Boucle d’or et les 33 Variations

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Boucle d’or et les 33 Variations Spectacle musique, ombres et images autour des Variations Diabelli de Beethoven Compagnie Les Rémouleurs Spectacles en temps scolaire Mardi 3 avril 14h30, jeudi 5 et vendredi 6 avril 10h00 et 14h30 Mardi 3 avril 14h30, jeudi 5 et vendredi 6 avril 10h00 et 14h30 Mardi 3 avril 14h30, jeudi 5 et vendredi 6 avril 10h00 et 14h30 Mardi 3 avril 14h30, jeudi 5 et vendredi 6 avril 10h00 et 14h30 Spectacle familles Mercredi 4 avril 17h Mercredi 4 avril 17h Mercredi 4 avril 17h Mercredi 4 avril 17h Théâtre Jacques Cœur à Lattes Théâtre Jacques Cœur à Lattes Théâtre Jacques Cœur à Lattes Théâtre Jacques Cœur à Lattes Durée : 50 min environ Cahier Cahier Cahier Cahier pédagogique pédagogique pédagogique pédagogique Saison 2011-2012 Service Jeune Public et Actions Culturelles - 04 67 600 281 - www.opera-orchestre-montpellier.fr

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Boucle d’or et les 33 Variations Spectacle musique, ombres et images autour des Variations Diabelli de Beethoven

Compagnie Les Rémouleurs

Spectacles en temps scolaire

Mardi 3 avril 14h30, jeudi 5 et vendredi 6 avril 10h00 et 14h30Mardi 3 avril 14h30, jeudi 5 et vendredi 6 avril 10h00 et 14h30Mardi 3 avril 14h30, jeudi 5 et vendredi 6 avril 10h00 et 14h30Mardi 3 avril 14h30, jeudi 5 et vendredi 6 avril 10h00 et 14h30 Spectacle familles

Mercredi 4 avril 17hMercredi 4 avril 17hMercredi 4 avril 17hMercredi 4 avril 17h

Théâtre Jacques Cœur à Lattes Théâtre Jacques Cœur à Lattes Théâtre Jacques Cœur à Lattes Théâtre Jacques Cœur à Lattes Durée : 50 min environ

CahierCahierCahierCahier pédagogiquepédagogiquepédagogiquepédagogique Saison 2011-2012 Service Jeune Public et Actions Culturelles - 04 67 600 281 - www.opera-orchestre-montpellier.fr

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Boucle d’or et les 33 VariationsBoucle d’or et les 33 VariationsBoucle d’or et les 33 VariationsBoucle d’or et les 33 Variations Spectacle musique, ombres et images autour des Variations Diabelli de Beethoven PublicsPublicsPublicsPublics : Primaires (CP : Primaires (CP : Primaires (CP : Primaires (CP ---- CE2)CE2)CE2)CE2)

Compagnie Les RémouleuCompagnie Les RémouleuCompagnie Les RémouleuCompagnie Les Rémouleursrsrsrs

Jacques JouetJacques JouetJacques JouetJacques Jouet Auteur

Anne BitranAnne BitranAnne BitranAnne Bitran Mise en scène

Elsa Elsa Elsa Elsa DedieuDedieuDedieuDedieu Assistance à la mise en scène

JeanneJeanneJeanneJeanne BleuseBleuseBleuseBleuse Pianiste

Bénédicte OberBénédicte OberBénédicte OberBénédicte Ober et Olivier ValletOlivier ValletOlivier ValletOlivier Vallet Comédiens –marionnettistes

Benoit Aubry, Benoit Aubry, Benoit Aubry, Benoit Aubry, Manipulation, régie

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La célèbre Boucle d'or vue de différents points de vue... La célèbre Boucle d'or vue de différents points de vue... La célèbre Boucle d'or vue de différents points de vue... La célèbre Boucle d'or vue de différents points de vue...

