Biotechnologie Et Pharmacie

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Industrie suédoise Biotechnologie et pharmacie PUBLIÉ PAR L’INSTITUT SUÉDOIS NOVEMBRE 2007 FD 132 A 132 Les sociétés qui emploient les biotechnologies classiques ou nouvelles sont principalement de deux types : des entreprises mûres appartenant à des secteurs traditionnels tels que la pharmacie, l’industrie alimentaire ou la pâte et le papier, qui sont devenues peu à peu des utilisateurs plus innovants des biotechnologies ; et des sociétés de biotechnologie modernes, dont les sociétés du premier type achètent souvent les produits ou services. En termes de recettes et d’effectifs, les entreprises pharmaceutiques do- minent largement les industries liées aux biotechnologies en Suède. L’indus- trie biotechnologique, cependant, est en rapide croissance. Le sous-secteur prépondérant est de loin la découverte et le développement de médica- ments. Il compte de nombreuses entreprises, dont certaines ont leur origine dans l’un des deux grands laboratoires pharmaceutiques, AstraZeneca et Pharmacia Corporation (intégrée depuis 2003 à l’américain Pfizer). L’industrie biotechnologique L’industrie pharmaceutique, principal secteur d’application, a été la première à lancer des activités commerciales dans le domaine des biotechnologies. La première application commerciale des biotechnolo- gies modernes en Suède était fondée sur une technologie du laboratoire américain Genentech dont la société suédoise Kabi avait acquis la licence en 1978. Kabi a fusionné avec Pharmacia en 1990. Par la suite, Pharmacia a fusionné avec deux la- boratoires américains, Upjohn et Monsan- to, pour former Pharmacia Corporation. En 2003, un autre grand groupe pharma-

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Industrie suédoiseBiotechnologie et pharmacie

PUBLIÉ PAR L’INSTITUT SUÉDOIS NOVEMBRE 2007 FD 132 A

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Les sociétés qui emploient les biotechnologies classiques ou nouvelles sont principalement de deux types : des entreprises mûres appartenant à des secteurs traditionnels tels que la pharmacie, l’industrie alimentaire ou la pâte et le papier, qui sont devenues peu à peu des utilisateurs plus innovants des biotechnologies ; et des sociétés de biotechnologie modernes, dont les sociétés du premier type achètent souvent les produits ou services. En termes de recettes et d’effectifs, les entreprises pharmaceutiques do-minent largement les industries liées aux biotechnologies en Suède. L’indus-trie biotechnologique, cependant, est en rapide croissance. Le sous-secteur prépondérant est de loin la découverte et le développement de médica-ments. Il compte de nombreuses entreprises, dont certaines ont leur origine dans l’un des deux grands laboratoires pharmaceutiques, AstraZeneca et Pharmacia Corporation (intégrée depuis 2003 à l’américain Pfizer).

L’industrie biotechnologiqueL’industrie pharmaceutique, principal secteur d’application, a été la première à lancer des activités commerciales dans le domaine des biotechnologies. La première application commerciale des biotechnolo-gies modernes en Suède était fondée sur une technologie du laboratoire américain Genentech dont la société suédoise Kabi avait acquis la licence en 1978. Kabi a fusionné avec Pharmacia en 1990. Par la suite, Pharmacia a fusionné avec deux la-boratoires américains, Upjohn et Monsan-to, pour former Pharmacia Corporation. En 2003, un autre grand groupe pharma-

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ceutique des États-Unis, Pfizer, a racheté Pharmacia Corporation. L’autre grande entreprise pharmaceutique de Suède, Astra (aujourd’hui AstraZeneca) a commencé à utiliser la technologie de l’ADN recombi-nant vers la fin des années 1980. Dans les années 1980, puis de plus en plus dans les années 1990, de nouvelles so-ciétés de biotechnologie ont été fondées en Suède. La plupart de ces nouvelles entrepri-ses étaient issues de la recherche universi-taire et de grands laboratoires pharmaceu-tiques existants.

