Bordeaux Et Le Pouvoir Royal

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BORDEAUX ET LE POUVOIR ROYAL DE LA CONQUETE FRAN^AISE A LA REVOLTE DU PAPIER TIMBRE (1453-1675) Laurent Coste Universidad de Burdeos III L'historiographie a longtemps insiste siir le lent déclin de l'autonomie bordelaise. A la fin du XlXe siécle, Henri Barckhausen, dans sa présentation des institutions municipales de la vüle, multíplie les aUusions á l'emprise croissante du pouvoir cenlral apiés l'áge d'or an- glais : « Vassaux de princes qui ménageaientprudemment des sujets trop éloignés d'eux, les maire et juráis finirent par exercer presque tous les pouvoirs de chefs d'une république in- dépendante. (...) Aprés les événements de 1451 et 1453, cet état de chases changea sans re- tour. Les rois de France... laplacérent sous la tuíelle continué, et souventjalouse, de tribu- naux, d'officiers et de commissaires établis á Bordeaux pour défendre ou servir les intéréts du pouvoir central»'. Plus récemment, les auteuis du quatriéme volume de la monumentale Histoire de Bordeaux, publiée sous les auspices de la Fédération Historique du Sud-Ouest, ont conforté cette visión en des termes signiñcatí&. Dans le chapitre consacré á l'évolution du XVne siécle et intitulé « Assujettissement politique et émotions populaires », les sous parties portent des titres aussi éloquents que «L'envers du décor: lapression fiscale » ou « La décadence de l'autonomie ntunicipale»^. Faut-il conforter, infirmer ou nuancer ees af- firmations, étayées pourtant par des faits incontestables ? Une étude de l'évolution des rap- ports entre la vüle et le pouvoir central, ne peut s'abstraire d'une présentation des priviléges que la ville avait conserves aprés son intégration au royaimie de France en 1453. La période 1548-1675, qui n'a pas fait l'objet d'études recentes, á l'exception de la Fronde, témoigne d'une évolution pour le moins chaotique, oú altement des périodes de perte des priviléges et de l'autonomie, et des reconquétes, partielles ü est vrai, de ees mémes fianchises. La ville est sous le controle croissant des institutions monarchiques et méme si elle peut tirer parfois profit de leurs rivalités intestines, l'emprise du pouvoir royal s'accentue de maniere défíni- tive aprés 1653. De nombreux signes montrent toutefois que la mise sous tutelle firt phis lente á Bordeaux que dans d'autres grandes villes du royanme comme Lyon, Nantes ou Marseille. /. Les priviléges bordelais avant 1548 Nous laissons aux Médiévistes le soin de déterminer si, sous la domination des Planta- genets, la capitale de Guyenne pouvait étre assimilée á une «république». Si á l'automne 1453, Charles VE pardoime aux Bordelais leur rébeUion et désobéissance, c'est, prend ü soin d'afiSrmer, « en reservara toutefois en [sa] bonne gráce les priviléges d'icelle ... ville»^. Tres vite toutefois, il faut rétabUr les privüéges de cette ville, dans les domaines po- litiques, administratíf, judiciaire et économique. Ce processus que l'on peut suivre jusqu'au régne de Fran90is J" s'expüque en grande partie pour des raisons stratégiques. Si Louis XII confirme les priviléges de sa bonne vüle en juillet 1498, c'est parce que sa « dicte ville et cité de Bourdeaubc est la cappitalle ville de [son] ditpays et duché de Guyenne, qui est as- ' Livre des priviléges, Bordeaux, 1878, p. xxx-xxxi. L'ouviage coii?)rend un índex chrMiologique des privi- léges. ^ R. BOUTRUCHE (dir.)., Bordeaux de 1453 á 1715, Bordeaux, pp. 315, 318, 319. Livre des priviléges, p. 245. 217

