BLACHÈRE Grammaire Arabe

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Grammaire de l'arabe classique

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  • R. Blachre M. Gaudefroy-Den1ombynes

    GRAMMAIRE ---DE---

    ' ara~ e classique

    Maisonneuve & Larose

  • GRAMMAIRE DE

    L'ARABE CLASSIQUE (MORPHOLOGIE ET SYNTAXE)

    PAR

    R.BLACHRE Professeur la Sorbonne

    ET

    M. GAUDEFROY-DEMOMBYNES Professeur honoraire l'E.N.1.0. V.

    DITIONS MAISONNEUVE-LAROSE 15, rue Victor-Cousin

    75005 PARIS

  • QUATRIME DITION

    (Nouveau tirage)

    Imprim en France

    La loi du 11 mars 1957 n'autorisant. aux termes des alinas 2 et 3 de l'ar-ticle 41, d'une part, que les copies ou reproductions strictement rserves l'usage priv du copiste et non destines une utilisation collective et. d'autre part. que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration . toute reprsentation ou reproduction intgrale, ou partielle. faite sans le consen-tement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause. est illicite (alina I" de i'article 40).

    Cette reprsentation ou reproduction. par quelque procd que ce soit. constituerait donc une contrefaon sanctionne par les articles 425 et suivants du Code Pnal.

    G.-P. MAISONNEUVE ET LAROSE, 1975. 15 rue Victor-Cousin

    75005 Paris

    ISBN : 2-7068-1128-5

  • AVANT-PROPOS

    Il convient de dire pourquoi on a cru bon d'ajouter une nouvelle grammaire de l'arabe classique la liste dj longue de celles qui ont t publies en franais.

    Ds la Renaissance, le public franais a montr de l'intrt pour ftude de la langue etde la littrature arabes. Au dix-huitime sicle, les uvres de d'Herbe/ot, de Galland, de Ptis de la Croix ont popu-laris certains aspects des littratures persane et turque, mais c'est la suite de l'expdition d'gypte qu'est ne I' cole franaise d'orien-talisme, que Silvestre de Sacy a domine de sa haute personnalit.

    Sa11s heurter les habitudes d'esprit que la grammaire de Port-Royal remanie par Lhomond avait imposes /'enseignement, de Sacy, dans sa grammaire arabe, a te11u grand compte des mthodes des gram-mairie11s arabes et il y a fait entrer les observations recueillies au cours de ses vas tes lectures.

    Pendant plus d'un sicle, toutes les grammaires d'arabe classique publiees en Europe n'ont t que des abrgs ou des remaniements de la grammaire de de Sacy. Caspari en a donn en allemand un r'sum, qui a t traduit en franais par Uricoechea en 1880 et, en anglais, par Wright en r852. La deuxime dition de cette dernire traduction est devenue en 1874 un ouvrage nouveau, o l'on tient compte notamment des observations de Fleischer sur la grammaire de de Sacy; la troi-sime dition (I/?96-1898), revue par R. Smith el De Goeje est encore aujourd'hui la grammaire de chevet des arabisants. Le copieux ouvraged1 P. Donat Vernier(1891-1892) a accumul lesfaits, extraits des grammairiens arabes, de telle sorte qu'il semble plus ais de les retrouver da11s leurs ouvrages que.dans le sien. Plus pratique et plus moderne, la grammaire de l'abb Prier (r91J) s'inspire toujours de la mthode de de Sacy.

    Cependant l'tude des langues avait subi, dans la deuxime moiti

  • 4 A V ANT-Pf\OPOS

    du XIX' sicle, une transformation complte. En France, la connais-sance des langues i11do-europennes doit Burnouf, Darmesteter, Bral, Meil/et, dont les disciples continuent l'uJJre, des progrs qui l'ont entirement renouJJele et des mthodP.s qui s'appliquent la linguistique gn.rale. Dans le domaine smitique, l'histoite des langues smitiques de Renan est reste isole et inacheJJe; et qientt elle est deJJenue dsute. Sans doute, l'tude des parlers arabes modernes s'est rapidement tendue. sous l'impulsion de William M:zrais et des arabisants qui traJJaillent selon ses mthodes,: mais elle n'a pas eu encore toutes ses consquences sur la comprhension de la grammaire de /'arabe classique.

    En Allema15ne, o les tudes arabes ont subi tout d'abord l'in-fluence de de Sacy, les tudes smitiques, et en particulier les tudes de linguistique et de grammaire arabes ont t actiJJement pousses par Fleische1; NO!deke, Brockelmann, Reckendor f,. Fischer, Rerg-straesser, etc. Et c'est en allemand qu'a paru la premire grammaire lmentaire de l'arabe classique, celle de Socin, reJJue par Brockelmann (d. 1929) qui cherche adapter l'tude de l'arabe des faons modernes de comprendre le mcanisme d'une langue.

    Le prsent ouJJrage, ayant les mmes intentions, se rencontrera parfois aJJec son deJJancier. Il s'en loignera notamment par un souci plus grand d'expliquer les faits et de les exposer dans un ordre et sous une forme qui en rendent l'tude plus aise aux erudiants.

    Dans -/a premire partie, qui traite de la MORPHOLOGIE, on a conserv l'ordre adopt par l'un de nous dans les leons qu~il a pro-fesses pendant vingt-sept ans {'cole des Langues Orientales de Paris.

    On s'abstient da11s cette partie, pour tne'n des raisons, d'etudier la phontique de l'arabe; on peut s'en tenfr quelques principes et quelques hypothses quand on ne considre que J'arabe classique. Cependant on rpter(l souvent au lecteur qu'une langue est d'abord parle. et qu'il conJJient de n'oublier en aucun cas les positions de l'arabe parl. Les grammairiens arabes s~ sont exprims de faon faire croire qu'ils 11e se souciaient que de lettres, c'est-dfre de signes; leurs imitateurs modernes ont donc pens qu'ils ne s'taient jamais proccups des sons, et qu'il convenait la dignit de la grammaire de l'arabe classique de ne s'intresser qu' des mots crits. Ce juge-ment sommaire' est bien modifi par la lecture attentive des ouvrages des grammairiens arabes.

    On s'attathera donc dans cette premire partie distinguer le son du signe et on essaiera de montrer que l'on ne peut comprendre la mor-phologie de /'arabe qu'en recherchant ce qu'il prC'nonce aJJant ce qu'il

  • A V ANT-PROPOS 5

    crit. La tche est d'ailleurs fort simplifie par l'orthographe arabe qui est en gnral excellente.

    Dans la seconde partie, consacre la SYNTAXE, on essaiera moins d'apporter de /'i11dit que de prsenter /es faits sous leur aspect rel. On se bornera l'expos de la syntaxe pr-classique et clas-sique'" entendons de la langue qui s'crit jusqu' la fin du XIX sicle. Sans doute, les auteurs cits, l'exception d'lbn ljaldn (t 1406), appartiennent tous la priode qui s'tend du dbut du Vil iicle la fin du X sicle de J. C.; ce choix ne correspond donc poi'!t exacte-ment ce qu'on a appel langue pr-classique et classique . Il se justifie nanmoins si l'on admet que c'est prcisment durant cette priode de quatre sicles que la langue arabe fixe ses rgles, s'lile au rang de langue litt;aire, sert d'instrument d'expression des uvres considres comme des modles et devient le substrat de la langue crite dans les sicles qui suivent et jusqu' l'poque contemporaine. D'autre part, on s'efforcera, dans cet expos d'allure gnrale, d'viter ce qui semble accidentel. C'est ainsi qt/on n'a point fait de place certaines constructions propres aux potes(') et qu'on en a fait trs peu aux tournures des grammairiens arabes si avides d'inhabituel et si prompts forger des exemples pour tayer leurs abstractions. Il ne convenait pas en effet, de perdre de vue le ct vivant de cette langue classique et d'accorder une valeur gnrale des trouvailles d'artistes ou des subtilits de philologues. Enfin, on s'est interdit systmatiquement de recourir des citations d'auteurs contemporains ; la syntaxe de l'arabe moderne se cre en effet sous nos yeux et il serait tme-raire de penser qu'on puisse actuellement en.fixer les aspectsfuyant1 et parfois contradictoires.

    On voudrait que l'tude de l'arabe ft rendue plus aise aux dbutants par un ouvrage qui n'est certes point une grammaire complte'" mais o l'on s'efforce d'exposer les faits essentiels suivant des mthodes qui ne s'cartent pas trop grossirement de celles de la linguistique moderne.

    Le plan suiJi dans le livre l (Morphologie) est essentiellement dict par des proccupations d'ordre pratique. Avant tout, on a pens l'tudiant, ses besoins, en p4rticulier la ncessit pour lui d'abor-der les textes dans un temps trs court. On a donc renonc, pour cette partie, suivre un plan systmatique et l'on a prfr donner un expos des faits qui, en se. compltant, permettront d'expliquer des textes de plus en plus difficiles, tout en pntrant mieux la structure et le Jonc~ tionnement de l'arabe classique.

    ( 1) Sauf dans le chap. des prpositions, o il fallait au contraire faire place toutes les acceptions, potiques et autres.

  • 6 A V A NT PROPOS

    ..

    .. *

    Nous devons beaucoup de gratitude M. Marcel Cohen pol!.r les avis qu'il nous a donns, tant pour le plan du livre II (Syntaxe) que sur des points particuliers de cette seconde partie. De mme, nous exprimons nos remerciements M. William Marais pour les faits d'exprience qu'il a bie11 voulu nous fournir pour cette mme partie. Enfin, nous sommes reconnaissants notre collgue et ami M. Georges Colin de l'intrit qu'il a pris l'ensemble de ce travail et des conseils prcieux qu'il nous a donns.

    M. G.-D. et R. B.

  • RFRENCi:S

    Nota. - Seuls figurent ici les auteurs couramment cits. Pour les autres, la rfrence complte est donne en note en bas de page.

    Ag= Ab 1-Faraj al-l~fahn, Kitb al-agnl, 3. d. (en cours de publication, 12 vol. pars). Le Caire, 1345/1927 et suiv.

    BARTH, Prun.= Die Pronominalbildung in den semitischen Sprachen. Leipzig, 1913.

    BARTH, Nom. =Die Nominalbildung in Sem. Sprachen. Leipzig, 1889. BERGSTRAESSER, Einfhrung in die semistichen Sprachen. Mnchen,

    x928. BLACHRE, /ntr. Cor. = Introduction au Coran. Paris, 1947. BROCKELMANN, Gr. = Grundriss der 11ergleichenden grammatik der

    semitischen Sprachen. Berlin, 1908. BROCKELMANN, Prcis = Prcis de linguistique smitique. Trad.

    W. Marais et M. Coqen. Paris, 1910. Bu~= al-Bubri, al-Jmi' a~-Sa~~, d. Krehl. Leiden, 1862 et suiv. CANTINEAU, Le dialecte ar:abe de Palmyre. Beyrouth, 1935. Cor= Coran, recension officielle d'gypte. Caire, x 342/1924. M. COHEN, Verbe =Le systme 11erbal smitique et rexpression du

    temps. Paris, 1924. M. CoHEN, Alger= Le parler des Juifs d'Alger. Paris, 1912. DHORME, Langues et critures smitiques. Paris, 1930. FGHALI, Kf .= .Le parler de Kjar'abida. Paris, 1919. FtGHALI, Synt. =Syntaxe des parlers arabes actuels du Liban. Paris,

    1928. FVRIER, Hist. de l'Ecr. = Histoire de l'E.~criture. Paris, 1948. FLEISCH, Introduction l'tude des langues smitiques. Paris, 1947. FLEtSCH, Etudes de phontique arabe, dans Mlanges de l'Uni11ersit

    St. Joseph, t. XXVIII. Beyrouth, 1949-50.

  • 8 RFRENCES

    l!:f =Ibn Ijaldn, Muqaddima. Ed. 'Abd ar-R. Mul)ammad, Le Caire, S. d.

    IQ =Ibn Qutayba, 'Uy11 al-a~br. 4 vol., Le Caire. 1343/1921 et suiv. IQ, Adab =Ibn Qutayba, Adab al-Ktib. Ed. Grnert. Leiden, 1900. Jl:i = al-Jl)i~, Kitb al-buhal'. Ed. Van Vloten. Leyde; 1900. W. MARAIS, Tlemcen= Le dialecte arabe parl Tlemcen. Paris, 1902. W. MARAIS, U. B.= Le dialecte arabe des Uld Brlzim de Sada.

