BÂILLON DE LA DISCORDE - Organisme culturel de recherche et de communication voué à ... · Une...

12
, , VOLUME XIX NUMéRO 5 LE MERCREDI 20 OCTOBRE 2010 UNIVERSITÉ nouveau village numérique Deux millions investis Page 2 frais de scolarité La FEUQ prépare la guerre Page 3 DOSSIER jeux de hasard en ligne Croissance mondiale Page 10 CULTURE random recipe Mélange de trash et d’électro Page 11 SPORTS pier-olivier «apou» côté Un autre K.-O. à sa fiche Page 12 L’hebdomadaire des étudiants en journalisme PROJET DE LOI 103 BÂILLON DE LA DISCORDE Photo Marie-Pier Boucher spécial: cahier international États-Unis: Obama à la veille des élections de mi-mandat Pages 5, 6, 7 et 8 François René de Cotret et Marie-Eve Cloutier [email protected] et [email protected] Québec — «Même si nous sommes bâillonnés, ça ne nous empêchera pas de parler. Si on veut obtenir un pays, il va falloir parler constamment.» V oilà ce qu’a affirmé le dé- puté et porte-parole pé- quiste en matière de lan- gue, Pierre Curzi, sous un tonerre d’applaudissements. Il était devant une foule de 200 personnes assemblées face au Parlement lundi soir, à l’occasion de l’adoption forcée du projet de loi 115 par le gouvernement Cha- rest. Au même instant, environ 5000 manifestants étaient en face des bureaux du premier ministre à Montréal. Monsieur Charest avait convo- qué les députés québécois à une séance parlementaire spéciale ce lundi afin d’adopter, sous le bâillon, le projet de loi 115 venu remplacé le projet de loi 103. Sensiblement semblable à l’ancien, le projet de loi controver- sé vise à légaliser les écoles passerelles afin de permettre aux fran- cophones et allophones d’accéder à l’école pu- blique anglophone. Pour sa part, Pau- line Marois, la chef du Parti Québécois (PQ), a déclaré à la foule que «jamais un premier ministre du Québec ne s’était mis autant à genoux devant les dictats de la Cour suprême du Canada». «Le gouvernement Charest tourne le dos à son peuple et ne dé- fend pas notre langue», a ajouté la chef du parti qui avait fait adopter la loi 104 en 2002 afin de neutrali- ser les écoles passerelles. Une entorse à la démocratie Le député de Québec Solidaire (QS), Amir Khadir, était scandalisé de constater que les députés libéraux dé- fendaient leur chef au détriment de la démo- cratie. «Les députés li- béraux ne se lèvent pas, ils ne disent pas à leur chef que ça n’a pas de bon sens d’imposer un bâillon. Ça évacue le débat démocratique», a-t-il dénoncé. Alors que la foule scandait de plus belle «Québec, français», le député de QS a ajouté que «si le gouvernement se sentait moins faible, il se sentirait moins obligé d’être à l’écoute des riches minori- tés privilégiées et influentes». Selon lui, il serait préférable pour l’avenir du Québec que le gouvernement améliore le «pou- voir attractif» de l’école publique de langue française. Pour le PQ, la condition essen- tielle pour «l’avenir du français au Québec» passe par «une langue of- ficielle unique», comme l’a déclaré le député de Masson, Guillaume Tremblay. En fin de soirée, Pierre Curzi a pris le temps de remercier les partisans de la cause du français. «Commencer à s’affirmer, c’est commencer à exister. Il faut être forts, solidaires et présents, même quand le soir tombe et qu’il fait froid. Soyons solidaires et battons- nous pour notre langue!» Autres articles en page 9 «Jamais un premier ministre ne s’est mis autant à genoux»

Transcript of BÂILLON DE LA DISCORDE - Organisme culturel de recherche et de communication voué à ... · Une...

Page 1: BÂILLON DE LA DISCORDE - Organisme culturel de recherche et de communication voué à ... · Une entorse à la démocratie Le député de Québec Solidaire (QS), Amir Khadir, était

,,

Volume XIX Numéro 5 le mercredI 20 octobre 2010

UNIVERSITÉ

nouveau village

numérique

Deux millions investis

Page 2

frais de scolarité

La FEUQ prépare la guerre

Page 3

DOSSIER

jeux de hasard en ligne

Croissance mondiale

Page 10

CULTURE

random recipe

Mélange de trash

et d’électroPage 11

SPORTS

pier-olivier «apou» côté

Un autre K.-O. à sa fiche

Page 12

l’hebdomadaire des étudiants en journalisme

PROJET DE LOI

103

BÂILLON DE LA DISCORDE

Photo Marie-Pier Boucher

spécial: cahier internationalÉtats-Unis: Obama à la veille des élections de mi-mandat

Pages 5, 6, 7 et 8

François René de Cotret et Marie-Eve [email protected] et [email protected]

Québec — «Même si nous sommes bâillonnés, ça ne nous empêchera pas de parler. Si on veut obtenir un pays, il va falloir parler constamment.»

Voilà ce qu’a affirmé le dé-puté et porte-parole pé-quiste en matière de lan-

gue, Pierre Curzi, sous un tonerre d’applaudissements.

Il était devant une foule de 200 personnes assemblées face au Parlement lundi soir, à l’occasion de l’adoption forcée du projet de loi 115 par le gouvernement Cha-rest. Au même instant, environ 5000 manifestants étaient en face des bureaux du premier ministre à Montréal.

Monsieur Charest avait convo-qué les députés québécois à une séance parlementaire spéciale ce lundi afin d’adopter, sous le

bâillon, le projet de loi 115 venu remplacé le projet de loi 103.

Sensiblement semblable à l’ancien, le projet de loi controver-sé vise à légaliser les écoles passerelles afin de permettre aux fran-cophones et allophones d’accéder à l’école pu-blique anglophone.

Pour sa part, Pau-line Marois, la chef du Parti Québécois (PQ), a déclaré à la foule que «jamais un premier ministre du Québec ne s’était mis autant à genoux devant les dictats de la Cour suprême du Canada».

«Le gouvernement Charest tourne le dos à son peuple et ne dé-fend pas notre langue», a ajouté la chef du parti qui avait fait adopter la loi 104 en 2002 afin de neutrali-ser les écoles passerelles.

Une entorse à la démocratieLe député de Québec Solidaire

(QS), Amir Khadir, était scandalisé de constater que les députés libéraux dé-fendaient leur chef au détriment de la démo-cratie. «Les députés li-béraux ne se lèvent pas, ils ne disent pas à leur chef que ça n’a pas de bon sens d’imposer un bâillon. Ça évacue le débat démocratique», a-t-il dénoncé.

Alors que la foule scandait de plus belle «Québec, français», le député de QS a ajouté que «si le gouvernement se sentait moins faible, il se sentirait moins obligé

d’être à l’écoute des riches minori-tés privilégiées et influentes».

Selon lui, il serait préférable pour l’avenir du Québec que le gouvernement améliore le «pou-voir attractif» de l’école publique de langue française.

Pour le PQ, la condition essen-tielle pour «l’avenir du français au Québec» passe par «une langue of-ficielle unique», comme l’a déclaré le député de Masson, Guillaume Tremblay.

En fin de soirée, Pierre Curzi a pris le temps de remercier les partisans de la cause du français. «Commencer à s’affirmer, c’est commencer à exister. Il faut être forts, solidaires et présents, même quand le soir tombe et qu’il fait froid. Soyons solidaires et battons-nous pour notre langue!»

Autres articles en page 9

«Jamais un premier ministre ne s’est mis

autant à genoux»

Page 2: BÂILLON DE LA DISCORDE - Organisme culturel de recherche et de communication voué à ... · Une entorse à la démocratie Le député de Québec Solidaire (QS), Amir Khadir, était

Université2 l’eXemplaIre, le mercredI 20 octobre 2010

eN brefobjectifs du millénaire«Tiens-toi

debout et Agis»

C’est lundi dernier que le Partenariat: objectifs du

Millénaire pour le développe-ment organisait des activités pour souligner la Journée inter-nationale pour l’élimination de la pauvreté. Une quarantaine de personnes ont participé à une marche sur le campus. La marche s’est terminée par un «Stand-Up» sur le thème «Tiens-toi debout et Agis». (C.L-D)

massothonUn évènement

populaire

Dans une ambiance feutrée et sur fond de musique mé-

ditative, parents et étudiants ont pu profiter du Massothon orga-nisé par le Fond des étudiants de médecine en santé internatio-nale. L’activité se déroulait la fin de semaine dernière, au pavillon Ferdinand-Vandry. «C’est une des activités les plus rentables», a souligné Sarah-Maude Le-Blanc, une des étudiantes béné-voles en physiothérapie du Mas-sothon. (L.C.)

l’écrit primalAttirer plus de lecteurs

Pour la première fois, la revue littéraire L’écrit primal a in-

vité des écrivains professionnels à faire paraître leurs textes dans son 43e numéro. Elle a invité des auteurs professionnels à com-poser des textes en vue de cette édition spéciale pour se faire connaître à l’extérieur du cam-pus. Le célèbre écrivain, Jorge Luis Borges, a été choisi comme thématique pour cette nouvelle édition. (B.B.)

conférence joël monzéeRemplacer le

terme «éthique»

Joël Monzée, professeur as-socié au Département de

pédiatrie de l’Université de Sherbrooke a proposé de rem-placer le terme «éthique» par celui de démarche «réflexive» lors d’une conférence à l’Uni-versité Laval, jeudi dernier. La démarche réflexive est une dé-marche consensuelle offrant les outils nécessaires aux profes-sionnels de la santé afin d’em-pêcher les dérapages en leur offrant la capacité de se respon-sabiliser. (L.C.)

Changements majeurs au Département de communication

Le refonte coûtera 2 M $Jean-Nicolas [email protected]

Cité universitaire — La construction du nouveau village nu-mérique au pavillon Louis-Jacques-Casault pourrait coûter jusqu’à deux millions.

Il s’agit d’une transformation qui marquera le début d’une grande restructuration pédago-

gique de l’enseignement journalis-tique à l’UL. Selon l’échéancier, en septembre 2011, le troisième étage du pavillon sera muni d’un studio de télévision, d’un nouveau studio de radio, d’une agence de publicité et de relations publiques, d’une nouvelle salle de rédaction et d’une salle contenant 84 îlots de travail.

Modernisation essentielle

Un ancien étudiant est bien heureux de voir que le Départe-ment d’information et de commu-nication (DIC) se modernise. Di-plômé en 2007 au baccalauréat en communication à Laval, Frédéric Bhérer est actuellement journa-liste pour TVA à Montréal. «Il était

temps, ce n’est pas normal que j’arrive sur le marché du travail et que je sois le seul à ne pas savoir à quoi ça peut ressembler un télé-souffleur», a-t-il lancé.

Le jeune journaliste ne croit pas que le département a réussi à bien le préparer pour sa carrière. «Ce n’était pas pratique. Dans une journée à TVA où je dois trouver mon sujet, faire douze téléphones, un reportage, un article sur le web, je ne pense pas vraiment souvent aux théories du journalisme. Pour-tant, cela a occupé une bonne partie de mon bac», a-t-il déclaré.

«Plusieurs m’ont fortement déconseillé d’aller à Laval, ils di-saient que ce n’était pas fameux pour le journalisme», a expliqué Sarah-Jeanne Lapointe, qui a quitté

la région l’an dernier, pour l’Uni-versité Concordia. «J’ai appris que Concordia avait des équipements beaucoup plus modernes, surtout pour la télé. On m’a dit que c’est beaucoup plus pratique qu’à La-val», a-t-elle indiqué.

