Bulletin FSU : Valeurs de la république

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Page 1 SOMMAIRE SOMMAIRE SOMMAIRE SOMMAIRE P 1 : Edito P 1 : Edito P 1 : Edito P 1 : Edito P 2 et 3 : « P 2 et 3 : « P 2 et 3 : « P 2 et 3 : « La Laïcité, un dé- La Laïcité, un dé- La Laïcité, un dé- La Laïcité, un dé- bat actuel» par Gérard As- bat actuel» par Gérard As- bat actuel» par Gérard As- bat actuel» par Gérard As- chieri chieri chieri chieri P 4 P 4 P 4 P 4-5 : « 5 : « 5 : « 5 : « De la laïcité de l’E- De la laïcité de l’E- De la laïcité de l’E- De la laïcité de l’E- tat à la laïcité de l’école» par tat à la laïcité de l’école» par tat à la laïcité de l’école» par tat à la laïcité de l’école» par Henri Pena Henri Pena Henri Pena Henri Pena-Ruiz Ruiz Ruiz Ruiz P 6 P 6 P 6 P 6-7 : Les Valeurs de la Ré- 7 : Les Valeurs de la Ré- 7 : Les Valeurs de la Ré- 7 : Les Valeurs de la Ré- publique en Pratique publique en Pratique publique en Pratique publique en Pratique P 8 : Agenda et Rappel des P 8 : Agenda et Rappel des P 8 : Agenda et Rappel des P 8 : Agenda et Rappel des Faits Faits Faits Faits Dispensé de Timbrage Gellainville PPDC Déposé le 28 décembre 2015 Bulletin de la section d’Eure et Loir de la F.S.U. Enseignement, Éducation, Recherche, Culture 3, rue Louis Blériot, 28 300 CHAMPHOL Tel : 02 37 21 23 96 Fax : 09 72 47 25 65 Mél : [email protected] Site : http://sd28.fsu.fr Supplément au Bulletin n° 85 4ème trimestre 2015 ISSN 1778-140X N° CPPAP 1020 S 07582 Bulletin trimestriel 1€ Directeur de publication : Hugues Villemade Imprimé par nos soins Fédération Syndicale Unitaire 28 Paru le 28 décembre 2015 La France, tout au long de l'année 2015 a été cruellement attaquée par le fanatisme religieux. Paradoxalement, ces attaques ont conduit à la mise en accusation, non pas tant des dogmes religieux, que de la laïcité, des valeurs de la République et surtout de la capacité de l'Ecole à former à ces principes et ces valeurs. Ces accusations sont nées des difficultés rencontrées dans les écoles à faire respecter et comprendre la minute de silence imposée par le ministère dans tous les établissements scolaires suite aux attentats du 7 janvier. Pour y faire face, le gouvernement a alors décrété une "Grande Mobilisation de l'Ecole pour les Valeurs de la République" dès le 22 janvier. De son côté, le mouvement syndical (comme l'ensemble de la société) a réagi vigoureusement face à ces attaques en participant activement aux rassemblements organisés après ces attentats, mais aussi, plus profondément, en développant une réflexion sur les problèmes rencontrés par les valeurs et les principes républicains, notamment à l'Ecole. C'est dans ce cadre que la FSU 28 a organisé un stage syndical ouvert à toute la profession enseignante et tous les agents de la fonction publique le 21 avril 2015. Ce bulletin est le compte- rendu de cette riche journée, ouverte par Gérard Aschieri. L'ancien secrétaire général de la FSU a présenté les enjeux actuels de la laïcité (p. 2-3). Henri Pena-Ruiz a ensuite fait le lien entre ces débats et les principes fondateurs de la laïcité (p. 4-5). L'après-midi, autour des militants de la FSU mais aussi du GFEN et de l'Autonome 28, des pistes de mise en oeuvre pratique ont été dégagées tant à l'intérieur de l'institution scolaire que dans les approches pédagogiques des contenus d'enseignement et dans les relations de l'école avec la société, c’est-à-dire d’abord avec les parents (p. 6-7). La publication des actes de cette journée s'inscrit dans la préparation de la journée du 7 janvier 2016 lors de laquelle, au sein du Collectif Laïque d'Eure-et-Loir, nous vous invitons à rendre hommage aux victimes de ces attentats à 18h30 (devant le monument des Droits de l'Homme à Chartres). Puis nous organiserons une projection-débat à 20h autour du documentaire de Daniel Leconte L'Humour à Mort (p. 8) 7 janvier 2015 - 7 janvier 2016 L’Ecole et les Valeurs de la République

