BULLETIN DE LITURGIE - … · en treize volumes in-8" ... Dictionnaire critique de Théologie ......

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Reo. Sc. ph. th. 82 (t998) 459-49t BULLETIN DE LITURGIE par Pierre-Marie.Gv Dictionnaires. - Nous disposions déjà du Dictionary of the Middle Ages en treize volumes in-8" ( 1982-1989) et du Lexikon des Miue/alters (depuis 1980 et maintenant proche de son achèvement). Par son ampleur moindre le Dictionnaire encyclopédique du moyen âge (DEMA) en deux volumes in-4" ne vise pas tout à fait le même public que le dictionnaire allemand, tout en recourant aux spécialistes de chaque aspect des études médiévales. À vrai dire une telle observation est toujours à tempérer, du fait que tout spécia- liste change de statut dès qu'il a besoin de s'informer dans des domaines étrangers à sa propre spécialité. Publié en une seule fois, il a, à cet égard, l'avantage sur d'autres dictionnaires dont la parution s'est étirée sur de longues années. Du Lexikon des Miuelalters les années 1996-97 ont vu paraître le T. VIII (de Stadt à Werl) avec des articles vraiment qualifiés sur la liturgie du bap- tême (Taufritus) et sur l'Office divin (Stundengebet). Reste, même pour des dictionnaires de haute valeur, la difficulté à tenir à jour la documentation et la bibliographie. Ainsi l'article Totenoffiz;ium du Lexikon n'a pas encore connaissance de l'ouvrage, paru en 1993 et essentiel à son propos, de K. Ottosen 1 . De la Theo/ogische Realenzyklopiidie, qui à l'heure actuelle est assuré- ment le plus remarquable dictionnaire de sciences religieuses, tant par sa justesse interconfessionnelle que par l'ampleur de sa bibliographie (tou- jours à consulter), a été publié en 1996 le tome 26 (Paris - Polen) et en 1997 t. The Re.çponsories and Versicles of the Latin Office of the Dead (cf. Rev.Sc.ph.th. 78 [ 1994) 282-284). Dans le domaine avoisinant de la théologie sacramentaire, l'article Transsubstantiation anribue toujours à Alexandre Ill les Sententiae magistri Rolandi, et ne fait pas état des travaux publiés à ce sujet, ces dernières années, par divers auteurs d'Outre-Atlantique, quoi qu'il en soit de leurs appréciations sur la portée doctrinale exacte de la décrétale Firmiter de Latran IV. Dans l'article Eucharistie du Dictionnaire critique de Théologie (cf. infra), il m'était impossible de donner toute la bibliographie, on peut aisément voir que je suis délibérément resté à distance de ce débat. A propos des références bibliographiques essentielles - lorsqu'elles existent - on ajoutera à l'article Dies irae du DEMA le livre de K. VELLEKOOP, Dies irae dies il/a, Bilthoven t978; à l'article Salve Regina l'article de M.·N. COLE1TE, Le Salve Regina en Aquitaine au Xli' s. L'auteur du Salve (colloque Cantus plan us 1992. Cf. Rev.Sc.ph.th. 77 [1993)t22).

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Reo. Sc. ph. th. 82 (t998) 459-49t

BULLETIN DE LITURGIE par Pierre-Marie.Gv

Dictionnaires. - Nous disposions déjà du Dictionary of the Middle Ages en treize volumes in-8" ( 1982-1989) et du Lexikon des Miue/alters (depuis 1980 et maintenant proche de son achèvement). Par son ampleur moindre le Dictionnaire encyclopédique du moyen âge (DEMA) en deux volumes in-4" ne vise pas tout à fait le même public que le dictionnaire allemand, tout en recourant aux spécialistes de chaque aspect des études médiévales. À vrai dire une telle observation est toujours à tempérer, du fait que tout spécia­liste change de statut dès qu'il a besoin de s'informer dans des domaines étrangers à sa propre spécialité. Publié en une seule fois, il a, à cet égard, l'avantage sur d'autres dictionnaires dont la parution s'est étirée sur de longues années.

Du Lexikon des Miuelalters les années 1996-97 ont vu paraître le T. VIII (de Stadt à Werl) avec des articles vraiment qualifiés sur la liturgie du bap­tême (Taufritus) et sur l'Office divin (Stundengebet). Reste, même pour des dictionnaires de haute valeur, la difficulté à tenir à jour la documentation et la bibliographie. Ainsi l'article Totenoffiz;ium du Lexikon n'a pas encore connaissance de l'ouvrage, paru en 1993 et essentiel à son propos, de K. Ottosen 1.

De la Theo/ogische Realenzyklopiidie, qui à l'heure actuelle est assuré­ment le plus remarquable dictionnaire de sciences religieuses, tant par sa justesse interconfessionnelle que par l'ampleur de sa bibliographie (tou­jours à consulter), a été publié en 1996 le tome 26 (Paris - Polen) et en 1997

t. The Re.çponsories and Versicles of the Latin Office of the Dead (cf. Rev.Sc.ph.th. 78 [ 1994) 282-284). Dans le domaine avoisinant de la théologie sacramentaire, l'article Transsubstantiation anribue toujours à Alexandre Ill les Sententiae magistri Rolandi, et ne fait pas état des travaux publiés à ce sujet, ces dernières années, par divers auteurs d'Outre-Atlantique, quoi qu'il en soit de leurs appréciations sur la portée doctrinale exacte de la décrétale Firmiter de Latran IV. Dans l'article Eucharistie du Dictionnaire critique de Théologie (cf. infra), où il m'était impossible de donner toute la bibliographie, on peut aisément voir que je suis délibérément resté à distance de ce débat. A propos des références bibliographiques essentielles - lorsqu'elles existent - on ajoutera à l'article Dies irae du DEMA le livre de K. VELLEKOOP, Dies irae dies il/a, Bilthoven t978; à l'article Salve Regina l'article de M.·N. COLE1TE, • Le Salve Regina en Aquitaine au Xli' s. L'auteur du Salve • (colloque Cantus plan us 1992. Cf. Rev.Sc.ph.th. 77 [1993)t22).

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les t 27 et 28 (Polilik - Religionsphilosophie). Au t 27 l'article Pn'esler/Prie­Slertum, rédigé par tout un groupe d'auteurs, embrasse à la fois le sacerdoce des fidèles (a/lgemeines Prieslerlum) et le sacerdoce ministériel (chrislliches Priesleraml). Dans le même volume la cinquantaine pascale et la fête de la Pentecôte font l'objet de l'article Pfingslen, tandis que la Pâque juive et chrétienne fait l'objet des trois articles Os lem ( 1995), Pesach sur la Pâque juive (1996) et Passionsfrômmigkeil (ajouté à la fin du 1. 27), comme si la ré­assimilation de l'unité du mystère pascal redécouverte par le bénédictin Odo Case! demandait plus de temps en Allemagne qu'ailleurs.

Le Diccionnaire crilique de Lhéologie publié sous la direction du P. Jean­Yves Lt.coSTE 2 a la double particularité d'être en un seul volume et d'avoir une intention nettement œcuménique, donc non seulement de se garder de toute polémique entre confessions chrétiennes, mais également de faire place aux approches des principales d'entre elles. S'agissant de théologie. mes collaborateurs liturgistes-sacramentologues et moi-même avons fait de notre mieux pour que la liturgie ait effectivement sa place dans le diction­naire el que la théologie sacramentaire y soit en rapport profond avec elle. Comme dans tous les dictionnaires de théologie le point critique réside dans !e respect à la fois des données historiques et - d'un point de vue catholique - de la fonction magistérielle, chaque rédacteur ayant de toute façon. dans un tel instrument de travail, à garder une distance par rapport à ses idées propres.

Manuel de liturgie. - Dans le cadre du manuel de théologie catholique AMATECA 3, Michael KuNZLER (faculté de théologie de Paderborn) publie un volume sur La lilurgie de l'Église 4. Pensé dans la problématique théologique germanique, où il semble difficile de ne pas se situer par rapport aux vues de K. Rahner - fût-ce pour ne pas les adopter - l'ouvrage est à la fois inté­re~sant, à ce titre précisément, pour des lecteurs appartenant à d'autres pays 1 el en partie étrangers aux questions qui sont les leurs. Conformément au propos général de la collection, le volume souligne au maximum la por­tée théologique de la liturgie, en entendant pour autant ne pas négliger les règle~ pratiques de la célébration. Je suis tenté néanmoins de penser qu'il a dépassé le point d'équilibre entre la spécificité de la liturgie el l'unité de la théologie, laquelle est analogique et qu'il ne faut pas réduire à une univoci­té.

Liturgies comparées, à Jérusalem et allleurs en Orient. - Le P. A. G. Km.L\MPARAMPJL a eu l'heureuse idée de célébrer le cinquantième anniversaire d'A. Baumslark (t 1948), initiateur de la liturgie comparée, de

. 2. Paris. Presses universitaires de France, 1998; 17 ~ 24, XXXH-1298 p. Le qualifi­catll • cnt1que • n'a pas_ pour but de critiquer d'autres dictionnaires qui n'auraient pas une semblable amb1t10n, mais de ne pas prêter à confusion avec d'autres ouvra­ges portant le méme titre.

3. AMATECA = Associazione di Manua/i di reo/ogia cauolica (Lugano). ayant le propos de pubher ces manuels en d1x langues différentes .

. 4. La liturgie de l'lôgli.se (coll. • Manuel de théologie catholique •. 1 O), Luxembourg. Edllwns Samt-Paul. 1997; 15 x 22,670 p. Si je comprends hien lave · 't·l' a paru (Milano, Jaca Book) en 1995. • rswn 1 a 1enne

. 5. L'édition en langue française aurait dû veiller, lorsqu'elle faisait lace dans sa b1bhograph1e a des auteurs lrançais, à indiquer les références aux éditi p . · · 1 et non à des traductions allemandes · ons ongma es

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susciter un regard d'ensemble sur le rôle de Jérusalem dans la liturgie de la semaine sainte6. Trois contributions essentielles: 1) celle du catalan S. JANERAS sur l'articulation des documents - non hiérosolymitains pour la plupart- de la liturgie à Jérusalem après la Peregrinatio Egeriae (381-384) et surtout à partir du lectionnaire arménien (entre 417 et 439) naguère ma­gnifiquement édité par Dom Renoux; 2) celle précisément de Ch. RENaux sur la semaine sainte arménienne; 3) celle aussi de R. TAFT, jésuite améri­cain de rite oriental. sur la semaine sainte à Constantinople, ce qui lui fait évoquer une nouvelle fois l'interaction liturgique, pour la semaine sainte comme ailleurs, entre les deux liturgies de Constantinople et de Jérusalem. Au cours de l'exposé, ces contributions évoquent sans les reprendre à fond des questions comme celle - devinée par Baumstark et prouvée par Re­naux- de la disparition au v< s. du récit de la Passion dans la vigile pascale, désormais concentrée sur la mémoire de la seule Résurrection; ou plus généralement l'attention devenue plus forte au détail des événements com­mémorés. A la fin de son exposé, le P. Taft explique en quoi une réforme de la liturgie byzantine de la semaine sainte lui parait souhaitable. A ces con­tributions font suite les présentations monographiques de trois grands rites orientaux - éthiopien, syrien-oriental, syrien-occidental et celles - pas tou­tes de même niveau - sur la semaine sainte (anciennement et éventuelle­ment aujourd'hui) dans les trois rites ambrosien, vétéro-hispanique et ro­main. Peut-être le propos d'ensemble était-il trop vaste.

Sous le titre Beyond East and West. Problems in Liturgical Understanding 1,

le P. Robert TAFT avait publié en 1984 un recueil s'adressant à la fois aux historiens de la liturgie, aux théologiens et à ceux qui désirent faire place aux liturgies orientales dans leur spiritualité et leur culture. Voici en 1997 une édition révisée, avec quatre chapitres de plus 8. Ici comme là on admi-

6. Hedomadae sanctae celebratio. Conspectus historicus comparativus. The Celebra­tion of Holy Week in Ancien\ Jerusalem and ils Development in the Rites of East and West. L'antica celebrazione della Settimana Santa a Gerusalemme e il suo svi­luppo nei riti dell'Oriente e deii'Occidente (coll. • Bibliotheca Ephemerides Lilurgi­cae Subsidia •. 93), Rome, C.L.V.-Edizioni liturgiche, 1997; 17 x 24, 310 p.

Sommaire: A. G. KOLI.AMPARAMPIL. • Foreword •. 9-12; • Introduction •. 15-17.-1. Commune Patrimonium : S. JANERAS, • La Settimana Santa nell'antica Lilurgia di Gerusalemme •. 19-50. - Il. Liturgiae orientales : Ch. RENOUX, • La Grande semaine dans les textes du rite arménien •. 51-65. - R. F. TAFT, • Holy Week in the Byzantine Tradition •. 67-91. - K. HABTEMICHAEL, • La celebrazione della Settimana Santa nella Chiesa Etiopica •. 93-134. - A. G. KOLLAMPARAMPIL, • Week of the Viclorious Paschal Lamb : From Palm Sunday to Easter Sunday in the East Syrian Liturgy •. 135-163. - B. VARGHESE, • Holy Week Celebrations in the West Syrian Church •. 165-186.- Ill. Liturgiae occidentales: A. WARD, • Holy Week in the Ambrosian Lilur­gy •. 187-235.- J. PINELL 1 PONS, • La semana santa en el antiguo.rito hispânico •. 237-275. - A. NocENT, • La semaine sainte dans la liturgie romaine •, 277-310.

7. Washington, Pastoral Press. 8. Second Revised and Enlarged Edition. Rome, Pontificio lstituto Orientale;

15,5 x 22,5, 318 p. Assez nombreuses additions bibliographiques. Chapitres supplé­mentaires : • Li turgy as Theology • ( Worship 56, 1982, 113-117). - • Wh at Does Liturgy Do? Toward a Soteriology of Liturgical Celebration : Sorne Theses • (cf. Wonhip 66, 1992, 194-211 ). - • The Divine Office : Monastic Choir, Prayer Book, or Li turgy of the People of God? • (R. LA TOURELLE éd., Vatican Il 25 Years a/ter). -, Response lo the Berakah Award: Anamnesis • (Worship 59, 1985, 304-325).

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rera chez R. T. son sens des perspectives historiques d'ensemble, le soin avec lequel il évite toute simplification, le talent avec lequel il entraîne ses lecteurs à mieux comprendre le rôle de l'histoire el le sens authentique de la Tradition 9.

Georges flUAS (faculté de théologie d'Athènes) publie sa thèse, soutenue à Paris il y a dix ans, sur Les prières pour les malades et sur l'huile de l'onction dans l'Euchologe Barberini Grec 336 10, ce qui le conduit, après avoir tiré au clair dans le cas précis le rapport entre le Rituale Graecorum de Goar et les mss Barberini, à comparer ces prières avec celles de l'euchologe du monas­tère blanc, de l'euchologe de Sérapion, de la Tradition apostolique d'Hippo­lyte (en finale de la prière eucharistique), en tenant compte des diverses études du P. Arranz. Ce regard d'ensemble fait voir clairement l'enraci­nement des prières étudiées dans une tradition très ancienne ainsi que le poids de la bénédiction de l'huile sacramentelle par rapport à l'acte même d'onction, poids auquel la théologie sacramentaire occidentale n'est pas toujours suffisamment attentive.

Catalogues de manuscrits et imprimés latins. - Un nouveau volume du Catalogue général des manuscrits latins de la Bibliothèque nationale de France porte sur les mss latins 8823 à 892/ 11 , de grand ou même très grand format. Après les tomes 1 à VII de l'ancien fonds latin (mss lat. 1-3835, en­globant Écriture sainte, liturgie et patristique), le présent volume, sans se tourner dans le présent vers le reste de l'ancien fonds latin (mss 3836-8822), catalogué de façon assez détaillée en 17 44, se tourne sans attendre vers le nouveau fonds, postérieur à la Révolution française, inventorié à partir de 1862 de manière assurément magistrale mais sommaire par le grand Léo­pold Delisle, el en entreprend un catalogage approfondi. Disons d'emblée que la très haute qualité du travail inauguré, que je vais pour ma part sou­ligner, ne rendrait ni inutile ni écrasante la publication par ailleurs d'une humble mise à jour de l'Inventaire sommaire de Delisle.

Les 99 mss ici catalogués font partie d'un ensemble un peu hétéroclite (mss latins 8823 à 11503) qu'on appelle le • Nouveau fonds latin • après lequel prennent place les grands fonds parisiens d'avant la Révolution fran­çaise, el en premier lieu (mss lat. 1/504-14231) le fonds de l'abbaye de Saint­Germain-des-Prés. Dans la centaine de mss ici catalogués apparaît, pour la liturgie comme pour le reste, une grande diversité d'origines et d'époques, où l'on peut signaler spécialement d'un côté de très beaux Évangiles prove-

9. Une brève allusion (p. 274) semble voir une antithèse entre une eucharistie es­chatologique el la sanctification du lemps par l'office divin : il est clair que nous avons là deux dimensions du même mystère! Pour ce qui est de la réforme de l'of­fice à Vatican Il, dont il sera question plus loin à propos du livre de R. Pacik sur Jungmann, le succès éditorial, en bien des espaces linguistiques, de la Liturgie des Heures en langue vernaculaire montre que celle-ci a rencontré l'intérêt d'un public bien plus large que celui des religieuses.

