bpt6k5709821d
-
Upload
mediacalabria -
Category
Documents
-
view
219 -
download
0
Transcript of bpt6k5709821d
-
7/25/2019 bpt6k5709821d
1/18
Les Annales politiques et littraires : revue populaire paraissant le
dimanche / dir. Adolphe Brisson
http://gallica.bnf.fr/http://www.bnf.fr/ -
7/25/2019 bpt6k5709821d
2/18
Les Annales politiques et littraires : revue populaire paraissant le dimanche / dir. Adolphe Brisson. 1883-1939.
1 Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numriques d'oeuvres tombes dans le domaine publicprovenant des collections de la BnF. Leur rutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n78-753 du 17 juillet 1978 :- La rutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la lgislation en vigueur et notamment dumaintien de la mention de source.- La rutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par rutilisation commerciale larevente de contenus sous forme de produits labors ou de fourniture de service.
CLIQUER ICI POUR ACCDER AUX TARIFS ET LA LICENCE
2 Les contenus de Gallica sont la proprit de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code gnral de la proprit des personnes publiques.
3 Quelques contenus sont soumis un rgime de rutilisation particulier. Il s'agit :
- des reproductions de documents protgs par un droit d'auteur appartenant un tiers. Ces documents ne peuvent tre rutiliss, saufdans le cadre de la copie prive, sans l'autorisation pralable du titulaire des droits.- des reproductions de documents conservs dans les bibliothques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signals par la mentionSource gallica.BnF.fr / Bibliothque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invit s'informer auprs de ces bibliothquesde leurs conditions de rutilisation.
4 Gallica constitue une base de donnes, dont la BnF est le producteur, protge au sens des articles L341-1 et suivants du code de laproprit intellectuelle.
5 Les prsentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont rgies par la loi franaise. En cas de rutilisation prvue dans un autrepays, il appartient chaque utilisateur de vrifier la conformit de son projet avec le droit de ce pays.
6 L'utilisateur s'engage respecter les prsentes conditions d'utilisation ainsi que la lgislation en vigueur, notamment en matire deproprit intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prvue par la loi du 17 juillet1978.
7 Pour obtenir un document de Gallica en haute dfinition, contacterreutilisationcommerciale@bnf fr.
http://www.bnf.fr/fr/collections_et_services/reproductions_document/a.repro_reutilisation_documents.htmlmailto:[email protected]:[email protected]://www.bnf.fr/fr/collections_et_services/reproductions_document/a.repro_reutilisation_documents.htmlhttp://gallica.bnf.fr/http://www.bnf.fr/ -
7/25/2019 bpt6k5709821d
3/18
20 ANNE 1er
Semestre)
N
983
27
AVRIL
1902
SOMMAIRE
Chronique
Politique
de
la
Semaine
:
Marchand..
Georges
D ESPARBS
Etudes
et
Portraits
:
Jules Dalon
l Artiste)
ARSNE
ALEXANDRE
Jules
Dalou
l Homme).... ADOLPHE
BRISSON
Les Petites Comdies
:
Leur
Matre...
ALFRED
CAPUS
Les
Echos
de Paris
:
Franois
d Assise
Cuisiniers
franais.
Quel-
ques
lgendes
d Albert
Guillaume.
Triolet
Edmond Rostand.
Candidatures
fantaisistes.
Lais-
ss-pour-compte
.
Ingres
can-
Nos
Concours
SERGINES
Vieux
Murs
Parisiens
:
Le
premier
E.
voyage
de
Bonaparte
Paris
G.
LE
NTRE
Les
Prit
des
Annales
:
Conte
d une
Grand mre
ses
petits-enfants..
GEORGES
PICARD
Posies
:
A
Erasme
PIERRE
DE
NOLHAC
les
Moulins
Chapron
de Chateaubriant
Les
Nids
et
les Fruits
L.-L. RGNIER
Sonnet
gourmand
RAOUL
P0NCH0N
Causerie
Thtrale
:
Rostand
et Musset EMILE
FAGUET
Bulletin
Thtral
Pages
Oublies
:
M.
et
Mme
Charles
Nodier
LORDAN
LARCHEY
Le Chapitre
du
Chic
NESTOR
ROQUEPLAN
Revuedes
Livres
:
L OEuvre
historique
de
M.G.
Lenotre
ADOLPHE
BRISSON
Examen
des
Manuscrits
GEORGES DERVILLE
Mouvement
Scientifique
:
Lampes
incandescence
et
incendies
.....
HENRI
DE
PARVILLE
La
Science
en
Action
:
La
Lgende
et
EMILE
GAUTIER
Actualits
Scientifiques
:
Le Roi
des
Phares
MAX DURAND
Pages Etrangres
:
Le
brigand
Muso-
lino
XXX
LesConseils de
la
Cousine
:
Ce
qui
fait
et
Ce
qui
ne
se
fait
pas
COUSINE
YVONNE
:
LaJeune
Fonctionnaire
suite)
GUSTAVE
GUICHES
SUPPLM NT
ILLUSTR
:
Jules
Dalou
dans
son
atelier.
Mirabeau
aux
Etats-Gnraux;
le
Triomphe
de
Silne;
Monument
de
Delacroix,
par
DALOU.
MILITAIRES
:
Quatre
dessins d ALBERT
GUILLAUME.
DE
LA
SEMAINE
:
Avant
le Salon;
le
Banlit
Musolino;
le
Phare de
l le
Vierge;
Don
Franois
d Assise;
la
Priode
lectorale Paris.
MUSIQUE
:
Le
Dernier
Epi. Paroles
de
ANTOINE
ROULE;
musique
de
EDOUARD
FLAMENT.
CHRONIQUE
POLITIQUE
INTRI UR
C est aujourd hui
que
les
lections
com-
mencent
et
que
le
suffrage
universel, ob-
jet
d une
si
douloureuse agitation
dans
un pays
voisin,
se
prononce
entre
tous
ses
sont
exactement
deux
mille
quatre
cent
trente,
soit
une
moyenne
de
quatre
candidats
par
circonscription.
Dans
les
circonscriptions
o
l ouvrier domine,
dans
la
Seine
ole chiffre
des
candidatures d-
passe
trois cents
pour
cinquante
siges)
et
dans
les
Bouches-du-Rhne,
cette
est
encore
suprieure.
C est
insi
que,
dans
la
premire
circonscrip-
de Marseille,
le dput
sortant
n a
pas
moins
de
sept
concurrents
devant
lui,
t
qu Paris,
dans
le
onzime
arrondis-
sement,
M.
Allemane
devra,
pour
tre
rlu, faire
toucher
les
paules
dix
ad-
versaires.
Jamais aussi,
les opinions
n avaient t
si
diverses.
Bien
que
ces
deux
mille
qua-
tre
cent
trente
candidats
aux
cinq cent
quatre-vingt-onze
siges
de
dputs
mar-
chent
au
scrutin
en
deux armes
distinc-
tes
les
ministriels
et
les
antiminist-
riels,
l opposition
et
la
concentration,
les
opinions
varient
l infini.
Il
y a
des
modrs,
des
libraux
;
des
progressistes
nuance
Mline
et
des
pro-
gressistes
nuance
Barthou; des
radicaux
nuance
Bourgeois et
des
radicaux
nuance
Brisson;
des
radicaux
socialistes
et
des
socialistes
radicaux;
des dmocrates,
des
socialistes
rvolutionnaires,
qui
se
subdi-
visent
en
communistes,
blanquistes,
alle-
manistes
purs
et
dissidents.
Il
y a
des
li-
bertaires,
des
plbiscitaires,
des
nationa-
listes, des
antismites,
des
partisans
de
la
royaut
et
des partisans
de
l empire,
des
catholiques,
comme en
Belgique,
et
des
socialistes
chrtiens.
Il
y a
les
candidats du
bouleversement
gnral
et
de
l anarchie,
les
indpendants,
les fantaisistes.
On
en
connat
dj deux
parmi
ceux-l
:
le
candidat
tricolore
et
le
candidat des
gens
de maison,
qui rsume
dans
la
langue
des
dieux
les
devoirs
respectifs
des matres
envers
les servi-
teurs
et
des serviteurs
envers
les matres
;
il
y
en a
d autres
:
le
candidat humain,
le
candidat
des
camelots,
le
citoyen
Biche-
bois,
camelot
lui-mme;
il
y
a
le
candidat
de la
vieille
gaiet
franaise,
le
citoyen
F-
nlon Hgo, qui
demande
le
prolonge-
ment
du chemin
de
fer
de
ceinture
et
la
suppression
du
gaz
.
Bref,
il
y
en a
pour
tous
les gots.
