Booklet 2002-2003

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Saison 2001/2002215 000 spectateurs. 92 % de fréquentation.Des publics bien présents ; un argent public justement investi ?

La saison 2002/2003 du Théâtre de la Ville et des Abbesses débute très tôt,le 10 septembre, pour se terminer tard, fin juin.106 programmes, 33 créations, 407 représentations.Une saison longue et bien remplie.

Priorité aux créations, aux coproductions, aux découvertes, aux révélations…Toujours les mêmes principes – à chaque saison sa personnalité.Au fil du temps, des trajectoires artistiques, quelques chemins de traverse…."Un" programme, pas "des" programmes.Un financement public de la Mairie de Paris, conforme aux objectifs.Un théâtre parisien, ouvert sur la France, sur l’Europe, sur le monde…

Le Chant de la terre de Gustav Mahler, le Cri du monde de la chorégrapheMarie Chouinard ; Pour les enfants d’hier, d’aujourd’hui et de demain de PinaBausch – toute la saison 2002/2003 est là.

théâtreLes auteurs, côte à côte, indiquent le sens : Thomas Bernhard, NathalieSarraute, Jean-Luc Lagarce, Bernard-Marie Koltès – les dérangeants JanLauwers et Rodrigo García – un Victor Hugo inconnu, un Thomas Middletonméconnu, un Pierre Desproges reconnu comme "écriveur" ;trois reprises pour cause de triomphe : un Six Personnages en quête d’auteurrajeuni – un Combat de nègre et de chiens gagné – un Shake plébiscité.

Le langage tient les premiers rôles.

« Je peux me consumer de tout l’enfer du monde, jamais je ne perdrai cetémerveillement du langage… » (Louis Aragon)

Plusieurs générations de metteurs en scène : de Benno Besson à EmmanuelDemarcy-Mota, de Jacques Nichet à Dan Jemmett, de Michel Raskine etMichel Didym à Rodrigo García, de Claudia Staviski à François Berreur.

Le chant de la terre, le cri du monde…

toujours présents

le compte est bon

questionde principes

l’embarras du choix

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Il faut agir en homme de pensée,et penser en homme d’action

Bergson

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Des comédiens rares, pour ce théâtre-là : Michel Bouquet, Hughes Quester,Hervé Pierre, François Chattot, Gilles Privat, Marief Guittier, Clotilde Mollet…« L’artiste ne doit pas être un froussard naturellement » proclament à l’unis-son Thomas Bernhard, Minetti et Michel Bouquet.

La famille du théâtre s’agrandit : un opéra de chambre de Mahler, un opéra,indien celui-là, de l’illustre Tyagaraja, le cirque poétique de James Thierrée,les marionnettes fascinantes de Rezo Gabriadze, la simplicité, la vérité duthéâtre masqué et dansé de Unyul Talchum, des sonnets de Shakespearemis en musique pour être chantés par l’excellente comédienne Norah Krief…

danseDe vrais choix. 37 programmes, 23 créations :

La Ville est leur maison : Pina Bausch, Sankai Juku, Sasha Waltz – les amisflamands Anne Teresa De Keersmaeker, Jan Fabre, Wim Vandekeybus –Édouard Lock – Robyn Orlin – Meg Stuart…Des Abbesses au Théâtre de la Ville : Gilles Jobin, Emio Greco, Sidi LarbiCherkaoui, Alain Buffard, sautent le pas. Marie Chouinard arrive enfin.Carolyn Carlson, Josef Nadj, Anne Teresa De Keersmaeker dansent seuls aumonde – Dominique Bagouet se rappelle à nous – Catherine Diverrès trans-met – Hervé Robbe expérimente – Lynda Gaudreau persévère – Josef Nadj etMathilde Monnier font le mur.Koen Augustijnen, Nasser Martin-Gousset, Marco Berrettini, NathaliePernette, Caterina Sagna prennent les risques qu’il faut.Le flamenco, en pleine forme d’Eva Yerbabuena et d’Andrés Marin – la danseindienne, plus jeune que jamais : le kathak de Akram Khan, le bhârata natyamde Maria Kiran, la téméraire modernité de Padmini Chettur.

musiqueUne politique d’interprètes – des fidélités – des programmes originaux libre-ment choisis – des jours, des horaires étudiés : les violons de Frank PeterZimmermann, Fabio Biondi, Gil Shaham, le piano de Zoltán Kocsis, les vio-loncelles de Marie Hallynck, Marc Coppey, l’alto de Yuri Bashmet, les voix deCantus Cölln, le luth de Paul O’Dette, le clavecin de Céline Frisch, la clari-nette de Ronald Van Spaendonck, les quatuors Takács, Tokyo, Ysaÿe, la for-mation originale de Café Zimmermann…Anniversaire pour le Kronos Quartet – Visual Music à entendre et à voir.Première pour Bang on a can all-stars – l’avant-garde new-yorkaise.

Radio Classique, fidèle et toujours aussi efficace, soutient, enregistre et dif-fuse la quasi-totalité de ces concerts.

musiques du mondePlaisirs et recherche des différences. 34 programmes, 50 représentations.Plus de programmes, des concerts doublés pour mieux marquer le territoireet les esprits – de grandes et riches traditions musicales se défendent, serenouvellent – des maîtres : Vilayat Khan, Chaurasia, Shahram Nazeri, MeishôTosha, Sabah Fakrhi… – de nombreux pays visités, explorés, écoutés, enten-dus : Corée, Japon, Inde, Iran, Pakistan, Afghanistan, Mongolie…, plus prèsde nous : Égypte, Algérie, Syrie, Grèce, Turquie…La Sodade de Cesaria Evora – le fado des jeunes Katia Guerreiro et Camané– la Corse et la Bretagne avec les groupes Alba et Ôbrée Alie…Le jazz au sommet avec Joachim Kühn et ses invités, vers les sommets avecla jeune et prometteuse Jane Monheit.

France Culture, RFI et Radio Classique soutiennent, enregistrent et diffusentcertains de ces concerts – pour des auditoires démultipliés.

Prix des places inchangés et accessibles.Abonnements toujours aussi simples. Choix entièrement libre.Une information de qualité (textes et photos) par notre "journal de bord"(4 numéros) et sur notre site internet www.theatredelaville-paris.com.Une équipe expérimentée et compétente à votre disposition.Pour les jeunes : des formules assouplies ; des prix de place à la baisse.Un grand merci aux abonnés, à l’engagement militant des relais et des ensei-gnants. Sans eux rien de tout cela ne serait possible.

« Même pour le simple envol d’un papillon, le ciel tout entier estnécessaire. » (Paul Claudel)

Le ciel vous appartient !

le directeur Gérard Violette

questionde moyens

plein ciel

THÉÂTRE P. 4 • DANSE P. 21 • MUSIQUE P. 43 • MUSIQUES DU MONDE P. 52 • PRIX DES PLACES P. 66 • CALENDRIER P. 67

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DANSE AU THEATRE DE LA VILLE

MARIE CHOUINARDLe Cri du monde Les 24 Préludes de Chopin

HERVÉ ROBBEDes horizons perdus création

CAROLYN CARLSONWritings on water solo

GILLES JOBIN création 2002 création

ROBYN ORLINSki-Fi-Jenni… and the Frock of the New création

théâtre

danse

THEATRE HORS LES MURS

AU THEATRE DE LA CITE INTERNATIONALE

AFTER SUNRodrigo Garcia texte, mise en scène

CIRQUE AU THEATRE DE LA VILLE

LA SYMPHONIE DU HANNETONJames Thierrée

OPERA AU THEATRE DE LA VILLE

LE CHANT DE LA TERREGustav MahlerDavid Stern - Yoshi Oïda direction mise en scène

OPERA AUX ABBESSES

NAUKA CHARITRAM créationTyagaraja opéra Inde du Sud

THEATRE DANSE AUX ABBESSES

UNYUL TALCHUMthéâtre dansé avec masques Corée

CHANSON THEATRE AUX ABBESSES

SONNETS Shakespearechantés par Norah Krief

THEATRE AU THEATRE DE LA VILLE

MINETTI créationThomas BernhardClaudia Stavisky mise en scène

SIX PERSONNAGES EN QUÊTE D’AUTEUR reprisePirandelloEmmanuel Demarcy-Mota

MANGERONT-ILS ? créationVictor HugoBenno Besson mise en scène

COMBAT DE NÈGRE ET DE CHIENS repriseBernard-Marie KoltèsJacques Nichet mise en scène

NO COMMENT créationJan LauwersNeedcompany

THEATRE AUX ABBESSES

ELLE EST LÀ ET C’EST BEAUNathalie Sarraute créationMichel Raskine

LE RÊVE DE LA VEILLE Music-Hall / Le Bain / Le voyage à La Haye

Jean-Luc LagarceFrançois Berreur mise en scène

DOG FACE (The Changeling)

Thomas Middleton créationet William Rowley Dan Jemmett mise en scène

L’AUTOMNE DE MON PRINTEMPSRezo Gabriadzemarionnettes de Tbilissi

LES ANIMAUX NE SAVENTPAS QU’ILS VONT MOURIRPierre DesprogesMichel Didym mise en scène

SHAKE autour de la Nuit des rois

Shakespeare repriseDan Jemmett mise en scène

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JAN FABREParrots and Guinea Pigs création

ANNE TERESA DE KEERSMAEKEROnce solo création

EDOUARD LOCKcréation 2002 création

SASHA WALTZSCHAUBÜHNE AM LEHNINER PLATZ

noBody création

WIM VANDEKEYBUSBlush création

EMIO GRECOConjunto di nero

SIDI LARBI CHERKAOUIFoi création

ALAIN BUFFARD RÉGINE CHOPINOT duo

Wall dancin'-wall fuckin' création

ANNE TERESA DE KEERSMAEKERDrumming live reprise

SANKAI JUKUDU 22 AU 26 AVRIL 1er PROG.

création 2003 créationDU 30 AVRIL AU 4 MAI 2e PROG.

Kagemi reprise

CATHERINE DIVERRÈSSan (lointain) à Oskar Schlemmer

Voltes

MEG STUARTcréation 2003 création

PINA BAUSCHPour les enfants d'hier, créationd'aujourd'hui et de demain

DANSE AUX ABBESSES

SIDI LARBI CHERKAOUI /DAMIEN JALET /LUC DUNBERRY / JUANKRUZ DIAZ DE GARAIOD’avant création

AKRAM KHAN1er PROG. Polaroid feet solo de kathak

2e PROG. Fix • Rush

KOEN AUGUSTIJNENJust another landscape for somejuke-box money création

MARIE CHOUINARD2 solos

Des feux dans la nuit Elijah BrownEtude 1 Lucie Mongrain

JOSEF NADJJournal d’un inconnu solo création

DOMINIQUE BAGOUETMatière première créationsolos extraits de différentes pièces

EVA YERBABUENAEva flamenco

MARIA KIRAN solobhârata natyam

NASSER MARTIN-GOUSSET Neverland création

LYNDA GAUDREAUDocument 3 création

MARCO BERRETTINI Sorry, do the tour !

NATHALIE PERNETTEle Nid création

PADMINI CHETTUR création solo création

ANDRÉS MARINMás allá del tiempo flamenco

CATERINA SAGNARelation publique création

DANSE HORS LES MURS

AU THEATRE DE GENNEVILLIERS

MATHILDE MONNIERcréation création

AU PARC DE LA VILLETTE

JOSEF NADJles Philosophes création

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DU 26 SEPTEMBRE AU 19 OCTOBREtexte français Claude Porcellmise en scène Claudia Staviskydécor Christian Fenouillatlumières Marie Nicolasson Michel Maurercostumes Claire Risteruccimasques Cécile Kretschmar

avec Michel Bouquet, Juliette Carré,Christian Taponard, Paul Predki,Sara Martins, Joyce Merkle,Jean-Luc Baronnier, Yvon Bernard,Aimé Descotes, Michel Frémont

coproduction Célestins, Théâtre de Lyon –Théâtre de la Ville, Paris – Maison de laCulture de Nevers.

Le texte est édité aux éditions de l'Arche.

Minetticréation

THOMAS BERNHARD CLAUDIA STAVISKY

Absent de la scène depuis trente ans, etdepuis trente ans jouant pour lui seul devantson miroir le Roi Lear, un vieux comédiennommé Minetti se retrouve un 31 décembredans un hall d'hôtel, attendant le directeur dethéâtre censé se souvenir de lui et lui offrirenfin le rôle du vieux roi fou. Rôle tenu à plu-sieurs reprises par le vrai Bernhard Minetti (ona pu l'y admirer à Paris, en 1985, mis en scènepar Klaus Michaël Grüber). Il a souvent étél'interprète de Thomas Bernhard, et bien qu'ilsne se soient approchés en dehors du théâtrequ'une seule fois, ils étaient liés par leurmutuelle admiration.Dans le parcours du comédien et du person-nage pourraient se reconnaître des concor-dances biographiques. Mais là n'est pas laquestion. L'auteur s'est servi de sa complicitéprofessionnelle avec l'acteur pour, une foisencore, fulminer contre la bourgeoisie de sonpays et le théâtre qui la représente. Qui aimebien châtie bien, mais réduire le grand impré-cateur autrichien à son image de vieil oursaigri manquerait l'essentiel : le mélange dedérision féroce, d'humour, de vitalité, de clair-voyance impitoyable, et de sympathie déses-pérée envers le genre humain.« Thomas Bernhard était fasciné par lacomplexité des comportements, de l'esprit. Iln'est ni aigri, ni désabusé, ni amer : sa fureurprovient d'un absolu besoin d'honnêteté… »Tel est le sentiment de Claudia Stavisky quimet en scène Minetti avec Michel Bouquet, etne l'aurait pas fait sans lui. « C'est évident…Contrairement à son personnage, MichelBouquet n'a jamais trahi le théâtre, jamaisquitté les planches, mais pourrait signerchaque ligne de la pièce. Moi aussi d'ailleurs.Nous nous connaissons depuis longtemps.Malgré les années qui nous séparent, malgrénos origines, nos cultures différentes, nousnous retrouvons dans notre intimité à ThomasBernhard.« Si Thomas Bernhard, qui possédait une per-ception aiguë des mécanismes de la scène etdu jeu l'avait connu, pour ce personnage ilaurait pensé à lui… À sa sensibilité, sa force,à sa façon de payer de sa personne, de pas-ser par la souffrance pour plonger au cœur du

mystère théâtral. Lorsqu'il définit l'artistecomme celui qui se jette sans concessiondans sa folie, qui fait de sa folie sa méthode etde sa méthode sa vie, il parle de MichelBouquet. Un homme d'exception. »

Claudia Stavisky

Élève d'Antoine Vitez au Conservatoire, ellejoue notamment avec Peter Brook, JérômeSavary, Brigitte Jaques, et René Loyon avecqui elle collabore sur plusieurs spectacles. En1988, elle crée Sarah ou le Cri de la langoustede John Murrel, en 1990 Avant la retraite deThomas Bernhard au Théâtre national de laColline où suivent en 1994 Nora d'ElfriedeJelinek, en 1995, Mardi d'Edward Bond. Entreautres, elle monte également Lars Noren(Munich-Athènes), Pirandello (Comme tu meveux), mais aussi les Troyennes, Electre… En1998, elle devient metteur en scène associéeà la Comédie de Reims, et en mars 2000 estnommée à la direction du Théâtre desCélestins à Lyon, où elle a créé la Locandierade Goldoni, et Minetti.

Michel Bouquet

À seize ans élève de Maurice Escande, troisans plus tard en 1946 le Caligula de Camus lefait connaître et il ne cessera plus de jouer :pour Jean Anouilh (cinq pièces, dont leRendez-vous de Senlis, Pauvre Bitos) qui lefera engager au cinéma. Pour Jean Vilar avecqui il participe aux débuts de l'aventure avi-gnonnaise et du TNP. Pour Claude Régy(Témoignages irrecevables d'Osborne,l'Accusateur public de Walder) RogerPlanchon (Gilles de Rais, No man's land dePinter). Il n'a jamais cessé de marquer de sontalent les pièces et les films auxquels il parti-cipe. En 1976 il a reçu le prix du Syndicat dela critique pour Monsieur Klebs et Rosalie deRené de Obaldia, en 2002 le César dumeilleur acteur pour Comment j'ai tué monpère d'Anne Fontaine.

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DU 7 AU 18 JANVIERtraduction François Regnaultmise en scène Emmanuel Demarcy-Motaassistant mise en scène Christophe Lemairescénographie Yves Colletavec la collaboration de Michel Bruguièremusique Jefferson Lembeyelumières Yves Colletcostumes Corinne BaudelotaccessoiresLaurent Marques-Pastor, Alpar Okmaquillage Catherine Nicolas

avec Cyril Anrep, Juan Bilbeny,Camille, Morgane, Marlène Bontems,Charles-Roger Bour, Ana Das Chagas,Valérie Dashwood, Benjamin Egner,Franziska Kahl, Alain Libolt,Gérald Maillet, Céline Nidegger,Martine Paschoud, Sophie-Aude Picon,Hugues Quester, Nicolas Taieb,Pascal Vuillemot

« L'enjeu, c'est le rapport entre les deuxgroupes. Il ne s'agit pas d'opposer une réalitéà une autre, mais de creuser les contradic-tions accumulées, d'établir le lien entre lasuite d'instants apparemment autonomes quicomposent la pièce. […] »Emmanuel Demarcy-Mota sait tirer le meilleurd'un espace scénique, donner une grâce fra-gile aux images. Il l'a notamment prouvé avecPeine d'amour perdue, son précédent spec-tacle au Théâtre de la Ville, "histoire d'unebande de jeunes". Sa mise en scène des SixPersonnages en quête d'auteur qui revientaprès son succès de la saison dernière, ouvrela porte d'un monde adulte, conscient de sesfaiblesses, de ses vertiges, de la force de sesrêves.

Six Personnages en quête d'auteurPIRANDELLO EMMANUEL DEMARCY-MOTA

[…] « Cette pièce est un puits » constateEmmanuel Demarcy-Mota, qui ne s'est paslaissé piéger. Évacuant la convention du"pirandellisme" – théâtre dans le théâtre, véri-tés et mensonges, folie – il s'est attaché àlittéralement faire voir, vivre et ressentir cemystère fascinant jamais élucidé : les méca-nismes de la construction théâtrale : par lamanière d'occuper le plateau, de concevoirune scénographie mouvante adaptée à lasituation, les acteurs de la pièce épiant lespersonnages qu'ils devraient devenir, les unsles autres incarnant des pensées nées dans latête du Père (Hugues Quester) et du Directeur(Alain Libolt), les deux meneurs du jeu, etpeut-être ne font-ils qu'un, qui seraitPirandello.

reprise d'un triomphecréé au Théâtre de la Ville en octobre 2001

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PP Emmanuel Demarcy-Mota est-il visité par la

grâce? D'emblée, tout frémit, tout conspire,sur un mode tour à tour solennel, fatidique ouburlesque ; tout semble neuf, presque impro-visé, vivant et pourtant tout est construit,conscient, médité […] Si Hugues Quester,Valérie Dashwood et Alain Libolt se distin-guent, tous sont émérites et radieux.

Frédéric Ferney, Le Figaro

On est tout retournés. Pirandello retrouve icicomme une nouvelle jeunesse […] On peutêtre sûr que le jeune Demarcy-Mota est unmetteur en scène avec lequel, désormais, ilfaudra compter.

Annie Coppermann, Les Echos

Un spectacle en tout point accompli. […] Untrès grand travail donné dans un rythme ex-cellent et qui hisse ce jeune artiste au rangdes poètes de la scène pour le plus grandbonheur du public et de ses interprètes. Uneproposition spectaculaire aussi fascinante,convaincante et énigmatique en mêmetemps que l'est la pièce elle-même…

Armelle Héliot, Le Quotidien du médecin

Il y montre une grâce et une sensibilité siaiguës que la pièce, archiconnue à cause deses arguties dramaturgiques quasi byzan-tines, en acquiert derechef une force d'évi-dence intouchée […] Il faut courir le risquede nous croire sur parole, quand nous affir-mons que la réalisation d'EmmanuelDemarcy-Mota, enfant de la balle né coiffé,impose tout du long à son récit scéniqueune respiration de l'ordre de la poésie, dontle secret nous semblait perdu, depuis aumoins Patrice Chéreau.

Jean-Pierre Léonardini, L'Humanité

Du théâtre-théâtre ! C'est avec une raremaestria que le jeune Demarcy-Mota usedes mille artifices de la grande mise enscène pour nous raconter cette sombre etmystérieuse histoire en infinis jeux demiroirs et obscurs labyrinthes […] Il magnifietoute la magie du plateau, pour en montreraussi les abîmes assassins. Envoûtant etinquiétant… Fabienne Pascaud,Télérama

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DU 20 FÉVRIER AU 15 MARSmise en scène, costumes Benno Bessondécors, costumes Jean-Marc Sthelélumières André Diot

avec Léa Drucker, Samuel Tasinaje,Gilles Privat, Serge Lariviere,Claude Barrichasse, Hélène Seretti,Jean-Charles Fontana… plus 8 acteurs et des musiciens

production Théâtre Vidy, Lausanne E.T.E. –Théâtre de la Ville, Paris.

« J'ai cent ans. Le moment est venu de mou-rir », telle est la première réplique de Man-geront-ils?, pièce de Victor Hugo écrite enexil, que monte Benno Besson, qu'il définitcomme « un peu bizarre », et c'est une litote.En effet, il y a là la sorcière Zineb. Elle a donccent ans, et va mourir car son talisman ne laprotégera pas plus longtemps. Elle le donne àun voleur dont elle sauve la vie en prédisantau Roi qu'il ne survivra pas à ce voleur. LequelRoi se trouve là – un cloître perdu entre forêtet mer, dont l'Église a fait un lieu d'asile – pourrécupérer sa fiancée, laquelle s'est enfuieavec un lord. Ils se sont mariés et tant qu'ilsdemeurent dans le cloître, le Roi ne peut riencontre eux. Inconvénient : ils n'ont le droit nide boire ni de manger (d'où le titre) d'autantque leur asile est cerné de plantesvénéneuses.Tant de "bizarrerie" n'est pas pour effrayerBenno Besson, qui a développé avec Brechten personne ses talents ludiques. Ayant déjàmonté Victor Hugo – un mémorable MilleFrancs de récompense – lisant Mangeront-ils ?, il s'est délecté de la virtuosité aveclaquelle le grand romantique se plie, pourmieux les concasser, aux lois de l'alexandrin :« Comment le dire? Certainement pas dans leton quotidien ou psychologique. Il faut trouverles musiques qui lui conviennent. »Si le poète visiblement s'est amusé, il n'a paspourtant cherché la parodie. Pas totalement.Entre les scènes où les vers sautent d'un per-sonnage l'autre, où les rimes se battent lesflancs, il intercale d'immenses tirades lyriquesattribuées aux personnages chargés de por-ter ses élans, ses pensées, son anti-monar-chisme virulent.Et d'abord, le voleur courageux, insouciant,désintéressé, généreux (entre Zorro etd'Artagnan) qui se veut, qui est le contraire duRoi. Puis Mess Tityrus, joueur de flûte et cour-tisan, qui, dit Benno Besson, « méprise pro-fondément son maître, le pousse dans sesfaiblesses, et le regardant s'enfoncer, portesur lui le regard acéré d'un entomologiste ».En somme, le collabo lucide, et le résistant.Et puis, un personnage emporte toute la fer-veur de Benno Besson : Zineb.« La façon dont elle parle de la mort est admi-rable. Hugo est l'un des rares auteurs à don-ner aux femmes des rôles essentiels à l'action.Elles bénéficient d'une absence de penséecartésienne. Leur connaissance de la vie estconcrète. C'est pourquoi elles sont en conflitavec les hommes, pourquoi les hommes lescraignent, bien que la domination ne soit pasleur affaire. Même si sujet de la pièce n'est

pas là, il m'intéresse », reconnaît BennoBesson qui a fait sienne la formule : « lafemme est l'avenir de l'homme ».

Benno Besson

Né en 1922 à Yverdon, en Suisse, il fonde en1940 une troupe amateur, rencontre Brecht en1947, tourne en Allemagne en zone d'occu-pation française avec Jean-Marie Serreau,rejoint Brecht en 1949 au Berliner Ensemble,qu'il quitte en 1958 pour le Deutsches Theater(où il monte entre autres la Paix d'Aristophane,Œdipe de Sophocle). De 1968 à 1976, tou-jours à Berlin, il dirige la Volksbûhne où il inviteHeiner Müller, Matthias Langhoff, et de 1982 à1989, la Comédie de Genève (où il crée unOiseau vert de Gozzi qui fait date, Lapin lapin*de Coline Serreau, et le Dragon* de Schwarz).Entre-temps il a monté trois spectacles auFestival d'Avignon, et depuis travaille en Italie,en Finlande, en Allemagne, en France où lasaison dernière sa mise en scène du Cerclede craie caucasien de Brecht a été couronnéd'un Molière.

* Coproduits par le Théâtre de la Ville et présentés enjanvier et février 1986.

Mangeront-ils?création

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DU 13 AU 18 MAImise en scène Jacques Nichetscénographie Laurent Peduzzilumières Marie Nicolasvoix (conception) Georges Baux, Abdel Sefsafvoix (interprétation) Alain Aithnard,M'Baye Mame Cheikh, Denis Mpunga,Boubacar Ndiaye, Abdel Sefsafenvironnement sonore Bernard Vallerycostumes Nathalie Prats-Berlingmaquillage Sophie Niesseronassistants à la mise en scène Guillaume Delaveau, Célie Pauthestagiaire à la mise en scène Anne Monfort

avec Alain Aithnard, François Chattot,Loïc Houdré, Martine Schambacher

coproduction Théâtre national deToulouse Midi-Pyrénées – Théâtre de laVille, Paris.

Un chantier quelque part en Afrique, un coindéserté là-bas, que seuls deux hommessemblent encore habiter. Deux Blancsdéboussolés à tous les sens du terme. Perdusen eux-mêmes, dans leur nuit, dans cette nuitsans commencement ni fin d'où surgit un Noir,Alboury. Être vivant, fantôme, expression d'unremords? Il vient réclamer le cadavre de sonfrère, mort peut-être dans un "accident du tra-vail". Il y a aussi une femme.Appelée par le plus âgé des Blancs pouressayer d'échapper à la lourdeur de la soli-tude, elle arrive de Paris. Son nom est Léone,et de façon tout à fait inattendue, dans ce lieuperdu, ce lieu de perte, elle trouve, elle croittrouver ses racines, et un amour ancien en lapersonne du Noir…Présentée en février-mars 2001 au Théâtre dela Ville * dans la mise en scène de JacquesNichet, la pièce de Bernard-Marie KoltèsCombat de nègre et de chiens y revient. Entre-temps, elle a beaucoup tourné, dans desthéâtres de toutes dimensions, mais c'est unfait, le grand plateau ici lui offre son "espacemental":« Les comédiens s'y sentent à l'aise.

D'emblée, la scène leur offre une sorte d'a-bîme, un endroit et un envers qui suit la res-piration de la nuit, se dilate, se rétracte, seprolonge à l'infini. La pièce se passe le tempsd'une nuit, mais là encore, le temps resteindécis. C'est la nuit de Koltès, qui envahit lapresque totalité de son théâtre, et conduit jus-qu'à la lumière de la mort comme à la fin deRoberto Zucco, la chute vers le soleil.« J'ai surtout été frappé par la mythologie afri-caine de la gémellité, et la façon dont Koltèss'en est emparé. Ici, à la place du jumeauperdu arrive Léone : en somme elle cherchesans le savoir à prendre la place de l'autre.Elle se reconnaît en Alboury comme une sœurse reconnaît en son frère, elle inscrit sur sonvisage les stigmates de son appartenance àl'Afrique, avant de repartir à Paris "toute nue".C'est-à-dire, toute neuve pour une autre vie.« Flaubert disait « Madame Bovary c'estmoi », je suis persuadé que Koltès aurait pu ledire de Léone. Comme elle, il a accompli unvoyage initiatique au Nigeria, en est revenuprofondément changé, n'a jamais abandonnéses liens avec l'Afrique. En passant par le fan-tastique, il a écrit une pièce pétrie de réalité.Là est sa force : parler du monde réel où il avécu, tout en poursuivant sa rêverie sur lesgrands mythes. »

*Qui l'a coproduite.

Combat de nègre et de chiensBERNARD-MARIE KOLTÈS JACQUES NICHET

reprise d'un triompheprésenté au Théâtre de la Ville en février-mars 2001

La version qu'en donne, jacques Nichet, estremarquable. […] Jacques Nichet saisit labeauté naturelle du texte de Koltès et en faitentendre toute la couleur, sans ostentation. Ilest servi en cela par quatre comédiens inspi-rés.

Jean-Pierre Bourcier, La Tribune

Une mise en scène qui donne à voir à traversce qu'il y a à entendre.

Didier Méreuze, La Croix

C'est une tragédie écrite sur le ton de lacomédie, avec les clins d'œil au vaudeville[…] Nichet et ses acteurs […] exploitent ce filcomique avec un brio certain et font deKoltès un auteur accessible.

René Solis, Libération

La distribution est belle. François Chattot,énergumène, grande carcasse, si belle voix,est impressionnant. Alain Aithnard est trèsferme dans son jeu, très aristocratique.Comme un guerrier apaisé. Loïc Houdré a lajuste nervosité délitée de Cal. MartineSchambacher, l'acidité touchante de Léone.Du beau travail.

Armelle Héliot, Le Quotidien du médecin

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DU 21 AU 23 MAIconception et mise en scène Jan Lauwerstextes Josse De Pauw, Oscar Wilde,Viviane De Muynck, Jan Lauwers...musique Maarten Seghers, Jan Lauwers...

avec Grace Ellen Barkey, Viviane DeMuynck, Carlotta Sagna, Tijen Lawton…

coproduction Théâtre de la Ville, Paris.

Où le situer ? Jan Lauwers transgresse natu-rellement les disciplines, en développant unthéâtre de friction qui absorbe le texte, le mou-vement, la musique dans des mises en scènesingulièrement hybrides. Passé maître dansune vivace adaptation du théâtre shakespea-rien (Macbeth *, King Lear **, pour les plusrécents…), il est aussi l’auteur de spectaclesà la fois sombres et fantasques, au sein des-quels il cristallise des images qui se refusentà toute tranquillité factice, et où les masquesde l’amour, de la mort et du pouvoir mènentune ronde incertaine et lancinante. Invictos(1991), The Snakesong Trilogy * (1994-1996),ou encore le diptyque Morning Song * (1997-1999) auront notamment laissé l’em-preinte d’une beauté âpre, envisagée comme« l’arme la plus puissante pour s’opposerà l’erreur sublime qu’est devenue notreculture ».Plasticien de formation, Jan Lauwers a créé laNeedcompany à Bruxelles, voici quinze ans.Régulièrement invité depuis lors par le Théâtrede la Ville, sa notoriété reste pourtant enFrance, bien inférieure à ce qu’elle devraitêtre. Il est vrai (mais est-ce une excuse?) quele théâtre d’art que façonne Jan Lauwers fu-rète parmi les rebuts d’un réel qui se disloqueet s’effrite à la marge des images de consom-mation courante. Sa plus récente création,Images of Affection *, si elle faisait mine desolliciter l’humour comme « moyen de luttercontre la tragédie », traduisait une fois deplus, dans une esthétique joyeusement fou-traque, le désarroi face à la sourde violencedu monde, à la litanie des guerres et aux viesqu’elles déchirent.Dans ce théâtre qui ne se contente pas desimuler, la frontière entre « interprètes » et« personnages » est poreuse, charnelle, sin-gulièrement incarnée par des acteurs quiengagent leur personnalité bien au-delà d’unequelconque vraisemblance psychologique.« Je ne peux pas comprendre que le théâtrecontemporain en soit aujourd’hui encore à uncertain naturalisme », estimait Jan Lauwers

dans un récent entretien. À l’opposé, sesmises en scène convoquent dans le vif es-pace du plateau des zones de turbulence,des corps à corps avec un désir en excèscomme avec l’ironique désenchantement d’uncertain cynisme. La « prise de parole » y estquasi inséparable d’états de corps : au sensquasi chimique du terme, nous avons affaire àun précipité de théâtre, que l’on pourrait rap-procher des films de Cassavettes, d’où sedétachent des blocs d’intensités, des concré-tions de sens, des éclats de vie.No comment, le prochain spectacle de JanLauwers devrait resserrer la focale sur quatrearchétypes féminins, dans l’articulation demonologues spécifiquement écrits pour etavec les comédiennes qui les incarneront, quiont chacune une familiarité déjà éprouvéeavec l’univers de la Needcompany. GraceEllen Barkey glissera sa silhouette de porce-laine, d’une sensualité malicieuse qui résiste àtous les clichés, dans l’étoffe d’un texte écritsur mesure par le metteur en scène Josse DePauw. Carlotta Sagna, dont les élans vo-luptueux cultivent une délicatesse où couvel’orage, devrait trouver dans la Saloméd’Oscar Wilde les ressources d’une séductionassassine. Tijen Lawton insufflera quant à ellela fébrilité de la danse dans un solo porté parles voix des protagonistes, mis en musiquepar Jan Lauwers et Maarten Seghers. VivianeDe Muynck, enfin, est l’ogresse des spec-tacles de Needcompany depuis 1993.Aucune férocité n’effraie cette comédienneextraordinaire, figure vorace qui se joue detoutes les pudeurs pour aller dans des modu-lations de jeu les plus rauques. Dans Nocomment, elle sera « une vieille sage, quicommente les événements dans le monde ».« L’impossibilité de montrer certaines choses,et le fait de les montrer malgré tout : c’est cettecontradiction qui fait l’intérêt du théâtre. Pourcela, il faut chercher à se rapprocher des abs-tractions », estime Jan Lauwers. Au vu de sesprécédents spectacles, gageons que cettenouvelle création ne sera pas la seule additionnarrative de quatre histoires de femmes, maisque la nervure de ces monologues, et lesarticulations de sens et de rythme qui les ani-meront, sauront former une surprenanteconstellation de portraits enfiévrés.

Jean-Marc Adolphe

* Coproductions Théâtre de la Ville.** Présenté en avril 2001.

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JAN LAUWERS NEEDCOMPANYtextes en français

photos M. Vanden Abeele

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DU 19 SEPTEMBRE AU 16 OCTOBREmise en scène Michel Raskinedécor Stéphanie Mathieucostumes Josy Lopezlumières Thierry Gouinson Sylvestre Mercier

Elle est là, avec Michel Raskine, MarcBerman, Pascal Nzonzi, Marief Guittier C'est beau, avec Claude Lévêque, MariefGuittier, Marc Berman, Pascal Nzonzi,Michel Raskine (distribution en cours)

production Le Point du Jourcoproduction Théâtre de la Ville, Paris.

« Un échange de paroles qui installe le dan-ger » écrivait Simone Benmussa à propos duthéâtre de Nathalie Sarraute, qu'elle connais-sait parfaitement pour avoir travaillé avec elleet monté plusieurs de ses pièces. Un théâtre,donc, sans intrigue "visible", dont les person-nages, sans nom propre la plupart du temps,sont faits de mystère. A priori, à l'opposé decelui auquel s'attache habituellement MichelRaskine. Pour mémoire : notamment Jean-Paul Sartre (Huis clos aménagé en vaudevillehargneux) Agota Kristof (l'Épidémie, Un ratqui passe*) Adamov (Chambres d'amour**),Manfred Karge (Max Gericke, ou pareille aumême), Lothar Trolle (les 81 minutes deMademoiselle A.) Olivier Py (Théâtres**), ensomme des spectacles de chair, d'énergie,d'ironie…« Je n'étais pas un grand connaisseur deNathalie Sarraute, je me situais plutôt du côtédes curieux qui ne se décident pas à s'y atte-ler. Quand elle est morte, elle avait presquecent ans, et j'admire plus que tout les artistescomme elle, Picasso, ou Manoel de Oliveraqui jusqu'à la fin d'une longue existence conti-nuent à créer, et surtout à se renouveler. J'aiéprouvé une vraie envie de savoir, deconnaître comment c'est fait au dedans, à lamanière des gosses qui fouillent à l'intérieurdes jouets.« De plus, après avoir mis en scène plusieurstextes étrangers, je voulais revenir au français.J'ai besoin d'alterner, c'est essentiel quand ontravaille sur le langage. Chez NathalieSarraute, la radicalité de l'écriture "au scalpel"m'a passionné, et ses a-priori théoriques surle théâtre, avec cet interdit du "jeu incarné",m'ont mis au défi. Je me suis demandé s'ilétait possible d'en tirer un théâtre ludique, etsi mon goût pour l'image trouverait à s'expri-mer ».

Pour s'exprimer, Michel Raskine a choisi deuxcourtes pièces parmi les moins souvent repré-sentées : Elle est là et C'est beau. Il tient à ceque les deux se rejoignent en un seul titre,dans un seul décor qui se retourne de l'une àl'autre. Il tient à établir une continuité entrel'obsession d'un homme hanté par une idéequi ne lui appartient pas, et le désarroi deparents que la seule présence de leur filsempêche de prononcer : « c'est beau » :« J'imaginais une œuvre austère ; ma grandedécouverte au cours de ce travail, ce qui m'asauté aux yeux en est l'humour. D'ailleurs tousles gens intelligents en ont forcément, j'en suispersuadé. Le théâtre de Nathalie Sarraute estprovocateur, audacieux, aventureux, surpre-nant chez une vieille dame, mais est-ce qu'onl'a jamais considérée comme telle ? Elle nousest proche, en tout cas par son langage. Quin'est pas celui de la vie. Il est fait pour lethéâtre. Il est le théâtre ».

* Présenté au Théâtre de la Ville en nov. 93.** Coprodutions du Théâtre de la Ville en fév. 97 etfév. 99.

Nathalie Sarraute

Dans les années 70, Nathalie Sarraute mènele mouvement du "Nouveau Roman". En 1996,l'ensemble de son œuvre entre à "la Pléiade".C'est Jean-Louis Barrault qui, en 1967, créeses deux premières pièces le Silence et leMensonge. Suivent parmi d'autres en 1972,Isma à l'Espace Cardin, par Claude Régy quicontinue notamment avec C'est beau (1975),Elle est là (1980). Administrateur de laComédie-Française, en 1993 JacquesLassalle met en scène le Silence et Elle est làpour la réouverture du Vieux-Colombier, etplus tard, à la Colline, Pour un oui pour un non(créé à New York en 1984).

Michel Raskine

En 1984, Michel Raskine met en scène MaxGericcke ou Pareille au même de Karge, puisKiki l'Indien de Jouanneau, Huis clos, la Fillebien gardée de Labiche. En 1994, avec AndréGuittier, qui vient également de laSalamandre, il prend la direction du Théâtrede l'Ouest Lyonnais, qu'il baptise Point duJour, où il monte, entre autres, l'Amanteanglaise de Duras, la Maison d'os deDubillard, l'Affaire Ducreux de Pinget, Barbe-Bleue ou l'Espoir des femmes de Dea Loher.

Elle est là et C'est beau NATHALIE SARRAUTE MICHEL RASKINE

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DU 6 AU 23 NOVEMBREtextes Jean-Luc Lagarcemise en scène François Berreurscénographie François Berreur, Joël Hourbeigtlumières Joël Hourbeigtcostumes Patrice Cauchetiermaquillage Suzanne Pisteur

avec Olivier Achard, Bérangère Allaux,Hervé Pierre

De théâtre miteux en cabaret pitoyable, unemeneuse de revue et ses deux boys vivent etfont vivre le rêve du glamour pailleté. Et puisdans sa loge, un comédien se souvient d'unehistoire d'amour, brève et furieuse, juste avantla mort de son partenaire. Et puis, un metteuren scène raconte, juste avant de rejoindre sonhôpital parisien, son voyage à La Haye oùjoue sa troupe. Et puis ce sont trois textes deJean-Luc Lagarce (Music-hall, le Bain, leVoyage à La Haye) qui composent un spec-tacle (le Rêve de la veille) et les trois person-nages sont un même acteur : Hervé Pierre,accompagné de ses deux partenaires,Bérangère Allaux et Olivier Achard.Dans la vraie vie, l'histoire commence par lafin. Par ce Voyage à La Haye avec HervéPierre mis en scène par François Berreur. En1992, ils s'étaient rencontrés sur les Solitairesintempestifs, à nouveau en 1995, sur la Lulude Wedekind, spectacle que la mort n'a paslaissé à Jean-Luc Lagarce le temps de menerà son terme, et que François Berreur a repris.Donc, trois ans plus tard, les voilà, HervéPierre et lui, sur les routes d'une longue tour-née. D'un soir à l'autre, en discutant, ils ensont arrivés à parler de Music-hall, à se direque joindre les deux textes serait une bonneidée :« Ce serait introduire le début de l'histoire. Lepassé, même si à ce moment le personnageest une femme. Une comédienne qui, dans saloge, bascule d'un genre l'autre. Basculecomme tout comédien quittant son rôle. Il nes'agit pas d'un spectacle sur le travestisse-ment. Plutôt sur le mensonge. »« Notre vérité, ce sont les autres qui nous l'ac-cordent, notre vérité, elle restera secrète »écrivait Jean-Luc Lagarce.Pendant quinze ans, François Berreur a tra-vaillé avec lui, en tant que comédien, puisassistant, dans sa compagnie la Roulotte. Il nes'imaginait pas metteur en scène, les chosessont arrivées d'elles-mêmes, affaires de cir-constances. Paradoxalement, cette grandefamiliarité l'a débarrassé d'un respect trop

François Berreur

Né en 1959, au cours d'un stage de théâtre àBesançon, il rencontre Mireille Herbstmeyer etJean-Luc Lagarce, fondateurs d'une troupealors amateur : la Roulotte, qu'il rejoint tout ensuivant une formation d'acteur sous la direc-tion de Jacques Fornier. Il joue également auCDN de Besançon alors dirigé par DenisLlorca. La Roulotte devenant compagnie pro-fessionnelle, il y consacre son temps commecomédien. Comme assistant aussi, notam-ment sur le Malade imaginaire, l'Ile desesclaves, et les Solitraires intempestifs, un titrequi devient celui de la maison d'édition consa-crée aux textes contemporains, fondée parJean-Luc Lagarce avec François Berreur. Etc'est sous sa direction que les Solitairesintempestifs continuent à vivre, à publier et àservir le théâtre d'aujourd'hui.

