Breton Andre - Seleccion Poetica (Fr - Esp)

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André Breton (1896-1966)

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André Breton

(1896-1966)

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Non-lieuAndré Breton (1896-1966)

Art des jours art des nuitsLa balance des blessures qui s'appelle PardonneBalance rouge et sensible au poids d'un vol d'oiseauQuand les écuyeres au col de neige les mains videsPoussent leurs chars de vapeur sur les présCette balance sans cesse affolée je la voisJe vois l'ibis aux belles manièresQui revient de l'étang lacé dans mon coeurLes roues du rêve charment les splendides ornièresQui se lèvent très haut sur les coquilles de leurs robesEt l'étonnement bondit de-ci de-là sur la merPartez ma chère aurore n'oubliez rien de ma viePrenez ces roses qui grimpent au puits des miroirsPrenez les battements de tous les cilsPrenez jusqu'aux fils qui soutiennent les pas desdanseurs de corde et des gouttes d'eauArt des jours art des nuitsJe suis à la fenêtre très loin dans une cité pleine d'épouvanteDehors des hommes à chapeau claque se suiventà intervalle regulierPareils aux pluies que j'aimaisAlors qu'il faisait si beau"A la rage de Dieu" est le nom d'un cabaret où je suis entré hierIl est écrit sur la devanture blanche en lettres plus pâlesMais les femmes-marins qui glissent derrière les vitresSont trop heureuses pour être peureusesIci jamais de corps toujours l'assassinat sans preuvesJamais le ciel toujours le silenceJamais la liberté que pour la liberté

No ha lugar

Arte de los días arte de las nochesLa balanza de las heridas que se llama PerdonaBalanza roja y sensible al peso de un vuelo de pájaroCuando las amazonas de cuello de nieve con las manos vacíasEmpujan sus carros de vapor sobre los prados

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Veo esa balanza sin cesar enloquecidaVeo el ibis de bellos modalesQue regresa del estanque atado en mi corazónLas ruedas del sueño encantan a los espléndidos carrilesQue se elevan altísimos sobre las conchas de sus vestidosY el asombro salta de aquí para allá sobre el marVe mi querida aurora no olvides nada de mi vidaToma estas rosas que trepan en el pozo de los espejosToma los latidos de todas las pestañasToma hasta los hilos que sostienen los pasos de las marionetas y de las gotas de aguaArte de los días arte de las nochesEstoy en la ventana muy lejos de una ciudad llena de terror.Fuera unos hombres con sombrero de copa se persiguen a intervalos regularesSemejantes a las lluvias que amabaCuando hacía tan buen tiempo”La ira de Dios” es el nombre de un cabaret al que entré ayerEstá escrito sobre la portada blanca con letras más pálidasPero las mujeres-marineros que se deslizan detrás de los cristalesSon demasiado hermosas para tener miedoAquí nunca el cuerpo siempre el asesinato sin pruebasNunca el cielo siempre el silencioNunca la libertad sino por la libertad

L'union libreAndré Breton (1896-1966)

Ma femme à la chevelure de feu de boisAux pensées d'éclairs de chaleurÀ la taille de sablierMa femme à la taille de loutre entre les dents du tigreMa femme à la bouche de cocarde et de bouquet d'étoiles de dernière grandeurAux dents d'empreintes de souris blanche sur la terre blancheÀ la langue d'ambre et de verre frottésMa femme à la langue d'hostie poignardéeÀ la langue de poupée qui ouvre et ferme les yeuxÀ la langue de pierre incroyableMa femme aux cils de bâtons d'écriture d'enfantAux sourcils de bord de nid d'hirondelleMa femme aux tempes d'ardoise de toit de serre

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Et de buée aux vitresMa femme aux épaules de champagneEt de fontaine à têtes de dauphins sous la glaceMa femme aux poignets d'allumettesMa femme aux doigts de hasard et d'as de coeurAux doigts de foin coupéMa femme aux aisselles de martre et de fênesDe nuit de la Saint-JeanDe troène et de nid de scalaresAux bras d'écume de mer et d'écluseEt de mélange du blé et du moulinMa femme aux jambes de fuséeAux mouvements d'horlogerie et de désespoirMa femme aux mollets de moelle de sureauMa femme aux pieds d'initialesAux pieds de trousseaux de clés aux pieds de calfats qui boiventMa femme au cou d'orge imperléMa femme à la gorge de Val d'orDe rendez-vous dans le lit même du torrentAux seins de nuitMa femme aux seins de taupinière marineMa femme aux seins de creuset du rubisAux seins de spectre de la rose sous la roséeMa femme au ventre de dépliement d'éventail des joursAu ventre de griffe géanteMa femme au dos d'oiseau qui fuit verticalAu dos de vif-argentAu dos de lumièreÀ la nuque de pierre roulée et de craie mouilléeEt de chute d'un verre dans lequel on vient de boireMa femme aux hanches de nacelleAux hanches de lustre et de pennes de flècheEt de tiges de plumes de paon blancDe balance insensibleMa femme aux fesses de grès et d'amianteMa femme aux fesses de dos de cygneMa femme aux fesses de printempsAu sexe de glaïeulMa femme au sexe de placer et d'ornithorynqueMa femme au sexe d'algue et de bonbons anciensMa femme au sexe de miroirMa femme aux yeux pleins de larmesAux yeux de panoplie violette et d'aiguille aimantéeMa femme aux yeux de savaneMa femme aux yeux d'eau pour boire en prisonMa femme aux yeux de bois toujours sous la hacheAux yeux de niveau d'eau de niveau d'air de terre et de feu.

