Bodson-Connaissances Zoologiques de l'Antiquité (BAG 1 [2010])

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Zoological thought and knowledge in the Classical World, relation of Man and Animals etc.

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I. LA SCIENCE DANS L’ANTIQUITÉ

LES CONNAISSANCES ZOOLOGIQUES DE L’ANTIQUITÉGRECQUE ET ROMAINE :

APERÇU DE LEURS SPÉCIFICITÉS FONDAMENTALESET DE LEUR ACTUALITÉ

1. Préambule*

Une science organique vouée à l’étude des animaux n’émergepas, en Europe, avant le xviiie siècle de notre ère. Son nomfrançais « zoologie » est issu du néologisme latin créé au xviie, àl’aide de deux racines grecques latinisées, zoo-log-ia (acceptionpremière : « science des substances animales à propriétés thé-rapeutiques »). L’inexistence du terme et de la chose dansl’Antiquité grecque et romaine tient à ce que le système depensée qui prévalait alors n’a pas envisagé les « animaux » ausens que les langues modernes allouent à ce mot lorsqu’ellesvisent la dernière des trois grandes divisions naturelles. Formésur une racine indo-européenne exprimant l’idée de « vivre » etusité (en l’état de la documentation) depuis Hérodote (c. 480-c. 425), le substantif grec neutre ζ�ον (zoion) désigne le« vivant-animé » et se dit au départ, le plus couramment, deceux des « vivants-animés » qui sont périssables, soit les ‘‘ani-maux’’ et les humains. Le latin animal, neutre dérivé du fémi-nin anima « air, souffle », « souffle vital », signifie « être doté dusouffle, être vivant animé (‘‘animal’’ et humain) ». Dans les

Article accepté le 1er mai 2009.* Sauf indication contraire, les dates et repères chronologiques s’entendent

« avant notre ère ». En dehors de l’Histoire des animaux (Balme D., éd., ARIS-TOTLE, Historia Animalium. I : Books I-X : Text, publication préparée parGotthelf A., Cambridge, Cambridge University Press, 2003 [Cambridge Clas-sical Texts and Commentaries, 38]), les textes grecs et latins ont été consultésdans la « Collection des Universités de France » (Paris, Les Belles Lettres), ou, àdéfaut, dans la Loeb Classical Library (Cambridge, Mass., et London, HarvardUniversity Press). Les traductions (sections 2.2 et 5.1-6) sont personnel-les. Photographies des animaux mentionnés : voir <http://environnement.wallonie.be/ong/cnb/ArticlesFond/LBodson/lbodson/html>.

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deux langues, les contextes font saisir quand ζ�ον (zoion) etanimal cessent par endroit, eu égard aux sujets traités, d’êtreinclusifs.

L’absence de la notion « animal en tant qu’être vivant nonvégétal, ne possédant pas les caractéristiques de l’espècehumaine » (Petit Robert, 2007, s. v.) n’a pas empêché les Grecset les Romains de s’intéresser, dès l’origine et sans relâche, auxsortes (moderne : espèces), groupes (moderne : genres) et caté-gories supérieures 1 de « vivants-animés mortels non humains »que la perception sensorielle immédiate, seule possible en leurtemps et pour des siècles après eux, leur faisait découvrir sur laterre, dans les eaux et dans les airs. De ces « autres vivants », ilsn’ont pas uniquement tiré des ressources pour faire face auxbesoins les plus élémentaires. Au fil de leur expérience et de laréflexion qu’elle stimulait, ils ont aussi isolé des critères pourordonner les « animés » immortels et mortels et fixer les normesdu comportement humain individuel et collectif. Les ‘‘ani-maux’’ ont donc joué, de toutes les manières, un rôle préémi-nent dans la vie de la Grèce et de Rome. Les connaissanceszoologiques sans lesquelles il n’aurait pu être et les conceptionsqu’elles sous-tendent sont abordées grâce à trois types de sour-ces. Chacun de ceux-ci, à savoir restes animaux, représentationsvisuelles, écrits documentaires et littéraires, se distingue autantpar ses apports intrinsèques que par sa complémentarité avecles deux autres.

2. Les sources des connaissances zoologiques grecques etromaines

2.1. Les restes archéozoologiques

Les restes archéozoologiques (os, dents, cornes, sabots, arêtes,carapaces, coquilles d’œufs d’oiseaux et de mollusques, exos-quelettes et élytres ; coprolithes et contenus stomacaux) pro-viennent d’animaux sauvages et, davantage, domestiques liés àla présence et l’activité humaines 2. Ils instruisent des innom-brables utilisations qui ont été faites de ces animaux, spéciale-ment dans les conduites alimentaires (avec leurs tabous, modes

1. Bodson, « [Eidos] », 2003, pp. 408-411.2. E. g. De Cupere, Animals, 2001.

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et implications sociologiques), et ils procurent à la paléo-écologie comme à la paléo-économie des matériaux qui seraientsinon hors d’atteinte. La détermination de tels témoignagesrévèle cependant d’abord quelles espèces indigènes ou impor-tées étaient présentes, à quel moment et en quelle proportionsur le site exploré et mène à leur inventaire zoologique (identi-fication) et biologique (âge, taille, robustesse ; formation desraces domestiques et conditions zootechniques : alimentation,entretien et gestion ; état sanitaire et pathologies éventuellesentraînées par les modalités de l’élevage, par les travaux impo-sés au bétail ou par quelque accident). Simultanément, dans lecas des espèces consommées (surtout les mammifères), les tra-ces laissées sur les os par les outils d’abattage et de débitagedévoilent le savoir anatomique des opérateurs. Touchant lesconnaissances zoologiques grecques et romaines, l’archéozoolo-gie enrichit le corpus documentaire d’informations sui generispar lesquelles elle met au contact des réalités naturelles que lesdeux autres sources recréent. Elle offre ainsi, chaque foisqu’images ou textes peuvent être confrontés à la matérialitéostéologique, l’occasion de jauger la part de l’interprétation oul’effet de la transposition dans les productions de l’art et de lalittérature. Le potentiel de la discipline pour l’histoire de la‘‘zoologie’’ antique est esquissé ci-après en trois exemples.

2.1.1. Le tableau de l’exploitation des ressources animalessauvages et domestiques tel qu’il ressort des dépôts fauniquesdes sites mycéniens (IIe millénaire) ne concorde que partielle-ment avec celui qui se dégage des tablettes d’argile en liné-aire B. L’analyse des écarts est toujours en cours. Elle a toute-fois déjà poussé à entamer la réévaluation de la productivité deséleveurs, donc de leurs compétences zootechniques, et la révi-sion des points de vue sur la politique économique au temps desderniers palais 3.

2.1.2. Les canines d’hippopotame (Hippopotamus amphi-bius Linné, 1758), les cornes d’antilope (Alcelaphus busela-phus buselaphus [Pallas, 1766]), les coquilles d’œufs d’autru-che (Struthio camelus Linné, 1758) 4, celles de tridacnes (Tri-dacna maxima f[orma] elongata [Röding, 1798]) exhumés àSamos, dans des dépôts d’offrandes du sanctuaire de la déesse

3. Halstead, « Texts and Bones », 2003.4. Voir ci-dessous, 2.2 ; 4.1.1 avec n. 24 ; 4.1.2.

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Héra datés du viie siècle 5, n’appartiennent pas à des spécimensvivants qui auraient été envoyés au nord de la mer Égée, àl’époque archaïque. Ces trouvailles n’en sont pas moins indica-tives de connaissances, chez des visiteurs du sanctuaire samien,à propos de certains animaux d’Égypte et de la Mer rouge quiont fourni des matières premières à l’art grec longtemps avantd’apparaître eux-mêmes dans la littérature et, pour quelques-uns d’entre eux, d’être amenés sur le sol européen.

