Bibliothèque municipale de Dijon - Accueil - 22 … CACO/1832-2001...Strasbourg, relative aux...

7
22 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES position permet de dater ces fragments de sculpture non pas, comme on l'a dit du xm e siècle, mais de la seconde moitié du xn° : ils pro- viendraient d'une partie aujourd'hui détruite de l'église romane. M. F. Marion, associé, expose, avec documents à l'appui, les résultats d'une enquête archéologique qu'il a menée dans la région de Saint-Romain, en compagnie de MM. O. Sordet, A. Veau et Garnier. M. X. Aubert, conservateur du musée archéologique, fait un rap- prochement entre un objet récemment entré dans les collections de la Compagnie et considéré comme vin fragment de bracelet, et les fibules dites « en oméga » qu'il a publiées dans la Revue des Musées (n° 7). Il donne ensuite communication d'une lettre de M. Rifï, de Strasbourg, relative aux marques de potiers figurant sur certains vases en étain conservés à Dijon. M. Baudot, président, annonce que M. Henry Corot, membre non résidant, fera prochainement quelques causeries sur la pré- histoire. * * * ANNEXE LA RÉGION DE SAINT-ROMAIN (par M. F. Marion, associé) « Le village de Saint-Romain est situé dans l'arrière-côte de Meur- sault, dans la partie septentrionale d'un vallon fermé à ses deux extrémités, mais qui s'articule du côté de l'est, sur une vallée sensi- blement perpendiculaire, ayant ouverture sur la plaine par Auxey-le- Petit et Auxey-le-Grand. Quatre mamelons rocheux se faisant suite occupent le fond de ce vallon : celui du nord forme éperon, et c'est sur lui que se trouve construit Saint-Romain-le-Haut. A l'ouest, et presque tout le long de la dépression, surplombe, haute de 30 à 50 mètres, une falaise rocheuse, au-dessus de laquelle s'étendent les Chaumes d'Auvenay. A l'extrémité sud du vallon se dresse Larochepot. Entre Saint-Romain-le-Haut et Larochepot, en contre-bas de la falaise, on rencontre Orches, dont l'unique rue longe le rocher ; puis Evelle et Baubigny, l'un et l'autre, sur la pente, à mi-hauteur ; enfin, dans le vallon, Saint-Romain-le-Bas et Melin. C'est par ce dernier village que passe la route de Beaune à Autun, venue de Beaune par Volnay, Monthélie et Auxey. » Géologie. Temps préhistoriques. —• Au point de vue géologique, toutes ces montagnes sont calcaires. Au nord, entre Monthélie et Saint-Romain, il existe une exploitation de dolomie, que l'on écoule principalement dans les verreries. Le mamelon sur lequel Saint- Romain-le-Haut est construit est constitué, comme celui qui lui

Transcript of Bibliothèque municipale de Dijon - Accueil - 22 … CACO/1832-2001...Strasbourg, relative aux...

Page 1: Bibliothèque municipale de Dijon - Accueil - 22 … CACO/1832-2001...Strasbourg, relative aux marques de potiers figurant sur certains vases en étain conservés à Dijon. M. Baudot,

22 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

position permet de dater ces fragments de sculpture non pas, commeon l'a dit du x m e siècle, mais de la seconde moitié du xn° : ils pro-viendraient d'une partie aujourd'hui détruite de l'église romane.

M. F. Marion, associé, expose, avec documents à l'appui, lesrésultats d'une enquête archéologique qu'il a menée dans la régionde Saint-Romain, en compagnie de MM. O. Sordet, A. Veau etGarnier.

M. X. Aubert, conservateur du musée archéologique, fait un rap-prochement entre un objet récemment entré dans les collections dela Compagnie et considéré comme vin fragment de bracelet, et lesfibules dites « en oméga » qu'il a publiées dans la Revue des Musées(n° 7). Il donne ensuite communication d'une lettre de M. Rifï, deStrasbourg, relative aux marques de potiers figurant sur certainsvases en étain conservés à Dijon.

M. Baudot, président, annonce que M. Henry Corot, membrenon résidant, fera prochainement quelques causeries sur la pré-histoire.

