BULLETIN DE NOVEMBRE 1957 · 2018. 4. 12. · Traduit de l'anglais par Jean Guignebert. Préface de...

22

Transcript of BULLETIN DE NOVEMBRE 1957 · 2018. 4. 12. · Traduit de l'anglais par Jean Guignebert. Préface de...

  • BULLETIN DE NOVEMBRE 1957SUPPLÉMENT A LA NOUVELLE N. R. F.

    DU ler NOVEMBRE 1957

    PUBLICATIONS DU15 SEPTEMBRE

    AU 15 OCTOBRE 1957

    (Renseignements bibliographiques.)

    On trouvera ici tous les renseignements bibliographiques sur les ouvrages effec-tivement parus du 15 septembre au 15 octobre 1957.

    BIBLIOTHÈQUE DE LA PLÉIADE

    SÉVIGNÉ Madame de. Lettres. Tome III et dernier. 1684 (suite)-1696. Édition nouvelle comportant denombreux fragments inédits et restitu-tions de textes, établie avec une Intro-

    duction, des Notes et un Index par Gé-rard-Gailly. 1.286 p., in-16double cou-ronne sur papier bible. Reliure pleinepeau. Couvre-livre illustré d'une repro-duction d'un tableau de Robert Nanteuil

    (1623-1678) [Musée Carnavalet. PhotoGiraudon]. Jaquette en matière plastiquetransparente. Emboîtage 2.785 fr.

    ŒUVRES COMPLÈTES DE PAUL CLAUDEL'

    CLAUDEL Paul. Œuvres Complètes, Tome XI (Théâtre,VI) Partage de Midi (première version),Partage de Midi (version pour la scène),Partage de Midi (nouvelle version pourla scène). Textes et Notes établis par Ro-bert Mallet sous la direction de l'auteur.

    Un volume de 364 p., in-8° carré. Tiragelimité, à

    50 ex. num. sur vélin d'Arches. 5.500 fr. (épuisé)150 ex. num. pur fil Lafuma Navarre. 3.200 fr.1.300 ex. num. vergé Navarre de Voiron. 1.900 fr.

    N° 59

    nrf

  • B ULLET IN DE NO VEMBRE 1957

    COLLECTION « SOLEIL »

    Reliure typographique en toile fine, maquette de Massin.« On dira des « Soleilcomme on dit des «Pléiade».»»

    CAMUS Albert. L'Exil et le Royaume. Reliure rouge, papierde garde vert clair 1.150 fr.

    HÉRIAT Philippe. Les Grilles d'Or. Reliure verte, papier degarde ocre jaune clair 1.350 fr.

    MONTHERLANT Carnets. Reliure outremer clair, papier deHenry de garde rouge de Chine 1.450 fr.

    Tous les exemplaires de la Collection «SOLEILsont numérotés.

    Collection

    JEUNE POÉSIE N.R.F.

    La nouvelle collection Jeune Poésie N. R. F. souhaite révéler des talents poétiquesen se gardant de toute orientation préconçue. Elle est ouverte aux écrivains jeuneset à ceux qui n'ont pas encore eu l'occasion de s'affirmer. La jeunesse, en poésie,ne correspond pas à un âge, mais à un tempérament. Un tempérament, en poésie,

    n'est conforme ni à une doctrine, ni à une absence de doctrine. Ilest ce qu'il est.

    DALLE NOGARE Pierre. Cellules. 48 p., au format 10 X 18 rogné,sous couvre-livre rembordé en 4 couleurs. 200 fr.

    20 ex. num. pur fil Lafuma Navarre. 600 fr.

    LAFAYE Raymond. Pour Monia. 24 p., au format 10 x 18 rogné,sous couvre-livre rembordé en 4 couleurs. 200 fr.

    20 ex. num. pur fil Lafuma Navarre. 600 fr.

    PARISOT Roger. Nature Vive. 64 p., au format 10 x 18 rogné,sous couvre-livre rembordé en 4 couleurs. 200 fr.

    20 ex. num. pur fil Lafuma Navarre 600 fr.

    ROMANS

    CERTIGNY Henry Le Bal Masqué de Montparnasse. 356 p.,in-8° soleil. Collection blanche. 950 fr.

    20 ex. num. pur fil Lafuma Navarre. 3.000 fr.

    DUCHEMIN Jacques. Le Chemin de Poitiers, 240 p., in-16 doublecouronne. Collection blanche. 590 fr.

    20 ex. num. pur fil Lafuma Navarre. 1.800 fr.

    DUVIGNAUD Jean. L'Or de la République. 440 p., in-8° soleil.Collection blanche 1.200 fr.

    20 ex. num. pur fil Lafuma Navarre. 4.000 fr.

    DEFOS Bertrand. Simon le Superbe. 368 p., in-8° soleil. Col-lection blanche 950 fr.

    25 ex. num. pur fil Lafuma Navarre. 3.000 fr.

    FRÈRE Maud. L'Herbe à moi. 208 p., in-16 double cou-ronne. Collection blanche. 550 fr.20 ex. num. pur fil Lafuma Navarre. 1.800 fr.

  • BULLETIN DE NOVEMBRE1957~

    ESSAIS CRITIQUE LITTÉRATURE

    BATAILLE Georges. La Littérature et le Mal (Emily Brontë- Baude-laire Michelet Blake Sade Proust Kafka

    Genet.) 232 p., in-16double couronne.Collection blanche. 650 fr.

    y 20 ex. num. pur fil Lafuma Navarre. 1.900fr. (épuisé)

    CINÉMA

    COURNOT Michel. Le premier Spectateur. Histoire Vraie. 260 p.,in-16double couronne, sous couvertureillustrée. Horssérie 590 fr.

