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BULLETIN DE JUILLET 1958SUPPLÉMENT A LA NOUVELLE N. R. F.

DU I" JUILLET 1958

N° 67

PUBLICATIONS DU15 MAI

AU 15 JUIN 1958(Renseignements bibliographiques.)

On trouvera ici tous les renseignements bibliographiques sur les ouvrages effec-tivement parus du 15 mai au 15 juin 1958.

BIBLIOTHÈQUE DE LA PLÉIADE

CASANOVA Mémoires. Tome 1 1725-1756. Préface de

Gérard Bauër, de l'Académie Gon-court. Texte établi avec une Chrono-

Romanciers du XVIIe Siècle. SOREL Histoire comique de Francion.SCARRON Le Roman Comique.

illustré d'un portrait de Mme de La

nrf

logie de la Vie et de l'Œuvre de Casa-nova, une Introduction, des Notes, desVariantes et un Index, par Robert Abi-rached et Elio Zorzi. 1.320 p., in-16double couronne sur papier bible.Reliure pleine peau. Couvre-livre illus-tré d'un portrait de Casanova dans sajeunesse peint par son frère François.Jaquette en matière plastique transpa-rente. Emboîtage 2.900 fr.

FURETIÈRE Le Roman Bourgeois.MADAME DE LA FAYETTE La Prin-

cesse de Clèves. Textes annotés et

présentés par Antoine Adam. 1.508 p.,in-l6double couronne sur papier bible.Reliure pleine peau. Couvre-livre

Fayette (Bibliothèque Nationale, Cabi-net des Estampes). Jaquette en matièreplastique transparente. Emboîtage. 2.950 fr.

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BULLETIN DE JUILLET 1958

COLLECTION « SOLEIL »

Reliure typographique en toile fine, maquette de MASSIN.Décor à froid pour les filets et à l'or pour les titres. Typographie en deux couleurs.

Papier vélin supérieur. Jaquette en matière plastique transparente.On dira des « SOLEILcomme on dit des« Pléiade ».

HÉRIAT Philippe, de l'Aca-démie Goncourt. Les Boussardel. I. La Famille Boussardel. 1.850 fr.

II. Les Enfants Gâtés.1.400 fr.

Chacun de ces deux volumes, reliure vert olive, papier de garde ocre jaune clair.

Tous les exemplaires de la Collection «Soleil» sont numérotés.

POÉSIE

ROBIN Armand. Poésie non traduite, II. 192 p., in-166double couronne. Collection blanche. 500 fr.

20 ex. num. pur fil Lafuma Navarre. 1.500 fr.

JEUNE POÉSIE N. R. F.

CHAPUIS Michel Bâtons Rompus. 40 p. au format 10 x 18rogné, sous couvre-livre en 2 couleurs,rembordé. Collection « Jeune PoésieN. R. F.» 250 fr.20 ex. num. fil Lafuma Navarre. 700 fr.

OU FFROY Alain A Toi. 64 p. au format 10 X 18 rogné,sous couvre-livre en 2 couleurs, rem-

bordé. Collection « Jeune PoésieN. R. F.» 250 fr.

20 ex. num. pur fil Lafuma Navarre.. 700 fr.

v TRADUCTIONS

KALIDASA La Naissance de Kumara. Poème traduit

du sanskrit et précédé d'une étudeintitulée Les Devoirs des Dieux et des

Hommes, par Bernadette Tubini. 188 p.,in-8° carré. Collection «Connaissance

de l'Orient », Collection « Unesco

d'Œuvres représentatives ». SérieIndienne. 650 fr.

ROMANS

BAYLE Georges. Les Déserteurs. 192 p., in-16 doublecouronne. Collection blanche 500 fr.

DELIGNY Fernand. Adrien Lomme. 256 p., in-16 doublecouronne. Collection blanche 650 fr.

EKMAN P. A. Le Festin de l'Urubu. 304 p., in-16 doublecouronne. Collection blanche. 790 fr.

GRENIER Roger. Les Embuscades. 264 p., in-16 doublecouronne. Collection blanche 650 fr.

25ex. num. purfil Lafuma Navarre. 1.950 fr.

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BULLETIN DE JUILLET 1958

LANDES Marie-Gisèle. Le Grand Homme Gris. 220 p., in-16double couronne. Collection blanche. 600 fr.

LEDUC Violette. La Vieille Fille et le Mort. 272 p., in-16double couronne. Collection blanche. 750 fr.

PHAM VAN KY. Les Yeux courroucés. 328 p., in-l6doublecouronne. Collection blanche. 850 fr.

POTOCKI Jan Manuscrit trouvé à Saragosse. Texte établiet présenté par Roger Caillois. 300 p.,in-8° soleil, 4 hors-texte. Collectionblanche 850 fr.

ROY Claude Le Malheur d'aimer. 248 p., in-16 doublecouronne. Collection blanche. 600 fr.

20 ex. num. purfil Lafuma Navarre 2.500 fr.

SOULAT Robert Un Nommé Songe. 352 p., in-8° soleil.Collection blanche 950 ff.

