Blyton Enid Histoires du coffre à jouets

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HISTOIRE DU COFFRE A JOUETS

par Enid BLYTON

DES histoires? Le vieux Nounours en peluche du coffre à jouets en connaît par milliers!

Celle du réveil de Marie-Anne qui avance d'une heure chaque fois qu'il se met en colère. Celle de Bêtasson, l'âne sans cervelle... Hé hé! quel bon tour il joue tout de même au lièvre et au lapin qui se moquaient de lui!

Et les deux lutins chapeliers qui aiment tant les farces! Ils pourraient bien recevoir la monnaie de leur pièce!

Histoires cocasses. Histoires rosés. Histoires vraies... Le vieux Nounours en connaît pour toutes les heures! Encore une, Nounours, encore une!...

Ce livre porte le label MINIROSE, c'est-à-dire qu'il intéresse les enfants dès qu'ils savent lire, et qu'il peut aussi bien leur être lu à haute voix.

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DU MÊME AUTEUR

dans la même série

dans la Bibliothèque Rose

1. Bonjour les Amis ! 2. Histoire de la lune bleue     3. Histoires de la boite de couleurs 4. Histoires de la cabane à outils 5. Histoires de la maison de poupées6. Histoires de la pipe en terre   7. Histoires de la ruche à miel   8. Histoires de la veille Horloge   9. Histoires des ciseaux d'argent   10. Histoires des quatre Saisons11. Histoires des trois loups de mer12. Histoires du bout du banc   13. Histoires du cheval à bascule14. Histoires du coffre à jouets15. Histoires du coin du feu   16. Histoires du fauteuil à bascule   17. Histoires du grenier de grand-mère18. Histoires du marchand de sable   19. Histoires du sac à malices20. Histoires du sapin de noël

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ENID BLYTON

HISTOIRE DU

COFFRE A JOUETSILLUSTRATIONS DE CLAIRE NADAUD

HACHETTE

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TABLE

1. Prologue 6

2. Guenillou le petit singe 8

3. L'aventure d'Hélène 24

4. L'âne et la carotte 42

5. Le réveil de Marie-Anne 53

6. Le bonhomme de neige 68

7. La brosse magique 80

8. L'elfe et l'écureuil 92

9. Les chapeaux voyageurs 103

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PROLOGUE

A MINUIT, quand les petits enfants sages sont couchés, le couvercle d'un coffre à jouets peint en jaune se soulève tout doucement. Un vieux nounours en peluche -— au nez aplati à force d'avoir été embrassé — sort le premier du coffre, Puis un cheval à

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bascule, deux poupées blondes, les wagons d'un train qui a perdu sa locomotive et un petit cochon vert sortent à leur tour.

« Nounours, une histoire ! Une histoire ! s'écrient les poupées avec des mines de petites filles gâtées.

— Une histoire ! grondent les wagons avec un bruit de ferraille.

— Une histoire ! » réclame timidement le petit cochon vert.

Alors le nounours s'installe sur le tapis. Le cheval à bascule se met à se balancer doucement d'avant en arrière. Les autres jouets viennent faire cercle autour des poupées. Et le nounours commence.

Ah ! Si les petits enfants à qui appartiennent tous ces jouets pouvaient les entendre!...

Mais comme tous les petits enfants sages, à cette heure avancée de la nuit,

Ils dorment. Ils dorment, et ils rêvent.

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GUENILLOU, LE PETIT SINGE

POUR son anniversaire, Frédéric avait reçu des cadeaux magnifiques. Si vous les aviez vus ! Un train électrique flambant neuf avec ses quatre wagons. Un énorme ours en peluche tout blanc. Un tank téléguidé qui crachait des flammes. Et même un petit chien vivant !

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Comme il avait de la chance !Frédéric n'avait jamais été aussi heureux.« Avec tons ces cadeaux, dit-il à sa mère,

je vais bien m'amuser aujourd'hui ! »II emporta vite le tout dans sa salle de jeux,

y compris le petit chien.Les jouets étaient justement en train de se

demander dans quel genre de maison ils étaient tombés. Gela n'avait pas l'air trop mal : la salle de jeux était grande, bien ensoleillée, et il y avait au fond une belle et vaste armoire à jouets jaune et rouge.

«Ce n'est pas la place qui manque ici, grogna l'ours en peluche. Au moins, nous serons à l'aise ! »

Puis les jouets ne dirent plus un mot jusqu'à l'heure du déjeuner.

Enfin Frédéric alla rejoindre ses parents à la salle à manger. Les nouveaux jouets et le petit chien restèrent tous ensemble dans la salle de jeux.

Ils reprirent aussitôt leur conversation.

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« D'ours aussi gros que moi, s'écria l'ours en peluche, je suis sûr que vous n'en avez jamais vu !»

Il poussa un grognement si sonore que le petit chien sursauta de frayeur. Il jappa, puis regarda partout dans la grande pièce pour voir s'il n'y avait pas un autre chien caché.

« J'étais, continua l'ours d'un ton solennel, l'animal le plus gros du magasin de

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jouets. Et aussi le plus cher. Frédéric a bien de la chance de m'avoir reçu en cadeau. Je suis sûr qu'il voudra me garder dans son lit pour dormir avec moi ce soir...

— Je coûte certainement plus d'argent que toi, riposta d'une voix métallique le tank téléguidé. As-tu seulement vu comme je crache des flammes avec mon canon ? Et je roule même en marche arrière. Pour un petit

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garçon, on dira ce qu'on voudra, il n'y a pas de jouet plus intéressant que moi !

— Mais c'est tout de même avec moi qu'il jouera le plus ! déclara avec assurance le train électrique. Tous les garçons sont passionnés par les chemins de fer, c'est bien connu. Vous verrez que ce sera moi le jouet favori.

— Ouah! Ouah! jappa le petit chien. Attendez donc que je grandisse un peu ! Je l'accompagnerai dans toutes ses promenades, et vous tous, vous ne compterez même pas à côté de moi ! Je suis vivant, moi ! Tandis que vous, vous n'êtes que des objets !

— Grrr ! Grr ! fit l'ours en colère. Tu causes, tu causes sans savoir t Je coûte deux cents francs, ce n'est pas rien ! Frédéric fera de moi son jouet préféré, aussi sûr que deux et deux font quatre ! »

Soudain une autre voix se fit entendre. L'ours, le train électrique, le tank téléguidé et le petit chien «e retournèrent d'un même mouvement, surpris. Quelqu'un était en train de sortir du placard à jouets.

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«Bonjour tout le monde ! fit la voix un peu enrouée. Bienvenue à la salle de jeux ! »

Celui qui venait de parler était un singe en peluche plutôt défraîchi. Il n'avait plus qu'un œil. Il lui manquait une oreille. Sa queue était si déplumée qu'on aurait dit un bout de ficelle. Et sa fourrure était rapiécée et raccommodée dans tous les sens et de tous les côtés.

« Qui es-tu donc ? grogna l'ours d'un air dégoûté. Pouah ! Tu m'as l'air aussi sale que déguenillé !

— Ne m'approche pas ! fit le tank

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téléguidé en pointant les canons vers le nouveau venu, je suis sûr que tu sens mauvais !

— Qu'est-ce que ce macaque peut bien faire dans une aussi folie salle de jeux ? s'écria le train électrique en faisant reculer ses quatre wagons.

— Ouah ! Ouah ! jappa le chien. Vieux

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machin en guenilles ! Va-t'en ! Va-t'en ! Je vais te chasser, moi ! Frédéric ne peut plus te garder ici maintenant qu'il nous a !

— Frédéric m'aime beaucoup, répliqua le singe sans se fâcher. Ne soyez donc pas bêtes comme ça. Je venais seulement vous dire bonjour et faire connaissance avec vous. Ce n'est pas la peine d'être grossier avec moi !

-— Grossier ? fit l'ours en ricanant. Comment pourrait-on s'empêcher d'être grossier avec un animal en aussi piteux état que toi ! »

Le singe ne répondit rien. Il retourna dans son placard. Les nouveaux jouets continuèrent à parler entre eux à voix haute, et s'entendirent tous pour se moquer du petit singe en guenilles.

Frédéric avait invité ses amis pour son anniversaire. Un succulent goûter était préparé à la salle à manger. Frédéric avait mis son plus beau costume. Ses cheveux étaient

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bien brossés. A quatre heures pile — le moment où ses amis allaient arriver — il se précipita vers la salle de jeux.

« Qui va venir avec moi au goûter ? s'écria-t-il au comble de l'excitation. Toi, l'ours, tu es trop gros ! Petit chien, tu nous casserais les oreilles avec tes jappements ! Le train électrique prendrait trop de place. Quant au tank téléguidé, on ne sait pas où il irait rouler avec tout ce monde ! Je sais... Où est donc Guenillou, mon petit singe ? Guenillou!... Viens vite! C'est toi que j'emmène au goûter ! Jusqu'à présent, tu as toujours été de toutes les fêtes, tu ne voudrais pas manquer celle-ci ! »

II ouvrit le placard et y prit le petit singe. Puis il sortit en trombe de la salle de jeux et réussit à atteindre le hall juste au moment où le premier de ses invités frappait à la porte.

«Eh bien, ça alors! s'écria l'ours d'un air plus dégoûté que jamais. Vous avez vu ?

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Aller choisir cet affreux singe tout dépenaillé au lieu de prendre l'un de nous ! Ce petit garçon est bien bizarre !

— J'aurais pourtant bien amusé les invités ! fit le tank d'un ton déçu.

— Et moi donc ? jappa férocement le petit chiot. Et j'aurais pu mordiller les chaussures de tous ces enfants-là !

