Bibliotheque d'Humanisme Et Renaissance Tome Ix - 1947

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    BIBLIOTH?QUE

    D'

    HUMANISME

    ET

    RENAISSANCE

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    N?

    R?imprim?

    avec

    l'autorisation

    e

    la

    Librairie

    roz

    S.A.

    et

    de

    Mademoiselle

    E

    Droz

    par

    Librairie roz SA.

    Slatkine

    Reprints

    Swets

    Zeitlinger

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    BIBLIOTH?QUE D'

    HUMANISME

    ET

    RENAISSANCE

    TRAVAUX

    DOCUMENTS

    Tome

    IX

    LIBRAIRIE E.DR02

    GEN?VE

    1947

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    LA

    R?VISION

    DE

    LA BIBLE

    PAR

    ALCUIN

    Au seuil de cette contribution ? l'histoire de la Renaissance ca

    rolingienne,

    on ne

    saurait

    mieux faire

    que

    de

    reproduire

    les

    lignes

    suivantes

    du

    R.

    P.

    J. de Ghellinck:

    ?Quels

    mobiles

    inspiraient

    Charlemagne

    dans

    ses

    efforts

    de

    r?surrection intellectuelle?

    Ses

    pre

    mi?res

    vis?es

    r?formatrices

    sont

    modestes.

    Malgr?

    les

    pompeuses

    expressions

    d'Alcuin

    et

    de

    Notker

    le

    B?gue,

    qui parlent

    d'une

    ?nou

    velle

    Ath?nes?

    sup?rieure

    ?

    l'ancienne,

    ce

    n'est

    point

    l'id?al

    hu

    maniste

    que

    Ton

    per?oit

    ?

    l'origine...

    Au

    d?but,

    c'est l'id?al

    de

    saint

    Boniface

    qui

    pr?side

    ?

    sa

    tentative,

    comme

    il

    s'?tait

    pr?sent?

    ?

    l'esprit

    de

    P?pin

    le

    Bref:

    le

    renouveau

    intellectuel

    est

    indispensable

    pour

    la

    r?forme

    du

    clerg?1?

    .

    Ce

    caract?re essentiellement

    ?cl?rical?

    de la Renaissance ca

    rolingienne

    ?

    ses

    d?buts,

    explique

    la

    pr?occupation

    des

    textes

    bibli

    ques

    manifest?e

    par

    Charlemagne

    dans

    les

    instructions

    initiales

    du

    mouvement.

    A

    cet

    ?gard,

    la

    circulaire,

    dite

    de

    litteris

    colendis,

    adress?e

    aux

    m?tropolitains,

    aux

    ?v?ques

    et

    aux

    chefs

    d'abbayes

    entre

    780

    et

    le

    29

    mai

    801

    est

    tr?s

    importante.

    Le

    roi

    y

    ordonne

    aux

    chefs

    du

    clerg?

    r?gulier

    et

    s?culier,

    d'encourager

    l'?tude des

    lettres

    (litterarum studia)

    et

    d'en

    organiser l'enseignement;

    le

    but,

    affir

    me-t-il,

    est d'assurer

    aux

    moines

    et

    aux

    clercs

    une

    exacte

    compr?

    hension des Ecritures2. La circulaire, dite Epistola generalis, par

    laquelle

    Charlemagne prescrit

    aux

    ?glises

    de

    ses

    ?tats,

    sans

    dout*

    entre

    le

    19

    avril 800

    et

    le

    29

    mai

    801,

    l'emploi

    du

    nouvel hom?liaire

    qu'il

    ?

    fait

    composer

    par

    Paul

    Diacre,

    refl?te

    les m?mes

    disposi

    tions

    3

    :

    c'est

    afin

    de

    relever

    la

    condition des

    ?glises,

    que

    le roi s'est

    attach?

    ?

    encourager

    la

    pratique

    des lettres

    (litterarum

    officin?m)

    1.

    Litt?rature latine

    au

    moyen

    ?ge,

    1,

    Paris,

    1939,

    p.

    85.

    2.

    A.

    Boretius,

    Capitular?a

    Regum

    F

    rancor um

    y

    I,

    Hanovre,

    1883

    (MM.

    GG.,

    in-4?),

    n

    29. On

    a

    conserv?,

    de

    ce

    document,

    le

    texte non dat? de l'exemplaire adress? ? Baugulf, abb? de Fulda de

    780 ?

    802

    ;

    Charlemagne

    y

    porte

    le

    titre

    royal,

    dont il

    n'a

    plus

    us?

    ?

    partir

    du

    29

    mai

    801

    (Diplomata Karolinorum,

    I,

    ?d.

    E.

    Muhl

    bacher,

    Hanovre,

    1906;

    MM.

    GG.,

    in-4).

    3.

    Ibid.,

    ?

    30. Sur

    la

    date,

    voir

    plus

    loin,

    p. 9,

    12-13.

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    8

    F. L.

    GANSHOF

    et

    l'?tude des

    ?arts

    lib?raux?

    (ad

    pernoscenda

    studia

    liberaliiim

    artium).

    Ce

    z?le

    litt?raire

    au

    service de

    l'Eglise,

    avait

    pour

    but

    principal

    de

    rem?dier ?

    l'?tat

    de

    d?ch?ance

    o? ?tait

    tomb?

    le

    texte

    des

    Livres Saints

    par

    suite

    de

    l'ignorance

    des

    copistes

    (librariorum

    imperitia).

    Enfin,

    le texte

    essentiel:

    la

    seconde

    partie

    du

    c.

    72

    de

    YAdmonitio

    generalis

    au

    clerg?,

    du 23

    mars

    789

    \

    dont la cir

    culaire de

    780-801

    n'est

    peut-?tre qu'une

    mesure

    d'ex?cution.

    Apr?s

    avoir

    donn? l'ordre

    aux

    chefs

    de dioc?ses

    et

    d'abbayes,

    d'organiser

    des

    ?coles

    et

    apr?s

    en

    avoir

    arr?t? le

    programme

    g?n?ral,

    le

    roi

    ajoute:

    ?Et

    corrigez

    soigneusement

    les

    livres

    catholiques?

    ?

    ?

    moins

    qu'il

    faille entendre: ?Et

    ayez

    des livres

    catholiques

    bien

    corrig?s?

    ?-

    ?parceque

    souvent

    ceux

    qui

    d?sirent demander

    bien

    ? Dieu

    quelque

    gr?ce,

    la

    demandent

    mal

    par

    la

    faute

    de

    livres

    non

    corrig?s.

    Et

    ne

    permettez

    pas

    que

    vos

    jeunes

    clercs

    corrompent

    le

    texte

    de

    ces

    livres,

    soit

    en

    les

    lisant

    ?

    haute

    voix,

    soit

    en

    les

    copiant;

    et

    s'il

    y

    a

    lieu

    de

    copier

    l'Evangile,

    le

    psau

    tier

    et le

    missel,

    que

    des hommes faits les

    copient

    avec

    tout

    le

    soin

    voulu2?. On

    ne

    pourrait

    marquer

    plus

    nettement

    le

    souci de

    procurer

    aux

    ?glises

    des

    textes

    liturgiques

    et

    bibliques

    s?rs;

    la

    d?nomination

    ?livres

    catholiques?

    couvre,

    en

    effet,

    au

    moins

    les

    Evangiles et le psautier, comme l'indique le contexte.

    L'extr?me

    vari?t? des

    textes

    bibliques

    en

    usage

    dans la

    monar

    chie

    franque

    justifiait

    amplement

    ce

    souci.

    L'?tude des

    manus

    crits

    conserv?s

    et,

    parfois

    indirectement,

    l'?tude

    des manuscrits

    dont

    ceux-ci

    d?rivent,

    a

    permis

    de

    d?terminer

    l'origine

    de

    ces

    divergences.

    On

    a

    r?ussi ?

    distinguer

    dans

    ces

    manuscrits

    ce

    qui

    prove

    nait

    de

    versions

    latines

    pr?hi?ronymiennes,

    de

    ce

    qui

    d?rivait

    de.

    la

    Vulgate,

    c'est-?-dire

    de la traduction

    procur?e

    par

    saint

    J?r?me3

    1.

    Ibid.,

    no

    22.

    2.

    L'?tablissement

    du texte

    ne

    nous

    para?t

    pas

    tout

    ?

    fait

    s?r.

    Faute d'avoir

    pu

    proc?der

    jusqu'ici

    ?

    une

    collation

    des

    prin

    cipaux

    manuscrits

    (y compris

    ceux

    de

    la collection

    d'Ansegise,

    I,

    68;

    Boretius

    I,

    p.

    403)

    nous

    reproduisons

    le

    texte de Boretius:

    Et

    ut

    scolae

    legentium

    puerorum

    fiant.

    Psalmos,

    notas, cantus,

    com

    potum,

    grammaticam

    per

    singula

    monasteria vel

    episcopio,

    et

    libros

    catholicos

    bene

    emendate, quia

    saepe,

    dum

    bene

    aliqui

    Deum

    rogare

    cupiunt,

    sed

    per

    inemendatos

    libros

    male

    rogant.

    Et

    pueros

    vestios

    non

    sinite

    eos

    vel

    legendo

    vel

    scribendo

    corrumpere.

    Et si

    opus

    est

    euangelium,

    psalterium

    et

    missale

    scribere,

    perfectae

    aetatis homines

    scribant

    cum

    omni

    diligentia.

    Plusieurs

    mss.

    donnent

    emendatos

    au

    lieu

    de

    emendate.

    D'o?

    les

    deux

    possibilit?s

    de

    traduction

    que nou,s

    avons

    envisag?es.

    3.

    Nous

    usons

    du terme

    Vulgate

    dans

    son

    acception

    actuelle,

    qui

    remonte

    ?

    la

    fin

    du

    moyen

    ?ge.

    Jusque

    l?,

    cette d?nomination

    s'appliquait

    g?n?ralement

    aux

    ?Septante?

    et,

    le

    cas

    ?ch?ant,

    ?

    leur

    traduction

    latine.

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    et

    l'on

    a

    pu

    mettre

    en

    lumi?re

    la

    grande

    part

    directe et

    indirecte

    .des

    influences

    espagnoles

    et

    irlandaises

    dans les

    interpolations,

    corrections

    et

    omissions

    qui

    d?figur?rent

    les

    textes

    sacr?s.

    Ce

    qu'il

    importe

    surtout

    de

    retenir,

    c'est

    que

    les

    recueils

    bibliques

    em

    ploy?s

    au

    VIIIme

    si?cle

    en

    Francia,

    contenaient des

    textes

    alt?r?s

    et

    mixtes;

    m?me

    les

    manuscrits

    import?s

    ou

    copi?s

    par

    les mis

    sionnaires

    anglo-saxons

    et

    leurs

    disciples

    pr?sentent

    ce

    caract?re,

    bien

    qu'ils

    aient

    g?n?ralement

    la

    Vulgate

    pour

    base

    l.

    ,

    Les

    dispositions

    du

    capitutaire

    de

    789

    ne

    pouvaient

    rem?dier

    ?

    cette

    situation

    que

    d'une

    mani?re

    indirecte

    et

    incompl?te.

