Bulletin juin 2013 reduced media - Cahiers naturalistes...

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BNE BULLETIN Nº 12 — juin 2013 — page 1 Juin 2013 Berry Nature Environnement Bulletin de liaison Numéro 12 — juin 2013 enfer est souvent pavé de bonnes intentions. Ce vieil adage va-t-il s’appliquer aux éoliennes ? La recherche d’énergies renouvelables dans un contexte de réchauement climatique a fait exploser dans cette dernière décennie les installations de champs éoliens. Outre les nuisances sonores et paysagères, anti et pro-éoliennes se déchirent sur la dangerosité de celles-ci à l’égard de la faune et en particulier des oiseaux et des chiroptères. Malgré la diculté à évaluer le nombre des victimes, due en particulier à la consommation rapide des cadavres par les renards et autres petits carnivores, les chires des premières études tombent et sont alarmants. A Zeebruges en Belgique, chaque turbine tue en moyenne 39 oiseaux par an. En Californie, 1500 à 2300 aigles royaux ont été tués en 20 ans. En Espagne, de 6 à 18 millions d’oiseaux et de chauves-souris seraient tués chaque année par celles-ci. Quand ils ne regardent pas en l’air, les biologistes parcourent le terrain pour récupérer les carcasses de vautours fauves et d’aigles ibériques entre autres. “ Une pale peut couper un vautour fauve en deux et il m’est arrivé de voir des bêtes décapitées ” explique Marc Bechard du Department of Biology de la Boise State University, scientifique de la station biologique de Doñana. Les éoliennes semblent bien des « tueuses d’oiseaux » mais encore très loin derrière les autres causes de mortalité. Selon la revue « Nature », aux États-Unis en une année, 1 milliard d’oiseaux meurent de prédation par les chats, un autre milliard par les baies vitrées et les immeubles éclairés, 175 millions par les câbles électriques et 90 millions par les pesticides à comparer aux 440.000 par collision avec les éoliennes. Cette mortalité qui vient s’ajouter aux autres causes est bien sûr préoccupante, compte tenu de la situation déjà précaire de nombreuses espèces. Toutefois quelques solutions se dégagent, comme l’augmentation des seuils de vitesse du vent pour la mise en marche des éoliennes dans des conditions où les chauves-souris sortent moins, et la surveillance des couloirs de migration avec arrêt temporaire des installations. Le débat sur les éoliennes n’est donc pas terminé, et la réduction de leur impact sur la faune demeure une priorité. 2 Protection de la faune 3 L’asphodèle 4 Rapport moral 4 Rapport d’activité 2012 6 Le jardin dormant de St Chartier Les éoliennes semblent bien des « tueuses d’oiseaux » mais encore très loin derrière les autres causes de mortalité. EDITORIAL LA CHAVOCHE L’ PROCHAINE SORTIES Dimanche 16 juin devant l’église de Maillet, à 9 h (Oiseaux nicheurs) et devant l’église de Bouesse, à 14 h (Découverte des libellules) BNE Siège social : « Les Grandes Bordes » 36400 LA CHATRE 02 54 06 02 64 E-mail : [email protected] http://cahiersnaturalistes.free.fr/bne/index.htm Patrick Baron — 02 54 06 02 64 Vianney Berger — 02 54 48 19 97 Alain Pellier — 02 54 31 10 78 BRÈVES NATURE Nouveau : nous vous invitons à nous envoyer des anecdotes, curiosités, photos etc. sur la faune et la flore à inclure dans nos bulletins. Voici un exemple, tiré d’un site étranger Pour effrayer les oiseaux dont ils envahissent les nids, les coucous ont développé un plumage qui leur donne une apparence de faucon. Ces oiseaux sont des parasites de couvée : après la ponte d'un œuf dans le nid d'un autre oiseau, ils le quittent, confiants que leur poussin sera pris en charge. Une étude a démontré qu’une espèce hôte, la fauvette des roseaux, est moins susceptible d'attaquer les coucous qui ressemblent à des faucons et cela aide les oiseaux parasites à pondre leurs œufs plus tranquillement. La similitude visible entre coucous et éperviers était déjà évidente, mais cette étude est la première à démontrer l'effet qu’a la supercherie sur le couple hôte. Dans une autre expérience, on a observé que les mésanges charbonnières et bleues avaient tout aussi peur des coucous que des éperviers.

