Bolivie 1980: la drogue, les services secrets et les nazis (le "cocaine coup"). BIIC-LMR N°15...

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Dossier extrait du "Bulletin d'information sur l'intervention clandestine / Le Monde du Renseignement" N°15 (Mars-Avril 1983).Contient:-BOLIVIE: LA DROGUE, LES SERVICES SECRETS ET LES NAZIS-KLAUS BARBIE "LE BOUCHER DE LYON"-JOSEPH MENGELE "L'ANGE DE LA MORT" D'AUSCHWITZVoir aussi:http://en.wikipedia.org/wiki/1980_Bolivian_coup_d%27%C3%A9tat#Transition_to_democracyThe process was disrupted on July 17, 1980, however, by the ruthless military coup of General Luis García Meza. Reportedly financed by cocaine traffickers and supported by European mercenaries recruited by Klaus Barbie, former Gestapo chief in Lyon, the coup began one of the darkest periods in Bolivian history. Arbitrary arrest by paramilitary units, torture, and disappearances—with the assistance of Argentine advisers—destroyed the opposition. Government involvement in cocaine trafficking resulted in international isolation for Bolivia. Cocaine exports reportedly totaled US$850 million in the 1980–81 period of the García Meza regime, twice the value of official government exports. The "coca dollars" were used to buy the silence or active support of military officers. But García Meza, who failed to gain support in the military, faced repeated coup attempts and was pressured to resign on August 4, 1981http://en.wikipedia.org/wiki/Luis_Garc%C3%ADa_Meza_Tejada#The_Garc.C3.ADa_Meza_Dictatorship.2C_1980-81Of extremely conservative anti-communist persuasion, García Meza endeavored to bring a Pinochet-style dictatorship that was intended to last 20 years. He immediately outlawed all political parties, exiled opposition leaders, repressed the unions, and muzzled the press. He was backed by former Nazi officer Klaus Barbie and Italian neofascist Stefano Delle Chiaie. Further collaboration came from other European neofascists, most notoriously Ernesto Milá Rodríguez (accused of the 1980 Paris synagogue bombing.[2] Among other foreign collaborators were professional torturers allegedly imported from the notoriously repressive Argentine dictatorship of General Jorge Videla.The García Meza regime, while brief (its original form ended in 1981), became internationally known for its extreme brutality. The population was repressed in the same ways as under the Banzer dictatorship. In January 1981, the Council on Hemispheric Affairs named the García Meza regime, "Latin America's most errant violator of human rights after Guatemala and El Salvador."[3] Some 1,000 people are estimated to have been killed by the Bolivian army and security forces in only 13 months.[4] The administration's chief repressor was the Minister of Interior, Colonel Luis Arce, who cautioned that all Bolivians who may be opposed to the new order should "walk around with their written will under their arms."The most prominent victim of the dictatorship was the congressman, presidential candidate, and gifted orator Marcelo Quiroga, murdered and "disappeared" soon after the coup. Quiroga had been the chief advocate of bringing to trial the former dictator, General Hugo Banzer (1971–78), for human right violations and economic mismanagement.Drug traffickingThe García Meza government drug trafficking activities led to the complete isolation of the regime. The new, conservative U.S. President, Ronald Reagan, kept his distance, aware of the regime's unsavory links to criminal circles. Eventually, the international outcry was sufficiently strong to force García Meza's resignation on August 3, 1981. He was succeeded by a less tainted but equally repressive general, Celso Torrelio.(...)

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    1DOSSIII1BOLIVIE:

    LA DROGUE, LES SERVICESSECRETS ET LES NAZIS

    Le 17 juillet 1980, le colonel Luis Garcia Meza a dclench un coup d'Etat militaire qui l'a installau pouvoir en Bolivie et, par la suite, impliquait des"militaires dans le trafic de cocane. Depuis le10 octobre dernier, le gouvernement civil du prsident Hernan Siles Zuazo s'est attel la tche diffi-cile de nettoyer son pays des grands trafiquants de cocane, de rorganiser les services spciaux lis ce trafic et de se dbarrasser d'anciens et de nouveaux nazis mls ces deux milieux en mme temps.

    Nous publions dans ce dossier un rapport secret que le lieutenant-colonel J. Lopez M., chef dudeuxime groupe spcial de renseignement, avait rdig le 20 dcembre 1980 la demande du prsi-'dent gnral Garcia Meza sur la mise en place d'un plan national de la production de cocane, plan quidevait tre ralis par les services secrets boliviens et avec la .collaboration des nazis rfugis en Bo-livie. Nous publions aussi dans ce dossier un article biographique sur le docteur Joseph Mengele,l'Ange de la mort d'Auschwitz , et un autre sur Klaus Barbie, alias Altmann, le Boucher deLyon .

    RAPPORT SECRETSUR LE TRAFIC DE COCAINE

    ET SON ORGANISATIONPAR LES SERVICES BOLIVIENS*

    SECRET

    Du Groupe Spcial de Renseignement n 2A Son Excellence, le Gnral de Division Luis Garcia MesaTejadre.Date: 20 dcembre 1980Affaire: Plan 001-FRGE

    *Votre Excellence,

    Suite vos instructions, Monsieur le Colonel Camachoa mis en contact le Groupe Spcial dont vous m'avez confila direction, avec les principaux exportateurs de drogue.

    Le plan d'organisation du trafic de cocane

    La plupart de ceux avec qui nous nous sommes entre-tenus se sont montrs trs enthousiastes pour le plan mis surpied par votre Excellence. Pour que nous puissions aussiamliorer ce projet et l'ajuster la ralit, ils nous ont facilitdes visites de quelques fabriques pour que nous puissionsavoir une ide de l'ensemble du processus de production ;c'est ainsi que nous avons pu observer les diffrentes phasesde l'laboration, ainsi que les chantillons du produit djfini et prt la consommation. Ils nous ont donn desexplications dtailles propos du systme de commerceintrieur, des investissements ncessaires, et du commerceextrieur. Nous possdons des informations dtailles propos des pourcentages reus par les intermdiaires, et dessommes leves investies par les exportateurs afro d'obtenir la

    protection que leur offrent des fonctionnaires de la police etdu gouvernement.

    Sauf quelques exceptions - ceux qui se sont intgrs l'affaire d'une faon verticale -, la plupart de ceux quenous avons rencontrs s'adonnent un commerce de repriseet d'exportation. Sur la base de l'information obtenue, nousavons fait des calculs pour obtenir le taux d'impt - ca-ractre rserv - que pourrait payer chacun des commer-ants. Nous avons aussi tenu compte cie leurs proccupations,pour suggrer votre Excellence les mesures qui doiventtre prises afro de canaliser le plus grand taux de revenuspossible.