PME de biotechLe nombre d’entreprises suédoises de bio-technologie est passé de 136 en 1997 à 213 en 2003. Sur la même période, leurs effec-tifs ont plus que doublé pour dépasser les 8 600 salariés, selon des donnés publiées par VINNOVA (l’Agence suédoise pour les systèmes d’innovation) en 2005*. Les deux groupes pharmaceutiques AstraZeneca et Pfizer mènent aussi des activités de bio-technologie. Les petites et moyennes entre-prises (PME)1 de biotech sont nombreuses dans ce domaine d’application, mais aussi dans des secteurs comme l’agroalimen-taire.

L’importance des sociétés de biotech

Les sociétés de biotechnologie sont sou-vent des intermédiaires importants entre l’université et l’industrie pour le dévelop-pement et la diffusion des technologies. Elles fournissent des plateformes technolo-giques, connaissances, services et produits potentiels à de plus grandes entreprises telles que des laboratoires pharmaceuti-ques internationaux ou de grandes socié-tés d’alimentation suédoises. Les produits qu’elles vendent peuvent être par exemple des médicaments candidats ou des micro- organismes bénéfiques pour la santé et donc susceptibles d’être utilisés comme additifs alimentaires. Les sociétés de biotechnologie assu-rent aussi le transfert des connaissances entre les universités et leurs clients par le biais de leurs puissants réseaux destinés à identifier les recherches de pointe présen-tant un potentiel de commercialisation. Leurs produits peuvent aussi consister en licences pour des résultats de recherche brevetés. Dans certains sous-secteurs, il est courant que les entreprises développent des produits pour les mettre elles-mêmes sur le marché. C’est le cas en particulier dans le domaine des instruments et fournitures biotechnologiques, de la biotechnologie environnementale, de la bioproduction et de la biotechnologie agricole.

Concentration autour des grandes villes

Les sociétés de biotechnologie se trouvent

pour la plupart dans les zones métropoli-taines suédoises et dans les villes dotées de grandes universités ayant d’importantes activités de recherche médicale. Environ 390 sociétés sont établies dans la région de Stockholm/ Uppsala (y compris Södertälje et Strängnäs). Viennent ensuite les régions de Göteborg et de Malmö/ Lund, avec res-pectivement 170 et 160 sociétés. Linköping, Umeå et le reste de la Suède comptent res-pectivement 25, 20 et 40 sociétés.

Une industrie internationaleL’industrie biotechnologique suédoise est

résolument engagée dans la coopération internationale. C’est ce que soulignent les réponses à un questionnaire envoyé en 1999 aux présidents de sociétés de biotech-nologie : pas moins de 64 pour cent d’entre elles déclaraient collaborer avec des équi-pes universitaires étrangères dans leurs activités de recherche et développement. La part des sociétés collaborant avec des sociétés d’autres pays et/ ou externalisant des activités à l’étranger était également élevée, 49 pour cent. Les entreprises, instituts de recherche, université et autres acteurs des biotechno-

* VINNOVA Analys VA 2005:2

Catégories de sociétés de biotech en 2003Sous-secteur Produits NombreDécouverte et développement de médicaments 60Délivrance de médicaments 13Diagnostic 19Biotechnologie médicale 19Instruments et fournitures Services, procédés, équipements et biotechnologiques instruments à usage biotechnologique 59Bioproduction Production de biomolécules ou microorganismes 19Biotechnologie alimentaire Principalement probiotiques 10Biotechnologie agricole Amélioration des végétaux, protection biologique des végétaux etc. 7Biotechnologie environnementale Sols, eau, traitement des déchets et analyses de laboratoire 7 Total 213

Répartition régionale, par nombre de salariés (à gauche) et par nombre de sociétés (à droite)

La taille des cercles est proportionnelle au nombre de salariés/ sociétés. Seules les sociétés de moins de 200 salariés sont comprises. Les cercles sont centrés sur le chef-lieu de chaque département.

