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BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2003, N° 276 (2) 43 BIODIVERSITÉ / LE POINT SUR… Conservation de la biodiversité forestière en Afrique centrale atlantique II. Identification d’un réseau de sites critiques Charles Doumenge Forafri BP 4035 Libreville Gabon Assitou Ndinga BP 12937 Yaoundé Cameroun Timothé Fomete Nembot Zachée Tchanou Faculté d’agronomie Université de Dschang BP 271 Dschang Cameroun Vicente Micha Ondo Nicanor Ona Nze Ministerio de Forestal y Ambiente Gabinete de Planificación Forestal Apdo. 840 Malabo Guinée équatoriale Henri Bourobou Bourobou Alfred Ngoye Iret-Cenarest BP 13354 Libreville Gabon Bien que les systèmes nationaux d’aires protégées du Cameroun, du Gabon et de Guinée équatoriale se soient développés au cours des dix dernières années, ils manquent généralement de cohérence et ne représentent que partiellement la biodiversité des pays en question. Afin de pallier cet état de fait, un réseau de sites critiques permettant de protéger l’essentiel de la biodiversité forestière de ces pays a été identifié il y a plusieurs années par l’Union mondiale pour la nature (Uicn), dans le cadre de la préparation du programme Ecofac (Écosystèmes forestiers d’Afrique centrale) puis dans celui de la Cefdhac (Conférence sur les écosystèmes de forêts denses et humides d’Afrique centrale). Le présent article est le deuxième d’une série de trois (Doumenge et al., 2001). Des Mussaenda (Rubiaceae) tels que celui-ci parent de leurs couleurs de nombreuses lisières. Mussaenda (Rubiaceae) such as these bring colourful relief to forest edges. Photo C. Doumenge.

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B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 3 , N ° 2 7 6 ( 2 ) 43BIODIVERSITÉ / LE POINT SUR…

Conservation de la biodiversité forestière

en Afrique centrale atlantique II. Identification d’un réseau

de sites critiques

Charles Doumenge ForafriBP 4035LibrevilleGabon

Assitou NdingaBP 12937YaoundéCameroun

Timothé Fomete Nembot Zachée TchanouFaculté d’agronomieUniversité de DschangBP 271DschangCameroun

Vicente Micha Ondo Nicanor Ona NzeMinisterio de Forestal y AmbienteGabinete de Planificación ForestalApdo. 840MalaboGuinée équatoriale

Henri Bourobou Bourobou Alfred NgoyeIret-CenarestBP 13354LibrevilleGabon

Bien que les systèmesnationaux d’airesprotégées du Cameroun, duGabon et de Guinée équatoriale sesoient développés au cours des dixdernières années, ils manquentgénéralement de cohérence et nereprésentent que partiellement labiodiversité des pays en question.Afin de pallier cet état de fait, unréseau de sites critiques permettantde protéger l’essentiel de labiodiversité forestière de ces pays aété identifié il y a plusieurs annéespar l’Union mondiale pour la nature(Uicn), dans le cadre de lapréparation du programme Ecofac(Écosystèmes forestiers d’Afriquecentrale) puis dans celui de laCefdhac (Conférence sur lesécosystèmes de forêts denses ethumides d’Afrique centrale). Leprésent article est le deuxième d’unesérie de trois (Doumenge et al.,2001).

Des Mussaenda (Rubiaceae) tels que celui-ci parent de leurs couleurs de nombreuses lisières. Mussaenda (Rubiaceae) such as these bring colourful relief to forest edges. Photo C. Doumenge.

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FOCUS / BIODIVERSITY

RÉSUMÉ

CONSERVATION DE LABIODIVERSITÉ FORESTIÈRE EN AFRIQUE CENTRALEATLANTIQUE : II. IDENTIFICATION D’UN RÉSEAU DE SITES CRITIQUES

Bien que les systèmes nationauxd’aires protégées du Cameroun, duGabon et de Guinée équatoriale aientaugmenté au cours des dix dernièresannées, ils manquent généralementde cohérence et ne représentent quepartiellement la biodiversité des paysen question. L’article expose les fon-dements de la démarche d’identifica-tion d’un réseau de « sites critiques »pour une meilleure conservation de labiodiversité forestière et des sys-tèmes écologiques de ces pays. Cessites ont été identifiés sur la base decritères de valeur biologique, de com-plémentarité, d’intégrité et d’enjeuxde développement. Ils constituent lecœur des domaines forestiers perma-nents des pays. L’ensemble de cessites critiques forestiers s’étend surun peu plus de 90 000 km2, soit11,9 % des terres ou 17,5 % des forêtsdenses et mosaïques naturelles oudégradées des trois pays. Cette sur-face cumulée est d’environ 50 %supérieure au total des aires proté-gées actuelles. Si le réseau des parcset réserves de Guinée équatoriale estle plus proche du réseau d’aires pro-tégées souhaitable pour le pays, ceuxdu Cameroun et du Gabon1 sontencore éloignés de cet optimum. Lesefforts entrepris pour améliorer laprotection de la riche biodiversité deces pays méritent d’être poursuivis etmieux intégrés dans les stratégiesnationales et sous-régionale de déve-loppement durable.

MMoottss--ccllééss :: stratégie de conservation,biodiversité forestière, développe-ment durable, Cameroun, Gabon,Guinée équatoriale.

ABSTRACT

FOREST BIODIVERSITYCONSERVATION IN ATLANTICREGIONS OF CENTRAL AFRICA: II. IDENTIFYING A NETWORK OF CRITICAL SITES

Although the national protected areanetworks in Cameroon, Gabon andEquatorial Guinea have beenimproved in the last ten years, theygenerally lack coherence and onlypartially represent the biodiversity ofthe country concerned. This articledescribes the reasons behind theidentification of a network of “criticalsites” with a view to improving theconservation of forest biodiversityand ecosystems in these countries.The sites were identified on the basisof criteria concerning their biology,their complementarity, their integrityand the development issues involved.They make up the core of each coun-try’s permanent forest estate.Altogether, these critical forest sitescover just over 90 000 km2, or 11.9%of the land area in the three countriesand 17.5% of their natural ordegraded dense forests and mosaic.The total area is about 50% greaterthan the current extent of protectedareas. While the network of parks andreserves in Equatorial Guinea is closeto the desirable extent for the coun-try, those in Cameroon and Gabon2

are still nowhere near the optimum.The efforts undertaken to improveprotection of the rich biodiversity inthese countries deserve to be pur-sued and better integrated intonational and sub-regional strategiesfor sustainable development.