    Presque toutes les personnes contactes ont manifestleur sympathie l'gard de votre Excellence, ainsi qu'l'gard du projet, qu'elles considrent comme un grand effortpatriotique qui sera bnfique pour l'conomie nationale.En mme temps qu'elles garantissaient leur adhsion ceplan, elles nous ont fait part des principaux obstacles quipeuvent entraver la planification des exportations.

    D'aprs nos renseignements et ceux fournis par les ex-portateurs eux-mmes, il y a quatre connexions pour les ex-portations. Celles-ci sont : par voie arienne directe via laColombie et les USA ; par voies arienne et terrestre auParaguay, et par voie terrestre au Chili. Il existe aussi de pe-tites connexions avec le Brsil et l'Argentine, dont l'irnpor-

    . tance est relative. On nous a fait connatre aussi qu'unepartie de la production pruvienne est exporte travers laBolivie.

    Les exportateurs considrent que la voie de la Colombie,et la directe aux USA sont les plus rentables et celles quiportent le moins de prjudice d'ordre conomique au pays.Les connexions chilienne et paraguayenne sont les plus n-gatives et celles qui ont t l'origine de l'norme crois-sance de la contrebande.

    * Intertitres et notes sont de la rdaction,

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    Imbrication des Services dans le trafic de drogue

    Voici les principaux obstacles au plan de votre Excel-lence, qui nous sont apparus au cours d'une analyse dtailledes faits:

    1. La corruption des officiers de police et des forcesarmes. On nous a fourni des listes d'officiers qui se consa-crent :a) saisir de la drogue au bnfice de quelques exportateurs,ce qui entrane des rivalits et des reprsailles l'gardd'autres qui s'adonnent la mme tche ;b) des fonctionnaires qui produisent de la pte de base etqui font pression sur les exportateurs pour que ceux-ciachtent leur production ;c) des officiers de police et des services de renseignementqui revendent des prix trs bas la drogue qu'ils arrivent saisir ;d) des officiers qui pratiquent des confiscations, des extor-sions, mme des hold-up main arme, l'gard des expor-tateurs ;e) des officiers se consacrent au transport interne.

    TI existe un important courant d'opinion pour que M.Guido Benavides soit dmis de ses fonctions. Ce haut fonc-tionnaire de la DIW et du SIM2 est le principal usager de laconnexion chilienne. TI a organis un rseau trs large de pro-duction dans les provinces de Pacapes, Vallanoce et Sapa.Son associ, un dnomm Estepovich Troche, est fich entant que trafiquant international.

    On nous a inform aussi que le colonel Roberto Quin-terres peroit plus de 100 000 dollars par mois travers lesbureaux des dpartements qui ont droit des perceptionsobligatoires.

    Quelques-uns des exportateurs: Messieurs Chavez Lopez,Atala, Paz, Merlin, Canuda, Roca, et Mesdames Sanginset de Malky nous ont fait savoir qu'ils paient 50 000 dollarspar vol au Ministre de l'Intrieur, en dehors des paiementsau bureau des narcotiques, et quelques chefs militaires. Lesexportateurs sont d'avis qu'une fois implant un systmed'impts caractre rserv, le paiement de 50 000 dollarspar vol doit tre supprim.

    2. Pour la bonne marche du plan, les exportateurs consi-drent comme indispensable la suppression de la productionindividuelle et artisanale. TI est ncessaire de garantir le fonc-tionnement des plantes industrielles qui possdent une capa-cit qui peut atteindre jusqu' cinq mille kilos par mois.Ce processus de concentration de l'industrie rendra plus fa-cile le contrle des taxes, en mme temps que les produitsobtenus seront d'une finalit optimale garantie.

    Cette concentration de l'industrie a dj commenc se dvelopper d'une faon spontane : les fabriques appar-tenant Messieurs Sorvco, Chavez et Afredo Pinto, ontmontr le succs de la production industrielle avec une tech-nologie adquate.

    3. On nous signale aussi la ncessit de soumettre aucontrle, et sans dlai, les groupes paramilitaires qui s'adon-nent la tche de prendre d'assaut les producteurs et les dis-tributeurs. Une grande partie de ces individus ont eu uneparticipation importante dans la rvolution du 27 juillet.Mais avant leur licenciement, personne ne s'est avis de leurenlever les armes et les carnets de service fournis par la sec-tion II. Avec ces armes et ces carnets, ils sment la terreurdans divers endroits. Monsieur Fernando Monroy, de rpu-tation et de loyaut douteuses, se permet d'exiger de beau-coup d'exportateurs, des voitures et des sommes d'argenttrs leves. Actuellement, il est en train d'offrir le serviced'un groupe de killers , ce qui peut entraner une vri-table guerre civile entre exportateurs.

    TI existe des indices trs nets que des fonctionnaires duSES3, sous les ordres du commandant Hinojosa, du capi-taine Montano et du lieutenant Pizaroso, se rendent prio-diquement dans cette ville dans le but de pratiquer des ex-torsions et des chantages. Ils ont dj pratiqu de nombreuxhold-up chez des exportateurs trs connus.

    Il existe un autre motif de souci : la prsence encoredans le pays de mercenaires allemands et sud-africains ; touspossdent des carnets du ministre de l'Intrieur et de laSection II. Les sept mercenaires embauchs par M. Suarezse sont brouills avec lui. Actuellement, ils se trouvent ladisposition de la 8me Division. Les dix autres sont toujours Sorotoco, sous les ordres de M. Razuk.

    Le Dr. Adolfo Ustariz, inspecteur des Finances de laRpublique, et M. Gary Alarcon, chef national des GOA4,responsables directs de ces groupes, nous ont procur uneinformation trs confuse propos des raisons pour lesquelleson continue donner des dlais au rapatriement de ces mes-sieurs. Leurs salaires trs levs et leur comportement contra-rient beaucoup les personnes charges de les rmunrer etde s'occuper d'eux.

    Les fonctionnaires de la DIN et du SES, Jaime Ramirez,Tomas Moscoso et Juan Carlos Garcia, sont dj trop grills

    , cause de leurs activits spcifiques et de leurs relations avecles trafiquants de narcotiques les plus discrdits. Les expor-tateurs srieux et responsables craignent que Abraham Bap-tista n'ait laiss un hritage sanglant l'gard de ces indi-vidus violents, rapaces et sans aucun scrupule, et plus ttils seront mis en marge, mieux ce sera pour notre gouver-nement.