— Moi, j'aurais fait le tour de mon circuit à plus de cent à l'heure ! gronda le train électrique. Et tout le monde m'aurait regardé pendant des heures ! Que peut donc Caire ce vilain singe? Rien du tout! Il est tout rapiécé, il sent mauvais et il a l'air bête avec son œil unique et son oreille arrachée ! »

Le goûter de Frédéric fut un grand succès. Après le départ du dernier invité, il rapporta le singe dans la salle de jeux et le rangea dans l'armoire. Puis il alla se déshabiller dans sa chambre.

Le singe se mit à raconter tout ce qu'on avait mangé au goûter, qui étaient les invités,

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et ce qu'ils avaient dit. Dans l'armoire, tous les jouets lui posaient des questions. « Est-ce que Jean-Noël était là ?

— Le gros Régis a mangé combien de gâteaux ?

— Est-ce que Françoise avait une robe neuve ? »

Guenillou répondait à toutes les questions, et tout le monde était ravi.

Tout le monde, sauf les nouveaux jouets et le petit chien, qui faisaient ce qu'ils

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pouvaient pour se rendre désagréables!

Comme si ce goûter de rien du tout nous intéressait ! se moquaient-ils. Tiens-toi donc tranquille, vieux singe en guenilles ! Tu n'arrêtes pas de parler, de parler I Tu ne comprends donc pas que tu ferais mieux de te taire ! Quand on pense qu'il y a ici des jouets comme nous ! Mais tu n'as même pas droit à la parole !

— Oh ! Cela suffit ! crièrent enfin les jouets-dé l'armoire. Ne parlez pas sur ce ton-là au petit singe !

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— Nous prendrons le ton qu'il nous plaira! déclara l'ours. D'ailleurs, je suis sûr que Frédéric me prendra avec lui dans son lit cette nuit. J'en profiterai pour lui suggérer de se débarrasser de ce vieux singe en loques. Je ne vais tout de même pas vivre dans une maison où l'on trouve encore des jouets aussi usés !

— J'ai bien envie, jappa le petit chien, de le tirer par une patte de son armoire et de lui arracher son autre oreille !»

Aussitôt dit, aussitôt fait ! Il se rapprocha de l'armoire en trois bonds, et en tira le petit singe tout apeuré. Mais juste au moment où il commençait à lui mordre l'oreille, Frédéric entra dans la salle de jeux.

Le petit garçon était en pyjama.« Bonsoir, les joujoux... » commença-t-il.Il aperçut alors son petit singe entre les

pattes du chiot. Il se précipita aussitôt an secours de Guenillou, et donna au chien une tape sur le museau.

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« Qu'est-ce que tu fais, méchant ? cria-t-il d'une voix sévère. Je ne veux pas qu'on traite comme ça mon cher Guenillou 1 Si tu ne sais pas mieux te conduire, vilaine bête, tu quitteras la salle de jeux et je te laisserai à la cuisine toute la journée ! Je venais justement chercher mon singe parce que c'est lui que je prends tous les soirs dans mon lit pour m'endormir. De tous mes jouets, c'est celui que je préfère. C'est le premier que j'ai eu, et c'est le plus gentil. Je sais bien qu'il est usé de partout, mais qu'est-ce que cela peut faire ? Je l'aime tant ! Je ne m'en séparerai jamais ! C'est le roi de mes jouets ! •Tâchez de ne pas l'oublier, vous, l'ours, le train et le tank téléguidé, et toi, petit toutou !»

Il prit le singe dans ses bras et partit avec lui, en le tenant comme il aurait fait d'un objet infiniment précieux.

Les jouets neufs échangèrent des regards déconcertés. Eh bien, quelle surprise !

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«Nous vous avions bien dit de ne pas vous moquer du petit singe ! s'écrièrent les autres jouets en sortant de l'armoire.

« II est notre roi. C'est Frédéric qui l'a dit. Mais c'est aussi le meilleur des amis. Vous avez mal agi en le traitant méchamment comme vous l'avez fait. Si jamais vous recommencez, nous ne vous parlerons plus. »

Les jouets neufs ne savaient plus quoi dire. Ils avaient honte en découvrant qu'ils avaient été si désagréables avec le roi des jouets lui-même ! Qu'allait-il leur arriver après cela ?

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Naturellement, il ne leur arriva rien, parce que le singe était trop gentil pour les punir comme ils l'avaient mérité !

Les jours passèrent. Le chiot, le nounours tout blanc, le tank téléguidé et le train électrique se mirent à aimer Guenillou. Quand vint le jour de son anniversaire, ils lui firent fête avec tous les autres.

Et avec les autres, ils crièrent plus fort qu'ils purent :

« Vive le petit singe Guenillou ! Vive le roi des jouets ! »

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L'AVENTURE D'HÉLÈNE

Tous les élèves du collège Bertrand attendaient impatiemment le jour de la fête de l'école. Cette année-là, la célèbre aviatrice Suzie Delorme, qui était une ancienne élève du collège, assisterait à la fête !

Tout le monde se réjouissait de voir de près la célèbre Mme Delorme !

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Collégiens et collégiennes avaient depuis au moins deux mois préparé avec tout leur cœur les objets qui seraient vendus l'après-midi au profit des enfants du tiers monde. Les filles avaient brodé des nappes et tricoté des châles. Les garçons avaient fabriqué dans le secret de l'atelier du collège des tabourets de bois, des tables basses recouvertes de céramique, des porte-brosses et des lampes de chevet.

Chacun espérait que l'aviatrice achèterait la nappe qu'on avait soi-même brodé ou le tabouret qu'on avait eu tant de mal à assembler.

Quelle gloire, si l'on pouvait rentrer à la maison le soir en déclarant à tout lie monde que Mme Delorme avait acheté l'objet que l'on avait fait soi-même pour la fête !

Le napperon de Martine était bleu avec des fleurs jaunes. Celui dé Françoise, orange. Dany avait taillé un manteau bleu. Jean avait fabriqué un magnifique tabouret.

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Henry avait recouvert une table basse de rutilants carreaux de céramique. Ils brillaient comme un miroir !

Vraiment, les enfants du collège avaient montré qu'ils possédaient tous les dons d'habiles artisans !

Hélène, elle, avait cousu un tablier. C'était un tablier très gai en tissu bleu foncé avec de grandes fleurs orange. Le bas était orné d'une passementerie verte. Son professeur

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de couture lui avait bien recommandé de garder assez de tissu pour tailler les cordons de son tablier. Mais Hélène n'y avait plus pensé.

Quand arriva le moment de coudre les cordons, ils ne restait à Hélène ni tissu orange et bleu, ni-même de passementerie verte!

« Qu'est-ce que je vais faire? demanda-t-elle au professeur.

— Oh ! Hélène ! Tu seras toujours aussi

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étourdie ! répondit Mlle Perrot. Au lieu de faire un joli tablier court, tu en as fait un long qui descend presque jusqu'aux pieds ! Et maintenant, tu n'as plus d'étoffe pour tailler tes cordons ! Va voir dans le sac aux chiffons s'il ne reste pas un morceau de tissu laissé par quelqu'un d'autre. Tu en trouveras peut-être un bout assez grand ! »

Hélène était désolée. Elle avait cousu son tablier avec tant de soin ! Et voilà qu'on ne pourrait peut-être même pas le vendre si

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elle n'arrivait pas à trouver de quoi faire des cordons !

Elle alla chercher le sac à chiffons et en renversa le contenu par terre. Tout ce qu'elle trouva d'assez grand fut un long rectangle de cotonnade noire. Hélène dut donc coudre des cordons noirs à son tablier bleu, orange et vert.

Quand le grand jour arriva, elle en avait terminé.

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Elle disposa son ouvrage sur une grande table, avec celui de ses camarades. Chacune espérait que l'aviatrice s'arrêterait devant la table assez longtemps pour remarquer l'objet qu'on avait soi-même cousu ou tricoté.

Hélène cacha les cordons noirs sons le tablier, parce qu'elle en avait honte. D'ailleurs, elle plaça son tablier derrière d'antres ouvrages, de façon qu'on ne le voie pas.

« Pourvu que l'aviatrice ne le déplie pas ! Comme ça, elle ne verra pas ces maudits cordons noirs !»

La fête et la vente des objets fabriqués à l'école devaient avoir lieu un samedi après-midi.

« Surtout ! recommanda Mlle Perrot, soyez au collège à deux heures pile ! Tâchez de ne pas avoir de retard, car Mme Delorme viendra à la fête peu après deux heures. »

Hélène s'était préparée depuis le matin pour être sûre d'être à l'heure.

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Elle avait mis sa plus belle robe, s'était longuement brossé les cheveux et s'était lavée des pieds à la tête.

Elle habitait à trois kilomètres du collège. Aussi, ses parents lui avaient-ils acheté une bicyclette. Heureusement, il ne pleuvait pas ce samedi-là ! Quelle chance !

Elle roulait sur la petite route départementale quand elle vit une voiture venir à sa rencontre. C'était une grosse voiture américaine décapotable, toute blanche.

La voiture s'arrêta à la hauteur d'Hélène. La dame qui était au volant interpella la jeune cycliste.

- Dites-moi, mon petit, est-ce bien la direction de Bois-Joli ?

— Oh non ! répondit Hélène. Vous lui tournez le dos !

- Merci beaucoup ! »Et la dame commença à manœuvrer sa

grosse voiture pour faire demi-tour.C'est alors qu'il lui arriva une chose

terrible !

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Les roues arrière basculèrent dans le fossé qui bordait le bas-côté de la route et se mirent à tourner dans le vide. Plus moyen de faire sortir la voiture de là !

Là dame appela à nouveau Hélène qui s'était rangée pour lui laisser faire sa manœuvre.