    GÉOGRAPHIE

    DEFFONTAINES Pierre L'Homme et l'Hiver au Canada. 304 p.,in-8° carré dont 16 planches hors-texte(parmi lesquelles plusieurs dessins de l'au-teur) et des croquis et cartes in-texte.Collection «Géographie Humaine ». 990 fr.

    L'AIR' DU TEMPS

    Collection dirigée par PIERRE LAZAREFF

    PERRY Jacques et L'Affaire Petiot. 304 p., in-8° soleil,2 plan-CHABERT Jane. ches hors texte 750 fr.

    WERTH Alexander. La France depuis la Guerre (1944-1957).Traduit de l'anglais par Jean Guignebert.Préface de Pierre Lazareff, 632 p., in-8° so-leil 1.500 fr.

    SÉRIE NOIRE

    WHITTINGTON Harry. Le Chant de l'Alligator. Traduit de l'américainpar G. Sollacaro.

    McPARTLAND John La Parole est de Plomb. Traduit de l'américainpar Jean Rosenthal.

    MASUR Harold Q. La Loi du Zim-Bang. Traduit de l'américainparJ. Hérisson.

    CULLEN Carter. Plus on est de Fous. Traduit de l'américain

    par A. Glatigny.

    MacDONALD John D.. Midi sonné. Traduit de l'américain par C. Wour-gaft.

    Chacun de ces cinq volumes, n° 391 à 395, de la "Série Noire" 220 fr.

  • BULLETIN DE NOVEMBRE 1957

    ANDRÉ MALRAUX

    LA MÉTAMORPHOSE

    DES DIEUX

    La Métamorphose des Dieux n'appartient pas à la suite des travaux d'AndréMalraux qui ont formé, dans la Galerie de la Pléiade, le Musée Imaginaire de laSculpture, mais à la série des Voix du Silence.

    Il ne s'agit ni d'une refonte ni d'une adaptation totale ou partielle de celivre ou de ces travaux mais d'un ouvrage entièrement inédit

    LA MÉTAMORPHOSE DES DIEUX est le plus étendu et le plus important desouvrages consacrés à l'art par André Malraux.

    Cette année, pour la première fois, aux États-Unis, au Japon et peut-être enFrance- le nombre des entrées dans les musées a dépassé celui des entrées dansles stades. L'art de tous les temps prend, dans la civilisation qui commence avecnous, un rôle qu'il ne connut dans aucune autre. Quelle est donc sa significationsecrète ?

    On tente ici de rendre intelligible le monde de toutes les images que la créa-tion humaine a opposées au temps et le pouvoir, peut-être aussi vieux que l'in-vention du feu et celle du tombeau, auquel il doit l'existence. Ce livre n'a pourobjet ni une histoire de l'art- bien que la nature même de la création artistiquey contraigne souvent à suivre l'histoire pas à pas- ni une esthétique mais bien lasignification que prend la présence mystérieuse d'une éternelle réponse à l'inter-rogation que pose à l'homme sa part d'éternité lorsqu'elle surgit dans lapremière civilisation consciente d'ignorer ce que signifie l'homme. »

    Dans le premier tome, qui paraît en novembre, Malraux suit l'histoire àtravers les civilisations du sacré, la Grèce, Byzance et la chrétienté romainejusqu'au XVe siècle. Le deuxième et dernier tome est sous presse.

    Tome un fort volume de 422 pages au format 18 x 22,5, illustré de 186 docu-ments reproduits en héliogravure dont 143 en noir, 4 en dépliant, 8 en sépia et31 en quatre couleurs.

    L'édition originale, reliée d'après la maquette de Paul Bonet, a été tirée à dixmille deux cents exemplaires numérotés, dont deux cents exemplaires hors com-merce.

    Mise en vente 21 novembre 1957. Prix 5.950.

    Édition reliée toile sous jaquette.

    Mise en vente 16décembre 1957. Prix 4.950.

  • BULLETIN DE NOVEMBRE 1957

    COLLECTION SOLEIL

    Voici la collection « Soleil ». « Le soleil », dit Fontenelle, «est l'orgueil des pla-nètes ». Les livres de la collection « Soleil », tous au format in-8° soleil, seront

    l'orgueil des bibliothèques. Leur reliure typographique en toile fine (d'unecouleur différente pour chaque titre), exécutée d'après la maquette de Massin,décorée à froid pour les filets et à l'or pour les titres, leur typographie en deuxcouleurs, leur papier vélin supérieur, la teinte des papiers de garde spécialementassortie à celle des reliures, sont dignes des grandes traditions de l'édition fran-çaise. Le choix de nos textes en fera la grande collection des classiques modernes.

    Ce sont les Éditions Gallimard qui ont lancé, il y a vingt-cinq ans, la vogue deslivres reliés. Les « Soleil » (on dira des « Soleil » comme on dit des « Pléiade »),par leur élégance sobre, continuent cette tradition. Voici les sept premiers«,Soleil »

    Publications d'Octobre 1957

    ALBERT CAMUS

    Prix Nobel 1957.

    L'Exil et le Royaume, reliure rouge, papier de garde vert clair. 1 150 fr.

    PHILIPPE HÉRIAT,de l'Académie Goncourt.

    Les Grilles d'Or, reliure vert olive, papier de garde ocre jaune clair.. 1.350 fr.

    HENRY DE MONTHERLANT

    Carnets, reliure outremer clair, papier de garde rouge de Chine. 1.450 fr.

