Bilan 2014 de personnalités des médias et de la communication en ligne dans Satellinet

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L’ACTUALITÉ DE LA COMMUNICATION ET DES MÉDIAS EN LIGNE Satellinet LUNDI 5 JANVIER 2015 #226 NUMÉRO SPÉCIAL DE RENTRÉE Satellinet – Hôtel de Retz, 9 rue Charlot 75003 Paris – Tél. : 01 40 29 47 48 – Fax : 01 42 78 70 36 e-mail : [email protected] – www.satellinet.fr – 6e année de publication © 2015 Satellinet 01 Satellinet vous souhaite une bonne année 2015 ! Véronique Morali (Webedia / Fimalac) Stéphane De Miollis (Groupe Amaury) Manuel Alduy (Canal+) Mercedes Erra (BETC) Pierre Chappaz (Teads) Natalie Rastoin (Ogilvy France) Pierre-Jean Bozo (UDA) Bruno Patino (France Télévisions) Alexis Marcombe (FigaroMédias) Sophie Poncin (Orange Advertising) Isabelle Falque- Pierrotin (CNIL) Pour ce premier numéro de l’année, Satellinet a interrogé une quinzaine de personnalités des médias et de la communication en ligne pour faire le bilan de l’année 2014 et présenter leurs axes de développement en 2015. Dans un contexte économique difficile, les tensions sont de plus en plus fortes sur les modèles économiques basés sur la publicité : les annonceurs poursuivent leurs arbitrages au profit des espaces « premium » et leurs investissements sont de plus en plus dirigés vers la performance. Le native advertising semble avoir été un mirage, et si la publicité programmatique se développe, elle ne crée pas suffisamment de valeur pour répondre aux difficultés qui touchent régies et éditeurs médias. Tandis que les agences répondent à ces enjeux par plus de technologies, de data, voir des fusions, la stratégie des médias porte sur le développement des offres payantes (freemium, paywall), et des investissements dans les données... et de nouveaux mouvements de concentration apparaissent (Webedia continue ses acquisitions, L’Obs s’est rapproché du Monde, Express- Roularta est en vente). Symbole des difficultés économiques du secteur, dans le sillage de la plainte de l’OIP devant la Commission européenne et des batailles politiques amorcées en Allemagne, en Espagne et en Italie, de plus en plus d’acteurs critiquent désormais ouvertement l’omniprésence de Google dans l’économie numérique. La croissance des investissements en ligne reprendra-t-elle un rythme plus soutenu en 2015 ? Les investissements dans les données porteront-ils leurs fruits ? Autant d’enjeux passionnants à suivre cette année. La rédaction Christophe Camborde (Ezakus) Jean-Luc Chetrit (Udecam) Sommaire en p. 2 (avec nos Confidentiels p. 3)

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L’ACTUALITÉ DE LA COMMUNICATION ET DES MÉDIAS EN LIGNESatellinet

LUNDI 5 JANVIER 2015

#226

NUMÉRO SPÉCIAL DE RENTRÉE

Satellinet – Hôtel de Retz, 9 rue Charlot 75003 Paris – Tél. : 01 40 29 47 48 – Fax : 01 42 78 70 36e-mail : [email protected] – www.satellinet.fr – 6e année de publication © 2015 Satellinet 01

Satellinet vous souhaite une bonne année 2015 !

Véronique Morali(Webedia / Fimalac)

Stéphane De Miollis(Groupe Amaury)

Manuel Alduy(Canal+)

Mercedes Erra(BETC)

Pierre Chappaz(Teads)

Natalie Rastoin(Ogilvy France)

Pierre-Jean Bozo (UDA)

Bruno Patino(France Télévisions)

Alexis Marcombe(FigaroMédias)

Sophie Poncin(Orange Advertising)

Isabelle Falque-Pierrotin (CNIL)

Pour ce premier numéro de l’année, Satellinet a interrogé une quinzaine de personnalités des médias et de la communication en ligne pour faire le bilan de l’année 2014 et présenter leurs axes de développement en 2015.  Dans un contexte économique difficile, les tensions sont de plus en plus fortes sur les modèles économiques basés sur la publicité  : les annonceurs poursuivent  leurs arbitrages au profit des  espaces « premium » et leurs investissements sont de plus en plus dirigés vers la performance. Le native advertising semble avoir été un mirage, et

si la publicité programmatique se développe, elle ne crée pas suffisamment de valeur pour répondre aux difficultés qui touchent régies et éditeurs médias. Tandis que les agences répondent à ces enjeux par plus de technologies, de data, voir des fusions, la stratégie des médias porte sur le développement des offres payantes (freemium, paywall), et des investissements dans les données... et de nouveaux mouvements de concentration apparaissent (Webedia continue ses acquisitions, L’Obs s’est rapproché du Monde, Express-

Roularta est en vente). Symbole des difficultés économiques du secteur, dans le sillage de la plainte de l’OIP devant la Commission européenne et des batailles politiques amorcées en Allemagne, en Espagne et en Italie, de plus en plus d’acteurs critiquent désormais ouvertement l’omniprésence de Google dans l’économie numérique. La croissance des investissements en ligne reprendra-t-elle un rythme plus soutenu en 2015 ? Les investissements dans les données porteront-ils leurs fruits ? Autant d’enjeux passionnants à suivre cette année. La rédaction

Christophe Camborde(Ezakus)

Jean-Luc Chetrit(Udecam)

Sommaire en p. 2 (avec nos Confidentiels p. 3)

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Satellinet – L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

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#226 Lundi 5 janvier 2015

03___ NOS CONFIDENTIELS

Teads, BETC, Le Monde, Le Figaro, Condé Nast, Webedia, Brief.me, Leboncoin.fr, Udecam

MÉDIAS

04___ Bruno Patino (France Télévisions) : « Faire de Pluzz une plateforme vidéo plus globale »

06___ Véronique Morali (Fimalac / Webedia) : « Nous allons continuer à investir »

08___ Stéphane De Miollis (Groupe Amaury) : « Le mécanisme du paiement en ligne est essentiel »

10___ Manuel Alduy (Canal+) : « Nous allons lancer des offres thématiques payantes »

RÉGIES

12___ Sophie Poncin (Orange Advertising) : « Nous regardons ce que la régie peut faire en IPTV »

14___ Alexis Marcombe (FigaroMédias) : « L’avenir de la publicité en ligne va se jouer dans les grands groupes médias »

MARCHÉS

16___ Natalie Rastoin (Ogilvy France) : « Avec Ogilvy Amp, nous créons un pôle transversal de 20 personnes dédié aux données »

18___ Pierre Chappaz (Teads) : « Nous sommes sur le point de réaliser une nouvelle levée de fonds »

20___ Mercedes Erra (BETC) : « Le talent créatif est essentiel, le support vient ensuite »

22___ Christophe Camborde (Ezakus) : « Nous nous positionnons désormais comme une société de marketing et de technologies à la performance »

INSTITUTIONNEL

24___ Isabelle Falque-Pierrotin (CNIL) : « Il y a une mobilisation croissante des régulateurs européens pour la protection des données personnelles »

26___ Jean-Luc Chetrit (Udecam) : « Nous voulons inclure des critères de performance dans le mode de rémunération des agences médias »

28___ Pierre-Jean Bozo (UDA) : « L’UDA demande le maintien de la Loi Sapin et l’adaptation de la circulaire d’application de 1994 »

26___ AGENDA

27___ AUDIENCES INTERNET Le New York Times revient dans le Top 5 des sites d’actualité en ligne aux Etats-Unis

32___ BULLETIN D’ABONNEMENT

SOMMAIRE

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#226 Lundi 5 janvier 2015Satellinet - L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

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NOS CONFIDENTIELS

Selon nos informations, l’agence publicitaire BETC (725 personnes) réfléchit à une acquisition, avec au moins une cible en vue ces prochains mois. Une opération de croissance externe serait

une exception dans sa stratégie de développement organique (ouverture de filiales à Londres en 2011, puis à Sao Paolo en 2014, projets similaires aux Etats-Unis et à Shanghai). 

MARCHÉS - L’agence BETC vise une acquisition en 2015

Selon nos informations, Brief.me vient de recruter Grégory Raymond comme rédacteur en chef adjoint. Actuellement au Huffington Post, où il s’occupe des rubriques économie et nouvelles technologies, il prendra ses fonctions dans la deuxième quinzaine de janvier, en même temps que le lancement officiel du projet. Grégory Raymond épaulera

Laurent Mauriac, rédacteur en chef de Brief.me, dans le management de deux journalistes permanents et d’une dizaine de pigistes. En bêta test auprès de quelques centaines d’internautes depuis octobre, Brief.me a été fondé par Laurent Mauriac, Damien Cirotteau, Alexandre Brachet et Jean-Christophe Boulanger. Brief.me veut trier, synthétiser et expliquer l’actualité.

MOUVEMENTS - Brief.me recrute Grégory Raymond (Huffington Post) comme rédacteur en chef adjoint

Selon nos informations, le groupe Webedia cherche déjà à déménager, quinze mois seulement après s’être installé sur un vaste plateau de 2 500 m2, 3 avenue Hoche (Paris 8e). Accueillant près de 480 personnes (sur les 700 du groupe), ses bureaux sont déjà trop petits pour

absorber la croissance du groupe et pouvoir intégrer les équipes de jeuxvidéo.com (aujourd’hui à Aurillac) et de Millenium.org (à Marseille), récemment acquis. Webedia veut donc déménager dès le premier semestre et cherche une surface d’au moins 3 000 m2.

MÉDIAS - Webedia cherche de nouveaux locaux

Selon nos informations, Alexandre Ouicher, qui était directeur technique chargé des opérations spéciales au sein de FigaroMedias, rejoint le département digital de Condé Nast. Alexandre Ouicher avait intégré le Groupe Figaro en 2010 après avoir été, durant trois ans, directeur technique à l’agence Textuel Lamine (TBWA).

MOUVEMENTS - Condé Nast recrute un directeur technique en provenance du Figaro

Selon nos informations, l’Udecam devrait annoncer, ces prochaines semaines, un partenariat avec l’AFDAS, l’organisme de formation des activités du spectacle (qui est agréé par L’Etat) et l’Essec pour créer un parcours professionnalisant de 18 mois

destiné aux collaborateurs des agences médias. L’objectif est de les accompagner dans la transformation numérique du secteur. Ce programme concerne potentiellement plusieurs centaines de collaborateurs.

MARCHÉS - L’Udecam va créer une formation continue avec l’AFDAS et l’Essec

MÉDIAS - Gilles van Kote veut prolonger au Monde

Le nouveau président du Monde devait initialement être nommé fin 2014, mais l’intérim a été prolongé. Gilles van Kote, directeur du Monde par intérim depuis la démission de Natalie Nougayrède en mai, souhaite conserver son fauteuil. Mais il se déclarera seulement s’il sent les actionnaires  majoritaires motivés pour le confirmer. Son point fort : le choix du directeur du Monde revient à ses actionnaires, mais il doit être approuvé par au moins 60  % de la Société des rédacteurs du Monde (SRM). Gilles van Kote franchirait la barre sans difficulté : ancien président de  la SRM, il jouit d’une réelle popularité en interne où il a fait accepter le plan de redéploiement. Mais Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse veulent se donner du temps. Pour dénicher une personnalité plus médiatique ?

MARCHÉS - Teads clôture une nouvelle levée de fonds

Le groupe français Teads (ex-Ebuzzing) continue de voir grand. Selon nos informations, le groupe de vidéo publicitaire est sur le point de clôturer un nouveau tour de table. Celui-ci serait significatif, sans doute supérieur à 8 millions d’euros. Le groupe est en pleine croissance.  Depuis 2011, Ebuzzing et Teads, qui ont fusionné au printemps, ont levé un peu moins de 30 millions d’euros à eux deux. Selon nos informations,

Condé Nast International travaille sur le lancement d’une plateforme de e-commerce, avec l’ambition d’en faire un axe de développement fort pour l’ensemble du groupe. Cette marketplace, qui nécessite un investissement important, devrait être mise en place au second semestre. L’idée

est d’y apporter les contenus et l’audience de Condé Nast, tandis que des marques apporteraient leurs produits. Le projet est conduit depuis Londres par Franck Zayan, ancien directeur du e-commerce des Galeries Lafayette et actuel président e-commerce de Condé Nast International.

MÉDIAS - Condé Nast International veut lancer une marketplace

Selon nos informations, Anne Quemin vient d’intégrer Leboncoin.fr ce lundi 5 janvier pour en devenir directrice de la communication et des relations publiques. Depuis 2007, elle était cofondatrice-associée de l’agence de relations médias Double Une.

A ce titre, elle travaillait pour le site de petites annonces depuis plusieurs années. Avant de fonder son agence, Anne Quemin a travaillé durant cinq ans au sein du service de communication de TF1, puis douze ans à celui de Canal+.

MOUVEMENTS - Leboncoin.fr recrute sa directrice de la communication

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Bruno Patino (France Télévisions) :

« Faire de Pluzz une plateforme vidéo plus globale »

Bilan des activités numériques en 2014, départ de Laurent Frisch, développements prévus autour de Pluzz, lancement d’une chaîne d’information en ligne... Bruno Patino, directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions, livre son regard et évoque les projets de France Télévisions.

Quel regard portez-vous sur le départ de Laurent Frisch à la direction numérique de Radio France ?

Cela fait partie de la vie des entreprises. Laurent part pour un nouveau projet, mais il a fait un super boulot chez nous. Et puis il ne part pas très loin et on sera amené à se parler.

Dans son rapport dédié au groupe, publié en décembre, le CSA demande des synergies entre les activités numériques de France Télévisions et celles d’autres entreprises publiques, comme Radio France et l’INA… La nomination de Laurent Frisch peut-elle favoriser les passerelles entre France Télévisions et Radio France ?

Il y a déjà un travail en commun des directions numériques des deux groupes pour proposer des offres numériques complémentaires lors d’événements, où nous apportons chacun nos expertises. Et ça me paraît logique : Radio France est inégalable sur le son, et France Télévisions est inégalable sur la vidéo. De son côté, le CSA parle de « portail commun ». Mais je ne sais pas ce que c’est, un « portail », en 2015.

Pourquoi avoir choisi Yann Chapellon pour le remplacer ?

C’est très simple  : il fallait une solution rapide et directement opérationnelle. Yann travaille

dans l’univers numérique depuis une quinzaine d’années et il connaît bien France Télévisions (Yann Chapellon est également PDG de France Télévisions Distribution et directeur de la diversification et du développement des recettes depuis quatre ans. Il a par ailleurs collaboré précédemment avec Bruno Patino, au Monde Interactif et à Télérama, ndlr).