** *

ANNEXE

LA RÉGION DE SAINT-ROMAIN(par M. F. Marion, associé)

« Le village de Saint-Romain est situé dans l'arrière-côte de Meur-sault, dans la partie septentrionale d'un vallon fermé à ses deuxextrémités, mais qui s'articule du côté de l'est, sur une vallée sensi-blement perpendiculaire, ayant ouverture sur la plaine par Auxey-le-Petit et Auxey-le-Grand. Quatre mamelons rocheux se faisant suiteoccupent le fond de ce vallon : celui du nord forme éperon, et c'est surlui que se trouve construit Saint-Romain-le-Haut. A l'ouest, et presquetout le long de la dépression, surplombe, haute de 30 à 50 mètres,une falaise rocheuse, au-dessus de laquelle s'étendent les Chaumesd'Auvenay. A l'extrémité sud du vallon se dresse Larochepot. —Entre Saint-Romain-le-Haut et Larochepot, en contre-bas de lafalaise, on rencontre Orches, dont l'unique rue longe le rocher ; puisEvelle et Baubigny, l'un et l'autre, sur la pente, à mi-hauteur ; enfin,dans le vallon, Saint-Romain-le-Bas et Melin. C'est par ce derniervillage que passe la route de Beaune à Autun, venue de Beaunepar Volnay, Monthélie et Auxey.

» Géologie. Temps préhistoriques. —• Au point de vue géologique,toutes ces montagnes sont calcaires. Au nord, entre Monthélie etSaint-Romain, il existe une exploitation de dolomie, que l'on écouleprincipalement dans les verreries. Le mamelon sur lequel Saint-Romain-le-Haut est construit est constitué, comme celui qui lui

Page 2: Bibliothèque municipale de Dijon - Accueil - 22 … CACO/1832-2001...Strasbourg, relative aux marques de potiers figurant sur certains vases en étain conservés à Dijon. M. Baudot,

PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES 23

succède au midi, par un beau calcaire à grain fin et coloré (rouge,veiné de jaune et de noir), que l'on a utilisé comme marbre pourorner plusieurs cheminées de la région.

» Les grottes sont assez nombreuses. Nous citerons tout particu-lièrement, non loin de la carrière de dolomie dont il a été questionplus haut, la « grotte du Perroquet », d'où l'on a exhumé des osd'aurochs, de lynx, de renne et de sanglier, aujourd'hui conservésau musée de Beaune ; au cours d'une exploration récente, notreconfrère, M. Sordct, de Saint-Romain, y a recueilli une très belledent de renne. Non moins remarquable est, au nord de la Rochepot,à quelques cent mètres dvi château, la grotte connue sous le nomde « creux de Virey » : cette vaste caverne, qui s'enfonce rapidementsous terre, passe pour être en communication avec l'ancien châteaude la Rochepot, ce qui n'est pas impossible ; un habitant de Baubignym'a dit, qu'étant enfant, il s'était engagé assez loin dans un couloir,mais qu'il n'avait pas osé pousser plus avant.

» Au point de vue hydrographique, il convient de signaler à Saint-Romain la « fontaine de Saint-Ploto », ainsi appelée à cause d'unestèle, actuellement brisée, où figure un Plutus ; cette fontaine étaitle théâtre de pratiques superstitieuses ayant pour but de combattreles maladies des enfants. — A Baubigny la « fontaine Saint-Genet »a sa légende. — A Orches, dès que l'on a pris pied sur les Chaumesd'Auvenay, on rencontre la «fontaine du Chêne» qui jaillit sousun auvent de pierre dont le fond et la toiture sont constitués partrois dalles portant des sculptures gallo-romaines. Deux d'entreelles représentent, autant qu'on en puisse juger, la première, unefemme, la seconde, deux enfants, La troisième, mieux conservée,porte un homme de grandeur naturelle qui tient, d'une main, unsac ou une bourse, de l'autre, une sorte de couteau : malheureusementelle gît par terre en porte-à-faux, et pourrait être brisée par lestroupeaux qui viennent boire à l'abreuvoir voisin. Tel quel, l'ensembleest intéressant et pourrait donner lieu, une fois redressée la troisièmedalle, à un classement.