1 O. Alhènes, Etaireia lôn Philon tou Laou, Kentron Ereynès Byzanliou, 7, 1997; 16 • 24, 253 p. Pour la récenle édilion de cel euchologe, cf. Rev.Sc.ph.th. 80 (1996) 455.

Il. Sous la direction de J. SCI.AFI!R & M.-P. LAFFITII!, par F. BU~CIII!T, M.-F. DA· MONGEOT, M. LESCUYER, M.-H. TESNI~RI!. Paris, B.N.F., 1997; 20,5 x 29,5, XXIII-295 p., 40 pl. dont 8 en couleur.

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nant de cathédrales ou de la Sainte-Chapelle 12, et d'un autre côté des livres lilurgiques décorés pour la chapelle royale de Versailles u On peut y join­dre deux très beaux mss liturgiques saisis - le terme est-il le plus adéquat? - en 1798 dans le cabinet privé de Pie VI, les mss lat. 8879 (bréviaire d'Esztergom copié en 1521-1524 à Florence) et lat. 8880 (psautier de Paul Ill, œuvre d'un miniaturiste français de la chapelle sixtine, 1542 14).

De tels exemples invitent les liturgistes de notre temps à ne pas perdre de vue, dans le dernier moyen âge et les siècles suivants, la manière dont les hommes d'Église et les princes ont associé grand art et liturgie, ni non plus. dans la liturgie de l'Occident carolingien aussi bien que byzantin, la sacralité du livre des évangiles qui, à Nicée 11 15, allait de pair avec celle des icones. D'autre part le caractère approfondi du présent catalogue invite les historiens de la liturgie à un regard renouvelé sur plusieurs mss en parti­culier. Ainsi, pour prendre quelques exemples en lesquels frappe la diversi­té des livres liturgiques médiévaux 16, le recueil lat. 8883 (début Xt') de la cathédrale de Tours avant que le patronage de S. Gatien ne remplace celui de S. Maurice; le missel dominicain lat. 8884; le recueil lat. 8898 copié pour l'évêque de Soissons Nivelon lors de l'éphémère mariage de Philippe Au­guste avec Ingeburge.

Le lat. 8883 étonne au premier abord puisqu'il juxtapose à un épistolier festif les leçons de matines de quelques grandes fêtes importantes telles celles de S. Maurice, de la Toussaint (office composé par Alcuin?), de S. Martin, de la Trinité 17 : une telle disposition du contenu s'explique-t-elle par le fait que l'épître et les leçons de matines étaient lues par les mêmes ministres?- L'intérêt du lat. 8884 est tout autre: c'est l'un des deux missels dominicains les plus anciens, copié pour le couvent de Saint-Jacques à Paris dans les années qui suivirent la canonisation de S. Dominique 18, et

12. Ainsi lat. 8849, évangiles du tx• s. (821-836) légués à la cathédrale de Metz par le cardinal de Lorraine; lat. 8850 (avant 814), évangiles de Charlemagne donnés par Louis le Pieux à Saint-Médard de Soissons; lat. 8851, évangiles copiés v. 984 à Trè­ves pour Echternach, donnés au XIV" s. par Charles V à la Sainte-Chapelle.

13. Par exemple les mss lat. 8827, graduel el antiphonaire de la chapelle royale de Versailles pour le jour de Pâques (1756); lat. 8828, graduel et antiphonaire pour les solennités (1686); lat. 8829, office des solennités (1766).

14. Le présent catalogue a opté pour donner, hymne par hymne, la référence à U. Chevallier. S'agissant du répertoire hymnologique stable des livres liturgiques .\ecundum usum Rmnanum antérieurs à Urbain VIII, ne serait-il pas à la fois plus simple et plus utile en chaque cas d'indiquer uniquement les éventuelles différences par rapport au bréviaire de S. Pie V?

1 S. Cf. Denzinger - Hünermann, 601 et 603. 16. Dans l'antiphonaire de Pontigny lat. 8882 a été ajouté à la fin l'office cister­

cien du Corpus Christi Laudate nomen Domini, dont la mise au point avait été confiée aux abbés de Pontigny et de Preuilly par le chapitre cistercien de 1320, puis imposé a toul l'Ordre par celui de 1326 (Statuta, éd. J.-M. CANIVEZ, III, 350 & 372). Il y a lieu de prendre garde aux dillérences entre ~et office et l'office Sacerdos in aeternum préparé par S. Thomas à la demande d'Urbain IV.

17. Ce n'est pas ici le lieu d'entrer dans la question de la date primitive de la fête de la Trinité.

18. Sur la date de la dédicace (10 octobre), cf. LEROOUAIS, Bréviaires, Ill, 409. J'es­père montrer ailleurs que la décoration du canon de la messe de ce missel n'est pas

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décoré par l'un des artistes qui œuvrèrent ensuite à la Bible de Saint­Jacques. - Quant au lat. 8898, dont le catalogue décrit avec toute la préci­sion souhaitable la genèse et les parties composantes, le chanoine Jean Dufrasne, dans son précieux mémoire sur Les ordinaires mss des Églises séculières conservés à la B. N de Paris ( 1959) était réticent à classer comme ordinaire un tel ms. du fait qu'il contient surtout des célébrations présidées par l'évêque, et qu'il fournit les textes dans leur entièreté. Conviendrait-il de dire: processionnal 19 et collecta ire épiscopal?

.En 1995, le colloque de Fanjeaux sur J'histoire médiévale du Languedoc avait pour objet Livres et bibliothèques 20. Lors d'un colloque antérieur, un important exposé d'A. G. Martimort avait inventorié l'ensemble des mss liturgiques languedociens (cahier 17). Animé par un spécialiste tel que J.-L. Lemaitre, le présent colloque ne s'est pas contenté de faire le point sur tout ce qui a été collectionné par Colbert pour aboutir ensuite à la Biblio­thèque Royale. Nous avons ici d'utiles contributions, par exemple sur l'usa­ge et la conservation des livres liturgiques dans les chapitres et les chapel­lenies médiévales 21 , ainsi que sur la bibliothèque papale en Avignon et après 22, ce à quoi serait à ajouter l'incidence liturgique de plusieurs autres contributions B

A l'occasion du cinquième centenaire de Jean Ockeghem, musicien de la chapelle du roi de France, la musicologue américaine Barbara HAGGH étu­die une œuvre de cet artiste, le ms. Paris Arsenal 114, de 1471 24. B. H. utilise la distinction, mise en avant en 1971 par le grand R. Branner contre Lero­quais, entre la Sainte-Chapelle (localisée) et la Capella Regis (se déplaçant avec le roi). Tout en reconnaissant volontiers, d'une part, qu'une telle dis­tinction a pris une importance croissante à des époques où le roi a fort peu résidé à Paris, et d'autre part qu'elle vaut en toute hypothèse pour des fêtes strictement locales (ainsi la dédicace), il y a lieu de souligner (Branner a oublié de le faire) que la liturgie de la Sainte-Chapelle est essentiellement parisienne, et que S. Louis et ses successeurs ont jugé nécessaire de faire approuver par les Papes du dernier tiers du xm' s. ce privilège liturgique en

sans rapport avec une insistance nouvelle, à l'époque de S. Thomas, sur la distinc­llon entre présence eucharistique et communion sacramentelle.

19. Ce ~s. a .u~ format exceptionnellement étroit (365 x 165 mm), celui dont M Huglo a etudte 1 emplOI pour certains procession naux (Les livres de ~·hant liturgi­que. 78-79).

20. Ltvres et Bibliothèques (X/11"-XV' s.) (Cahiers de Fanjeaux 31). Toulouse Privat t 996; t 3 x 18, 565 p. • • •

2 LM. DESACBY, • Les livres et les bibliothèques des chanoines de Rodez aux XlV et xv s. •. 157-184.

22. M. H. JULIEN DE POMMEROL, • Les Papes d'Avignon et leurs mss •. 133-156. . 23. Les htMonens de la luurgte latine relèveront par ailleurs avec u ·r · · · 1 artlde de Mme Marie-Noël COLETTE • Un graduel-ami honaire-res on. VI. mteret sauve de l'oubli (palimpseste Pam BNF !lrec 2631, régionpde Turin X'p }so~al noté mustcologte 83: 1997, 65-79. Au Xl' s. la notation sur li nes rendit 'oh. s. • .. evue de nuscrH~ neumes antérieurs : tout en indiquant le come;u d ' solète~ les ma­M.-N. C. lau le statu.s quaestwnis de l'ensemble de 1_ h u hms. quelle a decouvert, des IX' ct x· s. a rec erc e sur les mss neumés

24. • An Ordinal of Ockeghem's Ti me from the S· . . Biblwthèque de l'Arsenal, ms 114 '• Tijdschrilt van de kr amt'e~Chapelle. ol Paris : Paris, landse Muvek Geschiedenis 47, 1997, 33-71. mrn~l•1ke Verenrgrng voor Neder.

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quelque sorte exterritorialisé des personnes royales et de leurs chapelles, en même temps qu'ils demandaient pour leur maison une exemption canoni­que2'.

En plus des manuscrits les liturgistes n'oublieront pas les incunables ; ainsi le catalogue des incunables de la Bibliothèque Vaticane, ouverte au public un an après l'invention de l'imprimerie 26• Sur quelque 5000 incu­nables on y relève 42 missels, 36 bréviaires (en général 8°, mais il y en a aussi de formats 2• et 4°) 27, 2 pontificaux ( 1485 et 1497), 2 martyrologes, mais un seul graduel (1499) et aucun antiphonaire- on continue à se servir des corali manuscrits. Sous les désignations d'agenda ou de manuale il y a 7 rituels (celle dernière appellation n'est pas connue avant 1570). Les 12 livres d'Heures sont tous ad usum Romanum.

Bibliothèque capitulaire de Bénévent. - Le premier volume des béné­dictins français Jean MALLET el André THIBAUT sur Les manuscrits en écriture bénéventaine de la bibliothèque capitulaire de Bénévent fut publié par l'Institut de recherche et d'histoire des textes en 1984. Ces deux savants ont complété leur œuvre en 1997 par deux épais volumes d'une richesse scien­tifique exceptionnelle, qui intéressent tous les aspects de l'histoire de la liturgie et du chant, font honneur aussi bien à l'I.R.H.T. qu'à la congrégation bénédictine de Solesmes, et sont appelés à faire date dans les travaux sur les variantes de la liturgie romaine en Italie méridionale 28• Dans les diffé­rents cas, on trouvera là non seulement une analyse détaillée des docu-

25. J'ai ébauché cette étude dans ma contribution • La Papauté et le droit lit ur· gique aux Xli' et Xlll' s. •. dans Chr. RYAN (ed.),The Religious Roles of rhe Papacy: Ideals and Realiries. 1150-1300, Toronto 1989, 229-245. Dans une visée d'exemption tant liturgique que canonique les rois me semblent, au moins dans un premier temps, prendre paradoxalement appui sur la vue canonique de la primauté romaine telle qu'elle s'exprime dans le ubi Papa ibi Roma (cf. Hostiensis, ln Il Decreraliurn, XX1V,4).

26. William J. SHEEHAN, Bibliothecae Apostolicae Varicanae lncunabula (coll. • Studi e Testi •. 380-383), 1997; 18 x 25,5,1X-1624 p.

27. Sont à y joindre 4 diurnaux. 28. T. Il : Mss 19-23, 25-31, 33-40, 42, 44, 66, 68 et fragments [57-336]. Formulai­

res liturgiques (messes) [337-673]. T. Ill: Formulaires liturgiques (offices) [675-981]. Tables et index [1017-1550]. (Documents. études et répertoires publiés par l'Institut de recherche et d'histoire des textes). Paris, CNRS Éditions - Turnhout Brepols 1997; 21 x 27, 1572 p .. 16 pl.

Principaux mss : Benevenro. BCap. 19 & 20 = brévaire-missel neumé de Béné­vent/cathédrale. Xli'. Ben. 21 = antiphonaire osb XII'·XIIl' s. Ben. 22 = bréviaire osb hiver 2' moitié Xll' s. Ben. 23 = bréviaire osb hiver, Xlll' s. Ben. 25 = bréviaire osb hiver Xll' s. Ben. 26 (moniales de Bénévent 1 S.-Pierre inrra muros) 3 martyrologe, règle de S. Benoit, etc, début Xll' s. [Ben. 29, devenu en 1 947] London B.L Egerron 3511 = missel pour les moniales de Bénévent 1 S.-Pierre inrra rnuros, Xll' s. Ben. 30 = missel neumé pour les dimanches et fêtes principales, Xlll' s. Ben. 31 = évangéliaire Xt'·Xll' s. Ben. 33 = missel neumé paroissial X'·Xt' s. Ben. 34 3 graduel-tropaire· séquentiaire, 2' moitié Xll' s. Ben. 35 ~ graduel-tropaire-séquentiaire, première moitié Xll' s. Ben. 37 =répons de procession, hymnaire et martyrologe osb, lin Xl' s. Be11 39 & 40: deux graduels·tropaires-séquentiaires, Xl' s. Ben. 42 & 44 3 deux bréviaires mo­nastiques Xll' et Xlll' s. Ben. 66 = ordinaire de l'office osh des moniales de Bénévenl 1 S. Pierre in/ra muros, lïn Xli' s.

466 PIERRE-MARIE GY

ments considérés, mais bon nombre d'informations latérales 29 et un exa­men approfondi de différentes questions importantes soulevées par les travaux solesmiens à partir du second quart du xx• s., telles celles du nom­bre des lectures à la messe du dimanche, du contenu exact du sacramen­taire grégorien, du répertoire de l'office divin et naturellement du chant qu'on appelle le plus souvent vieux-romain. Sur tout cela, nous devons maintenant à J. M. et A. T. un dossier essentiel.

S'agissant de la messe, les historiens - Duchesne, Baumstark et Jung­mann -ont été tentés de retrouver tant en Orient qu'en Occident, à l'excep­tion de Rome et de Constantinople -. celle-ci ayant influencé celle-là -. une sorte de structure commune de la messe dominicale comportant deux lec­tures (AT et Apôtre) avant l'Évangile. Moi-même j'ai adopté leur point de vue dans mon étude sur • La question du système des lectures de la liturgie byzantine • 30, mais, depuis lors, Mgr A. G. Martimort s'est attaché à montrer que, en tout cas au v< s. pour la liturgie pratiquée par S. Augustin, ainsi que pour la tradition liturgique romaine, la thèse mise en avant était dépourvue de preuves3 1• Sans entrer dans la question de savoir si Bénévent atteste en pareil cas une forme romaine archaïque, J. M. et A. T. offrent en quelques pages le dossier détaillé des trois lectures des dimanches après Pentecôte, et, indépendamment de ce problème particulier, une documentation d'ensemble sur les chants et les oraisons de la messe.

De même pour les pièces de J'office divin, qui ont fait l'objet à Solesmes. dans les dernières décennies, des tableaux de géographie liturgique c?mpa­rée de Dom R Le Roux 32 ou pour le cas particulier de l'office des defunts, • h" 33 1 . sur lequel nous devons à K. Ottosen une importante monograp 1e : ca nous passons du niveau structurel à celui des variations locales de la ht~r­gie médiévale de structure romaine, sans exclure pour autant une relauon particulière avec Rome même, en des siècles où le Latran n'a pas encor_e abandonné sa note proprement vieille-romaine sous l'influence des chan01· nes réguliers.

Disons au total que nous avons là, en forme compacte et d'accès parfois difficile, un instrument de travail comparable aux grands répertoires de Leroquais, donc indispensable aux historiens de la liturgie médiévale 34.

29. Par exemple, à l'occasion d'un libellus bénéventain sur la Fête-Dieu du XIV' s., les AA. donnent des précisions sur un aulre, du Xlii', dans le ms. Vat. lat. 14733.

30. Mi.scellanea Lercaro,l.ll, Rome 1967, 251-261. 31. • À propos du nombre des leclures à la messe •. Mélanges Chava.çse, Revue des

Sciences religieuses (Slrasbourg) 58 (1984) 42-51. 32. cr. Rev.Sc.ph.th. 80 (1996) 458-460. cr. les correctifs indiqués par J. M. et A.T.

au T. 111, p. 766 sq. 33. Rev.Sc.ph.th. 78 (1994) 282-284. Cf. T. Ill, p. 915-916. 34. Nous voudrions au moins signaler, sur la frontière - à supposer qu'on soil en

droit d'élablir une !elle !ronlière - entre l'histoire de la liturgie et celle des formes musicales, le livre de Max HMS, Mündliche Oberlie[erung und altr6mischer Choral. Hislorische und analylische compulergestülzle Unlersuchungen. Bern, Peter Lang. 1997; 16 • 23, 264 p. M. H. se situe dans le débat, surloul américain, au sujet de la lradilion orale, que ce soil à propos d'Homère ou du chant, dont les spécialistes sonl a~jourd'hui a![rontés à l'elhnomusicologie représentée dans le cas par P. Jeffery. ReJOUissons-nous de ce que l'in!ormalique pourra apporter à l'intelligence du chanl vaeux-romain el souhaitons qu'elle lienne pleinemenl comple des travaux de Dom Jean Cla1re sur l'archéologie musicale romaine.