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La France, tout au long de l'année 2015 a été cruellement attaquée par le fanatisme religieux. Paradoxalement, ces attaques ont conduit à la mise en accusation, non pas tant des dogmes religieux, que de la laïcité, des valeurs de la République et surtout de la capacité de l'Ecole à former à ces principes et ces valeurs. La FSU 28 a organisé un stage syndical ouvert à toute la profession enseignante et tous les agents de la fonction publique le 21 avril 2015. Un bulletin qui est le compte rendu de cette riche journée, vient d'être édité par la FSU.28 et a été adressé à tous les adhérents et aux écoles. Nous le mettons en ligne pour une diffusion et une consultation la plus large possible.

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P 8 : Agenda et Rappel des P 8 : Agenda et Rappel des P 8 : Agenda et Rappel des P 8 : Agenda et Rappel des FaitsFaitsFaitsFaits

Dispensé de Timbrage

Gellainville PPDC

Déposé le 28 décembre 2015

Bulletin de la section d’Eure et Loir de la F.S.U. Enseignement, Éducation, Recherche, Culture

3, rue Louis Blériot, 28 300 CHAMPHOL Tel : 02 37 21 23 96 Fax : 09 72 47 25 65

Mél : [email protected] Site : http://sd28.fsu.fr

Supplément au Bulletin n° 85 4ème trimestre 2015

ISSN 1778-140X N° CPPAP 1020 S 07582 Bulletin trimestriel 1€

Directeur de publication : Hugues Villemade Imprimé par nos soins Fédération Syndicale Unitaire

28 Paru le 28 décembre 2015

La France, tout au long de l'année 2015 a été cruellement attaquée par le fanatisme religieux. Paradoxalement, ces attaques ont conduit à la mise en accusation, non pas tant des dogmes religieux, que de la laïcité, des valeurs de la République et surtout de la capacité de l'Ecole à former à ces principes et ces valeurs. Ces accusations sont nées des difficultés rencontrées dans les écoles à faire respecter et comprendre la minute de silence imposée par le ministère dans tous les établissements scolaires suite aux attentats du 7 janvier. Pour y faire face, le gouvernement a alors décrété une "Grande Mobilisation de l'Ecole pour les Valeurs de la République" dès le 22 janvier. De son côté, le mouvement syndical (comme l'ensemble de la société) a réagi vigoureusement face à ces attaques en participant activement aux rassemblements organisés après ces attentats, mais aussi, plus profondément, en développant une réflexion sur les problèmes rencontrés par les valeurs et les principes républicains, notamment à l'Ecole. C'est dans ce cadre que la FSU 28 a organisé un stage syndical ouvert à toute la profession enseignante et tous les agents de la fonction publique le 21 avril 2015. Ce bulletin est le compte-rendu de cette riche journée, ouverte par Gérard Aschieri. L'ancien secrétaire général de la FSU a présenté les enjeux actuels de la laïcité (p. 2-3). Henri Pena-Ruiz a ensuite fait le lien entre ces débats et les principes fondateurs de la laïcité (p. 4-5). L'après-midi, autour des militants de la FSU mais aussi du GFEN et de l'Autonome 28, des pistes de mise en oeuvre pratique ont été dégagées tant à l'intérieur de l'institution scolaire que dans les approches pédagogiques des contenus d'enseignement et dans les relations de l'école avec la société, c’est-à-dire d’abord avec les parents (p. 6-7). La publication des actes de cette journée s'inscrit dans la préparation de la journée du 7 janvier 2016 lors de laquelle, au sein du Collectif Laïque d'Eure-et-Loir, nous vous invitons à rendre hommage aux victimes de ces attentats à 18h30 (devant le monument des Droits de l'Homme à Chartres). Puis nous organiserons une projection-débat à 20h autour du documentaire de Daniel Leconte L'Humour à Mort (p. 8)

7 janvier 2015 - 7 janvier 2016 L’Ecole et les Valeurs de la République

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GERARD ASCHIERI : LA LAICITE, UN DEBAT ACTUEL lycée Sylvia Monfort, Luisant, 21 avril 2015

« La laïcité, ce n’est pas le rejet des signes reli-gieux de l’espace public. »

« Le concept de laïcité bénéficie d’un consensus fort dans la société française actuelle.

Dans le cadre de l'enquête annuelle de la commission des droits de l'Homme sur le racisme, la notion de laïcité recueille 75 % d’opinions favorables et seulement 7 % d’avis défavorables. Cette appréciation positive place la laïcité largement devant toutes les religions. Parmi celles-ci, la religion catholique reçoit le plus d’avis favorables mais avec à peine plus de 50%, elle se classe bien loin derrière la laïcité.