    Paris, 1908. NLDEKE, Zur Gr. = Zur Grammatik der classischen Arabisch (Kais.

    Ak. Wiss., t. 45). Wien, 1896. Q = al-Ql, Kitb al-amli. Ed. Ism'il ibn Diyb. Le Caire, 1344/

    1926. RABIN, Ancient \Vest A rabia11. Londres, 1951. RECKENDORF, Verh. =Die syntaktischen \!erhii/tnisse des Arabischen.

    Leiden, 1898. RECKENDORF, Synt. = A1abische Syntax. Heidelberg, 1921. Sb = Sbawayh, Kitb. Blq, 1316. SocJN, Arabische Grammatik (revue par Brockelmann). 10 d .. Berlin,

    1929 WENSINCK, Some aspects of ge11de1 in the semitic languages. Dans les

    Verhandelingen der Kon. Akademik ... te Amsterdam, t. 27, 1927. WPJGHT, A grammarofthearabic/anguage. 3d.(revuepar R. Smith

    et De Goeje). Cambridge, 1896-1898. Zajj = az-Zajjj, al-Jumal. Ed. Ben Cheneb. Alger, 1927.

  • LIVRE 1

    MORPHOLOGIE

  • CHAPITRE PREMIER

    LA LANGUE ARABE - CRITURE PHONTIQUE

    Gnralits sur la langue arabe.

    r. - a) Avec les idiomes vivants ou morts d'Abyssinie et le sud-arabique seulement attest par des inscriptions, l'arabe forme le rameau mridional de la famille des langues dites smitiques dont la branche sef!tentrion'ale et orientale tait ou est constitue par l'akkadien (ou assyro-babylonien), le cananen, l'hbreu et les idiomes aramens('). Au terme de son volution actuelle, l'arabe se rvle sous deux aspects. L'un, dit arabe dialectal (ou vulgaire), est reprsent par la multitude des parlers usits depuis l'lraq jusqu'en Maurtanie. L'autre, dit arabe classique (ou littral) (l'appellation: arabe rgulier est bannir), se distingue du prcdent en ce qu'il a t et est employ pour la fixation crite.de la pense ou dans les discours, les confrences tendant revtir une forme littraire. Cette langue offre donc un exemple de diglossie trs caractris. Pour tout arabophone, la connais-sance de l'arabe classique (ou littral) rsulte d'une acquisition gr_ce laquelle cet idiome savant se superpose au dialecte maternel sans jamais le supprimer.

    b) Les premiers spcimens de la langue arabe sont, d'une part des inscriptions dites li~ynites et thamoudennes datant du 11 s. de notre re (en une criture drive de celle du sud-arabique), d'autre part, trois inscriptions.du v1 s. dont deu:x, celle de Zebed (prs d'Alep) et celle de l:farrn (dans le Hauran) sont aussi les monuments les plus anciens en criture arabe(2). Ces textes pigraphiques sont malheu-reusement trop courts et d'un contenu trop mince pour renseigner sur la gense de l'arabe classique. On a lieu seulement de penser que cette

    ( 1) V. BROCKELMANN, Prris, 7 suiv., complter par DHORME,' Langues ... smi-tiq1w, 6 SUV., )3, et par rLEI~Cll, fotrvd1ulion, 1'9 (tableau).

    ( 1) DHORME, op. cil., 54 suiv. ; rLEI:iCH, op. cil., 95 suiv.

  • 12 GNRALITS SUR LA LANGUE ARABE I

    langue a pour origine la koin utilise par les potes d'Arabie Centrale et Orientale, ds le v1 s. de J .-C. La rvlation du Coran, en .cette koin teinte de quelques formes propres au dialecte me.k.kois parl par Mahomet(1) hissa cet idiome au rang de langue religieuse. Par sa forme rime et rythme, le Coran reprsente un aspect particulier de la langue, intermdiaire entre la posie et la prose.

    c) C'est au vn s., dans les grandes villes du jeune empire musul-man, Damas, Coufa, Bassora puis .Bagdad (fonde en 762) que s'est forme celle-ci. Il fallait en effet un instrument d'expression aux ides de la socit nouvelle ne du mlange des conqurants avec les populations tributaires converties l'Islam. La prose arabe fut cre sous des influences diverses: le Coran ou la langue sacre, le langage solennel (prne religieux et politique du vendredi dans les mosques principales), le IJ.adth autour duquel s'organisaient la th

  • RACINE

    Iution a dpendu des conditions historiques, ont conserv leurs parti-cularits: leur influence sur la langue littraire reste faible. Mais ils servent d'expression une posie surtout satirique qui est trs vivante en certains milieux.

    Il est impossible de prvoir dans quelle direction se poursuivra l mouvement actuel qe la littrature arabe et celui de la langue.

    2. - L'arabe est une langue flexions. Elle emploie, pour la conjugaison du verbe et pour la dclinaison du nom, des indices d'aspect, de mode, de temps, de personne, de genre, de nombre et de cas, qui sont en gnral des suffixes, mais qui, l'aspect inaccompli du verbe, sont aussi des prfixes. Les flexions du verbe et du nom sont moins riches dans les dialectes parls aujourd'hui que dans la langue classique. Cet appauvrissement semble avoir t dj apparen1 au dbut de l'Islam. Ds l'poque omayyade, la langue des citadin!. accentuait cette tendance l'abandon des flexions de cas(!).

    On appellera ici racine l'ensemble des deux, trois ou quatre consonnes qui repr"tentent une notion dfinie: k t b notion d'crire.

    On appellera thme l'ensemble des consonnes et des voyelles qui compose un mot: kataba il a crit , et que compltent des flexions nominales ou verbales(2).

    La racine arabe est purement consonantique. Les voyelles ne sont que des lments de drivation. Elle diffre donc nettement de la racine dans les langues indo-europennes, o elle apparat sous une forme syllabique, c'est--dire avec des voyelles dont les variations et les alternances jouent un rle essentiel dans le mcanisme et dans l'histoire de ces langues.

    Ce rle si particulier de la racine, en smitique et spcialement en arabe, a t prcis par les grammairiens de l'poque classique. Ceux-ci, qu'ils appartinssent aux deux coles classiques de Coufa et Bassora, ou qu'ils fussent postrieurs et trangers, avaient reu la mme duca-tion scolastique, celle du ka/dm, c'est--dire la logique grecque adapte la pense de la jeune socit musulmane qui, renonant l'aramen et au pehlevi, avaient adopt l'arabe comme idiome de civilisation. La logique les avait conduits formuler, pour la langue arabe, des lois de drivati.on qui ramnent tout mot un type essentiel, par le jeu du principe d'analogie, du qiyds. Cette tendance, dominante surtout chez les grammairiens de Bassora, a subsist dans l'enseignement de la grammaire de l'arabe classique jusqu' l'heure actuelle; elle a l'avan-tage de confrer la morphologie arabe une unit et une sret de

    (1) NLDEKE, Zur Grammatik, 70. ( 2) V. CANTINEAU, dans Semitica (Paris, 1950), III, 7J suiv.

  • RACINE

    classement trs pdagogique; on s'y conformera ici, mais il importe d'avoir conscience de ce qu'elle implique d'artifice.

    ~ 3. - Les grammairiens arabes ont rig en principe absolu que la racine arabe est trilitre, c'est--dire compose de trois consonnes. C'est sans doute une tendance de la langue qu'ils ont peut-tre contribu dvelopper; cependant, mme dans l'tat de la langue telle qu'ils en ont codifi les rgles, le fait n'est point gnral, et il subsiste des racines de quatre consonnes dont certaines paraissent tre irrductibles, tandis que d'autres sont des redoublements d'un lment bilitre, et que d'autres semblent tre des racines trilitres, renforces d'un lment instable, par exemple d'une liquide. Les racines bilitresparaissent avoir t fort nombreuses: quelques-unes se sont conserves dans la langue telle que nous la connaissons. D'autres ont t rendues trilitres, soit par l'adjonction d'un hamta, d'un 1v1v ou d'un y', soit par le redoublement de la seconde consonne radicale, soit mme par des moyens pi us complexes. Si l'on considre, par exemple, une racine hm, qui parat reprsenter une onomatope: ham, et qui, redouble, fournit un verbal quadrilitre hamhama faire hem! hem!, ronchonner, grogner , on trouve des parallles: hamma songer, penser et 1vahama imaginer, concevoir .

    Mais il faudra aller beaucoup plus avant dans l'analyse du voca-bulaire arabe le jour o on pourra vraiment en faire l'histoire. Il faudra tenir compte de l'instabilit particulire des sons exprims par les lettres que dans d'autres circonstances Meillet a appeles son antes : non seulement w1v et y ', mais aussi /, 1, 11. 11 convien-dra de noter les mta thses: na' a/a pour la'ana maudire est un fait ancien. On trouvera des quivalences lointaines, rsultant de faits dialectaux ou d'emprunts; par exemple les drivs de !a racine '\ b r sont, pour la plupart, rattacher la racine 4 b r. Il faudra alors remonter au smitique commun, sinon un chamito-smiti-:iue encore imprcis.

    Mme si l'on admet qu'en ramenant tous les mots arabes des racines trilitres, on" nonce une affirmation le plus souvent exacte, et en tout cas, une convention pratiquement utile, on n'a point rsolu toutes les difficults; car les mots ne drivent point d'une racine trilitre suivant des lois inflexibles. Il y a, par exemple, de~ types nominaux qui ne se sont point spcialiss ; c'a c1 i c' peut servir de moule un nom verbal, un collectif ou pluriel interne, un adjectif, qui, s'il est de drivation verbale, peut tre de sens actif ou passif, enfin un substantif singulier, sans qu'il apparaisse un lien logique entre ces divers emplois. Barth a tent une thorie du nom en smi-

  • RA.CINE, THMES IS

    tique base sur une double drivation remontant au o: parfait et l' c imparfait du verbe et rsultant de l,'identit oil de l'altrnance de la voyelle de la seconde consonne radicale du verbe ses deux aspects. Il a abouti une norme numration de thmes, fort prcieuse en elle-mme, mais qui ne met point d'ordre utile dans le vocabulaire et qui ne prpare pas une explication historique. On en arrive seulement constater que l'arabe possde, en communaut plus ou moins troite avec d'autres langues smitiques, un grand nombre de thmes nomi-naux qui, dans des circonstances impossibles prciser, ont servi de type au nom verbal aussi bien qu'au substantif, l'adjectif, au collec-tif, au pluriel, etc.

    Il convient donc d'accepter, sans illusions, la domination de la racine trilitre verbale, que les grammairiens arabes ont impose leurs livres thoriques, et aussi leurs dictionnaires. Pour reprsenter les thmes verbaux et nominaux, on use d'une notation qui peut remplacer celle qui est actuellement suivie en Europe. Peu lieu de reprsenter une racine parc c c3, l'arabe crit f', 'ayn, /m, trois consonnes qui forment une racine relle de la langue, exprimant l'ide d' c agir, faire . Les grammairiens parlent donc d'un verbe de type fa' a/a, d'un nom de typef'i/ oufa'il, d'un pluriel maf'il, etc. En outre, comme la troisime personne du masculin sing. du verbe l' o: accompli ,, reprsente le mieux la racine nue, dpoi.lille de tout lment de drivation, les grammairiens l'emploient pour dsigner la racine, comme l'infinitif en franais. On a donc:

    Rac. k t b: verbe kataba crire ,, . Rac. q t I: verbe qatala tuer,,_

    C'est en partant de cette 3 pers. masc. sing. de l' accompli que se tirent les thmes. Ainsi f'a/a est la troisime personne de l'accompli du verbe qui ajoute son sens normal l'expression d'effort et de but:

    Rac. kt b: v. ktaba crire , correspondre. Rac. q t I: v. qtala o: combattre.

    f'i/ est le thme du nom d'agent, du participe actif du verbe de forme c nue 11:

    Rac. k t b: k(ib secrtaire. Rac. t j r: tjir o: marchand.

    maf'l est le thme du nom de patient, du participe passif: Rac. k t b: maktb o: crit 11. Rac. q t I: maqtl tu . R.ac. m I k: mamlk possd, esclave, mamelouk.

  • 16 CRITURE

    j'/ est un thme du substantif verbal: Rac: k t b: kitb livre.. Rac. q t I: qit/ combat. Rac. j h d: jihd a: effort vers, guerre sainte.

    maf'a/at est un thme de nom de lieu avec pluriel maf'i/: Rac. m I k: mamlakat a: royaume, tat , pl. mamlik.