    Il

    n'est

    d'ailleurs, pas

    certain

    qu'elles

    aient vis? d'autres textes

    bibliques

    que

    les

    Evangiles

    et les

    Psaumes,

    ? raison de leur im

    portance

    pour

    la

    liturgie.

    Le

    soin

    de

    corriger

    les

    textes

    ?

    ou

    de

    se

    procurer

    des

    textes

    corrig?s

    ?

    ?tait

    laiss?

    aux

    chefs

    spirituels

    des

    dioc?ses et des

    abbayes;

    leur

    z?le

    et

    leurs

    lumi?res ?taient

    la condition

    du

    succ?s

    et

    m?me,

    dans

    l'hypoth?se

    la

    plus

    favora

    ble,

    les

    mesures

    prescrites

    ne

    permettaient pas

    d'esp?rer

    l'adop

    tion

    d'un texte uniforme.

    Aussi

    Charlemagne

    fit-il

    entreprendre

    par

    une

    autre

    mesure,

    la

    r?vision

    de tous les livres de

    la

    Bible

    en

    vue

    de

    l'adoption

    d'un

    texte latin correct et unique. Le roi le rappelle lui-m?me dans

    YEpistola

    generalis,

    cit?e

    plus

    haut:

    ?C'est

    ainsi?,

    dit-il,

    ?que,

    Dieu

    nous

    aidant

    en

    toutes

    choses,

    nous avons

    d?j?

    ant?rieurement

    fait

    corriger

    avec

    soin

    tous les

    livres

    de

    l'Ancien et du

    Nouveau

    Testament,

    d?grad?s

    par

    l'ignorance

    des

    copistes2?.

    Cette

    t?che,

    il

    l'avait confi?e

    au

    principal

    de

    ses

    conseillers

    spirituels

    et

    intellectuels,

    Alcuin.

    Dans

    une

    lettre

    non

    dat?e,

    adras

    -

    s?e

    ?

    Gisla,

    abbesse

    de

    Chelles,

    et

    s

    ur

    de

    Charles

    et

    ?

    Rotrude,

    fille

    de

    celui-ci,

    l'illustre

    abb?

    de

    Saint-Martin

    de

    Tours

    assure

    qu'il

    consacre

    tout

    son

    temps

    ?? la

    correction

    de

    l'Ancien

    et

    du

    Nouveau

    Testament, entreprise

    suivant les ordres du

    roi3

    ?.

    Une

    autre

    lettre,

    adress?e ?

    Charlemagne

    lui-m?me et

    ?galement

    non

    1.

    Il

    peut

    suffire

    de

    renvoyer

    au

    livre

    rest?

    classique,

    de

    S.

    Berger,

    Histoire

    de la

    Vulgate

    pendant

    les

    premiers

    si?cles du

    moyen

    ?ge, Nancy,

    1893,

    les

    trois

    premi?res parties,

    et

    ?

    H.

    Glunz,

    Britannien

    u.

    Bibeltext.

    Der

    Vulgatatext

    der

    Evangelien

    in seinem

    Verh?ltnis

    zur

    Irisch-Angels?chsischen

    Kultur des

    Fr?hmittelalters,

    Leipzig,

    1930,

    Chap.

    I

    et

    II,

    1.

    2. Inter

    quae

    iam

    pridem

    universos

    veteris

    ac

    novi

    instrumenii

    libros,

    librariorum

    imperitia depravatos,

    Deo

    nos

    in

    omnibus adiii

    vante,

    examussim

    correximus.

    3.

    Alcuini

    sive

    Albini

    epistolae;

    ?d.

    E.

    Dummler,

    MM.

    GG,,

    Epistolae,

    IV,

    Berlin,

    1895,

    in-4?,

    n

    195. Totius

    forsitan evangelii

    expositionem

    direxerim

    vobis,

    si

    me

    non

    occupassei

    domni

    r?gis

    praeceptum

    in

    emendatione veteris

    et

    novi

    testamenti.

  • 8/9/2019 Bibliotheque d'Humanisme Et Renaissance Tome Ix - 1947

    8/197

    ?O

    F. L. GANSHOF

    dat?e,

    nous

    apprend

    qu'Alcuin

    a

    men?

    sa

    t?che

    ?

    bonne

    fin: Alcuin

    y

    annonce

    renvoi

    au

    roi,

    ?

    titre

    de

    pr?sent,

    des Livres Saints

    ?r?unis

    dans

    la

    saintet?

    d'un

    seul

    corps

    tr?s

    illustre,

    et

    soigneuse

    ment

    corrig?s

    1

    ?.

    La

    d?signation

    d'Alcuin

    pour

    cette

    mission

    n'a

    rien

    de

    surpre

    nant.

    L'?tendue de

    sa

    culture

    ?

    ?

    l'?chelle de

    la

    civilisation

    du

    temps

    ?,

    l'int?r?t

    port?

    aux

    ?tudes

    bibliques

    par

    ses

    compatriotes

    anglo-saxons2

    et

    par

    lui-m?me8,

    joints

    au

    cr?dit

    que

    sa

    science

    et

    sa

    conscience

    lui

    valaient

    aupr?s

    de

    Charlemagne4

    dictaient

    ?

    celui-ci

    son

    choix.

    Le manuscrit

    original

    d'Alcuin ne nous a

    pas

    ?t?

    conserv?;

    mais l'?tude

    des

    manuscrits

    qui

    en

    sont

    d?riv?s

    directement

    ou

    indirectement,

    a

    permis

    de

    se

    faire

    ime

    id?e de

    ce

    texte.

    En

    tant

    qu'Anglo-Saxon,

    form? ?

    la c?l?bre ?cole

    d'York,

    et,

    dans la

    suite,

    de chef de

    cette

    ?cole,

    Alcuin

    a

    certainement

    utilis? des

    manuscrits

    venus

    d'Angleterre,

    en

    vue

    de

    son

    travail

    de

    r?vision5.

    L'influence

    de textes

    ?e

    type anglais

    et

    singuli?rement

    northumbrien

    bas?s

    sur

    la

    Vulgate

    hi?ronymienne,

    semble avoir ?t?

    dominante;

    ce

    pendant

    elle

    ne

    fut

    point

    la

    seule.

    Certains

    manuscrits northum

    briens

    remontaient

    eux-m?mes

    ?

    des

    manuscrits italiens de

    type

    mixte et, d'autre part, Alcuin utilisa vraisemblablement des ma

    muscrits

    continentaux

    marqu?s

    de

    l'influence

    irlandaise

    et

    ayant

    subi,

    ?

    travers

    celle-ci,

    l'action

    de

    l'ancienne

    version

    pr?hi?rony

    1.

    Ibid.,

    no

    261:

    ...nihil

    dignius pacatissimo

    honori

    vestro

    inveniri

    posse,

    quam

    divinorum

    mu?era

    librorum,

    ...

    quos,

    in

    unius

    clarissimi

    corporis

    sanctitatem

    conexos

    atque

    diligenter

    emendatos,

    vestrae

    altissimae

    a?ctoritati

    ...dirigere

    curavi.

    2.

    Berger,

    op.

    cit.,

    p.

    34-41;

    Glunz,

    op.

    cit.,

    p.

    89-114;

    W.

    Levison,

    England

    and

    the

    Continent

    in the

    eighth

    century,

    Oxford, 1946, p. 142-143.

    3.

    M.

    Manitius,

    Geschichte

    der

    lateinischen Literatur des

    Mittelalters,

    I,

    Munich,

    1911,

    p.

    287-288;

    A. E.

    Sch?nbach,

    Ueber

    einige Evangelienkommentare

    des

    Mittelalters,

    Sitzungsber.

    d.

    kais.

    Akad.

    d.

    Wissensch,

    zu

    Wien,

    Phil.-Hist.

    Kl.,

    CXLVI,

    1903,

    p.

    43

    78;

    P.

    Lehmann,

    Fuldaer

    Studien,

    Sitzungsber.

    d.

    Bayer.

    Akad. d.

    Wissensch.,

    Phil.-Hist.

    KL,

    1925,

    p.

    52.

    4.

    Le

    synode

    de

    Francfort

    de

    794

    (c.

    56)

    accueillit

    Aicuin

    dans

    sa

    communion

    et

    le fit

    participer

    au

    b?n?fice

    de

    ses

    pri?res,

    ?

    la

    requ?te

    du

    roi

    eo

    quod

    esset vir

    in

    ecclesiasticis

    doctrinis

    eruditus

    ;

    Boretius,

    Capitular?a

    I,

    n?

    28.

    5.

    Lettre

    d'Alcuin ?

    Charlemagne

    pour

    lui

    demander l'autori

    sation

    de

    faire

    venir

    ?

    Tours

    ses

    livres,

    rest?s

    ?

    York, Epistolae I,Aie.

    epist.,

    n?

    121,

    p.

    177,

    1. 4 et suiv. Voir aussi Alcuini sive

    Albini

    carmina,

    ?d.

    E.

    Dummler,

    MM.

    GG.,

    Poetae

    Latini,

    I,

    n?

    1,

    Versus

    de

    patribus,

    regibus

    ei

    sanctis

    Euboricensis

    ecclesiae,

    v.

    1535

    et

    suiv.

    sur

    la

    biblioth?que

    d'York

    el

    not.

    v.

    1538

    sur

    la

    litt?

    rature

    biblique.

  • 8/9/2019 Bibliotheque d'Humanisme Et Renaissance Tome Ix - 1947

    9/197

    LA

    R?VISION

    DE LA BIBLE

    PAR

    ALCUIN

    11

    mienne1. D'autre

    part,

    on

    a

    relev?

    dans la

    recension alcuinienne*

    un

    certain nombre de

    corrections

    propres

    ?

    Alcuin, parfois

    astsez

    hardies,

    et

    inspir?es, semble-t-il,

    par

    des

    pr?occupations

    gramma

    ticales,

    peut-?tre

    aussi

    dans

    certains

    cas

    par

    sa

    m?thode

    d'interpr?

    tation

    des textes

    bibliques,

    fond?e

    sur

    l'autorit? des P?res2.

    On

    admet

    g?n?ralement,

    que

    la

    recension alcuinienne

    prise

    dans

    son

    ensemble

    doit ?tre

    consid?r?e

    comme

    un

    texte

    se

    rattachant

    ?

    la

    traduction

    de

    saint

    J?r?me,

    c'est-?-dire

    comme

    un

    texte

    de

    la

    Vulgate

    ?.

    Le

    d?sir

    de

    Charlemagne

    de voir le texte des

    Ecritures soi

    gneusement

    corrig?

    se trouvait donc satisfait. Son souci d'ordre et

    de

    stabilit?,

    manifest?

    dans

    le

    domaine

    biblique,

    comme

    dans

    le

    domaine

    liturgique4

    et

    dans

    tous

    les

    autres,

    re?ut,

    lui

    aussi,

    satis

    faction. Si l'on

    rel?ve,

    en

    effet,

    dans les

    productions

    du

    scripto

    rium

    de

    Tjours,

    des

    divergences parfois

    accentu?es,

    celles-ci

    ne

    portent

    g?n?ralement

    pas

    sur

    l'essentiel:

    il

    y

    a

    un

    texte

    alcuinien

    et

    ce

    texte,

    fort

    r?pandu,

    exer?a,

    tout

    en

    subissant de

    nouvelles

    d?formations,

    une

    influence d?cisive

    sur

    les destin?es ult?rieures

    de

    la

    Bible

    latine5.