    Publications de Novembre 1957

    JEAN GIONO Le Bonheur fou.

    JACQUES PERRET Rôle de Plaisance.

    Publications de Décembre 1957

    HENRI BOSCO Sabinus.

    ROGER VAILLAND La Loi.

    Tous les exemplaires de la Collection «SOLEIL» sont numérotés.

  • BULLETIN DE NOVEMBRE 1957

    ÉCHOS PROJETS• In Memoriam.

    Le 25 novembre prochain sera le dixième anniversaire de la mort de Léon-PaulFargue à cette occasion, doit être inaugurée à Paris la Place Léon-Paul-Farguesera ainsi désigné le carrefour du boulevard Montparnasse et de la rue de Sèvres,où Fargue demeura et mourut. Prendront la parole à cette cérémonie JulesRomains, président de la Société des Amis de Léon-Paul Fargue, Yves Gandon,président de la Société des Gens de Lettres, et André Beucler. Celui-ci, en outre,

    assurera une émission à la R. T. F. «yya dix ans que Fargue nous o quittés o,pour laquelle il a reçu des poèmes inédits de Jean Cocteau et de Maurice Fombeure,des lettres de Pierre Brisson et Henri Mondor, un témoignage de la Duchesse de LaRochefoucauld lecture en sera faite, ainsi que de textes peu connus ou inédits deFargue lui-même, par de nombreux artistes, parmi lesquels Valentine Tessier etPierre Bertin. Jean Wiener exécutera les enchaînements de piano comme il le faisaitau Bœuf-sur-le-Toit, qu'un dernier texte de Fargue évoquera pour les auditeurs.

    On commémorera, le 6 décembre, le centième anniversaire de la naissance deJoseph Conrad. La R. T. F. a confié, à cette occasion, le soin d'une émission, dans lecadre des « Soirées de Paris », à Jean Guignebert.

    • Bibliothèque de la Pléiade.La Bibliothèque de la Pléiade, après son Théâtre, a mis à son programme de

    l'année 1958 les Romans d'Henry de Montherlant. Le volume comprendra doncles titres suivants Le Songe, Les Célibataires, Les Bestiaires, Les JeunesFilles (1 Les Jeunes Filles II Pitié pour les Femmes III Le Démon du BienIV Les Lépreuses), La Petite Infante de Castille. Les poèmes intitulés Encore unInstant de Bonheur figureront dans le volume, ainsi que Les Olympiques qui,composées en partie d'essais, en partie de nouvelles et de dialogues, peuventfigurer aussi bien dans un volume de fiction que dans un volume d'essais.

    • La Société des Lecteurs a désigné comme « Livres du mois» de septembre pourles romans, Le Clown d'Alfred Kern,- et pour les essais, le Panorama des Idéescontemporaines publié dans Le Point du Jour sous la direction de Gaëtan Picon.Parmi les autres livres recommandés par la Société des Lecteurs, figure La Littéra-ture et le Mal, de Georges Bataille..

    • Le Comité de Sélection franco-anglais a désigné à l'attention du public anglaisLe Clown, d'Alfred Kern.

    • Prix littéraires en Belgique.

    L'Académie Royale de Belgique, dans sa séance du 12 octobre, a décerné le PrixGeorges Garnir (prix triennal réservé aux contes et romans) à Maud Frère pourson récit Vacances Secrètes, paru l'an dernier dans la Bibliothèque Blanche.Rappelons que, cet automne, Maud Frère vient de publier L'Herbe à moi.

    D'autre part, c'est à l'unanimité que le jury du Prix Franz De Wever a couronné,sur manuscrit, l'ensemble des poèmes inédits de Lucienne Desnoues, qui paraîtrontdans la collection Jeune Poésie N. R. F. sous le titre La Fraîche.

    • Le Livre et la Scène.

    C'est le 4 décembre que Le Maître de Santiago, d'Henry de Montherlant, entreau répertoire de la Comédie-Française. Henri Rolland met la pièce en scène, etreprend son rôle de Don Alvaro Dabo.

    André Frère jouera ses Comédies à une Voix à Bruxelles pendant tout le mois dedécembre.

    Sont actuellement en Vours de traduction polonaise les pièces suivantes deSalacrou La Terre est ronde, par M. Jean Blonski, Les Nuits de la Colère,par M. Zeromski, L'Inconnue d'Arras, par Mme Serkowska, Les Frénétiques et

    • Atlas-Hôtel, par Mme Wanda Urstein.

  • BULLETIN DE NOVEMBRE 1957

    Les Trois Baudets, qui aiment à se dire « le petit théâtre de Montmartre », fontleur réouverture annuelle avec La Réalité dépasse la Fiction, d'après l'ouvraged'Albert Aycard et Jacqueline Franck.

    Le Théâtre de Poche, de Bruxelles, fait une tournée en Pologne avec Le Mal court,d'Audiberti.

    De Jacques Audiberti également, l'adaptation (libre) de La Mégère apprivoisée,de Shakespeare, actuellement jouée à L'Athénée par Suzanne Flon et Brasseur,paraît en novembre dans la collection Le Manteau d'Arlequin.

    C'est également- en novembre, et dans Le Manteau d'Arlequin, que paraîtra lanouvelle pièce de Marcel Aymé Lo Mouche bleue, jouée actuellement à la Comé-die des Champs-Élysées.

    Dans la même traduction qu'à Berlin, Histoire de Vasco, de Georges Schehadé,sera donnée en novembre sur la scène du Schauspielhaus de Bochum.

    Les Éditions Kurt Reiss, de Bâle, ont d'ores et déjà mis en train la traductionen langue allemande de la nouvelle pièce de Jean Vauthier Les Prodiges.

