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www. biotech-finances.com SOMMAIRE C onnaissez-vous le redressement ? C’est une notion très en vogue. Le ministère du Redressement indus- triel est certes expert dans ce domaine, mais il fallait penser aussi à l’amont, et dans cette partie vitale pour l’industrie du futur le FNA vient d’apporter une pierre intéressante à l’édifice. Ainsi, le travail de structuration amorcé l’an dernier par le Fonds national d’amor- çage (FNA) dans le cadre du programme d’investissement d’avenir poursuit sa route avec la création d’un nouveau FCPR spécialisé. Baptisé « Emergence Innovation 1 », ce dernier interviendra dans les toutes premières phases de développement de start-up innovantes situées dans les régions Centre, Poitou- Charentes, Auvergne, Limousin, Rhône- Alpes, PACA et Languedoc-Roussillon. Il est doté pour le moment de 25,5 M€ apportés pour 15,3 M€ par le FNA, 3 M€ par la Région Centre, 2 M€ par le Languedoc-Roussillon et 1 M€ par le Poitou-Charentes et l’Auvergne, ainsi que pour 3,2 M€ par des partenaires privés dont les caisses régionales de Crédit Agricole et les Caisses d’Épargne Auvergne-Limousin et Languedoc. Ce premier closing a vocation à être renforcé sur les 12 prochains mois, avec une cible finale d’environ 33 à 35 M€. « L’amorçage a aujourd’hui particu- lièrement mauvaise presse en Europe, jugé trop risqué et peu rentable. Il est en général laissé par défaut à quelques fonds publics, business angels, pour- voyeurs de subventions et organisa- teurs de concours », explique Pascal Voulton, président du directoire de Sofimac Partners, qui aura la charge de la gestion du fonds en partenariat avec la société Soridec. « Ce climat pesant et incertain place les sociétés innovantes dans des impasses finan- cières critiques, les poussant à mettre en place des modèles capitalistiques faits de bric et de broc. Ce type de structurations force les CEO à adapter sans cesse leurs projets en fonction des fonds dont ils disposent, et ce au détri- ment d’une vision globale nécessaire à une croissance rapide et durable. À un autre niveau, les levées trop éclec- tiques et rapprochées peuvent plus tard freiner les ambitions de certains VC repoussés par des usines à gaz action- nariales. » Pour donner aux entrepre- neurs les moyens de leurs ambitions, « Emergence Innovation 1 » pourra miser jusqu’à 3 M€ par participation. Le fonds projette en outre de réaliser des follow-on, un aspect très impor- tant pour les entreprises life sciences en quête quasi perpétuelle de finance- ments. Pour démultiplier la puissance de ses mises, Sofimac inves- tira quasi exclusivement en collaboration avec d’autres acteurs, parmi lesquels des fonds d’investisse- ment nationaux et régio- naux. « Il est important que tous les opérateurs de la chaîne du financement s’impliquent à ce stade si nous voulons pérenniser la filière de la Santé en France qui se prive aujourd’hui d’un bon nombre d’entre- prises non-créées faute de fonds. » « Il est déconcertant de voir à quel point certains VC européens se dédouanent aujourd’hui de l’amorçage, se gardant la meilleure part du gâteau en repre- nant les pépites une fois la première preuve de concept définie », rebondit un spécialiste français du transfert de technologies. Les premières prospec- tions réalisées par Sofimac pour l’allo- cation de leur nouveau fonds laissent entrevoir un fort effet de déstockage dans les premiers mois, enrayé par la pénurie d’amorçage de ces dernières années. Si ce deal flow dense se confir- mait avec de beaux dossiers présentés, le gestionnaire pourrait accélérer son rythme d’investissement, établi pour le moment autour de quatre à cinq valeurs par an, sur cinq ans. Dernière heure Peut-on redresser l’amorçage ? p. 1 Billet bio de H. Ella Teva fait bouger les biosimilaires p. 2 Entreprises Theravectys lève 7,5 M€ pour son vaccin anti-VIH «J’ai été impressionné par le potentiel de la technologie des vecteurs lentiviraux» Jean-Pierre Kinet p. 3 Entreprises Quartz Bio coupe le cordon avec Merck Serono «Merck Serono a offert à Quartz Bio la possibilité de s’établir» Philippe Lopes-Fernandes p. 4 Stratégie Oroxcell, entre école mixte et collège d’investisseurs «Le modèle mixte ne corres- pond pas aux attentes des finan- ciers» Jean-François le Bigot p. 5 Expertise Mutation du modèle économique de la pharma : l’industrie se réinvente p. 6-7 Veille stratégique Les deals de la semaine écoulée en Europe et en Israël. p. 8 10 septembre 2012 - N° 562 Peut-on redresser l’amorçage ? Dernière heure L’amorçage est jugé, à tort, comme trop peu rentable. Pascal Voulton WEBSOLUTION Parcipez aux programmes WEBINAIRES EXPERTS (BtoB, Promo, Grand Public...) Biotech finances 2012. Présentaon en ligne sur demande. Renseignements : Jacques-Bernard TASTE Tél. 09 80 08 51 45 Juliette Lemaignen

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Mutation du modèle économique de la pharma :l’industrie se réinvente

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www. biotech-finances.com

SOMMAIRE

Connaissez-vous le redressement ? C’est une notion très en vogue. Le ministère du Redressement indus-

triel est certes expert dans ce domaine, mais il fallait penser aussi à l’amont, et dans cette partie vitale pour l’industrie du futur le FNA vient d’apporter une pierre intéressante à l’édifice. Ainsi, le travail de structuration amorcé l’an dernier par le Fonds national d’amor-çage (FNA) dans le cadre du programme d’investissement d’avenir poursuit sa route avec la création d’un nouveau FCPR spécialisé. Baptisé « Emergence Innovation 1 », ce dernier interviendra dans les toutes premières phases de développement de start-up innovantes situées dans les régions Centre, Poitou-Charentes, Auvergne, Limousin, Rhône-Alpes, PACA et Languedoc-Roussillon.