    1.

    Nous

    r?sumons

    les conclusions

    de

    Berger,

    op.

    cit.,

    p.

    190

    191

    et

    de

    Glunz,

    op.

    cit.,

    p.

    127-133,

    et

    History of

    the

    Vulgate

    in

    England from Alcuin

    to

    Hoger Bacon, Cambridge (Engl.), 1933, p.

    29-32.

    2.

    Dom H.

    Quentin,

    M?moire

    sur

    V?tablissement

    du

    texte de

    la

    Vulgate.

    I.

    Octateuque,

    Rome

    et

    Paris,

    1922,

    p. 288-290;

    Glunz,

    Britannien,

    p.

    127,

    History,

    p.

    86-87;

    E.

    K.

    Rand,

    A

    preliminary

    study

    of

    Alcuin's

    Bible,

    The

    Harvard

    Theological

    Review,

    XXIV,

    1931,

    p.

    383-385;

    L.

    W.

    Jones,

    The tett

    of

    the

    Bible

    and

    the

    script

    and the

    art

    of

    Tours,

    Ibid., XXVII?*

    1935,

    p.

    139-179.

    3.

    Berger,

    op.

    cit.,

    p.

    328-329;

    Glunz,

    Britannien,

    p.

    128.

    Ceci est

    contest?

    par

    Dom

    Quentin,

    op.

    cit., p.

    438-452

    et

    519,

    pour

    qt?

    les mss.

    alcumiens,

    comme

    ceux

    des

    autres

    familles,

    remontent

    ?

    un

    arch?type

    unique,

    diff?rent

    du

    texte

    de

    St. J?r?me.

    Les

    vues

    dfc cet

    ?rudit

    n'ont

    g?n?ralement

    pas

    ?t?

    re?ues

    sur ce

    point;

    cf.

    Dom

    D.

    De

    Bruyne,

    Notes

    sur

    la

    Bible

    de Tours

    au

    /Xe

    si?cle,,

    G?ttingische

    Gelehrte

    Anzeigen,

    CXCIII, 1931, p.

    352-359.

    4.

    C'est

    ?

    ce

    m?me

    souci

    que

    r?pond

    la

    mission

    confi?e

    par

    Charlemagne

    ?

    Paul

    Diacre,

    de

    composer

    un

    nouvel

    hom?liaire;

    cf.

    Epistola

    generalis,

    Boretius, I,

    n

    30.

    5.

    B?rger,

    op.

    cit., p. 328-329;

    Glunz,

    History,

    p.

    2-3.

  • 8/9/2019 Bibliotheque d'Humanisme Et Renaissance Tome Ix - 1947

    10/197

    12

    F. L.

    GANSHOF

    Il

    serait

    d?s

    lors

    important

    de

    situer

    avec

    quelque

    exactitude

    le

    moment

    de

    ce

    travail

    de

    r?vision.

    Un

    premier

    t?moignage

    nous

    est

    fourni

    par

    Vepistola

    generalis,

    cit?e

    plus

    haut,

    qui

    fait

    ?tat

    de

    cette

    r?vision

    comme

    d'une

    chose

    effectu?e.

    Cette

    circulaire

    est

    ant?rieure

    au

    29

    mai

    801,

    puisque.

    Charlemagne

    y

    porte

    le

    titre

    royal

    et

    elle

    est

    post?rieure

    ?

    786,

    date

    o? Paul Diacre

    ?tait

    rentr?

    au

    Mont-Cassin,

    d'o?

    il

    envoya

    son

    hom?liaire

    ?

    Charlemagne1.

    La

    lettre,

    elle

    aussi

    d?j?

    cit?e,

    d'Alcuin

    ?

    Gisla

    et

    ?

    Rotrude,

    nous

    apporte

    une

    seconde

    donn?e.

    L'abb?

    de

    Saint-Martin

    leur

    annonce l'envoi d'une

    premi?re

    partie

    de son commentaire sur

    l'Evangile

    de

    saint

    Jean

    et c'est

    pour

    s'excuser

    de

    ne

    pas

    leur

    adresser

    encore

    l'

    uvre

    enti?re, qu'il

    all?gue

    le

    caract?re absor

    bant

    de la

    r?vision

    de

    la

    Bible,

    dont

    Le

    roi l'a

    charg?.

    Il

    assure

    cependant

    que,

    d?s

    qu'il

    en

    aura

    le

    loisir,

    il

    ach?vera

    son

    commen

    taire

    (cum

    coeptum

    opus

    secundum

    oportuniiatem

    temporis

    expie

    vero)

    et

    qu'il

    le d?diera ?

    ses

    correspondantes.

    Il

    r?sulte

    claire

    ment

    du

    contexte

    que

    cette

    lettre

    et

    la

    premi?re

    partie

    du

    com

    mentaire

    qui

    l'accompagnait,

    devaient

    parvenir

    aux

    destinatrices

    avant

    P?ques2.

    Une autre lettre d'Alcuin ? Gisla et ? Rotrude permet d'assi

    gner

    une

    date

    ?

    celle

    que

    nous venons

    de

    commenter. En

    effet,

    les

    pieuses

    amies

    d'Alcuin,

    lasses

    d'attendre,

    lui r?clament

    la

    fin de

    son

    commentaire

    et

    le

    secours

    spirituel

    de

    ses

    messages3.

    Enfin,

    il

    peut

    d?f?rer

    ?

    leurs

    v ux

    et

    leur

    adresser,

    avec

    la

    fin

    du

    com

    mentaire,

    une

    ?p?tre

    d?dicatoire,

    le

    tout

    accompagn?

    d'une lettre

    d'envoi4.

    Vers

    la

    fin de

    celle-ci,

    Alcuin

    fait

    allusion

    ?

    une

    s?rie

    d'?v?nements

    r?cents dont Gisla

    et

    Rotrude

    l'ont

    entretenu

    dans

    une

    missive

    qui

    ne

    nous

    a

    pas

    ?t?

    conserv?e. Ces

    ?v?nements

    datent

    tous

    des derniers

    jours

    de

    800:

    le

    couronnement

    imp?rial

    de

    Char

    lemagne,

    le r?tablissement

    de

    l'autorit?

    du

    pape

    L?on

    III,

    Tambas

    1.

    Boretius, Capitular?a

    I,

    no

    30;

    voir

    plus

    haut,

    p.

    7-8.

    Pour

    la

    date,

    voir Poetae

    Latini

    I,

    Pauli

    ei

    Pptri

    Carmina

    n?

    XXV,

    p.

    68

    (particuli?rement

    v.

    7

    ?

    i)),

    ainsi

    que

    la

    pr?face

    de

    D?mmler,

    p.

    28.

    Berger,

    op.

    cit.,

    p.

    187, Glunz,

    Britannien,

    p.

    127

    et

    C.

    De

    Clercq,

    La

    l?gislation

    religieuse

    franque

    de

    Clovis

    ?

    Charlemagne,

    Louvain

    et

    Paris, 1936, p.

    181,

    mettent

    en

    doute

    ridentification

    de la

    r?vision

    en

    cause

    dans

    ce

    document

    avec

    celle

    d'Alcuin;

    mais l'absence

    dans

    nos

    sources,

    de

    mentions

    relatives

    ?

    une

    autre

    r?vision

    de

    la

    Bible

    entreprise

    sur

    l'ordre

    de

    Charlemagne,

    infirme

    cette

    objection.2.

    Epistolae

    IV,

    Aie.

    epist.,

    n

    195;

    voir

    plus haut,

    p.

    9 et

    n.

    3. L'allusion

    ? la

    f?te

    de

    P?ques,

    p.

    323,

    1. 1-4.

    3.

    Ibid.,

    no

    196.

    Sch?nbach,

    op. cit.,

    p.

    49-51, croit,

    mais

    sans

    bonnes

    raisons,

    que

    cette

    lettre

    a

    ?t?

    r?dig?e

    par

    Alcuin lui-m?me.

    4.

    Ep?tre

    d?dicatoire,

    Ibid.,

    no

    213.

    Lettre

    d'envoi,

    Ibid.,

    no

    214.

  • 8/9/2019 Bibliotheque d'Humanisme Et Renaissance Tome Ix - 1947

    11/197

    LA

    R?VISION

    DE LA BIBLE PAR

    ALCUIN

    13

    sade du

    patriarche

    de J?rusalem1. Cette

    lettre

    d'Alcuin

    est

    donc

    du d?but de

    801

    et elle

    est

    ant?rieure

    ?

    P?ques,

    c'est-?-dire

    au

    4

    avril,

    puisqu'il n'y

    est

    pas

    question

    de la

    grave

    maladie

    dont

    Alcuin

    a

    ?t? atteint

    peu

    apr?s

    P?ques

    de

    cette

    m?me

    ann?e2.

    Or,

    dans cette lettre de

    801,

    avant le

    4

    avril,

    Alcuin

    rappelle

    qu'il

    a

    envoy?

    ?

    Gisla

    et

    ?

    Rotrude,

    la

    premi?re

    partie

    de

    son com

    mentaire,

    l'ann?e

    pr?c?dente3.

    La lettre d'envoi de cette

    premi?re

    partie

    est

    donc

    de

    8004,

    avant

    le 19

    avril,

    date

    de

    P?ques;

    et

    puisque

    ?

    ce

    moment

    Alcuin

    ?tait,

    nous

    le

    savons,

    enti?rement

    absorb?

    par

    son

    travail

    de

    r?vision

    de

    la

    Bible,

    nous avons

    l?,

    pour

    l'ach?vement de ce

    travail,

    mi terminus a

    quo.

    Comme Alcuin avait

    annonc?,

    dans

    cette

    lettre,

    qu'il

    terminerait

    son

    commentaire

    sur

    le

    Quatri?me

    Evangile

    d?s

    qu'il

    en

    aurait

    le

    loisir,

    on

    peut

    admettre

    que

    la

    r?vision

    de la

    Bible

    ?tait achev?e

    avant

    le

    4

    avril

    801,

    date

    ultime

    ?

    laquelle

    la fin

    du

    commentaire

    a

    pu

    ?tre

    envoy?e.

    Cette

    date

    nous

    fournit donc

    un

    terminus

    ad

    quern

    plus rapproch?

    du

    terminus

    a

    quo, que

    le

    29

    mai

    801,

    dont

    nous

    disposions

    jusqu'ici.

    Nous

    pouvons

    donc

    placer

    de

    fa?on

    provisoire

    l'ach?vement

    de la

    r?vision

    de la

    Bible

    entre

    le 19

    avril

    800

    et

    le

    4

    avril

    801.

    Deux autres

    lettres

    d'Alcuin

    vont

    nous

    permettre

    de

    pr?ciser

    encore. Adress?es ? des destinataires diff?rents, elles ont trait ?

    un

    m?me

    objet.

    Nous

    avons

    d?j?

    cit?

    plus

    haut

    le

    premi?re

    de

    ces

    lettres,

    dans

    laquelle

    Alcuin

    d?clare

    ?

