Biologie de synthèse : prévenir la peur pour ne pas avoir à la guérir
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9OptionBio | lundi 5 mars 2012 | n° 468
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agendaprévention
Le vaccin contre l’herpès n’est pas pour demain
La mise au point d’un vaccin dirigé contre les virus herpes simplex (HSV-1 ou 2) consti-
tuerait un progrès significatif mais elle se heurte encore à des difficultés majeures. C’est ainsi que les résultats des essais cliniques conduits avec des candidats vaccins depuis deux décen-nies ont jusqu’ici été décevants.
Un candidat vaccin gD-2 prometteurLe vaccin préparé par le laboratoire GlaxoSmithKline semblait pouvoir faire exception. Il est basé sur une glycoprotéine D du HSV-2 (gD-2). Au cours de deux études préliminaires, ce vaccin gD-2 a montré qu’il pou-vait réduire le risque d’herpès génital à HSV-2 chez les femmes séronéga-tives (pour les virus HSV-1 et 2) de couples séro-discordants.
Un essai à grande échelle décevantL’efficacité de ce candidat vaccin a donc été testée dans un vaste essai
clinique conduit aux États-Unis et au Canada. Au total, 8 323 femmes de 18 à 30 ans séronégatives pour HSV-1 et 2 ont été randomisées entre 3 injections du vaccin expérimental (à 0, 1 et 6 mois) et 3 injections d’un vaccin inactivé contre l’hépatite A (groupe contrôle).Le critère principal de jugement était la survenue d’un épisode clinique d’herpès génital entre le deuxième et le 20e mois, et cela quel que soit le virus en cause.Sur ce critère d’efficacité essentiel, l’essai a été un échec : en perpro-tocole 0,9 % de cas ont été diag-nostiqués dans le groupe vacciné contre 1,1 % dans le groupe contrôle soit une efficacité non significative de 20 % (intervalle de confiance à 95 % [IC95] entre –29 et + 50 %). De façon inattendue, il est apparu que ce vaccin gD-2 destiné princi-palement à prévenir les infections à HSV-2, avait en fait une efficacité significative de 58 % contre la sur-venue d’épisodes cliniques d’her-
pès génital à HSV-1 (IC95 entre 12 et 80 %). En termes d’infections à HSV (symptomatiques ou non), les résultats étaient similaires avec une efficacité significative vis-à-vis du HSV-1 (35 %) et une inefficacité vis-à-vis du HSV-2 (- 8 %).
Des travaux interrompusSi la discordance entre ces résul-tats et ceux des essais antérieurs est peut-être due pour partie à des différences entre les populations incluses, l’efficacité exclusive de ce vaccin (dérivé du HSV-2) contre le HSV-1 est loin d’être d’expliquée.Quoi qu’il en soit, dès ces résultats globalement négatifs connus, en septembre dernier, le laboratoire GlaxoSmithKline a décidé d’inter-rompre les travaux conduits dans le monde sur ce candidat vaccin. |
NICOLAS CHABERT
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SourceBelshe RB, Leone PA, Bernstein DI et al. Efficacy results of a trial of a herpes simplex vaccine. N Engl J Med. 2012;366:34-43.
prospective
Biologie de synthèse : prévenir la peur pour ne pas avoir à la guérir
Les nouveautés technologiques sont, on le sait, sources d’in-quiétudes pour tous ceux qui
n’ont pas une connaissance maîtri-sée des mécanismes impliqués. Au cours des décennies passées, des innovations technologiques ayant pourtant contribué à de grand progrès n’ont ainsi pas manqué de susciter des craintes. Pour la députée socia-liste de l’Isère, Geneviève Fioraso, la biologie de synthèse pourrait demain être à son tour un objet d’inquiétu-des. Aussi, dans le rapport qu’elle a élaboré pour l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) qui a été
rendu public le mardi 14 février, elle insiste sur l’importance d’organiser dès aujourd’hui des « débats publics en concertation » quant aux enjeux de cette discipline en plein essor et de renforcer la formation en scien-ces dès l’enfance afin d’éviter qu’une « crise de confiance » ne survienne.L’instauration d’une méfiance à l’égard des biologies de synthèse serait en effet d’autant plus dom-mageable que, selon ce rapport ses promesses dans de nombreux domaines sont nombreuses. La députée parle ainsi d’applications « potentielles considérables » qui concerne en premier lieu les médi-
caments. Déjà, grâce aux techniques d’ingénierie génétique développées par les spécialistes de la biologie de synthèse, un célèbre médicament contre le paludisme a pu être produit à moindre coût. Aussi, Geneviève Fioraso appelle-t-elle au « dévelop-pement maîtrisé en toute transpa-rence d’une véritable filière ». Cette notion de transparence sur laquelle la députée insiste devra permet-tre de mieux identifier les risques « potentiels », dont l’ampleur fait encore l’objet de controverses au sein de la sphère scientifique. |
LÉA CRÉBAT © www.jim.fr