« Y a-t-il un garage ou une station-service pas très loin d'ici ?

— Il y en a un à cinq kilomètres par là. indiqua Hélène. Mais on ne peut pas les prévenir autrement qu'en y allant à pied car il n'y a pas de téléphone près d'ici.

- Oh ! Quel ennui ! fit la dame qui avait l'air vraiment consternée. Ne pourriez-vous pas aller à bicyclette jusqu'à ce garage et demander au mécanicien de venir me dépanner d'urgence?

— C'est que, fit Hélène, ce n'est guère mon chemin. Il faut que je sois au collège à deux heures cet après-midi, et c'est dans la direction opposée.

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— Mon Dieu, mon Dieu ! Que vais-je donc faire ? » soupira la dame.

Elle avait l'air si malheureuse qu'Hélène prit brusquement la décision de lui venir en aide.

Tant pis ! Elle manquerait l'arrivée de l'aviatrice à la fête de l'école. Mlle Perrot ne serait certainement pas contente.

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Mais sa mère lui avait toujours recommandé de rendre service aux gens qui étaient dans le besoin. Elle ne laisserait pas cette automobiliste en panne comme cela sur la route.

« Je vais vous chercher le garagiste ! » fit-elle en enfourchant sa bicyclette.

Elle retourna donc d'où elle venait, et ne mit pas trop longtemps à atteindre le garage. Elle expliqua la situation de la dame et de son auto, et repartit bien vite.

Le mécanicien ne tarda pas à la dépasser au volant de sa dépanneuse. Il lui fit un

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petit signe de la main, et elle y répondit gentiment.

Tout le long du chemin, elle pédala de toutes ses forces pour arriver plus vite au collège.

Elle arriva néanmoins en retard, et Mlle Perrot la gronda.

«Mme Delorme va arriver d'une minute à l'autre ! Tu aurais pu manquer son entrée. Ce n'était vraiment pas le jour d'arriver en retard, Hélène ! »

Juste au même instant, une grosse voiture américaine décapotable toute blanche entrait dans la cour du collège. Et la dame à laquelle Hélène avait rendu service descendit. Qui aurait pu imaginer cela ?

Cette dame était justement la célèbre aviatrice, et Hélène ne s'en était même pas doutée !

La dame gravit les marches du perron et vint serrer la main de Mlle Perrot.

« Je suis un peu en retard, dit-elle aux

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enfants en souriant. Ma voiture s'était embourbée dans un fossé, et sans une gentille petite fille qui passait par là sur une bicyclette et qui a bien voulu aller me chercher un garagiste, je serais encore dans ce fossé ! »

Elle regarda les enfants les uns après les autres, et soudain aperçut Hélène, qui était devenue toute rouge.

« Oh ! fit l'aviatrice. Voici la petite fille qui m'a tirée d'affaire ! »

Elle s'approcha d'Hélène.

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« Viens m'embrasser ! dit-elle avec autorité. Tu m'as rendu un fier service que je n'oublierai pas !»

Hélène se sentit tout joyeuse, et bien fière. Mlle Perrot n'en revenait pas. Ainsi c'était la raison du retard d'Hélène ! Elle avait dépanné la célèbre aviatrice !

La vente des objets commença.L'aviatrice désira examiner un par un tous

les ouvrages des enfants du collège. Bientôt, elle poussait des cris d'admiration. Comme tout cela était joli et bien fait !

Puis elle se tourna vers Mlle Perrot.«Il faut que j'achète l'ouvrage de cette

petite Hélène. Comme cela, j'aurai un souvenir de ma gentille secouriste ! »

Hélène sentit que son cœur s'arrêtait de battre ! Oh ! Ces affreux cordons noirs ! L'aviatrice allait déplier le tablier et verrait les cordons ! Sans doute allait-elle se mettre à rire. Puis elle dirait :

« Ah ! Ah ! Ah ! Quel étrange tablier ! Je

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crois décidément que je préfère acheter autre chose !

— Où est donc ton tablier, Hélène ? » demanda Mlle Perrot.

Sans mot dire, Hélène le prit sous la pile de napperons où elle l'avait caché.

L'aviatrice le déplia et poussa un cri de surprise :

« Bleu, orange et vert ! Mes couleurs favorites ! Oh ! Et ces cordons noirs ! Comme ils

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complètent bien ce joli tablier ! On jurerait qu'il sort d'une des plus élégantes boutiques de Paris ! Eh bien, je suis vraiment ravie de l'acheter ! Je le mettrai chaque matin quand je sors au jardin pour m'occuper de mes rosiers. Combien coûte-t-il ? Seulement dix francs ? Mais c'est absurde ! Je trouve qu'il en vaut bien le double ou le triple ! »

Eh bien ! Eh bien ! Si vous aviez vu le visage d'Hélène ! Comme elle était surprise ! Et qu'elle était donc contente !

Elle remit le tablier dans ses plis et en fit un joli paquet qu'elle entoura d'un ruban.

Hélène était vraiment l'héroïne de la fête ! Sa mère, qui, comme tous les autres parents, était venue au collège, était vraiment fière d'elle.

D y eut ensuite des chants, puis un copieux goûter auquel participa l'aviatrice.

Puis chacun rentra chez soi.Le soir, Hélène alla embrasser sa mère

avant de se mettre au lit, et celle-ci lui dit :

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«Tu vois, tu as rendu service comme je t'ai toujours appris à le faire quand tu en as l'occasion. Et tu as été récompensée. Hélène, je suis vraiment contente de toi ! »

Hélène aussi était ravie.Depuis cette aventure, elle pense souvent à

la charmante aviatrice. Et elle l'imagine en train de tailler ses rosiers avec son tablier bleu, orange et vert et ses drôles de cordons noirs !

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L'ANE ET LA CAROTTE

UN beau matin, Courtequeue le lapin rencontra Longues-Oreilles, le lièvre. Ils décidèrent de faire route ensemble, tout en bavardant de choses et d'autres.

Brusquement, ils disparurent tous deux derrière une haie et se tinrent immobiles. Ils avaient entendu un bruit de moteur !

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Courtequeue, par un trou de la haie, découvrit qu'il s'agissait du tracteur de la ferme qui traînait une charrette pleine de carottes et de navets. Hum !... L'eau lui en venait à la bouche !

Et voilà que juste au moment où la charrette passait devant eux, sa roue heurta une grosse pierre. Il y eut une secousse. Et par-dessus le bord de la charrette tomba une énorme carotte toute fraîche, à l'aspect des plus savoureux.

Le lièvre et le lapin ouvrirent des yeux luisants de convoitise !

Le tracteur et la charrette n'eurent pas plus tôt disparu qu'ils se précipitèrent tous deux sur le chemin.

Courtequeue ramassa la carotte. Longues-oreilles s'écria avec avidité :

« Nous l'avons vue tous les deux en même temps. Nous devons la partager !

—- Bien sûr ! fit Courtequeue. C'est moi qui vais la partager ! »

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II cassa là carotte en deux morceaux. Les morceaux étaient bien de la même longueur, mais l'un était le gros bout de la carotte, l'autre la partie effilée.

Courtequeue prit le morceau le plus gros. Longues-Oreilles protesta :

« Ta part est plus grosse que la mienne, mon cousin ! Il n'y a pas de raison pour que ce soit toi qui l'aies !

— Et pas non plus de raison pour que ce soit toi ! répondit le lapin de sa voix la moins aimable.

— Donne-moi ce bout-là ! hurla le lièvre.— Sûrement pas ! » fit le lapin.Ils échangèrent des coups d'œil féroces.

Mais aucun d'eux n'osa bouger.Le lièvre finit par déclarer :« Nous ferions mieux de nous remettre au

jugement de quelqu'un d'autre. A qui pourrions-nous nous adresser ? »

Courtequeue se dressa sur ses pattes pour faire un tour d'horizon. Mais il ne vit personne.

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Personne si ce n'est l'âne Bêtasson, qui s'était rapproché d'eux derrière la haie.

« Personne en vue à part ce stupide Bêtasson. On ne peut guère lui demander dé trancher la question. Il est plus bête que le plus bête de tous les animaux!

— C'est vrai, ça ! répondit Longues-Oreilles. Tout le monde sait qu'il n'a pour ainsi dire pas de cervelle. Mais à qui s'adresser à part lui ?

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— A personne, reconnut Courtequeue. Alors tant pis, allons-y. Apportons la carotte à l'âne Bêtasson, et demandons-lui de décider lequel d'entre nous aura droit au plus gros morceau. »

Ils se glissèrent donc à nouveau sous un trou de la haie, et s'approchèrent de l'âne.

Celui-ci avait tout entendu. Il n'était pas content du tout. Pourquoi avaient-ils dit qu'il était le plus bête de tous les animaux ? Le lapin et le lièvre lui expliquèrent alors ce qu'ils attendaient de lui

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« Si je suis aussi stupide que vous le croyez, répliqua l'âne, je me demande bien pourquoi vous voulez me faire juge de votre querelle !

— Ne te pose pas de questions, et dis-nous seulement lequel de nous, à ton avis, doit avoir le plus gros morceau de la carotte.

— Je sais bien comment vous mettre d'accord, même avec ma minuscule cervelle !»

Et Bêtasson l'âne prit entre ses dents le plus gros morceau des deux. Il en coupa un

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bout qu'il se mit tranquillement à mâcher et à avaler.

«Comme cela, déclara-t-il avec entrain, les deux morceaux seront peut-être de la même taille ! »

Mais non ! Il en avait pris un si gros bout que maintenant c'était l'autre morceau qui était devenu le plus gros.

