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C'EST FOU " Vraiment ? Oui ? Combien de mois vous partez ?" On est dans la salle de jeu. Il fait encore froid dehors. C'est une des premières semaines au village. " Je vous remercie tous. Je suis déçu que vous partiez. Merci que vous ayez voulu nous changer la vie". Cette annonce que l'on fait d'abord aux jeunes du campus universitaire, les laisse sans voix. " Vous avez commencé à nous montrer autre chose, un autre monde. Si on est dans la rue c'est, de toutes façons, de la faute des parents, de la famille. Il y a des choses que je n'aurais pas du savoir à sept ans.” On ne s'attendait pas à une telle réaction. On s'imaginait leur dire mais qu'ils réaliseraient plus tard, qu'ils réagiraient moins vite. Là. C'est le silence. Un instant de répit, puis : "On fera un spectacle ?, Une parade !" C'est que nous aussi on achève de réaliser la situation. C'est la fin de la Casa. La fin de dix ans d'aventure avec les jeunes des rues de Timișoara. C'est certes un peu triste Mais c'est déjà fou d'avoir tenu dix ans quand on ne venait que pour quelques semaines. Fou d'avoir obtenu de si grands résultats avec aussi peu de moyens. Folles, les conditions de vie. Folle, l'énergie dépensée. Fous les dizaines de volontaires qui se sont succédés. Fous les parrains, les associations, tous ces gens de peu qui se sont mobilisés pour ces gens d'encore moins. Fou encore que cette histoire n'ait pas encore changé la face du monde. Du coup, normal, on est un peu las. En 2003, on est arrivé avec un projet original, beaucoup d'énergie, pas mal de Janvier Avil 2013 1 Feuille de planning (cuisine, vaissellle, activités...) d'un jeudi /vendredi réalisée par les jeunes B u L e T i N u L

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Casa de Clovni: fin d'une aventure

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C'EST FOU" Vraiment ?­ Oui ?­ Combien de mois vous partez ?"

On est dans la salle de jeu. Il fait encorefroid dehors. C'est une des premièressemaines au village.

" Je vous remercie tous. Je suis déçu quevous partiez.­ Merci que vous ayez voulu nous changerla vie".

Cette annonce que l'on fait d'abord auxjeunes du campus universitaire, les laissesans voix.

" Vous avez commencé à nous montrerautre chose, un autre monde.­ Si on est dans la rue c'est, de toutesfaçons, de la faute des parents, de la

famille.­ Il y a des choses que je n'aurais pas dusavoir à sept ans.”

On ne s'attendait pas à une telle réaction.On s'imaginait leur dire mais qu'ilsréaliseraient plus tard, qu'ils réagiraientmoins vite.Là.C'est le silence.Un instant de répit, puis :"On fera un spectacle ?,­ Une parade !"

C'est là que nous aussi on achève deréaliser la situation.C'est la fin de la Casa. La fin de dix ansd'aventure avec les jeunes des rues deTimișoara. C'est certes un peu triste Maisc'est déjà fou d'avoir tenu dix ans quand onne venait que pour quelques semaines.Fou d'avoir obtenu de si grands résultatsavec aussi peu de moyens.

Folles, les conditions de vie.Folle, l'énergie dépensée.Fous les dizaines de volontaires qui sesont succédés.Fous les parrains, les associations, tousces gens de peu qui se sont mobilisés pour

ces gens d'encore moins.Fou encore que cette histoire n'ait pasencore changé la face du monde.Du coup, normal, on est un peu las.En 2003, on est arrivé avec un projetoriginal, beaucoup d'énergie, pas mal de

Janvier Avil 2013

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Feuille de planning (cuisine, vaissellle, activités...) d'un jeudi /vendredi réalisée par les jeunes

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monde et à peu près pas d'argent.Dix ans ça a tenu.Depuis un an et demi, nous n'avons pas vul'équipe se renouveler, l'énergie s'essouffle.La situation économique reste des plusprécaires (gros déficit). Bref, il y a deuxmois nous avons pris la décision d'arrêtercomplètement l'action en juin, de clorel'association. Terminée la Casa de Clovni.Suivre chacun nos chemins de vieautrement.