BULLETIN DE LITURGIE 467

Sacramentaires. - Y. HI!N, déjà connu pour deux études sur la Gaule pré-carolingienne, dans lesquelles il proposait un changement complet des appréciations sur la liturgie mérovingienne, publie maintenant avec beau­coup de soin pour la Henry Bradshaw Society, le très beau sacramentaire du monastère d'Echternach, fondé en Austrasie mosellane par S. Willibrord 35, manuscrit qui a depuis un siècle retenu l'attention d'aussi grands spécialis­tes que L De lisle (qui le datait d'après la dédicace de 1031 [ 1886]), puis C. Nordenfalk, selon lequel ( 1931) il fallait le faire remonter aux années 895-900, avis qui prévaut maintenant. La Society a estimé que dans sa par­ticularité de combinaison entre • grégorien • et • gélasien •. ce • grégorien mixte • méritait d'être édité en entier pour lui-même, accompagné des in­dispensables tables de comparaison avec les principaux types de sacramen­taires, ainsi que d'une abondante bibliographie.

Le sacramentaire de Dauphin étudié et édité par Mgr Louis DuvAL­ARNOULo36 est bien différent de celui d'Echternach dont il vient d'être ques­tion. Dauphin, village alpestre situé autrefois dans le diocèse de Sisteron, aujourd'hui dans celui de Digne, conserve dans ses archives paroissiales 12 folios d'un sacramentaire transcrit à la fin du xn• s. et en usage jusqu'au xv<. De l'ancien diocèse de Sisteron ne nous a été conservé aucun missel ma-

35. The Sacramentary of Echternach (Paris, Bibliothèque Nationale, ms. lat. 9433). Edited by Yitzhak HEN (colL • Henry Bradshaw Society •. vol. CX), London 1997: 13.5 x 21,5, xn-560 p. + 4 p. hors-texte.

Y. HEN, Culture and Religion in Merovingian Gaul A.D. 481-751. Leiden, Brill (colL • Cultures, Beliefs and Traditions •. 1 ), 1995: 15,5 x 23,5, XIV-308 p. En outre • Unity and Diversity: The Liturgy of Frankish Gaul before the Carolingians •. Studies in Church History 32 (1995) 9-30. Dans sa thèse doctorale de Cambridge c'est principa­lement en étudiant la liturgie qu'Y. H. mesure le degré de christianisation de la civilisation mérovingienne et condut qu'on doit refuser la thèse carolingienne op­posant l'une à l'autre une civilisation carolingienne christianisée et une civilisation mérovingienne encore païenne. Nous avons là une des principales vues d'ensemble des dernières décennies sur la liturgie gallicane précarolingienne, méme si assez souvent l'A. multiplie les références plutôt qu'il ne justifie de manière approfondie les positions auxquelles il donne sa préférence.

En ce qui concerne les documents majeurs, Y. H. maintient l'allribution à S. Germain de Paris de ce qu'on est convenu d'appeler I'Expositio Liturgiae Gallicanae (il ne conn ait pas l'article de R. CA BI~ (Bull. de liu. eccl. 7 3 ( 1972) 183-192) qui oblige à l'exclure). D'autre part il croit devoir rapatrier de Rome en Gaule la composition du sacramentaire gélasien ancien: à mon avis celle thèse est insoutenable si on l'affirme en bloc, et on pourrait multiplier des démonstrations analogues, par exemple en ce qui concerne les infiltrations du canon de la messe romaine dans les sacramentaires gallicans. En revanche Y. H. a sûrement raison sur tel ou tel point particulier, par exemple dans ce qu'il appelle le Persona/ Cycle, c'est -à-dire les étapes sacramentelles de la vie personnelle. Au total les influences liturgiques romaines sont nombreuses, mais l'A. a peut-ëtre raison de relever que les historiens ont criti­qué les liturgies locales mérovingiennes au nom d'un idéal d'unité qui est celui des carolingiens ou de la liturgie tridentine.

Par ailleurs il y a lieu de souligner la justesse et l'importance de ce que Y. H. dit de la place des pratiques liturgiques dans la culture et spécialement dans la culture populaire.

36. FragmeTils d'un .>acmmentaire de Dauphin publiés, annotés et commentés par L DUVAL-ARNOULD. Préface de G. SAVORNtN. Digne, Association pour l'étude et la sauvegarde du patrimoine religieux de la Haute-Provence, 1997: 15,5 x 24, 49 p., avec des photographies de la totalité des 1ragments.

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nuscrit ou imprimé antérieu~ement au ~i.ssel néo-gallican de 1785. A partir ~u. ~VIr ou du XVJtr s. ces fohos ont servt a recouvrir des registres de catho­hclle37.

_Le missel de la Grande-Chartreuse, fondée dans les montagnes greno­blOis~ vers la fin du xt• s., n'est pas éloigné du sacramentaire de Dauphin dans 1 espace et le temps. Il y a un quart de siècle le liturgiste allemand Hansjakob Becker a apporté beaucoup de nouveau à l'histoire de l'office cartusien 38 en s'efforçant d'y déceler la mise en œuvre de plusieurs princi· pes: principe scripturaire - ce que j'ai appelé le • monobiblisme • lyonnais (l'exclusion des éléments non bibliques) -, principe de simplicité (réduction du répertoire), principe de tradition (pas de pièces nouvelles), principe d'ordre (ordre des livres bibliques). D'autre part il décèle le passage après coup à un office de structure monastique ainsi que des contacts avec des liturgies non lyonnaises de la région. Ces dernières années un travail analo· gue a été entrepris sur le missel par deux chartreux, dom Emmanuel CtuZEt (Portes) 39 et dom Augustin DEVAUX (Sélignac) 40. Selon E. C. l'Ordo Missae est d'inspiration clunisienne 41 , et les deux séries des graduels et des alleluia après la Pentecôte - lieux typiques de variabilité - sont grenobloises. Le sanctoral primitif de 23 messes seulement inspire à A. D. une autre appro­che, qu'il pratique (sur 27 messes) pour les pièces chantées, les lectures et les prières. A ses yeux ceux qui ont disposé le missel cartusien n'ont pas • butiné •, mais ici les principes dégagés par H. Becker pour l'antiphonaire montrent à nouveau leur fécondité pour éclairer les modifications appor­tées au missel de Grenoble pour les pièces chantées, et d'autre part à l'évangéliaire des chanoines réguliers de Saint-Ruf. Quant au calendrier, il fait hésiter enlre l'une et l'autre source. A. D. conclut à des racines principa­lement grenobloises, sauf pour l'évangéliaire. J'espère avoir fait entrevoir la grande richesse d'une telle enquête, moins dépendante qu'on n'aurait pu le craindre d'a priori méthodologiques.

Hymnalres. - Dans le dernier tiers de siècle les deux grandes autorités sur les hymnes de l'Église latine ont été d'une part le Français Jacques Fon­taine en ce qui concerne Ambroise et l'enracinement de l'hymnique chré­tienne dans la poésie latine pré-chrétienne, et d'autre part l'Allemand Hel­mut Gneuss, qui a renouvelé la connaissance des divers hymnaires succes­sivement en usage : ancien hymnaire, hymnaire franc, nouvel hymnaire - ce dernier constituant pour un millénaire la base hymnologique du rite ro­main. Une élève de H. Gneuss, Inge MILFULL, mène à bien le projet de son

37. Menlionnons aussi !"étude monographique de Pascal COLLOMB, • Le premier ordinaire de la calhédrale St-Jean de Lyon (2' moitié du Xll" s.) •. Rev. Mabillon NS 8(69) (1997) 13-51. C'est le ms. Lyon B. M. 537, 1 S7r-160v, édité et présenté ici, faisant suite. dans le même volume, à un sacramentaire du Xl' s. et un antiphonaire lyonnais du Xli'. À ce fragment succède, quelques années plus tard, le ms Paris BNF lat. J0/7, ordinaire lyonnais complet.

38. Die Responsorien de.s Kartiiuserbreviers, Munich 197 1. 39. Recherches sur les particularités du missel cartu.sien (coll. • Analecta Ca t ·a-

na • 99 :26-3t, 1994). r USI

40. Les origines du mis~el des Ch~rtreux (Analecta Cartu.siana 99 :32, 1995), 108 41. S1 Je comprends b1en A. D., 1l se demande eu égard à 1 dat d . · · p.

t · l' · d 1 1· · . · .. · a e es temoms mss e a espnt e a 11urg1e cartus1enne, s 11 est possible d'être . ff' . ·r . pendance de ce genre. a lrmatJ sur une de-

BULLETIN DE LITURGIE 469

maitre en publiant dans sa thèse le document insulaire essentiel, l'hymnaire de Durham, du Xl' s. 42 (latin avec glose en saxon, qu'!. M. accompagne d'une traduction en anglais moderne) et son contexte liturgique d'ensemble dans l'Angleterre angle-saxonne. Il est bien dommage qu'elle n'ait pu tenir comp­te de la thèse importante de Mme M.-H. Jullien, élève de 1. Fontaine, la­quelle a étudié la genèse du corpus hymnique attribué à Ambroise et exa­miné le nouvel hymnaire 4l. vraisemblablement ébauché dans le milieu d'Alcuin, puis fixé par Benoît d'Aniane 44, mais pas répandu hors de l'office monastique avant le Xt' s.

Ordines de celebrando concilia. - En 1960 les Monumenta Germaniae Historica nous avaient donné les Ordines coronationis imperialis de R. Elze. Une dizaine d'années après sa thèse de doctorat sur les Ordines de celebran­do concilio, Herbert SCHNEIDER publie et étudie dans les Monumenta un ensemble de 30 Ordines de ce type, allant du concile de Tolède 633, présidé par Isidore de Séville, où apparaît pour la première fois la célèbre prière d'invocation Adsumus Sancte Spiritus, jusqu'avant l'intervention d'Inno­cent III dans la liturgie pontificale 45 . A la fois par sa compétence de litur­giste et par l'ampleur dans l'espace et le temps de la documentation ras­semblée H. Sch. offre des textes qui méritent vive attention pour l'ecclé­siologie vécue du haut moyen âge : en pareil cas on passe de la série des textes essentiels romano-germaniques et romains, tels qu'Andrieu les a naguère édités, à une documentation d'ensemble. A ce titre l'ouvrage est exemplaire.

Interprétation liturgique et théologique de l'Eucharistie. -Voici trente ans que Mme Marta CRtSTIANI travaille, avec compétence et finesse, le champ des controverses eucharistiques du haut moyen âge - donc à peu près le même que le P. H. de Lubac dans son Corpus Mysticum -, en dialogant à la fois avec lui et avec O. Capitani et en faisant porter son attention sur des auteurs tels que le liturgiste Amalaire, Ratramne et Paschase Radbert, Bé­renger de Tours. Elle regroupe aujourd'hui quatre contributions sous le litre de la première : Tempo riluale e tempo storico, Comunione cristiana e sacrificio, qui exprime bien ses interrogations de fond, voire sa crainte d'une histoire dogmatisante ou simplement des malentendus, ce qu'elle évoque à propos de Bérenger 46 Assurément, plus peut-être que tout autre, le champ

42. Ms. Durham Cathedral Library 8.111. 32. - The Hymns of the Anglo-Saxon Church. A Study and Edition of the Durham Hymnal (coll. • Cambridge Studies in Anglo-Saxon England •, 17). Cambridge University Press, 1996; 15 x 22,5, x-500 p.

43. M.-H. JUlLIEN, • Les sources de la tradition ancienne des quatorze hymnes at­tribuées à S. Ambroise de Milan •, Rev. d'His!. des textes 19 (1989) 57-189; • Les hym­nes dans le milieu alcuinien •, Mélanges J. Fontaine. T. Il. Paris 1992. 1 71-182. - Cf. mes remarques dans • Le trésor des hymnes •. La Maison-Dieu 173 (1988) 19-40, en particulier 24-25.

44. Les mss de son monastère de Cornelimünster près d'Aix-la-Chapelle (bré­viaire Bruxelles B.R. 2875-76 [cal. 557); antiphonaire Kcïln Dicïzesanbibliothek 41) seraient à examiner à ce propos.

45. Die Konzilsordines des Früh- und Hochmillelalters. Hannover, Hahn. 1996; 20 x 29, xxvm-654 p.

46. Tempo rituale e tempo storico. Comunione cristiana e sacri{icio. Le controversie eucaristiche nell'alto medioevo (coll. • Collectanea •, 8). Spoleto. Centro ltaliano di Studi suU' Alto Medioevo, 1997; 17 x 24, Xlll-208 p.

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historique de l'Eucharistie alto-medievale comporte un risque d'interférence inconsciente avec nos réactions modernes contre la scolastique d'après Bérenger, risque qu'il est encore trop tôt pour mesurer s'il a joué chez H. de Lubac lui-même 47 Il est clair en tout cas 1) qu'il ne suffit pas, pour mesu­rer le conflit entre Amalaire d'une part, Agobard et Florus d'autre part, d'en souligner l'aspect politique ou passionnel et 2) que Florus, qui pratique l'interprétation de l'action eucharistique traditionnelle en Occident 48, en prend la défense non sans raideur contre une méthode empruntée à l'Orient par un homme du Nord, esprit vigoureux, qui la transplante dans un espace culturel nouveau dont nul mieux que M. Cristiani ne mesure la complexité 49. Le risque de l'histoire intellectuelle pourrait être de se con­tenter d'évoquer le Vulgiirkatholizismus de populations nouvellement chris­tianisées là où il s'agit, plus largement, de tout un peuple ecclésial vivant l'Eucharistie inséparablement dans une tradition et dans la culture qui est sienne.

Les tropes des chants de la messe. - Dans les années passées, les bulle­tins de liturgie ont rendu compte à plusieurs reprises de la magistrale en­treprise médiévistique suédoise grâce à laquelle ont été publiés nombre de tropes, ces compositions littéraires et musicales venant s'ajouter aux chants de la messe et de l'office. Voici qu'Ann-Katrin ANDREWS-JOHANSSON publie les tropes des chants du propre pour les messes des fêtes de la Vierge Marie 50•

des quatre fêtes mariales célébrées à Rome depuis le vu< siècle, celles du 2 février, du 25 mars, du 15 août et du 8 septembre 51 . Ici les tropes pour l'Assomption sont nettement prédominants, tandis que ceux pour l'Annonciation ont peu de relief, ne serait-ce qu'à cause du carême. L'en­semble est présenté et édité de manière parfaite, en tenant compte non

Sommaire : 1. • Tempo rituale e tempo storico. Comunione cristiana e sacrificio. Scelte antropologiche della cultura altomedievale • (Semaine de Spolète 1987), 1-38. - 11. , Il Liber officia lis di Amalario di Metz e la dottrina del corpus tri{orme. Simbo­lismo liturgico e mediazioni culturali • (colloque de Todi 1979), 39-76. - Ill. 'La controversia eucaristica nella cultura del secolo IX • (Studi Medievali 1968; 6' Se­maine Sanguis Christt, 1989), 77-164.- IV. , Le 'ragioni" di Berengario di Tours • (colloque Lanfranc, Rome 1993), 165-194.

47. Pour ce qui est de l'augustinisme eucharistique, cf. les questions posées par G. Macy au niveau théologique, par moi-même au niveau de l'euchologie : en mar­quant fortement la différence entre l'approche d'Augustin et celle d'Ambroise, a-t-on suffisamment pris en considération les textes liturgiques romains?

48. Cf. l'édition critique du De actione missarum de Florus par Paul Duc, Belley 1937. En revanche le monobiblisme traditionaliste d'Agobard lui fait recomposer l'antiphonaire de l'Office en éliminant les éléments non bibliques qui trouvaient place, à cette époque, dans l'Office stadtromisch.

4'1. Ceci me parait avoir été bien vu dans l'ouvrage, plus large que son titre, d'Anders EKENBERG, Cur Cantatur? Die Funktionen des liturgischen Gesanges nach den Autoren der Karolingerzeit, Stockholm 1987.

50. Tropes for the Proper of the Mass 4 : The Feasts of the Blessed Virgin Mary, edited with an Introduction and Commentary by A.-K. ANDREWS-JOHANSSON (coll. • Corpus Troporum •. 9). Stockholm, Almquist & Wiksell international, 1998; 16 x 24, 291 p.

51. 11 est clair que ce n'est ici le lieu de réexaminer ni le caractère marial de la léte du 1er janvier (cl. Rev.Sc.ph.th. 81 [ 1997) 482), ni l'aspect à la fois christologique et marial du 2 février el du 25 mars

BULLETIN DE LITURGIE 471

seulement de la forme des tropes enrobant le texte qu'en termes d'au­jourd'hui nous appellerions le texte liturgique proprement dit ( forme soit poétique soit en prose d'art [Kunstprosa)), mais des différentes questions qu'on peut se poser du point de vue liturgique ou théologique : dans quels cas la pièce s'adresse au Christ ou suivant le cas à la Vierge Marie (comme dans l'offertoire Ave Maria), accent principalement christocentrique ou mariocentrique (distinction qu'A.-K. A.-J. manie avec la délicatesse voulue).

Cathédrale de Chartres. - En 1994, on pouvait commémorer, non cer­tes l'incendie de la cathédrale (sauf les clochers et la façade occidentale) en 1194, mais le commencement, assurément immédiat, de la construction de la cathédrale actuelle, consacrée en 1260. Ce huitième centenaire a donné occasion à un colloque dont les contributions ont étudié non seulement l'édifice, son histoire, sa liturgie, mais aussi l'histoire de la ville et de son école théologique 52 . On n'a pas profité du colloque pour réexaminer les travaux, publiés il y a 40 ou 50 ans, par le chanoine Delaporte sur la litur­gie de la cathédrale, mais Ph. Bernard donne ici une étude précise sur les trois célèbres répons pour la Nativité de la Vierge attribués à Fulbert de Chartres, attribution que Ph. B. estime probable.