    • Le Livre et la Radio.

    Premier Poème et Poème d'aujourd'hui, une émission bi-mensuelle de RobertJ. Vidal et Jean Breton sur la Chaîne Parisienne, se propose d'établir un parallèleentre le premier poème publié et l'un des plus récents poèmes de l'auteur invité.Entre les producteurs et le poète, un dialogue s'établit, qui voudrait éclairer lesconditions réelles de la naissance d'une vocation. Parmi les poètes invités (undimanche sur deux, à 23 h. 15, à partir du 20 octobre), citons Blaise Cendrars,Raymond Queneau, Francis Carco, Jean Cocteau, Jules Supervielle.

    Le 8 novembre 1957, de 20 h. 30 à 21 h. 30, Radio-Nancy diffusera sur son pro-gramme régional de Modulation de Fréquence CARTE BLANCHE A. JEAN-JACQUESKIM, que l'auteur consacrera au sujet suivant « Les Simplistes du Lycée de Reims etleur destin ». Cette émission comportera de nombreux poèmes et textes enprose de René Daumal et Roger Gilbert-Lecomte publiés à nos éditions.

    Une nouvelle émission, due à Jacques Floran et intitulée Bon Voyage passe surParis-Inter, un dimanche sur deux à dater du 13 octobre, à 13 h. 45. Elle évoqueen direct, au fur et à mesure qu'il en atteint les étapes, un itinéraire choisi et décritpar un écrivain. Un concours permet aux auditeurs de suivre le voyage en le sui-vant sur la carte, le Guide Bleu, le Guide Michelin, etc. Au programme des pro-chaines réalisations, on entendra Bon Voyage, André Maurois 1. Bon Voyage, RolandDorge/ès 1. Le concours est doté de nombreux prix en livres premier prixla collection complète de la' Bibliothèque de la Pléiade.

    • Le Livre et le Concert.

    Paul Bowles, romancier américain dont nous avons publié, en traduction française,Un Thé au Sahara et Après toi le Déluge, est également compositeur. Le Concertdes Amitiés Artistiques, de Bruxelles, vient de donner ses Scènes d'Anabase,écrites pour ténor, hautbois et piano sur un texte de Saint-John Perse. Il est questiond'entendre cette oeuvre à Paris, au cours de l'hiver.

    0 Voyages et Conférences.

    Le professeur Eugène Pépin, directeur de l'Institut de Droit international aériende Montréal, a participé au début d'octobre au Congrès d'Astronautique deBarcelone, qui a examiné les questions scientifiques et juridiques posées par lelancement du premier satellite. Après un court séjour à Paris, il est rentré auCanada et a consacré sa leçon inaugurale de la session 1957-1958 à ces nouveauxproblèmes. M. Eugène Pépin, dans son ouvrage Géographie de la Circulationaérienne, écrit en 1955, annonçait la réalisation du «satellite artificiel de petitdiamètre»pour 1957. Entre temps, M. Eugène Pépin a également suivi, à Athènes,les travaux du Congrès International de Droit pénal, dont l'ordre du jourcomportait, entre autres, « Les Crimes à bord des Avions ».

    Du 17 novembre au 10 décembre, Henri Bosco poursuit sa tournée de conférencesen Italie et en Sicile sous les auspices de l'Alliance Française Naples, Palerme,Catane, Syracuse, Reggio de Calabre, Rome, Livourne, Pise, La Spezia.

  • BULLETIN DE NOVEMBRE 1957

    C'est sous les mêmes auspices que François-Régis Bastide parlera de la littératurecontemporaine, du 15 au 22 novembre, à Saint-Étienne, Marseille, Avignon, Nîmes,Montpellier et Milan.

    Georges Friedmann doit arriver le 10 novembre à Santiago du Chili, où un Centrede Sociologie Industrielle a été créé à l'Université sous sa responsabilité il y ferades conférences, mènera des enquêtes dans les usines et mines chiliennes, et par-lera, sur le chemin du retour, dans la première quinzaine de décembre, à Buenos-Aires et Rio-de-Janeiro.

    Jean Duvignaud, qui vient de publier L'Or de la République, va présenter Loren-zaccio, joué pour la première fois en Allemagne au théâtre de Düsseldorf.

    Louis Dumont, l'ethnologue dont nous avons publié l'étude sur La Tarasque,est actuellement dans l'Inde. Il y poursuit une campagne d'études sociologiqueslocalisées dans l'État d'Uttar-Pradesh (Nord).

    Le Palais des Beaux-Arts, à Bruxelles, annonce, pour le 28 novembre, une confé-rence de Jean Rostand qui parlera de « L'homme en l'an 2000 ».

    • Après Bâtons dans les Roues et Cheveux sur la Soupe, Jacques Perret publieen novembre un nouveau volume de chroniques. Sans vouloir suivre un ordrealphabétique, il se trouve que la première de ces chroniques s'intitule Ablette,et la dernière Zingueur. Titre général Salade de Saison.

    • En revanche, si Jean Dutourd annonce son prochain livre sous le titre Le Fondet la Forme, il tient à enpréciser le sous-titre Essai alphabétique sur la Morale et sur le Style.

    Le gouverneur général Robert Delavignette, auteur de Birama, vient d'êtrenommé membre associé de l'Académie Royale des Sciences Coloniales de Belgique.

    • La Bibliothèque Blonche publiera en novembre Barboche, d'Henri Bosco, etCantemerle, de Jean Forton.