TRADUCTiONS

DELIBES Miguel. Sissi, mon fils adoré. Traduit de l'espa-gnol par J. Francis Reille. Préface deM.-E. Coindreau, 344 p., in-8° soleil.Collection « Du Monde Entier ». 990 fr.

35 ex. num. pur filLafuma Navarre 2.800 fr.

MONTEFORTE TOLEDO Entre la Pierre etla Croix.Traduitde l'es-

Mario. pagnol par Michel Reboux. 328 p., in-16double couronne. CollectionLa Croix •

du Sud». 890 fr.

20 ex. num. pur fil Lafuma Navarre. 2.900 fr.

LITTÉRATURE

CRITIQUE

ÉTIEMBLE Hygiène des Lettres, III Savoir et Goût.288 p., in-16 double couronne. Collec-tion blanche 750 fr.

10 ex. num. hollande 5.000 fr.

35 ex. num. pur fil Lafuma Navarre. 2.500 fr.

TÉMOIGNAGES

HERBART Pierre La Ligne de Force. 192 p., in-16 doublecouronne. Collection blanche. 500 fr.

30 ex. num. pur fil Lafuma Navarre.1.500 fr.

THÉÂTRE

VAUTHIER Jean. Les Prodiges, pièce en 2 parties. 176 p.,in-16 double couronne. Collection « Le

Manteau d'Arlequin ». 550 fr.

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BULLETIN DE JUILLET 1958

VOYAGES DOCUMENTS

ÉTIEMBLE Tong Yeou Ki ou Le Nouveau Singe Pèle-rin. 396 p., in-8° soleil (4 planches horstexte), sous couverture illustrée en

couleurs. Hors Série. 1.100 fr.

L'AIR DU TEMPS

Collection dirigée par PIERRE LAZAREFF

GIROUD Françoise. La Nouvelle Vague. Portraits de la Jeunesse.352 p., in-8° soleil. 850 fr.

GROSRICHARD Yves. L'Amérique Insolite. 240 p., in-8° soleil,16 hors texte. 800 fr.

LE RAYON FANTASTIQUE

POHL (Frederick) etKORNBLUTH (C. M.). Planète à gogos. 256 p., in-16 double cou-

ronne. Couverture glacée couleurs.. 225 fr.

SÉRIE NOIRE

CAUSEY James O. A la Cuiller, traduit de l'américain parJean Rosenthal.

FLEMING lan Entourloupe dans l'Azimut, traduit del'anglais par Bruno Martin.

CHARBONNEAU Louis Tohu-Bohu, traduit de l'américain parF. M. Watkins.

WHITTINGTON Harry Le Salaire du Diable, traduit de l'améri-cain par G. Sollacaro.

MOLE William. La Bosse du Crime, traduit de l'anglaispar Jane Fillion.

KEENE Day Deuil immédiat, traduit de l'américainpar Robert Scipion.

Chacun de ces six volumes de la « Série Noire », noa 431à436. 220 fr.

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BULLETIN DE JUILLET 1958

B. L. PASTERNAK

LE DOCTEUR

JIVAGORoman traduit du russe.

COLLECTION « DU MONDE ENTIER»

Un volume 652 pages, in-8°soleil. 1.600 fr.75 ex. numérotés sur pur fil Lafuma Navarre. 5.000 fr.

Le Docteur jivago est un roman historique au même titre que La Guerre et la Paixla vie du personnage central n'y est pas traitée sous l'angle d'un fait d'ordre privé assortide quelques allusions historiques, mais bien sous l'angle d'une opposition directe etpermanente entre le personnage et l'histoire en pleine évolution. Le Docteur Jivago a,certes, des ambitions, des espoirs, des amours, des affections, mais ses vicissitudes sedéroulent et se terminent en fonction directe du climat historique. En outre, tout commedans La Guerre et la Paix, un bon nombre des aventures vécues par les héros du romande Pasternak sont tout simplement celles que vécurent la plupart des Russes entre 1900et 1930.

ALBERTO MORAVIA

B. L. PASTERNAK

ESSAI

D'AUTOBIOGRAPHIECOLLECTION « DU MONDE ENTIER»

Un volume152 pages, in- 16double couronne. 400 fr.50 ex. numérotés sur pur fil Lafuma Navarre 1.600 fr.

Cette autobiographie, encore inédite, a été écrite au moment où Pasternakachevait Le Docteurjivago. Elle formeainsi le maillon qui rattachesa première grandeœuvre en prose à tout son passé de poète, en même temps qu'elle éclaire par dessouvenirs personnels quelques-uns des thèmes et des personnages du roman.

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BULLETIN DE JUILLET 1958

ÉCHOS PROJETS• Le Comité de Sélection franco-anglais a désigné à l'attention des critiques, deslibraires et du public anglais, pour le mois de mai, les deux ouvrages suivantsLecture pour Tous, de Dominique Aury, -et Le Lion, de Joseph Kessel.

• Le « Prix des Trois Physiciens », qui n'avait pas été décerné depuis trois ans.a été remis le 17 mai au Professeur Robert J. Oppenheimer.