2.1.3. Quant aux assemblages de restes de poissons salés deQuseir al-Quadim, terminus sur la Mer rouge de la route traver-sant le désert égyptien oriental à partir de la ville de Coptos,ils prouvent l’acheminement, jusqu’à la période romaine,d’espèces nilotiques que les produits de la mer ne surclassaientpas dans le goût des populations 6.

2.2. Les arts figurés

Qu’ils soient dits mineurs ou majeurs, les arts figurés de laGrèce (dès le monde créto-mycénien, IIe millénaire) et de Romeont puisé une abondante inspiration dans les animaux sauvages(des insectes et autres invertébrés aux mammifères) ou domes-tiques et répondu, par des représentations de tout style, endeux ou trois dimensions, aux préoccupations les plus variées(religieuses, symboliques, magiques, esthétiques, didactiques).Hasard de la transmission ou choix délibéré, tous ceux qui sontnommés et parfois très exactement décrits ne semblent pasavoir été illustrés, tels les mille-pattes terrestres (moderne :classe des Chilopodes), que montrent, de leur côté, les icono-graphies mésopotamienne et égyptienne. Inversement, il en estqui ont été peints, sculptés, moulés ou gravés, mais ne se détec-tent pas (ou plus) dans la littérature, par exemple, les libel-lules 7. En l’état de la documentation, beaucoup sont attestéspar l’art avant de l’être par les textes, sans que le contenunaturaliste et, éventuellement, anthropozoologique du premierait toujours un écho dans les seconds. Ainsi, ceux-ci sont muetssur l’affrontement aérien entre mâles de l’Hirondelle rustique(Hirundo rustica Linné, 1758) pour la défense du territoire

5. Boessneck et von den Driesch, « Reste exotischer Tiere », 1981 ;« Weitere Reste », 1983 ; cf. Lesley Fitton, éd., Ivory, 1992.

6. Van Neer et al., « The Roman Trade », 2006.7. Coutsis, « The Insects », 2000.

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durant la saison de reproduction 8. La scène a cependant étéattentivement scrutée à haute époque. Deux de ses phases agré-mentent la Fresque du printemps (vers ou peu avant le milieu duIIe millénaire) qui ornent les murs d’un bâtiment civil du sited’Akrotiri à Théra (Santorin) 9. L’insecte μ�ντι (mantis), litté-ralement « devineresse », la Mante religieuse (Mantis religiosaLinné, 1758), fut désigné en grec par référence aux desservant(e)sdes oracles chez qui, en particulier, s’observait la posture régle-mentaire ¢ debout, avant-bras et mains levés vers le ciel ¢ de laprière ou de l’invocation aux dieux olympiens 10. Les renseigne-ments entomologiques antiques le concernant sont préservésnon par la littérature, mais par l’art monétaire où il est caracté-risé, ailes déployées, en attitude d’intimidation (Fig. 1).

Fig. 1. Mantis religiosa Linné, 1758.Métaponte. Didrachme d’argent, c. 420. New York, Collection E. T. Newell.D’après Richter Gisela M.A., Animals in Greek Sculpture, New York, Oxford Univer-

sity Press, 1930, pp. 41, no 86 et pl. LXIV, fig. 224. Dessin : Véronique Maes-Hustinx.

Le Dictyoptère était pourtant bien connu au-delà de l’aireoù les monnaies à son effigie ont circulé. Sans cela, le poèteThéocrite (iiie siècle), actuellement seul écrivain à l’évoquer encontexte (Idylles, 10, 18), n’aurait pu faire de la mantis-insecte

8. Suter, « Hirundo rustica », 1985, pp. 438-440 et Abb. 66.9. <http://www.ancient-greece.org/images/museums/athens-aegean/pages-

mus-aegean007.html> (18/12/2008) : vue générale des trois murs ; <http://www.therafoundation.org/wallpaintingexhibition/springfresco/view> (18/12/2008) : mur ouest ; <http://myfavoriteart.wordpress.com/my-favorite-pre-classical-works> (18/12/2008) : photographies 3 (vue générale destrois murs) et 4 (détail des hirondelles affrontées sur le mur nord) ; Harte,« Birds », 2000, pp. 693-695.

10. Davies et Kathirithamby, Greek Insects, 1986, pp. 176-180 ; Beavis,Insects, 1988, pp. 85-88.

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une métaphore de la fille dont était épris le moissonneur Bou-kaios.

Six autruches chevauchées par de jeunes gens défilent, au sond’un double aulos, sur un vase (skyphos) attique de lafin de l’âge archaïque (c. 520-510 ou c. 490-480) 11. Mais niHérodote auquel sont dues les deux premières occurrencesconservées du « ‘petit oiseau’ (στρουθ� [strouthos]) terrestre »ni aucun auteur après lui ne rapportent que l’autruche a servide monture en Grèce, lors de célébrations festives, vers la fin duvie-début du ve siècle. En revanche, le harcèlement des rapacesnocturnes par des oiseaux diurnes et l’emploi, par les oiseleurs,d’une chouette comme leurre pour capturer les passereaux sontfigurés à partir de la première moitié du ve siècle 12 et notés parAristote (Histoire des animaux, VIII [IX], 1, 609a13-16) :« Pendant la journée, même les petits oiseaux volent autour dela chouette, ¢ c’est ce que l’on appelle « l’admirer » ¢, et, en s’enapprochant, lui arrachent des plumes ; voilà pourquoi les oise-leurs chassent avec elle des petits oiseaux de toutes sortes. ». Letour allusif de la double indication implique que les auditeurs-lecteurs étaient pareillement au fait et du comportement deshumains et de celui des oiseaux.

L’art animalier romain n’est pas en reste sur l’art grec. Parmises contributions naturalistes, les fresques et mosaïques dePompéi et des cités voisines forment un ensemble inégalé entreautres pour l’avifaune indigène, l’ichtyofaune méditerranéenne,les mammifères et reptiles d’origine égytienne et africaine 13.

2.3. Écrits documentaires et littéraires

Les sources documentaires consistent en archives privées oupubliques. Pour la Grèce, les plus anciennes sont les relevéscréto-mycéniens de la seconde moitié du IIe millénaire (cf. ci-dessus, 2.1.1). Par la suite, elles se composent d’inscriptions surcéramique, pierre, marbre, bronze (à partir du viiie siècle) etdes écrits sur papyrus (à partir du ive-iiie siècle). La littéra-

11. Museum of Fine Arts, Boston, Gift of the Heirs of Henry Adam, 20.18.Reproduction en noir et blanc : Bodson, « Naming », 2005, p. 467, fig. 1 ; encouleur : Rothwell, Nature, 2007, pl. VII. Voir ci-dessus, 2.1.2 ; ci-dessous,4.1.1 avec n. 24 ; 4.1.2.

12. Cf. Demaret, « La Chouette », 2003, pp. 72-73.13. Cf. Jashemski et Meyer, éd., The Natural History, 2002 (sur les amphi-

biens et les reptiles : Bodson, « Amphibians », ibidem).