Latran IV et la confession d'obligation. - L'obligation de la confession annuelle, énoncée par le canon 21 de Latran IV, mise en débat par les ré­[ormateurs protestants, fait l'objet de I'Habilitationsschri{t de Martin ÜHST,

52. Jean-Robert ARMOGATHE (éd.), Monde médiéval et société char/raine. Actes du colloque international organisé par la Ville et le Diocèse de Chartres à l'occasion du 8' centenaire de la cathédrale de Chartres 8-10 septembre 1994. Paris, Picard, 1997; 16 x 24, 307 p.

Sommaire: J.-R. ARMOGATHE, • Avant-propos •. 7. - G. LEMOINE, • Allocution d'ouverture •. 9-1 O. - Card. P. POUPARD, • Conférence d'introduction •, 11-18. -1. Construire : Ch. STEGEMAN, • Les cathédrales pré-romanes de Chartres •, 21-38. -J. JAMES, • Chartres a eu de la chance, les Parisiens étaient occupés • (occupés par les constructions dans le domaine royal; à Chartres on a recouru à des maîtres du côté du Soissonnais), 39-62. - M. COUTURIER, • Chartres, ville et cathédrale avant l'an mille •. 63-73. - A. PRACHE, • Remarques sur la construction de la cathédrale de Chartres à la lumière de la dendrochronologie •, 75-79. - II. Enseigner: P. STIRNEMANN, • Gilbert de la Porrée et les livres glosés à Laon, à Chartres et à Paris •. 83-96. - É. JEAUNEAU, • Les maîtres chartrains •. 97-111. - D. LUSCOMBE, • L'aréopagitisme et Chartres •. 113-122. - Ill. Célébrer: J. VILLETTE, • Le labyrinthe de la cathédrale de Chartres •. 125-136. - Ph. BERNARD, • Les répons chartrains pour la fête de la Nativité de la Vierge Marie à l'époque de l'évêque Fulbert •, 137-150.- C. DEREMBLE, • Le vitrail gothique de la Passion à la cathédrale de Chartres. Questions de typologie •. 151-164.- H. JACOMET, • L'apôtre au manteau constellé de coquilles. Iconographie de Saint Jacques à la cathédrale de Chartres •, 165-236. -IV. Guérir et protéger: P.-Y. LAMBERT, • A propos de l'origine celtique du culte de Notre-Dame de Chartres • (légende apparue en 1389), 239-256. - B. ROBREAU, • Société chartraine et tradition dans la première moitié du Xlii' siècle. Structure du livre des miracles de Notre-Dame de Chartres et catégories religieuses inde­européennes •. 257-264. - G. GROS, • L'incendie nocturne de la cathédrale d'après Jean le Marchant (Miracle Ill). Aspects d'une chronique littéraire •. 265-272. -P. BÈTÈROUS, • Le rayonnement de Notre-Dame de Chartres. Dans les collections de miracles en gallo-roman et ibéro-roman au Xlii' s. •. 273-282. - V. Gouverner: P. MONT AUBIN, • Les collations pontificales dans le chapitre cathédral de Chartres au Xlll' s. •, 285-299. - Cl. BILLOT, • Landolfo Colonna, chanoine de Chartres de t 290 à 1329 et le premier humanisme. Essai d'historiographie •, 30 t -307.

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pflichtbeichte 53• qui fait pendant à l'article du P. Peter Browe • Die pflic~tbeichte im M!ttelalter • 54. M. O. examine à nouveau, avec précision. l'arnere-plan h1stonque du canon conciliaire (ainsi les statuts d'Etienne Langton_ pour Cantorbéry, en 1213 ou 1214). Chez les théologiens parisiens des annees 1200, que le futur Innocent III a fréquentés, la confession pré­pascale semble aller de soi. Ce à quoi j'ajouterai pour ma part - M. O. au­rait pu, me semble-t-il, le souligner davantage -, que pour les canonistes bolonais dont nous avons des commentaires immédiats de Latran IV, le précepte de la confession n'est pas à proprement parler une nouveauté, mais l'écho que le concile a reçu et le climat du temps ont eu pour effet de donner à la confession et à la communion pascales une importance nou­velle dans la vie du peuple chrétien.

Le précepte de la confession de Latran IV est-il en rapport avec la lutte contre les hérétiques? La thèse a été mise en avant par Gabriel Le Bras, auquel j'ai objecté en son temps l'argumentation de S. Thomas d'Aquin invoquant contre S. Raymond de Peiiafort la valeur absolue du secret de la confession 55. M. O. signale qu'il faut joindre au dossier un texte de S. Bona­venture qui semble plus proche de S. Raymond que celui que j'avais cité 56

Au-delà de ces points particuliers, M. O. s'attache a considérer le con­texte théologique dans toute son ampleur : ainsi - à juste titre - la diffé­rence entre cathares et vaudois par rapport à la Pénitence; ainsi d'autre part la tension, à travers le XII' s., entre l'insistance sur la conversion et celle sur l'absolution (dont H.-F. Dondaine pensait qu'elles avaient trouvé leur solution et leur point de synthèse dans la théologie de S. Thomas). Peut-être conviendrait-il, pour bien comprendre le canon de Latran IV, de le situer entre une place plus forte faite par la mentalité du XII' s. à la conscience pécheresse, et la conviction, chez les théologiens du milieu du XIII', que l'obligation de la confession n'est pas un précepte surajouté au sacrement qui remet les péchés, mais lui est en quelque sorte intrinsèque 57 .

S. Thomas d'Aquin et la liturgie. - En une centaine de pages, le P. A. GoNZALEZ fuENTE a rassemblé un large ensemble de références d'une réelle utilité pour ceux qui voudront étudier les différents types de rapports entre la liturgie et l'œuvre de S. Thomas 58 . Le but de ce dossier n'était pas de situer chacune des questions mentionnées dans son contexte historique ni d'approfondir telle ou telle d'entre elles. JI est clair notamment qu'il vau­drait la peine de considérer à nouveau la manière dont S. Thomas et les théologiens de son temps ont pris en compte ce que les modernes appellent la lex orandi 59.

Art et liturgie sous Philippe le Bel et ses His. - Dans la prestigieuse sé­rie des expositions organisées par les Musées Nationaux français, en voici

53. Pflrchtbeichte (coll. • Beitrâge zur historischen Theologie •. 89). Tübingen, J. C. B. Mohr (Paul Siebeck). 1995; 15 x 23, Xl-31 5 p.

54. ZkTh 57 (1933) 335-383. 55. Rev.Sc.ph.th. 58 (1974) 444-450. 56. Sent. IV, d. 17, P. 2. a. 2. q. 1. 57. Cl. Rev.Sc.ph.th. 63 ( 1979) 535-541.

, 58. • La leologia nella lilurgia e la liturgia nella teologia in San Tommaso d Aqumo •. An~:elrcum 74 (1997) 359-417, 551-601.

59. Cf. à ce propos mes suggestions dans Rev.Sc.ph.th. 80 (1996) 430.

BULLETIN DE LITURGIE 473

une sur L'art au temps de Philippe le Bel et de ses fils (1285-1328), à laquelle, en référence au roman historique bien connu de l'académicien Maurice Druon, on a jugé bon d'attacher le nom de • l'art au temps des rois maudits •. L'exposition et son très beau catalogue 60 embrassent tous les arts, et font notamment. une place importante à la sculpture (princi­palement religieuse), aux arts précieux et aux manuscrits. Les différents secteurs de l'Exposition ont en commun les grandes tendances de l'art fran­çais au cours du demi-siècle qui fait suite à la mort de S. Louis, en conti­nuité certes avec la période précédente. Pour sa part J.-R. GABORIT estime (p. 28) qu'on ne peut encore parler de • maniérisme •. Si le monastère, au­jourd'hui disparu, de Saint-Louis de Poissy, a pu être le plus représentatif de l'art de ces générations (Gabarit, p. 27), les statues d'anges qui en ont été conservées (p. 89-93) donnent l'impression que ceux-ci sont comme éblouis par la vision béatifique.

Parmi les 75 manuscrits exposés, catalogués par François AVRIL, avec une introduction magistrale sur l'enluminure française sous le règne de Philippe le Bel et de ses fils (p. 256-334), prend place un ensemble de livres liturgiques 61 souvent copiés et décorés pour des princes ou pour des évê-

60. L'art au temps des rois maudits Philippe le Bel et ses [ils 1285-1328. Exposition, Paris Grand Palais 1998. Editions de la Réunion des Musées Nationaux, 1998: 23,5 x 30, 461 p., nombreuses illustration.

Sommaire : J. FAVIER, • Philippe le Bel et ses fils •. 13-21. - E. LALOU, • Chrono­logie et généalogie •. 22-25. - J.-R. GABORIT, • L'art au temps de Philippe le Bel et de ses fils •, 26-31.- A. PRACHE, B. de CHANCEL-HARDELOT, c Architecture», 34-51. -f. BARON, J.-R. GABORIT, B. de CHANCEL-HARDELOT, • Sculptures •, 52-137. -D. GABORIT-CHOPIN, • Arts précieux •. Les ivoires, 138-178. - ID. • Orfèvrerie et émaillerie • (notamment reliquaires), 179-235. - E. TABURET-DELAHAYE, • Bijoux •. 236-246. - R. SCHORTA, • Tissus et broderies •. 247-255. - F. AVRIL, • Manuscrits •. 256-334. - E. LALOU, • Documents • {dont le testament de Philippe le Bel), 335-340. -ID. • Sceaux •. 341-347. - M. DHe.NtN, • Les monnaies •. 348-365. - M.-P. SUBES­PICOT, • Les peintures monumentales •. 366-376. - Cl. LAUTIER, • Les vitraux •, 377-393. - D. CAILLAUX, • Les pavements •. 394-408. -N. MEYER-RODRIGUE, • La vie quotidienne •. 409-433.- J.-P. REVERSEAU, • Les armes •. 434-438.

61. Les mss liturgiques de l'Exposition sont indiqués ci-après dans l'ordre alpha­bétique des bibliothèques où ils sont conservés, à l'exception des mss en rapport avec la famille des comtes de Bar en Lorraine (cf. Verdun).

Auxerre. cathédrale (missel festif de l'archevêque de Sens Etienne Becquan, v. 1300); Cambrai 87 (Heures de Reims, dites de Mahaut comtesse d'Artois, v. 1310-15); Cambrai /03 {bréviaire été de Cambrai/Saint-Sépulcre OSB, v. 1290): Dijon 1/3 (bréviaire [mars-juillet] de Dijon/Saint-Bénigne OSB. v. 1290): Lyon B.M. ms. P.A. 37 (missel de Conliège, près Lons-le-Saulnier, v. 1310-15); Metz 1588 (Psautier-Heures de Metz, v. 1280-90): New York Pierpont Morgan 729 (psautier-livre d'Heures de Yo­lande de Soissons, Amiens v. 1280-90); Pierpont Morgan 1042 (bréviaire de la Sainte­Chapelle à l'usage d'une reine de France, entre 1285 et 1297); Paris Arsenal 595 (bréviaire-missel noté de Chàlons-sur-Marne 1 cathédrale, v. 1290); Paris BNF lat. 9/3 (office et vie de Ste Enimie [prieuré OSB de Sainte-Enimie, diocèse de Mende] v. 1300-10); lat. /023 (bréviaire de Philippe le Bel, v. 1290-95); lat. 1107 (missel de Saint-Denis, v. 1270-75); lat. 1076 et Marseille Ill (psautier OFM et Heures de Thé­rouanne, v. 1280-90): lat. /328 (psautier-Heures d'Arras. v. 1300): lat. 5185CC (martyrologe-obituaire de N.-D. de Paris, xm· s.): lat. 10435 (psautier. Amiens v. 1289-90); lat. /2834 (martyrologe-obituaire de Saint-Germain des Prés OSB [diocèse de Paris) entre 1267 el 1279); lat. 13260 (psautier-Heures de St-Amand OSB, v. ~290-1300); lat. 17326 (évangéliaire de la Sainte-Chapelle, v. 1260-30); lat. 17336 (ponuf•cal

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ques, notamment par le plus grand enlumineur parisien du temps, maitre Honoré, dont sont réunies ici les principales œuvres - certaines ou proba­bles - dont le bréviaire de Philippe le Bel, antérieur à la canonisation de S. Louis son grand-père. Le type exact des manuscrits liturgiques considé­rés est indiqué avec toute la précision souhaitable, en invitant même, au besoin, les liturgistes à préciser leur typologie, comme dans le cas du bré­viaire noté BNF lat.n.a. 2511 (qui avait échappé à Leroquais), lequel, eu égard à ses dimensions (53 cm de haut), est assurément un bréviaire fait pour être placé sur un pupitre dans le chœur, et non un bréviaire noté portatif à l'usage d'un prélat ou d'un prince 62 ; leur datation est, le cas échéant, resserrée en tenant compte de leur décoration, ou au besoin corri­gée6] Ajoutons que ce genre d'exposition, précieux même si sans doute il est coûteux, réunit des manuscrits conservés de nos jours dans des biblio­thèques des deux côtés de l'Atlantique. Les historiens pourront voir ces œuvres avec profit et admiration, et ils étudieront avec soin les dossiers comparatifs que le catalogue leur offre 64.

Histoire médiévale et Mélanges pour des llturgistes. - Réginald Gré­goire, moine bénédictin belge, disciple de Jean Leclercq, reçoit pour ses soixante ans un volume de Mélanges dont le titre est emprunté au sacra­mentaire léonien de Vérone : Florentissima proies Ecclesiae 65 . Les liturgistes

de la Curie romaine, 1305-10?); lat. n.a. 2511 (bréviaire de chœur noté de la région toulousaine, v. 1300-10); Saint-Pétersbourg BibL nat. lat. Q.v. 1. 78 (missel de Reims 1 Saint-Nicaise OSB, fin Xlii' s.); Tolède cathédrale 56. 19 (pontifical de Cambrai, v. 1275); Toulouse 103 (missel dominicain, Toulouse, v. 1290-95); Verdun 107 (bréviaire été de Verdun pour Renaud de Bar, chanoine de Verdun puis évêque de Metz, v. 1302-5); Cambridge Fitzwilliam Museum 298 (pontifical de Renaud de Bar, évêque de Metz, 1303-16); Paris BNF lat. 1029A (bréviaire de Marguerite de Bar, abbesse de Verdun 1 Saint-Maur OSB, v. 1300). - Les liturgistes tiendront compte aussi du ms Montpellier Faculté de Médecine H 196 (motets parisiens, v. 1280 et v. 1290), ainsi que de BNF français n.a. 16251 (Hainaut, v. 1285-90), dans lequel F. Avril voit • un exem: pie tout à fait rare de livre visant à stimuler la pratique dévote par le seul recours a l'image • (p. 294).

62. Sur les trois formats du bréviaire (format intermédiaire de camera), même dans l'édition du Breviarium Romanum de 1568, cf. ma Liturgie dans l'histoire, Paris 1990, 79.

63. Du seul point de vue du calendrier, le ms. Toulouse 103, missel dominicain (avec les lectures), serait à dater de 1276 (fête de Ste Marthe au 26 juillet et non au 27), mais l'argument n'a pas valeur absolue. S'agissant en revanche du pontifical de la Curie BNF lat. 17336, F. A. entre discrètement en discussion avec Leroquais el Andrieu sur la date de ce ms. el sur le lieu où il a été copié (cf. nole précédente).

64. C'est vers les mêmes années que prend place, en spiritualité eucharistique, Le Héraut de l'Amour divin de Ste Gertrude, que le P. Olivier Out:.NARDEL, abbé de Ci· teaux, étudie, du double point de vue de l'histoire de la spiritualité et de la psycho­logie religieuse, dans son livre La communion eucharistique dans- Le Héraut de l'amour divin de Ste Gertrude d'Hel/ta (Collection Monastica, Turnhout, Brepols - Bellefon· laine (coll. • Monastica •), 1997; 15 x 22,5, 215 p.

65. Domenico GOBBI (éd.), F/orentissima proies Ecc/esiae. Miscellanea hagiogra· phica, hislorica el lilurgica Reginaldo Grégoire O.S.B. XII lustra complenli oblata. Trento, Ci vis (coll. • Bibliotheca Civis •, 9), 1996; 17 x 24, xx-614 p.