« Je vais arranger ça ! » fit Bêtasson.Il mordit dans l'autre morceau, et laissa

tomber le reste dans l'herbe. Mais voilà que cette fois il était de nouveau beaucoup plus petit que le premier.

Le lièvre et le lapin le regardaient faire avec des yeux ronds de surprise. Ils commençaient à être inquiets !

«Arrête, Bêtasson, s'écria Longues -Oreilles. Donne-nous ce qui reste ! Tu n'as pas le droit de grignoter toute notre carotte !

—- Eh bien quoi ? répliqua l'âne avec un «Hi! Han ! » d'indignation. Moi qui essayais seulement de vous aider ! Attendez

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encore une seconde ! Peut-être que ce coup-ci je réussirai à rendre les deux morceaux égaux. »

II mordit encore dans la carotte. Mais diable ! Quel coup de dents ! Courtequeue et Longues-Oreilles échangèrent un regard désespéré !

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« Donne-nous ce qui reste ! supplièrent-ils. N'en mange plus !

—- Bon, bon ! » fit l'âne en regardant les deux savoureux morceaux qui gisaient sur l'herbe devant lui.

Il mit rapidement ses pieds dessus pour empêcher les deux autres de les prendre.

«Vous oubliez une chose ! continua-t-il, avec quoi allez-vous me dédommager de la peine que j'ai prise à vous mettre d'accord?

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Que comptez-vous me donner ?— Rien du tout ! cria Longues-Oreilles.— Quoi ? Qu'est-ce que j'entends ? Rien

du tout ?... Très bien î Alors je me paie moi-même ! »

Et l'âne baissa la tête. Cric ! Croc ! Il croqua tout ce qu'il restait de l'objet de la querelle ! Hum ! Quelle succulente carotte !

« Merci ! dit-il à Longues-Oreilles et à Courtequeue. Et la prochaine fois que vous aurez un débat à trancher, ne manquez pas de faire appel à moi ! »

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II partit au petit galop à l'autre bout du champ avec des « Hi ! Han ! Hi ! Han ! » qui ressemblaient fort à de grands éclats de rire.

Le lièvre et le lapin se regardèrent piteusement.

« Courtequeue, fit soudain le lièvre, cet âne est-il aussi stupide que nous le croyions ?

— Je n'en ai pas l'impression ! grogna le lapin. Il est même bien plus intelligent que toi et moi ! Longues-Oreilles, si nous avions été malins, nous aurions dévoré la carotte à nous deux, au lieu de regarder ce stupide Bêtasson se régaler à notre nez ! »

Ils s'en allèrent en trottinant, Courte-queue vers son terrier, Longues-Oreilles vers le champ où il avait élu domicile.

Quant à l'âne, il passa sa tête par-dessus le mur de clôture et raconta à son ami le cheval brun l'histoire de la carotte.

Si vous les aviez entendus rire tous les deux !

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LE RÉVEIL DE MARIE-ANNE

MARIE-ANNE était une petite fille aussi paresseuse que lente. Elle était en retard pour l'école, en retard pour les repas, en retard pour se mettre au lit. Elle était en retard pour tout !

Et savez-vous ce qu'elle répondait lorsqu'on se plaignait de son retard ?

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«Ce n'est pas ma faute ! C'est celle de mon réveil qui n'est jamais à l'heure ! »

Lé réveil entendit un jour ce que Marie-Anne donnait pour excuse. Cela le mit en colère.

D'abord, il ne retardait jamais ; il allait juste. Et ensuite, il détestait les menteurs.

Le réveil avait été offert en cadeau à Marie-Anne à l'un de ses anniversaires. Il était très joli avec son cadran rond, ses chiffres romains, et ses deux aiguilles noires : une grande et une petite.

Il gronda comme une horloge en entendant la réponse de Marie-Anne.

«Tic-tac, tic-tac ! cela mérite une claque!...»

Mais Marie Anne ne se souciait guère de ce que pouvait penser son réveil. Elle continua à traîner et à paresser au lieu de se dépêcher pour être prête à l'heure. Et elle donnait toujours la même excuse :

« C'est mon réveil qui retarde ! »

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Aussi, un beau jour, le réveil décida de donner une leçon à Marie-Anne. Au lieu d'indiquer l'heure exacte, ou de retarder comme elle le prétendait, il décida qu'il prendrait de l'avance. Oui, c'était la chose à faire ! Marie-Anne allait avoir une de ces surprises !

Le lendemain matin, lorsque la grande et la petite aiguilles marquèrent sept heures et demie, c'est-à-dire le moment pour Marie-Anne de sortir du Ht, elles avancèrent brusquement en quelques secondes d'une demi-heure. Et quand Marie-Anne en s'étirant commença à se dire : « Puisque mon réveil a sonné, il faudrait tout de même que je me lève... » en regardant le cadran, elle s'aperçut brusquement que le réveil marquait huit heures!

« Mais ce n'est pas possible ! gémit Marie-Anne. Il ne peut être déjà huit heures ! Je n'ai pas pris mon petit déjeuner ! Je n'arriverai jamais à être prête à temps pour

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l'école ! Oh ! Que vais-je faire ? Je ne croyais pas qu'il était déjà si tard! »

Elle s'habilla plus vite ce matin-là qu'elle ne s'était jamais habillée de toute sa vie. Elle dégringola les escaliers à toute allure. Sa mère était en train de lui préparer un bol de café au lait dans la cuisine et de beurrer des tartines.

«Eh bien, ça, c'est extraordinaire! fit-elle

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à Marie-Anne. Pour une fois, tu es en avance ! Il n'est pas encore huit heures !

— Il était huit heures à mon réveil il y a de cela des siècles ! répliqua Marie-Anne. Je remonte dans ma chambre et je vais te dire l'heure exacte !»

Elle remonta l'escalier. Mais le réveil s'était remis à l'heure dès que la petite fille avait quitté la chambre. Ses aiguilles marquaient maintenant l'heure exacte, c'est-à-dire huit heures moins dix.

Marie-Anne n'en revenait pas !Elle prit son petit déjeuner. Puis sa mère

lui dit d'aller faire son lit, se laver les mains et brosser ses cheveux. Elle retourna donc dans sa chambre.

Mais elle se mit à lambiner comme elle en avait l'habitude chaque matin. Elle lut quelques pages d'un illustré. Elle sortit d'une boîte les robes de sa poupée. Elle regarda par la fenêtre pour voir le temps qu'il faisait... Finalement le réveil se remit en

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colère. Aussi, très vite, il fit tourner ses aiguilles et marqua neuf heures.

Marie-Anne regarda le cadran et vit brusquement neuf heures !

ce Oh ! gémit-elle en sursautant, jamais je n'aurai été aussi en retard à l'école ! »

Elle enfila son anorak, prit son cartable, et sortit de la maison sans même prendre le temps de dire au revoir à sa mère.

Elle oublia l'argent de la cantine, ainsi que son stylo et son livre d'Histoire.

Le réveil éclata de rire. Il remit ses aiguilles en place. Il était neuf heures moins vingt. Marie-Anne allait être pour une fois en avance à l'école.

Pour être en avance, elle était en avance ! Il était à peine neuf heures moins le quart quand elle arriva, tout essoufflée. Personne n'était encore là. Elle était la première ! L'école était fermée.

« Comme c'est bizarre ! s'écria Marie-Anne, au comble de l'étonnement. Où

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sont les autres ? Que se passe-t-il ?»Ses camarades ne tardèrent pas à arriver.

Tout le monde fut surpris de voir Marie-Anne qui attendait !

Mais la petite fille se fit gronder parce qu'elle avait oublié son stylo et son livre d'Histoire. Elle ne put aller manger à la cantine puisqu'elle avait oublié l'argent du ticket.

« Ce n'est pas ma faute ! pleurnicha Marie-Anne. Mon réveil a tourné si vite ce matin et j'ai dû me dépêcher tellement que j'ai oublié la moitié de ce que je devais emporter !

— Marie-Anne, répliqua la surveillante de la cantine, si l'on te croyait, ce serait toujours la faute de ton réveil. Tu l'accusais de prendre du retard, et voilà maintenant que tu te plains qu'il prend de l'avance ! »

La petite fille revint donc déjeuner chez sa mère. Et elle dut encore se dépêcher.

En arrivant, la première chose qu'elle fit

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fut d'aller consulter son réveil. Il donnait exactement la même heure que la pendule de la salle à manger. Il allait donc juste. Il n'avait ni avance, ni retard.

«Nous déjeunerons dans un quart d'heure, lui dit sa mère. Va te laver les mains tout de suite. »

Marie-Anne n'alla pas se laver les mains.Elle reprit son illustré. Elle le lut d'un bout

à l'autre. Le réveil, qui la surveillait, sentit la colère le gagner de nouveau. Décidément, cette petite fille n'était qu'une traînarde, une paresseuse ! Il fallait lui donner une nouvelle leçon. Et zim ! Les aiguilles se mirent à tourner comme des folles pendant que Marie-Anne ne regardait pas. Tic-tac ! Tic-tac ï Ça y était ! Le réveil marquait deux heures !

Tout à coup, Marie-Anne poussa un hurlement.

«c Deux heures ! Ce n'est pas croyable ! Je dois avoir lu pendant un temps fou ! Voilà

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qu'il est l'heure de l'école î Je n'ai pas le temps de manger ! Je n'ai le temps de ricin faire î II faut que je coure. On a travail manuel cet après-midi... Moi qui aime tant ça ! On me laissera en étude si j'arrive en retard !»

Que fit donc Marie-Anne ? Elle reprit son manteau, saisit son cartable, descendit les escaliers en vitesse, et partit à l'école sans avoir déjeuné.

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«Marie-Anne! Marie-Anne !appela sa mère. Où vas-tu comme ça ?»