Jean-Luc Lagarce

Comédien, metteur en scène, auteur, Jean-Luc Lagarce fonde avec un groupe de comé-diens la compagnie de la Roulotte, et avecFrançois Berreur les éditions les Solitairesintempestifs. Il a écrit un vingtaine de textes(dont le Pays lointain*, Hollywood, lesOrphelins, Règles du savoir-vivre dans lasociété moderne), mis en scène notammentpar lui-même, par Joël Jouanneau, FrançoisRancillac, Olivier Py, Stanislas Nordey,Philippe Sireuil… Durant ces dernièresannées, son œuvre tourne autour de sa mort,qu'il a eu le temps de voir venir. Il est mort en1995, alors qu'il travaillait sur la mise en scènede Lulu de Wedekind à l'Athénée.

* Présenté par le Théâtre de la Ville en janvier-février2002, mise en scène François Rancillac.

le Rêve de la veilleMusic-Hall - le Bain - Le Voyage à La HayeJEAN-LUC LAGARCE FRANÇOIS BERREUR

contraignant pour les œuvres : « parce que lemonde des poètes est toujours plus fort quesa représentation ».Ce que représente le Rêve de la veille, ce sontles étapes d'une traversée au dedans d'unêtre humain à travers une figure théâtrale,depuis l'extérieur, la scène, jusqu'au plus pro-fond de son intimité.« Entrer dans l'histoire comme on pénétreraitplus avant sur le plateau […] comme on iraitmarcher dans sa propre imagination, enexplorateur et metteur en scène de sa vie, onjoue et de jouer, on dit le vrai plus vrai que levrai » écrivait encore Jean-Luc Lagarce.Fellini ne disait pas autre chose, d'ailleurs leshéros de Jean-Luc Lagarce pourraient être lesenfants de Ginger et Fred, ils en possèdent lagrâce, l'innocence, ils en ont la fragilité.

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DU 8 AU 25 JANVIERmise en scène Dan Jemmettadaptation d'après la traduction de Marie Paule Ramoscénographie Dan Jemmett, Denis Tisseraudcostumes Sylvie Martin-Hyszkalumières Arnaud Jungassistante à la mise en scèneMarie Paule Ramoproduction exécutive Philippe Sturbelle

avec Isabelle Caubère, Hélène Patarot,Hovnatan Avedikian, David Ayala…(distribution en cours)

production Théâtre de la Ville, Paris -Théâtre Vidy, Lausanne E.T.E. - SARL Sur UnPlateau, Philippe Sturbelle.coproduction Espace Jules Verne,Brétigny-sur-Orge - La scène Watteau,Théâtre de Nogent-sur-Marne.

L'histoire se passe à Alicante (Espagne) auchâteau du seigneur Vermandero. Il entendmarier sa fille Béatrice à Alonzo de Piracquo,mais elle en aime un autre, du nom deAlsemero. Pourquoi faire compliqué quand onpeut faire simple? La jeune fille demande àDe Florès, fils de gentilhomme, néanmoinsserviteur et d'une repoussante laideur ("dogface") de tuer le gêneur. Aussitôt dit, aussitôtfait. Tout irait pour le mieux si De Florès n'exi-geait en récompense une nuit d'amour. Si bienqu'au soir de ses noces, la fiancée n'est plusvierge. Ce qui semble beaucoup plus graveque, par exemple, faire assassiner quelqu'un.Donc, ayant trouvé dans le placard du promisune fiole avec mode d'emploi capable de tes-ter la virginité, elle ruse et passe glorieuse-ment la première épreuve. Reste la seconde,plus délicate, et qu'elle demande à sa ser-vante de passer à sa place, jusqu'au matin…La nuit, tous les chats sont gris. Seulement,ayant pris goût à la chose, la coquine s'at-tarde. L'épousée s'énerve, en appelle une foisde plus à De Florès, qui met le feu à lachambre nuptiale, et profite du charivari pour

trucider la traîtresse. Un meurtre de trop. Toutest découvert. Et le châtiment sera à la foisépouvantable et délectable…Et ceci n'est qu'un résumé simplifié de l'in-trigue… On s'en doutait, les goûts de DanJemmett le portent vers un théâtre d'actionassez éloigné de la logique cartésienne.Trouvant difficilement parmi les contempo-rains des fous à sa mesure (sinon peut-êtreSamuel Beckett ou Heiner Müller) continuantd'explorer l'ère élizabéthaine, il y a rencontréThomas Middleton :« Historiquement, il se situe entre Shake-speare et Corneille. Il a écrit The Changeling(mot intraduisible et qui d'ailleurs n'a pluscours) avec un acteur chargé de la partiecomique. C'est comme si deux pièces se jux-taposaient : une farce et un drame, de façonbeaucoup moins subtile que dansShakespeare. Je n'ai gardé que le drame,déjà suffisamment insensé.« On peut voir dans ce texte une critique del'époque, en fait il traite de la sexualité, dudésir. Avant tout, il s'agit de spectacle, unenchaînement de péripéties qui maintiennentla curiosité et l'attention du public. Commeaujourd'hui le cinéma.« À cette époque, Londres, se surpeuplait,explosait. Et naissait le théâtre professionnelqui tire son matériau non plus comme auMoyen Âge des rituels, des mythes, mais deshistoires plus ou moins sanglantes du quoti-dien, et que les puritains refoulaient dans lesfaubourgs, parmi les bars, les mauvais lieux.« C'est ce qui, dans ce théâtre, me pas-sionne : son côté concret, direct. Il s'offre auregard. On s'y penche comme un entomolo-giste, un chirurgien qui opérerait un cœurpour détecter à quoi il sert et la façon dont ilfonctionne ».

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Thomas Middleton

Fils de gentilhomme, il naît vers 1570, semarie en 1603. L'année suivante, sa femme luidonne un fils, et la conscience tranquille, ilcommence à écrire, des contes, des piècesde théâtre. Comédies et tragédies, toutesdans l'air d'un temps porté sur les sentimentssauvages, les grands effets de terreur ou derire. Parallèlement il est nommé historiographede la Cité, ce qui lui assure un salaire régulier.Écrit en collaboration avec le comédiencomique William Rowley The Changelingdate de 1623. L'année suivante, est créé Unepartie d'échecs, drame politique anti-espa-gnol qui connaît un grand succès, mais pro-voque la colère de l'ambassadeur d'Espagne.La pièce est retirée, et Middleton emprisonné.Il meurt en 1627.

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DU 18 AU 29 MARSmise en scène et scénographieRezo Gabriadzeextraits musicaux sélectionnés par Rezo Gabriadze, Elena Djaparidze

avec 16 acteurs et marionnettistes

musique interprétée par les groupes OldTbilisi, Only You et Lia Khugashvili pianocomposition musicale Manana Akhmete

Il était une fois un oiseau-voyou aux ailes brû-lées nommé Boria (diminutif affectueux deBoris). Depuis toujours amoureux d'une ravis-sante collégienne, il la trompait avec VivianLeigh, allant jusqu'à déchirer de son becl'écran sur lequel se projetait l'image aimée.Voletant à droite à gauche au-dessus desruines – car la guerre venait à peine de se ter-miner – en chantant il séduisit un ange sculp-té au fronton d'une banque qu'il dévalisa.Juste pour aider la veuve d'un vieux copain. Àqui il fit croire, car elle était d'une honnêteté àl'ancienne, que l'argent était tombé d'unavion… Rien ne pouvait atténuer l'increvablevitalité de Boria. Il en avait vu d'autres, il enverrait encore et encore. Rien n'aurait su l'ar-rêter, pas même la mort, puisqu'une fois mort,il se retrouva au Paradis avec ses amis, fêtantjoyeusement l'éternité accordée.Pour bien comprendre la vérité de cette his-toire, il faut savoir que son auteur, RezoGabriadze, vient d'un pays d'une nature exu-bérante. Pays de vignobles dont la richesseculturelle se fond dans la nuit des temps : laGéorgie. Autrefois appelée Colchide, ro-yaume de Médée l'enchanteresse infanticide.Pour le meilleur et pour le pire, "excessif" n'estpas géorgien.C'est pourquoi, attiré par le théâtre, espacedédié à la réalité rêvée, plutôt que des acteurshumains Rezo Gabriadze choisit les marion-nettes (mot qu'il voudrait croire une déforma-tion de Marie la Vierge). Elles lui permettentde réaliser son rêve : se montrer à la fois "tra-ditionnel et libre".Avec elles, rien d'impossible. On a pu s'enrendre compte lorsqu'il transforma le plateaudes Abbesses en steppe dévastée, jonchéede minuscules carcasses de chevaux.Derrière, d'immenses créatures encapuchon-nées manipulaient des personnages aux

l'Automne de mon printempsREZO GABRIADZE marionnettes de Tbilissi

Rezo Gabriadze

D'abord scénariste – il a travaillé sur plus detrente films – il se dirige vers la peinture, puisrêve de théâtre, se souvient d'une marionnettede son enfance, et d'un livre dans lequel Kleistparle justement et de marionnette et dethéâtre. En 1981, il établit dans l'arrière salled'un café de Tbilissi, une sorte de studio. Là,est présentée sa première création : Alfred etViola, inspirée de la Dame aux camélias, etqui, d'emblée le fait connaître. Suivent leDiamant du maréchal de Fantré, la Fille del'empereur Trapezonde, l'Automne de monprintemps, la Bataille de Stalingrad *. C'est luiqui écrit les scénarios, choisit les musiques,dessine la scénographie, façonne ses"acteurs", forme leurs manipulateurs. Il estl'auteur complet de ses spectacles.

* Présentée aux Abbesses en février 2000.

formes inattendues que rien ne pouvait plusétonner : c'était la Bataille de Stalingrad *.Rezo Gabriadze travaille à Tbilissi, où il a ins-tallé sa mini-salle, limitée à quarante-huitplaces. C'est là qu'avant de faire le tour dumonde (et de toutes les Russies) il conçoit etmet au point ses spectacles. C'est là qu'audébut des années 80, il a créé une premièreversion de l'Automne de mon printemps.Aujourd'hui, il reprend les aventures de Boria-l'Oiseau, la développe, la nourrit, l'enrichit deses expériences. Comme son héros, il a voya-gé. Comme lui, il regarde le monde à traversle prisme de son imagination, et Dieu saitqu'elle est inépuisable…

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DU 23 AVRIL AU 10 MAItextes et chansons Pierre Desprogesadaptation Hélène Desproges, Michel Didymmise en scène Michel Didymmusique Johann Riche

avec Philippe Fretun, Daniel Martin,Clotilde Mollet

production Théâtre de la Ville, Paris –compagnie Boomerang

« Je les ai choisis pour leur personnalité horsdu commun, dit Michel Didym. Tous les troissont des découvreurs de textes, doués d'unegrande force poétique, capables, chacun l'adéjà prouvé, d'inventer, seuls, un spectacle.Avec eux, je veux créer le théâtre deDesproges, un théâtre d'art ».Trois voix donc pour faire vivre l'univers har-gneusement loufoque d'un auteur célèbre et àdécouvrir. Trois personnalités pour se confron-ter à la sensibilité exacerbée qui lui a faitprendre en haine les moindres obstacles à unbonheur auquel, selon lui, tout être humain adroit.« L'essentiel, conclut Michel Didym, c'est queles acteurs parviennent à manger la tête del'auteur ».

Pierre Desproges

Né à Pantin en 1937, il entre dans la vie pro-fessionnelle comme vendeur d'assurances-vie, enquêteur pour l'IFOP, auteur de romansphotos et de courriers du cœur, directeurd'une fabrique de poutres synthétiques, jour-naliste à l'Aurore – quotidien légendaire,racheté par le Figaro, et disparu. Il participeau Petit Rapporteur, émission dominicale deJacques Martin sur Antenne 2, en ce tempsqui demeure encore l'âge d'or de la Télévision(1975-77). France Inter fait appel à lui : lesSaltimbanques de Jean-Louis Foulquier(1978-79) le Tribunal des flagrants délires deClaude Villiers et Luis Rego (1980), lesChroniques de la haine ordinaire (1986). EtFrance 3 pour la Minute nécessaire deMonsieur Cyclopède (1982). Parallèlement, ilse produit sur scène, collabore à Pilote, publieses textes, dont un roman Des femmes quitombent. En 1988, il meurt d'un cancer.

Michel Didym

Lorrain de naissance, il entre à l'école duThéâtre national de Strasbourg pour devenircomédien. En 1986, il participe l'APA : ActeursProducteurs Associés, une initiative de comé-diens en quête d'indépendance. Lauréat en1989 du prix de la Villa Médicis hors les murs,il dirige des ateliers à New York et SanFrancisco. L'année suivante, à son retour ilfonde la compagnie Boomerang, en 1995, laMousson d'été, en 2001, la MEEC (Maisoneuropéenne des écritures contemporaines)dans un même but : faire connaître desauteurs vivants, français et étrangers. Commecomédien, il a travaillé notamment avecLavaudant, Lavelli, Françon. Comme metteuren scène, il a monté entre autres Minyana,Vinaver, Beckett, Koltès (Sallinger auxAbbesses*) Daniel Danis (le Langue à languedes chiens de roche) au Vieux-Colombier.

* Coproduction Théâtre de la Ville comme Visiteursde Botho Strauss en oct. 94.

Les animaux ne saventpas qu'ils vont mourircréation

PIERRE DESPROGES MICHEL DIDYM

Visage maigre, regard attentif, sourire raremais toujours au bord de pointer, et puis unparler sec, scandé, une voix presque sourde,toutefois impitoyablement nette, assénantdoucement des aphorismes du genre « lesgens malheureux ne connaissent pas leurbonheur » : Pierre Desproges dans les souve-nirs. En 1988, il est parti rejoindre la mort avecqui il avait tenu tant de conversations fami-lières. Et depuis, parce qu'on ne l'entend plus"live", inlassablement Michel Didym lit et relitses différents textes, y retrouve et y trouve leséchos de ce qu'il aimerait, aujourd'hui, écou-ter sur scène. Il a pris contact avec HélèneDesproges, lui a raconté comment il aimeraitporter sur scène cet univers si singulier.Immédiatement, elle a accepté. C'était la pre-mière fois, alors que les propositions ont éténombreuses. Il avait trié parmi les morceauxpubliés, elle lui en a proposé d'autres, inédits,destinés à un spectacle qui n'a pas eu letemps de voir les feux de la rampe. Elleexplique :« Pierre ne pouvait pas commencer à écrire,avant d'avoir sur sa table un matériau pour aumoins une heure et demie. Il reprenait le tout,modifiait, ajoutait des fragments déjà utilisés,qu'il réajustait.. Il avait l'angoisse de la pageblanche, et en utilisait à peine le tiers. La plusgrande insulte à lui faire, c'était de le féliciterpour ses "improvisations". Tout était parfaite-ment au point, précis à la virgule près. Lamasse de manuscrits est énorme, c'est vrai,mais le choix n'est pas si difficile. Tout au longj'ai travaillé avec lui, je sais où il voulait et nevoulait pas aller ».C'est en tant qu'auteur, « écriveur » comme ildisait, que Pierre Desproges voulait êtrereconnu. Le reste, la radio, la télévision etmême la scène, il appelait ça « le serviceaprès vente ». Il envisageait d'écrire pourd'autres, il aura donc écrit pour Clotilde Mollet,Daniel Martin, Philippe Fretun.

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DU 10 AU 14 JUINtraduction Marie-Paule Ramomise en scène Dan Jemmettassistante Marie-Paule Ramoscénographie Dan Jemmett, Denis Tisseraudcostumes Sylvie Martin-Hyszkalumières Arnaud Jungpeinture Sylvie Martin-Hyszka

avec Geoffrey Carey, Hervé Pierre,Antonio Gil Martinez, Julie-Anne Roth,Valérie Crouzet

production Théâtre de la Ville – ThéâtreVidy, Lausanne E.T.E. – SARL Sur un pla-teau-Philippe Sturbelle – avec la partici-pation artistique du Jeune ThéâtreNational.

Une fête ! […] On est d'emblée captivé par jene sais quelle ferveur coupée du vin de l'al-légresse, comme si, parti avec l'idée des'amuser, de s'étourdir en facéties, on étaitpeu à peu piégé par la grâce inhérente àcette comédie amère.

Frédéric Ferney, Le Figaro

La liberté d'allure de la mise en scène, la fan-taisie (au sens fort d'imagination) qui s'ydéploie, l'invention constante des interprètesfont de cette réalisation l'une des plus stimu-lantes du moment.

Jean-Pierre Leonardini, L'Humanité

Y règne un formidable bonheur de jouer […].Le face-à-face acteurs-spectateurs en effetfonctionne à plein. Et l'échange. Au-delà desmots, du texte, du sens. Ailleurs, dans l'indi-cible du plaisir.

Fabienne Pascaud, Télérama

ShakeSHAKESPEARE DAN JEMMETT

La saison dernière, Shake secoua le Théâtredes Abbesses et son public. Ardemment etjoyeusement. Suffisamment pour en nécessi-ter le retour. Shake signifie d'ailleurs "secouer".C'est aussi la moitié de "Shakespeare" et c'estla Nuit des rois, revue de façon tout à fait per-sonnelle par Dan Jemmett. Dans ses grandeslignes pourtant, l'intrigue demeure relative-ment – et même pas mal – fidèle à l'originale,déjà assez farfelue, toute en quiproquos, tra-vestissements, confusion d'identités, et autresimbroglios. Ici, cinq comédiens – plus unepoupée de ventriloque – se chargent du tout.Résultat : un pur bijou de cette spécialitébritannique : le burlesque imperturbable. Etirrésistible :« On trouve encore des gens qui pratiquentcette tradition comique, mais en ce moment,ce n'est pas vraiment à la mode. Après tout,voilà plus de trois ans que je ne vis plus enAngleterre, je suis peut-être entré dans unephase de nostalgie… Je pense plutôt êtreinfluencé par le souvenir de mon père, quiétait comédien. Ma mère aussi, d'ailleurs.C'est pourquoi je fais du théâtre, qu'est-ceque je pourrais faire d'autre? Mes parentsm'en ont transmis le désir et la possibilité,comme le ferait un artisan de son métier, deson entreprise, et je trouve ça beau. C'est enartisan que j'aborde le théâtre, et non pourmettre en jeu de grandioses visions. Je veuxseulement continuer une histoire ».Dan Jemmett continue. Il réinvente, transmet,insuffle aux comédiens l'art de casser l'émo-

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reprise d'un triomphecréé aux Abbesses en février 2002

tion par le rire, de mener le rire jusqu'auxportes de l'inquiétude. Tel un Prospero magi-cien les dirigeant dans l'ombre, il les laissedéfinir leur espace, laisse toute liberté auxtourbillons de la fantaisie, laisse venir ce quidoit arriver : le théâtre, royaume de l'absurde.

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AU THÉÂTRE DE LA CITÉ INTERNATIONALEDU 14 AU 29 OCTOBREmise en scène, scénographie Rodrigo Garcíalumières Carlos Marquerietraduction Christilla Vasserot

avec Patricia Lamas, Juan Loriente

coproduction la Carnicería Teatro, Madrid– Instituto del Mediteráneo – X Interna-tional meeting on Ancient Greek Drama,Delfos – INAEM – Comunidad de Madrid.en collaboration avec Fundación Autor.coréalisation Théâtre de la Ville, Paris -Festival d'Automne à Paris - Théâtre de laCité Internationale

After sunRODRIGO GARCÍA textes en espagnol (surtitrés) et français

« After Sun semble inimaginable tant qu'on nel'a pas vu […] une création pleine de mou-vement, de corps qui à eux seuls en disentdéjà long, puis surviennent les textes, commecomplément idéal », écrit Rodrigo Garcíadans sa préface, et c'est exactement ça. Unelitanie frénétique absolument maîtrisée, quipasse à travers les corps, plus encore que parles mots.Les textes se partagent entre un garçon etune fille qui jouent avec une table, deschaises, des masques. Le point de départserait la mort de Phaeton, désintégré enpleine course pour avoir menacé Zeus enconduisant le char de son père, le Soleil.Pourquoi pas? De toute façon, il n'y a pasd'histoire, ni vraiment de personnage. Il y a lesacteurs, Patricia Lamas et Juan Loriente, qui,de toute la force sauvage de leur jeunesse,délivrent les fureurs de Rodrigo García, sescolères et ses rêves, lui qui rêve d'être BartSimpson et Michel-Ange, sainte Thérèse del'Enfant-Jésus et Mata Hari, et tant d'autresencore, et voudrait être aimé « comme DiegoMaradona a besoin qu'on l'aime ».Rodrigo García se lance dans le présent etmême dans l'actualité, plonge en lui et aucœur du monde, se révolte contre les ambi-tions et leurs comportements, contre les aveu-glements, fait le décompte des gratte-cielavec leur âge, leur hauteur, leurs architectes« Plus c'est haut, plus tu as de mètres pourregretter […] Plus c'est haut moins le cri estbon »…

Il affecte le cynisme, donne à ses plaintes desmusiques rimbaldiennes. Il secoue la logique,désarticule le réel, le fait exploser en frag-ments, recollés à ce qu'il semble au petitbonheur la chance, mais en fait, dans unecohérence parfaite et parfaitement autre,étrangère aux modes d'aujourd'hui.Avec sa part de naïveté généreuse, c'est fina-lement un grand rêve libertaire qui prend viesur scène, face au public interpellé en tantqu'ami dans la confidence, la connivence.Rodrigo García, diaboliquement adroit, frôlel'agressivité pour la retourner sur le rire. Il jouede la provocation en maître et en enfant malin.Il y a des gens indécents seulement quand ilssourient, Patricia Lamas et Juan Lorientepeuvent se mettre à nu, physiquement, mo-ralement, ils gardent la grâce d'une puretéanimale.Entre la peur et le désir de se fondre dansl'anonymat de la foule, entre la fascination dela mort et l'insatiable faim de vivre, After sunremue les invariables névroses humaines, lesdésigne, les renverse (J'ai mon travail. Mais ilme manque l'insécurité), les bouscule avecune jubilation irrésistible.

Rodrigo García

Né en 1964 à Buenos Aires, en 1986 il s'ins-talle à Madrid. Trois ans plus tard, il fonde sacompagnie "la Carniceria Teatro". Auteur, scé-nographe, metteur en scène, avant After sun,présenté aux Festivals "Mettre en scène" àRennes, "Mira" à Toulouse, et à Avignon, il aécrit une vingtaine de pièces, parmi les-quelles Prometeo présentée par SergeTranvouez en 2001 à la Comédie de Caen (oùlui-même avait créé Ignorante l'année précé-dente) et par François Berreur au Festivald'Avignon 2002. En dehors de ses propresœuvres, il a adapté et mis en scène ThomasBernhard, Baudelaire, Heiner Müller (El Pare,prix de la critique à Valence en 1994). Égale-ment vidéaste, il a travaillé pour différentsthéâtres et, en 1993 monté des installations auFestival Expérimental d'Arnheim aux Pays-Bas (Hamlet), à Madrid et Valence (Dime poe-sias-boxea).

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CIRQUE AU THEATRE DE LA VILLE

DU 11 AU 15 FÉVRIER

avec Uma Ysamat soprano,Magnus Jakobsson jonglage, acrobatie,saxophone, danse…,Raphaëlle Boitel contorsion, équilibre, vol-tige…, James Thiérrée acrobatie, violon,trapèze…

savait et ne pas s'en servir aurait été dom-mage. Il avait des choses sinon à dire – en-core moins à prouver –, des choses à faireéprouver : les émotions nées de la beauté, del'inattendu. Petit et grand, il n'y a pas d'âgepour l'émerveillement, chaque spectateurse trouve enveloppé dans une perpétuellesurprise : « Tout est affaire de rythme. C'est lerythme qui crée le vrai scénario, qui donne auspectacle son indispensable fragilité. Chaquesoir, je complote pour ne pas nous installerdans un mouvement trop déterminé. Je nesouffre pas d'une frénésie de changement,c'est seulement qu'il y a sans cesse des désé-quilibres à rétablir ».Calibrer les "déséquilibres" au millimètre près,les régler à la seconde près, tel est le secretde la Symphonie du hanneton, composéepresque par hasard, au gré des idées quiviennent au cours des répétitions, des enviesde réaliser l'irréalisable. Comme se transfor-mer en girafe, en ombre serpentine terminéeaux extrémités par de petites formes clairesqui s'agitent et s'amusent… Mains, pieds…Allez donc savoir.Des costumes aux musiques, des lumièresaux objets, des artistes aux éléments dedécor qui participent au rêve, tout bouge, etfait bouger la réalité, la met sens dessus des-sous, la redresse, la malmène… Les surréa-listes auraient sans aucun doute accueilliJames Thiérrée parmi eux.

la Symphonie du hanneton

JAMES THIÉRRÉE

C'est l'histoire d'un homme qui se met au lit, etpresque littéralement perd la tête. Ne resteplus alors qu'à entrer dans le cerveau du dor-meur vêtu de blanc, seul avec les figures deses fantasmes dans le blanc de ses draps.Reste à l'accompagner en ses tendres cau-chemars faits de musiques et de fantaisie…Le voir perdre ses bras, les échanger avecses jambes, se dédoubler, s'envoler, val-ser accroché au lustre avec sa bien aimée…Tout autre que lui serait épouvanté, mais cegarçon ne vit, ne rêve que par et pour lesmétamorphoses.Ce garçon, James Thiérrée, porte la poésiedans ses gènes. Fils de Jean-BaptisteThiérrée et de Victoria Chaplin, son pays natals'est appelé le Cirque Bonjour, puisImaginaire, puis Invisible. Il y a grandi, y aappris mille choses et, avant tout, l'amour desimages impossibles, le talent de les faire vivre.Au cours des errances familiales, il a connutoutes les écoles, dont celles de théâtre. Ilaurait pu se contenter d'être comédien. Il l'aété, d'ailleurs, avec Peter Greenaway, BennoBesson, Bob Wilson entre autres, mais consi-dère cette période de sa jeune existencecomme une étape. Avoir appris tout ce qu'il

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James Thiérrée

Né en 1974 à Lausanne, à quatre ans il faitses débuts sur scène. Précisément sous cha-piteau. Il apprend l'acrobatie, le trapèze, leviolon, les langues en cours dans les pays tra-versés, suit quelques écoles d'art dramatique(au Piccolo Teatro de Milan, à Harvard, auConservatoire de Paris, et avec IsabelleSadoyan). Il joue au cinéma avec PeterGreenaway, Coline Serreau, Raul Ruiz,Philippe de Broca, Roland Joffe… Au théâtreavec Benno Besson, avec Carles Santos. Là ilrencontre Uma Ysamat, cantatrice dans laSymphonie du hanneton. Il en avait écrit unsynopsis, l'avait envoyé un peu par-tout. L'Orion Teater de Stockholm lui a faitconfiance, lui a permis de créer en 1998 cespectacle qui depuis ne cesse de parcourir lemonde.

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Normandie en janvier 2002, au moment de lacréation à l’Opéra de Rouen. Mais l’un n’em-pêche pas l’autre et la scénographie duHollandais Tom Schenk envoûte. Il y a un che-min d’eau, dont le bruit ponctue de ses pleurscette terre qui chante. Des cailloux griscrissent dans un espace d’une grande pureté.David Stern souhaitait vraiment que ce rituelbouddhique se déroule dans le théâtre oùrésonna le sublime violon de son père en1981. Merci aux 14 musiciens de l’orchestreLeonard De Vinci, à la belle mezzo Ning Liangd’origine asiatique formée à la Julliard Schoolde New York, et au charismatique ténor amé-ricain Hayes pour l’âme de cette ouverture desaison.

Yoshi Oïda

Comédien chez Peter Brook, de nationalitéjaponaise, Yoshi Oïda vit actuellement à Paris.Après des études de philosophie, il s’est inté-ressé au théâtre traditionnel japonais. En1968, grâce à une invitation de Jean-LouisBarrault, il vient en France et participe immé-diatement à l’aventure artistique proposée parPeter Brook : Orghast de T. Hughes à Per-sépolis (1971) ; Les Iks de C. Turnbull (1974) ;La Conférence des oiseaux de Farid UddinAttâr (1979) ; Le Mahabharata (1985) ; LaTempête de Shakespeare (1990) ; L’hommequi… d’Olivier Sachs (1993).Au cinéma, il a joué dans le film de PeterGreenaway, The Pillow Book.Pour le théâtre il mis en scène le Livre desmorts tibétain, Mythologie japonaise, la DivineComédie de Dante, et des pièces de YukioMishima, Samuel Beckett, Genet…Et pour l’opéra : Curlew River de BenjaminBritten, le Rossignol d’Igor Stravinski, leVillage du louveteau de Guo Wenjing.

David Stern

Installé à Paris depuis 10 ans, le jeune chefd’orchestre américain David Stern a dirigéautant de concerts que d’opéras à traverstoute l’Europe et l’Extrême-Orient.Depuis 1999, il travaille en étroite collabora-tion avec le Festival Pékin et de nombreuxorchestres en Chine. Depuis 1998, il a établi une importante colla-boration avec l’orchestre Concerto Köln.Depuis 1997, dans le cadre de l’Académieeuropéenne de musique d’Aix-en-Provence,David Stern a dirigé Curlew River de BenjaminBritten mis en scène par Yoshi Oïda et filmépar Arte, Didon et Énée de Purcell et une nou-velle production de la Flûte enchantée miseen scène par Stéphane Braunschweig. En 1995, il a été nommé directeur musical del’Orchestre philharmonique de Südwestfalie àSiegen en Allemagne, et un premier enregis-trement a pu être réalisé en novembre 98. Nommé en 1999 chef principal invité del’Opéra de Rouen, David Stern y a dirigé laFlûte enchantée et les Noces de Figaro ainsique plusieurs concerts avec l’orchestreLéonard De Vinci. Le 25 novembre 2001, il y arendu un hommage unique à son père IsaacStern, en dirigeant l’orchestre Léonard DeVinci et le violoniste Ivry Gitlis.

Anne-Marie Bigorne

10, 11, 13 ET 14 SEPTEMBREnarration lyrique Adieu ma fille,cycle Gustav Mahlerorchestration Arnold Schoenberg et Rainer Riehn

direction David Sternmise en scène Yoshi Oïdascénographie Tom Schenklumières Françoise Michelcréation des femmes Reiko Krukassistante mise en scène Lorna Marshall

avec Ning Liang, Michaël Hayes,Igede Tapa Sudana, Julien Flematti,Jean Maillard, Julien Rousseauorchestre Léonard De Vinci

production Léonard De Vinci, Opéra de Rouen

coréalisation Théâtre de la Ville, Ile-de-France Opéra et ballet.

le Chant de la terreGUSTAV MAHLER DAVID STERN-YOSHI OÏDAopéra de chambre

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UN OPÉRA DE CHAMBRE ÉMOUVANTTelle est la réussite de David Stern et de YoshiOida. L’orchestration originale, si puissante,du Chant de la terre que Mahler compose en1908, n’a jamais permis la moindre versionscénique. Aussi le chef d’orchestre américain,bouleversé par ce cycle grandiose de vie etde mort, a-t-il choisi la version de chambre deSchoenberg. Édifiée par le grand admirateurde Mahler en 1921, elle ne sera complètementterminée selon ses indications qu’en 1983 parle musicologue Rainer Riehn. Qui mieux quel’artiste japonais Yoshi Oida, pouvaitcomprendre la philosophie bouddhique decette flûte chinoise qui inspire à Mahler sasublime partition ? Reliant entre eux lesantiques poèmes qu’il chérissait, le grandcollaborateur de Brook, acteur et metteur enscène, crée des personnages, imagine unehistoire. Pour en dérouler le fil, certains mou-vements ont été inversés. « Indépendants, ilspeuvent l’être », explique le fils du grand vio-loniste Isaac Stern. La dimension nouvelle quel’équipe artistique souhaitait apporter à cechef-d’œuvre est bien là. « Nous avons vouluun spectacle qui ne flatte pas les yeux maisl’âme » déclarait le jeune chef à Paris

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19, 20, 21 ET 24 MAI 3 chanteuses (Gopis): Charumati RamachandranSubhashree RamachandranSangeeta Sivkumarun chanteur (Krishna) Trichur Ramachandranun récitant

Ramesh Mudicondan veenaVaratarajan violonPropancham Balachander flûte muraliAnayambatti Ganesh jalatharang Srimushman V. Raja Rao mridangam

consentir, remettant finalement leur âme entreses mains. On sent que la foi et la joie de vivreilluminent le chant final qui apparaît commeune bénédiction.Dans les 21 chants de l’œuvre, le profond etmystérieux génie musical de Tyagaraja trans-paraît avec une variété d’effets, une touchevirginale et une forte cohérence esthétique. Àl’écoute de certains airs on peut évoquerMozart (pour le génie) aussi bien que Rossini(pour l’efficacité lyrique).Les Artistes :Trichur Ramachandran, chanteur réputé, tientle rôle de Krishna.Sa femme Charumati est le leader des Gopis.Leur fille Subhashree et leur discipleSangeeta Sivkumar, chantent chacune à tourde rôle et en chœur.Les instrumentistes (flûte, violon, veena, jala-tharang et mridangam) font partie de la finefleur des musiciens du Tamil Nadu. Âgés detrente à soixante ans, ils représentent l’excel-lence de la tradition du sud dans toute sadiversité.

Christian Ledoux

Nauka Charitramcréation

TYAGARAJA (1767-1847) opéra - Inde du Sud

Parmi les plus illustres figures de composi-teurs et musiciens de l’Inde, celle deTyagaraja brille d’un éclat exceptionnel : en luis’unissent le compositeur de génie, le saint-poète et mystique, l’adepte inspiré du nadayoga (yoga du son).On a peine à imaginer que son œuvre im-mense, limpide, généreuse et peu égalée, aété composée spontanément, comme sous ladictée des dieux.Son Nauka Charitram ou “la Représentationdu bateau” peut s’apparenter à une sorted’oratorio, voire un mystère du Moyen Âge.Écrite en télugu, la langue la plus musicale del’Inde, cette éblouissante partition lyriquedécrit un épisode de Krishna avec ses ber-gères amoureuses, les Gopis. Il y est questiond’une singulière tempête déclenchée parKrishna.Les Gopis, voguent à leur guise sur la Yamunaen compagnie de Krishna. Elles se sententbientôt si belles et séduisantes, irrésistibles etorgueilleuses, qu’elles osent le commanderd’aller ici ou là. Krishna crée alors une tem-pête qui perce des trous dans la coque deleur embarcation. Les Gopis implorent leurtimonier de leur sauver la vie. Mais celui-cileur dicte ses conditions : qu’elles ôtent le hautde leurs vêtements pour boucher les trous…Hésitantes, elles supplient à nouveau tandisque les éléments continuent à se déchaîner.Alors, la honte au visage, elles obéissent.Cependant Krishna fait redoubler la furie deséléments… Affolées, les Gopis ne pensentmême plus à elles. Prenant peur pour la viemême de Krishna, elles prient toutes enchœur pour lui. Mais Krishna réclame qu’ellesse déparent du bas, ce à quoi elles doivent

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DU 21 AU 24 OCTOBRE

18 artistes dont 6 musiciens (piri : flûte enbambou, percussions et cymbales)

Le programme Corée 2002 est réaliséavec le ministère coréen de la Culture etdu Tourisme, le Centre culturel de l'am-bassade de Corée en France.

avec le soutien du département desAffaires internationales du ministèrefrançais de la Culture et de laCommunication.en association avec la Fondation deFrance et la Korea Foundation.avec le concours du Groupe Lafarge

coproduction Théâtre de la Ville, Paris -Festival d'Automne à Paris

L'origine du talchum (théâtre masqué) estimprécise. Cet art scénique, né il y a environtrois siècles, s'est transmis oralement et relèvede plusieurs disciplines : musique, danse,théâtre, rituel. Le théâtre masqué coréen portela marque du chamanisme. À l’origine, seulsles hommes pouvaient l'interpréter ; lesfemmes ne participent que depuis peu auxreprésentations. La symbolique des couleurs,des masques et des costumes, se réfère auxcinq directions : bleu pour l'Est, rouge pour leSud, blanc pour l'Ouest, noir pour le Nord etjaune pour le Centre.On sait que les chamanes portaient desmasques à l'expression démoniaque – enbois, papier mâché ou taillés dans unecourge –, lors de certains rites, pour effrayeret chasser les mauvais esprits. Après usage,il convenait de les détruire, c’est pourquoi il nereste aujourd’hui que très peu de masquesanciens. Permettant à l'acteur d'incarner lespuissances surnaturelles et de servir d'inter-médiaire avec les esprits et l'au-delà, ils ex-priment sentiments et états d'âme : le blanc,outre l'Ouest, symbolise la noblesse ; le noirexprime la cruauté.D'abord représenté à la Cour sous forme decontes moraux joués par des moines boud-dhistes, le talchum devint le moyen d'expres-sion favori des populations rurales et prit alorsla forme de satires divertissantes, libératrices,fustigeant les classes dirigeantes, les proprié-taires terriens et racontant les démêlés conju-

gaux des uns et des autres. On sait que lespaysans se rassemblaient pour célébrer unefête bouddhique, la plantation du riz, ou pourhonorer les esprits des ancêtres. Ces fêtes vil-lageoises commençaient au crépuscule, à lalumière des feux, et s'achevaient à l'aube.Une procession, suivie d'un rituel en l'honneurdes divinités, précédait la pièce de théâtre.Ces spectacles mettaient aussi en scène lacorruption, celle des moines dépravés et desreprésentants du pouvoir dont l'arroganceétait mal ressentie par les paysans opprimés.La Compagnie d'Unyul, du nom d'une villesituée au nord de la péninsule coréenne dansla province de Hwanghae, est établie àIncheon, à l'est de Séoul. Elle utilise quatorzemasques. Le spectacle commence par ladanse d'exorcisme, saja chum, du Grand Lionblanc, figure mythique animée par troisacteurs.Suivent la danse d'ouverture du moine novice,saluant les points cardinaux, puis la dansedes huit moines bouddhistes qui finissent parrenoncer à leurs vœux, les trois frères, aristo-crates terriens, ridiculisés par leur serviteurMaltuggi ; le vieux moine ivre humilié par unefemme qui prétend le séduire avant de lui pré-férer un des villageois, Choegwari ; l'histoirede la vieille Miyal, partie à la recherche de sonépoux Yonggam, qui sera tuée par la concu-bine Ttundanjip après une lutte violente. Sonâme ne pourra trouver l'apaisement qu'aprèsl'accomplissement du rite de la chamane quiconstitue la dernière partie du spectacle. �

Unyul Talchumthéâtre dansé avec masques de Corée

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DU 4 AU 8 FÉVRIERtraduction et adaptation Pascal Collinmusique Frédéric Fresson direction artistique Éric Lacascadelumières Philippe Berthomécostumes Antoinette Magny

avec Norah Krief chantPhilippe Floris batterie, percussions,accordéon, voixFrédéric Fresson piano, voixDaniel Largent basse, percussions, voix

production Comédie de Caen, centre dra-matique national de Normandieavec le soutien de la société Camac et dela SPEDIDAM.

interprétations, à chercher là où je n'étais pasencore allée ».Sur des rythmes de rock, des passages dechanté-parlé, des courbes à la Kurt Weill, lesSonnets – un peu plus de vingt, soigneuse-ment choisis sur les cent cinquante-quatrelaissés par Shakespeare – enchaînent unehistoire, celle d'un être en mal d'amour, dont lecorps tout entier réclame la présence del'autre. Alors, que Shakespeare ait écrit pourun homme et qu'une femme prenne sa place,peu importe. L'amour est l'amour. PascalCollin a adapté en français les textes pourNorah Krief, c'est pour son propre comptequ'elle chante les souvenirs, les pleurs, lafureur, le désir.« J'ai pensé à Georgette Dee, parce que c'estun homme qui chante habillé en femme maisne joue pas la femme. J'aimerais aller loincomme ça ».Norah Krief ne joue évidemment pas l'homme.Sur scène, elle ne donne pas un récital, ni untour de chant. Sur scène, elle vit. « Ce n'étaitpas un rôle, pas un personnage, c'était elle »,écrit Éric Lacascade, qui l'a dirigée, et finale-ment, ce concert, c'est du pur théâtre : « Lethéâtre, je ne l'abandonnerai jamais.Simplement, j'aimerais toujours explorer denouvelles expressions ».