Il était une fois, trois ours qui vivaient dans une jolie cabane, au cœur de la forêt… Un jour, pendant que la famille était en promenade, une petite fille arriva près de la maison. Elle avait des cheveux si bouclés et si dorés qu’on l’appelait Boucle d’Or. Apercevant une maison, elle frappa à la porte. Personne ne répond. Elle entre… En 1823, Beethoven avait composé les 33 Variations sur une valse de Diabelli. Pour ce spectacle, Jacques Jouet a écrit dix versions du conte de Boucle d’or. « Par ce spectacle, nous voulons introduire le jeune public à la richesse et au plaisir d’un jeu littéraire et graphique à travers la déclinaison ad libitum d’un thème. En partant d’une histoire simple et courte, connue de tous, il s’agit d’explorer quelques-uns des possibles offerts par la variété des modes de narration, des partis pris graphiques, de jeu ou de mise en scène. En pariant sur l’intelligence des enfants et en jouant sur le plaisir de la répétition, nous voulons proposer différentes lectures de cette œuvre énigmatique. En effet, il s’agit d’un conte dans lequel l’héroïne, dont on ne sait rien, vient de nulle part, s’enfuit et repart vers l’inconnu après avoir vainement tenté de trouver sa place dans un univers très (ou trop ?) bien ordonné. La multiplicité des partis pris de représentation et l’utilisation de techniques diverses et surprenantes, issues des recherches que mène la compagnie depuis des années sur l’univers de la fantasmagorie aux XVIIIe et XIXe siècles, nous permettront d’explorer, sur un mode ludique, les différentes interprétations possibles. » Olivier Vallet Nous voici dans l’univers fantasmagorique propre au travail et aux inventions optiques de cette compagnie. Dans le but de la création d’un spectacle jeune public, la compagnie a proposé à Jacques Jouet, avec lequel elle a des liens d’amitié anciens, de lui écrire un texte avec une contrainte littéraire oulipienne : raconter dix fois la même histoire. Le spectacle explore différentes lectures de cette œuvre énigmatique : un conte dans lequel l’héroïne, dont on ne sait rien, vient de nulle part, s’enfuit et repart vers l’inconnu après avoir vainement tenté de trouver sa place.

Photographie du spectacle

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Musique,Musique,Musique,Musique,

Les Les Les Les 33 Variations Diabelli 33 Variations Diabelli 33 Variations Diabelli 33 Variations Diabelli de Beethovende Beethovende Beethovende Beethoven

En 1819, Anton Diabelli, compositeur et éditeur, invite une cinquantaine de musiciens (parmi lesquels figurent notamment Schubert et Liszt, alors âgé d’à peine dix ans) à composer une variation autour d’une valse dont il est l’auteur.

Beethoven se prend au jeu alors qu’il est attelé à l’écriture de la Neuvième Symphonie et en compose trente-trois. Achevées en 1823, les Variations Diabelli opus 120 sont à la fois un véritable chef-d’œuvre du genre, égalant les Variations Goldberg de Bach, et un « monument » dans l’œuvre pour piano du compositeur par ses dimensions (presque une heure de musique) mais aussi par l’audace et la subtilité de l’écriture.

Les musicologues ont souvent parlé de « testament pianistique ». Beethoven ne composera plus pour le piano que les Six Bagatelles.

Quelques mots de la pianisteQuelques mots de la pianisteQuelques mots de la pianisteQuelques mots de la pianiste

Tout le monde connaît le conte de boucle d'or mais que sait-on au juste de cette jeune fille. D'où vient-elle? Pourquoi est-elle si loin de chez elle? Où repart-elle si prestement ensuite ? Jacques Jouet s'est amusé de ces zones d'ombre pour imaginer plusieurs variantes à cette histoire. Ainsi de la saga islandaise au conte médiéval, tout y passe! Tandis que les comédiens-marionnettistes projettent mille et une couleurs qui se reflètent sur un mystérieux miroir liquide, le piano répond par l'une des variations Diabelli de Beethoven. La variationLa variationLa variationLa variation Si la variation n'est pas un genre littéraire au même titre que le récit, la nouvelle et l'autobiographie, elle est en revanche une forme très codée en Musique. Au même titre que la sonate, le rondo, le lied par exemple, le thème et variation est une forme à part entière. C'est un procédé musical permettant d'apporter des modifications à un thème (ici une valse de Diabelli); elles peuvent être rythmiques, harmoniques ou même mélodiques. Cette forme a inspiré et continue d'inspirer les plus grands compositeurs. Le thème peut être écrit par le compositeur lui même ou emprunté à un autre ; il peut aussi faire partie de la culture populaire, une chanson, un air traditionnel transmis oralement ; dans ce cas le compositeur l'harmonise à sa manière ; ainsi " Ah! Vous dirais-je, Maman " l'une des comptines les plus populaires a donné naissance à des variations écrites pour piano en 1771 par Mozart.