Refonte complèteGrand responsable de cette

restructuration, le directeur du DIC, Thierry Watine ne croit pas son département ait à rougir de l’enca-drement qu’il a offert par le passé, mais constate que du nouveau s’im-posait. «On a un des départements qui attire le plus d’étudiants, les effectifs augmentent de partout. On a fait plusieurs ajustements, mais je pense qu’il faut aller plus loin maintenant», a-t-il fait valoir.

«Mon obsession c’est d’offrir la meilleure formation possible. Pour ça, il fallait s’adapter aux transformations du marché. On va réunir radio, web, presse écrite et télé autour d’un même pupitre cen-tral, on veut aller vers un journa-lisme multiplateforme comme il y

en a partout. Il faut sortir de cette mentalité de silo pour développer un travail de collaboration entre les secteurs», a expliqué le directeur.

M. Watine tenait toutefois à préciser qu’il ne voulait en aucun temps transformer l’enseignement universitaire en école de forma-tion pratique. «On doit conserver toute la dimension réflexive, si on n’a pas ça, on va droit dans le mur. Autrement, on formera des techni-ciens qui se feront manger par le marché, on veut des professionnels de la communication qui ont une réflexion et de vraies méthodes de travail», précise-t-il.

Si le chantier de construction nécessite moins d’un an, celui de la restructuration du baccalauréat en est un bien plus complexe selon M. Watine, qui se donne trois ans pour réaliser sa refonte. «Avoir du neuf, c’est beau. Mais là, on doit se pen-cher sur notre manière de former les étudiants, on ne peut plus ensei-gner le journalisme comme avant», a-t-il ajouté.

Syndicat des auxiliares administratifs, de recherche et d’enseignement

Nouvelle revendications

Julien [email protected]

Cité universitaire — Moins de 1% des 4000 membres du syn-dicat des auxiliaires administratifs, de recherche et d’en-seignement (SARE) ont adopté des revendications pour la prochaine négociation de leur convention collective 2011.

Depuis la mi-septembre, le SARE a transmis à ses membres un questionnaire

de revendications. «On voulait faire ce sondage pour mieux com-prendre leurs attentes et leurs sou-haits pour la prochaine convention collective», a indiqué le président du SARE, Sébastien Audet. Au 15 octobre, jour de son assemblée gé-nérale spéciale à huis clos, le syn-dicat avait recueilli près de 220 ré-ponses. «Le retour est très positif. Le débat autour de la convention intéresse les étudiants auxiliaires», a continué le président.

Le 15 octobre dernier, le syn-dicat a ainsi entériné son cahier de revendications de la prochaine ronde de négociations. C’est ce qu’a expliqué Sébastien Au-det : «La convention collective sera échue à compter du 30 avril 2011. Elle avait été signée le 1er mai 2008. Les négociations avec l’Université commenceront à la session d’hiver, mais on a déjà

des réunions prévues avec leurs représentants dans les prochaines semaines.»

L’un des objectifs du SARE sera d’obtenir l’augmentation du salaire horaire des auxiliaires de 1er cycle. «Il faut se rapprocher le plus possible des taux horaires des auxiliaires de 2e et 3e cycle», a dévoilé Sébastien Audet, sans pré-ciser le montant qui sera réclamé à l’Université Laval. «On va tra-vailler à l’élaboration d’une clause sur la propriété intellectuelle», a déclaré le coordonateur du SARE, Maxime Dion. Il a ajouté que «le travail des auxiliaires est souvent le seul emploi des étudiants et leur unique source de revenus».

Les négociations pour le syn-dicat seront menées par Jean-Ju-lien Mercier, conseiller syndical. «Ça ne passe jamais comme une lettre à la poste, mais en 2008, ça s’était plutôt bien déroulé», a rap-pelé M. Audet.

Photo Cynthia Labonté

Pas d’âge pour apprendre

Pour Roselle Lehoux et Gigi Hurtubise, deux amies étudiantes de l’Université du troisième âge à Québec (UTAQ), aller à l’univer-

sité est une nécessité. «Nous sommes retournées aux études pour nous cultiver, mieux vieillir, combler nos temps libres, mais aussi, et surtout, pour pouvoir être instruites et converser aisément avec notre entou-rage», ont-elles exprimé. Les 4000 étudiants de l’UTAQ suivent en moyenne de un à trois cours par session sur un choix de plus de 250 cours, ateliers, conférences et activités de toutes sortes. Aucune exi-gence académique n’est requise et il n’y a pas de travaux ni d’examens aux plans de cours. (C.L.)

Page 3: BÂILLON DE LA DISCORDE - Organisme culturel de recherche et de communication voué à ... · Une entorse à la démocratie Le député de Québec Solidaire (QS), Amir Khadir, était

Université 3l’eXemplaIre, le mercredI 20 octobre 2010

Pétition contre la hausse des frais de scolarité

Appel à la mobilisationGuillaume [email protected]

Cité universitaire — La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) invite les étudiants à signer une pétition qui s’oppose à la hausse des frais de scolarité.

La pétition a recueilli 7807 signatures jusqu’à mainte-nant. Elle devrait être dé-

posée par la FECQ à l’Assemblée nationale le 9 décembre 2010.

La FECQ utilise une page Facebook pour atteindre les étu-diants de niveau postsecondaire. Le célèbre réseau social est, selon la fédération, une plateforme utile afin de créer un espace de débat virtuel.

La pétition propose également une loi-cadre sur les universités. «Cette loi-cadre obligerait le gou-vernement à consulter les étudiants et à passer un vote à l’Assemblée nationale (au lieu de ne passer que par un vote au conseil des ministres) s’il veut augmenter les frais de scolarité», a déclaré Mi-chaël Lessard, trésorier du Dawson Student Union et étudiant impliqué dans la promotion de la pétition. Il ajoute qu’il «espère personnel-lement que cette pétition saura ré-veiller le gouvernement, sinon [les

étudiants] seront prêts à se battre pour leurs droits et l’éducation de la société».

Selon Gabrielle Brais Harvey, coordonnatrice aux relations et aux communications pour la FECQ, le contexte politique est idéal pour amorcer une campagne d’informa-tion et de mobilisation. De plus, elle croit qu’il est important d’être proactif afin de stimuler le débat tout en informant les étudiants, car ces derniers ne sont pas tous ren-seignés sur le sujet.

Dernièrement, la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et la FECQ ont organisé un rassemblement devant le bureau du premier ministre Jean Charest. Lors de ce rassemblement, les étu-diants avaient organisé un dîner au «grilled cheese» afin de symboliser leur précarité financière.

La FECQ et la FEUQ craignent qu’une hausse des frais de scolarité nuise à l’accessibilité aux études et

augmente l’endettement étudiant. Elles invitent la communauté étu-diante à se mobiliser afin de faire pression sur le gouvernement. À ce sujet, la FEUQ appuie l’initiative de la FECQ en encourageant les étudiants à signer la pétition sur le site de l’Assemblée.

Hausse d’ici 2012Selon Statistique Canada, les

frais de scolarité ont augmenté de 4% en 2010 au pays et les projec-tions d’augmentation entre 2007 et 2012 au Québec seraient de 30%. Les étudiants universitaires qué-bécois déboursent annuellement 2 415$ pour leurs études universi-taires tandis que la moyenne cana-dienne se situe à 5 138$.

Selon une étude commandée par la FEUQ en 2008, 25% des étudiants vivent avec un revenu de moins de 12 000$ par année. En 2009, le niveau moyen d’endette-ment des étudiants canadiens attei-gnait 26 680$.

La CADEUL, qui s’est désaf-filiée de la Fédération étudiante universitaire du Québec en 2005, n’a pas de position formelle sur le sujet pour le moment, a affirmé la vice-présidente aux communica-tions, Justine Lecomte-Rousseau.

Photo Marie-Pier Duplessis

L’Amérique médite

L’association étudiante de l’Art de vivre a pris part samedi à l’évé-nement L’Amérique médite, la plus grande séance de méditation

pour la paix dans le monde déployée simultanément dans près d’une centaine de villes. Si le rassemblement à la chapelle Marie-Guyart du Pavillon Ernest-Lemieux de l’Université Laval a attiré une trentaine d’adeptes, ce sont plus de 20 000 personnes réparties à travers les Amé-riques qui ont participé à cette méditation collective le 16 octobre der-nier. Cette année, Québec et Montréal étaient inscrites pour la première fois à la programmation de l’événement, une exclusivité dans tout le Canada. (M.-P. D.)

Hausse des inscriptions dans les programmes à l’Université Laval

Popularité grandissante des formations à distance et à temps partiel

Françoise [email protected]

Cité universitaire — La popularité grandissante de la forma-tion à distance et des études à temps partiel est en grande partie responsable de la hausse des inscriptions à l’UL.

Selon Nicole Lacasse, vice-rectrice adjointe aux études et aux activités internatio-

nales, environ 11 300 étudiants sont inscrits aux études à temps partiel à la session d'automne 2010. Cela re-présente une hausse de 12,8% par rapport à l'année passée. Ces étu-diants représentent actuellement plus du quart de la population uni-versitaire.

Quant à la formation à dis-tance, un rapport préparé par Jean-Benoît Caron, directeur au Bureau de la formation à distance, indique qu’elle a vu ses inscriptions bondir de 23,4%. Le rapport précise aussi que 32% des étudiants de l'Univer-sité étudient à distance, ceci équi-vaut à 13 627 étudiants. En consi-dérant que l'Université accueille

environ 42 000 étudiants, le total d'étudiants à distance et ceux qui étudient à temps partiel constituent environ 60% de l'Université, tous cycles confondus.

Les avantages des cours à dis-tances sont nombreux. Pour ceux qui habitent en région et à l'inter-national, le fait de pouvoir étudier sans les coûts de logement et de déplacement est à leur avantage. Pour ceux qui travaillent déjà, cela permet d'approfondir leurs connaissances, sans avoir à quitter leur emploi.

En effet, la formation à dis-tance offre une grande souplesse. «Je suis originaire de la Gaspésie. Pour moi la formation à distance c'est très important», a confié le ,

directeur du Bureau de la forma-tion à distance.

Plusieurs programmes com-plets sont offerts sur Internet. Treize d'entre eux y sont d'ailleurs offerts en exclusivité. En tout, 232 cours sont offerts par inter-net. La faculté qui offre le plus de cours est celle des sciences de l'administration. «Il y a beaucoup de monde sur le marché du tra-vail qui souhaite améliorer leurs connaissances, qui ne peuvent pas toujours retourner aux études», a expliqué M. Caron.

L'année prochaine, l'objectif de l'Université Laval est de main-tenir l'avance qu'ils ont eue cette année et d'augmenter le nombre d'étudiants aux cycles supérieurs, comme l'a signifié Nicole Lacasse, vice-rectrice adjointe aux études et aux activités internationales. Ils ont comme projet la création de nouveaux programmes et cours à distance, ainsi que la création de bourses pour les cycles supérieurs.

Photo Marie-Pier BoucherEnviron 32 % des étudiants profitent

de la formation à distance, soit 13 627 étudiants.

Page 4: BÂILLON DE LA DISCORDE - Organisme culturel de recherche et de communication voué à ... · Une entorse à la démocratie Le député de Québec Solidaire (QS), Amir Khadir, était

OpiniOn4 l’eXemplaIre, le mercredI 20 octobre 2010

En regardant attentivement les propositions faites par le JdeM (Journal de Montréal), la situation est tout simplement ridicule. Si le

Journal de Montréal espère ramener ses employés au boulot, il devra être moins gourmand dans ses exigences.

D’un point de vue juridique, la proposition du journal à ses employés n’est pas illégale. Cependant, l’aspect moral d’un des aspects de l’offre, la clause de non-concurrence, laisse à désirer.