Mais la petite fille courait déjà dans la rue et ne répondit rien. Elle n'avait même pas entendu !

«Je me demande à quoi pense Marie-Anne, murmura sa mère. Où peut-elle être partie ? Il est juste l'heure de déjeuner ! Décidément, elle devient de plus en plus insupportable ! »

Le réveil en fit grincer ses ressorts tellement il riait.

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Il remit ses aiguilles à l'heure. Zim ! Zoum! Marie-Anne avait passé sa journée à courir ! Comme c'était drôle !

Pauvre Marie-Anne ! Quand elle arriva à l'école, une grande partie des élèves était encore à la cantine. Ils furent bien étonnés de voir Marie-Anne.

« Pourquoi es-tu revenue si tôt ? lui demanda la surveillante. Tu n'as sûrement pas encore eu le temps de déjeuner ?

— Euh !... fit Marie-Anne. Mon réveil marquait deux heures !

— Il n'est qu'une heure dix ! » Marie-Anne devint toute rouge. La surveillante devait la trouver bien sotte ! Elle revint en courant chez sa mère, qui était très fâchée contre elle.

«Eh bien, Marie-Anne, je voudrais bien savoir pourquoi tu trouves le moyen de te sauver juste au moment où le déjeuner est prêt?

— Mon réveil marquait deux heures,

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gémit Marie-Anne, et je croyais que j'étais en retard pour l'école.

— Comment pouvait-il marquer deux heures alors qu'il n'est même pas une heure et demie. Tiens, écoute !»

Marie-Anne écouta. La pendule de la salle à manger sonna deux légers coups, ce qui voulait dire qu'il était la demie de quelque chose.

Elle grimpa jusqu'à sa chambre. Le réveil marquait une heure et demie lui aussi. C'était vraiment extraordinaire !

En mangeant le bifteck que lui avait préparé sa mère, la petite fille était toute songeuse. Elle était sûre que le comportement de son réveil avait quelque chose de bizarre: Peut-être essayait-il de lui jouer des tours. Peut-être se vengeait-il de ce qu'elle l'avait accusé quand elle s'était trouvée en retard.

Après le repas qu'elle dut avaler en vitesse, elle remonta dans sa chambre. Le réveil indiquait deux heures moins cinq. Les cours

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commençaient à deux heures et quart.

«Je vais faire semblant de traîner, et je verrai bien ce que fera le réveil », se dit-elle.

Elle prit donc sa poupée, puis ouvrit un placard, puis s'assit sur son lit et se mit à feuilleter un livre d'images. Du coin de l'œil, elle surveillait son réveil.

Celui-ci se mit à nouveau en colère.Furtivement, il fit tourner ses aiguilles

pour marquer deux heures et quart. Mais Marie-Anne avait vu les aiguilles bouger.

« Je t'ai vu ! Je t'ai vu ! s'écria-t-elle. Tu veux encore me jouer un méchant tour !

— Tic-tac ! Tic-tac ! répondit le réveil d'un ton maussade. Tu ferais quand même bien de te dépêcher !

— Je me-dépêcherai si tu promets de ne plus me jouer de tours... Je sais bien que j'ai pris l'habitude de tramer, mais je peux essayer d'être toujours à l'heure. Seulement, ne me fais plus tromper d'heure. J'ai oublié des tas de choses ce matin. J'ai failli me

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passer de déjeuner, et je me suis fait gronder de tous les côtés alors que je n'ai pas cessé de courir depuis ce matin !

— Tic-tac ! Tic-tac ! Si tu te guéris de ta paresse et de ta lenteur, je serai le plus exact des réveils ! »

II envoya alors une de ses aiguilles sur dix et l'autre sur trois. Comme cela, il avait tout à fait l'air de faire un large sourire.

Puis il remit ses aiguilles en place pour indiquer l'heure qu'il était vraiment, c'est-à-dire deux heures juste.

Depuis ce jour-là, le réveil fait preuve d'une conduite exemplaire. Et Marie-Anne également.

Personne n'a jamais compris ce qui avait transformé la petite paresseuse. Mais une chose est sûre, si elle racontait ce qui lui est arrivé, personne ne voudrait la croire !

Un réveil qui se met en colère et qui parle, on n'a jamais vu ça !

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LE BONHOMME DE NEIGE

Ce mercredi matin-là, Philippe et Françoise l'habillèrent en vitesse, et déjeunèrent encore plut vite. Ils purent alors sortir dans le jardin et courir dans la neige. Il y en avait une épaisse couche sur le sol, et elle était si blanche qu'elle en paraissait éblouissante comme un miroir au soleil.

« On va faire un bonhomme de neige !

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S’écria Françoise. Viens, Philippe. Nousavons toute la journée devant nous puisque

c'est jour de congé. Nous allons faire le plus gros bonhomme qu'on ait jamais vu ! » Ils se mirent à l'ouvrage. Ils amassèrent déjà assez de neige pour faire une grosse boule. Puis ils la firent rouler à travers tout le jardin.

En roulant, la boule devint de plus en plus grosse. Quand les deux enfants la jugèrent énorme, ils décidèrent qu'elle ferait le corps du bonhomme de neige.

Mais ils apportèrent encore des brassées et des brassées de neige pour que le corps du bonhomme s'allonge au lieu d'être tout rond.

Bientôt, le corps eut une taille des plus respectable. Il était aussi haut que les deux enfants. Et quand ils rajoutèrent une grosse boule qui représentait la tête, le bonhomme fut nettement plus grand qu'eux.

C'était vraiment un magnifique bonhomme de neige !

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«  Papa, papa ! crièrent les enfants quand ils virent leur père ouvrir sa fenêtre. Peux-tu nous prêter un vieux chapeau pour notre bonhomme de neige ?

— Eh bien, mes enfants, c'est vraiment une réussite ! répondit le père, tout surpris. Bien sûr qu'il vous faut un chapeau. Je vais vous apporter celui que je mets au jardin. Il y a un trou dedans, aussi je ne peux plus le mettre. Mais il sera splendide sur la tête de votre bonhomme ! »

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Papa apporta le chapeau, et une paire de gants de jardinier pour faire des mains au bonhomme. Il aida ensuite les enfants à trouver de grosses pierres rondes qui feraient les boutons de son habit.

Avec tout ça, il avait une de ces allures ! « Maman ! Viens voir ! » crièrent les

enfants.Leur mère vint dans le jardin et trouva que

le bonhomme de neige était une pure merveille.

Pour compléter sa tenue, elle donna à Philippe et à Françoise une longue écharpe rouge. C'était juste ce qui lui manquait ! Les enfants étaient absolument enchantés d'eux-mêmes et de leur bonhomme !

Ce soir-là, quand ils allèrent se coucher, ils ne manquèrent pas de regarder par la fenêtre pour apercevoir encore une fois le bonhomme de neige.

Il n'y avait qu'un très mince croissant de lune, aussi ils ne le distinguèrent qu'à

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.grand-peine dans le jardin. Il avait l'air d'un homme debout au milieu du jardin.

« On dirait qu'il va se mettre à marcher ! s’écria Françoise. Philippe, suppose qu'il devienne vivant ! Ce serait vraiment drôle !

— Les bonshommes de neige ne deviennent jamais vivants, répondit Philippe. Ne dis pas de bêtises ! »

Les deux enfants se mirent au lit, et bientôt tous deux dormaient.

Françoise rêva qu'elle était invitée à une fête où des centaines de bonshommes de neige se mettaient à danser. Et Philippe rêva qu'il devenait lui-même un bonhomme de neige, et qu'il ne pouvait plus marcher, ni courir.

Pendant ce temps-là, le bonhomme qu'ils avaient fait montait la garde tout seul dans le jardin.

Mais vers minuit, deux autres personnages passèrent par-dessus le mur et marchèrent à pas de loup dans les allées du jardin.

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C'étaient deux cambrioleurs. Ils venaient avec l'intention de voler la collection de coupes d'argent que le père des enfants avait gagnées en jouant au football.

Brusquement, l'un, des deux arrêta l'autre.

« Oh ! Tony, chuchota-t-il, il y a quelqu’un dans le jardin ! Regarde ! » . Tony regarda dans la direction que l'autre lui indiquait. Il vit le bonhomme de neige immobile juste au milieu de la pelouse. Le bonhomme de neige avait vraiment Pair vivant. On aurait dit un gros homme

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en train de guetter. Les deux cambrioleurs devinrent nerveux.

«Boniface, murmura Tony, est-ce que c'est le policier qui nous surveillait l'autre jour ?

-Cela lui ressemble ! chuchota Tony.

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Cachons-nous derrière ce massif jusqu'à ce qu'il s'en aille. »

Les deux hommes s'aplatirent donc dans la neige. Ils regardaient anxieusement le bonhomme de neige et se demandaient pourquoi il ne se décidait pas à partir.

«Il a dû nous suivre ! murmura Boniface. Et maintenant il attend que nous crochetions la serrure pour nous prendre en flagrant délit. Nous ferions mieux de partir d'ici, Tony. En prenant des précautions, nous devrions y arriver sans qu'il nous voie filer ! ».

A quatre pattes dans la neige, les deux hommes essayèrent alors de regagner le mur qui séparait le jardin de la rue. Mais juste au même moment arrivait la bicyclette du véritable agent de police. C'était justement celui qui avait déjà trouvé louche l'allure des deux voleurs.

Ceux-ci étaient si occupés à surveiller le bonhomme de neige qu'ils ne remarquèrent

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,pas l'arrivée de leur ennemi. Ils étaient en train de se hisser sur le mur lorsque l'agent les aperçut. Il descendit de sa bicyclette, braqua une lampe de poche sur leurs visages, et les reconnut aussitôt.