Cependant, ce consensus positif s’accompagne

d’une diversité de définitions. Ainsi, selon l’enquête précitée, la laïcité se définirait soit comme le « vivre ensemble » malgré les différences, s o i t c omme l a séparation des Églises et de l’État, soit comme l’interdiction des signes religieux dans l’espace public. Cette diversité pose problème car certaines a c c e p t i o n s n e correspondent pas à ce qu’est la la ïci té historiquement comme juridiquement. Par exemple la laïcité n’interdit pas la manifesta t ion des signes religieux dans l’espace public.

Historiquement, deux manières opposées et

extrêmes de se positionner face aux religions existent : • la conception anglo-saxonne : liberté et

tolérance, une addition de communautés où toutes les expressions sont admises ;

• une conception où l’expression religieuse se limite à l'espace privé et où toute manifestation dans l'espace public est malvenue, ce discours visant essentiellement l'islam.

La laïcité consiste à positionner le curseur entre

ces ceux visions. Elle est donc l'objet d'un débat. Dans ce débat, la loi de 1905 n’est qu’une étape

dans un long processus d’autonomisation de l’Etat par rapport à la religion, processus entamé sous la monarchie et nettement renforcé sous la IIIème République. Pour l'École, les lois Jules Ferry sont bien sûr essentielles mais d’autres lois vont aussi dans ce sens par exemple celle de 1904 interdisant aux congrégations d'enseigner.

La loi de 1905 repose sur deux grands principes. D’une part, l’État garantit la liberté de conscience des personnes et la liberté d’exercice des cultes. D’autre part, l’Etat ne reconnaît et ne finance

aucun culte. L’État se sépare des religions et il est neutre pour permettre la liberté de conscience. Chacun peut croire sans discrimination, avec des droits égaux, pour faire une société qui ne dépend pas des croyances religieuses. Ce principe est inscrit dans la constitution de 1946, puis dans celle de 1958 : la République est « indivisible, démocratique, laïque et sociale ». La neutralité de l'État doit garantir l'égalité pour tous, c 'es t -à -d ire que l es institutions et les services publics doivent être neutres du point de vue religieux. Ce principe est valable pour les agents (quel que soit leur statut) mais pas pour

les usagers. Une exception à cela : l’École depuis la loi de 2004, du fait de sa mission spécifique de former « l'Homme, le citoyen et le travailleur » (Langevin-Wallon), dans la perspective de faire des choix en toute conscience, doit par conséquent soumettre les élèves (usagers) au principe de neutralité.

Mais dans la réalité, des problèmes existent, notamment aux « frontières » du service public avec la perte de missions reprises par des associations. Par conséquent, il faut remettre du service public là où il n'existe pas (ex : dans les crèches). Autre problème: les parents d’élèves, lorsqu'ils accomplissent une tâche

Gérard Aschieri, ancien secrétaire général de la FSU, actuellement président de l’Insti-

tut de Recherche de la FSU

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Chronologie 20-21 avril 1792 : Rapport sur l’organisation générale de l’Instruction publique de Condorcet. Projet d’une école laïque, gratuite (mais non obligatoire). 28 juin 1833 : chaque commune doit entretenir une école (publique ou privée), chaque département une école nor-male. 15 mars 1850 : Loi Falloux affirme et renforce le contrôle par l'Eglise de l'enseignement, les évêques siégeant dans tous les conseils académiques et l'Université n'ayant plus le monopole sur les écoles 28 mars 1882 : loi Ferry sur l’enseignement primaire obli-gatoire ainsi que la laïcisation des programmes des écoles publiques.

1886 : L’enseignement secondaire devient aussi laïc et loi Goblet qui laïcise les maîtres des écoles primaires

7 juillet 1904 :"L’enseignement de tout ordre et de toute nature est interdit en France à toutes les congrégations".

9 décembre 1905 Adoption de la loi de séparation de l’É-glise et de l’État.