L'objectif ultime d'une organisation commela nôtre est de disparaître une fois lamission accomplie.Nous partons sans doute un peu tôt au vude ce que nous pourrions encore faire.Mais dix ans tout de même. ce serait foliede nous jeter une pierre.

***Malgré cette annonce une nouvelle sessiona débuté en mars et se terminera fin juin.On a déjà reçu 31 jeunes dans un espaceréaménagé, encore plus évident à utiliserpour eux. Ils connaissent maintenant bien lamaison et ses possibilités. La formulegénérale reste inchangée : sorties­rue les

lundi et mardi, accueil des jeunes au villageles jeudi et vendredi. Le reste du temps estdédié aux démarches médico­sociales, àl'aménagement de la maison, à lapréparation des activités...Au niveau de l'équipe, il y a Dom, Moni,Iain, Maëlle et Silvère. On a eu la visite deTéo. Elle a été à l'origine de l'association en2003, elle en est même devenue

présidente. Depuis 2007, elle vit auQuébec. Elle est venue un jeudi­vendredinous prêter main forte, observer leschangements. Elle a été soufflée de voir àquel point les jeunes se prenaient en main.C'est vrai, depuis le début de la session ilsse prennent en charge totalement. Ilscomposent eux­mêmes le programmed'activité, se répartissent les tâches (repas,

vaiselle, ménage). Fanny s'est replongéeelle aussi dans l'ambiance des jeunes et dela Casa, la semaine de Pâques. Elle étaitun peu déboussolée de voir à quel point ilsavaient grandi en deux ans. Elle repartpréparer le Festipop, ses souvenirsréactualisés. Marie­Pierre devrait (commed'habitude) arriver sous peu et unevolontaire, Sophie, se joindra à notre bandepour le mois de Juin.Il y a, en dehors du "quotidien", des projetsdes événements à préparer : Fifitut le 22avril et Jos Masca ! fin Juin (p.3).De tout l'hiver on ne vous a pas donné denouvelles, un petit récapitulatif desactions médicales et sociales s'imposedonc (p.4).Dix ans depuis le parc des Roses (p.6)On a fait quelques travaux (p.7).En décembre on vous annonçait unesituation financière compliquée.Explication de comment ça a évolué en p.7.Et puis comme ça va faire dix ans de Casa,on commence à avoir des statistiquesparlantes sur l'impact de l'action menée(dernière page).

2la préparation des repas reste l'activité la plus convitée

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FIFITUT 2013

Alors que nous nous dirigeons vers le village, dansla voiture, Nicu nous fait l’historique. Maëlle l’écouteattentivement, Silvère conduit en essayant d’éviter lesnids de poules qui se sont multipliés avec la sortie del’hiver, et moi je pense déjà à ce que je vais écrire dece FIFITUT : il ne s’est encore rien passé.2010, 2011, 2012, la Casa participe depuis 4 ans à cefestival et Nicu est l’unique membre permanent del’équipe ! Aucun anim' ne peut rivaliser avec lui,aucun n’a été aussi fidèle que lui à cettemanifestation. Alors il en profite un peu et remonte letemps… Viorel et lui sont cependant bien d’accord, lameilleure fois, c’est la première ! Cela réjouit lesnovices. Édition 2010, donc pour eux. En plus cetteannée là, les T­shirts des joueurs de la Casa étaientnoirs, et ça c’est la classe.L’an dernier, orange… à quoi s’attendre maintenant ?Pour l’instant, avec Bidești et Mircea, nous allons