Norah Krief

Dirigée par Éric Lacascade et GuyAlloucherie, la compagnie lilloise le Ballatum,qui a imposé son énergie drolatique et dévas-tatrice ne pouvait pas ignorer Norah Krief, quijoue notamment dans la Double Inconstancede Marivaux, et une première version desTrois Sœurs. La compagnie dissoute, ÉricLacascade est nommé à la tête de laComédie de Caen, centre dramatique natio-nal, qu'il transforme en centre de recherche etd'expérimentation théâtrales. Norah Krief estlà, participe au travail mené avec EugèneDurif sur Phèdre, à un Ivanov électrisant.Entre-temps, elle a travaillé avec FlorenceGiorgetti (Blanche Aurore céleste de NoëlleRenaude) Yann-Joël Collin (Homme pourhomme, Henri IV) Jean-François Sivadier(Italienne avec orchestre, la Folle Journée oule Mariage de Figaro).

SonnetsSHAKESPEARE CHANTÉS PAR NORAH KRIEF

Allure décidée, visage aigu, sourire désar-mant : Norah Krief. Comédienne du genre quel'on appelle "de tempérament". On l'a décou-verte avec le Ballatum, troupe lilloise qui en1983 déboulait au milieu du glamour ten-dance de l'époque, avec une frénésie vitalerevigorante. Puis elle a suivi Éric Lacascade àla Comédie de Caen, a également participéau spectacle fleuve de Yann-Joël Collin,Henri IV, saga shakespearienne sur la guerredes Deux-Roses. C'est d'ailleurs là que pourla première fois, elle a chanté sur scène :quelques fragments des Sonnets, mis enmusique par Frédéric Fresson. Elle a eu enviede continuer.« Pas pour interpréter Barbara ou Brassens ouqui que ce soit. Mais vraiment, j'ai aimé tra-vailler avec les musiciens. Nous avons impro-visé, ils m'ont écoutée, je les suivais, nousreprenions sans cesse et ce n'est pas terminé.Jusque-là je chantais pour mon plaisir, mais lapoésie et la musique m'ont été révélées parles Sonnets de Shakespeare. J'ai eu l'impres-sion, au-delà de ses œuvres, de pénétrerdans sa vie intime. Avec un trio de musiciens,c'est devenu un concert Shakespeare. C'estmagnifique à faire, c'est un travail toujours enmouvement, qui m'amène vers d'autres hori-zons de jeu ».En dehors même de son talent de comé-dienne, Norah Krief a reçu de la nature unsouverain cadeau, la voix. Une voix – qu'ellecontinue à exercer chaque jour deux heuresdurant – un peu rauque et très chaleureuse,qui force à l'écoute, suffit à traduire l'indiciblede la musique : « La musique m'a traversée,en quelque sorte m'a forcée à creuser mes

textes théâtre Colette Godard

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THEATRE DE LA VILLE • TARIF ADU 22 AU 26 OCTOBRE 1er PROG.

Marie ChouinardCOMPAGNIE MARIE CHOUINARD

Le Cri du monde (2000)10 danseurs

Les 24 Préludes de Chopin (1999) 10 danseurs

EXTRA-SENSORIALITÉPour sa première invitation au Théâtre de laVille et aux Abbesses, la Canadienne MarieChouinard offre pas moins de quatre pièces,agencées en deux programmes distincts. Cetappétit de danse, d’une voracité unique enson genre, Marie Chouinard ne s’en est guèredépartie depuis ses tout premiers solos à lafin des années 70. Artiste singulière, sorcièreen diable, elle a d’abord fait de son proprecorps la forge malicieuse d’une beautéconvulsive, catalysant une danse viscérale-ment organique, jouissive et tellurique. En2000, un Bessie Award (la plus prestigieusedistinction américaine en matière d’arts de lascène) est venu couronner à New York uneétonnante rétrospective de ces solos ébourif-fants, créés en vingt années d’une audacesans concession.Marie Chouinard a constitué sa compagniesur le tard. Mais dès sa première pièce degroupe, les Trous du ciel, en 1991, la soliste aprouvé sa capacité à ramifier une vision ducorps qu’elle perçoit comme le foyer d’uneintelligence incarnée, un lieu de connexiondes émotions et de la conscience. Une sorted’extra-sensorialité qu’elle engage dans unegestuelle vigoureuse et sauvage, comme enattestent ses propres versions du Sacre duprintemps et de l’Après-midi d’un faune,qu’elle a créées en 1993 et 1994. Le Cri dumonde est dans cette veine, « cosmique, sa-crée, animale, terrienne, anguleuse, fluide ».Scandée par les altérations sonores d’unecomposition électroacoustique de LouisDufort, cette plainte chorégraphique se pro-page sur la ligne de tension de corps torduset désarticulés : dix interprètes au cœur d’unséisme qui les possède. Au regard de cetteénergie cataclysmique, les 24 Préludes deChopin baigneraient-ils dans un romantismeplus éthéré? Pas vraiment. « C’est cru, vital,c’est violent. C’est une musique comme unrayon laser », dit Marie Chouinard d’une cou-lée pianistique qu’elle diffracte en solos, duos,trios et mouvements de groupe, incisifs etmalicieux, voire cocasses. Poignante ou plusludique, la danse est ici, de toute façon, unemarée qui submerge les digues et emporteles corps dans son incompressible vitalité.

DANSE AUTHEATREDE LAVILLE

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THEATRE DE LA VILLE • TARIF A29, 30, 31 OCTOBRE CRÉATION

Hervé RobbeCENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DUHAVRE HAUTE-NORMANDIE

Des horizons perdus7 danseurs

LA NATURE DU JARDINSitué entre la nature et la ville, le jardin estaujourd’hui le lieu qu’Hervé Robbe a choisid’interroger. Architecte de formation, le choré-graphe pense d’abord en terme d’espace,puis le mouvement, puissant et délié,complexe et rigoureux prend le relais. Il traduitle flux d’une pensée curieuse, ouverte au dia-logue, et toujours en recherche. On se sou-vient de son remarquable solo Polaroïd de1999 présenté en mai 2001 au Théâtre de laVille. Portrait en marche d’un créateur dérou-lant l’écriture ciselée d’une enquête pudiquemenée entre réalité physique et imagesfilmées. Le fort impact charnel de son mouve-ment alliant plénitude et déséquilibre s’inscri-vait chaleureusement entre deux termesaustères : l’environnement des cités ouvrièreset l’abstraction de la danse.Dans Permis de construire/Avis de démolition,œuvre créée pour l’an 2000, la question portesur l’habitat domestique : la maison et son rap-port à la danse et au regard. Le premier voletde ce diptyque est une remarquable exposi-tion où circulent les spectateurs. Fascinantemise en perspective de cadrages – couloirs,fenêtres, portes, écrans, reflets – multipliant lafragmentation des corps en mouvement et lesangles de regard. Après cette expérimenta-tion publique, le dispositif fait l’objet d’unremaniement pour la scène. Cette secondepartie sollicite les danseurs projetés dans unlabyrinthe au fonctionnement désarticulé d’oùémane un foisonnement de sensations.Habiter est un mot-clef dans le travail du cho-régraphe. Pour sa dernière création, Des hori-zons perdus, Hervé Robbe entreprend unnouveau dialogue avec l’espace. Amé-nagement neutre et minimal, le plateau estblanc. Des portants courbes accueillent lesécrans vidéo. Le scénario est en images etl’idée de jardin s’y décline selon toutes sortesde modalités inattendues : de la typographie àl’Eden, de l’époque classique ou romantique àla Renaissance, du jardin ouvrier à l’herbier oul’analyse scientifique. Les aspects symbo-liques, réels et virtuels de ce retour à la natureet à son imaginaire jouent autour de l’idée de

représentation, réfléchissant sur la nature ducorps et ce qu’il vit aujourd’hui. Interprètespromeneurs, compositeur et réalisateur seretrouvent autour d’une pratique culturelle quin’a cessé d’évoluer au fil des siècles. Le pay-sage en perpétuel changement reste uneépreuve du corps et des sens ; traverser le jar-din devient un voyage, une énigme où l’his-toire de chacun vient s’inscrire dans l’histoiredes autres.De la ville à l’usine, de la maison au jardin, duvivant au virtuel, de l’intime à l’espace public,Hervé Robbe interroge un monde en pleinemutation. Dans cette époque peu propice à laflânerie, le chorégraphe agit avec une prag-matique délicatesse. L’art d’expérimenter denouveaux espaces de liberté. ✱

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THEATRE DE LA VILLE • TARIF BDU 5 AU 9 NOVEMBRE

CarolynCarlsonWritings on watersolo dansé par Carolyn Carlsonmusique Gavin Bryars - 11 musiciens

CALLIGRAPHE DES SENSATIONSElle est à nouveau de retour, oiseau migrateurqui transporte depuis plus de trente ans uneindéfectible poésie du mouvement. CarolynCarlson se définit elle-même comme une« messagère de lumière », dont le vagabon-dage dans les infinis labyrinthes de la danseest une quête de « clarté, par-delà l’ob-scurité ». Calligraphe des sensations et desémotions, elle est à la fois le pinceau et ledessin, l’encre et le trait, matière fluide quiliquéfie les contours du geste concret et del’espace abstrait. Paris et Venise sont aujour-d’hui ses ports d’attache. Dans le parc de laCartoucherie de Vincennes, l’Atelier de Parisest son modeste établi. Mais c’est à Venise,en charge de la danse au sein de la presti-gieuse Biennale, dans une ville où reste vivel’empreinte des cinq années passées àl’Opéra de La Fenice au début des années 80,que Carolyn Carlson a réservé la saveur deses dernières créations. Et c’est sur la scènedu Teatro Malibran, là même où voici vingt anselle signait Undici Onde puis Underwood *,qu’en mars dernier naissait un nouveau solo,Writings on water, unanimement salué parla critique italienne comme un « spectaclemagnétique » d’où émane « un parfum deprintemps ».Toute de noir vêtue dans une robe de taffetas,assise au début de la pièce derrière une tablebasse japonaise, Carlson dessine dans l’airun rituel de gestes qui se répandra ensuite àtravers le buste et les bras pour propagertoute une gamme de courbes et d’ondula-tions, d’une minutieuse concision striée detressaillements et de brèves respirations. Lesimages projetées d’une étendue d’eau offrentl’arrière-plan métaphorique d’une danse bai-gnée d’immensité, en appel d’univers, oùl’éphémère du mouvement se fond dans uneéternité palpitante. « Toute chose existe nondans l’être mais dans le devenir, et puis sedissout », écrit la chorégraphe. Poésie incar-née que traduit Writings on water, dont lecharme éloquent se nourrit des sonorités déli-cates et incandescentes d’une compositionminimaliste et romantique de Gavin Bryars quidirige sur scène les onze musiciens de l’or-chestre Novamusica.

* Présenté au Théâtre de la Ville en juin 1982.

THEATRE DE LA VILLE • TARIF CDU 12 AU 16 NOVEMBRE CRÉATION

Gilles Jobin création 2002 7 danseurs

À LA RECHERCHE DE L’ORIGINEIl y a de la mesure et de la démesure dans ladanse de Gilles Jobin. Des nappes sonores etlumineuses qui ouvrent l’espace infiniment, undoux et rigoureux travail de focalisation quienveloppe les corps et les déploie dans l’es-pace. Énigmatique, mouvante, la lenteur dumouvement, se restreint à l’usage minimal degestes et d’actions : marcher, ramper, debout,couché, à quatre pattes. Elle imprime aucorps un état de plasticité flottante, sans

affect mais avec un effet optique maximal.Une sensation d’apesanteur se libère dansl’atmosphère. Scintillement géométrique dansThe Moebius Strip ou figures étoilées dansBraindance, profondeur fantomatique ou lis-sage en aplat, tout concourt au décollementdes corps. Parti d’une équation, A + B = X,pièce créée en 1998, le langage du corpsdéveloppé par le chorégraphe suisse évoluevers un monde de physique élémentaire, etd’une pièce à l’autre bascule dans le mouve-ment de l’univers.Dans sa prochaine création, avec cet art de lasuggestion qui le caractérise, Gilles Jobinréfléchit sur le temps et sa mesure. Un mondeorganisé en temps, en vitesse et en mouve-ment. Dans son projet, le chorégrapheexplique : « Je me suis rendu compte, qu’enfait, dans toutes mes pièces, j’étais à larecherche de réponses au sujet de la vie :A + B = X traitait de son émergence,Macrocosm de l’accident, Braindance de safin et The Moebius Strip de sa transmission. Ilme semblait donc naturel de penser à son ori-gine, ou plutôt aux lois qui la régissent, d’unpoint de vue organique, existentiel et nonscientifique. » Pour cette prochaine aventure,il est accompagné d’une équipe de créationélargie à sept interprètes et composée defidèles complices pour les lumières, le son etles musiques. La perception des corps resteintimement liée aux matières et architecturessonores imaginées par le compositeur suisseFranz Treichler. Cette connivence artistiqueavec le leader du groupe The Young Gods ali-mente un dialogue entre rêve et instinct.Compression du mouvement et déssillementdu regard travaillent cette écriture organiqueet son imaginaire jusqu’au déploiement visuelde sa propre cosmogonie. Dans cette pièce,Gilles Jobin, chorégraphe épicurien, entredans une nouvelle dimension : interroger lesmystères de la vie. ✱

THEATRE DE LA VILLE • TARIF ADU 19 AU 23 NOVEMBRE CREATION

Robyn OrlinCITY THEATER & DANCE GROUP

Ski-Fi-Jenni… and thefrock of the new 6 danseurs

SUR LES TRACES D’IPHIGÉNIELa générosité n’est pas une tarte à la crème.Robyn Orlin, artiste sud-africaine peut entémoigner, elle qui conjugue allégrementvidéo art et vie quotidienne dans lesTownships de Johannesburg, comédie musi-cale et danse contemporaine, musique devariété et performances. Chacune de sespièces est un melting-pot artistique alliantcultures traditionnelles populaires et radicalitédes avant-gardes. Chorégraphe iconoclasteou remarquable héritière du théâtre d’inter-vention? Là n’est pas son problème. ChezRobyn Orlin, le mouvement n’est pas une dis-sertation théorique mais une mobilisation per-cutante. Cet engagement s’exerce systémati-quement à partir du corps et de l’espace.Artiste en vivisection sociale, nul mieux qu’ellene sait extraire le suc explosif de cette veinespectaculaire en prise directe avec la néces-sité. La situation post-apartheid de son paysdans Daddy, I’ve seen this piece six timesbefore and I still don’t know why they are hur-ting each other *, le silence autour du sida qui

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touche fortement les jeunes générationsdans We must eat our suckers with the wrap-per on **. Toutes sortes d’états de crise sontainsi circonscrits et affûtés par les dispositifsqu’elle met en scène. Dans Daddy…, c’est unpodium pour artistes de variétés. Interprèteset techniciens attendent la chorégraphe enretard entourés d'un public médusé par lematch salsa qui se déroule sous ses yeux.Dans We must eat…, véritable messe pour letemps présent éclairée d’ampoules rouges, lethéâtre se convertit au rythme de chants jazzet zoulous scandés par de jeunes acteurssud-africains. Procession et métaphoresvisuelles alimentent cette poignante propo-sition sur l’amour et les comportements desurvie.Épisode suivant, Ski-Fi-Jenni… and the frockof the new. Là, Robyn Orlin enquête sur la tra-gédie, ce moment particulier où « le tempsdes dieux surgit sur scène et se donne à voirdans le temps des hommes. » Toute ressem-blance avec des faits réels étant fortuite. Lachorégraphe sillonne l’Europe et l’Afrique duSud en quête d’un improbable personnage : Y-a-t-il une Iphigénie d’aujourd’hui et pour lefutur ? Pour incarner cette figure embléma-tique (version d’origine selon Euripide ouromantique selon Goethe, peu importe finale-ment), pas moins de six interprètes à larecherche de leur rôle. Un détonant cocktailqui joue sur la mixité de quatre Noirs et deuxBlancs. Pour résumer, à la façon de RobynOrlin, Ski-Fi-Jenni… c’est… « juste une visiond’artiste pour une nouvelle façon d’êtreensemble dans un monde changeant menacéde catastrophe ». Une pure réjouissance envoie de disparition ! ✱

* Présenté au Théâtre de la Ville en avril 2001.** Coproduction présentée au Théâtre de la Ville enfévrier 2002.

THEATRE DE LA VILLE • TARIF ADU 26 AU 30 NOVEMBRE CRÉATION

Jan FabreTROUBLEYN

Parrots and Guinea Pigs(Perroquets et cobayes)15 acteurs-danseurs-musiciens

UNE ŒUVRE HÉRÉTIQUEÀ l’heure où d’autres dorment, il guette. Tapidans la forêt des sens, il scrute tout ce que lebruit du jour recouvre sous la chape des affai-rements ordinaires. Artiste-hibou, veilleur denuit des énergies latentes, Jan Fabre est unalchimiste des temps modernes. Sculpteur devisions, il façonne sans relâche la matière fan-tasmatique des fluides du rêve, qu’il digère ettransforme en scènes d’outrage. Pour ce plas-ticien des métamorphoses, dont les produc-tions scéniques ont gardé le nerf à vif des« performances » des années 70, le théâtreest un champ de bataille où acteurs, danseurset musiciens, désignés comme « guerriers dela beauté », mènent la sarabande. Torren-tiellement initié au début des années 80 avecC’est du théâtre comme c’était à espérer et àprévoir et un fameux Pouvoir des folies théâ-trales, le long fleuve pas du tout tranquille queJan Fabre a creusé de spectacle en spectacleaura charrié la veine fiévreuse des corps enexcès. En excès de quoi ? De tout ce que laraison, qu’elle soit religieuse ou scientifique,n’a su museler dans l’être humain, éternel bar-bare en puissance. À la domestication del’homme en animal social, Jan Fabre opposedepuis toujours l’incontrôlable grouillementdes pulsions dévorantes. L’instinct commepromesse de « sur-vie ». Forcément, cela des-sine une œuvre hérétique.Jan Fabre n’en a cure. Tout comme son œuvreplastique s’inscrit dans une certaine quêteentomologique, qui voue notamment un véri-table culte au scarabée – dépositaire de « lamémoire la plus ancienne du monde » –; sonthéâtre est un bestiaire iconoclaste où rôdentd’étonnantes figures anthropomorphes. Quel’on se souvienne des hommes-chiens deSweet Temptations* ! Empaillés (tel le chiensuspendu dans le solo My movements arealone like streedogs*) ou bien vivants (chou-ette, grenouilles, chats, mygale…), les ani-maux présents dans les pièces de Jan Fabresont censés nous renvoyer « au constat del’imperfection humaine » ! Ne nous étonnonsdonc pas du titre de sa prochaine création,Perroquets et cobayes… Il s’agira, grandeurnature, avec quinze interprètes soumis au« laboratoire des sens », d’éprouver « ce quel’homme a perdu » et que le règne animalpourrait nous ré-apprendre, aux aguets duvivant le plus organique : voir, entendre, sentir,

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goûter et palper. Sans compter le fameux« sixième sens » dont l’espèce animale auraitle secret. Gageons qu’avec Jan Fabre, laleçon de choses aura la virulence de quelquesabbat frénétique.

* Coproduites et présentées au Théâtre de la Ville enoctobre 1992 et en décembre 2001.

nuances, de sa capacité à transposer lamatière musicale dans la dynamique du mou-vement, de son sens dramaturgique aigu, etsurtout, de cette éloquence farouche quiconfère à la danse qu’elle compose une sortede nécessité absolue, sans mièvrerie nicomplaisance. On croit avoir tout dit, et pour-tant quelque chose continue d’échappersecrètement au discours : le sentiment d’êtreentraîné dans un trajet qui évite la « redon-dante satiété » et continue à susciter cet« éblouissement devant la découverte » dontparlait René Char à propos de la peinture deMiro.Le sillon que creuse Anne Teresa DeKeersmaeker depuis Fase* et Rosas danstRosas * n’est pourtant pas un trait continu ; deconstantes digressions ont permis à la choré-graphe de revenir chaque fois plus affûtée àl’énergie des corps, allant du plus complexeet du plus hybride au plus épuré. Ainsi, entreJust Before**, qui s’infiltrait dans la mémoireindividuelle des danseurs pour formuler lecanevas sensible d’une communauté liée parl’intime partagé ; et I said I **, où éclatait cettemême intimité dans la dissidence belliqueused’un texte de Peter Handke, la chorégraphereprenait en 1998 le fil d’un dialogue avec lesstructures répétitives de Steve Reich. À partird’une seule phrase de mouvement, réitérée etexfoliée en autant de vives flammèches,Drumming ** composait la lame de fond, étin-celante, d’une ivresse de danse lancée à lapoursuite d’une pure dépense, sans autre finque celle d’embraser dans un même feu folletla disponibilité des corps, la densité del’espace et le souffle de la musique. Ce spec-tacle-tourbillon, conçu dans une extrême sim-plicité scénographique pour pouvoir voyagersans entrave dans le monde entier, est deve-nu le vade-mecum d’une certaine légèreté dumouvement ; légèreté qui n’a rien d’évanes-cent mais est au contraire gorgée de vie.Anne Teresa De Keersmaeker a toujours tenu,chaque fois que c’était possible, à la pré-sence de la musique sur scène. Ce sera lecas pour la reprise de Drumming, grâce à lacomplicité entretenue avec l’ensemble Ictus,qui partage avec l’école PARTS les studiosbruxellois de la compagnie Rosas.En dehors des spectacles de groupe, AnneTeresa De Keersmaeker a renoué ces der-nières années avec son propre désir de dan-ser. En 1999, elle se confrontait joliment àElizabeth Corbett, longtemps interprète descréations de William Forsythe ; et plus récem-ment c’est avec Cynthia Loemij qu’elle créaitle duo Small Hands, qui allait servir de matriceà April Me **. Après l’énorme énergie collec-tive déployée en 2002 pour l’anniversaire des20 ans de Rosas, avec une reprise, une créa-tion, et un copieux programme de répertoire,Anne Teresa De Keersmaeker a choisi de trou-ver en solo le temps d’une respiration dansson œuvre. Elle, et elle seule, sera maîtred’ouvrage et interprète de Once. Pour ce nou-veau défi qu’elle s’impose, la chorégraphesait seulement qu’elle cherchera dans la voixet les chansons de Joan Baez les ressourcesd’une affinité que l’on pourrait qualifier d’iné-dite, mais certainement pas de factice. Il tra-duit de la part d’Anne Teresa De Keersmaekerla valeur d’un engagement qui, s’il n’est pasde bruit et de fureur, n’en est pas moins pro-fondément humaniste et réactif aux injusticeset violences qui attisent les haines. Dansed’une douce révolte chevillée au corps, à lafois humble et exigeante, habitée par une obs-tination qui écarte toute forme de résignation.

* Présentés au Théâtre de la Ville.** Coproduits par le Théâtre de la Ville.

THEATRE DE LA VILLE • TARIF A3, 5, 6 ET 7 DÉCEMBRE 1er PROG. CRÉATION

Anne Teresa DeKeersmaekerROSAS

Once solo dansé par Anne Teresa De Keersmaeker

UNE DANSE LUCIDE ET GÉNÉREUSEEn vingt années de créations, chacun de sesspectacles a été une fête d’intelligence et devivacité, le ruissellement électrique d’unedanse vigoureusement lucide et généreusequi aura gonflé son cours des affluents de lamusique et du théâtre. Anne Teresa DeKeersmaeker pouvait célébrer l’an passé lebel anniversaire de sa compagnie, Rosas,avec la satisfaction de n’avoir jamais cédé à lafacilité pour construire un succès et une noto-riété dont le Théâtre de la Ville fut l’un des toutpremiers partenaires, dès 1985. On croit avoirtout dit de la chorégraphe flamande, des« corps conducteurs » qu’elle cultive en lesirriguant de rythmes, d’intensités et de

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THEATRE DE LA VILLE • TARIF BDU 11 AU 20 DÉCEMBRE CRÉATION

Édouard LockLA LA LA HUMAN STEPS

création 2002 9 danseurs

LA FIÈVRE D’UNE DANSE DE L’EXTRÊMEL’énergie, règle de vie? Ange survolté, leCanadien Édouard Lock maintient depuisvingt ans la fièvre d’une danse de l’extrême,toute en impulsions nerveuses et en élansvoraces, longtemps incarnée par la cambrureélastique de Louise Lecavalier. « Infante des-troy », la muse électrique des créations de Lala la Human Steps n’est plus là, mais ÉdouardLock poursuit sans fléchir l’étourdissante tra-jectoire qui est la sienne. Fulgurance, vélocité,virtuosité : telles sont les lignes majeuresd’une maîtrise chorégraphique propulsée versson propre débordement. Comme s’il fallaitextraire du corps humain l’énigme qui s’ycache, la prendre de vitesse par le mouve-ment, qui en serait « la voix silencieuse ». Defaçon étonnante, la physicalité exacerbée desspectacles d’Édouard Lock touche à un désiruniversel de spiritualité : entre la pulsion sau-vage du mouvement et la précision acérée quien dessine les contours, la danse excède iciles limites de l’être, suscite un dépassementde soi qui frôle parfois l’extase.Avec Salt/Exaucé*, sa dernière pièce,Édouard Lock innovait en empruntant à ladanse classique l’élévation sur pointes,déréalisant encore un peu plus le corps tan-gible et sa pesanteur intrinsèque, découpantà même la lumière des silhouettes ôtées ausol, comme mises en orbite vers un autretemps que celui de l’horlogerie humaine.Danse à l’arraché, tempérée par le hors-champ filmique d’images saisies parmi letemps qui passe, respiration rassurante aucreux d’un univers en apnée. On devraitretrouver tous ces ingrédients mis en tension

dans la prochaine création de La la la HumanSteps, à nouveau soutenue par la musiqueurgente et lyrique du compositeur new-yorkaisDavid Lang.

* Coproduit et présenté au Théâtre de la Ville enmars 1999 et en novembre-décembre 2000.

THEATRE DE LA VILLE • TARIF BDU 22 AU 25 JANVIER ET DU 19 AU 22 MARS

Sasha WaltzSCHAUBÜHNE AM LEHNINER PLATZ

NoBody 26 danseurs CRÉATION

LE CORPS, ORGANISME COLLECTIFComment la chair, cette matière qui nousconstitue, est-elle simultanément la puissancematricielle de forces immatérielles ? L’épi-derme, surface d’un gouffre où grouillent lesfantômes de la mémoire, où se transformentles énergies et les peurs, où s’enracinent lesvisions du rêve. Sasha Waltz est partie enexploration dans ces territoires instables où ladanse puise ce qui fera événement de corps.La jeune chorégraphe, aujourd’hui codirec-trice aux côtés de Thomas Ostermeier de laprestigieuse Schaubühne de Berlin, n’a pasfroid aux yeux. À l’opposé de certaines ten-dances chorégraphiques actuelles, où leconcept guide une pensée du mouvement,elle laisse son intuition ressourcer et dilater lespectaculaire dans des fresques éminemmentpicturales. La théâtralité iconoclaste et aigre-ment déjantée de ses premières pièces (lasérie Travelogue, Allee der Kosmonauten), oùle réel était trituré en autant de situationscocasses et acides, a cédé la place à de trou-blantes représentations du corps organique etde son infinie plasticité. Une commande pourl’inauguration du Musée juif de Berlin, aucœur de l’architecture de Daniel Libeskind,aura été pour Sasha Waltz la matrice d’un ren-versement d’optique : « J'ai senti qu’il me fal-lait avec des corps trouver l’abstraction para-doxale qui incarnerait les images avec les-quelles nous avons grandi, avec lesquellesnous continuons à grandir, cet amas de corpsdécouverts à l’ouverture des camps 1 ». DansKörper 2, puis dans S.3, ses deux derniersspectacles, flotte à la fois l’écho d’un effon-drement et la rumeur tenace d’une « espècehumaine » à la fois vulnérable et éternelle,dans la nudité de quelque Eden perdu. AvecNoBody, créé à la Schaubühne et invité cetété dans la cour d’honneur du palais desPapes en Avignon, Sasha Waltz referme untriptyque crucial dans la sédimentation de sonœuvre. Le sentiment de la mort y est très pré-sent : des scènes du Jugement Dernierpeintes par Michel-Ange aux traces dePompéi, qui ont été parmi les sources initiales

W. Vandekeybus, ph. T. Valès/Enguerand

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d’inspiration, le croquis chorégraphique senourrit paradoxalement de la disparition ducorps. Travaillant pour la première fois avecun groupe conséquent de 26 danseurs, SashaWaltz oppose au deuil de l’individu le sens dela multitude : « Le groupe lui-même devient unorganisme, notre organisme collectif ». Quêteincarnée d’une « énergie qui nous dépasse,et peut-être nous survit ».1 Sasha Waltz, citée par Dominique Frétard, LeMonde, 22 mars 2002.2 Coproduction du Théâtre de la Ville présentée enmai 2000 et en mars 2002.3 Présenté au Théâtre de la Ville en mars 2002.

THEATRE DE LA VILLE • TARIF A28, 29, 31 JANVIER, 1er FÉVRIER CRÉATION

Wim VandekeybusULTIMA VEZ

Blush 10 danseurs-acteurs

LE COURANT DU DÉSIRLa danse n’a jamais été pour Wim Vande-keybus un art du repli, mais au contraire unesource de déploiements. L’énergie d’un corpscombatif aux prises avec le réel, qui prévalaitdans ses premiers spectacles, s’est ensuitedisséminée dans les multiples ramificationsdu fantastique. Logique des rêves, puissanceimaginaire des fables, pulsions d’animalité etdésirs de métamorphoses : tel est le fermentdes « fictions chorégraphiques » que le cho-régraphe flamand s’emploie à visualiser surscène. Chez ce photographe de formation,venu au monde du théâtre avec Jan Fabre, ya t-il un désir de cinéma que la forme cinéma-tographique ne pourrait combler ? Peut-être.En tout cas, tout ce qu’un film devrait plus oumoins « cadrer » (une histoire, des person-nages, des plans…), Vandekeybus s’emploieà l’éclater et à le diffracter en états de corps,en déflagrations d’images, en mosaïques cos-mopolites. Le tout reste sous-tendu par uneénergie frondeuse, celle d’un artificier passéexpert dans la mise à feu des ressources del’inconscient. Blush (Rougir), la prochainecréation du chorégraphe, devrait traquer desétats liés à l’isolement, physique et mental.Comme le suggère le titre de l’une de ses der-nières pièces, court en filigrane l’idée que lavraie vie est « empruntée » : le rôle de l’artistecréateur serait alors de restituer l’expériencesensible au territoire illimité du fantasme. Leschimères, avec Vandekeybus, ne sont pasévanescentes mais charnelles et électriques ;elles propagent le courant du désir hors desrécits policés qui charpentent le réel, enmodulent l’excentricité proliférante dans unesoif de mouvements indomptés.

THEATRE DE LA VILLE • TARIF CDU 4 AU 8 FÉVRIER

Emio GrecoEMIO GRECO PC

Conjunto di nero 5 danseurs

VOYAGEURS DE L’INCONNUNi monde meilleur, ni monde futur, plutôt la vietelle qu’on ne la connaît pas. Telle pourrait êtrela devise d’Emio Greco et de Pieter C.Scholten. En 2001, les deux créateurs ima-ginent une pièce entièrement taillée (de lalumière aux costumes, de la mise en scène àla chorégraphie) dans leur univers : Conjuntodi nero. Le titre de la pièce évoque un vête-ment, littéralement un ensemble de noir. Maissur scène, sous l’impact géométrique deslumières, ce vêtement devient une peau quiréfléchit l’espace du corps, l’origine du mou-vement. Élastique, réversible, elle s’étire à l’in-fini entre deux extrêmes, deux somptueusesprofondeurs : organique et cosmique. Échelledémesurée où la danse d’Emio Greco se plieet se déplie en diagonale sur le plateau, àl’oblique le long des membres tendus. Braslevé, jambe pointée, corps abruptementramassé tête contre genoux. Le mouvementglisse, se recompose par séries, s’éteint. Puisil revient, cinq fois redoublé, fragmenté, ato-misé selon le nombre des danseurs qui lereprennent en écho, dans l’ombre ou sous lesdécoupes tranchantes des lumières. Il règnesur le plateau quelque chose d’héroïque et detragique. Hallucinante apparition d’un mondefantastique parcouru de frissons brumeux etde lueurs, où les corps passent sans visages,les armures sans corps. Les danseurs, cesironiques surfeurs de l’inconnu, sont vêtusd’épaisses tuniques laineuses et semblentfaits de l’étoffe des songes, matériels jusqu’àla disparition. Passion et concentrationmènent la danse. Sa fulgurante intériorité etson impensable expansion se diffractent jus-qu’à l’éclatement.Ce langage incroyablement physique, issu dela danse d’Emio Greco, a débuté par une tri-logie composée de solos et duos, Blanc,Rouge et Extra Dry. La variation sur le thèmedu double s’est poursuivie dans un diptyqueDouble Point 1 et 2, solo et duo présentés ennovembre 2001 au Théâtre des Abbesses. Aucours de ce travail initié en 1995, la fructueusecollaboration du danseur italien et du metteuren scène hollandais donne lieu à de rigou-reuses formulations autour d’une question :« Où et quand le mouvement prend-il sasource? » Après l’établissement d’un mani-feste poétique verbalisant sept stations ouintentions à partir du corps même du danseur– dont la première est à elle seule une pos-ture : « il faut que je vous dise que mon corps

E. Greco, photos A. Dugas

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du kitsch à l’élégance. Mosaïque de sen-sations et gestuelle fluide tissent lescontrastes en douceur suivant le dessin lim-pide de l’écriture. Un mouvement qui tient dela calligraphie. ✱

* Pièce présentée en octobre au Théâtre desAbbesses.

THEATRE DE LA VILLE • TARIF C1er, 2, 4 AVRIL CRÉATION

Alain Buffard Régine Chopinot Wall dancin’wall fuckin’duo

DIALOGUES DE DANSEUne question : « Un mur, qu’est-ce que celavous évoque? ». La proposition est ouverte.Régine Chopinot et Alain Buffard en ont prisleur parti. Une femme, un homme, une perfor-mance pour deux danseurs et chorégraphes.Une rencontre sur un plateau de théâtrecoupé en deux par un mur. Le projet peut sedéfinir à partir de cette remarque d’AlainBuffard : « Le mur, comme élément d’architec-ture est un fondement des systèmes de pro-ductions de valeurs sociales, culturelles,sexuelles qui ne vaut que par ce qu’il abrite. Ils’agit de miner cette autorité par déplace-ment, répétition ou disparition. »Depuis les années 80, Régine Chopinot a pré-servé la vitalité de sa démarche en échappantà toute identification. Elle est dans un dépla-cement et renouvellement constant de sonapproche chorégraphique, mais jamais où onl’attend. Une plantureuse légèreté accompa-gnait la célèbre partition de Vivaldi les QuatreSaisons, pièce créée en 1998. Un peu plusgrave, sa Danse du temps réunissait troisgénérations de danseurs. La création suivanteopère un abrupt renversement. Pièce mani-feste, présentée la saison dernière au Théâtrede la Ville, Chair-obscur, intensifiait la notionde présence en danse par une exposition dela nudité la plus crue. Radicale traversée de ladimension cadavérique du corps, cette piècesous-tendue par des musiques baroques,offrait un bouleversant contrepoint à l’idée detransfiguration.Danseur et commissaire d’exposition, dès sonpremier solo, Good Boy, Alain Buffard a foca-

est curieux de tout et moi : je suis moncorps » –, les deux artistes déterminent uneforme de travail basée sur les correspon-dances de perception : « Faire naître des sen-sations, éprouver des émotions à travers diffé-rentes expériences, parfois liées à une cou-leur ». Dans Conjunto di nero, Emio Greco etPieter C. Scholten élargissent leur propos enouvrant leur travail à d’autres danseurs. Entreconfusion des sens et virtuosité des gestes,ensemble ils inventent un langage où impactscorporels, désir et instincts structurent unenouvelle forme de récit, une médusante fictionde chair. ✱

THEATRE DE LA VILLE • TARIF CDU 25 AU 29 MARS CRÉATION

Sidi Larbi CherkaouiLES BALLETS C. DE LA B.

Foi 8 danseurs et 8 musiciens-chanteurs(Capilla flamenca)

DE L’OPUS À L’OPÉRALa chair des animaux, « vivenda » en baslatin, signifie « ce qui sert à vivre ». Sidi LarbiCherkaoui aurait-il mangé de ce pain-là ?Après D'avant *, "boys band" médiéval conçuà quatre mains et première étape de travailavant sa propre création, le jeune choré-graphe des Ballets C. de la B. crée sa se-conde pièce au Théâtre de la Ville.Poursuivant sa recherche sur les musiques dumoyen âge, le voici travaillant avec le groupeCapilla flamenca, orchestre vocal et instru-mental flamand dirigé par Dirk Snellings. Avecune quinzaine d’interprètes – acteurs, chan-teurs, danseurs et musiciens de toutes prove-nances – l’ensemble se retrouve sur scènepour interpréter live les partitions écrites del’ars nova dont la modernité jouxte la tradi-tion orale d’un répertoire choisi de chantsvillageois.Malgré l’angélisme du propos, cette écoutede la variété musicale reliée à la danse et àl’imaginaire contemporain n’est pas tout à faitinnocente. Dès Rien de rien, pièce décapanteparcourue de multiples récits et de jaillisse-ments chorégraphiques, Larbi Cherkaoui s’at-tachait à une quête particulière. Le choc descultures jointes côte à côte, à égalité de voix.Dans Foi, toute hiérarchie désamorcée, lejeune chorégraphe belgo-marocain et sescomplices de création se consacrent à l’édifi-cation artisanale d’un opéra médiévo-contem-porain. Mêlant l’étude rigoureuse de lacomposition et l’alliage détonant des tempéra-ments, le recours à la fable comme à l’œuvreen musique, l’aventure collective devient af-faire de convictions. Pour investir joyeusementcet espace inédit, les postures sont singu-lières et les rencontres s’entrelacent sur le filde tensions harmoniques et de gestes fer-vents. Quel est donc le chant de cet étrangesemblable à nos côtés? Énergie, silence,vibration, la danse de Larbi Cherkaoui oscille

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lisé son travail sur le corps et ses possiblesextensions en s’appropriant l’histoire de laperformance. INntime-Exxtime* fonctionnait àla façon d’un réservoir de mondes issus desimages corporelles. Dispositif 3.1, magistraleproposition sur l’art contemporain, brouillaitencore les figures entre débris postmoderneset dissémination des identités.Le dispositif de Wall dancin’wall fuckin’ s’an-nonce comme un nouvel espace de rencontrepour une création en dialogue élaborée à lafaçon d’une sculpture sociale à partir d’unepensée du corps. Une sorte d’interface cri-tique qui se consacre à l’analyse de l’espacede représentation entre image et corps. ✱

* Présenté en avril 2001.

THEATRE DE LA VILLE • TARIF BDU 8 AU 11 AVRIL 2e PROG. REPRISE

Anne Teresa DeKeersmaekerROSAS

Drumming livemusique Steve Reichavec l'ensemble Ictus12 danseurs et 12 musiciensVOIR ARTICLE P. 25

THEATRE DE LA VILLE • TARIF BDU 22 AVRIL AU 4 MAI

Sankai JukuDU 22 AU 26 AVRIL 1er PROG CRÉATION

création 2003 7 danseurs

DU 30 AVRIL AU 4 MAI REPRISE

Kagemi 7 danseurs(Par delà les métaphores du miroir)

GÉNÈSE EXTATIQUE« Je veux penser que la danse commencedans le processus qui précède la naissance,et même plus avant, dans la répétition d’uneévolution qui prit des centaines de millionsd’années, écrit Ushio Amagatsu. Se lever, setenir debout, bouger : aucun mouvement nese fait sans impliquer la gravité, sans engagerun échange avec elle. À plus forte raison enva-t-il ainsi de la danse, qui est donc dialogueavec la gravité * ». Tous les spectacles de

Sankai Juku peuvent être vus comme autantde rituels contemporains venant célébrer lecycle du vivant, en sa patiente et infinierenaissance. Issu du mouvement Butô, cette« danse des ténèbres » née dans le Japondes années 60 où allait sourdre « la révolte dela chair », Ushio Amagatsu s’est progressive-ment éloigné de cette fièvre radicale etprotestataire pour faire émerger un art pluscosmogonique : offrandes, psaumes d’huma-nité, quête d’un équilibre entre les mystèresde l’univers et la métaphysique d’une pré-sence au monde. « Le corps, enveloppé dansles forces de la Terre, abrite un esprit » : entrecorps et conscience, dans les vertigineusesdimensions de l’espace et du temps,Amagatsu calligraphie de fascinants tableauxmouvants en « perpétuelles oscillations ».Kagemi, dernier opus en date, raffine à l’ex-trême cette spirituelle sensualité, « par-delàles métaphores du miroir », en sept sé-quences somptueusement distillées dans unealternance d’ombre et de lumière, de folie etde sérénité. Genèse extatique, peupléed’elfes malicieux et délicats surgis d’une forêtde fleurs de lotus. Amagatsu affectionne lesimages flottantes. Pour lui, la scène est sem-blable au cours du fleuve, cette « eau denseet massive qui s’écoule ». Au Théâtre de laVille, qui coproduira une nouvelle fois la pro-chaine création de Sankai Juku, le choré-graphe est à son aise. À proximité, la Seine, etun pont qui l’enjambe : « le théâtre est biencomme ce pont, ce lieu qui vous place faceau fleuve. Il met à la portée du regard le fluxsans cesse changeant de l’Espace et duTemps ».