    Au cours de leurs saoleries, ils font des commentairessans le moindre sens de la loyaut et de la discrtion, pro-pos des oprations Espinal et Quiroga"; ils donnent desnoms, rptent des ordres, citent des phrases. Il est temps deles rendre l'ordre.

    3. On se plaint de ce que M. Oscar Aldunate, cousin duchef du bureau des narcotiques, Romero ait vendu de la dro-gue saisie pour une somme de 3 millions de dollars. Beaucoupd'exportateurs disent avoir reu une offre et l'avoir refuse.M. Aldumate a vendu ce produit directement au ColombienJairo Restrepo. Personne ne croit la soi-disant incinrationde la drogue saisie. Il y en a qui soutiennent avoir pris deschantillons de ces incinrations, mais on dit qu'il s'agit derumeurs.

    Un fait digne d'tre pris en considration est celui rap-port par beaucoup d'exportateurs qui croient que leur acti-vit ne constitue pas un dlit, qu'elle est favorable l'Etatet que finalement elle est autorise par le gouvernement. Onnous a manifest des plaintes propos du comportementpeu loyal du commandant Carlos Fernandez Gonzales. Lesinformations qu'il a donnes au magazine allemand Spiegel,sont l'origine de la rivalit et de la jalousie l'gard ducolonel Juiz Arce Gomez", Il est ncessaire de trouver uneentente entre eux, puisque ce sont ces deux personnes qui,au nom du gouvernement, ont impos des taxes.

    1. Direction de l'Intelligence Nationale (service de renseignement etd'espionnage).2. Servicio de Inteligencia Militar (service de renseignement militaire).3. Servicio Especial de Seguridad (service de contre-espionnage etpolice politique).4. Groupos Operacionales de Apoyo (commandos d'intervention desForces armes).5. Il s'agit du Pre Luis Espinal qui dirigeait un journal d'oppositionHay La Paz, assassin aprs avoir t tortur, quelques semainesavant le coup d'Etat du Gnral Garcia Meza et de Marcelo leaderdu PS, assassin le jour du coup d'Etat au sige de la COB (syndicatnational).6. Ministre de l'Intrieur l'poque.

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    On nous a manifest aussi une proccupation trs grande l'gard du plan de Monsieur le Ministre de l'Intrieur,consistant lier l'exportation de la drogue avec l'activit del'extrmisme. On soutient qu'une telle campagne attireraitdavantage la surveillance des organes de police des USA, 'cequi pourrait entraner beaucoup d'abus et des calomnies.

    On nous a dit aussi que des renseignement existentconcernant un groupe d'agents du SES qui, la hauteur dukm 174 de la route de Alto Bari, a tabli une importantefabrique ; qu'on empche l'accs des particuliers cettezone sous prtexte qu'il s'agit d'un camp d'entranement mi- 'litaire pour les GOA. En dehors de cette grande fabrique, onnous assre que l'on produit de la pte dans plusieurs campe-ments, tous sous la surveillance de l'ingnieur Ernesto Leon,Sous-secrtaire l'Immigration. On a appris aussi que l'in-gnieur Leon dispose d'un yacht dans le lac Titicaca, qui estutilis pour transporter chez nous la production pruvienne.

    Ces faits mentionns sont considrs comme une concur-rence dloyale de la part des groupes proches du pouvoir.

    4. Il est urgent de leur fournir une explication du cas deM. Alex Pacheco. Ce monsieur possde des lettres de cran-ce signes par M.le Colonel Arce Gomez qui accrditentsa condition d'Inspecteur gnral. M. Pacheco est un desprincipaux exportateurs oprer dans la ville de La Paz.

    Ses racheteurs possdent des cartes du SES ; les vhi-cules qu'ils utilisent ont l'autorisation de circuler pendant lesheures de couvrefeu. D'aprs les rumeurs qui circulent,Monsieur Pacheco exporterait la production des campementset des fabriques que possde le SES dans le Haut-Beni, par lapiste de Madidi. Les troites relations entre Monsieur Pa-checo, le Colonel Arce Gomez et d'autres chefs, sont ob-serves avec beaucoup de proccupation par les exporta-teurs. Les uns soutiennent que Pacheco va les chasser du mar-ch grce aux grandes facilits qu'on lui accorde; d'autressuggrent que se cre une grande corporation, patrone pard'importants chefs militaires, qui chercherait imprimer unnouveau rythme cette activit.

    Monsieur Erland Echeverria Barrancos possde aussi deslettres de crance signes par le Ministre de l'Intrieur; ilaffirme que ses activits sont autorises par ce ministre etque les revenus qu'il obtient sont destins couvrir les d-penses des GOA et du SES. Ce monsieur a t un associd'Abraham Baptista et possde une petite usine pour pro-duire des joints en utilisant des marques connues de ci-garettes amricaines. Il a t prouv qu' cause de problmesd'argent, il a assassin son ex-associ, un agent de change.n a galement des problmes avec un haut fonctionnaired'une banque commerciale (Banco Mercantil) chez quiBaptista et lui auraient dpos plus de 2 000 000 de dollarspour qu'ils soient lavs .

    Quand nous lui avons rendu visite pour l'entrevue,Monsieur Echeverria Barrancos avait une conversation tl-phonique avec le Colonel Luis Arce Gomez, s'engageant lui remettre 400 000 dollars ds qu'il recevrait le mandat deMiami. Au ton de la conversation, nous en avons dduit queM. Echeverria nous considrait comme des visiteurs inop-portuns et nous convnmes d'une nouvelle runion aprsavoir reu les instructions de la part de son Excellence.

    Echeverria Barrancos loge chez lui le Cubain nord-am-ricain Humberto Montero Negri et un citoyen amricainqu'ils appellent Boby. Ces messieurs ont des dettes avec bonnombre d'exportateurs et cherchaient un arrangement di-rect de leurs comptes ..

    Echeverria nous a dit que ces messieurs ne paieraientrien aux autres exportateurs et que les dettes prsumestaient matire discussion, que ces deux citoyens trangerss'taient mis d'accord avec Monsieur Gary Alarcon pour

    Le Gnral Luis Garcia Meza

    donner 1 000 000 de dollars et de l'armement aux GOA.Monsieur Nelo Callau Justiniano, accrdit comme

    Coordinateur entre le ministre de l'Intrieur et la prfec-ture du Dpartement, a pris contact directement avec quel-ques Colombiens; leur offrant des garanties pour leurs op-rations. Ce monsieur dit possder de grandes quantits depte de base produite par des procds industriels. n tra-vaille actuellement avec Monsieur Jairo Francisco RestrepoGonzales, de nationalit colombienne. Monsieur Restrepotait l'associ de Monsieur Hugo Chavez Lapez que l'activitde Callau drange.