X
Les amateurs
de statistique
lectorale
ont
galement
calcul
qu il
y
a
quatre
cent
vingt-sept
dputs sortants qui
solli-
citent
le
renouvellement
de
leur
mandat,
cinquante-quatre
dputs
qui
ne se
repr-
sentent
pas,
cinquante-cinq
dputs
an-
ciens
qui
se
reprsentent.
Beaucoup,
parmi
les
dputs
sortants,
changent
de
circonscription
ou
se
prsen-
tent
dans
une
des
treize
circonscriptions
nouvelles. On
sait,
en
effet,
que
le der-
nier
recensement
a
entran
un
remanie-
ment et
une
augmentation
desdites cir-
conscriptions,
que
la
Seine
en
gagne
quatre
et que les
Alpes-Maritimes,
l Aude,
les
Bouches-du-Rhne,
la
Gironde,
l H-
rault, le. Finistre,
le Nord,
le
Pas-de-
Calais,
le
Rhne
en
comptent
chacun
une
de plus.
Parmi
les dputs
qui
abandonnentl charpe,
il
n y
a
pas
que
de
nobles
in-
connus.
On
y
trouve
M.
Castelin, M.
Wil-
son,
le prince
d Arenberg.
La
plupart des
dputs
anciens
qui
se
reprsentent ont
galement marqu
dans
les fastes
parlementaires.
Ce
sont
MM.
Flourens, ministre
des affaires
trangres
au
temps
de l incident
Schnaebel
;
Fab-
rot,
Andrieux,
Chaudey,
Michelin,
Mau-
jan,
Chauvin, J.
Reinach,Turrel, qui
eut,
un
moment,
le
portefeuille
des
travaux
publics
;
Delafosse,
Delpeuch,
qui
oc-
cupa
le
sous-secrtariat
d Etat au
minis-
tre
des
postes;
Gavini,
Peraldi, Jules
Guesde
et
Jean
Jaurs,
les deux
grands
chefs
de
file
du
parti
socialiste;
Th-
venet,
ancien
garde des
sceaux;
Mau-
rice et
Andr Lebon, Georges
Laguerre,
Vacherot,
Grault-Richard,
Yves
Guyot,
le
marquis
de Vog,
et
les docteurs
Fr-
bault
et
Grenier,
le dput
musulman.
X
Il
va
sans
dire
que ce
premier
scrutin
sera
trs disput.
Il
y
aura
Paris,
dans
le
Nord, dans
le Rhne,
Remiremont,
des
luttes
piques.
Les ministres,
tout
les
premiers,
ont
se
dfendre.
A
Langrs,
M. Mougeot
se
heurte
un
libral
;
Belley,
M.
Baudin
a
quatre
candidats
de-
vant
lui;
Mamers,
M.
Caillaux
lutte
con-
tre
un
modr;
Villeneuve-sur-Lot,
M. Georges
Leygues
le dispute
un
radi-
cal
et
un
nationaliste; Paris,
enfin,
dans le
douzime
arrondissement,
M.
Mille-
rand
se
heurte
une
vritable
nue
de
socialistes.
A
l heure
o
nous
crivons,
il
n est
plus
une
muraille
qui
n ait
son
affiche.
C est
le
parti
rpublicain
radical qui
a
cltur
la
srie
des
grands
manifestes
lectoraux.
Le sien est
une
rplique
ceux
qui
con-
damnent
en
bloc
l oeuvre
de
la
Rpubli-
que.
Peut-tre
mme
a-t-il
revendiqu,
dans
cette
oeuvre,
une
part
qu il
ne
mrite
pas
entirement.
Le
meilleur de
l oeuvre
r-
publicaine,
c est
le parti
libral
auquel
il pose
des
conditions
qui
l a
surtout
ac-
compli.
Ajoutons
que
le
scrutin
s ouvre
sur
un
gros
incident.
Le
gnral de
Galliffet, mis
en
cause
par
M.
Jules
Lemaitre
propoa
de
sa
dmission,
refuse
de
rouvrir
la
po-
lmique
ce
sujet et
de
devenir
l accu-
sateur
du
ministre
dont
il
a
fait
partie
.
Mais
il
ne
dment
pas
expressment
les
rvlations
de M.
Jules
Lemaitre.
TR NG R
Malgr de
nouvelles
et
de
terribles
fu-
sillades
Louvain,
devant
la maison
mme
du
prsident
de
la
Chambre,
que
la
foule
menaait
de
mort, et
le
refus
du
parti
catholique
de
passer
la
discussion
de
la
revision
de
la
Constitution,
la situa-
tion
politique s est
plutt
dtendue
en
Belgique.
Sansrien
abandonner
de
leurs
revendici-
-
7/25/2019 bpt6k5709821d
4/18
258
LES
ANNALES
POLITIQUES
ET
LITTRAIRES
tions, puisqu aux
obsques
des
malheu-
reux
tombs
sous
les balles
de la
garde
civique,
M.
Vandervelde
a
dclar
que
le
suffrage
universel
serait
le loyer du
sang
rpandu
,
le
parti
socialiste
et
le
parti
libral
les
ajournent.
Aprs avoir
conseill
et
foment
la
grve
gnrale,
les chefs
du
parti ouvrier
demandent
leurs
camara-
des
de
reprendre
le chemin
de la
mine
et
de
l atelier.
C est
vers
la
dissolution de la
Chambre
que
les
uns
et
les
autres
tour-
nent
maintenant
leurs efforts.
a jeune reine
Wilhelmine, l amie
cou-
rageuse
et
dvoue du peuple boer,
est
gravement
malade
et tous
les
yeux se
tournent
avec
anxit
vers ce
chteau de
Loo o
les mdecins
la
disputent
on
de-
vine
avec
quel dvouement
aux
dieux
et
la
mort.
Ils
esprent
la
conserver
son
peuple; mais
si
la
chre
petite
souveraine
mourait,
si
ce
coeur
de femme
ouvert
toutes
les
ides
gnreuses
cessait
de
battre,
que
de
regrets,
que
de
difficults
ce
serait
aussi
Le
principe
de
la
non-in-
tervention, n
des
vnements
de 1830,
et
qui
semble
tre incorpor
au
droit
pu-
blic,
serait-il
respect
?
u
Transvaal,
lord
Milner
et
lord
Kit-
chener
ont
eu
deux confrences
avec
les
dlgus boers,
et,
sur
la
demande
de
ces
derniers,
le gnralissime anglais,
tout
en
refusant
un
armistice,
leur
donn
des
facilits
pour
examiner
la
situation
de
concert
avec
les
commandos
et organiser
entre
eux,
ce
sujet,
une
sorte
de
plbis-
cite.
Ils
ont
trois semaines
pour
confrer
ensemble.
On
se
montre
naturellement
trs
optimiste
Londres.
Peut-tre
mme
exagre-t-on
un peu
le
rsultat
acquis
et.
donne-t-on
de simples nouvelles,
telles
les commandes
de
vtements
et
d picerie
faites
Pretoria
par
les Burghers,
une
si-
gnification
qu elles
n ont
pas.
Prire
d adresser
toutes
les
communi-
cations
relatives
la rdaction des
Annales
M.
ADOLPHE
BRISSON,
rdacteur
en
chef.
Les autres
communications
(abonne-
ments
et mandats)
doivent
tre
adresses
M.
l Administrateur
des
Annales.
NOTES
DELA
SEMAINE
MARCHAND
E
vainqueur
de Fachoda
est
revenu
de Chine
par
la Russie
dont il dsi-
rait
tudier
de
prs l organisation
militaire; et
c est
plus qu une visitede soldat,
c est
une
mission
de
philosophe
qu il
vient
d accomplir.
Ecoutez
comment
il
s exprime
sur
l tat
d me
de
nos
allis
:
Il n y
a
rien
d apprt
dans
leurs
sym-
pathies
notre
gard.
C est
un
sentiment
qui
jaillit de leur
coeur comme
une
source
d eau frache
et
limpide
des
flancs
de
la
montagne,
et
alors, devant
la
constatation
de
cette
double
force,
l arme
russe
et
l ar-
me
franaise,
appuyes
l une
sur
l autre,
vivant
pour
le
mme
but,
agissant pour un
idal identique, je crois
pouvoir
me
permet-
tre
de
dire
que nous
n avons
pas
choisir
un
ennemi
plutt
qu un
autre, mais
que
nous
sommes
prts
accueillir
tous ceux
qui
se
prsenteront
pour
s opposer
l ac-
complissementde
la
mission
qui
incombe
aux
peuples.
Que de fois
j ai
eu
l honneur
d entendre
cette
voix
loquente,
alors
qu aprs
son
re-
tour
de
Fachoda
le hros
promenait
dans
Paris
sa
gloire
et
ses
inquitudes.