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BNE BULLETIN Nº 12 — juin 2013 — page 1

Juin 2013

Berry Nature Environnement

Bulletin de liaison

Numéro 12 — juin 2013

enfer est souvent pavé de bonnes intentions. Ce vieil adage va-t-il s’appliquer aux éoliennes ? La recherche d’énergies renouvelables dans un contexte de réchauffement

climatique a fait exploser dans cette dernière décennie les installations de champs éoliens. Outre les nuisances sonores et paysagères, anti et pro-éoliennes se déchirent sur la dangerosité de celles-ci à l’égard de la faune et en particulier des oiseaux et des chiroptères.

Malgré la difficulté à évaluer le nombre des victimes, due en particulier à la consommation rapide des cadavres par les renards et autres petits carnivores, les chiffres des premières études tombent et sont alarmants. A Zeebruges en Belgique, chaque turbine tue en moyenne 39 oiseaux par an. En Californie, 1500 à 2300 aigles royaux ont été tués en 20 ans. En Espagne, de 6 à 18 millions d’oiseaux et de chauves-souris seraient tués chaque année par celles-ci. Quand ils ne regardent pas en l’air, les biologistes parcourent le terrain pour récupérer les carcasses de vautours fauves et d’aigles ibériques entre autres.

“ Une pale peut couper un vautour fauve en deux et il m’est arrivé de voir des bêtes décapitées ” explique Marc Bechard du Department of Biology de la Boise State University, scientifique de la station biologique de Doñana.

Les éoliennes semblent bien des « tueuses d’oiseaux » mais encore très loin derrière les autres causes de mortalité. Selon la

revue « Nature », aux États-Unis en une année, 1 milliard d’oiseaux meurent de prédation par les chats, un autre

milliard par les baies vitrées et les immeubles éclairés, 175 millions par les câbles électriques et 90 millions par les pesticides à comparer aux 440.000 par collision avec les éoliennes. Cette mortalité qui vient s’ajouter aux autres causes est bien sûr

préoccupante, compte tenu de la situation déjà précaire de nombreuses espèces. Toutefois quelques

solutions se dégagent, comme l’augmentation des seuils de vitesse du vent pour la mise en marche des éoliennes dans

des conditions où les chauves-souris sortent moins, et la surveillance des couloirs de migration avec arrêt temporaire des installations. Le débat sur les éoliennes n’est donc pas terminé, et la réduction de leur impact sur la faune demeure une priorité.

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2 Protection de la faune3 L’asphodèle4 Rapport moral4 Rapport d’activité 20126 Le jardin dormant de St Chartier

Les éoliennes semblent bien des

« tueuses d’oiseaux » mais encore très loin derrière les

autres causes de mortalité.

EDITORIAL L A C H A V O C H EL’

PROCHAINE SORTIESDimanche 16 juin

devant l’église de Maillet, à 9 h (Oiseaux nicheurs) etdevant l’église de Bouesse, à 14 h (Découverte des

libellules)BNE Siège social   :

« Les Grandes Bordes »  36400 LA CHATRE ☎ 02 54 06 02 64

E-mail   : [email protected]://cahiersnaturalistes.free.fr/bne/index.htm

Patrick Baron — ☎  02  54  06  02  64Vianney Berger — ☎ 02  54  48  19  97 

Alain Pell ier — ☎ 02  54  31  10  78

B R È V E S N A T U R E Nouveau : nous vous invitons à nous envoyer

des anecdotes, curiosités, photos etc. sur la faune et la floreà inclure dans nos bulletins.

Voici un exemple, tiré d’un site étranger

Pour effrayer les oiseaux dont ils envahissent les nids, les coucous ont développé un plumage qui leur donne une apparence de faucon.

Ces oiseaux sont des parasites de couvée : après la ponte d'un œuf dans le nid d'un autre oiseau, ils le quittent, confiants que leur poussin sera pris en charge.

Une étude a démontré qu’une espèce hôte, la fauvette des roseaux, est moins susceptible d'attaquer les coucous qui ressemblent à des faucons et cela aide les oiseaux parasites à pondre leurs œufs plus tranquillement.

La similitude visible entre coucous et éperviers était déjà évidente, mais cette étude est la première à démontrer l'effet qu’a la supercherie sur le couple hôte.

Dans une autre expérience, on a observé que les mésanges charbonnières et bleues avaient tout aussi peur des coucous que des éperviers.