1936-1937 : Circulaires Jean Zay contre toute forme de propagande politique et confessionnelle dans les écoles

1940 à 1944 : le gouvernement de Vichy revient en arrière notamment en autorisant à nouveau les congrégations à enseigner, en restaurant les devoirs envers Dieu dans les programmes du primaire 31 décembre 1959 : Loi Debré qui permet l'intégration à l'enseignement public, l'association ou simplement la contractualisation entre l'Etat et les établissements privés

19 juin 1960 : Serment de Vincennes de lutter jusqu'à l'abrogation de la loi Debré 25 novembre 1977 : loi Guermeur qui égalise les carrières des maîtres du privé et du public 1982-1984: Echec du projet de loi Savary de réunification de l’enseignement public et privé 1985 : La Loi Chevènement adapte la loi Debré aux lois de décentralisation Octobre 1989 : Interdiction faite à trois adolescentes mu-sulmanes du collège de Creil d’assister aux cours si elles continuent à porter un "foulard islamique"

27 novembre 1989 Avis du Conseil d’Etat sur le "voile" qui est autorisé sous certaines conditions. 27 octobre 1993 et 20 septembre 1994 : circulaires Bayrou sur les signes religieux à l’école 1995-1996 : Décisions du Conseil d’Etat autorisant l’ab-sence d’élèves pour l’exercice d’un culte et précisant que le port du voile n’est pas forcément un acte de pression ou de prosélytisme.

3 juillet 2003 Installation de la Commission « Stasi ».

15 mars 2004 Promulgation de la loi encadrant le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieu-se dans les écoles, collèges et lycées publics

18 mai 2004 :Circulaire d’application de la loi du 15 mars

7 janvier 2015 : Attentat contre Charlie Hebdo

8 janvier 2015 : Minute de Silence dans les établissements scolaires 22 janvier 2015 : Grande Mobilisation pour les Valeurs de la République lancée par le gouvernement

d'aide aux enseignants (sorties scolaires) ne sont pas soumis aux règles de neutralité du fait d'un arrêt du conseil d'État qui précise qu'ils ne sont ni fonctionnaires ni collaborateurs du service public car cela n’existe pas. Pour la FSU, aller contre cet arrêt est facteur d'exclusion. A l'université, les étudiants sont majeurs et leur statut n'est pas celui des élèves du secondaire. De plus, la tradition d’échange et de débat de l'université n’incite pas à l'interdiction des signes religieux. C’est pourquoi les présidents d’université comme le SNESup ne veulent pas d’une interdiction.

De nouveaux débats apparaissent donc aujourd’hui, notamment autour de l’islam, car le curseur de la laïcité ne peut rester au même endroit alors que la société évolue. Ces débats sont sources de tensions car la question centrale porte sur notre liberté et ses limitations que rendent nécessaires la neutralité de l’Etat.

Pour réduire ces tensions, ces débats ne doivent pas oublier : l’histoire et les lois de la laïcité ; de se poser la question : « à quoi sert la laïcité ? ». En effet les choix opérés doivent pouvoir faciliter le vivre ensemble, l'action éducative et les droits de chacun.

Gérard Aschieri termine par une mise en

garde : « Si la laïcité est perçue comme une interdiction et non comme un facteur de liberté, elle sera contestée. »

« Si la laïcité est perçue comme une interdic-tion et pas comme un facteur de liberté, elle sera contestée ! »

GERARD ASCHIERI : LA LAICITE, UN DEBAT ACTUEL lycée Sylvia Monfort, Luisant, 21 avril 2015

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HENRI PENA-RUIZ : DE LA LAICITE DE L’ETAT A L’ECOLE DE LA LAICITE

« Au moment où les repères semblent perdus, nous avons, en tant qu’enseignant-e-s, un devoir de les rappe-ler. Remontons d’abord à l’acte de naissance de ces principes et de ces valeurs.

Le 14 juillet 1789, devant la Bastille, le peuple crie « liberté ». Le 5 août, avec l'abolition des privilèges le peuple crie « égalité ». Le 26 août 1789, en rédigeant la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, le peuple affirme le principe d’u-niversalité et donc le principe de fraternité qui unit les hom-mes par-delà leurs différences. La laïcité découle de ce principe d'universalité.

Ces principes formels, ont pourtant été critiqués par Marx qui qualifie la Déclaration des droits de l'Homme de «catalogue pompeux ». Marx n'est pas pour autant un adversaire des droits de l’Homme. Simplement il les prend au mot en disant en quelque sorte : "Voyons si la Terre des rapports so-cio-économiques est conforme au Ciel", aux principes formels. Car tant qu’une liberté for-melle ne s’assortit pas de ses conditions éco-nomiques et sociales d’effectuation, elle peut devenir une mystifica-tion. Que dire par exemple de la liberté du chômeur en fin de droit face à un contrat de travail organisant sa servitude ? Il n'est pas libre de le refuser !