    M. Jairo Restrepo effectue jusqu' trois vols hebdoma-daires ..Il utilise le hangar 16 de l'aroport de Trompillo.Nous avons vrifi un embarquement et identifi MessieursRamirez du SES, et Moscoso du DIN, ainsi que deux autressubalternes chargeant personnellement la drogue dans unpetit avion.

    Nous croyons galement qu'il doit tre fait tat des r-clamations selon lesquelles le lieutenant-colonel MoissShirique Bajarano donne son appui de nombreux expor-tateurs qui ont des comptes importants ou qui sont asso-cis de la Banque de Beni, pour que son frre Isaac soit luPrsident de la Direction. On affirme galement que ce chefcommercialise une production d'origine inconnue par l'in-termdiaire de Mesdames Lorgia Roca et Sonia Sanjines de

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    Atala. Ces mmes personnes ne cachent pas leurs activitset disent travailler pour Chingo .

    Madame Lorgia Roca est actuellement fonctionnaire auministre de l'Intrieur et a la responsabilit du Bureau decommercialisation de la Coca Montero (Oficina de Co-mercialization de la coca). Selon ses affirmations elle a, surl'ordre de ses suprieurs, impos de nombreux exportateursl'acquisition de permis pour acheter de la feuille de coca. Onparle de sommes fabuleuses.

    De nombreuses plaintes ont t dposes contre lesfrres paz Hurtado. On dit que l'un d'eux, le Colonel de lapolice, dirige une fabrique prs de la Trinidad et que l'autre,officier des Forces armes au Consulat d'Arica, a ouvert unnouveau canal d'exportation. On dit avec insistance que lecapitaine de la marine Manuel Paz Hurtado ne respecte pasles rgles du jeu dans ce type d'activits.

    Accord avec les producteurs de cocane

    Pour tablir le prsent rapport, nous avons dialogu avecles exportateurs et les industriels suivants : Widen Rasuk,Alfredo Pinto, Jorge Nallar, Pedro Soruco, Roberto Suarez,Arturo Merlin, les frres Chavez Lopez, les frres Chavez(Los Martillos), Sonia Sanjines de Atala, Lina Badani, Merlinde Malky, Lorgia Roca, Francisco Gonzales, MessieursCanuda, Edmundo Anez, Pepe Paz, Roger Aponte, FredyParr an Yanez Roca, Jorge Flores Moises, les frres Menacho,Rafael Roca et d'autres de moindre importance. La majoritaccorde son plein appui au plan de Son Excellence et estd'accord pour se soumettre un systme de contrle carac-rre ultra-discret ; certains nous ont parl de se retirer dungoce et de cder leurs contacts internationaux en changede garanties pour pouvoir rapatrier leurs capitaux au payssans tre molests.

    Pour que Son Excellence puisse se forger un jugementplus complet, nous nous permettons de rsumer le contenudes runions avec les personnalits plus importantes aveclesquelles nous avons eu un entretien.

    Widen RAZUK nous a permis l'accs la fabrique qu'ilpossde Perseverancia . Pour des raisons non expliques,elle ne fonctionnait pas pendant notre visite. n nous a ditqu'elle a une capacit journalire de 30 kilos de pte de base.Selon les informations que nous avons, il possde une autreusine importante Verdun , prs de San Javier. Au coursde plusieurs visites nous avons observ la prsence de gensarms. Razuk dispose aussi de la piste de Sorotoco depuislaquelle oprent de petits avions sans aucun contrle. Cettepiste est protge par dix mercenaires allemands et une quin-zaine de paysans arms. Nous avons vu des bazookas et desmortiers dans une petite salle d'armes.

    Sans aucun doute, Razuk est l'exportateur le plus im-portant et qui a le rseau clandestin le mieux mont. n sedclare ami personnel du fils du Prsident Stroesner et avoiraccs n'importe quel moment au Paraguay. Razuk se vanted'avoir invit dans sa proprit Perseverancia les chefsdes Services Secrets de la Bolivie et du Paraguay aprs la ru-nion de Tarija.

    Nous possdons des informations selon lesquelles Razukexporte par voies arienne et terrestre vers le Paraguay. Enutilisant les camions citernes qui transportent l'essence, ila export de la pte de base et mme de grandes quantitsde feuilles. Les techniciens affirment que le climat sec duChaco est adquat pour une laboration de produits de pre-mire classe. La production de Razuk est destine fondamen-talement au march europen et du Moyen-Orient.

    Messieurs Fernando Peinado et Raul Pena produisent

    et rachtent. Pour Razuk Villemontes et Yacuiba. Leurscontacts et leur influence au Paraguay sont bien connus. Ondit que de nombreux exils ont eu l'appui de ces messieurspour rintgrer clandestinement le pays.

    Razuk finance les activits de Monsieur Carlos Valverde.n se considre comme un politicien influent. Aprs avoirpris connaissance du plan de Son Excellence, il a dit textuel-lement : Je vais parler personnellement avec les Luchos .

    Notre attention a t attire par l'audace et l'influencede Widen Razuk. Un de ses garde du corps, Percy Gonzales,se vante d'avoir donn la mort deux agents du bureau desnarcotiques des tats-Unis. De nombreux collaborateurs deRazuk ont occup d'importantes fonctions dans la police.Razuk lui-mme a dirig la Prfecture du Dpartement. Dufait d'implications politiques, nous nous permettons respec-tueusement de suggrer Son Excellence de traiter person-nellement avec lui de ce dlicat problme.

    Roberto Suarez Gomez (au centre), trafiquant de drogue et son frre( droite).

    Roberto SUAREZ. Cet exportateur s'est montr aimable.n nous a expliqu que depuis le mois de mai, la prsence desagents de la DEA 7, Josuani a paralys ses affaires. n esttrs mal l'aise avec ses associs qui se sont loigns de lui.n dit que par manque de ressources et du fait de la grandepublicit faite sur ses activits, il a dcid de se retirer. nnous dit qu'en tant qu'ami personnel de Son Excellence etpour contribuer au processus de Reconstruction Nationalesur la base du plan propos, il pourrait prendre des contactspour recommencer ses exportations.