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L'origine des variations DiabelliL'origine des variations DiabelliL'origine des variations DiabelliL'origine des variations Diabelli Un pianiste, un compositeur, Diabelli est aussi un pédagogue reconnu à qui l'on doit de nombreuses partitions écrites pour l'apprentissage du piano. Il est également éditeur et a publié notamment Haydn, Schubert et Mozart. L'histoire retient aussi de lui une valse en do majeur qu'il a proposée comme "exercice de style" à une quarantaine de compositeurs dont Liszt, Schubert, Hummel et bien sûr Beethoven. Et parmi toutes, ce sont les variations de Beethoven qui marquèrent l'histoire de la musique, on qualifia l'œuvre de "monument visionnaire" dès sa première exécution. A "variations", Beethoven préfèrera "transformations": en effet si la cellule thématique est facilement identifiable dans les variations 9 ou 10 par exemple, elle est nettement moins reconnaissable dans les variations 31 ou 22. Avec cette parenthèse Mozartienne, variation 22 autour du très célèbre air " Notte e giorno faticar " extrait de l'opéra " Don Giovanni", Beethoven pousse les limites de la variation dans ses ultimes retranchements, indiquant même une volonté de dissoudre le matériau de départ. La modernité de Beethoven conjuguée à un conte universel et La modernité de Beethoven conjuguée à un conte universel et La modernité de Beethoven conjuguée à un conte universel et La modernité de Beethoven conjuguée à un conte universel et indémodableindémodableindémodableindémodable Le thème est espiègle et enlevé, comme une illustration du caractère de Boucle d'or. La jeune fille évoque aussi la désinvolture et l'insouciance que les 3 temps de la valse accompagnent. Au cours de ce voyage, nous pourrons par exemple entendre la variation 14 "grave e maestoso" au rythme surpointé et lent qui colorera la variation "à la manière d'un conte du moyen-âge" de Jacques Jouet ; ou bien la variation 10 : "presto" infernal où se répondent la main gauche et la main droite du pianiste par des montées ou descentes d'octaves vertigineuses : Boucle d'or poursuivie par les 3 ours. Ou enfin une fugue : forme d'écriture contrapuntique, proche du principe du canon. Comme si s’entremêlaient, se mélangeaient, se conjuguaient toutes les Boucles d'or imaginées. "Fuga" : fuir en latin ; celle-ci se terminant sans cadence parfaite, en suspens, comme ce conte qui nous laisse le soin d'inventer une fin.

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Textes…Textes…Textes…Textes…

Qu’estQu’estQu’estQu’est----cccce que l’Oulipo ?e que l’Oulipo ?e que l’Oulipo ?e que l’Oulipo ? OULIPO ? Qu’est ceci ? Qu’est cela ? Qu’est-ce que OU ? Qu’est-ce que LI ? Qu’est-ce que PO ? OU c’est OUVROIR, un atelier. Pour fabriquer quoi ? De la LI. LI c’est la littérature, ce qu’on lit et ce qu’on rature. Quelle sorte de LI ? La LIPO. PO signifie potentiel. De la littérature en quantité illimitée, potentiellement productible jusqu’à la fin des temps, en quantités énormes, infinies pour toutes fins pratiques. QUI ? Autrement dit qui est responsable de cette entreprise insensée ? Raymond Queneau, dit RQ, un des pères fondateurs, et François Le Lionnais, dit FLL, co-père et compère fondateur, et premier président du groupe, son Fraisident-Pondateur. Que font les OULIPIENS, les membres de l’OULIPO (Calvino, Perec, Marcel Duchamp, et autres, mathématiciens et littérateurs, littérateursmathématiciens, et mathématiciens-littérateurs) ? Ils travaillent. Certes, mais à QUOI ? À faire avancer la LIPO. Certes, mais COMMENT ? En inventant des contraintes. Des contraintes nouvelles et anciennes, difficiles et moins diiffficiles et trop diiffiiciiiles. La Littérature Oulipienne est une LITTERATURE SOUS CONTRAINTES. Et un AUTEUR oulipien, c’est quoi ? C’est « un rat qui construit lui-même le labyrinthe dont il se propose de sortir ». Un labyrinthe de quoi ? De mots, de sons, de phrases, de paragraphes, de chapitres, de livres, de bibliothèques, de prose, de poésie, et tout ça... Comment en savoir plus ? En lisant. En lisant quoi ? D’abord quelques ouvrages de base, comme ceux-ci, qui donnent une vue d’ensemble de la production oulipienne, théorique et pratique jusqu’en 1981 : - OULIPO, La Littérature Potentielle, éd. Gallimard, 1973 (2e édition, Folio, 1988) - OULIPO, Atlas de Littérature Potentielle, éd. Gallimard, 1981 (2e édition, Folio, 1988) Et quoi encore ? Quelques ouvrages plus récents présentant une grande quantité de contraintes nouvelles, accompagnées de textes les illustrant : - OULIPO, La Bibliothèque Oulipienne, 3 volumes, éd. Seghers, 1990 Et quoi encore ? - les fascicules de la Bibliothèque Oulipienne, disponibles auprès d’Olivier Salon ([email protected]) Par Jacques Roubaud et Marcel Bénabou www.oulipo.net