«Tiens! Tiens! Tony et Boniface!... Que faites-vous donc perchés là-dessus ? J'aimerais bien le savoir ! »

II donna un coup de sifflet sonore. Un autre agent à bicyclette arriva à peine quelques secondes après. Le père de Philippe et

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de Françoise sortit également de sa maison. Les voleurs eurent bientôt les menottes aux mains, et les agents déclarèrent qu'ils allaient les emmener au commissariat. , « Nous ne faisions rien de mal ! protesta Boniface. D'ailleurs il y avait un policier qui nous surveillait depuis la pelouse. Il peut vous dire que nous ne sommes même pas entrés dans la maison ! Je ne comprends pas pourquoi ce pays est couvert de policiers et d'agents de police. Il en sort de partout !

— Un policier sur notre pelouse ? s'écria papa, vraiment surpris. Que voulez-vous dire ?

— Eh bien, là ! » fit Boniface en montrant le gazon couvert de neige.

Les agents braquèrent leurs torches électriques dans la direction qu'il indiquait. Et l'on vit en pleine lumière le bonhomme de neige avec le vieux chapeau de papa et l'écharpe rouge de maman.

«Ça alors ! firent les cambrioleurs, atterrés.

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Ce n'est qu'un bonhomme de neige ! , Dire que c'est ce gros tas de neige qui nous a fait manquer notre coup ! Nous qui pensions que c'était un policier !»

Papa se mit à rire.«Les enfants seront ravis quand ils sauront

que leur bonhomme nous a empêchés d'être cambriolés cette nuit !

— Une chance pour vous ! dirent les agents en riant eux aussi. Allons, Tony et Boniface, venez avec nous ! Vous avez à répondre d'autres méfaits commis" dans le quartier récemment. Nous vous cherchions justement, et nous sommes bien reconnaissants à ce bonhomme de neige qui nous a aidés à vous attraper ! »

Ils partirent tous quatre, et papa retourna se coucher.

Le lendemain matin, il raconta aux enfants tout ce qui s'était passé. Vous pouvez deviner l'effet que l'histoire fit sur les enfants !

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«Imaginer que notre bonhomme nous a protégés contre les voleurs ! s'écria Philippe.

Oh ! Françoise, viens vite ! Allons lui dire merci ! »

Ils se précipitèrent dans le jardin. Mais pendant la nuit, le temps s'était considérablement radouci, et la neige avait fondu. Du bonhomme, il ne restait pas grand-chose. Juste un petit tas de neige, le chapeau de papa, les vieux gants et l'écharpe rouge de maman.

« Oh ! fit Françoise.— Il a presque disparu ! » dit Philippe.Tous deux regardèrent un moment en

silence le petit tas de neige qui restait.«Eh bien ! conclut Philippe, tu as été un

magnifique bonhomme de neige tant que tu as vécu ! Merci à toi de tout cœur ! »

Le bonhomme de neige ne répondit rien. Mais on peut imaginer que les remerciements des enfants lui firent tout de même plaisir.

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LA BROSSE MAGIQUE

UN MATIN, Mme La Paresse partit faire ^ un grand nettoyage de printemps au château du sorcier La Malice.

Mme La Paresse méritait bien son nom ! Si elle pouvait éviter un effort, elle sautait toujours sur l'occasion !

Quand elle arriva au château, le sorcier était juste sur le point de sortir.

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«Bonjour, Madame La Paresse, dit-il rapidement. S'il vous plaît, aujourd'hui, vous nettoierez à fond tous les parquets. Et ne ménagez pas votre peine ! »

II fit claquer la grande porte du hall en partant. Et Mme La Paresse se mit à soupirer et à se plaindre.

«C'est vraiment épouvantable d'avoir tant de travail à faire par une aussi belle journée de printemps ! Ah ! que j'aimerais donc me reposer ! »

Soudain, elle découvrit quelque chose qui la fit pouffer de rire ! Le sorcier avait oublié sur la table son livre de magie !

C'était un manuel où les recettes de magie étaient rangées par ordre alphabétique. La vieille femme le parcourut rapidement et trouva bientôt la page qu'elle cherchait.

«Ah! Voilai... Brosse de chiendent... Pour rendre magique une brosse de chiendent et là faire frotter toute seule, prenez une brosse ordinaire. Placez-la par terre, les

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poils regardant le ciel. Tournez trois fois autour d'elle en chantant : « Abraca - Abraca - Abracadabra ». Puis envoyez la brosse en l'air avec votre pied en lui disant : « Brosse magique, frotte, frotte vite !... »

Toute joyeuse, la vieille femme prit sa brosse, la mit par terre, les poils tournés vers le haut, et marcha autour trois fois de suite en chantant les syllabes indiquées dans le manuel de magie.

Puis avec son pied, elle envoya la brosse en direction du plafond en lui criant : « Brosse magique, frotte, frotte, vite ! »

La brosse retomba d'abord par terre. Mais aussitôt, à la grande joie de Mme La Paresse, elle se mit à frotter toute seule le plancher.

Ah ! Si vous aviez vu ça !Il y avait là un grand seau plein d'eau

savonneuse. La brosse sauta d'un coup en plein milieu ! Plouf ! Puis elle en sortit toute seule et vint frotter les lames du parquet avec l'eau de savon.

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Criss ! Criss! Quel bruit délicieux pour Mme La Paresse qui se prélassait sur un fauteuil en regardant le plancher se nettoyer tout seul !

Elle s'était installée dans le propre fauteuil du sorcier !

«Ah ! soupira-t-elle avec délice, voilà comme je comprends le travail ! Etre assise bien tranquillement en regardant les choses se faire...»

Mais, au bout de quelques instants, la

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vieille femme s'endormit et se mit même à ronfler, tandis que la brosse continua à frotter, à brosser, à récurer.

Bientôt la pièce fut terminée, et la brosse passa dans la pièce voisine. Puis finalement, le rez-de-chaussée fini, elle grimpa au premier étage et se mit à nettoyer les sols des chambres à coucher. Tout était très sale, et la brosse dut frotter avec beaucoup d'ardeur.

Enfin, tous les sols du château furent récurés à fond. La brosse releva le nez pour

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regarder autour d'elle s'il ne restait pas quelque chose à nettoyer. Ah ! Ah !... Mais oui ! Il restait les murs !

Elle s'y mit donc. Les tableaux accrochés dans le salon ne tardèrent pas à la gêner. Tant pis ! Bing ! Boum ! Elle les envoya par terre !

Le bruit réveilla Mme La Paresse qui regarda la brosse avec stupeur.

«Arrête! Arrête! cria-t-elle. Qu'est-ce que tu fais ? Tu n'es pas un peu folle ? »

Mais la brosse ne s'arrêta pas. Elle commençait à frotter le dessus de la cheminée... et Bang ! Bing ! elle envoya par terre deux chandeliers, un vase en cristal, une bonbonnière en porcelaine et une collection de petits animaux en ivoire.

Mme La Paresse se précipita sur le manuel de magie et en feuilleta anxieusement les pages. Mais, hélas ! il n'y avait pas de recette pour mettre au repos une brosse magique en train de travailler !

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La pauvre femme ne savait vraiment plus quoi faire ! Elle se rua sur la brosse magique qui s'était mis dans l'idée de nettoyer par le vide le grand placard de la cuisine !

Pan ! Pan ! La brosse donna à la femme de ménage un tel coup sur les doigts qu'elle en poussa un cri de douleur. Elle essaya encore de l'attraper, mais la brosse la frappa violemment sur le poignet.

Et zoum ! La brosse se mit en devoir de vider le placard. Crac ! Boum ! Bang ! La

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vaisselle tombait en grand fracas sur le carrelage de la cuisine !

« Ouille ! » fit Mme La Paresse qui venait de recevoir une grosse tarte à la crème en pleine figure.

La brosse montrait plus d'ardeur que jamais !

«  Aïe ! Aïe ! »Mme La Paresse sentait qu'un bol de gelée

était en train de lui couler dans le cou !Bang ! Boum ! Les gâteaux, les conserves

de légumes, les pots de confiture... tout volait sur le carrelage ! Et voilà qu'une grande jatte pleine de lait vint s'écraser par terre, juste devant le nez du chat de la maison, qui se mit à lécher avec délice la flaque de lait.

« Arrête ! Mais arrête-toi donc ! » hurla Mme La Paresse à la brosse endiablée.

Mais la brosse ne semblait même pas l'entendre. Elle grimpait en haut de la fenêtre,

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et envoya par terre les rideaux avec les tringles qui les retenaient.

C'est exactement à ce moment-là que la porte s'ouvrit et que le sorcier entra.

Oh ! Quelle catastrophe !... Mme La Paresse se mit à trembler et à pâlir.

« Arrêtez cette brosse ! Arrêtez cette brosse ! » supplia-t-elle en se tordant les mains de désespoir.

Mais le sorcier secoua la tête.

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« II lui reste du travail à faire ! » déclara-t-il.

Il n'avait pas fini de parler que la brosse se précipitait sur la pauvre Mme La Paresse, et se mit à la frotter avec la même énergie qu'elle avait mise à nettoyer le plancher.

« Ouille ! Ouille ! Aïe !...»

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Mme La Paresse essayait de se sauver, de se défendre contre la maudite brossé, mais celle-ci frottait, frottait ! Et han ! Grsss ! Crsss! Et je t'arrache les cheveux ! Et je te griffe la peau du cou !... Ah ! Ah î... C'était absolument épouvantable !

Enfin, le sorcier claqua des mains. Puis il dit:

« Abraca - abracadabra, toi qui nettoie, reviens vers moi !»