Sommaire : P. GRASSI, • 1ntroduzione •, Xlii-XIX. - D. GOBBI, • Bibliografia di R. Grégoire •, 1-28. - M. BLAHOVA, • Die Freiheitsvorstellungen der bohmischen 1ntelligenz des frühen 12. Jahrhunderts (Der Begriff libertas bei Cosmas von Prag) •

BULLETIN DE LITURGIE 475

savent combien ils lui sont redevables à la fois pour son inventaire des Homéliaires du moyen âge ( 1966), pour son Repertorium liturgicum italicum de l'ensemble des mss liturgiques en Italie jusqu'au xn• s. (1968) et pour maintes études, par exemple sur la spiritualité liturgique clunisienne ou sur le thème liturgique grégorien terrena despicere et amare caelestia, dont la vigueur eschatologique a pu être ressentie comme choquante dans les an-

Oa ramille régnante tente de prendre les biens du chapitre), 31-39.- A. BOUREAU, , Le retour de S. Equitius. Pierre de Jean Olivi et l'usage polémique de l'hagiogra­phie • (Equitius, au L. l'' des Dialogues de S. Grégoire, accusé d'avoir prêché sans la permission du Pape, est invoqué dans le débat sur la prédication des Mendiants), 41-58. - A. CATELIA, • Si pastores sumus gregi dominico spiritalia pascua debemus. Predi­care e celebrare : principali doveri del pastore d'anime seconda Cesario di Arles (470-542) •, 59-77.- S. CECCON, • Peril Corpus delle opere di Bartolomeo di Trento • (status quaestionis sur les écrits de ce dominicain du xm· s.), 79-93. - P. CHARVAT, • Die Christianisierung Grossmahrens im 9. Jahrhundert : Ein neurer Aspekt • (présence de coptes chrétiens), 95-104. - R. COD ROI CO, • Tradizione religiosa­popolare nell'iconografia di un "maestro di bonega • : Remo Wolf • (artiste né à Trente en 1912), 105-120. - N. D'ACUNTO, • Genus electum, regale sacerdotium (1 Pi 2,9). Il sacerdozio regale dei fedeli negli scrini di Pier Damiani • (à Cenci us, prae(ec­tus Urbis, Pierre explique [lenre 145[ que laïc il peut prêcher la morale, non la doc­trine), 121-138. - E. DEKKERS, • Sur deux particularités liturgiques de la Tradition Apostolique • (extension des bras et imposition des mains dans la prière eucharisti­que), 139-144.- M. DELL'OMO, • Le tre redazioni dell'"Autobiografia" di Pietro Dia· cono di Montecassino (cod ici Casin. 361, 257, 45(]) •. 145-231.- A. de VoGOe, • La Vie de S. Colomban par Jonas de Bobbio. Nouvelles remarques • (s'ajoutant à celles d'A. de V., Studill Monastica 1988), 233-239. - E. FERRAGLIO, • La cinà ed i patroni : Brescia ed un miracolo contr overso • (apparition [13. 12. 1438[ des saints patrons Faustin et Jovite, qui font lever le siège de la ville par les troupes milanaises), 241-268. - D. GOBBI, • 1 santi nordici nel Passionale de sanctis del domenicano Bartolo­meo da Trento • (peut-être l'hagiographe le plus original de tout le moyen âge. Edi­tion de ses textes sur les saints des pays du Nord), 269-303. - P. GOUNELLI, • Il topos dell'incredulo punito nell'agiografia padana dei secoli IX-XII •. 305-325. -A. GONZATO DEBIAZI, • Il Carmen de passione sanctae Agnetis (cod. Vat. Lat. Ottob. 254) • (ms. du XV" s.; texte vraisemblablement composé après le V"-VI' s.), 327-343. -M. GRANA, • Esorcismo e ordine pubblico cinadino : san Martino e Treviri, san Fran­ceso e Arezzo • (des deux côtés l'exorcisme libère la cité de lunes fratricides), 345-371.- J. LEMARte, • Le sermon Oportet nos, fratre~· karissirni, gaudere hodie et exultare de l'homéliaire carolingien dit "de Saint-Père de Chartres" • (édition de ce sermon de Noël, X'·XI' s;), 373-379. - D. von der NAHMER, • Die Bedeutung der Fragen des Petrus für die Dialoge Gregors des Grossen • (importance des questions du diacre Pierre pour la thématique spirituelle de l'oeuvre), 381-416. - B. NEUNHEUSER, • Eucharistiefeier am altare versus populum. Geschichte und Problematik •. 417-444. - G. P. PACINI, • Le reliquie di santa Barbara, di San Giovanni evangelista di Torcel­lo e di santa Barbara della chiesa dei Crociferi di Venezia. Nota su una tradizione agiografica veneziana •, 445-463. - G. PENCO, • Santità e vila monastica tra Bassa Medioevo ed età maderna •. 465-481. - G. PICASSO, • San Bernardo interprete di Citeaux?, (les interrogations de J.-B. Auberger ofm sur la différence entre S. Bernard et Citeaux et sur l'évolution de S. Bernard), 483-489. - G. SPINELLI, • San Bernardo di Clairvaux, protagonista del secolo Xli •. 491-516. - St. da CAMPAGNOLA, • Un quanrocentesco "Giardino da orazione" in un inedite saggio critico del Sene­cento, (œuvre publiée en 1454, étudiée en 1744 par St. Marcheselli), 517-539.­S. TRAMONTINI, • Venezia e l'Oriente cristiana : da san Marco a san Leopoldo Man­dio! , (capucin, mort 1942, canonisé 1983), 541-551. - A. VUOLO, • Memoria epigrafica e memoria agiograllca. La Uita sancti Paschasii con(essoris (secc. XI-Xli) •, 553-583.

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nées de la constitution Gaudium et Spes 66. Les Mélanges offerts au spécia­liste de l'agiologia traitent, pour la part principale, du culte des saints et de son importance dans la société médiévale, notamment en Italie. Mais on retiendra aussi les pages dans lesquelles le vénéré Dom B. Neunheuser évoque les messes célébrées versus populum à partir de 1921 dans la crypte de l'abbatiale de Maria Laach 67.

Jean-Baptiste Molin, né en 1909, prêtre du diocèse de Meaux puis Frère Missionnaire des Campagnes, a dépensé pendant de longues années son zèle aussi bien au service des pauvres - notamment des gitans - que de la liturgie à l'époque de la réforme de Vatican Il (pour la prière universelle) et dans l'histoire des livres liturgiques médiévaux et post-médiévaux. Ses amis lui ont offert l'hommage bien mérité d'un volume de souvenirs 68• Pour ma part 69, j'ai souligné l'importance exceptionnelle de son dossier historique sur I'Oratio Fidelium à travers toute l'Europe médiévale (Miscellanea Lercaro, T. 2), de son ouvrage, avec P. Mutembe, Le rituel du mariage en France du Xli'

au XVI' s. (Paris 1974), dans lequel toute la partie médiévale et la rédaction finale sont du Fr. Molin; enfin du Répertoire des rituels et processionnau:c imprimés conservés en France, réalisé avec Mme Aussedat-Minvielle (Paris 1984 70).

Imprimés liturgiques diocésains avant et après Trente. - Antonio ÜDRJozou (t 1987) avait préparé le Cattilogo de libros liturgicos espanoles Y portugueses impresos en los sig/os xv y xv111 . Ce catalogue, préparé par un bibliographe vraiment compétent, a été publié sous la forme d'une repro­duction anastatique du texte tapé à la machine et complété par d'assez nombreuses corrections à la main, le plus souvent fort lisibles. Pour ma part j'estime qu'une telle solution est d'autant plus justifiée que souvent des travaux d'érudits de valeur se perdent parce qu'on s'est refusé à une sol~­tion de ce type. Le catalogue fait connaître quelque 700 volumes, dont envt­ron 139 missels, 160 bréviaires, 100 parties de bréviaire, 30 martyrologes ou calendriers, 90 rituels (le plus souvent sous le nom de manuale) 12• quel­que 30 antiphonaires et 40 processionnaux. On n'a pas jugé bon d'y faire place aux livres d'Heures. Ceux qui sont avertis du rapport des premiers livres liturgiques imprimés aux livres manuscrits antérieurs mesurent qu'une telle publication va renouveler la connaissance des liturgies diocé­saines de la Péninsule, à laquelle s'étaient surtout intéressés les historiens du rite de Braga (étant naturellement entendu qu'on ne peut déduire de l'histoire liturgique de Braga avant Trente quels sont les besoins des parois-

66. On aimerait connaître aussi, dans le bulletin Inter Fra tres 29 ( 1979) 209-213, les pages dans lesquelles R. G. se pose la question • Il monaco è un liturgista? •-

67. Aux documents post-conciliaires auxquels se réfère B. N. on n'oubliera pas de joindre le n• 48 du Caeremonia/e Episcoporum de 1984, le texte normatif le plus imponant au sujet de la célébration versus populum .

68. Jean-Baptiste Molin. Frere Missionnaire des Campagnes. Meaux, Association Guillaume Briçonnet, 1997; 16 x 23, 168 p.

69. • L'œuvre liturgique du Fr. J.-8. Molin •. p. 65-67. 70. Cl. Rev.Sc.ph.th. 70 (1986) 275-276. 71. Edition préparée par J. MARTIN ABAD el F. X. ALT~ 1 AGUILO. Pontevedra

(Galice!, Mu seo, 1996; 22 x 32, 559 p. 72. Cl. aussi Xavier PAR~S l SALTOR, • Riluals impresos a Catalunya • (liste des ri­

tuels mss, bibliogr. des imprimés), Rev. Catalana de Teo/ogia 21 (1996) 377-86.

BULLETIN DE LITURGIE 477

ses de notre temps). Ajoutons enfin, du point de vue historique, qu'avant la réforme tridentine, des Ordres religieux comme les Franciscains et les Hié­ronymites semblent avoir été les seuls dans la Péninsule à pratiquer la liturgie de la Curie Romaine.

Publiée en hommage au liturgiste Balthasar Fischer à l'occasion de ses 85 ans, l'étude de son successeur Andreas HEINZ sur les livres liturgiques imprimés de Trèves du xv au XIX' s. 73, inventorie ceux-ci, en plus de l'ordinaire de l'archevêque Beauduin de Luxembourg (promulgué 1345, imprimé 1 506), qui voici 30 ans fut l'objet de la thèse de dom Adalbert KuRZEJA 74. Comme imprimés, nous avons des missels de 1481 à 1608-1610, des bréviaires à partir de celui des Frères de la vie commune de 1467 jus­qu'en 1748, des rituels de 1 57 4 (Liber officialis sive Agenda) à 1913, puis des propres diocésains complétant les livres romains. De ces livres, A. H. nous donne une étude approfondie qui est un modèle du genre, attentive à la fois au détail du contenu, au contexte liturgique et ecclésiologique, depuis la Renaissance jusqu'aux années de Vatican II.

Pour le diocèse de Münster, un ouvrage analogue a été réalisé par les disciples du regretté Emil Lengeling (t 1986) 75. lequel. tout en œuvrant pour la réforme liturgique de Vatican II, s'était beaucoup occupé de l'histoire de la liturgie de Münster 76. Dans le présent recueil on a souligné l'importance de son œuvre, prolongé tel ou tel de ses aspects dans des con-

73. Die gedruckten /iturgischen Bùcher der Trierischen Kirche, Ein beschreibendes Verzeichnis mit einer Einführung in die Geschichte der Liturgie im Trierer Land. Trier, Paulinus Verlag (coll. • Verôffentlichungen des Bistumsarchivs Trier •. 32), 1997; 17 x 24, xv-261 p.

74. Liturgische Quel/en und Forschungen 52 (1970). 75. Benedikt KRANEMANN & Klemens RICHTER (éd.), Zwischen riimischer Einheitsli­

turgie und diiizesaner Eigenverantwortung. Gollesdienst im Bistum Münster. Altenberge, Oros Verlag (coll. • Münsteraner Theologische Abhandlungen •, 48), 1997; 15 x 21, 397 p.

Sommaire : KI. RICHTER, • Emil Joseph Lengeling : Die Eigenliturgie des Bistums Münster zwischen historischer Forschung und liturgischer Erneuerung •. 11-27. -ID., • Missale Monasteriense. Die Feier der Eucharistie von den frühesten hand­schriftlichen Zeugnisssen bis zum Missale von 1835 •. 28-38. - D. THONNES, • Die deutschen Diôzesanmissalien •. 39-78. - E. HEITMEYER, • Mütrsterisch Gesangbuch 1 Au/ alle Fest und Zeiten dess gantzen Jahr. 1677. Zu Struktur und Genese des ersten Münsterer Diôzesangesangbuchs •. 79-101. - W. FREITAG, • Liturgische Bücher im Dekanal Vechta. Einführung, Verbreitung und Funktion im Zeitalter der Konfessio­nalisierung •. 102-126. - A. HEINZ, • Die Bedeutung von Bischof Johann Georg Müller (1844-1847 Weihbischof von Trier; 1847-1870 Bischof von Münster) für die trierische und münstersche Diôzesanliturgie •. 127-166. - W. DAMBERG, • Liturgie und Welt. Der soziale und gesellschaflliche Rahmen des liturgischen Lebens im spiilen 19. und frühen 20. Jahrhundert •. 167-188. - B. HALLER, • Liturgische Hand­schriflen und Drucke des Bistums Münster im Spiegel der Buchgeschichle •. 189-241.- E. LENGEI.ING (4 études déjà publiées) • Unbekannte oder sehene Ostergesiin­ge aus Handschriflen des Bistums Münster • (Festschri/t Jungmann 1959), 243-268. -• Die Billprozession des Domkapitels und der Pfarreien der Stadt Münster vor dem Fest Christi Himmelfahrl • (1966), 269-238. - • Agapefeier beim Mandatum des Gründonnerstags in einer spiitmillelalterlichen Agende aus dem Bistum Münster • (1973), 339-367. - • Sieben nichtedierte Sequenzen aus handschriftlichen Gradua­lien und Missalien des Bistums Münster • ( 1982), 368-391.

76. Cf. Rev.Sc.ph.tll. 80 (1996) 456.

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tributions de qualité, rassemblé certaines de ses monographies difficiles d'accès. Soulignons notamment, comme un exemple pour les historiens d'autres pays, l'importance de la bibliographie pour l'ensemble des diocèses allemands rassemblée ici par D. Thonnes.

S. Pie V et le missel romain. - Publiée sous le titre Trente et le Missel: L'évolution de la question de l'aulorité compétente en matière de missel71, la thèse de doctorat de Dom Jean-Marie POMMARru> pose à nouveau la ques­tion importante de la réservation du droit liturgique - pour l'Occident- au Pontife romain, question sur laquelle, à la différence du droit de canonisa­tion, aucune étude historique approfondie n'a jusqu'à présent été publiée. Pour sa part J.-M. P. synthétise en six pages le débat tridentin et l'œuvre post-tridentine de S. Pie V, ainsi que la fondation, par Sixte V, de la Congre­galia pro sacris ritibus el caeremoniis. Il cherche à éclairer cette donnée cen­trale par un certain nombre de sondages, soit dans des missels antérieurs, soit dans des missels du dernier tiers du xvt• et de la première moitié du XVJt•. Si je ne me trompe, il n'examine spécialement ni le consentement du chapitre requis par les deux bulles pour abandonner un rite bicentenaire, ni la distinction si importante entre bréviaires et missels à proprement parler romains d'une part et ceux, d'autre part, qui se présentaient comme étant seulement ad formam Romani, ce dont la thèse nous offre déjà un exemple avec le missel de Constance de 1603.

Il faut assurément louer J.-M. P. d'avoir abordé à nouveau une étape si importante de l'histoire de la liturgie en Occident, même si le travail aurait besoin d'ètre approfondi à la fois pour les débats conciliaires de Trente et pour les travaux de la commission préparatoire à la promulgation du bré­viaire et du misse1 78, au sein de laquelle, me semble-t-il, quelqu'un comme le cardinal Sirleto, dont la Bibliothèque Vaticane conserve les papiers 79•

s'efforçait d'introduire le sens historique. Les deux bulles de S. Pie V posent en effet à l'histoire deux questions sur lesquelles on eût aimé trouver ici des éléments nouveaux : la première, formulée naguère par J. A. Jungmann. porte sur la formule ad normam Sanctorum Patrum comme critère de la réforme liturgique tridentine, norme à laquelle les livres liturgiques triden­tins se conforment assurément moins que ceux de Vatican Il La seconde est que la coutume bicentenaire 80, que S. Pie V fixait comme condition de légitimité aux liturgies particulières, était alors valable pour la plupart des liturgies locales, même si le Pape qui fixa la norme, et après lui la Congré­gation établie en 1588 pour veiller à son application, ignoraient cette don-

77. Bibliotheca Ephemerides Liturgicae, Subsidia, 94. Roma, C.L.V. - Edizioni Li­turgiche, 1997; 15,5 x 24, 108 p.

78. Il Y a des éléments sur ces deux points dans la thèse de doctorat, restée in­édite, du P. Julien Viau sur La centralisation romaine et son influence sur le bréviaire et le missel du concile de Trente jusqu'à Urbain Vl/1 (Paris, Institut catholique, faculté de droit canonique, 1967).

79. Mgr Frutaz a publié un document signalé par Jedin (Liturgisches Leben 1939, 54): ln{ormatwne per la correuione del Missale = ms Vat. lat. /260Z Br-/ lv mais il faudrait étudier plus à fond ~~s mss de la Bibliothèque Vatica~e allé~ués par G. Denzler, Kard•nal Gugl1elmo S~rleto (coll. • Münchener Theologische Studien Hist Abteilung •. 17), München 1964. ' · . 80. J~ crois me rappeler que les papiers de Sirleto font écho à un débat à . Jel au sem de la commission de S. Pie v. ce su

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née historique majeure. Tout cela mériterait une étude approfondie : la documentation est abondante et a encore à peine été explorée.

Réédition des livres de la réforme liturgique tridentine. - Quelques an­nées après la reproduction des livres tridentins sur microfiches, voici que deux liturgistes salésiens, les PP. Manlio SoDI et Achille Maria TRtACCA, en­treprennent de reproduire anastatiquement à la Libreria Editrice Vaticana l'édition princeps des six livres de la réforme tridentine (1568-1614), en commençant par le Pontificale Romanum de 1595-1596 81 , dont le texte est reproduit en le réduisant de 70%, et auquel on ne manque pas de .ioindre un index verborum, un tableau comparatif avec la dernière édition de ce Pontifical. celle de 1961-62, et une brève introduction historique. Comme on sait, le Pontifical de 1595 et le Cérémonial de 1600 marquent à l'intérieur de la réforme tridentine une nouvelle étape, prescriptive, qui, à la différence du bréviaire et du missel. ne laisse plus de place aux usages li­turgiques locaux.