Keywords: conservation strategy, for-est biodiversity, sustainable develop-ment, Cameroon, Gabon, EquatorialGuinea.

RESUMEN

CONSERVACIÓN DE LABIODIVERSIDAD FORESTALEN ÁFRICA CENTRAL ATLÁNTICA:II. IDENTIFICACIÓN DE UNA RED DE ZONAS CRÍTICAS

Aunque los sistemas nacionales deáreas protegidas de Camerún, Gabóny Guinea Ecuatorial han aumentadodurante los diez últimos años, suelencarecer de coherencia y sólo repre-sentan parcialmente la biodiversidadde dichos países. El artículo exponelas bases de la iniciativa de identifica-ción de una red de “áreas amenaza-das” para una mejor conservación dela biodiversidad forestal y de los sis-temas ecológicos de estos países.Estas zonas se definieron basándoseen criterios de valor biológico, com-plementariedad, integridad y desa-fíos de desarrollo. Constituyen elcorazón de los dominios forestalespermanentes de los países. El con-junto de estas zonas críticas foresta-les se extiende sobre un poco más 90000 km2, es decir, el 11,9% de las tie-rras o el 17,5% de los bosques den-sos y mosaicos naturales o degrada-dos de los tres países. Esta superficieacumulada es aproximadamente un50% superior al total de las áreasprotegidas actuales. Si la red de par-ques y reservas de Guinea Ecuatoriales la que se acerca más a la red desuperficies protegidas deseable parael país, las de Camerún y Gabón3 seencuentran aún lejos de este nivelóptimo. Los esfuerzos realizados paramejorar la protección de la rica biodi-versidad de estos países merecenproseguirse e integrarse mejor en lasestrategias nacionales y subregionalede desarrollo sostenible.

Palabras clave: estrategia de conser-vación, biodiversidad forestal, desar-rollo sostenible, Camerún, Gabón,Guinea Ecuatorial.

C. Doumenge, A. Ndinga, T. Fomete Nembot, V. Micha Ondo, N. Ona Nze, H. Bourobou Bourobou,A. Ngoye

1 Au moment de la publication de cet article, le réseau d’aires protégées du Gabon vient d’êtreprofondément remanié. Il est maintenant très proche du réseau de sites critiques présenté ici.

2 At the time of publication, the protected area network in Gabon had just been completelyrestructured and is now very similar to the network of critical sites described here.

3 En el momento de publicar este artículo, se acaba de modificar notablemente la red de áreasprotegidas del Gabón. Es ahora similar a la red de áreas amenazadas aquí presentada.

Le développement des paysd’Afrique centrale est largementfondé sur l’exploitation des res-sources minérales (non renouve-lables) et sur l’utilisation des res-sources naturelles renouvelables dela région, qu’elles soient végétales ouanimales. Avec la disparition progres-sive des ressources minérales,nombre de pays se tournent de plusen plus vers les ressources fores-tières. Cela implique de ménager lacapacité de charge du milieu.

Toute stratégie nationale dedéveloppement doit reposer à la foissur les notions de « conservation » etd’« utilisation durable », de « zonagedes territoires » et sur la définition de« lois et règles de gestion » relatifs àces ressources vivantes. Dans lesplans nationaux d’affectation desterres, les « domaines forestiers per-manents » incluent des forêts desti-

nées à l’exploitation (très souventl’exploitation industrielle du boisd’œuvre) ou contribuant aux besoinsde conservation (c’est le cas des airesprotégées). Si cette fonction deconservation peut, en théorie, êtrepartiellement remplie dans le cadrede plans d’aménagement forestier, lavaleur réelle de ces mesures pour lemaintien de la biodiversité resteencore à confirmer. L’établissementde réseaux d’aires protégées repré-sentatifs de la biodiversité de larégion reste l’un des principaux outilsde conservation de cette biodiversité.

Dans la sous-région, toutefois,l’évaluation des systèmes nationauxd’aires protégées a permis de mettreen évidence des déficiences dans lareprésentativité des écosystèmesainsi que le manque de cohérence –hormis en Guinée équatoriale(Machado, 1998) – dans la planifica-

tion de ces systèmes (Doumenge etal., 2001). Il s’avère nécessaired’étendre les systèmes nationauxd’aires protégées et de les engloberdans un réseau régional de sites dits« critiques », permettant de sauve-garder l’essentiel de la biodiversitéforestière et d’assurer le maintien desfonctions écologiques de ces forêts.

Ce réseau de « sites critiques »fut identifié pour la première fois il y aune dizaine d’années sur l’ensemblede l’Afrique centrale (Uicn, 1989). Dixans après, ces propositions viennentd’être actualisées pour les pays de lafaçade atlantique (Cameroun, Gabonet Guinée équatoriale). Des travauxsont en cours au Gabon et auCameroun, afin d’affiner les choix réa-lisés à ce jour, mais il apparaît oppor-tun d’effectuer dès maintenant unpoint de la situation.

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Les forêts denses humides sont les écosystèmes terrestres les plus riches de la planète. Dense humid forests are the richest land ecosystems on earth. Photo C. Doumenge.

Introduction

Qu’est-ce qu’unsite cr it ique ?

Définition

Un site critique est une aired’une importance particulière, entermes de diversité biologique, pourla conservation d’espèces ou d’éco-systèmes rares ou menacés de dispa-rition et pour la protection des sys-tèmes biologiques servant de baseau développement de la vie.

Cet article traite avant tout dessites critiques pour la conservationdes forêts, même si la biodiversitéqu’ils renferment inclut souventd’autres écosystèmes tels que dessavanes ou des zones humides. Ilsconstituent le cœur des domainesforestiers permanents des pays.

Bien que l’idée sous-jacente àleur identification concerne le renfor-cement des systèmes nationauxd’aires protégées, ces sites peuventinclure des zones où l’utilisation desressources est permise mais stricte-ment réglementée.

Critères de sélection

La sélection de ces sites critiquesforestiers est, en premier lieu, fondéesur l’identification de vastes étenduesde forêts primaires, non ou très peuperturbées par les activités humaines.Toutefois, la végétation non forestièrepouvant contribuer notablement àl’augmentation de la diversité biolo-gique totale, elle est incluse chaquefois que possible dans les limites dessites. Ces étendues sont définies enfonction des connaissances de terraindes experts impliqués dans le proces-sus et des informations disponiblessur cartes et dans la littérature.

Un autre critère de sélectionconcerne la présence de reliefs(figure 1). Les forêts de montagne sontd’une importance particulière pour lacaptation des eaux et renferment denombreuses espèces endémiques,parfois inféodées à une montagne ouun massif montagneux. Les forêts depiémont et submontagnardes sont,quant à elles, les plus diversifiées parunité de surface et méritent à ce titreune attention spéciale (voir parexemple, pour les arbres, Doumenge,1998 a).