Yann Chapellon a un profil très « commercial ». Est-ce que sa nomination implique une évolution dans la stratégie numérique de France Télévisions ? Plus de monétisation ?

Pas du tout, je veux être clair : il n’y a aucun changement de stratégie. Celle-ci repose toujours sur trois orientations  : «  l’hyperdistribution  », avec nos contenus diffusés partout et tout le temps, avec une démarche de monétisation qui était déjà appliquée ; deuxièmement « des offres de destination  », avec la mise en place et le développement de verticales (éducation, jeunesse, sport, information, culture) et de leurs offres de rattrapage. Enfin « l’innovation », en  multipliant les expériences autour de nos programmes TV  : TV connectée, second écran, transmédia...

Quel bilan faites-vous du numérique à France Télévisions en 2014 ?

C’est un bilan très satisfaisant. Quatre éléments me tiennent à cœur  : d’abord le mobile. France Télévisions ne possédait pas une seule offre dédiée au mobile il y a quatre ans, avant le début du mandat de Rémy Pflimlin. Nous avons

... est directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions, groupe intégré en septembre 2010. 

Il a notamment été directeur délégué du quotidien InfoMatin (1994), PDG du Monde Interactif (1998)et directeur deFrance Culture (2008).

Bruno Patino

Et aussi...

Dans le bilan 2010-2014 de France Télévisions publié le 10 décembre dernier, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel souligne « le développement significatif des activités numériques du groupe. »

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MÉDIAS

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#226 Lundi 5 janvier 2015Satellinet – L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

également construit une offre d’information solide. Mon objectif était de figurer dans le Top 10 des audiences des marques d’information fin 2014, mais nous sommes en avance : France Télévisions News était le 5e site d’actualité en septembre dans le classement des audiences Médiamétrie//NetRatings (avec 6,4 millions de VU, ndlr). Nous n’étions pas dans les 20 premiers il y a quatre ans.

Troisième élément satisfaisant, le nombre de vidéos vues est passé de 10 millions de vidéos vues par mois sur nos supports en novembre 2010, à 142 millions en novembre 2014 sur tous les supports  : web, mobile, IPTV, TV connectée, Dailymotion, Yahoo!, YouTube, etc. Nous voulons encore développer les usages vidéo sur Pluzz. Enfin, la télévision connectée décolle aussi, avec près de 2,4 millions vidéos vues en novembre dernier sur les applications TV connectées et HbbTV, contre 800 000 il y a un an. C’est un vrai signe encourageant et je pense que la bascule des usages est en train de se faire.

Le quatrième satisfecit que je dresse à l’ensemble des équipes est plus global mais il est très important : l’univers numérique n’est plus cloisonné à France Télévisions et j’en suis très satisfait. Par exemple les conseillers des programmes TV travaillent désormais naturellement avec FTVEN, comme il y a un travail étroit entre FTVEN et les équipes régionales du groupe.

France Télévisions s’est rapidement positionné sur le second écran et la TV connectée, mais les audiences tardent à décoller. On a l’impression que les moyens mis en place sont bien plus importants que la réalité des usages...

C’est une erreur à mon avis. Il y a des signaux faibles qui indiquent que l’usage de la télévision connectée n’est plus anecdotique. Il ne faut pas se contenter de mesures quantitatives, ni attendre que les usages soient déjà en place pour se positionner et expérimenter, nous sommes à un moment charnière. C’est le sens de notre stratégie d’innovation ces dernières années à France Télévisions.

Par ailleurs, ce type d’usage se démocratise à partir de points d’inflexion, que nous traversons actuellement. Autrement dit, je pense que les usages se mettent en place et vont bientôt décoller. Ce n’est pas un enjeu de technologies  - cela passera par le HbbTV, les interfaces des constructeurs (Samsung, LG...) ou les box, peu

importe -, plutôt de comportement.

La vidéo en ligne devient également un enjeu essentiel. Allez-vous développer davantage votre service de rattrapage, Pluzz ?

Oui, en effet. La télévision devient de plus en plus délinéarisée, il faut être prêt au basculement des usages, proposer de nouveaux services et enrichir l’expérience. Pluzz sera donc modifié dans les semaines qui viennent pour passer d’une offre de programmes en direct et en rattrapage pendant sept jours, à une plateforme vidéo plus globale, avec toujours le direct et le rattrapage, mais avec plus d’éditorialisation notamment.

Des évolutions ont déjà eu lieu sur Pluzz il y a peu : nous venons de mettre en place un moteur de recherche sémantique qui permet, via des mots-clés, d’accéder à nos programmes ou à des extraits de programmes (la solution a été développée par la start-up française d’indexation sémantique Leankr, ndlr). Nous proposons également le rattrapage de certains programmes pendant 30 jours au lieu de 7. Et puis nous travaillons sur un nouvel algorithme de recommandation vidéo.

Le Figaro a révélé que vous alliez lancer une chaine d’information en ligne... Le projet a été présenté en CE jeudi 18 novembre. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Thierry Thuillier a effectivement annoncé ce projet comme faisant partie d’un projet plus vaste appelé chez nous Info 2015. Il s’agit pour nous de se caler sur les usages et de faire franchir une étape supplémentaire à Francetv.info en y adjoignant une chaîne en continue. Nous compléterons ainsi le dispositif numérique créé il y a trois ans autour d’un principe : l’hyperdistribution.

BRUNO

PATINO

L’ÉVÉNEMENT QUI VOUS A LE PLUS MARQUÉ DANS LES MÉDIAS ET LA PUBLICITÉ EN LIGNE

EN 2014 ?

L’arrivée en France de Netflix a été marquante, au moins de manière symbolique. C’est l’un des éléments qui montrent le mouvement en cours en délinérisation et d’éclatement de l’offre TV en ligne. C’est l’un des signaux faibles que j’évoquais précédemment, comme l’est d’ailleurs le lancement de la clé Chromecast de Google.

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Véronique Morali (Webedia) :

Comme en 2013, Webedia a été, l’an passé, le groupe média le plus actif en France, multipliant les acquisitions et les investissements. Le groupe rassemble désormais plus de 700 personnes dans le monde, dont 480 à Paris. Véronique Morali, sa présidente du directoire, dresse un premier bilan dix-huit mois après le rachat de Webedia par Fimalac, se prononce sur certains dossiers (CCM Benchmark, Dailymotion) et évoque les enjeux en 2015 : structuration du groupe, et, très certainement, de nouveaux investissements.

Il y a dix-huit mois, Webedia était racheté par le groupe Fimalac pour constituer le bras armé de sa stratégie numérique. Le Webedia actuel correspond-il à vos attentes initiales ?

Absolument, nous avons fait le bon choix. Le numérique évolue très vite et nous voulions un socle solide sur lequel nous appuyer pour développer des offres numériques. Et en cela, Webedia remplit très bien son rôle de pilier digital à partir duquel nous construisons des verticales. Le développement de nos offres numériques va même au-delà de nos attentes, et l’équipe fondatrice de Webedia (Cédric Siré, Guillaume Multrier, ndlr), comme les managers que nous recrutons, ont leur part dans cette réussite. Lors de chaque acquisition, nous souhaitons conserver l’encadrement des sociétés (parfois à d’autres postes au sein du groupe) pour garder une cohérence dans les projets et conserver un état d‘esprit entrepreneurial au sein de Webedia.

Que représente Webedia désormais ?

Nous allons réaliser 75 millions d’euros de chiffre d’affaires proforma en 2014, et environ 100 millions d’euros en 2015 grâce à notre croissance organique et à des acquisitions. Webedia rassemble désormais 700 personnes dans le monde, dont environ 480 à Paris. Ces chiffres

n’incluent pas les équipes de Jeuxvideo.com et de Millenum.org que nous venons d’acquérir. En termes d’audiences, en France, nous sommes dans le Top 5 ou Top 6 Médiamétrie//NetRatings - cela dépend des mois - avec 21 millions de VU mensuels, et 50 millions au niveau mondial selon ComScore. Et nous venons d’entrer dans le top 10 mobile avec 8,5 millions de VU mensuels (Mediametrie/Netratings). L’objectif est à la fois d’être très puissant et très ciblé grâce à nos verticales : jeux vidéo, cinéma, femmes, cuisine...

Avez-vous eu des déceptions ou des regrets depuis dix-huit mois ?

Non aucun. Nous ne raisonnons pas en termes d’objectifs absolus ou de cible. Nous avons au contraire une attitude très opportuniste. On regarde l’évolution du marché, les besoins que l’on peut avoir et les offres qui nous sont faites, mais il n’y a pas de regret particulier, d’autant que le groupe ne se positionnera pas sur n’importe quel secteur et à n’importe quel prix. Nous sommes régulièrement contactés par des banques d’affaires, on reçoit beaucoup de CV de personnes qui veulent nous rejoindre ce qui montre notre attractivité croissante.

Avec plus de 700 personnes, le groupe atteint une taille importante et vous avez encore des ambitions à l’international. Quelle organisation voulez-vous mettre en place ?

...est présidente du directoire de Webedia depuis son rachat par Fimalac en 2013. 

Elle avait auparavant fondé Terrafemina en 2008. Diplômée de l’IEP de Paris, l’École supérieure de commerce, et de l’ENA (1986), elle a été Inspecteur des Finances, puis a intégré Fimalac en 1990. Elle est également administrateur de Fimalac, la Compagnie Financière Edmond de Rothschild, Coca-Cola Entreprise et Publicis.

Véronique Morali

Et aussi...

Webedia est sur le point de recruter son responsable de la publicité programmatique.

« Nous allons continuer à investir »

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MÉDIAS

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Nous avons en effet le besoin de structurer le groupe pour accompagner notre développement à l’international, avec des recrutements de profils de haut niveau. Nous sommes en train de travailler sur ce sujet. Nous souhaitons par exemple nous étendre en Amérique Latine et au Moyen-Orient - notamment en Arabie Saoudite et en Iran - mais avec prudence et sur cela sur nos thématiques cinéma et jeux vidéo, glamour, etc. Nous nous appuierons sur des équipes expérimentées locales mais formées aux techniques et à l’ADN « Webedia ».

Fimalac a investi 240 millions d’euros dans les médias numériques avec les rachats de Webedia, Allociné, Jeuxvideo.com, 750g, L’Exponaute... Quelles sont vos ambitions en 2015 ? Pourriez-vous réaliser le même niveau d’investissement ?

Pourquoi pas, oui, en cas de belles opportunités et sur des projets qui ont un sens pour Webedia, c’est-à-dire autour du divertissement et du numérique. Mais encore une fois, pas dans n’importe quelle condition.

Rachats de Jeuxvideo.com et Gameo Consulting (Millenium.org), accord de licence avec ING... Pourquoi investir autant dans l’univers des jeux vidéo ?

Le secteur des jeux vidéo est l’un de ceux qui croissent le plus en ligne actuellement, et c’est une filière d’excellence en France avec de belles sociétés éditrices comme Gamesoft et Ubisoft. Les accords que nous avons conclus sont très emblématiques de la stratégie globale de Webedia  : développer des verticales et couvrir l’ensemble des segments de chacune de ces verticales en tissant un maillage très fin.

Par exemple dans les jeux vidéo, nous couvrons désormais trois types de joueurs différents  : IGN attire une catégorie de joueurs grand public, jeuxvidéo.com attire les joueurs réguliers et occasionnels, tandis que Millenium nous permet de toucher le public adepte du e-sport et des compétitions de jeux vidéo en ligne. Nous offrons ainsi différentes cibles à des annonceurs affinitaires. Contrairement à ce qu’on pense, les jeux vidéo n’attirent pas uniquement les jeunes.

Vous a-t-on proposé de regarder

les dossiers Dailymotion et CCM Benchmarck Group, qui cherchent de nouveaux partenaires ?

Oui.  Dailymotion est une belle société mais le dossier n’est pas vraiment sur la table. CCM Benchmark est un joli groupe également, mais avec peu de complémentarités possibles avec Webedia, qui est axé davantage sur le divertissement.

Webedia a construit son modèle sur des contenus numériques gratuits financés par la publicité. Est-ce une stratégie qui peut évoluer, à la manière d’autres médias qui développent des offres payantes ?

La publicité et le brand publishing constituent presque l’intégralité de nos revenus actuellement et nous travaillons de façon fine tous les aspects de référencement sur Google notamment. Mais le marché évolue vite et nous ne sommes pas à l’abri d’un changement de stratégie et de la concurrence de ce type d’acteur. Il faut donc pouvoir être réactif et s’adapter si besoin. C’est aussi pour cette raison que nous expérimentons des offres payantes à travers l’Académie du Goût, une joint-venture avec le chef Alain Ducasse, qui propose notamment des mooc sur la gastronomie.

Le groupe semble encore peu à l’aise avec la publicité programmatique....

Nous sommes à l’écoute des besoins des annonceurs et de leurs agences, qui utilisent effectivement de plus en plus les solutions programmatiques. Ces outils vont monter en puissance au cours du premier semestre au sein du groupe.

VÉRONIQUE

MORALI

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L’ÉVÉNEMENT QUI VOUS A LE PLUS MARQUÉ DANS LES MÉDIAS ET LA PUBLICITÉ EN LIGNE

EN 2014 ?

Je suis impressionnée par la rapidité et la puissance des groupes internet chinois à s’ouvrir au marché  ; la cotation record d’Alibaba à Wall Street en est probablement l’exemple parfait. Autre fait marquant, les annonces de Google dans la recherche et la génomique montrent que l’internet mène vraiment à tout.

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#226 Lundi 5 janvier 2015Satellinet – L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

Stéphane de Miollis (Groupe Amaury) :

« Le mécanisme du paiement en ligne est essentiel  »

Pour Satellinet, Stéphane de Miollis, directeur de la stratégie et du développement du Groupe Amaury, présente les enjeux numériques auxquels sont confrontés Le Parisien et L’Equipe, et les solutions entrevues pour y répondre. Il revient notamment sur la politique d’investissement du groupe pour se rapprocher des start-up, sa stratégie e-CRM, et sur la mise en place d’offres payantes et les outils techniques qu’elles nécessitent.

En quoi consiste votre rôle au sein du groupe Amaury ?

Par nature, les médias ont une culture du lendemain et du court terme. Ils sont confrontés à une mutation sans précédent. Mon rôle consiste donc à apporter des pistes de réponses, à imaginer et développer des leviers de nouveaux revenus et à aider le groupe à développer une offre de services. Je reporte à Philippe Carli, directeur général du groupe, et ma feuille de route comprend deux grands axes : donner des clés pour que les activités du groupe Amaury soient en position de se développer en interne (Le Parisien et L’Equipe, ASO  à l’international en permettant leur développement et leur transformation en même temps), et, en externe, faire en sorte que le groupe saisisse des opportunités de croissance ou d’innovation.