tranquillement au village… dépassons Uivar et nous yvoilà.Juste le temps de donner le programme et nouspassons sous le chapiteau, enfin le rond de terre ausol qui symboliquement en tient lieu, pour un courtatelier théâtre, quelques sujets d’impros au soleilcouchant.C’est quoi un FIFITUT ? comment ça marche ? Quisera là ?Une douche un repas un film plus tard… retour enville pour l’atelier du matin. Iain nous rejoint, puisSilvère multiplie par deux le nombre des participantsde l’équipe en y ajoutant les jeunes tout frais sortis dela rue et motivés du matin : Ștefan, Claudiu, Delia etNorbert. L’atelier continue avec eux : et si on faisaitdes machines ?Vient assez vite l’heure du repas et donc de retrouverles autres festivaliers…visiblement tous ne saventpas que nous sommes aussi participants au festivalet l’un des profs (serbe) demande à l’organisateur si« on ne pourrait pas changer de trottoir car il y a desindésirables qui nous collent ? ». Comme lesindésirables, c’est nous, et qu’en fait de la coller, onsuit juste le groupe, je me présente et… lui confirmebien qu’on va encore la coller un moment car… onest ensemble. On va même manger au mêmerestaurant, si si… même jouer sur scène avec sesélèves ? Elle imagine mal... le thème du festival cetteannée (selon le programme) les Droits de l’Homme.Ils ont du travail.Bon… après le repas, Lalie nous accompagne jusqu’à la salle et se met au rythme des jeunes : on avaitprévu sieste mais eux veulent remonter sur scène ettravailler, alors, au boulot !Exercices et rires se complètent tout l’après­midi,sous l’œil complice de notre maitre d’ateliercompréhensif : Lalie faisait partie de l’équipe auprintemps 2006, peut être certains ont encore en têtele "Bal en Délire" sous le chapiteau qu’elle avaitorganisé avec et pour nous.Donc.Les sujets d’impro se succèdent et c’est seulement ala proposition « départ en vacances » qu’un brefmouvement d’impatience accompagné d’unhaussement d’épaules voit le jour « comment tu veuxque je sache ça ressemble à quoi, les vacances ? »

auquel répond un prudent « c’est pas faux… je vaisrevoir mes fiches ».Vient l’heure de la distribution des T­shirts, pourl’équipe de la Casa ils seront… violets ! Viorelhésite… préfèrerait celui noir sur lequel est écrit« Staff », et puis il l’enfile quand même… couleur quine l’empêche pas de déplacer quelques chaises pourpréparer la salle avec ceux en noir.Dimanche après­midi en quittant le groupe ducampus universitaire avec nos quatre joueurs,d’autres auraient bien voulu les accompagner… enguise de consolation, on leur avait laissé leprogramme du festival, avec l’adresse et l’heure dumatch : ils sont 5 au rendez­vous pour soutenir notreéquipe ! D’ailleurs on décide de ne pas faire uneéquipe Casa de Clovni contre une « universitaire »mais de mélanger les joueurs dans les deux équipeset jouer avec les étudiants. Les sujets ? Après lesjeux d’échauffement se succèderont « machine àfabriquer un arc en ciel » (ça tombe bien on a répétéles machines…), « aiguilles à tricoter », « moulin àvent », « il n’en reste plus » en mode chanté, « unsamedi à la mairie » et promenade dans les

Carpates ». 45 minutes de pur plaisir à les voirrayonner sur scène, s’écouter, s’entraider, répondreaux propositions des uns par d’autres encore pluscréatives, partager l’espace, nous faire part de leurunivers, "Ma maison ? Il n'en reste plus" chantonné,jouer très sérieusement, faire rire tout un public enrestant parfaitement concentrés : de vrais pros de lascène (ou du cirque).Ils participent même ensuite au festival en tant quespectateurs avisés, avec droit de vote, après lesapplaudissements, applaudir les autres, et suivre lesdeux heures de matchs des équipes universitairesfrancophones… Le programme en poche, Nicu estmême revenu le lendemain voir la suite...Journée inoubliable, comme à chaque fois qu'ilsmontent sur scène.Et déséspérante, quel travail il y aurait encore à fairepour ne plus être les indésirables...À en croire les applaudissements, bis, à un moment,quelques instants, ils ont enfin été désirés.Restez là, on ne changera ni de trottoir ni de salle nide programme."And the show must..."