D’autres écosystèmes, tels queles mangroves, ont aussi une valeurparticulière car, malgré une faiblediversité, celles-ci renferment desespèces qui ne se trouvent nulle partailleurs (Rhizophora spp., Avicenniagerminans...). Elles servent aussi dezone de reproduction pour un grandnombre d’espèces de poissons et decrevettes, d’où leur importance capi-tale pour la pêche ou le développe-ment de la pisciculture.

Toutes ces zones forestièresjouent un rôle important dans le main-tien des processus écologiques ouévolutifs, et sont prises en compte, àce titre, dans le réseau de sites cri-tiques.

Afin d’en assurer une protectionoptimale, nous avons aussi tenucompte des aires de répartition et desstatuts de conservation de diversesespèces d’un intérêt particulier pour laconservation, considérées commemenacées par l’Uicn (Wcmc, 1998). Par

exemple, le cercopithèque à queue desoleil (Cercopithecus solatus), qui pré-sente une aire de distribution limitée àla forêt des Abeilles et à la réserve dela Lopé (Gabon), ou encore le drill(Mandrillus leucophaeus), confiné ausud-ouest du Cameroun, à quelqueszones adjacentes du Nigeria ainsi qu’àl’île de Bioko (Guinée équatoriale).

De grands fleuves, tels que laSanaga ou l’Ogooué, ont joué le rôlede barrière géographique à la disper-sion de certaines espèces. Celles-ciont pu évoluer en parallèle sur lesdeux berges, aboutissant à des sous-espèces, voire des espèces différentesbien qu’apparentées. Des sites ont étéidentifiés dans toutes les zones bio-géographiques ainsi délimitées ausein de chaque pays et dans l’en-semble de la sous-région.

Lorsque plusieurs zones parais-saient renfermer une biodiversité simi-laire, nous avons favorisé les airesprotégées existantes. Enfin, si certainssites incluent des zones destinées àl’exploitation, ils ont été, autant quepossible, délimités de manière àréduire les conflits potentiels avec lesautres utilisations des ressourcesnaturelles.

L’identification et la sélectiondes sites est fondée à la fois sur la lit-térature disponible, en particulier lespublications scientifiques et la littéra-ture grise, sur la connaissance du ter-rain accumulée par les auteurs et surdes avis d’experts. Toutes ces don-nées ont été croisées et comparéesafin de limiter au maximum les risquesd’erreurs et d’étayer au mieux les déci-sions.

Les acteurs du développementrecherchant en priorité des informa-tions concernant leur propre pays, leréseau de sites sera présenté àl’échelle sous-régionale mais aussipar pays plus que par grande zone bio-géographique. Au départ, la planifica-tion de ce réseau de sites critiques aété réalisée à l’échelle nationale, touten gardant présent à l’esprit la valeurinternationale des sites à proposer etleur complémentarité ; la consolida-tion régionale définitive n’est interve-nue qu’après (Uicn, 1989).

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FOCUS / BIODIVERSITY

Les Rubiaceae forment l’une des familles les plusdiversifiées des forêts denses humides africaines. The Rubiaceae family is one of the most varied inAfrica’s dense humid forests. Photo C. Doumenge.

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Figure 1. Illustration des principaux éléments pris en compte dans l’identification des sites critiques.Main features taken into account in identifying critical sites.

L’évaluation du réseau aprèsune dizaine d’années nous a permisde mieux intégrer les sites des troispays, mais le processus n’est pasencore totalement abouti car la coor-dination régionale, dans ce domainecomme dans d’autres, en est encore àses balbutiements. La Cefdhac, lesommet des chefs d’État d’Afriquecentrale et la Conférence desministres des forêts d’Afrique cen-trale (Comifac), le développement decollaborations transfrontalières, l’ap-proche « écorégionale » prônée par leWwf (Fonds mondial pour la nature)constituent des cadres techniques etpolitiques qui pourront faciliter etfaire aboutir cette planification régio-nale à l’échelle de l’Afrique centrale.

État actuel du réseau

Extension

Le réseau de sites critiquesforestiers d’Afrique centrale atlan-tique s’étend sur un peu plus de90 000 km2 (tableau I, figure 2 etencadré p. 50), soit 11,9 % des terresou 17,5 % des forêts denses et mosaï-ques naturelles ou dégradées destrois pays (telles que définies dansDoumenge et al., 2001).

La surface totale de ce réseausous-régional est d’environ 50 %supérieure au total des aires proté-gées existantes, soulignant ainsi lesdéficiences du réseau actuel d’airesprotégées. Ces chiffres tiennentcompte du classement de la plupartdes sites identifiés en Guinée équato-riale, intervenu depuis la publicationde l’article cité. Une comparaisonentre les cartes présentées dans lesdeux articles permet de visualiserrapidement les sites qu’il convient deprotéger ou de gérer de manière pru-dente, en sus des aires protégéesexistantes.

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FOCUS / BIODIVERSITY

Tableau I. Superficie des sites critiques forestiers du Cameroun, du Gabon et de Guinée équatoriale.

Pays Superficie (km2)Sites classés Sites non classés Total

I-VI (1) Rfo-AP S

Cameroun 16 626,9 9 685,9 5 675,6 31 988,4

Gabon 21 220,0 5 780,0 24 495,0 51 495,0

Guinée équatoriale 5 070,9 0,0 1 510,0 6 580,9

Total sous-région 42 917,8 15 465,9 31 680,6 90 064,3

(1) Voir l’encadré (p. 50) pour l’explication des abréviations.

Fougères arborescentes dans les monts Bakossi (Cameroun). Tree ferns in the Bakossi moutains (Cameroon). Photo C. Doumenge.

Figure 2. Sites critiques du Cameroun, du Gabon et de Guinée équatoriale.Critical sites in Cameroon, Gabon and Equatorial Guinea.

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FOCUS / BIODIVERSITY

EncadréSites critiques pour la conservation des forêts du Cameroun, du Gabon et de Guinée équatoriale.

Site (1) Pays Statut légal Superficie Observations (5)(2) (3) (km2) (4)

Akanda Gab S 450,0 Terre : 450,0 km2 ; mer : superficie non précisée.

Alén Geq II 2 000,0 Monte Alén (PN).

Annobón Geq IV 231,1 Isla de Annobón (RN, terre : 20,9 km2 ; mer : 210,2 km2).

Ayos Cam S 100,0 Ayos, forêts marécageuses du haut Nyong.