Car je
m honorerai
jamais
d avoir
t
l un
des
premiers
le
connatre.
Voici de
quelle
faon,
et
cela
est
prsent
en
moi
comme
si
c tait
d hier.
Nous
cau-
sions
du colonel,
un
soir,
entre amis,
dans
l atelier d un
peintre
d histoire,
et
chacun
racontait
de
lui
ce
qu il savait.
Mais,
cette
poque, bien
peu
lui
avaient
parl.
Il
tait
le
hros
d une lgende,
un
homme
encore
mystrieux.
Ah
dis-je
mon
voisin, tout
ce que
je
viens
d entendre
me
donne
des
remords
et
des
regrets.
J tais
en voyage
quand
Mar-
chand
revint
de l Abyssinle.
Vous
qui
l avez
vu,
indiquez-moi
donc
un moyen
de l entre-
voir,
seulement
une
seconde. O demeure-
t-il ?
Dans
quels endroits
va-t-il:
se
prome-
ner
?
J appris alors
que
le colonel
habitait
une
petite
villa
de l avenue
Malakoff.
Puis,
quel-
ques-uns
citrent
les
routes
de
Boulogne o
il galopait
avec
son
ami
Baratier ; d autres,
dans le
mme
temps,
nommaient
les cafs
o il
prenait
ses
apritifs
;
celui-l
lui
avait
serr la
main
sur
le
quai
de
la
gare
de Lyon,
celui-ci
avait
ramass
sa canne
;
la
plupart
l avaient
suivi
et
coudoy,
ici
et
l,
peut-
tre,pensai-je,
en
mme
temps...
Tout
le
monde s expliquait
la fois;
je
n y
recon-
naissais
plus
rien.
Une
semaine
aprs, l un
des
invits,
peintre
comme
notre
hte,
m aborda
au
coin
de la
rue
Richelieu.
Je
suppose
que
vous avez
toujours
grande
envie
de
connatre Marchand,
me
dit-il,
et
je vais
bien
vous
faire
plaisir.
II
y
a
huit
jours,
au
Concert-Bal
des
sous-offi-
ciers, quelqu un
vous
ayant nomm, le
com-
mandant dit qu il voulait
vous
voir.
En racontant
le fait,
peu
de
temps
aprs,
j appris
avec
motion
que
le
mme
soir,
la mme
heure o
j avais dsir
connatre
Marchand,
lui
tant
un
bout
de
Paris
tan-
dis
que
j tais
l autre,
il
avait
prononc
mon
nom.
Je
ne
suis
pas
superstitieux
et
la chose
est
sans
importance;
mon
coeur,
seulement,
lui
en
donne
une.
Ds
lors,
rencontrant
les
admirateurs
qui
m avaient
si
tumultueusement
renseign,
je
pus me
vanter
dans leur
oreille
que
je
con-
naissais
mon
tour
le
commandant;
aussi
bien,
disais-je...,
sinon
plus.
Les
illustrationsdes
revues
ont
popularis
cet
homme
admirable.
Le
colonel
est
de
taille
moyenne.
Il
a
la
peau
dore,
de
beaux
yeux
doux
et
profonds,
niais
toujours
fixs, dilats
mme
sur
celui
qui
il parle,
ou
sur un
rve. Malgr
son.
teint
brun
et
sa
barbe
noire,
l ensemble
de
la
figure
est
baign
de
lumire
;
elle
resplen-
dit
surtout
dans
son
regard.
Des qu on
l a
vu, on
l aime
irrsistible-
ment.
O
qu il
entre,
il
marche
trs
vite,
le
corps
tout
droit.
Beaucoup
d hommes,
qui
ne
le connaissaient qu en
image,
furent
pris
d une
sorte
de
vertige
en
l apercevant:
Aus-
sitt,
on
se
taisait
;
on
ne
regardait
plus
que
lui,
on
n coutait plus
que
lui
et
on
ne vou-
lait
plus
connatre
que
lui.
On
apprenait
alors
que
ce
monsieur
qui
venait
d entrer
s appelait
Marchand
:
Eh
bien
disait-on,
je
m en
serais
dout.
Sans
savoir
son
nom,
rien
que
de le
voir,
cela m a fait
quelque chose
l
Ainsi,
premire
vue,
tous avaient
t
subjugus.
Phnomne
d lectrisation.
Si
un
homme
lui plat,
il
s avance
rapide-
ment
vers
lui,
les
yeux
dans
les
yeux,
s ar-
rte
tout
coup
et
lui
serre
la
main
avec
vigueur.
Alors, il
parle
on
libert,
et
c est
un
enchantement.
Dans
ces
heures-l,
si
une
chose l gaie,il
clate
de
rire
d une voix
aigu,
eniantine,
quand
mme
trs
douce.
Malgre sa force,
il
est
mince
et
fin,
l-
gant.
Il
a
le
geste
rare,
vertical,
serr,
vif.
Il lance
l ide
avec
impatience
et
rejette
tout
ce
qu il
sent
d inutile
dans
les phrases.
Il
vo-
que
les
choses
d un
simple
mot;
purs,
il
vous
regarde... Et
cela
est
impressionnant.
C est
un
synthtique.
Qu on
parle
de
phi-
lospphie
ou
d histoire,
il
ramasse
bientt la
discussion,
l treint
et
en
fait
jaillir
des
lueurs,
cela
en
quelques brves
paroles.
Comme
son
ami Baratier, le
colonel
est
un
silencieux
et
un
solitaire.
Avantage
et
vertu
inestimables.
Ainsi places, les ides
s aiguisent, les
facults
se
groupent,
se
pr-
parent,
et
le
coeur,
s il
est
consult,
rpond
avec
d autant
plus de force
qu il
retentit
dans
plus de silence.
La foi
patriotique, le
sentiment
du devoir
et le
mpris
de
la
mort
:
voil les
qualits
suprieures
qui
firent
de
cet
homme
un
pro-
dige
humain.
Au
point
de
vue
intellectuel,
c est
un
esprit qui
s claire
lui-mme,
tan-
dis
que
la
plupart des
hommes
cherchent
autour
d eux
leur
clart.
Dans
le
vrai
sens
du
mol,
c est
donc
un
homme
naturel,
mais
un homme
qui
voit
loin,
et
fond.
D ailleurs,
jeunes
gens,
allez
son
cole,
lisez-le,
cou-
tez-le,
essayez
de le
pntrer,
vous
verrez
en
lui
une
figure d airain
comme
l antiquit
nous en
prsente,
une
de
ces
mes de
hros
qu on
ne
retrouve
plus
que
dans
les livres
et
qui
ne
palpitent
plus
que
dans
vos
ver-
sions.
Vers la fin de
l Exposition
de
1900,
au
Champ-de-Mars, des
tonneaux
devant
une
auberge, des
paysans
d opra
monts
sur
les
tonneaux,
un
air
de
musette dans
la lu-
mire lectrique,
une
table
toute
blanche
sous
des feuillages,
et assis
autour
de
cette
table,
Marchand,
Baratier,
le pote Mariton
et
moi.
C tait la dernire
soire
que
le
co-
lonel
passait
en
France.
Il
ven i d tre
malade
et
souffrait
encore.
Debout
seulement
depuis
la
veille,
il
n avait
eu
que
le
temps
de
faire
ses
bagages.
Il al-
lait
partir
le
soir mme
et
nous
lui faisions
nos
adieux.
Je
me
souviens
que
Baratier
tait
trs triste,
il
avait
demand
suivre
son
compagnon d armes
et
on
lui
avait
r-
pondu
en
l envoyant
Compigne.
Nous tions
servis,
ce
soir-l,
par
un
garon
de
caf
dangereusement enthou-
siaste.
Il
portait
et
remportait
les
plats
en.
faisant
un
bruit
du
diable.
Vers
la
fin
du
dner,
je
ne
sais
comment,
il renversa
une
carafe
sur
le
pantalon du
colonel.
Maladroit
e
malheureux
tait
dsespr.
Notre ami
Mariton,
quiplaisante
froid,
lui
dit
en hochant
la
tte
:
Vous
le
voyez, mon
ami,
il
faut
vous
marier.
Me
marier, monsieur,
pourquoi
?
Parce
que
vous
n tes
pas
fait
pour
rester
garon.
Allons,
dit le
colonel
en
voyant
la
peine
du
pauvre
homme,
ce ne sera
rien.
Nous
nous
levions
pour
partir
quand
le
garon
apparut
encore.
Il
tait
tard,
il
vou-
lait
nous mener
un
guichet.