    On ne doit point, sans doute, se hasarder fabriquer artificielle-ment des mots suivant ce systme de thmes; mais chacun de ceux qui existent dans la langue s'y classe aussitt, avec son sens probable. Il va de soi que la signification indique par le mcanisme normal. de la morphologie se trouve fort complique par l'intervention d'influences psychologiques.

    Le systme morphologique de l'arabe a contribu exagrer la richesse du vocabulaire, qui est une cause d'imprcision. Nanmoins, on aura l'occasion de signaler l'insuffisance des outils linguistiques de l'arabe qui, comme ceux des autres langues smitiques, sont employs des usages varis et incohrents.

    criture. ~ 4. - L'criture arabe, le fait est aujourd'hui bien tabli, drive

    de la cursive utilise par les Nabatens de Ptra ('), introduite en Arabie Occidentale, notamment la l\lekke, au v1 s. de J.-C. au plus tard. Dans les inscriptions de Zebed et de Harran (v. supra, p. 11 ), la graphie a une allure angulaire, rigide, qui est exactement celle de l'criture dite coufique. On a tout lieu de penser que, ds cette poque, existait une autre graphie, aux formes plus arrondies, mieux adapte aux usages courants. Nous n'en avons cependant poin.t la preuve et les premiers spcimens de ce type d'criture ne nous sont attests que par des papyri datant au plus tt de la seconde moiti du vu s. de J .-C. Le coufique et cette cursive ont donc coexist et le premier ne constitue point, comme on l'a cru longtemps, une forme primitive et archaque(1). Pendant plusieurs sicles, le cc coufique fut seul employ sur les monnaies, dans les inscriptions, dans les manuscrits du Cora11. Trs tt, dans ces derniers, il a cependant tendu perdre de son aspect anguleux pour, partiellement, s'arron-dir('). La cursive dite nas~i (de nasd~a "copier) finira par le sup-

    () V. fVRlliR, Hist. de l'cr., 260 suiv., 267. () Id., 262. {') 8LAC:HRE, Intr. cor., 88.

  • s CRITURE

    planter mme dans les corans. Selon les reg1ons ou avec le temps, cette cursive affectera des styles diffrents: riq' (en gypte et Syrie), magribi (dans l'ouest de l'Afrique du Nord) dont l'allure rappelle le coufique arrondi. Embellie, fleuronne, complique, cette cursive finira par vincer compltement le coufique jusque dans les inscrip-tions. Rendue vnrable parce qu'elle avait servi pour le Coran, l'cri-ture arabe s'est rpandue avec l'Islam et a t adopte pour le persan, le turc, le malais, l'hindoustani, sans rpondre d'ailleurs en aucune faon aux besoins de ces langues extrieures au systme smitique.

    ~ 5. - L'criture arabe, au surplus, demeure un instrument imparfait, mme pour la notation de la langue qu'elle a servi originel-lement fixer. Comme dans toutes les graphies smitiques - thiopien except - elle offre en effeJ une scriptio defectiva (1), c'est--dire qu'elle note le squelette du mot, le ductus form par les consonnes et les voyelles longues , , , mais q1=1'elle n'incorpore au mot ni les voyelles brves ni le signe marquant la gmination d'une consonne, ni ceux notant l'attaque ou la dtente vocaliques ham~a ( 10), ni l'allon-gement dit madda ( 11), ni l'absence de voyelle brve( 9 b). Dans les papyri des v11-v111 s. de J.-C., dans les textes en coufique, cette difficult se doublait mme du fait que des sons fort diffrents comme b, t, n, y par exemple, taient rendus en certaines positions, dans le mot, par un signe unique. Ce fut seulement sous le calife omayyade 'ABD-AL-MALIK (685-705) que cette difficult tomba par l'introduction de signes diacritiques devenus des points diacritiques suscrits ou souscrits pour diffrencier les valeurs phontiques d'un signe multi-valent (v. tableau p. 20). L'obstacle de la scriptio defectiva demeura toutefois. A en juger par les plus anciens corans qui nous sont conser-vs, on recoqrut sans_ doute, pour tourner l'obstacle, des artifices dans le dtail desquels' on n'entrera pas ici et qui ont abouti (proba-blement la fin du 1x' s. de J .-C.) au systme aujourd'hui en usage(1). Il importe nanmoins de remarquer que la notation des voyelles brves, de la gmination, etc. n'apparat point constamment dans les manuscrits. Les scribes ne l'introduisent - encore pas toujours - que pour viter des confusions de thmes; les imprimeurs, pour des rai-sons techniques et en vue d'abaisser leurs prix, s'abstiennent galement dans toute la mesure du possible qe les introduire dans leurs ditions. En somme la scriptio plena demeure le privilge des corans, des recueils potiques, d'uvres littraires d'essentielle importance. Ds la fin du xvm s., Volney avait senti que la principale difficult rencontre

    ( 1) BLACHRE, Intr. Cor., 78 suiv.; FEVRIER, Rist. de l'cr., 267.

  • 18 ALPHABET 6 ------------------------------

    dans l'tude de la langue arabe provient de l'criture et il avait prco-nis une romanisation(') dont le principe admis par les Turcs ne rencontre que rsistance et hostilit dans le monde arabe tout entier.

    ~ 6. Alphabet. - a) L'arabe s'crit de droite gauche. Dans un livre, l'ordre des pages est donc inverse de celui d'un livre franais.

    L'alphabet compte vingt-huit lettres auxquelles il convient d'a1ou-ter le hamz.a (~ 10) qui tend tre considr comme une lettre.

    Les lettres ont, pour la plupart, une forme un peu diffrente sui-vant qu'elles sont isoles, ou en dbut, au milieu et en fin de mot. Le t' marb{a (ou t' li) et l'a/if maq~ra (ou a/if bref, si mal nomm) ne sont que des variantes du h' et du y '.

    Dans l'ordre alphabtique actuel, les lettres sont groupes par sries en tenant compte de leur forme en position isoke. Cet ordre est ancien et semble arnir t inspir par des considrations de pdagogie. Dans le tableau ci-dessous la valeur phontique des lettres est rendue selon le systme de transcription adopt par la Socit Asiatique de Paris.

    Nom Isole Finale Initiale .\ldialc Transcription

    ;:? hamza (une seule forme); v. ~ 10 ~i al if

    ~ b' "':' ..... b I; t' .:;,, .......

    t' marb~a .. at

    .l: !' ~ .......

    ~ jm (. ~ ~ .... .I> l,l' (. c: :>- .... h .\>. b' (. c: > ,;.. b Jb dl .) ..1. .) ..1. d JI~ gl ~ . ..1. ~ ..1. g

    ( 1) V. GAULMIER, L'!Jologue Volney (Beyrouth, 1951), 312 suiv. L'ouvrage Je VOLNEY, intitul Simblifimtion des Langues orientales, parut Paris en 1796 ; cf. d. Bossange, t. VIII, Paris, 1826.

  • ~ 6 ALPHABET 19

    Nom Isole Finale Initiale Mdiale Transcription

    .1.) r' .)

    .J .) .J r

    'i?lj zay, zin .) .J .) .J z

    ~ sin if s

    ~ sin . . . .:. s if ... ,,L... \id

    ...t' ....t"' .... A \i ,,\..;.. c:Jd

    ...t' ....t"' .;. ....

    ~'( kf !l .!.l < s:= k '; lm J J l (".:" mim I" ,. m

    ~,; nn ~ !) 11 .l. h' ~ ,. + h ..

    _,1_, ww J > J > w,

    ~ y' 'i? ~ y, i 'alif bref 4S (,$

    b) Les lettres ww et y' notent tantt une consonne, tantt une voyelle longue.

    L'a/if bref ne peut apparatre qu'en finale de mot. Ds qu'il n'est plus en cette position, il prend la graphie de l'a/if.

    ~ ".t..~ if.J ram il visa JI ram-hu ii-le visa

  • 20 ABIAD. SIGNES COMPLMENTAIRES

    En Afrique du Nord, le f' s'crit avec un point au-dessous, et le qf, avec un seul point au-dessus. Toutefois, sous l'influence du Proche-Orient, cette graphie tend tomber en dsutude.

    Dans l'orthographe coranique, la voyelle (note ailleurs par a/if), au lieu d'ti:e incorpore au ductus du mot, est rendue par une

    barre verticale suscrite, dans un grand nombre de substantifs ou de verbes

    1 > > if"~ (pour i:,,t.. ~) burhn preuve , JI 1 ... ..... > ....... ......:.,j_j J (pour .Ll..).J) ra{aqn-hu nous lui avons attribu '"

    c) L'ordre actuel de l'alphabet arabe ne concorde pas avec celui des autres critures smitiques. Celui-ci est cependant encore connu et dsign sous le nom d'abjad; cf. Encyclopdie de l'Islam, I, article abdjad.

    Il se prsente, en Afrique du Nord, avec une variante dans la squence, vers le milieu et la fin. On l'utilise dans la numration au moyen de lettres au lieu de chiffres, notamment dans la pagination d'une prface. Voici l'abjad, dans sa squence orientale, avec la valeur numrique de chaque lettre.

    'a/if 1, b' 2, jm 3, dl 4, h' 5, ww 6, {n 7, ~' 8, f' 9, y. IO, kdf 20, lm 30, .mm 40, nun 50, sin 60, 'ayn 70,f. Bo, ~d 90, qj IOO, r' 200, sin 300, t' 400, [' 500, ~' 600, #_l 700, t/d 800, {' 900, gayn 1000.

    Un nombre, exprim au moyen de lettres se lit aussi de droite gauche.

    Ex.: ~=397. d) Pour la numration par chiffres, on se sert d'une srie de 10

    signes dits chiffres indiens , qui se lis..:nt de gauche droite, comme en Occident.

    '= I, ,.. = 2, "(" = 3, t. =4, 0 = 5, '=6, V= 7, ,\ =8, 1\ = 9, =O. Ex.: YY"VA 2378.

    Signes complmentaires. 7. - Pour pallier la dfidence de la scriptio defecti11a ( 5), il

    s'est constitu un systme:- de signes complmentaires dont la mise au point remonterit la fin du 1x s. de J. C. et qui fit tomber en dsutude un autre systme plus prcaire, attest dans les corans en

  • 8, 9 ABJAD. SIGNES COMPLM.ENTAIRES 21

    a: coufique . Il importe de rappeler que ces signes, bien qu'essentiels pour la lecture et la comprhension correctes d'un texte, demeurent encore, aux yeux des scribes ou des diteurs, des lments secondaires, simplement surajouts au ductus ( 5).

    Ces signes complmentaires sont tirs de noms verbaux ou ma~dat ( 46) par suffixation d'un t' li. Il y a donc lieu de distinguer, comme le font les grammairiens arabes, entre ce nom verbal qui exprime l'action, et la forme avec t' li qui reprsente le signe. Ex.: kasr a: action d'affecter le son i une lettre ; kasra u le -signe i .

    8. Sadda. - Par le signe dit ladda (ou taSdi) tension u intensification ' on note la gmination (ou renforcement) de. la consonne qui est surmonte de ce signe .

    .. ~ J.) dalla a: il indiqua , ~ , J.L.! yadullu il indique "

    Remarque. - Ce signe, par sa forme, est la lettre Iin ampute de sa boucle terminale qui commence le nom Iadda.

    9. Signes vocaliques. Signe de quiescence. Nnation. a) Les trois voyelles brves, correspondant aux trois voyelles

    longues notes par 'alif, J1Jw et y' sont indiques par deux signes suscrits et un signe souscrit. Ce sont:

    jat(1a a kasra i

  • 22 ABJAO. SIGN~:S COMPLMENTAIRES IO

    b) L'absence de voyelle ou quiescence est note par le signe~ suscrit sur la lettre, nomm suk11 repos " ou jaim (mal djet_m) coupure"

    ~ ~ Jam yajlis il ne s'assit pas " La structure de la syllabe, en arabe classique, fait que le sukn

    affecte seulement la seconde consonne d'une syllabe ferme ( 13) ou le dernier lment d'une diphtongue( 12 bis e).

    c) Diverses catgories de noms ou de noms-adjectifs indtermins ont une dsinence un, an, in dite tanwin qui constitue en mme temps une flexion casuelle 75 B). C'est pourquoi dans la graphie, la dsi-nence an s'accompagne d'un 'a/if. Celui-ci, superflu dans un texte entirement pourvu de voyelles, permet de distinguer cette flexion casuelle, des deux autres, dans un texte en scriptio defecliva. Toute-fois cet 'a/if ne parat pas avec la dsinence t li.