• Le Grand Prix Littéraire de la Ville de Bordeaux a été attribué, pour l'ensemblede son oeuvre, à Louis Émié le jury avait distingué, au début du scrutin, Ger-maine Théron pour son roman Le Secret merveilleux.

• Le Prix Pelman du Théâtre a été décerné, le 21 mai, à Jules Roy, pour sa pièceen trois actes Le Fleuve Rouge. Rappelons que c'est Robert Mallet qui avaiteu le même Prix, en 1957, pour son drame L'Équipage au Complet.

C'est également Jules Roy que l'Académie Française, décernant le 12 juin sesgrands prix annuels, a désigné pour recevoir le Grand Prix de Littérature, couron-nant ainsi l'ensemble de son œuvre romans, théâtre, essais, poésie, mémoires etsouvenirs.

Robert Margerit, de son côté, se voit décerner un Prix Broquette-Gonin, pourson roman La Terre aux Loups Dominique Aury et Roger Caillois, chacun un'nPrix Dupau, respectivement pour Lecture pour Tous et Les Jeux et les Hommesenfin, deux prix réservés à des écrivains étrangers de langue française ont couronnéVentura Garcia Calderon et Franz Hellens.

• Bibliothèque de la Pléiade.

Comme suite à l'écho que nous avons publié le mois dernier, nous pouvons pré-ciser, en ce qui concerne la Correspondance Complète de Stendhal, que c'estM. V. Del Litto, Professeur à la Faculté des Lettres de Grenoble, qui en achèverala mise au point. M. Del Litto est l'éditeur de la Bibliographie Stendhalienne depuis1938, il a passé sa thèse de doctorat sur Lo Genèse et l'Évolution des Idées Litté-raires de Stendhal, et il prépare un ouvrage sur Les Idées de Stendhal.

Nous avons reçu ce billet, sympathique bien qu'anonyme « Envisage-t-on à laPléiade de faire paraître un jour un Boileau et un Lamartine ? Un mot à ce sujetdans le Bulletin Mensuel de la N. R. F. renseignerait bon nombre de lecteurs s'inté-ressant à cette collection. » A tous ces lecteurs, que nous remercions pour leurfidèle et constante attention (l'immense succès de la Quinzaine de la Pléiade vientde nous en apporter une marque nouvelle), nous pouvons indiquer que nous avonsen préparation les Œuvres Complètes de Boileau, établies par Antoine Adam,et une édition des Œuvres Poétiques de Lamartine, que prépare Marius-FrançoisGuyard. Ces deux ouvrages sont d'ailleurs annoncés dans le nouveau Cataloguede la Bibliothèque de la Pléiade, mais la date de publication ne peut pas encore enêtre précisée.

• Œuvres de Jean Schlumberger.

Nous préparons la publication des Œuvres de Jean Schlumberger dans une édi-tion collective qui comprendra sept volumes in-8° et prendra la suite des ŒuvresComplètes de Paul Claudel et de Valery Larbaud, édition qui ne se bornera pasà réimprimer les livres de Jean Schlumberger tels qu'ils se sont succédé en librairiedepuis 1903, mais les présentera sous un jour qui les renouvelle et les complète àbien des égards.

Certains lecteurs ne connaissent Jean Schlumberger que par ses articles de presse,d'autres n'associent son nom qu'à des romans comme L'Inquiète Paternité, LesYeux de Dix-huit Ans ou Saint-Saturnin peut-être y a-t-il des universitaires quine voient en lui que l'auteur de Plaisir à Corneille. Nous souhaiterions que cetteédition collective les aide à se convaincre que ce sont là des aspects complémen-taires d'une même oeuvre, singulièrement riche, qui a :u maintenir une harmoniemerveilleusement mesurée entre l'émotion, la pensée critique et leur expressionu ste.

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BULLETIN DE JUILLET 19588

Sur les sept volumes de la collection, les textes inédits ne représentent pas moinsde la valeur d'un volume entier.

Le premier volume,- à paraître en septembre, portera sur les années 1903-1912,-et le deuxième, prévu pour novembre, sur les années 1913-1922.

• Le Livre et la Scène.

La Comédie-Française donnera une représentation officielle de La Reine morte,de Montherlant, au Théâtre de l'Exposition, à Bruxelles, le 9 juillet.

Une Femme trop Honnête, de Salacrou, vient d'être créée avec succès à Vienne(Autriche), au Théâtre Courage il en a été de même pour L'Archipel Lenoir,au Théâtre Maddermarket, à Norwich.

A Barcelone, de brillantes soirées théâtrales ont été données, du 22 au 25 juin,avec au programme La Scintillante et Amédée et les Messieurs en rang, de JulesRomains.

C'est le Théâtre d'Aujourd'hui qui présentera, en juillet, à la Biennale de Venise,Les Chaises, de Ionesco, dans la mise en scène de Jacques Mauclair. Quantau deuxième volume du Théâtre d'Eugène Ionesco, il est sous presse et comprendL'Impromptu de l'Alma, Tueurs sans Gages, Le Nouveau Locataire, L'Avenir estdans les Œufs, Le Tableau, Le Maître et La Jeune Fille à marier.