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logies participent activement à des réseaux et partenariats internationaux. Selon un rapport de 2003 sur les PME de biotech ef-fectué par VINNOVA et l’Académie royale suédoise des sciences de l’ingénieur (IVA), la Suède semble bien réussir à conserver ses brevets de biotechnologie puisque la part des inventions dues à des Suédois est la même que celle des inventions sous pro-priété suédoise (52 pour cent).

Les moteurs du développement biotechnologique suédois

UNE SOLIDE BASE SCIENTIFIQUE Notre con- naissance des éléments constitutifs fonda-mentaux de la vie, les gènes, fait actuelle-ment des progrès spectaculaires. La carto-graphie du génome humain a récemment été achevée. La meilleure compréhension scientifique des mécanismes génétiques et moléculaires des processus biologiques est un grand moteur de l’innovation techno-logique, et le fondement d’une nouvelle croissance. Le développement et le dyna-misme de l’industrie biotechnologique dépendent fortement des apports de la re-cherche universitaire. Dans de nombreux domaines de la biotechnologie, la Suède possède une base scientifique solide et de bonne qualité, grâce aux importants investissements ef-fectués dans la recherche biotechnologi-que au cours des trente dernières années. Ce facteur est particulièrement important

pour assurer aux entreprises de biotechno-logie des ressources en personnel haute-ment qualifié. Rapporté à la population, le nombre de publications biotechnologiques suédoises est actuellement (2004–2006) le deuxième du monde – seule la Suisse en produit da-vantage. La Suède fournit 1,4 pour cent de la production mondiale de publications de biotechnologie (le chiffre est de 1,3 pour cent pour l’ensemble des publications scientifiques). L’Institut Karolinska, université médi-cale de la région de Stockholm, est le prin-cipal producteur de publications scientifi-ques en biotechnologie, avec 25 pour cent du total des publications suédoises dans ce domaine, tandis que les universités de Lund, Uppsala et Göteborg en produisent chacune de 8 à 14 pour cent. Une collaboration intensive entre la recherche universitaire et l’industrie a été un autre grand facteur de développement pour l’industrie biotechnologique sué-doise. Il en est de même de la collaboration pour la recherche clinique avec l’important secteur de la santé du pays, en majeure par-tie à gestion publique.

LA PRÉSENCE D’ASTRA ET PHARMACIA

Les laboratoires pharmaceutiques Astra (aujourd’hui AstraZeneca) et Pharmacia (absorbé par Pfizer) ont stimulé la crois-sance de l’industrie biotechnologique sué-

doise, non seulement dans le domaine de la pharmacie et de la médecine mais aussi, par exemple, dans celui des instruments et fournitures biotechnologiques. En col-laborant avec des équipes universitaires, les deux entreprises ont apporté à l’uni-versité des financements et une meilleure compréhension des problèmes industriels. Elles ont été un vivier de personnel qualifié pour les jeunes entreprises. Quelques-unes de ces jeunes entreprises sont d’ailleurs des essaimages d’Astra ou de Pharmacia.

UN CLIMAT PLUS FAVORABLE À L’ENTREPRISE

Dans les milieux universitaires, les attitudes ont changé. Les scientifiques des universi-tés ont souvent aujourd’hui une vision plus positive de la collaboration avec l’industrie, aussi bien que de la perspective de devenir eux-mêmes des entrepreneurs. Le développement industriel suédois a fait émerger des entreprises performan-tes, qui sont devenues des exemples pour d’autres. Cette force d’impulsion est appe-lée à s’accroître à mesure que les sociétés de biotech seront plus nombreuses à dégager des bénéfices.

Sous-secteurs de l’industrie biotechnologique2

DÉCOUVERTE ET DÉVELOPPEMENT DE MÉDI-

CAMENTS De nos jours, très peu de labora-toires développent de nouveaux médica-ments sans recourir à des outils biotechno-

maintes idées nouvelles émanent du monde universitaire

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logiques. Beaucoup moins d’entreprises, cependant, ont pour objet le développe-ment de produits biopharmaceutiques, c’est-à-dire de médicaments à base de macromolécules biologiques comme les protéines. Les macromolécules biologiques sont plutôt la cible des médicaments mis au point, qui consistent souvent en petites molécules produites par synthèse chimi-que organique. AstraZeneca et Pfizer sont les deux entreprises dominantes dans cette catégo-rie, et de loin les plus grandes. Biovitrum (577 salariés en 2004) est spécialisée dans les maladies métaboliques, l’obésité, le diabète de type 2 et l’oncologie. Parmi les autres sociétés figurent Active Biotech AB (immunologie, vaccins, médicaments) et SBL Vaccin AB (vaccins), KaroBio AB, A Carlsson Research AB et Medivir AB.