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« Chef ! c’te fois, y sont fins brelots au service de réparation des ponts ! y z’ont fait des trous dans la voûte toute neuve, y a des joints de pierres qu’ont pas été r’bouchés et en plus, y z’ont fait un toboggan pour les lumas !! »

« Non, mais attends, Paulo, faut que j’ t’explique ! c’est pour protéger les petites bêtes ! »

En France, c’est dès 1960 que les premiers passages à faune ont été créés. Ils étaient alors très rares et réservés aux travaux de création d’autoroutes et surtout destinés au passage du grand gibier. Ce n’est que dans les années 80, que l’on va commencer à s’intéresser à la petite faune dans les projets routiers. Et c’est suite au Grenelle de l’environnement, notamment dans sa 3e partie, que l’on va réellement se préoccuper de la protection de la faune et de la flore lors des travaux de construction ou de réparation des ouvrages d’art (ponts ou murs de soutènement). Dorénavant, tout projet de travaux sur un ouvrage lié à un milieu aquatique (rivière, étang, canal ou marais) situé dans une zone classée (Natura 2000, Znieff, Ramsard et autres) sera soumis à un dossier Loi sur l’eau protégeant la faune et la flore. Pour ce faire, la Direction des Territoires demande à un cabinet d’études environnementales d’établir un document d’incidence. C’est une étude qui, après inventaire des espèces présentes sur le site et consultation des banques de données naturalistes, relève toutes les incidences que pourront avoir les travaux sur le biotope et propose des mesures de protection du milieu. Complété par une visite sur les lieux des agents de l’ONEMA (office national des eaux et des milieux aquatiques) la procédure aboutira à l’établissement d’un arrêté préfectoral imposant des mesures de protection de la faune et la flore.

Cet arrêté va imposer des périodes d'interventions, des méthodes de travail respectant l’écosystème (pas de rejets dans les eaux : laitance de ciment, produits polluants, etc.), des mesures de protection et de conservation de la faune et de la flore, une utilisation restreinte d’engins mécaniques dans le lit de la rivière, et une remise en état du site après travaux.

Un autre aspect de ces mesures concerne le respect de la continuité écologique. Dans un précédent article de votre bulletin préféré, Patrick avait évoqué les trames vertes et bleues et les corridors écologiques qui facilitent les échanges entre les différentes zones d’habitat. L’augmentation des infrastructures routières morcelle ces territoires et les études récentes prouvent qu’un grand territoire ou de petits habitats connectés entre eux sont plus favorables à la biodiversité qu’un réseau d’habitats isolés.

Les ponts ont une importance stratégique dans cette continuité ; ils sont le passage privilégié d’un territoire à l’autre. De plus, ils offrent un gîte à de nombreuses espèces. Il convient donc, lors des réparations ou des reconstructions, de faciliter la circulation de la faune et de conserver les nombreux gîtes présents, voire d’en créer de nouveaux.

Et c’est là que l’on retrouve Paulo avec ses trous et son toboggan à lumas !

Autour des ponts, on retrouve souvent les mêmes espèces et pour chacune d’elles on va tenter d’apporter des solutions de sauvegarde.

Les Poissons et autres espèces aquatiques 

Du chabot à la truite, en passant par les goujons et autres salmonidés, leur déplacement est souvent contrarié par la hauteur des seuils ; cette différence de niveau sera donc aplanie par un remblaiement en amont ou en aval, voire par un aménagement du radier de pont. De même, lorsque l'on terrasse dans le cours d'eau, les 10 premiers centimètres de matériaux qui constituent le fond seront stockés puis remis en place à la fin des travaux afin de recréer le lit tel qu’il était auparavant, car c'est dans cette épaisseur que ce concentre la vie.

Mais, comme en toute chose, il faut être modéré dans les modifications : le gestionnaire du pont ne veut peut-être plus voir d’affouillements au pied du pont pour sa stabilité, ou bien le gestionnaire de la rivière (DDT, ONEMA) refuse un seuil pour la remontée des espèces et le pêcheur, quant à lui, désire conserver les trous d’eau et remous pour pratiquer son sport favori.

Les Chiroptères ou Chauves-souris 

Barbastelle d’Europe, Grand Murin, Murin de Bechstein et autres espèces nichent dans les cavités, les joints de pierres ou derrière les corniches en béton. Lors de la reconstruction d’un pont, on va donc créer de nouveaux gîtes artificiels en perçant un trou de 3 cm environ dans les éléments de béton sur lequel un parpaing est retourné et enfoui dans le remplissage du pont. On va ainsi créer une dizaine de refuges par pont.