    Charlemagne qu'en

    une

    circonstance

    solennelle,

    o? chacun

    se

    dispose

    ?

    le

    combler

    de

    pr?sents,

    il

    lui

    offre

    un

    exemplaire soigneusement

    corrig?

    des

    Livres Saints.

    Il

    le

    lui fait

    porter

    par

    un

    de

    ses

    moines,

    fid?le

    serviteur

    du

    roi5.

    La

    seconde

    lettre est

    destin?e

    au

    porteur

    de la

    premi?re,

    Natha

    na?l,

    c'est-?-dire

    Fridugise,

    moine

    et

    futur

    abb?

    de Saint-Martin6.

    ?Remets?,

    lui

    dit

    Alcuin,

    ??

    monseigneur David,

    le

    jour

    de

    No?l5

    1.

    Litteras

    vero,

    quas

    direxisii

    mihi,

    benigne

    suscepi;

    gra

    tias

    agens

    de

    exaltatione

    excellentissimi

    domini mei

    David;

    et

    de

    prosperitate

    apostolici

    viri;

    et de

    legatione

    honesta

    sanctae

    civitatis,

    in

    qua

    salvator

    noster

    mundum

    suo

    sanguine

    redemere

    dignatus

    est.

    Sur

    le

    sens

    de

    prosp.

    apost.

    v.,

    voir

    Ibid.,

    nos

    216 et 218.

    Sur

    les

    divers

    ?v?nements,

    voir

    Annales

    Regni

    Francorum,

    a*s

    800

    et

    801,

    1er

    texte,

    ?d.

    F.

    Kurze,

    Hanovre,

    1895,

    p.

    112.

    Il

    est

    ?

    peine

    besoin

    de

    rappeler

    que,

    dans

    le

    jargon

    des

    beaux

    esprits

    du

    temps,

    David,

    c'est

    Charlemagne.

    2.

    Epistolae

    IV,

    Aie.

    epist.,

    nos

    216

    et

    218.

    3.

    Scriptamque

    citius

    remittite

    mihi;

    simul

    et

    cum

    part?m,

    quam

    vobis

    anno

    transacto

    direxi.

    4.

    Cette

    date

    est

    accept?e par Berger, op. cit., p. 189,

    Sch?n

    bach,

    op.

    cit.,

    p.

    53

    et

    par

    Dom

    H.

    Quentin,

    op.

    cit.,

    p.

    267.

    5.

    Epistolae

    IV,

    Aie.

    epist.

    no

    261;

    voir

    plus

    haut?

    p.

    9-10

    et

    p.

    10,

    n.

    1.

    6.

    Cette

    identit?

    para?t

    r?sulter

    des

    lettres

    148,

    154,

    244, 245,

    259.

  • 8/9/2019 Bibliotheque d'Humanisme Et Renaissance Tome Ix - 1947

    12/197

  • 8/9/2019 Bibliotheque d'Humanisme Et Renaissance Tome Ix - 1947

    13/197

    LA

    R?VISION

    DE

    LA

    BIBLE PAR

    ALCUIN

    15

    Il

    n'est

    gu?re possible

    de

    fixer

    chronologiquement

    le

    d?but

    de la

    R?vision

    de

    la

    Bible

    par

    Alcuin,

    avec

    le m?me

    degr?

    d'ap

    proximation

    que

    l'ach?vement

    de

    ce

    travail.

    Une

    entreprise

    aussi

    consid?rable

    a

    d?

    exiger plusieurs

    ann?es

    de

    labeur. Nous

    savons

    par

    une

    lettre

    d'Alcuin

    ?

    Charlemagne

    qu'?

    la

    fin de

    796

    ou

    au

    d?but

    de

    797,

    il

    entreprenait

    d'enseigner

    ?

    ses

    jeunes

    moinee

    de

    Saint-Martin

    de

    Tours,

    l'Ecriture

    Sainte

    et

    les ?arts

    lib?raux? et

    qu'il

    demandait

    au

    roi

    l'autorisation

    de faire venir de

    York

    les

    livres

    qu'il

    y

    avait

    laiss?s

    l.

    On

    peut

    admettre

    que

    c'est

    post?rieu

    rement

    ? l'envoi

    de

    cette

    lettre et

    ?

    l'arriv?e

    de

    ses

    livres,

    qu'Ai

    cuin commen?a de

    s'appliquer

    ? revoir les textes

    bibliques

    pour

    les

    ?mender.

    Eu

    ?gard

    ?

    l'ampleur

    de la

    t?che,

    on

    ne

    risquera

    pas

    de

    se

    tromper

    lourdement

    en

    pla?ant

    le

    d?but

    du travail

    de

    r?vi

    sion,

    en

    797.

    * *

    Le fait

    qu'Alcuin

    prit

    des

    dispositions

    pour

    faire

    remettre

    son

    texte r?vis? de la Bible entre les mains de Charlemagne, ? Rome,

    le

    jour

    de

    No?l

    800,

    c'est-?-dire

    le

    jour

    m?me

    du couronnement im

    p?rial, apporte quelques

    lumi?res

    sur

    ce

    grand

    ?v?nement

    et

    sur

    le r?le

    d'Alcuin dans

    sa

    pr?paration.

    Il

    ne

    nous

    para?t

    plus

    gu?re

    possible

    de

    soutenir

    que

    le

    couronnement

    imp?rial

    se

    fit

    sans

    l'assentiment

    de

    Charlemagne2.

    Nous

    croyons

    m?me

    qu'il

    fut

    la

    r?alisation

    d'un

    dessein

    royal

    et

    que

    ce

    dessein

    lui-m?me fut

    l'aboutissement

    d'un courant

    d'id?es,

    n?

    dans

    l'entourage

    du

    roi3.

    Alcuin

    eut,

    dans

    la

    formation

    de

    ce

    courant

    d'id?es,

    une

    part

    essentielle.

    Au cours d'une s?rie de lettres de la fin de 796 ou du d?but

    de

    797,

    et de

    798,

    nous

    le

    voyons,

    en

    effet,

    s'adresser

    ?

    Charlema

    1.

    Epistolae

    IV,

    Ale.

    epist.,

    no

    121,

    p.

    176,

    I.

    32-33,

    p.

    177,

    1.

    4 et

    suiv.

    2.

    Voir,

    sur

    ce

    point,

    L.

    Halphen,

    Etudes

    critiques

    sur

    l'his

    toire

    de

    Charlemagne,

    Paris,

    1921,

    chapitre

    II

    de

    la

    seconde

    partie

    .

    Le

    couronnement

    imp?rial

    de

    l'an

    800,

    et

    surtout l'article d?cisif

    de

    L.

    Levillain,

    Le

    couronnement

    imp?rial

    de

    Charlemagne,

    Revue

    d'histoire

    de

    l'Eglise

    de

    France,

    1932.

    3. Sur

    ce

    courant

    d'id?es,

    K.

    Heldmann,

    Das

    Kaisertum Karls

    des Groszen. Theorien u.

    Wirklichkeit,

    Weimar,

    1928,

    p.

    47 et suiv.

    Cet ?rudit

    conteste l'existence

    d'une relation

    quelconque

    entre

    le

    couronnement

    imp?rial

    et

    ce

    courant

    d'id?es

    ;

    nous

    avons

    fait

    la

    cri

    tique

    de ces

    vues

    dans

    un

    compte-rendu

    paru

    dans

    Le

    Moyen Age,

    1930, p.

    214-218.

  • 8/9/2019 Bibliotheque d'Humanisme Et Renaissance Tome Ix - 1947

    14/197

    16

    F. L.

    GANSHOF

    gne

    en

    employant

    ?

    propos

    de

    celui-ci les

    termes

    ?empire?

    ou

    ?imp?rial?.

    Le

    pouvoir

    de

    Charles est

    ?imp?rial?

    (ad

    decorem

    imperialis regni

    vestri).

    Ses

    succ?s

    sont

    ?n?cessaires

    ?

    la

    pros

    p?rit?

    de

    l'empire, qui comprend

    la

    chr?tient?

    enti?re?

    (cundo

    christianitatis

    imperio pernecessariam

    prosperitaiem)

    ;

    ?Dieu

    veuille

    permettre

    ?

    sa

    puissance

    de

    garder

    le

    gouvernement

    du

    tr?s saint

    empire?

    (sacratissimi

    gubernacida

    imperil custodire);

    ?la

    mis?ri

    corde

    divine

    a

    remis

    ?

    Charles

    et

    ?

    ses

    fils,

    la

    t?che

    de

    r?gir

    et

    de

    gouverner

    l'ensemble

    de

    l'empire

    chr?tien?

    (per

    orbem

    chris

    tiani

    imperli,

    quod

    divina

    pietas

    tibi

    tiiisque filiis

    commisit

    regen

    tfum

    atque

    gubernandum1. Chaque

    fois, d'ailleurs,

    le

    ?pouvoir

    imp?rial?

    et

    l'exaltation

    ou

    le

    gouvernement

    de

    ?l'empire

    chr?tien?

    sont

    associ?s

    explicitement

    et

    intimement

    ?

    la

    d?fense

    et

    ?

    l'exal

    tation

    de

    l'Eglise

    et de

    la

    foi

    chr?tienne2.

    Il est

    ais? de

    voir

    que

    nous avons

    affaire

    ici

    ?

    une

    forme

    d'?Augustinisme

    politique

    ?3?

    et

    que

    ?empire

    chr?tien?,

    c'est

    la

    communaut? des

    fid?les

    sur

    terre, gouvern?e,

    non

    d'apr?s

    les

    vis?es

    orgueilleuses

    des

    princes4,

    mais

    conform?ment

    ?

    la

    volont? divine:

    une

    ?Cit?

    de

    Dieu? ter

    restre.

    Cependant,

    ?empire?,

    dans

    l'esprit

    des hommes

    du

    temps^

    n'?tait

    pas

    une

    notion

    abstraite,

    une

    notion

    g?n?rale,

    d?termina

    ble: ?empire?, ne pouvait ?tre que l'empire romain, le seul que

    l'on

    conn?t

    et

    la

    seule

    communaut?

    universelle

    qui

    exist?t,

    ou

    qui

    1.

    Epistolae

    IV,

    Ale.

    epistolae,

    nos

    121?

    136,

    148.

    2.

    121:

    ad

    prof

    edam

    sanctae

    Dei

    ecclesiae et

    ad...;

    136:

    ad

    exalt?t

    io

    ne

    in

    sanctae

    siine

    aecclesiae

    et...;

    148:

    Charlemagne

    esi

    invit?

    ?

    veiller

    ?

    ce

    que

    l'h?r?sie

    adoptianistc

    ne

    se

    r?pande

    pas

    per

    orbem...

    3.

    Expression

    qui

    nous

    para?t

    tr?s

    juste,

    due

    ?

    H.

    X.

    Arquil

    li?re,

    qui

    a

    consacr?,

    sous ce

    litre,

    un

    livre

    ?

    la

    doctrine

    en

    ques

    tion,Paris,

    1934.

    4. Comme celles

    que

    les Libri Carolini attribuent aux

    empe

    reurs

    d'Orient,

    Praefatio

    et

    III,

    15,

    ?d.