Au quotidien, cela implique de beaucoup travailler avec les équipes, d’expliquer les transformations en cours, notamment dans le domaine du numérique. Il faut passer du temps avec les équipes pour comprendre leurs besoins, expliquer, donner du sens à ce que les médias traversent.

Quelle est votre stratégie en matière e-CRM ? Est-ce un enjeu de technologies ou de stratégie ?

Nous avons débuté un programme il y a trois ans  en nous demandant « qui touche-t-on actuellement en ligne avec nos marques  ?  », «  qui veut-on toucher  ?  », «  comment y parvenir  ?  ». Nous avons déjà 6,7 millions de contacts dédupliqués en base au niveau groupe. Nous connaissons les centres d’intérêt de la moitié d’entre eux. Mais il

faut passer d’une notion de volume de données à celle de la qualité de nos données. Le e-CRM est un enjeu plutôt analytique  : on a des données et on progresse sur leur qualité. La problématique est de les rendre utilisables. Pour cela, on devrait recruter prochainement des analystes de données, au niveau groupe ou au niveau éditeurs. Ce n’est pas un profil facile à trouver : il faut à la fois une culture scientifique et une connaissance de nos métiers, pas un data scientist, car nous n’avons pas encore atteint ce niveau de maturité. Nous irons plutôt vers les jeunes profils qui ont une forte capacité d’adaptation. Mais le e-CRM n’est pas la brique la plus difficile à mettre en place par les médias car nous faisons déjà du marketing direct.

Les modèles publicitaires en ligne atteignent leurs limites. Comment mieux monétiser vos contenus ?

Nous pouvons le faire de trois façons, et d’abord par des offres payantes. Le produit de presse a toujours été multi-entrées  : vente, publicité et petites annonces. Il faut garder cette multiplicité des revenus et ne pas délaisser le payant digital, comme les médias ont eu tendance à le faire. Notre capacité à monétiser nos contenus de façon payante est essentielle.

Nous faisons toutes les expérimentations possibles : vente à l’article, abonnement, espace premium, paywall au compteur... Mais il y a, à chaque fois, un vrai impact sur l’architecture informatique, et particulièrement pour le paywall au compteur. L’espace premium - que nous avons mis en place sur L’Equipe - présente l’intérêt d’être plus clair et plus lisible pour nos clients.

...est, depuis 2012, directeur de la stratégie et du développement du Groupe Amaury.

Responsable du marketing à Renault Sport Technologies en 2001, puis responsable communication et marketing opérationnel à Renault en 2004, et enfin secrétaire général de l’écurie de Formule 1 Renault F1 Team, en 2008. En 2011, il entre au Groupe Amaury, chez Amaury Sport Organisation (ASO), en tant que directeur commercial et marketing adjoint.

Stéphane de Miollis

Et aussi...

Le Groupe Amaury devrait recruter prochainement des analystes de données, au niveau groupe ou intégrés chez les éditeurs.

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MÉDIAS

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#226 Lundi 5 janvier 2015Satellinet – L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

Et les deux autres pistes pour monétiser vos contenus autrement que par la publicité ?

Il y a d’abord le e-commerce au sens large. Les acteurs du e-commerce ont besoin de la puissance des médias. Nous mettons donc en place des partenariats avec des e-commerçants expérimentés pour LEquipe.fr et LeParisien.fr. Et puis nous voulons ajouter une brique servicielle à nos contenus. Nous testons actuellement un service de coaching sur Lequipe.fr, mais pourquoi ne pas imaginer une marketplace ? Tout reste ouvert.

Développer les revenus payants en ligne passe notamment par s’équiper en nouveaux outils transactionnels...

Les médias débutent sur le volet transactionnel, et des acteurs en profitent pour s’intercaler dans le processus de vente et prendre une partie de la valeur, comme Apple et Google. Le mécanisme du paiement en ligne est pourtant essentiel  : il faut réduire et simplifier le parcours d’un internaute qui achète des contenus, en mettant en place « l’achat en un clic », comme le fait si bien Amazon.

Nous sommes partis sur un postulat : « il y a tellement de solutions de paiement en France, comme SEPA, PayPal, Paylib, Buyster, SMS+, Internet+, Google Wallet… qu’on va trouver facilement ce dont nous avons besoin ». Ce qui s’est avéré faux. Car faire une transaction en e-commerce c’est simple, mais faire une transaction de e-commerce avec abonnement sur des sites médias, c’est très compliqué à gérer.

Nous avons donc choisi la solution anglaise de MPP Global Solutions, adaptée aux problématiques propres à la France (certification OJD, différences de TVA...). L’outil est déployé sur LEquipe.fr depuis deux mois. Plus de la moitié des internautes à qui nous l’avons proposé ont accepté le procédé du «  One click  », contre 30  % pour le marché en général. La solution sera mise en place sur Le Parisien lors du premier semestre 2015.

Le groupe a également décidé de s’ouvrir davantage à l’innovation numérique, avec un programme d’accélération, du média for equity...

Effectivement, nous avons la volonté de mieux

comprendre ce qui se passe en dehors de notre périmètre naturel et qui peut nous apporter des éléments que nous n’avons pas. Cela passe d’abord par des partenariats avec des fonds d’investissement, pour comprendre les mécaniques d’investissement dans les start-up en early stage, comprendre comment ces fonds travaillent et analysent les dossiers. Depuis 2013, nous avons ainsi participé à des tours de financement deArdian, Hi Inov et ISAI.

Autre façon d’apprendre en dehors du groupe  : le media for equity. Il y a un an, nous avons ainsi investi 3,5 millions d’euros dans le comparateur de cybermarchés Shoptimise, en plan média et en numéraire. Il faut qu’il y ait convergence d’intérêt entre l’actionnaire, le groupe, les éditeurs, la régie et la start-up. Nous examinons 80 à 100 dossiers par an et en retenons 4 %. Mais il faut ensuite que la start-up accepte ce qu’on lui propose. Nous avons tiré deux premiers enseignements de nos relations avec les start-up  : la qualité et la complémentarité des équipes sont primordiales, et la nécessité de les accompagner à développer des actions de communication ciblées. On peut leur apporter beaucoup à ce sujet, mais aussi en les faisant travailler sur des projets concrets.

Le lancement du programme d’incubateur Amaury Lab va-t-il en ce sens ?

Oui, c’est un projet monté avec l’espace dédié à l’innovation Paris Région Lab. On aurait pu opter pour une stratégie de volume, en sélectionnant beaucoup de start-up, et en espérant qu’une fraction réussissent, mais nous avons plutôt choisi la qualité : courant janvier, nous retiendrons jusqu’à cinq start-up, suivies de près par nos équipes, au terme de l’appel à projets que nous venons de lancer.

STÉPHANE

DE MIOLLIS

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L’ÉVÉNEMENT QUI VOUS A LE PLUS MARQUÉ DANS LES MÉDIAS ET LA PUBLICITÉ EN LIGNE

EN 2014 ?

J’ai été frappé par le lancement de Contributor, par Google, qui propose aux internautes de faire des dons à des sites partenaires pour ne pas y voir apparaître de publicité. Le fait que même Google se pose des questions et étudie des modèles alternatifs à la publicité pour financer des contenus est très symbolique.

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#226 Lundi 5 janvier 2015Satellinet – L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

Manuel Alduy (Canal+) :

« Nous allons lancer des offres thématiques payantes »

Jusque-là « Monsieur Cinéma » du groupe Canal+, Manuel Alduy a été nommé directeur de Canal OTT il y a un peu moins d’un an. Parmi ses missions : le développement d’offres numériques gratuites et payantes via l’internet ouvert, notamment l’offre MCN du groupe. Pour Satellinet, il dresse un premier bilan de ses nouvelles activités, pose son regard sur le secteur et égratigne Netflix au passage. Il fixe également les grandes lignes de son projet en 2015, marqué par le lancement d’offres numériques payantes.

Il y a un peu moins d’un an, vous étiez nommé directeur d’une nouvelle division, Canal OTT. Quel était l’esprit de cette réorganisation ?

Canal OTT rassemble une soixantaine de personnes et est en charge des offres internet mobiles et individuelles, en France et à l’étranger, pour le Groupe Canal+. L’intérêt est de donner une taille critique à nos activités numériques gratuites, de déployer des offres payantes via l’internet ouvert (Over-The-Top, sans passer par les box, ndlr), et de développer le réseau multichaînes (MCN) du groupe sur le web.

La division regroupe l’activité gratuite du pôle web de Canal+ (canalplus.fr, les chaînes Youtube), l’activité payante de vidéo en VOD et SVOD avec CanalPlay et les offres non linéaires de Canal+ Canada. Je reporte à Alice Holzman, directrice générale adjointe en charge de la distribution France, et à Maxime Saada, directeur général adjoint du groupe, en charge de l’édition des chaînes payantes.

Sur la partie gratuite, pourquoi le choix de Jacques-Edouard Sabatier pour remplacer Fabienne Fourquet comme directeur des nouveaux contenus ?

Fabienne, qui en était directrice depuis 2011, a quitté ses fonctions en octobre pour créer son propre MCN. Pour lui succéder, Jacques-Edouard Sabatier nous rejoint avec une expérience digitale décisive et une bonne connaissance du groupe, puisqu’il était jusque-là directeur du domaine média au sein de la direction de l’Expérience digitale.

Sa mission vise la promotion des offres et programmes de Canal+ sur le digital gratuit, ainsi que la détection et le développement de nouveaux talents.

... est directeur de Canal OTT depuis février 2014.

Il a fait l’essentiel de sa carrière au sein des activités cinéma du groupe Canal+, qu’il a intégré en 1994. Il a notamment étédirecteur des acquisitions du cinéma français de Canal+ en 2005, puis directeur du cinéma du Groupe en 2008.

Manuel Alduy

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MÉDIAS

Et aussi...

CanalPlay revendiquait 500 000 abonnés en septembre 2014.

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11Satellinet – Hôtel de Retz, 9 rue Charlot 75 003 Paris – Tél. : 01 40 29 47 48 – Fax : 01 42 78 70 36e-mail : [email protected] – www.satellinet.fr – 6e année de publication © 2015 Satellinet

#226 Lundi 5 janvier 2015Satellinet – L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

Quelle est votre stratégie avec Canal OTT ?

Nous voulons répondre à l’augmentation de la consommation numérique OTT, qui est souvent gratuite (via YouTube), individuelle (alors que nos programmes sont souvent collectifs) et jeune (mois de 30 ans). Avec CanalOTT, nous sommes mieux armés pour répondre à ces problématiques, mais 2014 était une année d’installation pour ces nouvelles activités.

La première étape de notre stratégie consiste à renforcer la production des contenus numériques proposés. Depuis octobre, nous avons par exemple créé, au sein de notre plateforme de SVOD CanalPlay, un espace, « Corner Digital Series », dédié aux web-séries Nous avons déjà acheté des nouveaux formats de web-séries, diffusées essentiellement en 2015. Ce sont des formats courts, adaptés à la mobilité.

La stratégie est la même concernant l’activité gratuite. L’an passé, nous avons étendu et augmenté le nombre de chaînes YouTube, de 15 à 30, avec une prise de participation majoritaire dans Studio Bagel en mars, puis la création d’une « Talent Factory » pour détecter des talents sur le web.

Une activité audiovisuelle sur YouTube peut-elle être rentable ?

Nous utilisons YouTube comme vitrine : pour mettre en avant nos contenus, diffuser la marque Canal+ et trouver des nouveaux talents. YouTube permet également de développer de nouveaux formats et de nouveaux programmes sans les contraintes de l’espace TV, et de ses durées, ses grilles...

Entre Canalplus.fr, nos chaînes YouTube et les productions originales, nous avons totalisé près de 100-120 millions de vues par mois. L’essentiel des vidéos vues a lieu sur YouTube, mais c’est difficile de les monétiser correctement. Ce sera la deuxième étape de nos projets. Ils seront mis en place cette année.

En quoi consistent ces nouveaux projets ?

Nous devons mieux mettre en scène et mieux commercialiser nos offres, par exemple avec la constitution de thématiques destinées à une consommation individuelle. Nous allons donc lancer des offres thématiques payantes lors du premier semestre. Beaucoup d’acteurs, aux Etats-Unis notamment, lancent ce type d’offres. Mais ce n’est pas simple, car aujourd’hui, les audiences en OTT se construisent autour d’offres gratuites.

Il a fallu l’arrivée de Netflix pour démocratiser la SVOD auprès du grand public. N’êtes-vous pas un peu jaloux ?

2014 a été une année de développement de CanalPlay avant même l’arrivée de Netflix. Nous avons franchi le cap des 500 000 abonnés, avec un panier moyen autour de 9 euros par mois et une très forte croissance du volume de visionnages. Nous proposons désormais un usage mobile et tablette, mais la consommation de SVOD est encore un usage qui passe très majoritairement par les FAI. Nous sommes présents chez tous, sauf sur Numericable.

Considérer que Netflix allait tout révolutionner dans la SVOD était un fantasme. C’est un business compliqué, avec une difficulté de fidéliser les internautes et de gros besoins en technologies et en marketing. Et puis le marché français de la vidéo en ligne est spécifique avec une très forte offre de télévision à la demande. Selon le CNC, il y a 76 000 heures proposées par les services français tous services confondus. Netflix en a souffert.

L’ÉVÉNEMENT QUI VOUS A LE PLUS MARQUÉ DANS LES MÉDIAS ET LA PUBLICITÉ EN LIGNE

EN 2014 ?

Le fait que Facebook ait annoncé en septembre que ses vidéos étaient vues plus d’un milliard de fois par jour : Facebook est en passe de rattraper YouTube.

MANUEL

ALDUY

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12Satellinet – Hôtel de Retz, 9 rue Charlot 75 003 Paris – Tél. : 01 40 29 47 48 – Fax : 01 42 78 70 36e-mail : [email protected] – www.satellinet.fr – 6e année de publication © 2015 Satellinet 1213121212

#226 Lundi 5 janvier 2015Satellinet – L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

Sophie Poncin (Orange Advertising) :

« Nous regardons ce que la régie peut faire en IPTV »

Orange Advertising (70 personnes) rassemble près de 23,1 millions de VU mensuels. Sophie Poncin, sa directrice, présente comment la régie s’adapte aux bouleversements du marché publicitaire causés par le numérique, quels sont les nouveaux besoins des annonceurs, et ses projets en 2015.

Que représente Orange Advertising ?

En se basant sur les chiffres du SRI, nous sommes la première régie en termes d’investissements publicitaires display sur internet fixe. Nous tirons nos revenus principalement du site Orange, qui est le premier site français avec 23,5 millions de VU mensuels sur fixe et mobile, et de notre partenaire Viamichelin (6.8 millions de VU).  La régie rassemble environ 70 personnes.