Le Festival de Carcassonne a inscrit à son programme, les 12et 17 juillet,Le Guignol au Gourdin, de Lorca (cette farce pour marionnettes en six tableauxfigure dans le Tome du Théâtre de Lorca).

L'Équipage au Complet, de Robert Mallet, sera joué en tournée, en Italie, dansle courant du mois de juillet.

Le Théâtre National Populaire donne, sous la direction et avec l'interprétationde Jean Vilar, six représentations de l'Œdipe d'André Gide, du 6 au 15 juillet, dansle cadre du Festival d'Avignon.

Le Livre et l'Écran.

Tourné par Robert Vernay aux studios d'Épinay et à Senlis, le film tiré du romande Guy Verdot, Monsieur avec Auto, sortira très prochainement sous le titreMadame et son Auto. Principaux interprètes Sophie Desmarets, Jacques Morel,Jacques Fabbri, Robert Vattier, Jean Tissier.

Le Livre et la Radio.

La B. B. C., à Londres, prépare le montage d'un scénario radiophonique inspiréde Quatre dans l'Ombre, avec la collaboration de l'auteur du livre, Eric Piquet-Wicks.

Cette pièce radiophonique, qui sera montée avec la collaboration de l'auteur,sera vraisemblablement diffusée le 14 juillet, à l'émission « Home Service ». Ellesera interprétée par des comédiens, et Piquet-Wicks y tiendra le rôle du narrateur.

• Le Livre et les Bibliothèques.

L'ambassadeur du Pérou en France a annoncé que la bibliothèque du professeurPaul Rivet (mort récemment, peu de temps après la publication des Origines del'Homme américain) a été achetée par le Pérou pour être intégrée à la BibliothèqueNationale Péruvienne dans une salle qui portera le nom du savant français.

Le professeur Henri Mondor vient de faire don à l'Université de Paris, pour êtreremis à la Bibliothèque Jacques-Doucet, de treize manuscrits d'Alain, parmi lesquelsLes Idées et les Ages et l'Histoire de mes Pensées. Rappelons que le Fonds Doucet,dirigé par Octave Nadal, est installé dans quelques salles de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, à deux pas du lycée Henri-IV, où Alain, durant vingt années, professaun enseignement inoubliable.

• La commission française pour l'U. N. E. S. C. O. s'est adjoint par cooptationRaymond Aron et Jean Rostand.

Le professeur Léon Binet a été élu vice-président à l'Académie de Médecine.Mme Mariel Jean-Brunhes Delamarre, auteur de L'Homme et la Charrue (avec

Haudricourt) et de l'Atlas Aérien (avec Pierre Deffontaines), vient d'être nomméeattachée de mission au Musée des Arts et Traditions populaires, dont le Directeur,Georges-Henri Rivière, l'a plus spécialement chargée de tout ce qui concernel'outillage agricole.

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BULLETIN DE JUILLET 1958^

Jacques Perret, qui vient de recevoir le Grand Prix de Monaco, a un ami quis'appelle André Collot, peintre et graveur. André Collot est aussi l'un des deuxpersonnages du dernier livre de Jacques Perret Rôle de Plaisance, l'auteurétant capitaine et Collot son matelot à bord du Matam. Collot a gravé, pour Rôlede Plaisance, à 300 exemplaires, une suite de 16 illustrations présentées sous car-tonnage, dans un format qui s'accorde aussi bien à la Collection Blanche qu'à laCollection « Soleil ». Tout lecteur qui voudra ainsi orner et compléter son exem-plaire de Rôle de Plaisance pourra en adresser la commande à son libraire habituel.

# Expositions.Le Musée Municipal de Limoges présente, organisée par M. Serge Gauthier, une

exposition intitulée Les M/ou/étous et leurs Amis Miaulétous désignant en parlerdu pays lés habitants de Saint-Léonard-de-Noblat ou ceux qui, s'y étant fixés pen-dant les années difficiles, en sont restés les enfants d'adoption. L'exposition estconsacrée aux tableaux, gravures et dessins d'Élie Lascaux (illustrateur de Super-vielle), d'André Beaudin (illustrateur d'Éluard) et Suzanne Roger. Le cataloguecomporte des textes d'autres «miaulétous» Jacques Baron, G.-E.. Clancier,Daniel-Henry Kahnweiller, Michel Leiris, Georges Limbour, Raymond Queneau,Georges-Henri Rivière et Patrick Waldberg.

# Voyages, Missions, Conférences, Colloques.Raymond Picard, auteur de La Carrière de Jean Racine et professeur à la Faculté

de Lille, fera, en qualité de professeur invité, une série de conférences, en juilletet août, à l'Université de Montréal. Il traitera de Racine, de l'Évolution des Tech-niques romanesques et du Paris de Balzac.

Jules Romains vient d'être invité par le gouvernement israélien à parcourir Israëlpendant la seconde quinzaine de juillet, avec séjours dans les principales villes..