    Lina BADANI MERLIN DE MALKY. Cette femme nousa indiqu que son adhsion au plan de Son Excellence seraittotale si c'tait le colonel Luis Arce Gomez qui lui deman-dait. Elle dit qu'elle paie au ministre 200000 dollars parmois pour quatre vols, mais qu'tant donn les importantesrelations de son associ actuel (amant), un citoyen colom-bien avec les commerants de Colombie, elle pourrait ampli-fier ses oprations jusqu'o on le lui permettrait.

    Alfredo PINTO. Cet exportateur nous a indiqu quepour prendre n'importe quelle dcision, il a besoin de consul-ter le Gnral Waldo Bernal Pereyra. n exporte actuellement120 kg de cristal directement aux tats-Unis. n est propri-taire du hangar 7 au Trompillo et possde une piste pro-pre, quipe d'un bon clairage pour les oprations nocturnes.

    Pedro SORUCO. n possde une fabrique moderne danscette ville et nous a dit que pour se dterminer vis--vis duplan, il devait consulter son gendre, le Colonel Ariel CocaAguirre.

    Le Commandant des carabiniers, Osman Yanez ROCApossde une fabrique moyenne avec ses cousins Oscar Rocaet le lieutenant Edwin Guzman. Ils exportent depuis BellaUnion. Cet officier affirme avoir de trs bonnes relations

    7. Drug Enfoncement Administration, bureau des stupfiants amricain.

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    A la suite du rapport du plan OOl-FRGE, plusieurs moistant passs, il s'est produit les faits suivants relatifs au tra-fic de narcotiques, avec leurs implications civiles et mili-taires :

    L La majorit des trafiquants de drogue, l'exceptionde Roberto Suarez ont t dtenus par des agents du SESet du bureau des narcotiques. A l'exception de Alex Pacheco,la majorit des dtenus recouvrrent leur libert en payantdes sommes leves en argent. Hugo Chavez Lopez affirmequ'il eut payer environ un million de dollars chacun desmembres du triumvirat militaire et, en plus, un million auministre de l'Intrieur.

    z. Le lieutenant-colonel Moises Shiriqui Bejano et lecommandant Cossio ont tendu une embuscade trois expor-tateurs de nationalit colombienne. fis leur ont confisqu

    avec les agents de la DEA. Son exprience policire et ses re-lations avec les Amricains font de lui un homme indispen-sable pour dsinformer les Yankees sur le nouveau coursque prendraient les exportations si le plan se ralisait.

    Conclusions

    Jusqu' prsent, mon Gnral, notre commission aveill intrt et confiance chez nos exportateurs. Ds ledbut nous leur avons expliqu notre projet et nous les avonsavertis que nous ne cherchions pas des donations, que nousn'tions pas en condition de leur proposer une protectionquelconque et que Son Excellence, inform de tout ce quise passe, pense que tous les grands revenus qu'obtiennentles importateurs, les exportateurs et les hauts fonctionnairesqui vendent les protections, doivent bnficier au pays.

    Nous avons t surpris par la visite dans cette ville desAssesseurs du Palais, les docteurs Gon ales Cesar et ReynaldoFernandes, accompagns du capitaine Nielsen Reyes. Parl'intermdiaire de Pepe Paz, ils ont prix contact avec les ex-portateurs et leur ont demand une contribution pour leFonds de l'Action Sociale de la Prsidence. Ces demandesdirectes en votre nom sont peut-tre discutables, puisque sonExcellence seule connat le problme et que vous n'avezjamais rien demand, voulant donner un sens patriotique ce genre d'activits.

    Avant de commencer la campagne de concentration dela production, on peut rcolter sans difficult aux alentoursde DEUX CENTS MILLIONS DE DOLLARS par an, sur labase de 2 000 dollars par kg que tous les exportateurs sontdisposs payer comme un impt unique rserv.

    Si nous pouvions garantir tout le processus d'industria-lisation et de suppression des intermdiaires sans porter pr-judice aux paysans producteurs de feuilles, cette sommepeut s'lever jusqu' SIX CENTS MILLIONS de dollars paran.

    Nous avons des informations selon lesquelles le plan deSon Excellence et les activits de notre commission ontrveill des jalousies et des suspicions de la part de quelqueschefs. Comme il s'agit d'un projet qui lserait conomique-ment d'importants membres du gouvernement, nous voussuggrons respectueusement, mon Gnral, de prendre lemaximum de prcautions.

    La Commission continuera son travail Palma Soladans l'attente de vos instructions, pour se transporter ensuite Cochabamba.

    Avec l'attention et le respect deJ .LM. U 2854079

    ANNEXE D' ACTUALISATION

    environ onze millions de dollars amricains en liquide, bi-joux, montres et meraudes. Les fameux militaires ne purentjamais donner une explication claire propos des circons-tances dans lesquelles moururent les trafiquants.

    3. Le couvre-feu continue encore aujourd'hui d'treappliqu pour deux raisons :a) cause des amendes perues, en cas de violation, par leministre de l'Intrieur et pour les autorisations vendues beaucoup de maisons de passe afin de pouvoir continuer travailler la nuit ;b) on utilise le couvre-feu aussi bien dans les villes que dansles campagnes pour le transport de coca l'aide de myst-rieux camions qui transportent galement la matire pre-mire pour l'laboration de la cocane.

    4. Il existe actuellement deux centres importants pourla commercialisation de la drogue : les villes de Santa Cruz dela Sierra et San Borja dans le dpartement du Beni.

    5. De nouveaux exportateurs sont apparus SantaCruz, par exemple Monsieur Oscar Aldunate, qui opre avecla plus grande impunit ; un homme du nom de Salvatierra,jusqu' prsent pas trs bien connu, est un autre des parrainsimportants.

    6. Monsieur Isaac Shiriqui Bejano, frre du lieutenant-colonel nomm quelques lignes plus haut, actuel prsidentde la Banque Big-Beni, est un des supporters de son frreet suggre qu'il est le seul militaire d'honneur pouvant assu-rer la prsidence de la Rpublique. Effectivement, en ce mo-ment, le lieutenant-colonel Moises Shiriqui soutient desconversations avec les membres du MIR en vue d'un ventuelcoup d'tat.

    7. On parle d'un nouveau centre de production de ptede base (sulfate de cocane) dans la localit de Apolo, pro-vince de Caupolican. Le colonel Juan Fernandez Viscarra,frre du colonel Davis Fernandez Viscarra de l'aviation, ex-directeur des Substances dangereuses, actuellement gouver-neur de Panoptico national de San Pedro, serait en traind'obtenir des autorisations de sortie de nombreux dtenuspour trafic de drogue afin qu'ils travaillent Apolo. Leprotecteur suprme de la rgion d'Apolo est le colonel d'avia-tion David Fernandez, actuel chef de la section II de la forcearienne. )

    8. Jos Paz, trafiquant de drogue, affirme qu'il a remisdeux millions de dollars au gouvernement du gnral GarciaMeza pour l'acquisition de matriel agricole offrir auxpaysans.