    ~~~ ruju/ un homme (nominatif), tt.s'"' kitdb livre" (cas direct),

    ' -~~ madinat une ville (cas direct), ..1..:- yad1 une main (cas indirect).

    ~ 10. Hamza et walila. - a) Dans les plus anciens documents en arabe, par exemple dans les corans en coufique, l'attaque et la dtente vocaliques 12 b) sont notes, dans certains cas, par la lettre 'a/if, Dans le systme actuel, ces deux articulations sont indiques par le signes. dit hamz.a (de hamaz.a "piquer peronner). Ce signe est constamment marqu aprs la voyelle longue ou, en fin de mot, aprs une syllabe ouverte( 105 d). Il est donc alors considr comme une lettre et non plus comme un signe complmentaire. Dans les autres cas, comme le hamz.a accompagne l'mission d'une voyelle, il est souscrit ou suscrit, selon le timbre de la voyelle, un 'a/if, un ww ou un y' qu'on nomme alors support du hamz.a; en initiale de mot, ce support est constamment 'a/if(~ 105 et les ex.).

    b) L'orthographe du hamz.a reste flottante, dans certains cas. Le principe en apparat simple si l'on tient compte d'un fait de linguistique historique. La double articulation reprsente par le hamz.a tait dis-parue ou en voie de disparition dans le dialecte mekkois, l'poque de Mahomet (mort en 6 32); dans ce parler, la voyelle pique par le /iamz.a tait-passe une simple voyelle longue comme dans le dialec-tal actuel (ex. : br 'r > br u puits "). Au contraire, cette double articula-

  • II', 12 PHONTIQUE

    tion s'tait maintenue, voire renforce 1usqu' passer parfois ('ayn), dans les dialectes de l'Arabie Centrale et Orientale(1). Dans la notation du texte coranique o la langue tait influence par le substrat dialectal ( I b), l'attaque et la dtente vocaliques avaient donc t transcrites par une voyelle longue, Quand, traditionnellement, la rcitation par-faite "du Coran (tajwd) fut caractrise par l'adoption, en gros, de la prononciation d'Arabie Centrale et Orientale, le signe ham{a fut sura-jout au mot affect par lui, sans en modifier, autant que possible, le ductus ou squelette consonantique. Ainsi l'on eut

    > > >C ~:_,...JI (pour ~,;-..JI 'a/-mu'minu) le Croyant. Remarqu'e, - Le ham:{a, par sa forme, reprsente un 'ay11 en miniature,

    amput de sa boucle terminale.

    c) Le signe dit ioa~la (de wa~a/a etre joint, uni )est tou-jours suscrit un 'a/if. C'est un signe sans valeur phontique, rappe-lant seulement que t':alif a perdu l'attaque vocalique et n'a plus non plus de valeur phontique( 12 b la fin) . .0 ,;J-~ nma 1-wa/adu ( < nma (' a)l-waladu) c l'enfant a dormi.

    1 I. - Le signe madda prolongation " est affect trois usages. a) Suscrit un 'a/if, il indique l'allongement d'une attaque voca-

    lique ou la rduction d'une attaque et d'une dtente vocaliques succes-sives rns d et les ex.)

    b) Souvent aussi, le madda, en avant-dernire syllabe, met l'accent sur la valeur longue d'un figur par 'a/if.

    ff? kubar'u grands " c) Ce signe surmonte enfin un groupe de lettres formant une abr-

    viation. Sa valeur est alors phontiquement nulle.

    r (( sur lui le salut . Phontique. ~ 12. - a) Notions gnrales. La connaissance de l'arabe clas-

    sique rsultant d'une acquisition qui ne fait pas disparaitre le substrat dialectal, la phontique de l'arabe classique est sur un certain nombre de points, comme par exemple l'accent tonique, l'articulation du jm, du h ', du rjd, etc., influence par le dialecte des arabophones. Il ess

    ( 1) BLACHRE, ln/;, Cor., 156 suiv .. ~complter par RABIN, An. Wt.st-Arabian, IJO suiv.

  • PHONTIQUE : CONSONNES 12

    toutefois constater que sous l'influence de la c rcitation parfaite :11 du Coran (tajwi) une certaine normalisation s'est opre, toute conventionnelle d'ailleurs, qui s'affirme avec l'extension de l'enseigne-ment scolaire et grce aux missions radiophoniques. Un fait caract-ristique, cet gard, est fourni par l'articulation du jlm; dans la rci-tation du Coran, en Egypte, ce phonme est prononc comme j franais dans jardin; or dans le dialecte gyptien il est articul g comme dans le franais gamin; il y a donc ici un effort conscient pour s'aligner sur une norme.

    b) Consonnes. - L'arabe classique possde trente consonnes notes par vingt-neuf signes y compris le ham~a. Selon leur point d'articulation fondamental, ces consonnes sont des labiales, des den-tales, des palatales, des vlaires ou des laryngales. Ces consonnes sont sourdes ou sonores. Selon leur tenue, elles sont occlusives ou spirantes. Certaines sont compliques d'une nasalisation ou d'une vlarisation (ou empha/isation)(1). Sur la division des consonnes en lettres solaires et lunaires, v. 12 bise.

    LABIALES.

    "':"' b occlusive sonore; dans certains mots d'emprunt, ce pho-nme s'emphatisc et se renforce, pour rendre p: ex. 'UrQQa Europe .

    .j f spirante sourde; dans certains mots d'emprunt, ce phonme rend galementp: ex. '/j/{n Platon.

    m occlusive sonore nasalise.

    DENTALES

    .:, t occlusive sourde. .1. t occlusive sourde vlarise (t empha-tique).

    ,:,, ! spirante interdentale sourde (th anglais dans the) . .) d occlusive sonore . .; (/.spirante interdentale sonore (th. anglais

    dans tliis ). ( 1) Pour le dtail des faits, v. CANTIN EAU, Cours de Phontique arabe, 2 fasc.

    in-40, Alger, 1941 (une seconde d. remanie est en prparation). Pour la description phontique tire des auteurs arabes, v. FLEISCH, tudes, 239-46. Pour la vlarisation, v. Ph. MARAIS, L'articulatiQn de l'emphase dans 1111 parler arabe magbrbin, dans Annales de l'lnst. d'tudes orientaus d'Alger, 1948, s sui''

    Pour la description de certains phonmes, on s'est report cdle donnfr par W. MARAIS, Takrona, pp. XLII suiv.

    Tout phonme ne comportant ici aucune indication particulire a la mme aniculation que le franais.

  • 12 PHONTIQUE : CONSONNES

    ,.;i- r! d'aprs les auteurs arabes, originellement spirante latrale sonore ; cette articulation a disparu et se trouve remplace, selon le substrat dialectal-- des arabophones, soit par une occlusive sonore vlarise (r! emphatique), soit par une spi-rante interdentale vlarise(

  • PHONTIQUE : VOYELLES J2

    i.J q occlusive arrire-vlaire sourde avec occlusion simultane du larynx; dans les mots d'emprunt, ce phonme rend souvent la prpalatale k: ex. batr~q patrice..

    LARYNGALES.

    t.. ' spirante tricative sourde. (. /} souffle sourd mis dans la position de la voix chuchote. o h (sonore dans l'articulation marocaine) proche

    de l'h aspir allemand. ' occlusive ou explosive sourde. Apparat: 1 comme dtente

    POcalique en fin de syllabe ferme; ex. ba'sun malheur; 2 comme attaque Pocalique (plus forte que la piqre du a dans asse.(/) ; cette attaque vocalique est stable ou instable ; elle est stable quand elle fait partie de la racine, dans des par-ticules, dans des prfixes formatifs; ex. sa' afa il interrogea>, 'a11 que; elle est instable dans l'article 'al et avec l'a/if prosthtique( 13 c); dans le cas d'instabilit, le support 'alif reste crit mais est affect du signe wa~la ( IO c), dans un texte entirement muni de voyelles; sur le traitement du hamir.a (v. IO b et 104).

    c) Voyelles. - L'arabe"classique a deux sries de voyelles, les un~ brPes a, '! i, rendues pr des signes complmentaires (~ 9 a), les autres longuu, , , i, rendues par 'a/if et 'a/if bref, 111111. y.

    Ces trois ~imbres vocaliques sont fondamentaux. La prsence, dans le mot, d'une vlaire, engendre totllefois des timbres conditionns par vlarisation. On constate alorsles passages suivants:

    Exemples:

    >&~ a>a,

    > q, u>9,

    >, i>f/

    JL.. s/a acouler , ~ ~a!{& prier; ,

    .;j..- suwar sourates coraniques, .;j-- ~{)Ivar images"; ~ yasru il va>>, ~ ya~~r9 il del'ient .

    A la diflrencc de cc qui s'est produit pour l'hbreu et le syriaque, les scribes arabes n'ont ni tent- ni sans doute jug utile - de noter, par des signes spciaux. ces timbres conditionns, puisque ceux-ci rsultent d'une articulation de la vlaire prsente dans le mot.

  • 12 b.is PHONTIQUE: ASSIMILATION ------ -------

    d) Dans le Coran, un petit nombre de substantifs emprunts l'aramen ont une orthographe singulire.

    ;~ (ailleurs ;1:->-) ~ay!zt vie , ;~L.. (ailleurs;)\:...) ~a{lzt prire,

    ;~.;.Jl se presser Verbe, accompli 1 forme

    ~ ,

    *farad-tu> {ara/lu ..::...) _;J., j'.ai repouss . b) Au contact d'une occlusil1e, une spirante intel"dentale peut deve-

    nir occlusive. Verbe, accompli v111 forme

    '!fa~ara > 'id~a~ara ~~l amasser.

  • PHO~TIQUE: ASSIMILATION 12 bis

    c) Au contact d'une vlaire, let s'emphatise et passe t (v. iitfra page 66).

    Verbe, accompli vm forme

    * 'i~taf > 'i~faj ~~ choisir . Verbe, accompli vm forme

    * 'iftala'a> 'if(ala'a ,&1 monter. 1....

    d) Dans u11 certain nombre de conjonctions, de pronoms, on constate l'assimilation de n par m ou par 1.

    * 'an-m > 'amm W. de ce que, * 'an-l 'all "Ji qui ne ... pas.

    e) Enfin le / de l'article 'al est assimil par la premire consonne du mot auquel il est prfix, si cette consonne est

    d if v j J .J 0 J; J., .._;,-.) .l,,:,.::.. s ~ st_lrng_( tf.ddt t

    li est remarquer que ces phonmes sont des dentales-linguales occlusives ou spirantes, les liquides (/, r) et les spirantes prpalatales l'exclusion d j1m.

    Ces consonnes sont appeles solaires, par les grammairiens arabes, parce que deux d'entre elles entrent dans le substantif foms soleil . Les consonnes non-assimilantes sont dites lettres lunaires parce que deux d'entre elles entrent dans le nom qamar lune.

    >.... '

    ..U ;JI 'al-waladu l'enfant ', , , . J_,_. _;.li. 'ar-raslu l'Aptre .

    j) Dans la notation des faits d'assimilation, les grammairiens ont constamment pos que la racine ne pouvait tre altre. En particulier, dans les cas d'assimilation du / de l'article, cette lettre n'a pas t' rem-place pour aboutir une graphie.

    J _,.:/) < J _,.:. ). L'orthographe n'est donc pas phontique. Le seul changement

    admis est la suppression du sukn de la consonne assimile et la nota-tion d'un w.

    'an-nabiyyu le Prophte ,

    {arattu " j'ai repouss .

  • 13 PHONTIQUE! SYLLABE

    IJ Syllabe. - En arabe classique, la syllabe n'offre pas la diversit de structure qu'on rencontre dans le dialectal (1). En revanche, la quantit (longue ou brve) s'y dfinit trs nettement. La syllabe est soit ouverte, soit ferme.

    a) La syllabe ouverte a pour structure : consonne +voyelle longue ou brve. Avec voyelle longue, la syllabe est longue; .elle est br6ve dans l'autre cas.

    lkaltalbal il a crit, lslrl allez [tous deux] l .

    b) La syllabe ferme se prsente presque toujours sous l'aspect: consonne + voyelle brve + consonne. Elle est quantitativement longue.

    kul mange! , qat/un u meurtre .