La • première messe • d'un nouveau prêtre. - Dans son Habilita­tionsschri[t - d'une qualité scientifique exemplaire - Winfried HAUNERL\ND a étudié l'ensemble important des pratiques en rapport avec la • première messe • 82, de l'époque tridentine jusqu'à la veille de Vatican Il. En fait il y joint déjà une documentation consistante sur les derniers siècles avant Trente, dans laquelle les implications aussi bien liturgiques et théologiques que sociales des faits sont traitées avec précision et justesse. Du point de vue liturgique, dans le contexte d'une telle étude, apparaît assez clairement, à mon avis, que l'innovation de la concélébration des nouveaux prêtres à la messe de leur ordination, introduite au plus tard vers le milieu du Xllt' s. dans le Pontifical de la Curie Romaine 83, est à comprendre comme le choc en retour d'une attention nouvelle à la • première messe •. L'importance sociale apparaît dans de nombreux faits, à commencer par la manière dont Bartolomé de Las Casas, probablement ordonné à Rome en 1506 ou 1507, souligne que sa première messe, en 1510, a été la première célébrée en Amérique, mais aussi en ce que l'importance des offrandes d'argent en pa­reille occasion est classée parmi les abusus Missae que le concile de Trente veut corriger. L'ensemble documentaire sur lequel G. H. travaille est consi­dérable, dans les diocèses allemands et français ainsi que dans les ordres

81. Rome t 997; 1 7 • 24, XXIV-731 p. Comme on sail, la page de titre porte la date de 1595, mais la bulle de promulgation de Clément VIII est datée du 10 février 1596. Ajoutons que cette édition et les autres qui lui feront suite permettront d'étudier l'iconographie des livres tridentins.

82. Die Primiz. Studien zu ihrer Feier in der lateinischen Kirche Europas. Re­gensburg, Pustet (coll. • Studien zu Pastoralliturgie •. 13),1997; 13,5 • 22. L-564 p.

83. Le fait est assuré, non la date, et je ne sais si une datation plus proche d'In­nocent III serait à exclure (était-ce pour l'ordination de cardinaux-prëtres ?). En outre je suppose que notre usage technique de conce/ebrare découle directement de l'usage strictement sacerdotal de ce/ebrans et ce/ebrare, instauré précisément à partir d'Innocent III . Dans le mëme contexte serait à reconsidérer ce que disent de la concélébration les théologiens du milieu du Xlii'. Rien encore, si je ne me trompe, dans les écrits authentiques d'Albert, ni chez Bonaventure ou Pierre de Tarentaise, tandis que Thomas, dès les Sentences (IV, D. 13; cf. III a, q. 83, a. 2). prend en compte la consuetudo quarumdam Ecc/esiarum [selon laquelle) sacerdotes, cum de novo ordi­nantur, concelebrant episcopo ordinanti.

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religieux, et il fait place à la prédication et aux éléments dévotionnels aussi bien qu'à la liturgie. Nous sommes là, et c'est ce qui fait la valeur d'une telle enquête, au point le plus révélateur de la corrélation, perçue comme cen­trale dans la spiritualité et la théologie, entre le prêtre et la célébration de l'Eucharistie.

Science et spiritualité liturgique au XVIII" s. - En étudiant Devoûoni e Regolata Divozione ne/l'opera di Ludovico Antonio Muratori 84, Anna BURLINI CALAPAJ entend tout à la fois, comme le dit le sous-titre de son livre- Con­tributo alla storia della liturgia - évoquer l'ampleur de son œuvre d'histoire de la liturgie et d'histoire religieuse médiévale, et montrer ce grand érudit de la première moitié du xvm• s., poser sainement - et plus calmement peut-être qu'au nord des Alpes - le problème de l'articulation entre travail historique et références théologiques ou magistérielles, accomplir ce qu'on a appelé de nos jours un ministère de pastorale liturgique, dans la même perspective que son contemporain Benoit XIV. C'est sous le pontificat de celui-ci que L. A. M., publie, en langue vulgaire, son écrit Della regolata dz­vozione de' cristiani (1747). Il est assurément un des initiateurs de la science liturgique moderne en même temps qu'il se trouve à l'origine d'une des composantes du mouvement liturgique qui va se développer dans la suite.

Musique sacrée aux XIX' et xx• s. - L'ouvrage largement informé de F. RAINOLDI Sentieri della musica sacra dal/'Ouocento al Concilia Vaticano Il. Documentazione su ideologie prassiss commence par une sorte de pano~ama culturel et musical de la musique sacrée à l'époque romantique, en mdi­quant également ses modes de réalisation dans les actions liturgiques. Dans la suite il expose les étapes de la réforme liturgico-musicale, notamment avec le Motu Proprio de S. Pie X et jusqu'à Sacrosanctum Conci/ium. Ce tableau est complété par un large ensemble de documents de près de 300 pages, aussi variés que le sujet traité le réclame. On trouvera là un large traitement de la musique sacrée dans la diversité des courants du mouve­ment liturgique au cours des deux siècles qui ont précédé et préparé Vati­can II.

Jungmann et l'Office divin. - Si connu parmi les liturgistes et bien au­delà par ses Missarum Sollemnia, dont nous commémorons cette année le cinquantième anniversaire en même temps que celui de la mort de Dom Casel, J. A. Jungmann a aussi beaucoup travaillé et rétléchi sur l'Office di­vin. Dans son Habilitationsschri{t, Rudolf PACIK étudie, grâce aux archives de J. A. J., cette part de l'œuvre et de l'action du maitre d'Innsbruck 86, d'abord dans sa réflexion et son travail personnels, puis tout au long de la prépara­tion du concile, du débat conciliaire et des travaux de la réforme liturgique. Il va sans dire qu'est ainsi mise à notre disposition une documentation neuve, plus vive même que n'ont pu la connaître ceux qui ont été en con-

84. Bibliotheca Ephemerides Liturgicae, Subsidia, 92 (coll. • Studi di Liturgia N.S. •. 33), Rome, C.L.V. Edizioni Liturgiche, t997; 16 • 24, XXIV-27 4 p.

85. Bibliotheca Ephemerides Liturgicae, Subsidia, 87 (coll. • Studi di Liturgia N.S. •. 30). Rome, CLV-Edizioni Liturgiche, 1996; 16 x 24,734 p.

86. R. PACIK, L115t des Toges oder geistliche Nahrung> Das Stundengehet im Werk Josef Andreas Jungmanns und in den offiziellen Reformen von Pius XII. his zum Il. Vaticanum (coll. • Studicn zur Pastoralliturgie •. 1 2). Rcgenshurg Pus tet 1997 · 14 x 22. 446 p. ' . ' '

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tact de travail fréquent avec un homme aussi discret que J. A. J. Dans le premier tiers du volume, qui va jusqu'au moment où la commission liturgi­que préconciliaire s'est mise au travail, R. P. fait état non seulement d'articles monographiques de J. A. J. ayant trait à l'oiTice divin, mais aussi de sa réflexion concernant la liturgie en général, à laquelle dans sa pensée la question de l'office semble avoir été intrinsèquement liée. Les contacts que j'ai pu avoir avec lui me font supposer que l'essentiel chez lui était moins une approche systématisée de la liturgie - encore qu'il en eût une -que les fortes racines de ce vicaire tyrolien dans la piété de son peuple de montagnards, lui qui avait commencé son ministère en 1913, sous l'empereur François-Joseph 87 . Je ne crois pas me tromper en ajoutant qu'il passait assez vite de cet enracinement à la thèse de la priorité de la liturgie de l'Église locale sur celle de l'Église universelle. Toujours est-il qu'en réflé­chissant sur ce qui était liturgique ou ne l'était pas, il ne creusait pas de fossé entre les pia exercitia de ses paroissiens et l'accomplissement des ac­tions liturgiques, ce en quoi il était loin de Case) et de tout le mouvement liturgique issu de Guéranger. Et. si je comprends bien, animer ces pia exer­citia était à ses yeux bien plus la tâche du prêtre que de réciter le bréviaire en son particulier au risque de ne pas y trouver le nutrimentum spirituale dont il éprouvait le besoin 88• Sans peut-être s'en rendre compte il heurtait chez d'autres liturgistes la manière même dont ils concevaient l'essentiel de leur tâche: à savoir aider l'ensemble des fidèles à apprendre à prier comme l'Église, dans la prière de l'Église. Il y avait là une différence de tempéra­ments, que le Professeur B. Fischer et moi nous sommes employés pendant des années à apaiser d'un côté comme de l'autre. Y avait-il aussi de la part de J. A. J. une difficulté quasi insurmontable à synthétiser - ce qui était la condition même de la réforme liturgique conciliaire - les différents aspects du mouvement liturgique? A l'époque J. A. J. m'a semblé accessible à une telle manière de voir. A R. Pacik de me dire si je me suis trompé.

Le reste du volume - la majeure partie donc - expose la réforme de l'office divin telle que J. A. J. l'a vécue et dans laquelle il a cherché à faire entendre son point de vue. Il faut remercier R. P. d'avoir constitué ce dos­sier. A ce propos cependant je dois exprimer deux regrets. Le premier con­cerne l'intelligence mutuelle entre liturgistes dans le cas précis de l'Office

87. Cf. mes pages sur Jungmann dans La liturgie dans l'histoire 1990 (1975), 308-315.

88. De fait dans son dernier livre, si attachant, qui retrace à grands traits l'His­toire de la prière chrétienne (Paris 1972 = Chrisliches Beten in Wandel und Bestand, Munich 1969), il me semble exclure, tant du point de vue historique que du point de vue théologique, un rôle spécifique du clerc ou du prêtre dans l'oratio pub/ica Eccle­siae (laquelle a besoin d'un ministre public, pas seulement pour la missa pub/ica ou la paenitentia pub/ica). Je ne sache pas qu'il se soit intéressé à la distinction, si impor­tante pour la liturgie, par exemple chez S. Grégoire, entre public et privé (cf. la thèse d'H. MULLEJANS, Publicus und Privatus im romischen Recht und im ii/leren kanonischen Recht, Munich 1961 ), ni à celle entre in persona Christi et in persona Ecdesiae (cf. plus récemment la thèse de B.-D. MARLIANGEAS Clés pour une théologie du ministère. ln persona Christi, in persona Ecdesiae, Paris 1978). Il est clair en tout cas que le rôle du prëtre dans la prière publique de l'Église n'est pas une innovation de l'école fran­çaise de spiritualité sacerdotale. Caractéristique à cet égard est le commentaire d'Innocent IV sur le vieux canon du concile d'Agde auquel il a été fait place dans les Décrétales de Grégoire IX : Sur les Décréta/es Ill. 41. 1 (éd. Venise 1578, 186va).

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di~in. Lors~ue J. A. 1. oppose l'une à l'autre (p. 327) deux conceptions du br~vtatre, _1 une comme nourriture spirituelle - la sienne - et une autre, qu tl quahfie de cultuelle et monastique 89, je n'arrive pas encore à com­prendre pourquoi il lui semblait impossible de synthétiser les deux. Et c'est à cause de ce défaut-là que les Pères n'ont pas voulu accueillir la proposi­llon mtse en avant par J. A. 1. de substituer à l'office des lectures le temJ!$ d'une lecture spirituelle choisie par l'intéressé.

Mon second regret est plus considérable. Même en tenant compte des conditions de l'Habilitationsschnft, dans lesquelles il ne m'appartient pas d'entrer, était-il raisonnable d'étudier la réforme de l'Office divin principa· lement du point de vue d'un opposant? L'historien R. P. l'a fait en veillant sans cesse à l'objectivité de son travail. Il reste que l'objectivité interdit de prendre cette contribution comme seule base de travail sur la réforme de l'Office divin tant que nous ne disposerons pas d'une contribution de même valeur à partir des dossiers d'A. G. Martimort. Procéder autrement serait partial et unilatéral.

Mise en œuvre de la Réforme liturgique de Vatican n. - C'est le litur· giste allemand R. KACZYNSKI qui a joué Je rôle principal dans la publication. jusqu'à présent en trois volumes latins successifs, de I'Enchiridion des do­cuments de la réforme liturgique. En version allemande, voici maintenant le deuxième volume, préparé à l'Institut liturgique de Trèves par les soins du regretté H. RENNINGS et de M. KLOCKENER 90. Proche en substance du vo­lume latin correspondant, il comporte néanmoins, pour la période dont il s'agit, quelques documents en plus. En un temps où nombre de prêtres ne sont plus familiers avec Je latin, il paraît clair qu'il est nécessaire de mettre à leur disposition, en langue vernaculaire, à tout le moins les textes norma· tifs les plus importants.

Les textes normatifs sur la liturgie guident et accompagnent la célébra­tion et, dans le cas, la mise en œuvre en conformité aux prescriptions con· ciliaires. Il est, me semble-t-il, conforme à leur logique d'en rapprocher le petit livre de Don Angelo BoNEITI, un prêtre de Brescia qui célébra sa pre­mière messe le jour du couronnement de Paul VI, intitulé La riforma liturgi· ca primo [rullo del Concilia Vaticano Il Testimonianze di un cammino tren­tennale91. A. B. est particulièrement connu pour ses différents recueils de catéchèses liturgiques de Paul VI au long de l'année liturgique 92. On serait peut-être tenté d'y voir des paroles papales se situant à un niveau infra-

89. Cf. p. 343, à propos de la mise au point du ch. IV avant le vote définitif du concile : •Es scheint fast unmiiglich zu sein, diese klerikal-monastische Auffassung vom Gebel der Kirche zu überwinden! •.

90. Dokumente zur Erneuerung der Liturgie. Dokumente des Apostolischen Stuhls 1973-83, übersetzl, bearbeilet u. herausgegeben v. M. KLOCKENER & H. RENN!NGS (t). Kevelaer. Butzon & Bercker; Freiburg-Schweiz Universilalsverlag 1997; 12 x 19,5, 801 p.

91. Coll. • Ecclesia Mater •. 4. Rome, Edizioni Vivere in, 1996; 12 x 19,5, 168 p. Avec talent_ A. B. s'est employé à introduire un large public dans l'esprit el la prdli· que de la hturg1e, comme en témoignent ici des pages sur • Liturgie créative dans le respect des normes •. • La liturgie des Heures en paroisse •. • Prière personnelle el pnere hturg•que dans la vie sacerdotale •.

92. L'anno liturgico con Paolo VI, 3 vol., Vaticar. 1992-1993 JI sa 1 1 d p 1 VI, Milan 1990. · n ora e e ao o

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magistériel, mais c'est souvent là qu'on rejoint le mieux la personne de celui qui parle et -je dis cela en pensant à Ambroise, avant lui évêque de Milan - la part mystagogique de sa catéchèse.

De même que la réforme liturgique du concile de Trente a comporté un statut nouveau des rites latins qui existaient alors, statut dans lequel nous avons encore du mal à mesurer comment s'y combinent un coefficient ec­clésiologique, le passage de la liturgie à l'imprimé, et l'élément de tradition liturgique proprement dit, - de même la réforme liturgique de Vatican Il, s'agissant des liturgies particulières, a nécessairement fait jouer ensemble une mobilité nouvelle de la population, le besoin de réforme de toutes les liturgies, ainsi que les conditions linguistiques. Dans les années où l'Ordre dominicain jugea de lui-même sage de renoncer à son Rite particulier, la Congrégation des Sacrements et du Culte divin précisa que le Propre litur­gique de l'Ordre, par la richesse même de son contenu, se tenait en quelque sorte sur la frontière entre un Propre et un Rite particulier 93. D'où l'ampleur exceptionnelle du Proprium Ordinis Praedicalorum, dont jusqu'à présent trois volumes sur quatre ont été approuvés par l'autorité romaine et publiés en édition typique latine, à savoir le Proprium Of{iciorum (1982), le Missale et le Lectionarium [Missae](1985), en attendant le volume du Ri­tuel. Pour la langue française, voici maintenant, après le Sancloral de la Liturgie des Heures (1983), les deux volumes du Misse/ 94 (d'autel) et du Lec­tionnaire95, imprimés par les soins de la Typographie Vaticane, avec d'admirables illustrations, reproduisant notamment la page de titre du manuscrit fondamental (• Prototype •) de la Liturgie dominicaine ainsi qu'une enluminure représentant la Cène, prise d'un ms. liturgique des Prê­cheurs de Bologne. De telles éditions sont exemplaires de ce que l'imprimé peut apporter à la formation liturgique selon l'esprit de Vatican Il.