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ture, elle, s’ouvre aujourd’hui avec les épopées homériques(c. viiie siècle). Les équivalents latins existent à partir du iiie siè-cle. Divers comme ils le sont, ces textes en vers ou en prosefoisonnent de mentions ponctuelles, brèves ou circonstanciées,réalistes ou imaginées, d’animaux sauvages et domestiques. Desexposés suivis sur plusieurs d’entre eux se trouvent, davantageen grec qu’en latin (sauf pour la zootechnie), dans les manuels dechasse, pêche, météorologie, iologie (science des venins) et phar-macologie, zootechnie et médecine vétérinaire. Deux œuvrescapitales, l’une philosophique, l’autre inscrite dans le premierprojet encyclopédique occidental, procèdent d’une démarcheplus globale. Les traités et les opuscules dits ‘‘zoo- et biologi-ques’’ d’Aristote (384-322) sont consacrés à l’étude comparativedes différences (au-delà des particularités individuelles) parlesquelles se définit l’« essence-substance » (ο�σ�α [ousia]) dessortes, groupes et catégories d’« animés mortels » tant sauvagesou domestiques (du côté des ‘‘animaux’’) qu’humains 14. Cetensemble, soit un tiers environ du corpus aristotélicien en sonétat actuel, comprend (traduction française traditionnelle desintitulés) la Génération des animaux (5 livres), l’Histoire desanimaux (10 livres), la Marche des animaux (1 livre), le Mou-vement des animaux (1 livre), les Parties des animaux (4 livres),et neuf opuscules sur des questions de biologie comparée ou depsychologie, qui sont réunis par les éditeurs modernes sous letitre Parva naturalia (Petits textes naturalistes). Aristote y faitappel, comme il le précise, au savoir des chasseurs, pêcheurs, oise-leurs, éleveurs et gardiens du bétail, apiculteurs, vétérinaires, àcôté de tout ce que lui ont inculqué ses lectures intensives(d’Homère à Hérodote, d’Alcméon à Démocrite) et ses observa-tions personnelles recueillies sur le terrain ou obtenues pardissection-vivisection (voir ci-dessous, 5.1.3).

Huit des 37 livres conservés de l’Histoire naturelle de Plinel’Ancien (né c. 23-mort le 24/08/79 de notre ère) sont affectésaux ‘‘animaux’’ et plusieurs des 29 restants leur font une largeplace. Les livres VIII à XI ont pour objet les sauvages et lesdomestiques, les livres XXVIII à XXXII détaillent les substan-ces pharmacologiques que l’on extrait d’une multitude d’entreeux (des invertébrés aux mammifères). L’information livresquelatine et étrangère, à commencer par les textes grecs en têtedesquels viennent ceux d’Aristote, y est prépondérante. Elle

14. Bodson, « [Ousia] », 2008 ; cf. Zucker, Aristote, 2005, pp. 169-210.

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n’exclut, cela étant, ni les témoignages oraux ni l’investigationpersonnelle (voir ci-dessous, 5.6.3 ; 5.6.4). Dans cette partie del’Histoire naturelle, Pline réprouve certaines façons d’user desanimaux ou de leurs produits. Il s’exprime là-dessus, commed’autres de ses concitoyens avant et après lui, au nom des vertusromaines ancestrales, mais il laisse en outre percer quelqueempathie envers les animalia victimes de pratiques prédatriceset de comportements qui n’étaient, à son sens, justifiables ni parles exigences du luxe ni par le sensationnalisme des spectaclespublics 15.

La documentation textuelle antique est encore étoffée parceux de ses éléments originaux que seules sauvegardent, en plusd’une foule de parallèles, les littératures latine médiévale (parexemple, Isidore de Séville [c. 560-636], Étymologies) et byzan-tine (par exemple, Eustathe de Thessalonique [c. 1115-1195/7],Commentaires à l’Iliade d’Homère et Commentaires à l’Odys-sée d’Homère 16).

3. Cadre géographique et chronologique

L’espace dans lequel se distribuent les animaux sauvages oudomestiques connus des Grecs et des Romains s’est finalementétendu de la (Grande-)Bretagne jusqu’au-delà (au moins) de lacinquième cataracte du Nil et de la Péninsule ibérique jusqu’àl’Indus. Chronologiquement, selon la périodisation en vigueur,les données accumulées à leur sujet s’étalent entre le IIe millé-naire avant notre ère et le ve siècle de celle-ci.

4. Dénomination descriptive, description comparative

4.1. Dénomination descriptive

4.1.1. Les noms des animaux en grec 17

Les noms grecs des animaux sont, les uns, d’origine indo-européenne (�ο� [bous] bœuf, �ππο [hippos] cheval, ...).D’autres émanent de parlers méditerranéens (σκολ�πενδρα [sko-

15. Bodson, « Le témoignage de Pline l’Ancien », 1997.16. Pour un exemple, cf. Bodson, L’interprétation, 2009, pp. 200-203, 216-

219.17. Skoda, « Principes », 1997 (présentation générale des principes linguis-

tiques).

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lopendra] scolopendre, mille-pattes) ou sont empruntés auxlangues des peuples surtout orientaux par lesquels les Grecs ontappris à connaître des animaux étrangers à leur faune, (parexemple) l’éléphant �λ�φα [elephas] asiatique (moderne : Ele-phas maximus Linné, 1758) et africain (moderne : Loxodontacyclotis Matschie, 1900) 18, les camélidés (κ�μηλο [kamelos] ;moderne : Camelus gen.), le paon (τα� [taos] ; moderne :Pavo cristatus Linné, 1758) qu’ils ont importé et acclimaté enEurope 19, tandis qu’ils ont dû à l’ibère, via le latin (voirci-dessous, 4.1.2 avec n. 36), κ(ο)�νικλο ou κ�νικλο [kuniklos],le terme réservé au Lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus[Linné, 1758]). Simples, composés ou périphrastiques, beau-coup de zoonymes ont été créés par référence à des traits perçuscomme distinctifs. La morphologie est à la base de la dénomina-tion d’animaux indigènes : par exemple, δασ�που [dasupous]« patte velue », le Lièvre européen (Lepus europaeus Pallas,1778), autrement dit λαγ� [lagos] « oreille flasque » (voirci-dessous, n. 36 [Bodson] ; 5.4.1 ; 5.5.1) ; λευκερ!δι� [leuke-roidios] littéralement « héron blanc » soit, selon les contextes,Spatule blanche (Platalea leucorodia Linné, 1758) ou Aigrettegarzette (Egretta garzetta [Linné, 1758]) 20 ; πολ�που [polu-pous] « multi-patte » poulpe (Octopus gen., Eledone gen.) 21, etd’espèces étrangères : par exemple, "σπ� [aspis] « bouclier »,Cobra égyptien (Naja haje [Linné, 1758]) en Égypte et, enInde, Naja à lunettes (Naja naja [Linné, 1758]) 22 ; κερ�στη[kerastes] « cornu » Vipère à cornes (Cerastes cerastes [Linné,1758]) d’Égypte et Afrique du Nord 23 ; στρουθοκ�μηλο[strouthokamelos] « (petit) oiseau à allure de chameau/droma-daire » Autruche (voir ci-dessus, 2.2) 24 ; καμηλοπ�ρδαλι[kamelopardalis] « chameau/dromadaire (à marquage de) léo-pard » Girafe (Giraffa camelopardalis [Linné, 1758]) 25 ; #ππ�-τιγρι [hippotigris] « cheval (à marquage de) tigre » Zèbre de

18. Scullard, The Elephant, 1974, pp. 23-31.19. Bodson, « Contribution », 1998, pp. 166-177 ; en dernier lieu, Arnott,

Birds, 2007, pp. 235-238.20. En dernier lieu, Arnott, Birds, 2007, p. 132.21. Bodson, « [Ousia] », 2008, pp. 313-314.22. Bodson, « Naming », 2005, pp. 461-462.23. Bodson, « Naming », 2005, p. 458.24. Bodson, « Naming », 2005, pp. 464-467 ; en dernier lieu, Arnott, Birds,

2007, pp. 228-231.25. Bodson, « Naming », 2005, pp. 463-464.