Il est doté pour le moment de 25,5 M€ apportés pour 15,3 M€ par le FNA, 3 M€ par la Région Centre, 2 M€ par le Languedoc-Roussillon et 1 M€ par le Poitou-Charentes et l’Auvergne, ainsi que pour 3,2 M€ par des partenaires privés dont les caisses régionales de Crédit Agricole et les Caisses d’Épargne Auvergne-Limousin et Languedoc. Ce premier closing a vocation à être renforcé sur les 12 prochains mois, avec une cible finale d’environ 33 à 35 M€. « L’amorçage a aujourd’hui particu-lièrement mauvaise presse en Europe, jugé trop risqué et peu rentable. Il est en général laissé par défaut à quelques fonds publics, business angels, pour-voyeurs de subventions et organisa-teurs de concours », explique Pascal Voulton, président du directoire de Sofimac Partners, qui aura la charge de la gestion du fonds en partenariat avec la société Soridec. « Ce climat pesant et incertain place les sociétés innovantes dans des impasses finan-cières critiques, les poussant à mettre

en place des modèles capitalistiques faits de bric et de broc. Ce type de structurations force les CEO à adapter sans cesse leurs projets en fonction des fonds dont ils disposent, et ce au détri-ment d’une vision globale nécessaire à une croissance rapide et durable. À un autre niveau, les levées trop éclec-tiques et rapprochées peuvent plus tard freiner les ambitions de certains VC repoussés par des usines à gaz action-nariales. » Pour donner aux entrepre-neurs les moyens de leurs ambitions, « Emergence Innovation 1 » pourra miser jusqu’à 3 M€ par participation. Le fonds projette en outre de réaliser des follow-on, un aspect très impor-tant pour les entreprises life sciences en quête quasi perpétuelle de finance-ments. Pour démultiplier la puissance

de ses mises, Sofimac inves-tira quasi exclusivement en collaboration avec d’autres acteurs, parmi lesquels des fonds d’investisse-ment nationaux et régio-naux. « Il est important que tous les opérateurs de la chaîne du financement s’impliquent à ce stade

si nous voulons pérenniser la filière de la Santé en France qui se prive aujourd’hui d’un bon nombre d’entre-prises non-créées faute de fonds. » « Il est déconcertant de voir à quel point certains VC européens se dédouanent aujourd’hui de l’amorçage, se gardant la meilleure part du gâteau en repre-nant les pépites une fois la première preuve de concept définie », rebondit un spécialiste français du transfert de technologies. Les premières prospec-tions réalisées par Sofimac pour l’allo-cation de leur nouveau fonds laissent entrevoir un fort effet de déstockage dans les premiers mois, enrayé par la pénurie d’amorçage de ces dernières années. Si ce deal flow dense se confir-mait avec de beaux dossiers présentés, le gestionnaire pourrait accélérer son rythme d’investissement, établi pour le moment autour de quatre à cinq valeurs par an, sur cinq ans.

Dernière heure

Peut-on redresser l’amorçage ? p. 1

Billet bio de H. Ella Teva fait bouger les biosimilaires

p. 2Entreprises Theravectys lève 7,5 M€ pour son vaccin anti-VIH

«J’ai été impressionné par le potentiel de la technologie des vecteurs lentiviraux» Jean-Pierre Kinet

p. 3Entreprises Quartz Bio coupe le cordon avec Merck Serono

«Merck Serono a offert à Quartz Bio la possibilité de s’établir» Philippe Lopes-Fernandes

p. 4Stratégie Oroxcell, entre école mixte et collège d’investisseurs

«Le modèle mixte ne corres-pond pas aux attentes des finan-ciers» Jean-François le Bigot

p. 5Expertise Mutation du modèle économique de la pharma : l’industrie se réinvente

p. 6-7Veille stratégique Les deals de la semaine écoulée en Europe et en Israël.

p. 8

10 septembre 2012 - N° 562

Peut-on redresser l’amorçage ?

D e r n i è r e h e u r e

L’amorçage est jugé, à tort, comme trop peu rentable.

Pascal Voulton

WEBSOLUTIONParticipez aux programmes

WEBINAIRES EXPERTS(BtoB, Promo, Grand Public...)

Biotech finances 2012.Présentation en ligne sur demande.

Renseignements :Jacques-Bernard TASTE

Tél. 09 80 08 51 45 Juliette Lemaignen

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B i l l e t B i o

Pas de trêve estivale pour la FDA ! En effet, l’agence américaine a, le 30 août dernier, rendu un

avis positif pour l’enregistrement du tbo-filgrastim (XM02 filgrastim) de Teva Pharmaceuticals. Cette forme recombinante à action rapide du G-CSF (Granulocyte-colony stimula-ting factor) d’Amgen, Neupogen® (filgrastim), réduit la durée des épisodes de neutropénies induites par la chimiothérapie chez les patients atteints de certains cancers non-myéloïdes. Il s’agit bien d’une victoire pour la biotech israélienne, connue pour ne pas se contenter des situa-tions établies. En effet, lorsqu’en 2009 la biotech avait décidé de partir à l’as-saut de l’agence de réglementation américaine, avec son TevaGrastim® déjà enregistré en Europe, bien peu

voyaient une issue favorable à cette demande quelque peu extravagante dans le contexte de l’époque. Car l’agence américaine, en retard sur le front des biosimilaires, était encore en phase de réflexion, tiraillée par les opérations de lobbying et les négociations. D’ailleurs, Teva avait soumis une demande de BLA (biolo-gics license application) comme pour un nouveau biomédicament. Il a fallu attendre mars 2010 pour que l’admi-nistration Obama, dans la droite file de sa réforme de la santé, définisse un cadre législatif pour le dévelop-pement des biomédicaments avec le « patent protection and affordable care act ». Et ce n’est qu’en février 2012 que la FDA édictera ses direc-tives pour le développement et l’en-registrement des biosimilaires. Ah !