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Unión libre

Mi mujer con cabellera de llamaradas de leñocon pensamientos de centellas de calorcon talle de reloj de arenami mujer con talle de nutria entre los dientes de un tigremi mujer con boca de escarapela y de ramillete de estrellas de última magnitudcon dientes de huella de ratón blanco sobre la tierra blancacon lengua de ámbar y vidrio frotadosmi mujer con lengua de hostia apuñaladacon lengua de muñeca que abre y cierra los ojoscon lengua de piedra increíblemi mujer con pestañas de palotes escritos por un niñocon cejas de borde de nido de golondrinami mujer con sienes de pizarra de techo de invernadero y de cristales empañadosmi mujer con hombros de champañay de fuente con cabezas de delfines bajo el hielomi mujer con muñecas de cerillasmi mujer con dedos de azar y de as de corazóncon dedos de heno segadomi mujer con axilas de marta y de bellotasde noche de San Juande ligustro y de nido de escalariascon brazos de espuma de mar y de esclusay de combinación de trigo y molinomi mujer con piernas de cohetecon movimientos de relojería y desesperaciónmi mujer con pantorrillas de médula de saúcomi mujer con pies de inicialescon pies de manojos de llaves con pies de pájaros en el momento de bebermi mujer con cuello de cebada sin pulirmi mujer con garganta de Valle de Orode cita en el lecho mismo del torrentecon senos nocturnosmi mujer con senos de montículo marinomi mujer con senos de crisol de rubíescon senos de espectro de la rosa bajo el rocíomi mujer con vientre de apertura de abanico de los díascon vientre de garra gigantemi mujer con espalda de pájaro que huye en vuelo verticalcon espalda de azoguecon espalda de luzcon nuca de canto rodado y de tiza mojaday de caída de un vaso en el que acaban de bebermi mujer con caderas de barquillacon caderas de lustro y de plumas de flecha

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y de canutos de pluma de pavo real blancode balanza insensiblemi mujer con nalgas de greda y amiantomi mujer con nalgas de lomo de cisnemi mujer con nalgas de primaveracon sexo de gladiolomi mujer con sexo de yacimiento aurífero y de ornitorrincomi mujer con sexo de alga y de viejos bombonesmi mujer con sexo de espejomi mujer con ojos llenos de lágrimascon ojos de panoplia violeta y de aguja imantadami mujer con ojos de praderami mujer con ojos de agua para beber en prisiónmi mujer con ojos de bosque eternamente bajo el hachacon ojos de nivel de agua de nivel de aire de tierra y de fuego

Pleine margeAndré Breton (1896-1966)

à Pierre Mabille

Je ne suis pas pour les adeptesJe n'ai jamáis habité au lieu dit La GrenouillièreLa lampe de mon coeur file et bientôt hoquette à l'approche des parvis

Je n'ai jamáis été porté que vers ce qui ne se tenait pas à carreauUn arbre élu par l'orageLe bateau de lueurs ramené par un mousseL'édifice au seul regard sans clignement du lézard et mille frondaisons

Je n'ai vu à l'exclusion des autres que des femmesqui avaient maille à partir avec leur tempsOu bien elles montaient vers moi soulevées par les vapeurs d'un abîme

Ou encore absentes il y a moins d'une seconde elles me précédaient du pas de la Joueuse de tympanonDans la rue au moindre vent où leurs cheveux portaient la torche

Entre toutes cette reine de Byzance aux yeux passant de si loin l'outre-merQue je ne me retrouve jamais dans le quartier des Halles aù elle m'apparutSans qu'elle se multiplie á perte de vue dans les glaces des voitures des marchandes de violettes

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Entre toutes l'enfant des cavernes son étreinte prolongeant de toute la vie la nuit esquimauQuand déjà le petit jour hors d'haleine grave son renne sur la vitre

Entre toutes la religeuse aux lèvres de capucineDans le car de Crozon à QuimperLe bruit de ses cils dérange la mésange charbonnièreEt le livre à fermoir va glisser de ses jambes croisées

Entre toutes l'ancienne petite gardienne ailée de la PortePar laquelle les conjectures se faufilent entre les pousse-pousseElle me montre alignées des caisses aux inscriptions idéographiques le long de la SeineElle est debout sur l'oeuf brisé du lotus contre mon oreilleEntre toutes celle qui me sourit du fond de l'étang de BerreQuand d'un pont des Martigues il lui arrive de suivre appuyée contre moi la lente procession des lampes couchéesEn robe de bal des méduses qui tournoient dans le lustreCelle qui feint de ne pas être pour tout dans cette fêteD'ignorer ce que cet accompagnement repris chaque jour dans les deux sens a de votif

Entre toutes

Je reviens à mes loups à mes facons de sentirLe vrai luxeC'est que le divan capitonné de satin blancPorte l'étoile de la lacération

Il me faut ces gloires du soir frappant de biais votre bois de lauriers

Les coquillages géants des systèmes tout érigés qui se présenten! en coupe irrégulière dans la campagneAvec leurs escaliers de nacre et leurs reflets de vieux verres de lanternesNe me retiennent qu'en fonction de la part de vertigeFaite à l'homme qui pour ne rien laisser échapper de la grande rumeurParfois est alié jusqu'à briser le pédalier

Je prends mon bien dans les failles du roc là où la merPrecipite des globes de chevaux montes de chiens qui hurlentOù la conscience n'est plus le pain dans son manteau de roiMais le baiser le seul qui se recharge de sa propre braise

Et mêrne des êtres engagés dans une voie qui n'est pas la mienneQui est à s'y méprendre le contraire de la mienneElle s'ensable au départ dans la fable des originesMais le vent s'est levé tout á coup les rampes se sont mises à osciller grandement autour de leur pomme iriséeEt pour eux ç'a été l'univers défenestré

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Sans plus prendre garde à ce qui ne devrait jamáis finirLe jour et la nuit échangeant leurs promessesOu les amants au défaut du temps retrouvant et perdant la bague de leur source

O grand mouvement sensible par quoi les autres parviennent à âtre les miensMême ceux-là dans l'éclat de rire de la vie tout encadrés de bureCeux dont le regard fait un accroc rouge dans les buissons de mûresM'entraînent m'entraînent où je ne sais pas allerLes yeux bandés tu brûles tu t'éloignes tu t'éloignesDe quelque manière qu'ils aient frappé leur couvert est mis chez moi

Mon beau Pélage couronné de gui ta tête droite sur tous ces fronts courbés

Joachim de Flore mené par les anges terriblesQui à certaines heures aujourd'hui rabattent encoré leurs ailes sur les faubourgsOù les cheminées fusent invitant à une résolution plus proche dans la tendresseQue les roses constructions heptagonales de Giotto

Maître Eckhart mon maître dans l'auberge de la raisonOù Hegel dit à Novalis Avec lui nous avons tout ce qu'il nous faut et ils partentAvec eux et le vent j'ai tout ce qu'il me faut

Jansénius oui je vous attendais prince de la rigueurVous devez avoir froid

Le seul qui de son vivant réussit á n'être que son ombreEt de sa poussière on vit monter menaçant toute la ville la fleur du spasmePâris le diacre

La belle la violée la soumise l'accablante La Cadière

Et vous messieurs BonjourQui en assez grande pompe avez bel et bien crucifié deux femmes je croisVous dont un vieux paysan de Fareins-en-DôleChez lui entre les portraits de Marat et de la mère AngéliqueMe disait qu'en disparaissant vous avez laissé à ceux qui sont venus et pourront venirDes provisions pour longtemps