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Grévy (Equus grevyi Oustalet, 1882) 26. Le comportement a,lui aussi, inspiré de nombreuses appellations : à titre d’exem-ples, mantis (voir ci-dessus, 2.2) ; κ�κκυξ [kokkux] « coucou »(onomatopée du cri du) Coucou gris (Cuculus canorus Linné,1758) 27 ; (par transfert du nom de l’oiseau) χελιδ�ν [cheli-don] « hirondelle (de mer) » (Exocoetus volitans Linné, 1758,Exocet ; secondairement Dactylopterus volitans [Linné, 1758],Dactyloptère) 28. Le critère est zoogéographique dans lesexpressions Φασιαν' (ρνι [Phasianos ornis] « oiseau duPhase [fleuve de Colchide, aujourd’hui le Rioni ou Rion,Géorgie occidentale, aboutissant à la Mer noire] » (Phasianuscolchicus Linné, 1758, Faisan) 29, Περσικ' (ρνι [Persikosornis] « oiseau de Perse » : selon les contextes, le coq Gallusgallus f(orma) domestica (ancêtre sauvage Gallus gallus ban-kiva Temminck, 1813) ou le paon que les Grecs ont découvertsnon pas d’emblée dans leur milieu naturel (le monde indien),mais par l’intermédiaire des Perses. Tandis qu’ils ont maintenuau paon son nom indigène (voir ci-dessus), ils en ont inventé un,à connotation éthologique, pour le coq : "λ�κτωρ, "λεκτρυ�ν[alektor, alektruon], littéralement le « combatif » 30.

4.1.2. Les noms des animaux en latin

Quand ils ne sont pas indo-européens (bos bœuf, equus che-val, ...), les noms latins des animaux obéissent aux mêmes princi-pes que les noms grecs : morphologie (par exemple, perna littéra-lement « jambonneau » Pinna nobilis Linné, 1758, Jambonneaude mer 31, le plus grand des Bivalves méditerranéens dont lacoquille fichée dans le fond marin a la silhouette de ce quartier duporc ; sturnus « étoilé » Sturnus vulgaris Linné, 1758, Étourneausansonnet, par référence au plumage d’hiver de l’oiseau 32) ;

26. Ibidem.27. Bodson, « L’apport », 1982 ; en dernier lieu, Arnott, Birds, 2007,

pp. 102-103. Ci-dessous, 5.3.1.28. Lacroix, « Noms », 1937, pp. 276-279 ; Thompson, A Glossary, 1947,

pp. 285-287.29. Bodson, « Contribution », 1998, pp. 149, 164 ; en dernier lieu, Arnott,

Birds, 2007, pp. 186-187.30. Bodson, « Contribution », 1998, pp. 149-150, 164, 177 ; en dernier lieu,

Arnott, Birds, 2007, pp. 9-11.31. De Saint-Denis, Le vocabulaire, 1947, p. 87 ; Peurière, La pêche, 2003,

pp. 38, 137.32. André, Les noms, 1967, pp. 147-148 ; Capponi, Ornithologia, 1979,

pp. 473-475 ; Arnott, Birds, 2007, pp. 199-200.

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comportement (par exemple, turtur onomatopée du roucoule-ment des tourterelles Streptopelia turtur [Linné, 1758], Tourte-relle des bois, et Streptopelia decaocto [Frivaldsky, 1838], Tour-terelle à collier) 33 ; zoogéographie (par exemple, Africanagallina, Numidica gallina « poule d’Afrique, poule de Numi-die », la Pintade à barbillons rouges d’Afrique occidentale,Numida meleagris galeata Pallas, 1767) 34. Les empruntsn’ont pas manqué non plus : au gaulois, alauda (en taxinomiemoderne, deux espèces de genres différents dans la famille desAlaudidae soit, selon les contextes, Alauda arvensis Linné,1758, Alouette des champs, et Galerida cristata [Linné, 1758],Cochevis huppé) 35 ; à l’ibère, cuniculus (Oryctolagus cunicu-lus [Linné, 1758], Lapin de garenne) 36 ; au germanique, urus(Bos primigenius Bojanus, 1827, Aurochs ; voir ci-dessous,5.6.1). Les plus nombreux cependant sont translittérés ou adap-tés du grec (voir ci-dessus, 4.1.1) : (exemples) aspis, cerastes,attagen le francolin (voir ci-dessous, 5.4.2), etc., etc., certainsd’entre eux de type « savant » tels camelopardalis, elephantus(elephans, elephas), struthocamelus remplaçant ou occultantles noms « communs » primitifs : Luca bos « bœuf de Lucanie »(éléphant), ovis fera « brebis sauvage » (girafe), passer marinus« (petit) oiseau marin » (autruche).

4.2. Description comparative

En latin comme en grec, quantité de zoonymes véhiculent unparamètre d’identification transparent pour les anciens. Ilexplique que les auteurs se sont habituellement fiés auxconnaissances préalables de leur public et abstenus d’insérer unsignalement des animaux qu’ils citaient. Même bref, il étaitsuperflu. Là où une description s’est avérée nécessaire, elle a été

33. André, Les noms, 1967, p. 158 ; Capponi, Ornithologia, 1979, pp. 499-504 ; Arnott, Birds, 2007, pp. 249-251.

34. Les Grecs connaissaient la Pintade à barbillons bleus d’Afrique orien-tale, Numida meleagris meleagris (Linné, 1758) au minimum depuis le ve siè-cle. Cf. Bodson, « Contribution », 1998, pp. 164, 166 ; en dernier lieu, Arnott,Birds, 2007, pp. 138-140.

35. André, Les noms, 1967, pp. 24-25 ; Capponi, Ornithologia, 1979,pp. 47-50 ; Arnott, Birds, 2007, pp. 116-118.

36. Bodson, « L’expansion », 1978, pp. 74-75. Les données archéozoologi-ques aujourd’hui disponibles n’ont pas confirmé jusqu’ici les indications zoo-géographiques livrées par certains témoignages textuels antiques sur le Lapinde garenne. Voir Callou, De la garenne, 2003, pp. 249-250.

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faite, le plus souvent, par comparaison avec un ou plusieursanimaux de référence dont le nom communiquait, avec leuridentité, la ou les particularités diagnostiques appropriées à lacaractérisation morphologique ou comportementale de celuiqu’il s’agissait de faire connaître ou reconnaître sans équivoque(voir ci-dessous, 5.4.2 ; 5.6.1). La récurrence du procédé mani-feste l’ampleur du bagage naturaliste des auditeurs-lecteurs. Ils’ensuit que, sauf pour des animaux exotiques d’Afrique,d’Asie ou du Nord de l’Europe, les écrits ¢ comme aussi lamajorité des représentations visuelles ¢ ne renferment pas oupeu d’indices sur la chronologie de l’acquisition des connaissan-ces zoologiques. Ils marquent le terminus à partir duquel ellessont accessibles aux modernes.

5. Teneur des connaissances zoologiques grecques et romaines

Les connaissances zoologiques grecques et romaines tou-chent à des aspects qui ressortissent aux branches suivantes dela zoologie et de la biologie animale et comparée modernes :(alphabétiquement) anatomie (voir 5.1), biologie (voir 5.2),éthologie (voir 5.3), morphologie (voir 5.4), physiologie (voir5.5), zoogéographie (voir 5.6). L’échantillonnage par lequel ilssont illustrés ci-après réunit des exemples littéraires choisispour rendre compte (au total) des cinq classes du règne animal(animaux domestiques inclus, conformément à la perspectiveantique) et suggérer la diversité de fond et de forme de latroisième source où, par force, Aristote et Pline l’Ancien prédo-minent. Des renvois internes la croisent avec les deux autres(ci-dessus, 2.1-2) à propos de thèmes qu’elles ont en commundans les pages qui précèdent. Quand le témoignage retenu n’estpas un hapax, il est toujours le plus ancien.

5.1. Données anatomiques 37

5.1.1. Mammifères terrestres domestiques

À lui seul, l’adjectif composé homérique ε+λ�-που [eili-pous]vaut une séquence cinématographique filmée au ralenti. Ildépeint en effet, avec une économie de moyens que les langues

37. Voir aussi ci-dessus, 2.1.

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modernes ¢ ni le latin avant elles ¢ ne réussissent à égaler, ladémarche (induite par l’anatomie fonctionnelle des Bovidés)des vaches non sélectionnées (au sens actuel du terme) en lac-tation 38.