» Sur la montagne de Saint-Romain, on observe de très nombreuxmurgers où sont entassés les pierres dont l'enlèvement a rendu pos-sible la culture du sol avoisinant ; mais il peut se faire que certainsd'entre eux soient des sépultures, opinion que partage M. Sordct.— Une sépulture authentique a été trouvée à Evelle, dans un tombeauen laves. — D'autres sépultures du même genre, contenant souventplusieurs squelettes, chaque corps étant recouvert d'une sorte devoûte, ont été mises au jour par M. de Saulcy sur un espace de2 kilomètres, dans un bois, non loin de la ferme d'Auvenay. — Unmonument curieux, représentant une divinité, sorte d'Epona montéesur un éléphant, a été découvert dans le voisinage de l'ancien té-légraphe.

Page 3: Bibliothèque municipale de Dijon - Accueil - 22 … CACO/1832-2001...Strasbourg, relative aux marques de potiers figurant sur certains vases en étain conservés à Dijon. M. Baudot,

24 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

» Epoque romaine. — Dans toute cette région, l'époque romainea laissé de nombreuses traces. Le camp romain du Mont-Mélian,sur la montagne qui domine le village d'Auxey-Duresses au midi,compte un hectare et demi de surface, et a succédé à un ancien campgaulois. Un abri sous roche situé sous le rocher de la pointe du campserait intéressant à fouiller. Un mur d'enceinte en pierres sèchesest défendu par un fossé parallèle, sauf du côté de l'à-pic vers levillage. A l'intérieur, des amoncellements de pierres font penserà des murs intérieurs de séparation. On suppose qu'un puits devaity exister. M. Jacquelin-Beauvalot, géomètre à Auxcy, a trouvéau Mont-Mélian plus de 200 silex ouvrés, dont un grattoir ; il avaitégalement rassemblé un nombre important de monnaies ; mais,à sa mort, cette collection a été dispersée.

» D'autres vestiges importants se rencontrent sur le flanc de lamontagne, principalement du côté de Meursault. Ainsi, au climatdes « Autets », sur Auxcy, à mi-côte du camp, M. Auguste Naudin,en creusant un peu profondément sa vigne, a découvert de nom-breuses pièces de monnaie. Dans le finage voisin des « Chevaliers »,on aperçoit des restes de constructions romaines. Au climat des« Narvaux », à la base de la montagne, il y a des vestiges d'habita-tions. Des fouilles ont ramené .des poteries, des pierres sculptées,et 14 squelettes mérovingiens. Deux sources situées à la base duMont-Mélian expliquent la présence de villas romaines dans leurvoisinage.

» Une voie romaine se détachait de celle qui reliait Autun à Chalonet passait par Ghagny, Corpeau, Tailly et Bligny-sous-Beaune ; unede ses bifurcations desservait le camp du Mont-Mélian et partaitdu finage des « Chazeaux » sur Meursault. On retrouve dans ceterritoire d'importantes fondations de bitume, avec briques, pavés,débris de colonnes, des médailles et monnaies de César, Vespasienet Tibère, ainsi que des sépultures. Cette voie passe au finage du« Puits Benoît », où existent des restes de constructions. Au piedde la montagne, au finage « La Cave », est un reste de voûte ro-maine de 5 à 6 mètres.

» Entre les deux villages d'Auxey, au pied du coteau planté devignes, un vieux chemin conserve le tracé d'une voie romaine sedirigeant vers Beaune par Monthélie.

» Dans le vallon à l'ouest de Pommard, où coule le ruisseau appeléimproprement l'avant-Dheune (pour la Vandainc), et vers le moulinde la Grange au Vaget, sur le territoire de Volnay, susbiste encoreun pont romain de parfaite, conservation cl qui a été classé. Il livrepassage à une voie romaine qui se dirige vers l'ouest à travers lebois de la Serve, où l'on peut voir encore l'ancien pavage sur unedizaine de mètres. Cette voie gagne le nord de Saint-Romain, montedurement sur les Chaumes d'Auvenay qu'elle traverse dans 1P di-rection de Santosse pour aller à Autun. Non loin du pont romain

Page 4: Bibliothèque municipale de Dijon - Accueil - 22 … CACO/1832-2001...Strasbourg, relative aux marques de potiers figurant sur certains vases en étain conservés à Dijon. M. Baudot,

PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES 25

et le long de la voie, est un dolmen dont la table intacte reposepresque sur le sol, les blocs qui la soutenaient ayant disparu enpartie.