Pleno margen

A Pierre Mabille

No soy partidario de los adeptosNunca he vivido en el caserío La Charca de las RanasLa lámpara de mi corazón echa humo y empieza a tener hipo al acercarse a los atrios

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Nunca me interesé sino por lo que no se andaba con cuidadoUn árbol escogido por la tormentaEl barco de fulgores traído por un grumeteEl edificio de la única mirada sin parpadeo del lagarto y mil frondasSólo he visto con exclusión de las demás a mujeres que tenían problemas con su tiempo O bien subían hacia mí alzadas por los vapores de un abismo

O también ausentes hace menos de un segundo me precedían con el paso de la Tañedora de salterioEn la calle al menor viento donde sus cabellos llevaban la antorcha

Entre todas esa reina de Bizancio cuyos ojos sobrepasan tanto el ultramarQue nunca puedo estar en el barrio de Les Halles donde ella se me aparecióSin que se multiplique interminablemente en los espejos de los carritos de las vendedoras de violetas

Entre todas la niña de las cavernas su abrazo que prolonga con toda la vida la noche esquimalCuando ya la madrugada sin aliento graba su reno en el cristal

Entre todas la monja con labios de capuchinaEn el autobús de Crozon a QuimperEl ruido de sus pestañas molesta al herrerilloY el libro con broche va a resbalar de sus piernas cruzadas

Entre todas la antigua pequeña guardiana alada de la PuertaPor la que las conjeturas se cuelan entre los carricochesMe muestra alineados unos cajones con inscripciones ideográficas a lo largo del Sena Está de pie sobre el huevo roto del loto contra mi orejaEntre todas la que me sonríe desde el fondo del estanque de BerreCuando desde un puente de Les Martigues a veces apoyada contra mí sigue la lenta procesión de las lámparas tumbadasEn traje de baile de las medusas que giran en la lámpara de arañaLa que simula no serlo todo en esa fiesta

Ignorar lo que tiene de votivo ese acompañamiento reanudado cada día en los dos sentidos

Entre todas

Vuelvo a mis lobos a mis maneras de sentirEl verdadero lujoConsiste en que el diván acolchado de satén blancoLleva la estrella de la laceración

Necesito esas glorias de la noche que golpean al bies vuestro bosque de laureles

Las conchas gigantes de los sistemas erigidos que se presentan en corte irregular en el

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campoCon sus escaleras de nácar y sus reflejos de viejos vidrios de linternasÚnicamente me retienen en función de su parte de vértigoConcedida al hombre que para no dejar escapar nada del gran rumorA veces ha llegado a romper los pedales

Tomo mi bien en las fallas de la roca allí donde el marPrecipita sus globos de caballos montados por perros que aullanDonde la conciencia no es ya el pan en su manto de reySino el beso el único que se recarga con su propia brasaE incluso seres internados en un camino que no es el míoQue es el contrario del mío hasta lo inconcebibleSe hunde en la arena al principio en la fábula de los orígenesPero el viento se ha alzado de pronto las rampas se han puesto a oscilar enormemente en torno a su manzana irisadaY para ellos fue defenestrado el universoSin tener cuidado ya con lo que no debería terminar nuncaEl día y la noche intercambian sus promesasO los amantes en el punto débil del tiempo encontrando y perdiendo el anillo de su fuente

Oh gran movimiento sensible mediante el cual los otros consiguen ser los míosIncluso aquéllos en la carcajada de la vida enmarcados de sayalAquéllos cuya mirada hace un desgarrón rojo en las zarzamorasMe arrastran me arrastran a donde no sé irCon los ojos vendados te quemas frío fríoGolpearan como golpearan su cubierto está puesto en mi casa

Mi bello Pelagio coronado de muérdago tu cabezaerguida sobre todas esas frentes inclinadas

Joachím de Flore llevado por ángeles terriblesQue a ciertas horas hoy todavía abrazan con sus alas los suburbios

Donde las chimeneas crepitan invitando a una resolución más cercana en la ternuraQue las rosadas construcciones heptagonales de Giotto

Maestro Eckhart mi maestro en la posada de la razónEn la que Hegel dice a Novalis Con él tenemos todo lo que necesitamos y se vanCon ellos y el viento tengo todo lo que necesito

Jansenio sí te esperaba príncipe del rigorDebes de tener frío

El único que en vida consiguió no ser más que su sombraY de su polvo vimos subir la flor del espasmo amenazando a toda la ciudadParís el diácono

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La bella la violada la sumisa la abrumadora La Cadière

Y vosotros señores Buenos díasQue con grande pompa efectivamente habéis crucificado a dos mujeres creoVosotros de quienes un viejo campesino de Fareins-en-DôleEn su casa entre los retratos de Marat y de la Madre AngélicaMe decía que al desaparecer dejasteis a los que vinieron y a los que puedan venir

Provisiones para mucho tiempo

Noeud des miroirsAndré Breton (1896-1966)

Les belle fenêtres ouvertes et ferméesSuspendues aux lèvres du jourLes belle fenêtres en chemiseLes belles fenêtres aux cheveux de feu dans la nuit noireLes belles fenêtres de cris d'alarme et de baisersAu dessus de moi au dessous de moi derrière moi il y en a moins qu'en moiOù elles ne font qu'un seul cristal bleu comme les blésun diamant divisible en autant de diamants qu'il en faudrait pour se baigner à tous les bengalisEt les saisons qui ne sont pas quatre mais quinze ou seizeEn moi parmi lesquelles celle où le métal fleuritCelle dont le sourire est moins qu'une dentelleCelle où la rosée du soir unit les femmes et les pierresLes saisons lumineuses comme l'intérieur d'une pomme dont on a détaché un quartierOù encore comme un quartier excentrique habité par des êtres qui sont de mèche avec le ventOu encore comme le vent de l'esprit qui la nuit ferre d'oiseaux sans bornes les chevaux à naseaux d'algèbre(...)

Nudo de espejos

Las bellas ventanas abiertas y cerradasSuspendidas de los labios del díaLas bellas ventanas en camisaLas bellas ventanas de cabellos de fuego en la noche negraLas bellas ventanas de gritos de alarma y de besosEncima de mí debajo de mí detrás de mí están menos que en míEn donde sólo forman un único cristal azul como los trigos

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Un diamante divisible en tantos diamantes como se necesitarían para bañar a todos los bengalíesY las estaciones que no son cuatro sino quince o dieciséisEn mí entre las cuales está aquella en donde el metal floreceAquella cuya sonrisa es tenue como un encajeAquella cuyo rocío al atardecer une las mujeres y las piedrasLas estaciones luminosas como el interior de una manzana de la que se hubiera desprendido un trozoO como un barrio excéntrico habitado por seres que están en combinación con el vientoO como el viento del espíritu que de noche hierra de pájaros sin límites a los caballos con ollares de álgebra(...)