Ronald Jasper et la liturgie anglicane. - Donald GRAY qui, comme na­guère R. Jasper, est l'un des quatre chanoines de Westminster Abbey et a suivi R. 1. à la Lilurgical Commission de la Church of England et à la Socielas Liturgica internationale, était hautement qualifié pour écrire la biographie de R. Jasper ( 1917 - jeudi-saint 1990), l'artisan de la plus importante ré­forme qu'ait jamais connue le Book of Common Prayer 96 . Issu d'une famille d'ouvriers et non de souche cléricale, il rencontre la vie liturgique High Church dès la première paroisse qui lui est confiée, édite bientôt la corres­pondance de l'évêque Walter Howard Frere, qui joua un rôle essentiel dans les tentatives de réforme liturgique au premier quart du XX' s., puis fait partie de la Liturgical Commission, créée en 1955 pour amender le Prayer

93. Décret du 25 juin 1977 : Libros liturgicos instauratos Liturgiae Romanae in usurn accipere curavit Ordo Praedicatorum ad maiorem uniformitatem assequendam curn Ecc/esia locali in qua eiusdem Ordinis communitates inveniuntur. Oppurtunum /amen visum est quaedam elementa magis propria in textibus vel ritibus servare, utpote quae peculiarem thesaurum traditionis liturgicae constituunt, ad mentem principii de debita honore tribuendo Ritibus particularibus, a Concilio Vaticano Il (Sacrosanctum Concilium, 4) sol/emniter statu/o.

94. Propre, T. l". Paris, Commission dominicaine de liturgie, 222 Fbg SI-Honoré, 1997; 17 x 24, 65*·758 p.

95. Propre, T. Il. 24*-284 p. 96. D. GRAY, Ronald Jasper. His Li/e. his Work and the ASB [Alternative Service

Book). London, S.P.C.K., 1997; 15 x 23, X·l54 p. Cf Rev.Sc.ph.th. 81 (1997) 488.

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Book et en préparer la réforme, préside cette commission de 1964 à 1980 c'est-à-dire juqu'à l'adoption définitive de l'Alternative Service Book. D.G· évoque également la présence de R. J. parmi les observateurs non catholi­ques de la réforme liturgique de Vatican Il (1966-70), son rôle comme deuxième président de la Societas liturgica internationale, enfin les années pendant lesquelles il fut doyen de la cathédrale d'York ( 1975-84), jusqu'à sa retraite.

Pour ma part, j'ai bien connu R J., tant dans les années où il fut obser­vateur au Consilium, qu'à la Societas liturgica, où je lui succédai comme président. Pour ce qui est du Consilium, je me serais attendu à ce que O. G indique à ses lecteurs en quelques phrases de plus l'essentiel de son font· tionnement et le rôle des observateurs : suivant la règle des grands orga­nismes de la Curie romaine les membres du Consilium étaient des cardi­naux et d'autres évêques, ie 'travail technique étant élaboré sous leur con­trôle par les experts, étant admis - nonobstant la règle habituelle - que les principaux experts assistaient à la réunion des membres et pouvaient Y

demander la parole. Pour ce qui est des observateurs, ils avaient connais­sance de l'ensemble des dossiers, assistaient aux débats et pouvaient étre interrogés privément, mais n'avaient pas la parole. D. G. évoque la réunion finale du Consilium, en laquelle R J. put prendre la parole au nom de l'ensemble des observateurs pour remercier de la confiance qui leur avait été faite. Je me rappelle qu'à ces remerciements il ajouta ceci : • Si vous permettez j'ajouterai ceci : maintenant nous savons que la liberté existe dans l'Église catholique •. En effet les observateurs avaient, à l'occasion, assisté à des débats si vifs entre les membres du Consilium qu'ils ne pou­vaient avoir de doute à cet égard.

Au yeux d'un liturgiste catholique l'essentiel du volume concerne la ré­forme du Book of Common Prayer, ses analogies et ses différences avec la réforme liturgique de Vatican II. On est frappé tout d'abord, au delà de toul simplisme, indépendamment de la corrélation catholique entre latin el langue vernaculaire, à la fois par le trésor de culture liturgique et religieuse constitué par l'héritage anglican des XVI" et xvu< s., par l'attachement à un tel trésor, par la difficulté dont les liturgistes anglicans l'estiment porteur à la longue. De telles valeurs pouvaient d'ailleurs déborder les frontières con­fessionnelles, comme j'en eus la nette impression lors d'une conversation avec l'archevêque Ramsey, aux yeux duquel il semblait normal, à certains moments. que la liturgie catholique conserve le latin. Mais les deux points les ~lus marquants, dans le cadre d'ensemble d'une sorte de pragmatisme ecclesiOio_gique, sont : en premier lieu el essentiellement la juxtaposition du Book of Com.mon Prayer t~adlli?nnel et de l'Alternative Service Book, chaque communaute loca~e se determmant par rapport à l'un ou l'autre des deux livre~ sans_ avoir a prend_re en compte à. cet égard un principe liturgique fondamental de commumon, en second heu - sauf erreur d . 1 · · - h h · 1• . e ma part - e compromis rec erc e sur essen li el des valeurs eucharistiques n_

'n. CL ce que j'en écrivais à propos de la ·è . . . Dieu 'J4 (1 'J68) 13'J-142 pn re euchansuque dans La M -. aiSOII·

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Colloques et ouvrages collectifs de liturgie. - Dans sa semaine d'études de 1996 l'Institut orthodoxe Saint-Serge a réfléchi sur Liturgie et cultures 98,

dans la perspective inter-confessionnelle qui lui est coutumière, et en ne cherchant qu'exceptionnellement à traiter un point particulier de façon approfondie. A cet égard cependant, il y a lieu de s'arrêter aux pages re­marquables de Dom Jean CLAIRE (Solesmes) sur l'adaptation du chant ro­main en pays franc à l'époque carolingienne . A considérer l'ensemble il apparaît clairement que le titre choisi superpose à la rencontre, le plus souvent féconde, de traditions liturgiques différentes et des climats spiri­tuels qui vont avec, les problèmes de fond inhérents à la réflexion occiden­tale sur la culture et l'inculturation ainsi qu'aux faiblesses de la catégorie d'inculturation lorsque celle-ci est maniée sans nuances. Les problèmes de fond, exprimés tout à la fois d'un point de vue orthodoxe et dans le genre littéraire de l'intellectualité parisienne, sont touchés ou au moins évoqués dans les quelques pages de J. CoLOSIMO, tandis que N. LOSSKY plaide pour la non-uniformité de l'ancienne tradition liturgique de l'Orient, telle que l'évêque russe Mgr KRtVOCHÉINE en avait fait l'expérience au Mont Athos. La dernière contribution du volume, celle du P. TRIACCA, recueille l'écho de l'enseignement de son maître Dom B. Neunheuser sur L'histoire de la liturgie à travers les époques culturelles ('1983) et surtout des nombreux écrits dans lesquels lui-même s'est occupé des différents aspects de l'inculturation. Au risque d'apparaître moi-même sélectif, je retiens de ses pages, tout d'abord qu'il préfère ne pas entrer dans les discussions de ces derniers temps sur le

98. A.-M. TRIACCA & A. PISTOIA (éd)., Liturgie et cultures. Conférences Saint-Serge, XLIII' Semaine d'études liturgiques (Bibliotheca • Ephemerides Liturgicae •. • Subsidia •. 90). Rome, C.L.V.- Edizioni Liturgiche, 1997; 15,5 x 24, 220 p.

Sommaire: A.-M. TRIACCA, • Présentation •. 7-10. - A. PISTOIA, • Pistes de lec­ture •. 11-15.- B. BOBRINSKOY, • "Innovations" liturgiques dans l'Orthodoxie con­temporaine •. 17-23. - J. CLAIRE, • Un exemple d'inculturation au IX' s.: Le chant romano-franc, dit grégorien •. 25-31. - J. COLOSIMO, • Liturgie et cultures : figures de la crise • (interrogations à la lumière de Dostoïevski et de Bernanos), 33-40. -E. COTHENET, • Influence de la civilisation hellénistique sur le Nouveau Testament •. 41-57. - 1.-H. DALMAIS, • Les liturgies "syriennes" au carrefour de l'Asie et du monde •. 59-67. - Pl. DESEillE, • L'inculturation du christianisme en Occcident entre le IV' et le vu· s. • (en tentant de regarder celle-ci d'un point de vue orthodoxe). 69-79.- A. DouBtNINE, • La culture du maintien de l'héritage canonique et rituel des offices d'avant la réforme dans le cycle liturgique des chrétiens orthodoxes vieux­croyants • (point de vue d'un vieux-croyant). 81-86. - L. GAGNEBIN, • La dimension sociale de la Cène et la nouvelle "Liturgie" de l'Église réformée de France • (à la différence de la liturgie de 1963, contemporaine de Vatican II et attentive à la ré­forme liturgique catholique, celle de 1996 insiste sur la • dimension sociale • de la Cène). 87-98, - C. GALERIU, • Le sacrifice dans les œuvres représentatives de la culture roumaine •. 99-11 O. - E. LODI, • Les textes de ·la messe du Sacré-Cœur de Jésus comme expression d'évolution culturelle •. 111-135. - N. LOSSKY, • Orthodoxie et diversités liturgiques •. 137-141. - E. METZGER, • La créativité institutionnelle dans les ·constitutions Apostoliques· •. 143-1 70. - J.-N. P~RÈS, • Culture et liturgie en Occident à l'époque de la renaissance carolingienne •. 171-180. - R. PHER­CONTESSE, , Traduction biblique et inculturation • (dans la traduction des Septante, dans les traductions françaises actuelles, ailleurs dans le monde), 181-194. - A.­M. TRIACCA, • "1ncuhuration et liturgie" : Ëvénements de l'Esprit-Saint. A propos de quelques principes pour le progrès de l'approfondissement des études sur "liturgie et culture" •. 195-220.

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vocabulaire de l'inculturation et les termes connexes; en second lieu, que I'Evange/ion (et avec lui la liturgie), tout en assimilant • les qualités spiri­tuelles positives de chaque peuple •. • purifie les cultures • (• il ne s'agit pas d'un processus de sacralisation mais de sanctification • [p. 200)); enfin, que l'Esprit • fait comprendre comment une liturgie immuable serait contraire à l'ingenium Ecc/esiae • (p. 220).

En 1996 également, les professeurs italiens de liturgie ont tenu leur colloque annuel sur les rapports entre science liturgique et disciplines théologiques 99 Nous avons là en quelque sorte une problématique symé­trique de celle de Michael Kunzler, dont il a été question plus haut dans le présent bulletin 100 Dans notre cas, plusieurs perspectives jouent alternati­vement : d'abord un intelligent va-et-vient entre la pratique pastorale et la réflexion liturgico-doctrinale; en second lieu, les échanges entre plusieurs parties du champ théologique, qui dans le passé n'ont pas toujours suffi­samment communiqué entre elles; enfin. au moins à quelque degré, l'atten­tion à ce que peuvent apporter les disciplines d'aujourd'hui, tout en veillant à ne pas céder à des modes intellectuelles n'ayant pas toujours assez de profondeur.

L'ouvrage collectif Liturgia e incarnazione, publié à l'Institut de liturgie pastorale de Sainte-Justine de Padoue sous la direction d'Aldo Natale TERRIN 101 , mérite assurément sa place dans la collection Caro salutis cardo,

99. Lrturgia : /tinerari di ricerca. Scienza liturgica e discipline teo1ogiche in dialo­go. Atti della XXV Settimana di Studio deii'Associazione Professori di Liturgia, 1996 (coll. • Bib1iotheca Ephemerides Liturgicae. Subsidia •. 91 = Sectione Studi di Li­turgia, 32). Rome, C.L.V. Edizioni Liturgiche, 1997; 16,5 x 23,5, 444 p.

Sommaire : S. MAGGIANI, • Presentazione •. 5-12. - A. CATELU\, • lnterpretare Sa­crosancrum Concilium: Genesi - mentalità - redazione •. 15-64. - R. TAGLtAFERRI, • Prassi e scienza liturgica; Acquisizioni e prospettive •. 67-111.- A. GRILLO, • Fede e sacramenti come emergenza della prassi pastorale. Approfondimento della fede, riscoperta della religione e ripensamento della libertà •. 113-162. - L. GIRARD!, • Azione liturgica e pii esercizi : Un prob1ema di incu1turazzione •. 163-227. -G. RUGGIERI, • Teo1ogia fondamentale e liturgia •. 231-244. - S. UBBIALI, • La teolo­gia sacramentaria e l'azione liturgica •. 245-277. - M. GRONCHI, • La riflessione cristologica e la liturgia •. 279-319. - C. MILITELLO, • Ecclesiologia e liturgia •. 321-341. - B. PETRA, , Theologia morale e scienza liturgica •. 343-365. - S. M. PERREUA, • Mariologia in dialogo con la scienza liturgica •. 367-437.

1 00. Cf. p. 460. 101. Lirurgia e incarnazione (coll. • Caro salutis cardo, Contributi •. 14). Padova,

Edizioni Messagero, 1997; 14 x 21, 400 p. Sommaire: A. N. TERRIN, • Caro salutis cardo. Liturgia e incarnazione •. 7-17. -

1. Grandi aperrure : E. SALMANN (philosophe), • L'eventa incorporee tra verità e rita •. 21-44.- A. N. TERRtN (anthropologue). •tl rita, per necessità e per gioco •. 45-74.­Il. Dimensioni sroriche : R. DE ZAN, • Il linguaggio dura della carne (Gv 6,52). Il rap­porta Ira celebrazione salvifica e corpo vissuto • (de notre lecture dualiste à la vi­sion johannique plus unitive). 77-92. -Cl. MORESCHINI, • Tertulliano e la salvezza della came • (en perspective gnostique et à quelque degré anti-platonicienne, dans la ligne d'1rénée),93-111. -E. ROSSIN, • Caro salutis cardo. Una promessa di salvezza a partire della carne di Tertulliano •, 113-164.- Ill. Dimensioni reologiche: A. GRILLO. • L'csperienza rituale come daro della teologia fondamentale : ermeneutica di un rimozione e prospetlive teoriche di reintegrazione • (place que la théologie fonda­mentale doit faire à l'expérience rituelle), 167-224. - A. CATELU\, • L'eventa liturgi­co: la salvezza qui e ora • (présence dans le temps), 225-249. - S. UBBIALI, , Il sim-

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qui doit son titre à la célèbre formule de Tertullien naguère mise en hon­neur par Dom Vagaggini. Dans un tel ensemble, on est frappé tout à la fois par la richesse des espaces culturels fréquentés, la vitalité du ressource­ment patristique, la santé d'une réflexion qui est une contribution majeure au rééquilibrage anthropologique de la théologie sacramentaire el liturgi­que contemporaine, réclamé voici presque un quart de siècle par le P. Chenu: • Pour une anthropologie sacramentelle • (La Maison-Dieu 119, 1974). A cette occasion, j'ajoute une question sur un point particulier évo­qué ici, qui est peut-être plus qu'un détail : dans la phrase de S. Léon, ren­due célèbre par Odo Casel : quod Redemptoris nostri conspicuum fuit, in sacramenta transivit (De Ascensione 2,2), les sacramenta sont-ils vraiment ce que nous appelons les sacrements, et Case( risque-t-il ici à quelque degré de disjoindre la Mysteriengegenwart (la dimension incarnationniste de la litur­gie) de l'eschatologie?

Les bulletins précédents ont déjà rendu compte des deux premiers col­loques du C.I.E.L. (Centre international d'études liturgiques). Voici les Actes d'un troisième colloque, sur Autel et sacrifice, qui s'est tenu à Poissy en 1997 102• Comme les années précédentes ils peuvent être considérés de trois points de vue : comme une catéchèse pour un groupe de fidèles (et éven­tuellement de prêtres) très attaché à la messe d'avant Vatican Il; comme un

bolo rituale e il pensiero critico. Per una teoria del segno sacramentale • {K. Rahner. L.-M. Chauvet, A. Ganoczy), 251-284. - IV. Dimensioni antropologiche: G. MAzzoccHI. • JI corpe e la liturgia • (Merleau-Ponty). 287-315. - G. BONACCORSO, • La liturgia tra funzione pedagogica-cogniliva e dimenzione performativa •, (0. Case! et V. Turner) 317-339. - L. PASSALACQUA, • Rilevanza della dimensione psichica in relazione alla liturgia e al corpe •. 341-360. - Conc/usioni: S. MAGGIANI, • L'incarnazione liturgica e il trascendente teologico. Bilancio conclusive : per una sintesi •. 363-389.

102. Autel et sacrifice. Actes du troisième colloque d'études historiques, théologi­ques et canoniques sur le rite catholique romain (Poissy 1997). Paris (Montrouge), Centre International d'Etudes Liturgiques, 1998; 16 x 24, 250 p.

Sommaire : L. MI':RIAN, • Ouverture • (le C.I.E.L. entend se situer canoniquement comme une association libre de fidèles (cf. canon 215] pour l'étude de la liturgiQ perennis (préconciliaire]),7-IO. - Mgr P. LE GAL (évëque nommé de Tulle), • Mot d'accueil •. 11-13. - R. SPAEMANN (Allemagne), • Un christianisme non sacrificiel est­il possible? (ce christianisme ne serail pas véritable. JI y a équivalence entre la foi au sacrifice rédempteur et le fait d'ëtre chrétien),l5-25. - E. CHtFLEY (Australie), • L'autel : lieu de sacrifice et espace sacré dans l'espace religieux • (• le christianisme utilise la "grammaire rituelle" de l'expérience humaine commune pour exprimer ses propres croyances •), 27-45. - B. LUCIEN (France), • Le sacrifice d'après la Somme théologique de S. Thomas d'Aquin • (vue d'ensemble ), 47-86. - J. BERTRAM (Angle­terre), • La place de l'autel dans les rites eucharistiques • (textes patristiques sur l'autel), 87-103. - W.-M. DE S.-JEAN (France), • Homélie •, 105-108. - F. CŒMENT (Suisse), • Les rites liturgiques du repas et du sacrifice • {composantes de la célë­bration), 109-129. - Emmanuel de BUTLER (France), • Le célébrant et l'autel avant et depuis Vatican Il • {dans la tradition romaine) seul l'évëque présidait l'action litur­gique ati cathedram),l31-144.- B. GHERARDlNl (Italie), • Le sacrifice dans la théolo­gie de Martin Luther •,145-158. - H. COURAU (France), • Les rites de consécration de l'autel•, 159-179. - 1. HARRISON (Angleterre), • Homélie •. 181-185. - A. CONLON {Angleterre), • De la table à l'autel de pierre: analyse historique •. 187-199.- D. LE PIVAlN {France), • Repas et sacrifice dans le magistère •. 201-221.- R.-M. SCHMITZ {Allemagne), • L'autel de la rédemption : le Sacré-Cœur •, 223-228. - E. de LESOUEN {France), • Homélie •, 229-232.