Alejo Carpentier, peu avant la publication de sa Chasse à l'Homme dans la Collec-tion « La Croix du Sud », et après avoir remis à son éditeur de Mexico le texte enespagnol d'un nouveau roman dont l'action se passe dans la mer des Caraïbes, estparti pour le monde des Mayas et l'isthme de Tehuantepec, réalisant ainsi un deses plus vieux rêves.

Jacques de Bourbon-Busset fera, les 5 et 6 août prochains, des cours sur La Vieinternationale, à l'Institut d'Études juridiques de Nice.

Le Foyer Culturel International de Cerisy-la-Salle (Manche) organise, du 10 au20 juillet, une décade consacrée à L'Histoire et ses Interprétations. Ces colloquessont dirigés par Arnold J. Toynbee, Raymond Aron et Jacques Madaule, tous troishistoriens et philosophes de l'histoire, dont plusieurs œuvres importantes figurentà notre catalogue. A ces débats participeront, entre autres, Colette. Audry,Lucien Goldmann, Henri Lefebvre, Boris de Schloezer.

• Traductions.

On annonce la prochaine traduction en langue espagnole, à Barcelone, du Bar-rage contre le Pacifique, de Marguerite Duras, et de La Loi, de Roger Vailland

en langue catalane, dans la même ville, des Bêtes, de Gascar, et de Pilote deGuerre, de Saint-Exupéry.

Les Éditions Messadah, de Tel-Aviv, ont acquis les droits de traduction pourL'Exil et le Royaume, de Camus, et pour Quinze Hommes, un Secret, de Bergieret Latil.

La Cendre aux Yeux,deJean Forton, va être publiée en traduction italienne, chezGarzanti, à Milan. ·

Les Éditions Sud-Americana, à Buenos-Aires, feront paraître cette année, enlangue espagnole, deux ouvrages de Georges Friedmann Où va le Travail humain ?et Le Travail en Miettes.

Heinemann en Angleterre, et la Paulus Verlag en Allemagne, ont en préparationles traductions de Vacances secrètes, de Maud Frère.

La Tradition de Minuit et Le Quai des Brumes, de Mac Orlan, viennent d'êtretraduits en serbo-croate.

• Henri Thomas retient, pour son prochain roman, le titre L'Impersonnel..

# Nous avons reçu le manuscrit du nouveau livre de Simone de Beauvoir, à paraîtreen septembre Mémoires d'une Jeune Fille rangée. Un auto-portrait.

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LA NOUVELLE

NOUVELLE

REVUE FI~A,N~'AISE

REFLEXIONS SUR LA VIE

ET LE BONHEUR

Souvent, j'ai le désir de jouer de l'harmonium c'est

quand mon cœur déborde de joie, mais le temps me

manque ou mes mains sont glacées ou Élise m'enten-drait et rien ne contrarie, ne tarit en moi plus sûrement

l'inspiration. Alors j'y renonce, mais j'ai beau faire

quelqu'un en moi joue de l'harmonium.

Je me sens stupide pour tout ce qui ne m'intéresse

pas. I,e peu d'intelligence que j'aie de Dieu, de l'homme

et de moi-même est né de la seule force de mon désir, je

veux dire des dangers qui couvaient dans ma chair etauxquels ma tête et mon cœur se sont ligués pourimposer leurs mesures.

Rien ne saurait m'inviter à écrire plus impérieuse-

ment que le chantier que j'ai sous les yeux, qui ressembleà la scène de l'Opéra, un soir de ballet.

Quand on se propose d'élever un monument, il ne faut

pas se demander comment s'y prendre, mais truelle en

main, pierre à pierre, se mettre à l'ouvrage et, au son

d'une lyre magique, on dansera bientôt comme Amphionautour de Thèbes ressuscitée.

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LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

On ne sait quoi d'invisible encore se dresse dansl'espace aux yeux des manœuvres qui l'appellent deleurs vœux. D'un pilier à un autre, forêt artificielle, jeles ai vus longtemps courir, celui-ci les bras nus roulant

une lourde pierre, un autre poussant une brouette

chargée de tuf. Les grues bientôt tournèrent en plein ciel,tandis qu'un contremaître désignait de la main à sonéquipe le vide, comme s'il y contemplait déjà l'édificedont l'architecte à l'écart déchiffrait le plan sur une

carte. Ont l'air de friser une perruque ceux qui de leurstenailles godronnent et coupent les tiges de fer que ceux-là enrobent d'un moule de bois où coulera le ciment

liquide. Ils ne font pas un pas inutile chacun de leursgestes est précis, dicté par un projet commun. Il arriveque, se croisant sur la même piste, ils se prennent par la

taille avec élégance. D'étage en étage, ils se hissent lelong des charpentes qui se superposent méthodique-ment sous leurs enjambées. A mesure que les échafau-dages croissent, des guirlandes humaines s'y déploient,s'y accrochent, en se donnant la main, pour porter plus

haut le toit que l'on couronnera, l'œuvre une fois par-

faite, d'un bouquet enrubanné.

Je reste parfois confondu le matin, quand je n'ai à madisposition pour la journée ni un dessein qui me sourie,ni une grande joie qui m'attende, devant la nécessitéde vivre pour vivre, devant la vie réduite à elle-même.