Les écrits s'en vont. André Breton (1896-1966)

Le satin des pages qu'on tourne dans les livres mouleune femme si belleQue lorsqu'on ne lit pas on contemple cette femme avec tristesseSans oser lui parler sans oser lui dire qu'elle est si belleQue ce qu'on va savoir n'a pas de prixCette femme passe imperceptiblement dans un bruit de fleursParfois elle se retourne dans les saisons impriméesEt demande l'heure ou bien encore elle fait mine deregarder des bijoux bien en faceComme les créatures réelles ne le font pas(...)

Los escritos vuelan

El satén de las páginas que se hojean en los libros modelauna mujer tan hermosaQue cuando no se lee se contempla a esa mujer con tristezaSin atreverse a hablarle sin atreverse a decirle que es tan hermosaQue lo que se va a saber no tiene precioEsta mujer pasa imperceptiblemente entre un rumor de floresA veces se vuelve en medio de las estaciones impresasPara preguntar la hora o mejor aún simula contemplar unas joyas bien de frenteComo no hacen las criaturas reales(...)

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TournesolAndré Breton (1896-1966)

à Pierre Reverdy

La voyageuse qui traverse les Halles à la tombée de l'étéMarchait sur la pointe des piedsLe désespoir roulait au ciel ses grands arums si beauxEt dans le sac à main il y avait mon rêve ce flacon de selsQue seule a respiré la marraine de DieuLes torpeurs se déployaient comme la buéeAu Chien qui fumeOu venaient d'entrer le pour et le contreLa jeune femme ne pouvait être vue d'eux que mal et de biaisAvais-je affaire à l'ambassadrice du salpêtreOu de la courbe blanche sur fond noir que nous appelons penséeLes lampions prenaient feu lentement dans les marronniersLa dame sans ombre s'agenouilla sur le Pont-au-ChangeRue Git-le-Coeur les timbres n'étaient plus les mêmesLes promesses de nuits étaient enfin tenuesLes pigeons voyageurs les baisers de secoursSe joignaient aux seins de la belle inconnueDardés sous le crêpe des significations parfaitesUne ferme prospérait en plein ParisEt ses fenêtres donnaient sur la voie lactéeMais personne ne l'habitait encore à cause des survenantsDes survenants qu'on sait plus dévoués que les revenantsLes uns comme cette femme ont l'air de nagerEt dans l'amour il entre un peu de leur substanceElle les intérioriseJe ne suis le jouet d'aucune puissance sensorielleEt pourtant le grillon qui chantait dans les cheveux de cendresUn soir près de la statue d'Etienne MarcelM'a jeté un coup d'oeil d'intelligenceAndré Breton a-t-il dit passe

Girasol

a Pierre Reverdy

La viajera que atravesó les Halles a la caída del veranoCaminaba sobre la punta de los pies

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La desesperación hacía girar en el cielo sus grandes yaros tan bellosY en el bolso de mano se hallaba mi sueño ese frasco de salesQue únicamente aspiró la madrina de DiosLos entorpecimientos se desplegaban como el vahoEn el Perro que fumaDonde acababan de entrar el pro y el contraLa muchacha sólo podía ser vista por ellos mal y al sesgoTenía yo que vérmelas con la embajadora del salitreO con la curva blanca sobre fondo negro que llamamos pensamientoEl baile de los inocentes estaba en su apogeoLos farolillos se encendían lentamente entre los castañosLa dama sin sombra se arrodilló en el Pont au ChangeCalle Gît-le-Coeur los timbres ya no eran los mismosLas promesas de las noches por fin se cumplíanLas palomas mensajeras los besos de socorroSe unían a los pechos de la bella desconocidaLanzados bajo el crespón de las significaciones perfectasUna granja prosperaba en medio de ParísY sus ventanas daban sobre la vía lácteaPero nadie la habitaba aún a causa de los aparecidosDe los aparecidos que como se sabe son más devotosque los desaparecidosAlgunos como esta mujer aparentan nadarY en el amor penetra un poco de su substanciaElla los interiorizaYo no soy el juguete de ninguna potencia sensorialY sin embargo el grillo que cantaba en los cabellos de cenizaUna tarde cerca de la estatua de Etienne MarcelMe hizo un guiño de entendimientoAndré Breton me dijo pasa

Sur la route de San Romano André Breton (1896-1966)

La poésie se fait dans un lit comme l'amourSes draps défaits sont l'aurore des chosesLa poésie se fait dans les boisElle a l'espace qu'il lui faut

Pas celui-ci mais l'autre que conditionnentL'oeil du milanLa rosée sur une prèle

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Les souvenirs d'une bouteille de Traminer embuée sur unplateau d'argentUne haute verge de tourmaline sur la merEt la route de l'aventure mentaleQui monte à picUne halte elle s'embroussaille aussitôt(...)

En la ruta de San Román

La poesía se hace en el lecho como el amorSus sábanas deshechas son la aurora de las cosasLa poesía se hace en los bosquesTiene todo el espacio que necesita

No éste sino otro que condicionanEl ojo del MilanoEl rocío sobre la planta cola de caballo

El recuerdo de una empañada botella de Traminer sobre una bandeja de plataUn alta verga de tumolina sobre la marY la ruta de la aventura mentalQue sube verticalY al primer alto se enmaraña(...)