    Dans des cas particuliers, la pause (v. infra, e) et dans certains thmes de racines sourdes, on trouve une syllabe longue en syllabe ferme( 79, remarque/). Normalement, quand un thme devrait en thorie prsenter une telle syllabe, la voyelle longue passe une brve.

    *sir> sir ~ val .

    c) L'arabe classique ne connat pas, on le voit, de syllabe ferme du type: consonne+ consonne+ voyelle (comme le franais: station). La rencontre d'une telle syllabe en dbut de mot soit dans des noms d'emprunt, soit dans la langue mme, a amen une dislocation du groupe par constitution d'une syllabe initiale au moyen d'un 'a/if dit prostlitique, servant de support une attaque vocalique.

    Latin stabulum u table, arabe *$fablun > 'isfablun ~1 > ' Grec stola u flotte, arabe * sflun > 'us{lun J,_h:.1.

    Verb!!, accompli vm forme( 37) *jta'ala < 'ifta'ala j:: 0il .

    Verbe, impratif ... forme( 21)

    ~y * ktub < 'uktub ":""::..,) 1 cris l ~ * bnu11 > 'ib11un ~l fils'"

    .0 *mra'atun > 'imra'atun ;1_;.;.l u femme.

    (1) Sur la structure de la syllabe, en arabe classique, v. CANTINEAU, op. cit. et FUllCH, tudes, 248 suiv.

  • 30 PHONTIQUE : ACCENT TONIQUE 13 bis

    L"a/ifprosthtique a une attaque vocalique instable 12 la fin), apparue seulement en initiale absolue du discours pour constituer une suite de deux syllabes fermes du type normal, en arabe classique. Cette attaque disparait donc dans le corps du discours ; toutetois l"alif continue tre crit coiff d'un wa~la (~ 10 c).

    ~ ~~ Ibn Sn (=Avicenne). ~ ~ ~ !kaltalba btnu !S!nl Ibn Sin a crit"

    Le groupe ba-b constitue en effet une syllabe ferme de structure normale. On doit sporadiquement noter la disparition totale de I' a/if

    prosthtique quand, dans le mot, il est prcd de l'article 'al. ... _.' o E ;1_;..:..1 'imra'atun une femme, ;1_;.:..JI 'al-mar'atu la femme";

    ' .... -:; ' u~I 'unsun gens, ulll an-nsu "les gens'~ Remarq!te. - Cn voit que cette disparition a conduit, dans le premier

    cas, un bouleversement syllabique du mot. Dans le second, la disparition est d'autant plus anormale que l'attaque vocalique est radicale, 1'0rigine.

    d) Il arrive souvent qu'un mot commenant par une syllabe ferme avec 'alzj prosthtique ayant perdu l'attaque vocalique suit immdiatement une autre syllabe ferme. Dans ce cas, il y a apparition d'une 11oyelle br11e de disjonction dans le groupe: c v cc> c 11 + c v c.

    lminl 'al-!K!Ja!til >!min l!f(lfalti >lm il na /[K!fa!til ~ _,jej ~ de Coufa "

    Remarque. - Le groupe m'ina l (au heu d;un hypothtique min /) consti-tue deux syllabes ouverte brve et ferme du trpe normal.

    e) A la pause ou chute de phrase (~ 240), la disparition de la flexion casuelle amne cependant exceptionnellement une syllabe fer-me du type: consonne +voyelle+ deux consonnes ou consonne +voyelle longue+ consonne

    ~ ~ h bassiri l~mu 'min in fais gracieuse annonce aux Croyants l (Coran, LXI, 13). ~ jJ 'i:,L.J~T :,l 'inna 1-'isnna laf ~usr en vrit

    l'Homme est certes en perdition l (Coran, Cl 11, 2).

    13 bis. Accent tonique. - Les grammairiens arabes ne nous ont transmis aucune ind,ication sur l'accent tonique, dans la langue classique. L'existence de cet accent ne semble pas contestable mais

  • I 3 bis ACCENT TONIQUE

    pour en prciser la valeur et la place, les lments en notre possession sont peu concluants. Sur ces deux points, en effet, les. dialectes. modernes ne fpurnissent que des tmoignages contradictoires et trop tardifs pour tre srement invoqus. Alors par exemple qu'en dialectal marocain l'accent tonique tombe souvant en fin de mot ou de phrase, en gypte, au contraire, il affecte la pnultime on l'antpnultime. Cet accent ne doit pas non plus tre confondu avec l'accent prosodique qui procde d'un rythme. On constate toutefois que les rotes dans leurs vers s'efforcent de faire concider cet accent prosodique et cet accent tonique, en sorte que, par l, on parvient dj une certaine localisation rgulire du second, dans le mot. En outre, le Coran porte encore trace d'une orthographe phontique - par exemple, la notation d'une voyelle brve, en finale de mot au lie.u d'une longue - en sorte qu'on peut infrer l'existence d'une syllabe accentue, avant cette finale.

    _t..JT ~t.~ ~~(pour ifi..JT -""~ r~) u Au jour o Je crieur criera . (Cor. LIV, 6; cf. i"bid. 8

    et 11, 186; il existe bien d'autres exemples.) Enfin certains faits particuliers aux racines sourdes( 79) tendent

    dmontrer que deux syllabes ouvertes brves, en initiale de mot, passent une syllabe ferme par suite de l'accent. tonique affectant la premire syllabe

    ..

    dlala >dalla J,; il a indiqu. Compte tenu de ces indices et de la place de l'accent tonique dan$

    la plupart des dialectes arabes du Proche-Orient, on s'accorde lui attribuer la place suivante, dans le mot, en arabe classique.

    L'accent porte sur la syllabe ouverte longue ou sur la syllab ferme, la plus proche de la fin du mot, sauf la dernire:

    ~ qatltum vous avez tu, ... ~ mmlakatun royaume:,

    i,2 kablrun 111 grand " Quand Je mot n'a que des syllabes brves. l'accent est sur la

    premir.e: J:._i ftala 111 il ~ tu , sans tenir compte des copules

    J:,_;:_; fa-dbala cet il entra. '(_;..> J wa-~raja "et il sortit

  • CHAPITRE Il

    PRONOMS PERSONNELS

    ~ 14. - Dans un grand nombre de langues, les pronoms personnels agglutinent leur lment essentiel aux personnes du verbe et y font figure de prfixe et de suffixe. Le fait est particulirement frappant en arbe; il convient donc de les tudier tout d'abord.

    Le pronom personnel, en arabe. est isol ou affixe. Isol, il cor-respond au franais, moi, toi, lui, etc. Affixe, il se joint soit un \"erbe pour en marquer le complment direct:

    :1 ~'.~

  • b)

    PRONOMS PERSONNELS

    Pronems affl:l:es :

    Sin1ulier

    1 p.

    2 P

    3 p.

    2 p.

    3e p.

  • PftONOMS PERSONNELS 14

    Dans les pronoms affixes, les faits sont identiques aux prcdents (2" et 3 pers.), sauf qu'il n'y a pas de support 'an, et qu' la deuxime personne, l'lment essentiel est k au leu de t (1).

    A la .premire personne du singulier, pour le pronom isol, on retrouve support et pronom 'an 'a : l'arabe classique crit 'and (;l avec d long final, mais la prosodie prononce 'an accentue et a atone 'ana. Au pluriel, nabnu est une forme ancienne dans laquelle l'lment essentiel est n avec une dsinence 11. Le pronom affixe est ni pour le verbe et i pour le nom.- C'est un ya consonne avec voyelle a qui ar.parail aprs f voyelle longue ou diphtongue : -~r...; 'fafya ma nuque ; - n du pluriel conserve !"lment essentiel 11.

    Le duel est trs simple. Commun aux deux genres, il est form par l'adjonction d'une dsinence d aux deux pronoms masculins plu-riels a11tum et hum . C'est un fait qui est absurde si on le juge d'aprs la notion du duel tel qu'il ex;t" dans. les langues classiques, o il est form par l'addition d'une dsinence au singulier du mot ou au moins au radical. On peut admettre que l'arabe marque une res-triction par rapport au pluriel, et non une augmentation par rapport au singulier. GI par exemple, veut dire vous deux pris dans l'ensemble pluriel ou collectif de ceux qui on parle, et non la ru-nion de deux personnes, toi et lui (2). On verra plus loin (p. 40 cl) que le verbe. n'a point conserv ce procd qui reste obscur.

    Dans certaines positions, la vocalisation des pronoms est modi-, . -

    lie. Avec les copules wa ~ et fa j, on crit ~J et -~; cn posie ,_ -

    pour le mtre; on trou,e dans le Coran, _ }\,;..J crai!Jne:-moi el -~.J mon seig11e11r, pour J ~ a\'ec i href en fin de mot.

    --

    (1) Barth, Nom. Bild.. p. 43, croit un smitique commun kci et ki : il retrouve ce dernier en arabe dans les expressions comme \fe~~'.it ::.1 ; mais il y a peut-tre l une graphie ancienne de k1 comme alif de ~j ; et on trouve de marne li en posie pour des raisons prosodiques.

    (2) Cette explication est de l\I. G. Colin.

  • 14 PHONOMS PEHSO~NEf.S

    Efin, quand les pronoms hu, hum, /111m l'i /1111111a sont accols des mots en i et y,, ils deviennent hi, liim, himrt, hi111111 : ~ bihim

  • CHAPITRE III

    VERBE

    ~ 15. - La conjugaison du verbe arabe est pauvre, si on la com-pare, par exemple, celle du verbe dans les langues indo-europennes. Il convient de remarquer tout d'abord que la notion du temps n'y a point une position solide. Ce que les grammairiens europens appel-lent tantt prtrit et aoriste, tantt pass et prsent-futur, tantt par-fait et imparfait, ce ne sont point des temps, mais des aspects du ver-be. L'un exprime que l'action est acheve, c'est l'arcumpli ; et l'autre que l'action est en train de se raliser, !'ans tre accomplie, c'est l'inacccompli; rien n'indique si l'action a lieu dans le pass, le prsent ou l'avenir (1).

    Les grammairiens qui, la fin du huitime et au neuvime sicle, se sont efforcs de donner des rgles la langue, raisonnent sous l'in-fluence cle la pense grecque que les traductions rpandent parmi les lettrs. Leur concept grammatical a t tourn vers l'ide de temps. D'ailleurs, l'accompli se prtait particulir~ment rendre le pass: les grammairiens l'ont donc appel al-m

  • ~ 15 VERBE 37

    proposition principale ou isole ; on peut l'appeler indicatif. L'arabe la nomme marfc comme le cas sujet dans le nom ; elle est caractri-se par une dsinence u et par des flexions longues. - La seconde est celle du verbe employ en proposition subordonne : elle correspond donc au subjonctif du franais. C'est la fois la ressemblance de fonction et de dsinence qui a amen le grammairien arabe lui don-ner le mme nom qu'au cas direct du nom man~b, c'est--dire avec dsinence a : elle a d'autre part des flexions courtes. - La troisime modalit est caractrise par l'absence de dsinence et par des flexions courtes : le grammairien arabe l'appelle majzm, apocop , appella-tion qu'on lui conserve ici, car celle de conditionnel ne lui con-vient que trs partiellement.

    C'est l'inaccompli que le grammairien arabe a rattach l'imp-ratif, en invoquant it la fois la morphologie et la syntaxe.

    Un mode spcial termin par une llexion intensive an et anna est dit nergique, lourd ou lger ; il s'emploie dans les for-mules de serments et dans les affirmations violentes.

    Le verbe arabe a une voix passive ; mais son emploi syntaxique est diffrent de rP.lui du passif franais. Le passif arabe n'a point d'impratif.

    Au verbe se rattachent trois noms verbaux, dont on parlera plus loin et qui sont : un substantif abstrait ou infinitif, appel J~ mafdar origine , parce que les grammairiens arabes y ont vu le c--eur du verbe arabe ; un participe actif ou nom d'agent, et un par-ticipe passif ou nom de patient .

    Les flexions dn verbe sont identiques dans les formes drives et dans le verbe nu (1). On donne ici la conjugaison du verbe nu, et l'ex;mple des grammairiens arabes, on prend pour schma la racine

    ~ (1) Al-mujarrad. Cette expres~ion correspond mieux la ralit que les

    mots forme simple ou premire forme employs d'ordinaire. No111 adoptons id la mme terminolo11ie aue M. G. Colin.