Homère (c. viiie siècle), Iliade, VI, 424 :

les vaches [littéralement] ‘qui-tournent-leurs-pieds-(postérieurs)-en-un-mouvement-hélicoïdal’ (ε+λ�ποδε [eilipodes]).

5.1.2. Oiseaux

L’anatomie des deux bipèdes : l’oiseau et l’être humain,si différente que soit l’ousia (« essence-substance » ; voirci-dessus, 2.3) de leur bipédie (cf. Parties des animaux, I, 3,643a3-4), conduit Aristote à comparer leurs membres infé-rieurs et supérieurs, lorsqu’il approfondit les mécanismes de lalocomotion. En P.A., IV, 12, il ne renvoie pas aux Dessinsanatomiques (7 livres, non conservés) qui accompagnaient sestraités sur les zoia. Les deux figures reproduites côte à côteci-après (Fig. 2) ont été insérées par Pierre Belon duMans (c. 1517-1564 ou 1565) dans son chapitre de « L’anatomiedes ossements des oyseaux ... & de l’homme », étroitement tri-butaire de l’analyse aristotélicienne.

Aristote, Parties des animaux, IV, 12, 693a26-b15 :

Au lieu des bras et des membres antérieurs, les oiseaux ont lesailes, partie qui leur est propre. ... Ils ont deux jambes, commel’être humain, qui se plient en dedans comme celles des quadru-pèdes et non en dehors comme celles de l’humain. ... L’oiseauest, de nécessité, bipède, car son ousia (« essence-substance »)est celle des sanguins, en même temps qu’il est ailé, et lessanguins ne se meuvent pas par plus de quatre points d’appui.Donc les parties attachées au corps sont quatre chez les oiseauxcomme chez les autres sanguins qui sont terrestres et quimarchent, mais ceux-ci disposent de bras et de jambes,quatre membres en tout ; chez les oiseaux, au lieu des membresantérieurs ou bras, le trait propre est leurs ailes. ... Ainsi eneffet, ils se déplaceront, ailes comprises, par quatre pointsd’appui.

38. Bodson, « Un trait d’anatomie », 2005.

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Fig. 2. « Portraict de l’amas des os humains » et « Portraict des os de l’oyseau ».Belon du Mans P., L’Histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions, & naïfs

portraicts, Paris, Guillaume Cavellat, 1555, pp. 40-41.

5.1.3. Reptiles

L’anatomie du caméléon (χαμαιλ�ων ; moderne : à Samos[Crète et Chios ?], Chamaeleo chamaeleon [Linné, 1758] et, auS-O du Péloponnèse, Chamaeleo africanus Laurenti, 1768 39)est décrite par Aristote en lien avec celle des autres lézards. S’iln’a pas effectué lui-même la dissection du spécimen (ou desspécimens ?) qui est en cause au chapitre II, 11 de l’Histoiredes animaux, elle a, semble-t-il, été accomplie sous ses yeux.

Aristote, Histoire des animaux, II, 11, 503b11-27 :L’œsophage et la trachée-artère du caméléon sont disposés de lamême façon que chez les lézards. Il n’a de chair nulle partexcepté vers la tête et aux joues où il est un peu charnu et auxalentours de l’extrémité de la racine de la queue. Il n’a de sangqu’autour du cœur, des yeux, dans la zone au-dessus du cœur etdans les petits vaisseaux, autant qu’ils sont, qui partent de cesendroits-là, encore n’y est-il qu’en quantité tout à fait faible.Quant au cerveau, il se trouve un peu plus haut que les yeux,il leur est contigu. Si on enlève tout autour la peau qui les

39. Arnold et Ovenden, A Field Guide, 2002, pp. 119-120 et pl. 19, 2-3 ;Valakos et al., The Amphibians, 2008, pp. 219-226.

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enveloppe extérieurement, à travers eux se voit une sorte d’élé-ment circulaire brillant comme un mince anneau de bronze. Surpresque toute la surface du corps du chaméléon, s’étendent denombreuses membranes solides et dépassant de beaucoup (ennombre et solidité) celles qui enveloppent le reste des animaux.Ouvert d’une extrémité à l’autre, il continue à respirer pendantun long temps tandis qu’un léger mouvement subsiste encoredans la région du cœur, et une contraction se produit en particu-lier dans celle des flancs, mais aussi néanmoins dans les autresparties du corps. Il n’a nulle part de rate apparente.

5.2. Données biologiques

5.2.1. Mammifères terrestres domestiques

Les restes archéozoologiques (voir ci-dessus, 2.1) font décelerles effets de la sélection sur la taille et la robustesse du bétail (lestrouvailles d’os étant moins rares dans le monde gréco-romainque celles de peaux et de toisons). Columelle (ier siècle de notreère), lui-même éleveur averti, a enregistré une expérience de« sélection génétique » ovine en vue d’améliorer les qualités dela laine.

Columelle, Économie rurale, VII, 2, 4-5 :

L’expérience a aussi enseigné à produire une autre gamme decouleurs chez cette sorte de bétail. En effet, lorsque des bélierssauvages et agressifs d’une couleur magnifique furent importés,avec d’autres bêtes, d’une région de l’Afrique toute proche dansla cité municipale de Gadès [= Cadix] à l’intention des organisa-teurs des spectacles publics, mon oncle Marcus Columella,homme d’un esprit subtil et éminent producteur agricole, enacheta quelques-uns et les transporta dans son exploitation.Quand il les eut apprivoisés, il les accoupla à des brebis ‘revê-tues’ [c’est-à-dire couvertes par les bergers de manteaux pro-tecteurs de leur laine fine]. Elles donnèrent d’abord desagneaux à laine grossière, mais de la couleur de leur géniteur.Quand, par la suite, ces sujets eurent eux-mêmes été accouplésà des brebis de Tarente, ils engendrèrent des béliers à toisonplus fine. Tout ce qui naquit de ceux-ci ultérieurement conser-va le moelleux de la laine maternelle et les couleurs de celle despères et grands-pères. De la sorte, disait Columella, l’aspectextérieur propre aux bêtes sauvages, quel qu’il fût, était rendudans le cours de la descendance, tandis que leur sauvagerie étaitatténuée.

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5.2.2. Poissons

En évoquant l’influence du climat et du milieu sur la santédes poissons et des autres animaux aquatiques, Aristote abordedes points qui relèvent aujourd’hui de la bio-écologie (et simul-tanément, le plus souvent, de la zoogéographie ; autres exem-ples : cf. 5.4.1 ; 5.6.2).

Aristote, Histoire des animaux, VII (VIII), 19, 601b9-10,16-28 ; 602a15-18 :

La très grande majorité du groupe des poissons est en meilleuresanté, comme on l’a dit précédemment, dans les années pluvieu-ses, car non seulement ils ont alors davantage de nourriture,mais aussi, de façon générale, le climat pluvieux leurconvient. ... La preuve en est également dans le fait que la trèsgrande majorité des poissons émigrent vers le Pont [= Mernoire] pour y passer l’été, car en raison du grand nombre defleuves (qui s’y jettent), l’eau y est plus douce et les fleuves ycharrient une nourriture abondante. ... Les lieux contribuentpour chaque sorte de poissons à sa santé, ceux d’entre eux quisont, par nature, ou littoraux ou de haute mer vivent ou d’uncôté ou de l’autre, ceux qui sont faits pour les deux dans lesdeux. Il y a aussi des lieux propres à chaque sorte dans lesquelselle se porte bien.

5.3. Données comportementales

5.3.1. Oiseaux

D’observation aussi ancienne, peut-on croire, que l’huma-nité, les mouvements migratoires saisonniers des oiseaux, enl’occurrence ici les Grues cendrées (γ�ρανοι [geranoi] ;moderne : Grus grus [Linné, 1758]) 40, ont suscité une compa-raison homérique. L’importance du repère calendaire qu’estleur passage pour les activités agricoles fut soulignée un peuplus tard par Hésiode (c. 700), Travaux et jours, 448-451.