DIAGNOSTIC ET BIOTECHNOLOGIE MÉDICALE

Par rapport aux sociétés qui développent des médicaments nouveaux, les délais entre le concept et la commercialisation de pro-cédés, services et produits de diagnostic sont beaucoup plus courts dans ce secteur. Ces entreprises ont ainsi des possibilités de dégager des bénéfices plus rapidement si leurs produits donnent de bons résultats. Phadia AB (diagnostic des allergies), Karocell AB (médecine régénérative, par exemple traitement des grands brûlés par des cultures de leurs propres cellules), Q-med AB (implants à base d’acide hyaluro-nique) et CMA/Microdialysis AB (micro-dialyse) sont quelques exemples de firmes opérant dans ce domaine.

INSTRUMENTS ET FOURNITURES BIOTECH-

NOLOGIQUES La Suède est très performante dans ce sous-secteur. Elle est d’ailleurs le berceau d’un des premiers fournisseurs mondiaux de technologies pour la recher-che biotechnologique, GE Healthcare, qui fournit des systèmes, produits et services biotechnologiques pour la recherche sur les gènes et les protéines en vue de la dé-couverte et du développement de médi-caments et de la fabrication de produits biopharmaceutiques. Outre GE Healthcare, il existe aussi dans le domaine de la fourniture de bio-technologie des entreprises de moindre taille à fort potentiel de croissance. L’une des plus grandes, Biacore (outils d’analyse des interactions biomoléculaires), un des leaders mondiaux de la détection et du contrôle des liaisons biomoléculaires, a été rachetée par GE Healthcare en 2006. Les autres grandes PME sont Biotage (instruments de synthèse assistée par micro-ondes et de séquençage de l’ADN) et Gyros (microlaboratoires sur disque compact).

BIOPRODUCTION Les firmes qui produisent des biomolécules, microorganismes ou cel-lules ont pour clientèle une grande partie

des autres sociétés de biotechnologie, ainsi que des équipes universitaires et des indus-tries alimentaires et pharmaceutiques. DSM Anti-infectives (fermentation) et Polypeptide Laboratories (synthèse) en sont des exemples.

BIOTECHNOLOGIE ALIMENTAIRE Dans l’in-dustrie bioalimentaire, les biotechnolo-gies interviennent essentiellement dans le domaine des aliments fonctionnels. Les entreprises travaillent principalement sur des additifs composés de types de bactéries présentes dans la nature ayant des effets bénéfiques pour la santé de l’appareil di-gestif. Les principales entreprises sont Biogaia et Probi. Toutes les sociétés de ce secteur sont de petite taille et une grande partie de leurs effectifs se trouve en Scanie. Elles sont souvent les sous-traitants d’entreprises ali-mentaires plus grandes comme les laiteries Skånemejerierna et Arla.

BIOTECHNOLOGIE AGRICOLE Ce sous-sec-teur est dominé par deux sociétés de taille moyenne, le suédo-allemand Svalöf Wei-bull AB, (colza, céréales, pomme de terre, etc.) et la multinationale Syngenta Seed. Toutes deux travaillent à l’amélioration des plantes. Les autres sociétés de cette catégo-rie sont des micro- et petites entreprises, par exemple BioAgri AB (bactéries naturel-les du sol pour la protection des végétaux) et Plant Science Sweden AB (biotechnolo-gie végétale).