Bakossi-Banyang Mbo Cam IV, Rfo, S 1 000,0 Bakossi, Rfo, 55,2 km2 ; Banyang Mbo, IV (SF), 662,2 km2 ; S, ± 282,6 km2.

Basilé GEq II 330,0 Pico Basilé (PN).

Bélinga Gab S 5,0 Monts et grottes de Bélinga.

Bere Geq III 200,0 Piedra Bere (MN).

Bioko Sur Geq I 510,0 Caldera de Luba (RS).

Boumba Bek-Nki Cam AP, S 5 515,0 Boumba Bek, AP, 2 500,0 km2 ; Nki, AP, 1 815,0 km2 ; S, environ 1 200,0 km2 ; projet de PN.

Cameroun Cam Rfo, S 1 147,5 Mont Cameroun : Bambuko, Rfo, 266,8 km2 ; Mokoko, Rfo, 90,7 km2 ; Etinde, S, 360,0 km2 ;Onge, S, 180,0 km2 ; Nord-est, S, environ 250,0 km2.

Campo Geq IV, S 775,0 Río Campo (RN), 330,0 km2 ; S, environ 445,0 km2.

Campo-Ma’an Cam II 2 640,6 PN.

Dja Cam IV 6 300,0 RF.

Djoua Gab S 1 770,0

Douala-Edéa Cam IV 1 600,0 RF.

Estuaire Sud Gab S 1 020,0

Gamba Gab IV, VI 11 320,0 IV (RF et Aerf ), 4 820,0 km2 ; VI (DC), 6 500,0 km2.

Ipassa-Mingouli Gab I, S 2 800,0 Ipassa, I (RI), 100,0 km2 ; S, environ 2 700,0 km2 ; permis sous aménagement forestier en cours.

Korup Cam II, Rfo 2 007,5 Korup, II (PN), 1 259,0 km2 ; Ejagham, Rfo, 748,5 km2.

Kupe Cam Rfo, S 23,0 Rfo, 23,0 km2 ; S, superficie non précisée.

Liboumba Gab S 1 840,0 Haute Liboumba.

Lobéké Cam AP 2 100,0 Lac Lobéké (Zep).

Lokoundjé-Nyong Cam S 1 292,0 Zone pilote d’aménagement durable.

Lopé Gab IV, S 6 440,0 Lopé, IV (Aerf ), environ 5 000,0 km2, parc national proposé ; forêt des Abeilles, S, permis sousaménagement forestier en cours, environ 1 400,0 km2 ; mont Iboundji, S, environ 40,0 km2.

Manengouba Cam S 200,0 Mont Manengouba

Mawne Cam Rfo 538,7 Mawne River.

Mayombe Gab S 2 780,0 Terre : environ 2 780,0 km2 ; mer : superficie non précisée.

Mbam et Djérem Cam II 4 165,1 PN.

Minkébé Gab Rfo 5 780,0

Mouni Gab S 230,0

Mpassa Gab S 1 600,0 Haute Mpassa.

Muni Geq IV 600,0 Estuario del Muni (RN, terre : 505,0 ; estuaire : 95,0).

Ndote Geq IV, S 320,0 Punta Llende, IV (RN), 55,0 km2 ; S, superficie approximative, 265,0 km2.

Nlonako Cam S 35,0 Mont Nlonako.

Nsoc Geq II 700,0 Altos de Nsork (PN).

Nta Ali Cam Rfo 315,0

Oku Cam AP, S 200,0 Mount Kilum-Ijim, AP (Apf ), 114,0 km2 ; S, environ 86,0 km2.

Ozouri Gab S 460,0 Terre : environ 460,0 km2 ; mer : superficie non précisée.

Rio del Rey Cam S 790,0

Rumpi Cam Rfo 443,0 Rumpi Hills.

Soungou-Milondo Gab S 2 700,0

Takamanda Cam Rfo 676,0

Tchabal Mbabo Cam S 800,0

Tchimbélé Gab S 4 000,0 Variantes à valider avec extensions ouest et/ou est.

Temelón Geq IV 230,0 Monte Temelón (RN).

Uolo-Nzas Geq III, S 990,0 Río Uolo-Piedra Nzas : Piedra Nzas, III (MN), 190,0 km2 ; S, environ 800,0 km2.

Wonga-Wongué Gab VI, S 8 300,0 Wonga-Wongué, VI (Rps), 4 800,0 km2 ; lac Onangué et Ogooué, S, environ 3 500,0 km2.Variantes à confirmer pour la protection du delta de l’Ogooué.

Yaoundé Cam S 100,0 Collines autour de Yaoundé.

Ce réseau de sites forestiers àvaleur nationale et internationale, telqu’il est identifié aujourd’hui(figure 2), peut être considéré commeproche de l’état final souhaitablepour deux des trois pays examinés, leGabon et la Guinée équatoriale :

▪ au Cameroun, les sites couvrent àpeine 12,6 % des terres forestières(forêts denses et mosaïques) ; plu-sieurs zones biogéographiques y sontencore mal couvertes (voir plus loin) ;▪ au Gabon, le réseau de sites s’étendsur 21,9 % des terres forestières ; uneétude nationale est en cours, en par-tenariat avec le ministère en chargedes forêts et de l’environnement, leWwf et le Wcs (Société de conserva-

tion de la vie sauvage), pour l’évalua-tion et la refonte du système nationald’aires protégées ;▪ en Guinée équatoriale, les sites cri-tiques recouvrent 23,9 % des terresforestières ; une étude poussée duprojet Curef (Conservation et utilisa-tion rationnelle des écosystèmesforestiers) a permis la refonte du sys-tème national d’aires protégées, enaccord avec nombre de sites critiquesidentifiés par le passé. Parmi les troispays, ce système d’aires protégéesrépond le mieux aux exigences de laconservation et de l’utilisationdurable de la biodiversité (pratique-ment tous les sites critiques y bénéfi-cient d’un statut de protection).

Représentativité

Toutes les grandes formationsforestières du Cameroun, du Gabon etde Guinée équatoriale sont représen-tées dans le réseau de la figure 2 ainsique leurs grandes variantes, bienqu’en proportion variable. La super-position de cette carte avec celleparue dans Bois et Forêts desTropiques (n° 268, p. 8) permet d’illus-trer cela de manière très simple. Cessites regroupent les forêts les plusdiversifiées, les plus originales – bio-logiquement parlant – et les moinsdégradées de la sous-région : il s’agitdu minimum vital à préserver pour laconservation des potentialités fores-tières sous-régionales.

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(1) Les noms complets des sites ont été abrégés en mots simples ou composés et classéspar ordre alphabétique.