  • 38 CONJL'.GAISOS 16

    CONJUGAISON

    Accompli jU1

    ~ 16. - L'accompli est l'aspect du verbe o les flexions sont les plus simples : il est d'usage de commencrr par lui l'tude de la conju-gaison. C'est par la troisime personne masculin singulier qu~ l'on dsigne un verbe et non par l'infinitif. On dit le verbe kataba, comme en franais le verbe crire .

    L'neeompli d'un verbe peut s'exprimer schmatiquement par , , ,

    "" ,.. , . ... ' J.J , ~ ou J.J , c'est--dire va, v2a, y:ln ; vin, v2i, v3a ; vta, v~u, v3a. Les verbes arabes, l'accompli de la forme nue, ne diffrent donc que par ln voyelle de la seconde consonne radicale. Le type le plus frquent est J:. , qui est celui des verbes transitifs :

    j.:; tuer ; : .. /;::. fmpper. Le type ~ correspond i1 quelques transitif~ et des verbes d'tat dit momentan :

    (.J" tre joyeux; ur Nrc triste. ,. '."" Le type J-t est C'elui des verbes d'tat dit durable : ,,,.,, ,,, ,,~

    ;_;- Nre beau ; ~ tre laie/ ; ~ tre lourd. C'el>t dans le dictionnaire qu'il faut trouver la prcision de cette voyelle pour cha4ue verbe.

    S1XGl"LR

    masculin commun fminin ,

    t p. ~ 2 P ~ .:..Id' 3 P J.J ~;

  • 16 CONJUGAIS0:-.1

    II y a donc un radical ~ auquel s'ajoutent des suffixes : t" de la premire personne est rapprocher du ghez ku et de l'accatlien ana-ka ; t et t1 de la seconde personne sont les lments essentiels du pronom personnel isol ; a de la troisime personne est une flexion qu'on peut rapprocher de celle du pronom huwa ; t de ~ est la dsinence normale du fminin singulier.

    PLURIEL

    masculin commun fminin

    1" p. G1J' ~j' ,' ' , ' 2 p. (9'"'.J ::,:w ,, ' .

    a P 1,w ~ Le suffixe nd esl le pronom personnel affixe de la premire per-

    sonne du pluriel ; lum et l11111w sont les lments essentiels du pro-nom personnel isol ; 1 est la flexion du pluriel masculin, 'sous sa forme courte, telle qu'on la retrouvera dans le nom (1) ; na est la flp,xion du fminin pluriel signale dans le pronom.

    DUEL

    2 p.

    3 p. ~ On reverra que le duel est marqu dans le verbe comme dans Je

    nom soit par une flexion longue dni, soit par une flexion courte ; c'est la flexion courte qui apparait it l'accompli du verbe comme la flexion courte du pluriel la troisime personne du masculin pluriel. A la seconde personne, c'est l'lment essentiel du pronom : turr. qui est ajout au radical du verbe : on a vu dj~ que ce pronom est form

    (1) On distinguera :

    deuxime pel'Sonne du fminin singulier. duel ..... pluriel masculin. . . . . . . , , ,

    flexion longue flexion courte na i ni Il na

  • 40 CONJUGAISOX ~ 16

    du pluriel tum avec adjonction de la flexion du duel ; ou ce qui revient au mme, c'est la deuxime personne du masculin pluriel du verbe laquelle on ajoute . A la troisime personne, le duel est

    , . ,

    form par la dsinence ajoute au singulier j: et .:,.1:t Remarques. - a) Dans 1,W, l'alif terminal est sans valeur phon-

    tique et purement graphique. Parmi les grammairiens, les uns l'expli-quent comme un moyen de distinguer le verbe dn pluriel sain en rapport d'annexion (1) ; d'autres d'viter la confusion avec la copule waw (2). C'est une graphie de l'ancienne criture. Cet alif disparait devant les pronoms affixes et l'on crit '.):f ils 1'011l lu.

    h) Dans les verbes termins par une dentale, la premire per-sonne du singulier et aux secondes personnes du singulier et du plu-riel, le l de la flexion se trouve en contact avec la dentale du radical. Quand celle-ci est un l, il y a simple gmination : atballum vous avez consolid et l'on crit le l avec un 5udda. Pour hs autres dentales, bien que les faits ne paraissent pas tre identiques, l'orthographe arabe est la mme, sous deux formes possibles : ou bien on ne tient aucun compte de l'assimilation et on crit : '.:;,'.J; comme ',:.i:j, ou bien on met un saddu sur le l et on ne surmonte la dernire radicale d'aucun signe pour marquer qu'elle a perdu toute valeur phontique.

    Cette dernire graphie semble bien rendre les faits quand il s'agit de d qui s'assourdit : rafallu ; mais il semble qu'elle s'en carte pour les emphatiques. On peut hsiter alors entre les deux lectures sui,an-tes, selon qu"on met 011 non une pause entre les deux dentales (3) .

    . ,. .. , . """' , ... ,. "' ,. . , "' f_i;.. I ~J ..:..) ~ ..:...;:JJ ;~1 ~; ~~ :: .. 4JJ'

    c) A la premire personne et il la troisime personne fminin du pluriel, le 11 de la tlexions'crit avec le ni111 des mots termins ainsi :

    ::,.;T croire 3 p. fm. plur. l p. plur.

    d) On a attir ( 13) l'attention sur l'tranget des flexions:du duel du pronom : le pluriel plus . A l'accompli du verbe, i....l.J.;i est form de mme. Mais les troisimes personnes ::>W et ~W sont formes du singulier avec addition du suffixe du duel ; on trouvera des faits semblables l'inaccompli. L'explication reste donc trouver.

    (1) Voir ci-dessous ~ 103 ter. (2) Wright. 1, 10. (3) Comparez les assimilations que le 1 de la huilimc forme verbale a

    produites en position inverse de celle-ci : ~ 37. Il y a, en effet, flottement daas la prononciation des parlers arabes ; cf. Marais, U. B., 22.

  • 17 CONJUGAISON 41

    Inaccompli

    ~ 17. - L'inaccompli, sous ses trois modalits, est form l'aide de prfixes el de suffixes ; les prfixes sont, pour la plupart, des lments de pronoms ; les suffixes sont soit des flexions de genre et de nombre, communes au verbe et au nom, soit l'indice du mode.

    A quatre des cinq personnes du singulier, et la premire per-sonne du pluriel, le signe de l'indicatif est 11 et celui du subjonctif a ; l'apocope s'en distingue par l'absence de voyelle. Au pluriel et au duel, les flexions apparaissent sous leur forme longue l'indicatif. et sous leur forme courte aux deux autres modes.

    La voyelle de la seconde radicale peul tre, comme l'accompli, U, a OU 1.

    , ,, ,.

    ~ mais il y a rarement identit de la voyelle de l'accompli el de celle de l'inaccompli. Il n'y a, en outre, aucun principe solide qui rgle l'alternance vocalique entre les deux aspects du yerbe : il faut s'en remettre la mmoire, et tout d'abord au dictionnaire o le lexico-graphe arabe l'a soigneusement note.

    , ,. ,_ Les verbes du type j:t sont, le plus souvent l'inaccompli J-i!

    tuer

    ,,. ... ' . , mais d'autres ~ ont l'inaccompli ~ , quand la seconde radicale est une liquidr l ou r :

    jiapper

    e/re -'6~ s'loigner

    -

    , -

    ' , .

    e:..:... ~ i11/erdirr

  • 42 CONJUGAISON 18

    , ... : '''-' Cependant, l'on dit: ..l..I ..\au tre assis ,

    Les verbes du type ~ ont normalement l'inaccompli en a

    -~ ,~ savoir A ' , . "' boire ~r ~~

    Jor ' . "" .... tre malade i..P ..r-!. ' .... ~,

    tre joyeux u (.-"':!

    Remarques. - Des deux observations qui prcdent :

    il rsulte ~u'il y a une relation entre la prsence d'une liquide la se-conde radicale du verbe et l'alternabce a/i et i/a.

    Les verbes du type .,a maintiennent la voyelle u l'inaccompli : , .. ,

    ~ tre lourd Il est sage de ne point tenter de former par soi-mme l'inaccompli

    d'un verbe et de consulter le dictionnaire. Les faits sont souvent fort complexes. Par exemple la racine .,.- donne ;,..::..; compter, calculer, inacc. ~ et un verbe~, croire, juger, dont l'inaccompli est ~ ou ~;.[.

    ~ 18. - On prendra ici pour type de l'inaccompli la forme relle ,

    de l'inaccompli du verbe j:t , ..... ,,, ~ faire, bien que, on le rpte, , , .

    le type Ja;~ apparaiss'! dans un beaucoup plus grand nombre de verbes.

  • 18 CONJUGAISON 43

    INDICATIF b(,;..\ ~.i\.~J S1NGl'LIEP.

    masculin commun fminin ' .... j-JI

    2 P , - -ja&j

    3 p. ' ... , Ja~

    ' ,,. , jaij Les prfixes sont des lments en partie connus dji1 dn lecteur :

    est l'lment essentiel du pronom lJ = + ~; tu des secondes per-sonnes est le pronom ; ya est un ancien pronom de 3 personne ; ta de la troisime personne du fminin est le signe du fminin dj vu dans ::Jj ; il ere ici une fcheuse identit avec la deuxime personne du masculin.

    Les suff1cs sont 11, llexion de l'indicatif, sauf la dernire per-~onne du fminin, o lla est la forme longue, de la flexion du fminin singulier ; on a vu la forme courte dans ~

    PLURIEi.

    masculin commun , .... ,

    Ja.V , ,,.

    ~

    fminin

    ~~

    Les prfixes sont des lments pronominaux, dj indiqus : na, ta, ya. - Les suffixes sont, pour la premire personne, le signe 11 de l'indicatif; pour les deux personnes du masculin, la dsinence longue du pluriel masculin 111a ; pour les deux autres personnes, la flexion fminine na.

  • CONJUGAISON 19

    Du EL masculin commun fminin

    ... -~, ,JIM.!.

    Ce sont les formes du singulier, auxquelles a t suffixe la dsi-nence longue ni du duel.

    Les deux personnes du pluriel masculin et les trois personnes du duel sont celles qui ont particulirement frapp les grammairiens arabes par leur ressemblance avec le nom ; on retrouvera dans le nom les dsinences na et ni, comme let du fminin.

    Les deux aspects du verbe, l'accompli et l'inaccompli, sont donc forms de faon trs diffrente : l'inaccompli, les prfixes sont des fragments de pronoms, sauf des personnes du fminin, et les suffixes sont des indices de mode, de genre et de nombre. L'accompli, qui n'a que des suffixes, y mlange des indices de personne, de genre et de nombre. Il est remarquable que ce soit particulirement au fminin et au duel que les anomalies apparaissent dans les deux aspects du verbe ; celles du fminin peuvent s'expliquer par le caractre pr-caire et hsitant du fminin grammatical dans l'arabe ; mais le duel, qui parat tre un nombre ancien, est bien fix, et les anomalies ne s'y expliquent point dans l'arabe classique ; c'est dans les parlers qu'il subit des dJradations plus ou moins graves. On verra d'autres faits .lu mme genre en parlant des verbes cr anormaux.

    ~ 19. SUBJONCTIF ~,~i u~' masculin commun fminin

    Singulier: t p. J.ii ~p. ~ .)?ai

    , ,. ,

    3 P ~ j-ij Pluriel. 1 P ~

    ~p. 1;;;.i -~ . 3 p. 1,t;; ,~

  • CONJUGAISON 45

    Duel:

    Le subjonctif ne diffre de l'indicatif que par les suffixes. Dans les cioq personnes de l'indicatif termines en u, celui-ci est remplac par a. La dsinence fminine longue na, de la deuxime personne du singulier, la flexion longue du pluriel masculin ll11a et la flexion longue du duel Ifni sont remplaces par les flexions courtes , d, . Les deux personnes fminines du pluriel sont restes intactes.

    Les deux modes dits nergique lourd et nergique lger sont forms du subjonctif, avec addition de 11na pour le premier et de Il pour le second. On renvoie pour le dtail aux tableaux annexs ce livre. On note seulement ici quelques rductions de voyelles longues en syllabe ferme, dont on citera d'autres exemples en traitant des racines anormales. Si l'on ajoute au pluriel du subjonctif et au fminin

    1 Jtj taf'ali 1 A yaf'al J;'.i tafal _,

    les suffixes nna ou n, on obtient des formes thoriques : tC1fal1nna, yaf-'alnna, tafalnna; taf'ald11, yaful1n, tuf 'aln, qui renferment une syl-labe longue ferme: elle disparat et on a une syllabe ferme brve:

    -' , ~ ~ ~ ~~.:' . .., ~ ;pi

    20. APOCOP 'r_,);.;Ji t.:>~1 masculin commun fminin

    t p. ~i . ,.