Un chantier de réparation par rejointoiement des pierres de voûte pose plus de problèmes ; on va au préalable essayer de repérer si des chauves-souris ne nichent pas dans les joints creux. Pour cela on fait appel à des spécialistes qui feront, soit un repérage à la

tombée de la nuit, soit une investigation avec un endoscope (le même que celui utilisé en médecine) pour inspecter les joints. En cas d'occupation, le joint est indiqué à la peinture. Suivant l'importance de la colonie, on laissera un ou plusieurs joints non remplis qui serviront de gîtes.

P R O T E C T I O N D E L A F A U N E L O R SD E T R A V A U X S U R L E S O U V R A G E S

P a s c a lA U D E B E R T

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ui n’a pas remarqué en ce mois de mai, en traversant la forêt de Sainte-Sévère, les bas-côtés

colonisés par une plante élevant vers le ciel sa hampe florale blanche tel un cierge. Sans vous en douter, vous arpentez les Champs Elysées, le lieu de séjour des âmes vertueuses et des héros défunts décrits par Homère dans l’Odyssée comme une « prairie d’asphodèles où les ombres habitent ». C’est pourquoi dans l’antiquité on fleurissait les tombes avec des fleurs d’asphodelos.

Asphodelos en grec, asphodelus alba en latin et asphodèle blanc en français, pour une fois la mémorisation est facile. D’autres noms ont été donnés localement à celle-ci : bâton royal, bâton blanc et poireau de chien, qui est pour ce dernier comme une offense à la belle liliacée.  L’asphodèle blanc est une vivace qui peut atteindre 150 cm, la hampe florale est puissante et la racine en forme de tubercules allongés. Les feuilles sont aiguës, rubanées et sillonnées. La fleuraison intervient de fin avril à juin et les grandes fleurs en étoile donneront des fruits globuleux libérant à maturité les graines.

Outre ses qualités esthétiques, les racines de la plante ont autrefois été utilisées séchées et réduites en poudre pour lutter contre la gale et relieurs et cordonniers

s'en servaient pour faire de la colle.

L’asphodèle est dans notre région une plante commune, voire très commune sur les stations qu’elle affectionne particulièrement (bois, fossés) mais la plante est localisée au plan national : Alpes, Pyrénées, côte atlantique et frange ouest du Massif Central et mérite toute notre attention.

Lors d’une escapade dans le Sud, vous pourrez rencontrer d’autres asphodèles, celles-ci typiquement méditerranéennes.

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L ’ A S P H O D È L EP a t r i c kB A R O NQ

Les Mammifères semi-aquatiques (loutres, ragondins....) La Loutre d'Europe est en phase de recolonisation dans notre région ; plutôt nocturne et discrète elle est fréquemment victime de la circulation routière. Afin de lui faciliter le franchissement du pont par-dessous, et non par-dessus où elle risque de rencontrer un véhicule, un passage va lui être aménagé.

Pour un ouvrage neuf, il existe deux solutions :

• Un aqueduc en buse béton peut être créé dans le remblai du pont. C'est la solution la plus efficace, pour peu que son diamètre soit assez important, au minimum 60 cm. Prévu dès la conception du projet, son coût est très faible.

• Si la configuration des lieux ne s'y prête pas ou que le passage de réseaux (EDF, fibre, eaux potables) l'en empêche, on va créer une banquette sous l'ouvrage. Placée au-dessus du niveau des crues, d'une trentaine de centimètres de large et reliée aux berges par des rampes d'accès, elle est souvent coulée en même temps que le pont.

Dans le cadre de réparations, des éléments préfabriqués, souvent en béton, seront fixés à l'aide d'équerre sur les piédroits du pont. D'un coût plus élevé, ils présentent surtout l'inconvénient de faire obstacle aux branches et autres éléments transportés par la rivière ; de plus leurs raccordements aux berges sont plus aléatoires. Un entonnoir

grillagé placé en amont et aval du pont, complète le dispositif.Le suivi à l'aide de pièges photographiques ou de pièges à empreintes (bac de sable humide placé sur le passage) a permis de constater que de nombreuses autres espèces profitaient du passage à sec et à l'abri des collisions (renards, blaireaux, ragondins, hérissons mais aussi batraciens, reptiles...).

Les Oiseaux Le cincle ou merle d'eau affectionne particulièrement le dessous des ponts pour construire son nid. Si la structure du pont ne le permet pas (absence de poutres ou de rebords), on peut poser des nichoirs ou insérer des tuyaux en béton dans les remblais.