Quel est votre regard sur l’évolution du marché de la publicité en ligne ? Le RTB permet-il de compenser la baisse des CPM ?

La croissance des investissements en ligne reste positive, sans doute autour de 3 à 4  % sur l’ensemble de l’année 2014, alors que ceux en offline diminuent. Il y a certes des distinctions importantes  : le marché reste tiré par le programmatique, le mobile et la vidéo, tandis que le marché display classique reste structurellement déflationniste, avec un déséquilibre entre offre et demande. Mais le RTB permet de reprendre la valeur, notamment parce que le marché évolue vers une « premiumisation » des inventaires.

C’est une première tendance forte  : il y a un an, le marché était encore beaucoup orienté volumes, avec des prix tirés vers le bas. Aujourd’hui, le contenu et la data deviennent des leviers importants dans les campagnes, auxquels s’ajoute la montée en puissance des objectifs de performance pour les annonceurs, qui mettent en avant des critères de brand safety, de visibilité garantie, de couverture sur cible... Cela implique de nouveaux enjeux pour les régies, notamment

s’équiper en outils de mesure très précis, mais ce sont des aspects positifs, qui vont en faveur des régies qui font bien leur métier. Afin de répondre demain aux demandes des annonceurs, nous travaillons actuellement sur d’autres évolutions des usages multi-écran comme, par exemple, un identifiant unique du portail Orange.

Orange Advertising a été l’un premiers acteurs à proposer une place de marché privée.Comment la régie s’adapte à ce nouveau mode de commercialisation ?

Le RTB fait beaucoup évoluer les régies et on apprend sans cesse. Le marché évolue lui aussi. Il y a un an, on pouvait imaginer que les ressources nécessaires à la gestion de ce nouveau canal de vente seraient essentiellement analytiques. Aujourd’hui, ce constat ne correspond plus au marché où l’on voit le développement des deals programmatiques privés qui nécessitent des commerciaux pour accompagner les trading desk dans leur stratégie et la mise en place des campagnes. En 2013, le RTB représentait 15  % des inventaires commercialisés, et autour de 20 % en 2014. La régie se situe au même niveau que le marché.Les deals privés représentent une part de plus en plus importante des transactions programmatiques au sein de la régie. Le pôle programmatique est donc maintenant rattaché aux équipes commerciales sous ma direction, alors qu’il était très autonome jusque-là.

L’organisation autour du mobile a-t-elle également évolué ?

... est directrice déléguée de la régie Orange Advertising France depuis 2008.

Elle a également été head of agenciesde Google (2006) etdirectrice commerciale de France Télévisions Publicité (1998).

Sophie Poncin

Et aussi...

Orange Advertising France commercialise les inventaires web de orange.fr (sur mobile aussi), voilà, 118712, des applications Orange TV, cineday, etc.

Pour les sites externes : viamichelin.fr, Sports.fr,Viewster, autodéclic.fr sur web et mobile ; les appli mobiles de Tour de France, Ligue 1, France Télévsions...

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RÉGIES

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13Satellinet – Hôtel de Retz, 9 rue Charlot 75 003 Paris – Tél. : 01 40 29 47 48 – Fax : 01 42 78 70 36e-mail : [email protected] – www.satellinet.fr – 6e année de publication © 2015 Satellinet

#226 Lundi 5 janvier 2015Satellinet – L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

Oui, son appréhension a changé. On estimait il y a un an que tous les commerciaux devaient vendre des inventaires mobiles. Nous avions alors redéployé et disséminé les compétences en interne. En fait, chez nos clients agences et annonceurs, ils ne sont souvent pas aussi mûrs et ont souvent encore des spécialistes, voire des cellules pour le mobile. Nous avons donc dû recréer une équipe mobile pour retrouver une symétrie de compétences avec les agences : il faut que des spécialistes parlent à des spécialistes.

Les exigences de plus en plus pointues des agences en matière de RTB (concernant la visibilité, l’environnement de la publicité...) n’est-elle pas une difficulté supplémentaire pour les régies ?

Non, au contraire, les besoins de « brand safety » et de visibilité garantie des annonceurs vont permettre de faire le tri entre le bon grain et l’ivraie, et c’est tant mieux. Il existe maintenant des outils efficaces et il est logique que les annonceurs veuillent savoir où sont diffusées leurs campagnes, de quelle façon, etc. Je ne sais pas si toutes les régies seront prêtes mais c’est une évolution importante pour les régies premium dont nous faisons partie.

Une autre tendance concerne l’importance de collecter et qualifier les données. Qu’est-ce que ça change pour votre régie ?

La data first party devient essentielle. Nous utilisons pour cela la DMP mise en place avec Ezakus, mais la société se repositionne et nous allons changer de partenaire Les besoins des régies évoluent sans cesse et cela implique d’être réactif dans les outils utilisés. On voit d’ailleurs des annonceurs se doter de leur propre DMP, comme Procter & Gamble, Air France... nous devenons prestataire de services et conseils à valeur ajoutée. Cela modifie les relations entre régie, éditeur et annonceur. Cette relation entre des régies comme nous qui possédons de la first party data et les annonceurs s’enrichit.

En quoi ces relations changent-elles votre métier de régie ?

Il y a deux ans, le marché offrait une configuration assez simple des régies publicitaires  : les régies issues des portails, comme nous, les adnetworks, les régies pure player, celles des géants du net,

les régies éditeurs... Aujourd’hui, l’écosystème a changé, et tout le monde est à la fois partenaire et concurrent  : les trading desk, les retargeters, les sociétés technologiques, les GAFA...Mais il faut faire attention à ne pas multiplier les acteurs, sous peine d’un manque de transparence et de visibilité.

Google est-il un ennemi ou un ami ?

Ce n’est pas un ami. Avec 90  % du marché du search et 50  % du display grâce à YouTube, c’est un concurrent très important. Un ennemi peut-être pas, mais son mode de vente est destructeur de valeur  : le format trueview sur YouTube, pour lequel l’annonceur paie uniquement si la vidéo est vue totalement, ne correspond pas au marché réel.

Quels seront vos axes de développement en 2015 ?

L’intégration plus poussée de la data est notre axe de développement principal, On s’appuie depuis longtemps sur le ciblage sociodémographique, mais il faut aller plus loin en capitalisant davantage sur les actifs du groupe. Autre axe de développement pour nous  : être plus fin dans l’optimisation des offres commerciales et l’analyse du retour sur investissement. En ce début d’année, nous allons d’ailleurs créer un poste de yield manager : son rôle sera principalement d’analyser et d’optimiser la performance en temps réel de l’ensemble des lignes de business de la régie. Nous voulons également être dans une démarche de conquête sur le mobile, qui représente 15  % de nos revenus actuellement. Le segment est en progression d’environ 60 % en 2014 sur le marché, mais nous voulons faire mieux, avec un meilleur ciblage et la prise en régie d’éditeurs, comme récemment France Télévisions. Enfin, à plus long terme, nous regardons ce qu’on peut faire en IPTV. Le groupe Orange a une box et une offre TV avec OrangeTV : on regardera si l’IPTV est un support est intéressant.

SOPHIE

PONCIN

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L’ÉVÉNEMENT QUI VOUS A LE PLUS MARQUÉ DANS LES MÉDIAS ET LA PUBLICITÉ EN LIGNE

EN 2014 ?

Le fait qu’on ait atteint une moyenne de 40  % de l’audience internet réalisée sur mobile. Et la bascule va s’accélérer. Un événement d’autant plus marquant que la monétisation du mobile est en retard en France. En comparaison, 66 % des revenus de Facebook sont réalisés sur mobile. Tout reste donc à faire ou presque.

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#226 Lundi 5 janvier 2015Satellinet – L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

Alexis Marcombe (FigaroMédias) :

« L’avenir de la publicité en ligne va se jouer dans les grands groupes médias »

Alexis Marcombe est devenu directeur du numérique au sein de FigaroMédias en septembre, après avoir lancé et dirigé la place de marché privée Audience Square en 2012. Dans un entretien à Satellinet, il explique les raisons qui ont guidé son départ et livre ses convictions sur l’évolution de la publicité en ligne. Il présente également les grands axes de ses projets au sein de la régie du Figaro. 

Pourquoi avoir accepté de rejoindre Le Figaro ?

J’ai participé à un beau projet à Audience Square mais j’ai maintenant l’intime conviction que l’avenir de la publicité en ligne va se jouer dans les grands groupes médias. Jusqu’à présent, internet a été utilisé comme un levier de marketing direct mais grâce aux nouveaux outils, on pourra aussi l’utiliser comme un média.

Par ailleurs, le programmatique va apporter la transparence qu’on doit aux annonceurs - ce n’est pas encore toujours le cas mais on s’y dirige - et le marché va se concentrer sur les marques médias, qui apportent de la valeur. Pour plusieurs raisons : il y a un gros besoin d’inventaires vidéo, les usages se déplacent vers le mobile.... Seuls les grands médias répondront à ces besoins, et sur ces aspects-là, Le Figaro est bien placé.

Et puis la demande de transparence réclamée par les annonceurs va également jouer en faveur des grands médias. Sur le marché publicitaire, il y a, disons, 120 milliards d’impressions disponibles, dont 60 milliards sont générées sur des environnements de qualité : Leboncoin, Cdiscount, les grands médias, etc. 40  % sont réellement visibles, soit un vrai inventaire qualitatif de 20 à 30 milliards d’impressions. Quand le marché sera plus transparent, les annonceurs s’en apercevront et les médias comme Le Figaro tireront leur épingle du jeu.

Quelle est votre feuille de route ?

Je dois optimiser les activités liées au numérique : process, organisation, offres commerciales... Mon arrivée correspond à une volonté de digitaliser la régie et je dois accompagner ce changement. Le numérique concerne environ 35 personnes au sein de la régie, sur près de 110 personnes pour l’ensemble des titres médias et 170 personnes en comptant les filiales.

Je reporte à Aurore Domont, présidente de la régie. Nous avons la chance d’être dans un groupe qui gagne de l’argent (40  % du résultat d’exploitation provient du numérique, ndlr) et ces fonds sont entièrement réinvestis dans le numérique.

Quelles sont les tendances sur le marché publicitaire ?

Depuis six mois, les annonceurs ont des approches plus intelligentes  : il y a moins l’obsession du clic et ils s’interrogent davantage sur pourquoi et comment utiliser le digital. Les compétences se diffusent et une logique de partenaires se met en place : les agences médias comprennent qu’elles ont besoin des régies.

... est directeur du numérique à FigaroMédias depuis septembre 2014.

Il a également étéprésident et mandataire social de la SAS Audience Square (2012-2014), managing director à Hi-média (2009-2012) et directeur commercial de Hi-média (2006-2009).

Alexis Marcombe

Et aussi...

A la tête d’Audience Square, Alexis Marcombe a été remplacé en septembre par Erwan Le Page, nommé directeur général. Celui-ci a notamment travaillé chez Havas Media avant de cofonder Matiro, société de trading en RTB.

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RÉGIES

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#226 Lundi 5 janvier 2015Satellinet – L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

Car de manière générale, les annonceurs montent en compétences et interviennent en direct ou passent directement par des agences de création, en évitant les agences médias.

Pensez-vous que les places de marché privées des éditeurs, comme Audience Square et La Place Média, ont encore un sens ? Après avoir appris, les éditeurs ne vont-ils pas être tentés d’intégrer totalement le programmatique ?

Que les places de marché premium disparaissent, je ne le pense pas à court terme.  C’est une très bonne initiative française, qui a fait école ailleurs dans le monde. Les deux acteurs font un très bon travail. Mais par ailleurs il est vrai que l’avènement du programmatique oblige tous les éditeurs à repenser leurs modèles publicitaires et à acquérir des compétences en interne.

Quels ont été les résultats de la régie sur le numérique en 2014 ?

Ce ne sont pas des chiffres que l’on évoque à travers des montants trop précis, mais les résultats de nos activités numériques ont été très bons : + 100 % sur les opérations spéciales et le mobile, + 70 % sur le mobile, et même + 12 % sur le display.

Le Figaro avait annoncé, en 2013, investir 5 millions d’euros sur la data. Pour quels résultats ?

C’est un plan sur trois ans qui a effectivement débuté en 2013. Une cellule de 6 personnes à temps plein a été créée, dirigée par Samuel Profumo, chief data officer du Figaro. C’est une cellule qui intervient au niveau groupe, c’est-à-dire pour l’ensemble des activités et pas uniquement pour la régie.

Les trois quarts des régies ont un prestataire qui permet de mettre en place une segmentation et

une qualification des audiences, mais ils sont alors tributaires de leur partenaire. Nous avons voulu rester maîtres de nos donnes et de la technologie utilisée. D’où le choix de Krux, qui permet de gérer beaucoup de sources de données différentes, tout en en gardant la maîtrise.

Quels seront vos axes de développement en 2015 ?

Je souhaite faire entrer de nouvelles compétences au sein de nos équipes numériques, notamment pour internaliser le savoir-faire programmatique. Le marché est de plus en plus complexe et nous avons besoin de nouvelles compétences. Nous voulons accélérer sur le programmatique, les données, le mobile, et la vidéo.

Le groupe travaille sur une refonte en profondeur du figaro.fr. Qu’est-ce qu’elle va changer pour sa commercialisation publicitaire ?

Il s’agit surtout d’une refonte des espaces pour les abonnés. Il y aura peu d’impact sur les espaces publicitaires.

ALEXIS

MARCOMBE

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L’ÉVÉNEMENT QUI VOUS A LE PLUS MARQUÉ DANS LES MÉDIAS ET LA PUBLICITÉ EN LIGNE

EN 2014 ?

J’ai été étonné par l’engouement pour le native advertising et encore davantage par la manière dont il est parfois réalisé  : il faut que le native advertising renvoie à des contenus éditoriaux de qualité créés par les régies. Aujourd’hui, ça devient un peu n’importe quoi, avec des formats publicitaires qui ne sont pas indiqués comme tel et des mauvais contenus. Le native advertising est un produit intéressant qui ne doit pas être fait n’importe comment, au risque de le dégrader.

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#226 Lundi 5 janvier 2015Satellinet – L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

Natalie Rastoin (Ogilvy France) :

« Avec Ogilvy Amp, nous créons un pôle transversal de 20 personnes dédié aux données »

Natalie Rastoin est, depuis neuf ans, directrice générale de Ogilvy France (WPP), l’une des principaux groupes de communication en France, composé de 600 personnes. Pour Satellinet, elle dresse le bilan de l’année 2014, évoque la réorganisation des différentes agences du groupe, et dévoile notamment la création d’un nouveau pôle de stratégies liées aux données, baptisé « Ogilvy Amp ». 