    • Lu au Journal Officiel du Iloctobre un arrêté approuvant une délibération duConseil municipal de Villefranche-sur-Mer conférant le titre de citoyen d'honneurde cette commune à M. Jean Cocteau.

    • Sir John Gielgud, du Shakespeare Memorial Theatre et du Old Vic, donneraà Paris, au Théâtre des Ambassadeurs, le 18 novembre à 21 heures, un récitald'extraits des œuvres de Shakespeare.

    • Pour paraître en novembre, des poèmes de Patrice de La Tour du Pin avec desillustrations en couleurs par J. Ferrand. Les auteurs présentent cette œuvredélicatecomme une suite de Christmas cards formant catalogue de nouveaux sapins, avecnomenclature, descriptions et conseils, sous le titre Pépinière de Sapins de Noël.

    • On n'a pas oublié l'extraordinaire Société anonyme pour Assassinats, un desgrands succès de L'Air du Temps. Meurtres sur la 10e Avenue, qui paraîtra dans lamême collection, lui fait suite. Nous y assistons à la guerre contre le gangstérismepolitique aux U. S. A. Deux films ont déjà été inspirés par cette histoire vraie,dont On the Waterfront, interprété par Marion Brando.

    Dans L'Air du Temps, également, un livre désopilant Esprit es-tu là ? de MichelChrestien, qui résume par ordre alphabétique quatre siècles d'humour et decomique. Tallemant des Réaux, Chamfort, Victor Hugo, Tristan Bernard, SachaGuitry se sont donné rendez-vous dans Esprit es-tu là ? pour nous faire rire, ousourire, pendant 300 pages.

    • Sous presse: L'Espace et la Flûte, 12 dessins de Picasso commentés par des poèmesde Jean Tardieu. Ici, combinant ses jeux préférés, le poète cherche un équivalentverbal de la manière d'un grand artiste et, comme les musiciens, développe ses« variations» sur le thème de quelques mots élémentaires « de rien je gonfle majoue dans le signe que je trace tout l'espace est donné ».

    0 Actualité de Paul Valéry, dont nous publions en novembre la Correspondanceavec G. Fourment, présentée par Octave Nadal, en même temps qu'HenriMondor lui consacre un ouvrage Précocité de Valéry.

  • LA NOUVELLE

    NOUVELLE

    Revue Française

    UN MARIAGE

    Le cri de la laitière, dans la matinée, ranimait des sou-

    venirs déjà affreux. Cousu de certificats, de diplômes,

    couvert de parchemins et de titres, mais dépourvu de

    santé, Didier valait moins que le dernier de ces trou-

    fions qui avaient eu le bon esprit d'attraper un bobo

    durant le temps où on leur apprenait à manier le fusil

    et où ils dépensaient concomitamment le meilleur deleurs loisirs dans les bordels (d'où surmenage), et que

    la Nation entretenait pension indexée et susceptible

    de péréquations pour leur permettre de taquiner le

    goujon sur les bords de la Bonance ou de jouer à la

    pétanque sur les glacis. Une jeunesse passée dans les

    Facultés, à étudier et à comparer les plus hauts écrits

    sortis de la pensée de l'homme, ne valait pas les six mois

    que Marius Gastambide avait pu passer à la corvée de

    pluches, ou à tailler des crayons dans un bureau deministère.

    Après quelques jours d'aridité, l'espoir rentra en luilorsque Flopie monta pour lui porter une lettre quis'était égarée dans le courrier des Maillechort. Hélas,

    i

  • LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

    c'était une lettre du percepteur, qui lui réclamait desimpôts sur une somme qu'il avait touchée trois ansauparavant, pour une publication qu'il avait faite. Ilne songea même pas à s'indigner, tant la dérision était

    grande. Flopie restait là, la porte entrebâillée derrièreelle, accrochée à la barre du lit, comme si elle attendait

    quelque chose. Il la remercia avec un sourire poli.« Vous n'avez besoin de rien ?» dit-elle.

    Il fit un signe de dénégation.

    «J'ai dit à Gaby que vous aviez l'air malade. Elle

    m'a dit que si vous vouliez qu'on s'occupe de vous on

    pourrait vous porter à manger à midi.

    Vous lui direz que je suis très touché, dit Didier,

    mais je ne suis pas si mal.

    On pourrait, vous savez. Ce ne serait pas compli-qué. D'ailleurs, qu'est-ce qui est compliqué ? »

    Elle avait fait une sorte de pirouette. Il leva la tête,la découvrit, avec sa masse de cheveux autour des

    joues. Elle avait, malgré ses travaux, un air de santé, de

    propreté, qui était réconfortant.« C'est vous qui leur avez proposé cela ? » demanda-

    t-il.

    Elle s'accrochait à la barre du lit, la secouant très fort.

    Elle le regarda plus franchement.

    « Pourquoi pensez-vous que c'est moi ? Vous les détes-tez, hein ? Moi aussi, avant, je les détestais. Mais ils

    n'en valent pas la peine », dit-elle avec une grande tran-

    quillité, comme si elle était parvenue à cette conclusionaprès des mois de réflexion et de travail sur elle-même.

    Didier ne l'avait jamais vue d'aussi près. Il était un

    peu déçu. Il la trouvait moins belle, moins attirante quede loin, quand il la regardait déballant des caisses ou

    manœuvrant la pompe à huile, ou qu'il la croisait rapi-dement à la porte, sans jamais oser la dévisager tout àfait. Il se demandait si c'était la même fille. Ou bien

    une transformation s'était-elle accomplie en elle depuis

  • UN MARIAGE

    peu ? Ses traits semblaient tirés, et il y avait quelquechose dans ses yeux. quoi ?. une fatigue, une anxiété.Mais il y avait encore autre chose. Étaient-ce les servi-tudes du commerce qui avaient eu raison de la jeunesse

    de Flopie ou des servitudes moins avouables ? Il serappela tout à coup, bien malgré lui, ce que racontaitla laitière, que, depuis que Gaby avait fait l'imbécileavec son docteur, Flopie couchait avec le mari de Gaby,Stef le taciturne.