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Bourdeaux e o poder real, séculos XVI-XVII, Formação do Estado

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BORDEAUX ET LE POUVOIR ROYAL DE LA CONQUETE FRAN^AISE A LA REVOLTE DU PAPIER TIMBRE (1453-1675) Laurent Coste Universidad de Burdeos III L'historiographiealongtempsinsistesiir lelentdclindel'autonomiebordelaise.Ala fin du XlXesicle, Henri Barckhausen, dans sa prsentationdes institutions municipales de la vle, multplie les aUusions l'emprisecroissante du pouvoir cenlral apis l'ge d'oran-glais : Vassaux de princesqui mnageaientprudemmentdes sujets trop loigns d'eux,les maire et jurisfinirentparexercer presquetous les pouvoirsde chefs d'unerpublique in-dpendante. (...) Aprsles vnements de1451 et 1453, cet tat de chases changea sans re-tour. Lesrois de France... laplacrentsous la tuelle continu, et souvent jalouse,de tribu-naux, d'officierset de commissaires tablis Bordeaux pourdfendre ou servir les intrts du pouvoircentral'.Plus rcemment, les auteuis du quatrime volume de la monumentale Histoirede Bordeaux, publiesous lesauspicesde la Fdration HistoriqueduSud-Ouest, ont confortcette visinen des termessignicat&. Dans le chapitre consacr l'volution duXVnesicleetintitul Assujettissement politiqueetmotions populaires,lessous partiesportentdestitresaussiloquentsqueL'enversdu dcor:lapressionfiscale ou Ladcadencede l'autonomientunicipale^.Faut-il conforter,infirmerou nuancer eesaf-firmations,tayes pourtant pardes faitsincontestables ? Une tude de l'volutiondes rap-ports entre la vle et le pouvoir central, ne peut s'abstraired'une prsentationdes privilges que la ville avait conserves aprs son intgration au royaimie de France en1453. La priode 1548-1675, qui n' apasfaitl'objetd'tudesrecentes,l'exceptionde la Fronde,tmoigne d'une volution pour le moins chaotique, o altement des priodes de perte des privilges et de l'autonomie,etdes reconqutes, partiellesest vrai, deees mmesfianchises.Laville est sous le controle croissant des institutions monarchiques et mme si elle peut tirerparfois profitdeleurs rivalitsintestines, l'emprisedu pouvoir royals'accentuede manieredfni-tiveaprs1653. Denombreuxsignesmontrenttoutefoisquelamisesoustutellefirtphis lenteBordeauxquedansd'autresgrandesvillesduroyanmecommeLyon,Nantesou Marseille. /.Les privilgesbordelais avant 1548 Nouslaissonsaux Mdivistesle soindedterminersi, sousla dominationdesPlanta-genets,lacapitaledeGuyennepouvaittreassimileunerpublique.Sil'automne 1453,CharlesVEpardoimeauxBordelaisleurrbeUionetdsobissance,c'est,prend soind'afiSrmer, enreservaratoutefoisen[sa]bonnegrceles privilgesd'icelle... ville^. Tres vite toutefois, il faut rtabUr les privgesde cette ville, dans les domaines po-litiques, administratf, judiciaireetconomique. Ce processus que l'onpeutsuivre jusqu'au rgne de Fran90is J"s'expqueen grande partie pour des raisons stratgiques. Si Louis XII confirmeles privilgesdesa bonnevleen juillet1498, c'estparcequesa dicteville et cit de Bourdeaubc est la cappitalle ville de [son]ditpayset duch de Guyenne, qui est as-' Livre des privilges, Bordeaux, 1878, p. xxx-xxxi. L'ouviage coii?)rend un ndex chrMiologique des privi-lges. ^ R. BOUTRUCHE (dir.)., Bordeaux de 1453 1715, Bordeaux, pp. 315, 318, 319. Livre des privilges, p. 245. 