BIOTECHNOLOGIE ENVIRONNEMENTALE

Quelques-unes de ces sociétés sont spécia-lisées dans le traitement des sols, l’élimina-tion des déchets ou l’épuration des eaux usées. Elles ont pour clients des communes, des entreprises du bâtiment et des indus-tries qui doivent purifier l’eau utilisée dans leurs procédés de fabrication. Elles font ap-pel à des microorganismes efficaces et inof-fensifs présents dans la nature et mettent au point des techniques perfectionnées pour leur utilisation. On trouve également des sociétés d’analyses de laboratoire qui déve-loppent des méthodes d’essais et analysent par exemple les eaux usées pour détermi-ner leur teneur en substances toxiques et micro-organismes. Les plus grandes sont AnoxKaldnes et Pegasus Lab. Toutes ces sociétés ont moins de 20 salariés et sont disséminées dans toute la Suède.

L’industrie pharmaceutique

L’industrie pharmaceutique suédoise, qui a connu une croissance rapide au cours des vingt dernières années, se classe parmi les secteurs les plus dynamiques de l’industrie suédoise. En 2005, elle employait environ

22 000 personnes. Plus de 90 pour cent de ses ventes sont allées à l’exportation, soit en tout plus de 46 milliards de couronnes suédoises (SEK) ou 5,0 pour cent du total des exportations suédoises. Cela permet à la Suède d’enregistrer un excédent de 32 milliards de SEK pour la balance commer-ciale du secteur pharmaceutique. En même temps, l’industrie pharma-ceutique suédoise a subi une vaste restruc-turation par la voie de fusions et d’acqui-sitions, souvent internationales. Il s’ensuit qu’elle est maintenant dominée par une seule grande multinationale, AstraZeneca. Une autre société, Pharmacia, était l’un des principaux acteurs de l’industrie phar-maceutique et biotechnologique suédoise. Mais par suite d’une série de fusions avec des entreprises des États-Unis, une grande partie de ses activités ont essaimé ou ont été transférées à l’étranger. Les éléments res-tants de l’ancienne Pharmacia appartien-nent désormais à Pfizer et se spécialisent entièrement dans les médicaments vendus sur ordonnance. En dehors d’AstraZeneca et Pfizer, de nombreuses petites et moyennes entre-prises pharmaceutiques ont des activités de développement et/ ou de production en Suède. Elles comprennent des socié-tés de découverte de médicaments faisant appel aux biotechnologies, aussi bien que d’autres entreprises ayant une moindre in-tensité de recherche, axées notamment sur les génériques, la formulation pharmaceu-tique, la délivrance des médicaments ou la sous-traitance.

HistoriqueComme dans les autres pays, l’industrie pharmaceutique est apparue en Suède au début du XXe siècle. Les premières com-pagnies avaient souvent une pharmacie pour point de départ. Elles fabriquaient des produits standard d’origine étrangère pour le marché intérieur suédois. Le déve-loppement de spécialités pharmaceutiques restait limité. L’industrie pharmaceutique moderne, fondée sur la R&D, a émergé en Europe dans les années 1940 et 50, mais ce n’est que dans les années 1960 que les labo-ratoires suédois ont commencé à consacrer d’importants investissements à la recher-che et au développement des produits. Cette tendance s’est poursuivie dans les années 1970. C’est à cette époque que l’in-tensité de R&D des entreprises suédoises a atteint des niveaux internationaux, avec des dépenses de R&D de l’ordre de 15 pour cent des ventes. Dans les premières années 1980, le rythme de croissance s’est fortement ac-céléré, passant à une moyenne d’environ 20 pour cent au cours des deux décennies suivantes. Depuis, le développement du secteur, porté par l’innovation, repose sur une série de produits phares sur le marché international. Les médicaments cardio-vasculaires Seloken et Plendil, les antiasth-