    Mais que valaient les propos de la laitière ? Il l'avaitconstaté si on la poussait un peu, elle était aussi prompteà se rétracter qu'à affirmer.

    Flopie le surveillait sous les mèches désordonnées deses cheveux qui passaient de temps en temps devant sesyeux. Soudain conscient de la bizarre sympathie qu'il

    paraissait lui inspirer, et qu'il s'expliquait mal, il résolutd'être franc avec elle.

    « Vous avez l'air fatiguée », dit-il doucement.Elle secoua la tête en avant.

    « Moi non plus, je ne m'entends pas avec eux », dit-elle.Didier l'examina avec curiosité et presque un intérêt

    nouveau. Il ne lui était pas difficile, à voir l'aspect de

    Flopie, de pressentir un drame. I/étonnant, c'étaitqu'il ne fût pas arrivé plus tôt.

    « Vous êtes jeune, dit-il. N'y a-t-il personne qui vousconseille?. »

    Elle eut un léger mouvement des épaules.

    « Si vous croyez que c'est commode de parler aux

    gens. Vous, tenez, dit-elle, se décidant brusquement.Si j'étais venue vous voir pour être conseillée, commevous dites, vous auriez fait ce que vous faites toujours.

    Vous ne m'auriez pas seulement regardée.

    Mais de quoi parlez-vous ? demanda-t-il, étonné

    par cette offensive. Quand avez-vous eu envie de.Avez-vous eu besoin de moi ?.»

    Elle entama une réponse, s'interrompit, s'embrouilla,

  • I,A NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

    quitta enfin la barre du lit, pour s'éloigner un peu,comme pour moins s'offrir à la lumière. Il avait été

    surpris de l'espèce d'aveu qu'elle venait de lui faire,

    mais que signifiait-il exactement ?. Avec son petit

    visage triangulaire sous ses cheveux drus, elle semblait

    affirmer non seulement l'ignorance où l'on est de la

    plupart des êtres, mais l'impossibilité même de remédier

    à cette ignorance. C'était une triste petite masse de

    négation et de solitude, une petite barque sombre, à

    la coque dure, tournoyant parmi les périls, périlleuse

    elle-même. Que se passait-il avec les Maillechort ? Eux

    qui ne lui avaient jamais fait de cadeau, ils lui envoyaient

    celui-là, comme ils se débarrassaient de tout ce qui les

    encombrait en le rejetant vers le jardin les jouets du

    gosse, les vieux ustensiles de ménage, les dessous de

    plat rouillés. Comme elle écartait son blouson elle

    portait cejour-là, en guise de veste, une espèce de blouson

    imperméable de couleur verdâtre, acheté aux surplus

    américains il lui sembla soudain qu'outre tant de

    désavantages auxquels sa jeunesse à la rigueur aurait

    pu remédier, elle laissait voir ce jour-là une taille moins

    gracieuse oh, à peine que les autres fois. Évidem-ment, cela changeait tout. Didier était frappé, comme

    quand on vient de préciser une situation qui jusque-làétait restée floue. Cette Flopie si proche encore del'enfance, c'était un étonnement sans fin de la contem-

    pler dans ce nouveau rôle. I,e contraste entre ce qu'ilcroyait deviner et cet air d'extrême et irresponsable

    jeunesse. Pas besoin d'un long interrogatoire. Il

    l'appela près de lui, l'invita, sans la brusquer, à lui dire

    tout ce qu'elle pouvait avoir sur le cœur. Voyons, com-bien as-tu ? Seize ? Dix-sept ans ?. Dix-sept. Mon

    Dieu, dix-sept ans et cette chose à naître, alors qu'enquarante ans il n'avait jamais rien mis au monde.

    Mais que voulait-elle de lui ? Ne savait-elle pas qu'il

    n'était rien, qu'il n'avait plus de domicile, qu'il allait

  • UN MARIAGE

    être expulsé de cette chambre ? Quelques jours plus tôt,oui, il aurait pu réconforter Flopie, poser la main surelle, reprendre espoir auprès de ce ventre de jeune filleen train de réaliser sa plénitude. On aurait pu lui arra-cher un jardin, une prairie, ôter de sa poitrine un arbreruisselant de soleil, mais un enfant Bien sûr, il

    n'était pour rien dans cette métamorphose de Flopie,mais qu'est-ce que la paternité, sans l'aveu de l'esprit ?

    «Dis-moi ?. Qu'est-ce qui t'est arrivé ?.»La jeune fille rougit violemment, comme si elle n'avait

    pas prévu la question. Cette rougeur du moins plut àDidier.

    Elle agita la tête d'un mouvement qui ramena ses

    cheveux sur son front et, couvrant rapidement son

    visage de ses mains

    « Ils ne veulent plus de moi », murmura-t-elle.Didier écarta ses mains de son visage.« Raconte.

    Vous ne comprenez pas ?

    Qui ?dit-il.

    Elle haussa les épaules.« Puisque vous le savez

    Comment saurais-je quelque chose ? cria-t-il

    soudain. Est-ce que je m'occupe de vos histoires ? Vousme remplissez de bruit, vous m'empêchez de travailler,de gagner ma vie, et maintenant.»