Les droits de l’Hom-me sont proclamés pour que le peuple ait constamment devant ses yeux les principes et mesure l’écart avec la réalité. Cette déclaration est donc tout au long des régimes monarchi-ques du XIXème siècle un texte subversif .

La Laïcité de l’Etat , pour des citoyens éclairés

La république démocratique ou aristocratique a toujours pour essence le peuple. Elle repose sur la vertu, au sens civique. De l’amour des lois et de l’égalité découle la

décision des citoyens de défendre la république. Donc la république a besoin de citoyens incommodes, c’est-à-dire munis de leur autonomie de jugement.

La république ne peut survivre qu’en disposant de ci-toyens attachés à la défendre. Mais d’où découle leur

attachement à la défendre ? Pas de la peur comme dans le des-potisme, pas de l’inégalité inté-riorisée de la monarchie mais de la conscience de soi, de la liberté et de l’égalité mises en acte.

Ce faisant Marianne doit fai-re vivre ensemble athées,

agnostiques, et croyants. Comment le fait elle ? En pratiquant la délibération collective pour faire les lois. Le droit corrige l’histoire qui n’est qu’une « vallée de larmes ». Par exemple, lors des débats sur le vote de la loi Falloux, Victor Hugo a parfaitement défini ce que devait être un Etat Laïque : « Je veux l’Etat chez lui, l’Eglise chez elle ». Avec la laïcité, les croyants sont libres de croire mais ils n’engagent qu’eux-mêmes. Ils

ne perdent rien, que leur privilège public. Le mariage pour tous-tes, dans une république laïque, n’impose pas aux chrétiens tradition-nalistes de renoncer à leur éthique de vie. S’ils veulent vivre en couple traditionnel et ne faire l’amour que pour faire des enfants, libre à eux. La république ne va pas leur imposer de faire plus souvent l’a-mour qu’il n’est néces-saire pour faire des bé-bés !

La Laïcité de l’Ecole

L'Ecole a ici un rôle très important à jouer

car la laïcité n'est pas simplement une sécularisa-tion, c'est-à-dire une transposition au domaine civil de normes édictées dans la sphère religieuse. Par exemple, la notion de chef de famille et de société patriarcale, portée par les monothéismes, a été sé-cularisée en se retrouvant dans le code civil.

Laïciser la société réclame donc que la loi civile s'émancipe de la loi religieuse, ex mancipio signi-

« L’enseignant n’a pas seu-lement un métier, il exerce aussi une fonction et elle est politique : former des

citoyens éclairés. »

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HENRI PENA-RUIZ : DE LA LAICITE DE L’ETAT A L’ECOLE DE LA LAICITE

« L’école est le lieu où l’on apprend ce que l’on ignore pour pouvoir le moment

venu se passer de maître. »

fiant « sortir du domaine du père » en latin. L’Ecole est donc une institution organique de la république. Contrairement à ce qu’a dit Sarkozy dans son dis-cours du Latran, dans lequel il a insulté les instituteurs en plaçant les prêtres au-dessus d'eux car "eux, ils font le sacrifice de leur vie", les instituteurs ne font pas de prosé-lytisme car de leurs élèves ils font des citoyens éclairés et des hommes libres. Ils sont producteurs de liberté et d’égali-té. C’est la noblesse du métier d’ensei-gnant. Ceci n’a rien à voir avec le prosély-tisme religieux !

La déontologie laï-que

L'enseignant doit respecter une déonto-logie laïque, une neutralité religieuse. Les élèves n'ont pas à connaître nos convictions car elles font partie de notre sphère privée et car nous sommes des fonctionnaires ayant une fonction universelle.

Cette déontologie consiste à respecter une neutrali-té quant à ses propres convictions et à celles des élèves mais il ne peut y avoir de neutralité dans le travail scolai-re. Là le principe de vérité doit régner. Donc on ne ren-verra pas dos à dos par exemple le créationnisme et le darwinisme (qui lui est démontré par la raison).

Lorsque des enseignants, notamment en Seine-Saint-Denis au moment de la minute de silence après les

attentats, se retrouvent en difficulté, c’est un problème dramatique car ceci signifie qu'ils n’ont plus conscience de leur rôle politique vis à vis de leurs élèves. « Elève » et non « apprenant », ce dernier terme étant une invention réductrice des « pédagos » qui ont confondu les condi-tions de possibilité de l’instruction avec sa finalité et qui

ont donc jeté par-dessus bord l’é-lève, en réduisant la fonction d'en-seignant à un métier, à des techni-ques.