Selon cette clause, s’ils avaient accepté l’offre, les journalistes n’auraient pas pu travailler chez un concurrent pour six mois. Cette clause concerne les journalistes qui reçoivent des indemnités de licen-ciement. Ces derniers n’auraient pas pu écrire pour La Presse, Cyberpresse ou Le Devoir par exemple. Par conséquent, les journalistes auraient été tenus en laisse par leur ancien employeur.

Depuis deux ans, les syndiqués puisent dans leur fonds de grève avec l’inquiétude constante de ne pas retrou-ver leur emploi. Ces employés ont des bouches à nourrir et des hypothèques à payer, comme tout le monde. Avec l’offre du JdeM, le quotidien traite ses anciens employés comme de vulgaires pions dans le mécanisme médiatique québécois.

Les négociations entre le Journal de Montréal et ses employés ont repris cours récemment pour régler la question du lock-out. Les discussions entre les deux partis présumaient un rapprochement et de la bonne volonté du camp Quebecor afin de régler le conflit.

Toutefois, près de 90% des 253 employés du quotidien ont voté contre la nouvelle offre proposée par Quebecor. Mardi dernier, les anciens journalistes du Journal de Montréal l’ont clairement indiqué: Rue Frontenac n’est pas à vendre.

Lorsqu’on regarde attentivement certaines clauses de l’offre, le JdeM offrirait la possibilité à 52 de ses employés de retrouver leur emploi. C’est

seulement un employé sur cinq du JdM qui seraient retournés travailler pour la compagnie. Avant le lock-out, 253 employés exerçaient leur fonction dans l’édi-fice de la rue Frontenac. Quebecor prétend bêtement que la nouvelle réalité des médias le force à effectuer ces changements drastiques.

Par sa proposition, la partie patronale du quo-tidien montréalais se réservait le droit de choisir les journalistes qu’elle voulait garder. Au total, seulement 17 des 65 journalistes en lock-out auraient repris leur fonction dans la salle de presse si le conflit s’était réglé la semaine dernière.

De plus, la compagnie offrait une dégradation notable des conditions de travail et une sécurité

d’emploi amoindrie pouvant se limiter à seulement deux ans pour certains jour-nalistes. La convergence des plateformes et la disparition de la semaine de quatre jours sont bien là des conséquences de la nouvelle réalité des médias d’aujourd’hui.

Par ailleurs, si les journalistes avaient accepté l’offre du JdeM, leur journal Internet de remplacement, Rue Frontenac, aurait été démantelé. Voici un exemple de contrôle et de la concentration des médias dans la région de Montréal!

Dans la société, les journalistes jouent le rôle de chien de garde de la démocratie. Certains évoquent que la presse est le quatrième pouvoir. N’est-ce pas contradictoire que, dans une société dite démocra-tique, certaines entreprises de presse veuillent possé-der toutes les plateformes médiatiques disponibles?

Quebecor craint une hausse de la compétition dans les médias écrits. D’ailleurs, Rue Frontenac prévoit faire une sortie en kiosque le 28 octobre prochain. Pour la liberté de presse québécoise et la pluralité de l’information, c’est une grande victoire. La guerre de tranchées entre les deux partis devrait continuer au cours des prochains mois.

Olivier Wafer [email protected]

commentaireChoppez le piéton!

Vous est-il déjà arrivé de pester quand, arrêté à un croisement routier, vous avez dû attendre plusieurs minutes avant d’en-fin pouvoir traverser? Si par mégarde vous avez oublié d’ap-

puyer sur le bouton demandant la traversée piétonne, vous pouvez toujours attendre, à moins de vouloir vous faire écraser…

Pourquoi devez-vous patienter? Parce que la Ville de Québec donne la priorité aux véhicules motorisés. Ces jolies voitures qui rapportent beaucoup d’argent à l’État. Pas comme ces piétons qui ne valent pas le coût.

Accordons la priorité aux piétons et aux cyclistes et instaurons un système semblable à celui qui existe dans des villes européennes et aussi à Montréal! Dans ces villes, quand un piéton se trouve à un croisement routier pourvu de feux de signalisations, il peut traverser si les feux de la rue qu’il croise sont au rouge.

Ce sont donc aux véhicules venant de la rue perpendiculaire de faire attention aux piétons. S’ils veulent tourner à gauche ou à droite, ils doivent faire attention aux usagers qui traversent, quitte à s’arrêter.

L’important est de savoir à qui l’on veut donner la priorité. À des véhicules à la carrosserie résistante, censée protéger son utilisa-teur en cas d’accident? Ou aux piétons et cyclistes qui n’ont que leur corps à opposer en cas d’accident?

Le maire Labeaume dévoile des projets de développement durable, mais qu’il s’engage concrètement! Il nous offre encore de beaux discours, mais on ne voit aucune action.

Alors que se dessinent les négociations sur le développement durable à Mexico en décembre 2010, et que les dirigeants et peuples d’un nombre grandissant de nations accordent une place de plus en plus importante à l’écologie, n’est-il pas temps de revoir nos priori-tés?

Si l’écologie est évoquée ici, c’est parce que cette notion passe par l’application de nombreux gestes simples comme ne pas gaspiller son eau, ne pas utiliser sa voiture quand on peut éviter. Lorsqu’on n’utilise pas son véhicule quand cela n’est pas nécessaire, cela implique le recourt à d’autres moyens de déplacement tels que le vélo, la marche et les transports en commun. Les citoyens qui prennent ce genre de décisions devraient être encouragés.

L’accent doit donc être mis sur la protection des piétons et des cyclistes. En leur accordant une place plus importante, nous arrê-terions l’hypocrisie qui consiste à négocier des accords pour un futur plus propre tout en ne faisant que peu, voire pas d’efforts pour changer nos habitudes…

Damien [email protected]

Guerre de tranchées

Avec son offre , le

JdeM traite ses anciens employés

comme des vulgaires

pions

L’équipe de L’ExEmplairEJournal école des étudiants en journalisme. Son contenu n’engage en rien la respon-sabilité du Département d’information et de communication. Fondateur: Jacques Guay; Éditeur: Jean-Claude Picard (656-2131 poste 4683); Directeur artistique: Mario Fraser (8942); Directrice de la production: Emily Beaudoin Blais (8942); Adjoint à l’éditeur: John Naïs (4513); Rédacteur en chef: François René de Cotret (8957); Secrétaire de ré-daction: Marc-André Champagne (8956); Éditorialiste en chef: Gabrielle Isasanja Mputu; Directeur des dossiers: Martin Bélanger (8957); Maquettiste: Ariel Duclos (8952); Caricaturistes: Ali Dostie et Stéphanie Couture Rouleau; Directrice de la photographie: Marie-Pier Boucher (8952); Université: Vincent Breton, Christian Labarre-Dufresne et Simon Richard-Trifiro; Municipal, régional et gouvernemental: Frédérick Beaudoin-Mer-cier et Olivier Wafer-Blais; Culture: Damien Theys; Sports: Antoine Lavoie; Interna-tional: Baptiste Barbe et Chloé Gwinner; Conception de la maquette typographique: Marco Dubé et François Baron du Studio Graphiskor; Julie Verville et Mario Fraser; Dépôt légal: Bibliothèque Nationale du Québec, 1994; Imprimeur: Les Presses du Fleuve, 100, avenue de la Cour, Montmagny (Québec) G5V 2V9; Tirage: 1000 copies. Adresse: Dé-partement d’information et de communication, C.P. 4120, pavillon Louis-Jacques-Casault, local 3832, Cité universitaire (Québec) G1V 0A6; Télécopieur: (418) 656-3865; Couriel: [email protected]; Site Web: http://www.exemplaire.com.ulaval.ca; Facebook: Exemplaire 2010-2011; Fil Twitter: lexemplaire;

Points de distribution du journal: Cité universitaire: pavillon Bonenfant, pavillon Ca-sault, pavillon De Koninck, pavillon Desjardins, pavillon des Sciences de l’éducation, pa-villon Pouliot, pavillon Vachon, pavillon Lemieux, pavillon Vandry, pavillon Palasis-Prince, Peps; Ville de Québec: Bibliothèque Gabrielle-Roy, Tribune de presse du parlement.

Page 5: BÂILLON DE LA DISCORDE - Organisme culturel de recherche et de communication voué à ... · Une entorse à la démocratie Le député de Québec Solidaire (QS), Amir Khadir, était

internatiOnal 5l’eXemplaIre, le mercredI 20 octobre 2010

Élections de mi-mandat le 2 novembre prochain aux Etats-Unis

Premier bilan pour ObamaGabrielle [email protected]

Washington — Montée de la droite, colère des citoyens; les élections de mi-mandat sonnent le gong d’un premier bilan pour Barack Obama. Immédiatement considéré comme un sauveur après la période Bush, l’actuel président n’a pas réussi pour le moment à sortir son pays du marasme éco-nomique.

«Relancer l’économie prend plus que deux ans», a affirmé Fré-

dérick Gagnon, directeur de l’Ob-servatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand à l’Uni-versité du Québec à Montréal. Pourtant, les Américains sont déjà déçus de celui qui devait les resca-per. Deux ans après les élections présidentielles, le pays connaît son plus haut taux de chômage depuis la Grande Dépression (presque 10%), les services publics sont en chute libre, et les réformes d’Oba-ma (comme celle de la santé), sont mitigées.

Montée du Tea PartyDans les dernières semaines,

la montée du Tea Party, parti de droite, est représentative du mé-contentement populaire, selon James Fenwick, travailleur infor-mé et citoyen de New York. Le Tea Party, qui se présente comme liber-

tarien et partisan du moindre État, pourrait diviser le vote républicain. Toutefois, M. Gagnon a expliqué qu’: «En même temps, les électeurs indépendants et plus modérés ne se reconnaîtront pas dans les candi-dats du Tea Party.»

Ce dernier explique que de tout temps, le parti du président (dans ce cas-ci, les démocrates) perd toujours des sièges dans les élections de mi-mandat. Lors des prochaines élections, il faudrait aux républicains 39 sièges à la Chambre des représentants, ou l’élection de 10 sièges au Sénat pour qu’ils regagnent le contrôle de l’une ou l’autre des chambres. Les républicains peuvent-ils redevenir majoritaires?

Difficile à dire, selon M. Ga-gnon, «les enjeux sont plus locaux que pour des élections présiden-tielles, et varient beaucoup d’un

État à l’autre, mais ce qui est sûr, c’est que la relance de l’écono-mie et la création d’emplois sont à l’avant-plan partout».

Pour ces élections de mi-man-dat, deux candidats «vedettes» sont à surveiller: Christine O’Donnell (Delaware) et Ovide Lamontagne (New Hampshire). Les deux can-didats ont gagné leur investiture républicaine au Sénat grâce à l’ap-pui du Tea Party et de Joe Sestak (Pennsylvanie), un démocrate qui a promis un moratoire sur les forages du gaz de schiste, enjeu important dans cette région.

Élections moins suiviesAnessa L. Kimball, profes-

seure adjointe de science politique au Centre d’études interaméricaines de l’Institut québécois des hautes études internationales, a expliqué que des problèmes budgétaires sont présents un peu partout au pays, à cause de la crise économique. Cer-tains États, comme l’Illinois, la Ca-lifornie et New York, sont vraiment au fond du gouffre. «Beaucoup de citoyens sont au chômage, et auront donc le temps d’aller voter», a men-tionné Mme Kimball. M. Gagnon a quant à lui ajouté: «Ce sont surtout les contribuables fâchés et frustrés qui vont voter». Les républicains

tirent donc avantage de cette si-tuation, puisque les Américains qui iront aux urnes pourraient faire entendre leur colère en votant pour punir le parti présidentiel.