L'instauration de ces mesures de protection est relativement récente et son application est progressive suivant les départements, mais elles représentent une bonne évolution dans les pratiques longtemps réclamées par les associations environnementales.

« Tu vois bien, Paulo, qu'ils ne sont pas si fous que ça ! Tes petits enfants les remercieront ».

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BNE BULLETIN Nº 12 — juin 2013 — page 4

L’an dernier, nous avions évoqué les 10 ans de notre association en présentant un bilan plutôt positif de nos actions. Ce constat ne doit pas occulter une question fondamentale : quel avenir pour BNE dans les 5 prochaines années ?

S’il est bon de regarder le chemin parcouru, on se doit également de prévoir l’avenir et de décider de notre politique future.

Des questions nous sont posées régulièrement : notre association peut-elle être actrice dans les études de dossiers environnementaux telles que les projets d’installation d’éoliennes, se porter partie civile sur des affaires judiciaires en matière de pollution du milieu, intervenir sur des projets portant atteinte à l’environnement…

Bien entendu, notre association n’est pas insensible à tous ce qui est dangereux pour le milieu naturel mais notre structure actuelle ne permet pas de s’engager dans des procédures lourdes sauf en soutien moral d’associations armées pour ce type de combat.

Alors BNE doit-elle évoluer dans cette direction et donc prendre de l’ampleur pour devenir un interlocuteur reconnu en matière d’environnement ? Cet objectif ne peut être atteint qu’avec des structures équivalentes à celles d’une entreprise : direction, salariés, conseil d’administration … autant d’éléments auxquels nous nous sommes toujours refusés. Dès ses débuts BNE a bâti sa force sur son savoir faire : initier et sensibiliser le public à la nature par le biais de sorties de découverte. Cette vulgarisation a été voulue dans un esprit de convivialité qui est notre empreinte et qui ne nuit en rien à la qualité des observations. Les sorties sont ouvertes à tous même si quelquefois l’affluence cause des problèmes d’organisation. Le bénévolat reste également d’actualité et dans l’avenir doit rester un atout pour BNE.

Mais cette ligne directrice dans la politique de notre association ne doit pas toutefois freiner un développement nécessaire à sa pérennité. De nouveaux domaines restent à explorer et nous ne pouvons qu’encourager nos adhérents à s’y intéresser. L’exemple du groupe libellules est exemplaire de ce que peut faire une poignée de bénévoles. La passion de quelques-uns et

un travail de terrain de qualité sont un exemple pour le devenir de BNE. Un appel est d’ailleurs lancé aux adhérents passionnés par un domaine particulier (botanique, amphibiens, … ou des questions environnementales comme la sauvegarde des mares

par exemple), et qui souhaiteraient créer un groupe, nous les informons que notre association est prête à apporter un soutien matériel et financier à leur projet. Ce groupe a d’ailleurs fait de nouveaux émules et participe depuis un an à l’atlas national des odonates avec des

observations tout à fait remarquables pour une structure aussi récente.

Reste toutefois un problème de valorisation des observations. Lors de la mise en place d’atlas nationaux, BNE doit faire transiter ses observations par des acteurs locaux avec tous les risques que cela comporte : perte d’informations, erreur dans la désignation de l’observateur  …

Dans le cadre de l’atlas des odonates, BNE et INDRE NATURE, association coordinatrice pour le département de l’Indre, ont donc décidé de signer une convention que l’on pourrait qualifier de franche et loyale afin d’éviter tout conflit dans la valorisation des données. Ce contrat peut et doit ouvrir la voie à d’autres partenariats.

Notre avenir passe donc par le dynamisme de nos adhérents, un partenariat avec d’autres associations dans le cadre de projets locaux ou nationaux tout en gardant notre indépendance, morale et financière, notre savoir faire et une grande convivialité.

Alors, que ces années à venir soient dans la continuité de la décennie écoulée : de nouveaux projets et des adhérents toujours présents. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues et participent à la réussite de notre association.

Nous tenons encore à remercier tous les membres du bureau qui ne comptent pas leur temps à préparer les expos photos, les panneaux informatifs sur l’association, les comptes rendus et bien d’autres travaux, et ce, toujours dans la bonne humeur et le goût du travail bien fait.