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lieu apte à un dialogue entre ceux qui sont attachés à la liturgie préconci­liaire et les autres: comme offrant un apport scientitlque. On n'hésitera pas à placer dans cette troisième catégorie la contribution de Mgr Gherardini et celle du P. Emmanuel, moine du Barroux. Se cantonnent dans la première catégorie des exposés tels que ceux du P. Bertram et de Mgr Conlon. Pren­nent place dans la deuxième catégorie les PP. D. Le Pivain et F. Clément, ce dernier puisant à la fois chez le cardinal Journet, chez O. Case) et dans les Missarum So/lemnia de Jungmann.

A ce regard général, je voudrais ajouter deux desiderala dont il serait, je pense, très dommage que le C.I.E.L. ne tienne pas compte à l'avenir : le premier est que. pour ce qui concerne l'histoire de la liturgie, la documen­tation en langue française est sérieuse. alors que les contributions d'auteurs anglophones sont sauf exception beaucoup plus faibles, et que ni les uns ni les autres, sauf erreur de ma part, ne semblent avoir connaissance, s'agissant de l'autel. d'ouvrages aussi fondamentaux que ceux de J. Braun, publiés en 1923 et 1932, sur l'autel chrétien et son mobilier. Second deside­racum. concernant la Tradition doctrinale: il ne me semble pas avoir ren­contré dans les exposés l'idée que la Tradition, tout en ayant fait place à toutes les époques à la dimension sacrificielle de l'Eucharistie, a attribué à cette dimension une importance qui a varié dans une certaine mesure. Autrement dit, il y a lieu de veiller à ne pas appauvrir la Tradition catholi­que.

Sous le titre Reconstruire la li/Urgie, le Père Claude BARTHE, qui s'est lui­même présenté comme un prêtre (traditionaliste) • en état d'apesanteur canonique • - c'est-à-dire sans rattachement ecclésial déterminé - publie un recueil d'interviews en distance critique par rapport à la réforme de 1969 du missel romain 103 En parlant de distance critique il me faut regret­ter que presque aucune contribution ne fasse ici d'effort pour distinguer de

103. Paris, F.-X. de Guibert, 1997: 14 x 20,5, 222 p. Sommaire : •Introduction. Prendre la parole dans l'Église • (Propos de l'auteur).

3-22. - J.-R. ARMOGATHE, • Reconstituer un tissu liturgique autour de la messe •. 23-39. - Card. G. DANNEELS. • Une altitude de service et non de manipulation • (reprise de deux textes publiés en 1995 el 1996), 41-50. -J. DUPAOUIER, • Une transformation très profonde de la conception de la messe • (prêtres devenus • animateurs so­ciaux •: froideur de la célébration), 51-63. - P. GARDEIL (musicien, de Gascogne comme Cl. Barthe), • On disait autrefois "beau comme la messe" • (valeurs que cela engageait), 65-78. - R. GIRARD, • De la côte Ouest des Etats-Unis • (l'idée de • religion du Livre • lui semble inconciliable avec l'Eucharistie), 79-88. - L. HAGE, • Pour une évolution organique et vivante • (de la liturgie maronite), 89-102. - Mgr G. LAGRANGE, év. de Gap, • Le respect dû au peuple chrétien •. 103-115.- M. LELONG p.b., • Ëtablir des relations justes avec les autres , (y compris à l'intérieur de l'Ëghse). 117-128. - D. MILLET (qui se réclame de Mgr Lefebvre), • Rétablir la messe tridentine • (• tout le reste est( ... ) à rejeter dans les ténèbres extérieures •), 129-141. - M. PERI'.S {responsable du centre musical de Royaumont), • Reprendre à frais nouveaux la réOexion sur la tradition • {incomprise par Pie X et Solesmes), 143-165. - L. PERRIN, • Les paroisses parisiennes à l'époque du Concile • {la réaction contre la réforme liturgique a commencé en 1968), 167-182.- A. SADEK (orthodoxe copte), • Rester fidèles aux premiers siècles du christianisme •. 183-190. - R. SPAEMANN {philosophe allemand), • Au jour du Jugement dernier, il n'y aura plus de conférence épiscopale •. 191-204 - R. TAPT sj, • Liturgies orientales: une évolution selon ses propres rythmes •, 205-214.

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la réforme dans les documents qui l'alleslenl les souvenirs personnels que chacun peut avoir de sa mise en œuvre dans tel ou tel cas. Cela dit, le re­cueil, dans lequel apparaît une réelle diversité d'approches, laisse entrevoir chez Cl. B. lui-même une auenlion à l'histoire qui n'est pas habituelle en milieu traditionaliste el, chez lui el autour de lui, une forte perception de la dimension esthétique el musicale de la liturgie. En revanche, on ne discerne guère dans ces pages d'allention à toul ce qui, dans le concile Vatican Il el la réforme liturgique, est ressourcement à la fois théologique el spirituel en Tradition profonde. Ainsi l'absence de toute mention du mystère pascal est typique. Au risque de toucher le point le plus sensible, je dirais qu'un fidèle ou un théologien très fermement attaché au caractère sacrificiel de l'Eucharistie peut se réjouir que soit en même temps revalorisée la dimen­sion d'action de grâces que les grands scolastiques ont quasiment ignorée. Apparemment, les écrits d'Odo Casel. dont un théologien comme le Cardi­nal Ratzinger sait bien la profondeur et la fécondité, paraissent ici complè­tement étrangers. Pourtant, quelqu'un comme Cl. B. serail capable, même s'il ne le fait pas encore, de reconnaître les fruits dont la réforme liturgique est porteuse dans la vie de foi et la vie sacramentelle du peuple de Dieu et de ses ministres. De ces fruits certains sont déjà tout à fait mûrs tandis que d'autres demandent encore du temps pour s'épanouir complètement.

Recueils d'auteurs contemporains- - Voici un recueil d'écrits de Dom Angelus HAUSSLJNG, moine de Maria Laach, connu surtout - mais certes pas seulement - comme le principal ouvrier, pendant des décennies, de l'Archiv {ür Liturgiewissenscha{t, et dont la bibliographie personnelle depuis 1959 couvre quelque 300 numéros 104 et fait de lui un des principaux représen-

104. A. A. HAUSSLJNG osb, Christ liche /dentitiit a us der Liturgie. Theologische und historische Studien zum Gottesdienst der Kirche. Publié par M. KLOCKENER, B. KRANEMANN, M. B. MERX (coll. • Liturgiewissenschaftliche Ouellen und Forschun­gen •. 79). Münster. Aschendorff, 1997; 15,5 x 23, xu-407 p.

Sommaire : 1. Paradigmenwechsel in der Liturgie : • Liturgie : Gedàchtnis eines Vergangenen und doch Befreiung in der Gegenwart • (Düsseldorf 1991), 2-10 -• Liturgiereform. Materialien zu einem neuen Thema der Liturgiewissenschaft • (Archiv für Liturgiewiss. 31 (1989] 1-32) (au xx· s. et dans le monachisme médiéval). 11-45. - • Nachkonziliare Paradigmenwechsel und das Schicksal der Liturgiere­form • (Theologie der Gegenwart 32 [ 1989] 243-254), 46-58. - • Religiôse Sprache und sakrale Symbole in einer siikularisierten Welt • (Gôttingen 1991 ). 58-70. -• Heute Feste feiern? Zu einigen Schwerpunkten heutigen Verstàndnisses der kirch­lichen Feste • (Theo/ogisch-praktische Quarta/schri{t 126 [1978) 122-128). 71-79. -• Das termingebundene Fest. Überlegungen anliisslich einer bedeutenden Heortolo­gie • (Liturgisches Jahrbuch 24 [ 1974] 209-219), 80-88. - • Heu te die Hymnen von gestern singen? Das Fallbeispiel des Laudeshymnus Aeterne rerum conditor des Am­brosius • ( 1989), 89-119. - • Et ora solvamus tibi ... ? Einfluss der Tagzeitenliturgie in der Textgeschichte des Ambrosius-Hymnus Aeter~~e rerum conditor • (Archiv frir Li­turgiewiss. 32 [ 1990] 362-364), Il 0-113. - • Ergo nihil operi Dei praeponatur (Reg. Ben. 43,3). - Relecture eines benediktinischen Axioms • (Festschri{t E v.Severu< 1984), 114-130. - • Liturgie und Leben • (Lebendige Seelsorge 39 (1988) 169-I74). 131-139. - Il. Eucharistie vor wechselnden Horizonten : • Messerkliirung (Exposrtrones missae) (Dict. de Spiritualité, art. • Messe (Expo. Missae) •. 142-150. - • Missa~m Sollemnia : Beliebige Einzelfeiern oder integrierte Liturgie? • (Spoleto 1985) (vtsaon intégrée des célébrations dans les villes et les monastères du haut moyenâge), 151-163. - , Normen der Hiiufigkeit liturgischer Feiern • (Archrv fur Lrturgrew. 20-21 (1978-79) 81-94). 164-177.-. Um die rechte Norm der Messhaufigkeit. Eine Relec-

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tants de la science liturgique en langue allemande au cours du dernier quart de siècle. Il n'est pas, à mes yeux, de plus grand éloge que de consta­ter, chez lui comme chez d'autres, que le principal de son œuvre scientifi­que est comme l'épanouisssement des tâches qui lui ont été confiées. On connaît spécialement son grand livre Monchskonvent und Eucharistiefeier (1973) et déjà sa collaboration avec Karl Rahner pour la 2• édition de Die vie/en Messen und dus eine Opfer ( 1966) 105• Plus largement, on le voit ici œuvrer dans les diverses régions de l'histoire de la liturgie et de la liturgie fondamentale, avec une ampleur exceptionnelle d'information historique et en attention aux tâches qui peuvent être celles d'un liturgiste en notre temps. Comme il était naturel dans le quart de siècle après Vatican Il et le Paradigmenwechsel auquel l'époque paraissait inviter, A. H. s'est interrogé sur l'importance quasi structurelle de la catégorie de réforme liturgique, de manière presque symétrique avec la conception de la Tradition comme incompatible avec tout changement, qui dominait dans la mentalité de plusieurs, nonobstant la distinction tridentine entre ce qui, dans la liturgie, est irréformable par essence et ce qui appelle aux différentes époques ré­formes et améliorations. Ce n'est pas ici le lieu de reprendre un tel débat, puisque le colloque tenu en 1996 en l'honneur de Dom H., et dont la publi­cation est attendue, avait précisément cet objet. Mais on soulignera l'intérêt d'A. H. à la rencontre entre la liturgie et un monde déchristianisé, et son humble attention (ainsi dans la Festschrift von Severus) aux conditions nou­velles - fussent-elles moins confortables que naguère - de relecture des valeurs du mouvement liturgique d'il y a un siècle, ou même de la consti­tution conciliaire. En toute hypothèse, la fonction critique du liturgiste n'est jamais première par rapport à sa fonction mystagogique et à son rôle de patient éducateur par rapport à la lente assimilation de la lex orandi par l'ensemble du peuple fidèle.

ture nach 35 Jahren • (Festschri/t Neunheuser 1979),178-185. - • Die Gabendarbrin­gung. Laacher Liturgiegeschichte im Wandel der Beziehung : Liturgischer Ritus und sociologischer Paradigmenwechsel • (Mémorial de la restauration de Maria Laach 1892-1992),184-211. - III. Tagzeitenliturgie im Umbruch: • Brevierreformen im 16. Jahrhundert. Materialien von damais und Erwiigungen für morgen • (Mélanges Gy 1990), 214-280. - • Luther und das Stundengebel • (Festschri/t F Schulz. 1988), 231-240. - • lsl die Reform der Stundenlilurgie beendel oder noch auf dem Weg? • (Festschri{t Kleinheyer 1988), 241-256.- • Wie beginnl Gottesdienst? Beobachtungen an den Horen der Tagzeilenlilurgie • (Festschri/t Harnoncourt, 1991), 257-270. -• Fluchpsalmen und Brüderlichkeil • (Liturgisches Jahrbut:h 16 (1966) 212-222), 271-281 - IV. Liturgiewissenscha{l var neuen Au/gaben/eldern : • Die kritische Funktion der Lilurgiewissenschafl • (Liturgie u. Gesellscha{t, ed. H. B. MEYER 1970), 284-301. -, Liturgiewissenschafl zwei Jahrzehme nach Konzilsbeginn. Eine Umschau im deul­schen Sprachgebiel • (Archiv {ür Liturgiew. 24 (1982) 302-320. - • Liturgiewissen­schaflliche Aufgabenfelder v or uns • (Liturgisches Jahrbuch 38 (1988) 94-1 05), 321-333. - , Gemeinschafl aus ldenliliil der Erfahrung. Über eine nolwendige Voraus­selzung des Gebeles in der Liturgie • (Donauworth 1981), 334-344.- B. KRANEMANN, , Bibliographie A. A. Haussling •. 346-368.

105. Traduction française 1972. Cf., dans le présent recueil, les pages où il visite à nouveau cette question.

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Le livre du Français Jean-Yves HAMELINE réunit un ensemble de ses écrits sous le titre Une poétique du Ritue/ 106• L'expression en rend parfois la lecture un peu difficile - il faudra lire le livre el patiemment le relire -, moins à cause de difficultés de vocabulaire que, me semble-t-il surtout, à cause de l'exceptionnelle richesse des composantes de sa culture, qui joint en une véritable synthèse une connaissance profonde de la théologie tho­miste, les différentes composantes de l'anthropologie contemporaine, une riche culture musicale, la connaissance de l'histoire du mouvement liturgi­que depuis Guéranger et aussi dans la France des xvn< el xvm' s. Puissent les lecteurs se laisser séduire par la richesse de l'œuvre et sa profondeur spirituelle. Assurément, nous rencontrons là le défi - au sens le plus au­thentique du terme - du dépassement de tout ce qui, dans les décennies après la réforme liturgique de Vatican II, pourrait entretenir l'étroitesse ou l'unilatéralisme dans la vision ou la pratique de la liturgie, et une invitation authentique à la catholicité 107.

Couvent Saint-Jacques 20, rue des Tanneries

75013 Paris

106. Une poétique du RitueL Paris, Cerf (coll. • Lilurgie •. 9), 1997; 13,5 x 21,5, 215 p.

Sommaire : Fondations: • La foi sur son axe fondamental • (La Maison-Dieu 174 [1988) 59-73) (la fides qua creditur en considéralion préférentielle), 11-24.- • Aspects du rile • (LMD I 19 [1974) 101-111) (bases anthropologiques d'une • ritologie • ap­pliquée à la liturgie chrétienne), 25-33. - • Observations sur nos manières de célé­brer • (LMD 192 [ 1992) 7-24) (risque de déficit cérémoniel dans la reforme liturgi­que; besoin d'un art de célébrer), 35-49. - Espace : • L'espace du sanctuaire • (LMD 136 [1978] 47-65) (ce que D. W. Winnicott peut apporter à l'intelligence de l'espace humain et du sanctuaire), 53-71. - • De rebus liturgicis ou Célébrer à trois dimen­sions • (LMD 169 [1987)) (à partir de V. Turner, The Ritual Process). 73-90.- Site cérémoniel: • Le culte chrétien dans son espace de sensibilité • (LMD 187 [ 1991) 7-45), 93-123. - Enveloppe sonore : • Passage d'écrilure. La scène liturgique de la lec­ture • (LMD 126 [ 1976) 71-82}, 127-138. - • Acte de chant, acte de foi • (Catéchèse 113 [ 1988) 31-46). 139-156. - • Pour un cérémonial du chant • (LMD 199 [ 1994) 13-28), 157-170. -Itinéraire: • Itinéraire I • (J. DORË [éd.], Les cent ans de la faculté de théologie [de l'Institut catholique de Paris), Paris 1992), 17 3-178. - • Itinéraire II • (Rech. sc. relig. 78 [ 1990) 397-424), 179-206.

107. Ce bulletin était achevé lorsque m'est parvenu le deuxième volume de l'édi­tion du Rationale divinorum officiorum (L. V, Office divin; L. VI, année liturgique) de GUILLAUME DURANT éd. A. DAVRIL & T. M. THIBODEAU (coll. • Corpus Chrilianorum Continuatio Mediaevalis • CXL A), Turnhout 1998. Cet ouvrage important sera re­censé ultérieurement. D'autre part je n'ai pas encore reçu : Geoffrey WAtNWRlGHT, Worship with One Accord. Where Liturgy and Ecumenism Embrace. Oxford University Press 1997