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BILAN RAPIDESi on se fie à nos comptes, depuis le débutde l'année jusqu'au 18 mai 2013, on totalise40 actions médicales et 33 actions sociales.Pour le médical il est principalement questionde contrôles gynécologiques. Les démarchessociales sont les retours à la maison, lespaquets alimentaires, les papiers d'identité.Quelques exemples notables :Nicu va enfin pouvoir avoir sa carted'identité. Après avoir joué de malchance surles précédentes démarches (remise à zérodu système informatique qui avait fait perdre

toutes traces de son existence), nousparvenons à remonter le dossier, faire venirsa soeur comme témoin qu'il est bien Nicu....bref des allers­retours, des temps d'attenteincalculables, de la frustration en bloc etquelques tonnes de patience plus tard, il nereste plus qu'à... attendre encore un peu.Olga avait donné jour à un petit l'annéedernière. Il est actuellement placé en familled'accueil. La voilà de nouveu enceinte. Onne sait exactement de combien de temps. Onessaie de la voir pour l'avortement, laloupons systématiquement. La dernière foisqu'on se croise, elle ne veut plus avorter :quelqu'un lui a dit que c'était un péché. Onlui réexplique les risques, allons même voirsa mère... Elle change à nouveau d'avis. Onprend rendez­vous avec elle pour aller àl'hôpital, elle n'y est pas. À l'heure actuelle lecas n'est pas résoluMircea, on a essayé de lui faire ses papiers,pendant longtemps. En vain. Nous l'avionsaidé à rentrer chez lui. Ça faisait quelquesmois qu'on ne l'avait pas vu et il réapparaîten sortie­rue.Avec l'aide du pope local, il devrait réussir àfaire ses papiers. ça nous paraît inespéré.Lui presque il s'excuse de ne pas faire lesdémarches avec nous.Là encore un peu de pateince à avoir maisl'affaire sent très bon. Mircea est handiapé (ila une jambe plus courte que l'autre), pour luicarte d'identité rime avec pension handicap.Peut­être enfin l'opportunité de changer devie pour de vrai.

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ALORS LÀ C'EST ÉNORMEC'est du lourd, dirait Dom, c'est Lourdes, quoi. OuJC marchant sur les eaux : Florin Bidesti entend !!!On reste abasourdi pareil !Un test plus tard, audiogramme imprimé, le voilàappareillé :Le visage s'illumine... on reprend le dialogue desourds et... il n'est plus sourd ! Il répond, il seraconte.Son visage illuminé nous hallucine Bidesti qui nousentend nous parle nous répond du tac au tac. Etl'assistante du salon AudioNova qui est curieuse ethabituée plus que nous à gérer ce genre desituations, nous restés bouche­bée devenus muetspour l'occasion, prend le relais et hallucine pareil à ceque raconte Bidesti... elle lui pose des questionsbanales sur sa vie à lui, pas banale du tout,inimaginable pour elle : ta date de naissance (elleaimerait aussi compléter le dossier...) il ne la connaitpas mais nous raconte quand même la fête, il y avaitde la drogue et des filles. Comment tu te débrouillesdans la rue ? Tu vis où ? Tu gagnes comment un peud'argent ? Tu entendais quand tu étais petit ? Il n'ena aucun souvenir, ça a toujours été comme cela pourlui, l'enfant différent.Rencontre du 3e type au sommet. Et le seul qui resteà l'aise, qui sourit, qui rayonne et qui trône, c'est lui,Florin.Au début il y avait un doute, il vient de la rue il s'estdrogué je ne peux pas faire le test cela demande tropde concentration pour lui... puis finalement elle selaisse influencer, d'accord, on va essayer, tout enayant quand même glissé discrètement le prix de laséance. On avait dit, banco, ça vaut le coup