    9. Les dclarations de Madame Lina Badani de Malky,au moment de sa deuxime arrestation (car elle a dj tmise une fois en libert) disent textuellement que ses acti-vits relatives au trafic de drogue taient soutenues par leministre de l'Intrieur qui payait deux cent mille doUarsamricains pour effectuer quatre vols mensuels de transportde sulfate de cocane l'extrieur. (Ministre: Arce Gomez).Elle attribuait sa seconde dtention au fait que le colonelArce Gomez aurait reu des informations disant qu'en faitelle effectuait dix vols mensuels et ainsi vitait l'impt .Elle mourut dans des circonstances mystrieuses. (

    10. Monsieur Garrido, chimiste chilien, dtenu lors del'occupation de l'usine appartenant Negro Roca et GringoChavez, a dclar que l'usine fonctionnait avec l'autorisa-tion du ministre de l'Intrieur et qu'elle tait contrle etadministre par Monsieur Callau. Monsieur Garrido n'a ja-mais figur sur la liste des dtenus.

    Il. Dans la ferme que possde le colonel Arce Gomez San Ramon, dpartement de Beni, se trouve installe laplus grande usine pour la production des cristaux. ArceGomez est devenu le protg "des principaux parrainset est galement leur associ. Quelques trafiquants de dro-

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    de l'enregistrement, contrle et commercialisation de la coca,le colonel Gonzales Ferry Alias Banana, actuel directeurdu Conseil anti-drogue, est le seul qui peut ordonner le trans-port de la coca vers Santa Cruz. Les excutants sont : lelieutenant-colonel de l'Arme Quiroz ; le capitaine (retrait)Carranza, actuellement chef de groupe de la douane de RioSeco ; Monsieur Parrado, ex-directeur administratif de l'en-registrement, contrle et commercialisation de la coca ;Monsieur Felix Teran, charg du transport de la coca. Ilsexcutent les transbordements un jour sur deux en emme-nant l~ quantit de quatre cents tambours de coca jusqu'Montero, avec un bnfice en liquide de quarante millionsde pesos boliviens (ce qui fait cinq cent mille dollars amri-cains chaque voyage).

    16. Les individus qui commercialisent avec des licencesde vente de coca, obtiennent des bnfices en pesos boli-viens de trente mille pour chaque licence qu'ils consententet les principaux trafiquants dans cette activit sont l'avocatOcofler (ex-Assesseur lgal des narcotiques) et MonsieurNery, secrtaire dudit avocat.

    KLAUS BARBIE"LE BOUCHER DE LYON"

    gue se rebellent contre les abus et les obligations queleur impose le colonel Arce Gomez ; il recueille un imptde deux mille dollars par kg de sulfate export grce au processus de reconstruction nationale et parce que cha-que exportateur doit lui faciliter un vol mensuellement, ilutilise ledit vol pour sortir sa production personnelle.

    12. A la fin du mois de mars de cette anne, l'cono-miste Agapito Monzon, en compagnie de deux militairesnon identifis, a effectu une tourne dans les dpartementsdu Beni et de Santa Cruz en prenant contact avec les expor-tateurs de chlore-hydrate. Ledit conomiste aurait expliqu.un nouveau projet conomique et ses compagnons, les mili-taires, sollicitrent des donations pour financer un coupd'Etat.

    13. Au dbut du mois d'avril de cette anne, le docteurEspana, actuellement assesseur la Prsidence, ralisa unetourne similaire demandant aux exportateurs que pour lemoins ils mettent sur le march libre un million de dollarspar semaine (change parallle du dollar: 0,80) pour stabiliseret viter une monte de la monnaie amricaine.

    14. Le Vice-amiral Oscar Pammo, dans une runion avecles exportateurs de chlore-hydrate de San Borja , a demandun emprunt de SEPT CENT CINQUANTE MILLEDOLLARS pour fournir les arsenaux de la Marine.

    15. Personnes qui transportent la coca Santa Cruz :par ordre et ordonnance du ministre de l'Intrieur l'Office

    Klaus Barbie est n le 25 octo-bre 1913 Bad Godesbergprs de Bonn. II termine en1934 ses tudes au Lyce Friedrich-Wilhelm de Trves, effectue un stagede six mois dans le service du travail( Arbeitsdienst ) et milite dans lesjeunesses hitlriennes partir de1933. En septembre 1935, il entre auservice de scurit (matricule 272-284)de Trves avant d'tre nomm au SD

    ~-;E~J.L.M. U 2854079

    ( Sicherheistdienst ou Scurit),section IV D Berlin. II y reste deuxannes, puis est mut au service cen-tral du SD, Haut Dpartement Ouestdes SS Dsseldorf. En mai 1937, ils'inscrit au parti nazi et reoit la cartenumro 4.583.085.

    En mai 1940, Klaus Barbie estnomm La Haye (Pays-Bas), la sec-tion des affaires juives de la SIPO-SDde cette ville. Promu SS Obersturm-fhrer en novembre 1940, il seradcor le 20 avril 1941. de la Croix defer de deuxime classe. De janvier1941 mars 1942, Klaus Barbie est enposte la section des affaires juives duKommando extrieur de la SIPO-SDd'Amsterdam. C'est le 21 mai 1942qu'il s'est affect pour la premire foisen France en qualit de chef de laSIPO-SD Gex (Ain). En novembre1942, il prend la tte du dparte-ment IV de la Gestapo de Lyon et le Commando de chasse SS contre laRsistance. En mai 1944, Barbie de-vient l'adjoint du commandant en chefde la SIPO-SD de Lyon (p.7, LeMonde, 8 fv. 83). En novembre 1944,il est promu au grade de SS Haup-

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    sturmfhrer et remis la disposi-tion de la police nazie de Dortmund.

    Lors de son sjour Lyon.Il diri-geait la rpression dans toute la rgion:- il fit arrter le gnral Delestraint,chef de l'Arme secrte, assassin parla suite Dachau ;-le 21 juin 1943, il arrte Jean Mou-lin, Prsident du Comit National dela Rsistance, participe aux torturesqui lui sont infliges et sa mise mort;- le 11 juillet 1944, il participe l'excution de Max Barel qui est tor-tur mort;- sous ses ordres, de nombreuses ex-cutions ont lieu au Fort de Montluc etdans les caves de la Gestapo l'HtelTerminus Lyon, notamment huitpatriotes en novembre 1943 ; 22 au-tres le 10 janvier 1944, 40 juifs enaot 1944 ;- il a ordonn de nombreuses dpor-tations dans les camps de la mort, no-tamment : celle de 66 juifs le 15 f-vrier 1943 et de 41 enfants juifs detrois treize ans, qui se trouvaientdans une colonie situe Izieu (Ain)le 7 avril 1944.