» Moyen âge. Eglises cl chapelles. Vieilles maisons. — Le plusancien de ces monuments paraît être la chapelle Saint-Symphoriendu Petit-Auxey, qui semble avoir succédé à un édifice plus ancien,datant peut-être du xie siècle. La voûte n'existe plus, et se trouveremplacée par un plafond ; la tour carrée du clocher est couverteen bâtière ; la base de la porte d'entrée date du xni e siècle ; dansle cimetière, une croix moderne repose sur une forte base gothiquedatant du xve siècle.

» L'église de Larochepot est un monument remarquable du xn e siè-cle à trois nefs se terminant par trois absides en cul-de-four ; lesdeux contre-nefs sont étroites. Cette église n'est pas orientée etla porte d'entrée, à la base du clocher, est divisée par un remar-quable trumeau byzantin sculpté. Dans la grande nef sont des pilastrescannelés ; l'abside principale a une arcatirre soutenue par d'élégantescolonnettes. Les chapiteaux de la nef sont romans, très fouillésavec représentations de personnages et d'animaux ; ils s'apparententà ceux de Saint-Andoche de Saulieu. Cette église, bien que classée,menace ruine malgré d'importants travaux faits pour la consolider.

» La petite église de Baubigny (xne siècle) est précédée d'un porcheà trois ouvertures avec arc brisé et escaliers descendants. Le solde l'église étant en contrebas, il faut, une fois la porte franchie,descendre 7 à 8 marches pour y pénétrer. La décoration de la porte,dont l'arc est en anse de panier surbaissé, consiste en moulures encreux se pénétrant sur le nu du mur.

» L'église d'Auxey-Duresses est du xv° siècle, et a été réparéeaux temps modernes. Le clocher en tuf, avec arêtes saillantes etcouronnes s'échelonnant dans sa hauteur, s'apparente au clocherde Saint-Nicolas de Beaune. A l'extérieur se voit par places la litredu seigneur Pot. Cette église, de belles proportions intérieures, possèdedeux caveaux dans la nef : l'un était réservé aux enfants, l'autreaux femmes mortes en couches. Mais ce qu'on y voit de plus re-marquable, ce sont les tableaux qui proviennent d'acquisitionsfaites à Beaune, lors des ventes qui marquèrent les débuts de laRévolution, entre autres un très beau triptyque de grandes dimen-sions, datant de la première moitié du xvie siècle et représentant laNativité de la Vierge, la vision de saint Joachim et la présentationde la Vierge au Temple ; à l'extérieur des volets, on observe d'intéres-santes représentations de coiffures féminines. Deux autres petitstableaux méritent l'attention : une tête de saint Jean-Baptiste dansle chœur ; une tête de Vierge dans la nef.

» Dans le cimetière du village s'élève une petite chapelle gothiquedu xve siècle sur plan carré, assez bien conservée, et qui mériterait

Page 5: Bibliothèque municipale de Dijon - Accueil - 22 … CACO/1832-2001...Strasbourg, relative aux marques de potiers figurant sur certains vases en étain conservés à Dijon. M. Baudot,

26 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

d'être classée. Un cordon saillant en fait complètement le tour, àl'extérieur ; à l'intérieur, les arcs ogives reposent sur des culots àtête ; la porte d'entrée, quelque peu détériorée, est en anse de paniersurbaissée, avec moulures en creux se pénétrant. Au dehors, sedresse une vieille croix percée du xve siècle. Au dedans, dans unangle, on remarque une Pieta polychromée ; sur le sol, la tombegravée d'un arbalétrier, avec l'arme dessinée en creux.

» De vieilles maisons se voient par places dans le village, entreautres celle des Arbalétriers, voisine du cimetière actuel.