d'essayer... on ne savait pas encore, à quel point.Dans le petit cabinet capitonné, "tu appuies sur lebouton quand tu entends un son..." une tentative,deux... l'assistante n'insiste pas et se met à sonservice : pas la peine qu'il appuie, je le vois bien surson visage quand il entend ! et elle lui fait passer letest à l’œil. L'audiogramme est implacable : surditésévère, 77% perdus.On a tous quitté notre univers pour faire un pas versl'autre, et celui qui se retrouve le plus à l'aise d'être làet d'entendre pour la première fois, le moinstraumatisé du monde, c'est lui.Enfin Bidesti nous parle, et en plus il est bavard.

M e D i C o S o C i A l

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Dom m'a demandé de couper les cheveux de Viorel car la machine pour tondreest cassée et il avait chaud (et des poux aussi...)

donc j'ai commencé derrière, là où il ne peut pas voir... c'était vraimentdur, un massacre quoi, alors j'ai demandé à Maëlle de continuer, un côté....puis Silvère, un autre... puis un autre jeune, Iosca, a décidé que ça seraitmieux de tout couper et de le raser complètement, Viorel a dit d'accord sivous me donnez une casquette, alors je suis allée chercher la dernièrecasquette du stock, il a de la chance, et puis Iosca lui a mis la boule à

zéro, le crane tout lisse, au rasoir à main, un vrai boulot ! : maintenant iln'a plus de poux et peut dormir tranquille ! Et une belle casquette rougeaussi. Moi j'ai juste appris que coiffeur, c'est un métier. Et le soir même

on s'est empressé de retrouver tous les éléments de la tondeuse pour laremettre en marche !

Le prochain jeune qui passe, il aura exactement ce qu'il voudra.

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LE PARC DES ROSES 2003­2013,LE TIMIȘOARA NOUVEAU ESTARRIVÉ

Touriste novice, Wikipedia vous informe : "Autrefoisqualifiée de Petite Vienne, la ville de Timișoara estsurnommée la Cité des roses en raison de sesnombreux parcs et jardins et de sa roseraie, créée en1928, qui maintient près de 600 variétés de roses."Mais vous demandez­vous parfois ce qu'est devenu leparc des Roses ?Ce dimanche, on avait rendez­vous avec Nicu à lafontaine du parc des Roses, ce qui m'a donnél'occasion d'en refaire le tour du propriétaire, ou dumoins, de l'ex­locataire par intermittence.2013, le Timișoara nouveau est arrivé, le projet BegaBoulevard a bien avancé...Les lampadaires sont solaires, les allées claires etrefaites, petits graviers proprets, dalles uniformisées,les rosiers bien alignés.Et plus personne ne pourrait vous croire si vousaffirmiez que vous avez habité là quelques mois,quelques années, squatté quelques tentes oucaravanes, dans le trou, il y avait monté, un chapiteau.Le trou est encore là.Mais il n'est plus accessible du parc, un haut grillage leceinture : il est rattaché aux tennis maintenant, il fauten faire le tour pour entrer. Il reste cependant lerendez­vous des propriétaires de chiens en début desoirées.La fontaine, inaugurée en 2004, est toujours là, l'eau yparait chaude en hiver, froide en été... et comme ici onpasse directement de l'hiver à l'été, elle est toujoursagréable. Et nombreux sont les promeneurs qui s'yarrêtent pour s'y rafraîchir, s'y donnent rendez­vous.Mais Nicu avait hésité : il y a trop de policiers, aussi.Vous avez remarqué ?Et puis la cabane verte métallique ("où est la clé deschiottes ?"), ainsi que tous les bancs assortis, ontdisparu.Vous ne le savez peut­être pas, mais le parc a étérefait récemment : il y a un mur grillagé tout le long et