Cela fait neuf ans que vous dirigez les activités d’Ogilvy France. Comment a évolué votre appréhension du numérique au sein de l’agence ?

Je suis effectivement arrivée à la tête du groupe en 2006. Cela coïncidait à trois grands choix effectués par le groupe au niveau mondial. D’abord la fin des silos en interne. Nous avons rapidement compris que la transformation numérique allait impacter l’ensemble des expertises et qu’il ne fallait pas isoler les expertises digitales mais les diffuser le plus possible à l’ensemble des métiers. C’était un parti pris original  à l’époque, mais ce choix s’est avéré efficace.

Deuxième point, lié au premier  : nous avons mis en place des formations numériques pour tous nos collaborateurs, afin qu’ils soient le plus à l’aise possible, que les mentalités évoluent, que la culture du numérique devienne partagée par tous. Le troisième choix effectué par le groupe a été un changement d’organisation  : nous plaçons internet dans un rôle de « colonne nerveuse » de notre organisation, pour reprendre la formule du militant Julien Assange.

Cela implique une horizontalisation des compétences, avec moins de hiérarchie et plus de travail en commun. Je pense que  le digital n’est pas une expertise en soi, c’est une révolution. C’est une culture qui apporte de nouvelles expertises au sein de nos métiers.

Que représente Ogilvy France désormais et comment le numérique s’insère dans votre organisation ?

Ogilvy est le cinquième groupe de communication en France avec 600 personnes. Ogilvy France réalise environ 60  % de sa marge brute dans le numérique et 30  % sur le métier de publicité classique. Nous avons eu une année 2014 en très légère croissance, laquelle cache de très fortes disparités. Le marché est très impacté par la transformation numérique, ce qui a nous a conduits à faire de gros changements, concernant par exemple les données.

Nous venons également de procéder à une réorganisation pour plus de clarté. Ogilvy

... est directrice générale France du Groupe Ogilvy depuis 2006.

Auparavant, elle a notamment été vice-présidente Europe de BBDP en 1991, puis directrice générale de BDDP Paris en 1992 et directrice générale d’Ogilvy & Mather Paris en 1997.

Natalie Rastoin

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MARCHÉS

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#226 Lundi 5 janvier 2015Satellinet – L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

la bonne stratégie de search. Ils ont donc doublé voire plus leurs partenaires de communication afin d’expérimenter.

Mais ils se sont alors retrouvés avec beaucoup d’expériences qui ne sont pas structurées les unes aux autres par une stratégie globale à court et moyen terme. Il n’est pas question de renoncer aux expériences et à l’innovation, mais il faut rationaliser les tests et leur donner du sens. C’est la grande tendance actuelle sur notre secteur  : passer de l’expérimentation au schéma directeur. 

Ce qui fait remporter un brief  ? Le partage d’une ambition collective et pas la somme de petites ambitions, une organisation optimale, une gestion des réponses dans le temps, une capacité à réagir à la fois vite et sur des longues périodes - de 48 heures à plusieurs mois - la capacité à mettre en place des contenus dynamiques...

La publicité est aussi un univers de personnalités et d’individus. Comment choisissez-vous vos managers ?

Il faut que nos métiers attirent des talents qui ne connaissent pas notre univers, ne pas rester dans des recrutements basés uniquement sur le relationnel pour ne pas rester dans un univers clos. Par efficacité mais aussi par humilité. C’est aussi pour ça qu’Ogilvy fait partie d’associations comme Cap Digital.

Il faut prendre des risques avec des expertises complètement nouvelles pour nous. Je recrute donc aussi des profils dont je ne connais pas les expertises  : des journalistes, des statisticiens... Ce n’était pas le cas il y a dix ans.

NATALIE

RASTOIN

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L’ÉVÉNEMENT QUI VOUS A LE PLUS MARQUÉ DANS LES MÉDIAS ET LA PUBLICITÉ EN LIGNE

EN 2014 ?

J’ai été impressionnée par le succès de la vidéo de la chanson «  Happy  », parce que cela combine la puissance (démontrée par Youtube) et l’engagement (le nombre d’interprétations se compte aujourd’hui par centaines).

France est maintenant organisé par agences, autour d’une activité de publicité (Ogilvy&Mather), de marketing en magasin (Geometry Global), de CRM et marketing one to one (OgilvyOne), de communication santé (Ogilvy CommonHealth), de communication d’influence et relations publiques (Ogilvy Public Relations), d’achat d’espace média (Neo@Ogilvy), d’édition et production (Redworks) et de design (CB’a).

Autour de ces agences, nous avons créé des cellules transversales dédiées au digital  : Social, Lab (pour l’innovation), Search, Contenus, Conseil et Données.

La donnée est désormais l’un des enjeux essentiels de la communication en ligne, mais les agences cherchent encore la meilleure façon de l’intégrer à leurs organisations. Comment faites-vous au sein d’Ogilvy ?

Placer la data au cœur de la stratégie marketing n’est pas nouveau, mais on peut la structurer de manière à en tirer de nouvelles opportunités. Nous n’avons jamais eu autant de données car c’est plutôt facile à collecter, tout l’enjeu est de les trier et de leur donner du sens. Par exemple avec la capacité à faire converger la data interne aux annonceurs et la data tierce  : l’open data devient un début de réalité, il faut en profiter !

C’est dans cet état d’esprit que nous venons de mettre en place, il y a quelques jours, un nouveau pôle de stratégies liées aux données, baptisé « Ogilvy Amp », dirigé par Stéfan Galissié, notre chief data officer depuis un an et demi. Nous l’avons annoncé en interne il y a quelques jours, en décembre, et nous le ferons en externe tout au long de ces prochaines semaines.

Ce nouveau pôle transversal est composé d’une vingtaine de personnes. En 2015, nous allons également mettre en place un système de gestion de contenus mobiles pilotés par la data.

Qu’est-ce qui fait la différence dans les compétitions d’agences concernant le numérique ?

Les briefs des annonceurs ont évolué. Jusque-là, les annonceurs ne voulaient pas rater les grandes évolutions liées à la transformation numérique, c’est-à-dire avoir

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#226 Lundi 5 janvier 2015Satellinet – L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

Pierre Chappaz (Teads) :

« Nous sommes sur le point de réaliser une nouvelle levée de fonds »

Développement du groupe à l’international avec l’ouverture de nouveaux bureaux, renforcement du programmatique, nouvelle levée de fonds prévue ces prochaines semaines... Le groupe de communication vidéo Teads (ex-Ebuzzing), a de grandes ambitions en 2015, marquées notamment par une entrée en bourse prévue après l’été, au Nasdaq. Pierre Chappaz, cofondateur et président exécutif de Teads (350 personnes et 75 millions d’euros de revenus annuels), explique comment il prépare cet événement, quels sont les leviers de croissance du groupe et ses projets.

Quels ont été les résultats de Teads en 2014 ?

L’année a été fabuleuse  ! Nous avons réalisé près de 75 millions d’euros de chiffre d’affaires, contre 46 millions d’euros en 2013 à périmètre équivalent. 500 des plus grands éditeurs mondiaux figurent parmi nos clients, dont tous les grands médias en France et au Royaume-Uni, grâce au succès de notre format « in-read » : il permet de monétiser leurs articles papier avec une publicité vidéo placée au cœur du texte qui s’ouvre et se ferme automatiquement sans avoir besoin de produire des contenus vidéo. Cela apporte une solution au manque d’inventaires vidéo.

Le groupe, qui est profitable, rassemble environ 350 personnes, dont une centaine d’ingénieurs, avec 22 bureaux dans une quinzaine de pays. Nous touchons 690 millions de personnes dans le monde. Parmi nos clients figurent Cartier, Breitling, TagHauer, Samsung, Volkswagen...

Votre modèle restera-t-il basé sur la performance ?

Oui, notre mode de vente demeure le CPV  : on facture le client uniquement à la vidéo vue (30 secondes garanties) et sans forcer l’utilisateur à regarder la publicité. Les tarifs varient beaucoup selon la saisonnalité.

Depuis dix-huit mois, vous avez fait du marché américain un axe de développement prioritaire. Quels premiers enseignements en tirez-vous ?

Nous y avons désormais quatre bureaux  : à Miami, Los Angeles, Chicago et New-York. C’est un marché immense, avec parmi nos partenaires éditeurs figurent le Washington Post, Reuters, Forbes, Condé Nast, Hearst... Nous touchons une couverture d’environ 70 % de la population.

Le marché est très dynamique, mais les revenus générés aux Etats-unis restent encore minoritaires car l’ensemble de nos marchés progressent. Dans les deux ans, les Etats-Unis deviendront notre premier marché. Aujourd’hui, dans l’ordre, c’est la France, la Grande-Bretagne, puis les Etats-Unis.

Nous venons par ailleurs de mettre un pied en Asie, en Corée, et nous allons accélérer avec le Japon. Cette année, nous investirons également les marchés russe et brésilien, pour viser toute l’Amérique latine, un autre marché immense et à grand potentiel.

...est cofondateur et président exécutif du groupe Teads (anciennement Ebuzzing).

Auparavant il avait cofondé Kelkoo en 1999 et Wikio en 2005 Il a également été président de Yahoo! Europe.

Pierre Chappaz

Et aussi...

Le groupe Teads a levé un peu moins de 30 millions d’euros depuis 2011 : 24 millions d’euros via Ebuzzing (auprès de Lightspeed Ventures, Gemini Ventures, GIMV, Solorun, TF1, Pierre Chappaz...), et 4 millions d’euros via la société Teads (Partech Ventures et Elaia Partners).  >>>

MARCHÉS

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#226 Lundi 5 janvier 2015Satellinet – L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

Voulez-vous effectuer d’autres opérations d’acquisition ou de fusion ?

Oui, nous serons toujours à l’affût des opportunités, mais il n’y a pas d’urgence ni de besoin particulier. Avec le mariage entre Ebuzzing et Teads survenu au printemps 2014, nous avons réuni les formats vidéo et leur commercialisation (avec Ebuzzing), avec une technologie très pointue (Teads), véritable inventeur de l’in-read, qui produit un SSP vidéo capable de gérer tous les inventaires vidéo outsream. Grâce à cette union, Aujourd’hui, Ebuzzing / Teads n’est plus une régie publicitaire mais un groupe publicitaire vidéo premium.

Quand l’entrée en bourse du groupe devrait-elle avoir lieu et comment la préparez-vous ?

L’entrée en bourse devrait avoir lieu à la fin de l’année 2015. D’ici là, nous renforçons beaucoup le management. Le recrutement en septembre de Christophe Parcot comme chief operating officer (COO) va en ce sens. Il a une grande expérience dans le management de groupes et était dernièrement vice-président et directeur général EMEA de Yahoo!.

Nous renforçons également la direction financière, les relations humaines... Il faut beaucoup « normer » la société. Désormais, nous réalisons par exemple un closing trimestriel, comme si on était déjà côté.

N’avez-vous pas peur que vos formats soient copiés, ce qui mettrait à mal vos ambitions ?

Nous sommes en train de construire le leader mondial de la vidéo premium. C’est vrai qu’il y a beaucoup de «  copycat  », mais aucune de ces sociétés n’a notre avance technique, ni nos moyens commerciaux, l’échelle n’est pas la même. Elles n’ont pas une grande part de marché. Et puis l’innovation ne concerne pas seulement les formats, c’est aussi la technologie. Notre plateforme de SSP vidéo sera très performante.

Que représente le programmatique dans vos activités ?

Aujourd’hui, il représente seulement quelques pourcents de l’activité car nous travaillons toujours sur notre plateforme de SSP vidéo. Nous avons réalisé beaucoup de travail pour la connecter aux DSP de Google, Tubemogul, Turn, Videology... Elle est encore en test en France, mais cette méthode de commercialisation sera de plus en plus importante au sein de l’activité et à long terme, elle occupera une place centrale.

Comme va évoluer le marché de la publicité vidéo selon vous ?

Il y a deux tendances très fortes  : les marques veulent de plus en plus un environnement de qualité et pouvoir diffuser sur mobile. Il reste encore à imaginer le modèle publicitaire optimal sur mobile.

Avez-vous besoin de lever de nouveaux fonds ?

Ce n’est pas un besoin urgent mais effectivement, nous sommes en passe de faire un nouveau tour de table de plusieurs millions d’euros supplémentaires. Il sera conclu en janvier ou février. C’est une levée de confort pour accélérer encore notre développement à l’international et en innovations technologiques.

PIERRE

CHAPPAZ

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L’ÉVÉNEMENT QUI VOUS A LE PLUS MARQUÉ DANS LES MÉDIAS ET LA PUBLICITÉ EN LIGNE

EN 2014 ?

Selon une étude réalisée par Tubemogul, 70 % des impressions non visibles le sont parce la fenêtre dans laquelle se joue la vidéo n’est plus à l’écran. C’est révélateur du comportement des internautes qui choisissent leur publicité. Il faut que la publicité vidéo s’incrive dans ce contexte.

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Mercedes Erra (BETC) :

« Le talent créatif est essentiel, le support vient ensuite »

Air France, Lacoste, Evian, Canal+, McDonald’s, Peugeot... Fondée en 1995, l’agence publicitaire BETC (845 personnes dans le monde et 108 millions d’euros de marge brute prévue en 2014) possède l’un des plus beaux portefeuilles de clients en France. Sa cofondatrice, Mercedes Erra, livre à Satellinet son regard sur l’évolution de la publicité, la façon dont elle appréhende le numérique et les besoins des marques. Elle évoque également le déploiement du réseau BETC dans le monde.

Vous avez lancé des premières agences hors de l’Hexagone, au Brésil et en Angleterre. Allez-vous continuer et créer un réseau d’agences ?

D’abord, il faut souligner que nous n’opérons pas par des rachats d’agences locales, car nous croyons moyennement à cette méthode. Nous préférons agir comme une start-up pour développer des agences selon notre propre culture : la création au service de marques fortes. Le Groupe BETC rassemble environ 850 personnes, dont près de 725 à BETC Paris, qui est sans doute ainsi la plus grande agence de publicité française intégrant tous les métiers.

Nous avons ouvert BETC London à l’été 2011 car Londres est incontournable pour la publicité, le design... L’agence compte plusieurs dizaines de personnes et nous y gérons déjà des budgets comme Diet Coke, Bacardi, Ibis... Puis nous avons ouvert BETC Sao Paolo en janvier 2014, car le Brésil nous semble «  pétillant  »  : le marché brésilien est synonyme de modernité, d’aisance, de facilité dans la communication, d’énergie... C’est une autre façon de communiquer que celle des pays anglo-saxons. L’agence rassemble une quinzaine de personnes.