* Ushio Amagatsu, Dialogue avec la gravité, éditionsActes Sud, collection « le souffle de l’esprit ».

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THEATRE DE LA VILLE • TARIF A27 ET 28 MAI

Catherine DiverrèsCENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE RENNES ET DE BRETAGNE

San (lointain) 4 danseursà Oskar Schlemmer

Voltes 4 danseuses - 7 solos

LE TRACÉ DE L’ÉPHÉMÈREChorégraphe des interstices, CatherineDiverrès marche dans la vibration du temps.États de conscience, épure et corps subtilsaniment sa danse empreinte de gravité. Trèsphysique, tranché ou ineffable, son mouve-ment est tissé de mémoire. Mais sonapproche du geste, vibratile ou poreuse, resteà l’écoute des bouleversements du monde etrésonne au moindre écho dans l’espace,comme en témoigne ce programme particu-lier conçu en deux volets Voltes et San(Lointain). Présentée l’an dernier au Théâtredes Abbesses, la première pièce est exclusi-vement composée de solos de femmes. Laseconde, remarquable contrepoint à cettepartition féminine, est une chorégraphierécente réalisée en réponse à une commandeen hommage à Oskar Schlemmer.Voltes est un travail de mémoire construit endeux temps. Dans le premier, CatherineDiverrès a transmis ses propres solos à deuxdanseuses de sa compagnie. Isabelle Kürzi etCarole Gomez interprètent une délicate parti-tion composée d’extraits de pièces anté-rieures créées par la chorégraphe, dontl’Ombre du ciel (1995) et l’Arbitre des élé-gances (1986). L’intimité du geste opère unretournement dans le dernier solo, Stance II(1997), où Catherine Diverrès sur scènerenoue avec l’engagement profond de sonmouvement sur la ligne ténue d’une écriturevibrant au moindre toucher.Danseuse au parcours accompli, la choré-graphe, aborde un tout autre travail dans San(Lointain). Le titre de cette pièce s’inspired’une réflexion d’Henry Maldiney sur la pein-ture chinoise du XVIe siècle qui semble abolir laperspective. Loin de l’esthétique du Bauhausdont Oskar Schlemmer, plasticien et danseurallemand, est l’une des figures embléma-tiques, Catherine Diverrès retient le geste dupeintre. À son propos, la chorégraphe re-marque : « C’était un artiste littéralement cou-pé en deux, déchiré dans son désir de seconsacrer totalement à la peinture et son plai-sir à travailler les corps dans l’espace. San

porte cette déchirure, cette tension. Mais j’aiaussi beaucoup pensé à cette époque tra-gique qui a vu la montée du nazisme. »Sur scène en noir et blanc, un fond de tullesombre et deux cadres. La chorégraphe tra-vaille sur l’idée de surface et d’aplat. Formesgéométriques et lumières suggérant la proxi-mité, San (Lointain), se présente comme unepeinture du vide. Là où le proche et le lointainse confondent, quatre danseurs apparaissentet disparaissent. Sur le fil du déséquilibre,comme des quilles en balance dans l’espace,leurs positions oscillent, en strict contrepointaux déplacements d’une boule métallique quisemble en apesanteur. Les corps s’insinuentpeu à peu dans l’espace en tension, lesgestes apprivoisent la ligne, introduisent lacourbe. Du riz s’échappe des poings desdanseurs, dessinant l’impact des gestes enplein élan. Surgit alors une danse de cercleset de spirales où le mouvement exulte.Magistrale diffraction du temps que la choré-graphie enveloppe dans le tracé d’une écri-ture abstraite jusqu’à l’essence. ✱

THEATRE DE LA VILLE • TARIF ADU 2 AU 6 JUIN CRÉATION

Meg StuartDAMAGED GOODS - CIE MEG STUART

création 2003LIGNE DE TENSIONDanseuse-chorégraphe américaine née desutopies des années 60 (quand Trisha Brownpouvait parler d’une « répartition démocra-tique du mouvement dans le corps toutentier »), Meg Stuart a grandi à New Yorkparmi les ravages cumulés du sida et desannées Reagan. Dès son premier spectacle,

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Disfigure Study en 1991 (qu’elle reprend cettesaison, à la demande d’Alain Platel), elle a faitémerger la figure aiguë d’une danse dudésastre : architecture du mouvement fondéesur la dissociation et la déstructuration, dansun désenchantement de lignes brisées.Damaged Goods (biens endommagés) n’estpas innocemment le nom de sa compagnie.Depuis 1996, avec No One is Watching, leThéâtre de la Ville accompagne cette ligne detension où l’ossature même de la dansesemble traduire la désagrégation du dehors(social, politique, culturel, corporel). Appré-hension du monde en son chaos interne : ledramaturge Tim Etchells voit ainsi « le corpsen tant que récepteur radio passant rapide-ment d’un émetteur à l’autre, trouvant desfragments décousus ».Installée à Bruxelles depuis le début desannées 90, Meg Stuart a inauguré avec sadernière pièce une résidence au Schaus-pielhaus de Zurich, à l’invitation du metteur enscène Christoph Marthaler. Alliance fruc-tueuse : Alibi, premier spectacle créé dans cecontexte, se sera imposé comme une im-plosion radicale entremêlant dans son écla-tement toute une généalogie de récitsinachevés, d’informations disparates et d’ex-pressions déchirées. Ravagés d’on ne saitquel cataclysme, corps d’outre-monde rejetéspar le ressac de l’Histoire, nomades d’unelucidité éventrée par les coups de boutoirindistincts des actualités et du divertissement,réfugiés de toutes les déroutes. Une choré-graphie en état de choc, entre hébétude trem-blée des corps et violence des impulsionsphysiques, visuelles et sonores. Meg Stuartdevait peu ou prou retrouver la même équipeartistique pour sa prochaine création, à nou-veau conçue entre Bruxelles et Zurich.Quelques intentions dramaturgiques en des-sinent les premiers contours : un espace« borderline », traversé d’identités fluctuantesaux prises avec l’expérience du réel et lesvisions hallucinées qui peuvent en surgir,dans un jeu de survie où les règles logiquesn’ont plus cours et où s’effondrent les signifi-cations habituelles. Ce ne sera sans doutepas de tout repos. Dans l’acuité d’une sociétéqui défaille, Meg Stuart explore le corps duséisme.

THEATRE DE LA VILLE • TARIF EXCEPTIONNELDU 18 AU 29 JUIN CRÉATION

Pina BauschTANZTHEATER WUPPERTAL

Pour les enfants d'hier,d'aujourd'hui et de demain 15 danseurs

LE COSMOPOLITISME DES ÉMOTIONSTrois heures durant, dans une mise en scèneminimaliste de Peter Pabst et sur desmusiques du Hongrois Félix Lajkó et dePrince, Pour les enfants d'hier, d'aujourd'hui etde demain est un vivant traité des passionsérotiques ! Sans rien perdre de son épatantemosaïque humaine, le théâtre dansé de PinaBausch poursuit une trajectoire dont chaquenouvelle étape construit une véritable saga.La chorégraphe de Wuppertal est une im-mense fresquiste, composant dans la constel-lation des solitudes une communauté tour àtour drôle et pathétique, grandiose et déri-soire. Ich bring dich um die Ecke, l’une de sespièces initiales en 1974, était explicitementqualifiée de « revue » : pour la première fois,les interprètes dansaient, mais aussi chan-

taient, parlaient et jouaient *. Depuis lors, l’artde Pina Bausch s’est évidemment affermi,mais c’est avec le même entrain, avec lamême curiosité des rapports humains, avec lamême liberté de ton que cette œuvre uniqueen son genre lance ses filets dans la tragico-médie de la vie. La quête d’un impossiblebonheur, la plainte d’une inconsolable dou-leur, un certain désarroi devant la cruauté dela nature humaine, ont longtemps émaillé lesspectacles de Pina Bausch d’une mélancolielancinante, voire déchirante. Sans douten’était-ce pas là la volonté de s’appesantir surla dimension malheureuse de l’existence ; aucontraire, un humour mordant offrait souventla soupape d’une auto-ironie salutaire. Maisdepuis une dizaine d’années, l’expression enest devenue plus gaie, la gravité s’est allé-gée : « Le public comprend qu’il faut sourireensemble de la réalité et de la conditionhumaine », estime Pina. Ce tournant sembleavoir commencé à prendre forme avecPalermo, Palermo, créé en Sicile en 1989,alors même que se désagrégeait le mur deBerlin. Première création à avoir été élaboréehors du foyer de Wuppertal, Palermo, Palermoa été suivie d’autres embarcations, versRome, Madrid, Hong Kong, Lisbonne,Budapest et le Brésil, tout récemment. De tousces voyages, qui offrent un temps d’im-prégnation plus ample que les tournées ha-bituelles de la compagnie, Pina Bausch avisiblement puisé de nouvelles saveurs. Elles’en nourrit, de retour à Wuppertal où sa der-nière création vient de rencontrer un publicenthousiaste, pour continuer l’errance poé-tique de la danse dans le cosmopolitismesavoureux des émotions universelles.

* Norbert Servos, Pina Bausch ou l’Art de dresser unpoisson rouge, L’Arche Éditeur, 2001.

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LES ABBESSES • TARIF C28, 29 ET 30 OCTOBRE CRÉATION

Sidi Larbi CherkaouiDamien JaletLES BALLETS C. DE LA B.

Luc DunberryJuan Kruz Diazde GaraioSASHA WALTZ - SCHAUBHÜNE AM LEHNINER PLATZ

D’avant 4 danseurs

QUATRE GARÇONS DANS LE VENTÀ l’initiative de ce projet de troisième typedeux duos de danseurs. Travaillant chacun deleur côté, ils se retrouvent le temps d’unepièce. D’avant est une sorte d’album choré-graphique issu d’une nouvelle forme de pro-duction : le boys band médiéval. Le défi decette extravagance à quatre voix est d’explo-rer les possibilités physiques et vocales ducorps dans leurs limites et leur fragilité, ensoulignant les aspects les plus primitifs ounaïfs. Une question pourrait bien en donner leton : « Qu’est-ce qu’une musique de variétésmédiévale? » La formation de ce groupeéphémère mérite quelques présentations. LucDunberry et Juan Kruz Diaz de GaraioEsnaola, danseurs chez Sacha Waltz, ont faitdébuter leurs propres créations en parallèle àleur travail d’interprète. Sidi Larbi Cherkaoui,jeune chorégraphe issu du vivier artistiquedes Ballets C. de la B., a réalisé dès son pre-mier opus chorégraphique, un petit miracle.Le succès international de son spectacle Riende rien, coproduit par le Théâtre de la Ville quil’a présenté deux fois, donne la mesure deson langage, parfois brut et teinté d’épure,chargé de tensions émotionnelles et desavoureux décalages. Damien Jalet, danseurféru d’ethnomusicologie, il a notamment étu-

dié auprès de Giovanna Marini, travaille aveclui. À la suite d’une rencontre fortuite en tour-née où ils découvrent leur travail respectif, lesquatre jeunes gens décident de réaliser unprojet commun : D’avant. Cette pièce est laconséquence simple et hardie d’un temps decréation collective. L’idée de construireensemble est induite par une perspectivemusicale. Recherche dont la direction estconfiée à Juan Kruz Diaz de Garaio Esnaola,musicien avant d’être danseur. « Nous avonschoisi des musiques médiévales peuconnues, sélectionnées dans un répertoire quiva du VIIe au XIIIe siècle et qui favorise l’impur,les influences de différentes techniquesvocales issues du bassin méditerranéen, lestyle arabo-andalou, par exemple. Nousavons écarté le plus raffiné, pour ne garderque non pas le beau ou l’harmonique, maisplutôt le charnel, le non homogène. Notre pos-ture est donc une relation à un espace loin-tain, le moyen âge, et dans cette distancenotre désir est de chercher d’autres codes delangages pour raconter des histoires d’aujour-d’hui. » Ce projet a le charme des rencontres.Un quelque chose de perdu qui résonnecomme proche et étrange à la fois. Des bribesd’histoires populaires à danser et chanter quise délient dans une polyphonie charnelle derécits drôlement désenchantés. ✱

DANSE AUXABBESSES

LES ABBESSES • TARIF CDU 25 AU 30 NOVEMBRE

Akram KhanAKRAM KHAN COMPANY

25, 26, 27 NOV. 1er PROG.

Polaroid feet(2000)solo de kathak

29, 30 NOV. 2e PROG.

Fix (1999) solo Akram Khan

Rush (2000) trio

UN PRÉCIS DE VIRTUOSITÉ RYTHMIQUE« Je suis très sensible à la qualité de danseproduite par la rotation, la vitesse, qui rap-proche historiquement et, sur certains pointsintellectuellement, le kathak du soufisme oudes derviches. Le développement d’une éner-gie continue qui amène le danseur au bord del’explosion et qui soudain peut être contrôléedans une extrême lenteur est au cœur de mon

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travail » *. Akram Khan fascine par la musica-lité intense et fluide qui irrigue sa science desrythmes. Sa danse déjoue toute fioriture or-nementale, elle est pur épanchement, stropheciselée dans un espace tissé d’invisiblesdensités. Né à Londres de parents originaires duBangladesh, il a suivi sous la férule du maîtreSri Pratap Pawar l’enseignement du kathak,cette danse classique du nord de l’Inde, dontla tradition court depuis un demi-millénaire.Ses parents auraient aimé le voir devenirmédecin ou ingénieur, mais tout jeune, c’estavec Pandit Ravi Shankar puis avec PeterBrook (dans le Mahabharata) qu’Akram Khanprend ses marques. Il cultive sa singularité enétudiant parallèlement la danse contempo-raine, à Leeds. Bref, il bâtit son propre deve-nir. Et lorsque Anne Teresa De Keersmaekerl’invite à Bruxelles pour un « laboratoire cho-régraphique », il compose sa première œuvrede groupe. Tout récemment, il vient de créeravec le sculpteur Anish Kapoor et le composi-teur Nitin Sawney une pièce pour cinq inter-prètes, Kaash. Si le succès lui sourit, Akram Khan sait pour-tant qu’il n’est qu’au début de son parcours dechorégraphe. Et le kathak est une baseprécieuse pour prendre le temps d’aller vite.En l’invitant pour la première fois, le Théâtrede la Ville prend le travail d’Akram Khan à sasource.Le solo Polaroïd Feet, accompagné par troisinstrumentistes (tabla, sarangi et santour) etune chanteuse, est un magnifique précis devirtuosité rythmique, dans un dialogueconstant avec la musique où s’enracinentd’exquises fulgurances. Un second programme réunit trois pièces quitémoignent des premières ramificationsqu’engendre une ouverture de la tradition àune dynamique d’écriture qualifiée de " kathakcontemporain ". Le solo Fix s’enveloppe dansun mouvement de rotation qui évoque latranse des derviches tourneurs. Half and nineest une improvisation partagée avec un joueurde tabla (Vishnu Sahai) sur un pattern de neuftemps et demi. Dans le trio Rush, enfin, lesstructures rythmiques du kathak donnent nais-sance à une écriture abstraite, toute en stupé-fiante vélocité. Akram Khan prétend s’êtreinspiré de l’observation des parapentes enchute libre ! Soudain, la danse défie le temps,se propulse dans le vertige des accélérationset se laisse griser par une virtuosité à ce pointpossédée qu’elle excède tout maniérisme.

* Entretien avec Laurent Goumarre, pour le festivalMontpellier Danse 2002.

LES ABBESSES • TARIF CDU 3 AU 7 DÉCEMBRE CRÉATION

Koen AugustijnenLES BALLETS C. DE LA B.

Just another landscape for some juke-boxmoney 5 danseurs

PARTITION EXCENTRIQUEDes enfants attrapent un corbeau et le pei-gnent de toutes les couleurs. Ainsi bariolé, levolatile rejoint ses semblables… qui le re-jettent impitoyablement et le tuent à coups debec. Cette fable, issue d’un recueil de nou-velles de Jerzy Kosinsky, inspire à KoenAugustijnen une chorégraphie de situation où« des âmes troublées sont toutes à larecherche de quelque chose, sans trop savoirquoi ». Ronde bancale, qui a pour cadre defortune la réception d’un hôtel anonyme, entreailleurs et nulle part, où va se réveiller « lacruauté qu’appelle la différence au sein d’ungroupe, et comment un groupe peut se consti-tuer en un rien de temps pour se retournercontre quelqu’un ou quelque chose ».L’histoire, bien sûr, n’est que le prétexte à untableau de genre dans la veine de ceux qu’ainsufflés Alain Platel, avec l’énergie tendre,ironique et coriace qui semble être l’une descaractéristiques majeures des Ballets C. de laB., famille artistique de Koen Augustijnendepuis le début des années 90.En route, donc, vers l’un de ces univers quibattent la breloque, avec des touches demusique pop, d’opéra et de fado pour conso-ler de la routine et du cafard qui va avec. Justanother landscape for some juke-box moneyest évidemment une pièce gaie, de cette gaie-té fêlée qui se rabiboche avec des bouts deficelle, contre vents et solitudes, déchirures etregrets. Cinq interprètes en inventent la parti-tion bigarrée, faussement mélancolique etjoyeusement excentrique. Pour Koen Au-gustijnen, que l’on a pu voir, en dehors desspectacles d’Alain Platel, en compagnon derock des groupes Zita Swoon et dEus, ladanse n’est en rien l’art des convenances etdes belles manières, mais l’expérience élec-trique des bouffées de vie qui font qu’aucunequiétude ne tient en place.

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LES ABBESSES • TARIF C10, 11, 12 DÉCEMBRE 2e PROG.

MarieChouinardCOMPAGNIE MARIE CHOUINARD

Des feux dans la nuitsolo Elijah Brown

Étude 1 solo Lucie Mongrain

Second rendez-vous dans la saison avecMarie Chouinard, après le Cri du monde et les24 Préludes de Chopin, présentés en octobreau Théâtre de la Ville, Étude 1 et Des feuxdans la nuit sont les deux plus récents soloscréés par la chorégraphe canadienne. Et pourelle, le solo est loin d’être une forme mineure :de 1978 à 1990, ce fut même son genre deprédilection, libre singularité pour voyager au-delà de la pudeur et de la retenue. En dehorsdes formes instituées de la danse, MarieChouinard a exploré et apprivoisé tout unchamp magnétique dont elle transmet au-jourd’hui les ondes aux interprètes de sa com-pagnie.Étude 1, créée pour Lucie Mongrain, déve-loppe une géométrie du mouvement en conti-nuelles ruptures d’axes, avec d’incessantspassages d’angles brisés en courbes ondula-toires. C’est une danse qui bifurque et serebiffe, qui se déhanche d’équilibre en dislo-cation, dans une ployphonie d’articulationsinattendues. Dans la cage plane d’un rec-tangle bleu posé au sol, qu’elle griffe de sessemelles ferrées, la danseuse y est telle unemarionnette arachnéenne, tissant elle-mêmedans l’espace les fils qui la manipulent.Des feux dans la nuit, construit à partir laMusique des mots, du compositeur et écrivainRober Racine qui interprète sur scène sa par-tition au piano, est aux dires de MarieChouinard « une variation sur la virilité mascu-line et les métaphores qu’elle suggère ». Dece solo d’une heure pour le danseur ElijahBrown, se dégage en fait l’étrange douceurd’une plénitude charnelle, intense, vibrante,que les lumières d’Axel Morgenthaler attisentpar moments d’aubes bleutées ou de rou-geurs incendiaires. Souffle concentré, torsenu, crâne rasé sur lequel une bande de métalréfléchit la lumière, Elijah Brown trouvel’exacte intimité pour communiquer ce« feu sacré » qu’est la danse selon MarieChouinard.

LES ABBESSES • TARIF ADU 17 AU 21 DÉCEMBRE 1er PROG.CRÉATION

Josef NadjCENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL D’ORLÉANS

Journal d’un inconnusolo dansé par Josef Nadj

LE CHANT DU POÈTEAvec un sens particulier de la métamorphose,Josef Nadj semble considérer que la vie estun grand théâtre. Mais il serait faux de penserque le chorégraphe ne s’attache qu’au théâtredu mouvement dans lequel il a fait son niddepuis sa première pièce, créée en 1987,Canard pékinois. Chez lui, l’instant est aussiun moment de mue, une peau bientôt rejetée.Ce mouvement de transformation qui s’ap-plique tant aux corps qu’aux objets est traver-sé par la danse. Sa conception se développe

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dès son arrivée en France dans les années 80où il rencontre entre autres Mark Tompkins,Catherine Diverrès et François Verret dont ilpartage un temps le travail. Plus récemmentsa création Petit Psaume du matin* met enscène sa rencontre avec l’un des danseursmythiques de Pina Bausch, Dominique Mercy.Ce magistral duo tendre et ludique est un véri-table dialogue des corps qui prend sa sourcedans les rêves de voyages et retrouve l’inno-cence des premiers gestes et des jeux d’en-fants. Un talentueux travail de décantationentre gestes de bateleurs, maquillages etinventions de langages.« Vitale, organique, la danse fait la synthèsede tout, explique Josef Nadj, elle sollicite lecorps en entier, avec l’ensemble de ce qu’ilreprésente, sa mémoire, sa présence, sonénergie. Le corps remplace la parole. Il estune matière exceptionnelle qui permet decréer un nouveau langage. J’essaie de le sou-mettre à toutes sortes d’épreuves pour qu’ilparvienne à s’adapter à de nouvelles situa-tions. C’est une quête infinie. » Après le duoPetit Psaume du matin, Josef Nadj se penchesur l’écriture du solo, une autre façon de pour-suivre cette quête d’identité qui hante son par-cours. Retrouvant un poète de son pays, sou-vent présent à ses débuts, il met en scène sonpropre journal accompagné des poèmes hon-grois d’Otto Tolnaï. Cette chorégraphie, auto-portrait de l’artiste, s’intitule simplement,Journal d’un inconnu. ✱

* Coproduction du Théâtre de la Ville présentée endécembre 2001 aux Abbesses.

LES ABBESSES • TARIF ADU 28 JANVIER AU 1er FÉVRIER CRÉATION

Dominique BagouetLES CARNETS BAGOUET

Matière premièresolos extraits de différentes pièces 11 danseurs et 1 musicien

POÈMES MOBILESDominique Bagouet aimait les danseurs. Laformule peut sembler bien banale : ne pour-rait-elle s’appliquer à tout chorégraphe? Sansdoute, mais avec Bagouet, elle prend unerésonance particulière. L’auteur du Saut del’ange, de Déserts d’amour, de So schnell etde tant d’autres œuvres lumineuses avait l’artd’accommoder une écriture fine, délicate etenjouée à la personnalité de ses interprètes.Non pas sur le mode d’une théâtralité arbi-traire, mais en intégrant dans sa palette les

nuances que chacun pouvait apporter. Celadonnait forcément à sa danse un alliage dyna-mique de rigueur et de fantaisie, sorte deciment élastique qui gardait à la constructionchorégraphique une certaine liberté de« l’échappée ».Peu après la mort du chorégraphe en 1992,les danseurs qui l’avaient accompagné (dansune grande fidélité artistique et humaine) onttout naturellement entrepris de prolongerl’œuvre qui les avait nourris. Hors de touteintention muséale, il fondèrent les CarnetsBagouet avec le double objectif de perpétuerun répertoire trop tôt interrompu et d’en fairevivre l’esprit, « sensible à la vivacité dumonde », à travers publications, réalisationsde documents audio-visuels, et actions detransmission au sein de structures pédago-giques… Dix ans plus tard, on a pu revoir,grâce à ce travail patient et déterminé, despièces à la saveur intacte : le Saut de l’ange(par le Ballet Atlantique/Régine Chopinot),Voyage organisé (par le Jeune Ballet deFrance), So schnell (confié au Ballet del’Opéra de Paris), Assaï, Meublé sommaire-ment *… « Il faut être conscient qu’on transmet uneforme qui n’est pas qu’une forme. Le geste n’apas tant d’importance en tant que tel, mais ilest aussi fonction de la personnalité du dan-seur. Il faut pouvoir partager avec le danseur-interprète un vrai travail de création », disaitDominique Bagouet **. Le danseur, Matièrepremière de la danse? Cela va sans dire…Forts de ce qu’ils ont vécu et mémorisé, lesdanseurs regroupés au sein des CarnetsBagouet se lancent aujourd’hui dans uneaventure inédite : non pas remonter telle outelle pièce, mais agencer en un même spec-tacle, sous la direction artistique d’AnneAbeille et Catherine Legrand, avec la compli-cité de Francine Ferrer (conception sonore) etde Dominique Fabrègue (costumes) une di-zaine de solos qui auront parsemé toutel’œuvre du chorégraphe. Feuille de printemps,le Malaise de Louise, l’Émir qui rêve, Nanagitana, le Dernier Beethoven… : autant de"sous-titres" à usage interne, précieusespépites extraites du ruisseau de danse qui lesa façonnées, poèmes mobiles dont on pourrarespirer les climats, les énergies, les bour-geonnements dont Dominique Bagouet avaitle secret.

* Coproduction du Théâtre de la Ville, présentée enmars 2000.** Dominique Bagouet cité par Chantal Aubry dansson ouvrage, Bagouet, éditions Coutaz.

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LES ABBESSES • TARIF ADU 12 AU 15 FÉVRIER

Eva YerbabuenaBALLET FLAMENCO EVA YERBABUENA

Eva 3 danseurs et 7 musiciens

D’entre la nouvelle génération flamenca, Eva"la" Yerbabuena affirme la potentialité intacted’un élixir de danse débarrassé de tout tralalascénographique ou dramaturgique. Dans uncrépitement de lignes qui allie un feu sec etune volupté infusée, elle dénoue un stylesobre et intègre, alternant sur des musiquescomposées par le guitariste Paco Jarana,bulerias et tangos, en passant par la segui-riya, la solea ou la granaina. Dans la grâceépurée de ses mouvements de bras, dans laprécision de son zapateado qui fait merveilleavec le développement tremblé de la esco-billa, Eva la Yerbabuena capture le rythme dela danse dans ce qu’il a de plus essentiel etprofond. « On ne danse pas pour danser, dit-elle pourtant, mais pour raconter des choses.Et il y a tant à interpréter ! » Le chant est pourelle la matrice du flamenco : incarnation, tourà tour mélodique et rauque, d’une voix immé-moriale dont la danse vient cristalliser l’indé-fectible présence. Comme une ombre rendueau visible. Un cristal des douleurs.Depuis son passage au Théâtre desAbbesses, qui l’a révélée à Paris en juin 2000,Eva la Yerbabuena a continué à creuser lesillon d’un art sans concession aux miragesde la mode. « La seule façon d’innover, c’estde continuer à être soi-même », a coutume dedire celle qui a suivi les cours du grand MarioMaya et a dansé, toute jeune, dans la compa-gnie de Rafael Aguilar. Son talent est aujour-d’hui largement reconnu. Son dernier spec-tacle, couronné à la Biennale de flamenco deSéville, lui a valu un Prix national de danse,l’an passé en Espagne. Tous les critiques ontété médusés par sa magistrale interprétation,en solo, d’un programme intitulé Flamenco dela cava. De la caverne du corps, le soufflejondo du flamenco réveille la braise des émo-tions. La Yerbabuena peut alors « exprimersans entrave ce que je cache, ce côté rebelleau fond de moi qui veut voir la lumière de moncorps en mouvement ».

LES ABBESSES • TARIF C21 ET 22 FÉVRIER

Maria Kiran bhârata natyam - solo

LA DANSE EST SA LIBERTÉDans la palette extrêmement chatoyante desdanses de l’Inde, le bhârata natyam séduitincontestablement par le raffinement orne-mental de ses figures, qui serpentent entredanse pure (nritta) et danse expressive(nâtya). Le répertoire du bhârata natyam,constitué de chants dévotionnels, d’épisodesmythologiques et de chants d’amour, sedéploie dans une gestuelle symbolique ausein de laquelle la danseuse transmet senti-ments et émotions. La pureté des lignes et lasensualité du mouvement se mêlent à lacomplexité des rythmes pour venir écloredans la plante des pieds, la floraison desmains et la subtilité des essences du regard.Les dieux ont fait don de la danse auxhumains, raconte la légende. De générationen génération, des temples de jadis où offi-ciaient les dévadassis aux théâtres d’aujour-d’hui, le bhârata natyam s’est heureusementtransmis, comme un trésor immatériel deformes et de saveurs. Maria Kiran sembleavoir reçu ce don en seul héritage. Née àAllahabad en Inde, placée à l’orphelinat deMère Teresa à New Delhi, adoptée en France,elle a alors grandi dans un milieu artistique quia très vite remarqué son aptitude à la danse età veillé à lui fournir l’apprentissage qu’elleméritait. Encore adolescente, elle danse autemple de Chindambaran, en Inde du Sud, etdès lors, se perfectionne régulièrement à NewDelhi auprès de Yamini Krishnamurti et deJamuna Krishnan.Maria Kiran, dans la sève de sa jeunesse, ad’ores et déjà acquis une maturité dans soninterprétation du bhârata natyam que la cri-tique indienne a vite décelé. Rien ne sembleforcé dans sa manière extrêmement fluide dese glisser dans une évocation des épreuvesde Rama, dans les espiègleries de Krishna,ou encore dans les nuances d’un poèmed’amour. La danse est sa liberté ; et l’intensitéde sa présence semble se jouer de toutes lesgravités. Le bhârata natyam serait la plusancienne des danses de l’Inde. C’est unedanse classique, millénaire, qui vient toutjuste, avec Maria Kiran, de fêter ses vingt ans.

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LES ABBESSES • TARIF CDU 25 FÉVRIER AU 1er MARS CRÉATION

Nasser Martin-GoussetCOMPAGNIE LA MAISON

Neverland 6 danseurs

LE PUZZLE DES MÉCANISMES AMOUREUXLa danse à fleur de peau? Une formule toutefaite, passe-partout, qui s’impose pourtantcomme une évidence lorsque l’on pense àNasser Martin-Gousset, apache de la dansecontemporaine à l’itinéraire gourmand. In-terprète, de Karine Saporta à Josef Nadj, il acroisé les trajectoires de Dominique Petit,Christine Bastin, Jacques Patarozzi, SashaWaltz, Meg Stuart ou Wanda Golonka, sansjamais se laisser vampiriser par le style de l’unou l’autre de ces chorégraphes. Trop librepour ne pas être lui-même, nomade, entier,joliment crâneur. Son aplomb, il a commencéà le cultiver en quelques solos au cuir formi-dablement tanné, avant de bâtir sa propreMaison (c’est le nom de sa compagnie) et demettre à table ses goûts pas forcément "cho-régraphiquement corrects" pour le cinémaaméricain de série B, les tubes des RollingStones et autres joyaux d’une "culture po-pulaire" bien chevillés au corps, mais aussipour « la gravité romanesque de Jean Gio-no ». Une insouciance chaloupée ancrée ausud (un père égyptien, une mère corse) est saboussole pour perdre le nord. Avec sa pre-mière véritable pièce de groupe, BleedingStone, il fut l’un des "inaccoutumés" de laMénagerie de verre, sans être pour autant unthuriféraire de la "remise à plat" du mouve-ment. Au contraire, il revendique la narration,ne désavoue pas un certain kitsch rageur, etfait confiance à ses sens plutôt qu’à son cer-veau : « Une pièce selon moi est un ensemblede choses, une constellation de désirs, uneintuition cherchant à dessiner les contoursd’un objet lisible ». La chorégraphie commeart du puzzle. Neverland, sa nouvelle création,restera dans cette esthétique composite oùles énergies les plus libres font exploser lesfrontières du récit. Tout lui est permis, àNasser Martin Gousset, même d’aller piocherdans les Hauts de Hurlevent (le livre) ou dansAutant en emporte le vent (le film) les clichéssurannés des mécanismes amoureux pour enjouer à nouveau, histoire peut-être d’en re-trouver la flamboyance pour recommencer lefestin des corps dans leurs mystérieusesattractions réciproques.

LES ABBESSES • TARIF C4, 5, 7, 8 MARS CRÉATION

Lynda GaudreauCOMPAGNIE DE BRUNE

Document 3 5 danseurs

AVANT LE MOUVEMENTEn invitant d’autres chorégraphes dans sespièces, Lynda Gaudreau leur ouvre sonEncyclopédie de la danse. Cet hommage à lavie et aux artistes, se poursuit pièce aprèspièce. Chaque document, il en existe troisaujourd’hui, se présente comme un jeu dejuxtapositions et superpositions d’élémentsextérieurs qu’elle confronte à son propre mou-vement. Document 1 * déroulait ses danses etses motifs aux pieds de planches extraites del’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert.Document 2 ** se consacrait à l’abstractionsur des musiques de Cage et de Schönberg.Deux pièces conjuguant aimablement cita-tions chorégraphiques d’autres artistes, ex-traits de films, thèmes et motifs qui parfois sedéclinent en séries gestuelles : mains, pieds,jambes, bassin, etc.… Au fil du temps, la cho-régraphe canadienne dévoile méthodique-ment les éléments de son intérêt pour lemouvement. Une insatiable curiosité physiqueet intellectuelle anime sa démarche qu’elledonne à lire sur des pages vivantes, dans l’es-pace du plateau.Sa dernière création, Document 3, intègre desfragments chorégraphiques de la choré-graphe portugaise Vera Mantero et une vidéoprésentant un solo du danseur Akram Khan.Mais Lynda Gaudreau ne s’arrête pas là.Multipliant les postures, elle développe sonpropos autour de l'analyse du corps, de sonhistoire, du mouvement. De la leçon d'anato-mie à la réflexion et l’invention, il n’y a jamaisrien de didactique ou de cérébral dans sespropositions. L’écriture s'appuie sur le dia-logue des corps, avec une rythmique qui tienten haleine et un sens très ludique des jeuxd’association. Architecture minimale surpapier, archivage, écriture en train de se faire,ce Document 3 manifeste des intentions parti-culières. Que se passe-t-il avant et après uneaction, un mouvement? Invitant le public àréfléchir avec elle sur cet énigmatique sensdes choses, Lynda Gaudreau réalise dans ceDocument 3 une troublante chorégraphiementale. ✱

* Présenté en octobre 2001 aux Abbesses.** Présenté en novembre 2001 aux Abbesses.

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LES ABBESSES • TARIF CDU 11 AU 15 MARS

Marco Berrettini *MELK PROD.

Sorry,do the tour ! 10 danseurs

UNE DANSE GLAMOUR Qui n’a pas rêvé un jour de devenir le roi ou lareine d’un soir, de revêtir les habits de lumièrede la comédie musicale, voire même de dan-ser comme Travolta dans Saturday nightfever? Élève de la Folkswangschule d’Essenet de la London School of contemporarydance, Marco Berrettini n’attend pas pour réa-liser ce rêve. Champion allemand de disco àl’âge de quinze ans, il bifurque vers la Franceet durant plusieurs années devient l’un desinterprètes, narrateur polyglotte, du choré-graphe du swing, Georges Appaix. Paral-lèlement à son métier de danseur, le choré-graphe œuvre déjà à de multiples projets etcréations. Une vingtaine de documents iné-narrables a vu le jour depuis ses débuts en1986.Sorry, do the tour !, pièce créée en 2001, meten scène les acteurs de sa nouvelle compa-gnie *Melk Prod. Un abécédaire de titres dedisques, hit discos des années 70 et 80,constitue la dramaturgie du spectacle créécollectivement par les neuf interprètes partici-pant à l’esprit particulier de ce travail. Cetinédit concours de danse disco, nimbé d’unedouce lumière rose bonbon, est un véritableprécis d’autodérision. Le défilé incessant desinterprètes numérotés, endossant tour à tour,avec une remarquable plasticité de corps,toutes sortes de postures sexy liées auxmythes collectifs, nous entraîne peu à peudans les coulisses de l’exploit. L’envers duplateau s’intéresse au morne et routiniertravail technique de la danse et engendred’hilarantes démonstrations laconiques. Unelenteur hypnotique et entraînante accaparel’espace où les interprètes exécutent toutessortes de figures à la gloire des effigies, desicônes de pub, voire même des quilles debowling. Ils sont de purs objets de consom-mation, parfaitement incarnés, dont lesréactions subtiles et intimes dilatées dans lareprésentation résistent farouchement à cetteproposition autour de l’objet et de la danse.Délectable show glamour dont chaque situa-tion est issue d’une chanson, Sorry, do thetour ! est aussi une pièce à convictions.Concurrence, désir, image de soi, hauts rêvesartistiques de la danse, conditions de travailet de production, le chorégraphe agence lesperles de ses provocations envers le monde

du spectacle. Formule Un de l’ascèse critiqueet des incongruités loufoques, Marco Ber-rettini affirme son propos avec le style qui luiest propre : une sorte d’hyper-réalisme radi-cal, absolument jubilatoire. ✱

LES ABBESSES • TARIF CDU 13 AU 17 MAI CRÉATION

NathaliePernetteCOMPAGNIE PERNETTE

Le Nid 5 danseurs

ENTRE RÊVE ET RÉALITÉ« J’aimerais trouver et développer nosmonstres, chercher l’outrance, exagérer ladanse propre à chaque danseur et toucherson contraire », déclare Nathalie Pernette, àpropos de sa prochaine création le Nid. Ledispositif de la pièce se présente comme unbain de matières à explorer. Les interprètessont immergés dans une masse de vêtementsqui imprime à leur mouvement les lents sou-bresauts de la métamorphose. Troublée depersonnages hybrides évoquant une humani-té déboussolée, la fable onirique imaginée parla chorégraphe décline la litanie sans fin d’unesensation en voie de développement : la peur.Le Nid abrite cet ennemi intime. Il entraîne lesinterprètes dans un mouvement acrobatique,une plongée à tous les étages : inquiétude,angoisse, phobie, cauchemars mais aussiinvasion, guerre, déchets, douleur, épidémie.Cette panoplie de fantômes donne à la dansedes allures de chevauchée fantastique traver-sant sans difficulté les parois du rêve et de laréalité. Les corps s’éveillent aux archaïsmesde la mémoire dans un vertige grotesque.L’humour flirte avec la mort.Après sept chorégraphies dont six réaliséesen tandem avec Andréas Schmid, NathaliePernette confirme l’originalité de sadémarche. Une recherche qui s’intéresse par-ticulièrement au corps-matière et aux texturescomposites. On se souvient des fascinantscorps nus recouverts de pigments bleu deKlein dans le Savon, créé en 1997* ou de lapoésie barbare jouissant de ses excès colo-rés jusqu’à l’épuisement de Relief(s) réaliséen 1999. Nathalie Pernette conjugue l’agilitéd’une danse explorée depuis sa mobilité arti-culaire jusqu’aux transformations du corps.Son écriture vive et minutieuse est zébrée dedécalages et d’accidents. Dans le Nid, elle

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s’engage dans une nouvelle conception plas-tique et chorégraphique. Une savoureuseopération de déminage qui réagit aux aven-tures d’un monde dominé par des peursancestrales. ✱

* Présenté en novembre 1997 aux Abbesses.