les rosiers qui poussaient en bordure ont disparu. Enrevanche, portails et cadenas ont fait leur apparition,avec horaires d'ouverture, de 08h à 22h tous les jourssauf le lundi, quand le parc reste fermé.Il parait que Nelu est toujours là.Les mariages s'y succèdent toujours le week­end,avec séances photos en longues robes blanches sousles tonnelles.Tout le mobilier urbain a été changé, de métallique ilest passé en bois massif peint en blanc. Ou plastique,tels ces rangées de chaises vertes fixées 5 par 5 parleurs pieds, qui remplacent les bancs métalliques,beaucoup plus léger à transporter mais impossiblemaintenant de s'y allonger.Et peut­être vous ne savez pas non plus quemaintenant on peut y louer des vélos jaunes pour 3Ron l'heure ?Peut­être même ne savez vous pas qu'on est passédu Lei au Ron en retirant 4 zéros à l'un ?Et qu'on est rentré dans l'Europe ? Il y a eu combiende gouvernements en 10 ans, et de maires différents? Et combien de politiques mises en place pourl'enfance défavorisée ? Quelqu'un se l'est ­il un jourdemandé ?L'an dernier début juin, pour la journée des enfants,c'était l'inauguration du parc des Enfants, juste en facedu parc des Roses. Juste un pilier du pont à traverser.Et de l'autre côté, sous l'autre pilier du pont, il y avaitun môme qui hurlait et hésitait à sauter à l'eau.Les pédalos pédalaient nonchalamment. Charmant.Si vous louez un vélo maintenant, vous pourrezparcourir toute la ville à travers ces parcs et ruespiétonnes : la rue Mărășești, longeant l'opéra et lasynagogue, est elle aussi devenue piétonne. Là vouspouvez même rendre votre vélo.Vous pourrez aussi longer la Bega, tous les dessousde ponts ont effectivement été rendus aux passants.Sous le pont Mitropolit, il y a un café littéraire. Et lessquats de Trăian ont tous été murés.Les jeunes maintenant squattent un vieuxtransformateur électrique au campus universitaire,déménagent en permanence : certes ça leur est facile,ils ont pour toute propriété ce qu'ils portent sur le doset les poches vides. Quelques sachets cependant...pendus à la bouche.Et, toujours à vélo, aller directement du parc des

Roses à celui des Enfants en passant sous le pontMichel­Ange. Là bas pour les enfants de 3 à 7 ans il ya même une rivière magique qui se descend en canoë.Le petit train a repris du service mais ne roule plus surrails, mais sur pneus. Les trampolines intégrés au solsont extras, il fait bon être un enfant dans cette ville­là.Demain au village des jeunes viendront arroser lesoignons qu'ils ont plantés il y a 15 jours et y trouver dusens, ne me demandez pas lequel.Moi, je le cherche encore en lisant le rapport d'activitéde la Casa de Clovni septembre­novembre 2003.Il parlait de monter le chapiteau au parc des Rosespour une période test de 2­3 mois, "pour juger de lasituation et de la pertinence de notre action" et puis onverra bien.Il était jeune et optimiste, pressé et naïf. Enthousiaste.Et on a bien vu.

Sanitaire, eau, électricité ?Nous improviserons.les moyens financiers ? nous verrons bien.le chapiteau quelques balles de jongle et les gaminssont déjà là.Il y avait Claudia, Albert, Florin, Laurentiu, Elvis, Giani,Mircea, Florentina...Oserai­je un... que sont­ils devenus ? Vous voulezvraiment le savoir ? Vous demandez­vous parfois cequ'est devenue cette jeunesse là ? Et leurs petitsfrangins frangines ?On s'installe avec notre énorme bagage dans legroapa, le trou : ça a de la gueule.Et le premier spectacle donné sous le chapiteau le 15novembre 2003 s’appelait "à la fin de l'histoire".D'ailleurs la ligne du temps de la fiche pédagogiqueproposée ensuite en école adaptée s'arrête en 2013,je devrais pas être si étonnée après tout.