On voit la trame de la tapisserie à l'envers et ce n'est

presque rien.

La plupart de nos occupations, de nos actions sepassent bien au-dessous de nous, sont indignes de nous,mais nous les élevons parfois jusqu'à nos cœurs.

On fait habituellement tout ce qu'on fait pour quelquechose qu'on croit savoir, alors que c'est tout autre chosequi nous mène et c'est ce mot de passe clandestin, même

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RÉFLEXIONS SUR LA VIE ET LE BONHEUR

pour nous, qui est notre essentielle raison de vivre. Je

veux dire que la plupart de nos mouvements obéissent àun motif que nous ignorons, à un signe incompréhen-sible, cabalistique peut-être, qui est le chiffre de notre

personne. Nous le connaissons parfois très tard quel-

ques-uns jamais.

Est-ce qu'on dit comment on les a faits aux enfants ?

Quel besoin de confier aux peuples ce qui regarde leur

destin, pourvu qu'ils subsistent et prospèrent. Unecertaine part d'ignorance, entretenue sans parti pris,

gage la bonne éducation et la bonne politique. Rien de

plus sain qu'une discrète incuriosité pour tout ce qui nenous regarde pas en propre, pour ce qui touche, diraitla Bible, au secret du Roi.

Il arrive que je me surprenne dans la vie, un peucomme un acteur sur le théâtre ou comme un danseur

au milieu de l'adage qu'il développe, sans l'avoir choisi,

par nécessité. Cet éclair d'intelligence pourrait déclen-cher une catastrophe, si l'on n'avait la prestesse quiconvient et assez de prudence pour n'y pas céder plusd'un instant, et l'on enchaîne.

Je suis si loin souvent des intentions qu'on me prête,du rôle que m'imposent les circonstances, que je n'ysouscris tout à fait jamais.

Ici, des enfants vagissent; là, des vieillards halètent.

Dans l'intervalle, affamés ou repus, la plupart vont,viennent comme des hannetons.

Il est des jours où l'on se sent si maladroit, si gauche,

si peu propre à l'existence, où tout ce qui se présented'événements, de gens, vous humilie, vous méconnaît au

point qu'on en perd le souffle. I,a vie n'a pas besoin de

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LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

notre assentiment pour continuer. Que de fois, parindifférence, j'ai failli me faire écraser.

Voici ce qu'il faut se dire c'est que plus ridicule,incompréhensible, contraire à toute logique apparenteest la vie, plus elle est la vie, plus elle est ce qu'elle doitêtre sans doute l'occasion pour nous d'éprouver « notre

différence », en dominant, avant de le corriger ou de le

diriger, le scandale qu'elle propose.

I,es hommes ont tout gâté ils ont fait de l'amour la

passion, de la justice une manière de vengeance, del'attachement à la patrie le chauvinisme, de la religionle fanatisme.

Au lieu de récompenser ceux qui procréent inconsidé-rément, on devrait sévir et sévèrement contre un pareil

abus de pouvoir. Tout ce qui existe gagne à être soumisà des sélections plantes et animaux. La qualité importe

en toutes choses, mais surtout et au premier chef, quandil s'agit d'une espèce, aussi éminente et délicate et

chargée de dangers que celle des hommes, trop souventfuneste à elle-même.

La Folle après un court séjour dans une maison desanté privée, où nous la croyions garée pour toujours,hier soir dimanche apparaît de nouveau à notre stupé-

faction et pénètre sans lumière dans son appartementoù elle va se retrouver peut-être guérie dans

l'atmosphère et en présence de l'appareil de son délireses chandeliers funèbres, les dessins qui couvrent les

murs de sa chambre, où elle s'est représentée torturée par

des hommes en habit tantôt et tantôt par des policiers,

des tigres, des araignées, des démons ou des anges lechiffre cinq monumental qu'elle a peint au minium,

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RÉFLEXIONS SUR LA VIE ET LE BONHEUR 5

au-dessus de sa porte et en face de son lit j'allaisoublier le plus terrible dans le salon, installé sur un

chevalet, son portrait en pied où elle trône en robe écar-late, les cheveux flottants, ses colliers de perles suspendus

comme des larmes à ses yeux qu'elle a crevés de sa main.Qu'est-ce que la vie pour cette femme et le bonheur ?

Et combien de gens, sans le savoir, se déplacent dans

un décor à peu près semblable

Il est des êtres auxquels on a toujours pensé avec unesorte de terreur, comme au Diable même. Le témoignage

qu'ils rendent, pour ce qu'il a d'effrayant, n'en appelle

pas moins à un ordre surnaturel, autant que celui desSaints.

Dès que mes yeux d'enfant, par exemple, se posèrent

sur Emma Pô, debout sur le pas de sa porte, mon imagi-

nation fut alertée. La violence, le cynisme de ses propos,l'horrible expression de son visage, ses gros cheveux de

corde, son regard torve, son sourire grimaçant et grin-

çant, ses énormes membres de femme à barbe, sa façon

de se vêtir sans grâce avec une opulence triste, digne des

Parques, ne me permirent plus de ne pas croire que

l'être humain se trouve placé à la croisée des chemins de

deux infinis. Dans notre conscience qui ressemble aux

cathédrales, de ces figures s'installent qui jalonnent lesunes le chemin de l'Enfer, les autres celui du Ciel.