LES ABBESSES • TARIF C22 ET 23 MAI CRÉATION

PadminiChettur danse indienne contemporaine

création solo

L’ÉCLOSION D’UNE NOUVELLE SAVEURLa longue tradition des danses de l’Inde,certes magnifique, est pourtant mise à dis-tance par de jeunes artistes qui cherchentaujourd’hui à forger leur propre style, hors descaractères transmis de génération en généra-tion. Padmini Chettur est l’une de ces dan-seuses qui cherchent, à partir d’une solideculture traditionnelle, à jeter un pont vers uneexpression plus contemporaine. Initialementformée au bhârata natyam, qu’elle a continuéà interpréter au sein de la troupe deChandralekha, la suave Padmini Chettur aparallèlement entrepris d’explorer en solitaired’autres états de corps. Au contact d’Eli-zabeth Petit, puis au CNDC d’Angers lorsd’ateliers avec Dominique Dupuy et AntonioCarallo, elle approfondit ses propres intui-tions : « J'avais besoin de mettre de côté l’i-mage du danseur parfait, de la jolie forme, etje souhaitais élargir le vocabulaire de la dansed’une façon qui m’oblige à rééduquer moncorps ». Délaissant l’accompagnement musi-cal habituel du bhârata natyam, elle se fonddans les mélodies de Maarten Visser, unexcellent saxophoniste hollandais de jazz quia séjourné pendant plus de deux ans en Inde.La fusion est étonnante : sortant de sa chrysa-lide, sans précipiter l’émergence printanièred’une nouvelle saveur de geste, PadminiChettur convoque les acquis du bhâratanatyam (science du rythme, précision dumouvement en toute partie du corps) dansune complète redistribution d’énergie, de flui-dité et de plasticité. À rebours du maniérismeraffiné d’un art ancestral, elle danse une pré-sence de corps humble et vulnérable, dont leslignes souples se déploient sans à-coups,dans la distillation d’une intériorité qui éclot etmodule son espace.

LES ABBESSES • TARIF ADU 3 AU 6 JUIN

Andrés Marinflamenco

Más allá del tiemposolo avec 3 chanteurs et 5 musiciens

UN ART ÉCORCHÉ, INCANDESCENTLe flamenco est une liqueur gorgée de dou-leur et de dignité ; et loin du folklore qui auraitpu en frelater la fébrilité, l’alambic ne cesse deproduire de nouvelles tournures. Modernitéd’un art séculaire, qui a survécu à tant dechangements d’ères que sa ligne continue àcourir, rebelle à toute normalisation. LeSévillan Andrés Marin a grandi sous les aus-pices d’un père danseur et d’une mère chan-teuse qui se produisaient dans les tournéesdu chanteur Juan Vendenama. Le flamenco,alors, s’intercalait dans des spectacles devariétés en tout genre, et la petite troupe bour-linguait d’autobus calamiteux en pensionssans confort. L’école buissonnière ne délivrepas de diplôme, mais on y cultive autrementl’amour du travail bien fait. Andrés Marin aretenu la leçon. Le flamenco qu’il danseaujourd’hui n’a rien d’approximatif : précisiondiabolique du geste qui fuse tel un éclair,dans un précipité de concentration qui jaillitsous des allures de décontraction feinte, avecla moue désinvolte de celui qui n’a pas detemps à perdre dans d’inutiles fioritures. Nuldoute, Andrés Martin va à l’essentiel, il portel’estocade sans crier gare, dans un style quin’appartient qu’à lui, forgé dans une hargnerevêche et tranchante. Moulé dans des vête-ments qui ne corsètent pas sa silhouette élan-cée, il arbore une cambrure de torero, et seuldans l’arène d’un affrontement avec desforces invisibles, mène l’assaut avec la grâcevoyoute des mauvais garçons.Avec Más allá del tiempo (Au-delà du temps),Andrés Marin cultive un flamenco dont l’in-transigeance puriste ouvre cependant denouvelles directions. Osant faire côtoyer unaccordéon, un violon alto et un hautbois auxcastagnettes et aux guitares de rigueur, il necraint ni les ruptures de rythmes ni lessilences haletants, pour s’engager soudaindans un zapateado affilé comme une lame, ouencore pour laisser suinter l’exacte intensitéd’une peteñera, ce chant triste d’origine juive.Un art écorché, incandescent. Andrés Marinn’est pas là pour faire semblant : « Le pirecompliment qu’on pourrait me faire est de direque mon spectacle est « joli ». Ce seraitcomme recopier un tableau de Goya en utili-sant un calque, et faire croire qu’il s’agitd’art »…

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LES ABBESSES • TARIF CDU 17 AU 21 JUIN CRÉATION

Caterina SagnaCOMPAGNIE CATERINA SAGNA

Relation publique7 danseurs-acteurs

LE VRAI DU FAUX« Ogni dipintore dipinge sé » : chaque peintrese peint soi-même. La danse, peinture mobiled’états de corps, métaphore pratiquée dans levisible, peut être perçue comme un autopor-trait de figures déployées dans la densité d’unespace de scène, dans les vides du langage,dans la permanence d’une coulisse secrèteoù s’enfanterait l’ostentation du geste.Caterina Sagna n’en finit pas de dessiner lesombres d’elle-même. Depuis les Bonnes(d’après Jean Genet) qu’elle a interprétéesavec sa sœur Carlotta voici une dizaine d’an-nées, elle s’est affirmée en styliste des épures,dans les univers désenchantés qu’elle a misen scène autant que chorégraphiés (leSommeil des malfaiteurs, le Passé reste àvenir), en modelant d’improbables corporéitésdans le filigrane de certaines sources litté-raires (Lenz de Büchner, Kafka, Rilke, ChristaWolf…). D’une pièce à l’autre, les "autopor-traits" de Caterina Sagna ont ainsi opéré unefusion toujours ombrée entre la chair et l’es-prit, jusqu’à de magnifiques Esercizi Spirituali,d’après les écrits du mystique Ignacio deLoyola.Et puis, quelque chose a chaviré dans l’uni-vers de cette chorégraphe vénitienne. Coupsur coup, avec la Signora, et plus encore avecSorelline, une causticité décalée s’est empa-rée du plateau. Avec un humour qu’on ne luiconnaissait pas, Caterina Sagna s’est mise àbrocarder les faux-semblants, à travestir sonélégance sérieuse et organiser la zizanie. DesQuatre Filles du docteur March, vieux grimoirede l’éducation des jeunes filles, elle aurapuisé pour Sorelline la vengeance d’unréjouissant jeu de massacre. Relationpublique, sa prochaine création, devrait am-plifier encore la mise à sac des convenanceschorégraphiques. Le projet en lui-même ob-lige pour l’heure à garder une part de secretquant aux intentions qui mettent sur la voied’une mystification, où le public devra sansdoute démêler le vrai du faux, avec les friseset bas-reliefs érotiques du temple d’AngkorVat en toile de fond d’une entreprise joyeuse-

ment iconoclaste, pour laquelle CaterinaSagna prévoit, avec la complicité du drama-turge Roberto Fratini Serafide, d’adjoindre àchaque représentation des invités-surprises.De toute façon, le spectacle sera en soi unesurprise, et l’on ne peut plus guère croireCaterina Sagna, au vu de ses derniers anté-cédents, lorsqu’elle affirme vouloir « réhabi-liter la Danse en tant qu’Acte d’AmourPrimordial ». À moins que le mensonge ne soitune forme communément admise de lasincérité…

THEATRE DE GENNEVILLIERS • TARIF ADU 13 AU 21 DÉCEMBRE CRÉATION

Mathilde MonnierCENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DEMONTPELLIER LANGUEDOC-ROUSSILLON

création 15 interprètes

avec le Festival d’Automne à Paris

LA MARCHE DU CHAOSComment une personne de qualité peut-elletomber dans la folie ? Pour Büchner, écrivantsur le personnage de Lenz, il s’agirait « d’en-trer dans une pathologie nerveuse, l’universmental du poète malheureux ». Plus prochede notre époque, chez Gilles Deleuze ou FelixGuattari, Lenz est une figure vivante, celle quinous parle d’un Moi divisé. Mais si MathildeMonnier s’intéresse depuis longtemps à cettenouvelle, c’est d’abord en tant que choré-graphe. Comme le montrent ses piècesprécédentes – l’Atelier en pièces, Arrêtez,arrêtons, arrête ou bien encore les Lieux de là– sa réflexion s’attache au singulier, auxcomportements et aux lieux hors norme.Questions liées à une pratique, à la danse etau mouvement, autant qu’à la création. De ladifférence aux problèmes de société, elle tisseun œuvre poétique creusée dans le désordreintérieur. Cette approche délicate structure unlangage entièrement forgé par ce travail sur lagénérosité.Pour sa nouvelle création présentée auThéâtre de Gennevilliers, Mathilde Monnierimagine un dispositif particulier. La profondeurobscure d’un double plateau formant un longcouloir est l’espace choisi pour s’initier à lamarche de la pensée avec une quinzaine d’in-terprètes. Dans ce lieu de représentation –ouvert mais jonché de matériaux de protec-tion : rembourrage, mousse, vêtements –Mathilde Monnier agence des processus, desmarches de danseurs. Chorégraphiant à lafaçon d’un long travelling, elle nous parle dela folie du paysage : « J’ai voulu travailler surle rapport extérieur/intérieur. La marche estliée à la pensée, elle a sa propre histoire.Aujourd’hui, vitesse et accumulation pro-duisent toutes sortes de dérèglements dansles formes de vie. En fait, c’est une histoire de

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temps. Si l’on observe un corps qui marche,on peut s’apercevoir des phénomènes subtilsqui menacent son équilibre. Ce sont de pe-tites choses qui agissent de façon insidieuse,sur le mental par exemple. Une sorte d’aggra-vation de l’état des corps se produit. Elle peutêtre liée à la difficulté de se situer dans l’es-pace, dans le temps. Nous avons tous uneperception du monde extérieur qui nous tra-verse. J’ai travaillé avec chaque interprète enparticulier, beaucoup sur les états de corps etles matières. La glace, la précipitation, l’épui-sement, l’oubli. Ce texte à plusieurs entréesprend acte de la nature des choses au pré-sent. Tout comme Lenz évoque la perte de lafoi, la déconstruction du christianisme, ladémystification des idéologies. Les grandschangements influencent le quotidien et lastructure de chacun. Je suis partie du texte deLenz mais pour en sortir aussi. Pour ouvrirl’espace de l’art. » ✱

régraphe interroge entre accents pathétiqueset burlesques tandis que les acteurs semeuvent dans un monde énigmatique seméde chausse-trappes.Après Büchner, Beckett, Borgès et dernière-ment Kafka dans les Veilleurs, le voici auprèsde Bruno Schulz dont il partage une certaineidée de la circulation des formes. Dans lesPhilosophes, pièce créée en 2001, Josef Nadjrevient à la tradition, aux formes élémentaires.Pour ce faire, il réfléchit son travail dans undispositif particulier. Accueillie pour l’occasionau Parc de la Villette, cette pièce se dérouleen trois temps, dans un espace circulaire évo-quant à la fois le cirque et le banquet, "lachambre grande comme le monde " décritepar Bruno Schulz. Dans le premier cercle, uneexposition vidéo composée de 24 tableauxdont l’image bouge imperceptiblement,accueille les spectateurs. Dans le second, laprojection d’un film suivie d’un spectacle, pro-longe son propos. Matériaux et techniquestravaillent sur l’ambiguïté de la forme. Dans celaboratoire de vision que sont les Philosophes,circulent constamment de nouvelles inven-tions. Du pantin au clown, du masque à lamarionnette, il règne dans ce labyrinthe méta-physique une aura d’ironie, un cérémonial del’absurde que le chorégraphe met à l’épreuvesans jamais perdre de son talent. Un langagepoétique des signes qui lie l’artiste à l’artisan.

PARC DE LA VILLETTE • TARIF ADU 19 MAI AU 7 JUIN 2e PROG.

Josef NadjCENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL D’ORLÉANS

les Philosophes d’après l'œuvre de Bruno Schulz6 danseurs et 3 musiciens

L’ARTISTE ET LE DISCOURSIl n’est pas rare que Josef Nadj entreprennede discuter avec des auteurs dans ses spec-tacles. De préférence des écrivains passésde vie à trépas mais qui présentent quelquessimilitudes d’esprit avec l’univers du choré-graphe. Fondatrice de son travail, cetteconversation avec les morts ne porte pas for-cément sur une œuvre particulière, mais surson interprétation au travers de la vie de l’au-teur. Le chorégraphe en extrait un certainnombre de figures auxquelles il redonne vieau sein de ses propres pièces. On l’auracompris, plasticien, conteur ou metteur enscène, Josef Nadj, qui a fait de son villagenatal en Voïvodine une autre figure légendaire,est un passeur. Voyageur d’outre-tombe,démiurge des matières, il n’en finit pasd’agencer les métaphores du mystère del’existence. Chez lui, la condition humaine netient qu’à un fil, celui d’un destin que le cho-

textes danse Jean-Marc Adolphe et Irène Filiberti (✱)

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théâtre et danse : partenaires au 30 avrilSIX PERSONNAGES EN QUÊTE D'AUTEURProduction compagnie Théâtre des MillefontainesCoproduction Théâtre de la Ville, Paris – Comédie deGenève – Forum culturel du Blanc-Mesnil – Théâtre desSalins, scène nationale de Martigues.Avec la participation artistique du Jeune Théâtre natio-nal. Avec le soutien de la DRAC Île-de-France et duconseil général de Seine-Saint-Denis.

LE RÊVE DE LA VEILLEProduction Le Volcan, scène nationale du Havre –Association CRIS (compagnie subventionnée par leministère de la Culture [DRAC Franche-Comté]– la régionFranche-Comté – la ville de Besançon et le départementdu Doubs.) – L'Eldorado, Théâtre de Sartrouville –Nouveau Théâtre de Besançon, CDN.Pour Le Voyage à La Haye: L'Athanor, scène nationaled'Albi – Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis, CDN.Avec l'aide de la SPEDIDAM et le soutien de la régionFranche-Comté.

LA SYMPHONIE DU HANNETONCoproduction La Compagnie du Hanneton – l'Espacedes Arts de Châlon-sur-Saône. Avec le soutien duThéâtre, scène nationale de Mâcon, de la Ferme duBuisson, scène nationale, de la DRAC Bourgogne et del'AFAA (Association française d'action artistique,ministèredes Affaires étrangères).

MARIE CHOUINARD LE CRI DU MONDEProduction Compagnie Marie Chouinard.Coproduction Centre national des arts, Ottawa.

HERVÉ ROBBE DES HORIZONS PERDUSProduction Centre chorégraphique national du HavreHaute-Normandie. Coproduction Théâtre de la Ville,Paris. Avec le soutien du Festival Danse à Aix.

CAROLYN CARLSON WRITINGS ON WATERCoproduction Biennale de Venise – Fondation Teatro LaFenice.

GILLES JOBIN CRÉATION 2002Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – BerlinerFestspiele, Berlin – Biennale de Venise – Théâtre Arsenic,Lausanne. Avec le soutien de la ville de Lausanne, l'Étatde Vaud, la Fondation Stanley Johnson, de Pro Helvetiathe Arts Council de Suisse et la Loterie romande.

ROBYN ORLIN SKI-FI-JENNI… AND THE FROCK OF THE NEWCoproduction City Theater & Dance Group – FestivalMontpellier Danse 2002 – Théâtre de la Ville, Paris –Hebbel Theater, Berlin.

JAN FABRE PARROTS AND GUINEA PIGSProduction Troubleyn/Jan Fabre, Anvers.Coproduction deSingel, Anvers – Bruges 2002 Capitaleculturelle – Le Cargo, Grenoble – Théâtre de la Ville, Paris– Le Maillon, Strasbourg, en association avecSalamanque 2002 Capitale culturelle.

ÉDOUARD LOCK CRÉATION 2002Coproduction LG Arts Center, Séoul – Théâtre de la Ville,Paris – International Tanzwochen Wien, Vienne – Centrenational des arts, Ottawa – Het Musiektheater,Amsterdam – deSingel, Anvers – Léonard De Vinci/Opérade Rouen – Festival Montréal en lumières, Montréal.

SASHA WALTZ NOBODYProduction Schaubühne am Lehniner Platz, Berlin.Coproduction Festival d'Avignon.

WIM VANDEKEYBUS BLUSHCoproduction Bottelarij/KvS, Bruxelles – Théâtre de la Ville,Paris – Le Maillon, Strasbourg – Teatro comunale di Ferrara– Choreographisches Zentrum NRW, Essen.

EMIO GRECO CONJUNTO DI NEROProduction Emio Greco/PC/Stichting Zwaanprodukties.Coproduction Montpellier Danse 2001 – Théâtre nationalde Bretagne, Rennes.

SIDI LARBI CHERKAOUI FOIProduction Les Ballets C. de la B. – Bijloke Gand.Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Schaubühne amLehniner Platz, Berlin – South Bank Centre, Londres –Hollandfestival voor oude muziek, Utrecht – Centre d'artsVooruit, Gand.

ALAIN BUFFARD - RÉGINE CHOPINOT WALL DANCIN'-WALL FUCKIN' Coproduction Le Quartz, Brest – Théâtre de la Ville, Paris –Ballet Atlantique Régine Chopinot, La Rochelle –Association pi:es.

ANNE TERESA DE KEERSMAEKER DRUMMING LIVEProduction Rosas & De Munt/La Monnaie.Coproduction La Bâtie, Festival de Genève.En collaboration avec l'International Tanzwochen Wien.

SANKAI JUKU KAGEMICoproduction Théâtre de la Ville, Paris – Biwako HallCenter for Performing Arts, Shiga (Japon) – Sankai Juku,Tokyo. Avec la collaboration du Centre national dedanse contemporaine d'Angers-L'Esquisse, de la CultureFoundation de la ville de Tokyo et le soutien de Shiseido.

CATHERINE DIVERRÈS SAN (LOINTAIN) Production Culturgest, Lisbonne – Théâtre national deBretagne – Centre chorégraphique national de Renneset de Bretagne.VOLTES Production Centre chorégraphique national deRennes et de Bretagne.

MEG STUART CRÉATION 2003Production Damaged Goods. CoproductionSchauspielhaus Zürich – Volksbühne am Rosa-LuxemburgPlatz, Berlin – Théâtre de la Ville, Paris – Kaaitheater,Bruxelles.Avec le soutien du gouvernement de la Flandreet de la Commission communautaire flamande.

SIDI LARBI CHERKAOUI - DAMIEN JALET – LUC DUNBERRY –JUAN KRUZ DIAZ DE GARAIO D’AVANTProduction Schaubühne am Lehniner Platz, Berlin.Coproduction Les Ballets C. de la B. – Festival de Marseille– Perspectives, Sarrebruck.

AKRAM KHAN POLAROID FEET – FIX • RUSHPolaroid Feet est une commande du Royal Festival Hall.Rush est une coproduction de P.A.R.T.S. (Performing artsresearch training studios) à Bruxelles, participant à The Xgroup project, avec le soutien par Charleroi Danse.

KOEN AUGUSTIJNEN JUST ANOTHER LANDSCAPE FORSOME JUKE-BOX MONEYCoproduction Centre d'arts Vooruit, Gand – Théâtre de laVille, Paris – Rotterdamse Schouwburg – Centre de déve-loppement chorégraphique de Toulouse-Midi-Pyrénées –Le Maillon, Strasbourg – Aarhus Festival – Tanzhaus NRW,Düsseldorf. Avec l'aide de Vlaamse Gemeenschap, deProvincie Oost-Vlaanderen, de la ville de Gand etDubbelspel avec la collaboration de CC Leuven.

MARIE CHOUINARD DES FEUX DANS LA NUIT – ETUDE 1Production Compagnie Marie Chouinard.Etude 1 est coproduit par le festival ImPulsTanz de Vienneet le festival Danse Canada, Ottawa.

JOSEF NADJ JOURNAL D'UN INCONNUCoproduction Centre chorégraphique national d'Orléans– Théâtre de la Ville, Paris.

DOMINIQUE BAGOUET MATIÈRE PREMIÈRECoproduction Carnets Bagouet – Comédie de Clermont-Ferrand, scène nationale – Théâtre de la Ville, Paris –Centre national de la danse – Montpellier Danse 2002.Avec le soutien du Théâtre Jean Vilar, Montpellier

MARIA KIRAN Coproduction C.I.I.C, avec la collaboration du CentreMandapa.

NASSER MARTIN-GOUSSET NEVERLANDCoproduction "La Maison", Compagnie Les Petites Heures– Les Rencontres chorégraphiques internationales deSeine-Saint-Denis – Théâtre de la Ville, Paris – Carré SaintVincent, scène nationale d'Orléans – Théâtre Vidy-Lausanne E.T.E. Avec le soutien de la D.R.A.C. Ile-de-France et de l'Association Beaumarchais.

LYNDA GAUDREAU DOCUMENT 3Coproduction Kunsten Festival des Arts, Bruxelles– Centred'arts Vooruit, Gand – Luzerntanz, centre chorégraphiquedu Luzernertheater, Lucerne – Théâtre de la Ville, Paris –Festival international de nouvelle danse, Montréal –Compagnie De Brune.

MARCO BERRRETTINI SORRY, DO THE TOUR !Production Kampnagel Fabrik/Hambourg.Avec le soutien du ministère de la Culture et de laCommunication (D.R.A.C. Ile-de-France), de l'Adami, del'Institut français de Hambourg, de l'AFAA (Bureau duthéâtre et de la danse de Berlin). Avec l'aide de laGrande Halle de la Villette et du Centre national de laDanse pour le prêt des studios.

NATHALIE PERNETTE LE NIDCoproduction Théâtre de la Ville, Paris – Centre nationalde la danse – Théâtre de l'Espace, scène nationale deBesançon – Compagnie Pernette/Association Na – LaCoursive, scène nationale de La Rochelle –Théâtre desBergeries, Noisy-le-Sec – Studio de l'Agora de la danse àMontréal – Ballet Atlantique/Régine Chopinot – Centrechorégraphique national de Franche-Comté.

ANDRÉS MARIN MÁS ALLÁ DEL TIEMPOCoproduction Consejeria de Cultura de la Junta deAndalucía – Maison de la danse, Lyon – Arte &Movimiento S.L.

CATERINA SAGNA RELATION PUBLIQUECommande de la Biennale de Venise.Production Associazione compagnia Caterina Sagna.Coproduction Biennale de Venise – Centre national de ladanse – Théâtre de la Ville, Paris.

MATHILDE MONNIER CRÉATIONCoproduction Centre chorégraphique de Montpellier,Languedoc-Roussillon – Festival d'Automne à Paris –Théâtre de la Ville, Paris – Théâtre de Gennevilliers, centredramatique national – DeSingel, Anvers.

JOSEF NADJ LES PHILOSOPHESCoproduction Centre chorégraphique national d'Orléans– Festival de danse de Cannes – Bruges Capitale culturel-le européenne 2002.

Page 45: Booklet 2002-2003

OPERA AU THEATRE DE LA VILLE

LE CHANT DE LA TERREGustav MahlerDavid Stern - Yoshi Oïda direction mise en scène

MUSIQUE AU THEATRE DE LA VILLE

MARC COPPEY violoncelle

NICOLAS ANGELICH pianoCHOPIN- LISZT - RACHMANINOV:

Les 50 ans de

YURI BASHMET alto

MIKHAÏL MUNTIAN pianoBACH - BRAHMS - STRAVINSKI - CHOSTAKOVITCH

ZOLTÁN KOCSIS pianoBEETHOVEN- SCHUBERT - KURTÁG- LISZT

QUATUOR TAKÁCSMOZART - BARTÓK- SCHUBERT

MARIE HALLYNCK violoncelle

CÉDRIC TIBERGHIEN pianoSCHUBERT - SCHUMANN- BRITTEN

BANG ON A CAN ALL-STARSRobert Black basse, David Cossin percussionLisa Moore piano, Mark Stewart guitare électriqueWendy Sutter violoncelle, Evan Ziporyn clarinettesAndrew Cotton ingénieur du sonDAVID LANG - MICHAEL GORDON - JULIA WOLFESTEVE REICH - GLENN BRANCA - STEVE MARTLAND

CANTUS CÖLLNKONRAD JUNGHÄNEL directionMONTEVERDI

FRANK PETERZIMMERMANN violon

ENRICO PACE pianoSCHUMANN - CHOSTAKOVICH - BEETHOVEN

ANDREAS STAIER piano 1900

JEAN-GUIHEN QUAYRAS DANIEL SPEC violon

violoncelle

HAYDN - BEETHOVEN- SCHUBERT

FABIO BIONDI violon et directionet les membres d’Europa Galante

LORENZO COUTO 2e violon

ERNESTO BRAUCHER alto

MAURIZIO NADDEO 1er violoncelle

ANTONIO FANTINUOLI2e violoncelleBOCCHERINI

QUATUOR DE TOKYOSCHUBERT - DEBUSSY - BRAHMS

PÉTER CSABA violon

JEAN-FRANÇOIS HEISSERQUATUOR YSAŸE piano

BARTÓK - BEETHOVEN- CHAUSSON

KRONOS QUARTETVisual Music 30e anniversaireCRUMB - PENDERECKI - STEVE REICH…

MUSIQUE AUX ABBESSES

CAFÉ ZIMMERMANNPablo Valetti violon solo, Amandine Beyer violonDavid Plantier violon, Patricia Gagnon altoPetr Skalka violoncelle, Ludek Brany contrebasseDiana Baroni traverso, Céline Frisch clavecinAVISON/D. SCARLATTI - BACH- TELEMANN

CÉLINE FRISCH clavecinBACH

RONALDVAN SPAENDONCK clarinette

LAWRENCE POWER alto

ALEXANDRE THARAUD pianoMOZART - BRUCH- SCHUMANN - KURTÁG

GIL SHAHAM violon

GÖRAN SÖLLSCHER guitareBACH - SCHUBERT - PAGANINI - PIAZZOLA

PAUL O’DETTE chitarrone

ELLEN HARGIS sopranoKAPSBERGER - MONTEVERDI - PERI - CARRISSIMI -SIGISMONDO D’INDIA - BELLEROFONTE CASTALDI -LUIGI ROSSI - MAZZOCHI

ST LAWRENCESTRING QUARTETMOZART- JANÁCEK- TCHAÏKOVSKI

JUAN MANUELQUINTANA viole de gambe

JORGE LAVISTA clavecin

HERNAN CUADRADO viole

SHIZUKO NOIRI luthCORELLI

musique

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férences évidentes entre les trois univers, leurpiano est incroyablement lyrique. » Celui deNicholas Angelich aussi. Et si, « du dialoguetoujours passionnant mais compliqué entreles deux instruments », les deux virtuoses – etplus encore – en faisaient naître un troisième,« le pianocelle »?

SAM. 19 OCT. 17HLes 50 ans de

YURI BASHMET alto

MIKHAÏL MUNTIAN piano

BACH: Chaconne de la 2e Partita,BWV 1004BRAHMS : Sonate pour alto et piano, en mibémol majeur, op. 120 n° 2STRAVINSKI : Élégie pour alto seulCHOSTAKOVITCH : Sonate pour alto et piano, op. 147

LE TROISIÈME ASTREEn l’invitant pour la quatrième fois, le Théâtrede la Ville entend fêter les 50 ans du princede l’alto, qui le remercie d’un fabuleuxprogramme.Seul face au lever de soleil qui illumine la cha-conne de la Partita n° 2 de Bach, BWV 1004,Yuri Bashmet respire l’air des sommets. À sonfirmament, l’astre du jour éclaire l’univers. Lapensée se fait musique et la musique, YuriBashmet. C’est que la musique l’aime, commeelle aime Portal qui l’invita pour la premièrefois au Théâtre de la Ville en 1989, Callas,Heifetz…L’astre musicien continue sa course dans lemonde palpitant, passionné de Brahms,« nouveau messie de l’art » salué parSchumann. La Sonate opus 120 n° 2, rayonnesous son archet. Dialogue passionné avecson ami de toujours, le remarquable pianisteMikhaïl Muntian. Échanges complices.La courte Élégie que Stravinski écrit en 1944à la mémoire d’Alphonse Onnou, fondateur duQuatuor Pro Arte, commence dans la tristessela seconde partie du concert. Recueillement.Le crépuscule s’installe avec la phénoménaleSonate de Chostakovitch, inquiétante, mysté-rieuse. Cris et chuchotements à la mesure dela sensibilité de Bashmet. Vertigineuse voltige,à la mesure de sa virtuosité Dans le Clair delune de Beethoven qui hante étrangementl’œuvre, le maître est chez lui. Sous le soleil deBach aussi. Cosmique.

SAM. 5 OCT. 17H

MARC COPPEY violoncelle

NICOLAS ANGELICH piano

CHOPIN : Sonate en sol mineur, op. 65LISZT : 2e Élégie, pour violoncelle et piano ;Lugubre gondola,pour violoncelle et pianoRACHMANINOV: Sonate en sol mineur,op.19

DU PIANO LE VIOLONCELLEMarc Coppey module la voix de son violon-celle, un Goffredo Cappa de 1697 avec uneélégance de cœur et de jeu. « Paradoxa-lement, dit ce maître chanteur, je m’inspirebeaucoup du piano. J’en aime l’idée dans lesinstruments à cordes au sens de clarté poly-phonique, d’articulation. À l’inverse, j’aime lespianistes qui ont intégré la dimension lyriquede mon instrument. Ceux qui surjouent lepiano et les violoncellistes qui surjouent levioloncelle ne peuvent pas fonctionnerensemble ». Ce n’est ni son cas, ni celui dupianiste Nicholas Angelich dont l’art eut pourterreau ses dons d’enfant prodige. Les deuxjeunes gens – ils ont à peine 30 ans – par-tagent la même écoute, la même quête decouleurs. Impossible sans cela de concevoirle programme neuf et riche de leur concert, lehuit ième de Marc Coppey et le premier deson ami au Théâtre de la Ville. « Il explore lesœuvres si peu nombreuses pour violoncelled’immenses pianistes et compositeurs,connus pour leur littérature pianistique. Il nousa paru intéressant, ajoute Marc Coppey, deles confronter au cours d’un même concert ».Ce qui est exceptionnel. « Chopin, Liszt etRachmaninov ont, semble-t-il, trouvé dans levioloncelle, parfaite antithèse du piano, unevoix qui était proche de la leur. Malgré les dif-

10, 11, 13 ET 14 SEPT. 20H30 TARIF B

LE CHANT DE LA TERREGustav MahlerDavid Stern - Yoshi Oïda direction mise en scèneVoir article p. 17.

MUSIQUE AU THEATRE DE LA VILLE

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SAM. 16 NOV. 17H

ZOLTÁN KOCSIS piano

BEETHOVEN:Sonate n° 27, en mi mineur, op. 90SCHUBERT : Sonate en mi mineur, D 566KURTÁG: Pièces à définirLISZT: Rhapsodie hongroise n° 5,en mi mineurAve Maria, Aux cyprès de la Villa d’Este,Aux jeux d’eau à la Villa d’Este, Suntlachrymae rerum, Csárdás macabre

ARCANESL’immense pianiste hongrois est bien l’héritierde ses ancêtres prestigieux : de ces Bartók,Kodály, Weiner… qui édifièrent la mythiqueAcadémie Franz-Liszt de Budapest qu'il dirigeaprès y avoir enseigné. Instinctif et suprême-ment intelligent. Souverain et fin. Exigeant ettellement vrai. Libre. Son jeu est étincelant, saparole aussi. Pas de fioriture, droit à l’essen-tiel. En 1972, il y a 30 ans, Paris découvrait,ébloui, au Théâtre de la Ville, le jeune hommede 20 ans qui allait devenir l’autorité spirituellede son pays dont il anime désormais la vie ar-tistique. Pour son neuvième passage, il aconçu un programme d’une rare densitépianistique et philosophique. Cherche-t-il, luiqui compose, à percer le secret de la compo-sition ? Le mystère de ce mi mineur qui relietrois des quatre œuvres choisies? Le chemi-nement de certains thèmes au cours dessiècles le fascine plus encore. L’opus 90 deBeethoven a manifestement influencé la So-nate D 566 de Schubert. Comment le grandprécurseur a-t-il agi sur celui qui connaissaitsa musique? Et sur Liszt, qui à son tour, a jetébien des ponts dans l’avenir ? Wagner erreparmi les cyprès de la Villa d’Este. Ravel sereflète dans ses « jeux d’eau ». Quant à la vio-lente Csárdás macabre, elle annonce Bartók,un autre grand précurseur. « La musique estet sera encore bien après nous. Les musi-ciens n’ont que la responsabilité d’en prendresoin, de la garder vivante » déclarait ZoltánKocsis au Monde de la Musique en mai 90.C’est ce qu’il fait, en maître.

MER. 4 DÉC. 20H30

QUATUOR TAKÁCSMOZART: Quatuor en si bémol majeur,K 589BARTÓK : Quatuor n° 3SCHUBERT :Quatuor en sol majeur, op. 161, D 887

LE QUATUOR MAISONIl s’amarre pour la treizième fois quai deGesvres où, dès 1986, dans les valises deZoltán Kocsis, le conduisent les flots duDanube. À son nouveau programme, troisœuvres phares de trois compositeurs fonda-mentaux. Navigation philosophique et for-melle de toute beauté. Miroir de leur destin.Les Takács ont l’habitude de ces hauteurs, deces profondeurs. Mozart a toujours« entendu » le bonheur au cœur même despires situations. Dans un dénuement extrême,il écrit en 1790, un an avant sa mort, le K 589,éclatant de joie. Un chant intérieur identiqueaida les Takács à surmonter le départ de leurpremier violon fondateur, puis la mort, deuxans plus tard, en 1994, de l’altiste GáborOrmai. Un équilibre structurel aussi leur per-mettant d’endiguer déferlements moraux etmusicaux. Comme celui, redoutable de conci-sion, qui architecture le n°3 des 6 Quatuors deBartók, le préféré du compositeur, écrit trèsvite en 1927. Un siècle avant, en 1926,Schubert menait dans son symphoniqueQuatuor en sol majeur un combat titanesqueentre bonheur et détresse. Il y percevait « le

début de l’au-delà ». Dans ce lieu de sérénité,le partenaire défunt du quatuor voit ses deux« frères hongrois » et ses deux amis anglaistenir leur promesse de continuer la route. Verscet au-delà.

SAM. 14 DÉC. 17H

MARIE HALLYNCK violoncelle

CÉDRIC TIBERGHIEN piano

SCHUBERT : Sonate pour arpeggione etpiano, en la mineur, D 821SCHUMANN:Cinq pièces en style populaire, op. 102BRITTEN : Sonate pour violoncelle et piano,en ut majeur, op. 65

CHANT DE LUMIÈREEn 1998, le public du Théâtre de la Villedécouvrait aux côtés de François Leleux, lalumineuse violoncelliste belge Marie Hallynckdont c’étaient les débuts à Paris. La mêmeannée le brillant pianiste français, CédricTiberghien, gagnait le premier prix duconcours Marguerite Long, et cinq prix spé-ciaux dont celui du Public et celui del’Orchestre. C’est dans le Triple concerto deBeethoven au Festival de Besançon 1999 quele dialogue des deux très jeunes virtuosescommence. « Une rencontre où nous savonsdepuis le premier moment, depuis la premièrerépétition, que les choses ne vont pas s’arrê-ter au concert programmé. Nous voulons vrai-ment construire un répertoire ensemble, faireun travail de longue haleine » rappelle la vio-loncelliste racée. Leur premier compact vientde sortir : Grieg et Schumann dont les FünfStücke im Volkston. « Notre programme, quis’articule autour de cette œuvre fantasque,réunit trois compositeurs qui ont écrit des mer-veilles pour le chant ». Les poétiques CinqPièces dans un style populaire, l’envoûtanteArpeggione de Schubert, et la capricieuseSonate de Britten ne font-elles pas du vio-loncelle et du piano de sublimes maîtreschanteurs ? Marie Hallynck et CédricTiberghien les mettent en lumière. Phospho-rescence assurée.

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LUN. 16 DEC. 20H30

BANG ON A CAN ALL-STARSRobert Black basseDavid Cossin percussionLisa Moore pianoMark Stewart guitare électriqueWendy Sutter violoncelleEvan Ziporyn clarinettesAndrew Cotton ingénieur du son

DAVID LANG: Cheating Lying StealingMICHAEL GORDON: I Buried Paul JULIA WOLFE : New York STEVE REICH : Electric CounterpointGLENN BRANCA: Movement WithinSTEVE MARTLAND: Horses of Instructions

AVANT-GARDE NEW-YORKAISE À PARISNew York, 1987: David Lang, Michael Gordonet Julia Wolfe constatent, et s’en agacent, quesi les peintres, cinéastes et écrivains vivantssont connus, il n’en est pas de même poureux, les compositeurs. Ils organisent un hap-pening qu’ils appellent pour plaisanter FirstAnnual Bang on a Can Festival. Mais ce mani-feste se renouvellera effectivement chaqueannée, faisant entendre toutes sortes demusiques d’aujourd’hui, déjantées ou plussérieuses, avec ou sans idéologie. 1992. Lestrois fondateurs décident de réunir six inter-prètes qui s’y sont fait particulièrement remar-quer, six musiciens de haute formationclassique ayant besoin de respirer les airs dutemps. C’est le Bang on a Can all-stars, for-mation unique : percussion, bass, piano, gui-tare électrique violoncelle et clarinette.Paris. 2001. Au cours d’un concert du KronosQuartet au Théâtre de la Ville, Gérard Violettefait connaissance de Michael Gordon dontPotassium est au programme. Il sait aussitôtqu’il va établir une longue collaboration avecson groupe : artistes sans frontières, espritd’aventure, mixité des styles et des culturesne constituent-ils l’identité de sa politique?Une pièce de Glenn Branca, le guitariste fou,deux fois invité, une autre de Steve Reich sou-vent entendu place du Châtelet, parmi les sixde ce premier “big bang”.

LUN. 13 JAN. 20H30

CANTUS CÖLLNKONRAD JUNGHÄNEL direction8 chanteurs, 2 violons, violone, 2 cornets,4 trombones, orgue

MONTEVERDI : Selva morale e spirituale,extraits en forme de Vêpres

FORÊT SPIRITUELLE ET MORALE,tel est le nom donné par Monteverdi au monu-mental recueil qu’il publie à Venise en 1641 àl’âge de 74 ans. Futaie grandiose en effet queces 37 pièces religieuses écrites, semble-t-il,

pour l’église Saint-Marc pendant les trois der-nières décennies du père de la musiquebaroque. Architecture imposante et rigoureu-se d’une extrême hétérogénéité. En enregis-trant pour Harmonia Mundi cet admirable tes-tament, l’ensemble vocal et instrumentalCantus Cölln, décidément toujours inspiré,réalise un nouveau grand œuvre.Il faut quatre heures pour parcourir toute laforêt. Pour son second concert* au Théâtre dela Ville, Konrad Junghänel, luthiste renomméet directeur du groupe allemand, nous convieà un voyage de 90 minutes sur les plus beauxsites. Une anthologie qui, dit-il, nous offre « lebonheur de découvrir tout l’éventail de la pro-duction sacrée de Monteverdi depuis lemadrigal et la virtuosité du motet soliste jus-qu’aux polyphonies les plus élaborées. »Dans la pureté stylistique de Cantus Cöllnsurgissent les “multiples créatures” que Mon-teverdi voyait dans sa forêt spirituelle et mo-rale. Le génie du XVIIe siècle avait-il imaginéles fées et les elfes musiciens d’un ensemblede cristal ?

* Premier passage : Gott sei mir gnädig avril 2001.

SAM. 18 JAN. 17H

FRANK PETERZIMMERMANN violon

ENRICO PACE piano

SCHUMANN: Sonate n° 3 pour violon etpiano, en la mineur, op. posth.CHOSTAKOVICH:Sonate pour violon et piano, op. 134BEETHOVEN: Sonate n° 7 pour piano etviolon, en ut mineur, op. 30 n°2

GRAND BLEU MUSICAL« La perle ne surnage pas à la surface : il fautaller la chercher au fond, même si c’estdangereux ». Cet aphorisme de RobertSchumann pourrait être celui de Frank PeterZimmermann.Le jeune violoniste allemand ne reste pas à sapropre surface. Il n’a pas peur de descendreen lui-même, là où jaillit son jeu pur, élégant etprofond. Sans se contenter d’une virtuositéinnée, héritée d’une enfance prodige. Sansrépéter à l’infini un programme standard qui lemettrait en valeur, il innove, prend des risques,se dépasse. Pour son troisième passage auThéâtre de la Ville, l’artiste rare et son parte-naire l’Italien Enrico Pace – deux faces de lamême médaille – assemblent trois œuvres fré-missantes, nées dans – de, aussi peut-être –l’adversité. Face au fascisme politique,Chostakovich écrit en 1968 sa seule et uniqueSonate pour violon et piano. En 1802,Beethoven combat l’horreur de la surdité, veut« prendre son destin à la gueule » et composel’opus 30 n°2. Et c’est face à la folie queSchumann sécrète, en 1853, une perle noire,sa Troisième Sonate pour violon, éditée seule-ment en 1956 et si rarement jouée.

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L'Intermezzo et le Finale sont ceux de lafameuse sonate écrite à 3 compositeurs(Dietrich pour la première partie et Brahmspour le scherzo), appélée FAE, initiales de ladevise Frei aber einsam du célèbre violonisteJoachim à qui elle est dédiée… « Libre maisseul ». Comme Zimmermann, même si Paceest là pour partager les dangers et les splen-deurs des apnées en eaux profondes.