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matiques Bricanyl et Pulmicort, l’hormone de croissance Genotropin, le Healon – une substance facilitant la chirurgie oculaire – et l’anti-ulcéreux Losec en sont quelques exemples. Au cours des années 1980, une vaste restructuration de l’industrie pharma-ceutique suédoise s’est engagée. Les sept compagnies pharmaceutiques existantes au début de cette période ont été ramenées à trois, Astra, Pharmacia et Ferring. Cette dernière, une entreprise danoise, n’a plus aujourd’hui qu’une société commerciale en Suède. Bien que la branche reste dominée par les grands groupes pharmaceutiques, les jeunes entreprises de biotech qui se concentrent sur la recherche pharmaceu-tique ont connu une robuste croissance ces dernières années. Mais ces firmes sont souvent lourdement tributaires des grands laboratoires. Les raisons en sont multiples. Tout d’abord, plusieurs d’entre elles sont directement issues d’Astra et Pharmacia. De plus, les grands groupes sont aussi une importante source de personnel qualifié (principalement chercheurs et personnel d’encadrement). Enfin, ils sont dans bien des cas des partenaires ou des clients des so-ciétés de biotechnologie. Ces dernières ont souvent pour stratégie de vendre des ser-

vices de R&D ou des licences à l’industrie pharmaceutique établie. Certaines sociétés de biotechnologie ont l’ambition non seu-lement de développer mais aussi de com-mercialiser des produits pharmaceutiques finis. L’industrie biotechnologique peut ainsi contribuer à générer de nouvelles sociétés pharmaceutiques susceptibles de devenir des acteurs de niche performants. Une autre évolution intéressante, dans le sillage des consolidations industrielles dans le monde, est l’émergence et l’essor des « sociétés de spécialités », c’est-à-dire des firmes qui acquièrent ou prennent des licences sur de petits produits de niche provenant des grands laboratoires. Un bon exemple en est Meda, une agence nordi-que qui a acquis en quelques années une position de leader international comme fournisseur de médicaments spécialisés destinés à de petites catégories de patients.

De Pharmacia à Pfizer

Créée en 1911, Pharmacia a connu une croissance organique fondée sur le déve-loppement et la commercialisation de pro-duits innovants, souvent issus de la recher-che universitaire. À partir des années 1980, elle a joué un rôle actif dans la restructura-tion de l’industrie pharmaceutique en ac-

quérant ou en fusionnant avec un certain nombre de sociétés en Suède et à l’étranger. KabiVitrum, Leo, Ferrosan et ACO ont ainsi été absorbées par le groupe Pharmacia, de même que l’italien Farmitalia Carlo Erba, acquis en 1993. En fusionnant en 1995 avec l’américain Upjohn, Pharmacia était en bonne voie de devenir une multinationale de premier plan. En 2000, Pharmacia & Upjohn fusionnaient avec Monsanto pour créer Pharmacia Corporation. En 2003, cette compagnie était rachetée et absorbée à son tour par Pfizer, ce qui a donné lieu par la suite à de nouveaux essaimages. Au cours des dix dernières années, dans le cadre du recentrage sur son cœur de métier, Pharmacia/ Pfizer s’est défait en tout ou en partie de plusieurs secteurs d’af-faires, sites et projets de recherche, qui ont formé des sociétés indépendantes. Celles-ci comprennent Fresenius Kabi (environ 700 salariés), fondée en 1998 lorsque le groupe de santé allemand Fresenius a repris la di-vision Nutrition parentérale de Pharmacia. Deux autres exemples importants sont Ac-tive Biotech et Biovitrum, qui sont deve-nues deux des principales sociétés de bio-tech suédoises. Plus récemment, Phadia, un des leaders mondiaux du diagnostic des allergies, a également essaimé. Les activités de Pfizer en Suède, qui em-ploient environ 1 800 salariés, consistent aujourd’hui pour l’essentiel en production de médicaments, ventes sur le marché sué-dois et recherche clinique. En 2006, Pfizer a décidé d’implanter en Suède un nouveau site de production biotechnologique. C’est un investissement majeur qui renforcera la capacité d’expansion mondiale du groupe dans un secteur biotechnologique en ra-pide croissance. En 2006 également, Pfizer a annoncé la vente de sa division Consumer Health Care (automédication) à Johnson & Johnson. Celle-ci comprend une usine suédoise em-ployant 700 salariés pour la production de Nicorette, un leader mondial des produits de sevrage tabagique.