Administration quand tu nous tiens ! Mais la FDA a tout de même fait un effort de pragmatisme dans ses directives en essayant de ménager les entreprises biopharmaceutiques et l’administration fédérale. Ainsi, fallait-il conforter le potentiel d’inno-vation des biopharmaceutiques, qui avec leurs brevets tombant dans le domaine public se retrouvent dans la situation des grands laboratoires pharmaceutiques, et rassurer les autorités de santé qui regardent avec bienveillance toute initiative visant à réduire les coûts de santé publique. Décidément, Teva, qui a toujours su se trouver à l’avant-garde, vient une nouvelle fois de prouver sa capacité à faire bouger les lignes.

O n e n a p a r l é c e t t e s e m a i n e

ÉtalonGlobal Bioenergies, entreprise de biologie industrielle développant des procédés de conversion de production biologique d’oléfines légères, a annoncé avoir été nominée parmi les cinq PME les plus innovantes d’Europe par EuropaBio, l’association qui représente plus de 1 800 sociétés européennes.

BrésilMauna Kea Technologies (NYSE Euronext : MKEA), leader sur le marché de l’endomicroscopie, a annoncé le lancement commercial du Cellvizio 100 au Brésil, premier marché sud-américain en matériel médical. À l’occasion de ce lancement, un groupe de praticiens mondialement renommés a pratiqué et commenté les quatre premières procédures d’imagerie cellulaire en temps réel avec le Cellvizio, au Brésil, lors de l’ENEO/ENDOINCA 2012, congrès international d’endoscopie en oncologie gastro-intestinale, qui s’est tenu à Rio de Janeiro les 31 août et 1er septembre derniers.

Phase IIInnate Pharma (Euronext Paris : FR0010331421 – IPH), la société de l’immunité innée développant des médicaments innovants contre le cancer et les maladies inflammatoires, a annoncé avoir reçu l’autorisation réglementaire de débuter un essai de phase II randomisé avec IPH2102/BMS-986015, en traitement de maintenance chez des patients âgés atteints de leucémie aiguë myéloïde (« LAM ») en première rémission complète (essai IPH2102-201 dénommé « EffiKIR » pour « efficacité anti-KIR »). L’essai, conduit en double aveugle, comprendra 150 patients répartis en trois bras, dont un bras contrôle recevant du placebo et deux bras testant IPH2102/BMS-986015 en monothérapie à des doses différentes. Le critère primaire d’efficacité est la survie sans leucémie. Les critères secondaires de l’essai incluent la tolérance et la survie globale.

SemestreAdocia (NYSE Euronext Paris : FR0011184241 - ADOC), société de biotechnologie spécialisée dans le développement de médicaments très performants, dits « best-in-class », à partir de protéines thérapeutiques déjà approuvées, a annoncé ses résultats pour les six premiers mois de l’année 2012. L’entreprise est entrée en Bourse, en février 2012, avec une levée de 25,3 millions d’euros (net des frais liés à l’opération). Elle a obtenu des résultats cliniques positifs de phase IIa avec le projet Insuline humaine rapide HinsBet (R) et de phase II avec le projet pour le traitement de l’ulcère du pied diabétique, BioChaperone (R) PDGF-BB. Elle a lancé la première étude clinique dans le cadre du partenariat avec Eli Lilly sur son analogue d’insuline à action ultrarapide. Elle a obtenu des agences américaines et européennes un brevet couvrant les formulations BioChaperone (R) PDGF-BB sur le projet phare de traitement des plaies chroniques. La situation financière d’Adocia est saine avec 33,7 millions d’euros de trésorerie et équivalents trésorerie à fin juin 2012, soit une augmentation de 27,8 millions d’euros sur la période.

Transports bioOcT Santé, société spécialisée dans le transport de produits biologiques et pharmaceutiques a obtenu l’homologation par le LNE, Laboratoire national d’essai, de ses modèles d’emballages biologiques innovants, Thermo Box, conçus en interne et destinés au transport de matières biologiques de catégorie B. OCT Santé a annoncé aussi l’agrément en avril 2012 de la certification ISO 9001 version 2008. Cette certification couvre les activités de transport de produits liés au domaine de la santé et la logistique.

PartenariatLes laboratoires pharmaceutiques Pierre Fabre (France) et Merz Pharmaceuticals (Allemagne) ont signé un accord de partenariat concernant la commercialisation des injectables Glytone® utilisés en dermatologie esthétique pour le comblement des rides. Par cet accord, Merz devient propriétaire des droits mondiaux pour les produits injectables Glytone® à base d’acide hyaluronique. Ils en assureront la commercialisation à partir de ce mois. Les laboratoires Pierre Fabre restent propriétaires de la marque Glytone® et continueront d’en assurer la commercialisation aux États-Unis, territoire où la marque ne comprend pas de produits injectables à base d’acide hyaluronique. Cette transaction vient conforter la stratégie de Merz dans le domaine de la médecine esthétique, un marché de plusieurs milliards d’euros en forte croissance.

H. Ella

Teva fait bouger les biosimilaires

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E n t r e p r i s e s

Petit à petit la biotech Theravectys convainc du potentiel de sa plate-forme technologique.

Quatre ans après son amorçage, avec 4,7 M€ apportés par trois investis-seurs privés, l’entreprise incubée à l’Institut Pasteur vient de clore un nouveau tour de table de 7,48 M€. Aux actionnaires historiques Guy Paillaud, ex-dirigeant de Promodes, et John Pieters, ex-dirigeant d’Amgen France, sont venus s’ajouter dix nouveaux entrants dont le fonds Téthys de la famille Bettencourt ou encore Richard Hennessy. Refroidis par les échecs passés, les fonds d’in-vestissement restent la plupart du temps à l’écart des projets de déve-loppement de vaccins contre le SIDA. « Nous ne développons pas seulement un nouveau vaccin anti-VIH mais une plate-forme technologique de rupture grâce à la technologie des vecteurs lentiviraux, précise Renaud Vaillant, directeur général de Theravectys. Elle repose sur quinze années de

recherche fondamentale de l’Ins-titut Pasteur, avec lequel nous avons signé un accord de licence exclusif et mondial en 2007, et trouvera des applications dans d’autres patholo-gies aux besoins médicaux insatisfaits. Les résultats précliniques de notre candidat sont extrêmement promet-teurs et nous espérons démontrer dans les deux prochaines années non seulement l’innocuité mais aussi l’effi-cacité potentielle de notre candidat vaccin thérapeutique anti-VIH. » Peu avant la levée, l’EMA, auprès de qui

Theravectys avait fait une demande de scientific advice, a rendu un avis favorable sur le plan de développe-ment présenté par la société. Preuve de l’intérêt que suscite la biotech dans le milieu pharma, quatre person-nalités de l’industrie pharmaceutique et du secteur des biotechnologies ont rejoint depuis peu son conseil d’admi-nistration (1).