Homère, Iliade, III, 2-5 :Les Troyens avançaient, avec cris et appels comme en font lesoiseaux, comme devant le ciel s’entend le cri des grues qui, lorsdonc qu’elles ont fui l’hiver et l’indicible pluie, s’envolent àgrands cris vers les flots d’Océan.

40. En dernier lieu, Arnott, Birds, 2007, pp. 52-54.

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Le parasitisme caractéristique du comportement reproduc-teur du Coucou gris (κ�κκυξ [kokkux], voir ci-dessus, 4.1.1 avecn. 27 ; Cuculus canorus Linné, 1758) a donné matière à desaffirmations et des spéculations contradictoires. Aristote enénumère et corrige quelques-unes au livre VI de l’Histoire desanimaux (il y revient en VIII [IX], 29, 618a8-30).

Aristote, Histoire des animaux, VI, 8, 563b29-564a2 :

On prétend que des petits du coucou personne n’en a jamais vu.En réalité, le coucou pond, mais sans s’être fait de nid. Quelque-fois, il dépose sa ponte dans celui des oiseaux plus petits aprèsavoir dévoré leurs œufs, mais surtout dans celui des petitsramiers (?), après avoir dévoré leurs œufs. ... Il pond rarementdeux œufs, la plupart du temps un seul (par nid). Il pond aussidans le nid de l’hupolaïs. Elle couve et élève l’oisillon.

5.3.2. Poissons

Les soins parentaux du mâle du γλ�νι [glanis] (Silurus aris-totelis [Agassiz, 1857]) 41, Siluridé de l’Achéloos (fleuve d’Éto-lie, N-O de la Grèce continentale), à sa ponte, tels qu’ils ont étédiscernés et relatés dans l’Antiquité grecque, ont été confirmésà partir du xixe siècle de notre ère.

Aristote, Histoire des animaux, VIII (IX), 37, 621a20-b2 :

Parmi les poissons d’eau douce, le silure mâle prend grand soinde ses petits, car la femelle s’éloigne dès qu’elle a pondu, tandisque le mâle stationne à l’endroit où se concentre la majeure partiedu frai et garde les œufs ; son assistance consiste exclusivement àécarter les autres petits poissons afin qu’ils ne dérobent pas saprogéniture. Et il fait cela pendant quarante ou cinquante jours,jusqu’à ce qu’elle ait grandi et soit capable d’échapper par lafuite aux autres poissons. Les pêcheurs connaissent le lieu où ilest en train de monter la garde, car en écartant les petits pois-sons, il bondit et émet un bruit ou grognement. Il reste près deses œufs avec tant d’attachement que les pêcheurs à chaque fois,si les œufs sont fixés à des racines profondes, les amènent autantqu’ils peuvent en direction de la surface. Lui pareillementn’abandonne pas sa progéniture, mais si le hasard le veut, il estvite pris à l’hameçon, car il happe tous ceux des petits poissonsqui s’approchent ; s’il est expérimenté et a déjà mangé l’hame-çon, il ne la laisse pas non plus ainsi, il détruit les hameçons enles mordant de ses dents qu’il a très dures.

41. Thompson, A Glossary, 1947, pp. 43-48.

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5.4. Données morphologiques

5.4.1. Mammifères terrestres sauvages

La différence de taille du lièvre λαγ� ([lagos], voir ci-dessus, 4.1.1 ; Lepus europaeus Pallas, 1778) selon qu’il estcontinental ou insulaire est consignée par le chasseur qu’était,entre autres activités, Xénophon (c. 430-c. 355). Il assortit leconstat de remarques bio-écologiques (autres exemples :cf. 5.2.2 ; 5.6.2) sur l’accroissement des populations de cegibier lorsque son milieu de vie le met à l’abri de ses principauxprédateurs (à leur sujet, voir 5.5.1).

Xénophon, Cynégétique, 5, 22 :

Les sortes de lièvres sont au nombre de deux : les grands sontd’une couleur tendant vers le noir et ont la tache blanche dufront grande, les plus petits sont roussâtres, avec la tache blan-che petite. Ces derniers se trouvent dans la majorité des îles,tant les désertes que celles qui sont habitées ; ils y sont en plusgrand nombre que sur le continent, car dans la majorité d’entreelles, il n’y a ni renards qui les attaquent, eux et leurs petits,pour les enlever ni aigles. Les grands se trouvent dans les mon-tagnes plus que les petits.

5.4.2. Oiseaux

Pour dépeindre la bécasse ("σκαλ�πα [askalopas] ; Scolo-pax rusticola [Linné, 1758]) 42, Aristote recourt à la descriptioncomparative (autre exemple : cf. 5.6.1 ; en anatomie : cf. 5.1.3).

Aristote, Histoire des animaux, VIII (IX), 26, 617b23-26 :

La bécasse ... par sa taille, elle vaut une poule, son bec est long,sa couleur est celle du francolin [= Tetrao francolinus (Linné,1766) 43].

5.4.3. Reptiles

Dans son catalogue des serpents venimeux, Nicandre(iie siècle) différencie (Thériaques, 209-218) « les vipères (,χει[echeis]) européennes » (c’est-à-dire essentiellement de Grècecontinentale) des « vipères asiatiques » (c’est-à-dire d’Asie

42. En dernier lieu, Arnott, Birds, 2007, p. 17.43. En dernier lieu, Arnott, Birds, 2007, pp. 18-19.

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mineure) par leur « taille inférieure » et l’un de leurs attributsdiagnostiques primaires.

Nicandre, Thériaques, 212-213 :

à l’extrémité des narines, elles sont cornues.

Ce trait identifie, sans discussion, la vipère grecque toujoursla plus commune aujourd’hui, soit (en terminologie moderne)Vipera ammodytes meridionalis Boulenger, 1903, sous-espècede Vipera ammodytes (Linné 1758), la Vipère ammodyte ouVipère des sables (Fig. 3) 44.

Fig. 3. Vipera ammodytes (Linné, 1758) femelle.D’après Arnold E. N. et Burton J. A., A Field Guide to the Reptiles and Amphibians

of Britain and Europe, illustrations de D. W. Ovenden, 1re éd., London, Collins, 1978,pl. 40, 3a. Dessin : Véronique Maes-Hustinx.

5.5. Données physiologiques

5.5.1. Mammifères terrestres sauvages

Parmi les questions de physiologie, celles qui sont relativesaux processus de la reproduction ont été signalées pour beau-coup d’animaux et, si possible, interprétées. Ainsi est-il apparuque le phénomène de la superfétation était la contrepartie dela faiblesse naturelle du lièvre (Lepus europaeus Pallas, 1778 ;cf. ci-dessus, 4.1.1 ; 5.4.1).

44. Bodson, L’interprétation, 2009, pp. 91-95, 99-104 et pl. I.

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Hérodote, Enquêtes, III, 108, 2 :

La prévoyance divine dans sa sagesse, comme on est fondé à lepenser, a créé prolifiques tous ceux qui sont timides de tempéra-ment en même temps que consommables, afin qu’ils ne soientpas éradiqués à force d’être mangés. ... C’est parce qu’il estchassé par tout un chacun, bête de proie, oiseau et humain, quele lièvre est tellement prolifique : seule de tout le règne animal,la hase conçoit étant pleine, et des petits couverts de poils sontdans son abdomen, tandis que d’autres embryons sont encoreglabres, que d’autres se façonnent dans son sein, d’autres sonttout juste conçus.

5.5.2. Lépidoptères

Des chrysalides et des imagos de Lépidoptères ont été figurésdès l’art créto-mycénien. Le cycle en quatre phases des papil-lons est exposé par Aristote. Les trois dernières sont gravées,pour un papillon hétérocère, sur une cornaline du ier siècle 45.