» L'église de Saint-Romain-le-Haut est un édifice du xv° siècle 'qui n'a rien de remarquable en lui-même. La tour carrée et trapuedu clocher s'élève au-dessus de la façade. La porte d'entrée estgothique ; la voûte intérieure du clocher est à liernes et tiercerons.Il faut descendre, comme à Baubigny, de hautes marches intérieurespour arriver au sol de la nef unique qui se trouve d'au moins lm50à 2 mètres en contrebas du cimetière qui l'entoure.

» La nef est plafonnée, et le chœur voûté d'ogive. Contre le murde séparation de la nef et du chœur, on remarque, à droite, un auteldu xvn e siècle en bois sculpté et, à gauche, une chaire. Le chœurest en communication avec une petite chapelle latérale, ayant elle-même porte de sortie sur le cimetière, qui est ici de plain-piecl. Danscette chapelle, il existe une cuve baptismale ancienne, placée autrefoissous le clocher ; c'est un bloc de pierre d'un mètre trente centimètresde diamètre, affectant une forme conique et reposant par son sommetsur une base très étroite ; l'absence de toute sculpture empêche delui assigner un âge.

» Mais, ce qu'il y a de plus curieux dans cette église, c'est la chairedu xvn e siècle, entièrement en pierre. La cuve à pans coupés nousoffre, sous de petites arcatures, l'image sculptée des évangélistes ;elle est soutenue par un aigle aux ailes déployées, portant attachéà son cou un écu où sont sculptées les armes des donateurs : unegrappe de raisins et un petit baril. L'escalier présente une rampede pierre pleine, où se déploie la sculpture d'une branche de vigneavec fruits et insectes particuliers à la vigne. A la base de la cuve,on lit deux lignes gravées en creux :

« Pierre et Phrt Barolet frères et communs en biens ont« faits faire cest chaire ; »

» puis, en dessous, et se rapportant à l'aigle :«Sur tous oyseaux je suis le roy ; voiler je peus en si» hault lieu que le soleil de près je voy. Heureux sont» ceux qui verront Dieu ».

» Le mur d'une maison de Saint-Romain-le-Bas conserve unepierre gravée avec cette inscription : « Vincent Barolet notaire royale» et procureur à Beaulnes et Bénigne Micault sa femme ont faict

Page 6: Bibliothèque municipale de Dijon - Accueil - 22 … CACO/1832-2001...Strasbourg, relative aux marques de potiers figurant sur certains vases en étain conservés à Dijon. M. Baudot,

PROCÈS-VERBA.UX DES SÉANCES 27

» faire cette fontaine ». 1582. — Ce nom de Barolet se rencontresouvent clans les registres ayant rapport à ce village ; aujourd'huiencore, on trouve dans le pays des descendants de cette famille.

» Dans le cimetière, et face à l'entrée de l'église, se dresse une croixdu xvi° siècle avec base octogonale. Certaines parties sont gothiques ;mais l'intérieur des panneaux de chaque face présente une décorationdatant nettement du xvie siècle. Autour du fût cylindrique de lacroix s'enroule en spirale une branche de laurier avec ses fruits ; lacroix proprement dite était surmontée d'un pélican, mais l'ensembles'est trouvé brisé à la suite d'un orage ; les deux fragments (croixet pélican) ont été recueillis grâce aux bons soins de M. Sordet ; ilsuffirait d'une réparation pour la rétablir dans son état primitif.Cette belle croix mérite qu'on s'y intéresse et l'on pourrait en de-mander le classement.

» Saint-Romain possède plusieurs vieilles maisons des xive, xve

et xvie siècles. A Saint-Romain-le-Bas, sur l'ancien chemin reliantles deux villages, une entrée de maison présente un linteau de porteen accolade avec deux écus sculptés, mais mutilés, chacun dansun petit encadrement à colonnettes. Tout à côté, un puissant linteaude porte offre un blason mutilé et, au-dessus, une petite niche gothique.Une autre maison a, sur sa cour, des fenêtres ovales dont l'enca-drement est richement sculpté dans le goût du xvie siècle. A Saint-Romain-le-Haut, quelques dessus de porte ont des sculptures. L'und'eux présente- un blason intact sur une partie saillante en formed'œuf. A Saint-Romain-le-Bas, dans un mur d'escalier extérieur,est encastrée une curieuse pierre de grès profondément fouillée, sortede sculpture informe très ancienne.