    Pour ces crimes, Klaus Barbie at condamn deux fois mort parcontumace par le tribunal militaire deLyon. Le 16 mai 1947, puis le 25 no-vembre 1954, pour assassinats, compli-cits d'assassinats, squestrations, pil-lages et appartenance une associationde malfaiteurs. Trois mandats d'arrtont t lancs contre lui par le juged'instruction militaire de Lyon les31 aot, 12 septembre et 6 dcembre1945.

    Arrt par les autorits amricai-nes d'occupation aprs la Libration,et intern dans le camp d'Obrursel, ilbnficie de leur protection sous pr-texte qu'il tait utilis pour les besoinsde la dnazification. A plusieurs re-prises, la France demande son extra-dition en juin 1951, les autorits am-ricaines prtendaient qu'elles n'avaientaucune indication sur le sort de Bar-bie, ni sur le lieu o il pourrait setrouver.

    Pourtant, en 1949-50, des offi-ciers franais, d'abord du Deuximebureau et puis, Louis Bibes, commis-saire de la DST, avaient pu interrogerBarbie dans les locaux des servicesd'occupation amricains, et en pr-sence de fonctionnaires de ces ser-vices, en particulier, Erhard Dabring-haus. Dabringhaus, aujourd'hui g de65 ans et professeur d'allemand l'universit Wayne State Detroit,a rcemment dclar avoir payBarbie 1 700 dollars par mois (sommeconsidrable 1'poque) la fin desannes quarante et avoir servi d'agent

    de contrle de Barbie pour le servicede contre-espionnage militaire amri-cain dont Dabringhaus tait un agentcivil sous les ordres du lieutenantWhite Way (p. 1, Internat. HeraldTribune, 9 fv. 83 ; p. 7, Le Monde,8 fv. 83 ; p. 8, ibid., Il fv. 83).

    Les officiers franais avaient reula permission de procder des inter-rogatoires sous deux conditions:a) de ne lui demander ni son nomd'emprunt ni son domicile;b) de ne pas mentionner que le gouver-nement franais rclamait son extra-dition.

    En fait, il a t vers dans les ser-vices du rseau Gehlen que les Amri-cains mettaient sur pied pour devenirle BND, service de scurit ouest-allemand (voir pp. 16-19, BIIC/LeMonde du Renseignement-8). Barbieest camoufl dans une maison decommerce Munich puis Augsbourgjusqu'en 1951 (France-Soir, 26 mai 70).Le 23 juin 1950, l'Association alle-mande des perscuts du rgime -nazi(VVN) dpose une plainte contre lui.La justice allemande se met lentementen marche. Un dossier est ouvert sousle numro 7 J/S 61/65 St A. Augs-bourg. On sait o se trouve Barbie,mais il n'est ni arrt, ni interrog. En1951, il part pour la Bolivie, voya-geant avec de faux papiers : sa femme,sa fille, sa mre et une tante le rejoi-gnent La Paz. Il ne fait aucun douteque le dpart n'a pu avoir lieu sanscomplicit officielle. Ce n'est qu'aprsson dpart que l'enqute s'ouvrira.

    Passant par Salzbourg pour arri-ver Gnes, Barbie est pris en mainpar le Professeur Draganovic, un exilcroate et homme de confiance d'AlosHudal, l'vque allemand Rome quifournit de faux papiers de la Croix-Rouge aux vads. A la Commissionde rapatriement argentine Gnes(38 rue Albaro), il reoit des docu-ments d'entre pour la Bolivie. Auprintemps 1951, il dbarque BuenosAires bord du Corrientes, pourprendre un train vers la Bolivie.

    Aprs une exprience dans l'indus-trie du bois et le transport maritime, ilreoit la nationalit bolivienne en1957".et est nomm conseiller de lapolice et des services spciaux. Ilvit tantt La Paz, la capitale, tantt Cochabamba, cinq cents kilom-tres de La Paz. Le 5 juin 1968, KlausAltmann-Wilhelms pouse La Pazune demoiselle, Franoise Croizier-Roux. L'Ambassade de France en-qute et trouve qu'il s'agit de KlausBarbie. Ceci dclenche le mcanismequi aboutit la demande d'extradi-tion de Barbie de la part du gouverne-ment franais en 1972.

    Dcouvert par l'Ambassade deFrance et aussi par le travail de SimonWisenthal, Barbie quitte la Boliviepour le Prou en 1968 ou 1969, o ilreste jusqu'en 1972, date laquelle ilest rentr de nouveau en Bolivie. Toutde mme, il obtient un passeport di-plomatique bolivien et se rend enEurope en 1971. Il semble avoir parti-cip, avec la CIA, la chasse et l'assas-sinat de Che Guevara cette poque,quoiqu'il tait emprisonn d'une faonpeu rigoureuse pendant l'examen de lademande d'extradition du gouverne-ment franais en 1972. Son ami etchef d'tat, le gnral Banzer refuse del'extrader et le libre le 23 octobre1973. Barbie se rfugie au Paraguaypour quelques mois au dbut de 1974avant de rentrer de nouveau en Bolivie.

    Barbie travaille avec des ex-perts argentins et chiliens et est g-nralement considr en Boliviecomme un conseiller particulire-ment pris des militaires responsablesdu coup d'tat de juillet 1980. Eneffet, un des hommes les plus impor-tants du putsch du 17 juillet 1980 estle chef des services de renseignementmilitaires, le colonel Luis Arce Gomezqui a t form par Barbie. Aprs leputsch, Arce Gomez est devenu minis-tre de l'Intrieur et ministre de la Jus-tice ! Barbie aurait particip directe-ment au coup d'tat avec ses groupesspciaux paramilitaires dont il estquestion dans le document reproduitdans ce dossier.