Toujours pour la première foisAndré Breton (1896-1966)

Toujours pour la première foisC’est à peine si je te connais de vueTu rentres à telle heure de la nuit dans une maison oblique à ma fenêtreMaison tout imaginaireC’est là que d’une seconde à l’autreDans le noir intactJe m’attends à ce que se produise une fois de plus la déchirure fascinanteLa déchirure uniqueDe la façade et se mon cœurPlus je m’approche de toiEn réalitéPlue la clé chante à la porte de la chambre inconnueOù tu m’apparais seule

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Tu es d’abord tout entière fondue dans le brillantL’angle fugitif d’un rideauC’est un champ de jasmin que j’ai contemplé à l’aube sur une route des environs de GrasseAvec ses cueilleuses en diagonaleDerrière elles l’aile sombre tombante des plants dégarnisDevant elles l’équerre de l’éblouissantLe rideau invisiblement soulevéRentrent en tumulte toutes les fleursC’est toi aux prises avec cette heure trop longue jamais assez trouble jusqu’au sommeilToi comme si tu pouvais êtreLa même à cela près que je ne te rencontrerai peut-être jamaisTu fais semblant de ne pas savoir que je t’observeMerveilleusement je ne suis plus sûr que tu le saisTon désœuvrement m’emplit lex yeux de larmesUne nuée d’interprétations entoure chacun de tes gestesC’est une chasse à la mielléeIl y a des rocking-chairs sur un pont il y a des branchages qui risquent de t’égratingner dans la forétIl y a dans une vitrine run Notre-Dame-de-LoretteDeux belles jambes croisées prises dans de hauts basQui sévasent au centre d’un grand trèfle blancIl y a une échelle de soie déroulée sur le lierreIl y aQu’à me pencher sue le précipice et de ton absenceJ’ai trouvé le secretDe t’aimerToujours pour le première fois

Siempre por primera vez

Siempre por primera vezApenas si te conozco de vistaVuelves a tal hora de la noche en una casa oblicua a mi ventanaCasa toda imaginariaEn donde de un segundo a otroEn lo negro intactoEspero a que se produzca una vez más la desgarradura fascinanteLa desgarradura únicaDe la fachada y de mi corazónCuanto más me aproximo a tiEn realidadMás canta la llave en la puerta de la habitación desconocidaEn donde te me apareces solaEstás primero enteramente fundida en el resplandorEl ángulo fugitivo de una cortinaEs un campo de jazmín que he contemplado al alba en una carretera de los alrededores de

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GrasseCon sus recolectoras en diagonalDetrás de ellas el ala sombría cayendo de las plantas despobladasDelante de ellas el cartabón de lo deslumbranteLa cortina imperceptiblemente levantadaVuelven en tumulto todas las floresEres tú luchando con esa hora demasiado larga nunca bastante turbiahasta el sueñoTú como si pudieras ser la mismaCon la diferencia que quizás no te encuentre jamásHaces como si no supieras que te observoMaravillosamente no estoy ya seguro de que lo sepasTu ociosidad me llena los ojos de lágrimasUna nube de interpretaciones rodea cada uno de tus gestosEs una caza nocturna con mielHay unas mecedoras en un puente hay unas ramas que pueden arañarte en el bosqueHay en un escaparate de la calle Notre-Dame-de LoretteDos bellas piernas cruzadas presas de unas largas mediasQue se abren en el centro de un gran trébol blancoHay una escalera de seda desplegada sobre la hiedraSólo hayAsomarme al abismoDe la fusión sin esperanza de tu presencia y de tu ausenciaHe encontrado el secretoDe amarteSiempre por primera vez

Ils vont tes membres déployant...André Breton (1896-1966)

Ils vont tes membres déployant autour de toi des draps vertsEt le monde extérieurEn pointilléNe joue plus les prairies ont déteint les jours desclochers se rejoignentEt le puzzle social a livré sa dernière combinaisonCe matin encore ces draps se sont levés ont fait voile avec toi d'un lit prismatiqueDans le château brouillé du saule aux yeux de lamaPour lequel la tête en bas e suis parti jadisDraps amande de ma vieQuand tu marches le cuivre de VénusInnerve la feuille glissante et sans bordsTa grande aile liquide Bat dans le chant des vitriers.

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Tus miembros van desplegando...

Tus miembros van desplegando a tu alrededor unas sábanas verdesY el mundo exteriorHecho de puntosNo funciona ya las praderas han desteñido los días loscampanarios se reúnenY el Puzzle socialEntregó su última combinaciónTodavía esta mañana esas sábanas fueron apartadas hicieronvela contigo de un lecho prismáticoEn el castillo revuelto del sauce de ojos de lamaPara el cual con la cabeza abajoPartí en otro tiempoSábanas almendra de mi vidaCuando te vas el cobre de VenusInerva la hoja resbaladiza y sin bordesTu gran ala líquidaSe agita entre el canto de las vidrieras

Si seulement il faisait du soleil cette nuit...André Breton (1896-1966)

Si seulement il faisait du soleil cette nuitSi dans le fond de l'Opéra deux seins miroitants et clairsComposaient pour le mot amour la plus merveilleuse lettrine vivanteSi le pavé de bois s'entrouvrait sur la cime des montagnesSi l'hermine regardait d'un air suppliantLe prêtre à bandeaux rougesQui revient du bagne en comptant les voitures ferméesSi l'écho luxueux des rivières que je tourmenteNe jetait que mon corps aux herbes de ParisQue ne grêle-t-il à l'intérieur des magasins de bijouterieAu moins le printemps ne me ferait plus peurSi seulement j'étais une racine de l'arbre du cielEnfin le bien dans la canne à sucre de l'airSi l'on faisait la courte échelle aux femmesQue vois-tu belle silencieuseSous l'arc de triomphe du CarrouselSi le plaisir dirigeait sous l'aspect d'une passante éternelleLes Chambres n'étant plus sillonnées que par l'oeillade violette des promenoirsQue ne donnerais-je pour qu'un bras de la Seine se glissât sous le Matin

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Qui est de toute façon perduJe ne suis pas résigné non plus aux salles caressantesOù sonne le téléphone des amendes du soirEn partant j’ai mis le feu à une mèches de cheveuxqui est celle d’une bombeEt la mèche de cheveux creuse un tunnel sous ParisSi seulement mon train entrait dans ce tunnel.

Si solamente hiciera sol esta noche...

Si solamente hiciera sol esta nocheSi en el fondo de la Ópera dos senos claros y resplandecientesCompusieran para la palabra amor la más maravillosa capitular vivienteSi el pavimento de madera se abriera sobre la cima de las montañasSi el armiño mirara con gesto suplicanteAl sacerdote de vendas rojasQue regresa de la prisión contando los coches cerradosSi el eco lujoso de los ríos que atormentoSólo arrojara mi cuerpo en la hierba de ParísQue no se hiela en el interior de las joyeríasPor lo menos la primavera ya no me causaría miedoSi solamente fuera una raíz del árbol del cieloPor fin el bien en la caña de azúcar del aireQué ves tú hermosa silenciosaBajo el arco de triunfo del CarruselSi el placer gobernara bajo el aspecto de una eterna transeúnteEstando las Cámaras surcadas sólo por la mirada violeta de los paseosQué no daría yo porque un brazo del Sena se deslizara bajo la MañanaQue está de todas formas perdidaNo me resigno no a las salas acariciantesDonde suena el teléfono de las multas de la nocheAl partir he prendido fuego a una mecha de cabellos que es la mecha de una bombaY la mecha de cabellos excava un túnel bajo ParísSi solamente mi tren penetrara por ese túnel