» A Melin, une ancienne chapelle du xm e siècle, actuellementabandonnée, mais conservant encore sa porte d'entrée, est ornéeà son pignon d'une intéressante fenêtre tréflée.

» A Orches, une autre chapelle possède une porte gothique duxv° siècle.

» La chapelle d'Evelle, sous le vocable de saint Abdon, date duxvn e siècle ; elle est surmontée d'une petite flèche. Actuellement,elle se trouve enclavée dans une propriété particulière.

» Châteaux et maisons-fortes. — A la pointe du rocher de Saint-Romain-lc-Haut, subsistent les ruines d'un ancien château des ducsde Bourgogne, qui leur servit longtemps de magasin d'approvi-sionnement ; on y voit un puits très profond, dont la légende nousa été communiquée dans une lettre que nous avons reçue au débutde l'an dernier. Toujours à Saint-Romain-le-Haut, mais à côté del'église, s'élève un petit castel, propriété de moines irlandais, qu'ha-bite maintenant M. Sordet ; deux grosses tours flanquent le bâtimentprincipal. Notre collègue a trouvé dans son parc, en faisant desfouilles à 2 mètres de profondeur, deux sarcophages en pierre de

Page 7: Bibliothèque municipale de Dijon - Accueil - 22 … CACO/1832-2001...Strasbourg, relative aux marques de potiers figurant sur certains vases en étain conservés à Dijon. M. Baudot,

28 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

dolomie, provenant vraisemblablement de la carrière voisine ; lapierre n'a aucune sculpture, mais simplement des sillons parallèles.Les ossements qui s'y trouvaient sont en partie brisés.

» A Larochepot se trouve le château bien connu qu'a restauréM. le colonel Carnot. Dans ce village, on remarque la belle façaded'une maison gothique du xve siècle.

» A Auxey-Duresses existait autrefois une demeure seigneurialegothique, dont il reste encore deux fenêtres jumelées avec accoladeset meneaux sculptés de la fin du xvc siècle.

» Enfin, sur les Chaumes d'Auvcnay, la ferme isolée qui surveillele pays, se présente à nous avec les allures d'une antique forteresse :son bâtiment principal est, aujourd'hui encore, flanqué de deux petitestours à toitures de laves »,

Séance du 23 février 1927

PRÉSIDENCE DE M. en. OUHSEL, vice-président

M. Oursel rappelle que, le jour même, au cours d'un déjeunerprésidé par M. Edouard Estaunié, de l'Académie française, et dansune atmosphère de vive sympathie, de nombreux membres de laCommission ont fêté leur président, M. Auguste Baudot, récemmentpromu chevalier de la Légion d'honneur.

Il est ensuite procédé à l'élection, comme associés, de M. le vicomtede Simony et de M. J. de Loisy,

M. X. Aubert, membre résidant, signale qu'il existe, au muséede Lausanne, un couteau de l'âge du Bronze, identique à celui quifut trouvé au début du siècle par M. Cl. Drioton dans la grotte deRoche-Chèvre, à Barbirey-sur-Ouche, et qui semble sortir du mêmeatelier. Cette analogie est intéressante à relever, car elle démontre,une fois de plus, les relations qui existaient à cette époque entre laSuisse et notre région.

M. l'abbé M. Chaume, membre résidant, rend compte d'une excur-sion qu'il a faite le 13 février, dans la région d'Agey, en compagniede MM. G. Grémaud et E. Guyot, associés. Grâce aux indicationsde M. Vernet, correspondant, habitant cette localité, il a été possiblede préciser le tracé d'une ancienne voie se dirigeant de la penteN.-E. de la montagne de Veluzc vers le nord. Elle passe à proximitéd'Agey aux lieux-dits : « Charrière », « Creuse », « chemin ez Pots »,coupe la route de Sombernon un peu à l'est de la ferme de la Répu-blique où l'on retrouve des vestiges de pavage apparent, traversePrâlon, gravit le flanc ouest du mont Chauvin et aboutit aux der-nières maisons de Mâlain. A cette voie paraît se raccorder dans