Et effectivement, nous allons continuer en ouvrant une agence sur la côte Ouest des Etats-Unis dans un an ou deux, puis une autre en Asie un peu après. Nous pensons à Shanghai mais le choix est encore ouvert.

Pourriez-vous également procéder à des acquisitions ?

L’enjeu n’est pas d’être la plus grosse agence, ni de présenter des comptes de résultat qui plaisent à la Bourse. Nous n’avons pas ces préoccupations-là. Nous n’allons pas nous lancer dans une frénésie d’acquisitions, comme le fait Publicis, mais effectivement, nous réfléchissons à nous renforcer.

Cependant je veux acheter uniquement des « perles » : des agences qui nous offrent quelque chose de plus que nous n’avons pas, avec une vraie complémentarité avec BETC. Et cette hypothèse est très rare. Il peut y avoir une ou deux sociétés, qui ont une identité très particulière, qui entrent dans nos critères. Je pense à une belle agence en particulier, dont je tairai le nom. L’opération pourrait se conclure au premier semestre.

La publicité digitale existe-t-elle en tant que telle ?

Je ne le crois pas. Par exemple, nos publicités Evian, qui rencontrent un succès immense sur le numérique, ne sont pas particulièrement digitales. Il fallait juste - si je peux dire - un grand talent créatif et acheter des espaces, et on a obtenu une grande viralisation. La démarche publicitaire est déjà suffisamment difficile, complexe, pour ne pas la rendre encore plus. C’est le métier qui doit intégrer le digital. Le talent créatif est essentiel, le support vient ensuite.

...a fondé l’agence BETC en 1995 avec Rémi Babinet et Toung Cong, après avoir débuté à Saatchi & Saatchi, où elle a été nommée directrice générale en l’espace de quatre ans. Elle est également présidente exécutive de Havas Worldwide.

MERCEDES ERRA

Et aussi...

BETC rassemble 800 personnes en France, 30 à Londres et 15 à Sao Paulo.

Sa marge brute prévue en 2014 est de104 millions d’euros en France sur la France et de 108 millions d’euros sur le périmètre global. 

Sa croissance organique était de près de 5 % en 2013. Celle attendue en 2014 est de plus de 4 %.

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Roch

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MARCHÉS

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En revanche, certains disent qu’il n’y a pas de spécialité numérique... Je pense au contraire que si. Il faut pour cela une structuration très forte, avec des pôles horizontaux forts. L’enjeu est de créer de l’agilité autour.

Le pôle BETC Digital est l’un d’eux. Il rassemble plus de 200 personnes avec des expertises sur tous les leviers digitaux  : e-CRM, conception et développement de sites, e-commerce, gestion des médias sociaux... BETC Digital a une particularité : son président, Ivan Beczkowski, est un créatif. Olivier Vigneaux, également président, est chargé de la stratégie. Ce sont des choix forts dans une agence de publicité.

L’univers de la publicité correspond-il à ce que vous imaginiez il y a dix ans ?

Oui, et même il y a 30 ans ! C’est encore mieux  : c’est plus passionnant, plus enrichissant, plus varié... C’est toujours un métier de persuasion, avec de grandes évolutions, comme le développement des outils digitaux, l’exigence plus forte des consommateurs. La publicité est un formidable succès en France, comme l’aéronautique, la mode, le luxe, la gastronomie...

En contrepartie, il y a également un affaiblissement des agences et des talents, sans doute parce que le métier n’est pas suffisamment bien payé. C’est aussi pour cette raison que l’agence met un point d’honneur à s’appuyer sur les meilleurs talents et que les patrons de marque sont en haut des chaînes de décision. La relation et la connaissance de la marque sont essentielles.

Comment choisissez-vous vos managers ?

Sur leur brillance, leur énergie et leur capacité à travailler collectivement, à progresser. Je recherche des tempéraments, mais avec des ego bien placés. Il faut détecter une capacité à se mettre au service de la marque et du produit.

Quelles sont les attentes des clients actuellement concernant le numérique ?

Les briefs ne sont pas bons en ce moment. Les clients ne savent pas où ils veulent aller dans leur stratégie. Ils s’emballent et parlent de « digital » sans savoir ce que c’est, ni ce qu’ils veulent comme résultats et comment y parvenir. Le digital demande plus de rigueur.

Quels seront vos axes de développement en 2015 ?

Nous allons développer la reconnaissance et la notoriété de BETC Digital auprès du marché, avec probablement une réorganisation  : il y a trop de chefs de projet et pas assez de stratèges dédiés aux marques.

Globalement, nous allons également accélérer le recrutement d’ingénieurs, avec un enjeu important autour des données. Nous réfléchissons à l’opportunité de créer une cellule d’analystes dédiés à la data au sein de BETC Digital, mais sans exagérer son rôle  : le secteur s’affole sur le big data, et cherche continuellement de nouveaux leviers... mais la vérité c’est qu’on a souvent trop de données et qu’on sait pas toujours quoi en faire.

Et puis l’un des grands sujets qui va nous occuper cette année concerne notre déménagement aux actuels Magasins Généraux, prévu pour la  mi-2016, à Pantin. C’est un gros enjeu car il remet en cause notre organisation et notre façon de travailler. Ce déménagement, c’est l’occasion de réfléchir à ce que nous faisons, où nous voulons aller comme groupe, au bien-être de nos collaborateurs, etc. Ce sera un lieu de création de niveau mondial pour accueillir au moins 1 200 personnes. C’est le chiffre de personnes que nous devrions atteindre mi-2016.

MERCEDES

ERRA

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L’ÉVÉNEMENT QUI VOUS A LE PLUS MARQUÉ DANS LES MÉDIAS ET LA PUBLICITÉ EN LIGNE

EN 2014 ?

Ce qui m’interpelle en ce moment, c’est que les jeunes bougent plus vite et différemment que ce qu’on dit. Ils sont en train de créer un monde nouveau à partir de mouvements qui s’inscrivent durablement dans la société, avec une consommation distanciée notamment. L’enjeu, c’est comment les marques doivent-elles s’insérer dans ces nouveaux raisonnements ?

L’autre tendance qui m’effraie un peu, c’est le monde de plus en plus régi par la vision anglo-saxonne, avec un Google roi du monde. Ce caractère incontournable est troublant et dangereux. Il faut plus de diversité.

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Christophe Camborde (Ezakus) :

« Nous nous positionnons désormais comme une société de marketing et de technologies à la performance »

Ezakus est l’une des premières sociétés françaises à s’être positionnée comme DMP dès 2011. Après avoir signé avec nombre d’éditeurs et d’annonceurs (Orange, L’Express, LesEchosMedias, Le Monde, Dailymotion, PMU, Ford, L’Oréal...), la société se repositionne vers le pretargeting, cette capacité à anticiper quels seront les clients d’une marque grâce aux algorithmes. Christophe Camborde, cofondateur et CEO d’Ezakus, explique les raisons et les modalités de ce repositionnement, et comment la société s’est organisée pour viser trois pays : la France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni.

Ezakus a été l’un des précurseurs en matière de DMP en France. Quel bilan faites-vous de votre projet entamé en 2011 ?

En termes de chiffres d’affaires, nous réalisons plusieurs millions d’euros de revenus mais je ne souhaite pas donner le chiffre précis. Ezakus rassemble 50 personnes sur quatre bureaux  : Paris, Bordeaux, Londres et New York. En termes de développement, on ne s’est pas trop trompé et nous avons évolué comme prévu. Nous avons par contre un peu sous-estimé le fait que la vidéo devance le mobile dans les besoins de segmentation des audiences.

Le marché français nous a permis de comprendre la chaîne de valeur. L’Angleterre est un marché plus orienté mobile que la France et les Etats-Unis, et il est plus avancé dans les investissements en ligne. Aux Etats-Unis, où nous nous sommes installés, les deals se font et se défont plus rapidement, ce qui laisse peu de temps pour développer le produit.

Quel regard portez-vous sur l’évolution du marché des données ?

Parmi nos concurrents, la société Krux d’aujourd’hui ressemble au Ezakus de 2013 / 2014

en France, c’est-à-dire très tourné annonceurs. Mais les besoins en DMP en 2015 ne seront pas les mêmes que ceux de 2014. Il y a deux questions fondamentales  à se poser : à quoi ça sert économiquement et quelle rentabilité  ? Deuxièmement, comment je pérennise mon dispositif  ? Avec un outil, plusieurs, etc. Les réponses sont davantage dans la délivrance que dans l’analyse.

En 2013, le mot « DMP » est devenu un buzzword. Depuis, tout le monde se repositionne comme fournisseur de DMP  : Makazi, Weborama, Adobe, bientôt Google... On m’avait prévenu et cela s’est confirmé  : il y a trop d’acteurs différents sur la chaîne. Sociétés technologiques diverses, agences, adservers, trading desks, régies, éditeurs...

Il y a tellement d’acteurs que ça devient difficile de faire de la performance et le marché est illisible pour les annonceurs. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est difficile de savoir ce qui a marché et ce qui n’a pas marché dans une campagne. Du coup, on veut intégrer et centraliser beaucoup de briques technologiques  ; notre bidder, notre adserver...

... a cofondé Ezakus en 2011 avec Christophe Hélary, Henri de Capèle, et Yannick Lacastaigneratte.

Il a également été CTO de Carrefour (2000) avant de cofonder Steek (2005), société de stockage, cédée ensuite à F- Secure.

Christophe Camborde

Et aussi...

Les Etats-Unis devient le marché prioritaire pour Ezakus. La société espère notamment pouvoir y séduire un nouveau fonds d’investissement. >>>

MARCHÉS

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C’est l’une des raisons de votre repositionnement vers le « pretargeting ». En quoi cela consiste-t-il ?

Effectivement, nous avons commencé comme fournisseur d’outils pour les données et nous devenons fournisseur de campagnes et de clients pour éditeurs et annonceurs. Nous nous positionnons désormais comme une société de technologies à la performance et de marketing. Nous ne sommes plus sur un modèle de logiciel mais dans l’arbitrage et la performance orientée à la fois annonceurs et éditeurs, à partir d’un concept : le « pretargeting ».

Il s’agit de livrer à l’annonceur son prochain client et d’être payé uniquement si on y parvient. C’est donc un modèle à la performance qui repose sur le clic, un peu comme le fait Criteo sur les bannières. Concrètement, cette technique est possible grâce à nos algorithmes qui étudient les clics sur les contenus visités ailleurs, à partir des data des éditeurs. Une multitude de comportements sont enregistrés pour dresser des catégories de prospects via des probabilités. Nous vendons donc aux annonceurs des impressions auprès de ses prospects.

Les éditeurs vont-ils vous laisser utiliser leurs données ?

C’est un enjeu qui pose la question de la répartition de la valeur. Empêcher des acteurs d’utiliser la valeur des données c’est une chose, mais pour en faire quoi  ? Pour en tirer quel bénéfice  ? Les éditeurs ont besoin de nouveaux revenus et donc de valeur ajoutée. Contrairement à ce qu’on pense, la data n’est pas rare, c’est une source surabondante.

De notre côté, à Ekazus, on estime avoir une technologie unique, à forte valeur ajoutée pour les acteurs, et qu’on a donc un rôle à jouer dans la chaîne de valeur. Nous allons simplifier au maximum notre discours pour le faire comprendre.

Quel volume d’impressions ou de chiffre d’affaires visez-vous en 2015 ?

Je l’ignore. Je suis sûr que ce marché existe, mais il reste à déterminer sa taille. Mais nous sommes très ambitieux et nous continuons sur trois marchés, la France, l’Angleterre et les Etats-Unis,

qui devrait constituer le marché le plus important dans les années qui viennent.

Ce repositionnement peut-il vous faire perdre des clients en France ?

Bien sûr, tous ne veulent pas faire du pretargeting. Et puis le marché évolue. Mais nous en gagnerons d’autres.

Vous avez également structuré le management de la société...

Plusieurs nominations doivent nous permettre de structurer notre développement commercial, en Europe et aux Etats-Unis. Christopher Caussin, qui était directeur régional Europe du Sud de Sociomantic Lab, est par exemple devenu vice president du commerce en Europe. Aux Etats-Unis, Brett Bogle a été recruté comme VP of business development, et Phillippe Finkelstein comme head of sales.

Pourriez-vous effectuer une nouvelle levée de fonds à court terme ?

Nous avons levé 6,2 millions d’euros en trois fois depuis le lancement de la société à l’automne 2011, dont un financement d’1,5 million d’euros il y a quelques mois. Est-ce qu’un nouveau tour plus important est envisagé  ? Oui, pourquoi pas, mais ce n’est pas urgent.

CHRISTOPHE

CAMBORDE

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L’ÉVÉNEMENT QUI VOUS A LE PLUS MARQUÉ DANS LES MÉDIAS ET LA PUBLICITÉ EN LIGNE

EN 2014 ?

Plusieurs chiffres  : 50  % des investissements publicitaires au Royaume-Uni sont réalisés en ligne (contre 25  % en France et 35  % au Etats-Unis). 50 % de l’inventaire programmatique aux Etats Unis est généré par Google, ce qui est assez incroyable, puisque le programmatique est un mouvement que le groupe américain n’a pas initié, mais à coup de de rachats de sociétés et en développant ses activités, il est parvenu à prendre une bonne part du marché. Enfin 50 % du display sera très bientôt programmatique en France. 

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24Satellinet – Hôtel de Retz, 9 rue Charlot 75 003 Paris – Tél. : 01 40 29 47 48 – Fax : 01 42 78 70 36e-mail : [email protected] – www.satellinet.fr – 6e année de publication © 2015 Satellinet 2413242424

#226 Lundi 5 janvier 2015Satellinet – L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

Isabelle Falque-Pierrotin (CNIL) :

« Il y a une mobilisation croissante des régulateurs européens pour la protection des données personnelles »

La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) est une autorité administrative indépendante qui est chargée de veiller au respect des libertés individuelles et publiques liées à l’informatique. Depuis dix-huit mois, elle s’implique de plus en plus pour faire respecter les droits liés aux données personnelles. La CNIL est ainsi de plus en plus vindicative face à Google, mais elle se heurte également aux éditeurs et acteurs français du numérique, qui estiment que ses recommandations ne sont pas adaptées au marché de la publicité en ligne. Dans une interview à Satellinet, Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de la CNIL, répond aux critiques, explique les motivations de l’organisme, et revient sur l’offensive menée contre Google.

Les éditeurs estiment que certains éléments de votre recommandation sur les cookies ne s’intègrent pas dans la réalité de l’économie numérique : concernant la mesure d’audience, ou sur le suivi d’une navigation sur les sites d’un même groupe...