Ainsi le travail des enseignants est à faire en contre-sens par rapport à la société. N'oublions pas ici les magnifiques circulaires de Jean Zay justifiant le refus de la mani-festation d'opinion politique dans l'Ecole par l'idée que les "querelles des adultes ne doivent pas pénétrer dans les écoles".

Pour finir, on aura compris quel est le triptyque fondant l'espace public commun donc la laïcité (de laos en grec qui veut dire : popula-

tion indivisible, unité de l’humanité dont l’essence ma-jeure est le fait de penser):

• liberté de conscience étayée par le jugement formé par l’école,

• égalité des croyants et des athées,

• universalité (c'est-à-dire sens du commun) de la puissance publique. »

lycée Sylvia Monfort, Luisant, 21 avril 2015

Hommage aux victimes des attentats du 7 janvier 2015

« Tignous, Charb, Cabu, Wolinski étaient des défenseurs de la laïcité, n'ayant jamais fait l'erreur de s'en prendre aux

croyants, pour toujours s'attaquer aux croyances. Ceux-ci ont droit au respect de leur liberté de croire. Par contre, celles-là, les croyances, peuvent être l'objet de discussions, de criti-ques, voire de caricatures, au même titre que les idéologies. Actuellement on assiste à un glissement de ce respect de la personne, dû dans un état de droit, vers celui des croyances. Or, il est indispensable de pouvoir les critiquer, surtout lors-qu'elles tendent à s'ériger en outil de domination politique. Ceux qui ont donc osé dire à propos des journalistes de

Charlie Hebdo "qu'ils l'avaient bien cherché" tiennent des propos violents et odieux.

Qui peut comparer la violence d'une kalachnikov qui déchiquette les corps et la violence supposée

d'un dessin ? »

Laïcité et Front National « Aujourd’hui, la philosophie politique de Mari-

ne Le Pen, travestie dans l’honorabilité des principes républicains, se réduit à celle du choc des civilisa-tions (Samuel Huntington), c’est une « resucée » de l’ethnocentrisme colonialiste, qui consiste à dire que « nous les bons chrétiens nous apportons la civilisa-

tion ».

Marine Le Pen ne fait que se déguiser en défen-seuse de la laïcité. Elle ne s’émeut pas de la loi De-bré qui organise le détournement de l’argent public vers les écoles privées religieuses pendant que l’E-cole publique souffre d’un manque cruel de moyens, elle ne dit rien contre les ostensions limousines mais elle s’émeut des prières de rue dans le XVIII°. Ce n’est pas de la laïcité, c’est de la stigmatisation. »

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LES VALEURS DE LA REPUBLIQUE EN PRATIQUE A L’ECOLE

Après les terribles événements du mois de janvier qui ont visé le journal Charlie Hebdo, des policiers et le magasin Hyper-Cacher, la FSU 28 a réagi (comme d'autres organisations et comme les citoyens) et elle a contribué à la mobi-lisation citoyenne. Elle a décidé d’engager une réflexion avec les collègues et organisé lors du stage du 21 avril 2015, trois ateliers sur les questions suivantes : - Une École démocratique et solidaire ?(atelier animé par la FSU 28) - Autour de l’École : École – Parents, quelles relations ?(atelier animé par l’Autonome d’Eure-et-Loir) - Enseigner les valeurs républicaines (atelier animé par le GFEN 28). Ces brefs compte-rendu se veulent être la première traduction de la réflexion engagée.

Une École démocratique et solidaire ? Atelier animé par la FSU 28

Dans son courrier du 7 janvier, la ministre lan-ce les enseignants dans la défense de la Républi-que...mais qu'entend-elle par là ? Cela nous interroge sur la place de l'École et de ses personnels par rapport à cet idéal de la République dont ils sont censés être por-teurs. Dans le même temps, alors que la ministre dans son « appel », garantit de son soutien les personnels, il n'est pas rare que l'administration ait eu recours à des « sanctions », notamment dans notre département.

Dans ce contexte, il est évident que l’École a un rôle déterminant à jouer. Celui-ci doit faire l'objet de débats. Pour la FSU, le défi éducatif majeur est de surmonter la corrélation, particulièrement forte dans notre système éducatif, entre inégalités scolaires et iné-galités sociales, qui se conjuguent de plus en plus avec des inégalités territoriales. Réussite de tous les élèves, fin des sorties sans qualification et élévation du niveau

de formation, lutte contre les difficultés scolaires, contre toute forme de discrimination, pour l'égalité fil-les/garçons...autant de sujets qui ne peuvent pas être évités dans la construction de la citoyenneté. On peut alors formuler des propositions d'action : • Pour une école de la réussite de tous les jeunes ; • Pour une école qui développe, en lien avec la re-cherche, l'esprit critique ; • Pour une école au cœur de l’égalité et des luttes contre les discriminations.