Sans craindre les ténèbres pour elles-mêmes, mais

parce qu'elle aimait la lumière, Véronique avait cou-

tume de dire qu'elle regrettait seulement d'être pauvre,

parce que, riche, elle aurait dormi dans une chambreéclairée par cent lustres. De quoi l'auraient-ils gardée ?

En éloignant peut-être le sommeil, de ses seuls cauche-

mars dont j'étais la cause.

Eliane venait d'entrer au couvent, quand je conduisisVéronique au Châtelet, où les concerts Colonne exécu-

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taient la Damnation de Faust, de Berlioz. Parce qu'elleétait sensible sans doute un peu trop dans le poème à cequi lui rappelait sa propre histoire, je ne l'avais jamais

vue plus frémissante. Pour elle, Faust, c'était moi;Marguerite (c'était son nom), c'était elle. Rien del'aventure des deux héros ne lui échappait en tout, elle

ressemblait à la nôtre, Méphisto à mes côtés sans cesse.

Mais le triomphe à la fin de l'Amour la concernait seule.C'était là son affaire, le triomphe de l'Amour féminin surtoutes choses, sur Dieu et sur moi et sur le Démon, était

le Sien. Bien décidée à tout donner et à ne rien exiger qued'elle-même pour qu'il s'accomplît, elle était sûre dumiracle.

Au retour, le radeau de la Méduse n'était rien auprès

de l'autobus que nous devions prendre, quand une tribude femmes desséchées se précipita rageusement dans la

direction de sièges qu'elles disputaient à des mégères

énormes et impavides, les unes et les autres piétinant

de compagnie sans pitié des enfants si pâles que leurscris seuls empêchaient de tenir pour morts.

La Nature démontée, comme des rafales de vent

menaçaient de tout emporter, le toit de la maison

ébranlé, des trombes d'eau noyant tout, je cherchais à

m'expliquer la raison de ce désordre subit, à retrouverl'ordre caché sous ce brouhaha. Notre chatte même

errait par les chambres, inquiète, en miaulant, comme

si elle eût partagé mon émoi et sur son socle, en facedu lit, saint Jacques tremblait.

Danger des idoles éviter de rassembler autour de

l'endroit où l'on dort des figures, des statues trop

grandes. Quand on est fatigué, elles apprivoisent la

lièvre et partagent et multiplient le trouble de nos

esprits.

Au petit jour, tout calmé, le chat-huant habitué

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RÉFLEXIONS SUR LA VIE ET LE BONHEUR 7

menait sa ronde à la lisière du bois. Plutôt la rage del'orage que ce sarcasme.

Cependant, je me mis à donner tort au roi David quiaurait dit « I,e char de Dieu est fait de milliers de

milliers » (De milliers de milliers de qui, de quoi?), pourapplaudir à la Vulgate qui change ce zéro multiplié enéclats de rire, au grand scandale de M. André Billy,

Currus Dei, decem millibus multiplex, decem millialœtantium.

Il ne s'agit pas ici bien sûr de moquerie, mais d'un

débordement torrentiel de joie, et sans doute a-t-il

fallu le christianisme pour mettre la dernière main aux

Psaumes et qu'ils fussent parfaits. Saint Jérôme le savait

bien, qui ne les a pas retouchés l'auteur de la traduc-

tion, bien antérieure au IVe siècle, demeure anonyme.

Bien sûr, avec mon chien, avec ma chatte, les conver-

sations sont limitées, mais sur de certains sujets, dans

les limites de certains registres, quelle véhémence, que de

nuances, quelle compréhension, quelle intimité Ah

tout ce que les yeux de Lorette et de Belle me disent

ironie, espièglerie, complicités, reproches. Reproches,

quand je sors le soir et les abandonne remords, si

elles ont commis quelques fautes légères, vénielles. Un

animal jamais ne pèche mortellement. Le péché mortel

est le propre de l'Homme, son privilège, le rire aussi et

la raison qui sont des dangers.

Je comprends parfaitement les peintres primitifs et

ceux de la Renaissance qui plaçaient toujours dans leurs

tableaux, même sacrés, un animal familier. Sans compter

que la qualité de la bête choisie nous renseigne sur le

degré de civilisation du milieu qu'il évoque, sa présence

modifie l'accent de l'événement auquel il prend part.

Dans la vie, de même. Quelqu'un vient-il de mourir, les

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humains qui mènent le deuil autour du lit funèbre ou ducercueil ont beau faire, ils troublent moins les perspec-tives du cœur que ne le fait le chien ou le chat qui assis-tent à nos mystères, en s'interrogeant sur ce que nouscroyons savoir. Il y a dans cette confrontation de cons-ciences différemment éclairées l'invitation à une mise

au point suggestive. Quel relief prend par exemple laPersonne du Christ en croix, si un cheval hennit à

l'ombre de son martyre Et ce n'est pas pour rien sansdoute que l'Évangéliste a donné pour témoins éternelle-ment à la naissance de Dieu le bœuf et l'âne.