    Il s'arrêta. Elle le regardait avec un air d'étonnement

    et de reproche, comme si elle s'attendait à un autre

    accueil. Il pensa tout à coup à l'abbé Poussielgue, à ceprêtre de collège à qui, enfant, il confessait ses fautes et

    qui lui avait une fois promis l'enfer pour une peccadilleil se rappela cette scène de sanatorium, si mémorableSœur Florencia surgissant à l'improviste dans la chambre

    qu'un malade venait d'abandonner, apercevant la filleencore toute nue, comprenant soudain avec horreur et

    ne trouvant que cette parole suffoquée « Vous êtes

  • LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

    maudite » La fille, renvoyée de l'établissement,

    avait raconté la scène à tout le monde, pliée en deux parle rire. Didier ne riait pas. Il se rappelait tout cela et

    revoyait en même temps, comme une chose qui dataitde plusieurs années, le départ matinal du camion, quandle bruit des chaînes que Flopie laissait tomber contre la

    porte de fer le faisait tant souffrir et l'esprit de SœurFlorencia revenait lui souffler son inspiration terrible,

    de cette Alsacienne géante et carrée comme une armoire,

    aux gestes empesés, à la nuque raide, aux joues enflam-

    mées de poupée de porcelaine friable.« C'est épouvantable, dit-il. Je crois bien que tu es

    maudite, Flopie(il l'appelait pour la première fois de

    son nom familier à tous). Et il ajouta car il crutnécessaire de lui donner aussitôt une explication

    «Avec lui Tu n'aurais jamais dû. Un homme aussi.

    aussi terre à terre Oh, ça me fait mal »

    Oui, c'était cela qu'il avait voulu dire par ce mot

    étrange qui lui avait échappé, cela et pas autre chose.Maudite, bien sûr maudits le bric-à-brac, la brocante,

    mottes de beurre et paquets de chicorée. Maudite cette

    activité vénale et bruyante, maudit le péché de vendreet de gagner, gagner, l'horrible chose.

    Maudite elle était, Flopie, pour avoir participé à cesallées et venues, à ces ventes et à ces méventes, à ces

    majorations illicites, à ces escroqueries sur le sel et surla sardine Maudite Maudite Il criait. Elle l'avait

    d'abord regardé avec effarement. Elle aurait voulu rire,

    ou s'enfuir, ou seulement s'éloigner, mais la chambre

    était trop petite, il n'y avait de refuge que de son côté

    avec une obstination désolée, elle ne trouva pas autre

    chose que de se laisser tomber la tête contre lui, et

    il crut qu'elle pleurait. Elle avait besoin de l'aborderpar ses moyens à elle, besoin d'acclimater l'admiration

    qu'elle avait éprouvée jusque-là à distance pour ce gar-çon aux manières incompréhensibles, cet homme d'études

  • UN MARIA GE

    dont tout la séparait, mais dont la présence dans la mai-son lui donnait tout de même une vague appréhension

    de ce que peuvent être les activités de l'esprit chosequi n'est pas toujours donnée à un ministre. Soudain il

    la découvrit tout près de lui, humble et peureuse,

    un peu trop près encore il l'écarta doucement.

    « Voyons, qu'est-ce que tu fais ici ?» lui dit-il d'unton gentil.

    Elle battit des paupières, mais il eut le temps d'aper-cevoir le vert de ses yeux, cette lueur d'eau, d'étang,

    qui le troublaitjadis.

    « Écoutez. Il ne faut pas que vous me chassiez,dit-elle. Pas encore. Tout à l'heure, vous m'avez caressé

    la joue. Il m'a semblé. Je peux vous rendre desservices.

    Personne ne peut plus me rendre de services, ditDidier. Avant, tu aurais pu, ne fût-ce qu'en secouant

    moins fort la chaîne de la porte. Mais tu ne t'en es jamaisdoutée. Et maintenant, je suis trop fatigué pour qu'on

    puisse encore me rendre service. Et tu viens encore

    m'encombrer. Je ne sais pas si tu comprends à quelpoint tu choisis mal ton moment.»

    Flopie était là, quelque part près de lui. Elle étenditle bras, releva une mèche sur son front.

    « Je ne te connais pas, dit-il. Tu ne veux pas que je

    te chasse, mais je ne te connais pas. »Elle le regarda avec un sérieux inattendu.« Mais si nous avions vécu ensemble mille et mille

    ans, dit-elle, qu'est-ce que tu connaîtrais de plus ? Je

    pourrais me mettre à genoux devant toi pendant des

    années, qu'est-ce que tu connaîtrais de plus ? Qu'est-ce

    qu'il y a à connaître ?

    Hm Il y a ce petit crétin qui est dans tonventre

    Ils ne veulent pas que ce gosse ait un père, s'écria-

    t-elle. Et je ne veux pas, moi, du père qu'il a

  • LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

    Tu es folle dit-il. Qu'est-ce que tu veux que çame fasse ? »

    Elle se recueillit le son de sa voix se fit plus grave.

    « J'ai pensé à toi ce jour-là », dit-elle.Il lui jeta

    « Menteuse Est-ce que tu sais seulement quand etavec qui ? »

    Elle baissa la tête. Elle s'était assise sur le lit, tout

    près de lui, pour se sentir un peu sous sa protection,mais aussi pour qu'il ne la vît pas trop bien.

    « Ça m'est égal que vous m'insultiez, dit-elle. On estbien chez vous. Cela ne s'est pas passé comme vous

    croyez. Je ne peux même pas avoir honte, car ce n'estpas ma faute. Bien sûr, vous devez croire que Stef.Vous nous voyez partir le matin très tôt, et nous reve-

    nons l'après-midi. Mais nous sommes beaucoup tropbousculés. Ne croyez pas.