    H.

    Bastgen,

    MM.

    GG.,

    Conci

    lia,

    II,

    Suppl.,

    Hanovre et

    Leipzig,

    1924,

    in-4?,

    p.

    3>

    1.

    6 et

    suiv.,

    p.

    134,

    1.

    42-135,

    1. 2.

    E.

    Amann,

    L

    ?poque

    carolingienne,

    Paris,

    1937,

    p.

    125

    (Histoire

    de

    VEglise,

    dirig?e

    par

    A.

    Fliehe

    et

    V.

    Mar

    tin, VI)

    conjecture

    qu'Alcuin

    fut le

    principal

    r?dacteur des

    Libri

    Carolini.

    M.

    W.

    von

    den

    Steinen

    (Entstehungsgeschichte

    der Libri

    Carolini;

    Quellen

    u.

    Forschungen

    aus

    Italienischen

    Archiven

    u.

    Bibliotheken,

    XXI,

    1929-30,

    p.

    72

    et

    Karl der

    Grosse

    u.

    die

    Libri

    Carolini.

    Neues

    Archiv

    d.

    Gesellschaft f. ?ltere

    deutsche Geschichts

    kunde,

    XLIX,

    1930,

    p.

    207

    et

    279)

    consid?re

    au

    contraire

    Theodul

    phe,

    ?v?que

    d'Orl?ans,

    comme

    le r?dacteur

    des

    Libri.

    Les

    arguments

    invoqu?s par

    A.

    Allgeier

    contre

    la

    paternit?

    d'Alcuin

    (Psalmenzitatcu. die

    Frage

    nach der

    Herkunft

    d.

    Libri,

    1926), ont ?t? mis ? n?ant

    par

    Dom

    De

    Bruyne,

    La

    composition

    des

    Libri

    Carolini,

    Revue

    B?n?dictine,

    XLIV,

    1932. Il

    para?t

    en

    tout

    cas

    ?tabli

    ?

    Amann et

    von

    den Steinen sont

    d'accord

    sur

    ce

    point

    ?

    qu'Alcuin

    r?digea

    un

    important

    m?moire

    pr?paratoire

    ?

    la

    r?daction

    des

    Libri.

  • 8/9/2019 Bibliotheque d'Humanisme Et Renaissance Tome Ix - 1947

    15/197

    LA

    R?VISION

    DE

    LA BIBLE

    PAR

    ALCUIN

    17

    tout

    au

    moins surv?c?t

    id?alement.

    Elle

    ?tait

    distincte

    de

    l'Eglise,

    mais

    ?troitement

    unie

    ?

    elle et

    providentiellement

    destin?e ?

    la

    d?fendre1.

    Quand

    Alcuin

    ?voque

    ?empire

    chr?tien?,

    le

    chef de

    cet

    empire

    ne

    peut

    ?tre

    pour

    lui,

    que

    le successeur

    des Constantin

    et

    des

    Th?odose,

    mais

    un

    successeur

    plus

    conscient

    de

    sa

    mission

    que

    les

    Basileis de

    Byzance.

    On sait

    que

    le

    25

    avril

    799,

    le

    pape

    L?on

    III

    fut,

    ?

    Rome,

    la

    Victime

    d'un

    soul?vement

    foment?

    par

    une

    faction

    d'aristocrates,

    que,

    s?rieusement

    mis

    ?

    mal,

    il

    put

    ?chapper

    ? la

    mort

    gr?ce

    ?

    l'intervention

    du duc

    de

    Spol?te

    et

    que

    Charlemagne

    le

    fit

    venir

    aupr?s

    de lui

    jusqu'en

    Saxe au cours de l'?t?.

    L?,

    ?

    Paderborn,

    Charles

    examina

    le

    cas

    du

    Souverain Pontife

    et

    celui de

    ses

    accu

    sateurs.

    Incapable

    d'y

    voir

    clair,

    il

    renvoya

    le

    Pape

    ?

    Rome,

    accom

    pagn?

    de

    commissaires

    royaux

    dont

    Arn,

    archev?que

    de

    Salzburg,

    ami

    d'Alcuin2.

    Au

    cours

    de

    cet

    ?t?

    799,

    l'attitude d'Alcuin

    s'affirme.

    Il

    impor

    tait

    ?

    ses

    yeux

    de

    r?tablir l'autorit?

    du

    pape

    sans

    d?lai et

    sans

    restriction,

    et

    de

    ch?tier

    les

    r?volt?s. Il

    ne

    pouvait

    ?tre

    question

    d'engager

    L?on III

    ?

    r?signer

    ses

    fonctions,

    ni

    m?me

    de

    l'obliger

    ?

    se

    justifier.

    M?content

    de

    n'avoir

    pas

    ?t?

    appel?

    ?

    Paderborn,

    Alcuin s'informait de ce qui avait ?t? d?cid?, insistait aupr?s du roi,

    aupr?s

    d'Arn,

    pour

    que

    l'on

    respect?t

    et

    d?fend?t

    les

    pr?rogatives

    du

    pape3.

    Le

    th?me

    de

    ?empire

    chr?tien?

    qui

    doit

    ?tre d?fendu

    au

    m?me

    titre

    que

    la

    foi

    et la

    justice

    revient

    dans

    ses

    lettre^

    au

    roi4. Cette

    d?fense,

    il

    faut

    pour

    l'assurer,

    que

    le

    roi

    se

    rende ?

    Rome:

    sa

    pr?sence

    y

    est

    indispensable5.

    1.

    C'est

    la

    conception

    de

    St.

    J?r?me,

    de

    St.

    Ambroise,

    de Pru

    dence,

    d'Orose,

    du

    pape

    St.

    L?on le

    Grand

    et

    surtout celle

    de

    St.

    Gr?goire le Grand, dont Alcuin

    a

    beaucoup pratiqu? les uvres.

    Cf.

    P.

    de

    Labriollk,

    G.

    Bardy,

    L.

    Br?hier,

    G.

    de

    Plinval,

    De

    la

    mort de

    Th?odose

    ?

    l'?lection

    de

    Gr?goire

    le

    Grand,

    Paris,

    1945,

    p.

    360

    (Histoire

    de

    l'Eglise,

    dir.

    pr.

    Fliehe

    et

    Martin,

    IV)

    et

    Arquil

    li?re,

    op.

    cit.,

    p.

    72

    et

    suiv.,

    qui

    fait,

    ?

    bon

    droit,

    remonter ? Gr?

    goire

    le

    Grand,

    la

    notion

    d'?

    empire

    chr?tien

    ?.

    2. Les

    meilleurs r?cits

    des

    ?v?nements

    sont,

    ?

    nos

    yeux,

    ceux

    d'A.

    Hauck,

    Kirchengeschichte

    Deutschlands

    II,

    5me

    ?d.,

    Leipzig,

    1935,

    p.

    99-103

    et

    d'E.

    Caspar,

    Das

    Papsttum

    unter

    fr?nkischer

    Herrschaft,

    Zeitschrift

    f.

    Kirchengeschichte,

    1935,

    p.

    218-225.

    3.

    Epistolae

    IV,

    Ale.

    epist.

    nos

    177-178

    (?

    Charles), 173,

    179

    (? Arn).

    Voir

    aussi

    la

    lettre

    no

    181

    (?

    Adalard,

    abb? de

    Corbie).

    Cf.

    Amann,

    op.

    cit.,

    p.

    156-157.

    4. Lettre

    n?

    177:

    qaatenus per

    vestram

    prosperitatem

    christia

    num tueatur

    imp?rium,

    fides

    catholica

    defendatur,

    iustitiae

    regula

    omnibus

    innotescat

    ;

    voir

    aussi

    la lettre

    n?

    202,

    sans

    doute

    de

    800

    et

    relative ?

    l'h?r?sie

    adoptianiste

    :

    la

    volont?

    royale

    veluti

    armis

    imp?rium

    christianum

    fortiter

    dilatare

    laboral.

    5. Lettres

    nos

    177,

    178.

  • 8/9/2019 Bibliotheque d'Humanisme Et Renaissance Tome Ix - 1947

    16/197

    18

    F. L.

    GANSHOF

    L'une

    des

    lettres

    au

    roi,

    ?crite

    d?s

    r?ception

    des

    premi?res

    nouvelles relatives

    aux

    ?v?nements

    romains,

    est

    particuli?rement

    importante

    ?

    cet

    ?gard1.

    Trois

    personnes,

    assure

    Alcuin,

    sont

    re

    v?tues

    de la

    plus

    haute

    autorit? dans

    le

    monde: le

    pape,

    l'empe

    reur,

    le

    roi

    des

    Francs.

    On

    sait

    ce

    qui

    est

    arriv?

    au

    pape;

    il

    n'y

    a

    plus d'empereur

    (Constantin

    VI,

    d?pos?

    et

    rendu

    aveugle

    par

    ordre

    de

    sa

    m?re Ir?ne

    en

    797,

    allait

    mourir des suites de

    ce

    traitement)

    ;

    le

    roi

    seul

    subsiste

    et

    il

    lui

    appartient

    de

    sauver

    l'Eglise.

    Le

    r?le

    qu'Alcuin

    lui

    assigne,

    n'est-il

    pas

    celui

    que

    l'apolog?tique

    chr?

    tienne

    r?servait

    ?

    l'empereur?

    Charles

    songea

    ?

    envoyer

    Alcuin ? Rome

    aupr?s

    du pape.

    Alcuin

    s'y

    refusa; mais,

    ?

    la

    pri?re

    du

    roi,

    il

    consentit

    ?

    envoyer

    quelques-uns

    de

    ses

    moines dans

    la

    Ville Eternelle.

    Ils

    y

    rest?rent

    jusqu'apr?s

    le

    couronnement

    imp?rial.

    Parmi

    eux,

    se

    trouvait

    Candidus,

    homme de

    confiance

    d'Alcuin

    pour

    les affaires

    romaines2.

    L'enqu?te

    faite

    sur

    place

    par

    les

    commissaires

    royaux

    r?v?la

    une

    situation

    beaucoup

    plus

    grave

    que

    tout

    ce

    que

    l'on

    pouvait

    craindre:

    les

    accusations

    de

    parjure

    et

    d'adult?re

    port?es

    contre

    le

    pape

    n'?taient

    pas

    d?nu?es

    de

    fondement;

    ses

    adversaires

    res

    taient

    puissants

    ?

    Rome et

    la

    mission

    des

    commissaires

    royaux

    comportait pour eux de r?els dangers; le d?sordre dans l'Eglise

    mena?ait

    de

    s'aggraver

    encore3.

    La

    correspondance

    d'Alcuin

    r?v?le le

    trouble

    profond

    o?

    l'ont

    jet?

    ces

    nouvelles

    et,

    en

    m?me

    temps,

    sa

    volont?,

    plus

    ferme

    que

    jamais,

    de faire

    respecter

    l'autorit?

    du

    Souverain Pontife

    4.

    Ces

    circonstances

    angoissantes pr?occupaient

    autant

    Charle

    magne

    que

    son

    conseiller.