À la recherche de 10 M€ supplémentairesLes fonds réunis financeront en premier lieu un essai multicentrique de phase I/II visant à tester notam-ment l’innocuité mais aussi l’effi-cacité du premier candidat vaccin de l’entreprise. Theravectys serait ainsi la première société au monde à mener une étude clinique contre le VIH avec la technologie des vecteurs lentiviraux. Ces derniers, contraire-ment aux autres vecteurs de transfert de gènes, ont la capacité d’induire une réponse immunitaire forte et

diversifiée en stimulant de manière endogène les cellules dendritiques. « Ce produit, explique Jean-Pierre Meyers, directeur général de Téthys, devrait permettre aux patients séroposi-tifs sous polythérapies d’arrêter durablement et

peut-être définitivement tout traite-ment antirétroviral. » La biotech envi-sage de mener elle-même la phase III, son ambition étant de devenir une pharma leader de la vaccination, avec un pipeline de candidats dans plusieurs indications. Deux options de développement sont à l’étude pour assumer un tel effort financier. La firme souhaiterait mettre en place des accords de codéveloppement de sa technologie avec des industriels de la pharma, « plusieurs s’étant montrés intéressés par le potentiel

de notre outil dans les maladies infec-tieuses et les cancers notamment », affirme à cet égard Renaud Vaillant. Seconde option, la société considère une IPO si la conjoncture le permet. « D’ici à quelques mois, les résultats de la phase I/II dont nous disposerons ainsi que nos travaux sur de nouveaux candidats vaccins seront susceptibles d’apporter davantage de valeur à l’en-treprise », explique le dirigeant, ajou-tant : « Il est de mon rôle de prévoir comment assurer la liquidité de nos actionnaires. » Pour le moment, une nouvelle levée de fonds est en prépa-ration. Le management a estimé ses besoins à 10 M€, une somme qui lui permettra de gagner en visibilité et d’accélérer la création d’un porte-feuille de produits. « Avec ce nouveau tour de financement, nous serons plus à même de choisir le moment de l’introduction en Bourse sans qu’elle nous soit imposée », justifie Renaud Vaillant.

Theravectys lève 7,5 M€ pour son vaccin anti-VIH

Anne-Laure Languille

Regard croisé sur TheravectysJean-Pierre Kinet, président de la société iXLifePour une biotech early stage recherchant dans un domaine aussi complexe que le VIH, Theravectys réalise avec ce troisième tour de table une très belle opération financière. La crédibilité de ses action-naires historiques et du management ajoutée aux profils éminents de son board, qui compte d’anciens « executives » de big pharmas, lui ont permis d’attirer de nouveaux investisseurs. Si les VC n’ont pas pris part à la levée de fonds, c’est selon moi parce que le projet leur est apparu trop risqué au regard des échecs passés d’autres biotechs dans leurs tentatives de développer un vaccin thérapeutique anti-VIH. Mais Theravectys dispose d’une plate-forme technologique de rupture qui offre une solution très différente de ce qui a pu être présenté jusqu’ici. En tant que médecin immunologiste, j’ai été impressionné par le potentiel de la technologie des vecteurs lentiviraux qui peuvent reprogrammer

les cellules dendritiques et apporter ainsi une innovation thérapeutique dans de nombreuses maladies autres que le SIDA. Avec un tel potentiel de développement, Theravectys peut espérer devenir un leader dans le domaine de la vaccination.

Nous déve-loppons la technologie des vecteurs lentiviraux.

Renaud VaillantT h e r a v e c t y s

Paris - 75Conseil juridique, affaires courantes

cabinet UGGc, charles Emmanuel Prieur

Conseil juridique, brevets

Law Office of Salvatore Arrigo & Scott Lee Llp, Salvatore Arrigo

Experts-comptables

- commissaire aux comptes : cabinet Vizzavona, Patrice Vizzavona- FINEA, Oliver Phelippot

Relations presse et communication

ALIZE RP, caroline carmagnol

1 - Pierre Lepienne, ancien vice-president de Sanofi-Synthélabo ; Tom McKillop, ex-cEO d’Astra Zeneca ; Jean Stéphenne, ex-cEO de GSK Bio ; Judith Greciet, cEO de BioAlliance Pharma.

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E n t r e p r i s e s

Le programme d’ « Aide à la créa-tion d’entreprise », lancé en avril dernier par Merck Serono pour

accompagner la fermeture de son site genevois (1), fait des émules. Après Prexton Therapeutics qui reprenait fin juillet les programmes des récep-teurs métabotropes au glutamate de la firme pour l’indication de la maladie de Parkinson, c’est au tour de Quartz Bio d’annoncer son lance-ment. L’entreprise fournira à l’indus-trie pharmaceutique et aux biotechs des services de gestion de données et d’analyse exploratoire pour leurs essais cliniques, et notamment les informations liées aux biomarqueurs, clés du succès des travaux de méde-cine personnalisée. « Ce secteur est en plein essor dans la pharma du fait de l’intégration quasi systématique de companion diagnostics dans les développements actuels de médica-ments et du renforcement des requis insufflés par les autorités réglemen-taires européennes et américaines », nous a confié Jérôme Wojcik, l’ex-

responsable du service de bio-infor-matique de Merck Serono Genève, qui prend la direction opérationnelle de Quartz Bio. « La filière d’expertise dans ce domaine n’est cependant pas encore structurée de manière profes-sionnelle. Hormis les pharmas qui disposent souvent de compétences en interne, seuls quelques prestataires indépendants s’y aventurent, sans grande puissance de frappe et souvent au détriment de la qualité, ce qui m’a conforté dans le projet de création

de Quartz Bio. Pour être performant et durable dans ce domaine, il faut connaître parfaitement les bases des algorithmes de bio-informatique, mais également maîtriser les concepts biologiques de développement de médicaments et disposer d’une culture globale des essais cliniques. Des connaissances très transversales que mon équipe et moi-même avons acquises en travaillant pour un grand groupe comme Merck Serono. »