SAM 1er FÉV. 17H

ANDREAS STAIER pianoforte

JEAN-GUIHEN QUAYRAS DANIEL SPEC violon

violoncelle

HAYDN: Trio en mi majeur, H XV/28BEETHOVEN: Trio en ut mineur, op. 1 n°3SCHUBERT : Trio en si bémol majeur, op. 99

LE BONHEUR DE LA FORMEDepuis 1990, l’inclassable artiste vientpresque chaque année stupéfier le Théâtre dela Ville. Au clavecin ou au pianoforte, seul ouavec Jacobs, Biondi, Memelsdorf, peu im-porte. N’a-t-il pas donné aussi un concert àdeux pianos avec Madzar? C’est que « lamusique est la vraie finalité. Il s’agit d’essayerde communiquer quelque structure et le bon-heur qui en émane. Très grand, émotionnel,certes, mais aussi logique ». À l’image de lapersonnalité de Staier. Une dualité qui pré-side aussi au choix de ses partenaires. « Ledésir de jouer avec un artiste naît d’une affini-té spontanée. Bien jouer ne suffit pas ». Lesentiment instinctif d’une entente possible, ill’a ressenti avec Daniel Spec, Premier violonde la Kammerphilharmonie de Brême, etJean-Guihen Queyras, un autre inclassable.Violoncelle solo de l’Ensemble InterContem-porain de 1990 à 2000, le séduisant jeunehomme se partage entre ses trois passions –répertoire romantique, musique d’aujourd’hui,baroque – et récolte des lauriers unanimes. Letrio de ces trois musiciens exigeants “est toutneuf”. Au programme de ce qui sera l’un deleurs premiers concerts : Schubert, Beethovenet Haydn tant aimé de Staier. « J’avais besoinde montrer que le Trio HXV/28 du composi-teur autrichien est, comme ses autres compo-sitions tardives, capital. Une forme inventivequi va vers l’avenir ». Un autre bonheur.

SAM. 15 MARS 17H

FABIO BIONDI violon et directionet les membres d’Europa Galante

LORENZO COUTO 2e violon

ERNESTO BRAUCHER alto

MAURIZIO NADDEO1er violoncelle

ANTONIO FANTINUOLI2e violoncelle

BOCCHERINI :Quintette en ut majeur, op. 45 n°4Quintette en la mineur, op. 25 n°6Quintette en sol mineur, op. 46 n°4

UN SOURCIER DE LUMIÈRE.Fabio Biondi, dont l’archet magique fait sanscesse sourdre de somptueuses lumières,vient pour la douzième fois au Théâtre de laVille. Et c’est de Boccherini que la voixchaude, charnue, unique de son violon, mo-dèle les paysages inconnus. Le virtuose sici-lien a toujours dialogué avec ce compositeurlucquois dont il va enregistrer un troisièmecompact (le second pour Virgin). Il bousculeune fois de plus « l’histoire conventionnelle dela musique. La production italienne continued’être passionnante après 1750 et il existe unautre classicisme que celui de la sublime etsacro-sainte trinité viennoise, Haydn, Mozart,Beethoven ». Les trois Quintettes choisislibèrent Boccherini de l’irrésistible Minuettoqui l’a rendu célèbre. « Le ut majeur sonnecomme du Rossini, c’est un divertissementsolaire très italien, le fiévreux la mineur nousmène dans des régions schubertiennes et lesol mineur, très dense, pourrait être deMozart. Les trois œuvres dressent un portraitcomplet de ce compositeur léger et grave.L’Espagne, où il fit presque toute sa carrière,lui fournit, grâce à son folklore, une formidablematrice créatrice. » À sa caresse moelleuse,le violon parle d’une voix charnue, chaude,unique. Et dans « ce théâtre au public pleinde désir et de curiosité », surgiront, sous lesoleil italien, d’ibériques incandescences.

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SAM. 29 MARS 17H

QUATUOR DE TOKYOSCHUBERT : Quatuor en mi bémol majeur,op. 125 n°1, D 87DEBUSSY : Quatuor en sol mineur, op. 10BRAHMS :Quatuor n° 2, en la mineur, op. 51 n°2

LE CHIFFRE 4 DANS TOUS SES ÉTATS.À sa création en 1969, par 4 étudiants japo-nais issus de la Toho School deTokyo et réunisà la Julliard School de New York, l’éblouissantTokyo String Quartet a une identité américano-japonaise puissance 4 qu’exalte la sonoritéhomogène de ses 4 Amati. En 1995, quand leThéâtre de la Ville l’accueille, Kikuei Ikeda, unautre Japonais, formé lui aussi par le maîtreHideo Saito, a remplacé le second violon et unCanadien, Peter Oudjian, le premier. La for-mule du quatuor devient 3+1, puis 1+3,quand le violoniste ukrainien MikhailKopelman prend la première place en 1996.Un an plus tard, au retour du Tokyo place duChâtelet, le lyrisme, le style de la légendaireécole russe qui en ont changé la couleur,dominent. En 1999, dans la magique unitésonore des Stradivarius Paganini que jouentdésormais les musiciens rejoints par le violon-celliste anglais, Clive Greensmith, un nouveléquilibre se crée et l’assise grave se déplacesur l’alto du seul membre fondateur restant,Kasuhide Isomura. Demeure la maestria.Toujours impressionnante, elle magnifieraDebussy (déjà présent lors des deux précé-dents passages de la formation), Schubert etBrahms. Trois styles pour un quatuor qui a sufaire un atout de la diversité.

JEU. 3 AVR. 20H30

PÉTER CSABA violon

JEAN-FRANÇOIS HEISSERQUATUOR YSAŸE piano

BARTÓK : Sonate n°2 pour violon et pianoBEETHOVEN: Quatuor n° 11, en fa majeur,op. 95, "Quartetto serioso"CHAUSSON: Concert pour piano, violon etquatuor à cordes, en ré majeur, op. 21

UN GRANDIOSE PARTAGE MUSICALQuel programme ! Le Concert de Chaussonen est l’exceptionnelle pierre d’angle.Référence aux concerts de Couperin, audouble concerto, l’œuvre surprenante,unique, contient aussi les échanges constitu-tifs de la musique de chambre. « Dialoguescroisés entre le violon et le piano d’une part,entre les instruments solistes et le quatuor del’autre », s’émerveille Guillaume Sutre, le sub-til premier violon du Quatuor Ysaÿe*, grand etfrançais même s’il se revendique, à juste titre,international. « Orchestral, lyrique, extrême-

ment virtuose, le Concert de Chausson offre,s’il y a connivence entre les partenaires, unplaisir immense. Ce partage musical gran-diose », Jean-François Heisser et le QuatuorYsaÿe sont impatients de le vivre avec unartiste rare, Péter Csaba**. « La première foisque je l’ai entendu, ce fut un vrai coup defoudre. On ne joue plus du violon, de lamusique comme il en joue. Avec une honnê-teté, un raffinement, une pureté absolus ». Un« ange » avec lequel le puissant pianisteJean-François Heisser, qui « apporte toujoursquelque chose de nouveau », a enregistré lesSonates de Bartók. La n°2, précède justementde son énergie cosmique l’intensité tragiquedu Concert de Chausson. Le Quatuor n°11 deBeethoven, violent, court, concis, possède lemême voltage, la même densité émotionnelle.À la croisée des désirs.* Pour la 5e fois au Théâtre de la Ville.** Invité au Théâtre de la Ville par Kocsis en 1986.

MAR. 6 ET MER. 7 MAI 20H30

KRONOS QUARTETVisual Music - 30e anniversaireCRUMB - PENDERECKI - STEVE REICH…

LES COULEURS ET LES SONS SE RÉPONDENT (BAUDELAIRE)"Correspondances" dont les Kronos Quartetont le secret. Le quatuor emblématique duThéâtre de la Ville où il vient pour la 12e fois,conçoit toujours des éclairages poétiques etintelligents pour chacune des partitions qu'ilinterprète. Certaines de celles-ci sontd'ailleurs de véritables petites pièces théâ-trales, tel le Ghost Opera de Tan Dun. En1995, le public parisien put communiqueravec les esprits de la tradition chamaniquechinoise. Wu Man, flexible joueuse de pipa, ouflûte à eau, en rythmait les mouvements dansune installation qui déployait papier, métal etgongs à eau. Superbe. Tout aussi beau, lerituel mexicain de l’Autel des morts célébraitsur un chemin de photophores les 25 ans deKronos en 1998. Une fête que Black Angelsde Crumb électrisa de leurs violents éclairs.La pièce convulsive, à l’origine de la vocationdu premier violon David Harrington est bien

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sûr à nouveau programmée pour les trenteans du quatuor. Mais les "Anges noirs" évolue-ront dans un tout autre espace : une desgrandes émotions de ce concert où chaquepièce, sans exception, mise en scène, sera àvoir autant qu'à entendre. Visual Music.

SAM 9 NOV. 17H

CAFÉ ZIMMERMANNPablo Valetti violon soloAmandine Beyer violonDavid Plantier violonPatricia Gagnon altoPetr Skalka violoncelleLudek Brany contrebasseDiana Baroni traversoCéline Frisch clavecin

CHARLES AVISON/DOMENICO SCARLATTI :Concerti grossi nos 5 et 9BACH : Concerto en mi majeur pour vio-lon, cordes et basse continue, BWV 1043Concerto brandebourgeois n° 5, BWV 1050TELEMANN: Concerto en la majeur pourflûte, violon, violoncelle, concertants etcordes, extrait du recueil "Tafelmusik"

ÉPOUSTOUFLANTÀ Leipzig, dans l’Europe des Lumières, leCafé Zimmermann diffusait nouvelles, idées etmusiques. Telemann y dirigeait son Collegiummusicum, confié à Bach en 1729. L’aérienneclaveciniste Céline Frisch a donné le nom dece lieu mythique à l’ensemble qu’elle créeavec Pablo Valetti en 1998. « C’est avant toutune rencontre de musiciens qui, dans unesprit d’égalité, s’aiment et s’admirent récipro-

quement », précise le félin violoniste argentin.La critique s’enthousiasme pour ces diamantssertis à la Schola Cantorum de Bâle. Quellejeunesse ! « Et si c’était la maturité acquisegrâce à nos aînés ? » s’amuse la jeuneFrançaise. « Tout leur travail nous permet deparler naturellement la langue qu’ils ont res-suscitée ». Une liberté chère à Pablo Valetti :« Nous pensons la musique autrement. Nousvoulons retrouver l’esprit qui animait lesréunions de la famille Bach. Commencéesdans la gravité de motifs religieux, elles finis-saient dans les vapeurs du vin et dans laparodie, le comique. » Au programme de lafête des Abbesses : Bach, Telemann etAvison, un de leurs contemporains. Commeles deux hôtes magiques du Café Zim-mermann, l’Anglais pouvait composer à partird’autres partitions. Telles ces sonates deScarlatti transcrites en concertos. Garçon,une découverte, s’il vous plaît !

SAM. 23 NOV. 17H

CÉLINE FRISCH clavecin

BACH: Variations Goldberg, BWV 988

UN RENDEZ-VOUS CÉLESTEÀ ne pas manquer. Un elfe joue la divine par-tition de Bach. Ce dieu, la très brillante clave-ciniste Céline Frisch le vénère mais ne se« laisse pas paralyser par sa grandeur, sinonon ne fait pas grand-chose. » Fine, intelligentevive, la jeune Française ne voit pas en luiqu’Apollon mais Dyonisos. Pour son qua-trième passage au Théâtre de la Ville, elleentend donner spiritualité, chair et vie auxVariations Goldberg. Elle a déjà enregistré lechef-d’œuvre qui la comble. « Dans lamusique ancienne, on a des pièces qui sontcourtes, fractionnées. Ici, il y a ce plaisir decommencer et d’arriver une heure un quartaprès. J’ai l’impression de partir en voyaged’emmener les gens avec moi. On va passerpar plein d’états. » Quel monde en effet ! Unecathédrale où jubile la forme. Un collier de 31perles différentes que ferme et clôt le sublimethème matriciel. « Quand on a fini de travaillertous ces matériaux, on parvient à ressentirune des qualités essentielles de Bach, sonsens des proportions. En laissant simplementles choses prendre leur place, dans le plaisirdu clavier, on perçoit le plus simplement dumonde l’équilibre de cette architecture.Physiquement, pas seulement intellectuelle-ment. » Le nom du dédicataire de ces 30sublimes variations est, dit la légende,Goldberg. Montagne d’or en français. LesVariations, mais aussi le clavecin de Céline nesont-ils pas de ce métal ?

MUSIQUE AUXABBESSES

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SAM. 7 DÉC. 17H

RONALDVAN SPAENDONCK clarinette

LAWRENCE POWER alto

ALEXANDRE THARAUD piano

MOZART :Trio "les Quilles", en mi bémol majeur, K 498BRUCH: 3 des 8 Pièces pour clarinette,alto et piano, op. 83 (nos1, 2 et 5)KURTÁG: Hommage à R. Sch., pour alto,clarinette et piano, op. 15dSCHUMANN: Märchenerzählungen (Récitset contes), op. 1323 Romances, op. 94 (transcription pour alto,clarinette et piano d’Alexandre Tharaud)

UN CONCERT DE LÉGENDE(S)Il était une fois trois jeunes artistes : RonaldVan Spaendonck, fabuleux clarinettiste belgede 32 ans, Lawrence Power, anglais, 25 ans,étoile montante de l’alto, et AlexandreTharaud, 34 ans, un des plus fins pianistesfrançais. La BBC voulait réunir les deux pre-miers, lauréats de son grand concours NewGeneration of the year et Juventus, les troislauréats de son Prix. Le Théâtre de la Ville réa-lise ce rêve, en conviant Alexandre pour lasixième fois, Ronald pour la cinqième etLawrence pour la première.Il était une fois, une seule, Mozart. Et sonunique trio pour alto, clarinette et piano, lesQuilles, un chef-d’œuvre de 1786. Le cheminde cette formation vraiment rare que Bruchretrouvera en 1910 dans Huit Pièces raffinéeset sensitives, Schumann l’explore en 1853 :quelques mois avant de se jeter dans le Rhin,il crée le monde fantastique des Mär-chenerzählungen. L’Hommage à Schumannde Kurtág relit ces « récits de contes defées ». Un éclairage que Ronald connaissaitet souhaitait : « Découvrir en les jouant, lessimilitudes de ces deux œuvres est passion-nant ». Alexandre Tharaud qui adore trans-crire avait clos son récital 2001 par sa versionpour piano de l’Apprenti sorcier. Il a fait un triodes 3 Romances pour hautbois et piano deSchumann : une nouvelle histoire à raconterpour ces jeunes gens qui savent tout dire.Même l’indicible de la musique. LUN. 20 JAN. 20H30

GIL SHAHAM violon

GÖRAN SÖLLSCHER guitare

BACH, SCHUBERT, PAGANINI, PIAZZOLLAL’ANGE DU VIOLONDouceur du regard, tendresse du sourire. Surscène comme dans la vie, Gil Shaham ra-yonne de fraîcheur, de gentillesse. D’emblée,il communique avec les êtres, avec le public.Du monde il a une perception extrêmementfine. De la musique, encore plus. Il a la simpli-cité des grands. Étincelante dès le début deses apparitions. Aucune difficulté techniquene résiste à son jeu naturel, élégant. Aussiexprime-t-il ce que les œuvres lui font ressen-tir. Un monde profond et jubilatoire proche del’innocence de l’enfant. Il donna au Théâtre dela Ville un de ses premiers concerts demusique de chambre. C’était en 92. Il avait 21ans et déjà subugué chefs et orchestres. Ilrevint deux autres fois. Son retour est un vraibonheur. Cadeau, la voix de son Stradivariusde 1699, étrangement humaine dans lemedium et le grave. Cadeau, le mariaged’amour du violon avec la guitare. Celle deGöran Söllscher, musicien de haute volée, estinspirée. Paganini (virtuose de cet instrumentaussi, il écrivit beaucoup pour lui), l’émouvantSchubert et le fascinant Piazzolla sont au pro-gramme de ce duo rare. Un petit miracle.

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SAM. 25 JAN. 17H

PAUL O’DETTE chitarrone

ELLEN HARGIS soprano

KAPSBERGER : Toccata, Toccata arpeggia-ta, Ciaconna, Toccata 3aMONTEVERDI : Quel sguardo sdegnosetto,Ohime, ch’io cadoPERI : Al fonte, al prato, Occhi, fonti delcore, Lungi dal vostro lume, Un di solettoSIGISMONDO D’INDIA : Lamento di DidoneCARISSIMI :Il Lamento in morte di Maria StuardaBELLEROFONTE CASTALDI :Un Bocconcino di fantasia, RitornelloPrimo, Cecchina CorrenteLUIGI ROSSI : Amor, e perche?Anime, voi che sete dalle furie, Hor guar-date come va la fortunaV. MAZZOCHI : Sdegno, campion audace

CHARMESur scène, un très fin rayonnement dissout larondeur sympathique du grand luthiste d’ori-gine irlandaise Paul O’dette et dévoile sonintériorité lumineuse. Cela s’appelle présence.Il y a un an, l’ange caché dans le nounoursséduisit les Abbesses de ses délicieuses bal-lades élisabéthaines qui célébraient Robindes Bois. Pour son retour attendu, celui quiadore le chant et les chanteurs – sa mamann’était-elle pas cantatrice ? – convie EllenHargis, soprano américaine de grand style.De beaux enregistrements ont gravé ledialogue racé de cette voix pure et de l’instru-ment encore plus rare sous les doigts moel-leux de Paul O’Dette. Les deux artistes nousoffrent un voyage en Italie à la frontière desXVIe et XVIIe siècles. Ils nous font découvrir despaysages vocaux de toute beauté dont lesstyles très différents annoncent bien desdéveloppements : Monteverdi évidemmentmais aussi Carissimi, maître en oratorio,Mazzochi, père de la première comédie musi-cale (Che soffre spéri), et bien d’autrescompositeurs passionnants mais peu connus.Trois respirations instrumentales rythment ceflorilège vocal : deux Toccatas dont la divinearpeggiata et la Ciacona de GirolamoKapsberger, "l’Allemand du théorbe" (autrenom du chitarrone) né à Venise vers 1580. Dequoi inspirer le magicien de ce grand luth.

SAM. 1er MARS 17H

ST LAWRENCESTRING QUARTETMOZART: Quatuor en mi bémol majeur,K 428JANÁCEK: Quatuor n° 1, "Sonate à Kreutzer"TCHAÏKOVSKI :Quatuor n° 3, en mi bémol mineur, op. 30

FORMULE 1Impétueux, passionné, à l’image du fleuve StLawrence qu’il a pris pour symbole, le quatuorcanadien vient pour la deuxième fois auxAbbesses, après quatre concerts dans lagrande salle. Une trajectoire que le Théâtrede la Ville suit avec conviction depuis près de10 ans.À le regarder jouer, on comprend qu’il estindissoluble, que les quatre jeunes musiciens,tous très différents mais soudés, cultivent leplaisir de jouer ensemble. Un même élan lesanime, un même but. Fusion.Combustion assurée sur les circuits choisis.Le plus secret des 6 Quatuors de Mozartdédiés à Haydn, le n°3 au clair obscur cha-toyant, ira puiser à la jubilation, au pétillement

de ces jeunes gens. Dans son terrible romanla Sonate à Kreutzer qui inspire à Janácek son« opéra muet » de 1923, Tolstoi trouvait justele meurtre par son mari de l’épouse adultère.L’œuvre du compositeur tchèque est aucontraire un admirable plaidoyer en faveur dela malheureuse. Peut-elle rêver meilleurs avo-cats que ces musiciens tellement engagés?Dans leur second compact consacré àTchaïkovski, Antony Short écrit que le 3e qua-tuor (1876) exige de ses interprètes « unepuissance extrême qui par instants relèved’une forme de violence émotionnelle ».Exactement celle du sauvage Jeffe Nuttall,turbo moteur du quatuor formule 1. Contact !

SAM. 8 MARS 17H

JUAN MANUELQUINTANA viole de gambe

JORGE LAVISTA clavecin

HERNAN CUADRADO viole

SHIZUKO NOIRI luth

CORELLI : Sonate en ut majeur, op. 5 n°3Sonate en sol majeur, op. 5 n°6Sonate en trio en ut majeur, op. 3 n°1Sonate en trio en ut majeur op. 4 n °2Ciacona op. 2 n°12

L’AIR(E) DE L’AIGLEJuan Manuel Quintana vient pour la cinquièmefois dans son nid de Montmartre. Un élaninfaillible guide l’autodidacte de la viole degambe qui traversa les océans pour venirchercher en Europe ce qui lui permettrait devoler très haut. Depuis trois ans, il est revenuchez lui, en Argentine, pays de tous les ins-tincts. « Le terrain est extraordinaire, déclare-t-il avec chaleur. On peut y faire de belleschoses malgré la situation politique et écono-mique. J’enseigne et je joue. Je dirige aussiun petit orchestre et un groupe de chanteursque j’ai créés ». À qui il apporte les richessesintériorisées au cours de ses « migrations ».Comme l'imaginaire de Corelli. « Il représentetout un monde idéal, une philosophie : sa sim-plicité, sa lumière correspondent aux idéeschères à la France de la fin XVIIe siècle débutXVIIIe. » Trois partenaires de longue date, deuxArgentins Hernan Quadrado, Jorge Lavista etune Japonaise, Shizuko Noiri, en sont les vec-teurs dans les deux sonates en trio du pro-gramme. La viole de gambe habitée de JuanManuel Quintana change en pierre philoso-phale les deux autres pour instrument seul.« J’ai envie de chanter cette musique. Au-delàde toute considération musicologique, jetrouve qu’elle parle d’elle-même. C’est leParnasse, la musique du ciel. »

textes musique A.-M. Bigorne

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AU THEATRE DE LA VILLE

SAMULNORI HANULLIMdirection artistique Kim Duk-Soo Coréeensemble de percussions (9 musiciens)

VILAYAT KHAN sitar Inde du NordIdayat Khan sitar, et un tabliste

CHAURASIA Inde du Nordflûte bansuri

SHAHRAM NAZERI chant Iran

OKNA Kalmoukie-MongolieTSAHAN TZAM chant diphonique

EPI mérin khour, chant

BAVAUSH AMBEKOV chant

TEJENDRA MAJUMDAR sarodSubhankar Banerjee tabla Inde du Nord

MADJID PANCHIRI chant

MEHRI MAFTOUN tamboura

MASHINE soruz AfghanistanSALAM LOGARI chant

SHEIKH HABBOUSH SyrieAL-KÎNDI - JULIEN WEISSet les chanteurs de la confrérie Qadri d’Alep

GUEROUABI EL-HACHEMIchant chaabi Algérie

NACERDDINE CHAOULIstyle haouzi Algérie

N. RAMANI flûte murali Inde du Sud

SHEIKH AMIN AL-DISHNAWIMûnshid de Haute-Égypte Égypte

NASSIMA chant et kuitra Algériechant arabo andalou – la nouba algéroise

CESARIA EVORA chant Cap-Vert

AÏCHA REDOUANEET L’ENSEMBLE AL-ADWÂRIvresses création Proche-Orient

SABAH FAKHRI SyrieAL-KÎNDI - JULIEN WEISSmonstre sacré de l'art vocal citadin arabe

USTAD OMAR sorud

SACCHU KHAN sorud

MOHAMMAD KHAN ney, chant

MOSSA chant BalouchistanMULA tanburag (Pakistan)

ROSS DALY GrèceTRIO CHEMIRANI

EROL PARLAK saz et chant

HASAN YARIMDUNYA trio de clarinettes de Galibolu

ENSEMBLE KÖCEK Turquiemusique et danse

NITYASHREE MAHADEVAN chant carnatique Inde du Sud

AUX ABBESSESJEU. 17 OCT. 20H30

MEISHO TÔSHA Japonmaître de fuè, flûte de bambou traditionnelle

DAVOUD SARKHOCH chant

GHOLAM DASTEGUIRHOMAYOUN rubâb AfghanistanMOHAMAD VALI sarangui

ALBA chants Corse

UNYUL TALCHUMthéâtre dansé avec masques Corée

ÔBRÉE ALIE chant Bretagne

NORAH KRIEF chansonSonnets de Shakespeare

ZARZANGA chant Pakistan

AGHA KARIM chant Azerbaïdjanchants du Grand Caucase

NAUKA CHARITRAMTyagaraja opéra Inde du Sud

TANIA LIBERTAD chant Pérou

KATIA GUERREIRO fado Portugal

CAMANÉ fado Portugal

JAZZ AU THEATRE DE LA VILLE

JOACHIM KÜHN piano, sax altoinvite

MICHEL PORTAL clarinette basse, saxophone alto

JEAN-PAUL CELEA contrebasse

DANIEL HUMAIR batterie

JAZZ AUX ABBESSES

JANE MONHEIT chant

musiques du monde

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SAM. 28 SEPT. 17H ET LUN. 30 SEPT. 20H30

SAMULNORI HANULLIMdirection artistique Kim Duk-Soo Coréeensemble de percussions : 9 musicienskkwaenggwari (petit gong), jing (grandgong), janggo (tambour-sablier), buk(tambour-baril)avec le Festival d’Automne à Paris

Dans l'immense diversité musicale coréenne,une tradition paysanne très ancienne, bienenracinée et largement pratiquée, se dis-tingue : le nongak. Avec le temps, ce genremusical a ouvert la voie au samulnori,ensemble de quatre instruments de percus-sion – kkwaenggwari, jing, janggo, buk – utili-sés dans la tradition. Les vibrations sonoresdu grand gong (jing) évoquent l'immobilité dela création ; le fracas métallique du petit gong(kkwaenggwari) s'ajoute aux sonorités despercussions de bois et de peaux (janggo,tambour-sablier, et buk, tambour-baril).Le répertoire du samulnori, constitué au fil dutemps, témoigne indiscutablement de sessources puisqu’on y trouve le pinari (prièrenarrative, chant consacré à la bonne fortuneet à la longévité), le pan kut (percussions etdanses paysannes), le sul janggo garak(composition rythmique pour janggo).Les premiers concerts de Samulnori datent dela fin des années soixante-dix. C'est au SpaceTheater de Séoul que Kim Duk-Soo et troisdes musiciens les plus doués de sa généra-tion formèrent, pour la première fois, en 1978,un ensemble constitué des quatre instrumentsà percussion. Enfant prodige, diplômé de l’É-cole de musique traditionnelle coréenne deSéoul, Kim Duk-Soo allie à ses talents demusicien et d’enseignant celui de directeurartistique. À 50 ans aujourd’hui, il l’est une desfigures les plus charismatiques et les plusinfluentes du domaine culturel coréen.En transportant des éléments du nongak,auparavant joué en plein air, dans un espacecouvert, un pas important a été franchi.L'accueil enthousiaste du public pour lesmusiciens devenus les héros de toute unegénération, illustre un phénomène sociolo-gique significatif. Le samulnori, qui s’est déve-loppé dans un climat de contestation dupouvoir et de colère populaire, a permis eneffet de libérer les émotions et de retrouverune véritable identité culturelle. Sa largepopularité franchit désormais les frontièrescoréennes.

D'après Han Myung-Hee, professeur au département de musique

de l'université de Séoul.

LUN. 7 OCT. 20H30

VILAYAT KHAN sitar Inde du NordIdayat Khan sitar, et un tabliste

L'événement si attendu la saison dernière n'apas eu lieu. Vilayat Khan était tombé en glis-sant dans son jardin, quelques jours seule-ment avant son concert parisien… Rien degrave, si ce n'est l'annulation de son concert.Réparation est faite.Légende vivante et monstre sacré de lamusique hindoustanie, Vilayat Khan est issud'une prestigieuse lignée de joueurs de sitaret de surbahar d'origine bengalie. On neconnaît pas son âge à quelques annéesprès… mais il est bien septuagénaire et joueencore, en Inde, de novembre à mars, auxUSA, où il réside depuis quelques années, etparfois en Europe.Voulant toujours progresser vers plus de per-fection, il peut encore développer un alap deplus d'une heure… S'il n'a plus la même vir-tuosité pour exécuter des taan-s périlleux etde haut vol, son doigté reste miraculeux et sonesprit toujours tourné vers l'expression dessentiments. Ayant atteint l’âge vénérable de lasagesse, la maturité de son art vise mainte-nant à atteindre l'essence même de lamusique.Son grand-père Imdad Khan et son pèreInayat Khan étaient les plus grands sitaristesde leur temps. Le jeune Vilayat étudie avec cedernier mais son enseignement est interrom-pu par la mort inopinée de son père. Vilayatavait onze ans. Un oncle maternel vient alorsparfaire son enseignement.On peut dire dans ce contexte que VilayatKhan n'a pas vraiment eu de guru, c'est-à-direun enseignement constant avec le mêmemaître sur une vingtaine d'années.Pourtant, à l'âge de quatorze ans, il est invitépar l'un des plus prestigieux festivals en Inde.Les plus grands musiciens d'alors l'en-tendent, fascinés par un style jamais entendu.La pureté et la beauté des sons qu'il émetsuffisent déjà à le différencier des autres sita-ristes. Il devient célèbre et entame une car-rière peu commune. Un mythe est né.Vilayat Khan a eu le génie de trouver en lui-même sa propre voie, qui le porte naturelle-ment au lyrisme et lui a fait inventer le stylechantant adapté au sitar, ce fameux gayaki-ang que bien des instrumentistes vont imiter.Il suffit de réécouter le fabuleux Piloo enregis-tré au début des années 60 et publié par EMI,un disque introuvable et non encore rééditéen CD. On sent qu'il est immergé dans unmonde émerveillé teinté d'une fraîcheur can-dide, celui d'une poésie où les images se suc-cèdent dans des couleurs changeantes etdes chatoiements d'une douceur apaisante,irradiant l'enchantement.Le sitar étant l'instrument mélodique le pluspopulaire de l'Inde du Nord, on imagine l'im-pact qu'a pu être la confrontation des deuxsitaristes les plus célèbres de la moitié dusiècle dernier.Ravi Shankar est allé à la conquête del'Occident via le mouvement hyppie tandis

MUSIQUESDUMONDE AU THEATRE

DE LA VILLE

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SAM. 26 OCT. 17H

SHAHRAM NAZERI chant Iran4 musiciens

MAÎTRE DE L’ART VOCAL PERSANS’il est une voix qui a profondément marquél’Iran des années postrévolutionnaires, c’estbien celle de Shahram Nazeri. Ce grandmaître persan d’origine kurde a su habilementintégrer les interdits imposés par la républiqueislamique (proscription de mélodies étran-gères, de voix féminines en solo, et derythmes entraînants), tout en créant unemusique d’un ordre nouveau. Shahram Nazeris’est non seulement appliqué à faire revivre lamusique traditionnelle iranienne (chassée parla modernisation à outrance à l’époque duChah), mais aussi à la faire progresser.Entouré de son fils, Hâfez, au sétâr, et d’ungroupe de jeunes musiciens (qui l’accom-pagnent au daf, au zarb, et au oud), le maîtrede musique kurde a donné naissance à unnouveau style musical, populaire auprès desgens de la rue comme des musiciens savants.Ses chansons sont aujourd’hui les plus diffu-sées sur les ondes de la radio iranienne, etlorsqu’il se produit sur la scène du GrandThéâtre de Téhéran (ex-Théâtre Rudaki,rebaptisé Salon de l’Unité depuis la révolu-tion), ses concerts affichent complet plusieurssemaines à l’avance. Invité du Théâtre de laVille à plusieurs reprises, Shahram Nazérirevient cette année pour présenter son nou-veau travail, mêlant rythmes kurdes et formesmusicales traditionnelles revisitées. La plupartdes compositions sont signées par le jeuneHâfez Nazéri, dont le talent a été récemmentapplaudi à l’occasion de plusieurs concertsdans la capitale iranienne.

Delphine Minoui

SAM. 9 NOV. 17H

OKNA Kalmoukie-Mongolie

TSAHAN TZAM chant diphonique

EPI mérin khour, chant

BAVAUSH AMBEKOV chant

Après les concerts de 1998 et 2001, troisièmevoyage musical au cœur des steppes, dansces régions désolées où le cheval reste lemoyen de locomotion le plus efficace et le tra-vail de la laine et du cuir, la principale sourcede revenu. Appartenant à cette géographiearide, deux pays cousins, la Mongolie, lagrande, et la Kalmoukie, la lilliputienne aubord de la Volga, partagent un même trésormusical, le chant diphonique. Comment resterinsensible à cet étonnant effet vocal ? Deuxvoix en une ! La première, venue du ventre,caverneuse, bourdonne et gronde comme untremblement de terre tandis que la deuxième,venue de la gorge, laisse soudain échapperles harmoniques dans un doux sifflement d'oi-seau. Sensation irréelle et apaisante d’unchant venu d’ailleurs et d’un autre temps. Unetechnique que le jeune mongol Epi connaîtbien car, à 34 ans, installé depuis neuf ans enEurope où il multiplie les expériences musi-cales, cet ancien élève du conservatoired'Ulan Bator, fils d'un éleveur de chevaux, n'apas oublié ses racines nomades. Une tech-nique que le kalmouke Okna Tsahan Tzam aretrouvée il y a quinze ans, en Mongolie, àl'écoute du Djangar, folle épopée mongole quin'a rien à envier au Mahabharata ou auRamayana indien par le foisonnement et l'ex-travagance de ses péripéties héroïques. Quoide plus naturel de faire revivre cette geste54

que Vilayat Khan allait jouer pour Mao TseToung dans la Cité Interdite… Il existe en Indedeux clans bien distincts : les pro-RaviShankar et les pro-Vilayat Khan. Chanteurs etmusiciens appartiennent le plus souvent audeuxième clan.

Christian Ledoux

SAM. 12 OCT. 17H ET DIM. 13 OCT. 11H

CHAURASIA Inde du Nordflûte bansuri

SAM. 12 OCT. 17H "ODES À KRISHNA"Rakesh Chaurasia,Rupak Kulkarni flûte bansuriVijay Ghate tabla

DIM. 13 OCT. 11H "RAGA-S DU MATIN"Vijay Ghate tabla, Prasad pakhawaj

Au fil des ans (et on le les compte plus…) leThéâtre de la Ville est devenu l'étape la plussentimentale de Chaurasia parmi toutes cellesqui jalonnent le calendrier occidental si char-gé du maître incontesté de la longue flûte enbambou bansuri.Pour la première fois, celui qui s'affirme au fildes ans comme l'un des plus grands musi-ciens de l'Inde, présente deux programmesdistincts, le premier entièrement consacré auculte de Krishna avec un répertoire decompositions originales du maestro, ledeuxième tout entier centré sur l'art savantdes ragas du matin.Les Odes à Krishna sont un intitulé pratiquepour rendre compte de l'essence de ce pro-gramme aussi original que fascinant. On pour-rait appeler cette soirée "louange àJanmashtami", qui signifie la date de nais-sance de Krishna, le dieu le plus récent dupanthéon hindou, le plus artiste – dixitChaurasia – et sans doute le plus populaire detoute l'Inde, celui qui à coup sûr a le plus lar-gement inspiré poètes, mystiques et composi-teurs. Depuis bientôt vingt ans Hariji* fête cejour glorieux avec ses disciples, jouant aveceux, de minuit à l'aube dans sa maison deMumbai.La flûte étant l'instrument attribué à Krishna –qui s'en servait à des fins de séduction enversles bergères – on comprend le désir de Harijide rendre à ce dieu aux facettes multiples cethommage si naturel dans son cas.Raga-s du matinEn édifiant au cours des âges le systèmemusical de l'Inde, les Anciens ont tenucompte des cycles cosmiques et de la nature.Ainsi ont-ils inventé des raga-s qui couvrent lejour et la nuit en tranches de quatre heures. Ilserait impensable de jouer un raga de minuità midi et inversement car, par leur structuremélodique, ces raga-s rendent compte del'environnement et des sensations perçuespar l'homme à telle heure du jour ou de la nuit.On entend bien moins évidemment les raga-sdu matin que ceux du soir et l'on apprécie tou-jours cette atmosphère si recueillie à l'heurede la messe, ce calme idéal pour s'immergerdans les flots sonores si magiques de la flûteenchanteresse du magicien Chaurasia.

C. L.

*Hariji : terme respectueux signifiant "Monsieur" Hari.

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vantant l'heureux pays Boumba, paysmythique à l'image d'une Kalmoukie idéale,aujourd'hui indépendante, rêvant encored'une identité culturelle affirmée? Une pas-sion partagée avec Bavaush Ambekov, qui,quatre ans après, sera à nouveau aux côtésd'Okna Tsahan Tzam au Théâtre de la Ville.Leurs deux voix galoperont au son du chanzou de la dombra, luths à deux cordes, tandisque celle du chanteur mongol Epi se module-ra au son du merin khour, instrument à cordesné d'une légende, dont le manche se ter-mine… en tête de cheval. Un concert sous lesigne du plus noble des animaux. Prometteur !

Jacqueline Magnier

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SAM. 23 NOV. 17H

TEJENDRA MAJUMDAR sarod

Subhankar Banerjee tabla Inde du Nord

UN MUSICIEN COMPLETAdmiré par ses pairs, musiciens, organisa-teurs et critiques, Tejendra Narayan Majumdarest de nos jours l'un des joueurs de sarod lesplus populaires de l'Inde. Sa musique est l'al-liance rare d'une approche toute classique etd'un sens esthétique élevé. Il est l'un desreprésentants de la Senia Maihar Gharanadont Ali Akbar Khan et Ravi Shankar sont lesplus illustres interprètes.Né au Bengal, terre élective des arts, il est ini-tié très jeune par son grand-père BibhutiRanjan Majumdar puis par son père RanjanMajumdar. Il complète cet apprentissage pardes cours de chant avec Amaresh Chowdhuryet de science rythmique avec Anil Palit, mon-trant déjà un grand talent dans cette périodede l'adolescence.Mais il n'en reste pas là : tout ceci n'était quepour se mettre en appétence pour entre-prendre pendant dix-huit ans l'apprentissagede sa vie sous les auspices du grand maîtreBahadur Khan.Il commence à se distinguer pour devenir lau-réat de différents concours. En 1981, il gagnecelui de All India Radio, qui décerne chaqueannée un premier prix pour chaque catégoried'instruments et pour l'art vocal. Cet événe-ment de la radio nationale est un tremplinidéal pour se faire connaître. Il reçoit lamédaille d'or du Président de l'Inde et le PrixD.V. Palushkar (du nom du regretté chanteurmort prématurément), qui n'est décerné, ons'en doute, qu'à des musiciens de haut vol.À la mort de son guru, il devient disciple d'AliAkbar Khan. Celui-ci est le Maître des Maîtres,l'Empereur de la Mélodie et le plus grandjoueur de sarod de tous les temps. Tejendrava le retrouver chaque année au Ali AkbarKhan College of Music de San Anselmo(Californie) ou lors des séjours de son guru enInde. Ayant approfondi les arcanes des stylesles plus représentatifs de la traditioninstrumentale hindoustanie, Tejendra used'une palette qui combine les éléments dudhrupad fondateur du chant savant, du stylegayaki qui imite l'art vocal et du tantrakari quiest une passerelle entre les deux.Il s'est produit dans les plus grands festivalsde l'Inde (Dover Lane Music Conference àKolkata ; Tansen Music Conference ; Hafiz Ali

Memorial Conference, etc...). et se rend régu-lièrement en Occident. Sa sonorité est l'unedes plus splendides qu'on ait entendues ausarod. La virilité parfois excessive de l'instru-ment se trouve comme enveloppée sous sesmains fermes et épaisses. Il émane dans sonjeu une sûreté de chaque instant et un sensde la phrase idéale qui porte le raga à l'incan-descence. Sa rythmique très imaginativecomplète un art mêlant force et finesse, d'oùrésulte un sentiment de parfait équilibre dansun style cohérent qui sait harmoniser les nom-breux paramètres en jeu.Subhankar Banerjee, qui a déjà accompagnéChaurasia au Théâtre de la Ville, est l'un destout premiers tablistes actuels. Un beauconcert en perspective, le sarod étant rare-ment entendu en Europe.

C. L.

SAM. 30 NOV. 17H

MADJID PANCHIRI chant

MEHRI MAFTOUN tamboura

MASHINE soruz Afghanistan

SALAM LOGARI chant

Depuis le départ des talibans, la musiqueretrouve progressivement sa place enAfghanistan, pays de haute tradition cultu-relle. Livrés au silence pendant six longuesannées, les musiciens multiplient aujourd’huiconcerts et enregistrements à la radio-télévi-sion de Kaboul et des grandes villes de pro-vince (Hérat, Kandahar, Mazar-i Charif). Ilsretrouvent également le plaisir d’animer, selonles coutumes, les fêtes de mariage et lesgrandes cérémonies familiales.Parmi eux : Madjid Panchiri, 58 ans, chanteurtadjik, installé dans la petite ville de Rokha,dans la vallée du Panchir. Surnommé "soufiMadjid", Panchiri trouve son inspiration dansla nature verdoyante de cette belle région dunord-est de l’Afghanistan. Il compose la plu-part de ses chansons sur des poèmesd’Achqari, grand poète afghan, décédé il y adix ans, et s’inspire également des poèmespersans de Hafez et Omar Khayam. Pour sonpremier concert à l’extérieur de son pays, ilsera accompagné au Théâtre de la Ville par lemaître de tamboura Mehri Maftoun, originairedes montagnes de Badakhshan, au nord del’Afghanistan. Issu de la petite communautéde musulmans ismaëliens, il compose unemusique aux mélodies originales, sans oublierl’influence culturelle de l’environnement danslequel il a grandi.Rencontre entre plusieurs musiciens dediverses origines, ce concert est un voyage àla découverte des musiques savantes et clas-siques, mais aussi des rythmes populairespropres à chaque région.