Hotel des etincellesAndré Breton (1896-1966)

Le papillon philosophiqueSe pose sur l’étoile roseEt cela fait une fenêtre de l’enferL’homme masqué est toujours debout devant la femme nueDont les cheveux glissent comme au matin la lumière sur un réverbère

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qu’on a oublié d’éteindreLes meubles savants entraînent la pièce qui jongleAvec ses rosacesSes rayons de soleil circulairesSes moulages de verreA l’intérieur desquels bleuit un ciel au compasEn souvenir de la poitrine inimitableMaintenant le nuage d’un jardin passe par-dessus la tête de l’homme qui vient de s’asseoirIl coupe en deux la femme au buste de magie aux yeux de ParmeC’est l’heure où l’ours boréal au grand air d’intelligenceS’étire et compte un jourDe l’autre côté la pluie se cabre sur les boulevards d’une grande villeLa pluie dans le brouillard avec des traînées de soleil sur des fleurs rougesLa pluie et le diabolo des temps anciensLes jambes sous le nuage fruitier font le tour de la serreOn n’aperçoit plus qu’une main très blanche le pouls est figuré par deux minuscules ailesLe balancier de l’absence oscille entre les quatre mursFendant les têtesD’où s’échappent des bandes de rois qui se font aussitôt la guerreJusqu’à ce que l’éclipse orientaleTurquoise au fond des tassesDécouvre le lit équilatéral aux draps couleur de ces fleurs dites boules-de-neigeLes guéridons charmants les rideaux lacérésA portée d’un petit livre griffé de ces mots Point de lendemainDont l’auteur porte un nom bizarreDans l’obscure signalisation terrestre

Hotel de las centellas

La mariposa filosóficaSe posa en la estrella rosay forma así una ventana del infiernoEl hombre enmascarado está siempre de pie ante la mujer desnudaCuyos cabellos resbalan lo mismo que de mañana la luz de un farol que han olvidado apagarLos sabios muebles preparan la pieza que hace juegos de manosCon sus rosetonesSus rayos de sol circularesSus moliendas de vidrioEn cuyo interior azulea un cielo con precisiónEn memoria del pecho inimitableAhora la nube de un jardín pasa por encima de la cabeza del hombre que acaba de sentarseParte por la mitad a la mujer de busto mágico y ojos de ParmaEs la hora en que el oso boreal con gesto de gran inteligenciaSe estira y da cuenta de un díaAl otro lado la lluvia se encabrita sobre los bulevares de una gran ciudad

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La lluvia entre la niebla con regueros de sol sobre las flores rojasLa lluvia y el diábolo de los viejos tiemposLas piernas bajo la nube frutal rodean el invernaderoSólo se percibe el pulso de una mano muy blanca representado por dos minúsculas alasEl balancín de la ausencia oscila entre las cuatro paredesHendiendo las cabezasDe donde se escapan bandadas de reyes que en seguida se hacen la guerraHasta que el eclipse orientalTurquesa en el fondo de las tazasDescubre el lecho equilateral de sábanas color de esas flores llamadas bola de nieveLos veladores deliciosos las cortinas rasgadasAl alcance de un librito con estas palabras estampadas No hay mañanaCuyo autor lleva un nombre extrañoEn la oscura señalización terrestre

Je m’écoute encore parler...André Breton (Francia, 1896-1966)

Je m’écoute encore parler:Fou comme je suisJe suis pas à toute extrémitéJ’arranche les arbustes qui retiennent le suicide au bord des précipicesLes animaux pris à mes pièges se corrompent sur placeIl n’y a guère que le crépuscule que les éventeLe crépuscule criblé de plomb que mes chiens épuisés en peuvent atteindreJe serre dans mes bras les femmes qui en veulent être qu’à un autreCelles qui dans l’amour entendent le vent passer sur les peupliersCelles qui dans la haine sont plus élancées que les mantes religieusesC’est pour moi qu’on a inventé la boîte de destructionMille fois plus belle que le jeu de cartes

Je m’en suis pris aussi à l’absenceSous toutes ses formesEj j’ai serré dans mes bras des apparitions sous le signeDe la cendre et d’amours plus nouveaux que le premierQui m’a fermé les yeux l’espoir la jalousie.

Todavía me escucho hablar...

Todavía me escucho hablar.

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Loco como estoyNo lo estoy en grado extremoArranco los arbustos que retienen el suicidio al borde de los precipiciosLos animales caídos en mis trampas se corrompen allí mismoTan sólo el crepúsculo los aventaEl crepúsculo cribado de plomo que mis perros exhaustos no pueden alcanzarEstrecho en mis brazos a las mujeres que no quieren sino ser de otroLas que en el amor escuchan el viento pasar sobre los cipresesLas que en el odio son más lacerantes que las mantis religiosasLa caja de destrucción se ha inventado para míMil veces más bella que el juego de cartasMe las tomé también con la ausenciaBajo todas sus formasY estreché en mis brazos apariciones bajo el signoDe la ceniza y de amores más nuevos que el primeroQue me cerró los ojos la esperanza los celos

Au regard des divinités André Breton (1896-1966)

A Louis Aragon

"Un peu avant minuit près du débarcadère."Si une femme échevelée te suis n'y prends pas garde."C'est l'azur. Tu n'as rien à craindre de l'azur."Il y aura un grand vase blond dans un arbre."Le clocher du village des couleurs fondues"Te servira de point de repère. Prends ton temps,"Souviens-toi. Le geyser brun qui lance au ciel les pousses de fougère"Te salue."

La lettre cachetée aux trois coins d'un poissonPassait maintenant dans la lumière des faubourgsComme une enseigne de dompteur.

Au demeurantLa belle, la victime, celle qu'on appelaitDans le quartier la petite pyramide de résédaDécousait pour elle seule un nuage pareilA un sachet de pitié.

Plus tard l'armure blancheQui vaquait aux soins domestiques et autresEn prenant plus fort à son aise que jamais,

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L'enfant à la coquille, celui qui devait être...Mais silence.

Un brasier déjà donnait priseEn son sein à un ravissant roman de capeEt d'épée.

Sur le pont à la même heure,Ainsi la rosée à tête de chatte se berçait.La nuit, - et les illusions seraient perdues.

Voici les Pères blancs qui reviennent des vêpresAvec l'immense clé pendue au-dessus d'eux.Voici les hérauts gris; enfin voici sa lettreOu sa lèvre: mon coeur est un coucou pour Dieu.