Mais,
cette
fois, il n avait plus
sa
serviette,
et
sa
veste
montrait
ostensiblement
un
ruban, celui
de
la mdaille
coloniale.
Mon colonel
ne
m en
veut
plus?Si
mon
colonel
savait...
Maintenant
que
j ai
ma
boutonnire
,
je
peux bien lui
dire...
J ai
-
7/25/2019 bpt6k5709821d
5/18
ANNALES
POLITIQUES
ET
LITTERAIRES
259
sous ses
ordres dans
les
marsouins.
Et
une
larme d confusion
et
d'orgueil
sur
sa
jou.
Le colonel
offrit d'abord
sa main,
puis
il
porta
machinalement
sa
poche.
Ce
geste
n'eut
pas
le succs
du
premier
le
garon
s'esquiva.
Mais
peinetions-
dehors
qu'une
voix
terrible
se
fit
enten-
elle
criait
de
la
terrass
de
l'auberge
:
Il m'a
serr
la
main
Il m'a serr
la'
Vive Marchand
nfin,
le
voici
revenu parmi
nous.
Maigre
longue anne
de
guerre
sous
un
dur
et
climat,
le colonel
nous
revient
tou-
urs le
mme.
Les
lignes
de
son
visage
d
changer
qu'en
prenant
plus de
no-
encore,
et quant
son
me,
la plus
que
je
connaisse,
elle
est
trop
sur
depuis
longtemps,
pour
avoir
perdu
horizon.
Je
sais
sa
simplicit
charmante,
et
que
refusa
des
invitations
impriales,
il
volontiers
la
mienne,
que
je
lui
ds
mon
retour
Paris.
Ce
sera
seconde
fois,
et
ma
maison
en
sera
moins
te et
j'en
serai, moi,
plus vaillant.
Et
puis, je veux que
mes
fils
le
voient
en-
Comme ces
doux
songes
de la nuit
on:
se
souvient
au
rveil,
plus
tard
a
besoin de
se
rappeler
son
me
et
ces
impressions
d'enfance,
deviennent
le meilleur
de lui.
Donc,
ils
savent dj
tous
les
trois
que
le
est
revenu,
et,
comme
autrefois, ils
avaient alors cinq
ans,
trois
ans
et
un
J'avais
cart
le. plus
petit
et
ordonn
deux
autres
de
bien
se
tenir
chacun,
que
le
commandant
arriverait.
Roland
et
Robert
deux
malins quand
sont
ensemble,
deux
bons
garons
si
on
spare
avaient
publi dj
qu'un
an
ils
taient
marmots et
disaient
derors
pour
dehors
et
pipaillons,
papillons.
Ils
prirent
un
air
important:
Tu
verras,
papa
Aprs
diner, voil
le commandant
qui
em-
le plus
petit
et
se
tourne
vers
les
autres:
Comment
t'appells-tu,
toi
qui
as
les
si
bleus?
Robert.
Et
ta
sant
?
a va bouin.
Et
toi, ton
nom
?
Roland,
mon
commandant.
Roland
C'est
beau
de s'appeler
ainsi.
qu'il
a
fait,
Roland
?
C'tait le
neveu de Charlemagne.
Comment
est-il
mort
?
En
sonnant
du
cor
de
chasse.
C'est les
qui
l'ont
tu
Parfait.
Qu'est-ce
que
tu
veux
devenir,
tard?
Je serai
tailleur.
Et dire
que
je
lui
avais
fait
la
leon
Tailleur,
dit le
colonel, tailleur
quand
s'appelle
Roland
?
t
il
ajouta,
avec
son
sourire
qui
restait
mlancolique
:
Oh
je
comprends,
tailleur
de
crou-
conserve
prcieusement
une
malhabile
d'amateur,
un peu
brouille,
quand
mme
resplendissante
mon
o le colonel
est
reprsent,
debout,
deux de
mes
enfants,
une
main pose
l'paule
du
plus
menu,
de
mon
Jeannot.
sens
que
cela
leur
portera bonheur.
Avec
simple
images
que
j'ai
mise
sous
verre
et
suspendue
dans
leur chambre,
je possde
le
plus
nergique
et
le plus doux
moyen
de
les corriger,
quand ils ferontdes
fautes.
Du doigt,
sans
rien
dire,
je
leurmontrerai
la
photographie...
GEORGES
D'ESPARBES.
Dans
le prochain
Numro
:
NOTES
DE
LA
SEMAINE,par Le
Bonhomme
CHRYSALE.
TUDES
PORTRAITS
JULES
LOU
I.
L'ARTISTE
Il
y a
de
cela
une
douzained'annes
;
je
lui
demandais,
durant
la belle
saison,
comment
il n'avait
pas encore
quitt Pa-
ris. Avec
un
vif
mouvement de la
tte,
le
sourire
pas
mal
railleur
et cet accent
la
fois
tranchant
et
grasseyant qui
caract-
rise
le
faubourien
de
race,
il
me
rpondit
une
fois
pour
toutes
:
Quitter Paris
Et
pourquoi
faire?
Des
vacances
?
des
congs?
Mais
j'ai
pass
l'ge
Et puis,
on ne
quitte
pas
Paris
quand
on
a
travailler
et
qu'on
aime
ce
qu'on
fait. En
t,
les
journes sont
beau-
coup
plus longues
;
c'est
trs
agrable,
on
a
plus de
temps
soi.
En
effet,
plusieurs annes
encore
il fut
fidle
ce
systme
qu'il
considrait
comme
le meilleur
pour
sa
sant
et
pour
son
repos
puis
vers
1893,
je
crois,
il tomba
malade,
trs
malade. Aprs avoir
dit
adieu
ses
amis,
il
fit,
je
ne
sais
com-
ment,
un
nouveau
bail
avec
la vie, trs
long
ternie.
Seulement,
il
prit
la rsolution
la
plus
hroque
peut-tre
d
toute
son
existence
:
chaque anne,
il
passerait
six
semaines
aux
champs.
X
endant
trente
ans,
cette
activit
se
nourrit
d'elle-mme,
cette
rage
de
travail
enfanta
des
oeuvres
solides,
dfinitives,
longuement
cherches.
Ce
petit
homme
maigre,
nerveux,
la physionomie
rava-
ge,
a
empli la
Ville
d'images
robustes
et
plantureuses.
Le
seul
regret
qu'on
puisse
prouver;
c'est
que
le
peuple
s'intresse
d moins
en
moins
un
tel
art,
qui
sort
directement
de la
race,
et
o
elle
se
serait,
de
tout'
autres
poques,
reconnue
avec
joie.
Mais,
baste
cela lui reviendra
peut-
tre
un
jour...
et
les
oeuvres
de
Dalou
se-
ront
encore
l.
Peu
s'en
est
fallu,
pourtant,
que
cette
gloire
nous
chappt,
et
que
Paris
in-
diffrent
l'art
panoui
et
populaire
d'un
Dalou
en
ft
rduit
aux
images
bcles
et
ridicules
qu'on
rencontre
si
(Souvent-
dans
nos
carrefours
et
sur nos
difices.
Pendant la Commune,
Dalou
avait
t
compromis, et.
aprs,
il fut
condamn.
Il
avait t
dlgu
la
conservation
des
muses
:
on
pronona
contre
lui
une
peine
aussi
svre
que
s'il
avait t
charg de
leur destruction
Il
avait
pu,
Heureuse-
ment,
se
rendre
Londres. Il
y
vcut
et
y
travailla pendant
plusieurs
annes.
Le-
gros
qui
aura
t
si mconnu
de
ses
contemporains
lui donna
le
coup
d'-
paule
fraternel, lui
procura
des
relations
et
ds
travaux,
et
Dalou
tait
fort
got
quand
arriva
l'amnistie.
Alors, il
aurait
trs
bien
pu se
faire
qu'il
et trouv
s'tablir d-
finitivement
l-bas,
et qu'il
n'et
point
envie
de
revenir.
Du moins,
ces
quelques
annes
d'exil
lui
furent profitables
:
elles
l'entretinrent
en
indpendance,
et
en
labeur exempt
de
tout voisinage
officiel.
Dalou
revint
Pa-
ris
un
puissant
matre,
et
sa
rentre
frappa des
coups
retentissants.
C'tait,
vous
vous
en souvenez,
une
Glorification
du
Travail,
quitait
comme
du Rubens
dmocratique
en
sculpture,
et
surtout
ce
Mirabeau
aux
tats-G-
nraux,
que
l'on
dtachera
un
jour
de
la
muraille
obscure
ou
il s'ennuie,
dans
quelque salle d'attent
du
Palais-Bour-
bon.