D. M.

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SAM. 7 DÉC. 17H

SHEIKH HABBOUSH Syrie

ENSEMBLE AL-KÎNDIJULIEN WEISSet les chanteurs de la confrérie Qadri d’Alep

Un concert de l’ensemble Al-Kindi sous ladirection de Julien Jalaleddine Weiss est tou-jours l’occasion de découvrir les plus bellesvoix du monde arabe. Installé depuisquelques années dans un ancien palais mam-louk du vieil Alep, ce maître du qanoun, suissealsacien, consacre désormais son temps auxtrésors de la musique arabe.Ce concert marquera la première venue enEurope de Sheikh Habboush, né en 1957dans une famille religieuse et mélomane. Il estun des rares chefs de confrérie soufie à avoirpu, développer sa vocation lyrique plus quesa vocation théologique. Son père l’a choisi,parmi ses nombreux frères, non seulementpour son élan spirituel mais aussi pour labeauté de sa voix. Il lui permet d’étudier àl’âge de dix ans auprès du maître AbdelKader Hadjar. À seize ans, Ahmed chantedans les maouled avant de devenir mounshidprofessionnel à vingt ans. A trente-deux ans, ilprend finalement la succession de son père.Sheikh Habboush sait transmettre l’extasemystique wajd à son auditoire grâce à soncharisme étonnant. Son enthousiasme et sapassion se libèrent dans l’expression jubila-toire de ses vocalises. Être à la fois chantresoliste (mounshid) et sheikh est fort peucourant dans les traditions initiatiques desconfréries soufies de Syrie. À l'instar des nom-breuses confréries d’Alep, lieu de dévotion,de formation et d’émulation pour les jeuneschanteurs, il reçoit, un jour par semaine, sesadeptes, artisans ou commerçants du souk.Sa zawiya est une vaste maison traditionnelledu vieil Alep, dans le quartier des ferronniers.Autour de l’inévitable patio central et de sonbassin se trouvent les chambres où logent sesquatre femmes et ses vingt-trois enfants. Unegrande pièce rectangulaire couverte de tapisest consacrée au rituel hebdomadaire : unconcert spirituel (samaa), composé de suitesvocales d’anashids dinyia (chants mesurés),de qaçidas et d’ibtihals (improvisationsvocales solistes) ; puis le zikr, scansionrépétitive du nom de Dieu sur un ostinato pro-gressant par degrés jusqu’à la transe, accom-pagné de percussions, douff et cymbales.Une ambiance que Julien Weiss aime à parta-ger. Ce concert, né d’un projet musical entreles deux hommes, témoignera de leur amitiéprofonde, soudée par la musique. �

SAM. 21 DÉC. 20H30

GUEROUABI EL-HACHEMIchant chaabi Algérie

LE MONDE DU CHAÂBI, ENTRE REBETIKA ET BLUESLes chanteurs et protagonistes du chaâbiforment, depuis son apparition dans les56

années vingt, un monde bien à part, unesociété presque secrète où l'on pratique etdiscute de cet art entre amis, partageant lamême passion dans des cafés inconnus àl'annuaire des lieux fréquentables.Et pourtant, c'est dans ces endroits louches ethantés du soir à l'aube uniquement par deshommes, que bien des chanteurs et musi-ciens ont appris leur art. C'est là qu'on a puentendre l'introduction du banjo, pourtant trèsrarement joué en France. Faut-il y voir uneinfluence du jazz naissant ?Un genre urbain moderneLe chaâbi (mot signifiant "populaire") est issude la musique arabo-andalouse qui fit soucheau Maghreb après la chute des sultanatsd'Andalousie au milieu du XVe siècle. Cettesource classique jaillit déjà dans la partie ins-trumentale introductive, majestueuse, autempo médium et aux rythmes bien frappés etsyncopés, comme dans la qasida qui suit,poème ancien en dialecte algérois, sur la-quelle le chanteur brode de multiples ara-besques. Une poésie raffinée et une métriqueimmuable charpentent cette suite de pièces.Mais bientôt arrivent les "chansonnettes" –comme les nomme Guerouabi – très atten-dues, en langue moderne, compréhensiblespar tous, que l'on peut fredonner aisément, etsur lesquelles on danse volontiers. Là s'opèrela magie contagieuse du chaâbi, genre aussipeu connu que fascinant et sûrement promis àun avenir certain dans l'Hexagone. Vingt ansaprès le Raï, il serait temps… Cesaria Evoranous a fait découvrir la Morna du Cap-Vert,Guerouabi l'inimitable nous fait découvrir lechaâbi d'Alger.La voix légendaire du chaâbiSon parcours, qui l'a hissé vers les plushautes marches, est révélateur. Vers 15-16ans il se rend chaque soir dans une fumerie(d'opium et de hashish) d'un quartier popu-laire d'Alger. L'Algérie est encore française.L'indépendance acquise, les fumeries dispa-raissent, mais le chaâbi fascine toujoursautant de jeunes chanteurs. L’apprentissageest long : d'abord les percussions, puis lemandol (luth proche du oud) et la mémorisa-tion des textes et des mélodies qui composentune nouba. Ce parcours prend des années etrares sont ceux qui acquièrent la célébritéavant quarante ans. Guerouabi fait bande àpart. Sa voix de ténor est remarquée et il estengagé à l'Opéra d'Alger. Puis il enregistreses premiers succès et compose à tour debras des chansons que tout le mondefredonne.Avec son physique de jeune premier, sa voixchaude et généreuse, Guerouabi a marqué ungenre qu'il a modernisé depuis bientôt qua-rante ans. Les Algériens l'ont souvent compa-ré à Aznavour. Mais il y a aussi chez lui uncôté Serge Reggiani. À découvrir.

C. L.

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etDIM. 22 DÉC. 17H

NACERDDINE CHAOULIstyle hawzi Algérie

Lorsqu'on écoute la musique de Nacerddine,on est vite emporté par l'enthousiasme et lajeunesse du chanteur. Lorsqu'on le voit, cetteimpression s'amplifie devant ce quadragé-naire qui fait quinze ans de moins que sonâge… Ce génie inexplicable de la jeunessed'âme et de corps ne se rencontre que trèsrarement.Devenu ces dernières années l'un des chan-teurs les plus en vue auprès de la nouvellegénération (en dehors du Raï), NacerddineChaouli naît en juillet 1962 à Alger, dans lequartier populaire de Belcourt, au milieu deschants et des youyous, en cette veille halluci-née de l'Indépendance. Son père, chef d'or-chestre, l'initie dès l'âge de six ans à lamusique et lui fait jouer plusieurs instruments,oud, kamantche, mandoline, guitare et piano.Il aborde la musique andalouse d'Alger(çanaa) et se perfectionne au sein de diffé-rentes écoles pour bientôt devenir alto-solistedans les orchestres associatifs. Le célèbreSkandrani, pianiste attitré de Reinettel'Oranaise, le pousse à chanter. Sa voix rondeet chaude de ténor fait merveille. Son modèleest le maître Dahmane Ben Achour.Mais la passion pour le hawzi le guette… Onaborde le hawzi après une longue introductionorchestrale et vocale de style andalou. Cegenre, pratiqué dans la région de Tlemcen, àla fois romantique et joyeux, où l'on se met viteà danser, est issu du chaâbi, lui-même dérivéde l'andalou. Le terme hawzi est à rapprocherdu mot village (bled) ou petit pays. Na-cerddine en devient le spécialiste le plusdemandé. Les poèmes décrivent la beauté dela nature, celle des femmes surtout.Considérant que ce genre est celui qu'il maî-trise le mieux, il fonde son propre orchestre oùle rejoignent ses amis et condisciples duconservatoire d'Alger. Sa référence estAbdelkrim Dali.Sa présence scénique, va voix mélodieuse,juste et chatoyante, sont autant d'éléments quilui procurent un vif succès dès son premiergrand concert à la Maison de la cultured'Alger. Le public entre en communion et vit lafête et la joie de vivre. Il en est dès lors tou-jours ainsi : la chaleur de ses concerts remplitdes salles qui l'acclament.

C. L.

SAM. 11 JAN. 17H

N. RAMANI flûte murali Inde du SudTyagarajan Ramani flûte muraliTelhi Sunder Rajan violonS.V. Raja Rao mridangam

Autant Chaurasia apparaît comme un êtrecharnel, bon vivant et bon enfant, autantRamani semble éthéré, diaphane et planantau-dessus des contingencesRamani appartient au sérail des grandsmaîtres carnatiques. Issu d'une famille brah-

mine de musiciens, il est né à Tiruvarur, ausud du Tamil Nadu, près de Tanjore, lieumythique associé au compositeur saint etpoète Tyagaraja. Un grand nombre d'artisteséminents proviennent de cette région, véri-table pépinière regorgeant de temples hin-dous, de rizières et de musiciens maintenantinstallés à Chennai (Madras).Né en 1934, Ramani étudie d'abord avec sonpère Azhiyur Narayanswami Iyer, célèbre flû-tiste de l'époque, et donne son premierconcert public à l'âge de huit ans. Parent dufabuleux et regretté "Mali" (T.R. Mahalingam) –génie musical et rénovateur de la flûte – ildevient son disciple et confident. Peu ortho-doxe en toute chose, l'exubérant Mahalingamle traite plus comme un égal que comme undisciple (habituellement astreint aux corvées).Il l'invite à se produire régulièrement avec lui,Ramani devant jouer sur la même flûte aiguëson maître.Plus tard, le grand violoniste LalgudiJayaraman le faisant partout jouer avec lui, ilopte alors pour une flûte plus grave, accordéeau violon. Ainsi se fait-il connaître et apprécierde milliers de mélomanes jusque dans lesvilles les plus reculées du sud. Cette formuleinédite, violon solo accompagné par une flûte,remporte un immense succès et la carrière deRamani démarre alors en flèche : on l'invitecomme soliste et c'est lui qui choisit sesaccompagnateurs violonistes. Il garderadepuis la flûte mi-longue, moins ardue quecelle de son maître.Ramani suit la révolution initiée parMahalingam, usant de techniques propres àimiter toutes les subtilités mélodiques de lavoix, fondement de la musique en Inde.Profondément religieux, il place la musiquecarnatique aussi haut que le panthéon hindouet la sert avec une dévotion empreinte decette grâce qui inspirait Fra Angelico. Trèsversé dans la grammaire carnatique et lescomplexités rythmiques typiques du sud,Ramani est à l'aise dans tous les genres, sem-blant survoler un à un chacun d'entre eux :varnam, kriti, ragam-tanam-pallavi, javali, tilla-na, bhajan (qu'il joue sur une flûte bansuri etdans le style hindustani).Tel un être descendu du ciel, il nous transmetun message d'une immense douceur, quinous semble surnaturel, où le classicismeépuré et l'élégance de la forme composent unpastel riche d'émotions, illuminé de cettegrâce qui inspirait le sublime Fra Angelico etnous fait méditer dans la joie innocente quihabitait le moine génial.Et nous quittons la salle, emportant en nous leson pur de la flûte, qui marque comme uneréconciliation avec le monde.

C. L.

SAM. 25 JAN. 17H

SHEIKH AMIN AL-DISHNAWIMûnshid de Haute-Égypte Égypte

Sheikh Amin al-Dishnawi, découvert auThéâtre des Abbesses la saison dernière, estné à Dishna, petite ville au nord de Louxor. Ilofficie dans toutes les grandes fêtes reli-gieuses (mouled), à la manière égyptienne,autrement dit dans un esprit très populaire etfestif.Les maoulid (pluriel de mouled, terme quiremonte à l’époque mamelouke) célèbrentl’anniversaire de la mort des saints musul-mans locaux et des grands personnages dupanthéon soufi, et sont le pôle de la vie rituelled’un monde rural (baladi) de plus en plusbousculé dans ses racines. Plusieurs milliers

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de personnes y viennent encore à larecherche de baraka.Les transes évoluent, le dépassement de soi-même dans les voies extatiques dépasse lavoie mystique et religieuse. Les rites antiquessemblent se muter à travers les âges jusqu'àatteindre le désordre de notre urbanité et setransmettent dans de nouvelles mises enscène. Au cours des siècles la possessions'est souvent désacralisée pour se "spectacu-lariser", mais c’est le même besoin de surna-turel que viennent chercher magdoub (fous deDieu ravis par l’extase), mudrib (aspirant à laprésence de Dieu), familles villageoises,enfants et vieillards confondus.Les esthètes de l’inshad suffiya, aussi biennotables que mendiants, viennent tous rece-voir la baraka promulguée souvent par Aminal-Dishnawi lui-même, habité par l’inspirationdivine et le pouvoir de ces mots.Amin al-Dishnawi, comme tous les grandsmûnshiddin, possède une voix au grain briséet écorché, car, comme toujours dans l’Orienttraditionnel, les critères esthétiques sont dé-terminés par cette capacité à créer l’émotion.C’est par une pratique constante, lors de cesnuits qui n’en finissent plus, que le chanteurmodèle son style, sa résistance vocale et sontalent à enchaîner un substrat poétique sanscesse renouvelé à l’intention d’un publicinfatigable.L’art d’Amin al-Dishnawi est donc imprégnéde cette capacité à créer ce sentiment devolupté spirituelle en allant à l’essentiel de sescapacités vocales, sans fioritures et sanseffets sophistiqués, à l’image de ce monderural fier et millénaire.

Alain Weber

JEU. 30 JAN. 20H30

NASSIMA chant et kuitra Algériechant arabo andalou – la nouba algéroiseavec 8 musiciens

On connaît peu l'étrange parcours de cettemusique savante créée au Xe siècle à Cordouepar l'illustre chanteur Zyriab, qui dut quitterBagdad pour venir faire carrière dansl'Andalousie nouvellement conquise ; puis leretour en terre musulmane de cet art clas-sique enrichi par des apports successifs, enAfrique du Nord précisément, après l'expul-sion des Arabes et des Juifs sous le règned'Isabelle la Catholique dès la chute deGrenade en 1492.Au cours de ces siècles d'or où musulmans,chrétiens et juifs vivaient en harmonie, desécoles de musique andalouse s'étaient for-mées dans les grandes cités d'Andalousie.Chacune d'entre elles allait s'établir dans lespays du Maghreb, pour donner forme auxgenres Ala au Maroc, Sanaa dans le centrealgérien, et Malouf dans l'est, en Tunisie et enLibye.On commence tout juste en Occident à s'inté-resser à cette musique qui égale les chefs-d'œuvre de l'architecture arabe classique.

Ceci, bien après l'intérêt porté par certains àla musique de l'Inde au cours des années 70.Des mélomanes s'initient à la musique anda-louse (ainsi la dénomment les musiciensarabes), de même qu’ils ont pu appréhenderl'essence des raga-s et capter la richesserythmique indienne. Nous sommes après toutdans un monde oriental où dominent l'artmélodique (et ses quarts de ton) et la pré-sence de cycles rythmiques et de percus-sions omniprésentes.Nassima chante le répertoire de la sanaa, quise distingue des autres écoles par une dou-ceur et une lenteur toute esthétique du tempo,à l'opposé du malouf de l'est, qui vibre derythmes plus rapides. Le corps poétique etmélodique de la musique andalouse estconstitué de noubat (pluriel de nouba) qui for-ment une succession de pièces vocales etinstrumentales suivant un ordonnancementrigoureux des rythmes. Chaque nouba reposesur un mode bien défini appelé tabaâ. Il exis-tait vingt-quatre noubat auparavant, soit unepar heure. Il en reste douze complètes enAlgérie.Calme et souriante, Nassima rayonne commel'impératrice de la sanaa, le genre andalou dela région d'Alger, et plus précisément deBlida, où elle est née. Très tôt elle étudie lamusique au sein des associations anda-louses ; d'abord le oud, puis le chant, sa voixmélodieuse et juste étant vite repérée.Elle devient soliste et enregistre dès 1979 plu-sieurs pièces d'anthologie avec l'ensembleandalou de Mustapha Skandrani. On s'étonnealors qu'une femme puisse physiquementchanter plus d'une heure. Mais Nassima a lesouffle et la passion du chant, à tel pointqu'elle interprète aussi bien Mozart queRossini.Depuis son dernier passage au Théâtre de laVille, Nassima semble aborder une autreétape de son évolution artistique, celle de lamaturité et sa voix d'or au grain de mezzo-soprano, sa belle présence sur scène, sont làpour nous combler.

C. L.

SAM.8,DIM.9 MARS 17H LUN.10 MARS 20H30

CESARIA EVORA chant Cap-Vert5 musiciens et 2 solistes (violon, clarinette)

PÉRÉNIGRATIONS D'UNE DIVACesaria Evora chantait dans les bars deMindelo, au Cap-Vert, son pays natal, unarchipel de quelques îles semées au large duSénégal. En 1988, à l'approche de la cin-quantaine, elle découvre Paris. Voix suave,répertoire de mornas nostalgiques et humani-té généreuse, le public est séduit.« À partir du Théâtre de la Ville en décembre1992, deux mois après la sortie de MissPerfumado, j'ai compris que cela allait mar-cher : dans la salle, il y avait peu de Cap-Verdiens, mais des Français qui étaient venusexprès pour Cesaria », confie José Da Silva,le manager de Cesaria Evora, à VéroniqueMortaigne dans Cesaria Evora, la voix duCap-Vert, publié chez Actes Sud. Et, plus loin,évoquant le premier Olympia de "la diva auxpieds nus", il poursuit : « Elle s'en foutait, elleavait eu plus le trac au Théâtre de la Ville, celaavait été son examen de passage ».Le Théâtre de la Ville donc, une épreuve ini-tiatique. Et le succès ! Son destin bascule…Dix ans déjà !Aujourd'hui, la soixantaine révolue, CesariaEvora a enregistré huit albums en studio. Ledernier Saõ Vicente di longe, publié, en mars2001, dans une quarantaine de pays, poursuit

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la célébration des "liens océaniques" quiunissent Cap-Vert, Brésil et Cuba.Depuis dix ans, Cesaria a voyagé. Elle achanté dans soixante et un pays inscrits ausein de cinquante-cinq États. On l'attend enHongrie en août 2002, en Nouvelle-Calédonie,à Singapour, à Tahiti en octobre de cettemême année, et au Théâtre de la Ville les 8, 9,10 mars 2003 accompagnée, pour l'occasion,de cinq musiciens et de deux solistes. Lesrendez-vous de la fidélité.

Jacques Erwan

SAM. 5 AVRIL 20H30

AÏCHA REDOUANEET L’ENSEMBLE AL-ADWÂRIvresses création Proche-Orientsur des poèmes soufis de Ibn Arabi (1165-1240) et Ibn al-Fârid (1181-1235) compositions originales Aïcha Redouane et Habib Yammine

1993-2003 : dix ans déjà ! Le prochain concertd’Aïcha Redouane, Habib Yammine et l’en-semble al-Adwâr marquera le dixième anni-versaire de leur premier passage au Théâtrede la Ville. Pas de retrouvailles sans joie, etpas de fête sans ivresse. Ils ont choisi d’offrirà leur fidèle public les meilleurs crus de lapoésie et de la musique arabe du Proche-Orient.Râh, rahîq, khamr, qahwa, sahbâ’, mudâm,musc, kafour…, sont quelques appellationsdu riche vocabulaire qu’utilisent les poètesbachiques et mystiques pour chanter le vindans la poésie arabe depuis des siècles.Cette nouvelle création musicale présente unepremière ronde des plus beaux muwashshah– chants arabo-andalous d’Orient – dédiés auvin, à la taverne et aux commensaux. Maqâmaprès maqâm (station, mode), elle nous trans-porte dans l’univers de la Khamriyya (élogedu vin) d’Ibn al-Fârid (1181-1235), le plusbeau poème jamais écrit sur la symboliquemystique du vin, et de Yâ sâqî (L’échanson)de Nâbulsî (XVIIIe siècle), véritable hymne à lajoie de l’ivresse. Dans ces deux poèmes, l’ex-tase jaillit de la rythmique et de la musicalitédes vers et inspirent à Aïcha Redouane etHabib Yammine la composition de nouvellesexpressions musicales.L’enivrement n’est autre que l’amour qui apour temple le cœur ; l’amour qui fait encore ettoujours chanter les âmes ; comme l’a claméIbn Arabî (1165-1240), dans son poème uni-versel : « L'amour est ma religion et ma foi »…Dans une actualité de tourmente, AïchaRedouane et Habib Yammine nous proposentune pause musicale pour s’abreuver à lasource vivifiante de l’art du maqâm.

Schams-Habib

JEU. 8 ET VEN. 9 MAI 20H30

SABAH FAKHRI Syrie

ENSEMBLE AL-KÎNDIJULIEN WEISSmonstre sacré de l'art vocal citadin arabe

Après la venue de Sheikh Habboush endécembre, ce deuxième concert proposé parJulien Jalaleddin Weiss témoigne de la ren-contre tant attendue entre Sabah Fakhri,sultan du tarab, roi incontesté du maqâm clas-sique, et le fameux ensemble Al-Kindî queJulien a créé il y a vingt ans.Sabah Fakhri est né en 1933 en Syrie du Nord,à Alep, capitale emblématique de la musiqueet de la gastronomie. Dès l’âge de six ans, il

montre des dispositions exceptionnelles pourle chant et la psalmodie du Coran. Formé parles meilleurs maîtres, le Sheikh Ali Darwish etOmar al Batsh, Sabah Fakhri est le seul chan-teur du Moyen-Orient dont le prestige peut semesurer à celui des plus grandes stars de lachanson égyptienne, telles Oum Kalsoum, oula libanaise Fairouz. Véritable encyclopédie vivante, il a interprétéplus de 150 muwahshahs (chants classiques)pour une série télévisée diffusée dans lemonde arabe où il était également comédien.Sa carrière internationale est très étonnante.Chanter dix heures d’affilée lui vaut de figurerdans le livre Guiness des records mais il necède pas pour autant aux sirènes du show-biz. Dernier monstre sacré dévolu au styleancien, jamais il n’a cessé d’interpréter le styleclassique ou néoclassique de la wasla (suitevocale et instrumentale traditionnelle). Sesconcerts en France – il est venu au Palais desCongrès et à l’Institut du Monde arabe – sontrarissimes. Pour ses 70 ans, il fera un retourau takht charqi, petit orchestre de chambre desa jeunesse, pour le plus grand bonheur dupublic mélomane. Julien Jalaleddine Weissréunira, pour la huitième fois au Théâtre de laVille, les fidèles solistes de l’ensemble Al-Kindi : le luthiste Mohamad Kadri Dalal, le flû-tiste Ziad Kadi Amin et le percussionniste AdelShams el Din. Nul violon, violoncelle oucontrebasse afin de retrouver le son pur desinstruments arabes. Un défi et un point d’hon-neur chers à Julien Weiss. �

SAM. 24 MAI 20H30

USTAD OMAR sorud

SACCHO KHAN sorud

MOHAMMAD KHAN ney, chant

MOSSA chant Baloutchistan

MULA tanburag (Pakistan)

Dans cette région située au sud-est de l’Iranet au sud-ouest du Pakistan, où village et terrese confondent, seuls quelques camions colo-rés et bruyants semblent troubler de silence.Le Baloutchistan, aride et désolé, peuplé debergers semi-nomades, est ainsi, replié surlui-même, indépendant et fier de l’être,comme oublié du monde, bien qu’une actuali-té récente ait soudain mis sur le devant de lascène Quetta, sa capitale. Sur ces terres decontrastes, tout à la fois hostiles et hospita-lière, le fusil peut faire sa loi comme lamusique imposer sa force et sa fraîcheur. Une

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musique que le Théâtre de la Ville met à l’hon-neur pour la quatrième fois.On retrouvera avec plaisir deux grandsmaîtres, Ustad Omar et Saccho Khan, se jouerdes difficultés du sorud, l’instrumentbaloutche par excellence. Jouée en solo ouaccompagnant le chant, cette vièle à quatrecordes amplifiée de 6 à 8 cordes sympa-thiques, dont la forme évoque étrangementune tête de mort, mêle douceur suave et vélo-cité farouche dans un envoûtement exquis. Àleurs côtés, la flûte de Mohammad Khan,barbe teinte au henné et regard saisissant,reviendra soutenir le chant de Mossa, prochedu qawwali. Il n’est pas de performance ins-trumentale et vocale sans le soutien du luthtanburag. Le jeu de Mula, par sa puissance etsa finesse, épouse à merveille les rythmescomplexes des mélodies et des chansonspopulaires que distille sa voix douce et grave.

Jacqueline Magnier

MER. 11 JUIN 20H30

ROSS DALY Grèce

TRIO CHEMIRANIDjamchid Chemirani, Keyvan Chemirani,Bijane Chemirani zarbStelios Petrakis lyra, laouto, sazPériclès Papapetropoulos saz, laouto, violonKelly Thomas lyraAngelina Tkatcheva santur

Invité pour la troisième fois au Théâtre de laVille, Ross Daly est un Celte cosmopolite. Sabiographie et son art l’attestent. Sa vie estaussi une œuvre construite par un nomade enquête de l’autre. Irlandais né en Angleterre, ilparcourt le monde en famille, dès son plusjeune âge. L’université du voyage éveille sacuriosité pour "le mystère essentiel de lamusique". Enfant, il étudie le violoncelle enAngleterre et, à l’âge de douze ans, la gui-tare… au Japon ! Fasciné à l’écoute de RaviShankar au festival de Monterrey, il décided’étudier la musique indienne. En voyage enAfghanistan, il s’initie à la tradition musicaledu pays et à l’art du rabab, un instrument àcordes. En 1975, il visite la Crète, s’y installeet commence à jouer de la lyra. La poursuitede ses humanités musicales le conduira enTurquie où il se familiarise avec la musiqueclassique orientale.Vingt-cinq ans plus tard, il est l’auteur d’unebonne quinzaine de disques et joue en vir-tuose de toute une panoplie d’instruments àcordes : laouto, rabab, lyra, sarangi, oud, saz

et tanbur ! Il s’adonne à l’art de l’improvisationet partage le plaisir de jouer avec une pléiadede maîtres qui perpétuent les traditions dediverses communautés humaines. Parmiceux-ci Djamchid Chemirani, maître du zarbiranien, son complice, ainsi que ses deux fils,Keyvan et Bijane. Invité la saison passée auThéâtre des Abbesses, ce trio d’exceptionconjuguera, cette fois, son art à celui de RossDaly. Outre Stelios Petrakis : lyra, laouto et sazainsi que Périclès Papapetropoulos : saz, laou-to et violon, il entraîne également dans cecreuset qu’est, depuis des millénaires, laMéditerranée, l’une de ses disciples, KellyThomas, lyra, et Angelina Tkatcheva, santur,une Biélorusse installée en Grèce depuis1989. Tous partagent un langage communpour distiller une musique qui réjouit l’âme.

Jacques Erwan

JEU. 12 JUIN 20H30

EROL PARLAK saz et chant

HASAN YARIMDUNYA trio de clarinettes de GaliboluHasan Yarimdünya, Tamer Girnataci, TanerGirnataci clarinette,Kemal Altintas darbukaVolkan Ates darbuka, davul

ENSEMBLE KÖCEK Turquiemusique et danseMurat Tun kemano, Cemal Özdemir davul,Naim Bakal zurna, Hamdi Sözen danse,Cemal Aktas danse

Erol Parlak joue du saz et chante. C’est unmaître. À Istanbul, où il réside, il enseigne lessubtilités de ce luth à long manche à une cen-taine de disciples. Originaire de l’est de laTurquie, il a grandi à Ankara. Son répertoireest riche des traditions de l’Anatolie centraleet orientale. Avec deux de ses pairs, il aretrouvé et remis à l’honneur une technique dejeu avec les doigts – Selpe – qui avait disparuau profit de celle usant d’un plectre. Ildispense une musique raffinée dans un stylegracieux et élégant. Sa voix est suave. Àl’exception d’un concert au sein de la commu-nauté turque, en 1991, on ne l’a guère enten-du en France que comme accompagnateurde la chanteuse Sabahat Akkiraz, au Théâtrede la Ville.Tzigane, Hasan Yarimdunya, est lui aussi unmaître. Sa clarinette est de toutes les fêtes. EnFrance, on l’a entendu aux côtés d’OkayTemiz et d’Erik Marchand. À Gelibolu, petitport des Dardanelles, où il demeure, il joueaussi avec son fils Tamer et son petit-fils Taner,âgé de dix-huit ans. Ce trio familial anime lesmariages. Deux percussions (derbouka, defou tambour) les accompagnent. Ce sont desvirtuoses. Mais tout s’explique : « Dans leventre de la mère, dit Hasan, l’enfant entenddéjà un père qui joue de la clarinette ou duviolon. Ensuite, il est bercé par lamusique… ».Murat Tun est l’un des maîtres du kemane, uninstrument à cordes. Flanqué d’un zurna(hautbois) et d’un davul (tambour), il escortela danse subtile et troublante des Köçek, cesdanseurs travestis très prisés au temps del’empire ottoman. À l’époque, d’originegrecque ou tzigane, ils étaient choisis parmides jeunes garçons dotés d’un joli corps etparés d’une grâce naturelle. Leur formationcommençait à l’âge de sept ans et se pour-suivait six ou sept années. Richement vêtus,ils portaient les cheveux longs ou bien unecoiffure telle que turban ou chapeau.Danseurs professionnels, ils formaient desensembles, et évoluaient dans les palais dusultan et les hôtels particuliers des dignitaires.

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Interdits en 1861, ils se sont dispersés enAnatolie et certains, parmi les plus illustres, sesont installés en Égypte.Aujourd’hui la tradition se perpétue. Deshommes, tête nue et portant vêtements fémi-nins, rythment les pas de leur danse avec descymbalettes en métal. Ils ne suscitent aucuneéquivoque ; ils subjuguent. À découvrir !

J. E.

JEU. 26 JUIN 20H30

NITYASHREE MAHADEVAN chant carnatique Inde du SudParur M.A. Krishnaswamy violonIswaran Sivakumar mridangamS.V. Viswanathan ghatam

UNE JEUNE STAR DU CHANT CARNATIQUENityashree Mahadevan s'est avérée être lagrande révélation vocale parmi les nouvelleschanteuses présentées lors des festivals deces cinq dernières années.Propulsée sur scène par les cercles musicaux(sabbas) les plus prestigieux de Madras, ellea été remarquée puis acclamée par la critiqueet s'est retrouvée lancée avec retentissementdans les studios de cinéma comme chan-teuse play-back, d'où une popularité accruequi fait remplir à son avantage toutes lessalles de la capitale du Tamil Nadu, commecelle des grandes villes du sud ou des quar-tiers tamuls de Mumbai.Sa beauté resplendit dans un visage lunaired'où émergent de grands yeux perdus dansl'espace. Sa gestuelle originale rompt avec latimidité de circonstance des chanteuses quibattent des mains sur leurs cuisses d'unemanière rigide et monotone sans oser user demouvements des bras pour accompagner lesphases mélodiques et les ornements. Ontrouve sa photo dans tous les magazines, desarticles la chroniquent régulièrement.L'intérêt porté à cette splendide chanteusen'est pas vain, et, hormis son talent certain,Nityashree possède un pedigree qu'aucunede ses collègues ne saurait égaler : elle a eupour grand-père le génie du mridangam

Palghat Mani Iyer, rénovateur de l'accompa-gnement rythmique, et pour grand-mère lachanteuse la plus mythique des années 60,D.K. Pattamal, dont la solidité du style, la puis-sance vocale et la science rythmique restentdans la mémoire. (D.K. Pattamal est plusécoutée que M.S. Subbhulakshmi, pourtant laplus célèbre de toutes les divas du sud à tra-vers le monde.)Pourvue d'une voix scintillante d'une sou-plesse rare, Nityashree apporte un nouveautype de lyrisme au chant carnatique d'aujour-d'hui – ceci parmi les chanteuses, car lemonde des chanteurs appartient à un toutautre domaine.Tout en interprétant des compositions à l'inté-rieur desquelles elle improvise, Nityashree nefait que poser son chant pendant la premièrepartie du concert. Ce n'est qu'un avant-goûtde l'émoi qui nous saisit lorsqu'elle passeenfin aux choses sérieuses, les plus difficiles,celles où l'on doit démontrer sa capacité artis-tique et vocale. C'est dans le long développe-ment d'un raga ou le déroulement incantatoiredu pallavi que la chanteuse affirme sa hautevaleur, avec une assurance insouciante et lecharme un peu lointain d'une beauté perduedans un songe, celui de la musique qui l'em-porte au plus loin dans son art. Les ara-besques les plus baroques évoluent vers desnotes quasi inaccessibles que la chanteuseatteint pourtant avec une grâce et une ai-sance qui laissent pantois.Nityashree sait construire un monde esthé-tique bien à elle, d'une clarté évidente, parfoisportée par un élan romantique, parfois illu-minée d'une inspiration – celle provenantpeut-être de ses ancêtres musiciens et desbienfaits de leurs divinités.Une chanteuse est née, immense de talent etde promesses. À ne pas manquer.

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MUSIQUESDUMONDE AUX

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JEU. 17 OCT. 20H30

MEISHO TÔSHA Japonmaître de fuè, flûte de bambou traditionnelle

« J’avais toujours su que ce musicien étaithors du commun. Le son de sa flûte estunique au monde. » Ainsi le célèbre composi-teur japonais Toru Takemitsu parle de MeishoTôsha, maître de fuè, cette flûte en bamboutraditionnelle du Japon. Un don que ce musi-cien doit sans doute en partie à son héritagefamilial. Avec un père maître de l’école deTôsha de fuè et un oncle maître de l’écoleTôsha de hayashi (percussion de Kabuki),Meisho Tôsha passe son enfance dans unenvironnement musical très riche.À 62 ans, cet habitant de Kyoto peut aujour-d’hui s’enorgueillir d’un parcours sans faillequi l’a mené à suivre des aventures musicalestrès diverses, passant avec un égal bonheurde la musique traditionnelle au jazz, au rockou au classique. Compositeur, soliste ou musi-cien dans des ensembles orchestraux, il a

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permis à cet instrument traditionnel deconserver la place de choix qu’il avait acquisedès le VIIe siècle dans le gagaku, confirmé auXVe siècle dans le nô et conservé au XVIIe siècledans le kabuki.Comment ce petit morceau de bambou aussisimple peut-il apporter tant de grâce, de dou-ceur et de réjouissance? « Le son de sa flûtea une couleur unique, souligne Toru Take-mitsu. La qualité du son des instruments àvent, comme la flûte, est régie par la même loique la voix humaine : c’est un don que l’on a àla naissance. Je suis admirateur, poursuit-il,de ce génie jamais satisfait de son art, quis’impose sans cesse de nombreux question-nements, de nouveaux paris. Le génie joue àla marge du danger, dit le proverbe. Celui-cinous fait peur et c’est grâce à lui que l’art deMeisho Tôsha est toujours frais, nouveau etvivant ». Comment ne pas se laisserconvaincre?

J. M.

DU 21 AU 24 OCTOBRE 20H30

UNYUL TALCHUMthéâtre dansé avec masques CoréeVoir article p.19

VEN. 18 OCT. 20H30

DAVOUD SARKHOCH chant

GHOLAM DASTEGUIRHOMAYOUN rubâb Afghanistan

MOHAMAD VALI sarangui

Quand Davoud Sarkhoch commence à chan-ter, c'est toute la poésie afghane qui se met àvibrer. « C'est avant tout un chanteur fédéra-teur, dont les paroles et les mélodies réu-nissent les Afghans du monde entier, déchiréspar plus de vingt ans de conflits », se plaisaità raconter récemment l'un de ses proches, àl'issue d'un concert dans la capitale iranienne,Téhéran, qui héberge une importante com-munauté afghane en exil. Né en 1971 àGhodjorbash dans la province du Hazaradjat,Davoud Sarkhoch est originaire de la minoritéchiite hazara persécutée sous le règne destalibans. Avec ses grands yeux bridés qui secachent derrière une mèche rebelle, DavoudSarkhoch a fait de son art la forme de sa résis-tance à l'oppression politique. Lorsqu'il quittedéfinitivement l'Afghanistan au milieu desannées 1990, il sait que ses chansons serontdésormais l'expression principale de sa luttecontre l'obscurantisme. D'abord réfugié auPakistan, puis en Europe, il a mis à profitses différentes influences musicales pourcréer un genre inédit. À travers ses tournéesmondiales, Davoud Sarkhoch chante la nos-talgie du pays, la douleur de l'exil, mais aussil'espoir de retrouver cette terre si chère enfinlibérée du joug des talibans, qui avaient réduitla musique au silence le plus total. Son pre-mier concert parisien, au Théâtre desAbbesses lui donne l'occasion de retrouver

sur scène l'un de ses grands compagnonsd'adolescence, Gholam Dasteguir Homayoun,jeune maître talentueux de rubâb (luth) que leThéâtre de la Ville a accueilli en mars 2001.Fondateur de l'école de musique dePeshawar, où il vit en exil depuis 1992,Homayoun ne cesse d'explorer de nouvellesformes, en innovant et modernisant la tech-nique du rubâb, considéré comme l'instru-ment national par excellence. Certains voientdéjà en ces jeunes musiciens talentueux l'es-poir de la nouvelle génération afghane, dontl'exil a inspiré un nouveau répertoire, combi-nant subtilement la musique folklorique af-ghane aux rythmes pakistanais et iraniens,parfois teintés d'accents occidentaux.

D. M.

SAM. 19 OCT. 20H30

ALBA chants Corse

ALBA, LE RENOUVEAU CORSEFondé en 1992 par des adolescents deBalagne, Alba a survécu aux amitiéslycéennes. Bercés dès leur enfance par ceschants dont les confréries religieuses, à Calvicomme ailleurs en Corse, perpétuent la tradi-tion, ils s'initient ensuite à l'art de la polypho-nie. D'ateliers en stages, ils bénéficient del'expérience de leurs aînés, membres desensembles A Filetta et A Cumpagnia ou deNando Acquaviva à la Casa Musicale, l'insti-tution phare du village de Pigna. Ils participentà la vie liturgique locale et à celle des confré-ries religieuses qui, depuis des siècles enCorse, sont les ferments de la vie spirituelle etde la solidairité sociale. Ils animent aussi desveillées.On entend Alba au Printemps de Bourges et àCalvi, invité de ce suprenant Festival du Vent,ou bien encore, à la fin de l'été, lors desRencontres Polyphoniques : ils chantent pen-dant les soupers nocturnes qu'abrite laPoudrière, ils chantent dans ce petit caféproche de la Citadelle, ils chantent à la cathé-drale… Ils chantent soir et matin. Ils chantent« pour le plaisir », disent-ils, comme on pou-vait s'en douter, et leurs voix, quand elless'élèvent et se mêlent, pour tisser la polypho-nie, forcent l'écoute. En fait, depuis dix ansdéjà, ces jeunes gens se livrent au plaisir dela rencontre et de l'échange.Enseignant, étudiant, artisan, musicien ouintermittents du spectacle, ces huit garçonsconnaissent la valeur du temps et de lapatience. Ils ont su attendre sept ans, letemps de mûrir leurs recherches et de peaufi-ner leur art, pour enregistrer, en 1999, leurpremier CD, I soli ciuttati. Depuis, traditionvivante oblige, ils ont encore évolué. Puisantaux sources de la tradition, ils élaborent, au fildu temps, « une musique méditerranéenne enlangue corse ouverte, précisent-ils, sur lesexpériences musicales du XXe siècle !… »C'est dire que leur répertoire recèle polypho-

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nies profanes et sacrées issues de la traditionorale, musique instrumentale, distillée parflûtes, percussions, cetera et autre guitare,ainsi que quelques créations originales. Pourque vive et se perpétue la tradition.

J. E.

SAM. 1er FÉV. 17H

ÔBRÉE ALIE Bretagnechant (en gallo)

ÔBRÉE ALIE, L’AUTRE BRETAGNEÔbrée Alie surprend ! Quelle est donc cettelangue aux sonorités mélodieuses? À l’écoute,on ne l’identifie guère. C’est, précisent lesexperts, « une langue britto-romane héritée dulatin populaire », le gallo. Elle est parlée dansla partie orientale de la Bretagne : de nosjours, le pays gallo finit là où commence lepays bretonnant. C’est en cette langue – d’au-cuns diront "patois" – que chante BertranÔbrée, la voix versatile et séduisante dugroupe Ôbrée Alie. Une langue qui vit et,depuis plusieurs années, connaît un regaind’intérêt.À seize ans, Bertran commence à "travaillersur cette langue". Puis, il enchaîne stage, col-lectage, option gallo au baccalauréat, partici-pation à la vie associative, collaboration à latraduction de deux albums de Tintin et, en1998, mémoire de "maîtrise en sciences dulangage" consacré à certains aspects de pho-nétique et de phonologie observés en gallo.Il s’intéresse au conte, à la complainte, aurépertoire traditionnel – restreint et guère valo-risé. Il imagine des musiques traditionnelles"nouvelles", adopte et adapte des sonoritésvenues d’ailleurs et s’adonne à l’improvisation.Il se nourrit, dit-il, « de l’influence de conteurset chanteurs gallos – Albert Poulain, EugénieDuval, Mélanie Houëdry… – et bas-bretons –Erik Marchand et Yann-Fanch Kemener. » Ilapprécie les traditions chantées d’Afrique duNord et le flamenco, comme les improvisationsvocales du basque Beñat Achiary… Ainsi, éla-bore-t-il, au fil du temps, une esthétique per-sonnelle et originale. Venus d’horizons diffé-rents, quatre musiciens y concourent égale-ment : guitare acoustique, violoncelle, contre-tuba – ou bien trompette ou encore flûte tra-versière – et percussions tissent une musiquequi emprunte à la tradition et au jazz, à l’im-provisation et au rock et exhale des parfumsde voyage. Actuelle, l’écriture déjoue les pré-jugés.Un paysage sonore inédit. Au-delà de la tradi-tion, un nouvel écho d’une Bretagne vivante.