    - ~ 2" p. jaj' _, ..... "

    . ,. ,

    ~p. ~ jaj' l p. ~ 2 P tp ~ .

  • 46 CONJUGAISON 21

    3e P 1 t;; J " ::P-! 2e p. :>tii ae p. ~ ~

    L'apocop ne diffre du subjonctif que par l'absence de la voyelle finale aux cinq personnes dans lesquelles un a final tait l'indice du subjonctif. Aux autres personnes, les formes sont dj courtes au subjonctif et ne peuvent subir aucune nouvelle diminution.

    ~ 21. IMPRATIF .:;Vi Les grammairiens rapprochent l'impratif de l'apocop. Il n'en

    diffre en effet que par l'absence des prfixes et des premires et troi-simes personnes : (1)

    masculin fminin

    ~l --

    Singulier

    Pluriel ::,W1 Duel

    Dans chacun de ces mots, le prfixe se trouve remplac par un lment i qu'il faut expliquer. C'est une voyelle d'attaque qui varie selon la yoyelle de la seconde radicale l'inaccompli : elle est 11 quand l'inaccompli est en u, et i quanl l'inaccompli est en 11. ou i:

    :.3" crire :...!ti imp. ~ 1 u; jeter ~ ,0 c_:,i;1 , ,. , ,

    :..,_;ol '-:' _;o frapper '-:',~ " . , (1) Comme dans la plupart des langues, l'impratif n'a en propre que des

    secondes personnes. Il emprunte les autres l'apocop. comme le franais les prend au subjonctif prsent.

  • 23 CONJUGAISON 47 Cette voyelle initiale est introduite pi1r un ham:a instable support

    par un alif (1). Ces faits s'expliquent par l'aversion que l'arabe manifeste pour

    la prononciation d'un mot commenant par deux consonnes: c'est comme s1 le franais disait : /a s-tation, mais isolment : hes-tatio11.

    Mais cette voyelle initiale, ncessaire quand le mot se prononce isolment ou en tte d'une phrase, ne l'est plus, en gnral, l'int-rieur du discours (quand on peut dire la s-talion). La phrase: il dit: cris se prononcera qla ktub, en trois syllabes normales: q-lak-tub. Il reste l'crire, et on revient ainsi l'emploi du wafla ( 11 ). La voyelle de l'impratif disparat ainsi que le hamza instable, et un waflu prend leur place sur l'alif, pour marquer, en somme, que cet alif ne sert plus rien et que l'on pourrait aisment en faire l'conomie.

    PASSIF

    S 22. - La v01x passive a, en arabe, une signification et un em-ploi syntaxique. assez diffrents de ceux du passif franais. Elle n'a point d'impratif, mais elle a l'accompli, l'inaccompli avec les trois modes et les deux nergiques.

    , ,

    L'accompli est du type ~ , quelle que soit la :-oyelle de la se-' - ' conde radicale l'actif. L'inaccompli l!st de mme ~ pour tous les

    verbes. Les flexions sont celles de la ,oix active.

    23. Remarques: 1 - Pronoms affixes. - Le contact avec les pronoms affixes produit, certaines personnes du verbe, des faits qu'il convient de noter:

    On a signal dj la graphie ~~-

    (1) En crivant J'atta11ue vocalique de l'impratif avec un ham:a (voir ci-dessus ~ 11), on 1enonce faire dans l'criture une diffrence entre ce hamza instable et la syllabe hamza et voyelle, qui est, par exemple, l'initiale de la

    preml~re personne de l'lnaeeompll 'af'alu ~1; ce second hamza est une con-sonne stable, qui persiste l'initiale du mot, quelle que soit sa place dans Je discours.

  • 48 CONJUGAISON 23

    A la deuxime personne fminine de l'accompli, la voyelle finale s'allonge devant le pronom affixe : ._,;sj:,.O

    A la deuxime personne ~u masculin pluriel l'accompli, une an-cienne finale reparait avant le pronom

    , , ! .... "' r..r"

    l'inaccompli pluriel, on trouve . , . ,, ~ . -~r!. pour

    et aussi la deuxime du fminin singulier . - . ~?j pour i.,i;~,,,.:Oj

    On peut crire deux pronoms l:.i suite dans les verbes double rgime direct( 186), en suivant l'ordre: l'", 2e et :i personne: (Dieu) te les a donns :_.tOj;.

    2" - On essaiera parfois, dans les pages suivantes, de se servir de la position de l'accent pour expliguer certaines formes des verbes anormaux. Il faut dire ici qu'on a suivi les conventions courantes sur la place de l'accent en arabe classique dans le verbe :

    qatciltu qiilalal lflaln qatcilta qalcillum qtallum qatalli qcilal qlllunna qatala q

  • CHAPITRE IV

    FORMES DRIVES DU VERBE

    ~ 24. - Le franais n'a point de procd gnral pour exprimer les modalits verbales, l'exception du passif avec emploi de l'auxi-liaire tre , et du rflchi avec le pronom se; pour rendre le r-ciproque par exemple, il ne possde que des procds d'application exceptionnelle, comme s'entretuer, s'entredchirer, ou un moyen plus grossier encore: s'aimer les uns et les autres. D'autres langues indo-europennes ont des moyens plus prcis et plus souples la fois; mais on en revient, en gnral, aux particules, comme en franais.

    Les langues smitiques, l'arabe particulirement, ont un systme complet de formes pour exprimer l'intensit, le but, la rciprocit, le factitif, ainsi que les rflchies-passives de ces formes. Grce la souplesse de sa drivation, avec ses trois consonnes radicales exten-sibles, l'arabe a cr des formes drives du verbe par modification des voyelles, par redoublement de la deuxime radicale, par adjonc-tion el mme par intercalation d'affixes, Ce systme, trs prcis et trs dlicat, concourt donner l'al'abe la richesse de ses verbes, celle aussi des noms abstraits qui en snnt forms, les mm1dar.

    Les grammairiens comptent 14 formes drives, que les Europens ,.

    ont numrotes de 1 a 15, en considrant le type nu " ~ du Yerbe, comme la premire forme. On conservera ici cette notation; mais on indiquera son insuffisance, el le classement qui devrait la remplacer. -On expliquera d'abord le sens essentiel que chaque forme donne au verbe, puis les nuances souvent fort dlicates que l'usage de la langue a cres; enfin on indiquera les voyelles de l'inaccompli et les types des trois noms verbaux : ma1dar ou infinitif, participe actif et participe passif.

    On n'a point tenir compte de la voyelle de la seconde consonne radicale, de mme que dans le passif de la forme nue . Tous les

  • 50 FORMES DRIVES DU VERBE 25

    verbes n'ont point la srie de formes driyes qui vont tre numres; en l'absence de toute loi, le dictionnaire est le maitre.

    Les i;erbes de formes drives se conjuguent avec les mmes prfixes et suffixes que le verbe nu. Ils ont les mmes aspects, les ,mmes modes. Les voyelles des prfixes et celles de la seconde con-1sonne radicale sont seules diffrentes et caractristiques de l'accompli et de l'inaccompli de chaque forme.

    Deuxime forme

    25. - La deuxime forme fa est la forme d'intensit ; le redou-blement de la seconde consonne radicale y est comme la reprsenta-tion de la rptition du yerhc tout entier.

    1. Le sens premier d'intensit et d'extension de l'action est celui qui s'ajoute la signification d'un certain nombre de verbes transitifs :

    , ,

    (violence) ~~frapper ; ~~ frapper avec violence. (rptition et acharnement) '_7.casser; :,.=r-casser en petits morceaux.

    '&i couper ; '&i couper en morceaux. ';;j sparer ; JJ disperser.

    Le Coran, dans l'pisode de Joseph (XII, 23) en donne un exemple trs intressant. Zolaihii, la femme d' Al-'Azz , entranant Joseph dans le fond de son :1ppartement, c ferme successiiiement les portes derrire elle (1) : ~1~;\i 1 _.;;Ji

    Remarques. 1 Voici un exemple trs net d'intensit, pour le verbe et le nom :

    - , , ' .. f-:: . "' l... :>W ~ Y. . , ~ ... 1~, ~ -..

    , ... ' ... '"' .. , . ~ . l; JW _...... u. - . ,

    (1) Cf. Muais, U.B., 91.

    ' sommes-nous vainqueurs, nous avons ~ ds longtemps l"haoitude de vaincre; sommes-nous vaincus, nous ne somme.s pas (dfinitivement) vaincus (2).

    (2) Nldeke, Z11r Gr., 25 (de Ibn Hlchm).

  • 25 FORMES DRIVES DV VERBE 51

    Il. Des verbes de 2 forme, en dehors de toute rgle ont le sens de la forme nue ou de la 5 forme, ayec des nuances mal dfinies : certains sont des intransitifs (1).

    '-'r.J suivre immdiatement ; J~ tourner le dos, fuir J~ remplacer une chose par une autre ; J~ changer une chose en

    une autre.

    III. L'intensit, marque par la 2 forme, rend factitifs les verbes , ',

    qualitatifs de type .,w (~ 174) et les verbes de mouvement. L'intran-sitif la forme nue devient transitif la 2 forme:

    -, , -.

    rjouir (_,J' tre joyeu:r c_,.,t ,

    ' , , ~

    -(./- tre beau (./- embellir Le transitif ou le verbe de mouvement la forme nue devient

    doublt"ment transitif :i la 2 forme.

    -~ savoir -~ faire savoir, enseignrr J) descendre J) /uire descendre

    I\'. - L'influence factitive de la 2~ forme ne s'exerce pas seule-ment sur la l'orme verbale' nue, mais encore sur un nom dont elle reconstitue la r:ieine d'une faon souyent arbitraire. L'arabe connat les formes secondaires dnominatives.

    a) Simple ralisation de la chose envisage: .. ' 3:- pain ~lente

    ~peau, fouet

    ;;.: fuire du pain

    , ~planter une lente ~-donner des coups de fouet .jl~ tourne rituelle n11lo11r de la /\u'bn; '....;j;, faire la tourne de la Ka'ba

    h) croyance la ralit d'une qualit exprime par la racine ou par un adjectif qui en d~ive.

    (1) Nombreux exemples danses dialectes; Marais, l:.B., 91; Feghali, Kf. Hi6; Cantineau, 147.

  • 52

    rac.

    adj.

    rac.

    adj.

    rac.

    adj.

    FORMES DRIVES DU VERBE 25

    sincrit

    sincre

    mensonge

    menteur

    faiblesse

    faible

    J~ croire sincre

    :_,~ considrer comme menteur, accuser de l'tre

    .... :; ,,,.

    ....;...;:, considrer comme faible

    c) Enfin le mcanisme se complique pour crer quelques verbes qui expriment l'ide de prononcer une formule religieuse dont un des termes fournit sa racine au verhe de 2010 forme:

    ~dire ,,y-;. '' J!-' 1 4ul Allah est plus grand lque tout] ll). ~v de la racine ..If'" d'o vient l'latif ~ i ,~ dire n ~ - ~\ (' le salut .

  • 26 FORMES DRIVf:S DU VERBE 53 > _,

    26. - Conjugaison: L'inaccompli est ~~ : le prfixe voca-lis en u et la seconde radicale en i, quelle que soit la voyelle de la seconde radicale du verbe. - L'impra.tif est sans adjonction d'une voyelle initiale et sans alif dans l'criture, puisqu"il commence par une consonne vocalise.

    , ., ' ::: ... , Le pasaif est vocalis l'accompli ~ et J'inacC"ompli ~

    comme dans le verbe o: nu . Les deux participes dpendent des deux inaccomplis : le prfixe mu

    y remplace le prfixe pronominal. Les participes sont donc (1): actif .> ' ~ , correspondant . l'inaccompli

    , , , ,, ~- , act. ~~ ; passif ja.o , corres-

    ' ~ .. , pondant l'inacc. pass. J~.

    Remarque. - La forme d'intensit, factitive, existe en accadien, en hbreu, en aramen et en thiopien. Or. rpte qu'il est loisible d'y considrer la gmination de la seconde consonne radicale comme le symbole de la rptition du \'erbe tout entier. C'est l'intensit que le franais exprime en disant: Il l'a battu, battu.