Il
sera
enlev,
sans
douleur
et
sans
regret,
aux successeurs,
mais
non
aux
remplaants
de
Mirabeau,
et
aux
vi-
siteurs
qui viennent
dans
cet
endroit
avec
la
proccupation
de
bureaux de tabac
bien
plus
que
de
bronze
et
d'histoire.
On
le placera
dans
le
muse
dont il
est
digne.
Ce fut
encore
le superbe
et entranant
Monument
Delacroix,
qui
est
certaine-
ment
une
des plusbelles
oeuvres,
qui aient
surgi
du
sol
de
Paris
dans
ces
cinquante
dernires
annes.
Puis,
quantit
de
statues,
celle de Victor Noir
est
un
chf-d'oeu-
vre
de drame
et
de simplicit
moderne,
de
bustes, serrs et expressifs;
de
hauts-reliefs,
parfois
un peu
ronflants,
mais
pleins de
joie
vermeille
;
de
fontai-
nes
qui,
malheureusement,
n'ont
pas
t
toutes
ralises,
je
le crains pour Paris.
Enfin,
les
deux
monuments
dont l'inaugu-
ration
a
t
prcde,
pour
l'un,
de
quinze
ans,
pour
l'autre,
de
six
huit
ans
de
travail.
Le colossal bronze du Triomphe de la
Rpublique (1)
demeurera le
souvenir
d'une
poque
qui
parat
dj
bien
loin-
taine,
car, avec
un
artiste
comme
Dalou,
les
oeuvres
s'difient lentement, tandis
que
les ides
passent.
C'est
un peu
comme
un
discours d
Gambetta,
mais mieux
crit,
et
dont
la
forme
mriterait d'tre
conserve.
Je ne sais pas, ne connaissant
pas
grand'chose
la politique,
si
la R-
publique
triomphe
encore,
prsent
que
le bronze est
achev
et
rig;
mais,
ce
qui est
certain,
c'est
que
l'art
triomphe
dans
l'oeuvre
de
Dalou.
Et c'est l
une
compensation
considrable
bien
des
illu-
sions
perdues
De
mme,
les
artistes
admirent
les
ma-
gnifiques
dons
qui
clatent
dans le
monu-
ment d'Alphand,
plus qu'ils
ne
s'inclinent
devant
l'homme
mme
de
qui
ce monu-
ment
perptuera
la
mmoire.
Alphand
a
beaucoup
fait
pour
l'embellissement du
Paris
moderne,
et
il
a
t
impitoyable au
Paris
ancien
:
il
a
beaucoup
cr et
beau-
coup
dtruit.
L'hygine
lui
est
reconnais-:
sant
et
l'archologie
le
maudit.
De
toute
faon, le
moment
o
ces
deux
oeuvres
capitales furent dcouvertes ne
fut peut-tre
pas
absolument
une
fte
pour
la
pense;
mais
ce
fut
une
vraie
et
belle fte
pour
l'art.
En
somme,
c'est Dalou
comme
Ro-
din
que
Rude
et
Carpeaux
ont
transmis
l'hritage
qu'ils tenaient
de Houdon,
Hou-
don de
Coysevox
et
de
Puget,
ceux-ci
de
Jean Goujon,
d
Germain
Pilon
et
de Bar-
thlmy
Prieur,
et
ceux-ci
encore
des ima-
giers
du quinzime
sicle, hritiers
des
admirables
tailleurs
de
pierre
du
trei-
zime. Ils
auront;
l'un
et
l'autre,
empch
notre
grande
cole
statuaire
de
tomber
dans
le
puril
et
dans
le
vide
:
Rodin,
avec
ce
qu'il y
en lui
de
gnie,
aura
conquis
(1)
Voir
les
Annules
du
19
novembre
1809
(n 856).
-
7/25/2019 bpt6k5709821d
6/18
260
LES
ANNALES
POLITIQUES
ET
LITTRAIRES
des liberts
nouvelles
pour
le
mouvement
et
l expression
;
Dalou,
avec son
admi-
rable volont,
aura
maintenu
les
grandes
traditionsdu
volume
et
de
la
forme
;
sui-
vant
l antique
allgorie,
l un
aura
sculpt
l idal
et
l autre le
rel.
ARSNE
ALEXANDRE.
II.
L HOMME
Ce n tait
pas au
Salon,
entour
d une
pompe
officielle,
qu il
fallait
le
voir, mais
dans
l atelier o
s coulait
sa
vie
labo-
rieuse
et
solitaire.
J allai
l y
visiter,
il
y
a
quelques
mois.
La
nuit
commenait
tomber
sur
le
fau-
bourg
populeux
;
Dalou,
vtu
de
ses
habits
de travail,
se
reposait
devant la
tche
ac-
complie,
comme
un
bon
artisan
qui
a
gagn
son
pain
quotidien
;
je
lui
deman-
dai de
me
raconter
les
dbuts
de
sa car-
rire
et
quelles
influences
avaient
dter-
min
sa
vocation.
Il
me
fit
ce
rcit
qui
me
toucha
profondment. En
voquant
les
lointains
souvenirs
de
son
enfance, il
tait
mu;
je
ne
l tais
pas
moins
en
l cou-
tant.
Je
vais
essayer
de
reproduire
ici
ses
paroles;
mais
pourrai-je rendre
le
charme
dont
elles
taient empreintes
et
leur
exquise
simplicit
?
L auteur du
Mirabeau
est
issu
d une
petite
famille d ouvriers
; son
pre
exer-
ait
la
profession
de
gantier
;
chaque
ma-
tin,
l aube,
il descendait de
Montmartre,
se
rendait
l usine
et
rentrait
le
soir
exac-
tement,
sans
jamais
s arrter
dans
ces
cabarets
et
ces lieux de
perdition,
o
le
peuple,
trop
souvent,
s abrutit et se
ruine.
C tait
un
honnte homme, ponctuel
remplir
ses
devoirs,
et
les
accomplissant
bravement et gaiement,
heureux de
son
sort
modeste.
Il avait
de la
joie
rega-
gner
son
logis
;
car
ce
logis
tait
bien
tenu
et
embelli
par
cette
propret
mticuleuse
qui
est
le
luxe des
pauvresgens.
Il
y
trou-
vait
une
mnagre
vaillante
et
des
en-
fants,
une
fille
et
deux fils, levs
par
son
exemple
dans
l activit
et
le
courage.
La
fillette
et
l an
des
garons
taient
en
apprentissage;
le
cadet, d une
complexion
plus
dlicate,
suivait
les classes d une
cole de dessin
:
c tait
le
futur
grand
homme. On
se
runissait
l instant
du
souper
;
on
lisait,
on
causait
autour
de
la
lampe,
on
bauchait
des
projets
d avenir.
Toi,
mon
petit
Jules, disait la
ma-
man
Dalou,
il
ne
te
faut
pas
de
gros ou-
vrages
;
tu
as
les
mains
fines,
tu
seras
un
excellent
horloger.
Le
petit
Jules
ne
protestait
pas
;
mais,
au
fond
de
sa
cervelle,
il
agitait
des
rves
plus
ambitieux
:
il n tait
pas encore en
tat
d analyser
ses
sensations;
pourtant,
il
tait
invinciblementsduitpar la beaut
plastique
des choses. Il
copiait
avec
ravis-
sement
les modles
proposs
ses
efforts ;
mais
il allait
au
del,
il tait
impatient
de
s instruire,
son
imagination
inventive
lui
faisait
concevoir
des formes nouvelles
qu il traduisait gauchement
et
non sans
grce.
Le dimanche,
il
se
rendait
au
Mu-
se
du
Louvre,
et
demeurait
en
extase
devant
les
chefs-d oeuvre de
la
peinture
et
de la sculpture. Il dclara
ses
parents
qu il voulait
apprendre modeler
:
ils
furent alarms
de
ce
caprice.
Ce n est
pas
un
tat,
cela, de
patau-
ger
dans
de
la
terre
et
du
pltre
Autant
t
faire
maon.
Cependant, le
gamin tmoignait
d une
rsolution
si
nergique
qu on n eut
pas
la
barbarie d y
rsister.
Sa
mre
le
prit
part :
Nous
ne
sommes pas
riches
;
tu
vas
sur
tes
douze
ans.
C est
bientt
le
moment
de
gagner
ta
vie.
J ai
peur, mon
petit
Jules,
que
tu
n aies
des ides de l autre monde..
Sois
tranquille,
maman,
s cria
le
petit
Jules.
Et
il l embrassa
sur
les deux
joues.
X
n
le plaa dans
une
institution
o
l on
enseignait
les
principes
de
l art
dcoratif.
L illustre Carpeaux
y
dirigeait
un cours.