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TravauxEn début de session, Dom est pris d'une folienovatrice. Il veut réaménager tout l'espace de lamaison, se réaproprier les lieux après la trèvehivernale.Il passe une semaine avec Larisa où ils s'occupentd'une somme de détails. Une étagère par­ci, unrangement par là. Nettoyage, organisation. Lamaison est en ordre de marche pour une ultimesession.

****On en revient toujours aux fondamentaux :manger, dormir, se laver...Côté manger, c'est depuis longtemps rôdé : uneéquipe cuisine qui s'organise dans la caravanecomme bon lui semble et... on est toujoursrassasié !Et le soir, cerise sur le gateau, deux autresvolontaires pour allumer un feu sous les étoiles, ymettre à griller de la viande et, au passage, seraconter. Avant d'inviter tout le monde au festin.Côté dormir, depuis qu'on a la maison, c'est lapriorité, et comme des rois encore. Dans desdraps propres à chaque passage, devant un film lesoir et jusqu'à pas d'heure le matin : au loin, lafatigue.Du coup, il ne restait qu'un seul besoin à satisfairejusqu'au bout de l'autonomie et c'est chose faitedepuis le printemps : au fond de l'atelier au coindu mur : une douche !En libre service, bien loin du trafic d'eau dans lesbassines...Avec son chauffe eau particulier, son mur carrelébleu, son rideau léger et son tapis sortie de bain àfleurs, sa planchette où aligner les shampoing et

autres gels, grandes serviettes éponges blanchesà volonté, peignes et brosses à dent àdisposition...À chacun de gérer l'espace et le temps du savoncomme il le veut. Un loquet pour fermer la porte,puis... Ça bulle.Chaude ou froide, expresse ou interminable,habillé ou tout nu. Tout est possible pour ressortirsouriant et propre, c'était vraiment une bonneidée, cette douche.

FINANCESCertes nous vous annonçons la fin de notreactivité. Nous serons cependant présents jusquefin juin. Les jeunes comptent sur nous pour descontrôles gynécologiques, des suivis degrossesse, des traitements de maladies,notamment MST, des finalisations de papiersd'identité avec notre avocat, des retours enfamille... Nous nous devons d'assurer cesdernières démarches au mieux possible, étantdonné qu'elles seront les dernières ellesprennent un caractère plus décisif.On vous annonçait en décembre qu'il nousmanquait 4000 euros pour le fonctionnement del'association.Vous avez entendu notre appel et nous avezenvoyé 1800 euros de dons (en plus desparrainages).C'est énorme et nous vous en remercions. Nousn'avons actuellement aucune idée de commentnous allons assurer les dernières démarches.Nous nous trouvons, pour cette avant dernièrelettre d'info, encore une fois dans la position devous demander de participer.Sûrement vous demandez vous, si vousêtes parrain, "Quid de mon parrainage enjuin ?".Vous pouvez bien sûr faire le choix d'arrêter dedonner quand vous le souhaitez. Dans le cas oùvous feriez le choix de nous aider jusqu'à la fin,sachez que les prélèvements cesserontautomatiquement en décembre 2013.Il nous faudra d’ici­là assurer les frais liés à lamaison, aux démarches administratives relativesà notre dissolution, et enfin tâcher d’éponger unmaximum des dettes contractées parl’association.

7Un peu surpris dans les travaux par la neige (fin mars).

T e C h N i Q u E

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AVIS EN 2012 C'EST113 enfants et jeunes rencontrés dans la rueen 2012, dont 48 ont participé aux activitéssous le chapiteau118 actions médicales172 actions sociales au total21 jeunes ont été accompagnés dans leursfamillesDes jeunes dans de réelles démarchesd’intégration sociale

Plus de 700 repas servis1 Festival de cirque et1 Festival de théâtre