AstraZenecaÀ l’inverse de Pharmacia, Astra a long-temps choisi de miser uniquement sur la croissance organique. Son expansion a été très rapide, en particulier grâce au succès de Losec (oméprazole), un anti-ulcéreux qui est devenu en 1996 le médicament le plus vendu du monde (un rang qu’il a conservé jusqu’en 2001). De 1988 à 1997, le chiffre d’affaires d’Astra est passé de 6,1 à 45 milliards de SEK. Losec représentait près de la moitié de ses ventes en 1997. En 1999, Astra a fusionné avec le bri-tannique Zeneca pour former AstraZene-ca. Basé à Londres, le groupe enregistrait en 2005 un chiffre d’affaires d’environ 24 milliards de dollars US. C’est l’un des pre-miers laboratoires pharmaceutiques du monde, doté d’un large portefeuille de pro-duits destinés au traitement de pathologies

nexium, une version améliorée de Losec

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1 SEK (couronne suédoise) = 0,11 EUR ou 0,08 GBP ou 0,16 USD (Octobre 2007)Photos : © Hans Bjurling (p. 1), © Université de Stockholm (p. 3), © AstraZeneca (p. 5)

Notes : 1. Entreprises comptant moins de 500 salariés. 2. L’industrie biotechnologique étant en constante évolution, les données, surtout celles concernant des entreprises particulières, peuvent être rapidement périmées.

Le présent texte, publié par l’Institut suédois, peut être consulté sur www.sweden.se. Il ne peut être utilisé sans autorisation préalable de l’Institut suédois. Pour obtenir l’autorisation d’utiliser le texte, veuillez prendre contact avec : [email protected]. Les photos ou illustrations ne peuvent être repro-duites séparément.L’Institut suédois (SI) est un organisme public chargé de promouvoir l’intérêt pour la Suède dans

le monde. Il encourage la coopération et les relations durables avec les autres pays par une communica-tion active et par les échanges culturels, éducatifs et scientifiques. Pour en savoir plus sur la Suède : www.sweden.se, l’ambassade/ consulat de Suède dans votre pays ou l’Institut suédois, Box 7434, SE-103 91 Stockholm, Suède | Tél. +46 8 453 78 00 | [email protected], www.si.se, www.swedenbookshop.com

englobant d’importants secteurs des soins de santé. Il conduit des recherches dans un réseau mondial de centres de R&D localisés dans sept pays et dans 40 unités de dévelop-pement clinique disséminées partout dans le monde. Il compte 27 sites de production dans 19 pays. AstraZeneca a un effectif total de quel-que 65 000 salariés, dont 12 800 en Suède. Sur ce nombre, 4 900 personnes sont affec-tées à la R&D dans l’une ou l’autre des trois unités de recherche, situées à Södertälje, Mölndal et Lund. La production qui a lieu en Suède est pour l’essentiel concentrée à Södertälje. Dans le cadre des structures mondiales de recherche d’AstraZeneca, la Suède a la responsabilité principale de plusieurs do-maines importants tels que le traitement des maladies cardio-vasculaires, gastro-intestinales et respiratoires. Une grande partie des 11 900 chercheurs du groupe tra-vaillent en Suède. De plus, le siège principal des activités de recherche est à Södertälje. Le principal produit est l’anti-ulcéreux Nexium (ésoméprazole magnésium), une version améliorée de Losec lancée pour faire face à la concurrence des génériques bon marché apparus à l’expiration des bre-vets. Avec ces deux produits, AstraZeneca conserve une position de tête dans le monde pour le traitement des affections gastro-intestinales. En 2005, les ventes dans ce secteur s’élevaient à 6,4 milliards de dollars US, soit 27 pour cent du chiffre d’affaires total. Le profil de recherche du groupe est parmi les plus larges de la branche. Son pipeline compte près d’une centaine de projets en cours, dont quelque 80 entités chimiques nouvelles En 2005, 3,4 milliards de dollars US ont été consacrés aux acti-vités de découverte et de développement. La collaboration avec les universités et les sociétés de biotech a pris une importance accrue comme complément à la R&D in-terne. AstraZeneca a actuellement plus de 1 700 collaborations et contrats externes de R&D. Afin de renforcer son portefeuille

de développement, le groupe continue de saisir les opportunités d’acquisitions ci-blées et d’accords de licences lorsqu’elles se présentent. Dans l’intention d’accroître ses capacités de R&D en matière de délivrance de traitements biologiques, segment le plus dynamique du marché pharmaceutique, AstraZeneca a acquis en 2006 Cambridge Antibody Technology, une société bio-technologique de pointe du Royaume-Uni comptant 300 salariés.