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R A P P O R T M O R A LA S S E M B L É E G É N É R A L E D U 1 6 M A R S 2 0 1 3

SORTIES NATURE

Après des années d’intense activité, le nombre de sorties en 2012 avait été ramené à 12, histoire de souffler un peu et de revenir à un rythme de croisière plus « soft ». La qualité n’a pas été absente et la sortie Brenne en mars a été particulièrement réussie. Premier étang visité, l’étang de la Sous, récemment acheté et mis en réserve, nous a permis de belles observations de canards : souchets, chipeaux, milouins et sarcelles d’hiver. Mais la vraie attraction était à 5 mètres environ de l’observatoire : une bécassine des marais, sagement posée sur son nid, semblait ignorer royalement la vingtaine d’observateurs bruyants. De temps en temps on pouvait même apercevoir son œuf unique. La suite de notre visite s’est déroulée aux étangs du chemin de Beauregard (réserve de Chérine). Là encore de nombreuses espèces de canards étaient observables dont des canards siffleurs et des

fuligules morillons. Mais une espèce en particulier a retenu toute notre attention : un couple de nettes rousses exécutait une parade nuptiale. Le mâle avec sa tête d’un roux vif et son bec

rouge plongeait et après quelques secondes revenait à la surface, des végétaux aquatiques dans le bec, présentés en offrande à la femelle. Une

autre espèce remarquable était également présente sur le même site : 1 mâle d’échasse blanche avec ses grandes pattes rougeâtres démesurées, son long bec et, tranchant avec le blanc du reste de l’oiseau, un dos d’un noir profond comme une cape posée délicatement sur l’oiseau. Ensuite, la visite à la colonie de mouettes rieuses nous a permis d’observer plusieurs grèbes à cou noir profitant de la protection de leurs voisines, certes bruyantes, mais toujours promptes à repousser les attaques des prédateurs. Avant de quitter définitivement le site, une bouscarle de Cetti nous a présenté son répertoire vocal, tandis qu’un milan noir de retour de migration survolait de son

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vol léger les abords de la réserve. Pour finir la journée, une visite aux étangs Foucault s’imposait. C’est le busard des roseaux, rôdant le long des étangs et provoquant l’envol de nombreux fuligules milouins présents, qui clôturait la liste des espèces observées.

Nos sorties de printemps ont été l’occasion de faire quelques belles observations. A Champillet, dès le début du parcourt, une pie-grièche à tête rousse stationnait sur une haie en bordure de chemin et pendant quelques minutes prit la pose afin que chacun puisse bien profiter de cette rencontre. L’espèce a également été contactée sur 2 sites à St Août, mais les individus étaient beaucoup moins coopératifs et c’est à la longue-vue que s’est faite l’observation. Le faucon hobereau a été noté sur 2 communes, Cluis et Vijon. A chaque fois, ce sont les alarmes des hirondelles qui nous ont averti de l’approche du rapace, de même pour cet épervier en maraude qui a également pointé le bout de son bec à Cluis. Enfin, plus humoristique, un arbre creux à Champillet a attiré notre attention par ses nombreuses galeries de capricorne et en regardant dans son antre, c’est une effraie qui s’en est échappée.

Pour la deuxième année consécutive, une sortie de découverte des libellules s’est déroulée à Bouesse, aux abords de l’étang de Fontpart. La dizaine de participants a pu découvrir le monde des odonates et observer de nombreuses variétés dont plusieurs espèces d’aeschnes, d’orthétrum et l’anax empereur sans compter les agrions, lestes et autres sympétrum. La fin de la sortie a été consacrée à la recherche des exuvies nombreuses sur l’étang.

OBSERVATIONS NATURALISTES Nous parlons souvent de la cigogne noire, espèce emblématique et discrète. Cette année a offert de nouvelles observations mais pas de preuve de nidification dans le Boischaut-Sud. La présence de 7 individus à l’étang de Lys-St-Georges en septembre est toutefois remarquable.

La vie sauvage est souvent dans des endroits inattendus même en pleine ville de La Châtre. Au printemps, un hibou moyen-duc avait fait du cimetière son terrain de chasse et distillait tous les soirs un hou-ou délicat. Autre lieu insolite, la grande terrasse de l’ancienne halle a vu quelques passants inhabituels, telles ces mouettes rieuses adultes accompagnées de leurs jeunes et plus étonnants 5 traquets motteux en halte migratoire tout occupés à chasser les insectes. Enfin en cette fin d’année, un autour est venu faire bombance de pigeon en centre ville.