Mais le temps qu'elle parle, il ne reste qu'un murBattant dans un tombeau comme une voile bise.L'éternité recherche une montre-braceletUn peu avant minuit près du débarcadère.

A la mirada de las divinidades

«Un poco antes de medianoche cerca del desembarcadero.«Si una mujer desmelenada te sigue no te preocupes.«Es el azul. No tienes que temer nada del azul.«Habrá un gran jarro claro en un árbol.«El campanario del pueblo de los colores disipados«Te servirá de punto de referencia. Tómate el tiempo,«Recuérdalo. El oscuro geyser que lanza al cielo los brotesde helecho«Te saluda.»

La carta sellada de los tres ángulos de un pezPasaba ahora entre la luz de los suburbiosComo una enseña de domador.

Y al permanecerLa bella, la víctima, la que se llamabaEn el barrio la pequeña pirámide de resedaSe descosía para ella sola una nube semejanteA un saquito de piedad.

Más tarde la blanca armaduraQue vacaba de los cuidados domésticos y demásTomando a sus anchas más fuerte que nunca

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Al niño en la concha, el que debía ser...Pero silencio.

Un brasero daba ya presaEn su seno a una encantadora novela de capaY espada.

En el puente, a la misma hora,Así se entretenía el rocío con cabeza de gata.Con la noche, se perderían las ilusiones.

He aquí a los blancos Padres que regresan de las vísperasCon la inmensa llave por encima de ellos suspendida.He aquí a los grises heraldos, por fin he aquí su cartaO su labio: mi corazón es un cuclillo para Dios.

Pero del tiempo que habla, no queda más que un muroGolpeando en una tumba como un velo podrido.La eternidad busca un reloj de pulseraUn poco antes de medianoche cerca del desembarcadero.

On me dit que là-bas... André Breton (1896-1966)

On me dit que là-bas les plages sont noiresDe la lave allée à la merEt se déroulent au pied d’un immense pic fumant de neigeSous un second soleil de serins sauvagesQuel est donc ce pays lointainQui semble tirer toute sa lumière de la vieIl tremble bien réel à la pointe de tes cilsDoux à la carnation comme un linge immatérielFrais sorti de la malle entr’ouverte des âgesDerriére toiLançant ses derniers feux sombres entre tes jambesLe sol du paradis perduGlace de ténèbres miroir d’amourEt plus bas vers tes bras qui s’ouvrentA la preuve par le printempsD’APRESDe l’inexistence du malTout le pommier en fleur de la mer

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Me dicen que allá lejos...

Me dicen que allá lejos las playas son negrasPor la lava que fue al marY se extienden al pie de un inmenso pico humeante de nieveBajo un segundo sol de canarios silvestresCuál es ese país lejanoQue parece sacar toda su luz de tu vidaTiembla muy real en la punta de tus pestañasSuave a tu piel como una ropa inmaterialRecién salido del baúl entreabierto de las edadesA tu espaldaArrojando sus últimos resplandores sombríos entre tus piernasEl suelo del paraíso perdidoCristal de tinieblas espejo de amorY más abajo hacia tus brazos que se abrenA la prueba por la primaveraDESPUÉSDe la inexistencia del malTodo el manzano en flor del mar

GuerreAndré Breton (1896-1966)

Je regarde la Bête pendant qu'elle se lèchePour mieux se confondre avec tout ce qui l'entoureSes yeux couleur de houleA l'improviste sont la märe tirant à elle le linge sale les détritusCelle qui arrête toujours l'hommeLa mare avec sa petite place de l'Opéra dans le ventreCar la phosphorescence est la clé des yeux de la BêteQui se lècheEt sa langueDardée on ne sait à l'avance jamais vers oùEst un carrefour de fournaisesD'en dessous je contemple son palaisFait de lampes dans des sacsEt sous la voûte bleu de roiD'arceaux dédorés en perspective l'un dans l'autrePendant que court le soufflé fait de la generalisation a l'infini de celui de ces misérables le torse nu qui se produisent sur la place publique avalant des torches à pétrole dans une aigre pluie de sousLes pustules de la Bête resplendissent de ces hécatombes de jeunesgens dont se gorge le NombreLes flancs protéges par les miroitantes écailles que sont les armées

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Bombées dont chacune tourne à la perfection sur sa charnièreBien qu'elles dépendent les unes des autres non moins que les coqsqui s'insultent à l'aurore de furnier à furnierOn touche au défaut de la conscience pourtant certains persistent àsoutenir que le jour va naîtreLa porte j'ai voulu dire la Bête se lèche sous l'aileEt l'on voit est-ce de rire se convulser des filous au fond d'une taverneCe mirage dont on avait fait la bonté se raisonneC'est un gisement de mercureCela pourrait bien se lapper d'un seul coupJ'ai cru que la Bête se tournait vers moi j'ai revu la saleté de l'éclairQu'elle est blanche dans ses membranes dans le délié de ses bois debouleaux où s'organise le guetDans les cordages de ses vaisseaux à la proue desquels plonge une femme que les fatigues de l'amour ont parée d'un loup vertFausse alerte la Bête garde ses griffes en couronne érectile autourdes seinsJ'essaie de ne pas trop chanceler quand eile bouge la queueQui est à la fois le carrosse biseauté et le coup de fouetDans l'odeur suffocante de cicindèleDe sa litière souillee de sang noir et d'or vers la lune elle aiguise une de ses cornes à l'arbre enthousiaste du griefEn se levant avec des langueurs effrayantesFiattéeLa Bête se lèche le sexe je n'ai rien dit

Guerra

Miro a la Bestia mientras se lamePara confundirse mejor con todo lo que la rodeaSus ojos color de marejadaDe improviso son la charca atrayendo hacia sí la ropasucia de los desperdiciosLa que detiene siempre al hombreLa charca con su pequeña plaza de la Opera en la tripaPorque la fosforescencia es la llave de los ojos de la BestiaQue se lameY su lengua arrojada no se sabe de antemano nunca hacia dondeEs un cruce de hoguerasDesde abajo contemplo su palacioHecho con lámparas en bolsasY bajo la bóveda azul de reyDe arcos desdorados en perspectiva uno con otroMientras corre el soplo hecho con la generalización al infinito de aquel de esos miserables el torso desnudo que actúan sobre la plaza pública tragando antorcha de petróleo en una agria lluvia de monedasLas pústulas de la bestia resplandecen de estos hecatombes de jóvenes con los cuales se