Cependant, si l'éducation et les enseignements que dispense l’École se trouvent en totale contradiction avec ce que dit et fait la société, l’École risque d’être impuis-sante. Il paraît donc nécessaire à la fois de rendre concrètes ces propositions d'action et de développer une réflexion plus large. La FSU devra y participer activement.

Jean-Christophe Rétho et Pierre Licout

Enseigner les valeurs républicaines Atelier animé par le GFEN

(Groupe Français d’Education Nouvelle) Une activité proposée en classe consistant à

restituer de mémoire un poème lu puis caché permet de mettre en valeur les objectifs et l’intérêt d’une telle démarche pour s’approprier et mobiliser des valeurs républicaines.

Le travail individuel effectué en premier lieu montre que l'apprenant est un acteur à part entière de la construction de son propre savoir. Le travail de groupe qui suit organise quant à lui la confronta-tion des subjectivités, le croisement de divers avis et perceptions amenant le sujet à une vision plus objecti-ve des choses. Soit l'argument de l'autre me convainc et j'abandonne mes évidences initiales, soit il y a dé-saccord indépassable et le sujet revient à l'objet : c'est ce que Wallon appelle le "processus d'objectivation". Le travail de groupe oblige d'autre part les élèves à mettre leurs forces en commun : les élèves sont frap-pés par le décalage entre ce que chacun se rappelait individuellement et le résultat final, après la mise en commun. Ils se rendent alors compte qu'ils sont plus

forts ensemble qu'individuellement. Cela les encourage à penser qu'une construction collective des savoirs, impliquant la participation de tous, est préférable à une construction individuelle.

Des valeurs sont enfin mobilisées, car elles sont indispensables à ce travail collectif : la coopéra-tion et la solidarité, la démocratie (car chacun peut prendre la parole), le partage, l’écoute et le respect, impliquant une bienveillance envers l'autre, qui de-vient un partenaire, et non un concurrent. Cette démar-che rend également nécessaire de justifier sa pensée en argumentant, en faisant des concessions pour convain-cre, ce qui correspond à un travail d’équipe pour ré-soudre une « situation-défi » que même le meilleur élève ne pourrait pas résoudre seul, mais avec les au-tres, par une mise en commun des intelligences. Ainsi, le sujet apprend par la médiation du groupe. Cela contribue à faire naître un "esprit de classe".

Il est donc possible d’enseigner concrètement, quotidiennement et simplement les valeurs républicai-nes.

Franck Mousset

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LES VALEURS DE LA REPUBLIQUE EN PRATIQUE A L’ECOLE

Vous êtes confronté(e) à un problème quelle que soit sa nature :

���� Affaires Morales : - agressions, menaces de parents, d’élèves� - accusations, propos mensongers, diffama-tions, « geste malheureux », plaintes�

L’Autonome 28 prend immédiatement en charge le dossier, apporte son soutien, son aide juridique sans aucun frais.

���� Responsabilité Civile :

Les conséquences pécuniaires de la responsabilité

civile que l'adhérent peut encourir dans l'exercice de

ses fonctions :

- en raison des dommages corporels, matériels causés

ou subis par les élèves qui lui sont confiés,

- par suite d'une faute personnelle

sont prises en charge par l’assurance (ACM) de l’Auto-

nome 28.

� Accidents professionnels, maladies profession-

nelles :

Plus d’un siècle d’engagement à

Autonome 28 Indispensable au quotidien !

En 2008, des Auto-nomes départemen-tales, dont l’Autono-me 28, ont refusé, après réunion d’une AG des adhérents, d’adopter un nou-veau mode de fonc-tionnement basé sur un contrat assuran-tiel avec la MAIF.

Elles ont créé l’U-nion des Autonomes afin de continuer à porter assistance à nos collègues en

Autonome 28 1 rue Chauveau Lagarde—28000 CHARTRES

Tél : 02.37.34.69.03 mail : [email protected]

Cotisations 2015-2016 - 36,00 € pour le personnel enseignant, de direction, d’inspection... - 30,00 € pour les enseignants débutants, les personnels non-enseignant, de service, vacataires...

Autour de l’école : Ecole – Parents, quelles relations ? Atelier animé par l’Autonome 28

Au quotidien, l’Autonome d’Eure-et-Loir constate

une augmentation du nombre de conflits entre Famille et École. Comment créer ou recréer la confiance avec les familles, dans un contexte de multiplication des interroga-tions autour de l’École et sur son sens ?