(2) Cam : Cameroun ; Gab : Gabon ; Geq : Guinée équatoriale.

(3) Les catégories I à VI sont celles préconisées par l’Uicn (Davey, 1997) :I, aires protégées gérées essentiellement pour la science et la protection d’écosystèmesdans leur état naturel : réserves naturelles intégrales (RI) et réserves scientifiques (RS) ;II, aires protégées gérées essentiellement pour la protection des écosystèmes et letourisme : parcs nationaux (PN) ;III, aires protégées gérées essentiellement pour la conservation de caractéristiquesnaturelles spécifiques : monuments naturels (MN) ;IV, aires protégées gérées essentiellement pour la conservation par une gestion active :réserves naturelles (RN), réserves de faune (RF), sanctuaires de faune (SF), airesd’exploitation rationnelle de la faune (Aerf ; relèvent en partie des catégories IV et VI) ;V, aires protégées gérées essentiellement pour la conservation de paysages terrestres etmarins et des activités de loisirs : paysages protégés ;VI, aires protégées gérées essentiellement pour l’utilisation durable des écosystèmesnaturels : domaines de chasse (DC), Aerf, réserves présidentielles (Rps).Les autres appellations sont les suivantes : Rfo, réserves forestières considérées commeayant une vocation de protection de la biodiversité ; AP, aires protégées sans statutparticulier, arrété préfectoral (Apf ), zones essentielles de protection (Zep) ; S, sites sansstatut juridique de protection.Plusieurs statuts peuvent être mentionnés pour un site. Cela marque l’existence d’unzonage (plusieurs aires regroupées ayant des statuts de protection variables).

(4) Superficies terrestres à l’exception des étendues marines mais pouvant inclure depetites superficies d’eaux libres continentales. La plupart des superficies doivent être prises avec les précautions qui s’imposent carelles sont souvent estimées – plus ou moins précisément – sur des cartes où ellesreprésentent les chiffres officiels, non vérifiés sur le terrain. Nous avons privilégié leschiffres des textes de lois ou de la littérature lorsque leurs ordres de grandeur semblaientcorrects ; sinon, nous avons utilisé les chiffres donnés par le Sig correspondant à lafigure 1. Les chiffres les plus fiables sont ceux de Guinée équatoriale ; ceux des deuxautres pays sont très hétérogènes. Ces données semblent toutefois fournir une indicationrelativement correcte des ordres de grandeur des sites et sont tout au moins suffisantespour l’usage auquel nous les avons destinées dans le cadre de ce travail.

(5) Les observations incluent le nom officiel complet lorsqu’il est différent du nom abrégéretenu pour le site (première colonne), les statuts et les superficies détaillés dans le casd’un zonage interne au site.

Source : d’après Doumenge, 1998 b.

Le Moabi, l’une des espèces les plus imposantesdes forêts d’Afrique centrale atlantique. The Moabi is one of the largest forest species inAtlantic Central Africa. Photo C. Doumenge.

Le site le plus petit est celui desmonts de Bélinga (quelques kilo-mètres carrés), tandis que le plusvaste est le complexe de Gamba(Gabon), avec environ 11 300 km2.

Ce réseau de sites critiques nerenferme pas uniquement des forêtsmais des formations herbeuses, deszones humides, des fleuves, des lacset des lagunes, etc. Une part trèsimportante de la biodiversité de lasous-région y est représentée ; l’es-sentiel de la biodiversité nationalegabonaise et équato-guinéenne s’yretrouve. Au Cameroun, en revanche,il représente une proportion moindrede la diversité du pays, du fait de l’im-portance des formations herbeuseset des écosystèmes aquatiques(Culverwell, 1997).

Hormis en Guinée équatoriale,où ce réseau peut être considérécomme abouti, les informations dis-ponibles n’étant pas homogènes surl’ensemble des pays et parfois insuffi-santes pour juger de l’intérêt d’unezone donnée, quelques sites pour-ront être ajoutés ultérieurement. Ilspermettront soit la conservation d’es-pèces endémiques ou à aire de répar-tition limitée, soit une meilleure pro-tection d’écosystèmes ou d’espècesmenacés par les activités humaines.

Au Cameroun, les additionsnotables devront concerner, en parti-culier :

▪ le contact forêt-savane, avec le pro-jet de Mpem et Njim, par exemple, etpeut-être une zone à définir dans lescontreforts est de l’Adamoua, à hau-teur des îlots forestiers relictuels dela Nana, en République centrafricaine(Pinglo, 1988 ; Doungoube, 1991) ;▪ des sites montagnards et submonta-gnards, dont le triangle Douala-Nkongsamba-Yaoundé (région au sudde Ndikinimeki) où une réserve, dited’Ebo, est à l’étude, et la région deshautes terres au nord-nord-est dumont Oku, vers la frontière duNigeria.

Des inventaires actualisés sur labiodiversité de toutes ces régionssont nécessaires avant de pouvoir seprononcer plus clairement sur leurintérêt pour la conservation.

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Petit échantillon de la diversité des champignons de forêt. Examples of the diversity of forest fungi. Photos C. Doumenge et F. Beurel-Doumenge.

Au Gabon, le site de Tchimbélé,tel qu’il est délimité ici, ne prend pasencore en compte une extension versl’ouest, sur les flancs les plus arrosésdes monts de Cristal – probablementles plus riches en biodiversité –, quipermettrait de faire la liaison avec lemont Alen (Guinée équatoriale). Celafaciliterait, en particulier, le déplace-ment des éléphants entre les deuxpays. Une extension du site deTchimbélé vers l’est, ou un site com-plémentaire qui pourrait être relié àcelui de Nsoc (Guinée équatoriale),permettrait aussi de protéger unensemble d’inselbergs. Le site

d’Ipassa-Mingouli pourrait, quant àlui, être étendu vers le sud, afin d’in-clure quelques reliefs ainsi qu’unevaste saline d’un grand intérêt pour laconservation. Les sites de Wonga-Wongué et d’Ozouri devraient proba-blement être englobés dans un vasteensemble incluant le delta intérieurde l’Ogooué, afin de favoriser la ges-tion cohérente de tout le cours infé-rieur de ce fleuve ainsi que des lacsattenants. Les investigations encours, dont nous avons parlé plushaut, permettront au gouvernementde statuer sur ces propositions.

Enfin, toujours au Gabon, deuxautres sites pourraient être envisa-gés : le premier à l’est d’Okondja,dans le nord du contact forêt-savanedes plateaux Batéké, en regard d’unsite congolais renfermant quelquesexemplaires de forêts caducifoliéesdu centre du pays (Kellé-Oboto II ;Hecketsweiler, 1990), le seconddans la région frontalière du montFouari (mosaïque forêt-savane).