Recherche et développementL’innovativité de l’industrie pharmaceuti-que suédoise est le fruit d’investissements judicieux dans la R&D des laboratoires, mais tient aussi à l’environnement local dans lequel les entreprises opèrent. La Suède a commencé très tôt à mettre en place un système de santé avancé, ouvert à l’expérimentation de nouvelles techni-ques. D’importants investissements pu-blics et privés dans la recherche médicale, tant préclinique que clinique, ont donné à la Suède un rôle de chef de file dans le sec-teur des sciences médicales – elle est parmi les pays qui publient le plus grand nombre d’articles sur les sciences de la vie par ha-bitant. C’est un atout pour les laboratoires pharmaceutiques suédois, qui sont en me-sure d’engager en Suède même des colla-borations avec des équipes de recherche de renom international. Nombre de produits d’un intérêt majeur sont ainsi nés d’idées formulées dans les milieux universitaires, puis mises en œuvre dans les laboratoires, souvent en partenariat avec des universités et centres hospitaliers suédois. Aujourd’hui, un bon nombre de pays ont rattrapé la Suède, tant pour ce qui est de la qualité des soins médicaux que des dépenses de recherche médicale. Elle n’en continue pas moins d’offrir un cadre in-ternationalement compétitif pour le dé-veloppement de médicaments. Son effort de recherche reste considérable dans le do-maine médical et les secteurs apparentés, et ses universités sont très ouvertes à la col-laboration avec l’industrie. Par ailleurs, des changements majeurs sont en cours dans la

recherche pharmaceutique par suite de la « révolution génétique ». La cartographie du génome humain, associée à d’autres avancées des biotechnologies, donne de nouvelles possibilités d’étudier les causes de diverses pathologies et de mettre au point des thérapies nouvelles efficaces. La Suède présente divers atouts en tant que base des activités de développement de médicaments nouveaux nées du décryp-tage des génomes. Elle dispose notamment de biobanques humaines, de registres de maladies fiables et d’un savoir-faire épidé-miologique avancé. En partie du fait des rapides progrès des biotechnologies, un processus de res-tructuration est en cours, par suite duquel les premières phases de la découverte de médicaments sont de plus en plus assurées par de petites entreprises spécialisées dans la recherche. Ces sociétés vendent des ser-vices et des licences aux grands laboratoires pharmaceutiques, qui poursuivent ensuite le développement et la commercialisation des produits. Ainsi, AstraZeneca collabore avec de nombreuses sociétés de biotechno-logie, dont certaines sont suédoises. Malgré les coupes opérées par Pharmacia/ Pfizer, le dynamisme de l’industrie biotechnologi-que en Suède se traduit par une expansion de la recherche pharmaceutique à vocation commerciale. La plupart des clients et des partenaires étant étrangers, les produits des recherches de ces sociétés de biotech sont dans bien des cas commercialisés en dehors de la Suède. Il y a néanmoins des exemples de sociétés étrangères qui investissent en Suède. C’est le cas du japonais Dainippon Sumitomo Pharma, qui a créé une société en participation avec l’Institut Karolinska. L’industrie pharmaceutique suédoise consacre annuellement environ 25 pour cent de ses recettes à la R&D. C’est un pourcentage élevé à l’aune internationale, qui reflète principalement les gros inves-tissements d’AstraZeneca pour ses centres suédois de recherche – en 2005, à peu près un tiers de tous les investissements de R&D du groupe, 3,4 milliards de dollars US, ont été effectués en Suède.

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