La brosse, d'un bond, se précipita vers lui, se rangea docilement juste devant ses pieds, et ne bougea plus.

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«Vous voyez les résultats de votre paresse!» dit alors le sorcier à la femme de ménage.

Il jeta un coup d'œil à la ronde. Quel gâchis!

« II ne vous reste plus qu'une chose à faire maintenant, c'est de tout nettoyer de fond en comble. Et que je ne vous surprenne plus à vous montrer paresseuse !

— Oh ! non ! monsieur ! Oh ! non ! plus jamais ! » gémit la pauvre femme.

Elle se dépêcha de commencer à ramasser tout ce qui traînait par terre.

« Plus jamais je ne serai paresseuse ! affirma-t-elle avec force. Maudite brosse!... Ah ! Quelle terrible histoire ! »

Mme La Paresse tint parole. A tel point qu'on dut lui changer son nom. Elle devint Mme Au travail. C'est qu'elle ne pouvait oublier ce qui lui était arrivé avec l'extraordinaire brosse magique !...

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L'ELFE ET L'ÉCUREUIL

IL ÉTAIT une fois un elfe appelé Flocon-d'or à cause de ses magnifiques cheveux dorés. Tout l'été, l'elfe avait joué avec les hirondelles, et quand elles avaient pris le départ pour les pays chauds en octobre, l'elfe s'était senti tout triste.

« Le froid va venir ! lui dirent les hirondelles juste avant de partir. Nous devons

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nous en aller. Mais tu ne peux pas nous accompagner parce que tes ailes ne te porteraient pas pour un aussi long voyage. Pourquoi ne passerais-tu pas l'hiver à dormir comme le font des tas d'animaux ?

— C'est une idée ! » répondit Flocon-d'or.Il décida qu'il était temps de se fabriquer

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de chaudes couvertures, un matelas douillet, un manteau bien épais dans lequel il pourrait s'envelopper.

Il fit les couvertures en cousant ensemble des pétales de rosé. Il fabriqua un matelas avec du duvet de chardon et se fit un manteau avec des feuilles de vigne-vierge cramoisie.

Puis il chercha un endroit où il pourrait s'installer. Il choisit un petit coin confortable au milieu d'un massif de dahlias. Les fleurs lui faisaient comme une ombrelle au-dessus de sa tête.

« Vous me protégerez de la pluie ! » déclara-t-il en souriant.

Et il s'endormit.Hélas ! Trois jours plus tard, le jardinier

vint avec son sécateur. Il coupa toutes les fleurs de dahlias, parce qu'elles commençaient à se faner.

Il faillit même marcher sur Flocon-d'or. L'elfe se réveilla et eut grand-peur. Il s'envola

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bien vite et disparut, laissant derrière lui son douillet matelas, et ses couvertures de pétales de rose.

Le jardinier ramassa le tout qu'il mit dans sa brouette avec les fleurs fanées. Et bientôt il jeta le contenu de sa brouette dans le feu qu'il avait allumé pour brûler les feuilles mortes.

Le petit elfe se sentit terriblement malheureux.

« J'ai si froid ! frissonna-t-il. Je n'ai même plus le courage de me faire de nouvelles couvertures. Je vais sûrement mourir de froid cette nuit ! »

Un petit écureuil descendit d'un arbre et s'approcha de l'elfe.

« Pourquoi pleures-tu ? »Flocon-d'or le lui dit.«Pourquoi ne vas-tu pas te réfugier contre

la fourrure d'un de ces petits animaux qui dorment pendant tout l'hiver ? En général, ils se font un petit lit de mousse

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et de feuilles sèches, ou trouvent un endroit bien abrité où ils sont protégés des tempêtes de l'hiver.

— C'est une très bonne idée, répondit le petit Flocon-d'or, un peu réconforté. Mais où trouver quelqu'un ? Je ne sais pas où chercher !

— Je vais te conduire, proposa l'écureuil. Viens voir tout d'abord la jolie petite maison du hérisson. Il y est bien au chaud pour l'hiver!»

Flocon-d'or prit la patte de l'écureuil qui le conduisit vers un petit creux dans un talus. Il détourna une plaque de mousse, et Flocon-d'or se glissa à l'intérieur du trou. L'elfe vit un gros hérisson brun profondément endormi. Des feuilles mortes lui faisaient une sorte de petit nid bien douillet.

L'elfe sortit vite du trou et secoua la tête.« Non, non, mon cher écureuil, je ne

pourrais pas dormir à côté du hérisson, il a

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trop de piquants ! 0'ailleurs, il ronfle ! Emmène-moi ailleurs !

— Eh bien, allons chez le crapaud ! »L'écureuil conduisit Flocon-d'or jusqu'à

une grosse pierre couverte de mousse et lui dit de se glisser en-dessous. L'elfe y découvrit le crapaud qui dormait de tout son cœur sous la pierre. Mais l'elfe revint vers l'écureuil en frissonnant.

« II n'a pas de couvertures ! Et c'est très humide là-dessous ! Ce n'est pas un endroit où j'aimerais dormir !

— Alors, viens chez la chauve-souris ! »L'écureuil l'emmena dans une très vieille

grotte et lui montra les chauves-souris pendues au plafond. Mais l'elfe fronça son petit nez et sortit précipitamment de la grotte.

«Elles ont une odeur vraiment désagréable! Jamais je ne pourrais dormir avec des chauves-souris ! »

L'écureuil réfléchit un long moment.« J'ai trouvé. Tu pourrais te lover contre

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le corps des serpents. Ils ont trouvé pour l'hiver un arbre creux où ils se sont mis tous ensemble. Ils y auront aussi chaud que dans un four. Viens, je vais t'emmener les voir. »

Mais quand Flocon-d'or passa sa tête dans le creux de l'arbre et aperçut les serpents enroulés les uns autour des autres, il recula, apeuré.

« Oh ! non ! Ces serpents ont l'air terrible ! S'ils s'enroulent autour de moi comme ils s'enroulent les uns autour des autres, ils m'étoufferont ! Allons ailleurs !

Tu n'es pas facile à contenter ! fit l'écureuil en réfléchissant intensément. Nous pouvons aller trouver la marmotte. Elle dort dans un creux sous les racines d'un vieux sapin. Veux-tu y aller ?

— Non, non ! J'aurais peur de manquer d'air. Et toi, écureuil, où donc dors-tu ?

— Oh ! Moi, je dors dans le creux d'un chêne, et j'y suis parfaitement bien. Mais

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je ne dors pas pendant tout l'hiver. Quand il ne fait pas trop froid, je me réveille, je sors un peu et je joue. Je mange aussi quelques noisettes. J'en ai fait toute une provision pour en avoir l'hiver quand il y a du soleil et que j'ai envie de faire une petite fête. Même en hiver, il y a de beaux jours, et j'ai toujours pensé qu'il était bien dommage de passer tout son temps à dormir !

— Je suis bien de ton avis ! s'écria l'elfe. Moi aussi, j'ai envie de me réveiller de temps en temps, et de faire un festin !

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— Le seul ennui est que j'oublie souvent où j'ai caché ma provision de noisettes. Je t'offre bien volontiers la moitié de ma maison si tu m'aides à les retrouver lorsque nous nous réveillerons.

— Tu peux compter sur moi ! déclara Flocon-d'or. Emmène-moi dans ta maison.»

Ainsi l'elfe partagea le refuge de l'écureuil, et tous deux passèrent un hiver délicieux. La fourrure de l'écureuil était plus chaude que là plus chaude des couvertures,

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et Flocon-d'or n'avait jamais été aussi bien.« Je suis tout heureux ! fit-il d'une voix

ensommeillée. C'est beaucoup mieux que d'être étouffé par les serpents, de me glacer avec un crapaud, ou de me pendre par les pieds avec les chauves-souris. Bonsoir, écureuil ! Fais de beaux rêves ! »

Ils en firent tous deux. Puis le printemps revint, l'été suivit. L'elfe ne quittait plus l'écureuil. Tous deux se mirent en quête de noisettes que l'écureuil cacherait dans le bois pendant les belles journées d'octobre.

Et qui en trouverait le plus ? Flocon-d'or, bien sûr !

Si vous allez dans la forêt, peut-être verrez-vous, voletant aux alentours d'un noisetier, un ravissant petit elfe aux cheveux d'or...

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LES CHAPEAUX VOYAGEURS

A LUTINVILLE, il y avait une boutique qui vendait des chapeaux. C'étaient deux gnomes, Nez-en-l'air et Nez-en-moins, qui la possédaient.

Ils fabriquaient de magnifiques chapeaux hauts de forme de toutes les couleurs : des bleus, des jaunes, des rosés et des verts ; car les habitants de Lutinville adoraient les réceptions,

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et ils y allaient toujours en chapeau haut de forme.

Et voilà qu'il arriva une chose bien bizarre: les hauts-de-forme se mirent à disparaître dans les maisons de Lutin ville, sans qu'on puisse comprendre comment.

Fier-à-bras le nain venait juste d'acheter un gibus vert de toute beauté — un vert orné d'un galon rouge. Il l'avait mis pour se rendre à une soirée au village voisin et tout le monde l'avait trouvé très élégant. Quand il était rentré chez lui, il avait, comme d'habitude, accroché son chapeau dans le vestibule. Et le lendemain matin, le chapeau avait disparu !

Après celui de Fier-à-bras, ce fut le tour d'un autre. Cette fois, il s'agissait du haut-de-forme de Fend-la-Bise, le farfadet. C'était un splendide chapeau de soie rosé avec une garniture bleue. Et Fend-la-Bise y avait piqué une petite plume d'autruche.

Un soir, Fend-la-Bise avait rangé le chapeau dans une boîte.