Il faut aussi mentionner que plu-sieurs sites sont contigus avec un ouplusieurs sites d’un pays voisin. Ilscréent ainsi des sites transfrontaliersplus vastes qui permettent d’aug-menter leur valeur biologique etconservatoire (figure 2) :

▪ sites de Mouni (Gabon) et Muni(Guinée équatoriale) ;▪ réserves de Campo-Ma’an (Came-roun) et Campo (Guinée équatoriale) ;▪ parcs nationaux de Korup (Came-roun) et d’Oban (Cross River, Nigeria) ;▪ réserve de Takamanda (Cameroun)et parc d’Obudu-Okwangwo (CrossRiver, Nigeria) ;▪ forêts du lac Lobéké (Cameroun) etparcs nationaux de Dzanga-Ndoki(République centrafricaine) et deNouabalé-Ndoki (Congo) ;▪ réserve de Minkébé et forêts de laDjoua (Gabon), mont Nabemba-Garabinzam (Congo) ;▪ Mpassa (Gabon) et site des sourcesde l’Ogooué-Zanaga (Congo) ;▪ forêts du Mayombe (Gabon) et duparc national de Conkouati-Douli(Congo).

Statuts de protection

Sur un total de plus de90 000 km2, un peu moins de la moitié(47,7 % très exactement) de la superfi-cie couverte par le réseau de sites cri-tiques dispose d’un statut de protec-tion à valeur internationale (tableau I).Les 52,3 % restants ne bénéficient pasd’un statut de protection suffisant :environ 17 % de la superficie totalesont classés en réserve forestière ouavec des statuts très précaires quin’assurent pas de légalité suffisante àla vocation de conservation de cessites ; le reste, un peu plus de 35 % dela superficie totale, ne bénéficiantencore d’aucun statut de protection.

Chenilles et papillons constituent une partlargement méconnue de la biodiversité forestière. Caterpillars and butterflies are still largely unknownas components of forest biodiversity. Photo C. Doumenge.

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Une des nombreuses espèces de mantes religieuses de la forêtgabonaise. One of the many species of prayingmantis inhabiting Gabon’s forests. Photo C. Doumenge.

Par pays, la situation est la suivante. Au Cameroun, le réseau de sites

est le moins abouti, relativement à larichesse du pays et à l’extension desforêts. Environ la moitié des superfi-cies concernées par les sites actuelsdisposent d’un statut de protectioncorrect, le Cameroun étant le pays pos-sédant les plus grandes superficiesclassées en parc national. Un peu plusde 30 % des sites n’ont pas encore étéreclassés, ce qui permettrait de renfor-cer l’assise légale du réseau. C’est enparticulier le cas des réserves fores-tières d’un intérêt particulier pour laconservation de la biodiversité, comme

la réserve de Takamanda (qui abriteune sous-espèce de gorille, Gorillagorilla diehli, en voie de disparition,endémique de cette zone forestière del’Ouest camerounais et des forêts rési-duelles voisines du Nigeria), une partiedes monts Bakossi (renfermant unegrande variété de plantes endémiques)et du mont Cameroun, les montsRumpi, etc. Les 17,7 % restants ne dis-posent encore d’aucun statut légal.

Au Gabon, environ 41 % dessites bénéficient d’un statut de pro-tection qu’on pourrait considérercomme « correct », bien qu’il n’existeencore aucun parc national dans lepays. Cela devrait changer sous peuavec le classement du parc nationalde la Lopé. Plus de 47 % de la super-ficie concernée par les sites critiquesgabonais ne disposent d’aucun sta-tut. La situation pourrait aussi s’amé-liorer rapidement si les résultats del’étude mentionnée précédemmentaboutissent au renforcement effectifdu système d’aires protégées, commecela est annoncé par les respon-sables politiques.

En Guinée équatoriale, plus de77 % des zones identifiées disposentmaintenant d’un statut de protectioncrédible. C’est le pays qui a récem-ment fait le plus d’efforts pour ajusterson système d’aires protégées auxbesoins de la conservation. Les22,9 % restants concernent l’exten-sion de trois sites (Campo, Ndote etUolo-Nzas), sous forme de zonestampons avec un statut légal permet-tant une utilisation strictement régle-mentée de certaines ressources natu-relles.

En résumé, si la Guinée équato-riale paraît présenter, sur le papier, leréseau le mieux protégé des troispays, elle pourrait être rapidementrejointe par le Gabon (actuellementau dernier rang en termes de pour-centage de sites classés). LeCameroun a amélioré récemment laprotection du réseau de sites cri-tiques forestiers, mais de nombreuxefforts restent encore à produireavant d’approcher le niveau de laGuinée équatoriale.

Évolution duréseau depuis

1988

Depuis 1988 (Uicn, 1989), leréseau de sites critiques a été adapté,afin de mieux cadrer avec l’évolutiondes connaissances sur les sites, ledéveloppement des activités écono-miques sur le terrain et la réalisationd’analyses plus poussées de la repré-sentativité nationale et régionale desécosystèmes. Depuis leur premièreidentification, quelques sites ont étésupprimés, soit parce qu’ils ont perdude leur valeur (par exemple,Bonepoupa, au Cameroun, Bata-Uolo, en Guinée équatoriale), soitparce qu’ils ne présentent qu’un inté-rêt très local (par exemple, Mondahet Sibang, au Gabon), ou encoreparce que leur valeur forestière estlimitée (par exemple, Barombi Mbo,au Cameroun). Le site de Léconi(Gabon) a, quant à lui, été déplacé auniveau de la Mpassa, qui renfermedes écosystèmes similaires, plusétendus et mieux préservés.

D’autres sites ont été regroupésen vastes ensembles nationaux, sou-vent à très grande valeur biologique.Ils permettront de mieux protéger desespèces se déplaçant sur de grandesdistances (éléphant ou mandrill, parexemple). C’est le cas des sites trans-frontaliers déjà mentionnés ainsi quedes sites constituant maintenant cequ’on pourrait appeler les « com-plexes » : du mont Cameroun (montCameroun et rivière Mokoko, forêts dela rivière Onge et région du montEtinde) au Cameroun ; de la Lopé (laLopé, forêt des Abeilles et montIboundji), de Gamba (Setté-Cama,monts Doudou et Moukalaba),d’Ipassa-Mingouli (Ipassa et Min-gouli), de Wonga-Wongué (Wonga-Wongué et lac Onangué reliés par unepartie du delta intérieur de l’Ogooué)au Gabon ; du mont Alén (mont Alén etmonts Mitra) en Guinée équatoriale.