Selon l’avis de M. Gagnon, les médias et la population américaine s’intéresseront certainement moins aux élections de mi-mandat qu’à celles qui ont porté Obama au pou-voir il y a deux ans, mais elles n’en

seront pas moins importantes pour autant. Si les républicains rede-viennent majoritaires, Obama aura encore plus de difficultés avec ses nouveaux projets.

Par ailleurs, M. Fenwick pense qu’il faut laisser le temps au chan-gement. «Les gens sont déçus parce qu’Obama n’a pas sauvé le monde, mais c’est un humain, après tout…», a-t-il conclu.

Interview avec Louis Balthazar, coprésident de l’Observatoire sur les États-Unis (UQAM)

«Vers une diplomatie plus humble»Clémence Cireau [email protected]

Québec — Louis Balthazar a accepté pour l’ExEmplairE d’ef-fectuer un tour d’horizon de la politique extérieure des États-Unis depuis l’arrivée au pouvoir de Barack Obama.

Les États-Unis occu-pent-ils encore une place de leader mondial ? Ce leadership s’exerce plus dif-ficilement que dans le passé en

raison de la faiblesse relative de l’économie américaine et la mon-tée de nouvelles puissances, telles la Chine, l’Inde ou le Brésil. Mais les États-Unis demeurent le pays le mieux équipé en ressources di-plomatiques et militaires. Même si la Chine et d’autres connaissent un taux de croissance beaucoup plus élevé, les indicateurs font de Washington la plus grande puis-sance de la planète pour la décen-nie à venir.

Pourquoi entend-on par-fois parler du déclin des États-Unis alors?C’est un déclin relatif. Leur place devrait être de plus en plus celle d’un égal, comme semble l’envi-sager le président Obama. Cela se traduirait par une diplomatie plus humble et orientée vers la concer-

tation. Par exemple, si Washing-ton établissait des liens de coopé-ration plus étroits avec la Chine, la Russie ou l’Union européenne, il pourrait conserver le haut du pavé. Mais cela est loin d’être assuré. Et si une telle politique n’arrivait pas à se dessiner en raison de ré-sistances internes, les États-Unis pourraient connaître un déclin rapide qui les ramènerait à l’iso-lationnisme.

La politique exté-rieure d’Obama se différencie-t-elle de celle de l’adminis-tration précédente? La différence essen-tielle est qu’Obama reconnaît la faillite de la politique du triomphalisme de son prédéces-seur. Bush croyait pouvoir jouir d’un système unipolaire. Les évé-nements ont montré que cela n’a pas fonctionné. Cette opposition n’apparaît pas très clairement en-core, sauf dans quelques discours

du président et certaines politiques embryonnaires, comme la volonté d’un règlement du conflit israélo-palestinien, l’amélioration des re-lations avec la Russie et l’annonce d’un départ de l’Afghanistan. Il se peut que cette différence s’atténue et que l’entourage du président, conforté par un électorat insatis-

fait, vienne à bout de sa diplomatie.

Peut-on comparer la guerre d’Afgha-nistan, renommée «Obama’s war», au bourbier irakien? Oui mais il y a des différences notables. D’abord, on a pu considérer la première comme une guerre de nécessité (i.e. en ri-

poste aux attaques du 11 septembre 2001) tandis que l’intervention en Irak était un choix des plus discu-tables. Par ailleurs, Obama, tout en acceptant le renforcement des effectifs souhaité par ses militaires, a signalé une nette volonté d’en

sortir en établissant une échéance, qu’il n’observera peut-être pas, as-sez rapprochée (août 2011).

Finalement, quel est le degré d’importance de la politique internatio-nale pour ces élections?La politique étrangère compte très peu dans les élections, même présidentielles, à l’exception des périodes de guerre intense. Pour le moment, la guerre en Afgha-nistan est impopulaire, mais fort peu ressentie dans le quotidien de la population. Contrairememt au Vietnam, il n’y a pas de conscrip-tion forcée. Durant ces élections, les seules mentions de l’étranger sont pour déplorer les délocalisa-tions, les politiques commerciales libre-échangistes et leur soi-di-sant répercussions sur l’emploi. «All politics is local», disait Tom O’Neill, longtemps président de la Chambre des Représentants, pour bien souligner que les gens votent en fonction de leur propre «pour-suite du bonheur», selon les mots de la Déclaration d’indépendance.

Courtoisie «Obama reconnaît la faillite de la

politique du triomphalisme de George Bush», a déclaré Louis Balthazar.

«La politique étrangère

compte très peu dans les

élections, mêmes pré-sidentielles»

Dessin Stéphanie Couture Rouleau

Page 6: BÂILLON DE LA DISCORDE - Organisme culturel de recherche et de communication voué à ... · Une entorse à la démocratie Le député de Québec Solidaire (QS), Amir Khadir, était

internatiOnal6 l’eXemplaIre, le mercredI 20 octobre 2010

eN brefisraël-palestine

Négociations reportées

Israël a décidé de reporter la réunion organisée à Paris, ini-

tialement prévue demain, entre son Premier ministre Benjamin Netanyahu, le président de la Palestine Mahmoud Abbas et son homologue égyptien Hosni Moubarak. Le sommet a été re-poussé à une date ultérieure. La nouvelle était pressentie depuis la suspension des discussions directes entre Israéliens et Pa-lestiniens. (B.B.)

retraites en france

Projet de loi voté au Sénat

Le projet de loi sur les re-traites doit être voté au-

jourd’hui au Sénat, après son adoption par l’Assemblée na-tionale le 15 septembre dernier. Samedi, la mobilisation contre le projet a été estimée moins forte que celle du 2 octobre, se-lon le gouvernement français. Celui-çi a avancé le nombre de 825 000 manifestants. De leur côté, les syndicats ont jugé la mobilisation équivalente aux précédentes, soit près de 3 mil-lions de personnes défilant dans les rues. La mesure principale du projet est le passage de l’âge minimum légal de la retraite de 60 à 62 ans d’ici 2018. L’âge minimum de retraite à taux plein passerait, quant à lui, de 65 à 67 ans. Les opposants au projet estiment le texte injuste, notamment sur les sujets de la pénibilité au travail, la retraite des femmes et les carrières lon-gues. (B.B.)

sommet de la francophonie

«Défis et visions d’avenir»

Le XIIIe Sommet de la Fran-cophonie s’ouvrira ven-

dredi à Montreux, en Suisse (22-24 octobre). Le pays hôte a choisi comme thème général «Défis et visions d’avenir pour la Francophonie», subdivisé en trois thématiques: «Gouver-nance mondiale et Démocra-tie, liberté, droits humains», «Développement durable: sé-curité alimentaire et climat» et «Langue française: diver-sité culturelle et innovation». Soixante-dix chefs d’Etat et de gouvernement seront présents : les 56 membres de l’Organisa-tion internationale de la Fran-cophonie accompagnés de 14 pays observateurs. (B.B.)

Clôture d’un dépotoir au Sénégal

Une fermeture contestéeMathieu [email protected]

Dakar — Les autorités sénégalaises ont annoncé la ferme-ture imminente d’un dépotoir dans la banlieue de Dakar. Une décision contestée par une partie de la population locale.

D’ici quatre ans, les 475 000 tonnes de dé-chets déversées annuel-

lement sur le site de Mbeubeuss seront envoyées dans un centre de tri, à Mbao, quelques kilomètres plus loin. L’usine offrira un travail à 300 employés.

Selon Cheikh Fall, médecin à l’Institut de santé et développement de Dakar, plus de 3 500 personnes vivent actuellement des fruits de

cette décharge municipale. Il a rap-pelé que celle-ci génère «un revenu de 13 millions de francs CFA, soit 26 000 dollars par jour». Plusieurs centaines de personnes, incluant un nombre important d’enfants, habitent sur le dépotoir. Ces po-pulations gagnent leur pain en ré-cupérant les différentes matières qu’elles trouvent sur le site.

Selon Papa Mar Diallo, coordonnateur du centre com-

munautaire des récupérateurs de Mbeubeuss, il n’y a aucun refus de la part des populations de quitter l’endroit. «Les gens savent que la décharge ne leur appartient pas. Ils sont très bien encadrés pour ne pas agir d’une manière qui leur portera préjudice», a-t-il soutenu.

«Où voulez-vous que j’aille?»Pourtant, il suffit de se prome-

ner à Baol, petit village construit littéralement sur le dépotoir, pour se rendre compte d’une certaine réticence. Hamadou Diop fait par-tie du lot des récalcitrants. «Où voulez-vous que j’aille?, a-t-il imploré. Si on ferme la décharge, tout le monde ne peut pas partir là-bas. Il faut que les gens restent ici, pour travailler.» Le porte-parole des récupérateurs, Papa Ndaye, se défend des préjugés à leur égard. «Nous ne sommes pas des vagabonds! Tout ce que l’on fait, c’est gagner notre vie comme tout le monde! Les gens au Sénégal voient Mbeubeuss comme un tas de déchets. Pour moi, c’est de l’or! J’ai deux maisons, deux femmes et douze gosses. Tout ce que j’ai, je l’ai gagné grâce à la décharge!»

Pour Adama Gueye, chargé de projets à l’Agence de développe-ment municipal, le délogement de ces gens n’est pas la principale pré-occupation pour l’instant. Il s’agit plutôt de la décontamination du site. «Le mécanisme de dépollution va prendre du temps. Dans un pre-

mier temps, la zone pourrait être neutralisée par des aménagements paysagers. Mais avant tout, il faut arrêter l’approvisionnement des déchets, sécuriser et délimiter le massif.» Des études sont en cours afin de déterminer le matériau idéal qui sera utilisé pour le recouvre-ment des déchets.

Décontamination du siteDes projets sont également en

branle afin d’aider les récupéra-teurs dans leurs recherches de nou-vel emploi. «Il est difficile de faire déguerpir les gens sans pour autant trouver des alternatives et des solu-tions à leurs problèmes», a reconnu M.Diallo. «Évidemment, tous les récupérateurs ne peuvent pas tra-vailler dans le nouveau centre de tri. Certains vont être reconvertis dans différents emplois qui ont été identifiés, d’autres veulent retour-ner à leurs postes antérieurs. L’im-portant est que chacun soit réinséré dans le circuit économique.»

Avec ses 70 hectares, Mbeubeuss est la plus grande dé-charge à ciel ouvert au Sénégal. Depuis 40 ans, celle-ci reçoit quo-tidiennement les déchets ména-gers, biomédicaux et industriels de Dakar et des environs. À l’époque, quelques petits villages séparaient la décharge de la capitale séné-galaise. Avec le boom démogra-phique qu’a connu cette dernière, Mbeubeuss fait désormais partie de la banlieue dakaroise.

Photo Mathieu Dessureault3500 personnes, dont des enfants, vivent présentement des fruits de la décharge.

Cinquante ans d’indépendance du Nigéria

À la croisée des cheminsAlice Chantal [email protected]

Abuja — Le Nigéria a célébré le cinquantenaire de son in-dépendance le 1er octobre dernier. La fête a cependant été entachée par deux attentats, ramenant au premier plan les difficultés de stabilisation du pays.

Les attentats ont été perpétrés sur deux voitures piégées, tuant douze civils. L’ac-

tuel président Goodluck Jonathan a déclaré à l’agence Reuters que le groupe terroriste impliqué était «installé hors du Nigéria et payé par des gens de l’intérieur». Pourtant, le principal groupe armé nigérian, le Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger, avait rapidement revendiqué les attentats.