Nous tenons à remercier toutes les personnes, adhérentes ou non, qui nous ont fait parvenir leurs observations. Rendez-vous en 2013 et bonnes observations.

SORTIE ADHÉRENTS

Après une année 2011 sans sortie réservée aux adhérents, 2012 renouait avec la tradition. Deux visites étaient prévues dans le département de la Haute-Vienne : le matin l’arboretum de la Jonchère et l’après-midi la tourbière des Dauges dans les monts d’Ambazac. Bien que la tempête de 1999 ait mis au sol de nombreux arbres, l’arboretum de la Jonchère demeure un lieu magique avec ses arbres gigantesques. Une pépinière créée en 1884 pour le reboisement des monts du Limousin est à l’origine de celui-ci. Aujourd’hui, on peut admirer des arbres approchant les 50 mètres (douglas et séquoias), des thuyas

géants … donnant à ce coin de Limousin une allure de forêt de la côte ouest d’Amérique du nord.

L’après-midi, c’est à la recherche de la droséra, minuscule plante carnivore, que nous nous sommes dirigés vers la réserve naturelle nationale de la tourbière des Dauges. Même si l’espèce n’était représentée que par quelques pieds, d’autres plantes ont attiré notre attention. Avec ses feuilles ressemblant avant la floraison à un iris miniature, la narthécie des marais est omniprésente. Le qualificatif « ossifrage » qui lui est appliqué illustre la réputation qu'a la plante de fragiliser les os du bétail qui la broute ; en tout cas si cette réputation n'a pas été vérifiée récemment, il s'avère que celle-ci est bien toxique.

MUSÉE GEORGE SAND

Pour la cinquième année consécutive, BNE a présenté en novembre au musée George Sand à La Châtre, dans le cadre des manifestations intitulées « une heure, une œuvre », plusieurs spécimens d’oiseaux de la collection du musée.

L’année passée, nous avions choisi une famille d’oiseau assez peu appréciée : les corvidés, pour un procès en réhabilitation. Cette année, nous avons continué dans cette voie et le choix s’est porté rapidement sur les ardéidés, c’est à dire la famille des hérons. Et quoi de plus normal que de choisir le héron cendré, espèce devenue commune depuis les mesures de protection de 1975 et honnie des possesseurs d’étang et des pêcheurs. La présentation détaillée de son régime alimentaire suffit à rétablir la vérité sur des méfaits supposés. Le héron cendré est un opportuniste et ne mérite en rien la vindicte populaire ou le mépris de Buffon qui disait de notre oiseau dans son Histoire Naturelle : « un oiseau taciturne dont la peine intérieure trace sa triste empreinte jusque sur sa figure ». Outre le héron cendré, un autre espèce de la collection a été présentée : le héron pourpré.

ATLAS NATIONAL DES OISEAUX NICHEURS

2012 était l’année ultime de prospection pour les oiseaux nicheurs. La tâche était difficile et il reste toujours un sentiment d’inabouti, du « on aurait pu faire mieux ». Tirons les enseignements de cet atlas pour d’autres qui nécessairement vont suivre.

Nous remercions ici tous les participants à ce travail de longue haleine.

GROUPE LIBELLULES

Trois années d’existence et un dynamisme à toute épreuve. Voilà résumé la situation de ce groupe né de la volonté d’une poignée de membres de BNE. Cette année, le groupe s’est étoffé et les observations en très nette augmentation. Le résultat des observations est très positif, plus de 46 espèces observées sur 60 potentielles dans l’Indre. Cerise sur le gâteau, une espèce se reproduit sur un étang du Magny, seul site prouvé du département et second dans la région centre, c’est l’anax parthenope. Cette grande espèce d’odonate a fait l’objet d’un article dans notre bulletin. Ce même site abrite 27 espèces, prouvant bien l’intérêt du Boischaut Sud en terme de libellules. Le groupe étant ouvert à tous, les adhérents souhaitant participer au groupe de travail pour la détermination des espèces observées sont bien entendu les bienvenus.

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ne des raisons pour lesquelles nous avons acheté notre maison à St Chartier était le jardin. Clos et calme, il est bien caché, mais ouvert aux oiseaux sauvages. Mon intérêt pour la campagne berrichonne et sa faune a pris son envol au moment où j'ai découvert BNE. Ici, nous voyons des papillons et des oiseaux qui sont rares au sud de l'Angleterre, où nous passons le reste de l'année. Des rougequeues noirs font leur nid dans le garage et des buses planent au cours de la journée. Des flambés et des moro-sphinx cueillent le nectar de buddleia mais l'abeille charpentière préfère la glycine. Ils pondent leurs œufs dans les trous du mur friable. Parfois, un hobereau vole au-dessus ; des serins se gorgent de graines sous le prunier et un écureuil roux, des sittelles et pics épeiches viennent chercher nos noisettes.