Au cours de la décennie passée,certains sites ont été étendus(par exemple, Akanda, Gabon) ouleurs limites modifiées (par exemple,Mbam et Djérem ou Campo-Ma’an,

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Peu étudiées, les lianes sont pourtant largementrépandues en forêt dense. Lianas are very common in dense forests buthave been little studied to date. Photo C. Doumenge.

Cameroun ; Minkébé, Gabon). Enfin,de nouveaux sites ont été ajoutés auréseau de 1988, afin de combler cer-taines lacunes. C’est le cas des col-lines de Yaoundé et du site d’Ayos(forêts marécageuses du Haut Nyong),au Cameroun, de l’estuaire Sud et duMayombe, au Gabon, des inselbergsde Bere et Nzas, en Guinée équato-riale. Ces changements marquent, enparticulier, l’amélioration de nosconnaissances. Ils devraient progres-sivement diminuer au cours du temps.

Le principal point positif qu’ilconvient de souligner concerne l’amé-lioration des statuts de protectionaccordés à certains sites dans lestrois pays, en particulier en Guinéeéquatoriale, le pays qui a fait le plusgrand effort législatif en la matière. Laprotection des forêts camerounaisesde basse altitude a aussi été renfor-cée, grâce à la création des parcsnationaux de Campo-Ma’an et deMbam et Djerem, mais certains éco-systèmes (ceux de montagne, en par-ticulier) restent notablement sous-protégés. Au Gabon, si les sites deMinkébé et des monts Doudou ont étéclassés depuis leur première identifi-cation, ils ne bénéficient encore qued’un statut de protection faiblementcontraignant. Malgré un projet ancien,la réserve de la Lopé n’a toujours pasété classée en parc national. Le Gabonest le pays qui a le moins progressédepuis un dizaine d’années, entermes de refonte de son systèmenational d’aires protégées.

B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 3 , N ° 2 7 6 ( 2 ) 55BIODIVERSITÉ / LE POINT SUR…

Des habitats d’extension limitée, tels que ces rochers hyper-humides des chutesde Kongou (Gabon), peuvent héberger une biodiversité particulière. Micro-habitats such as these hyper-humid rocky outcrops in the Kongou Falls(Gabon) sometimes harbour highly specific flora and fauna. Photo C. Doumenge.

Le groupe des oiseaux renferme de nombreuses espèces à large répartition maisaussi des espèces rares ou confinées à quelques régions montagneuses. Many bird species are widely distributed, but some are rare or confined to a fewmountainous zones. Photo C. Doumenge.

Les mangues sauvages (Irvingia spp., Irvingiaceae)font partie des produits forestiers non ligneux lesplus valorisés en Afrique centrale. Wild mangoes (Irvingia spp., Irvingiaceae) areamong central Africa’s most commonly traded nonwoody forest products. Photo C. Doumenge.

Conclusion

La démarche qui a été retenuedans ce travail, pour l’identification etla sélection des sites, tient comptedes connaissances et des compé-tences disponibles au moment del’évaluation. Elle est calibrée demanière à optimiser le rapport entrele résultat obtenu et le coût desinvestissements. Cela permet d’obte-nir un ensemble d’informations suffi-santes pour prises de décision etactions. Une démarche plus fine,incluant des inventaires biologiqueset des enquêtes socio-économiquessystématiques, impliquant aussi destraitements statistiques plus pous-sés, est en développement au Gabon.Ces nouvelles données permettrontde confirmer ou d’infirmer les choixeffectués ici, dans le cadre d’un pro-cessus itératif de suivi, évaluation etadaptation des actions tant poli-tiques ou légales que de terrain.

Les connaissances concernantles sites critiques ont progressédepuis dix ans, tant en ce quiconcerne la faune que la flore, maisde façon très inégale. Les sites favori-sés sont ceux bénéficiant de projetsde terrain, en particulier ceux inclusdans le programme régional Ecofac(réserves du Dja et de la Lopé, montAlén), ou des projets locaux commecelui du mont Cameroun. Les étudesréalisées par le Wwf au Cameroun,par le projet Curef en Guinée équato-riale et celles en cours au Gabon(Direction de la faune et de la chasse,Wwf et Wcs) ont apporté, ou vontapporter, des informations supplé-mentaires permettant, d’une part, demieux mesurer la valeur des sites etles menaces qu’ils subissent et,d’autre part, de mieux comparer lessites entre eux.

Les sites critiques identifiésdans le présent article constituent enquelque sorte les « greniers fores-tiers » de la sous-région, tant du pointde vue de la végétation que de lafaune. Ils peuvent permettre le repeu-plement des zones alentour, dégra-dées ou vidées de leur faune, fournirdes opportunités de développement

du tourisme écologique ou d’exploita-tion de plantes médicinales ou autresproduits forestiers non ligneux, assu-rer la conservation de la diversitégénétique des espèces utilisées, leuramélioration et la fourniture desemences pour des programmes deplantation, servir de zones témoinspour les études d’écologie et de dyna-mique forestières, etc.

Le classement de ces forêts doitleur procurer un cadre légal plus exi-geant pour la protection et l’utilisa-tion rationnelle des ressources fores-tières, afin qu’elles puissent jouer leurrôle de maintien de la biodiversité etdes processus écologiques. Ces sta-tuts de protection pourront être trèsvariables en fonction de l’importancede cet objectif prioritaire (conserva-tion) et des objectifs secondaires (uti-lisation durable des ressources).

Toutefois, le classement dessites n’est pas le seul garant d’unebonne gestion des ressources. Ils doi-vent aussi être pris en compte dansune planification générale des terri-toires nationaux, afin que les servicesen charge de l’exploitation forestièreou minière, de l’agriculture ou des in-frastructures en soient informés etqu’ils en tiennent compte dans l’attri-bution des permis d’exploitation, ledéveloppement de l’agriculture oudes routes, par exemple.

Éviter et résoudre les conflits d’at-tribution d’usages entre les administra-tions permettrait d’améliorer grande-ment la protection de ces sites, mêmeen l’absence de personnels de terrainchargés de la conservation. En effet, ledéveloppement du braconnage suittoujours l’ouverture des pistes et l’ex-tension de l’exploitation forestière in-

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L’éléphant est l’un des animaux les plus représentatifs des forêts d’Afriquecentrale (tampon en bois pour la fabrication de batiks). Elephants are among the most representative species of central Africa’s forests(carved here on blocks for batik manufacture). Photo C. Doumenge.