    A la

    diff?rence

    de

    ce

    qui

    s'?tait

    produit

    en

    799,

    il

    eut

    en

    800

    plusieurs

    contacts

    personnels

    avec

    Alcuin.

    Il

    fit,

    au

    printemps,

    un

    s?jour

    prolong?

    aupr?s

    de

    lui,

    ? Tours

    et

    en

    juin,

    Alcuin

    se

    rendit ?

    Aix-la-Chapelle

    et

    s?journa

    au

    Palais

    ?

    l'occasion

    d'un

    synode.

    Moins

    de

    deux

    mois

    plus

    tard,

    dans

    les

    premiers

    jours

    d'ao?t, ? l'assembl?e de Mayence, Charlemagne fit

    conna?tre

    sa

    d?cision

    d'entreprendre

    l'exp?dition

    romaine,

    dont

    il

    revint

    empereur5.

    Il

    est

    ?vident

    que

    Charlemagne

    et

    Alcuin

    s'entretinrent

    des

    1.

    Lettre

    no

    174,

    1.

    17-27.

    2.

    Lettres

    nos

    177,

    178,

    193, 215,

    216.

    La

    qualit?

    que

    nous

    attribuons

    ?

    Candidus,

    r?sulte

    de

    la

    lettre

    no

    184.

    3.

    Lettres

    nos

    184,

    ao

    799

    ex.

    (? Arn)

    et

    212,

    ao

    801

    in.

    (?

    Riculf.

    archev.

    de

    Mayence).

    Cf.

    Hauck,

    op.

    cit.,

    p.

    103;

    Caspar,

    op.

    cit.,

    p.

    225-226.

    4.

    Ibid.

    5. J.

    F.

    B?hmer,

    Die

    Regesten

    des

    Kaiserreichs

    unter

    den

    Karolingern,

    refondu

    par

    E.

    Muhlbacher,

    2?^

    ?d., Innsbruck,

    1908,

    nos

    352

    (343)

    c

    ?

    357

    (348)

    a

    et

    358

    a

    et

    b.

  • 8/9/2019 Bibliotheque d'Humanisme Et Renaissance Tome Ix - 1947

    17/197

  • 8/9/2019 Bibliotheque d'Humanisme Et Renaissance Tome Ix - 1947

    18/197

    20

    f. l. ganshof

    contribuer

    ? l'?clat

    de

    votre

    puissance

    imp?riale?

    (ad

    splendorem

    imperialis potentiae

    vestrae)

    et,

    plus

    loin,

    ?il

    n'y

    a

    pas

    de

    doutes

    au

    sujet

    de

    ce

    que

    le

    Saint-Esprit

    r?alise

    par

    votre

    interm?diaire

    pour^

    le

    salut

    de toute

    l'Eglise?

    (quid

    per

    vos

    in totius

    ecclesiae

    salutem

    Spiritus

    sanctus

    operetur)

    et

    enfin,

    ?il

    importe

    qu'avec

    d'ardentes

    pri?res,

    tous

    les fid?les

    souhaitent

    que

    l'empire

    se

    d?veloppe

    pour

    votre

    gloire

    la

    plus

    compl?te?

    (et

    quantis

    universorum

    fidelium

    praecibus

    sit

    optandum,

    ut

    in

    omnem

    gloriam

    vestram

    extendatur

    imp?rium1).

    L'emploi

    de

    pareils

    termes dans

    une

    lettre

    qui

    devait

    ?tre remise

    ?

    Charlemagne

    le

    25 d?cembre

    800,

    permet,

    croyons

    nous,

    une conclusion

    positive.

    Ils

    s'expliquent

    seulement si Alcuin

    savait

    qu'?

    cette date

    ou

    dans

    ses

    environs

    imm?diats,

    le

    roi

    pren

    drait

    le titre

    imp?rial2.

    Et

    s'adressant

    ?

    celui

    qui

    allait

    ?tre,

    en

    droit,

    le

    chef

    temporel

    de

    ?empire

    chr?tien?,

    Alcuin

    n'?tait-il

    pas

    fond? ?

    ?crire

    que

    nul

    pr?sent

    ne

    r?pondait

    mieux

    aux

    circons

    tances, que

    le

    texte,

    r?vis?

    par

    lui,

    sur

    l'ordre

    du

    futur

    empereur,

    de

    la

    parole

    m?me de

    Dieu3?

    Fran?ois

    L.

    Ganshof.

    1.

    Epistolae

    IV,

    A/c.

    episL,

    ?

    261,

    p.

    418,

    I.

    35-36,

    p.

    419.

    1.

    4-6.

    2.

    E.

    Pfeil,

    Die

    fr?nkische

    u.

    deutsche

    Romidee des

    fr?hen

    Mittelalters,

    Munich,

    1929, p.

    107

    et

    siiiv.,

    ne

    croit

    pas

    qu'Alcuin

    ait

    consid?r?

    que

    le

    couronnement

    imp?rial

    devait

    ?tre

    Paboutissement

    de

    l'exp?di?on

    de

    800.

    Mais

    elle

    ne

    conna?t

    pas

    ?

    et

    pour

    cause

    ?

    les

    arguments

    sur

    lesquels

    nous nous

    fondons.

    Elle

    invoque

    ?

    l'appui

    de

    ses

    vues,

    un

    po?me

    d'Alcuin

    qui

    peut

    se

    rapporter

    ?

    l'exp?di

    tion de 800

    et o?

    il

    n'est pas question explicitement

    du

    couronne

    ment

    imp?rial

    (Poetae

    1,

    Aie,

    Carm. n?

    XLV).

    Nous

    croyons que

    l'argument

    a

    silentio

    n'est

    pas

    recevahle

    dans

    ce cas.

    11 l'est

    m?me

    d'autant

    moins,

    qu'Alcuin

    avait

    bien des raisons

    de

    ne

    pas

    faire

    d'allusion

    pr?cise

    au

    projet

    de

    couronnement

    imp?rial;

    la

    moindre

    n'?tait

    pas

    le

    peu

    d'enthousiasme

    ?prouv?

    par

    Charlemagne

    lui

    m?me

    pom*

    ce

    projet.

    3.

    Le

    sujet

    de

    cet article

    a

    fait

    l'objet

    de

    recherches

    dans

    notre s?minaire

    d'histoire

    du

    moyen

    ?ge,

    ? l'Universit?

    de

    Gand

    pendant

    l'ann?e

    acad?mique

    1945-1946.

    Ont

    pris

    part

    ?

    ces

    travaux

    MNc

    R.

    Longville,

    MM.

    L.

    Danhieux,

    K.

    Jeuninckx,

    A. Koch

    et C.

    Wijffels,

    tous licenci?s

    en

    philosophie

    et

    lettres.

    M ^ C?cile

    Seresia,

    docteur

    en

    philosophie

    et

    lettres,

    a

    bien voulu

    relire

    notre

    texte

    et

    nous

    faire

    part

    d'observations

    dont

    nous

    avons

    largement

    tir?

    parti.

    Qu'elle

    veuille

    agr?er

    les assurances de notre extr?me

    grati

    tude.

    Nous

    tenons ?

    remercier

    vivement

    les

    RR.

    PP.

    Bollandistes,

    ?

    Bruxelles,

    et

    les RR.

    PP.

    B?n?dictins

    du

    Mont-C?sar,

    ?

    Louvain

    qui

    nous

    ont

    obligeamment

    autoris?

    ? consulter

    des travaux

    que

    leurs

    biblioth?ques

    sont seules

    ?

    poss?der

    en

    Belgique.

  • 8/9/2019 Bibliotheque d'Humanisme Et Renaissance Tome Ix - 1947

    19/197

  • 8/9/2019 Bibliotheque d'Humanisme Et Renaissance Tome Ix - 1947

    20/197

    22

    Une

    g?n?ration

    nouvelle retrouvait

    ce

    qui

    ?tait

    perdu.

    Ce n'?tait

    rien moins

    qu'une

    cit?

    et

    une

    culture.

    *

    Essayons

    de

    nous

    repr?senter

    comment

    les

    Italiens de

    ce

    temps

    imaginaient

    la

    cit?

    antique.

    Demandons-le

    aux

    humanistes florentins

    du

    XVme

    si?cle,

    qui

    ont

    comme

    Leonardo

    Bruni,

    comme

    Poggio

    Brac

    ciolini, ?crit Thistoire de leur commune. Demandons-le ? Machia

    vel,

    habitu?,

    comme

    il le

    dit, par

    l'observation

    des

    choses

    modernes

    et

    la

    lecture des choses

    antiques,

    ?

    rechercher

    l'esprit

    des lois

    sur

    lesquelles

    se

    fondent

    les Etats.

    C'?tait

    la

    cit?

    libre,

    avec ses

    magis

    trats

    ?lus,

    ses

    assembl?es

    d?lib?rantes,

    ses

    institutions

    librement

    ?tablies;

    son

    arm?e

    de

    libres

    citoyens.

    C'?tait

    Rome

    plut?t qu'Ath?

    nes.

    Ils lisaient Tite-Live

    plut?t

    que

    Thucydide.

    Si Machiavel

    avait

    ?tudi?

    quelque

    historien

    grec,

    c'?tait

    Polybe,

    et,

    de

    pr?f?rence

    ce

    livre VI de

    ses

    Histoires,

    o? la

    constitution

    de

    la

    R?publique

    ro

    maine

    appara?t

    comme

    le chef-d'

    uvre

    de

    l'esprit

    humain. Les

    Florentins

    du

    Quattrocento

    et Machiavel

    sont

    Romains

    et

    r?publi

    cains.

    Les Florentins

    rejettent

    C?sar

    et

    sa

    dictature;

    ils d?testent

    l'Empire,

    son

    despotisme qui

    asservissait

    le

    monde ?

    un

    Tib?re

    ou

    ?

    un

    N?ron,

    sa

    faiblesse

    en

    face

    des

    Barbares,

    et

    la

    tradition

    malfaisante

    qui

    survit

    dans la d?bilit?

    du

    Saint-Empire

    romain

    ger

    manique.

    La

    le?on

    politique

    de

    Dante,

    la

    th?orie

    religieuse

    et

    hu

    maniste

    de

    la

    magistrature

    romaine

    et

    chr?tienne

    conf?r?e

    par

    Dieu

    ?

    l'Empereur

    afin

    de

    r?concilier

    les

    peuples

    dans

    une

    paix

    ?ternelle,

    propice

    au

    plein d?veloppement

    de toutes

    les forces de

    l'esprit,

    ont

    perdu

    la

    vertu

    de

    les

    ?mouvoir.

    Ils

    sont,

    avec

    P?trarque,

    les

    h?ritiers

    d'un

    autre

    id?alisme,

    qui transfigure

    ?

    leurs

    yeux

    la

    dure histoire de la Rome consulaire et s?natoriale. Trois si?cles

    avant

    Montesquieu,

    ils

    ont,

    en

    ?l?ves

    de

    Cic?ron

    et

    de

    Tite-Live,

    pens?

    reconna?tre

    dans

    la

    vertu

    le

    principe

    du

    gouvernement

    r?

    publicain.

    Les

    humanistes

    d?veloppent,

    en

    un

    latin

    facile,

    des

    consid?rations

    oratoires

    sur

    les vertus des

    citoyens

    et

    des

    magis

    trats,

    des

    soldats

    et

    des

    g?n?raux

    romains.