217 siseenfrontireet I'unedes clefz de [son]ditroyavme '*. La mme justicationestavan-cedansunditd'avril1540: Nostrebonne ville et citdebourdeaulx, indiquel'expos, estsitueet assiseenpaisde frontire, prsla mer occane, et(...) lesfleuvesde Garonne et Dordonne, passentet refluent le long etjoignantles mursd'icelle^. Dans unpremiertemps, les pvilgeslestenten retraitdansle domaine politique.Cer-tes, les lettres patentes du11 avril1454 consententenfavewdesditz habitans, qu'ilsaient etjoissentdeleurs dicesmairie, communaut etjustice...^mais le maiie et une paitie des juratstaient nomms par le roi. Si le loi conserve jusqu'en1548 la dsignation du maire, il semble quele coips de villes'mancipepeu peu d'ime tuteUe tis troite: les registres de dlibration de la premire moiti du XVIe sicle font tat de l'lectiondes douze jurats par lessortantsetuncoipsdevingt-quatreprudhommes.L'interventiondirectedusouverain n'appai^gure. Les bourgeoisde Bordeauxdisposenten revanched'in^ortantsprivges juridiquesetconomiques.LeroiLouis XI, plusque toutautre, multiplielesfeveurs.Son voyagedansleSud-Ouestenmaxs1462luiasansdoutefaitcomprendrelancessitde s'attachercette riche province. Ainsi confirmet'il en septembre1461 le droit pour les bour-geois roturiersde possderdes e&nobles, ce qui ne pouvaitqu'encouragerles investisse-mentsfonciersdeslites marchandesetofficires:Bwgencibusdictenostrecivitatis bur-digale,consedimusutipsiburgences,etquibusipsorum,valeantet possinttenereetsibi adquirere feudanobilia, quamvis dictiburgenses nobiles non existant^. Les lettres patentes demars1462octroientdesexemptionsfiscalesauxqueUeslesBordelaisserfrenttou-joius parlasuite puisqu'eUesaf&anchissentlesdictz suppliansetleursdictzsuccesseurs, habitans,manansetdemeurans enicelle ville, detoues tailles, subsideset aultres subven-tionsquelzconquesmisesoumettresus, pourquelquecauseetoccasionquecesoict. Cellesde juillet1466stipulentquelesdis bourgeois de nostredicte villeet cit de Bour-deaulx... sayenttenuz quietes, francz et exemptz des droicts eksditzsoistoumois, pourcha-cuntonneaudevindelewcreuqu'ilzontfaictetferontcharger,conduireetmenerpar ladicterivieredeGironde,... horsdesditesvilleet citde Bourdeaubcet paisdeBourdel-lois)/.Mais le privge auquel les Bordelais tiennent le plus concerne le Iraficdu vin: tous lesmonarquesontgarantlaprimautdesvinsduBordelaisparrapportaceuxduHaut-Pays etduLanguedoc. DesCharlesVE, en1454, la ville obtient que aucuns vins de creu deaudessousdeSaint-Macaire,contremontladiteriviere,ne[pourraient],doresnavant, estredescenduplusbas queladicte ville de Sainct-Macaire, pareaux ne parterre, jusques aprslafestedeSaint Andry...(soitle30novembre ).Leslettrespatentesde mars1462 renforcentleprivgepuisquelesvinsdudictHaultPaisne[purent]estreadmenezne descenduzdessoulzladictevillede Saint-Macaire jusquescqyrslejourdeladicte ftede Noel.Aunepoqueol'onignorelevielissementduvin,c'estleplussurmoyen d'couleren priotles vins de Bordeauxaudtrimentde ceux des provincesenviroiman-tes. D'autresactes accentuent la main mise des bourgeois bordelais sur la vente, le transit du vin, sous la hautejuridictiondes jurats^. * Mem., p. 266. 'Ibidem., p. 270. ' Livre des privges, p. 250. 'Mem., p. 255. 'Ibidem, pp. 9, 20. 'Le roi decide ds 1454 que milz estiangi^s ne pounont vendr, en nostre dicte vQle de Bourdeaubc, den-les ne marchandises, &ire aiicun mestier, ne teir ouvrouer ouveit, sans le cong et licence de ceuh qui ont ou auront le gouvemement de la dite viUe, de par les maire et jurez d'iceUe . Le 6 juillet 1465, le roi pennet tous les ngociants tiangers de voiir commetcer Bordeaux. 