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contrôlée. L’attribution de permis d’ex-ploitation forestière unilatéralementpar les services en charge de ces dos-siers prend des proportions telles dansl’ensemble de la sous-région quetoutes les forêts ont été, sont ou serontexploitées si les services environne-mentaux n’y prennent garde. Replacerles besoins de la conservation au cœurdes stratégies est une nécessité pour ledéveloppement durable des pays de lasous-région.

Ces travaux de synthèse sur lessites critiques et sur les aires protégées(Doumenge et al., 2001) nous ont per-mis de vérifier que, pour assurer correc-tement les fonctions mentionnées enintroduction, l’extension optimale dessites critiques devrait se situer entre 15et 25 % des territoires forestiers consi-dérés. La marge supérieure peut pa-raître exagérée à certains mais elle esttout à fait concevable dans le cadre depays biologiquement très diversifiés,relativement riches économiquementparlant, peu peuplés et désirant mettreen place une stratégie de développe-ment du tourisme de nature. Ce pour-rait être, par exemple, le cas du Gabon.Il faut aussi tenir compte du fait quetous ces sites ne seront pas classés en« réserve naturelle intégrale » ou « parcnational », mais sous des statuts per-mettant une utilisation durable de cer-taines ressources.

L’objectif à atteindre dépendradonc de la diversité biologique natio-nale, de l’étendue des forêts, de la den-sité de population humaine, de l’éco-nomie du pays, des statuts de protec-tion et des utilisations possibles desressources, ainsi que des objectifs dedéveloppement du pays. Il faut rappe-ler que les pays concernés ont signé di-verses conventions relatives à la pro-tection de l’environnement, dont laconvention sur la biodiversité. Ils ontpris des engagements internationauxqui doivent se traduire dans leurs poli-tiques nationales de conservation etd’utilisation durable des ressourcesnaturelles. Si la volonté politique decréation de tels réseaux (aires proté-gées et sites critiques) se manifeste,l’appui des bailleurs de fonds interna-tionaux pourra être sollicité avec plusde force.

RemerciementsLes auteurs tiennent à remercier

J.-F. Trébuchon pour la réalisation descartes et F. Beurel-Doumenge pour larelecture, sans oublier J.-E. GarciaYuste, S. Gartlan, B. Dupuy, H.-F. Maîtreainsi que deux relecteurs pour leursobservations pertinentes qui ont per-mis d’améliorer le fond aussi bien quela forme de cet article.

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Les mosaïques côtières, bien que généralementsoumises à des pressions humaines importantes,incluent une grande diversité de milieux. Although usually subject to considerable humanpressure, coastal mosaics cover a wide variety ofnatural habitats. Photo C. Doumenge.

SYNOPSIS

FOREST BIODIVERSITYCONSERVATION INATLANTIC REGIONS OFCENTRAL AFRICA:II. IDENTIFYING A NETWORKOF CRITICAL SITES

C. DOUMENGE, A. NDINGA, T. FOMETE NEMBOT, V. MICHAONDO, N. ONA NZE, H. BOUROBOUBOUROBOU, A. NGOYE

Development in the Cen-tral African countries islargely based on the extraction of nonrenewable minerals and on the use ofrenewable natural resources. Withthe predictable decline in their min-eral resources (including petroleum),many countries are turning more andmore to their forest resources. Fromthe angle of sustainable develop-ment, this implies a need to takeaccount of the carrying capacity ofthe natural environment by imple-menting methods for resource extrac-tion that are viable over the longterm, along with protected area net-works that are representative of thecountry’s biodiversity.

Networks of critical sites The national protected area networksin Cameroon, Gabon and EquatorialGuinea have been improved in thelast ten years. With the exception ofthe last country, they generally lackcoherence and only partially repre-sent the biodiversity of the countriesconcerned. They need to be redesi-gned and extended to form a coher-ent system. This article describes anetwork of “critical sites” for the con-servation of forest biodiversity andforest ecosystems in these countries.

The sites were identified on the basisof criteria concerning their biology,their complementarity, their integrityand the development issues involved.They make up the core of each coun-try’s permanent forest domains. Allmajor forest formations are repre-sented, though in variable propor-tions. They cover the most diversified,biologically original and leastdegraded sites in the sub-region, andthus represent the minimum thatneeds to be preserved to guaranteethe future potential of the sub-region’s forests.

The networks thus defined cover notonly forests but also grassy forma-tions, wetlands, rivers, lakes, lagoonsand so on, so that they represent avery significant proportion of the sub-region’s biodiversity (at least inGabon and Equatorial Guinea, as thesituation in Cameroon is lessfavourable).

The network of critical forest sites cov-ers an area of just over 90 000 km2,representing 11.9% of the land area inthe three countries and 17.5% of theirnatural or degraded dense and mosaicforest. The total area is about 50%greater than the existing extent ofprotected areas, which underlines thegaps in existing national protectedarea systems. This is particularly trueof Cameroon and Gabon ; the parksand reserves network in EquatorialGuinea comes closest to the desirableextent of protected areas in the coun-try.

Protection statusA little less than half the area coveredby the network of critical sites is cur-rently protected under internationallyrecognised measures. About 17% ofthe remaining lands are listed as for-est reserves or inadequately pro-tected, and a little over 35% of thetotal area has no protection status atall. Listing these forests for protec-tion should provide them with a more

demanding legal framework than“ordinary” forests. Their protectionstatus could vary considerablydepending on the relative importanceof the priority conservation objectiveand the secondary objectives con-cerning sustainable uses of forestresources.

Integration within an overall plan is essential Listing sites for protection cannot bethe sole guarantee of good resourcemanagement, however. They have tobe included as a priority in overallspatial planning for the national terri-tory. Government departments incharge of logging, mining, agricultureand infrastructure have to beinformed, so that protected areas areborne in mind during discussions(with all stakeholders) on land usepriorities, when logging or miningconcessions are awarded or whenagricultural or road-building schemesapproved, for example. This wouldhelp to minimise conflicts over landappropriation and use while encour-aging rational management. Placingconservation needs at the core ofsustainable development strategiesis essential for the entire sub-region.

The approach used to identify andselect sites during this project drewon the knowledge and skills availableat the time of the evaluation, and wasdesigned to optimise the ratiobetween results and investmentcosts. Enough data was collected toform a basis for decisions and action.A more detailed approach includingbiological inventories, systematicsocio-economic surveys and moreelaborate statistical processing isbeing developed in Gabon. The newdata should help to validate or invali-date the choices made here, throughan iterative process designed to mon-itor, evaluate and adapt statutory andpolicy measures as well as actions onthe ground.

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