L’École a ses propres codes, de plus en plus incom-préhensibles : filières changeantes, vocabulaire pour l’orien-tation … L’École, représentante de la sphère publique, doit impérativement communiquer avec la famille, représentante de la sphère privée. Chacune a ses valeurs, ses particularités et son langage. Actuellement, on encourage de plus en plus la sphère privée : on incite plus à l’individuel qu’au collec-tif. Le sens du mot travail est différent selon les sphères. Ainsi, les enseignants voient le travail dans la durée pour l’acquisition des savoirs, alors qu’ailleurs (dans la société, les médias) il n’est vu qu’à travers le prisme du profit (toujours plus). Comment rapprocher ces 2 sphères ? Quel-les relations établir ?

Tout d’abord, pour quelles « bonnes » raisons

faire venir les parents à l’école ? Essentiellement pour assurer le lien enseignant-enfant-parents et valoriser le tra-vail de l’enfant pour rassurer les parents ; rendre les parents

acteurs de l’éducation de leur enfant ; ou encore pour connaître la culture familiale, le vécu des parents et leurs craintes afin de mutualiser les savoirs, etc.

Le lien avec la famille est donc incontournable. Il est aussi obligatoire et de nombreux décrets, lois, circulaires ont été mis en place pour faire venir les parents à l’École. Ainsi, un rapport de 2006 indique que « la France figure parmi les pays qui accordent le plus de garanties aux droits

des parents » (conseils d’école, conseils d’administration, documents de liaison…).

Pour autant, l’École peut-elle (et a-t-elle à) résou-

dre tous les problèmes de la société (obésité, accidents de la route, attentats…) ? Malgré tous ces textes réglementai-res, on note une augmentation des relations frontales École – Famille. Y a-t-il donc aussi des raisons pour ne pas faire venir les parents à l’école ? En effet, on ne peut pas deman-der aux enseignants de tout régler. Les demandes des pa-rents peuvent être multiples et parfois contradictoires. Or, il est important que les parents sachent dès le départ ce que l’École attend d’eux et ce que l’École va apporter à leur enfant.

Car il ne faut pas perdre de vue le principe fonda-mental de l’École, qui consiste à ce que « parents et ensei-gnants œuvrent dans un but commun : la réussite scolaire de chaque enfant ».

Pour finir, quelques pistes d’actions à

mettre en place avec les familles ont été pro-posées : clarifier le vocabulaire scolaire et les attentes de l’École, présenter les outils de liaison école-famille, mettre en place des ren-contres régulières sans attendre l’émergence de problèmes…

Au sein des écoles et établissements scolaires, il est nécessaire de construire une réflexion et une cohérence d’équipe autour de la relation avec les familles et d’assurer à chaque membre de l’équipe des appuis sûrs en cas de difficulté.

Pour cela, la formation profession-nelle est indispensable : à l’accueil des pa-rents, à l’anticipation et à la « gestion de cri-se » avec les parents, à la prise en compte des cultures familiales…

Christian Guérin

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Qui a commencé ? ♦ 2004, Theo van Gogh, petit-fils du frère du peintre, à la suite de son court-métrage Submis-

sion, un film qui dénonce la condition des femmes musulmanes, est égorgé. ♦ septembre 2005, le quotidien danois Jyllands-Posten publie des caricatures de Mahomet en

réponse à Kåre Bluitgen, un écrivain se plaignant que personne n'ose illustrer son livre sur Mahomet depuis l'assassinat de Theo van Gogh aux Pays-Bas en 2004.

♦ février 2006, Charlie Hebdo les reprend pour la première fois, en y ajoutant des caricatures de Mahomet dessinées par les collaborateurs régu-liers du journal.

♦ janvier 2015 : attentat contre Charlie Hebdo.

PROJECTION - DEBAT Autour du Film

« C'est dans l'écoute des survivants que Daniel Leconte excelle » Télérama

Soirée organisée par le Collectif Laï-que d’Eure-et-Loir

Collectif d’associations, de syndicats et de citoyens investis dans la défense et l’illustration de la laïcité.

http://laicite28.hautefort.com/

JEUDI 07 JANVIER 20h

Au cinéma Les Enfants du Paradis À Chartres

« Le documentaire

hommage à ceux qu

i ont fait

Charlie Hebdo. »

Studio

« C’est pas moi, c’est lui »...Rappel des Faits

Rassemblement JEUDI 07 JANVIER 2016

à 18h30 Place Châtelet À Chartres