Le chemin parcouru par cette ancienne colonie britannique de-puis son accession à l’indépen-dance en 1960 a été parsemée d’embuches: dictatures, coups

d’État, guerres civiles comme celle entre 1967 et 1970 (près de trois millions de morts). Les années 1990 ont vu l’éclosion de produits démocratiques: partis politiques, débats contradictoires à l’Assem-blée nationale et médias pluralistes.

Néanmoins, les incertitudes persistent quant au respect des droits de l’homme. Le pays connaît souvent des conflits interreligieux meurtriers. Les armes sont en libre circulation, les prises d’otages, récurrentes et le pays est en passe de devenir une terre fertile pour le terrorisme international. Le Nigé-ria a d’ailleurs accepté le soutien

de l’ONU, comme indiqué dans un rapport du Groupe d’experts sur les perspectives africaines sur le terro-risme international en juin 2009

Géant économiqueD’un point de vue écono-

mique, le Nigéria pourrait devenir un leader du continent. Il figure au huitième rang mondial des pays producteurs de pétrole. Il dispose également de réserves en gaz et minerais. Mais l’abondance des ressources ne règle pas tous les problèmes du pays. L’accès à l’eau potable, à l’électricité, aux infras-tructures de santé, d’éducation et de communication restent problé-matique pour la grande majorité des 155 millions de Nigérians.

Malgré la manne pétrolière, le carburant est une denrée réservée aux élites et l’oligarchie militaire. «En dépit de tous les défis, l’avenir du Nigéria est réellement promet-

teur, si les bonnes décisions sont prises», a assuré à l’Agence France Presse l’économiste Pat Utomi.

À l’approche de l’élection présidentielle de janvier 2011, le nouvel homme fort du régime, Goodluck Jonathan, chrétien, est candidat. Or, le pays a été habitué à un système de rotation entre candi-dat du Nord (musulman) et candi-dat du Sud (chrétien). En principe, c’est au tour du candidat du Nord de prendre le pouvoir.

Par ailleurs, Wole Soyinka, prix Nobel de littérature en 1986, a annoncé sa candidature le 25 septembre. L’homme de 76 ans a expliqué que ses deux priorités étaient de combattre la corruption et donner de l’espoir aux jeunes électeurs. «Par dessus tout, le DFPF est le parti des jeunes frus-trés et des idées qui dérangent», s’est-il exclamé.

Page 7: BÂILLON DE LA DISCORDE - Organisme culturel de recherche et de communication voué à ... · Une entorse à la démocratie Le député de Québec Solidaire (QS), Amir Khadir, était

internatiOnal 7l’eXemplaIre, le mercredI 20 octobre 2010

Jean-Manuel Té[email protected]

Washington — En septembre dernier, l’Arabie saoudite a passé une commande de 60 milliards aux États-Unis. Si le Congrès américain approuve le contrat, il s’agira de la plus grosse vente d’armes de l’histoire des États-Unis.

Vente d’armes record des États-Unis à l’Arabie saoudite

Un contrat de 60 milliards

La commande prévoit, entre autres, l’achat de 84 chas-seurs F-15, 72 hélicoptères

Black Hawk, la rénovation de 96 missiles antimissiles Patriot et l’acquisition de navires de guerre antimissiles.

Selon le Stockholm Interna-tional Peace Research Institute (SIPRI), les dépenses militaires de l’Arabie saoudite ont presque doublé en 10 ans, passant de 21 milliards de dollars en 1999 à 41 milliards en 2009. Cette tendance ne semble pas vouloir s’inverser.

Protéger des ressources convoitées

Pour le Dr Michael Knights, chercheur au Washington Insti-tute for Near East Policy, l’Ara-bie saoudite cherche surtout à se protéger. Il rappelle que ce pays détient d’énormes réserves d’hy-drocarbures et qu’il se trouve dans une région plutôt instable. «En trois décennies, l’Arabie saoudite a été le témoin de trois guerres majeures dans le nord du golfe [persique], dont une tenta-tive d’éradiquer le Koweït en tant qu’État indépendant», a expliqué Dr Knights.

Des menaces non étatiques

Selon le Dr Theodore Ka-rasik, directeur de recherche à l’Institute for Near East and Gulf Military Analysis de Dubaï, le royaume veut aussi se protéger contre des menaces non étatiques. Le réseau terroriste Al-Qaïda re-présente un danger pour le pays.

De plus, les rebelles houthi, originaires du Yémen du Nord, posent également un problème. «Plus tôt cette année et l’année dernière, l’Arabie saoudite a dû combattre les rebelles houthi dans un environnement montagneux et l’armée a très mal paru», a ana-lysé Dr Karasik. «Quelques-unes de ces armes sont destinées à cor-riger ce problème», a-t-il précisé.

Des ambitions régionales

Le pays du roi Abdallah sou-haite également solidifier sa po-sition de principal allié militaire des États-Unis au Moyen-Orient. D’après Dr Knights, il souhaite par la même occasion être le pays le plus militarisé de la région du golfe Persique. Depuis quelques années, de petits pays, comme les

Émirats arabes unis et le Qatar, cherchent de plus en plus à s’ac-caparer ces rôles.

Course à l’armement

La peur de l’Iran est une autre raison qui justifierait cet armement. «Cet achat est en partie une réponse aux avancées technologiques des missiles ira-niens», a affirmé le Dr Knights.

Le programme nucléaire iranien incite les Saoudiens à s’armer davantage. Pour le cher-cheur américain, la présence de voisins fortement armés pourrait cependant rendre encore plus at-trayante la possession d’armes de destruction massive pour les diri-geants iraniens.

Israël, qui a toujours été contre le fait que les États-Unis vendent des armes à des pays du Moyen-Orient, a supporté l’en-tente pour deux raisons. «Les États-Unis ont compensé en pro-mettant à Tel-Aviv une augmen-tation de leur aide militaire», a indiqué Dr Knights. Il a ajouté qu’«Israël reconnaît que l’Iran est une plus grande menace pour eux que l’Arabie saoudite».

D’après la SIPRI, les dé-penses militaires saoudiennes en 2009 ont représenté 45% des dé-penses faites par les 14 pays du Moyen-Orient dans ce domaine.

Coustoisie Suzanne M. Jenkins72 hélicoptères Black Hawk seront envoyés à l’Arabie Saoudite,

ainsi que 84 chasseurs F15 et plusieurs navires de guerre antimissiles

La Turquie appelée aux urnes pour réformer la Constitution

L’éternelle candidate

Catherine [email protected]

Ankara — L’ambition de la Turquie d’entrer dans l’Union européenne (UE) ne fait plus aucun doute. Cependant, la Constitution turque doit encore être réformée pour être sa-tisfaire les critères d’adhésion définis par l’Union.

En septembre dernier, les Turcs ont approuvé à 58% le projet d’amendements à

la Constitution du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, chef du parti au pouvoir, l’AKP. La pré-sente Constitution a été rédigée en 1982 par les autorités militaires qui dominaient la Turquie après le coup d’État de 1980.

Parmi les 26 amendements se trouve le mode de nomination des magistrats et des juges de la cour constitutionnelle. L’ancien sys-tème, depuis longtemps critiqué par l’UE, est remplacé au profit d’un processus basé sur le modèle euro-péen de droit de regard du Président de la République. Des mesures de discrimination positive envers les femmes et les enfants font aussi partie des modifications prévues.

Les réformes sont plutôt bien perçues, mais souvent qualifiées d’insuffisantes et de cosmétiques. Pour plusieurs, notamment les Kurdes et les démocrates, elles ne sont pas inclusives. «Les élections législatives imposent toujours un barrage de 10% des partis, ayant pour effet de limiter la présence du parti kurde», a expliqué Guillaume Perrier, correspondant du quotidien Le Monde à Istanbul.

Les démocrates remettent en question les motifs du gouverne-ment. Selon eux, le plébiscite n’au-rait été qu’un prétexte pour évaluer la popularité de l’AKP, alors que des élections législatives sont pré-vues pour juillet 2011. Au terme du référendum, le gouvernement d’Er-dogan sait qu’il peut entamer les

processus électoraux sans trop d’in-quiétudes. Cependant, les Kurdes et les démocrates qui ont boycotté le plébiscite ne sont pas à négliger, car ils pourraient peser dans la balance.

Membre fondateur du Conseil de l’Europe, la Turquie est candi-date à l’entrée dans l’Union depuis 1999. Ayant intégré la laïcité à sa Constitution dès ses débuts, ses tentatives de démocratisation en vue de l’adhésion ont été multiples.

Le vent semble tourner de part et d’autre de la Méditerranée. La France et l’Allemagne condition-nent leur soutien à la réunification de Chypre, dont la Turquie recon-naît l’indépendance de la partie nord à majorité turque. «Paris et Berlin refusent l’adhésion et pré-conisent un partenariat», a affirmé Didier Billion, chargé de mission à l’Institut de relations internatio-nales et stratégiques.

Selon M. Billion, la Turquie a fait de nombreux progrès sur les plans politique, économique et so-cial, mais elle est encore mécon-nue par l’Europe. Ces avancées pourraient aussi amener la Turquie à remettre en question son rêve eu-ropéen. «Aujourd’hui, les négocia-tions sont bloquées. L’opposition en Europe est de plus en plus forte, et l’enthousiasme en Turquie est de plus en plus faible. La situation économique de l’UE est difficile alors que la Turquie connaît une période de croissance jamais vue. Souhaitera-t-elle joindre l’Europe dans dix ans? L’UE lui ouvrira-t-elle la porte? C’est difficile à dire», a précisé Guillaume Perrier.

Courtoisie REUTERS / Umit BektasLes Turcs ont approuvé à 58% le projet d’amendements à la Constitution

Page 8: BÂILLON DE LA DISCORDE - Organisme culturel de recherche et de communication voué à ... · Une entorse à la démocratie Le député de Québec Solidaire (QS), Amir Khadir, était

internatiOnal8 l’eXemplaIre, le mercredI 20 octobre 2010

Élections en Birmanie le 7 novembre

Le royaume des mascarades

Daphnée [email protected]

Naypyidaw — La junte birmane impose à sa population l’une des dictatures les plus criminelles du monde depuis près de 50 ans. Pourtant, des élections, dépourvues de toute crédibilité selon les experts, sont au programme le 7 novembre.

«Tout est orchestré pour que les généraux gagnent», a lancé

Mika Lévesque, agente régionale d’Asie à Droits et Démocratie. Avec une Constitution qu’ils ont eux-mêmes rédigés, une commis-sion électorale sous leur diktat et le quart des sièges qui leur sont réservés, les militaires du généra-lissime Than Shwe ne cachent pas leur volonté de rester au pouvoir.

Ils ne veulent surtout pas re-nouveler l’expérience de 1990, lorsque la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de la célèbre Aung San Suu Kyi, avait remporté les élections haut la main. Dès le lendemain, la junte avait annulé le scrutin et lancé une véritable ré-pression contre tous les opposants au pouvoir.

Aujourd’hui encore, on dé-note plus de 2 200 prisonniers politiques en plus des milliers d’individus exclus du processus électoral, dont Mme Suu Kyi et tous les membres du LND, parti qui a été dissous au printemps en prévision des élections.

Façade démocratiqueAprès des décennies à ob-

server ce pays qu’elle qualifie de «dinosaure autoritaire», Mme Lé-

vesque croit que cette «mascarade électorale» sert à préparer l’éven-tuel départ du général Tan Shwe. «Il veut assurer ses arrières en mettant de nouveaux joueurs en place», indique la spécialiste.

L’USDP, parti politique nou-vellement créé par la junte, a be-soin de candidats pour porter ses couleurs. D’ailleurs, c’est le seul parti ayant des représentants dans tous les comtés électoraux. Mika Lévesque perçoit cette manoeuvre comme la volonté des dirigeants birmans de se muer peu à peu en régime civil, afin de légitimer et légaliser leur statut à l’internatio-nal.