La merveille, c'est que nous appartenons à un monde

qui n'a pas plus de consistance qu'un rêve. Ce qui nous

paraît avoir quelque importance n'en a aucune en réa-lité. Nous faisons partie d'un mirage qui n'est pas plustôt construit qu'il s'abolit.

Nous arrangeons dans notre tête le monde chacun à sa

mode, et le monde tourne-t-il autrement que nous ne

l'avions prévu, nous voilà décontenancés.

Pour moi, dès que j'adopte une opinion sur les gensou les choses, je me convaincs d'abord de sa faiblesse,

je veux dire que je commence à me méfier.

Nos rencontres, nos œuvres, nos reparties ne sont quepièces montées, feux d'artifice.

Le miracle est dans ce que nous sommes, dans ce quinous arrive, dans la moindre circonstance de ce qui est.L'effet de surprise, plus il est imprévu, mieux c'est.

Pourquoi chercher ailleurs une justification de tout ce

qui existe, autre chose dans la vie que la vie. Différente,

plus satisfaisante, elle ne serait qu'ennui.

La Terre n'est peut-être qu'une bulle autour de

laquelle crépitent, scintillent, tourbillonnent et s'étei-

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RÉFLEXIONS SUR IA VIE ET LE BONHEUR 9

gnent tour à tour les bluettes que nous sommes.

La vie n'est sans doute qu'une combustion dont nousfaisons les frais plus ou moins distraitement.

Belle, notre chatte, se nourrit comme on garnit sa

lampe, et tout le reste du jour et de la nuit darde le

feu de son regard sur on ne sait quoi.

Rien ne semble moins intéressant à chacun que tout

ce qui intéresse les autres, ce qui tendrait à prouver querien n'est intéressant en soi que fort peu de choses.

Pour que nous ayons le sentiment, la sensation

d'exister spatialement et temporellement, de minute enminute notre conscience est alertée, ici ou là. Tantôt

c'est un de nos membres qui échappe à son engourdisse-

ment ou quelque repli secret de nos organes, de notrechair à leur sommeil et, en se signalant à notre attention,nous fait souvenir de l'étendue, du volume de notre

corps. Sans ces amorces, on s'oublierait et la place que

l'on occupe dans l'univers. Ie relief de la mémoire sedétache sur ce fond obscur et lisse.

Quand, le matin, avant de me lever, je songe à tout ce

qui va suivre, à toutes les démarches vaines que je vais

être appelé à faire, à tant de paroles inutiles que je me

résignerai à prononcer, avant de me retrouver encore

une fois au haut de cet échafaud ridicule, mon lit, jem'y rencogne, comme décidé à refuser de jouer lacomédie.

Je trouve cependant parfois une consolation dans ce

que j'ai à faire sans délai de plus machinal. Certains

gestes endorment la conscience. C'est à quoi doit tendre

la récitation du chapelet chez les Mahométans et chez

nos dévots. Il ne s'agit, bien sûr, pour moi de rien

réciter, mais d'égrener la chaîne des habitudes. On finit

par y découvrir un peu de religion.

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Accepter la vie, telle qu'elle se présente et avec unehumeur d'autant plus aimable que tout semble plusodieux. Pourquoi l'Univers, tel qu'il est, n'aurait-ilpas été possible uniquement pour nous permettred'être un instant meilleur que nous-même, meilleur

qu'on n'était en droit de s'y attendre de la part d'uneaussi méchante bête que l'Homme ? Il me sembleque la fin du Monde est une de ces surprises du cœurqu'on se donne à soi gratuitement, jusqu'à s'étonner,sans sortir, bien sûr, des bornes de la modestie.

Quand on me dit « Voilà qui vous sera utile », jem'en moque. A plus forte raison si l'on me parle dunécessaire. Je souris. Dans un monde aussi contingentque le nôtre, comment prendre l'utilité et la nécessitéau sérieux, sans laisser de se conformer à ce genre d'exi-

gences, tout en se gardant de la moindre illusion sur laportée et l'urgence de telles précautions.

Tout ce qu'on fait humblement mérite d'être accompli,

pour-l'offre qui nous est faite d'accepter la conditionhumaine dans sa misère comme dans sa gloire.

Combien de fois je m'arrête maussade, au moment

d'accomplir certaines besognes, mais je me reprends,

j'appelle au secours de mes membres toute mon âme età la fin ce que j'avais éloigné de moi comme unepeine me cause une sorte d'enchantement. Il faut plier,

se plier, acquérir, conserver, entretenir cette souplesse,

cette bonne humeur qui rend tout facile, agréable pour

soi et pour les autres. L'aisance des danseurs ne s'obtientqu'au prix d'exercices et d'efforts commencés dèsl'enfance et qui ne supportent pas un jour de relâche-

ment, ou elle se perd.

Je me disais je vais me reposer et je m'étends(c'est mon habitude) sur le parquet de l'atelier. Je voyais

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