Il faut rappeler que ce n’est pas la CNIL qui fixe la loi. Ce sont la France et la Commission européenne. Nos recommandations permettent de faire appliquer la loi, qui nécessite un accord opt-in pour la pose de cookies à travers un dispositif lisible par le public.

Et nous essayons de le faire le plus intelligemment possible. Nous avons d’ailleurs longtemps discuté avec les différents acteurs. Ce fut une concertation difficile et longue (18 mois) qui a associé les représentants professionnels  : Le Geste, IAB, la Fevad, l’UDA... C’est Stéphane Grégoire, notre chef du service des affaires économiques, qui a géré cette concertation.

Les discussions ne sont pas terminées, il y a et il y aura des ajustements, mais il faut examiner la situation sous un angle dynamique, et pas de manière statique. Les recommandations que nous formulons portent sur des pratiques évolutives. Et puis les professionnels ont fait un énorme

pas vers l’opt-in  : il y a deux ans, certains d’entre eux nous disaient qu’on ne pouvait pas le mettre en place. Aujourd’hui, son principe est acquis. Par ailleurs, quand nous publions des recommandations, nous n’obligeons pas à les suivre  : ce sont nos propositions pour respecter la loi, mais il peut y avoir d’autres moyens d’y parvenir.

Les éditeurs ont annoncé continuer à placer leurs propres cookies de mesure d’audience dès la première page visitée. De votre côté, vous aviez annoncé réaliser des contrôles chez les éditeurs depuis le mois d’octobre. Quel premier bilan en faites-vous ?

Ces contrôles ont été annoncés longtemps à l’avance, afin de vérifier si la loi est respectée, mais il est trop tôt aujourd’hui pour en faire un bilan.

Derrière cette recommandation, l’idée est aussi de cibler particulièrement les acteurs technologiques comme Google...

... est présidente de la CNIL depuis 2011 (et membre depuis 2004).

Isabelle Falque-Pierrotin est diplômée de HEC et de l’ENA. Elle est conseillère d’Etat depuis 2001. Elle a notamment été présidente de la Commission interministérielle relative à internet en 1996, et présidente du Forum des droits sur l’internet (2001-2010). En février 2014, elle a été élue pour deux ans présidente du G29, le groupe des CNIL européennes.

Isabelle Falque-Pierrotin

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Et aussi...La CNIL en chiffres : . 190 à 200 personnes . 17 millions d’euros de budget . 6 000 plaintes reçues par an (demandes d’accès à des fichiers, demandes de conseils juridique...). 20 % de plaintes supplémentaires chaque année

INSTITUTIONNEL

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25Satellinet – Hôtel de Retz, 9 rue Charlot 75 003 Paris – Tél. : 01 40 29 47 48 – Fax : 01 42 78 70 36e-mail : [email protected] – www.satellinet.fr – 6e année de publication © 2015 Satellinet

#226 Lundi 5 janvier 2015Satellinet – L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

Bien sûr ! Les données personnelles sont devenues le principal enjeu de la concurrence à laquelle se livrent les différents acteurs sur internet, et Google en est l’acteur omniprésent. Sur le marché publicitaire comme sur d’autres marchés - la e-santé par exemple -, via son moteur de recherche, cette entreprise intervient sur des nouveaux segments non pas grâce à une compétence de service, mais grâce à une compétence de données et d’algorithmes.

Les données personnelles sont entrées dans le champ concurrentiel et notre rôle est de veiller à ce que cela ne se fasse pas au détriment des internautes. Mais je crois que le public est en train de prendre conscience de l’importance de protéger ses données, comme le montrent certaines offres de cloud qui en font un argument concurrentiel.

Les Etats commencent à s’interroger sur les pouvoirs des grands groupes numériques étrangers, mais ils semblent démunis et sans impulsion collective. En quoi la CNIL française réussirait ?

La CNIL s’inscrit dans un contexte européen. Des procédures ont été lancées en France, mais aussi en Allemagne, aux Pays-Bas, en Italie... L’ensemble des CNIL en Europe, réunies au sein du G29, est sur la même ligne. J’ai d’ailleurs envoyé cet automne, au nom du G29, une lettre à Larry Page, le PDG de Google, pour que son entreprise mette en conformité ses conditions d’utilisation avec la législation européenne.

Il y a une mobilisation croissante des régulateurs européens pour la protection des données. En moins d’un an, la donne a beaucoup changé  : la Cour de Justice européenne a rappelé qu’en Europe le droit européen s’applique à Google, intégrant les principes de protection des données et de droit à l’oubli. Il y a un an, nous avons condamné Google à 150 000 euros d’amendes pour des violations de la vie privée et un manque d’information des internautes.

Peu de temps auparavant, la CNIL espagnole avait condamné Google à 900 000 euros d’amende. Enfin, il y a quelques jours, une possible sanction de 15 millions d’euros à l’encontre de Google a été annoncée par l’autorité de protection des Pays-Bas. La publicité de toutes ces sanctions et leur concomitance leur donne une force d’exemplarité qui est très intéressante.

Quel regard porte la CNIL sur les adexchanges, qui brouille le rôle des différents acteurs ?

Nous ne nous intéressons pas au procédé publicitaire - ce n’est pas notre rôle -, en revanche, ses conséquences en matière de protection de données personnelles nous concernent  : sur les adexchanges, les données personnelles sont échangées entre toute une série d’acteurs, et au bout du processus, on ne sait plus qui détient les données et quel est leur usage.

Ce mécanisme publicitaire est très complexe. Il ne concerne plus seulement le site, la régie et l’annonceur, mais une quantité incroyable d’acteurs dont le rôle exact est difficile à appréhender. Notre organisation sectorielle, à l’intérieur de la CNIL, devient essentielle pour mieux comprendre ces nouvelles logiques de marché et ces dispositifs.

Quels seront les enjeux suivis par la CNIL en 2015 ?

Au plan européen, nous devrions harmoniser les règles liées au déréférencement en ligne au niveau des différentes CNIL européennes. Le G29 émettra une recommandation européenne sur ce sujet. Un projet de révision de la directive sur les données personnelles est également prévu à l’été 2015, pour remplacer la directive de 1995.

Au plan national, en France, l’internet des objets va devenir de plus en plus important : la question de la maîtrise des données issue de ces capteurs va se poser de plus en plus, à la fois pour les individus et pour les industriels, qui veulent connaître le cadre juridique à appliquer.

ISABELLE

FALQUE-PIERROTIN

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L’ÉVÉNEMENT QUI VOUS A LE PLUS MARQUÉ DANS LES MÉDIAS ET LA PUBLICITÉ EN LIGNE

EN 2014 ?

Il n’y a plus de de limite à la digitalisation et au règne des données personnelles, c’était assez frappant tout au long de l’année. Par ailleurs, parmi les événements survenus, l’annonce, en septembre, de la fabrication de la première voiture créée grâce à l’impression 3D est stupéfiant.

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#226 Lundi 5 janvier 2015Satellinet – L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

Jean-Luc Chetrit (Udecam) :

« Nous voulons inclure des critères de performance dans le mode de rémunération des agences médias »

L’Union des entreprises de conseil et achat média (Udecam) vient d’élire son nouveau président il y a quelques jours. L’intéressé, Jean-Luc Chetrit, président de Carat France, donne sa première interview à Satellinet.Il présente les dossiers que l’association veut porter cette année(un nouveau mode de rémunération des agences médias, notamment),annonce des accords pour créer des programmes de formation aux nouveaux métiers des agences, et livre son regard sur la loi Sapin.

Vous êtes président de l’Udecam depuis quelques jours. Quelles étaient vos motivations pour occuper ce poste ?

C’est dans la continuité de mes fonctions précédentes de vice-président occupées pendant deux ans, puisque l’Udecam fonctionne sur le principe de la cooptation  : traditionnellement, le vice-président devient ensuite président pour installer une certaine continuité dans les orientations mises en place. C’est un mandat d’un an renouvelable. La présidence de l’Udecam a un rôle très important à jouer pour défendre la valeur ajoutée créée par les agences médias aux clients annonceurs et aux médias.

Et puis j’ai toujours eu des activités associatives, notamment à l’UDA. Il y a dans les structures associatives quelque chose qui dépasse nos intérêts individuels et la concurrence que nous nous livrons : une aide à la réflexion sur les grands sujets, une autorégulation...

A mes côtés figure notamment Pierre Conte, CEO de GroupM, qui a été élu vice-président. Et puis Bertrand Beaudichon, jusqu’ici président, devient vice-président délégué, pour conserver cette continuité dans les orientations dont je parlais précédemment.

Quelles autres personnalités composent le bureau de l’Udecam ?

Le bureau est également constitué d’Arnaud Baudry d’Asson, président de O’connection, en tant que trésorier, et de Françoise Chambre, secrétaire générale de l’Udecam, en tant que déléguée générale. Sont également membres du bureau Raphaël de Andreis, président de Havas Media Group France, Jean-Philippe Chevret, directeur général de Neo@Ogilvy, Anne-Sophie Cruque, présidente de Starcom Media Vest Group, ainsi que Franck Farrugia, président de Re-mind. 

Quels sont les dossiers que vous souhaitez porter en 2015 ?

Ce n’est pas une démarche individuelle mais le fruit d’un travail collectif. Nous avons élaboré une plateforme de réflexion commune baptisée «  Génération valeur  ». Les agences médias traversent un moment charnière : notre rôle n’est pas seulement d’optimiser les achats mais aussi de générer de la valeur pour nos clients.

Nous avons un rôle d’architecte de points de contact pour les clients que nous devons mieux mettre en avant. De nouveaux métiers émergent et nécessitent de nouveaux talents. Les agences médias ont un rôle central à avoir et l’Udecam est prête à le démontrer.

...est président de l’Udecam depuis décembre 2014.

Jean-Luc Chetrit est par ailleurs président de l’agence Carat France depuis 2012. Avant cela, il a occupé des fonctions de direction commerciales et marketing à Procter & Gamble, Nestlé, et Gillette.

Jean-Luc Chetrit

Et aussi...

L’Udecam réunit plus de 25 agences médias revendiquant un total de 4 000 collaborateurs et plus de 14 milliards d’euros de volume d’affaires.

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INSTITUTIONNEL

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2014, c’est enfin la reconnaissance du mobile comme étant le futur de nos métiers et ça doit devenir l’enjeu principal du secteur. Facebook a joué un rôle important et donne la direction : plus de 66 % de ses revenus proviennent de ce support, c’est révélateur pour l’industrie.

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#226 Lundi 5 janvier 2015Satellinet – L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

De quelle façon ?

Nous voulons être jugés sur la performance que nous créons à partir de mesures d’efficacité. L’Udecam va donc recommander que les agences médias soient désormais rémunérées non plus essentiellement sur une commission prélevée sur les investissements - le modèle historique -, mais surtout sur la performance de la campagne. A partir d’un livre blanc et du partage de bonnes pratiques, nous voulons convaincre le marché de la valeur de ce nouveau mode de rémunération, c’est profitable à tous les acteurs (d’autant que les investissements offline ont tendance à diminuer de manière structurelle, ndlr).

Sur quels critères ?

Depuis trois ans, on produit une étude annuelle - elle sera bientôt bi-annuelle -, réalisée par le cabinet KPMG, fondée sur la consolidation de tous les comptes de résultats des agences. C’est un point de départ. Au-delà d’une commission qui repose sur un pourcentage d’achat média, on peut imaginer une partie fixe qui repose sur la mise à disposition d’équipes dédiées, et une part variable, qui repose sur la qualité de services délivrés par l’agence, avec des KPIs sur la valeur générée.

Les métiers se transforment par le développement du numérique. Les agences médias sont-elles suffisamment équipées pour ces bouleversements ?

Nous devons faire comprendre la transformation de notre secteur et cela passe aussi par accompagner nos équipes dans sa digitalisation. Pour cela, nous venons par exemple de créer il y a quelques jours, avec la commission marketing et publicité du SEPM (le syndicat de la presse magazine) et Sciences Po, une formation sur-mesure destinée aux dirigeants des agences médias et des régies, sous la forme de séminaires.

Vis-à-vis de nos équipes, dans le même esprit, l’Udecam va annoncer, ces prochains jours, un partenariat avec l’AFDAS et l’Essec pour créer un parcours professionnalisant de 18 mois. C’est un programme qui concerne potentiellement plusieurs centaines de collaborateurs.

Nous allons évidemment poursuivre également l’organisation annuelle des Rencontres de l’Udecam, et nous travaillerons à la réalisation d’études sur des grands sujets de société en lien avec les médias.

L’UDA reproche toujours un manque de transparence des acteurs sur les adexchanges, notamment de la part des trading desk. Partagez-vous cette analyse ?

Nous avons des points de vue différents et c’est naturel. Le débat est respectueux et ouvert. Nous continuons à discuter et à expliquer nos métiers, l’écosystème programmatique est compliqué à comprendre. Nous avons fait un gros effort d’ouverture vers les annonceurs pour leur montrer de manière opérationnelle, concrète, le fonctionnement de nos trading desk. La transparence est un sujet vaste : en termes de protection des données, de mécanisme technique, de modalités économiques et financières. Oui à la transparence et à la clarté, mais attention au risque que certains acteurs quittent la France si la réglementation devient trop complexe. Et puis il faut relativiser l’étendue des discussions qu’il y a  : le programmatique doit représenter 3 à 4 % des budgets de communication en plurimédia.

Faut-il faire évoluer la loi Sapin ?

Nous sommes plutôt contents de la manière dont se déroulent les discussions conduites par les pouvoirs publics. Il y a une écoute et une prise en compte des différents points de vue... Sur le fond, l’Udecam considère que la Loi Sapin est bonne et doit être maintenue en l’état. Elle s’applique correctement à 95 % des transactions. Il n’y a pas encore de solution trouvée avec nos partenaires, mais on en espère une au sein de la Loi sur l’économie numérique.

Allez-vous porter plainte contre les adblockers ?

Aucune décision n’a été prise. Nous continuons à discuter et à travailler sur cette question avec nos partenaires (UDA, SRI, IAB, Le Geste).

JEAN-LUC

CHETRIT

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L’ÉVÉNEMENT QUI VOUS A LE PLUS MARQUÉ DANS LES MÉDIAS ET LA PUBLICITÉ EN LIGNE

EN 2014 ?

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#226 Lundi 5 janvier 2015Satellinet – L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

« L’UDA demande le maintien de la Loi Sapin et l’adaptation de la circulaire d’application de 1994 »

Investissements en ligne en 2014, mise en place annoncée du GRP vidéo, transparence sur les adexchanges... Pierre-Jean Bozo, directeur général de l’UDA, fait le bilan de l’année 2014 et pose les exigences des annonceurs pour cette nouvelle année. Il livre également la position des annonceurs sur plusieurs sujets d’actualité : plainte de l’OIP contre Google, phénomène des adblockers, difficultés de se conformer aux recommandations de la CNIL...