Aristote, Histoire des animaux, V, 19, 551a13-24 :

Ceux qu’on appelle papillons (ψυχα� [psuchai]) viennent deschenilles (κ�μπαι [kampai]) qui naissent sur les feuilles ver-tes ... c’est d’abord moins qu’un grain de millet, puis de petiteslarves (σκ�ληκε [skolekes]) qui grandissent, ensuite, ¢en troisjours¢, de petites chenilles ; après cela, quand leur croissanceest achevée, elles restent immobiles, se métamorphosent et sontappelées chrysalides (χρυσαλλ�δε [chrusallides]). ... Peu detemps s’écoule avant que le fourreau se déchire et il en sort desêtres ailés que nous appelons papillons.

5.6. Données zoogéographiques

5.6.1. Mammifères terrestres sauvages

Les chapitres ethnographiques de la Guerre des Gaules sontsuspectés d’inauthenticité. Quelle qu’ait été l’identité de leurauteur, l’un d’eux renferme la première notice latine conservéesur un des hôtes marquants de la forêt hercynienne : l’Aurochs(urus ; voir ci-dessus, 4.1.2) Bos primigenius Bojanus, 1827,par ailleurs ancêtre sauvage (éteint, en Pologne, au début duxviie siècle) du Bœuf domestique. Celui-ci intervient, comme

45. Vollenweider, DELICIAE, 1984, p. 71, no 106 ; Davies et Kathiri-thamby, Greek Insects, 1986, p. 101, fig. 22.

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référence morphologique, dans la description comparative(autre exemple : cf. 5.4.2 ; en anatomie : cf. 5.1.3).

César, Guerre des Gaules, VI, 28 :(Dans la forêt hercynienne) la sorte de ceux qu’on appelleaurochs est la troisième [VI, 26 : des bêtes sauvages qui diffè-rent le plus des autres et paraissent le plus mériter d’être men-tionnées]. Ils sont d’une taille un peu inférieure à celle deséléphants et de l’aspect, la couleur et l’allure du taureau.Grande est leur force, grande leur rapidité et ni l’être humain nila bête qu’ils ont aperçus ils ne l’épargnent. On met son ardeur àles capturer dans des fosses où on les abat. ... Les cornes, quisont ardemment convoitées, on en pare d’argent le pourtour eton les utilise en guise de coupes dans les très grands festins.

5.6.2. Mammifères terrestres domestiques

L’exemple de l’âne ((νο [onos] ; Equus asinus Linné, 1758)est invoqué à plusieurs reprises par Aristote pour mettre enlumière l’incidence des conditions climatiques régionales oulocales sur la distribution géographique.

Aristote, Histoire des animaux, VII (VIII), 28, 606b2-5 :En maints endroits, le climat est aussi responsable (de la dis-tribution et de la condition des animaux), par exemple enIllyrie [= N-E de l’Adriatique], en Thrace [= N de l’Égée] eten Épire [= N-O de la Grèce], les ânes sont petits ; enScythie [= territoire entre Danube et Volga] et en Gaule, il n’yen a pas du tout, car ces régions ont des hivers rigoureux.

5.6.3. Oiseaux

Une part des indications de Pline l’Ancien sur les mammifè-res et les oiseaux les plus notables des Alpes paraît venir deconstatations personnelles 46. Il a, en tout cas, dû tester surplace la qualité gustative du Lagopède dont il sait qu’il estmalaisé d’en manger hors de la région où il vit, « parce qu’il netolère pas la captivité et que sa chair se dégrade très vite ».

Pline l’Ancien, Histoire naturelle, X, 133 :Sont propres aux Alpes le pyrrhocorax (moderne : Pyrrhocoraxgraculus [Linné, 1766], Chocard) 47, oiseau noir au bec jaune,

46. Bodson, « Aspects », 1986, pp. 103-104 ; « La zoologie », 1987, pp. 112-114.47. André, Les noms, 1967, p. 135 ; Capponi, Ornithologia, 1979, pp. 437-

438 ; Arnott, Birds, 2007, pp. 206-207.

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et le lagopus (moderne : Lagopus mutus [Montin, 1776], Lago-pède) 48 d’une saveur exquise. ... Le préfet Egnatius Calvinus arapporté qu’il avait vu de ses yeux dans les Alpes un ibis propreà l’Égypte 49.

5.6.4. Poissons

La connaissance de la distribution des animaux marins (per-manente ou saisonnière selon les sortes ; cf. 5.2.2) dans la Médi-terranée, le Bosphore et le Pont-Euxin (moderne : Mer noire),la Mer rouge ou l’Océan indien n’a pas été moins grande à Romequ’en Grèce. Dès la fin de la République romaine, elle a abouti àla « gestion » des espèces appréciées pour leurs qualités gastro-nomiques et, partant, économiques.

Pline l’Ancien, Histoire naturelle, IX, 62-63 :Aujourd’hui, la primauté revient au scarus (moderne : Spari-

soma cretense [Linné, 1758], Perroquet de mer) 50 très fréquentdans la Mer carpathienne [entre les îles de Crète et de Rhodes].Jamais il ne franchit de lui-même le promontoire de Lectum[= Baba burun] en Troade [N-O de la Turquie d’Asie]. De là,sous le règne de Claude [41-54], Optatus, l’un de ses affranchis,préfet de la flotte, fit éparpiller entre la côte d’Ostie et celle deCampanie des perroquets de mer qui s’y répandirent. Pendantprès de cinq ans, on prit soin de remettre à l’eau les spécimenscapturés. Depuis lors, on en trouve fréquemment le long du litto-ral de l’Italie, où l’on n’en capturait pas auparavant. La gourman-dise se procure des saveurs avec des semis de poissons et a donnéun nouvel habitant à la mer (italienne). Que l’on ne s’étonne pasque des oiseaux exotiques se reproduisent dans Rome.

6. Conclusion

Les connaissances zoologiques des Grecs et des Romains,cernées ci-dessus dans leurs grandes lignes, portent sur des

48. André, Les noms, 1967, pp. 97-98 ; Capponi, Ornithologia, 1979,pp. 311-313 ; Arnott, Birds, 2007, pp. 128-129.

49. L’ibis vu par Egnatius Calvinus, personnage inconnu par ailleurs, est l’Ibischauve (all. Waldrapp) Geronticus eremita (Linné, 1758), aujourd’hui en dangerd’extinction totale, qui nichait encore dans la région de Zurich au xvie siè-cle (Gessner, Historia, 1555, pp. 337-338). Cf. André, Les noms, 1967, pp. 124-125 ; Capponi, Ornithologia, 1979, pp. 404-405 ; Arnott, Birds, 2007, p. 182.

50. De Saint-Denis, Le vocabulaire, 1947, pp. 100-102 ; Peurière, Lapêche, 2003, pp. 59, 183.

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zoia qui correspondent à plus d’un millier de taxons (unités declassement), au degré de l’espèce, du genre, de la famille, del’ordre, de la classe selon les animaux considérés, de la systéma-tique post-linnéenne. Quoiqu’elles ne résultent pas d’un des-sein de répertorier les « vivants-animés périssables nonhumains » et qu’elles aient été amoindries par les accidentssurvenus aux sources durant leur transmission, elles restituentun vaste panorama de la faune sauvage et domestique du bassinméditerranéen et des spécimens les plus remarquables des ter-ritoires extérieurs. Elles comportent de plus, pour un grandnombre d’animaux, des informations anatomiques, biologi-ques, éthologiques, morphologiques qui, sur le plan des faits, sesont souvent révélées incontestables (y compris parmi cellesqu’avaient initialement rejetées les modernes 51). Le grandpourvoyeur de ces données a été le savoir empirique et sa placedans les traités aristotéliciens est significative de l’estime éclai-rée que leur auteur avait pour l’expérience (�μπειρ�α [empeiria])des professionnels du monde animal. Aristote a été un relaisessentiel de leurs observations. Mais la manière qu’il a, commetant d’autres avant et après lui, de solliciter les acquis de sesauditeurs-lecteurs relativement aux ‘‘animaux’’ démontrequ’elles étaient répandues bien au-delà des cercles des gens demétier. Dans le cadre historique et conceptuel où elle s’estinscrite, l’Antiquité grecque et romaine n’a pas créé de sciencedes animaux. Elle a généré une culture zoologique qui a impré-gné, du début à la fin, sa civilisation entière.