Un carnet de commandes de 2 M€Pour démarrer son activité, Quartz Bio et ses quatre premiers salariés seront implantés dans les bureaux Blue Box de Fongit, un accélérateur de start-up soutenu par les acteurs publics régio-naux, situé à Plan-les-Ouates, au cœur du cluster life sciences genevois. Ce passage devrait durer un minimum de 12 mois, le temps de structurer un portefeuille durable et pérenne de commandes. Pour parvenir à ce stade, la jeune pousse s’appuiera sur le soutien de Merck Serono qui a

signé avec elle un accord cadre de collaboration s’étendant jusqu’en 2015. Ce dernier intègre des prestations de services larges, pour un montant de commande qui devrait avoisiner les 2 M€ sur la période et avec le verse-

ment, dès aujourd’hui, d’un montant non-divulgué mais significatif d’avance sur trésorerie. « Compte tenu du faible investissement matériel requis par notre activité, ces revenus devraient nous permettre d’être rapidement autosuffisants sur la plan finan-cier. Cet événement sera un gage de réussite pour notre compagnie qui a intégré dans son pacte d’actionnaires le souhait de ne jamais recourir à des capitaux extérieurs pour le finance-ment de son développement. » Seule

ombre au tableau, Merck Serono ne s’est pas clairement engagée sur le calendrier de ses commandes, ce qui renforce l’importance pour l’équipe de Quartz Bio de trouver d’autres parte-naires pour lisser ses revenus. Une tâche prioritaire pour Jérôme Wojcik qui a personnellement initié une phase de prospection en amont de la création de son entreprise. Ses clients cibles sont des pharmas en quête de flexibilité, des biotechs ne disposant pas d’équipe de bio-informatique en interne, mais également les autorités de santé qui sont de plus en plus pres-criptrices d’études indépendantes dans le domaine des biomarqueurs afin de stratifier les cohortes de malades. L’un des exemples emblé-matiques de ce type d’analyse est celle commanditée par la FDA sur le Plavix, qui avait démontré que près de 3 % des patients ne répondaient pas au traitement, entraînant l’intégra-tion d’un marqueur dans le label du médicament.

Quartz Bio coupe le cordon avec Merck Serono

Juliette Lemaignen

Regard croisé sur Quartz Bio

Philippe Lopes-Fernandes, VP, global business development - Merck SeronoLa force de Quartz Bio réside dans une expertise très pointue en bio-informatique et en une connaissance intime du processus de développement clinique et de ses exigences. Merck Serono a offert à Quartz Bio la possibilité de s’établir et de démarrer avec un client solide et un lien privilégié. À moyen terme, Quartz Bio devra élargir sa base de clients pour assurer son succès, mais nous sommes convaincus que la demande sera présente car ce type de services est au cœur des approches personnalisées de la médecine de demain.

La spin-off restera à Genève.

Jerome Wojcik

1 - Lire : « Merck Serono Genève, la fin d’une icône ? » dans le n° 550 de Bf du 07/05/2012

Q u a r t z B i oPlan-les-Ouates – Suisse

Banque

crédit Suisse – Genève

Conseil juridique

cabinet « id est avocats », Me Michel Jaccard – Lausanne

Comptabilité et fiscalité

BDO – Genève

Incubation

FONGIT – Plan-les-Ouates

Assurances, gestion du personnel

Fédération des entreprises romandes (FER)

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5BIOTEcH FINANcES - 10 septembre 2012 - N° 562

S t r a t é g i e

Les modèles mixtes ça marche, à condition d’en sortir ! Oroxcell est une bonne illustration de cette

sentence. Ses services focalisés sur la biodisponibilité et la sécurité des molé-cules lui ont permis de consolider dans un premier temps sa R&D et de créer un pipeline à fort potentiel. Ce portefeuille suscite l’appétence des pharmas qui lui suggèrent d’investiguer plus avant. Il lui faut donc faire des choix et surtout recourir à d’autres leviers de finance-ment face à de nouvelles étapes gour-mandes en cash. Le composé de cette biotech francilienne, qui fait l’actualité du moment avec un deal de licencing-out en discussion, a été développé en interne depuis 2006 sur la base du repo-sitionnement d’un des métabolites de la Trimébutine, commercialisée en Europe depuis 1969 sous le nom de Debridat. «Désormais brevetée au niveau mondial, notre molécule vise le traitement des douleurs neuropathiques et viscérales, un secteur particulièrement délaissé par l’arsenal thérapeutique actuelle-ment disponible », nous a confié Jean Pachot, CEO d’Oroxcell. « Le dernier

composé à avoir été enregistré pour les douleurs viscérales est le Zelnorm, commercialisé aux États-Unis avant d’être retiré du marché mi-2007 pour des raisons d’effets secondaires graves dans le secteur cardiovasculaire. En neuf mois de vente, le Zelnorm avait atteint des revenus de 600 M$. Les premiers résultats de pharmacodépendance et de pharmacovigilance réalisés à partir de modèles particulièrement prédictifs sur notre candidat médicament vont dans le sens d’un composé safe, ce qui laisse entrevoir un avenir prometteur avec des revenus potentiels de blockbuster.

» Compte tenu du vide thérapeutique, de nombreux acteurs se sont d’ores et déjà engouffrés dans la brèche, mais la FDA a récemment rappelé l’importance qu’elle portait aux profils d’effets secon-daires de ce type de molécules, rejetant quelques projets jugés trop risqués au niveau cardiaque.