J.E.

DU 4 AU 8 FÉV. 20H30

NORAH KRIEF chanteles Sonnets de Shakespearevoir article p.20

SAM. 15 MARS 17H

ZARZANGA chant Pakistanet 3 musiciens

Il est des peuples dont le seul nom suffit àévoquer fierté, indépendance et âpreté aucombat. Le peuple pashtou est de ceux-là.Des données qui semblent tout naturellementtracer le caractère de ces millions d’habitantsrépartis au nord-ouest du Pakistan et au sud-est de l’Afghanistan, là où, il y a quelquesmois encore, les frontières entre les deux paysétaient très perméables.Dans cette zone, Peshawar, la capitale, estrestée un centre multi-ethnique animé,célèbre pour ses bazars au charme magique.Là, musique et poésie n’ont jamais cessé derésonner. Dans un des faubourgs populairesde la ville, réside l’une des déesses du chantpashtou, Zarzanga. Ce petit bout de femmefrêle, reine de Radio Peshawar, porte bien legracieux surnom, « rameau d’or », qu’elles’est vu attribuer enfant : de sa voix sublime,âpre et puissante, elle fait plier d’admirationles hommes , sans rompre avec la traditionmusicale pashtou, proche des raga-s indiens.Noble d’allure, véritable "gypsie" à la peausombre, elle chante la lune, la beauté de lanature, l’amour mais aussi les épopées guer-rières qui marquent l’histoire mythique de sonpeuple. De son chant, dénué de tout artifice,se dégage une force et un émotion peucommunes.Ses deux apparitions au Théâtre de la Ville en1989 et 1993 sont restées mémorables. Cettesaison, la salle des Abbesses sera particu-lièrement adaptée à la présence sobre etdiscrète de cette grande dame du chantpashtou, accompagnée au tabla et au luthafghan, le rebab.

J. M.

LUN. 28 AVRIL 20H30

AGHA KARIM chant AzerbaïdjanMalik Mansurov târ, Marc Loopuyt oudElchan Mansurov kemantchéchants du Grand Caucase

Personne n’a oublié la voix extraordinaired’Aga Khan Abdoulaiev venu en 2001 ; nicelle, d’Alim Qasimov, ni le jeu subtil au târ etau kamantché des deux maîtres Malik etElchan Mansurov qui, à plusieurs reprises, ontsubjugué l’auditoire du Théâtre de la Ville.Cette saison, la venue du maître Agha Karimqui fera le voyage depuis le Grand Caucase,sera un événement à ne pas manquer.Vingt maisons et quarante sources : tel est levillage de Gala Darase sur les contreforts duGrand Caucase près de la ville de Shanakka,au nord de l’Azerbaïdjan.Le chanteur Agha Karim y est né en 1948.Tout enfant, il y a vécu deux passions : lesmystères de la nature et l’amour des trouba-dours populaires achik qui seront ses pre-miers maîtres. Il étudiera ensuite avec les

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piliers de la tradition savante du mugam,Aghalai Bey et Ahmad Shab. Agha Karim estaussi un grand poète et un compositeur : il acomposé plus de deux cents tesnif (chantsclassiques rythmés). Son mode de composi-tion est onirique : s’il rêve d’abord le poème, iltrouve la mélodie dans le même rêve mais s’ilrêve d’abord la mélodie, plusieurs semainesde souffrance lui sont nécessaires pour trou-ver le poème correspondant.L’art du mugam nécessite le concours du târ,luth à long manche, à double table d’harmo-nie en péricarde de taureau. Il est tenu icipar l’éminent tariste d’Azerbaïdjan, MalikMansurov, que les meilleurs chanteurs s’en-vient et qui a construit le répertoire des plusgrands. Elchan Mansurov joue la vièle àarchet, kemantché, avec une maestria excep-tionnelle et a contribué avec Malik à sertir lesjoyaux du chant mugam pour les pluscélèbres des chanteurs du pays.L’art musical d’Azerbaïdjan affectionne la clar-té des sons du târ et du kemantché mais pui-sait aussi autrefois les sons plus voilés du sud,luth à manche court qui apparut au VIIIe siècledans le Khorassan. Il est joué ici par MarcLoopuyt qui se consacre aux arcanes de cetinstrument depuis trente ans et qui a cotoyéce trio lors d’une résidence Villa Médicis àBakou.Au programme : le noble mugam hérité desprêtres zoroastriens, les tesnif-s, quelqueschants légers et les fulgurances desmusiques instrumentales de la Transcaucasie.

LUN.19,MAR.20,MER.21,SAM.24 MAI 20H30

NAUKA CHARITRAMTyagaraja opéra Inde du Sud3 chanteuses 1 chanteur 1 récitant,5 musiciens Voir article p.18

LUN. 26 ET MAR. 27 MAI 20H30

TANIA LIBERTAD chant Pérouaux sources africaines de la musiquepéruvienne

TANIA LIBERTAD, PÉROU NOIRAprès Mercedes Sosa, Soledad Bravo, IsabelParra, Maria Bethania, Susana Baca… LeThéâtre de la Ville accueille une autre grandevoix de cette terre latine qui en est prodigue.Née au Pérou, dans l’une de ces petites villesde la côte nord peuplée de descendants d’es-claves africains, Tania Libertad a choisi lamusique dès l’enfance. Quelques décenniesplus tard, elle poursuit, en France, une richecarrière, jalonnée de trente-deux albums ven-dus, dit-on, à plus de deux millions d’exem-plaires ! Elle a vécu et chanté à Cuba. AuMexique, où elle réside depuis plusieursannées, elle est devenue la reine du boléro.Elle a partagé la scène avec quelques-unsdes plus beaux fleurons de la musique latine :de Victor Jara à Ruben Blades, de la

Orquestra Aragon à Omara Portuondo… Elleenregistre au Brésil, à Londres et ailleurs… Sanotoriété dépasse, depuis belle lurette, lesfrontières de son pays. Sa voix est claire etpure, chaude et sensuelle. Elle séduit.Enregistré au Mexique, à Paris et à Dakar, etédité en France en 2001 (LUSAFRICA/BMG),son disque Costa Negra, outre Habanera etBolero, est un retour aux sources de l’en-fance ; Lando et Lamento, Marinera etResbalosa composent un répertoire qui puiseaux racines afro-péruviennes. Il marie Afriqueet Amérique. Au Théâtre des Abbesses, TaniaLibertad reprend ce chant de la mémoire. Uneévocation du Pérou noir.

J. E.

MER. 28 ET SAM. 31 MAI 20H30

KATIA GUERREIRO Portugalfado

FADO, LE CHANT DE L'ÂME DÉCHIRÉE"Quintessence de l'âme portugaise", le fadojouissait, à l'époque de l'Estado Novo, du sta-tut de chant national. Instauré en 1926, cerégime dictatorial s'est maintenu près de cin-quante ans. Après la révolution des Œillets, en1974, associé dans les consciences à lapériode salazariste et victime de ce passé, lefado a connu un déclin certain mais assezbref. Au cours des années 80, une renais-sance s'est amorcée. Aujourd'hui, amateurspassionnés et professionnels confirmés cé-lèbrent le rituel de ce chant de l'âme déchirée.Apparue récemment, Katia Guerreiro est l'unede ces nouvelles voix qui en perpétuent leculte. Jeune médecin de vingt-cinq ans, ellepoursuit la tradition sublimée jadis par AmaliaRodriguès. Son répertoire recèle quelques-unes des chansons emblématiques del'illustre interprète et sa technique vocale n'estpas dépourvue de réminiscences. Qu'ellechuchote comme une confidence ou crie sadouleur, la voix captive. Elle dramatise le pro-pos comme il sied à ce chant empli de pas-sion et de tristesse. Le traditionnel trio deguitares – portugaise, classique et basse –l'accompagne.

J. E.

VEN. 30 MAI 20H30 ET SAM. 31 MAI 17H

CAMANÉ fado Portugal

« Tout ce que je suis, je le montre quand jechante. Si je balance le corps ou si je me dan-dine, rien de cela n'est préparé. C'est le fado

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qui me parcourt le corps, coule dans monsang, passe par le cœur et se répand dansma gorge », dit Camané. Enfant, c'est enécoutant les disques de ses parents qu'ildécouvre le fado. À douze ans, le voilàfadiste !Ses références demeurent Alfredo Mar-ceneiro, Amalia Rodriguès, Carlos do Carmo,une illustre trilogie que tout amateur respecte.Digne héritier, plus tard, il se forgera un styleet inscrira son nom dans l'histoire du fado.Accompagné par les guitares, il chanteradans la pénombre propice des "maisons defado" de Lisbonne, sur les scènes de sonpays comme à l'étranger, ce chant sombre etaustère auquel la nuit invite.À vingt-sept ans, en 1995, il enregistre un pre-mier disque justement intitulé Une nuit defado. Trois autres suivront… Puissante et aus-tère, sa voix vient du fond de l'âme. « Camanéchante comme on prie », a écrit un critique. Àraison tant ce chant s'apparente à une sup-plique dont l'écoute requiert le silence.

J. E.

MAR. 10 JUIN 20H30

JOACHIM KÜHN piano, sax altoinvite

MICHEL PORTAL clarinette basse, saxophone alto

JEAN-PAUL CELEA contrebasse

DANIEL HUMAIR batterie

Plutôt que l'énième avatar du classique tri-angle piano-basse-batterie, voici un superbeet rare joyau aux imprévisibles facettes, euro-péen et libre comme aucun politicien n'oseraiten rêver : d'un Parisien né sur l'autre rive de laMéditerranée, Jean-Paul Celea, maître de l'ar-chet dans ses aventures les plus fines etcontemporaines comme des pizzicati les pluslyriques et rythmiquement stimulants ; d'unbatteur suisse tellement indispensable à lajazzosphère internationale, Daniel Humair (àl'exception de Miles Davis et Sonny Rollins,tous les Grands du jazz ont sollicité son drum-ming où la précision le dispute à l'invention laplus débridée) ; et du moins probable desromantiques allemands, le pianiste, maisaussi compositeur et saxophoniste alto,Joachim Kühn, aux envolées, courses et ten-sions toujours à fleur d'émotion. Soit troisorfèvres de l'interaction pour qui équilibre,empathie (affinée et développée au gré de

plusieurs rencontres de chacun des trois avecl'un ou l'autre) et l'extrême en guise de "rou-tine" semblent être les vertus essentielles.Succédant à un autre triangle historique dontHumair était l'un des sommets et qui auravécu treize ans (jusqu'à ce que disparaisse unde ses trois côtés, la contrebasse de Jean-François Jenny-Clark) et alternant avec celuidu récent CD Universal Time, cette formulemise au point par l'enfant de Leipzig (où lepianiste est né en 1944), fondée sur la rigueuret la liberté, se prolongera d'un supplémentde souffle avec les anches d'un autre virtuosede l'improbable : Michel Portal, amoureux s'ilen est de confrontations et dialogues dontl'évidence ne s'impose qu'à force de délicieuxmystères.

Philippe Carles

JAZZ AUX ABBESSESDIM. 13 OCT. 17H ET LUN. 14 OCT. 20H30

JANE MONHEIT chantMichael Kanan pianoJoel Frahm saxophoneJoe Martin contrebasseRick Montalbano batterie

Lorsque la critique spécialisée a découvertJane Monheit à travers son premier album(Never Never Land, sorti en 2001 en France),elle a unanimement salué cette voix de rose, sifraîche et joliment éclose. La jeune Amé-ricaine recèle en son chant un charme subtil,un brin de nostalgie fleurant doux JudyGarland, une assurance dans le phrasé quiévoque la forte personnalité d'une EllaFitzgerald.Jane Monheit classe d'ailleurs cette dernièreen tête de ses influences. Née le 3 novembre1977 à Long Island, elle a grandi dans unefamille profondément mélomane. « Mon père,quincaillier, pratiquait le banjo, rappelle-t-elle.Ma mère passait et repassait des disquesd'Ella, Sarah Vaughan… Avec elle, je chantaisdes heures durant ». C'est peut-être en hom-mage à cette enfance, tôt placée sous lesigne du bonheur musical, qu'elle introduitson deuxième album (Come Dream With Me)avec le standard Over The Rainbow. « La pre-mière chanson que j'ai chantée, précise-t-elle.J'avais environ trois ans. »En 1998, âgée de vingt printemps seulement,elle remporta le deuxième prix du prestigieuxconcours vocal du Thelonious Monk Institute(dont le jury comprenait en particulier DeeDee Bridgewater). Dans ses deux premiersenregistrements, Jane était stimulée par desmonstres du jazz – le pianiste Kenny Barron,le contrebassiste Ron Carter… Au Théâtredes Abbesses, elle sera accompagnée pardes musiciens moins connus du grand public,mais totalement à la hauteur de son talent.Parmi eux, le pianiste Mike Kanan, qui jouerégulièrement avec Jimmy Scott, saura cueillirles harmonies propices à l'épanouissementde la graine de diva qu'est cette voix d'aubeet de grâce.

Fara C.

JAZZ

JAZZ AU THÉÂTRE DE LA VILLE

J. M

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Page 68: Booklet 2002-2003

prix des places• programme distribué par les hôtesses • pourboire interdit • places numérotées

TARIF A théâtre, danseNORMAL 1re cat. 22 ee 2e cat. 15 eeJEUNES 1re et 2e catégorie.............. 11 ee

TARIF B danse NORMAL 1re cat. 25 ee 2e cat. 16 eeJEUNES 1re et 2e catégorie ........... 12,5 ee

TARIF Cmusique, musiques du monde, chanson danseNORMAL 1 seule catégorie................15 eeJEUNES 1 seule catégorie............... 11 ee

TARIF exceptionnel Pina BauschNORMAL 1re cat. 29 ee 2e cat. 22 eeJEUNES 1re et 2e catégorie.............. 22 ee

JEUNES : moins de 27 ans ou étudiant

renseignementswww.theatredelaville-paris.comtél. 01 42 74 22 77

locationQUAND RÉSERVER ?LOCATION PRIORITAIREabonnements, cartes :28 jours à l'avance, jour pour jour(7 jours de location réservée)

LOCATION NORMALE21 jours à l'avance, jour pour jour

COMMENT RÉSERVER ?par téléphone 01 42 74 22 77 du lundi au samedi de 11h à 19h (paiement possible par carte bancaire)

aux caisses : THEATRE DE LA VILLE2 place du Châtelet, Paris 4du mardi au samedi de 11h à 20h(lundi de 11h à 19h)

LES ABBESSES31 rue des Abbesses, Paris 18du mardi au samedi de 17h à 20h

par correspondance :2 pl. du Châtelet 75180 Paris Cedex 04

2 théâtres,1 service public,1 équipe

THEATRE DE LA VILLE2 PL. DU CHÂTELET PARIS 4

LES ABBESSES31 RUE DES ABBESSES PARIS 18

phot

os B

irgit

l'équipeGérard Violette directeurBrigitte Giuliani assistante de direction

ADMINISTRATIONMichael Chase administrateurCarole Boittin gestion financière et comptable Marie-Christine Chastaing chef service paie

ARTISTIQUESerge Peyrat directeur adjoint

à la programmationAntoine Violette directeur technique

à la communicationThomas Erdos conseiller artistiqueJacques Erwan conseiller chansonGeorges Gara conseiller musiqueSoudabeh Kia conseillère musiques du mondeIrène Filiberti conseillère danse

COMMUNICATIONAnne-Marie Bigorne secrétaire généraleJacqueline Magnier relations presse, publicité

et documentationMarie-Laure Violette relations presse, iconographieElisa Santos invitations

RELATIONS AVEC LE PUBLICLydia Gaborit responsable du serviceFlorence Thoirey-Fourcade

RELATIONS PUBLIQUES "JEUNES" (étudiants, enseignement…)Isabelle-Anne PersonValérie Bonnotte

LOCATIONMarie Katz responsable du serviceAriane Bitrin

ACCUEILNatacha Reese responsable du service

ACCUEIL DES ABBESSES (artistes et public)Delphine Dupont responsable du service

TECHNIQUESerban Boureanu directeur techniqueJean-Michel Vanson directeur technique adjointJean-Marie Marty régisseur général Claude Lecoq directeur de scèneJean-Claude Paton sous-chef machinisteManuel Sanchez chef cintrierFrédéric Duplessier chef électricienCharles Deligny sous-chef électricienDidier Hurard chef accessoiristePierre Tamisier chef service sonAlain Frouin régisseur du sonMarion Pépin chef habilleuse

TECHNIQUE DES ABBESSESAlain Szlendak directeur techniquePatrice Guillemot régisseur généralGeorges Jacquemart régisseur son

ENTRETIEN SÉCURITÉJacques FerrandoJean-Claude Riguet

IMPRIMERIERobert Ainaud

ISSN 0248-8248DIRECTION, ADMINISTRATION :16 quai de Gesvres 75180 Paris Cedex 04, Tél. : 01 48 87 54 42directeur de la publication : Gérard Violettemaquette : Maurice et Juliette Constantin, correcteur : Philippe BlochImprimerie Mussot : 8 rue des Lilas 93189 Montreuil CedexTél. : 01 48 18 22 50

Page 69: Booklet 2002-2003

SEPTEMBRE 2002THEATRE DE LA VILLE LES ABBESSES

20h30 mat 15 h � 20h30 mat 15 h �LU 9MA 10 Le Chant de la terreME 11 Le Chant de la terreJE 12VE 13 Le Chant de la terreSA 14 Le Chant de la terreDI 15LU 16MA 17ME 18JE 19 Elle est là…VE 20 Elle est là…SA 21 Elle est là…DI 22 Elle est là… �LU 23MA 24 Elle est là…ME 25 Elle est là…JE 26 Minetti Elle est là…VE 27 Minetti Elle est là…SA 28 Samulnori Hanullim 17h

Minetti Elle est là…DI 29 Elle est là… �LU 30 Samulnori Hanullim 20h30

OCTOBRE 2002THEATRE DE LA VILLE LES ABBESSES

20h30 mat 15 h � 20h30 mat 15 h �MA 1 Minetti Elle est là…ME 2 Minetti Elle est là…JE 3 Minetti Elle est là…VE 4 Minetti Elle est là…SA 5 Coppey / Angelich 17h

Minetti Elle est là…DI 6 Minetti � Elle est là… �LU 7 Vilayat KhanMA 8 Minetti Elle est là…ME 9 Minetti Elle est là…JE 10 Minetti Elle est là…VE 11 Minetti Elle est là…SA 12 Chaurasia 17h

Minetti Elle est là…DI 13 Chaurasia 11h Jane Monheit 17h

Minetti �LU 14 Jane Monheit 20h30MA 15 Minetti Elle est là…ME 16 Minetti Elle est là…JE 17 Minetti Meisho TôshaVE 18 Minetti AfghanistanSA 19 Yuri Bashmet 17h

Minetti AlbaDI 20LU 21 Unyul TalchumMA 22 Marie Chouinard 1er prog. Unyul TalchumME 23 Marie Chouinard 1er prog. Unyul TalchumJE 24 Marie Chouinard 1er prog. Unyul TalchumVE 25 Marie Chouinard 1er prog.SA 26 Shahram Nazeri 17h

Marie Chouinard 1er prog.DI 27LU 28 Cherkaoui / Jalet…MA 29 Hervé Robbe Cherkaoui / Jalet…ME 30 Hervé Robbe Cherkaoui / Jalet…JE 31 Hervé Robbe

NOVEMBRE 2002THEATRE DE LA VILLE LES ABBESSES

20h30 20h30 mat 15 h �VE 1SA 2DI 3LU 4MA 5 Carolyn CarlsonME 6 Carolyn Carlson Le Rêve de la veilleJE 7 Carolyn Carlson Le Rêve de la veilleVE 8 Carolyn Carlson Le Rêve de la veilleSA 9 Kalmoukie / Mongolie 17h Café Zimmermann 17h

Carolyn Carlson Le Rêve de la veilleDI 10LU 11MA 12 Gilles Jobin Le Rêve de la veilleME 13 Gilles Jobin Le Rêve de la veilleJE 14 Gilles Jobin Le Rêve de la veilleVE 15 Gilles Jobin Le Rêve de la veilleSA 16 Zoltán Kocsis 17h

Gilles Jobin Le Rêve de la veilleDI 17 Le Rêve de la veille �LU 18MA 19 Robyn Orlin Le Rêve de la veilleME 20 Robyn Orlin Le Rêve de la veilleJE 21 Robyn Orlin Le Rêve de la veilleVE 22 Robyn Orlin Le Rêve de la veilleSA 23 Tejendra Majumdar 17h Céline Frisch 17h

Robyn Orlin Le Rêve de la veilleDI 24LU 25 Akram Khan 1er prog.MA 26 Jan Fabre Akram Khan 1er prog.ME 27 Jan Fabre Akram Khan 1er prog.JE 28 Jan FabreVE 29 Jan Fabre Akram Khan 2e prog.SA 30 Panchiri/Maftoun 17h

Jan Fabre Akram Khan 2e prog.

DECEMBRE 2002THEATRE DE LA VILLE LES ABBESSES

20h30 20h30DI 1LU 2MA 3 De Keersmaeker 1er prog. Koen AugustijnenME 4 Quatuor Takács Koen AugustijnenJE 5 De Keersmaeker 1er prog. Koen AugustijnenVE 6 De Keersmaeker 1er prog. Koen AugustijnenSA 7 Habboush / Al-Kindi 17h Van Spaendonck… 17h

De Keersmaeker 1er prog. Koen AugustijnenDI 8LU 9MA 10 Marie Chouinard 2e prog.ME 11 Édouard Lock/ La La La … Marie Chouinard 2e prog.JE 12 Édouard Lock/ La La La … Marie Chouinard2 e prog.VE 13 Édouard Lock/ La La La …SA 14 Hallynck / Tiberghien 17h

Édouard Lock/ La La La …DI 15LU 16 Bang on a can all-starsMA 17 Édouard Lock / La La La … Josef Nadj 1er prog.ME 18 Édouard Lock / La La La … Josef Nadj 1er prog.JE 19 Édouard Lock / La La La … Josef Nadj 1er prog.VE 20 Édouard Lock / La La La … Josef Nadj 1er prog.SA 21 Guerouabi El-Hachemi Josef Nadj 1er prog.DI 22 Nacerddine Chaouli 17h

Conservatoire

supérieur de Paris

répétitions et montage répétitions Dog FaceSix Personnages…

23 déc.-

6 jan.

Page 70: Booklet 2002-2003

JANVIER 2003THEATRE DE LA VILLE LES ABBESSES

20h30 mat 15 h � 20h30 mat 15 h �LU 6MA 7 Six Personnages…ME 8 Six Personnages… Dog faceJE 9 Six Personnages… Dog faceVE 10 Six Personnages… Dog faceSA 11 Ramani 17h

Six Personnages… Dog faceDI 12 Six Personnages… �LU 13 Cantus CöllnMA 14 Six Personnages… Dog faceME 15 Six Personnages… Dog faceJE 16 Six Personnages… Dog faceVE 17 Six Personnages… Dog faceSA 18 Zimmermann / Pace 17h

Six Personnages… Dog faceDI 19 Dog face �LU 20 Gil ShahamMA 21 Dog faceME 22 Sasha Waltz Dog faceJE 23 Sasha Waltz Dog faceVE 24 Sasha Waltz Dog faceSA 25 Al-Dishnawi 17h O'Dette / Hargis 17h

Sasha Waltz Dog faceDI 26LU 27MA 28 Wim Vandekeybus Dominique BagouetME 29 Wim Vandekeybus Dominique BagouetJE 30 Nassima Dominique BagouetVE 31 Wim Vandekeybus Dominique Bagouet

FEVRIER 2003THEATRE DE LA VILLE LES ABBESSES

20h30 mat 15 h � 20h30SA 1 Andreas Staier 17h Obrée Alie 17h

Wim Vandekeybus Dominique BagouetDI 2LU 3MA 4 Emio Greco Sonnets (Norah Krief)ME 5 Emio Greco Sonnets (Norah Krief)JE 6 Emio Greco Sonnets (Norah Krief)VE 7 Emio Greco Sonnets (Norah Krief)SA 8 Emio Greco Sonnets (Norah Krief)DI 9LU 10MA 11 La Symphonie…ME 12 La Symphonie… Eva YerbabuenaJE 13 La Symphonie… Eva YerbabuenaVE 14 La Symphonie… Eva YerbabuenaSA 15 La Symphonie… Eva YerbabuenaDI 16LU 17MA 18ME 19JE 20 Mangeront-ils?VE 21 Mangeront-ils? Maria KiranSA 22 Mangeront-ils? Maria KiranDI 23 Mangeront-ils? �LU 24MA 25 Mangeront-ils? Nasser Martin-GoussetME 26 Mangeront-ils? Nasser Martin-GoussetJE 27 Mangeront-ils? Nasser Martin-GoussetVE 28 Mangeront-ils? Nasser Martin-Gousset

en noir = théâtre, danseen rouge = musique

MARS 2003THEATRE DE LA VILLE LES ABBESSES

20h30 mat 15 h � 20h30 mat 15 h �SA 1 St Lawrence… 17h

Mangeront-ils? Nasser Martin-GoussetDI 2 Mangeront-ils?�

LU 3MA 4 Mangeront-ils? Lynda GaudreauME 5 Mangeront-ils? Lynda GaudreauJE 6 Mangeront-ils?VE 7 Mangeront-ils? Lynda GaudreauSA 8 Cesaria Evora 17h Quintana 17h

Mangeront-ils? Lynda GaudreauDI 9 Cesaria Evora 17hLU 10 Cesaria Evora 20h30MA 11 Mangeront-ils? Marco BerrettiniME 12 Mangeront-ils? Marco BerrettiniJE 13 Mangeront-ils? Marco BerrettiniVE 14 Mangeront-ils? Marco BerrettiniSA 15 Fabio Biondi 17h Zarzanga 17h

Mangeront-ils? Marco BerrettiniDI 16LU 17MA 18 L'Automne…ME 19 Sasha Waltz L'Automne…JE 20 Sasha Waltz L'Automne…VE 21 Sasha Waltz L'Automne…SA 22 Sasha Waltz L'Automne…DI 23 L'Automne �LU 24MA 25 Sidi Larbi Cherkaoui L'Automne…ME 26 Sidi Larbi Cherkaoui L'Automne…JE 27 Sidi Larbi Cherkaoui L'Automne…VE 28 Sidi Larbi Cherkaoui L'Automne…SA 29 Quatuor de Tokyo 17h

Sidi Larbi Cherkaoui L'Automne…DI 30LU 31

AVRIL 2003THEATRE DE LA VILLE LES ABBESSES

20h30 20h30MA 1 Buffard / ChopinotME 2 Buffard / ChopinotJE 3 Csaba / Heisser / YsaÿeVE 4 Buffard / ChopinotSA 5 Aïcha RedouaneDI 6LU 7MA 8 De Keersmaeker 2e prog.ME 9 De Keersmaeker 2e prog.JE 10 De Keersmaeker 2e prog.VE 11 De Keersmaeker 2e prog.SA 12DI 13

Conservatoire

supérieur de Paris

répétitions

Les animaux…

LU 21MA 22 Sankai Juku 1er prog.ME 23 Sankai Juku 1er prog. Les animaux…JE 24 Sankai Juku 1er prog. Les animaux…VE 25 Sankai Juku 1er prog. Les animaux…SA 26 Sankai Juku 1er prog. Les animaux…DI 27LU 28 Agha KarimMA 29 Les animaux…ME 30 Sankai Juku 2e prog. Les animaux…

répétitions Sankai Juku répétitions Les animaux…

du 14

au 21

Page 71: Booklet 2002-2003

69

MAI 2003THEATRE DE LA VILLE LES ABBESSES

20h30 mat 15 h � 20h30 mat 15 h �JE 1VE 2 Sankai Juku 2e prog. Les animaux…SA 3 Sankai Juku 2e prog. Les animaux…DI 4 Sankai Juku 2e prog. � Les animaux… �LU 5MA 6 Kronos Quartet Les animaux…ME 7 Kronos Quartet Les animaux…JE 8 Sabah Fakhri / Al-Kindi Les animaux…VE 9 Sabah Fakhri / Al-Kindi Les animaux…SA 10 Les animaux…DI 11LU 12MA 13 Combat de nègre… Nathalie PernetteME 14 Combat de nègre… Nathalie PernetteJE 15 Combat de nègre… Nathalie PernetteVE 16 Combat de nègre… Nathalie PernetteSA 17 Combat de nègre… Nathalie PernetteDI 18 Combat de nègre… �LU 19 Nauka CharitramMA 20 Nauka CharitramME 21 No comment (Jan Lauwers) Nauka CharitramJE 22 No comment (Jan Lauwers) Padmini ChetturVE 23 No comment (Jan Lauwers) Padmini ChetturSA 24 Ustad Omar… Nauka CharitramDI 25LU 26 Tania LibertadMA 27 Catherine Diverrès Tania LibertadME 28 Catherine Diverrès Katia GuerreiroJE 29 Conservatoire sup. de ParisVE 30 Conservatoire sup. de Paris CamanéSA 31 Camané 17h

Katia Guerreiro

JUIN 2003THEATRE DE LA VILLE LES ABBESSES

20h30 20h30DI 1LU 2 Meg StuartMA 3 Meg Stuart Andrés MarínME 4 Meg Stuart Andrés MarínJE 5 Meg Stuart Andrés MarínVE 6 Meg Stuart Andrés MarínSA 7DI 8LU 9MA 10 Kühn / Portal… ShakeME 11 Ross Daly / Trio Chemirani ShakeJE 12 Parlak / Yarimdunya / Köcek ShakeVE 13 ShakeSA 14 ShakeDI 15LU 16MA 17 Caterina SagnaME 18 Pina Bausch Caterina SagnaJE 19 Pina Bausch Caterina SagnaVE 20 Pina Bausch Caterina SagnaSA 21 Pina Bausch Caterina SagnaDI 22LU 23 Pina BauschMA 24 Pina BauschME 25 Pina BauschJE 26 Nityashree MahadevanVE 27 Pina BauschSA 28 Pina BauschDI 29 Pina Bausch 17h

Conservatoire

supérieur de Paris

HORSLES MURS

OCTOBRE 2002CITÉ INTERNATIONALE

20h30 mat 15 h �LU 14 After sunMA 15 After sunME 16JE 17 After sunVE 18 After sunSA 19 After sunDI 20 After sun �LU 21 After sunMA 22 After sunME 23JE 24 After sunVE 25 After sunSA 26 After sunDI 27 After sun �LU 28 After sun MA 29 After sunME 30JE 31

DÉCEMBRE 2002THEÂTRE DE GENNEVILLIERS

20h30VE 13 Mathilde MonnierSA 14 Mathilde MonnierDI 15 Mathilde Monnier 16hLU 16MA 17 Mathilde MonnierME 18 Mathilde MonnierJE 19 Mathilde MonnierVE 20 Mathilde MonnierSA 21 Mathilde Monnier

MAI 2003PARC DE LA VILLETTE

21hLU 19 Josef Nadj 2e prog.MA 20 Josef Nadj 2e prog.ME 21 Josef Nadj 2e prog.JE 22 Josef Nadj 2e prog.VE 23 Josef Nadj 2e prog.SA 24 Josef Nadj 2e prog.DI 25

JUIN 2003PARC DE LA VILLETTE

21hDI 1LU 2 Josef Nadj 2e prog.MA 3 Josef Nadj 2e prog.ME 4 Josef Nadj 2e prog.JE 5 Josef Nadjj 2e prog.VE 6 Josef Nadjj 2e prog.SA 7 Josef Nadjj 2e prog.

www.theatredelaville-paris.com

Page 72: Booklet 2002-2003

ABONNEMENT THEATRE-DANSE MUSIQUE…4 spect. 10 spect. pass. mus.

TARIF A 14 ee 11 eeTARIF B 16 ee 12,5 eeTARIF C 11 ee 9,5 ee 9,5 eeTARIF EXC. 22 ee 18,5 ee

tarif normal

22 ee25 ee15 ee29 ee

1. individuels

abonnements - cartes

ABONNEMENTSTHEATRE-DANSE • 4 spectacles minimum

• 10 spectacles minimum

MUSIQUE-MUSIQUES DU MONDE : PASSEPORT MUSICAL • 4 programmes minimum, 8 places minimum,

CARTE "PLACES À 2" 22 ee la carte

journal service à domicile du journal du Théâtre de la Ville(4 numéros par saison) donnant toutes informations(textes et photos) sur les spectacles présentés.

librairie, disques tarifs préférentiels sur les disques et les livres vendusaprès certains spectacles.

location prioritaire 28 JOURS, JOUR POUR JOUR avant celui de lareprésentation (7 jours de location réservée).

1. individuels2. jeunes (individuels et relais)

3. relais

tarifs préférentielsabonnementréductions importantessur le prix des placesselon les programmeset les formules choisis.

tarifs préférentielshors abonnementchaque abonné(e)bénéficie de 2 placesà tarif préférentiel“hors abonnement”pour tous les spectaclesdans la limite desplaces disponibles.

ABONNEMENT THEATRE-DANSE MUSIQUE…4 spect. 10 spect. pass. mus.

TARIF A 1re catégorie 14 ee 11 ee 14 ee2e catégorie 11 ee 11 ee 11 eeTARIF B 1re catégorie 16 ee 12,5 ee 16 ee2e catégorie 12,5 ee 12,5 ee 12,5 eeTARIF C 9,5 ee * 9,5 ee 9,5 eeTARIF EXC. 22 ee 18,5 ee 22 ee

tarif normal

22 ee15 ee

25 ee16 ee15 ee29 ee

CARTE PLACES A 2

TARIF A 1re cat. 14 ee 2e cat. 11 eeTARIF B 1re cat. 16 ee 2e cat. 12,5 eeTARIF C théâtre… 11 ee musique 9,5 eeTARIF EXC. 22 ee

tarif normal

22 ee /15 ee25 ee /16 ee

15 ee29 ee

tarifs préférentielsvalables pour 2 placespour chaque spectacledans la limite desplaces disponibles.

journal service à domicile du journal du Théâtre de la Villelocation prioritaire par correspondance : 5 SEMAINES JOUR POUR JOUR avant celui de la représentation ;par téléphone et aux caisses :28 JOURS, JOUR POUR JOUR avant celui de la représentation.

*11ee pour le théâtre et la danse en tarif C

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2. jeunesMOINS DE 27 ANS OU ETUDIANT

individuelsABONNEMENTS THEATRE-DANSE • 3 spectacles minimum

MUSIQUE-MUSIQUES DU MONDE : PASSEPORT MUSICAL TARIF C• 4 programmes minimum, 8 places minimum,

tarifs préférentielsabonnement ethors abonnementchaque abonné(e) bénéficie de 2 places à tarif préférentiel “hors abonne-ment” pour tous les spectacles dans la limite des places disponibles.

CARTE "PLACES AUX JEUNES" 8 ee la carte

tarifs préférentiels valables pour 2 placespour chaque spectacle dans la limite des places disponibles.

TARIF A ET C 9,5 ee • B 11 ee • TARIF EXC. 18,5 ee

journal service à domicile du journal du Théâtre de la Ville(textes et photos), 4 numéros par saison.

librairie, disques tarifs préférentiels disques et livres mis en vente.

location prioritaire 28 JOURS, JOUR POUR JOUR avant celui de lareprésentation (7 jours de location réservée).

journal service à domicile du journal du Théâtre de la Ville(textes et photos), 4 numéros par saison.

librairie, disques tarifs préférentiels disques et livres mis en vente.

TARIF A ET C 9,5 ee • B 11 ee • TARIF EXC. 18,5 ee

location prioritaire par correspondance : 5 SEMAINES JOUR POUR JOUR avant celui de la représentation ;par téléphone et aux caisses :28 JOURS, JOUR POUR JOUR avant celui de la représentation.

relaisVous devenez relais en prenant l'initiative de regrouper au minimum 10 per-sonnes intéressées à souscrire un abonnement au Théâtre de la Ville.

renseignements RELATIONS PUBLIQUES "JEUNES" : tél. 0148875442(relais jeunes, étudiants, enseignement) Isabelle-Anne Person,Valérie Bonnotte

souscription des abonnements relais (à partir du 3 juin)SERVICE LOCATION RELAIS tél. 01488743 05, fax 01488709 81Marie Katz, responsable du service ; Ariane Bitrin

avantages "relais jeunes" (voir page suivante) suivi personnalisé et miseen place d'actions pédagogiques avec chacun des relais intéressés

une carte d'abonnement personnalisée par abonné(e)

ABONNEMENTSTHEATRE-DANSE • 3 spectacles minimum, 10 personnes minimumMUSIQUE-MUSIQUES DU MONDE : PASSEPORT MUSICAL TARIF C

• 3 programmes minimum, 30 places minimum

GROUPES(10 personnes minimum)

tarifs préférentielsabonnement

TARIF A, B, C 8 ee • TARIF EXC. 18,5 ee

TARIF A, B, C 8 ee

��

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3. relais

ABONNEMENTSTHEATRE-DANSE • 3 spectacles minimum, 10 personnes minimum

MUSIQUE-MUSIQUES DU MONDE : PASSEPORT MUSICAL • 3 programmes minimum, 30 places minimum

tarifs préférentielsabonnementréductions importantessur le prix des placesselon les programmeset les formules choisis.

AUTRES FORMULES• GROUPES (10 personnes minimum)• CARTE LIBERTÉ RELAIS 40 ee la carteréservée aux comités d'entreprise et aux associations, cette carte permetde bénéficier de tarifs préférentiels et d'une location sans contrainte denombre fixe de places par représentation, dans la limite des places dispo-nibles.tarifs préférentiels groupes et cartes liberté relais

avantages "relais"le relais reçoit régulièrement divers documents (journal du Théâtre de la Ville,tracts, affichettes…).le relais peut, en collaboration avec les services du Théâtre de la Ville, béné-ficier d’invitations à des spectacles, de textes de pièces, de disques, partici-per à des rencontres avec les artistes, effectuer des visites du théâtre…

une carte d'abonnement personnalisée par abonné(e)si le relais le souhaite, il fournit au Théâtre de la Ville les noms et adresses deses abonnés.

cette carte d’abonnement personnalisée permet de bénéficier des mêmesavantages que ceux de l'abonnement individuel à 4 spectacles.

devenez relaisVous devenez relais en prenant l'initiative de regrouper au minimum 10 per-sonnes intéressées à souscrire un abonnement au Théâtre de la Ville.Les relais sont les interlocuteurs privilégiés du Théâtre de la Ville.

au service des relais comités d'entreprise, associations, groupes d'amis

renseignements RELATIONS AVEC LE PUBLIC (relais) : tél. 0148875442Lydia Gaborit, responsable du service ; Florence Thoirey-Fourcade ;Pascale Ehret, secrétariat

souscription des abonnements relais (à partir du 3 juin)SERVICE LOCATION RELAIStél. 01488743 05, fax 01488709 81Marie Katz, responsable du service ; Ariane Bitrin

TARIF A 14 et 11 ee • B 16 et 12,5 ee • C 9,5 ee *

RELAIS THEATRE-DANSE MUSIQUE…3 spect. pass. mus.

TARIF A 11 eeTARIF B 12,5 eeTARIF C 9,5 ee 9,5 eeTARIF EXC. 18,5 ee

tarif normal

22 ee25 ee15 ee29 ee

*11ee pour le théâtre et la danse en tarif C

Page 75: Booklet 2002-2003

partenaires du Théâtre de la Ville

ci-dessus photo M. Chouinard - couvertures : photos A. De Roll/MaxPPP, N. Nilsson, M. Enguerand, V. Pontet/Enguerand, M. Chouinard, M.Domage, H. Sorgeloos, P. Victor/MaxPPP, B. Enguerand, M. Chouinard, F. Vernhet, X. DR, M. Birot, P. Victor/MaxPPP, R. Orlin, J.-P. Maurin, É. Lock

Page 76: Booklet 2002-2003

Théâtre de la Ville 2 pl. du Châtelet Paris 4 01 42 74 22 77