2l 8 Sur le plan de la plice et de la justice, les pouvoirs de la jurade sont tres tendus. La ju-ridiction des juratssur la ville et sa banlieue, octroye en dcembre1295 par Philippe IV le Bel est confinnedes mars1462 et en mai1473 Louis XI attribue aux jurats la juridiction pleinesurla rivire deGironde, dwantles termes et limites de la dicte ville et cit et ban-lieue de Bowdeaubc^^. Un dit d'avril1540 permet au guet bordelais d'arrterdans tout le ressort du parlement les auteurs de dlits commis Bordeaux: Voulons et nousplaist,de-cide Franfoisler,quele capitaine du guet deladicte ville de Bourdeauls,... puissedorese-navant executer reaulment et defaicttoute provisionset decretz deprinsede corps octroiez et decemezpourraisonde cas de crimes et delitz commis etperprerezen la dicte ville de Bourdeaulx, banlieue et jurisdictiond'icelle,en tous es bailliaees, seneschaussee, prevos-tez etjurisdictionsdu ressort du Parlement dudict Bourdeaulx. Si la viUe jouitde nombreux privges, leur application ou leur dfensene peutse feire qu'en collaborationou sur la surveillance d'institutions royales. Celles-ci se sont multiplies depuisl'aimexionet particulirementdanslavillemme,quitaitlacapitaleprovinciale. Jurats et bourgeoisdoiventcompterde plus en plusavec le parlementde Guyenne, mis en placeen1462,avecrAmirautdeGuyenne,tablieen1469,aveclasnchaxissede Guyenne,aveclegouvemeur,reprsentantduroietprincipalresponsabledelasretpu-blique et de la tranquillit de la province. 2.Une volutionchaotiquede 1548 1653 L'volutiondes rapports entre la ville et le pouvoir royal, que ce soit le gouvemement ou les repisentants du monarque, dpend de enteres mltiples et parfois contradictoires : la multq)licationet le renforcementdes institutions rivales ou disposant d'undroit de regardsurlesautortsmunicipales.Les jurats, pouvoirmanantde la ville par ime procdurelectorale,siqqK>rtentdifficilementla protectiondontlesofficiersduroi font preuve son gard. lesaleasde la politque nationale. Lesaaiblissementsdu pouvoir royalau moment des guerres de religin ou de la Fronde peuvent profiteraux vellits d'autonomie l-cale. Mais il n'estpassur l'inverseque le renforcementdu pouvoircentralsesoit traduitparunaSaiblissementdelaville.Telestlecassous HenriIVquirenforce l'autorit royale tout en protgeant les ftanchises bordelaises. lesvnementslocauxetlesractionsdupouvoirroyalinterfsrentgalement.Si l'meutede1635, due une disette, n' agure de rpercussionssur les franchises ur-baines, il n'enest pas de mmede la Fronde au milieu du XVIIe sicle et surtout des deux grands soulvements, ponctuekmais violents, de1548 et1675 qui nquitent le monarqueet fontlongterqisconsidrer Bordeauxcomme une vUle turbulente, portee volontiers la sdition. La rvolteantifiscaleet le massacred'unagentdu roi par les meutters en1548 entrai-nent des reprsaillescollectives. Le 26octobre, les commissaires du roi chargs de fairela lumireetde mettre jourles responsabilits dclarent ladite communaut, corps et uni-versit deladite ville, ateintset convaincus de rebellions, mutineries, sdicions, infidlitez, desloyautes, assemblesenarmesetdsobeissance au Roy .Enconsquence,ilssapp-Livre desprivilges, p. 257. Livre des privilges, p. 271. 