Dominique Caouette, membre du Centre d’études de l’Asie de l’Est et professeur adjoint en science politique à l’Université de Montréal, pense lui aussi que cette mise en scène des généraux a un but stratégique. «Il y a de nom-breux pays qui attendent juste la tenue d’élections pour lever le mo-ratorium sur les investissements», a-t-il expliqué.

Selon M. Caouette, les pres-sions viendraient aussi de l’As-sociation des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). En 2007, année où la Birmanie a rejoint

l’ASEAN, une charte pour pro-mouvoir et protéger les droits de l’Homme et les libertés fonda-mentales a été adoptée. «La junte est dénoncée pour ses constantes violations des droits humains. Elle essaye donc de se créer une façade démocratique pour améliorer son image et créer de plus grandes ou-vertures économiques», a déclaré M. Caouette.

Des alliances et de l’espoir

Dominique Caouette a ajouté que les militaires combattent plu-sieurs insurrections de groupes minoritaires ethniques armés, comme les Kokangs et les Karens. «Les généraux espèrent gagner la loyauté de certains chefs rebelles et en même temps, affaiblir l’op-position», a précisé M. Caouette.

En 1989, la junte militaire a changé le nom officiel de la Birmanie pour le Myanmar. Les militaires ont aussi imposé des lois draconiennes qui régissent la liberté d’expression et d’asso-ciation. «Pour avoir un processus libre et juste, il faudrait abolir toutes ces lois, et nous sommes bien loin de ça», a exprimé avec amertume Mika Lévesque.

Sur une note plus positive, Mme Lévesque rappelle que la chute d’une dictature peut se faire très rapidement, tel a été le cas par exemple en Indonésie et au Timor oriental. «L’ouverture qui a lieu grâce aux élections, aussi petite soit-elle, pourrait créer une spirale menant à la démocratisation», a expliqué Dominique Caouette.

Les Jeux du Commonwealth en Inde

Un coup dur pour l’image

Mireille [email protected]

New Delhi — Insalubrité du village sportif, effondrement d’une passerelle en construction et d’une partie du faux pla-fond du stade principal devant accueillir les 7000 athlètes de 71 nations différentes, spectateurs absents des gra-dins, etc. Les jeux du Commonwealth ont-ils été un échec, comme le prédisaient les médias?

Les jeux du Commonwealth auraient dû être l’occasion pour l’Inde d’améliorer son

image selon Matt Robinson, éco-nomiste pour l’agence de notation internationale Moody’s. «Les Jeux auraient dû donner à l’Inde une op-portunité de démontrer au monde entier son économie florissante, le récent développement de ses in-frastructures et l’amélioration de sa situation dans le monde des af-faires», a-t-il estimé.

Le coût des Jeux a été plus éle-vé que prévu. En 2003, le gouverne-ment indien tablait sur 100 millions de dollars alors que le montant final devrait avoisiner les 6 milliards. Un coup dur pour le pays qui se pré-vaut du statut de 3e puissance éco-nomique d’Asie et cherche à s’im-poser sur la scène internationale. Mais au-delà de ces problèmes de coûts et d’organisation, les Jeux ont eu des conséquences pour l’image du pays.

«Le problème, c’est que tous les stéréotypes à propos de l’Inde sont ressortis pendant les Jeux», a expliqué Robinder Sachdev, prési-dent du cabinet de conseil Imagin-dia, pour la promotion de l’image de l’Inde à l’international. «L’im-pact des Jeux sur l’Inde sera défi-nitivement négatif, et sa capacité à organiser de grands événements est désormais remise en question», a-t-il poursuivi. Cette publicité néga-tive pourrait détériorer les relations avec les investisseurs étrangers.

Cependant, Bimal Jalan, an-cien gouverneur de la Banque cen-trale indienne, précise que la res-ponsabilité des déboires des Jeux revient plutôt à l’administration publique qui n’a pas su se moderni-ser. «Il ne s’agit pas de l’incapacité de l’Inde à construire des infras-tructures», a-t-il confié à l’Agence France Presse, mais «de l’incapa-cité du gouvernement indien».

Contrairement au domaine des affaires qui devrait subir certains contrecoups, le tourisme ne devrait pas trop souffrir des derniers événe-ments. M. Sachdev soutient que les visiteurs s’attendent «à voir l’Inde du passé avec ses serpents et sa saleté». Le secteur touristique est d’ailleurs une entreprise croissante en Inde. M. Robinson pense que les Jeux pourraient tout de même avoir une influence positive sur le déve-loppement de cette industrie. Miser sur ce secteur apparaît comme une opportunité pour redresser le tir. Une campagne touristique permet-trait au pays de récupérer les pertes financières occasionnées par les Jeux.

Pour M. Sachdev, l’État aura à faire le point sur ce qui n’a pas marché. «Le public le demande, car il est déçu de l’incompétence des autorités et des répercussions des Jeux sur l’image du pays». En définitive, a-t-il ajouté, «l’organisa-tion des Jeux est une leçon pour le gouvernement, et il doit apprendre de cet échec».

Coutoisie AFPLa municipalité avait désinfecté le village

des athlètes par fumigène avant l’arrivée des participants

Courtoisie AP / David LongstreathLe généralissime Than Shwe, chef de la junte au pouvoir

en Birmanie, lors d’une parade de l’armée birmane dans la capitale, Naypyidaw.

Page 9: BÂILLON DE LA DISCORDE - Organisme culturel de recherche et de communication voué à ... · Une entorse à la démocratie Le député de Québec Solidaire (QS), Amir Khadir, était

l’eXemplaIre, le mercredI 20 octobre 2010 9QUébec

eN brefforce québecJeune lectorat peu concerné

Les étudiants de l’UL se sen-tent peu concernés par le

nouveau mouvement politique Force Québec. Ces derniers devront donc travailler fort pour obtenir l’appui de l’élec-torat des 18-24 ans. Cependant, Raymond Hudon, professeur titulaire en science politique croit que le parti a un avenir, puisqu’il est constitué de gens connaissant déjà le milieu poli-tique québécois. (A.C-G)

réseau liberté-québec

Droite mobilisée

Environ 450 participants ont déjà confirmé leur présence

à la rencontre de samedi pro-chain. Cette dernière se donne comme objectif de mobiliser la droite québécoise dans la capi-tale. Gérard Deltell de l’ADQ, Maxime Bernier du PCC et Ezra Levant, fondateur de la revue Western Standard, donneront des conférences. (O.W.B)

contrebande de cigarettesCirconscription de Jean-Lesage

Des commerçants de la cir-conscription de Jean-Le-

sage prétendent que la contre-bande de cigarettes est une problématique récurrente dans la région. Selon Odina Desrochers de l’Association québécoise des dépanneurs en alimentation, 40% des cigarettes vendues proviennent de la contrebande. Certains propriétaires de dé-panneurs ont remis une pétition lundi dernier au député libéral André Drolet afin que cette pro-blématique se règle. (O.W.B)

marche mondiale

des femmes10 000

marcheurs

La Marche mondiale des femmes a réuni 10 000

personnes dimanche dernier à Rimouski. Selon la Fédération des femmes du Québec, l’ob-jectif a été grandement dépassé. Puisque les organisateurs atten-daient au total 5 000. Les mili-tantes féministes reprochaient au gouvernement provincial de ne pas être assez à l’écoute des femmes envers l’égalité des sexes. (O.W.B)

Loi sur les écoles passerelles

Les Québécois réagissent

Projet de loi 115

Commisions scolaires anglophones menacées

La loi

115 pour les nuls

Adoptée sous bâillon forcé par le gouvernement Cha-

rest en début de semaine, la loi 115 remplace le projet de loi 103 et en reprend les éléments les plus controversés. Il s’agit principalement des éléments concernant le jugement de la Cour suprême sur les écoles passerelles. Les élèves franco-phones et allophones pourront désormais s’inscrire au réseau public anglophone après trois ans d’études dans une école anglaise privée non subvention-née.

Rappelons qu’avant 2002, le seul fait de passer un

an dans une école anglaise non subventionnée permettait d’in-tégrer le réseau anglophone pu-blic l’année suivante. Le Parti Québécois avait voté en 2002 la loi 104. Cette dernière inter-disait les écoles passerelles. Ce-pendant, en 2009, jugeant la loi 104 inconstitutionnelle, la Cour suprême l’avait invalidée. La loi 115 fait office de compromis entre l’absence d’écoles passe-relles et la perméabilité totale du réseau anglophone. (M.D.)

Déçu et révolté de l’adoption forcée du projet de loi 115, le président d’Impératif

français reproche au gouvernement du Québec de s’écraser et d’écraser la population avec lui en acceptant de se soumettre aux dictats du gou-vernement canadien et de sa Cour. Selon lui, c’est une «très mauvaise loi qui répond à un mauvais juge-ment de la Cour suprême.»

«C’est vraiment une insulte in-croyable», a tonné M. Perreault. Il a pointé du doigt le favoritisme ac-cordé à l’électorat anglophone, au détriment de celui francophone. Il a aussi rappelé que le fédéral devait avant tout satisfaire aux exigences du Canada anglophone.

Dénonciation et détention

Depuis quelques semaines, la trentaine d’organismes québé-

cois formant la Coalition contre la loi 103 posent des gestes symbo-liques. Le 23 septembre dernier, une quinzaine de membres du Ré-seau de Résistance du Québécois (RRQ) se sont rendus à l’Assem-blée nationale afin de faire valoir leur mécontentement.

Lors de la période de ques-tions, Benjamin Tessier, codirec-teur national du RRQ, a été in-tercepté et détenu pendant trois heures. «Au même moment que notre groupe scandait ‘‘Non à la loi 103’’, un collègue et moi avons tenté d’accrocher une banderole dans l’enceinte de l’Assemblée pour que les libéraux la voient.»

Réplique des libéraux«On propose une solution

équilibrée», a certifié Valérie Ro-drigue, attachée de presse de la ministre de la Culture Christine

St-Pierre. Elle a souligné que 42 groupes de défense de la langue française, dont Impératif français, ont fait valoir leurs opinions. Elle a assuré que leurs arguments ont été pris en considération.

Selon Mme Rodrigue, il est important de se mettre dans le contexte de cette loi invalidée en 2009. L’article no. 3 contrevient à la Charte canadienne des droits et

libertés, permettant à la minorité anglophone de recevoir un ensei-gnement en anglais.

Mme Rodrigue a ajouté que la Charte a été revue et amélio-rée. Selon elle, l’Office québécois de la langue française (OQLF) se voit conférer plus de pouvoir. «Si j’étais militante pour la sauvegarde de la langue française, j’en serais satisfaite», a-t-elle conclu.

François René de Cotret et Véronique [email protected] et [email protected]

Québec — Différents mouvements pour la défense de la lan-gue française s’opposent radicalement au projet de loi 103. Le bâillon imposé par le gouvernement Charest lundi n’a fait qu’attiser la grogne.

Photo Marie-Pier BoucherLa Coalition contre la loi 103 a organisé les manifestations de lundi dernier en face du Parlement de Québec et des bureaux de Jean Charest à Montréal.

Le président de l’ACSAQ, David Birnbaum, estime que cette initiative bloquera

davantage l’accès à l’enseigne-ment en anglais.

«Plusieurs parents risquent d’abandonner l’idée d’inscrire leur enfant dans nos écoles en consta-tant qu’ils doivent débourser des milliers de dollars pour le faire», a-t-il affirmé.

Après le flou juridique qui du-rait depuis 2009, la loi 115 vient imposer un passage obligé de trois ans dans une école non subven-tionnée anglophone.