Quel bilan faites-vous pour la communication en ligne en 2014 ? Les sujets qui vous préoccupent ont-ils avancé ?

Le marché de la publicité en ligne continue de se développer rapidement en France et les investissements des annonceurs sur ces médias pourraient avoir progressé d’environ 3 % en 2014, ce qui est une belle progression si on la compare à la baisse de près de 2 % qui sera sans doute celle du marché de la communication en général cette année. Pourtant, de nombreuses questions se font toujours plus pressantes au fur et à mesure que les investissements digitaux progressent dans les budgets des annonceurs  : ils concernent bien évidemment la transparence du marché, le rôle des différents intervenants, la donnée, son usage et sa propriété, la relation avec les internautes et les consommateurs, la mise en place des bons indicateurs de performance… Autant de sujets sur lesquels l’UDA travaille activement avec ses adhérents et leurs partenaires.

Les modalités du GRP vidéo, sur le point d’être mis en place, vous satisfont-elles ?

De manière générale, la communication en ligne est de plus en plus protéiforme (paid, owned, earned), mais jusqu’à présent elle n’est pas forcément mesurée correctement avec les indicateurs actuels par la profession. La prise en compte de la réalité des investissements des annonceurs est un sujet qui devra avancer en 2015. Comme nous le souhaitions activement avec l’UDECAM et le CRTM depuis de longs mois - et grâce aux travaux encadrés par Médiamétrie -, le marché dispose maintenant d’une définition commune du GRP

applicable à la vidéo diffusée sur TV et sur internet. L’outil de mesure de la visibilité nécessaire à l’évaluation de ce contact est en cours de test et les premières utilisations en bilan de campagne pourraient avoir lieu en ce début d’année. D’ici là, le groupe de travail paritaire qui a été mis en place va cependant devoir établir le périmètre auquel pourra s’appliquer cette mesure : vidéos in stream, display vidéo, in banner...

Depuis 2012, l’UDA a beaucoup réclamé plus de transparence sur le marché de la publicité en ligne. Notamment sur les adexchanges. La situation a-t-elle évolué ?

Contrairement à certaines idées reçues, les achats digitaux, qu’ils concernent du display ou du search, doivent respecter la loi Sapin et se placer dans une parfaite transparence économique. D’une part, l’annonceur doit donc être en mesure de connaître et de contrôler leur coût réel, et d’autre part les agences ne peuvent disposer de sources de revenus en provenance des médias et de leurs régies. Plusieurs annonceurs ont identifié certaines dérives. Cette année, nous avons donc réaffirmé notre position de manière claire et précise, notamment au moment des Rencontres de l’UDECAM. L’UDA exige le maintien de l’ensemble des principes de la loi Sapin, et son application pleine et entière sur le marché de la publicité, en particulier celui de la publicité digitale.

Mais comment concilier ce cadre légal avec la multiplicité des acteurs issue du programmatique et leur rôle souvent flou ?

...est directeur général de l’UDA depuis septembre 2013.

Il a précédemmentoccupé des fonctions de direction générale dans des groupes médias (Socpresse, Libération, NRJ Group) avant de devenir PDG de 20 Minutes France (2004-2012).

Pierre-Jean Bozo

Et aussi...

Créée en 1916, l’Union des Annonceurs (UDA) rassemble environ300 entreprises. Loïc Armand, président de L’Oréal France, préside l’association depuis 2008. Depuis deux ans, l’association est particulièrement offensive, en public dans les médias, et en coulisses par son lobbying dans les organes interprofessionnels.

Pierre-Jean Bozo (UDA) :

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INSTITUTIONNEL

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L’ÉVÉNEMENT QUI VOUS A LE PLUS MARQUÉ DANS LES MÉDIAS ET LA PUBLICITÉ EN LIGNE

EN 2014 ?

L’utilisation des mobiles en Afrique est remarquable, que ce soit pour du commerce et pour la vie quotidienne. La technologie maîtrisée et partagée par tous est un vrai facteur de développement.

29Satellinet – Hôtel de Retz, 9 rue Charlot 75 003 Paris – Tél. : 01 40 29 47 48 – Fax : 01 42 78 70 36e-mail : [email protected] – www.satellinet.fr – 6e année de publication © 2015 Satellinet

#226 Lundi 5 janvier 2015Satellinet – L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

La loi Sapin est un sujet de préoccupation majeur pour l’UDA. Comme évoqué précédemment, elle s’applique déjà au digital. Ses grands principes restent valables. Mais il faut adapter la circulaire d’application de 1994 aux nouvelles technologies. A ce sujet, nous sommes en lien avec les pouvoirs publics, dont le ministère de l’Economie et du Numérique, et le ministère de la Culture et de la Communication, pour fait part de notre position et exprimer la nécessité de maintenir un cadre transparent à la publicité, qu’elle soit digitale ou non.

Soutenez-vous l’action en justice de l’association Open Internet Project (OIP) qui reproche un abus de position dominante de Google devant la Commission européenne ? 

A ce stade, sans nous impliquer dans cette démarche, nous restons très vigilants sur les pratiques actuelles (de certains acteurs, ndlr) et celles qui pourraient se développer.

L’utilisation des adblockers se multiplie. Voulez-vous agir ou cela concerne-t-il d’abord les éditeurs et les régies ?

C’est un sujet prioritaire pour nous. Pour les annonceurs, les questions soulevées sont multiples  : autour de la visibilité des publicités proposées, de la facturation des publicités non vues, du blocage des remontées des statistiques des sites et du fonctionnement non neutre de certains adblockers. Aujourd’hui, l’internaute consomme quotidiennement des contenus en ligne mais ne semble pas prêt à payer pour les obtenir. Certains éditeurs sont actuellement tentés de réagir par la voie judiciaire. Et si la bonne voie était plutôt de rétablir la confiance entre les marques et les consommateurs, de donner envie de voir les publicités en combinant l’effort créatif et un format respectueux du confort de navigation de l’internaute ? N’est-ce pas aussi le moment d’expliquer à nouveau le rôle économique de la publicité dans le financement des contenus mis gratuitement à la disposition de l’internaute ?

Etes-vous associés aux discussions de certains acteurs qui étudient une l’opportunité d’une plainte en justice contre les adblockers ?

L’UDA a provoqué ce groupe de travail au sujet des adblockers avec le Geste, l’IAB et le SRI. Mais aucune décision n’a encore été prise.

Approuvez-vous les recommandations de la CNIL sur la mise en place de bandeaux par les éditeurs pour placer des cookies ? 

L’instauration d’un climat de confiance et de transparence vis-à-vis de la publicité ciblée est essentielle pour les annonceurs. L’UDA a été partie prenante des discussions avec la CNIL qui ont duré 18 mois avant la publicité de sa recommandation. Il s’agit donc d’un texte qui est un juste équilibre entre le développement de cette technique de tracking et la protection de la vie privée. Cela a évité aux entreprises la mise en place d’un opt-in strict, puisque l’accord de l’internaute peut se matérialiser par la simple poursuite de navigation.

Une opposition des éditeurs concerne la pose du cookie dès la première page vue, que les éditeurs estiment indispensable, alors que la CNIL exige un consentement préalable, et donc un cookie placé au mieux à partir de la deuxième page consultée par l’internaute...

Sur le caractère préalable du consentement, nous avions signalé à la CNIL les difficultés d’application pratiques qui se poseraient pour les entreprises si elle adoptait une interprétation trop stricte. Et elle se pose aujourd’hui… C’est dommage car les Espagnols ou les Anglais ont trouvé des solutions plus souples qui pourraient être reprises en France. Il faut noter qu’en France, le cookie n’est pas placé à partir de la deuxième page consultée, mais avant «  l’acte positif  » de navigation. Un autre point important concerne les cookies d’audience. Cela a été également l’un des points de discussion avec la CNIL. Si l’on interprète à la lettre la recommandation de la commission, il n’est plus possible de calculer le taux de rebond des sites au sein d’un groupe. Nous espérons que la CNIL fera évoluer sa position, d’autant qu’elle a plutôt eu jusqu‘à présent une bonne approche concernant ces cookies spécifiques par rapport à ses homologues européens.

PIERRE-JEAN

BOZO

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#226 Lundi 5 janvier 2015Satellinet – L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

BrandLa brand est le niveau « marques ». Une brand est un agrégat de domaines, de sous-domaines et / ou de pages identifiés par un même logo de façon cohérente et homogène.

ChannelLe channel est un sous-ensemble de la marque permettant de regrouper sous une même thématique l’ensemble des pages correspondant précisément à cette thématique, ou permettant de distinguermarque mère et marque fille.

Visiteurs uniquesLe nombre total d’individus ayant visité une brand ou channel au moins une fois pour la période concernée. Les individus ayant visité la même brand (ou le même Channel) plusieurs fois ne sont comptés qu’une seule fois.

Couverture active Nombre de visiteurs uniques d’une brand ou channel, exprimé sous la forme d’un pourcentage de la population internaute pour la période concernée.

Le New York Times revient dans le Top 5des sites d’actualité en ligne aux Etats-Unis

En partenariat avec Médiamétrie//NetRatings – octobre 2014Top 5 Sites de la sous-catégorie « Actualités » (appartenant à la catégorie « Actualités et Informations »)Etats-Unis, Brésil, Australie – Domicile et/ou lieu de travail

NOMBRE DE VU / COUVERTURE ACTIVE

ETATS-UNIS BRÉSIL AUSTRALIE

N°1Yahoo!-ABC News Websites

36 901 00017,7 %

Globo Notícias19 983 000

30,9 %

smh.com.au3 824 000

21,7 %

N°2CNN Digital Network

35 733 000 17,2 %

UOL Notícias / Folha17 639 000

27,3 %

news.com.au3 734 000

21,2 %

N°3HuffingtonPost

34 801 00016,7 %

Terra Noticias8 678 000

13,4 %

ABC News Websites2 697 000

15,3 %

N°4NYTimes.com28 124 000

13,5 %

Abril Noticias - Veja7 262 000

11,2 %

Daily Mail Australia2 443 000

13,9 %

N°5HPMG News Websites

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AUDIENCES INTERNET

Page 31: Bilan 2014 de personnalités des médias et de la communication en ligne dans Satellinet

#226 Lundi 5 janvier 2015Satellinet - L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

AGENDA

31Satellinet - Hôtel de Retz, 9 rue Charlot 75003 Paris - Tél. : 01 40 29 47 48 - Fax : 01 42 78 70 36e-mail : [email protected] - www.satellinet.fr - 6e année de publication © 2015 Satellinet

MERCREDI 7 JANVIER - À 16H

Le Conseil National du Numérique (CNNum) organise un petit-déjeuner presse sur la concertation nationale sur le numérique, animé par Benoît Thieulin (La Netscouade), afin de présenter le calendrier les prochaines étapes de la concertation. Inscription par mail auprès de [email protected] De 8h30 à 9h45, au restaurant Le Cercle de Bercy, Bâtiment Colbert, 7ème étage, 9 rue de Bercy, Paris 12e.

JEUDI 8 JANVIER - À 9H

L’Ecole Polytechnique organise la quatrième édition des “Jeudis de la recherche”, consacrée aux enjeux des données pour la société numérique. Interviendront notamment François Morain (Polytechnique) et les chercheurs Bernadette Charron-Bost et Emmanuel Bacry (CNRS). Inscription à solliciter avant le 6 janvier auprès de [email protected]. De 9h à 10h30, à la Maison des X, 12 rue de Poitiers, Paris 7e.

JEUDI 8 JANVIER - À 19H

L’AFP et NUMA organisent une deuxième rencontre sur le potentiel d’usage des bases de données média : Enrichir les bases de données média: quelles opportunités dans le linked data ? Inscription sur le site lc.cx/2hE. De 19h à 22h, à NUMA, 39 rue du Caire, Paris 2e.

MERCREDI 14 JANVIER - À 19H

Le GESTE organise une réunion, pilotée par Sophie    Gohier (Express Roularta) et Axel Auschitzky (Lagardère Active), consacrée à l’optimisation et à la performance pour les éditeurs. A l’ordre du jour  : les nouveaux indicateurs VCPM, les critères de ciblage, les outils de pilotage OCR, l’exemple du lazycrawling et les premiers résultats du Panel multi-écrans.

Les réunions du GESTE sont exclusivement réservées aux membres de l’organisation. Inscription à solliciter auprès de [email protected]. De 14h à 16h, au Figaro.

DU 14 AU 17 JANVIER

Les Napoleons organisent la première édition du sommet international Innovative Communications Summit, comprenant quatre jours de conférences, débats, et rencontres. Interviendront notamment Takis Candilis (Lagardère Entertainment), Samantha Barry (CNN), Ed Sanders (Google Glass), Nick Leeder (Google France), et Eyabo Macauley (Shazam). Informations et inscription sur le site lc.cx/2hn. Toute la journée, à Val d’Isère.

MARDI 20 JANVIER - DÈS 8H30

Web2Business organise un congrès privé réunissant près de 800 décideurs du numérique et comprenant plusieurs conférences consacrées entre autres au marketing numérique et à l’e-commerce, en présence de Gilles Babinet (Commission européenne), Xavier Perret (Orange) et Eric Briones (Publicis). Inscription et programme sur le site lc.cx/2up. De 8h30 à 23h30, aux Folies Bergères, 32 rue Richer, Paris 9e.

JEUDI 29 JANVIER - À 8H30

Le SRI (Syndicat des Régies Internet) organise une conférence pour la présentation des résultats de la 13e édition l’Observatoire de l’e-pub, en présence de Arthur Millet (SRI), Jean-Luc Chetrit (UDECAM), Matthieu Aubusson et Sébastien Leroyer (PwC). Celui-ci fera un état des lieux des investissements publicitaires numériques, de l’évolution des différents leviers et des tendances de la publicité numérique. Inscription à solliciter auprès de [email protected]. De 8h30 à 10h30, au Pavillon Gabriel, 5 avenue Gabriel, Paris 8e.

SAMEDI 3 ET DIM. 4 FÉVRIER

Dot Events organise le salon Cross-media Publishing, rassemblant des ateliers et des conférences consacrées à la convergence du papier et du numérique dans les domaines des médias, du livre et de la documentation. Programme et inscription sur le site lc.cx/2E2. Toute la journée, au Palais Brongniart, 28, Place de la Bourse, Paris 2e.

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#226 Lundi 5 janvier 2015Satellinet - L’actualité de la Communication et des Médias en ligne

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