Il
apportait
ses
lves des
projets
de
l Ecole
des beaux-arts
et
les leur donnait
excuter,
pour
exercer
et
former leur
got.
Il
ne
tarda
pas
remarquer
les
dis-
positions
et
le zle du
jeune
Dalou,
qui
ne
se
bornait
pas,
comme ses
camarades,
imiter
platement
le modle,
mais
mon-
trait
de
l initiative
et
raisonnait
ses
ides.
Et
si
vous
saviez
comme
il s appliquait
sa
besogne
Il
en
perdait
le
sommeil
et
l apptit.
On
lui
avait
interdit d introduire
dans
le logis paternel
ses
bauchoirs,
ses
mottes
de
glaise,
et
toutes
ces
matires
salissantes
que
la
maman
Dalou,
ordon-
ne et
soigneuse,
dvisageait
avec
ter-
reur.
Il
s installait
sur
le palier,
et
les
locataires
taient
trs
tonns
de
voir
cet
enfant
silencieux
qui,
au
lieu
d aller
jouer
dans la
rue,
travaillait obstinment
entre
deux
portes,
parmi
les
courants
d air,
la lueur
terne et
grise
d une
lucarne
pa-
reille
un
soupirail
de
prison.
Quand
il
avait
fini
sa
maquette,
il
allait
la
soumet-
tre
son
professeur.
Celui-ci
avait
auto-
ris
ces
visites.
Il rsidait
trs
loin
de
Montmartre,
au
dernier
tage
d une
vieille
maison
de la
rue
de l Abbaye,
contempo-
raine
du
roi
Louis XIII.
Surtout,
disait-il,
ne
viens
pas
trop
tard. J aime
me
lever
matin.
Dalou
prenait au
pied
de
la lettre
cette
recommandation.
A
l aube, il dgringo-
lait
de
la Butte;
six
heures
prcises,
ayant
travers
Paris, il
sonnait
la
porte
du
professeur.
Mais
aucun
bruit
ne
rpon-
dait
son
appel,
sinon
quelquefois
un
ronflement
sonore.
Carpeaux,
qui
menait
une
existence
ingale
et
passionne,
avait
des
nuits agites,
auxquelles succdaient
des
matines
paresseuses.
Alors, l colier
s asseyait
discrtement
sur une
marche
de
l escalier
et
tendait
l oreille, cherchant
deviner,
quelque indice,
si
son
matre
tait
enfin veill
et
en
tat
de le
rece-
voir.
Parfois,
il
restait
ainsi,
immobile
et
re-
cueilli,
pendant
deux
heures, trois heures
d horloge,
son
petit
paquet
sur
les
ge-
noux,
et la
tte
dans
ses
mains.
Oh
le
gentil tableau
Que
d illusions,
de
chim-
res,
de
glorieux
desseins,
s agitaient
sous
le
crne
de
ce
gamin
des
faubourgs, dont
le
gnie,
obscurment,germait
Carpeaux
ne
pouvait
tre
insensible,
tarit
de
pa-
tience
et
d ardeur.
Un
jour,
il
lui
dit,
avec sa
brusquerie
affectueuse
:
Je
veux
parler
ton
pre.
Je l at-
tends.
Ds
le
lendemain, le
papa
Dalou
se
pr-
sentait
rue
de l Abbaye.
Il
avait
manqu
son
atelier,
ce
qui
ne
lui
tait
pas
arriv
depuis bien
longtemps.
Que
comptez-vous
faire
de
cet
en-
fant? demanda Carpeaux.
Le
brave
gantier
retournait,
d un
air
embarrass,
son
chapeau entre
ses doigts.
Je
me
charge
de
lui, poursuivit
le
sculpteur.. Dans
six mois,
je
saurai
ce
qu il
a
dans
le
ventre.
En
tout
cas,
je
le
mettrai
en
tat
de
se
suffire.
A
dfaut
de
mieux,
il
sera
ornemaniste
;
il
excutera
des ptisseries,Et
peut-tre
tirerons-nous
de lui
autre
chose. a
vous
va-t-il
?
Le
pre
se
confondit
en
remerciements.
Une
joie
profonde
rayonnait
dans
les yeux
du fils.
Le pre
s en
retourna
gravement
son
labeur
;
l
fils demeura dans
cet
atelier
poudreux qui
tait
pour
lui
le
plusmagnifique
des
temples.
Une
troite intimit
attacha
dsormais
le
professeur
au
disciple.
Non
pas
qu elle
s pancht
en
de
douces
effusions.
Car-
peaux
avait
dans
son
coeur
des
trsors
de
tendresse,
mais
il
les dissimulait
sous
des
dehors abrupts
et
maussades,
qui
fai-
saient
mal
augurer
de
son
caractre,
Il
tait
heurt,
violent,
rageur,
avec
de
d-
licieux
retours
de
tendresse
et
d incroya-
bles envolements de
gaiet.
Sa
sculpture
lui ressemble
:
elle
est toute
en
saillies
et
en
contrastes.
La
dlicatesse
et
la
gran-
deur s y
unissent
la
fougue
intemp-
rante.
Le
jeune
Dalou
puisa dans
son
com-
merce
les ides
et
les
rgles
qui
l ont
tou-
jours
gouvern
et,
particulirement,
cette
indpendance d humeur
qui
l a
port
mdire de
l art officiel
et l a loign de
l Institut. Les rvoltes
intermittentes
de
Carpeaux
avaient
pass
dans
ses
veines.
Joignez-y
l impression
persistante
de
son
milieu
d origine,
de
cet
intrieur probe
et
austre,
o
il
s est d abord
form,
et
vous
connatrez
les
principaux
ressorts
de
son
me.
Mon
pre
et
ma
mre,
me
rptait-il,
n ont
jamais
su
ce
qu tait
une
dette. Ils
n ont
pas
dpens
plus qu ils
ne
gagnaient,
et
ils
ont
toujours pay
leur
terme.
Tandis
que
Dalou
me
faisait
ces
naves
confidences,
une
trange
fiert vibrait
dans
sa
voix.
J ai
compris
pour
quelles
raisons
il
adorait le peupl
et
avait
une
foi
si
absoluedans
ses
destines
:
c est que,
pendant
les
quinze
premires
annes de
sa
vie,
il n avait
voulu
voir
que
ses
ver-
tus...
ADOLPHE
BRISSON.
LES
PETITES
COMDIES
LEUR MAITRE
Chez le
mastroquet du coin
:
LE
GARON,
au
candidat, assis
une
table.
Vous
dsirez
?...
LE
CANDIDATAUX
LECTIONS
LEGISLATIVES.
Qu est-ce que
vous
me
conseillez,
mon
ami
?
LE
GAEON.
Je
vous
conseillerai
un
el...
par
exemples.
LE
CANDIDAT.
C est cela, donnez-moi
un
ml-cassis... (Baissant
la
voix.)
Dites-moi...
de
quelle
humeur
est
le
patron,
aujourd hui
?
LE GARON.
Hum
E
CANDIDAT.
Mauvaise
?
E
GARON.
C est le
moment
des
lec-
tions...
Il
ne
sait plus
o
donner de la
tte.
Toute
la journe,
ce
sont
des candidats qui
viennent
le
voir, des
lecteurs qui viennent le
consulter...
Pendant
la priode
lectorale,
le
mastroquet
est
le matre,
le
personnage
le
plus influent...
Alors, dame
LE
CANDIDAT.
Savez-vous
s il
est
bien
dispos
pour
moi?
LE GARON.
Il
se
rserve...
LE
CANDIDAT,
navr.
Il
vous
l a dit ?
LE GARON.
Il hsite...
il
n a
pas
encore
choisi
son
candidat... Tenez,
regardez-le,
au.
comptoir,
comme
il
a
l air
proccup...
LE
CANDIDAT,
saluant
respectueusement
le
-
7/25/2019 bpt6k5709821d
7/18
LES
ANNALES POLITIQUES ET
LITTERAIRES
261
y
mastroquet
qui
le
regarde
peine.
Il
a
d-
la
tte...
je
suis
flamb...
LE
GARON.
Mais non...
mais
non...
ne
vous
dcouragez
pas...
Vous
devriez prendre
un
mel,
LE CANDIDAT.
Oui...
encore
un
et
un
autre
que
vous me
ferez
l amiti
d
boire...
LE GARON.
Deux
mls, alors
?...
Deux
LE
CANDIDAT,
se
penchant
vers
le
garon.
Un
louis
pour
vous
si le
patron
veut accepter
quelque
hose...
LE
GARON.
Je
vais
voir...
(Il
s loigne.)
LE
CANDIDAT,
seul.
S il n accepte
pas...
mon
lection
est
fichue....
GARON,
revenant,
rayonnant.