Trouver 1,5 M€L’intérêt tout juste formalisé par une pharma pour la molécule d’Oroxcell est le signe fort du potentiel du produit. Ce deal sera pleinement valorisé une fois que la firme aura répondu à quelques questions scientifiques complémen-taires, base pour envisager un premier essai chez l’homme d’ici à 12 mois et un out-licencing total ou partiel des droits de propriété intellectuelle dans la foulée. Pour parvenir à ce palier, Oroxcell devra cependant trouver des financements complémentaires à ses revenus de prestations (1). « Financer aujourd’hui le développement d’un pipe clinique avec une activité de CRO est un vœu pieux que nous devons dépasser. Ce constat combiné au fait que les VC se

désintéressent des entre-prises disposant de modèles mixtes nous amène à envisager la séparation de nos activités afin de financer chaque entité de manière indépendante », commente Jean Pachot. Pour parvenir au seuil de développement requis par

son partenaire potentiel en drug disco-very, l’équipe de management estime ses besoins à 1,5 M€. « Une somme à fédérer auprès d’un ou plusieurs parte-naires à la recherche d’une opportunité d’investissement sur le court terme », ajoute le dirigeant qui présente en paral-lèle aux financiers qu’il rencontre une alternative financière plus ambitieuse, tablant sur une levée de 8 à 10 M€ pour l’avancée de plusieurs autres molécules actives dans la douleur, mais également sur l’axe de l’anxiété et de la dépression. L’activité de service devrait quant à elle faire l’objet d’une refonte

stratégique basée sur un rééquilibrage du portefeuille de clients vers l’indus-trie du cosmétique qui ne souffre pas de la crise économique. Celle-ci devrait en outre être de plus en plus prescrip-trice de prestations précliniques du type de celles proposées par Oroxcell, du fait de l’interdiction réglementaire programmée d’utilisation d’animaux de laboratoire dans le secteur de la cosmétique.

Oroxcell, entre école mixte et collège d’investisseurs

Juliette Lemaignen

Regard croisé sur OroxcellJean-François le Bigot, CEO de ciToxLABLe choix projeté de Monsieur Pachot de séparer ses activités de prestation de services et de drug discovery me paraît tout à fait pertinent. Nous avons traversé, en Europe, une période plus longue que ce que j’aurais initialement présagé, durant laquelle les modèles mixtes de ce type ont semblé être crédibles. Nous sommes aujourd’hui arrivés à un stade où le constat d’échec apparaît probant. En effet, il y a pour moi un réel conflit d’intérêt à avoir ce type d’activité double. Un prestataire de services, s’il veut performer dans la durée, doit en effet mettre 100 % de ses talents au service de ses clients. Sur le plan financier, le modèle mixte ne correspond pas, par ailleurs, aux attentes des financiers qui veulent soit soutenir une activité de services, avec un investissement et un risque

modéré et des retours du même ordre, soit miser sur du développement de molécules, secteur beaucoup plus risqué et cash-consumer, mais également avec un énorme ROI en cas de succès.

La séparation des activités s’impose.

Jean Pachot

1 - Lire « Oroxcell défend sa valeur et celle des cRO françaises » dans le n° 537 de Bf du 06/02/2012

O r o x c e l lRomainville - 93

Banque

- BNP Paribas, Éric Molins – Saint-Denis- crédit Agricole, Ibrahim Bouras – La Varenne-Saint-Hilaire

Conseil juridique, affaires courantes

cabinet FIDAL, Muriel Lecuyer-Samson – Neuilly-sur-Seine

Conseil juridique, brevet

- cabinet Hirsch et Associés, Françoise Lobjois, Jean-claude Vieillefosse – Paris- cabinet de conseil en business deve-lopment- Ernst & Young, Pascal Auger – Paris

Experts-comptables

Dominique Harl & Associés, Dominique Harl, Fabrice Lefort – Paris

Partenaires industriels

Anaconda, APHP, BioAlliance, cellial, Danone, Euroscreen (B), Galderma, Guer-bet, Ipsen, L’Oréal, Medicen, MutabilisMitsubishi (JP), Nosan (JP), Pierre FabrePharma c, Proskelia-Galapagos, sanofi-aventis, Servier, Theraptosis, Unilever, Mitsubishi Tanabe, Merck, Total, Saint Gobain, Solvay, Trima, Natura, EMS, GSK, Vitanova, Unilever, chanel

Conseil scientifique

Professeur Jehan-François DesjeuxJacques LeclaireJean DeregnaucourtPierre-André Poly

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Nul ne peut désormais l’occulter : l’industrie pharmaceutique souffre et doit se trans-

former pour dépasser le modèle qui a fait son succès durant la deuxième partie du XXe siècle. La vieille dyna-mique basée sur le développement économique du monde occidental et l’existence de besoins croissants en matière de santé ne peuvent plus suffire à financer une inno-vation toujours plus coûteuse et contraignante.

Spécificité du modèle écono-mique traditionnel de l’industrie pharmaceutiqueLe modèle économique de l’industrie pharmaceutique a traditionnellement consisté à développer, fabriquer et commercialiser des médicaments destinés à soigner une population de malades. Concrètement, cela s’est traduit par l’exploitation de méca-nismes d’action chimiques ou biolo-giques permettant la fabrication et la vente d’un médicament, via un processus industriel. Sur cette base, les laboratoires doivent sans cesse innover et rechercher de nouveaux mécanismes. Une fois le concept traduit en produit, les acteurs indus-triels doivent en amortir le coût. Ils ont pour cela mis en place un système de protection de la propriété intellec-tuelle qui, via les brevets, leur permet de tirer une rente d’exploitation exclusive des mécanismes d’action issus de la R&D. Dès que le médica-

ment est développé et protégé, il doit trouver sa place sur un marché et accéder à une source de financement.Ce troisième pilier du modèle tradi-tionnel met en lumière une spécifi-cité de l’industrie pharmaceutique. En effet, les laboratoires répondent à un besoin universel : le soin. Ils ont cependant dû faire face à une inégale répartition des ressources financières permettant l’accès aux médicaments et ont historiquement

concentré leur activité sur les écono-mies développées. Ces pays ont vu se mettre en place « l’État providence », avec pour conséquence le choix d’un financement solidaire qui fait porter le coût des médicaments sur la collec-tivité (assurances publiques, privées, mutuelles…). Il en découle une spécifi-cité importante pour les laboratoires : leurs clients (patients, médecins) sont rarement les payeurs.