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Extraits du texte Extraits du texte Extraits du texte Extraits du texte de Jacques Jouetde Jacques Jouetde Jacques Jouetde Jacques Jouet F.F.F.F.

Il était une fois une fillette filiforme et frisée pas farouche qui fit une fugue. Elle fonça dans la forêt et se faufila dans un foyer où fonctionnaient trois fours, un four petit, un four à feu moyen et un four d’un fort format. La fillette était fofolle, elle força les fours et vit quoi ? Des frites, des fricandeaux, des falafels ? Fariboles ! Elle vit des petits fours. Elle bâfra les petits fours et s’empiffra. La fête ! Or, au foyer, il y avait trois fauteuils, un fameux fauteuil (un peu fatigué), un fauteuil pas folichon et un fauteuil de fiston tout neuf. La fille fit la fière dans le fauteuil de fiston tout neuf. Or, au foyer, il y avait trois bottes de foin, du fané, du figé et du frais. Elle farfouilla, défit la ficelle du foin le

plus fin, s’affala et ferma les yeux. Or, le foyer était le foyer d’une famille franco-française pas facile avec les différences. – Mon foin, mon fauteuil, mes petits fours ! dit le p’tit ours. Catastrophe ! La fillette s’enfuit. Fin.

ListesListesListesListes Une fille ; deux jambes à son cou ; trois kilomètres ; quatrième vitesse ; cinq heures de l’après-midi ; cent vingt cinq mille cheveux blonds. Une maison ; deux fenêtres ; trois bols. Une maison ; deux pentes du toit ; trois chaises ; douze pieds.

Une chambre ; deux descentes de lit ; trois lits ; trois oreillers ; trois couettes ; une dormeuse. Une maison ; deux portes ; trois ours ; trois étonnements ; trois plaintes ; trois colères ; trois scandales ; un réveil ; une fuite.

RythmesRythmesRythmesRythmes Vite, Boucle d’Or, vite, vite ! Saute par la fenêtre ! Ta mère a le dos tourné. Pfuit. Et cours dans la forêt. Pas la peine de compter les arbres. Vite ! Les petits cailloux blancs. Oh ! Une maison. Vite, entre ! Grand bol, moyen bol, petit bol, c’est dans le petit qu’est le meilleur chocolat. Vite ! Grande chaise, moyenne chaise, petite chaise. La plus petite est la plus confortable. Vite ! Grand lit, moyen lit, lit petit. Small is beautiful. Dors. Tranquille, les ours, tranquille… Y a pas le feu au bol… On dirait bien que… Ouais… c’est bien possible… Qu’on ait bu dans nos bols, bon, c’est pas la fin du= monde, non plus… Cette chaise a été un peu bougée ?… Peut-être, peut-être… On va pas non plus en faire un fromage… Oh la la… Une petite blonde dans ton pieu ? Mais non… Qu’est-ce que tu vas encore inventer ?

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… et images.… et images.… et images.… et images.

