, Faugérois, Monts d’Orb…). Guide conçu pour l’amateur de botani-que, mais aussi pour le touriste curieux de découvrir la végétation de la région, ce livre a été réalisé par des botanistes passionnés et reconnus qui offrent à un large public les résultats de plusieurs milliers d’heures d’herborisation. 400 espèces végétales sont ainsi décrites par un texte apportant les principales informations (Caractères botaniques, dates de floraison, écologie) ; elles sont illustrées par une riche iconographie et par des dessins techniques au trait d’u-ne très grande précision. Les espèces sont groupées en fonction des milieux naturels où l’on peut les rencontrer, ce qui facilite l’identification des végé-taux généralement associés dans cha-que station. Et s’il désire davantage d’informations, le lecteur trouvera plu-sieurs relevés floristiques complets pour chaque milieu naturel présenté. Amateurs, spécialistes ou néophytes, chacun prendra plaisir à parcourir cet ouvrage, véritable invitation à décou-vrir le monde si riche des plantes et la nature préservée du Haut-Languedoc. Ed. du Rouergue / Parc régional du Haut-Languedoc-2004- 383 pages- 30,50 Euros.

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Bulletin de la SBV - 28 - n°15 - mai 2005

Parutions Prodrome des végétations de France. Nombreux auteurs:Jacques Bardat et suivants dont René Delpech. Publications Scientifiques – Muséum national d’Histoire naturelle – 2004 - 171 pages – 21 Euros. Poa de France, Belgique et Suisse. Robert Portal – 2005- 44,8 Euros port compris chez l’auteur. Les orchidées sauvages de France grandeur nature. Textes et photos de Rémy Souche. Ed. Les Créations du Pélican- 2004. Dictionnaire des arbres et arbustes. Ed. Larousse- 2004. Va paraître prochainement : « Un amour d’orchidée : le mariage de la fleur et de l’insecte » Aline Raynal-Roques, Albert Rogue-nant, Yves Sell. (Aline Raynal-Roques est l’auteur du livre « La botanique redécouverte »). L’herbier voyageur Histoire des fruits,légumes et épices du monde. Michelle Jeanguyot et Martin Seguier-Gris.Ed. Plume de Carotte- Toulouse- 2004- 30 Euros

L’herbier du monde. 5 siècles d’aventures et de passions botaniques au Muséum national d’his-toire naturelle. Les 350 documents, pour la plupart inédits, sont choisis parmi les huit millions d’échantillons du musée. Ed. L’Iconoclaste- 240 p.- avec le concours du laboratoire Fabre- 63 Euros.

Le coin de la poésie

Si comme moi, étant enfant, vous avez lu « les fleurs de la petite Ida » (Hans Chris-tian Andersen), vous savez depuis ce temps que si les fleurs se fanent, c’est que passant leurs nuits au bal, elles sont fatiguées d’a-voir trop dansé et la fatigue ça influe sur le teint. Enfant, cette explication me ravit, et il m’arrive encore aujourd’hui, en enlevant une fleur fanée, de lui murmurer : « il ne fallait pas tant danser ». Mais voilà maintenant je sais qu’au grand bal du printemps les fleurs ne font pas que danser, ce sont des ensorceleuses ne son-geant qu’a attirer, qu’a capturer des gour-mands, des gourmandes de tous les plai-sirs : abeilles, bourdons,oiseaux…qui aux pièges suaves qu’elles leur ont préparé ne peuvent résister. Ainsi, non contente d’of-frir au bourdon son labelle ventru et velou-té, la perfide orchidée apifera l’attire im-manquablement en diffusant dans l’air un parfum en tout point semblable à celui de l’abeille ; notre gros bourdon, fou de désir, se rue sur la belle mais hélas en pure perte, ses ardeurs resteront insatisfaites ; et mal-gré cet échec notre pauvre mâle frustré, coiffé désormais de deux pollinies,va de nouveau vers un autre leurre tenter de prou-ver qu’il est un vrai mâle… ! « Et quoi me direz-vous ? ,vous ne m’ap-prenez rien que je ne sache déjà, tout cela ne sont que des stratégies pour assurer la survie de l’espèce, pas de quoi fouetter un chat » Oui, vous avez raison, mais c’est sans compter sur le poète, le rêveur, celui qui voit les choses autrement et pourtant telles qu’elles sont. Alors si vous voulez vous plonger dans « les jupons enroulés d’une rose », « la minceur d’une primevère », « l’ombre violacée d’un muscari » ou vous griser de l’humeur créole d’une passiflore et ne vous commettre qu’avec une reine païenne, alors plongez-vous dans « L’amour au jardin » de Jean-Pierre Otte, poète et grand observateur de la nature, publié aux éditions Phébus (1995) et que j’ai trouvé à la librairie de la Chartreuse de Villeneuve les Avignon. Vous pourrez, le temps d’une lecture, être à la fois, la fleur qui pour son amant a préparé mille recettes de séduction, et cet amant fou qui n’hésite pas à « expirer dans les ténèbres serrées, chaudes et humides »…

Claire Ventrillard

Errance botanique en pays vellave (La Grosse Roche) Enveloppés de vent et de vastes horizons Des botanistes* ont perçu l'ample frisson Du sommet où chaque regard s'est perdu Dans un vaste lointain qui met à nu L'Ail de la victoire a conquis nos rêves Et les Sceaux de Salomon, revenants bibli-ques, S'inclinaient devant la beauté magique Qui semblait murmurer sans trêve : "Ô vieux Terriens, prenez votre temps !" René Char nous nomme des "entr'appelants" Quel écho mystérieux tentions-nous de capter Á travers les floraisons fugitives ? Quel message subliminal se dessinait, Parmi nos multiples perceptions intuitives, En filigrane, sur le Chant du Monde. La hampe enflammée de la Digitale Les casques ensoleillés du Tue-Loup Les Lis martagon à la fierté verticale Les mini grelots du Petit Muguet un peu fou Et les gouttes de sang de Rosa alpina Symphonie aux senteurs de rude climat ! Quel vulnéraire embaumé de vent Sur toi Grosse Roche a don d'apaisement ? Don d'apaisement Á tes pieds, des souliers timides de respect Ont épargné Pinguicule et frêle Parnassie Toutes deux, sur coussin de Sphaignes, tapies Timides de respect. Mais, ô passager solidement chaussé, sais-tu Que tu provoques un véritable tremblement de terre Le sais-tu ? En failles qui ouvrent naissance à la graine solitaire Depuis si longtemps par les autres étouffée Chacun son temps et sa destinée … "Tu es ce que je fus, tu seras ce que je suis" Grince le portail de Fay sur Lignon… Echo du Chant du Monde ?

Odette Mandron Septembre 2004

* de la Société Botanique du Vaucluse : sortie du 26 Juin 2004.