219 ment peiptuittous privilges,franchises,libertez, droits, accions, exempcions, immu-nitez, maison de ville, juradeet conseil, ensemble d'autres jurats,conseillers, clercs, procu-reurs,bources communes, seel, cloches, justiceet jurisdiccin,ettous autres concemanset appartenanscommunaut,corpsetuniversit ^^.Lavilleesttotalementsoinrtse rautorit royale, sa perte d'autonomieest entire. C'est une catastrophe, une anne zro qui marque tres fortementles esprits au point que les autoiits y font quemmentrfrence par la suite. Le roi ne peut toutefoisadministrer la ville avec un corps d'officiersencor res-treintet tres vite, celle-ci retrouve ime partie deses privilges. Commencealors la lente re-conqutedeses pouvoirs, grce une fidUt au roidsormaissans faiUedans unmoment de troubles. Le raUiement rapide Hemi IV lui peimet de parachever le processus. Des octobre1549, Henri ndansses lettresd'aboMonrestitueaxix Bordelaisledroict decorpsetcollgedeville pourenjouyr,pareuls etleurs successeurs maisauxcondi-tionsfixesparluieten restantallusifsurla restutiondes privilges'^.Ceuxoctroysen aotISSO sont plus prcis puisqu'ilsrecrentla jurade mais en en modiantlaconstitution etladuredes mandats, restituentla justice poMquedes jurats, renouvellentles privilges desbourgeoisdansledomainefiscaletconomiqueetrappeUentleprivilgede l'coulementdes vins de Bordeaux sur ceux du Haut Pa}^. C'est done par pur grce royale et q>rs un long rappel de la dsobissance de1548 que la ville peut rctrouver une adminis-trationautonome: Toutela justiceet jurisdictionpolitiquede nostredictevillede Bour-deaulx etbanl^ed'icelledemeurera ausdictz maire etjuratz...Aulieu de tnaire, qui avoit acoustum estreperptuel..s 'en eslira doresnavant de deubc ans en deux ans ung... Au lieu dedouze juratz...n'yenaura plusque six,qui seront semblablementesleuz,et changs la moicti d'eux,parchacunan '*. Dsormais, uncorpselectoral parmi les plus restreintsde France, les six juratsen charge et vingt-quatre prudhommeschoisis par eux, lit tous lesl'^ aot, trois jiuats, un genthomme, un avocat et un marchand, en charge pour deux annes. Par la suite, tous les souverainsconfinnentles privilges octroys par Henri n.Mais les Bordelaisn'ontpasretrouvelaplnitudedeleurspouvoirs.D leurfautdputeraiqirsdu souverain, multiplierles marquesdefidlit.C'estdansle domainedu maintendel'ordre etdela justice,symbolesfortsdel'autorit,quelesdemandessefontles phispressantes. Au court d'unrgne fort bref, Fran90is II restitue aux Bordelais la justicecriminelle dans la dicte ville, faulxbourgset banliefve d'icelle' 'tout en attiibuantla justice civile au sn-chal de Guyemie. Les jurats ne peuvent admettre cette amputation au profitd'une juridiction rivale etqui plus est, de ranginfrieura leurs yeux. Charles IX accede partiellement leurs intentions et le 27 dcembre1560 leur rend la jurididioncivile mais uniquement sur la ban-lieueet pas intra muros. II leur rend enavril1562 la nominationdesofficiersdu guet et en mai1566 leur remet la garde des cltfsdes porteset tours des murailles de la dicte ville audtrimentdu c^itainedu Chteau Tronq>ette. Mais les reconqutes restentfrageset en 1572 le pouvoir royal reprend ce qu'il vient de donner en crant une chambre de plice et en redonnantau gouvemeurde la vle la gardedes cls. Une dclaration du 20 juin1572 att-nue cependant la portee des modificationsa la demande des jurats. S'ilest un domaine o la mainmise du pouvoir royal se &it lourdementsentir, c'est celui desfinances.Les autorits municipalesnegardentwpihs1550 qu'uncontrole Ifaoriquesur leursfinances.Les juratsnesontphisvraimentmaitresdedterminerdpensesetrecettes comme bon leur semble. Les lettres patentesd'aot1550 fixent les gages du procureur syn-" dem., p. 278. "Ibidem.,p. 283. ^* Livre des privilges, p. 56. " dem-, p. 161. 