Sau-
vs
LE
CANDIDAT.
Ah
LE
GARON.
Le
patron
a
dit
comme
a
de
servir deux
anisettes...
il
va
venir
boire
avec
VOUS.
LE
CANDIDAT. Je
suis
nomm
LE
GARON.
Ah
j ai
eu
du
mal...
LE
CANDIDAT.
Tenez,
voil
quarante
francs...
LE
MASTROQUET,
arrivant.
Deux
anisettes,
et
plusvite
que a
LE CANDIDAT,
rouge
de
joie
et
d motion.
Merci,
mon
chermatre, merci de
cette
bonne
parole...
(Il
lui
serre
la
main
avec
effusion.)
CAPUS.
Les
Echos
de
Paris
Le
roi
Franois d Assise, poux
de
l ex-
reine
d Espagne
Isabelle II,
vient de
mourir.
Il
vivait isol
dans
sa
proprit
d Epinay,
prs
d Enghien,
tandis
que
la reine,
qui
lui
servait
une
pension
viagre,
continuait
de
mener une
existence
quasi-royale dans
son
palais
de
l avenue
Klber,
Paris.
Rome
n est
pas
dans Rame, elle est toute
o
je
suis,
pourrait-elle dire
plaisamment
;
et,
de
fait,
le
palais
de
Castille
est
vraiment devenu
terre
espagnole,
lieu
d amical asile
et non
d exil,
grce
la
souveraine
pour
qui
l amertume
d un
renoncement volontaire fut
un
fleuron
de
plus ajout
la
couronne
qu elle
fit, si
ar-
tiste, si
librale
et
si
gnreuse.
Son
avnement
et
son
renoncement
au
qui
furent
bien
les
faits
les plus parti-.
y
culiers
de
l histoire
contemporaine
de
l Espa-
gne,
mettent
en
pleine lumire
toute
sa
relle
valeur
et
la
fixent
jamais
inoubliable
dans
l me de
l Espagne.
Les
causes
de
sa
chute
furent
toutes
poli-
tiques
et ne
la privrent
pas
d une
amiti,
et
c est
ainsi qu on
peutdire
qu elle
tait la
seule
souveraine
qui
n avait
pas
d ennemis.
Sans
rien abdiquer de
son rang,
ni
de
ses
prrogatives,
ne
traduisant
ses
aspirations
que
juste
ce
qu il
faut
pour
un
trait
d esprit,
elle
a su
frayer
avec tous
les
partis,
sans
s at-
tacher
aucun.
Elle
a
protg
ouvertement
des
rpublicains,
tout
en leur
refusant
l ac-
cs
au
pouvoir, alors
qu ils
taient
libraux
;
souveraine
toujours
et la
plus indulgente
des
femmes,
on
l voit
mettre
l aise
ses
servi-
teurs
les plus
humbles.
Elle
embrasse
ceux
qu elle
reoit,
elle
tutoie volontiers
ses fami-
liers
et
c est bien
toujours
la
reine,
accoutu-
me,
aux
exubrantes
ovations,
qui
riait
au
peupl qu elle
saluait des
yeux,
de
la tte, des
paules,
des
bras,
de
la
main,
avec son
mou-
choir,
son
ombrelle
ou
son
ventail.
A
Paris,
elle
frquentait
le
noble
faubourg,
o
le
grand
respect
qu on
lui tmoignait
ne
l aveuglait
pas au
point de
lui faire oublier
se
devait aussi
ses
cousins,
les prin-
ces d Orlans,
et
aussi,
avant
la loi d exil, au
prince Napolon.
Et
ce
fut elle,
comme
le
rappelait
son
bio-
graphe
A.
de Croze,
la premire Majest qui
consentit
se
plaire
;
l Elyse
;
aussi,
M.
Grvy
tait-il
pour
elle
plein de dfrences,
et
les
visites,
l occasion
ou
jour
de l an,
d-
passaient
avec
Mme
Grvy
l honnte
longueur
prvue
par
le
Protocole,
car
la
simplicit
de
la
reine
et
les
qualits
d intrieur de la
prsi-
dente
permettaient
d aborder
tous
les sujets.
Nous donnons, dans
le
Supplment,
le
portrait
du
mlancolique
Franois d Assise;
le
seul homme qui
eut
se
plaindre d Isa-
belle ...
L exposition de cuisine vient de s ouvrir
aux
Tuileries.
Le
prsident.
Marguery
a
souhait
la bien-
venue
au
prsident
Loubet.
Et
le
prsident
Loubet
a
clbr,
en mots
onctueux,
le mrite
lgendaire des cuisiniers
franais.
A
quoi tient
cette supriorit
traditionnelle
de
nos
matres-queux?
Nous
n avons
pas,
en
France,
d enseignement thorique
de
la
cui-
sine;
les
rares
coles
qui furent fondes
cet
effet
n ont
mme
point
eu
d heureuses
desti-
nes.
Les matres de
l art
semblent,
peu sou-
cieux
de crer des
lves.
Contrairement
aux
peintres,
ils
ne
cherchent
pas
: revivre
dans
leurs
disciples,
et
on ne
citerait
pas,
dans
tout
Paris,
un
atelier de
marmitons.
Chaquegn-
ration
devrait donc
emporter
ses
secrets
dans
la tombe.
Au
lieu de cela,
nous
voyons
des
promotions
de plus
en
plus
florissantes
de
cuisiniers
mrites.
Heureux
pays
omment,
dans
la
pratique, l tranger
re-
crute-t-il chez
nous
ses
Vatels ?
Gnralement,
en
crivant
la
Socit
des
cuisiniers
franais, dont
le sige
est
rue
de
Turbigo et
qui, forte de
quatre
mille
mem-
bres,
fonctionne
depuis
1848
avec
un
succs
toujours
croissant.
La
Socit
prsente,
par
ordre
d inscriptions,
une
liste
de
candidats,
avec
leurs
antcdents
et
leurs
tats
de
ser-
vices;
puis,
les
engagements
se
traitent de
gr
gr.
C est
l Angleterre
et
la
Russie
qui
adressent
le
plus
grand nombre de
demandes.
Le
salaire
mensuel d un
cuisinier franais,
en
Angleterre,
est
de
400
francs
au
minimum
et
monte
frquemment
600
et
700
francs.
Encore
ne
s agit-il
que
d un
bon
ouvrier,
et
non
d un
artiste
cot,
possdant
une
rputa-
tion
individuelle. Le traitement
lui-mme
n est
qu une
part
des
bnfices
du cuisinier.
A
sa
solde s ajoutent
les
remises
des
fournis-
seurs, un
sou
du
franc,
s levant
15
o
20
0/0
du
prix des
denres,
la libre disposition
des
restes
de
la
table,
etc.,
etc.
Ah
on gagne
puis dans
ce
mtier-l que dans
la
diplo-
matie.
Un
exemple
:
Le
chef
des
cuisines
de
M.
de
Rothschild,
de
Londres,
a
achet
dernirement,
Paris,
un
tablissement
qu il
a
pay
comptant
5oo,ooo
francs. Il
avoue
avoir,
pendant
toute
la dure
de
son
service, gagn annuellement
de
40
50,000
francs. Pourtant,
il.
conquit
sa
place
la
faveur
de
son
honntet
et
grce
aux
prodigalits
de
son
prdcesseur. Ce
der-
nier
ralisait
des
bnfices
bien
autrement
Considrables
et
possdait des
quipages
aussi
correctement
attels
que
ceux
de son
patron.
Un
jour,
celui-ci
le
fit
appeler
et
lui
dit
:
Mon
ami,
je
veux
bien
que
vous
fassiez
vos
petites
affaires
chez moi,
mes moyens
me
le
permettent
;
mais
je
ne veux pas que
vous
me
rendiez ridicule
:
vous
aurez
l obligeance
de rendre
votre
tablier.
Et,
dans
les
vingt-quatre heures,
il
le
con-
gdia.
est
l,
en
effet,
le
revers
de
cette
belle
mdaille, qu on
puisse tre
renvoy
du jour
au
lendemain.
Les
domestiques
ont
leurs
huit
jours
,
les
cuisiniers
ne
les
ont
pas;
ainsi le
veut
l usage.
Les
rcentes
ftes de
Gavarni
ont
mis
les
caricaturistes
la
mode.
L aimable
et spirituel Albert
Guillaume
en
a
profit
pour
organiser
dans les
Galeries
de
Charpentier,
104,
boulevard
Haussmann,
une
exposition
de
ses
dessinshumoristiques.
Nous
lui
avons
demand
quatre
de
ces
aquarelles,
que
nous
reproduisons
dans
notre
Suppl-
ment
illustr. Ce
sont
des
scnes militaires
de
vrais
petits
chets-d oeuvre
d humour
et de
fantaisie.