De notre jardin, nous avons pu observer une cinquantaine d’espèces dont la bondrée apivore et la huppe fasciée, et en 2011 un vol de grandes aigrettes blanches qui s'installa dans un champ voisin. Souvent le soir des chauves-souris sortent de notre toit et de temps en temps un rapace nocturne part à la chasse.

Très tôt, je me suis rendue compte qu’à St Chartier il existe un jardin encore plus intéressant que le mien — le parc du château — rarement dérangé, sauf pour le festival annuel de musique traditionnelle, récemment déménagé au Château d'Ars. Le matin, par la fenêtre de ma chambre, j’observe des écureuils roux, grimpant le long du mur du parc et traversant la rue en courant. Parfois, je vois un grimpereau fouillant les espaces entre les pierres au sommet de la tour. Les arbres, tous plantés en même temps, étaient devenus très grands et serrés ; quelques-uns d’entre eux morts, et soutenus par les autres, offraient des sites de nidification ou d'alimentation aux pics épeiches, étourneaux et hiboux. Le soir, les chouettes hulottes et leurs petits partent à la chasse à travers champs. Les chouettes effraies quant à elles préfèrent l'autre côté du parc près de la Mairie, et ont choisi de nicher une fois dans l’ancienne léproserie d’où l’on peut entendre leurs ronflements et cris stridents.

Lorsque Ivo Fornesa a acheté le château en 2008, le jardin demeurait à l’abandon et nous espérions qu’il garderait son aspect de sanctuaire. Les vieux arbres, tous à la même hauteur, se protégeaient l’un l’autre du vent. Mais au moment où l’un d’eux est tombé, il parut évident que d'autres pouvaient être dangereux. Il a été décidé de supprimer l’un d’eux qui avait l'air mort et qui était certainement creux.

Lorsque l'arbre s'est effondré l’élagueur fut peiné de trouver que la cavité contenait trois jeunes chouettes. Il essaya de les sauver en les nourrissant de

larves et d'insectes, mais elles succombèrent.

A mon arrivée estivale, le téléphone arabe m’apprit le triste sort des chouettes. Jusqu'à ce moment-là je n'avais pas encore rencontré M. Fornesa mais avais parcouru son beau livre « Le fantôme du petit écuyer » à propos du déménagement de sa famille au château. J'ai cherché une

occasion de lui faire savoir que son « jardin dormant » était une oasis pour la faune. Je suis allée le voir et lui ai dit que j'avais écrit un conte, et après avoir entendu une première ébauche, il m’a proposé à ma grande surprise de l’inclure dans une série intitulée « Contes du Château de Saint-Chartier ». Mon histoire parle de l'abattage de l'arbre où se trouvait le nid de la chouette hulotte. Elle est destinée aux enfants, avec l'espoir qu'ils deviennent plus conscients des oiseaux et des animaux qui les entourent. Je pense qu'il est important d'atteindre un public plus large et un conte pour enfants semblait un bon moyen de le faire.

Pour le choix des oiseaux et des animaux, j’ai décidé d’inclure ceux qui sont fréquents dans la région et qui sont intéressants et pittoresques. Les illustrations seront dans le style du premier livre de la série. Je voulais aussi inclure les grues — magnifiques oiseaux qui traversent la région en migration annuelle, ainsi que l'arbre ginkgo qui relie à la Chine la femme chinoise d'Ivo ; tous deux ajouteraient un intérêt de plus au conte et j’imaginais déjà de belles illustrations appropriées. J'ai également voulu inclure les corbeaux, qui ont mauvaise réputation par ici et qui sont chassés chaque printemps — annihilant presque la corbeautière du lavoir en 2012.

Le conte décrit les craintes des oiseaux et des animaux après l'abattage de l'arbre et comment ils essaient de faire connaitre leur sort à Ivo. Ses filles sont encore assez jeunes pour comprendre le langage des oiseaux et une fois qu'elles ont fait comprendre à leur père ces frayeurs, une solution est trouvée et tout finit pour le mieux.

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le jardin dormant de St Chartier

H e a t h e rB O O T H

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