    Tu peux me dire tu, dit Didier. Je ne suis pas unmonsieur. »

    Elle reprit un peu en sourdine

    « On s'imagine mal, aujourd'hui où il fait ce sale

    temps, une journée aussi chaude que celle-là. Pas unefeuille ne remuait. On était allés à Canet, un petit coin

    des Landes où le marché se fait sur une place sans

    arbres, autour d'une fontaine.

    « A midi, c'était infect. Il y avait des gros nuages

    blancs partout, mais pas un souffle. I,e ciel, on auraitdit un plafond. J'avais la robe qui me collait sur le dos,

    et Stef ruisselait tant qu'il pouvait.

    « A la fin, ça devait l'agacer de m'entendre grogner,

    il me dit « Si tu es fatiguée, tu peux filer, hein, j'aime« encore mieux fricoter tout seul que de t'entendre.» Rien

    que de dire ça, les gouttes lui tombaient sur le front.

    « O. K., je dis, je reviendrai pour emballer, je vais

    « m'étendre sur l'herbe. T'es pas folle, il me dit, avec

    « ce soleil. Ça va, je dis, je trouverai bien un coin,

  • UN MARIAGE

    «je suis pas idiote.» Avec sa nouvelle toile de tente,

    toute blanche, j'en avais les yeux qui pleuraient.

    « Côté ville, une petite ombre au ras des murs, pasquestion de s'asseoir sur les bancs. Côté nature pas un

    arbre rien que des champs, des prairies à vaches, même

    pas une haie. Il y avait de quoi devenir dingo. Tout

    d'un coup, au bout d'un chemin sans issue, qu'est-ce

    que je vois ? Le camion. Stef l'avait amené là après

    l'avoir déchargé, contre un mur d'usine, un de ces murs

    qui ne finissent pas, tu sais « 1,01 DU. », et un trottoirtout noir avec quatre brins d'herbe. Le mur avait dû

    donner de l'ombre un certain temps, maintenant il

    n'en donnait plus, mais n'importe quoi valait mieux

    que le plein soleil, il n'y avait pas le choix.

    « J'ouvre la porte de derrière, je me hisse dans le

    fourgon. Pour commencer, je ne vois pas clair et une

    chaleur de four, tu penses. Quelques sacs de riz étaient

    restés par terre et quelques bâches.

    « Qu'est-ce que je fais ? Je me cale contre un sac, mais

    je ne suis pas plus tôt installée que je vois une bâche qui

    remue. Je pousse un cri. Et j'entends sa grosse voix,

    la voix de Georges « Merde »Comment s'écria Didier en colère. C'est. c'est

    Georges ? »Flopie lui jeta, d'en dessous, un regard singulier.

    « Je t'avais dit que ce n'était pas ce que tu croyais »,

    implora-t-elle.

    Didier avait repoussé la couverture, bondi hors du

    lit et s'était mis à tourner comme un ours en cage. Mais

    le fait est qu'il faisait de plus en plus mauvais dans lachambre. Plus humide que froid, d'ailleurs. Cela lui

    pénétrait les bronches, et sa respiration déclenchait

    toutes sortes de petits bruits mouillés dans sa poitrine.Il frissonna et revint se blottir sur le lit, en serrant

    les dents, sans un mot de plus.

  • LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

    « D'abord, j'étais en colère de la peur qu'il m'avaitfaite. Je lui passe un savon, je lui demande ce qu'il faitlà. Il était debout, un peu courbé, il me regardait avec

    des yeux sournois, le front baissé, comme s'il pensaità autre chose, ou qu'il me regardait où il ne faut pas.

    « Et pour commencer, je dis, je vais les fermer les« portes, après que tu seras parti. Allez ouste Vide les« lieux » Il avait une drôle de figure, il devait commen-

    cer à s'énerver. «Toi, une fille, il dit, tu vas pas me com-

    « mander, non ? Les portes, c'est moi qui vais les

    « fermer, tiens Ça te fera du travail en moins »

    Il se rapproche du fond, comme pour fermer les portes,

    j'essaie de passer devant lui, il m'arrête. Sa main surmoi, oh » dit-elle avec un frémissement d'horreur.

    Didier essaya de l'arrêter. Il était impressionné par le

    changement qui était survenu dans la physionomie de

    Flopie elle avait les yeux fixes et semblait considérer

    quelque chose d'atroce.

    « C'est bon, dit-il, ça suffit. Je ne te force pas.

    Tu dois croire. Non, tu ne peux pas savoir quelle

    brute ça peut être

    N'y pense plus, dit Didier. Au moins. Viens,

    réchauffe-toi. Il y a une espèce de bouillotte qu'on peut

    remplir. Où avais-je la tête ? »

    Il s'éloigna vers la cuisine, fit bouillir l'eau, remplit

    la vieille bouillotte de caoutchouc qu'il avait trouvéedans la malle et qui portait toutes sortes de cicatrices.

    Quelque chose le poussait à faire ces gestes pour Flopie,ces gestes qu'il n'avait faits pour personne. Il la fit

    s'étendre dans le sens du lit, ajusta le pardessus autour

    de ses jambes et lui colla la bouillotte contre les pieds.Puis il revint s'allonger de son côté.

    « Mais tu penses que ça ne s'est pas passé comme ça,poursuivit-elle. Heureusement que je suis plutôt fluette,

    et que j'ai des muscles En deux bonds, je m'étais glissée

    vers la portière et je m'étais mise à courir autant que la