    Vers la mi-81, le consul de la Bo-livie Mato Grosso do Sul, RodolfoLandyvar, a signal la presse que lesforces de scurit boliviennes ont d-couvert un groupe paramilitaire impli-qu dans le trafic de cocane et d'ar-mes et qui s'appelait Los Novios dela Muerte (Les fiancs de la mort)dans la ville de Santa Cruz de la Sierraet dirig par Klaus Barbie. D'autresmembres de ce groupe taient : Man-fred Kuhllmann (ouest-allemand),Wolfgang Walterkirchen (autrichien),trois Boliviens, deux Argentins et unPruvien (Le Droit de Vivre, juin1981). Barbie avait perdu sa protec-tion aussi bien amricaine que boli-vienne. Fin octobre 1982, RgisDebray, ancien compagnon de CheGuevara et aujourd'hui charg demission auprs de Franois Mitter-rand, a contact le gouvernementbolivien de Siles Zuaro pour deman-der l'extradition de Barbie. Le 26 jan-vier 1983, Barbie a t arrt LaPaz pour fraude financire et expulsvers la France le 4 fvrier dernier,accompagn de quatre officiers de laDGSE franaise.

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  • -Bile 15 - MARS-AVRIL 1983 - page 13

    JOSEPH MENGELE"L'ANGE DE LA MORT"D'AUSCHWITZ

    Joseph Mengele est n en 1911 Gnzburg, en Bavire, filsd'un riche industriel. TI a faitdes tudes de mdecine et de philoso-phie. A trente deux ans, il dirigeait lelaboratoire de recherches raciales deFrancfort. Pendant la Seconde guerremondiale, il a t le mdecin du campde concentration d'Auschwitz et deBirkenau.

    A Auschwitz, Mengele s'est spcia-lis dans des recherches sur des ju-meaux univitellins juifs. Sa justifica-tion tait qu'aprs la victoire fi-nale , le plus grand nombre possiblede femmes allemandes devraientmettre au monde des jumeaux de sexemasculin grce des manipulations etafin de compenser rapidement les im-menses pertes de la Wehrmacht.

    Pour trouver le secret de la gmel-lit, il dissquait, morts ou vifs, descentaines d'enfants et de femmes, sedonnant ainsi une de ses obsessions: La dissection comparative . Menge-le se rservait des COllpIes de jumeauxqu'il faisait bien soigner avant de lestuer en mme temps pour ensuite lesdissquer. S'il n'assassinait pas avec lescalpel, il le faisait avec le pouce(Vorwiirts, RFA, 14 aot 80). Il estconsidr comme responsable de lamort d'environ trente mille juifs et nilui, ni ses collgues n'ont fait la moin-dre dcouverte scientifique.

    Mengele a survcu la fin de laguerre. Il est rentr Gnzburg danssa maison paternelle, puis a vcu ici etl en RFA avant de quitter le pays en1951 en tant que Joseph Mengele.Personne ne s'y est oppos. Plus tard,un membre de la famille a aussi quittla Bavire afin de reprsenter la firmeMengele en Argentine. Rien de plussimple.

    Il est arriv Buenos Aires en1952 sous le nom de Friedrich Edlervon Breutenbach. En 1954, il a pousla veuve de son frre. Aprs le renver-sement de Juan Peron en Argentine,Mengele est parti Asuncion, la capi-tale du Paraguay, trs la mode chezles criminels nazis. En effet, le gnralAlfredo Stroessner, le chef d'tatd'origine bavaroise, a accord l'asile au rfugi politique Joseph Mengele.

    Ds lors, Mengele semble avoirbeaucoup voyag. En 1961, il a t re-conduit de l'Egypte vers la Grce. En1962, il tait de nouveau signal en

    Amrique du Sud o, sous le nom deFritz Fischer, il tait install commemdecin Encarnacion, ville sur lafrontire entre le Brsil et l'Argentine.Vers la fin de 1963, il s'est rendu Milan et a sjourn Munich entre d-cembre 1963 et janvier 1964. En1971, il vivait dans la zone militairestrictement contrle de Terto SanVincente au Paraguay et en 1972, il at signal au Prou.

    En 1976, il a obtenu la nationalitparaguayenne en change de ses ser-vices en tant que conseiller techni-que pour l'extermination des IndiensGuyakis dans la rgion d'Acha, gno-cide dnonc cette mme anne parAmnesty International (France-Soir,21 sept. 77). A cette poque, il atravaill directement avec la police etles services spciaux, notamment avecle gnral Victor Martinez AugustoMoreno et le commissaire Noveira. Ilhabitait une sompteuse villa prs deSan Antonio, possdait un yacht, Le Viking Puerto Stroessner etse prsentait sous le nom de HelmutGrgor.

    D'aprs le Washington Post l'automne 1978, Mengele tait le chefd'un rseau form au Brsil de huit dix mille anciens nazis et appel Kamaradenwek . En juillet 1979,Stroessner a t oblig de lui enleverla nationalit paraguayenne mais a re-fus d'extrader le mdecin nazi quis'est rfugi le 14 dcembre 1979 auChili o il a sans doute sjourn Colonia Dignidad et particip larpression dirige par les services sp-ciaux chiliens, le DINA (voir p. 16,BI/C/Le MondeduRenseignement-ll).

    1ndien guayakis du Paraguay: homme mala-de recouvert du duvet d'u ru bu.

    Mengele a t vu le 20 octobre1980 la prison de Libertad enUruguay (voir pp. 22-23, BI/C/LeMonde du Renseignement-14), o il apris part une runion avec les direc-teurs d'tablissement en compagnied'un psychologue, d'un psychiatre etdu mdecin de la prison. Il y fut pr-sent sous le nom de Willy Karp .Un autre Allemand et ancien Waffen-SS, nomm Gordon, assistait cette runion et fait partie du person-. nel permanent de la prison (AFP,28 dco 80). A cette poque, il se d-plaait librement entre le Chili, l'Ar-gentine, la Bolivie, le Paraguay etl'Uruguay. Dernirement, il a tsignal dans une communaut deMennonites sur la frontire entre leParaguay et la Bolivie (p. 2, Internat.Herald Tribune, 1er fv. 83).

    Bibliographie La chasse au docteur Mengele ,

    Programme Le nouveau ven-dredi, 1er aot 1980, FR 3,production de la chane de tl-vision britannique Granada .

    Les techniciens de la mort par AdyBrille, ditions de la FDIRP, Pa-ris, 1976,315 p., photos et notes.

    Konzentrationslager Oswiecim-Brze-ninka (Auschwitz-Birkenau) parJan Sehn, Varsovie, 1957.

    Mdecin Auschwitz par MiklosMyizli, Editions Julliard, Paris,1961.

    FDIRP (Fdration nationale des d-ports et interns rsistants et pa-triotes), 10 rue Leroux, 75016Paris, tl. 527.55.00 : d'excellen-tes archives et un trs bon servicede documentation sur le sujet.