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ceba la CifraLos flancos protegidos por las relucientes escamas que son los ejércitosAbombados de los cuales cada uno gira perfectamente sobre su bisagraAunque ellas dependan unas de otras no menos que los gallos que se insultan al amanecer de estiércol a estiércolSe toca al defecto de la conciencia sin embargo algunospersisten en sostener que el día va a nacerLa puerta quise decir la Bestia se está lamiendo bajo el alaY se ve ¿será de reírse? convulsionarse granujas en el fondo de una tabernaEste espejismo con el cual se había hecho la bondad se razonaEs un yacimiento de mercurioQuizás se podría beber a lengüetadas de una sola vezCreí que la bestia se volvía hacia mí volví a ver la suciedad del relámpagoQué blanca es en sus membranas en lo perfilado de sus bosques de abedules donde se organiza el acechoEn las jarcias de sus navíos en la proa desde donde se zambulle una mujer que las fatigas del amor han adornado con una máscara verdeFalsa alerta la Bestia guarda sus garras en corona eréctil alrededor de los pechosIntento no tambalearme demasiado cuando mueve la colaQue es a la vez la carroza biselada y el latigazoEn el olor sofocante de la cicindelaDesde su litera sucia de sangre negra y oro hacia la luna afila uno de sus cuernos con el árbol entusiasta del perjuicioAcurrucándose con languideces espantosasHalagadaLa Bestia lame su sexo no dije nada

Il y auraAndré Breton (1896-1966)

D'où vient ce bruit de sourcePourtant la clé n'est pas restée sur la porte Comment faire pour déplacer ces énormes pierres noires Ce jour-là je temblerai de perdre une trace Dans un des quartiers brouillés de Lyon Une bouffé de menthe cèst quand j'allais avoir vingt ans Devant moi la route hypnotique avec une femme sombrement hereuse D'ailleurs les moeurs vont beaucoup changer Le grand interdit sera levé Une libellule on courra pour m'entendre en 1950 A cet embranchement Ce que j'ai connu de plus beau cést le vertige Et chaque 25 mai en fin d'après-midi le vieux Delescluze Au masque auguste descend vers le Château-d'Eau On dirait qu'on bat des cartes de miroirs dans l'ombre

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(...)

Habrá

De dónde viene ese ruido de manantialSin embargo la llave no se quedó en la puertaCómo hacer para mover estas enormes piedras negrasEse día temblaré de perder un rastroEn uno de los barrios embrollados de LyonUna bocanada de menta fue cuando iba yo a cumplirveinte añosAnte mí el camino hipnótico con una mujersombríamente dichosaPor lo demás las costumbres van a cambiar muchoUna gran prohibición será levantadaUna libélula correrán para escucharme en 1950En aquel entroncamientoLo más hermoso que he conocido ha sido el vértigoY cada 25 de mayo al anochecer el viejo DelescluzeDe máscara augusta baja hacia el Arca de AguaParece que bajaran cartas de espejo en la sombra(...)

Facteur cheval André Bretón (1896-1966)

Nous les oiseaux que tu charmes toujours du haut de ces belvédèresEt qui chaque nuit ne faisons qu'une branche fleurie de tes épaules aux bras de ta brouette animéeQui nous arrachons plus vifs que des étincelles à ton poignetNous sommes les soupirs de la statue de verre qui se soulève sur le coude quand l'homme sortEt que des brèches brillantes s'ouvrent dans son litBrèches par lesquelles on peut apercevoir des cerfs aux bois de corail dans une clairièreEt des femmes nues tout au fond d'une mineTu t'en souviens tu te levais alors tu descendaisDu trainSans un regard pour la locomotive en proie aux immenses racines barométriquesQui se plaint dans la forêt vierge de toutes ses chaudières meurtriesSes cheminées fumant de jacinthes et mue par des serpents bleusNous te précédions alors nous les plantes sujettes à métamorphosesQui chaque nuit nous faisions des signes que l'homme peut comprendre

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Tandis que sa maison s'écroule et qu'il s'étonne devant les emboîtements singuliersque recherche son lit avec le corridor et l'escalierL'escalier se ramifie indéfinimentIl porte à une porte de meule il s'élargit tout à coup sur une place publiqueIl est fait de dos de cygnes une aile ouverte pour la rampeIl tourne sur lui-même comme s'il allait se mordre mais non il se contente sur nos pas d'ouvrir toutes ses marchesComme des tiroirsTiroirs de chair à la poignée de cheveuxA cette heure où des milliers de canards de Vaucanson se lissent les plumesSans se retourner tu saisissais ta truelle dont on fait les seinsNous te souriions tu nous tenais par la tailleEt nous prenions les attitudes de ton plaisirImmobiles sous nos paupières pour toujours comme la femme aime voir l'hommeAprès avoir fait l'amour.

Cartero cheval

Nosotros los pájaros que encantas siempre desde lo alto de esosbelvederesY que cada noche no formamos más que una rama florecida detus hombros a los brazos de tu carretilla bienamadaQue nos desprendemos más vivos que centellas de tu muñecaSomos los suspiros de la estatua de cristal que se incorporacuando el hombre duermeY brechas brillantes se abren en su lechoBrechas por las que pueden percibirse ciervos de cuernos decoral en un claro del bosqueY mujeres desnudas en lo profundo de una minaRecuerdas te levantabas entonces descendías del trenSin una mirada para la locomotora presa de inmensas raíces barométricasQue se queja en la selva virgen con todas sus calderas doloridasSus chimeneas con humo de jacintos y movida por serpientes azulesTe precedíamos entonces nosotros las plantas sujetas a metamorfosisQue cada noche hacíamos signos que el hombre puede sorprenderMientras su casa se desploma y se sorprende ante los engranajes singularesQue busca su lecho con el corredor y la escaleraLa escalera se ramifica indefinidamenteConduce a una puerta de haces de heno se abre de pronto sobreuna plaza públicaHecha de dorsos de cisnes una ala abierta para el pasamanoGira sobre sí misma como si fuera a mordersePero se contenta con abrir bajo nuestros pasos todos sus escalonescomo gavetasGavetas de pan gavetas de vino gavetas de jabón gavetas de espejosgavetas de escaleras

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Gavetas de carne con empuñaduras de cabellosA la hora precisa en que millares de patos de Vaucansonse alisan las plumasSin volverte tomabas la llana con que se hacen los senosTe sonreíamos nos enlazabas por el talleY tomábamos las actitudes según tu placerInmóviles para siempre bajo nuestros párpados tal como la mujergusta de ver al hombreDespués de haber hecho el amor.