Une dramaturgie de l’imageUne dramaturgie de l’imageUne dramaturgie de l’imageUne dramaturgie de l’image Procédés anciens et outils d’aujourd’Procédés anciens et outils d’aujourd’Procédés anciens et outils d’aujourd’Procédés anciens et outils d’aujourd’huihuihuihui

Si l’image est maintenant couramment utilisée sur les plateaux de théâtre, les procédés utilisés appartiennent la plupart du temps à des genres connus : image filmée, vidéo et parfois cinéma, ou théâtre d’ombres. Or, un autre genre de spectacle d’images a existé en France, approximativement du XVIIe siècle à la fin du XIXe siècle : le spectacle catoptrique, utilisant lanternes magiques, miroirs sans tain, « camera oscura », praxinoscopes et autres boîtes optiques. Ce genre, illustré notamment par Robertson au XVIIIe siècle et Émile Reynaud à la fin du XIXe, a eu une vogue exceptionnelle durant deux siècles, avant de disparaître, tué par l’invention qu’il avait lui-même engendrée : le cinématographe. Ces spectacles avaient recours à des comédiens, accessoiristes, manipulateurs, projectionnistes et musiciens. Depuis une dizaine d’années maintenant, pour la compagnie Les Rémouleurs comme pour d’autres, j’ai entrepris de rendre vie à ces techniques oubliées, en mettant à leur service les matériaux et les outils offerts par la technologie contemporaine : lampes HMI, verres anticaloriques, miroirs souples et optiques de haute qualité. Pour expliquer ma démarche, la comparaison avec l’univers de la marine pourrait fournir une analogie satisfaisante : lorsque l’arrivée de la vapeur les a rendus obsolètes, les clippers et autres trois-mâts du XIXe siècle étaient parvenus à une quasi perfection technologique. C’est le monde de la course contemporain qui a relancé ces techniques, leur assignant de nouveaux objectifs. Dans notre société, où le spectateur est abreuvé d’images dès son plus jeune âge, où la télévision impose sa présence dans pratiquement tous les foyers, où le cinéma a sans cesse recours à de nouveaux « effets spéciaux », la présence de l’image sur un plateau de théâtre ne peut plus se justifier par la simple volonté d’éblouir, de fasciner. Les images que mes machines produisent ont un autre grain que celui de l’image vidéo ou cinéma, leur fabrication se fait en direct, à vue, à l’aide de principes optiques simples, artisanaux. C’est du théâtre. Olivier Vallet, concepteur de systèmes de projections, prix Lumière aux Trophées Louis Jouvet en 1998, 2000 et 2002.

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ScénographieScénographieScénographieScénographie ---- lumière etlumière etlumière etlumière et imagesimagesimagesimages

Il s’agit d’un spectacle d’ombres et d’images manipulées à vue : partant d’un tableau du peintre Balthus (1908 - 2001), nous traversons des univers variés et improbables, de la saga islandaise au conte médiéval en passant par le diagnostic médical et le récit de rêves. L'histoire est contée par trois comédiens différents, accompagnés au piano.

Par moments interviennent des images abstraites et tourbillonnantes générées par un film de savon : un objet inhabituel et fascinant. Imaginez la surface d’une bulle retenue entre deux fils, manipulée en direct et alimentée en permanence. C’est un objet qui n’est jamais immobile, puisque le liquide qui le constitue coule à la vitesse de deux mètres par seconde, que le moindre courant d’air ou la plus petite action du manipulateur modifie sa forme, et qu’on y voit apparaître et disparaître sans cesse des tourbillons irisés.

Il ponctue le spectacle, utilisé tantôt comme un miroir dans lequel se reflètent les comédiens, et tantôt comme un réflecteur pour des projecteurs dissimulés dans son socle, générant des images tourbillonnantes et colorées.

Les ombres sont également présentes, projetées de manière traditionnelle sur un drap blanc. D’autres projections d’images, de photographies interviennent également dans la mise en scène pour accompagner le récit et plonger le spectateur dans une ambiance assez onirique.

On remarque également l'utilisation du cyclope, qui renvoi en très grand l'image des mains et des objets que les comédiens placent à l'intérieur du dispositif. L'image est projetée sur les murs ou le plafond de la salle, à l'envers de la réalité. Cette machine optique, inspirée des techniques du 18ème siècle, projette des reflets en couleurs au grain particulier: ni vidéo, ni cinéma. Cette machine a été créée par Olivier Vallet.