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Il avait mis la boîte sur l'étagère de sa chambre à coucher. Mais — horreur !... — quand il avait ouvert la , boîte le lendemain matin, celle-ci était vide ! Ou plutôt, il n'y restait plus que la petite plume d'autruche !

Fier-à-bras et Fend-la-Bise se rencontrèrent sur la place du village et se racontèrent leurs malheurs. Mais ils n'étaient pas les seuls à avoir eu cette mésaventure. Deux de leurs amis avaient également perdu leurs chapeaux pendant la nuit.

« J'avais mis le mien sur ma table de cuisine ! s'écria Pili-Pilo l'elfe. Et ce matin, il n'y était plus !

— Et moi, déclara Gobe-la-Lune le lutin, j'avais accroché le mien au portemanteau qui se trouve à la tête de mon lit. Et je suis sûr qu'il y était encore quand je suis allé me coucher, parce que ma femme m'a dit : « Gobe-la-Lune, tu n'as pas rangé ton chapeau dans sa boîte, il va prendre la poussière ! »

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J'ai regardé le chapeau. Je n'y ai pas touché, mais je suis sûr qu'il était là. Et ce matin, pffttt ! Plus rien !

— Ce n'est vraiment pas de chance ! grogna Fier-à-bras. Alors que nous sommes tous invités ce soir à une réception chez le duc de Grandes-Manières ! Qu'allons-nous faire ? Nous ne pouvons pas y aller sans nos hauts-de-forme !

— Nous ferions peut-être aussi bien, au lieu de nous lamenter, de courir à la boutique de Nez-en-l’air et Nez-en-moins.

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Peut-être qu'ils auront en magasin des gibus à notre taille. Ce serait bien un hasard, mais essayons tout de même ! »

Ils allèrent donc chez les chapeliers et leur racontèrent comment leurs chapeaux avaient disparu.

Nez-en-l'air et Nez-en-moins les écoutèrent sans rien dire et parurent très étonnés.

«Pour tout vous dire, ajouta Pili-Pilo, nous sommes invités aujourd'hui à une soirée. Pouvez-vous nous fournir à temps des hauts-de-forme ?

— Je suppose que vous aimeriez des chapeaux tout semblables à ceux que nous voua avions vendus ? demanda Nez-en-moins.

— Oui I Oui ! répondirent ses clients.— Eh bien, nous allons essayer de vous

les refaire avant ce soir, dit Nez-en-Pair. Mais pour nous, quel surcroît de travail ! Quatre chapeaux dans la journée ! Je pense que vous trouverez normal de payer ces

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nouveaux chapeaux le double du prix habituel.

— Le double ?.» s'indigna Gobe-la-Lune.Mais il se résigna bien vite. Que faire

d'autre ?«Bon, bon ! Puisqu'il n'y a pas d'autre

solution !...»Et exactement dix minutes avant le départ

de Fief-à-Bras, Fend-la-Bise, Pili-Pilo et Gobe-la-Lune pour le manoir du duc de Grandes-Manières, les chapeliers leur livrèrent leur marchandise.

Chacun essaya fébrilement son chapeau. Chacun poussa des cris de plaisir.

« Oh ! C'est parfait ! »C'était vraiment parfait ! Les chapeaux

étaient exactement à leur taille et ressemblaient dans les moindres détails à ceux qu'ils avaient perdus. On aurait dit que c'étaient les mêmes !

Cette même nuit, trois autres chapeaux

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disparurent. Ils appartenaient à Frim, Fram et Froum, trois frères. Ceux-ci étaient bouleversés. Ils étaient invités chez une marquise, et comment pouvaient-ils s'y présenter sans leurs élégants gibus ?

«J'avais mis le mien sur le rayon de la penderie de ma chambre, affirma Frim.

— J'avais laissé le mien sur la machine à laver, déclara Fram.

— Je ne me souviens plus de ce que j'avais fait du mien, grogna Froum, mais je l'avais sûrement mis quelque part !

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— Nous ferions mieux d'aller trouver ces chapeliers en vitesse, si nous voulons qu'ils aient le temps de nous en refaire d'autres avant qu'il ne soit trop tard ! » conclut Frim avec une grimace de dépit.

Ils allèrent donc à la boutique. Nez-en-l'air et Nez-en-moins promirent de refaire les mêmes chapeaux dans l'après-midi même.

«Mais bien sûr, ajoutèrent-ils, cela vous coûtera le double !»

A partir de ce jour-là, de plus en plus de chapeaux disparurent à Lutin ville. Les

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habitants du village commencèrent à se fâcher. C'était intolérable !

Ils passaient des nuits à guetter dans leur maison pour surprendre les voleurs de chapeaux, mais jamais personne ne réussit à les surprendre.

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Les seuls qui n'avaient pas à se plaindre étaient les chapeliers. Ils n'avaient jamais vendu autant de chapeaux. Et comme ils étaient Surchargés de travail, disaient-ils, il leur arrivait de demander le triple et même plus du prix habituel.

Finalement, Frim, Fram et Froum, dont les chapeaux avaient été volés pour la deuxième fois, décidèrent d'aller trouver la magicienne dans la montagne, la célèbre Mme Pense-à-tout.

Elle écouta leur histoire, puis hocha la tête.«Je vois, je vois. Voulez-vous trouver les

voleurs ? Alors attachez un long, long fil à votre chapeau, et gardez en main l'autre bout. Quand le chapeau disparaîtra, vous n'aurez plus qu'à suivre le fil, et il vous conduira à vos voleurs.

— Quelle astucieuse idée ! » s'écrièrent Frim, Fram, Froum.

Ils rentrèrent chez eux. Et chacun d'eux attacha un fil au chapeau qu'il avait dû racheter une troisième fois...

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Cette nuit-là, rien n'arriva. Mais la nuit suivante, les trois frères furent réveillés par un drôle de bruit. Pfftt ! Pfftt ! Ils allumèrent la lumière. Leurs chapeaux avaient disparu !

« Vite ! cria Frim. Suivons les fils ! »Tous trois sautèrent de leurs lits d'un

bond. Les fils les amenèrent à passer par la fenêtre, puis à traverser le jardin, à franchir une grande prairie, à descendre la colline,

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et puis... où allait donc ce fil?... Mais oui, il arrivait à là boutique de Nez-en-1'air et de Nez-en-moins !

Les trois frères regardèrent à l'intérieur de la boutique par une fente des volets. Ile y virent les deux chapeliers. Nez-en-l'air relevait le nez et ricanait en montrant toutes ses dents. Il tenait à la main un livre de magie et en récitait les paroles, tandis que Nez-en-moins ouvrait la fenêtre à l'arrière de la boutique. Par la fenêtre ouverte apparurent les chapeaux

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qui revenaient tout seuls dans la boutique des chapeliers grâce à la formule magique. Nez-en-moins attrapa au vol les chapeaux pour les empiler sur la table.

« Oh ! Les canailles ! s'exclamèrent Frim, Fram et Froum qui étaient devenus rouges de colère. Quand ils fabriquent les chapeaux, ils les ensorcellent en même temps, ce qui leur permet de les faire revenir dans leur boutique au jour et à l'heure qu'ils choisissent ! Et ensuite ils n'ont plus qu'à nous les vendre une deuxième, ou même une troisième fois, et chaque fois, ils les vendent encore plus cher !»

Les trois frères firent en vitesse le tour de la maison des chapeliers et se montrèrent à la fenêtre par laquelle les chapeaux venaient d'entrer. Ils interpellèrent les deux méchants gnomes :

«Voleurs! Bandits L Vous allez voir ce qui vous arrivera quand les habitants de

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Lutinville sauront que c'est vous qui faites disparaître leurs chapeaux ! Attendez demain matin !

— Pitié ! Pitié ! gémirent les chapeliers qui étaient devenus tout pâles de frayeur.

— Pas de pitié ! » dit Frim en pinçant le long nez de Nez-en-l'air.

Cela faisait longtemps qu'il avait envie de faire ça ! « Rendez-nous nos chapeaux ! » ajouta-t-il.

Les trois frères furent bientôt en possession

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de leurs chapeaux qu'ils se mirent aussitôt sur la tête après en avoir décroché le fil.

« Attendez demain ! Ah ! Ah ! » fit alors Fram d'une voix menaçante.

Le lendemain, les habitants de Lutinville apprirent toute l'histoire. Quels cris de colère dans le village quand on sut la vérité ! Ah ! Ah! Ces chapeliers de malheur allaient voir ce qu'on gagnait à se moquer ainsi du monde !

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Conduits par Frim, Fram et Froum, une vingtaine de gnomes, d'elfes et de lutins se précipitèrent à la boutique de Nez-en-l'air et de Nez-en-moins. Mais la boutique était fermée. Sur la porte, il y avait un écriteau :

Fermé pour cause de déménagement. Vous pouvez tous étouffer sous vos chapeaux!

« Les effrontés ! s'écria Pili-Pilo, furieux.— En tout cas, fit Gobe-la-Lune qui ne

perdait jamais le nord, ils ont dû laisser quelques chapeaux dans leur boutique. Si on se servait ? »

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On enfonça la porte des chapeliers, et l'on découvrit des placards pleins de chapeaux de toutes sortes. Chaque habitant de Lutinville put en avoir au moins trois ou quatre.

« Je suis bien content d'avoir pincé le vilain nez de Nez-en-Pair cette nuit ! s'écria alors Frim. Je ne regrette qu'une chose, c'est de ne pas en avoir fait autant à Nez-en-moins ! »

Personne ne sut jamais ce qu'étaient devenus les deux chapeliers malhonnêtes. Mais personne ne se plaignit jamais d'en être débarrassé.

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Enid Blyton

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