Une influence grandissante de contraintes extérieuresL’industrie pharmaceutique ne fonc-tionne pas en circuit fermé et subit l’influence d’un environnement en profonde mutation, sous l’effet de plusieurs tendances de fond qui traversent les économies matures. Le paysage démographique de ces territoires est en effet marqué par le vieillissement de la population et l’allongement de l’espérance de vie qui engendrent de nouveaux besoins en matière de santé et génèrent des coûts supplémentaires pour les systèmes de couverture. De même, l’environnement technologique de la santé évolue rapidement avec l’émer-gence des nouvelles technologies de l’information et de la communication qui trouvent des applications dans le domaine du soin.

Le panorama concurrentiel, enfin, se transforme à deux niveaux : sous l’effet de la mondialisation qui déplace le périmètre d’activité

géographique des labora-toires vers les pays émer-gents et met en exergue les limites du système de protection de la propriété intellectuelle, ainsi qu’au niveau de la concurrence issue des génériques et des biosimilaires.

Les laboratoires pharmaceutiques sont donc contraints d’adapter leur modèle économique traditionnel aux mutations de leur environnement.

D’un modèle « PUSH » centré sur le produit à un modèle « solutions intégrées »Dans les pays développés portés par des organismes payeurs forts et l’existence de nombreux besoins non-couverts en matière de santé, les

laboratoires pharmaceutiques ont mis en œuvre un modèle reposant sur l’in-ternalisation de l’ensemble des étapes du cycle de vie du médicament : R&D, production, commercialisation, distribution. Ce modèle « PUSH », fondé sur un accès sans contrainte au marché, est aujourd’hui largement remis en cause dans les pays matures où les industriels mettent en place un modèle « multiparties prenantes » fondé sur le développement de « solutions » et non plus seulement sur la vente de comprimés. En effet, l’environnement oblige à composer avec des parties prenantes plus pres-santes qu’auparavant : payeurs, auto-rités de santé, patients.

Dans un contexte de crise des dettes souveraines, l’équilibre des comptes sociaux est devenu la priorité des gouvernements. Cela se traduit par une mise à l’index des dépenses de médicaments et par une pression forte sur les sources de revenus des laboratoires. Il est d’ailleurs regret-table que le débat sur les économies en matière de santé se concentre trop systématiquement sur les médica-ments. À titre d’exemple, si la France dépense plus de 11 % du PIB dans la santé, les dépenses de médica-ments n’en représentent que 1,5 %. De réelles marges de manœuvre existent donc pour limiter les défi-cits et une gestion optimisée du système de santé devrait permettre de lutter contre le gaspillage sans qu’il soit besoin de pointer du doigt le médicament. La pression des autorités de santé est également plus forte et fait suite aux problématiques éthiques mises en lumière par les pratiques commer-ciales de certains laboratoires. Les acteurs industriels font donc face à un encadrement juridique et régle-mentaire toujours plus strict de leurs activités.

Enfin, avec l’essor de l’information médicale toujours plus accessible via internet, le patient, client final de l’industrie pharmaceutique, devient davantage un consommateur. De plus, l’allongement de son espérance de vie fait évoluer ses besoins et oblige les acteurs industriels à penser

E x p e r t i s e

Mutation du modèle économique de la pharma : l’industrie se réinvente

Le réservoir de croissance futur se situe en Afrique.

Thibaud Durand

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un accompagnement de longue durée, là où quelques années plus tôt ils répondaient à un besoin ponctuel.

Proposer une solution, c’est-à-dire un médicament associé à des services, permet ainsi aux labora-toires de répondre à des besoins plus nombreux et plus complexes, en satisfaisant l’ensemble des parties prenantes à leur environnement. Toutefois, ce modèle « solution inté-grée » concerne essentiellement les pays matures. Dans les pays émer-gents, où l’environnement est encore moins contraint, les industriels déploient un modèle « PUSH » tradi-tionnel, qui leur permet de capter des réservoirs de croissance importants.

Un rééquilibrage géographique entre économies matures et pays émergents Depuis une vingtaine d’années, l’évo-lution de l’environnement a conduit à une stagnation des ventes dans les pays matures, socle historique de l’activité des acteurs industriels. Ils se sont donc tournés vers les marchés émergents qui sont aujourd’hui les contributeurs à la croissance de leur chiffre d’affaires.

Ainsi, en 2009, le Brésil représentait un marché de 16 Md$, la Russie 7,9 Md$, l’Inde 8,4 Md$ et la Chine 25,5 Md$, soit un total pour les BRIC de 58 Md$. Avec un taux de croissance annuel moyen, d’ici à 2015 estimé à 16 % par an, ces territoires devraient représenter à cette échéance un marché total d’environ 140 Md$, la Chine devenant même le 2e marché du monde derrière les États-Unis. Il serait toutefois injuste de parler de basculement géographique de

l’activité vers les pays émergents. On assiste en fait à un rééquilibrage : en volume, le vieux monde est toujours le client principal, mais en termes de dynamique l’activité est tirée par les pays émergents.

Dans la course concurrentielle que se livrent les big pharmas pour la conquête de ces nouveaux marchés, les européens semblent avoir un temps d’avance sur leurs concurrents US. Les Américains sont encore large-ment concentrés sur leur marché domestique où la pression sur les prix demeure moins forte qu’en Europe. Et les Européens ont l’habitude de s’adapter à des systèmes de santé variés. Ainsi, Sanofi se positionne comme numéro 2 sur le marché chinois, derrière le Britannique Astra Zeneca et devant son compatriote GSK.

Cependant, le réser-voir de croissance futur se situe en Afrique, où l’environnement est vierge et les besoins immenses, et certains labora-toires comme Sanofi semblent avoir d’ores et déjà amorcé le virage. Il est aujourd’hui évident que la seconde moitié du XXIe siècle sera Africaine pour le marché de la pharma. Défis des années à venir Des acteurs, autrefois étrangers au secteur de la santé, émergent comme de possibles concurrents mais égale-ment comme d’indispensables parte-naires dans le développement de « solutions intégrées » répondant aux besoins des clients dans les pays matures. Opérateurs de téléphonie, acteurs de l’IT ou industriels de

l’agroalimentaire profitent de l’évo-lution du comportement du patient consommateur et se positionnent comme des offreurs de services sur un marché dont les frontières sont de plus en plus poreuses.