La portion animalière de l’héritage « classique » a constitué lesubstrat premier de la zoologie et de la biologie occidentales. Auterme d’une évolution multiséculaire, elles en conservent l’outillinguistique à l’aide duquel continue à s’élaborer le vocabulairede la nomenclature binominale. Parallèlement, alors que labiotechnologie ouvre des chemins inédits à l’exploration duvivant, elles redécouvrent la valeur documentaire de certainstémoignages. Ainsi en va-t-il, face à la dégradation de l’écosys-tème méditerranéen, de ceux qui concernent explicitement ouimplicitement la distribution animale il y a plus de trois milleans et la situation bio-écologique qu’elle sous-entend. Quantaux arguments des anciens sur le respect dû aux ‘‘animaux’’domestiques et sauvages ou sur l’illégitimité des prélèvements

51. Sur le cas des musaraignes Soricinae, cf. Bodson, L’interprétation,2009, p. 159.

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massifs imposés à la faune, ils ont de nouveaux échos dans lesdébats contemporains que provoquent les questions touchant le« droit de l’animal » ou les causes de l’appauvrissement de labiodiversité. Si, par maints côtés, les connaissances zoologiquesgrecques et romaines appartiennent nécessairement désormaisà l’histoire des sciences et des sociétés, par d’autres, leur perti-nence subsiste pour leurs lointaines descendantes, tandis quecelles-ci ont à œuvrer à la restauration de l’équilibre naturel et àl’invention d’un modus vivendi pacifié entre tous les zoia péris-sables.

Liliane Bodson

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52. Le relevé inclut la liste des ouvrages qui m’ont été confiés pour recension.Parmi eux, beaucoup concernent les connaissances zoologiques dans l’Anti-quité grecque et romaine. Le compte rendu des plus récents est accessible enligne.

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INDEX DES NOMS FRANÇAIS DES ANIMAUX CITÉS

agneaux 5.2.1aigles 5.4.1Aigrette garzette 4.1.1Alouette des champs 4.1.2âne 5.6.2antilope 2.1.2Aurochs 4.1.2 ; 5.6.1autruche(s) 2.1.2 ; 2.2 ; 4.1.1 ; 4.1.2bécasse 5.4.2béliers 5.2.1Bivalves 4.1.2bœuf 4.1.1 ; 4.1.2Bœuf domestique 5.6.1Bovidés 5.1.1brebis 4.1.2 (« sauvage ») ; 5.2.1caméléon 5.1.3camélidés 4.1.1cheval 4.1.1 ; 4.1.2Chilopodes 2.2Chocard 5.6.3chouette 2.2Cobra égyptien 4.1.1Cochevis huppé 4.1.2coq 4.1.1Coucou gris 4.1.1 ; 5.3.1Dactyloptère 4.1.1

Dictyoptère 2.2dromadaire 4.1.1éléphant 4.1.1 ; 4.1.2 ; 5.6.1Étourneau sansonnet 4.1.2être humain 5.1.2 ; 5.5.1 ; 5.6.1Exocet 4.1.1faisan 4.1.1francolin 4.1.2 ; 5.4.2Girafe 4.1.1 ; 4.1.2Grues cendrées 5.3.1héron 4.1.1hippopotame 2.1.2Hirondelle rustique 2.2hirondelle de mer 4.1.1ibis 5.6.3Ibis chauve 5.6.3, n. 49insecte 2.2 ; voir papillon(s)invertébrés 2.2 ; 2.3Jambonneau de mer 4.1.2Lagopède 5.6.3Lapin de garenne 4.1.1 ; 4.1.2 et n. 36léopard 4.1.1Lépidoptères 5.5.2lézards 5.1.3libellules 2.2lièvre(s) 4.1.1 ; 5.4.1 ; 5.5.1

CONNAISSANCES ZOOLOGIQUES GRECQUES ET ROMAINES 81

Page 32: Bodson-Connaissances Zoologiques de l'Antiquité (BAG 1 [2010])

Lièvre européen 4.1.1mammifères 2.1 ; 2.2 ; 2.3 ; 5.1.1 ;

5.2.1 ; 5.4.1 ; 5.5.1 ; 5.6.1 ; 5.6.2 ;5.6.3

Mante religieuse 2.2mille-pattes 2.2 ; 4.1.1mollusque(s) 2.1Naja à lunettes 4.1.1oiseau(x) 2.1 ; 2.2 ; 5.1.2 ; 5.3.1 ;

5.4.2 ; 5.5.1 ; 5.6.3 ; 5.6.4 ;cf. 4.1.1 ; 4.1.2

paon 4.1.1papillon(s) 5.5.2Perroquet de mer 5.6.4Pintade à barbillons bleus 4.1.2, n. 34Pintade à barbillons rouges 4.1.2poissons 2.1.3 ; 5.2.2 ; 5.3.2 ; 5.6.4poule 5.4.2poulpe 4.1.1

rapaces nocturnes 2.2renards 5.4.1reptiles 2.2 ; 5.1.3 ; 5.4.3scolopendre 4.1.1serpents 5.4.3silure, Siluridé 5.3.2Spatule blanche 4.1.1taureau 5.6.1tigre 4.1.1tourterelles 4.1.2Tourterelle à collier 4.1.2Tourterelle des bois 4.1.2tridacnes 2.1.2vaches 5.1.1vipères 5.4.3Vipère à cornes 4.1.1Vipère ammodyte (ou Vipère des

sables) 5.4.3Zèbre de Grévy 4.1.1

INDEX DES NOMS SCIENTIFIQUES DES ANIMAUX CITÉS

Alauda arvensis 4.1.2Alcelaphus buselaphus buselaphus

2.1.2Bos primigenius 4.1.2 ; 5.6.1Camelus gen. 4.1.1Chamaeleo africanus 5.1.3Chamaeleo chamaeleon 5.1.3Cerastes cerastes 4.1.1Cuculus canorus 4.1.1 ; 5.3.1Dactylopterus volitans 4.1.1Egretta garzetta 4.1.1Eledone 4.1.1Elephas maximus 4.1.1Equus grevyi 4.1.1Exocoetus volitans 4.1.1Galerida cristata 4.1.2Gallus gallus bankiva 4.1.1Gallus gallus f(orma) domestica

4.1.1Geronticus eremita 5.6.3, n. 49.Giraffa camelopardalis 4.1.1Grus grus 5.3.1Hippopotamus amphibius 2.1.2Hirundo rustica 2.2Lagopus mutus 5.6.3Lepus europaeus 4.1.1 ; 5.4.1 ; 5.5.1Loxodonta cyclotis 4.1.1

Mantis religiosa 2.2Naja haje 4.1.1Naja naja 4.1.1Numida meleagris galeata 4.1.2Numida meleagris meleagris 4.1.2,

n. 34Octopus 4.1.1Oryctolagus cuniculus 4.1.1 ; 4.1.2Pavo cristatus 4.1.1Phasianus colchicus 4.1.1Pinna nobilis 4.1.2Platalea leucorodia 4.1.1Pyrrhocorax graculus 5.6.3Scolopax rusticola 5.4.2Silurus aristotelis 5.3.2Sparisoma cretense 5.6.4Streptopelia decaocto 4.1.2Streptopelia turtur 4.1.2Struthio camelus 2.1.2Sturnus vulgaris 4.1.2Tetrao francolinus 5.4.2Tridacna maxima f(orma) elongata

2.1.2Vipera ammodytes 5.4.3Vipera ammodytes meridionalis

5.4.3

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