Photographie du spectacle

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Brève histoire du théâtre d’ombresBrève histoire du théâtre d’ombresBrève histoire du théâtre d’ombresBrève histoire du théâtre d’ombres1111 Le théâtre d’ombres consiste à projeter sur un écran des ombres produites par des silhouettes que l’on interpose dans le faisceau lumineux qu’éclaire cet écran. Ses origines sont très anciennes mais c’est en Asie que le théâtre d’ombre naît. Utilisé d’abord à des fins religieuses, puis à des fins profanes, il est rapidement devenu une forme particulièrement séduisante de spectacle populaire. En Chine et en Thaïlande, les silhouettes découpées dans la peau de buffle à l’aide de minuscules emporte- pièces, semblent composées d’une matière translucide permettant de délicates colorations. Elles sont manipulées à l’aide de fines tiges de bois ou de corne, qui permettent de faire jouer leurs articulations. C’est au 18ème siècle que l’Europe découvrit le théâtre d’ombres par ce qu’en rapporta un missionnaire revenant de Chine. A Paris en 1775, Dominique Séraphin (fondateur des ombres chinoises en France) propose dans un entresol du Palais Royal un théâtre de silhouettes avec décors à transformations, permettant féeries, métamorphoses et fantasmagories diverses. Fin 19ème siècle, le théâtre d’ombres du Chat noir relance la tradition en utilisant cette fois des ombres découpées dans des feuilles de zinc au lieu du carton traditionnel, ce qui leur assurait une meilleure rigidité. Aujourd’hui le théâtre d’ombres a sa place dans le spectacle vivant contemporain, l’usage des nouvelles technologies (lumières, vidéo) et des nouvelles matières (qui renouvèlent les propriétés de l’écran et des ombres) permettant aux marionnettistes de nouvelles voies d’expressions théâtrales.

Photographie du spectacle

1 Extrait du dossier d’approfondissement du Théâtre de la Marionnette de la ville de Pantin

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La compagnie Les RémouleursLa compagnie Les RémouleursLa compagnie Les RémouleursLa compagnie Les Rémouleurs Créée en 1983, la compagnie Les RémouleursLes RémouleursLes RémouleursLes Rémouleurs2222 s’est développée en explorant constamment des voies originales et marginales : théâtre de rue, théâtre musical, marionnette, théâtre scientifique. Durant ces vingt années, elle a privilégié la recherche de nouvelles formes scéniques, celle d’un public différent (celui qui n’a pas l’habitude d’aller au théâtre), et l’exigence d’un texte fort. Formée autour d’un noyau de marionnettistes et de comédiens venant du théâtre de rue, elle fait appel, suivant ses créations, à différents metteurs en scène de théâtre. Elle lie un travail de recherche plastique (exploration de nouvelles techniques et redécouvertes de techniques oubliées) à un travail théâtral cherchant à ouvrir de nouveaux champs d’action à la marionnette : textes de théâtre contemporain, littérature, science. Elle intervient dans les lieux les plus divers : théâtres, évidemment, dont plusieurs Centres Dramatiques Nationaux et Scènes nationales cette saison, mais aussi rues, bibliothèques ou même des endroits plus inattendus encore, comme les bars ou les fermes. La compagnie les Rémouleurs est soutenue par la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Ile de France- Ministère de la Culture et de la Communication.

BiographiesBiographiesBiographiesBiographies des artistesdes artistesdes artistesdes artistes Anne BAnne BAnne BAnne Bitran,itran,itran,itran, metteur en scène Comédienne et marionnettiste, cofondatrice de la compagnie Les Rémouleurs avec Olivier Vallet en 1983, Anne Bitran fabrique, manipule et prête sa voix à ses marionnettes. Ses spectacles (Pierre et le Loup, Chaosmos, Ginette Guirolle, Le Nombril d’Adam, Lubie, Hulul, Machina Memorialis, Nouveau Spectacle extraordinaire) ont tourné dans de nombreux festivals de marionnettes, en France et à l’étranger. Son spectacle Ginette Guirolle, marionnette de bar, a ouvert à ses créations les portes de nombreuses institutions culturelles : plusieurs centres dramatiques nationaux (Montpellier, La Commune-Aubervilliers, Nanterre-Amandiers, Besançon, Vire, Lille-Le Grand Bleu) et de nombreuses scènes nationales. Une des particularités de son travail est l’extrême attention qu’elle porte au rapport entre musique et image. Chez elle, la musique n’est jamais un accompagnement de l’image, mais au contraire une de ses sources.