M. Birnbaum considère qu’il est «absurde» de vouloir res-treindre l’accès à l’école anglaise dans le contexte actuel. «Depuis

l’adoption de la loi 101, le nombre d’inscriptions dans nos écoles est passé d’un quart de million à 105 000», a-t-il rappelé.

Dans un rapport déposé au mois de septembre à la commis-sion parlementaire, il écrivait que l’adoption de la loi 103 serait «une insulte outrageante» envers la communauté anglophone.

Marcus Tabchnick, président de la commission scolaire Les-ter-B.-Pearson, partage cet avis. Il estime même qu’il faudrait ouvrir l’accès au système anglophone à tout le monde au Québec. «Nous re-fusons des centaines de personnes qui n’ont pas le droit de s’inscrire dans nos écoles en raison de la Charte de la langue française. C’est injuste pour eux», a-t-il mentionné.

Le président de la commission scolaire Central Québec, Stephen Burke, s’oppose également à la nouvelle législation, mais se dis-tancie des propos de ses collègues anglophones.

«À notre commission scolaire, nous vivons très bien avec les res-trictions qui nous sont imposées. Par contre, nous n’appuyons pas la démarche du gouvernement libéral parce qu’elle permet aux mieux nantis d’acheter le droit d’envoyer leurs enfants à l’école publique an-glaise», a-t-il précisé.

Québec à partCe dernier admet cependant

que le débat autour de cette loi interpelle moins les écoles de sa commission. «Dans la région de Québec et ailleurs sur notre terri-toire, le contexte est différent que dans l’ouest du Québec. Ici, il y a peu d’allophones. Notre clientèle demeure essentiellement anglo-phone. L’adoption de cette loi a donc un impact négligeable sur la fréquentation de nos écoles», a-t-il expliqué.

Antoine Rivard-Déziel et Maxime [email protected] et [email protected]

Québec — L’Association des commissions scolaires anglo-phones du Québec (ACSAQ) se sent menacée par l’adoption de la loi 115.

Page 10: BÂILLON DE LA DISCORDE - Organisme culturel de recherche et de communication voué à ... · Une entorse à la démocratie Le député de Québec Solidaire (QS), Amir Khadir, était

DOssier10 l’eXemplaIre, le mercredI 20 octobre 2010

Jeux de hasard et d’argent en ligne

Dix ans de croissance mondiale

Québec — L’exploitation de plateformes de jeux de hasard en ligne est une industrie qui génèrera près de 25 milliards de dollars en 2010-2011. Le nombre de sites de jeux a proli-féré au cours de la dernière décennie et les gouvernements veulent leur part du gâteau.

L’exploitation de jeux en ligne est plus que jamais convoitée par les gouver-

nements de nombreux pays. Les Pays-Bas, la Suède et l’Australie ont créé des sites de jeux en ligne au cours des dernières années.

Plusieurs pays européens per-mettent déjà aux casinos en ligne et aux autres sociétés de jeux sur Internet d’opérer sur leur territoire. Le Conseil des ministres espagnol, qui se montrait jusque-là plus hé-sitant, a approuvé le projet de la nouvelle loi sur les jeux le 24 sep-tembre dernier.

Deux millions de comptes en quatre mois

La France permet ce type de jeux depuis juin dernier. Un pre-mier bilan, déposé la semaine der-nière par l’Autorité de régulation des jeux en ligne, révèle que deux millions de comptes ont été ouverts depuis juin et que 500 000 Français sont devenus des parieurs actifs.

La Belgique compte régle-menter à son tour les jeux en ligne en janvier 2011 en s’inspirant de la loi française. Le projet de loi belge prévoit accorder des licences uni-quement aux propriétaires de casi-nos «terrestres» du pays.

Le jeu en ligne est délimité en 74 juridictions territoriales à travers le monde. Selon le site In-ternet CasinoCity.com, qui se pré-sente comme un guide du jeu en ligne, la juridiction à laquelle sont rattachés le plus de sites est celle de la République de Malte.

Grâce à sa fiscalité attrayante en matière de poker en ligne, moins de 0,5% de prélèvement sur les mises, le plus petit État membre de l’Union européenne héberge à ce jour quelque 390 sites de jeu de hasard et d’argent à l’intérieur de ses limites selon Casino City.

Les autres juridictions notables sont les Antilles néerlandaises avec près de 300 sites, Gibraltar avec 261 sites et le Costa Rica avec 211. Pour ce qui est du Canada, il y a un site en Colombie-Britannique et trois en Alberta. Les quatre provinces de l’Atlantique offrent elles aussi des jeux sur Internet. Quant à elle, l’On-tario emboîtera le pas en 2012.

Gambling ActAlain Dubois, travailleur psy-

chosocial auprès des toxicomanes et joueurs compulsifs et membre de la Coalition québécoise pour une gestion sécuritaire et éthique de l’industrie du jeu (EmJEU),

prétend que la «croissance est bien présente, mais que le poker en ligne a tout de même accusé un recul à la suite du Gambling Act adopté en 2006 aux États-Unis.» Cette loi interdit aux banques et aux compa-gnies de cartes de crédit d’honorer les paiements des joueurs en ligne.

Au Québec, il est illégal d’ex-ploiter un site de jeu en ligne. Il n’y a que Loto-Québec qui a le droit. La société d’État compte offrir du jeu en ligne à partir de cet automne. Marie-Claude Rivet, adjointe de la direction corporative des relations de presse chez Loto-Québec, a as-suré que «le tout progresse bien et que le plan de match est suivi». Seulement, la société d’État n’est toujours pas prête à annoncer une date précise. Loto-Québec pourrait rapidement s’approprier 30% du marché virtuel au Québec.

L’exception mohawkIl y a pourtant une exception

à la règle québécoise, puisque le territoire mohawk fournit, depuis 1996, des licences d’exploitation pour les opérateurs de casinos et de sites de poker en ligne par le biais de la Kahnawake Gaming Com-mission. Kahnawake s’est illustré, au fil des ans, en hébergeant une vingtaine de sites qui font partie des 100 casinos les plus visités de la planète selon une étude du cabi-net Valeurs mobilières Desjardins. Casino City établit aujourd’hui à 198 le nombre de sites sur le terri-toire mohawk.

Problèmes de jeu

Joueurs plus à risque sur le net

Les adeptes de jeux de hasard et d’argent en ligne sont

davantage susceptibles de déve-lopper une pathologie que ceux pratiquant les autres types de jeu de hasard.

Un groupe de chercheurs de l’Université de Sherbrooke, diri-gé par Magali Dufour, du service de toxicomanie, a documenté et comparé les joueurs en ligne avec les joueurs en salle. Selon l’étude, un ensemble d’indices laissent penser que les joueurs Internet présentent un niveau de risque plus élevé. Dans Internet, «chez les joueurs la prévalence de joueurs problématiques est de trois à quatre fois plus élevée que celle observée chez les autres joueurs», peut-on y lire.

L’Institut national de santé publique du Québec abonde dans le même sens et souligne que, dans la province, 44,8% des joueurs de poker en ligne sont à risques et 10,8% sont des joueurs pathologiques. L’étude souligne qu’il est vraisemblable d’antici-per une augmentation du jeu pro-blématique dans la population au lendemain de l’étatisation des jeux d’argent sur Internet.

«On a raté une belle oc-casion», croit Alain Dubois en parlant de la décision de Loto-Québec d’aller immédiatement de l’avant avec son projet de rendre disponible le jeu en ligne.

«On pourrait défaire leurs argu-ments un à un», a prétendu le tra-vailleur psychosocial. De plus, il estime que le comité qui assure le suivi pour Loto-Québec n’est pas d’une grande crédibilité du point de vue des conséquences sur la santé publique.

M. Dubois indique qu’un des principaux problèmes liés au poker sur Internet, c’est que «la rapidité du jeu sur le net amène les joueurs à dépenser davan-tage.»

Illusion de contrôleL’illusion de contrôle se-

rait plus élevée chez les joueurs Internet. C’est du moins ce que conclut l’étude de Magali Dufour réalisée auprès de 200 joueurs, Le rôle du poker en ligne dans les trajectoires de jeu de hasard et d’argent.

Selon cette étude, 62,8% des joueurs virtuels sondés seraient convaincus que les habiletés in-dividuelles influenceraient pour plus de 75% leur propension à gagner. La chance ne compterait alors que pour 25%.

«Cette illusion de contrôle est d’autant plus perceptible chez les joueurs problématiques. Le poker a ceci de particulier. L’illusion de contrôle vient du fait qu’il faut prendre des déci-sions», a précisé Isabelle Martin qui assure le suivi de l’étude.

Le poker en ligne a profité de la croissance des connexions Internet domiciliaires.

Revenus mondiaux estimés des jeux de hasard

et d’argent en ligne (2001-2010, milliards de dollars US)

Source: Institut national de santé publique du Québec

TEXTES DE SIMON RICHARD-TRIFIRO PHOTO DE MARTIN BÉLANGER

Page 11: BÂILLON DE LA DISCORDE - Organisme culturel de recherche et de communication voué à ... · Une entorse à la démocratie Le député de Québec Solidaire (QS), Amir Khadir, était

cUltUre 11l’eXemplaIre, le mercredI 20 octobre 2010

eN brefconcerts gratuits

La sélection de la semaine

Le groupe hommage à Muse, Uprising, offrira une re-

présentation au bar le Dagobert jeudi à 23h. À l’UL, la musique classique sera à l’honneur. Les professeurs et membres du per-sonnel de la faculté de musique de l’UL seront en concert ce mer-credi à 20h à la salle Henri-Ga-gnon du Pavillon Louis-Jacques-Casault, avec des oeuvres allant de Scott Joplin aux Beatles, en passant par des compositions personnelles. (Th.D.)

our book & the authors

En concert au Cercle

Le groupe Our Book and the Authors sera en concert

ce jeudi à 21h au Cercle. Leur musique aux influences pop est teintée d’une touche d’électro et d’accompagnement au piano. Ils interpréteront des morceaux issus de leur premier album sorti au printemps dernier. Les groupes Dark Mean et Wildlife offriront aussi une représenta-tion lors de cette soirée recom-mandée par CHYZ FM. L’entrée coûtera 8$. (Th.D.)

expo-photoEncourager

la relève

Le centre de diffusion et de production de la photogra-

phie (VU PHOTO) propose jusqu’au 14 novembre l’expo-sition Changements d’identités: oeuvres de fiction. Cette présen-tation de photographies expose le travail des artistes Guillaume Adjutor Provost, Vicky Sabourin et Alexandre Jeanson. Ils propo-sent dans leur travail respectif un désir d’invention et de narration. L’exposition, gratuite, se tient à l’espace d’exposition du Centre VU. (Th.D.)

dominique léonardHumour

multiforme

Dominique Léonard sera présent ce jeudi à La Nin-

kasi dès 21h pour le spectacle Une heure de rire avec… Do-minique Léonard. Cet artiste pratique l’humour à travers dif-férentes disciplines. Jongleries, monocycle et magie seront au rendez-vous pour ce spectacle gratuit. (Th.D.)

Premier album de Random Recipe

Le trash: une recette gagnante

Photo Damien TheysRandom Recipe a offert une prestation énergique au Cercle. Leur spectacle était une presque exclusivité, car il n’avait été offert qu’à Montréal avant cela.

Claudie Côté[email protected]

Québec — Random Recipe a lancé jeudi dernier son premier album au Cercle.

Le groupe venait présenter à ses admirateurs de Québec son premier opus Fold It!

Mold It! sorti en septembre 2010.

Frannie, la chanteuse, a d’ailleurs déclaré que Québec était la seule ville, mise à part Montréal, où ils ont tenu à faire un lancement.