220 dic, du clerc de ville, des sergents, des procureurs et de divers ofScieis. Comme les ressoiir-ces sontinsufisantes,le roilesautorise en prendre une parte, qu'ildtennine,surlare-cette delagrandeetpetitecoutume, taxes perqussurles marchandisesmais au prixd'un controledelaChambredesComptesdevantlaquellelesjuratsdoiventdeslorsrendre conq>te tousles troisans. Deslettres patentes de novembre1554 autorisent les jurats im-poser les marchandisesqui passent a Bordeaux, mais c'est le roi qui, danssa bienveillance, decideendemierressort.Ainsi,quandles juratssouhaitentaugmenterlesgagesducapi-taine du guet en1578, ils sollicitent Henri HE qui accede leur demande en janvier 1579. A lafindu sicle, la jurade de Bordeaux reste fdle grce aux effortsde son maire, Mi-chel de Montaigne'*, et ne se joint pas a la Ligue. Tres vite, les Cent et Trente, manation de l'antiqueassemblegenraledeshabitants,puisleparlementreconnaissentHenrideNa-varreconmie roide France. NonseulementHenri IVremercie Bordeauxen anobUssant le corpsdevilleensonentier"maisdes juiUet1591 il lui restituela gardedes clset,le17 avril1595, mettantuntermedesconflitsde juridictionquentsinterditausnchalde Guyennedetroubler etempescherlesdits suppliants(les jurats)enl'exercicedeladicte jtisticecivile,criminelle politique,desdicts comt d'Omon,Veyrines, prevostd'Eysineset d'Entredeux mers, et banliefve dudict Bordeaux,qui sont hors de la dicte ville, et de ladicte criminelle etpoliticqueen icelle ville de Bourdeaulx '*. Le 30 janvier1597, il confirmeaux juratsoute lajurisdictionpoliticque(...) tout ainsy qu'elleyestoitpareux exerce avant l'tablissement de la chambre de plice' 'dboutant ainsi le parlement de ses prtentions. Enefietles juratsnesontpaslaseuleautoritquis'exercesurlavilleetleurfaxA compteravecle parlement,lacourdes aides, l'amiraut,le gouvemeuretle maitredes re-qutes dparti dans la gnralit. Cette coexistence existe des le milieu du XVIe sicle mais la priode1550-1600 estsurtout marque par la reconqute par les autorits municipalesde leurs prrogatives.Par la suite, entre1600 et1648, n'ya plusgure de progrsetla ville chercheavanttoutdfendreses fiunchises contredes reprsentantsdu roidont latutelle est souventdurement ressentie. D n'ya pas systmatiquementconfiitentre la ville et les au-tres dtenteursdu pouvoiret la collaboration est parfoissans nuage, mais parlementet gou-vemeurseconsidrentcommedes protecteursetsi la villeale malbeurde l'oublier,ilsa-vent la rameneraux bons usages. Mme si cela tait dj le cas aiq)aravant, la villea^qiart de plus en plus sous le controle du parlement et du gouvemeur. Quelques exemples le mon-trent sur les plans politique, administratrf, judiciaire, conomique et financier. Le parlement tente sur le plan politique de contrler la jurade. Lorsque la Cour enregistre les lettres patentes d'aot1550, le13 septembre1551, elle ordonne jpte les mairesetjuratz seront soigneutzd'executerles arretz, mandemens etprovisionsde la dicte court, et obeys-sant iceulx, comme faisoientet estoient tenuzfaireles autres anciensjuratz.Un arrt de 1565limitelenombredenotabihtsquipeuventaccederaiixassemblesurbainer'.Des lettrespatentesdu12 juiUet1566,confirmesle8septembresuivant,malgrlesplaintes vehementesdes jurats,stipulentquedescommissairesduparlementdoiventassisteraux lectionsmtmicipales.LaCoursouverainemultipHelesrglementslectorauxen1561, 1566,1569,1578. Par son arrtdu 28 juillet1614, elle mterditles brigues, l'accsdes pro-"A-M. COCULA-, Montaigne, maire de Bordeaux, Bordeaux,1992, p.1%3. "Contrairement Toulouse, Nantesou Ly