    Machiavel

    lui-m?me

    ne

    se

    d?fend

    pas

    toujours

    contre

    une

    historiographie

    l?gendaire.

    Le

    triomphe

    de

    la

    force

    romaine leur

    appara?t

    comme

    une victoire

    de

    l'esprit,

    et

    la

    juste

    supr?matie

    du

    plus

    grand

    des

    peu

    ples.

    Ces

    souvenirs

    de

    puissance,

    qui

    s'accordent

    avec

    l'annonce

    virgilienne

    de

    l'Empire

    sans

    limite

    et

    sans

    terme,

    promis

    ?

    Rome

    par

    le

    destin,

    soutiennent dans l'Italie du

    Nord,

    aupr?s

    des Sforza

    de

    Milan,

    des Este

    de

    Ferrare*

    ?m

    Gonzague

    de

    Mantoue,

    ce

    m?me

    enthousiasme

    romain

    dans

    d'autres

    ?coles,

    moins

    li?es

    que

    la

    flo

    rentine

    aux

    traditions

    r?publicaines,

    et

    pr?tes

    ? d?fendre

    l'

    uvre

  • 8/9/2019 Bibliotheque d'Humanisme Et Renaissance Tome Ix - 1947

    21/197

  • 8/9/2019 Bibliotheque d'Humanisme Et Renaissance Tome Ix - 1947

    22/197

    24

    A.

    RENAUDET

    des choses

    divines

    et humaines.

    Mais

    c'?tait dans la

    mystique

    n?o

    platonicienne

    que

    leur

    d?sir

    de

    comprendre

    et leur besoin chr?tien

    de

    vie

    int?rieure

    reconnaissaient

    volontiers

    la

    plus

    sublime cr?ation,

    de

    l'humanisme

    antique.

    Ils

    ne

    n?gligeaient

    pourtant

    pas

    certaines

    formes

    plus

    sobres

    et

    plus

    modestes

    de

    penser,

    et

    moins confiantes

    dans

    les

    puissances

    secr?tes

    de

    l'?me.

    L'?clectisme cic?ronien

    gar

    dait le

    charme

    d'une doctrine

    de

    bonne

    compagnie.

    Les

    esprits

    curieux avant tout

    de

    savoir

    positif,

    ?taient

    attir?s

    par

    le

    d?termi

    nisme

    sto?que

    et

    l'atomisme

    d'Epicure

    et

    de

    Lucr?ce;

    et la

    d?cou

    verte

    des

    gloses

    d'Alexandre

    d'Aphrodise

    rendait

    ?

    l'averro?sme

    padouan

    un Aristo te

    qui

    ne s'accordait

    plus

    avec

    l'Evangile.

    Ainsi

    l'humanisme

    antique

    se

    r?v?lait dans

    sa

    richesse

    et

    sa

    diversit?;

    il

    ?tait

    une

    science;

    il

    ?tait

    une

    vie.

    Il

    conseillait

    ?

    l'in

    dividu

    d'accomplir

    en

    lui-m?me

    le

    type

    le

    plus parfait

    de

    l'homme,

    et

    par

    l?

    de

    vivre

    en

    harmonie

    avec

    Dieu.

    Il

    accordait

    ces

    pr?ceptes

    avec

    le

    respect

    des lois de

    la

    cit?

    et de la

    religion

    de

    la

    cit?;

    il

    limitait les

    droits

    de

    l'individu

    par

    les

    devoirs du

    citoyen.

    P?

    trarque

    avait

    aim?,

    en

    po?te,

    et

    en

    artiste,

    cet

    id?al de

    discipline

    civique

    et

    de

    grandeur

    humaine

    o?

    devait

    se

    r?sumer

    toute

    la

    re

    ligion

    de

    Machiavel.

    L'humanisme

    antique

    avait nourri une litt?rature dont les mo

    dernes

    reconnaissaient

    la

    supr?matie.

    Rome semblait

    enseigner

    plus

    que

    la Gr?ce. Sans

    doute,

    depuis

    la

    fin

    du

    XVme

    si?cle,

    Aide

    Manuce,

    en

    d'admirables

    caract?res,

    avec

    une

    science

    et

    une exac

    titude

    plus

    admirables

    encore, multipliait

    les

    ?ditions des

    po?tes,

    des

    orateurs,

    des

    historiens

    de l'Hellade.

    Mais,

    pour

    les

    hommes

    de

    la

    Renaissance

    italienne,

    le

    latin

    classique

    est

    une

    seconde

    langue,

    plus

    profond?ment

    italienne,

    dirait-on,

    que

    le moderne toscan.

    Ils

    conservent

    le culte

    presque

    surperstitieux

    de

    Cic?ron,

    ma?tre

    de

    l'expression

    parfaite,

    habile ?

    r?sumer

    en

    beau

    langage

    la

    philoso

    phie et la morale, le droit et la politique; ils lisent les grands

    historiens,

    Salluste,

    Tite-Live.

    Tacite,

    ?vocateurs

    g?niaux

    de

    tous

    les

    drames du

    pass?

    romain.

    Horace

    et

    Lucain,

    familiers

    ?

    Dante,,

    continuent

    d'enseigner

    la

    morale de

    l'honn?te

    homme

    ou

    ?thique

    volontaire

    et

    tendue des sto?ciens. Autant

    et

    plus

    encore

    que

    le

    Moyen

    Age,

    la Renaissance

    italienne aime

    Virgile,

    car

    toute

    l'an

    tiquit?

    romaine,

    ses

    croyances

    et

    ses

    mythes

    et la

    grandeur

    de

    ses

    destins revivent dans

    ?En?ide;

    le labeur

    quotidien

    d'une Italie

    agreste,

    m?re

    des bl?s et

    des

    hommes,

    anime les

    G?orgiques;

    les

    plaines

    et les

    collines

    et

    les

    monts

    de

    la Haute Italie

    encadrent

    de leur

    splendeur

    aust?re les

    sc?nes

    pastorales

    des

    Eglogues;

    Virgile

    a donn? ?

    quelques

    traits

    ineffa?ables

    de l'?me italienne

    une

    expression

    ?ternelle;

    et

    son

    attente anxieuse d'un

    monde

    r?

    g?n?r?

    s'accorde

    avec

    le

    besoin

    profond

    d'ime

    famille

    humaine

    qui,

    depuis

    Dante

    et

    P?trarque,

    des franciscains

    spirituels

    ? Cola di

  • 8/9/2019 Bibliotheque d'Humanisme Et Renaissance Tome Ix - 1947

    23/197

    LE

    PROBL?ME

    HISTORIQUE

    DE

    LA

    RENAISSANCE ITALIENNE

    25

    Rienzo

    et

    ?

    Machiavel,

    a

    v?cu

    dans

    le

    deuil

    des

    choses

    mortes et

    l'impatience

    de

    leur

    r?surrection.

    L'art

    cr??

    par

    l'humanisme

    antique

    n'?tait

    pas

    moins

    fertile

    en

    in?puisables

    le?ons.

    La

    Gr?ce,

    dans

    ce

    domaine, reprenait

    ses

    droits.

    Sans

    doute,

    les

    hommes

    du

    XVI

    e

    si?cle

    distinguaient

    mal les

    ?ges

    et

    les

    ?coles, mais,

    en

    1496,

    l'Apollon

    du

    Belv?d?re,

    fra?chement

    exhum?

    des

    jardins

    pontificaux,

    ?blouissait

    pour

    la

    vie

    le

    jeune

    Michel-Ange.

    Tandis

    que

    des

    fouilles

    heureuses

    tiraient

    'du sol

    de

    l'Italie

    quelques

    antiques

    dont la

    splendeur imposait

    aux

    plus

    simples

    une

    v?n?ration

    sacr?e,

    le

    bas-relief

    romain continuait

    d'enseigner

    sa

    discipline vigoureuse

    et

    grave.

    Le

    temple

    grec

    n'?tait

    connu

    que

    par

    les

    uvres

    des

    imitateurs

    romains

    ou

    les

    monuments

    lointains de

    la

    Grande Gr?ce

    et de

    Sicile;

    mais

    ?

    la

    coupole

    du

    Panth?on

    d'Agrippa,

    aux

    vo?tes

    de

    la

    basilique

    de

    Constantin,

    une

    architecture

    triomphait qui,

    fond?e

    sur

    la

    g?om?trie

    et le

    calcul,

    atteignait

    ?

    une

    grandeur

    surhumaine

    par

    le

    seul

    ?quilibre

    des

    masses.

    *

    Les

    hommes

    du

    XVIme

    si?cle

    retrouvaient maintenant

    ce

    qui

    ?tait

    perdu.

    Certes,

    le

    m?rite

    ne

    leur

    en

    appartenait

    pas

    tout

    en

    tier,

    et

    cette renaissance ?tait

    l'aboutissement

    d'une lente

    ?volution

    qui prenait

    sa source

    au

    c

    ur

    du

    Moyen

    Age.

    La

    longue

    patience

    du

    g?nie

    national

    avait

    disciplin?

    l'effort

    qui

    permettait

    ?

    l'Italie?

    de retrouver

    son bien

    et

    ses

    dieux.

    Dans

    l'ordre

    politique,

    le

    Moyen

    Age

    s'?tait

    lentement d?truit

    lui-m?me.

    La

    doctrine

    imp?riale

    ne

    pouvait

    survivre

    ? la d?cadence

    de

    l'Empire.

    Henri

    VII,

    appel?

    par

    Dante,

    avait

    en

    vain

    assi?g?

    Florence, Louis de Bavi?re n'avait pu qu'ouvrir un schisme sans

    avenir,

    Charles

    IV,

    appel?

    par

    P?trarque,

    avait

    par

    deux

    fois,

    offert

    ? l'Italie

    le

    spectacle

    d'une

    faiblesse

    qu?mandeuse.

    La

    fonction

    im

    p?riale,

    dont

    les

    r?publiques

    et les

    seigneuries

    n'admettent

    plus

    l'essence

    divine et

    le r?le

    universel,

    ne

    conf?re

    aucun

    prestige

    ?

    la

    pauvre

    majest?

    de

    Fr?d?ric

    III et

    de

    Maximilien.

    Nul

    ne

    peut

    en

    core

    pr?voir

    l'accablante

    accumulation

    d'h?ritages

    qui

    permettra

    bient?t ?

    Charles-Quint

    de

    revendiquer,

    pour

    la

    maison

    d'Autriche,

    une

    monarchie

    universelle.

    D?sormais,

    en

    tout

    pays,

    la

    politique

    ne

    conna?t

    d'autre

    objet

    que

    la

    fondation

    et le

    maintien

    de

    l'Etat,

    d'autre

    m?thode

    que

    l'emploi

    de

    la force

    conduite

    par

    l'exp?rience,

    le

    calcul

    et

    la

    raison.

    La M?diterran?e

    reste, jusqu'?

    la fin

    du

    XVme

    si?cle,

    le

    centre

    du

    monde,

    et

    l'Italie

    commande

    le

    centre de

    la

    M?diterran?e.