«C’est fou de se retrouver dans des villes et des salles incroyables comme ici, qui n’ont aucun équiva-lent à Montréal. Québec c’est super important pour nous, on est stressés à chaque fois», a-t-elle lancé à la foule.

En entrevue, Fab, la beat-boxeuse du groupe, a avoué que le public de Québec était difficile à séduire. «Vous êtes toujours nom-breux, mais vous avez beaucoup plus d’attentes. Il ne faut pas vous décevoir», a-t-elle ajouté.

Les quatre Montréalais d’ori-gine ont offert une prestation d’une heure devant une salle comble. Visiblement, l’ambiance festive a conquis le public. «Une amie de Montréal m’a fait connaître le groupe cet été, j’adore les voir en spectacle. Ils sont explosifs!», s’est exclamée Laurence Joncas.

Savoureux mélange de genres«Random Recipe, c’est

d’abord une solide amitié, mais aussi nos quatre personnalités mises en musique», a expliqué Frannie. Le groupe porte en effet bien son nom, les quatre artistes ayant tous des affinités musicales différentes. Leurs inspirations sont diverses et oscillent entre le hip-hop, l’électro et même la bossa-nova.

Selon eux, leur popularité s’explique par la familiarité qu’ils développent avec leur public et au plaisir qu’ils ont à se produire sur scène.

Les quatre amis ont avoué n’avoir jamais songé au succès, ni même à un album avant cette année. «L’album, c’est une carte de visite pour les festivals et les spectacles,

une consolidation de notre travail», a expliqué Vincent Legault, guita-riste du groupe.

Pour leur part, les amateurs de Random Recipe semblaient ap-précier ce nouvel album. «Je suis content qu’ils aient sorti un album, maintenant que je connais leurs chansons, j’apprécie plus le spec-tacle», a dit Jean-Phillipe Lavoie.

Tournée européenneL’année 2010 fût chargée pour

le groupe qui a offert plus d’une centaine de spectacles au Québec et en Europe. L’année 2011 s’annonce tout aussi remplie. «De la tournée, beaucoup de tournées, et on veut aussi retourner en Europe. Notre son est vraiment apprécié là-bas. C’est comme si on avait déjà notre place», a expliqué Frannie.

Festival Littéraire de Québec

Québec en toute lettresMarie-Eve [email protected]

Québec — Une soirée blues et poésie ainsi qu’une rencontre clandestine avec des écrivains. Ce n’est qu’un échantillon des activités de ces prochains jours.

Le Festival Québec en toutes lettres fermera ses portes le 24 octobre. D’ici là, la pro-

grammation suit son cours, avec plus d’une trentaine d’activités.

Intitulé Québec en toutes lettres, le Festival littéraire est inspiré pour sa première édition par l’écrivain argentin Jorge Luis Borges (1899-1986), importante fi-gure de la littérature du XXe siècle. Le choix s’est porté sur cet auteur

pour célébrer le 200e anniversaire de l’indépendance de l’Argentine.

Un tango littéraireLe spectacle d’ouverture a dé-

buté par une prestation du couple gagnant du Mondial de tango de Buenos Aires formé par María Inés Bogado et Sebastián Ariel Jiménez. Par la suite, le groupe Quetango a joué sur scène les chansons de leur album Postango en plus de trois nouveaux morceaux, si nouveaux

qu’ils n’ont pas encore de titre. La deuxième partie du spectacle a lais-sé la place à Paule-Andrée Cassidy et ses musiciens.

TwittératureDifférentes activités ont été of-

fertes lors du Festival, et ce, jusqu’à dimanche. Notamment, un jardin mythologique pour les enfants, un défi de twittérature, diverses ex-positions, spectacles littéraires et tables rondes pour n’en nommer que quelques-uns. Dominique Ga-ron, directrice générale du Festival Québec en toutes lettres, expliquait que le défi de twittérature a consisté en 14 jeux demandant aux gens de décrire des textes littéraires en moins de 140 caractères. «On peut

essayer par exemple d’écrire notre plus grande injure, mais en sélec-tionnant parmi une liste de mots qui sont en lien avec l’œuvre de Borges» a-t-elle affirmé.

Le maire de la Ville de Qué-bec Régis Labeaume, la ministre Christine St-Pierre, ainsi que le ministre de la Culture de Buenos Aires, monsieur Hernan Lombardi, étaient présents lors de la soirée d’ouverture. Mme St-Pierre a dé-claré que «le Festival est une excel-lente façon de saluer la littérature et découvrir des auteurs des autres cultures». M. Lombardi a d’ailleurs affirmé souhaiter voir la ville de Québec devenir «le lieu de la litté-rature au pays».

Page 12: BÂILLON DE LA DISCORDE - Organisme culturel de recherche et de communication voué à ... · Une entorse à la démocratie Le député de Québec Solidaire (QS), Amir Khadir, était

spOrts12 l’eXemplaIre, le mercredI 20 octobre 2010

eN breffootball

universitaireSixième

championnat consécutif

Les Lavallois ont lessivé les Gaiters de Bishop au

compte de 68 à 0 dimanche dernier dans un match qui leur assurait de finir la saison régu-lière en 1ère position. Le quart-arrière Bruno Prud’homme a complété 23 de ses 29 passes pour un total de 283 verges en plus de compléter trois passes de touchées. Les hommes de Glen Constantin renoueront avec l’action vendredi contre les Redmen de McGill, à Mon-tréal. (A.L)

basketball universitaireDouble victoire

pour Laval

L’équipe féminine et mas-culine du Rouge et Or ont

remporté le tournoi canadien qui se déroulait en Ontario en fin de semaine dernière. La troupe de Linda Marquis a vaincu les Huskies de la Saskatchewan 62 à 51 alors que les hommes ont défait l’Université Memorial au compte de 100 à 70. Les La-vallois Jean-François Beaulieu Maheux et Élyse Jobin ont été élus joueurs par excellence du tournoi. (A.L)

soccer universitaire

Première défaite

Les hommes de Samir Ghrib ont subi la défaite pour la

1ère fois de la saison vendredi dernier contre l’UQAM. Le R&O s’est incliné 2 à 1. Le de-mi-latéral Julien Priol a marqué l’unique but des siens. Les La-vallois se sont toutefois assurées de terminer la saison en 1ère po-sition lors d’une victoire de 3 à 0 contre Concordia dimanche der-nier au Loyola Campus. (A.L)

boxe Pascal-Hopkins

à Québec

Le Groupe Yvon Michel, qui gère la carrière du cham-

pion WBC des mi-lourds Jean Pascal (26-1-0, 16), a annoncé lundi que ce dernier affrontera le vétéran Bernard Hopkins (51-5-1, 32) au Colisée Pepsi le 18 décembre prochain. Le jeune trifluvien Mikael Zewski fera aussi partie de la sous-carte du gala. (A.L)

Challenge SSQ Assurances générales de volleyball

Festin de bison pour le R&OErik [email protected]

Cité universitaire — L’équipe masculine de volleyball du Rouge & Or a vaincu les Bisons, ses rivaux manitobains, en quatre manches samedi dernier au PEPS.

C’est à l’occasion du 19e Challenge SSQ Assu-rances générales que

les Lavallois ont démontré leur supériorité à leurs opposants ma-nitobains en remportant les deux rencontres de la fin de semaine.

Lors du match de samedi, ils se sont imposés dès les deux pre-mières manches. L’équipe locale s’apprêtait à clore l’évènement vite fait bien fait à l’issue de la troisième manche. La troisième manche ne s’est toutefois pas dé-roulée à l’image de la précédente. Le Rouge & Or, qui était en avance 24-21, a commis une suite d’er-reurs qui a fait tourner la vapeur et mis le vent dans les voiles ad-verses. Les Manitobains ont surpris les favoris en fin de manche en ef-fectuant une remontée, ce qui leur a permis d’ajuster le pointage à 26-24 et de se mettre une manche dans les poches.

Selon le vétéran Frédéric Des-biens, la raison probable du revi-rement serait due à un manque de communication combiné à un lais-ser-aller de la formation en fin de troisième manche.

Pour sa part, l’entraîneur-chef Pascal Clément, visiblement contrarié de la tournure de la manche, a déploré le jeu de son équipe dans cette troisième tranche de la rencontre. «Je n’ai rien à redire sur les deux premiers sets. L’arête qui ne passe pas dans le poisson c’est évidemment le troisième set, particulièrement la fin». «L’année passée, on a perdu une demi-finale nationale dans des situations simi-laires. Il faut apprendre des erreurs du passé», a-t-il ajouté.

Le R&O est parvenu à se ressaisir lors de la quatrième et dernière fraction du match. En l’emportant 25-20, les Lavallois si-

gnaient une fin de semaine parfaite, deux victoires en autant de ren-contres pour l’équipe masculine.

Les acteurs principaux de l’équipe locale ont été Frédéric Desbiens, avec 20 attaques mar-quantes, Frédéric Mondou et la re-

crue Micael Girard, avec 11 coups gagnants chacun. La formation de Clément amorcera sa saison le 29 octobre prochain à l’occasion du premier Interlock de l’année qui se déroulera au PEPS. Le R&O s’en prendra alors aux équipes des Ma-ritimes.

Photo Érik HouleFrédéric Desbiens a terminé le match avec 20 attaques marquantes.

Combat de Pier-Olivier Côté

Apou du bon «Côté» des gantsJulien [email protected]

Montréal — Pier-Olivier Côté (13-0-0, 8 K.-O.) a battu l’Argen-tin Walter Sergio Gomez (23-10-1, 11 K.-O.) par K.-O. ven-dredi dernier au Centre Bell. Le combat a été arrêté par l’arbitre à 1m56 du sixième round.

Le Québécois de 26 ans a remporté son 13e combat professionnel et le 8e par

K.-O. Celui que l’on surnomme «Apou» n’a pas connu de difficul-tés pour battre son adversaire de

six ans son aîné. «C’est vraiment la victoire dont je suis le plus fier. J’ai mis beaucoup de choses en exécu-tion. C’est mon plus beau K.-O, je l’ai frappé six fois de suite. Je ne voulais vraiment pas qu’il se re-lève», a indiqué Côté.

Ce combat était le premier de Côté dans la catégorie des poids légers (140 livres). «J’étais vrai-

ment content. Je n’ai pas eu de problème à faire le poids. Quand tu montes de calibre, il ne faut pas avoir les jambes molles, a expliqué «Apou». Aujourd’hui (vendredi), j’avais du jus et j’ai fait un très bon combat.»

François Duguay, l’entraî-neur de Côté avait pour objectif de rendre son boxeur plus cérébral. «Le deuxième round appartient souvent au coach. Apou m’a écou-té et ça s’est bien passé ensuite. Il est revenu au plan de match au 5e round. Il fallait faire manquer [les attaques de] Gomez plusieurs fois de suite. Et après, les frappes étaient plus faciles. Surtout l’up-percut du droit», a raconté Duguay.

«Il fallait que je sois patient et intelligent. Je savais que j’allais être dangereux à un moment don-né», a ajouté Pier-Olivier.

Protégé d’InterBox, Côté es-père être sur la carte de l’affronte-ment entre Jean Pascal et Bernard Hopkins Jr. au gala du groupe GYM le 18 décembre prochain au Colisée de Québec. «Je suis encore jeune. Il me faut des combats pour progresser et je souhaite atteindre le niveau international.»

Courtoisie Martin Charbonneau (FocusMag)Le boxeur natif de Charlesbourg a fait passer un mauvais quart d’heure à son rival argentin. Ce dernier n’a pu résister aux multiples attaques de Côté qui a remporté le combat par K.O.