Alain Juteau, Alain Juteau, Alain Juteau, Alain Juteau, scénographe Scénographe, fabricant d’éléments de décors. Passionné depuis son enfance par l’os déterré, le poil, la plume, les clous rouillés, le cuir cuit, le bois raviné et toutes les matières naturelles chargées de vie et de mort, qui en portent la trace, Alain Juteau s’applique à perpétrer un art ancestral et universel, celui du totem et du fétiche. Il essaie de prolonge sa présence rassurante parmi nous. Décorateur, fabricant d’accessoires pour le cinéma ou le théâtre, Alain Juteau s’échappe des contraintes et des exigences de son métier en prolongeant son activité dans une production très inspirée, Son univers se peuple alors d’êtres étranges, ceux d’un panthéon shamanique. C’est un voyage autour du monde, dans un cabinet de curiosité, qui nous ramène à nos origines.

2 Biographie extraite du site officiel de la compagnie des Rémouleurs

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Olivier ValletOlivier ValletOlivier ValletOlivier Vallet, comédien, constructeur Fasciné par la lumière, Olivier Vallet travaille depuis une dizaine d’année à renouveler le langage de l’image animée au théâtre, en lui offrant de nouveaux moyens d’expressions inspirés des techniques anciennes de projection. Ses inventions ont été récompensées à trois reprises par le prix « LUMIERE » aux TROPHEESLOUISJOUVET, (en 1998 pour la conception d’un globo articulé, en 2000 pour le Cyclope, épiscope permettant la projection animée et en couleurs d’objets en volume, en 2002 pour la réalisation d’un système de projection avec effet 3D à base de miroirs souples). Sa proposition d’utilisation scénique d’un film de savon pour ce spectacle lui a valu avec François Graner (CNRS) et Patrice Ballet (Institut de spectrométrie physique), de recevoir le pris A.R.T.S (Arts, Recherche, Technologies et Sciences). Outre son apport aux créations de la Compagnie les Rémouleurs (conception d’ombres et d’instruments de projections originaux pour LUBIE, HULUL, LE NOMBRIL D’ADAM, lumière pour GINETTE GUIROLLE), il participe à diverses aventures théâtrales qui toutes d’une manière ou d’une autre, mettent en jeu la lumière, les ombres et les projections.

Jeanne BleuseJeanne BleuseJeanne BleuseJeanne Bleuse, pianiste Elle commence ses études de piano au conservatoire de Boulogne dès l’âge de 6 ans. Elle poursuit sa formation à Toulouse auprès de Véronique Grange. Admise dans la classe supérieure de Marie-Paule Siruguet en septembre 2000, elle obtient un premier prix à l’unanimité au conservatoire de Boulogne. Elle a également travaillé avec Marie-Joseph Jude et Jean-François Heisser. En décembre 2001, elle a été invitée à jouer le double concerto pour clavier et violon de J. Haydn en compagnie du violoniste Gilles Colliard. Pendant l’année scolaire 2002/2003, elle effectue une année de perfectionnement à Tbilissi dans la classe de Nana Dimitriadi au Conservatoire National Supérieur de Georgie. En février 2003, elle joue le triple concerto de Beethoven avec ses deux frères à la Halle aux Grains de Toulouse.

Bénédicte Ober,Bénédicte Ober,Bénédicte Ober,Bénédicte Ober, comédienne Bénédicte Ober commence sa recherche de comédienne à Marseille avec divers metteurs en scène (Matthieu Cipriani, Nanouck Broche…) autour de textes contemporains, en parallèle, elle créé avec une autre comédienne et un musicien de jazz la compagnie « je sais bien mais quand même » aboutissant à la création de trois spectacles-chantier. C’est avec les Rémouleurs qu’elle découvre, tâte, et manipule la marionnette qui la fascine par la distance qu’elle implique entre le sujet et l’acteur et par la sensation de liberté qu’elle procure. Autre fascination : celle de la musique indissociable du travail de la compagnie et de sa recherche personnelle. Au-delà des trois spectacles où elle est investie (Le Nombril d’Adam, Hulul et Lubie), elle continue son travail de comédienne.