Sur le plan géographique, s’implanter dans les pays émergents induit en contrepartie un transfert de techno-logie et de capacités de production. Cette situation fait courir un risque aux laboratoires pharmaceutiques, sur des marchés qui ne garantissent pas encore un niveau de protection de la propriété intellectuelle suffi-sante. En effet, les pays dit « émer-gents » ont en réalité émergé depuis longtemps et pourraient, à terme,

menacer le leadership des pays matures en matière d’innovation.

L’enjeu pour les pays matures est donc de créer les conditions permet-tant aux acteurs industriels de mettre en place leur nouveau modèle. Les systèmes de santé ont en effet tout à gagner au développement de solu-tions intégrées à même de répondre aux besoins des populations, dans un contexte budgétaire toujours plus tendu.

E x p e r t i s e

Offrir au patient des solutions inté-grées à la place des comprimés.

Vincent Genet

Thibaud Durand, responsable de mis-sion et Vincent Genet, directeur de la

BU Santé chez Alcimed

O n e n a p a r l é c e t t e s e m a i n eWebHybrigenics SA (ALHYG), société biopharmaceutique cotée sur le marché Alternext (NYSE-Euronext) de Paris et focalisée dans la recherche et le développement de nouveaux médicaments contre les maladies prolifératives, a annoncé le lancement d’un site web dédié à Hybrigenics Services, sa filiale spécialisée dans les interactions entre protéines, et la mise en ligne d’une nouvelle version de son site web institutionnel. Le site web d’Hybrigenics Services (www.hybrigenics-services.com) a été conçu pour susciter un attrait scientifique et commercial optimal de la part de ses clients principaux : les chercheurs en sciences de la vie du monde entier. La nouvelle version du site institutionnel d’Hybrigenics (www.hybrigenics.com) s’adresse tout particulièrement à ses actionnaires ainsi qu’aux investisseurs et partenaires pharmaceutiques potentiels. Les deux sites mettent l’accent sur une navigation intuitive, la clarté et la proximité.

Document de Base Novacyt, le spécialiste de la cytologie de nouvelle génération a annoncé l’enregistrement par l’Autorité des marchés financiers (AMF) de son document de base sous le numéro I.12-042 en date du 5 septembre 2012, dans le cadre de son projet d’introduction en bourse sur le marché de NYSE Alternext à Paris. Novacyt développe une solution de cytologie de nouvelle génération pour la détection du cancer du col de l’utérus La solution innovante de cytologie en milieu liquide repose sur un flacon révolutionnaire et un automate unique garantissant un haut niveau d’assurance qualité et de sécurité pour les utilisateurs. Novacyt est également la première tech-nologie médicale qui répond aux exigences de développement durable avec des déchets non polluants, utilisant moins de consom-mables par tests que ses concurrents. Cette technologie est la seule à garantir la sécurité maximale du technicien de laboratoire.

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V e i l l e S t r a t é g i q u e

LES DEALS DE LA SEMAINE ÉcOULÉE EN EUROPE ET EN ISRAËL

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Acquiror country code

Target name

Target country code

Deal type Deal status Deal value

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1. CINVEN GB MERCURY PHARMA GROUP LTD GB Institutional buy-out 100 % Completed 586 397,212 NOVARTIS BIOVENTURES CH AERPIO THERAPEUTICS INC. US Minority stake unknown % Completed 21 538,353 AXA INVESTMENT MANAGERS SA FR AKER BIOMARINE ASA NO Minority stake 4,938 % Completed 8 094,34*4 SYMRISE AG DE PROBI AB SE Minority stake 11,77 % Completed 7 476,12*5 BROADVIEW VENTURES INC. US LAURANTIS PHARMA OY FI Minority stake unknown % Completed 5 640,006 BTG PLC GB Minority stake 0,167 % Completed 2 212,68*7 THROMBOTARGETS EUROPE SL ES Minority stake unknown % Announced 2 000,00*8 DARWIN STRATEGIC LTD GB PROVEXIS PLC GB Minority stake 2,082 % Completed 737,739 SVENSKA CELLULOSA AB SE SWISS MEDICAL SOLUTION AG CH Acquisition 100 % Completed n.a.

10 MEDIVIR AB SE NOVADEX PHARMACEUTICALS AB'S PRECLINI-CAL RESEARCH STAGE ASSETS SE Acquisition 100 % Completed n.a.

11 BENCHMARK HOLDINGS LTD GB NOVARTIS AG'S VACCINES FACILITY IN BRAINTREE GB Acquisition 100 % Completed n.a.

12 BIOLITEC UNTERNEHMENSBETEILIGUNGS I AG AT BIOLITEC AG DE Acquisition 100 % Announced n.a.

Biotech finances est une lettre hebdomadaire imprimée et en ligne publiée par les Editions Européennes de l’Innovation ▪ Directeur de la publication et Rédacteur en chef : Jacques-Bernard Taste – [email protected] ▪ Rédaction : Juliette Lemaignen – [email protected] ;H Ella – [email protected] ; Anne-Laure Languille – [email protected] ▪ Maquette : Anne-Laure Perret - www.annelaure-p.com ▪ Société Editrice : Editions Européennes de l’Innovation, au capital de 40 326€ ▪ Siège Social : 108 rue Bossuet, 69006 Lyon France ▪ Tél. + 33 (0) 980 08 51 45 ▪ Fax. +33 (0) 980 08 51 46 ▪ RcS Lyon : 480 764 398 ▪ commission paritaire : 0616 I 79205 ▪ ISSN : 1298-9428 ▪ Prix du numéro : 37 € ▪ Prix de l’abonnement annuel : 1 170 € (44 n° / an) ▪ Site web : www.biotech-finances.com ▪ Publicité : + 33 (0) 980 80 08 51 45 ▪ Imprimeur : Dupli-Print 2 rue Descartes, 95330 Domont.

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