    Le m~dar est "'~ , avec un ta, prfixe sans redoublement de la seconde radicale, mais en l'accentuant par une voyelle i longue. -

    ,., ,,,,. . ,

    On reparlera d'une forme frquente ~ , o la voyelle i longue devient brve et o t> marbta final parat rtablir l'quilibre du mot: on verra l'emploi courant de ce mafdar dans les verbes malades. -,.,, , "'1" u!;,j et surtout u~, donnent quelques noms verbaux; l'i long est remplac par long.

    (1) On va voir que tous les participes des formes drives ont une voyelle i l'actif et une voyelle a 1u passif, mme si l'imparfait actif est en a (5 et io formes).

  • 54 FORMES D~IVES DU VEllBE. 27

    Troisime forme j.:~ 27. - Elle est caractrise par !"allongement de la voyelle a de

    la premire syllabe. Elle a essentiellement le sens de but, d'effort pour raliser l'acte

    exprim par la racine. Mais cette notion, gnralement admise, est insuffisante; il y faut mler celle de se rapprocher de, se joindre quelqu'un en accomplissant l'acte : on tend ainsi vers la rciprocit exprime par la 6e forme.

    1. - Effort pour raliser l'action, avec un lment de concur-rence:

    j:i tuer :P~ combattre J:- devancer J,;t.:: chercher devancer :Ji dominer :.Jli chercher l'emporter sur

    II. - Exercer envers quelqu'un laqualit exprime par le verbe qualitatif ou dnominatif la forme ac nue .

    , ' ,

    ;,,- tre beau ::,.:i; bien traiter , '' tre rude ' t.::' brutaliser ;,,- ~ " . :.:.;l;o' .. gal, double doubler ~,

    "~ - jL.: f- voyage voyager III. - Sens de direction de l'action vers un individu, avec passa-

    ge d'un verbe nu, souvent intransitif, un verbe transitif de 3 forme, avec disparition de la prposition, ncessaire avec le verbe nu ; souvent nciprocit:

    , "' il tomba sur lui ~(, il l'attaqua ~, e" .Jt :$' ......

    il lui crivit I) il correspondit avec lui

  • 29 FORMES DRIVES DU VERBE 55

    "' . , , , , r"'.;. adversaire ; r""\.;. citer en justice quelqu'un qui viendra

    contester voire prtention (1).

    , , ,

    28. - Conjugaison : L'inaccompli actif est ~\i;i : l'accompli , , ,, ... ,

    passif ~} (2); l'inaccompli passif ~\i;i ; ce sont les mmes voyel-les qu' la seconde forme, qui a un sens analogue, et mme place de l'accent : la syllabe longue remplace la syllabe ferme. - L'impratif

    . , ,, ... , ,,,,, est ~li . - Les participes : actif ~~ , passif ~~ .

    Le mafdar est"' J~ , dont on retrouvera le rythme dans plusieurs ,,, , , ... ,

    autres formes; mais ~li.. est frquent: c'est le participe passif auquel le ta"'marb(a final donne le sens ab..~trait.

    La troisime forme est surtout arabe d'o elle semble avoir pass en thiopien ; il y en a quelques exemples en hbreu.

    Quatrime forme ~

    29. - Elle est forme par la prfixation de la, qui porte l'accent et qui entrane ainsi la chute de la voyelle

  • 56 FORMES DRIVES DU VERBE 29

    fa tre lourd ~ opprimer ~ s'asseoir -~i fail'e asseoi1 ,;_,,. couler ,;~i faire couler

    Les transitifs, la forme nue, deviennent doublement transitifs la 4 forme :

    ~ savoir , ~ faire savoir, apprendre une nouvelle Certains verbes factitifs de .:f forme sont dnominatifs :

    2..: paix -~ pacifier, corriger. II. Sens de raction. L'ide de causalit se retrouve, d'une faon

    un peu complexe, dans les exemples suivants:

    rP- se plaindre de ; ~!1 rpondre la plainte de quelqu'un (par une aide, un reproche, etc.)

    't:,..; crier; ~i rpondre au cri d'appel de q.q. ~ chercher ce qu'on a perdu ; ~~ indiquer d q.q. 1111 objet

    qu'il a perdu (1). III. Certains verbes de 4 forme ont le sens estimatif ou dcla-

    ratif: considrer, dclarer comme ayant la qualit exprime par la racine. Il est probable qu'ils sont dnominatifs, drivant d'un 110111 et non d'un verbe .

    . ' rac. ~ avarice

    , i' ... ~ 1 ta:rer d'avarice

    rac. ~ louange , ..

    ~ 1 louer, tenir pour digne d'loge.

    B) 1. Verbes d'existence : La seconde srie de verbes cle 4 forme, et la plus nombreuse, comprend : 1. des verbes intransitifs, dnomi-natifs, qui expriment les positions matrielles et morales les plus va-ries. On n'en donnera ici que quelques exemples :

    (1) Nldeke, Zur Gr., 2S.

  • 29 FORMES DRIVES DU VERBE 57 . ,

    ... ' ,:, - . Orient se dirige1 vers l'Orient

    '"'J"" '-'r . ,

    , , ' ~ matin ~' tre au malin , , ,,,..,

    ~ en face de J:-9 s' a11ancer la rencontre j;.( lgumes ~i produire des lgumes

    ,

    ...... :1 .. fruits produire des fruits .r-' .r-J ,,

    J;.J feuilles ::;~~i avoir des feuilles ;.,; pluie ~La,;i pleuvoir

    Il. D'autres verbes, qui semblent provenir de formes nues pourraient tre dnominatifs :

    ~ ~ , ,,

    '~I tre loquent vient aussi bien de ~.ai que de '~ :;...:t. bien agir .... de .. ~.'." ou de :;...:-III. La 4m forme, sens d'tat, parat s'tre dveloppe par ana-

    logie pure, hors de toute drivation logique :

    "~ tre en retard, larder. ~ tre au-de.uous de-ses aflilires.

    ~j tre possible.

    Remarque. - Les grammamens ont cherch traiter ces verbes comme des factitifs suivis d'un lllU.Jdar ou collectif au cas direct, qui aurait disparu : {'Jjj J~:,I , i~ :).\. Ces verbes ont, sans aucun doute, un sens factitif de ralisation : :,i.;.1 produire dt: la pluie . Mais leur origine dnominative leur donne un caractre spcial, et un rap-prochement s'impose entre eux et les verbes de la 9" forme~!, inten-sive et dnominative elle aussi.

  • 58 FORMES DRIVES DU VERBE 31

    ' . , ~ 30. - Conjugaison: Inaccompli ~ , l , ,. ,

    L'accompli passif est ~ 1 ; l'inaccompli ~ est semblable celui du verbe nu,., sans que l'on en ait paru gn. Les participes sont:

    -> .>,., ->t, act. ~ pass. J-;.. . Le mafdar est c.1wl , sur le mme type que ~Q de la troisime forme.

    La 4m forme est commune aux langues smitiques, mais avec un prfixe variable : Sa, &a, ha et >a; on retrouvera 1(a) la dixime forme (1).

    Remarque. - Dans ~\, le ham:a du prfixe est stable. Bien qu'il disparaisse, comme le h en hbreu, devant les prfixes de l'inaccompli, il persiste au mafdar ~Ql:et l'impratif. Il n'y a donc jamais lieu de remplacer l'a ou l'i du hQ111%a par la voyelle finale du mot prcdent dans un contexte, nl, dans l'criture, de donner un wa\ila l'alif. V. 10 c.

    Les quatre formes que l'on vient d'numrer ~ C ~ C ~~ < ~l sont les quatre types essentiels. Cinq autres sont les rOchies-passives de celles-l ; quatre d'entre elles en sont formes par l'ad-jonction d'un t; la dernire par prfixation de n (7 forme).

    Cinquime forme ~ 31. - C'est la rflchie-passi\'e de la 21 forme, c'est--dire la

    2m forme J:i , avec le prfixe .::,, 1. - C'est bien, en gnral, la rflchie-passive de la 2m forme,

    les deux modalits se confondant comme en franais:

    (1) Il y a en arabe des exemples de permutation de hamza avec ha qui ramnent la mme forme en hbreu. li y a plusieurs exemples pour la qua-trime forme : notamment J1:,. verser n'est autre que JC1\, quatrime forme de J(1 tre rpandue (eau), bien que Je dictionnaire en fasse uoe sorte de qua-drlllre de rac. hrwq. - Voir pour s(a), il(l.

  • 31 FORMES DR1vi::Es DU VERBE 59

    a) D'un verbe transitif d

  • 60 FORMES DRIVES DU VERBE 32

    Ill. - C'est encore le sens rflchi intrieur qui explique la signi-fication des verbes de 5me forme qui sont exactement: se m_,ttre (ou se trouver) dans la. situation o le verbe de seconde forme place son complment direct , ou bien exercer l'action sur soi-mme ou dans son propre intrt . ,

    ", ... .-:: .... : .J_r faire connatre .... , s'informer

    ,,,. -= , , ~, ,

    ~ faire uoir clairement ~ observer, distinguer :...n; rclamer auec insistance :Jt.i rclamer pour soi-mme .. ~ , ... =:; ... ;

    se contraindre d l'endurer ~ exciter la patience ~

    'P rf1chir . p rf1chir (en soi-mme) On en arrive des nuances de sens si fines qu'elles ne sont plus

    visibles. II convient de noter J~ faire l'aumne. qui est un dnominatif

    .. ,

    cfe 4i~ aumne et o l'on peut sentir l'ide du profit que l'aumne procure au musulman pieux dans l'autre monde.

    , -= ......... 32. - Conjugaison : L'llaccompli est ~ avec quatre ... , , , ~ ..... ,

    voyelles a. Le passif est l'accompli J?", et l'inaccompli ~ avec le mme systme de voyelles que dans toutes les autres formes .

    .. t-' Le ma1dar est jai) Les participes, comme ceux des autres formes,

    .. _,,

    se distinguent par la voyelle de l:i seconde radicale : actif ~; ... ::~..- ,

    passif jai:.o .

    Remarques. - a) Aux deuximes personnes de l'inaccompli, l'un des deux t initiaux disparat souvent :

    ~ aulieude ~ Dans les verbes qui commencent par une dentale, il P,eut y avoir

    assimilation de cette dentale avec le t prfixe, et modification du rythme du verbe.

  • 33 FORMES DRIVES DU VERBE 61

    fi' mentionner: 5m f. '}"Ji Y~l '/)"~J.i ' pour des hommes qui se souviennent. Cor. V, 126

    .r?. monter: 5m f.

    ""

    '' G 11.i ~.: ,, =1"y '-"" v i.J) comme s'il tait enlev au ciel. Cor. VI, 125 On trouvera des faits analogues la gm forme :i;,.-.! ( ~ 3i ). b) La 5m forme n'existe qu'en arabe et en thiopien. c) Au risque d'empiter sur la syntaxe, on rpte que les formes

    dites rflchies-passives ne recouYrent pas le passif des formes essen-tielles. En voici un exemple net, sur le passir clc -_;.,. 2 r. et la 5 :J;j .

    . -,,. 1~'1! A ~ ~ on lui a enseign, mais il n'a point appris.

    Sixime forme j:li

    33. - C'est la rflchie-passive de la :im. 1. - Beaucoup de verbes de sixime forme ont nettement le sens

    de rflchi-passif d'un verbe de la troisime : , ,

    C:::: suwre ' ' mettre la suite ~ dti se suivre sans interruption

    ~ tre inattentif jli prendre quelqu'un dan.~ l' latlention, en profiter Ji~ tre pris dans l'inattention, tre inattentif, ngliger

  • 62 FORMES D!llVES. DU VERBE 33

    II. La sixime forme donne ou confirme certains verbes de li:. troisime forme le sens de rciprocitc'.

    , , ,

    ~_r- battre ~~t,:; se battre contre se battre les u11s contre les autres

    tuer Ji~ combattre se comlatlre les uns les autres

    devmcer ::r. L chercher de1ancer clrerclrer se devancer les u11s les autres

    III. Dans certains verbes, la rciprocit est, pour ainsi dire, int-rieure, et s'exerce entre les diffrentes parties d'un mme tout.

    J.i..: tomber ; J.ici tomber pice pice, morceau par morceau. ~saisir; ;!.L'I;] se dit d'une cho~c dont les parties se sont,

    pour ainsi dire, saisies e