    D?s

    que

    l'?conomie

    de

    l'Occident

    cessa d'?tre

    exclusivement

    agricole

    et

  • 8/9/2019 Bibliotheque d'Humanisme Et Renaissance Tome Ix - 1947

    24/197

    26

    A.

    RENAUDET

    rurale,

    les

    ma?tres des

    ?changes

    maritimes devaient

    attirer ?

    eux

    la

    richesse

    et

    conqu?rir

    la

    puissance.

    Du

    capitalisme

    commercial

    et

    des

    ?changes

    commerciaux

    naissait

    le

    capitalisme

    industriel;

    tes

    r?publiques

    commer?antes

    de

    G?nes,

    de

    Pise,

    de

    Venise,

    la

    r?

    publique

    industrielle

    de

    Florence

    atteignaient

    ?

    un

    degr?

    d'opu

    lence

    ignor?

    depuis

    le

    monde

    antique.

    Une

    nouvelle

    r?partition

    de

    ila

    richesse entra?nait

    une

    nouvelle

    r?partition

    de

    l'autorit?

    so

    ciale

    et

    politique.

    Le

    bourgeois,

    occup?

    de

    n?goce

    et

    de

    fabrication,

    compta

    bient?t

    plus

    en

    Italie

    que

    le

    noble,

    propri?taire

    foncier.

    La

    f?odalit?

    recula

    vers

    les

    r?gimes

    d'?conomie

    retardataire.

    ?Ou

    appelle

    gentilshommes,

    devait

    ?crire

    un

    jour

    Machiavel,

    ceux

    qui

    vivent

    dans l'oisivet?

    et

    l'abondance

    des

    produits

    de la

    terre,

    sans

    avoir

    besoin

    de

    penser

    ?

    la

    culture,

    ni

    d'exercer

    aucune

    profession

    ;

    particuli?rement dangereux

    lorsqu'ils

    commandent

    des ch?teaux

    forts

    et

    ont des

    sujets qui

    leur

    ob?issent...

    Une

    telle

    engeance

    est

    l'ennemie de

    tout

    r?gime

    civil.

    ?

    Ainsi,

    la naissance

    et le

    progr?s

    des

    r?publiques,

    des libres

    communes

    dont

    quelques

    familles

    prin

    ci?res,

    dans

    l'Italie

    du

    Nord,

    avaient, par

    la

    force

    ou

    la

    ruse,

    bien

    t?t

    occup?

    l'h?ritage,

    appara?t

    comme

    la

    cr?ation

    d'une

    histoire

    dont

    une

    ?conomie

    d?j?

    moderne avait

    conduit

    l'?volution.

    Mais le souvenir accablant de sa

    grandeur

    romaine ne

    permet

    pas

    ? cette

    Italie

    moderne

    de

    bien

    comprendre

    l'originalit?

    de

    ce

    monde

    naissant.

    Avec

    un

    m?lange

    d'humilit?

    et

    d'orgueil,

    elle

    n'assigne

    d'autre

    but

    et

    d'autre

    r?compense

    ?

    son

    plu|s

    vigoureux

    effort et ?

    ses

    plus

    belles

    r?ussites

    que

    d'?galer

    le

    pass?

    romain.

    Le

    chroniqueur

    Giovanni

    Villani, qui,

    dans

    un

    haut

    sentiment

    de

    fiert?

    civique, entreprend

    d'?crire

    l'histoire

    de

    Florence,

    s'applique

    ?

    d?montrer

    qu'elle

    est et

    reste

    fille

    et

    cr?ature

    de Rome. Dans

    les

    fastes

    de

    leur

    cit?,

    les

    humanistes florentins

    veulent

    retrouver

    ce

    qui,

    d?figur?

    par

    des

    si?cles

    barbares,

    survit

    ou

    rena?t de

    la

    no

    blesse antique. Gomme le vieux chroniqueur, ils savent que leur

    commune

    est

    fille

    de

    la

    r?publique

    romaine,

    que

    leurs

    institutions

    maintiennent

    les

    libert?s des

    temps

    consulaires et s?natoriaux.

    Ils

    affirment

    qu'?

    Florence

    appartient l'h?ritage

    de

    Rome

    et

    de

    sa

    grandeur.

    Lorsque

    leur

    r?cit, trop

    habilement

    imit?

    de

    Tite-Live,

    drape

    ?

    la

    mani?re

    antique

    les

    hommes

    et

    les

    partis,

    cette r?duc

    tion

    de

    l'histoire

    florentine

    au

    type

    romain est

    moinjs

    un

    artifice

    litt?raire

    qu'une

    m?thode

    d'interpr?tation,

    d'o?

    ils attendent

    le

    sens

    profond

    de

    leur

    histoire

    et

    de

    leur

    destin.

    Venise

    ne

    pense

    gu?re

    autrement. Dans

    les

    r?publiques

    italiennes,

    la

    cr?ation

    d'un

    type

    d?j?

    moderne de

    gouvernement

    appara?t

    en

    vertu

    d'une tradition

    qui la diminue ? la fois et qui

    l'exalte,

    comme une r?surrection

    de

    l'antiquit?.

    Pareillement,

    les

    seigneurs

    qui,

    dans l'Italie du

    nord,

    cr?ent

    des

    monarchies

    autoritaires,

    souvent

    dures

    et

    cruelles

    aux

    hommes,

  • 8/9/2019 Bibliotheque d'Humanisme Et Renaissance Tome Ix - 1947

    25/197

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    28

    A. ENAU ET

    taient

    ?

    l'essai

    une

    forme

    nouvelle,

    ?trang?re

    ? l'Occident

    f?odal,

    de

    gouvernement

    centralis?,

    absolu, parfois ?clair?,

    ?

    laquelle

    ?tait

    r?serv?

    un

    long

    avenir

    dans le

    monde

    moderne. Le

    Saint-Si?ge

    lui

    m?me,

    politique

    et

    guerrier

    sous

    Jules

    II,

    lettr?,

    artiste

    et

    toujours

    politique

    sous

    L?on

    X,

    riche

    des

    tributs

    des

    Eglises

    nationales

    et

    des

    ressources

    de

    ses

    domaines

    agrandis

    et

    pacifi?s,

    soutenu

    par

    la

    force

    italienne

    et

    internationale

    de

    la

    Banque

    florentine,

    concen

    trait,

    dans

    la

    magnificence

    moderne

    de

    la Rome

    pontificale,

    toute

    la

    vigueur

    de

    cette

    papaut?

    nouvelle,

    qui

    allait

    traverser les d?sas

    tres de

    la

    R?forme et

    imposer

    ?

    la

    catholicit?

    moderne

    l'esprit

    du concile de Trente.

    *

    *

    *

    A

    ces

    r?publiques,

    ?

    ces

    Etats

    princiers

    qui

    cr?aient

    un

    monde

    moderne

    avec

    l'illusion

    de

    ressusciter

    l'antique,

    il

    manquait

    un

    ?l?

    ment

    de

    force

    et

    de

    coh?sion

    que

    le

    monde

    antique

    avait

    poss?d?

    jusqu'aux

    invasions

    barbares.

    La

    force militaire leur

    manquait

    depuis

    les

    temps

    o?

    les

    citoyens,

    qui

    jadis

    recrutaient

    des

    milices

    capables

    de tenir en

    respect

    les

    empereurs

    souabes,

    avaient confi?

    la

    d?fense

    des

    communes

    ?

    des

    armes

    mercenaires,

    et

    depuis

    que

    la

    m?fiance des

    princes

    et

    de Venise

    elle-m?me,

    d?sarmant

    les

    popu

    lations,

    n'avait

    plus

    compt?

    que

    sur

    le

    d?vouement

    incertain

    des

    capitaines

    d'aventures.

    On

    rencontrait,

    sans

    doute,

    dans

    les

    sei

    gneuries

    et les

    r?publiques

    d'Italie,

    le

    sentiment d'une

    sup?riorit?

    sur

    les

    peuples

    conquis

    et

    gouvern?s

    par

    Rome,

    soumis

    au

    magis

    t?re

    catholique

    de

    Rome et

    qui,

    pour

    la

    science

    du

    gouvernement

    et

    la

    culture de

    l'esprit,

    semblaient

    ?

    peine

    sortis

    de la

    barbarie

    go

    thique.

    Mais,

    divis?s

    par

    des

    rivalit?s

    commerciales

    et

    par

    des

    querelles de prestige, par le besoin d ?largir des domaines toujours

    trop

    ?troits,

    elles

    n'avaient

    jamais

    pu

    reconstituer

    l'unit?

    que

    Rome

    jadis imposait

    par

    la

    force

    des

    armes

    et

    maintint

    par

    la

    force

    des

    lois. A

    l'int?rieur

    des

    Etats,

    les luttes des

    classes

    et

    des

    partis

    en

    tretenaient

    des

    haines et

    des rancunes

    pr?tes

    ?

    solliciter

    l'interven

    tion d'un

    puissant

    voisin,

    l'intervention

    de

    l'?tranger

    qui,

    au-del?

    des

    Alpes,

    attendait

    l'heure de

    descendre

    dans les

    plus

    belles

    plaines

    du

    monde.

    Machiavel

    a

    pu

    dire

    que

    Charles

    VIII

    courut

    toute

    l'Italie

    jusqu'? Naples,

    sans autre

    peine que

    de

    marquer

    les

    logis

    ?

    la

    craie.

    En

    quelques

    lignes

    am?res

    et

    m?prisantes,

    il

    d?

    nonce aux

    derni?res

    pages

    de

    VArl

    de

    la

    guerre,

    la vie

    paresseuse

    des

    princes

    italiens,

    leur

    vanit?,

    leur indiff?rence ? tout

    appel

    de

    l'honneur:

    ?Les

    malheureux,

    poursuit-il,

    ne

    s'apercevaient

    pas

    qu'ils

    se

    pr?paraient

    ?

    devenir

    la

    proie

    de

    quiconque

    viendrait

    les

    assaillir.?

    De

    l?

    naquirent,

    en

    1494,

    les

    grandes

    ?pouvantes,

    les

  • 8/9/2019 Bibliotheque d'Humanisme Et Renaissance Tome Ix - 1947

    27/197

    LE

    PROBL?ME

    HISTORIQUE

    DE

    LA

    RENAISSANCE ITALIENNE

    29

    fuites

    ?perdues,

    les

    d?sastres

    surhumains. Les trois

    plus

    puissants

    Etats

    de

    l'Italie

    furent,

    ?

    plusieurs

    reprises,

    saccag?s

    et

    ruin?s;

    les

    autres

    persistent

    dans les m?mes

    erreurs

    et

    vivent

    dans

    le

    m?me

    d?sordre.

    Le

    secr?taire florentin voit

    se

    former

    en

    Europe

    les

    monarchies

    modernes.

    Il envie ? la

    France et ?

    l'Espagne

    leur unit?.

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    r?publique

    florentine,

    restaur?e

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    passage

    de

    Charles

    VIII,

    qua

    tre

    ans

    puritaine

    sous

    Savonarole,

    h?sitante

    et

    d?bile

    sous

    Piero

    Soderini,

    d?truite

    par

    les

    Espagnols

    qui

    ont

    rappel?

    les

    M?dic&a