Guillaume
excell
en
ce
genre
o
sa
verve,
joyeuse
et
sans
amertume,
s panouit.
Ce
sont, d ailleurs,
des pages
dtaches
de
son
album.
t
je
ne
sais
ce
qu il
faut admirer
le plus
en elles
;
de la
grce
du
coup
de
plume
ou
de
la
finesse
du
coup
de
pinceau.
Albert
Guil-
laume
et
Georges Courteline
ont
peu prs
la
mme
manirede
caractriser
l arme fran-
aise.
Ils
l aiment
en
la blaguant,
ils la
bla-
guent
en
l aimant.
Et,
pour
eux,
les
gestes
du
pousse-caillou
sont
une source
de
drleries
perptuelles. M.
Guillaume
a
relev
quelques
notes
dans
le
cahier
de
son
sergent
et
il
les
a
illustres:
Deux
jours
de
consigne
au
soldat
Lepin-
tard
pour
avoir
cri
comme
un
ne
en
imi-
tant
la
voix
de
son
capitaine.
Lanternois,
deux
jours
de
salle
de
police.
A
pris le
pain
d
son
camarade
et
est
all
manger
ce
dernier
dans
les.
cabinets,
sous
prtexte
que
le sien
ne
lui tait
pas
suffi-
sant.
Quatre
jours,
a;
salu
cet
officier
avec sa
pipe
dans
ses
dents.
e
sais bien
...
On
peut
en
inventer,
comme
cela, la
douzaine.
Mais
M. Guillaume
a
cueilli
des
mots
plus profonds.
Par
exemple,
cette
rflexion
de
l adjudant
qui
rappelle
un
bleu
au
sentiment
du
res-
pect:
D abord,
on
doit se taire
quand
on
parle un suprieur.
Et
cette
dfinition
du
caporal
charg
d ap-
prendre
son
escouade
la
thorie
:
Nous
allons
faire le
mouvement
de
marquer
le
pas.
C est
comme
si,
une
supposi-
tion,
on
marcherait
en
restant
sur
place,
sans
bouger,
mais
tout
en
faisantmarcher
lesjam-
bes
nanmoins.
Je
vous
dis qu Albert Guillaume
est
un des
hommes
les plus
gais
de
Paris...
Il
croque
aussi
gentiment
les
petites
femmes
que
les
militaires.
Allez
feuilleter
ses
dessins
chez
Charpentier.
La
vue
n en
cote
rien
...
Dans
la bote des
Annales,
nous
trouvons
cette
amusante
fantaisie
propos
de la
reprise
de
Cyrano
de
Bergerac:
Rostand, tes
Cadets de Gascogne
Sont
bellement pharamineux
;
Ils
sontardents
la
besogne,
Rostand,
tes
Cadets de
Gascogne.
Qu on
aime, qu on
boive
ou
se
cogne,
Grandiloquents
et valeureux,
Rostand,
tes Cadets de Gascogne
Sont
bellement pharamineux.
Le
joyeux verbe
de
Gascogne
Est
chaud,
vibrant
et
gnreux
;
l
scintlle,
il
abonde,
il
rogne,
Le joyeux varbe deGascogne.
Le
rire
du
Cadet,
ivrogne
Mme,
clate
en
traits
valeureux
;
Le
joyeux
verbe
de
Gascogne
Est
chaud,
vibrant
et
gnreux.
Rostand,
le
chemin de Gascogne
...
Qui
mne
Rome
les
musards,
Arrive
l Htel
de Bourgogne,
Bostand,
le chemin
de
Gascogne,
Et,
s loignantde
la
Dordogne,
Par la
grand route
des
hasards,
Rostand,
le
chemin
de
Gascogne
T aura
conduit...
au
font des
Arts.
CYRANO (de
Paris).
Pas
mal
trouss,
le
triolet, pour
un
triolet
d amateur
Toujours
les
candidats fantaisistes.
Il
n y
en
a pas
qu enprovince.
J en
sais plus
d un
Paris.
e
candidat
photographe,
par
exemple,
qui
opre
sur
la rive
gauche.
Il
a
imagin de
tirer
ceux
qui
se mon-
trent ses
partisans
rsolus.
Ils
vont
poser
et,
quelques
jours
aprs,
-
7/25/2019 bpt6k5709821d
8/18
262
LES
ANNALES
POLITIQUES ET
LITTRAIRES
leur
candidat
leur
offre
deux
ou
trois
preuves,
pas
davantage.
Seulement,
comme
ils
sont
assez
ressem-
blants,
comme
les
prix
du
photographe
ne
sont
pas
trs levs, les
lecteurs
lui
com-
mandent
qui
une
demi-douzaine,
qui
une
douzaine
de portraits-cartes,
qu il
ne
leur
offre
pas,
par
exemple. Et le
tour
est
jou.
La
priode lectorale
aura
t,
pour ce
can-
didat-l,
une
srie d heureuses
preuves.
Nul
plus
que
lui
ne
souhaite
un
second
tour
de
scrutin.
Donc,
sur
le champ
de
la bataille
lectorale
gisent
de nombreux
laisss-pour-compte
,
rvrence parler.
Voici quelques
noms
de
quelques
appels
clbres qui,
eux non
plus,
ne
furent
pas
lus
:
Il
y
eut
jadis M.
Ingres lui-mme
un
vio-
lon
Puis
MM.
J.
Claretie,
qui
se
prsenta
en
871
dans
le dpartementde
la Haute-Vienne;
Louis Asseline,
Louis Ulbach,
Gilbert-Mar-
tin,
le
caricaturiste
;
Ernest
Renan,
qui
se
prsenta
aux
lections gnrales
de 1869
dans
un
arrondissement
de Seine-et-Marne.
En
1848,
s taient
ports
dans
diffrents
dpartements,
comme
reprsentants
l As-
semble nationale
:
L artiste
dramatique
Bocage,
l ancien pu-
bliciste Cauchois Lemaire,
l architecte
Csar
Daly, le sculpteur
Etex, le peintre
Jeamon,
l historien Philippe
Lebas,
le
critique
d art
Thophile
Tor,
le pote
Lefvre-Deumier,
le
docteur
Giraudeau
Saint-Gervais
;
Alphonse
Karr,
qui
ne
faillira
pas
au
mandat
dont il
comprend
la gravit,
mais
qui
n osera
d au-
cune
manoeuvre,
mme laplus
innocente,
pour
se
faire lire
;
Louis Ulbach,
le
romancier
Paul
Fval,
le bibliophile
Jacob.
En
1885,
M.
Ferdinand
Dugu,
l auteur
des
Pirates
de la
Savane,
se porta
candidat
au
Snat.
Enfin,
un
artiste
lyrique
connu,
Char-
les Bataille,
de l Opra,
qui cra
le Val d An-
dorre
et
l toile
du
Nord
et
qu on
porta,
en
1871,
sur
la liste
de l Union
dmocratique,
aux
lections lgislatives
de
la
Loire-Inf-
rieure,
y
obtint
moins de
succs
qu au th-
tre.
X
Les peintres
sont
l ordre
du jour.
Je
rap-
pelais,
tout
l heure,
qu aux
lections
de
1848
Fauteur de la Source fut
candidat...
malgr
lui,
comme en
fait
foi
ce
passage
d une
lettre
son
ami; le
graveur
Paulin
:
Effectivement,
ce
n est
pas sans
surprise
que
je
me
vois
dsign
comme
candidat l Assemble
constituante;
mais
tout
en
tant
on
ne
peut
plus
flatt
de
cette
distinction,
je
ne
crois
pas
pouvoir
l accepter, ni,
par
consquent,
devoir
me
prsen-
ter
la runion de la
Socit
des
Artistes
indus-
triels,
attendu
que
moi, simple
artiste,
quoique
tout
dvou
la
Rpublique,
je
n ai
nullement
l habitude de
parler
en
public,
que
je
suis
trs
peu
vers dans les choses
de haute
lgislation,
que
j ai
l ouie fort dure,
et
que,
de
plus,
mes
oc-
cupations
d art
et
mes
devoirs
de professeur
ne
me
laisseraient
pas
le
temps
de
satisfaire
un
tmoignage
aussi
clatant
de
la
confiance de
mes
concitoyens.
Dans l intrt
de
l art,
Ingres
a
bien
fait
de
ne
pas
dlaisser
la
palette...
et
le violon.
C et
t de l Ingr...
atitude.
Nous
donnons
plus loin
les
derniers
r-
sultats
du
Concours
de Printemps
:
le Conte
d une grand mre
ses
pe